JET09 Industrie - Polytech Annecy

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JET09 Industrie - Polytech Annecy
Avec plus de 500 participants, la troisième édition des Journées Européennes du
Tolérancement a connu un réel succès. Elles ont témoigné une nouvelle fois du dynamisme de
l'innovation française dans le domaine de la qualité géométrique des produits. Organisées les 24 et
25 mars 2009, sous l'égide du pôle de compétitivité Arve Industrie, par le CTDEC, Thésame,
Polytech'Savoie - Université de Savoie, l'IUT d'Annecy - Université de Savoie et le lycée Lachenal,
ces journées ont été structurées en deux thématiques : la formation avec JET Education et
l'industrie avec JET Industrie. L'édition 2009 a innové en termes d'organisation avec un parcours
personnalisé entre conférences plénières, ateliers pratiques en petits groupes et exposition en visite
libre.
JET 09 a été marquée par quatre axes forts :
- la dimension internationale avec la Suisse pays invité,
- la normalisation : le tolérancement du futur pour une production en Europe. JET Industrie
est soutenue par l'UNM (Union de Normalisation de la Mécanique),
- les aspects économiques avec le témoignage de dirigeants, les innovations méthodologiques
en cours,
- la recherche, l'industrie et la formation : avec JET Education et CAT 2009, une édition
exceptionnelle de JET Industrie qui s'intègre dans un sommet international "Tolerancing"
Recherche-Industrie-Formation.
Quand le client final évoque un produit de qualité, il l’associe à des notions d’esthétique, de
robustesse, d’ergonomie, de performances techniques… Pour celui qui développe le produit, les
spécifications fonctionnelles sont souvent traduites par des caractéristiques élémentaires
tolérancées. La qualité du produit est ainsi représentée par la conformité des pièces le constituant.
-
Cependant, le zéro défaut des pièces n’est pas toujours une condition pour garantir le zéro défaut
des produits :
un produit légèrement bruyant bien qu'acceptable, car dans les tolérances définies par le bureau d'études, a-t-il la même valeur
pour le client qu’un produit totalement silencieux ?
a contrario, une pièce légèrement hors tolérance, sur un produit constitué de plusieurs composants, génèrera-t-elle
obligatoirement un défaut pour le client ?
Il est donc important d’optimiser la démarche de spécification car elle engendre des pistes de productivité : réduction du prix pièce,
réalisation de fonctions complexes impossibles à spécifier avec les démarches traditionnelles, acceptation plus rapide des pièces avec
moins de dérogations ou litiges, fréquence plus faible d’intervention pour les réglages et contrôles.
La maîtrise de la qualité géométrique des produits dans le cycle de vie est donc un enjeu majeur pour la chaîne d’acteurs : clients,
donneurs d’ordres et fournisseurs. Au travers d’une approche filière multisectorielle, cet enjeu fait aujourd’hui l’objet de recherches et
transferts vers les entreprises dans le cadre du pôle de compétitivité Arve Industries.
Pour sa troisième édition, JET sera l'occasion de diffuser les expérimentations en cours et échanger avec un public toujours élargi autour
du thème retenu cette année : zéro défauts pièces vs. Zéro défauts clients.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
CONFERENCES INTRODUCTIVES
Les démarches innovantes : une réalité pour Somfy
Dominique SEBILLE (Directeur développement & projets
du business group "Shutter et awning" – SOMFY)
Chez Somfy, le produit phare est un moteur tubulaire qui comporte
de multiples technologies. 8 millions de moteurs sont fabriqués
chaque année, chacun comprenant environ 120 composants
mécaniques de 80 fournisseurs différents sur un site où transitent
au total 3 millions de composants. L'exercice est donc complexe, le
risque de laisser passer des pièces mauvaises ou d'avoir un fort
taux de rebut étant élevé.
Somfy a organisé son plan d'amélioration permanente en différents
projets. Les actions sont essentiellement basées sur l'assemblage,
point clé de la réalisation des moteurs. Les échanges avec les
fournisseurs et l'expression du besoin doivent être sans ambiguïté.
Le tolérancement ne doit pas être un problème pour les
fournisseurs.
Pour cela, Somfy s'appuie sur les compétences régionales. En effet,
le maillage régional dense ainsi que les échanges permanents entre
université, organismes régionaux et industrie contribue à la
différentiation en innovation.
