actes de la conférence annuelle sur l`activité scientifique

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actes de la conférence annuelle sur l`activité scientifique
LA GÉOLINGUISTIQUE DANS LES ALPES AU XXIe SIÈCLE MÉTHODES, DÉFIS ET PERSPECTIVES
ISBN 978-88-909466-7-7
ACTES DE LA
CONFÉRENCE
ANNUELLE
SUR L’ACTIVITÉ
SCIENTIFIQUE
DU
CENTRE
D’ÉTUDES
FRANCOPROVENÇALES
Région Autonome de la Vallée d’Aoste
A s s e s s o rat d e l ’ é d u c at i o n e t d e l a c u lt u r e
Assessorat de l’éducation et de la culture
de la Région autonome Vallée d’Aoste
Assesseur à l’éducation et à la culture
Joël Farcoz
Présidente du Centre d’études francoprovençales
René Willien
Christiane Dunoyer
Textes et révision
Les auteurs
Préparation et mise en page de l’ouvrage
Rosito Champrétavy
Photos
Diego Pallu - Châtillon (Aoste)
Impression
Imprimerie Tipografia Testolin Bruno (Sarre)
www.centre-etudes-francoprovencales.eu
[email protected]
© 2014
Région Autonome Vallée d’Aoste
1, place Albert Deffeyes
11100 Aoste
www.regione.vda.it
Copie hors commerce
Hommage de la Région Autonome Vallée d’Aoste
Assessorat de l’éducation et de la culture
ACTES DE LA
CONFÉRENCE
ANNUELLE
SUR L’ACTIVITÉ
SCIENTIFIQUE
DU
CENTRE
D’ÉTUDES
FRANCOPROVENÇALES
LA GÉOLINGUISTIQUE
DANS LES ALPES
AU
XXIe SIÈCLE
MÉTHODES, DÉFIS
ET PERSPECTIVES
S A I N T - N I C O L A S
23
NOVEMBRE
2013
Région Autonome de la Vallée d’Aoste
Assessorat de l’éducation et de la culture
Allocution de bienvenue
Davide Sapinet
Syndic de la commune de Saint-Nicolas
Mesdames,
messieurs,
bonjour.
J'ai le plaisir de vous donner la
bienvenue à Saint-Nicolas, de la part de
l’Administration communale de SaintNicolas qui vous remercie pour votre
présence. Je remercie tout d'abord toutes
les Autorités qui sont ici avec nous,
les Autorités qui sont aussi des amis :
l’Assesseur régional à l’éducation et à la
culture, M. Joël Farcoz, la Présidente du
Centre d’Études Francoprovençales, Mme
Christiane Dunoyer, le Dirigeant du BREL,
M. Saverio Favre, Mme la Conseillère
régionale, Chantal Certan. Nous avons
également avec nous M. le président de
la Communauté de Montagne du GrandParadis et ancien maire de Saint-Nicolas, Bruno Domaine, le Président de l’Union
de la Presse Francophone François Stévenin, et l’ancien Président de ce Centre,
un ami de Saint-Nicolas – qui est toujours chez lui ici – Alexis Bétemps.
La conférence fait son retour à Saint-Nicolas après l’édition 2012 qui s’est
déroulée à Cogne, c’est avec satisfaction et avec plaisir que l’Administration
communale vous accueille dans le village de Fossaz-Dessus où l’on a presque
terminé les travaux entrepris dans le but de valoriser le village et le Centre, un
point de référence pour Saint-Nicolas mais aussi pour toute la Vallée d’Aoste.
L’Administration communale ne cesse d’ailleurs de renforcer les liens avec le
Centre car c’est un moment très difficile pour tous avec la crise économique
que l’on connaît. Mais c’est dans les moments difficiles qu’il faut faire équipe
et travailler ensemble. C’est pour cela que ce Centre est devenu un point de
référence et en été, surtout pour faire connaître notre réalité aux touristes, dans
ce siège la bibliothèque organise des soirées et des conférences : un moyen de
promotion qui valorise le Centre et approche de nouveaux inscrits.
Le Centre et la commune ont travaillé de concert en automne 2012, lors de
la journée des portes ouvertes. Le Centre s’est présenté aux habitants de SaintNicolas ; parmi eux, il y en a qui n’étaient jamais entrés au Centre. C’était
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
vraiment une chose étrange… Comment peut-on faire connaître le Centre aux
Sen-Nicolaèn ?
Il faut passer par les enfants… car si l’on accueille les enfants, toute la famille
suivra.
Le matin, les enfants ont fait des activités ici avec Christiane, avec les
animatrices de l’Administration régionale et, dans l’après-midi, tous les
parents et tout Saint-Nicolas est venu ici pour visiter le Centre avec les enfants
de l’école maternelle et de l’école primaire transformés pour l'occasion en
petits cicérones. Ce fut vraiment un bon succès, que l’on souhaite répéter au
début de l’année 2014.
Centre et Commune ensemble même pour l’organisation de la Dezarpa,
moment où la culture et l’agriculture se sont rapprochées comme dans la vie
d’autrefois et comme nous avait enseigné notre Abbé Jean-Baptiste Cerlogne, lui
qui était berger, ramoneur, poète, écrivain.
La Dezarpa a été vraiment un moment important où ces mondes, qui peuvent
sembler bien éloignés, se sont rapprochés pour ne faire plus qu’un. C’est même
merci à l’œuvre de l’Abbé et grâce au francoprovençal que Saint-Nicolas est
connu presque dans le monde entier, c’est grâce à cela que toutes les Communes,
et particulièrement celle de Saint-Nicolas, doivent soutenir l’Administration
Régionale, le Centre d'Études francoprovençales et toutes les Associations qui
travaillent pour le patois et pour sa valorisation.
Ces quelques mots sont les mots d’un “petit” Maire d’une petite Commune…
Nous avons parlé tout à l’heure de la crise économique et nous, les
Administrateurs des collectivités locales, nous devons faire un mea culpa car nous
sommes tous les jours face à de gros problèmes économiques qui nous font un
peu oublier la culture. Maintenant, nous devons vraiment faire attention et vous,
vous êtes d’ailleurs ici aujourd’hui pour nous le rappeler.
Je vous ai remerciés de votre présence tout à l’heure, je vous remercie des
travaux que vous faites pendant toute l’année. En espérant vous revoir à SaintNicolas en tant que touristes je vous remercie encore et je vous souhaite une
bonne journée, un bon travail et une bonne conférence. Merci.
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Allocution de bienvenue
Joël Farcoz
Assesseur à l’éducation et à la culture de la Région autonome Vallée d’Aoste
Monsieur le Syndic de Saint-Nicolas,
Madame la Présidente du Centre
d’études francoprovençales, Mesdames
et Messieurs, chers amis, au nom de
l’Administration régionale de la Vallée
d’Aoste, notamment de l’Assessorat de
l’éducation et de la culture, ainsi qu’en
mon nom personnel, j’ai le plaisir de vous
souhaiter la bienvenue à cette rencontre
annuelle qui rassemble des spécialistes,
venant de toute l’Europe, pour aborder
des thèmes alternant la dialectologie à
l’anthropologie.
Le sujet choisi pour cette édition,
portant sur la géographie linguistique, est
particulièrement adapté à la réalité valdôtaine, où la variabilité linguistique est
très marquée, à tel point que quelqu’un a affirmé qu’il y a autant de patois que
de clochers. Grâce aussi à la vitalité que nos parlers vernaculaires arrivent encore
à manifester, notre région est un terrain idéal pour les recherches dialectales
concernant, en l’occurrence, le domaine francoprovençal.
De plus, notre Assessorat, avec la collaboration du Centre d’Études
francoprovençales qui est à l’origine du projet, est en train de travailler à la
réalisation de l’Atlas des patois valdôtains, initiative de grande envergure, dont le
premier volume, concernant le lait et ses dérivés, devrait bientôt voir le jour.
Aujourd’hui, notre petit atlas entre à plein titre dans le cadre des grands
projets linguistiques au niveau européen, notamment de l’arc alpin : il s’agit
d’une occasion d’ouverture et d’échanges très importante, qui ne manquera pas
d’enrichir le patrimoine de connaissances de ceux qui se relayeront à cette table
pour nous faire part de leur expérience.
Le moment de crise que nous sommes en train de traverser représente aussi
une occasion de réflexion et d’analyse, d’une part sur notre identité et, de l’autre,
sur l’opportunité de porter notre regard vers le futur, avec une ouverture sur ce
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LA FÊTE EN MOUVEMENT DANS L’ARC ALPIN OCCIDENTAL
monde multilingue et multiculturel avec lequel doivent se mesurer les nouveaux
citoyens européens.
Je remercie donc tous les conférenciers qui ont bien voulu répondre
positivement à notre appel pour leur précieuse contribution. Je remercie tous
les participants qui, une fois de plus, ont montré de l’intérêt pour les initiatives
scientifiques en faveur de notre patois, de notre culture, de notre civilisation, et
je souhaite à tout le monde une journée de travail profitable et un agréable séjour
à Saint-Nicolas.
Je vous donne rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle édition de
notre conférence, en espérant que les grains qui seront semés au cours de cette
journée puissent germer bientôt et donner des fruits en abondance.
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Allocution de bienvenue
Christiane Dunoyer
Présidente du Centre d’études francoprovençales “René Willien”
Monsieur le Syndic, Monsieur l’As­
sesseur, Mesdames et Messieurs.
C’est avec un vif plaisir que je vous
donne la bienvenue à cette nouvelle con­
férence annuelle sur l’activité scientifique
du Centre d’Études francoprovençales
“René Willien”.
Voici 40 ans les enquêtes de l’Atlas
linguistique valdôtain prenaient leur
essor, dirigées par le Comité scientifique
du Centre, composé de trois éminents
dialectologues dans le domaine du
francoprovençal (Ernest Schüle de l’Uni­
versité de Neuchâtel, Gaston Tuaillon de
l’Université de Grenoble et Corrado Grassi de l’Université de Turin) et d’une
ethnologue (Mme Rose-Claire Schüle) et réalisées par de jeunes collaborateurs
scientifiques valdôtains, conformément au principe selon lequel il serait
souhaitable que l’enquêteur appartienne à l’aire culturelle de l’enquête.
Ils avaient été formés à cet effet en suivant des cours de dialectologie et des
cours de transcription phonétique.
Le comité avait également choisi les communes, au nombre de 16.
Le questionnaire, préparé par Tuaillon et son équipe de l’Université de
Grenoble, comptait 6 000 questions.
Voici un travail de longue haleine dont le Centre a été le promoteur, qui a pu
voir le jour grâce à la sensibilité de la classe politique de l’époque et qui a pu
avancer grâce au soutien de l’Administration régionale et du BREL.
D’ailleurs, la première Conférence annuelle du Centre a eu lieu dans cette
même salle en 1991 et avait comme objectif celui de présenter l’état d’avancement
des travaux de l’Atlas des Patois Valdôtains.
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Plus de vingt conférences annuelles ont été organisées depuis – 21 pour la
précision – en alternant des questions d’ordre linguistique et dialectologique à
d’autres thématiques du ressort de l’ethnologie.
Nous sommes en 2013, cet immense travail qu’est l’atlas approche de la date
de publication. En attendant ce moment, il nous paraît important de faire le point
sur la géographie linguistique de l’arc alpin, en réunissant les plus grands experts
ayant travaillé dans le domaine, afin qu’ils puissent nous donner un aperçu des
« Méthodes, défis et perspectives » de cette discipline, des expériences diverses
au sein des nombreux atlas qui seront présentés ici aujourd’hui.
En invitant les participants à se confronter sur les questions qui leur tiennent
le plus à cœur, je formule le souhait que des idées nouvelles puissent jaillir de ces
moments de partage.
Quelle ne pourrait être en effet la meilleure raison d’être de ces journées sinon
celle de stimuler la réflexion et d’ouvrir de nouvelles perspectives ? Depuis
quelque temps, au Centre, nous réfléchissons sur la possibilité de promouvoir de
nouvelles recherches autour du francoprovençal, afin de faire fructifier le travail
si riche de nos prédécesseurs. Pour cette raison, nous souhaitons nous trouver
bientôt en bonne compagnie autour d’une table pour lancer une étude synthétique
de certains phénomènes linguistiques qui traversent le francoprovençal, en nous
penchant sur ce merveilleux foisonnement de variétés que nous offre la géographie
linguistique (et le territoire, car il s’agit d’un patrimoine linguistique en danger,
certes, mais vivant) et en interrogeant la langue sur les forces intérieures qui la
régissent.
Avant d’ouvrir la séance du matin, permettez-moi encore de remercier
l’Administration régionale, dans la personne de l’Assesseur à l’éducation et à
la culture, Monsieur Joël Farcoz, qui chaque année fait en sorte que ce colloque
puisse avoir lieu, en particulier grâce à la collaboration toujours très précieuse du
Bureau régional ethnologie et linguistique que je remercie ici dans la personne
de son directeur, Monsieur Saverio Favre. Un merci tout spécial à Rosito
Champrétavy qui, grâce à son engagement au quotidien à longueur d’année,
nous permet d’avancer dans nos projets et qui dans des journées comme celle-ci
a la responsabilité entre autres de tous les appareillages techniques.