Le tolérancement inertiel en est un bon exemple. Ce concept est en
passe d'être normalisé et Somfy fait partie du comité technique en
charge de la rédaction de la norme. Elle a déjà mis en place le
tolérancement inertiel avec certains fournisseurs et souhaite
l'étendre à tous ; la norme sera l'outil industriel pour mieux
exprimer son besoin et se comprendre. Pour les responsables de
Somfy, le tolérancement inertiel facilite les relations entre les
différents services de l'entreprise et les fournisseurs ; moins
d'énergie de conception et moins de rebut contribuent à l'efficacité
globale de l'entreprise.
Le tolérancement au juste nécessaire
Jacques JACOT (Professeur EPFL)
En Suisse le prestigieux label "Swiss made" répond officiellement
aux critères suivants : la part de travail suisse doit être au moins
de 50 %, le siège de l'entreprise doit être en Suisse, l'entreprise
doit être en majorité propriété suisse et les organes dirigeants
responsables de l'entreprise sont suisse. Mais ça ne s'arrête pas là
; le tolérancement doit s'intégrer dans la maîtrise des procédés.
La production implique différents partenaires. Il faut donc être
d'accord sur ce qu'on attend de son fournisseur, ce qu'il peut
fabriquer etc… ; la fonction doit être au centre de l'expression du
besoin.
Pour le professeur Jacot, le tolérancement bien appliqué est celui
qui s'applique au juste nécessaire. Il ne faudrait mettre en premier
rang que les fonctions qui sont indispensables. La bonne conception
devrait permettre de travailler avec peu de tolérances mais
tellement importantes qu'elle devraient être spécifiées de façon
très précise.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
TABLE RONDE : INNOVATION ET NORMALISATION
Depuis plusieurs mois, toute une équipe d'experts travaille à la normalisation du tolérancement inertiel. Dans le cadre de cette table
ronde qui débute la journée JET INDUSTRIE chacun détaille son expérience en normalisation du tolérancement inertiel, l'intérêt de la
participation des industriels, et évidemment l'intérêt de normaliser les méthodes innovantes pour faciliter la diffusion dans les filières
industrielles.
Il faut noter que le pôle de compétitivité Arve Industries est le premier pôle français à avoir donné naissance à une norme issue de son
activité propre. Cette norme devrait être publiée en juillet 2009.
Présentations introductives
Enjeux stratégiques de la normalisation
Philippe CONTET (Directeur UNM)
Les normes sont élaborées par consensus, au sein de bureaux de
normalisation, par des acteurs volontaires. Les procédés
d'élaboration des normes sont transparents et il faut bien noter que
les normes sont d'application volontaire. La normalisation est une
activité essentiellement technique à finalité économique.
Le système de normalisation français est organisé en différents
bureaux de normalisation (UNM, UTE, BNA..) réunis sous l'égide de
l'AFNOR. L'UNM est le plus gros bureau de normalisation en France
; elle compte 35 personnes, un parc de 3800 normes et sort
environ 300 à 400 normes par an. Au sein de ces organismes, ce
sont les commissions de normalisation qui sont chargées de la
rédaction des normes. Ces dernières sont composées de fabricants,
d'utilisateurs, de laboratoires, de pouvoirs publics et de centres de
compétence. Il y a donc une totale complémentarité entre les
opérateurs du système et les experts qui apportent le fond
technique des documents.
Plus globalement, la normalisation au niveau mondial est structurée
en un niveau international (ISO, CEI, UIT), un niveau européen
(ETSI, CEN, CENELEC) et un niveau national (AFNOR et UTE/CE
pour la France).
En ce qui concerne l'innovation, la normalisation et la participation
aux commissions de normalisation doit être perçue comme un outil
d'intelligence économique :
- permet une veille technologique (surveillance de l'offre des
concurrents),
- facilitateur de réponse aux nouvelles organisations de
marché,
- facilitateur dans les relations clients fournisseurs (établi des
langages clairs, des outils efficaces et univoques),
- permet d'anticiper l'évolution des produits,
- influencer le contenu des normes permet de faciliter l'accès
des produits aux marchés.