Je souhaite une bonne journée au public et aux orateurs, aux présidents de
séance, à vous tous. Merci.
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L’Atlas Linguarum Europæ
Rita Caprini
L’Atlas Linguarum Europae (d’ora in poi
ALE) è l’unico atlante linguistico su scala
continentale finora realizzato. L’iniziativa
parte negli anni’60 da Mario Alinei,
allora Professore all’Università di Utrecht
(oggi è Emerito della stessa Università),
con la collaborazione di Toon Weijnen
dell’Università Cattolica di Nimega, che fu
eletto primo Presidente dell’ALE nel 1970,
dopo anni di intenso lavoro preparatorio.
Weijnen scrisse la Introduction nel 1975,
e l’anno seguente comparve il Premier
Questionnaire, e si stabilì, dopo un intenso
dibattito, la caratteristica principale
dell’ALE, quella di essere il primo atlante
linguistico formate da carte commentate, la
cui analisi doveva essere fatta su base onomasiologica, cioè non come puro elenco
di etimi ricostruiti, ma come una analisi approfondita dell’eredità culturale
d’Europa, vista attraverso il lessico delle lingue europee. I commenti possono
anche essere di una notevole estensione, e sono pubblicati in un volume separato
da quello che contiene le carte.
Questo progetto si sviluppa fino ai giorni nostri: il primo volume di carte
commentate esce nel 1983, l’ottavo volume di carte ha visto la luce nel 2008, e
altri sono in cantiere.
L’organigramma dell’ALE prevede una Presidenza, una Segreteria, un
Comitato di Redazione e Comitati nazionali divisi in effetti non secondo un
puro principio di appartenenza politica, ma naturalmente secondo le aree
linguistiche: quindi esiste un comitato per il Belgio vallone e uno per il Belgio
fiammingo, uno per il finnico di Finlandia e uno per lo svedese di Finlandia,
la Gran Bretagna è divisa tra inglese, gallese, scozzese, il comitato lappone si
occupa di una popolazione che si muove tra tre stati nazionali diversi (Norvegia,
Svezia e Russia), allo stesso modo esiste un Comitato per le lingue zigane. I
numerosi membri del Comitato dell’ex Unione Sovietica devono affrontare una
varietà linguistica impressionante, dalle lingue slave alle uraliche, alla miriade
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
di lingue del Caucaso, diversissime fra di loro. Si sono stabiliti anche dei Comitati
intermedi che si occupano dei grandi gruppi linguistici, quale quello romanzo.
L’ALE non ha promosso inchieste proprie (impensabili del resto su un’area
linguistica di questa estensione), ma si è dato come si è detto il compito di
commentare i dati degli atlanti già pubblicati in Europa, che hanno però una
consistenza assai diseguale: anche nell’area romanza, la più incline in Europa
agli studi geolinguistici, troviamo notevoli disparità nella raccolta di dati
nelle varie nazioni. La Francia ad esempio non solo ha il più antico atlante
linguistico pubblicato (l’Atlas Linguistique de France, ALF, di Jules Gilliéron, che
conta ormai un secolo di vita) ma ha anche avviato nel secondo dopoguerra la
pubblicazione di atlanti regionali con nuove inchieste (l’Atlas Linguistique de la
France par Régions promosso dal CNRS e che ha pubblicato finora una settantina
di volumi). Nelle aree galloromanze fuori dai confini nazionali francesi troviamo
l’Atlas Linguistique de la Wallonie (ALW) e l’ALEPO, dedicato al francoprovenzale
e all’occitano delle aree montuose del Piemonte Occidentali. Per la Val d’Aosta
è in cantiere l’Atlas des variétés francoprovençales de la Vallée d’Aoste (ALVA).
La situazione italiana è nota: il primo atlante nazionale a comparire è stato,
negli anni ’20-’40 del secolo scorso, l’AIS (Atlante Italo Svizzero), mentre l’impresa
dell’ALI (Atlante Linguistico Italiano) ha visto negli ultimi anni la pubblicazione di
sette volumi e ne progetta fino a venti. Gli atlanti regionali dell’area italiana seguono
invece un piano meno sistematico di quelli dell’area francese, ma presentano
risultati di grande valore come l’ASLEF per il Friuli e l’ALT per la Toscana. Altri
interessanti cantieri, come quello siciliano (ALS), hanno prodotto un imponente
lavoro preparatorio.
Altre nazioni romanze, come la Spagna e il Portogallo, non hanno ancora un
atlante nazionale edito. La Spagna, che ha visto durante la Guerra Civile la perdita
dei materiali già raccolti, si orienta verso la realizzazione di atlanti regionali. Per
l’area gallega, l’ALGa ha già portato alla luce cinque volumi dei dieci previsti.
La Romània possiede invece due atlanti nazionali e diversi atlanti regionale, e ha
iniziato ora la pubblicazione di un atlante di sintesi (ALRR Sinteza).
Ho descritto dunque finora l’area linguistica europea più studiata, quella
romanza, nella quale esistono anche imponenti materiali di tipo lessicografico.
Le altre aree europee godono in media di una descrizione dialettale assai più
limitata.
È evidente allora che il singolo Autore di una carta commentata dell’ALE
avrebbe difficoltà a trattare in prima persona una tale mole di materiale
appartenente a gruppi linguistici così diversi come le lingue indeuropee e l’ugrofinnico, per tacere delle lingue del Caucaso: a questo si provvede attraverso la
redazione di “sintesi nazionali” a cura dei vari Comitati nazionali citati sopra,
che compiono la selezione dei dati in proprio possesso, desunti non solo dagli
atlanti esistenti, ma anche dal materiale lessicografico a disposizione (dizionari,
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L’Atlas Linguarum Europæ
raccolte dialettali ecc.) e da qualsiasi altra fonte trovino utile. Naturalmente è
soprattutto l’autore del commento a ricorrere a tutto quanto può aiutarlo al fine
di svolgere il suo lavoro nel migliore dei modi, e a fare la scelta definitiva tra
i materiali disponibili. La mole di questi materiali varia molto a seconda del
designatum trattato. Per tornare a una mia esperienza abbastanza recente, una pur
limitata lettura della immensa bibliografia (storica, etnografica, dialettologica
ecc.) a proposito dei nomi della sorcière ha comportato anni di lavoro.
Si noti che la rete dei punti dell’ALE è articolata in modo tale che un punto
ALE comprende più punti degli atlanti già esistenti. Il Comitato nazionale e poi
l’Autore devono scegliere tra il materiale esistente quello che a loro pare più
rappresentativo. Ad esempio in un’area che negli atlanti precedenti attesta un
tipo predominante e un solo punto che riporta un hapax si può scegliere, per la
cartografazione ALE, tra i due tipi il primo per mostrare la continuità di un’area
linguistica oppure al contrario il secondo per evidenziare la varietà e trattare un
tipo linguistico raro e interessante. Ad esempio, facendo ancora riferimento alla
carta ALE sui nomi della «strega», constatato che in Italia settentrionale il tipo
più diffuso è strega, posso rinunciare in una certa area (comprendente fino a 5
punti degli atlanti precedenti) a cartografarlo per prendere in considerazione
e commentare un tipo raro come masca, che sparirebbe dalla carta e dal
commento se si scegliesse con il solo principio maggioritario. Il tipo masca ha
una grandissima importanza per la storia della cultura europea, e come tale ha
suscitato un dibattito di notevole estensione tra linguisti, storici e demologi. Il
riferirne nel commento ALE adempie appunto allo scopo precipuo dell’atlante
europeo che è stato sottolineato in apertura.
Naturalmente una simile scelta può comportare una minore adesione della
carta e del commento alla realtà linguistica attuale (i dati degli atlanti linguistici
esistenti sono stati in genere raccolti nella prima metà del secolo scorso, quando
i dialetti avevano una vitalità ben maggiore di oggi), ma d’altra parte sovente
permette di entrare nella storia linguistica della varietà trattata, mettendo in
rilievo l’esistenza di un tipo minoritario e recessivo rispetto alle forme innovanti.
Questo del resto è quanto augurava con una nota metafora Jules Gilliéron alla
geolinguistica che stava creando, di poter essere in grado di riconoscere nel cielo
stellato delle varietà linguistiche le stelle che avevano cessato di brillare magari
da secoli, ma la cui luce tuttavia arriva ancora fino ai nostri occhi.
Arrivo con questo al punto essenziale e nuovo dell’ALE: il suo essere basato,
appena possibile, sullo studio della “motivazione”, ossia sull’immagine mentale
che ha permesso ai parlanti di creare una certa denominazione. Rimando per questo
argomento ai lavori di Mario Alinei indicati in bibliografia per un approfondimento,
ma sottolineo un punto essenziale per apprezzare a fondo il lavoro dell’ALE: le
motivazioni ricorrono uguali in Europa superando le barriere linguistiche. In
molte lingue europee diverse la donnola è infatti una giovane parente graziosa, e la
coccinella una «gallinella del buon Dio», il bruco è il «gatto del curato» in piccole aree
della Spagna e della Romania. Lo stesso Alinei ha proposto recentemente di sostituire
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
il termine “motivazione” con quello di “iconimia”, cioè lo studio del processo che
porta il parlante, tramite una “scorciatoia” nel percorso del senso, a nominare un
certo designatum con una certa immagine, un iconimo. Se prendiamo ancora i nomi
europei della «strega», notiamo come il tipo strega già citato, predominante in area
italiana, nasca come conseguenza della convinzione culturale, già attestata in latino,
che la malefica si possa trasformare in un uccello notturno (lat. strix) o meglio che
l’uccello notturno possa prendere forme femminili.
In effetti lo studio dell’ALE si basa su una ipotesi forte, per la prima
volta compiutamente espressa da Mario Alinei in un suo lavoro sui nomi
dell’«arcobaleno», secondo la quale le motivazioni popolari si muovono
nell’ambito di uno sviluppo stadiale delle credenze, da uno stadio pagano,
che produce frequentemente designazioni zoomorfe, a uno stadio più recente
antropomorfo, in genere cristiano (si ricordi però che in Europa sono presenti
anche aree di cultura islamica). In quest’ottica si possono disporre in una certa
successione temporale nomi dell’arcobaleno zoomorfi (come appunto «arco
della balena» o «arco del delfino»), che saranno i più antichi, nomi antropomorfi
pagani (come «cintura di Venere») e infine cristiani o islamici («cintura della
Madonna», «cintura di Fatima»). L’ipotesi che lo zoomorfismo preceda di regola
l’antropomorfismo permette di proporre una successione stadiale del lessico
popolare europeo.
Alla fine degli anni ’80 del secolo appena trascorso il Comitato Romanzo
dell’ALE ha varato il progetto di un Atlas Linguistique Roman (ALiR) allo scopo
di poter meglio rendere conto della ricchezza lessicale della Romània, registrata
dal maggior numero di opere geolinguistiche già realizzate. L’ALiR ha visto
l’uscita del suo primo volume di carte commentate nel 1996. I due volumi
successivi finora apparsi sono dedicati ai nomi popolari degli animali, che si
sono rivelati fecondissimi per lo studio delle credenze popolari e per lo sviluppo
dell’iconimia, come hanno rivelato ad esempio le carte europee della « belette » e
della « coccinelle » (Alinei 1986, 1992).
Gli zoonimi popolari costituiscono spesso delle cruces degli studi etimologici:
come spiegarsi infatti ad esempio nomi della donnola come «pane e formaggio»,
o nomi della coccinella del tipo «gallinella del Buon Dio»? O le denominazioni che
fanno degli animali dei nostri parenti, specie femminili, come quando la donnola è
chiamata in Portogallo norinha o la volpe in Calabria comare? Tali denominazioni,
anche se relativamente rare, si ritrovano in tutte le lingue europee, e fanno pensare
a un sistema di pensiero, ormai tramontato, che vedeva negli animali selvatici delle
figure sacre profondamente legate agli esseri umani e in grado di influenzare la
loro vita. Si vedano in proposito ad esempio le preghiere, ormai ridotte a cantilene
infantili, rivolte a un coleottero come la coccinella septempunctata, cui ci si rivolge per
trovare l’anima gemella o dei beni materiali.
Anche la carta ALE dei nomi del «pioppo», da me redatta, ha permesso di
individuare sul territorio europeo la diffusione, dall’Italia verso nord, della
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L’Atlas Linguarum Europæ
coltivazione intensiva, tipica dell’Italia settentrionale, del pioppo, una pianta
che cresce rapidamente fornendo in breve tempo un materiale adatto a diversi
usi domestici e agricoli. La prova è fornita dalla diffusione nei paesi di lingua
germanica dei continuatori di lat. populus, quando già in queste lingue esisteva il
tipo *asp-/aps- (cfr. ingl. aspen) che passa a designare il pioppo selvatico, mentre i
nomi presi a prestito dalle lingue romanze mostrano che con essi è stato “copiato”
anche un sistema di produzione del legno diverso dal semplice taglio del bosco.