La normalisation repose sur les contributions de tous les acteurs
économiques. La Chine et les USA affichent clairement leur
stratégie : conquérir le maximum de responsabilités ISO pour
imposer leurs vues.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
Il faut également noter la complémentarité entre la propriété
industrielle et la normalisation. La PI marque le positionnement de
l'entreprise sur le marché, la normalisation est un vecteur de
diffusion, de transfert et d'affirmation d'une nouvelle référence sur
le marché. Elle officialise et donne confiance aux acteurs
économiques. Elle permet d'autre part de disposer d'un langage
commun.
Retour d'expérience d'un industriel impliqué
dans la normalisation
Jean-François VILLE (Président ISO CEN TC 290 et Directeur
Général de Jenoptik Group)
Jenoptik et sa filiale Hommel-Etamic font partie des fabricants et
fournisseurs de systèmes leaders d'équipements de mesure de très
haute précision, avec ou sans contact, dans le secteur du contrôle
industriel, y compris dans les lignes d’usinage.
M. VILLE est président du CEN/TC 290, comité de normalisation
GPS au niveau européen. Sa mission est de faire valoir le point de
vue des européens au niveau du comité ISO/TC 213, comité GPS
au niveau international. De même le CEN/TC 290 reprend les
normes éditées par l'ISO/TS 293 pour les adapter en normes
européennes et nationales. L'objectif de ce comité n'est donc pas la
rédaction des normes.
Hommel Etamic s'est très tôt impliquée dans la normalisation, au
départ de façon ponctuelle puis, de plus en plus activement car
cette activité leur permettait, en particulier, d'anticiper les
évolutions à venir. La normalisation est désormais intégrée à la
stratégie d'innovation de l'entreprise.
Normalisation du tolérancement inertiel
Jacques SAPPEI (Coordinateur d'études R&D – CTDEC)
Le tolérancement inertiel, comme tout tolérancement, est un
langage qui doit être partagé et donc compris par tous les acteurs :
du client au fournisseur, du donneur d'ordre au sous-traitant, du
concepteur au producteur et au contrôleur. Un référentiel reconnu
par tous est nécessaire. En ce sens, la norme est un outil approprié
et parfois incontournable pour diffuser une innovation.
Cette norme est à l'initiative du Club tolérancement inertiel du pôle
Arve Industries composé d'industriels, du laboratoire Symme de
Polytech'Savoie, du CTDEC et de Thésame. Dès le départ, l'UNM
(Union de normalisation de la mécanique) a soutenu le projet. Les
entreprises ont été soutenues financièrement par la DGCIS.
Le projet a été mené dans le cadre de la commission UNM08 qui a
jugé opportun d'étendre la mission du groupe de travail car :
- le calcul des tolérances, les critères d'acceptation par les
méthodes habituelles arithmétiques (pire des cas) et
statistiques quadratiques ne sont pas normalisés,
- L'écriture sur les plans ne permet pas de distinguer un
calcul pire des cas ou statistique.
La première réunion du groupe a eu lieu le 3 avril 2008. Lors de la
6ème réunion, le 20 décembre 2008, le projet était finalisé. En
enquête auprès de la commission 08 durant le premier trimestre
2009, la norme NF X04-008 a été validée lors de la réunion du 17
mars. Sa publication est prévue pour juillet 2009.
Cette norme sera applicable en conception (pour le calcul des
tolérances et leur écriture sur le plan avec spécification du mode de
calcul), en contrôle (pour déclarer la conformité d'un lot en fonction
des critères d'acceptation normalisés).
Il faut noter que, dans le domaine du tolérancement inertiel, des
outils pratiques ont été développés dans le cadre du pôle Arve
Industries et un accompagnement des entreprises peut-être réalisé
par le CTDEC.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
Table ronde
Marc BOUIX – Resp. Laboratoire d'essai SOMFY
La mise en place du tolérancement inertiel remonte à 2004 à
l'initiative des achats qui se demandaient comment ils allaient
dialoguer avec les fournisseurs. Ils ont alors vu dans le
tolérancement inertiel ce langage commun recherché. Somfy s'est
donc lancé dans le groupe de rédaction de la norme et c'est pour
eux une très bonne expérience.
Pierre-Olivier BRULAY – Directeur Qualité HALBERG PRECISION
En résumé, ce que va apporter la mise en place du tolérancement
inertiel, c'est la confiance et un langage commun. En France, on
ressent un fort besoin de cadre normatif pour "clarifier" les
relations entre donneurs d'ordre et fournisseurs. L'idée du pôle de
compétitivité dans ce projet était de développer un savoir-faire et
des gains. Selon M. BRULAY, il faut se dépêcher de sortir la norme
afin de pouvoir retirer les fruits de ce travail avant que ça ne passe
à l'international via l'ISO.
Laurent LEBLOND - Statisticien DP/DQ/MTH/MQT PSA
M. LEBLOND était au départ craintif quand à l'utilité d'une telle
commission de normalisation. Il en ressort au final que ce fut une
expérience très enrichissante qui a aboutit à un compromis
satisfaisant tous les participants.
PSA est présent dans d'autres commissions de normalisation ;
l'entreprise y voit le moyen d'anticiper et d'avoir un avantage
compétitif. D'autre part, les bureaux méthodes du constructeur
utilisent de nombreuses méthodes statistiques. Selon M. LEBLOND,
plus le tolérancement est adapté, plus on est pertinent.
L'intérêt de la normalisation est de mettre en contact le monde de
la recherche et les industriels.
Maurice PILLET – professeur IUT Annecy-le-Vieux
Cette expérience au sein de comité de normalisation fut
passionnante et pleine d'échanges fructueux et constructifs. A un
niveau plus personnel, ce projet a donné de nombreuses idées à M.
PILLET et a fait progresser son propre projet.
Jacques SAPPEI - CTDEC
Une des missions des centres techniques industriels est le transfert
du monde de la recherche vers l'industrie. Sur l'ensemble des
projets menés dans ce cadre, un des objectifs visés est le transfert
via la normalisation.
Philippe CONTET – UNM
Dans cette expérience, la normalisation est présentée de façon
positive. Elle permet de mettre en avant un outil qui doit permettre
de diminuer le taux de rebuts, faciliter l'acceptation et l'assemblage
des pièces.
Renald VINCENT – Resp. Tech. Expertise CETIM
Les relations entre les clients et fournisseurs sont très importantes
pour un centre technique industriel. Cette partie normalisation
représente un grand pas en avant pour le tolérancement inertiel
mais pas la marche complète. Il faut maintenant mettre en marche
ce concept dans l'industrie ; il ne suffit pas de bien calculer, il faut
bien indiquer et écrire sur le dessin.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
MAITRISE DE LA QUALITE DES PRODUITS :
Assemblage de mobiles horlogers : maîtrise des jeux
Bruno BOFFIN (Resp. Méthodes – Audemars-Piguet)
Bertrand PARIS (Group product quality manager –
Audemars-Piguet)
Audemars-Piguet conçoit, fabrique et vend des montres de grand
luxe. Cette société a introduit depuis 3 ans le tolérancement inertiel
dans sa conception. Un des enjeux principaux de la réussite des
assemblages est la maîtrise des jeux, en particulier au niveau des
mouvements du moteur. La fonction attendue est donc l'assurance
de la mobilité du rouage. Pour y parvenir, 3 cotes participent à
cette fonction.
Au départ du projet, lors de l'assemblage final, une retouche était
nécessaire dans environ 60 % des cas pour assurer le jeu
fonctionnel, ce qui était insatisfaisant en terme de qualité.
Un groupe de travail a alors été mis en place afin de trouver des
moyens d'amélioration. Après l'étude de différentes pistes telles
que le contrôle de la mécanisation, ou encore l'évaluation de la
capabilité process mesure, les experts ont décidé de vérifier la
conformité des différents éléments du moteur (mobile, pierre,…)
entrant en compte dans l'assemblage. En ce qui concerne le
mobile, la capabilité était bonne. Il y avait juste un petit problème
de centrage mais récurrent.
Du côté de la pierre en revanche, les plans étaient établis en côtes
non centrées (selon des normes suisses NIHS). Les plans ont donc
été repris en cotes centrées selon les normes internationales. Le
personnel a été sensibilisé et formé sur les côtes cibles.
A terme, les actions menées dans le cadre de ce projet ont permis
à terme de réduire le taux de retouches à l'assemblage de 30 %.
FACTEUR DE DIFFERENCIATION STRATEGIQUE
Ce projet a permis de remettre en avant la notion de fonctionnalité
et en cause, régulièrement, les résultats des mesures. Sa mise en
place aura nécessité de recôter tous les plans en côtes centrées et
de sensibiliser et accompagner au changement les fournisseurs.
Mais il a permis un gain en efficacité non négligeable.
Avoir un process adapté au produit : quelles sont les
méthodes de conception utilisées par PSA (domaine
Structure et Ouvrant) ?