Il cammino percorso dall’ALE è, come si può intendere, cosparso di molte
difficoltà: la redazione delle sua carte è estremamente impegnativa, dato che è
difficile trovare linguisti che si possano onestamente dichiarare specialisti di tutte
le lingue europee; il rapporto con i Comitati nazionali è quindi indispensabile,
ma comporta spesso ritardi nell’elaborazione dei dati e, naturalmente, disparità
di pareri a proposito di questi. Infine, la pubblicazione richiede a qualsiasi editore
una precisione infinita. Nonostante tutto però, l’ALE ha a mio parere rappresentato
e rappresenta una svolta nello studio delle varietà dialettali d’Europa, avendo
per la prima volta preso in considerazione tutti insieme i risultati di una raccolta
sul terreno che continua ormai da un secolo.
r i f e r i m e n t i
b i b l i o g r a f i c i
AA.VV., Perspectives nouvelles en géolinguistique, Publications de l’Atlas Linguarum Europæ (ALE), Roma, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, 1997.
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
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friulano, I-VI, Padova-Udine, Istituto di Glottologia e Fonetica dell’Università
di Padova- Istituto di Filologia Romanza della Facoltà di Lingue e Letterature
Straniere dell’Università di Udine, 1972-1986.
ALW – Atlas Linguistique de Wallonie, 1-II (par Louis Remacle), III (par Elisée Legros), IV-V (par Jean Lechanteur), IX (par Elisée Legros et et Marie-Thérèse
16
L’Atlas Linguarum Europæ
Counet), Liège, Imp. H. Vaillant Carmanne S.A., I953-1987; VIII et XV (par
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17
Francoprovenzale e occitano alpino
nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
Antonio Romano
Introduzione
Sin dagli albori del progetto AMPER
(Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace
Roman), un’attenzione particolare è stata
riservata alle parlate romanze delle Alpi
(con dati d’inchieste svolte a Cogne e
a Sarre da Stefania Roullet; cfr. Roullet
& Romano 1998, Roullet 1999, AMPER
2005). La conferma è arrivata anche in
seguito: tra i punti d’inchiesta esplorati
in vista della pubblicazione del primo
saggio corredato da un campione di dati
sonori (AMPER 2011) figura anche Gap
(con una selezione e una discussione
di dati occitani a cura da J. P. Lai) e tra
gli sviluppi più recenti cominciano ad affermarsi studi-pilota (come quello di
Romano et alii 2012) in cui compaiano anche dati di occitano del Piemonte. La
raccolta dei dati è ancora in corso, ma la disponibilità di registrazioni di parlanti
di località diverse offre già spunti per osservare la variazione prosodica in uno
spazio esteso e frammentato.
Come noto, l’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman (AMPER) nasce
da un’idea di Michel Contini (Bilbao 1991; cfr. Contini 1992) e ha come obiettivo
generale la descrizione della variazione della prosodia nelle parlate romanze
mediante un confronto (inizialmente limitato all’osservazione di caratteristiche
fonetiche), tra dati sonori raccolti e analizzati con una metodologia comune.
Nelle sue valutazioni preliminari il protocollo di analisi prevede il ricorso a un
questionario (comune di base, QBC) e incoraggia lo svolgimento di inchieste
dialettologiche mirate (e finalizzate alla raccolta di enunciati con caratteristiche
ritmico-intonative tipiche) in vista di uno spoglio strumentale dei dati e
dell’esecuzione di test di validazione percettiva.
Allo stato attuale, in seno al progetto sono stati accolti gruppi di ricerca
(geograficamente) molto distanti tra loro, distinti anche per composizione e
profilo dei ricercatori (attualmente più di 30 referenti in una decina di Paesi
19
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
diversi). In molte aree le équipe che sono entrate a far parte del progetto, pur
condividendo almeno in parte finalità e metodo, sono interessate allo studio di
diverse dimensioni della variazione linguistica, con risultati di diversa natura e
con obiettivi descrittivi su scala ‘nazionale’, regionale o micro-regionale a seconda
dei casi. In particolare, anche se lentamente, nuove conoscenze affiorano sulla
variabilità dell’intonazione in termini geo- e socio-prosodici, stilistici etc.
Per illustrare alcuni di questi aspetti, come risultato delle attività della rete
di ricerca, ci si può avvalere di più di 10 000 file sonori pubblicati nel DVD di
AMPER 2011 (v. Géolinguistique HS4, a cura di P. Mairano), relativi a produzioni
di 108 locutori / locutrici raccolte in 62 punti d’inchiesta, e dei circa 30 000 file
grezzi della BD-AMPER (gestita on-line a cura di A. Rilliard)1.
1. L’intonazione delle parlate francoprovenzali e occitane
L’interesse storico nei confronti delle caratteristiche prosodiche delle parlate
alpine occidentali presso il Centre de Dialectologie de Grenoble, animato da
M. Contini e – ancor prima – da G. Tuaillon, si è manifestato in diversi studi
sulla variazione dialettale nella prosodia del parlato. Tuttavia, rispetto ad altre
sezioni del progetto, possiamo dire che AMPER-FRP e AMPER-OCC (pensate
per contribuire più direttamente allo studio della prosodia delle parlate,
rispettivamente, francoprovenzali e occitane) sono ancora tra le più povere di
dati. Un’eccezione notevole è costituita dagli studi condotti da Stefania Roullet
che, nel 1999, ha discusso una Tesi di Dottorato sull’intonazione, analizzando un
corpus di dati rappresentativi per i patois di Sarre e Cogne.
Oltre all’illustrazione delle differenze micro-prosodiche presenti nei dati
analizzati per queste due località, tra i principali risultati di quello studio vi è anche
il primo tentativo di offrire la descrizione di un modello intonativo per alcuni
enunciati di base (del questionario comune QCB) nella varietà francoprovenzale
di Sarre sulla base di una modellizzazione ottenuta in seguito a una validazione
percettiva (v. Fig. 1)2.
Al di là delle diverse relazioni che si stabiliscono tra i picchi e le valli nella
sezione prenucleare e delle differenze nella distribuzione generale di valori
più alti nella sezione nucleare delle interrogative, gli schemi melodici delle
due modalità differiscono soprattutto nel profilo assunto in corrispondenza
del cosiddetto ‘contorno terminale di modalità’ (CTM) che presenta un’insolita
debole risalita finale alla modalità dichiarativa (soggetta a gradazioni individuali
o stilistiche) e un tipico profilo ascendente-discendente in quella interrogativa
(con preaccentuali di solito non basse).
Questi schemi si discostano piuttosto notevolmente da quelli descritti per
le varietà osservate più recentemente in area occitana nell’ambito dello stesso
progetto, come nel dialetto vivaro-alpino di Gap, nell’occitano di Sainte20
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
Geneviève-sur-Argence (Aveyron) o nella parlata di Nizza, studiati da Lai (2007)
e Lai & Rilliard (2007). Allo studio di questi si è aggiunto recentemente uno
studio-pilota su un patois occitano-alpino del Piemonte (Val Germanasca, PraliPomaretto; cfr. Romano et alii 2012)3.
a. Déclarative avec expansion dans SN1
b. Déclarative avec expansion dans SN2
c. Interrogative avec expansion dans SN1
d. Interrogative avec expansion dans SN2
Fig. 1. Modelli melodici per l’intonazione di frase nel patois di Sarre. Modalità Dichiarativa
affermativa (a. e b., in alto) e Interrogativa (c. e d., in basso). Frasi con espansione a sinistra (doppio
accento nel sintagma nominale soggetto, SN1, a. e c.) e con espansione a destra (doppio accento nel
sintagma nominale oggetto diretto, SN2, b. e d.). Le frecce indicano le possibilità di anticipazione o
ritardo di un dato movimento melodico a seconda della posizione dell’accento lessicale cui è associato
[Roullet & Romano 1998].
Per dettagliare anche solo un esempio, si vedano gli andamenti medi di f0
riportati in Fig. 2 per gli enunciati corrispondenti alle modalità dichiarativa
e interrogativa della frase la tsabréta tótsa la bouisounà ‘la capretta tocca il
cespuglio’ e della frase la tsabréta peutsounéta tótsa la bouisounà./? ‘la capretta
piccolina tocca il cespuglio’.
Al di là dell’andamento globalmente più schiacciato (per entrambe le
modalità), si noterà una distribuzione sensibilmente differenziata di movimenti
melodici (soprattutto nel primo caso) e, più particolarmente, la generale
maggiore acutezza degli enunciati interrogativi, con movimenti più ampi e più
decisi soprattutto nel CTM, che si contraddistingue per un andamento alto sulle
preaccentuali e marcatamente discendente sulla vocale nucleare (in questo caso
finale assoluta).
21
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
la tsabréta tótsa la bouisounà ?
la tsabréta peutsounéta tótsa la bouisounà ?
Fig. 2. Esempi di analisi delle curve melodiche medie di enunciati nel patois di Gap. Confronto
tra profili dichiarativi (linea più chiara) e interrogativi (linea più scura) per due strutture: senza
espansioni (a sinistra) e con un’espansione in SN1 (a destra) [Romano et alii 2012].
La tsabréta tòtsa la bouisounà estroupià de Sigoyer ?
La tartùga mènta la pàssera perdùda de l'aternità ?
Fig. 3. Curve medie di tre enunciati diversi relativi a frasi interrogative corrispondenti nelle parlate
di Gap (in alto) e Nizza (in basso): lo sviluppo melodico dei primi procede tra picchi e valli localizzati
in prossimità delle sedi accentuali e si conclude con un profilo discendente; negli enunciati del
parlante nizzardo, invece, il profilo melodico parte alto e declina progressivamente (con limitate
risalite locali) per poi risalire in modo deciso verso valori massimi in corrispondenza dell’ultima
vocale dell’enunciato (all’incirca come avverrebbe in una domanda dello stesso tipo in francese) [Lai
2007, Romano et alii 2012].
22
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
Come discute Lai (2007), questi andamenti si discostano notevolmente da
quelli osservati nelle produzioni di parlanti di altre parlate più incisivamente
interferite dai modelli prosodici del francese (come il nizzardo descritto dallo
stesso autore nell’ambito dello studio menzionato). Una diversa segmentazione
intonativa produce differenze sensibili all’inizio della seconda unità tonale
degli enunciati raccolti per i dati della località di Sainte-Geneviève-sur-Argence.
Tuttavia anche gli schemi intonativi delineati per questo patois da Lai & Rilliard
(2007) confermano una preferenza per andamenti finali ascendenti in ossitonia4.
Un modello intonativo di questo tipo (sebbene a conclusione di una serie
di profili prenucleari più movimentati), si è presentato anche nei materiali di
uno studio preliminare sul patois di Pomaretto (TO). Il confronto con alcuni di
questi patois occitani transalpini mostra diversi elementi di differenziazione
(v. es. in Fig. 4)5, confermando un’accentazione aderente al modello dell’italiano
regionale piemontese (ma non di quello più tradizionale discusso in Romano
& Interlandi 2002). Il CTM, modulato su valori preaccentuali sensibilmente più
alti, si caratterizza tuttavia per un’escursione melodica nucleare ascendente
con attacco basso, nella quale gli attesi movimenti discendenti postaccentuali
risultano troncati.
Fig. 4. Esempio di confronto tra contorni melodici stilizzati di domande totali su materiale lessicale
simile tra le varietà di Gap (1), Sainte-Geneviève-sur-Argence (2) e Pomaretto (3) [Romano et alii
2012] (cfr. testo).
2. La domanda totale nelle parlate cisalpine
Sulla base di altri dati raccolti in vista dello studio delle metriche ritmiche (v. §3),
è stato possibile verificare le realizzazioni degli schemi della domanda totale in
una più ampia casistica di stili e condizioni. Le località di provenienza dei parlanti
registrati sono: Pomaretto (TO) e Prali (TO) in Val Germanasca, Chianale (CN) e
Bellino (CN), in Val Varaita6. A queste si aggiungono, come termine di paragone, i
dati finora raccolti sulle varietà francoprovenzali e sulle parlate Walser.
23
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Gli schemi dell’interrogativa totale (sì / no) sembrerebbero presentare anche
qui soluzioni diverse, tipologicamente riconducibili, da un lato, verso un polo più
conservativo e, dall’altro, verso i modelli offerti dalle varianti locali di altre lingue,
quelle di prima scolarizzazione, che assicurano possibilità di comunicazione
su scala geografica più ampia e che beneficiano della definizione di varianti
stilistiche maggiormente codificate.
Essendo il lavoro di analisi ancora attualmente in fase di svolgimento (e
rendendosi necessaria una verifica con nuove inchieste sul campo), mi limito
qui a proporre soltanto due degli esempi più affidabili riscontrati nel corpus di
registrazioni (v. Fig. 5). Nel primo esempio, la soluzione prescelta dalla giovane
locutrice di Chianale per la resa di una delle due domande finali del testo in
appendice (l’estorio t’es piazuo?) presenta una sottolineatura intonativa del ruolo
tematico assunto dal soggetto sintattico (l’estorio) ottenuta mediante una forma
di continuazione (con schema dichiarativo-sospensivo): lo schema tipico della
domanda totale risulta quindi a carico del solo predicato. Elevandosi le prime
due sillabe (t’es pia-) in conseguenza della realizzazione del primo movimento
prenucleare, il CTM si sviluppa quindi sulle due sillabe finali (-zu.o) con un
movimento piatto ascendente sulla vocale accentata e una caduta finale sulla
postaccentuale (in questo caso interrotto da un’errata rilevazione dei valori di f0 ).