Guillaume GRUEL (resp. référentiel métier BE ; domaine caisse
peinte équipée - PSA)
Dans le cadre des engagements Qualité PSA, le métier Structure et
Ouvrants déploie une démarche de conception produit process
robuste : la
Maîtrise du Dimensionnement et des Dispersions
(MDD).
Le principe de cette démarche repose sur la décomposition
fonctionnelle du besoin client, l’identification et la spécification des
paramètres influents, dont la conformité est suivie en usine et chez
les fournisseurs, garantissant ainsi la satisfaction du client.
Cette démarche de tolérancement est basée sur des méthodes
statistiques et s’appuie sur des outils développés en interne PSA.
Une équipe de spécialistes en statistiques est dédiée au
déploiement de la MDD sur chaque projet véhicule et intervient sur
l’ensemble du périmètre Caisse peinte Equipée.
L’outil MDD_ODEON centralise tout le tolérancement du périmètre
organique Caisse Peinte Equipée ainsi que le retour de faisabilité. Il
contient également la décomposition fonctionnelle jusqu’aux cotes
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
portées au plan : il permet ainsi la gestion des inter-prestations et
supporte le processus de négociations entre les différents
interlocuteurs (Style /Concepteur/ Méthodes/ Fournisseurs).
L’outil OASIS (Outil d’Analyse et de Simulation Statistique) est
l’outil de référence du Groupe pour les calculs statistiques. Il est
relié à MDD_ODEON afin de mettre à disposition des méthodes
statistiques qui permettent d’optimiser le tolérancement et de
suivre la qualification du produit et du process.
La gestion des mesures en production est stockée dans une base
de données centralisée permettant des synthèses par fonctions et
par organes indispensable pour la convergence des prestations en
projet.
L’application de cette démarche de conception produit/process
robuste a permis des gains très conséquents en terme de résultats
qualité, de réduction des modifications, et contribue à la réduction
des schémas de développement grâce à la réduction du nombre
d'itérations et à l’utilisation d’outils centralisés.
DIFFUSION DES INNOVATIONS DANS L'INDUSTRIE
Du laboratoire à l'industrie : panorama
des initiatives en cours
Eric PAIREL (maître de conférence Polytech'Savoie –
Resp. scientifique programme tolérancement et qualité des
produits)
Le programme tolérancement et qualité des produits à été mis en
place dans le cadre de du pôle de compétitivité Arve Industries. Il
est soutenu par le Ministère de l'économie, de l'industrie et de
l'emploi, la Région Rhône-Alpes, le Conseil Général de HauteSavoie, l'UNM et Thésame. Il a pour objet de développer le savoirfaire des entreprises adhérentes du pôle en leur fournissant des
méthodes, des logiciels et des formations et en leur permettant de
résoudre les problèmes liés à la maîtrise de la qualité géométrique
des produits. Ce programme a été mis en place suite à un certain
nombre de constats problématiques : spécifications discutables sur
les plans, faiblesse de l'assistance informatique pour la
détermination des tolérances en bureaux d'études et de méthodes,
critères qualité qui ne garantissent pas la qualité finale,
connaissance peu précise des capacités géométriques des parcs
MO, techniques de réglage et correction des machines non
formalisées, métrologie 3D trop lourde à mettre en œuvre et
résultats peu exploitables.
Ce programme a été mis en place entre le laboratoire Symme, le
CTDEC et des entreprises pilotes (à mars 2009 : 21 en
tolérancement et 10 en propreté des surfaces). Une équipe
d'enseignants-chercheurs, de doctorants et d'ingénieurs travaille
sur le sujet. Différents projets sont menés dans le cadre du
programme :
- Spécification : tolérancement inertiel, cotation BE automatique,
- Industrialisation / production : Copilot Pro® (gamme et
cotation), propreté des surfaces,
- Métrologie : métrologie modale, métrologie directe de
tolérances géométriques.
Toutes les informations sur ce programme sont disponibles sur
www.tolerancement.org
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
Comment des industriels ont réussi à réduire la
variabilité par l'utilisation du tolérancement inertiel ?