Fig. 5a. Chianale: L’estòrio t’es piazuo?
Nel secondo esempio, invece, il giovane parlante di Prali, dispone il soggetto
in appendice e mantiene la carica interrogativa sul predicato (rema anticipato)7.
In questo modo lo schema della domanda non risulta prepausale e, restando
più alto in virtù della sua posizione (in particolare il movimento ascendente24
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
discendente su -gù.o), lascia che il tema (la stouriëtto) realizzi in tal modo il tipico
schema terminale di un’intonazione di eco (Delattre 1966; Romano 2008). Questi
due profili tipici sono schematizzati sommariamente in Fig. 6.
Fig. 5b. Prali: T’è plagùo la stouriëtto?
Fig. 5a e 5b. Esempi di analisi spettrografica e di estrazione di f0 per due enunciati interrogativi
totali di patois occitani del Piemonte.
Fig. 6. Schemi di variazione in altezza per i CTM dei due enunciati di Fig. 5 (intonazione
interrogativa totale a sinistra e intonazione di eco a destra).
25
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
3. Il ritmo delle parlate alpine dell’Italia nord-occidentale
3.1. Il ritmo del parlato
Gli studi sul ritmo del parlato godevano di una ricca bibliografia e di
modalità di analisi consolidate, ma erano (1) insoddisfacenti allo scopo di
tener conto della variabilità del parlato spontaneo e (2) incapaci di produrre
distinzioni compatibili con quelle delle valutazioni percettive. Sono stati per
questo in buona misura rinnovati negli ultimi decenni con l’apporto dei nuovi
metodi di valutazione proposti negli studi di Ramus et alii (1999), Grabe &
Low (2002) e Bertinetto & Bertini (2010).
Grazie a questi, la tradizionale dicotomia tra lingue isosillabiche (o
Syllable-timed) e lingue isoaccentuali (o Stress-timed) è stata rivista sulla base
di rappresentazioni che hanno sì ridefinito come continuo lo spazio attorno
ai poli definiti da lingue Syllable-based (SyB), lingue Stress-based (StB) e altri
eventuali, ma hanno anche rivalutato l’importanza di fenomeni collegati
ad altri livelli di organizzazione del timing come quelli che assicurano le
distinzioni tra lingue ‘a controllo’ e lingue ‘a compensazione’ (Bertinetto &
Bertini 2010).
Le variabili studiate ai fini della valutazione del ritmo del parlato sono
ovviamente dipendenti da misure temporali (le cosiddette metriche ritmiche:
%V, ΔC e ΔV di Ramus et alii, 1999; i PVI di Nolan & Grabe 2002; i CCI di
Bertinetto & Bertini 2010), ma non si può escludere nella valutazione percettiva
il contributo dei rapporti di energia e delle modalità di variazione dell’altezza
(cfr. Romano 2010; Romano & Mairano 2010).
Nell’ambito di AMPER un’applicazione è stata suggerita da J. Dorta su
dati di AMPER-CAN e da chi scrive sui dati di AMPER-ITA (cfr. Mairano &
Romano 2008), ma il potenziale offerto da questi dati ai fini dello studio delle
distinzioni dialettali è stata estensivamente sfruttata soprattutto da G. Toledo
che, integrandoli con altri dati, li ha elaborati a più riprese per la classificazione
delle varietà di spagnolo sudamericano (v. Toledo 2010a&b).
Tuttavia i dati dei corpora ‘fissi’ si mostrano inadeguati per uno studio sulla
variabilità delle proprietà ritmiche delle parlate di un’area (perché costruiti
apposta per minimizzare la variazione segmentale riducendo la complessità
fonotattica e selezionando le strutture più semplici anche quando marginali
nella lingua). Per questo motivo abbiamo preferito applicare esclusivamente
le procedure di analisi a quei brani del corpus libero che offrono un parlato
più naturale, anche se sulla base di produzioni semi-spontanee (o lette). Il
criterio ormai collaudato (Mairano & Romano 2007, Romano & Mairano 2010)
è quello di un’analisi ristretta ai 40 ÷ 50s dell’enunciazione di una versione
locale del racconto esopico de “La tramontana e il sole”.
26
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
Le versioni finora analizzate (sulla base di una segmentazione etichettata
preliminare) sono ottenute partendo dai testi riportati in appendice per le
parlate di Chianale, Bellino e Rimella, in Piemonte, e Introd e Gressoney, in
Valle d’Aosta. La valutazione, basata sulle metriche ritmiche ΔC e ΔV (proposte
da Ramus et alii 1999), si è estesa finora al confronto con altre lingue del mondo
(Romano 2010) e con altre parlate del Piemonte già studiate in precedenza
(Romano et alii 2010).
Prima d’illustrare i risultati ottenuti nei tipici diagrammi cartesiani, può essere
utile dettagliare alcuni parametri caratterizzanti dell’organizzazione temporale
complessiva delle produzioni osservate, tenendo conto della variazione soggettiva
presente nei dati.
3.2. Il ritmo delle parlate alpine
Per illustrare alcune caratteristiche globali che permettono di contrad­
distinguere le produzioni analizzate, riporto in Fig. 7 una selezione di tre brevi
passaggi estratti dalle produzioni di alcuni parlanti: una di Chianale, uno di
Bellino e uno di Rimella.
Fig. 7a. Passaggio: a chargu que i quitès de soufiar.
27
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Fig 7b. Passaggio: mai lou viandàn s’anvourtouyava did(y)én soun pastràn.
Fig. 7c. Passaggio: ()schuvez e wistet et schtárchego.
Fig. 7. Rappresentazione grafica dell’etichettatura di tre brani prepausali presenti nei dati di
Chianale (a), Bellino (b, loc. R) e Rimella (c). Si noterà una considerevole uniformità nelle durate
degli intervalli di b, presente anche nella prima parte di a il cui passaggio è però poi interessato da
un deciso rallentamento finale; notevole invece in c la variabilità nella successione d’intervalli dello
stesso tipo (V o C) brevi e lunghi.
28
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
Nei tre grafici di Fig. 7 si notano discrete differenze che sono presumibilmente
all’origine di una diversa impressione uditiva sulle qualità ritmiche dei
corrispondenti passaggi. Il brano in b (prodotto dal locutore R di Bellino) si
presenta infatti caratterizzato da una considerevole uniformità nelle durate
degli intervalli associata alla percezione di un ritmo a cadenza sillabica (SyB).
La stessa impressione si può avere nella parte iniziale del passaggio a (locutrice
di Chianale) il quale è però interessato poi da un significativo rallentamento
che determina un aumento nelle durate degli ultimi intervalli8. A confronto con
questi, tuttavia si osserva (nel grafico) e si percepisce (all’ascolto) una notevole
differenza nell’incedere del passaggio in c (locutore V di Rimella): la variabilità
nella successione d’intervalli dello stesso tipo (V o C) brevi e lunghi comporta
una forte impressione di ritmo a cadenza accentuale (StB)9.
Come si può osservare in Fig. 8, le produzioni nelle parlate alpine analizzate
presentano valori dei delta che le situano in un’area ai margini (e, addirittura
in molti casi, al di fuori) della regione del grafico in cui ricadono solitamente i
campioni di lingue a cadenza sillabica (SyB o isoS nel grafico). In particolare i valori
di ΔC si presentano bassi o medio-bassi, confermando una minore elasticità nel
complessificare e adattare le lunghezze dei nessi consonantici nei confronti delle
lingue a ritmo isoaccentuale (StB o isoA nel grafico): a questo principio sembrano
sfuggire naturalmente i dialetti Walser (some nel caso di Rimella visto sopra, che
nel diagramma in Fig. 8 si situa nella parte più alta dell’area delle lingue StB).
In questi dati, i valori assunti da ΔV per le parlate occitane e francoprovenzali
si disperdono, invece, tra valori medi e medio-alti, contribuendo a collocare i
campioni misurati nel quadrante in basso a destra (dove già si trovavano un’altra
parlata occitana, quella di Exilles, e il dialetto ligure di Briga Alta). I valori più bassi
di ΔV si presentano per i due parlanti di Bellino, con caratteristiche decisamente
SyB nel caso del parlante più anziano (R) che presenta anche i valori più bassi di
ΔC e si localizza in prossimità della posizione in cui si era attestato il campione
raccolto da un parlante di un’altra varietà di tipo ligure, quella di Capanne di
Marcarolo di Bosio. I dati dell’altra parlante di Bellino si caratterizzano però
per valori più alti di ΔC e, insieme a quelli di Chianale, si avvicinano ai margini
dell’area delle lingue StB (nella quale ricadono, oltre ai dialetti Walser, altre parlate
piemontesi osservate in Romano et alii 2010, quelle di Campertogno, Bagnolo P.
e Roccaforte L.).
Colpisce però il fatto che, complessivamente, questi campioni confermino
una localizzazione (già osservata in precedenza) in un’area piuttosto distinta
da quelle attorno ai due poli più tipici, in una regione del grafico che era stata
inizialmente ipotizzata (Ramus et alii 1999) come tipica di lingue ‘isomoraiche’
(come il giapponese). Come anticipavo, una ragione di questo risultato potrebbe
essere vista nella tipica variazione di lunghezza degli intervalli vocalici derivante
da un’alternanza che si registra localmente in conseguenza di fenomeni di
riduzione e in associazione a condizioni di notevole allungamento (legate a un
uso funzionale della quantità vocalica).
29
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Vdev
Fig. 8. Diagrammi delle metriche ritmiche ΔC [=Cdev] e ΔV [=Vdev] (Ramus et alii, 1999)
ottenuti con Correlatore (P. Mairano, LFSAG) per le registrazioni delle sei parlate occitane e
francoprovenzali descritte in questo lavoro (cerchi grandi). I dati di confronto delle altre lingue
sono quelli di Romano (2010) mentre quelli relativi ad altre parlate del Piemonte (indicate con un
asterisco) sono tratti da Romano et alii (2010).
4. Conclusioni e prospettive
Le considerazioni qui riportate su alcune caratteristiche intonative e sulle
proprietà ritmiche delle parlate alpine analizzate hanno permesso di delineare
un quadro di riferimento all’interno del quale condurre nuove ricerche con dati
più completi e dialettologicamente più rappresentativi.
Le varietà studiate presentano il ricorso a schemi variabili e leggermente
differenziati, ma complessivamente si caratterizzano per lo sviluppo di profili
melodici ancorati a strutture ritmiche organizzate piuttosto uniformemente.
L’osservazione dei dati a disposizione permette di trarre una serie di conclusioni
sommarie. Al presentarsi regolare di allungamenti vocalici nelle posizioni
determinate dall’esistenza di rapporti quantitativi e da gerarchie di salienza, si
associano movimenti melodici comuni all’intera area. Alcuni di questi, come ad
esempio l’andamento ascendente-discendente che si sviluppa dall’ultima vocale
accentata di enunciati a modalità interrogativa totale (con eccezioni significative
nel caso di ossitoni finali), sembrerebbero caratterizzare distintamente una
30
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
prosodia più tradizionale rispetto a modelli più innovativi e, verosimilmente,
più interferiti.
Un apporto considerevole nel raffinamento di queste considerazioni e nella
dimostrazione esaustiva di quanto affermato potrebbe già venire dall’acquisizione
e/o dal recupero di dati da corpus fisso per AMPER-FRP e dal completamento
delle inchieste finora svolte per AMPER-OCC con l’estensione alle diverse
lingue parlate dagli stessi informatori. Vista l’utilità riscontrata nell’uso dei
dati presenti nelle versioni locali de “la tramontana e il sole” (confermata dalla
diffusione del ricorso a questa strategia nei lavori di altre équipe e con finalità di
ricerca molteplici - v., tra gli altri, Sichel-Bazin et alii 2012), un’altra possibilità di
progresso viene dalla prospettiva della raccolta di simili campioni in tutta l’area e
dall’applicazione di metodi di valutazione delle distanze prosodiche attualmente
in fase di collaudo su dati e campioni di lingue diverse.
Ringraziamenti
Per il loro aiuto nella raccolta dei materiali oggetto delle analisi qui presentate,
desidero ringraziare Ivanna Casasola, Daniele Fusinaz, Cristina Levet, Aline
Pons, Marco Angster, Matteo Rivoira e Nicolas Quint.
n o t e
�����������������������������������������������������������������������������������������
Sono all’attivo del progetto anche quattro convegni internazionali e diverse sessioni tematiche in congressi di fonetica, dialettologia e filologia (ancora recentemente il Romanistentag �����������������������������������������������������������������������������������
di Würzburg del settembre 2013). Alcuni degli articoli su rivista e in atti di congresso – più di un centinaio – sono consultabili all’indirizzo http://w3.u-grenoble3.fr/
dialecto/AMPER. Al progetto sono stati dedicati anche alcuni volumi monografici; tra
questi: AMPER 2005 - Géolinguistique HS3 (a cura di J.P. Lai), AMPER-en-Espagne 2005
(vol. XIV de Estudios de Fonética Experimental), «La prosodia en el ámbito lingüístico románico» (a cura di J. Dorta, 2007), «Actes d’AMPER-POR» (a cura di Moutinho & Coimbra,
2007), « La variation diatopique de l’intonation dans le domaine roumain et roman » (a
cura di A. Turculeţ, 2008), RILI IX, No. 1 (17) (a cura di Y. Congosto, 2011) e il già menzionato AMPER 2011 - Géolinguistique HS4 (v. http://w3.u-grenoble3.fr/dialecto/AMPER/
DVD).
1
Semplificando, si suole studiare l’intonazione sulla base dell’osservazione dell’andamento temporale dei valori di f0 (frequenza fondamentale alla quale vibrano le pliche vocali).
Nei grafici seguenti sono riprodotti di solito i profili realmente misurati, ma in molti casi
si tratta di andamenti schematici ottenuti attraverso una procedura che si applica ai valori
estratti da insiemi di enunciati di dimensioni considerevoli (dell’ordine del centinaio o del
2
31
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
migliaio). I dati sfruttati per arrivare alle generalizzazioni proposte in Fig. 1 sono quelli
relativi alle frasi del QCB (v. Introduzione) che – nonostante la loro forma inconsueta – consentono di ottenere un buon controllo della strutturazione sillabica, nonché del computo
e delle posizioni degli accenti (ad es.: lo tsareti l a vu lo prof ète ‘Il carrettiere ha visto il
profeta’).
Tra le altre differenze prosodiche si ricorderà che, notoriamente, questi dialetti distinguono tre tipi accentuali, avendo mantenuta la distintività lessicale dell’accento nei proparossitoni.
3
Sebbene non si dilunghino sulla realizzazione della modalità interrogativa, a questo tema
dedicano riflessioni rilevanti anche Meisenburg (2011) e Sichel-Bazin et alii (2012), nel caso
della varietà di patois occitani esplorata nel Languedoc-Roussillon. L’interferenza prosodica tra occitano e francese di parlanti bilingui di questa regione è oggetto di studi approfonditi sin da Meisenburg (1998).
4
Nel caso dell’inchiesta di Pomaretto, in particolare, la struttura di partenza è nella frase:
La chabrëtto touccho la bouisounâ ‘La capretta tocca il cespuglio’.
5
Queste località si trovano in rami e segmenti delle valli considerate che sono notoriamente indicati con denominazioni distinte. Le valli in questione sono ben studiate dal punto di
vista dialettologico, essendo state al centro dell’interesse scientifico di diversi autori. Per
la Val Germanasca si vedano i numerosi lavori di Arturo Genre (Genre 1969, 1970 e 1978)
e si consideri che Prali è il punto 47 della rete d’inchiesta dell’ALI. Il patois di Bellino è illustrato, in particolare, dell’apprezzata opera di un autore locale (v. Bernard 1997), mentre in
generale le caratteristiche linguistiche delle parlate occitane della Val Varaita sono studiate
nella Tesi di J. Savi (1974), che non ci è stato possibile reperire, e beneficiano di numerose
considerazioni nello studio generale di C. Grassi (1958).
6
Per una discussione articolata di questi concetti conviene rifarsi ai lavori di E. Cresti e di
E. Lombardi Vallauri (si vedano, tra gli altri, Lombardi Vallauri 1998 e Cresti & Firenzuoli
2002).
7
Questo accade tuttavia proprio in un momento in cui le durate degl’intervalli vocalici
erano però soggette a una progressiva riduzione: i riflessi di un simile andamento nelle
metriche ritmiche di Ramus et alii (1999) sono di solito visibili in valori più alti dei delta
(v. Fig. 8).
8
Nella valutazione di variabili inerenti le proprietà temporali di un brano, può essere
necessario tener conto anche della velocità d’eloquio e di altre osservazioni in merito alle
variazioni locali di questa. Il passaggio estratto dalla produzione della parlante di Chianale (Fig. 7a), che si caratterizza complessivamente per una velocità d’eloquio media di 4,8
σ/s, presenta inizialmente una sequenza alternata d’intervalli consonantici e vocalici di
lunghezza comparabile (a velocità di 5,5 σ/s) per poi dare luogo a una dilatazione finale
dei tempi di realizzazione degli elementi vocalici (velocità di 3,3 σ/s). Questa caratteristica è presente in molte delle produzioni osservate per le parlate occitane e francopro-
9
32
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
venzali, soprattutto in prossimità di una frontiera prosodica terminale, e contribuisce ad
aumentare (in alcuni casi in modo considerevole) le variazioni di durata degli intervalli
vocalici, nonostante queste parlate si presentino all’ascolto piuttosto isosillabiche. Si noti
infine che l’impressione di una realizzazione frettolosa da parte del parlante R di Bellino
(Fig. 7b) corrisponde bene a una velocità d’eloquio media di 5,3 σ/s che si contrappone
a quella del brano prodotto dal parlante V di Rimella (Fig. 7c), con velocità variabile, ma
mediamente più bassa (3,4 σ/s). Questo dato non è trascurabile nella valutazione complessiva, poiché è stato notato che, a velocità sostenute, diverse lingue di tipo Stress-based
presentano metriche con valori più bassi che le avvicinano a quelle Syllable-based (Dellwo
& Wagner 2003)
r i f e r i m e n t i
b i b l i o g r a f i c i
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a p p e n d i c e
L’aouro e lou soulélh (Val Germanasca; versione di Aline Pons)
Së ruziavën un jouòrn l’aouro e lou soulélh, e un a voulìo èse pì fort
dë l’aoutre, cant il an vît un viajatour qu’â vënìo anant, ënvërtoulhà
ën soun mantèl. Li dui ën ruzo së buttën d’acordi quë lou pì fort
a sarìo ità quel quë al aguéze fait deivîtî â viajatour soun mantèl.
L’aouro i tacco alouro a souflâ pì fort qu’î po: ma pì i souflo e pì lou
viajatour a së sèro ën soun mantèl; tant quë a la fin la paouro aouro i
deou ërnounsiâ a soum ëmprézo. Lou soulélh paréi ënt a sèel, e aprê
un moumënt lou viajatour, qu’â sëntìo chaout, a së deivîto. E l’aouro
ê ità oublijà a ërcounouire quë lou soulélh er pì fort qu’illhe.
T’è plagùo la stouriëtto?
Veuttou quë t’ la contie mai?
L’aouro e lou souléi (Bellino, Val Varaita; versione di Cristina Levet)
Se ruzavoun en journ l’aouro e lou souléi, e un vouliò èse mai fort de
l’aoutre, conte i on vîst en viajatour que veniò avonti, envourtouià
dedin soun mantèl. I dui en ruzo se bètoun d’acuordi que lou pu
fort l’a sarìo stà quel qur sarìo aribà a far gavar lou mantèl a lou
36
Francoprovenzale e occitano alpino nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman
viajatour. L’aouro tacco alouro a soufiar pu fort qu’î pol: ma mai i
soufio e mai lou viajatour së saro ën soun mantèl; ei punch que la
paouro aouro i deou laisar pèrde soun emprézo. Lou souléi coumocò
ente lou sèel, e après un moument lou viajatour, qu’al sentiò chaout,
e’ se desvest. E l’aouro es stà oublijà a recounouise que lou souléi es
pu fort qu’iye.
T’es piazu la stourietto?
Vos-tu que te la counte mai?
La biza é lo solèi (Introd; traduzione di Daniel Fusinaz)
La biza é lo solèi tsacotoon, tsaqueun eun soutchagnèn d’ihé lo pi for.
Aprì eun moumàn que deusquetoon, le dou sotcho l’an vu aréé eungn
ommo eunvertoillà dedeun son mantì, é se son trouó d’acor que lo
premî di dou que l’auche aresè a lèi fée beté ià lo mantì sareu ihó lo
pi for. Adòn la biza s’è betéye a souflé pi for que pochè, mi pi souflô,
pi l’ommo sarô deur son mantì. Pe nen fenì, proi lagnéye, la biza l’a
renonchà a l’eumprèiza. Adòn lo solèi l’a comenchà a briillé é aprì an
pouza l’ommo, retsoidó di rayé, l’a tra son mantì. É l’è pai que la biza
l’a belle falù recougnihe que, euntrì le dou, lo solèi l’î fran lo pi for.
T’o-heu lamó heutta conta ?
T’ou-heu que dze tournèyo te la dî ?
Der chalte vend un d ŝchunna (Rimella; testo tratto da Antonietti (2010: 97);
informatori: Dino Vasina e Piera Rinoldi)
En tág der chalte vend un d ŝchunna hant plaitud, ais het vellju das
ŝchi ŝchid mis schtarchu ŝchu z andra. Vagn hent ŝchid ä valtsche
má, gáá béder ŝchi ándru üfmachne ents mántál. Der vend un d
ŝchunna hentsch entschtannut, veltz virte gŝchid mis schtárchs das
het chunnu tiö z aptzie z mántál dum valtsche má. Der chalte vend
het ángfángut bláŝchu bet schtarchä, ma me heder bláŝchu, me der
valtsche má hederŝche üfmácht ents mántál; ŝchö der árme chalte
vend heder messu mu sus lá. Ŝchunna hetsche zaich en d luft un
ljetsch dernáá der valtsche má, das heder hért várum, het aptzogu z
mántál. Un der chalte vend het messu erchannju das d ŝchunna isch
gŝchid mis schtarche ŝchu ier.
Es e tjöver válvut déts bedje?
Well der das tievver su zallju enandre várt?
37
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
De nordwénn ón d sónnó (Gressoney; informatore: Ugo Angster [da Antonietti
2010: 95])
En tag hein de nordwénn ón d sónnó hasaliert weltz fón éne sigé z
schtoarchschta. Endem heintsch ksét chéeme e ma mé eme (mé an e
= con su un) mantal. De heintsch entschlosset das z schtoarchschta
wäré wéer fón de zweie hättemó ktoat de mantal tóntz kwenke. De
wénn hät fer den érschta angfanget z bloase mé dŝchin gantzó chraft:.
aber wé mé häter bloast wé mé hämmó de ma de mantal anzóchet,
béss hät de wénn noagloat. D sónnó, dŝchi, hät angfanget z gläntze
ón sofort hät d wermé dem ma tóntz kwenke de mantal. Sotte hät de
wénn móssó erchenne das d sónnó éscht schterchór altz er.
Häter kfallet d stórlé?
Sollterscha emóm zelle?
38
Quando l’etnolinguistica alpina va online:
alcune esigenze metodologiche
Thomas Krefeld e Stephan Lücke
Con il presente contributo intendiamo illustrare la concezione di un futuro
atlante etnolinguistico alpino (vd. Krefeld / Lücke sotto stampa). L’idea guida del
progetto è quella di documentare il lessico caratteristico di quest’area, abbastanza
omogenea dal punto di vista non linguistico (etnografia e topografia) però molto
eterogenea per il suo aspetto linguistico. I campi onomasiologici rilevanti sono
innanzitutto le formazioni del terreno, i fenomeni atmosferici, la fauna e la flora,
l’alpeggio in generale con la lavorazione del latte in particolare, l’architettura
tradizionale, la cucina e certe realtà moderne sorte per via del turismo (ad
es. sport invernali). Il portale, di cui una versione iniziale è accessibile in rete
(http://www.verba-alpina.gwi.uni-muenchen.de/), dovrà dunque integrare
tutti i dati linguistici già disponibili, a condizione che siano georeferenziabili.
Questo requisito è garantito nel caso dei diversi atlanti stampati (vd. la
bibliografia), ma spesso problematico, anzi impossibile nel caso dei dizionari
dialettali, sebbene esistono ottimi lessici con precise ubicazioni, come il recente
Repertorio italiano dialetto [RID] delle parlate ticinesi). L’obiettivo di riunire e
sfruttare dati raccolti da altri ricercatori e pubblicati in gran parte sotto forma
non digitale solleva alcuni problemi d’ordine quantitativo, per via di attestazioni
incomplete, ma anche qualitativo a causa dell’interpretazione non sempre facile.
Sono fondamentali, in particolare, le questioni che derivano dal trasferimento
Stephan Lücke e Thomas Krefeld
39
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
‘mediale’, cioè dalla trasformazione delle informazioni conservate nei libri in dati
strutturati del database digitale. In seguito ci soffermeremo proprio su questo.
L’atlante cartaceo - un amalgama di cose, concetti e parole
Il punto di partenza sarà la cartina AIS 1192, la cascina di montagna. Essa
ci fornisce, insieme all’illustrazione a essa collegata AIS 1192a, una moltitudine
di informazioni che sono di tre categorie: etnografiche (cose), onomasiologiche
(concetti) e linguistiche (parole).
La lettura di una cartina
etnolinguistica è indirizzata qua­
si automaticamente, cioè dal titolo
stesso, verso l’onomasiologia
(‘cose e tradizioni’). Poi il
lettore è invi­ta­to a individuare
le designazioni diver­se che
corrispondono al concetto fo­
calizzato,
raggruppan­do
le
numerose varianti fonetiche per
riconoscere i lessotipi sotto­stan­
ti. Nel caso esemplare sarebbero
baita, barga / bargun / margun, ca­
scina, casina, capanna / camoma,
casera, maira, malga, tegia, e altri
ancora. Già una piccola selezione
Fig. 1: campi semiotici degli atlanti etnolinguistici
di esse (materiali AIS), assieme ad
alcune forme non romanze (materiali VALTS e ASLEF), permette di delineare la
stratigrafia linguistica delle Alpi.