Comment optimiser l'industrialisation :
la méthode Copilot Pro®
Maurice PILLET (professeur IUT d'Annecy-le-Vieux)
Pierre-Olivier BRULAY (directeur qualité – Halberg Précision)
Marc Bouix (resp. laboratoire d'essais – Somfy)
Eric PAIREL (maître de conférence Polytech'Savoie)
Ephraïm GOLDSCHMIDT (ingénieur R&D – CTDEC)
Jean-Paul PONCET (directeur de site – Pernat Emile)
Depuis plusieurs années Somfy travaille en collaboration avec
Maurice PILLET pour mettre en place le tolérancement inertiel.
Aujourd'hui, ce concept est intégré par les concepteurs de Somfy et
commence à être décliné chez les fournisseurs tels que Halberg
Précision. Désormais, l'analyse fonctionnelle est réalisée chez
Somfy et la chaîne de cote traitée en tolérancement inertiel. Les
côtes sont alors données à Halberg Precision pour réalisation de la
pièce.
La donnée d'entrée chez le sous-traitant est l'inertie. Le premier
travail réalisé est une étude de variabilité sur une machine. Puis,
après centrage sur la cible, le sous-traitant met en place un
pilotage par carte inertielle.
Ces démarches ont été initiées en mai 2007. Elles n'ont pas posé
de problème au niveau de la production et au final. Le client est
très satisfait puisque toutes les pièces produites sont conformes et
les lots bons. Côté fournisseur on a observé une diminution
sensible de la fréquence d'intervention sur la machine (contrôle et
réglage). Avant, le contrôle avait lieu toutes les deux heures et le
réglage plusieurs fois par jours. Désormais, la contrôle s'effectue
au minimum toutes les quatre heures et le réglage tous les deux ou
trois jours. La production actuelle nécessite cinq machines contre
sept précédemment.
Suite à la Journée Européenne du Tolérancement 2004, des
commentaires de décolleteurs avaient mis en évidence la difficulté
de prendre en compte les spécifications géométriques présentes
sur les plans des donneurs d’ordres. Dans le cadre du programme
tolérancement et qualité des produits soutenu par Arve Industries,
une thèse a été menée conjointement par le CTDEC et le
Laboratoire Symme de Polytech'Savoie.
Différents partenaires industriels se sont associés au projet. La
méthodologie développée lors de cette thèse a été intitulée Copilot
Pro®, la cotation de pilotage pour la production.
Cette méthode a pour objectif de répondre aux trois
problématiques suivantes :
- Par quelles cotes de fabrication faut-il remplacer les cotes
études sachant que le choix du jeu de cotes à un fort impact sur
leurs tolérances ?
- Dans quel ordre faut-il monter les outils sur la machine ?
- Quels outils doivent être réglés et de combien, de façon à
corriger les écarts constatés sur les cotes de fabrication ?
Elle répond à différentes pratiques liées à la cotation constatées
dans les entreprises. En effet, dans les bureaux des méthodes, le
choix des cotes de fabrication est très variable (pas de méthode
systématique, pas d'assistance informatique), et en ce qui
concerne le réglage, le choix des points de contrôle est également
variable, les relations écarts CF/corrections établis par le régleur et
les réglages sont longs et variables ce qui entraîne une perte de
productivité et de qualité.
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
La méthode Copilot Pro® permet de :
- Modéliser le processus de fabrication choisi par le préparateur
méthode, en postes, prises de pièces et opérations de
fabrication
- Générer de façon automatique les gammes de réglage et de
surveillance nécessaires au réglage initial ou régulier des
machines et à leur surveillance en production
- Déterminer les cotes de fabrication à mesurer à l’issue de
chaque étape de réglage ou de surveillance
- Déterminer les cotes pilotes correspondant aux paramètres
outils sur lesquels peut intervenir le régleur pour corriger les
écarts constatés sur les cotes de fabrication
- Générer les feuilles de calcul permettant de déterminer les
valeurs des cotes pilotes
Développé à partir de la méthode, le logiciel Copilot Pro® permet
d’automatiser entièrement la méthode en guidant le préparateur
méthodes tout au long de la démarche par une interface hommemachine intuitive. Ceci permet un gain de temps considérable lors
de l’industrialisation de pièce.
Au final, après validation auprès d'industriels, Copilot Pro® permet
une meilleure préparation de la production, une grande sécurité sur
la détermination des cotes de fabrication, une capitalisation des
savoir-faire et un gain de temps non négligeable en réglage.
Copilot Pro® est en phase de validation chez les industriels jusqu'à
fin juin 2009.