Figura 2: alcuni designazioni della cascina e la stratigrafia linguistica delle alpi
Delle volte la forma notata (il token) sulla carta rinvia alla leggenda dove
si trovano precisazioni onomasiologiche, da cui diventa chiaro che il concetto
indagato non è così chiaro e semplice come suggerisce il titolo. Nell’esempio
viene accennata tutta una tipologia di edifici alpestri: cascine con / senza camere,
40
Quando l’etnolinguistica alpina va online: alcune esigenze metodologiche
con / senza fienile, con / senza stalla, con / senza cantina da latte, con / senza
cucina da formaggio e così via. Si apprende pure l’eventuale esistenza di altri
edifici particolari per le diverse funzioni elencate e delle liste incomplete danno
qualche designazione dei concetti seguenti: cantina da latte e da formaggio,
camera da dormire, stalla d’alpe, maggese, varie capanne. Ne risulta che lo
stesso lessotipo denomina non raramente tipi di cascine abbastanza diverse
senza che sia chiaro se la funzione speciale dell’edificio a cui si riferisce, faccia
parte della semantica della parola ossia del riferente particolare. Ecco l’esempio
di corte, che si trova sulla lista stalla d’alpe.
lessotipo il corte
p 107
p 360
‘stalla d’alpe di pietra,
‘posto all’aperto attorno alla cascina,
con fienile sopra’
da mungere e da dormire’
Figura 3: polisema del lessotipo corte
Il problema è ovvio quando ci sono delle illustrazioni, come nel caso di AIS
1192a, che mostrano la piantina dettagliata di una cascina di montagna (tea, teja
in dialetto romancio locale, secondo AIS 1192) e degli altri edifici di un alpeggio
a Zernez in Engadina:
Traduzione della legenda
1. pianta di una cascina di montagna
P. 19 Zernez (Grigioni)
2. posto da bestiame (pantún)
3. bottino
4. fosso per sciacquare il liquame
5. cantina da latte
6. cantina da formaggio
7. locale produzione formaggio
8. caldera da formaggio con gru
9. panca
10. focolare
11. camera a pianterreno
12. lettuccio
13. porcile
Figura 4: pianta di un alpeggio grigionese in AIS 1192a
41
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Non è però assolutamente chiaro se la piantina documenta solo un alpeggio
particolare, cioè un esemplare idiosincratico, o se rappresenta una costruzione più o
meno generica. Se escludiamo la parola pantún ‘posto per il bestiame’, mancano pure
le espressioni dialettali (neanche presenti sistematicamente nei ricchi materiali della
carta e della legenda) dei luoghi e degli arredamenti identificati sulla piantina.
Per quanto riguarda gli alpeggi si pone, oltre a ciò, un problema molto più
elementare, quello di sapere se la parola attestata dall’informante altro non sia che
il nome proprio di un luogo, ossia di un edificio particolare. Il passaggio dall’uso
appellativo a quello onomastico dovrebbe apparentemente essere raro, e forse lo
è davvero, tuttavia è caratteristico (e frequente) quando la popolazione locale si
trova in una fase di abbandono della lingua – ossia della varietà – tradizionale,
in modo che essa diventi poi il sostrato della lingua / varietà con la quale viene
sostituita: nelle zone sromanizzate la toponimia conserva gli ultimi vestigi di
certi appellativi.
Il modo di documentazione dell’AIS fin qui esemplificato corrisponde più
o meno a quello di non pochi altri atlanti, sebbene ognuno si contraddistingua
per le sue particolarità, sia nella categorizzazione onomasiologica, sia nella
presentazione dei materiali linguistici (tokens o solo types negli atlanti tedeschi)
e etnografici (disegni idealizzati o foto realistiche). Comunque forniscono un
materiale ricchissimo, arricchito dai lessici georeferenziabli, e però purtroppo
è disperso in tante pubblicazioni che solo raramente sono consultabili in una
stessa biblioteca. Tutto merita, anzi, esige di essere aggregato in una piattaforma
comune; nello stesso tempo è anche evidente che la documentazione tradizionale
della dialettologia etnologica si oppone aspramente alla logica rigorosa di
un database relazionale organizzato secondo le tre dimensioni semiotiche
evidenziate nella fig. 1. È dunque indispensabile sezionare scrupolosamente
co­se, concetti e parole per ricostruire il ‘cubo semiotico’ dell’etnolinguistica
dialettale more geometrico.
Figura 5: Il cubo semiotico
dell’etnolinguistica dialettale
42
Quando l’etnolinguistica alpina va online: alcune esigenze metodologiche
Disposizione dei dati nella banca dati
Se lasciamo da parte la categoria delle “cose”, ovvero la terza dimensione
del cubo appena presentato, il concetto base di VerbaAlpina appare a prima vista
molto semplice: si distingue tra ‘lemma’, da un lato, e ‘concetto’ dall’altro. Così
la parola italiana malga può designare effettivamente il concetto sennhütte (cioè
cascina di montagna). Molto spesso le parole possiedono più di un significato, ad
esempio la parola malga può significare, in alcune aree, anche il concetto mandria,
(herde in tedesco). Se invertiamo la prospettiva semasiologica e osserviamo il
concetto sennhütte da un punto di vista onomasiologico, è possibile osservare
che esiste una grande quantità di designazioni per questo concetto.
La ricerca di un lemma (ossia lessotipi) e dei suoi diversi concetti, e viceversa, è
molto semplice. Nella lingua della banca dati sarebbe ad esempio: select concetto
from tokens where lemma = ‘malga’;
Figura 6: prospettiva semasiologica: concetti designati dal lemma malga
E in prospettiva onomasiologica si formulerebbe: select lemma from tokens
where concetto = ‘sennhütte’ ;
Figura 7: prospettiva onomasiologica
43
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Quest‘ultima consultazione presenta i vari lemmi che significano il concetto
sennhütte.
Negli atlanti si trovano però anche strutture ben più complesse. La carta AIS
456 è dedicata alla salamandra. L’informatore numero 27, proveniente dalla
cittina di Latsch nei Grigioni designa la salamandra come tsearp da katar plecas, in
italiano sarebbe “serpente da quattro pelli”, che rappresenta probabilmente una
etimologia popolare del lat. quattuorpedia :
Figura 8: enunciato dell’informante AIS | 456_1 | 27
Ecco qui un caso di un’unità polirematica, ovvero il concetto viene designato
con più di una parola o token. Lo schema così presentato non si adatta a mappare
il contenuto dell’informazione di un’unità polirematica come rende evidente
l’illustrazione seguente:
Figura 7: registrazione semplice dell’enunciato AIS | 456_1 | 27 nella banca dati
I due campi “lemma” e “concetto” della tabella sono occupati dai rispettivi
attributi delle singole parole. Con le possibilità che offre una banca dati relazionale
è possibile risolvere questo problema solo dividendo lemma e concetto in
più tabelle e producendo le rispettive relazioni con l’utilizzo di numeri di
identificazione, i cosidetti IDs.
44
Figura 10: registrazione complessa considerando unità polirematiche
La tabella sulla sinistra contiene i tokens con i corrispettivi IDs. Sulla destra si
trova la tabella dei concetti, nella quale gli elementi sono anch’essi contrassegnati
con un ID. La tabella intermedia nel centro ha come funzione quella di combinare
gli IDs dei tokens con quelli dei concetti.
Il sistema presentato permette l’associazione ripetuta di un token con vari
concetti. Viceversa anche i concetti possono essere assegnati a più tokens o gruppi
di tokens.
Così è possibile, ad esempio, rinvenire la designazione di *un* concetto
dal lemma di *un altro concetto*. Si possono, per esempio, rintracciare tutte
le espressioni del parlante che si avvicinano al concetto serpente nel lemma
salamandra. La sintassi di ricerca corrispondente è alquanto complessa; decisiva è
però l’elevata velocità con cui vengono filtrati i dati corrispondenti dai circa 75 000
tokens finora presenti. La ricerca relativa dura solo un millesimo di secondo.
L’esempio appena presentato è adatto anche ad illustrare il sistema di
trascrizione dei segni esotici che vengono usati frequentemente negli atlanti
linguistici. I caratteri utilizzati sono difficilmente digitabili tramite tastiere europee
standard. Molto spesso sono caratteri che non risultano nemmeno codificati nello
standard unicode. Per questo motivo si adotta una soluzione pragmatica e al
tempo stesso robusta: tutti i caratteri speciali vengono scritti come successione
dei cosiddetti caratteri ASCII. Viene fatta inoltre una divisione tra caratteri base
e diacritici. Si scrivono innanzitutto i caratteri base e poi i corrispettivi diacritici
in una successione prestabilita, ovvero dal basso verso l’alto e da sinistra verso
destra. I caratteri base non latini vengono altresì transcodificati: dall’alfa viene
fuori una “a” latina seguita da un “1”. Così la parola [plćɑş] dell’esempio citato
più in alto viene modificata nella stringa “ple(/c/a1s?”.
45
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Questo procedimento ha diversi vantaggi:
-- le trascrizioni possono essere effettuate anche da persone che non conoscono
il significato dei singoli caratteri;
-- la trascrizione impedisce perdite di dati dal momento che ogni diacritico
viene registrato con un carattere proprio;
-- il pericoli di mutilazione dei dati è molto limitato, diversamente dalle
codifiche Unicode utf-8.
Il procedimento appena descritto può essere utilizzato praticamente con
qualsiasi sistema di trascrizione e notazione usato da atlanti linguistici e dizionari.
È importante solo avere una documentazione approfondita delle analogie tra
caratteri, proprie di ogni atlante. Tramite semplici procedure di sostituzione è
possibile utilizzare i caratteri trascritti praticamente in qualsiasi altro sistema di
trascrizione.
Torniamo alla strutturazione e l’analisi dei dati nel database sempre sulla base
del esempio la salamandra. La lista di tutti i lemmi finora registrati nella banca
dati per salamandra si presenta così:
Figura 11: il concetto “salamandra” registrato nella banca dati assieme ai lemmi corrispondenti
46
Quando l’etnolinguistica alpina va online: alcune esigenze metodologiche
Da notare che questa lista racchiude sia lessemi singoli che di più parole
come le «serpi da quattro pelli». I dati vengono prelevati da tutti gli atlanti,
superando così l’isolamento iniziale dei singoli dati in aree di sondaggi separate
e costituendo quindi il paesaggio linguistico alpino come un tutto.
L’esempio mostra come diventano evidenti dei problemi, che sono invisibili
a prima vista. Si vede, per esempio, che potrebbe essere utile e addirittura
necessario creare un’altra categoria interlinguale “famiglia” per collegare le
parole ted. Salamander e it. salamandra. Sorge anche la domanda a che tipo di
salamandra stessero pensando gli informanti dell’AIS quando gli veniva chiesto
di trovare una parola per quel concetto.
Inoltre, l’utilizzo di banche dati relazionali permette di effettuare analisi
oltre i limiti dei confini linguistici e anche collegamenti di dati linguistici
con fatti extralinguistici, settori quali storia, etnografia, infrastrutture e così
via.
Le diverse concezioni dei vari atlanti linguistici comportano sempre nuove sfide
quando si tratta di trasferire le informazioni codificate analogamente negli atlanti
in una struttura compatibile con le banche dati, e che inoltre sia compatibile con
le strutture dei dati provenienti da altri atlanti. Questo si vede molto chiaramente
nelle cartine dell’ “Atlante linguistico vorarlberghese”, VALTS.
Mentre l’AIS, che segue la tradizione romanistica detta analitica, rinuncia a
una tipizzazione linguistica e presenta direttamente le espressioni dei parlanti
(i tokens), le cartine del VALTS presentano il modello sintetico delle cosiddette
cartine a punto e a simbolo, le quali non documentano normalmente le
rispettive espressioni dei parlanti, ma sono piuttosto astrazioni delle risposte
dei parlanti presentate come simboli sulle mappe. Come esempio presentiamo
di seguito dei frammenti della mappa VALTS IV 73 titolata “sennhütte,
sennereiraum”, cioè cascina, luogo dove si fa il formaggio.
Il titolo della cartina mostra già di suo che qui vengono amalgamate più cose
insieme: da un lato i concetti della sennhütte ovvero del sennereiraum che di per
se sono già due cose diverse. Inoltre la cartina mostra certe varianti fonetiche del
lemma Tieje, ovvero Taje, anche se a prima vista non si capisce molto bene a quale
concetto si riferiscano.
Questa mappa intende con “tipo” un qualcosa che la struttura della banca dati
dell’AIS non prevede: non si tratta né di lemmi né di concetti, si tratta piuttosto
di un gruppo di varianti con caratteristiche comuni.
Sia il tipo Tieje e il tipo taje rappresentano comunque lo stesso lemma, senza
che questo però venga citato in modo esplicito nella leggenda. Le trascrizioni
fonetiche, invece, si riferiscono a espressioni concrete dei parlanti anche se rimane
comunque poco chiaro di quale parlante si tratti esattamente.