Maîtrise de la qualité d'aspect des surfaces des
produits à forte valeur ajoutée : vers de nouvelles
méthodes d'assistance à la décision
Serge SAMPER (maître de conférences Polytech'Savoie)
Giuseppe ZAMUNER (doctorant LPM-EPFL)
L'expertise de la qualité d'une surface est une donnée objective liée
à la perception de chacun. En effet, la vision d'un défaut d'aspect
tolérable ou non ne sera pas la même en fonction des personnes
interrogées, de leurs compétences etc. Et pourtant, la qualité
d'aspect est une exigence croissante du marché. Ce processus, plus
complexe qu'il n'y parait, est difficile à formaliser. Côté client,
l'humain possède une très forte aptitude à déceler ce qui n'est pas
normal, et côté fournisseur, l'expert en qualité visuelle est très
performant mais pas assez "robuste" ; sa variabilité peut être
élevée.
Dans le cadre du pôle de compétitivité Arve Industries, un projet de
maîtrise de la qualité d'aspect des surfaces a été lancé. Il est basé
sur deux axes :
- proposer une démarche permettant la formalisation de la
perception sensorielle liée aux surfaces, et mise au point d'une
démarche permettant la réduction de la variabilité des mesures
réalisées par un contrôleur humain,
- proposer des innovations dans les méthodes et les structures
métrologiques à mettre en place dans les entreprises pour
formaliser les démarches de maîtrise de la qualité visuelle.
Ce projet a été axé sur la formalisation de la perception sensorielle,
la vision artificielle, l'analyse de textures 3D et la recherche
valorisée.
Le schéma conceptuel du système est en cours de développement
sur la base de différents postulats :
JET INDUSTRIE
25 mars 2009
-
Le spécialiste du contrôle qualité de l’entreprise est le seul qui
détient la référence de ce qui est conforme.
Le système de contrôle de qualité doit être un outil qui permet
de réduire la variabilité de la mesure de la qualité : la
rétroaction vers les experts recouvre un rôle fondamental
-
Le système de mesure doit apprendre à identifier les défauts
sur la base de ceux qui lui sont montrés. Le moteur d’inférence
du système se nourrit des informations fournies par l’expert.
Il est basé sur trois phases principales : acquisition, traitement de
l'image et classification.
Conclusion et perspective ouverte par la collaboration Recherche / Industrie / Formation
Thierry GUILLEMIN (Directeur général CTDEC- Directeur général adjoint pôle de compétitivité Arve Industries)
Depuis de nombreuses années, un tissu très dense s'est créé en Rhône-Alpes entre la recherche, l'industrie et la formation. Ce réseau a
été amplifié avec la création en 2005 du pôle de compétitivité Arve Industries Haute-Savoie Mont-Blanc.
Un des enjeux majeurs du pôle a été dès le départ de trouver des solutions pour réduire les coûts et délais de développement pour les
produits des donneurs d'ordres, et de réduire les coûts de production et de non qualité pour les process des fournisseurs.
En ce qui concerne l'automobile, la voie choisie par le pôle est d'optimiser la relation produit/process tout au long de la filière en
favorisant une rigueur accrue dans la transmission des exigences clients et une remise en cause des méthodes tout au long du processus
de conception / industrialisation / production / contrôle.
L'approche est donc globale car elle prend en compte l'ensemble de la chaîne industrielle de la qualité des produits et concerne toute une
filière, du donneur d'ordre au sous-traitant en passant par le fournisseur. Ce programme d'innovation est associé à un dispositif complet
de diffusion vers les entreprises.
Cette diffusion vers les PME de sous-traitance et les donneurs d'ordres passe par le développement de méthodes novatrices
(tolérancement inertiel, métrologie modale : Memosurf®, exploitation des spécifications géométriques GPS en production : Copilot Pro®,
métrologie par calibre virtuel…). Des projets opérationnels de transfert sont montés entre les industriels, la recherche et le CTDEC. Le
transfert est effectué au moyen d'actions d'information, de formation et/ou conseil, de la normalisation et de la formation initiale.
Afin de pérenniser toutes les actions mises en place, un contrat cadre a été signé entre l'Université de Savoie et le CTDEC. Le pôle va
désormais chercher à s'ouvrir sur d'autres industriels, laboratoires et centres de compétences et déployer plus largement ses actions à
d'autres filières et à une zone géographique plus développée.