47
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Figura 12: frammento della cartina VALTS IV 73 (“Die Sennhütte bzw. der Sennreiraum auf der
Alpe, Lautung und Bedeutung von Tieje, Taje f.”)
Inoltre è possibile notare che in alcuni casi vengono documentati dei
significati specifici: così la designazione Tieje può descrivere o una capanna
primitiva su un alpeggio inferiore o una cucina da fare formaggio (sennküche)
o una cantina per formaggi, ovvero concetti diversi. La documentazione di
queste designazioni non ricopre però delle aree nella cartina, ma si limita a pochi
luoghi di rilevazione. Così non ci è permesso sapere, ad esempio, quale sia la
designazione di una cantina per formaggi nella località di Stanzach in Tirolo (T8).
Tali o simili inconsistenze possono presentarsi in tutti gli atlanti linguistici e
dizionari. Anche comparando degli atlanti o dei dizionari possono sorgere simili
inconsistenze con conseguenze per l’omogeneità della documentazione dell’area
(con riferimento a tutta l’area alpina).
Le situazioni qui descritte comportano che lo schema della banca dati debba
essere sempre adattato a nuove varianti dei dati, almeno nella fase iniziale.
Inoltre si sviluppa una matrice dei dati per l’area alpina, all’interno della
quale le inconsistenze sono subito visibili in forma di spazi vuoti. Questi spazi
vuoti possono poi essere riempiti in modo mirato e sistematico con rilevazioni
posteriori. Queste rilevazioni possono effettuarsi nei tempi del web 2.0 anche
tramite utilizzo di social software. Abbiamo provato approcci simili già in dei
progetti passati e pianifichiamo di fare altrettanto con VerbaAlpina.
I materiali della banca dati saranno presentati sotto forma di una
cartografazione georeferenziata in modo che l’utente può scegliere designazioni,
famiglie etimologiche, e concetti per vederne la distribuzione. Si crea dunque
una stratigrafia linguistica virtuale della zona alpina
48
Quando l’etnolinguistica alpina va online: alcune esigenze metodologiche
E
E
E
E
E
E
C
C F
D
E
D
E
D
F
E E EE E E
E
D
D
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
F
E
E
E
E
E
E
E
CANTINA DA FORMAGGIO;
CASCINA DI MONTAGNA;
E
CASCINA DI MONTAGNA MAGGESE, MOLTO SEMPLICE;
CUCINA DA FORMAGGIO
Figura 13: Diffusione e significato (concetto) della famiglia tegia (di origine celtica) nei dialetti
romanci (dati AIS) e tedeschi (dati VALTS)
b i b l i o g r a f i a
AIS = Jaberg, Karl, Jud, Jakob, Sprach-und Sachatlas Italiens und der Südschweiz,
vol. 1-7, Zofingen, 1928-1940.
ALD-I = Goebl, Hans, Atlant linguistich dl ladin dolomitich y di dialec vejins I,
vol. 1-7, Wiesbaden, 1998, (sprechend: http://ald.sbg.ac.at/ald/ald-i/index.
php).
ALD-II = Goebl, Hans, Atlant linguistich dl ladin dolomitich y di dialec vejins II,
Wiesbaden, 2012.
ALD-II = Goebl, Hans, Atlant linguistich dl ladin dolomitich y di dialec vejins II,
vol. 1-7, Wiesbaden, 1998.
49
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
ALEPO = Canobbio, Sabina, Telmon, Tullio, Atlante linguistico ed etnografico del
Piemonte occidentale, Torino, 2003-.
ALI = Massobrio, Lorenzo Atlante linguistico italiano, Roma, 1995-.
ALJA = Martin, Jean-Baptiste, Tuaillon, Gaston, Atlas linguistique et ethnographique
du Jura et des Alpes du nord, vol. 1, 3, 3a, Paris, 1971, 1978, 1981.
ALL = Gardette, Pierre, Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais, vol. 1, 2, 3,
Paris, 1950, 1952, 1956.
ALP = Bouvier, Jean-Claude, Atlas linguistique et ethnographique de la Provence,
vol. 1, 2, 3, Paris, 1975, 1979, 1986.
ALTR = Cordin, Patrizia, L’Archivio lessicale dei dialetti trentini. Con un CD-Rom,
Trento, 2005.
ASLEF = Pellegrini, Giovan Battista, Atlante storico-linguistico-etnografico friulano,
vol. 1-6, Padova, 1974-1986.
ASV = Geiger, Paul, Weiss, Richard, Atlas der schweizerischen Volkskunde / Atlas de
Folklore suisse / Atlante di Folclore svizzero, Basel, 1950-1995.
BSA = König, Werner, Bayerischer Sprachatlas, München, 2009.
Geisler, Hans, “Zur lexikalischen Einbindung der Valchiavenna”, in: Wunderli,
Peter, Werlen, Ivar, Grünert, Matthias (Hrsg.), Italica – Raetica – Gallica.
Studia linguarum litterarum artiumque in honorem Ricarda Liver, Tübingen, 2001,
pp. 169-184.
Grassi, Corrado, Dizionario del dialetto di Montagne di Trento, San Michele
all’Adige, 2009.
KBS = König, Werner, Kleiner Bayerischer Sprachatlas, München, 2006.
KSBS = König, Werner, Kleiner Sprachatlas von Bayerisch-Schwaben, Augsburg,
2007.
Krefeld, Thomas, Lücke, Stephan (in stampa), ”VerbaAlpina – Der alpine
Kulturraum im Spiegel seiner Mehrsprachigkeit“, in: Ladinia XXVIII.
LSI = Lurà, Franco (Hrsg.), Lessico dialettale della Svizzera italana, 5 voll.,
Bellinzona, 2004.
RID = Lurà, Franco (Hrsg.), Repertorio italiano – dialetti, 2 voll., Bellinzona, 2013.
50
Quando l’etnolinguistica alpina va online: alcune esigenze metodologiche
SDS = Hotzenköcherle, Rudolf u.a., Sprachatlas der Deutschen Schweiz, vol. 1-9,
Bern, 1962-2003.
SLA = Skofic, Jožica (Hrsg.), Slovenski lingvistični atlas 1. Človek – telo, bolezni,
družina, Ljubljana, 2011-.
TSA = Kühebacher, Egon, Tirolischer Sprachatlas, vol. 1-3, Innsbruck, 1965, 1969,
1971.
VALTS = Gabriel, Eugen, Vorarlberger Sprachatlas mit Einschluss des Fürstentums
Liechtenstein, Westtirols und des Allgäus , vol. 1-5, Bregenz, 1985-2004.
VDSI = Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana, Lugano / Bellinzona, 1952-.
s i t o g r a f i a
AIS-Archiv = http://www.italiano.unibe.ch/content/linguistica/archivio_ais/
index_ger.html
ALAVAL = Atlas inguistique audiovisuel du Valais romand, http://www2.unine.ch/
dialectologie/page-8174.html
ALD I = http://ald.sbg.ac.at/ald/ald-i/index.php
Alpinromanischer Wortschatz – Anfizona Lombardo-Ladina = Geisler, Hans,
http://wwwalt.phil-fak.uni-duesseldorf.de/rom2/alprom/
KBS = König, Werner, Sprechender Sprachatlas von Bayern, http://sprachatlas.
bayerische-landesbibliothek-online.de
TPPSR-online = Geisler, Hans, Online-Kartographie der Tableaux phonétiques des
patois de la Suissse romandes, unter, http://wwwalt.phil-fak.uni-duesseldorf.
de/rom2/tppsr/
Verba Alpina = http://www.verba-alpina.gwi.uni-muenchen.de/
51
L’élaboration du Ladin Dolomitan
et l’apport de la dialectométrie
Roland Bauer 1
1. Remarques préliminaires
Cet article expose un sujet intéressant
autant du point de vue de la sociolinguistique
et de la politique linguistique, que du point
de vue de l’analyse interne de données
géolinguistiques. D’un côté il s’agit de
la question épineuse de l’élaboration
et de l’introduction du Ladin Dolomitan
(dorénavant LD en abrégé), c’est-à-dire
d’une nouvelle langue écrite standardisée
qui devrait représenter d’une manière plus
ou moins uniforme tous les dialectes ladins
parlés. Dans ce contexte nous allons tenir
compte du savoir métalinguistique d’experts
et de profanes pour ce qui est de la nature
intralinguistique du LD, et nous verrons qu’il n’y a pas mal de confusion ou bien
de contradictions en ce qui concerne les rapports (présumés ou non) entre standard
et idiomes parlés. Tout cela nous mènera à la deuxième partie, à savoir à l’analyse
dialectométrique d’un grand corpus de données qui a comme but la mensuration
(la plus objective possible) des proximités et des distances quantitatives qui existent
réellement entre les dialectes ladins et leur néo-standard.
Le territoire d’observation, c’est-à-dire la zone des Dolomites, est situé dans
le nord-est de l’Italie, près de l’Autriche. Du point de vue historique, l’identité
ladine est caractérisée par l’appartenance pluriséculaire (12e – 20e siècle) au comté
du Tyrol et à l’évêché de Brixen. Depuis la politique fasciste des années 1920,
la Ladinia est divisée en deux régions (Trentin-Tyrol du Sud et Veneto) et en
trois provinces (Bozen/Bolzano, Trente et Belluno)2. Les cinq principales vallées
ladines (i. Val Badia et ii. Val Gardena au nord, iii. Val de Fassa, iv. Livinallongo
et v. Ampezzo au sud) sont, non seulement, caractérisées par leur propre idiome
(i. badiot, ii. gherdëina, iii. fascian, iv. fodom, v. anpezan), mais aussi par leur situation
de couverture linguistique qui est double au nord (co-présence de l’allemand
et de l’italien), et qui est simple au sud où l’on n’a que l’italien comme toit
linguistique. C’est depuis les années 1990 que l’on discute l’établissement d’un
troisième toit linguistique, à savoir le Ladin Dolomitan.
53
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
2. Diversité linguistique
Carte 1 : division administrative et linguistique de la Ladinia
La diversité et la multiplicité linguistique-dialectale de la Ladinia, composée
par trois systèmes de langues (ladin, allemand et italien), se manifeste, entre
autres, sur les panneaux routiers, toujours trilingues, des deux vallées ladines
situées dans la province de Bulsan / Bozen / Bolzano (= Tyrol du Sud). Les
indications que nous allons, à titre d’exemple, analyser de plus près, se réfèrent
à une localité du Val Gardena. Il s’agit du nom de la commune de Selva Gardena,
en allemand Wolkenstein 3. Même si la première partie du toponyme, c’est-à-dire
le résultat roman du latin silva, est réalisée, dans trois idiomes ladins, à l’aide
du graphème retenu typiquement ladin <ë> (avec tréma), le ladin standard a
opté pour la variante avec <e> simple, pour une forme donc qui correspond
soit à deux dialectes du sud (iii. et v.) soit à l’italien. Pour ce qui est du nom
de Gröden / Gardena 4, on observe d’abord une multiplicité de formes ladines !
Il y a, en effet, quatre variantes graphiques, dont trois sont caractérisées par la
54
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
digraphie <gh> qui représente la prononciation vélaire de [g] devant [e]. Une des
quatre formes, à savoir le numéro ii. représentant l’orthographe du Val Gardena,
contient un autre trait retenu comme typique, c’est-à-dire la diphtongue <ei>.
Comme tendance, le LD, à son tour, a choisi cette variante, tout en maintenant la
diphtongue, mais encore une fois sans avoir adopté le tréma sur la <e> tonique.
La forme Gherdeina du standard ne trouve, en ce cas, aucune correspondance
“parfaite” dans les idiomes parlés. Pour ce qui est de l’élaboration concrète du
standard, la question centrale pourrait donc être formulée de la manière suivante :
« Combien et quel ladin faut-il mettre pour ‘construire’ le LD ? ».
allemand
Wolkenstein
Gröden
italien
Selva
Gardena
i.
Sëlva
Gherdëna
Sëlva
Gherdëina
fascian
Selva
Gherdena
fodom
Sëlva
Gherdëna
anpezan
Selva
Gardena
Selva
Gherdeina
badiot
ii.
gherdëina
iii.
iv.
v.
Ladin Dolomitan
Tableau 1 : variantes orthographiques du toponyme italien Selva Gardena dans les dialectes
ladins et en Ladin Dolomitan
3. Brève histoire de l’élaboration linguistique du ladin5
Après plusieurs tentatives (toutes échouées) de normalisation et / ou de
standardisation du ladin, qui remontent à la première moitié du 19e siècle6, ce
n’est qu’en 1984 que l’on institue une commission officielle (Comisciun por
l’unificaziun dla grafia) qui réussit à élaborer une orthographe unifiée (1987)7. En
1988 les deux instituts culturels ladins, Micurà de Rü (San Martin de Tor, Val Badia)
et Majon di Fascegn (Vich, Val de Fassa), chargent le linguiste suisse Heinrich
Schmid d’élaborer (en tant que “architecte” impartial) une langue ladine écrite
commune à l’instar du Rumantsch Grischun. Ce dernier fut conçu en 1982 comme
toit linguistique commun pour les Grisons (Suisse)8 selon la devise : « Un seul
Romanche ou aucun Romanche »9. En 1994 Schmid publie la première édition de
ses critères pour la formation d’une langue écrite commune pour toute la Ladinia
dolomitique, suivie par une deuxième édition en 1998 et une version italienne en
2000. Dans l’introduction il décrit le rôle et les fonctions du LD qui ne devrait ni
remplacer les idiomes écrits existants in loco ni supplanter les dialectes parlés :
Il codice scritto qui progettato, che d’ora in poi chiameremo “Ladin
Dolomitan” (LD), non è creato per sostituire gli idiomi esistenti nel
loro territorio specifico. Il “Ladin Dolomitan” è una lingua scritta e
55
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
come tale non potrà soppiantare i dialetti parlati, fintanto che gli
abitanti della Ladinia saranno intenzionati a mantenerli. Lo stesso
vale per l’impiego scritto degli idiomi regionali […]10.
Suite à la publication de la Wegleitung de H. Schmid, les responsables de la
politique linguistique ladine établissent, toujours en 1994, un service officiel de
planification du ladin appelé SPELL (Servisc de Planificazion y Elaborazion dl Lingaz
Ladin) et cofinancé, entre autres, par l’Union Européenne. Les tâches principales
du SPELL concernent l’élaboration du corpus linguistique (y compris les travaux
de terminologie et de néologie) qui repose sur trois piliers : 1. Une base de
données lexicographique, 2. Un dictionnaire et 3. Une grammaire du LD. En 1998
la base de données du projet compte environ 130 000 entrées (idiomes, langues
spéciales, italien, allemand), et à la fin des années 1990 il existe déjà un corpus
d’environ 180 textes en LD. Les résultats les plus précieux du travail du groupe
SPELL restent cependant, sans doute, la Gramatica dl Ladin Standard de 2001 et le
Dizionar dl Ladin Standard (2002) contenant 13 500 entrées et complété par deux
indexes, italien-LD et allemand-LD, publiés en 2003.
En même temps, et précisément le 17 janvier 2003, le gouvernement régional
du Tyrol du Sud prend une décision lourde de conséquences, qui revient à une
proposition du conseiller régional ladin Florian Mussner : dans l’administration
de la province de Bozen / Bolzano, le badiot (du Val Badia) et le gherdëina (du Val
Gardena) sont placées au rang de langues officielles, ce qui rend l’emploi du LD
pratiquement impossible. Mais également au sud de la Ladinia on assiste à une
attitude “de clocher” qui semble privilégier un standard local pour chaque vallée :
[…] anche in Fassa il movimento ladino sembra conoscere un
momento di difficoltà […]; tanto nella società quanto presso gli
amministratori sembra oggi predominare, rispetto alla “questione
della lingua”, un atteggiamento “localistico” […] in direzione di un
“fassano standard” da proporre come “lingua scritta comune” per
l’intera valle, quantomeno in ambito amministrativo […]11.
Pour ce qui est de l’architecture intralinguistique concrète du LD, je ne cite que
quelques-uns des principes prévus par H. Schmid. En général, le LD privilégie les
formes majoritaires, utilisées dans plusieurs vallées ladines. C’est ainsi que le standard
choisit, par exemple, la forme dur “dur” (en usage en gherdëina, fascian et fodom) tout
en refusant les formes minoritaires dür (badiot) et duro (anpezan). Faute de majorité,
on recourt à une espèce de “justice commutative” au profit des idiomes mineurs. En
dehors de cela, on donne la préférence aux formes retenues les plus ladines. Je renvoie
à l’exemple du nom Gherdeina12, où l’emploi de la diphtongue “ladine” <ei> constitue
également un acte de distanciation consciente de l’italien. Un autre principe regarde la
proximité des formes à leur base latine. Pour dénommer le “renard”, le LD opte pour
la forme volp qui ne jouit pas de majorité parmi les variantes ladines13, mais qui est, par
rapport aux “concurrentes” héréditaires olp (employée en badiot, fodom et anpezan)
ou bolp (gherdëina, fascian), phonétiquement plus proche de l’étymon latin vulpe.
56
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
4. Compétences métalinguistiques ambiguës
Le savoir métalinguistique à propos de la nature du LD se distingue,
très couramment, par son caractère impressionniste qui implique pas mal
de contradictions. Les extraits suivants de témoignages prouvent que cette
désorientation ou “confusion” vaut, non seulement pour les compétences
métalinguistiques de la communauté des locuteurs en général, mais encore pour
celles des experts, y compris les linguistes14.
Dans une première citation, l’auteur constate une similitude morphologique
extrêmement haute (90%) entre le LD et le système du gherdëina, tout en
supposant une relation parallèle quant aux autres secteurs linguistiques (la
phonétique, le lexique etc.)15. Le deuxième commentaire semble faire référence à
cette opinion et en tirer les conclusions que les critères de Schmid privilégient en
majeure partie les formes en gherdëina16. Même chose pour la troisième citation
selon laquelle le badiot, phonétiquement souvent différent du gherdëina et du
fascian, serait moins représenté dans le LD17. Un autre expert ne partage pas
cet avis : il affirme que, selon son impression, un texte en LD soit avant tout
badiot, tout en admettant qu’il y a, en LD, pas mal de formes qui ressemblent au
gherdëina18. Cela est en contraste avec l’opinion suivante selon laquelle en LD les
formes linguistiques du Val Badia seraient moins représentées que les formes des
autres vallées19. Notre dernier témoignage est digne d’attention parce que c’est le
seul à faire référence à un idiome du sud de la Ladinia, au fodom, décrit comme
la variante ladine à laquelle on aurait emprunté (pour la construction du LD) le
plus d’éléments lexicaux20.
Le grand nombre de témoignages subjectifs contradictoires m’a incité à
vérifier, par le biais d’une mensuration possiblement objective (dialectométrique)
des distances phonétiques, lexicales et / ou morphologiques, les relations de
similarité qui existent réellement entre le LD et les idiomes parlés dans les vallées
ladines.
5. Espace d’observation, corpus linguistique analysé et méthode dialectométrique
L’espace d’observation de notre analyse dialectométrique comprend non
seulement les 21 points d’enquête de la Ladinia, représentés sur la carte 1
(no. 81-101), mais aussi plusieurs zones limitrophes qui appartiennent
linguistiquement au système rhéto-roman (romanche, ladin, frioulan) ou
bien à celui italo-roman septentrional. Le réseau de notre corpus de base,
qui est l’Atlas linguistique ladin (ALD), s’étend sur environ 25 000 km2 étant
composé, au total, de 217 localités qui se distribuent comme suit21 : i. Canton des
Grisons (Suisse) : 12 points romanches (no. 1-12) ; ii. Région Lombardie (partie
orientale) : 35 points (no. 13-47) y compris deux points situés sur territoire
suisse (Val Poschiavo, no. 20-21) ; iii. Province de Trente : 60 points (no. 48-80,
102-128) y compris trois points situés dans la province de Bozen / Bolzano
57
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Carte 2 : réseau d'observation du projet ALD-DM
(no. 60-62) ; iv. Ladinia : 21 points ladins (no. 81-101) distribués sur deux
régions et trois provinces (supra et carte 1) ; v. Région Veneto : 66 points
(no. 129-194) ; vi. Région Frioul (partie occidentale) : 23 points frioulans
(no. 195-217). Notre réseau dialectométrique est complété par trois points
artificiels représentés (sur les cartes dialectométriques) par trois cercles qui
se situent à l’extérieur du réseau polygonisé de l’atlas ladin22. Il s’agit du LD
(no. 777), du français standard (no. 888) et de l’italien standard (no. 999). Le
nombre N des objets (= lieux, points d’enquête) pris en considération pour la
comparaison dialectométrique s’élève donc à 220 unités (217 basilectes locaux
+ 3 langues standard).
Pour ce qui est du corpus géolinguistique à proprement parler, il s’agit
également de l’Atlas linguistique ladin, publié en deux parties : ALD-I en
1998 (quatre volumes cartographiques avec 884 planches originales [PO])
et ALD-II en 2012 (cinq volumes cartographiques avec 1 066 PO). Dans un
premier moment (2000-2003), notre projet de recherche, intitulé ALD-DM23,
s’est occupé de l’analyse de (presque) toutes les données brutes issues des
PO de l’ALD-I, surtout selon les principes de la phonétique historique.
Comme résultat nous avons obtenu un corpus de 4 399 cartes de travail
(CT)24. En 2012 nous avons démarré le travail de taxation (surtout lexicale et
morphosyntaxique) des PO de l’ALD-II, ce qui nous a permis d’ajouter, jusqu’à
présent, 552 nouvelles CT au corpus. Le nombre décidément majeur des CT
par rapport au PO s’explique tout simplement par le fait que chaque planche
peut être interprétée selon plusieurs critères (phonétiques, morphologiques,
58
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
lexicaux, syntaxiques)25. Actuellement (mars 2014), notre corpus compte 4 951
cartes de travail (nombre des attributs = p = 4 951), dont 3 016 se réfèrent à la
macro- et micro-phonétique (61%), 1 329 concernent le lexique (27%) et 606
s’occupent de la morphosyntaxe (12%)26. Il s’ensuit que la matrice de données,
base centrale du projet ALD-DM, établie selon les dimensions N (nombre
des objets) fois p (nombre des attributs), est composée de plus d’un million
d’entrées recensées27.
Tableau 2 : enchaînement du travail dialectométrique (projet ALD-DM, état actuel 3/2014)
59
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Établie la matrice de données, le prochain pas du travail dialectométrique28
consiste dans son dépouillement quantitatif pour mettre en évidence les rapports
de similarité qui existent entre les objets comparés. À cet effet, il faut mesurer la
ressemblance réciproque entre deux (de N) vecteurs-points d’enquêtes à l’aide
d’un indice de similarité approprié. L’indice pris, entre autres, en considération
dans notre projet, s’appelle IRIj,k (Indice Relatif d’Identité)29. Il est question d’un
indice à l’aide duquel on calcule le nombre relatif de caractéristiques (i.e. de
traits linguistiques) partagées par deux dialectes (j et k) comparés. Les résultats
numériques de l’IRI, qui oscillent toujours entre 0 (= absence de similarité) et
100 (= 100% de similarité), sont stockés dans la matrice de similarité qui contient
une valeur de similarité pour chaque paire de points d’enquête. Dans notre
cas, la matrice contient N (= 220) distributions de similarité (une pour chaque
objet / point pris en considération) avec, en tout, 24 090 scores de similarité30.
Le dernier maillon de la “chaîne dialectométrique”, étape de travail qui nous
amènera aux résultats taxométriques et aux visualisations correspondantes31,
concerne le dépouillement cartographique multiple de la matrice de similarité
qui permet la détection de structures de profondeur. À ce propos, il convient
de répartir les N–1 scores numériques calculés auparavant pour chaque point
d’enquête en un nombre plutôt limité de classes (en général entre deux et 12).
Cela se fait à l’aide de plusieurs algorithmes d’intervallisation qui s’orientent
au minimum, à la moyenne arithmétique (ou à la médiane) et au maximum des
valeurs de similarité interdialectales. Sur les cartes dialectométriques, chaque
classe de valeurs est, généralement, représentée par une couleur32. Le choix des
couleurs obéit au principe du spectre solaire (arc-en-ciel) : les couleurs froides (du
bleu foncé au vert)33 désignent les classes contenant les scores les plus bas (par
ex. ceux situés entre le minimum et la moyenne) tandis que les couleurs chaudes
(jaune, orange, rouge)34 représentent les classes avec les plus hauts scores, situés
par ex. entre la moyenne arithmétique et le maximum.
6. Cartes de similarités35
Les cartes de similarité se distinguent par un point de référence, qui est
représenté, au niveau cartographique, par une flèche et par un polygone incolore
(ou bien par un cercle blanc, s’il s’agit d’un point factice, situé à l’extérieur du
réseau). C’est à partir de ce point de repère que l’on observe la distribution spatiale
des similarités des autres (N–1) points. Cela nous permet d’analyser la position
linguistique du point de repère à l’intérieur de l’espace d’observation examiné
ainsi que ses relations avec les aires linguistiques limitrophes et environnantes.
La première carte de similarité36, basée sur le corpus intégral (assemblé de
4 951 cartes de travail phonétiques, morphosyntaxiques et lexicales), donne
des renseignements sur la position du Ladin Dolomitan (LD, point 777) par
rapport au réseau de l’Atlas linguistique ladin. Les 219 scores de similarité,
dont la distribution est représentée dans une légende numérique et à l’aide d’un
60
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
Carte 3 : carte de similarité relative au point de référence 777 (Ladin Dolomitan)
61
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
histogramme à 12 colonnes, oscillent entre le minimum de 39% et le maximum
de 79%. La répartition des 219 scores en six classes se pratique selon l’algorithme
d’intervallisation MinMoyMax 6-tuple, qui prévoit la création de trois classes de
la même largeur numérique des deux côtés de la moyenne arithmétique37.
Les classes [5]-[6] (niveaux de gris foncé) regroupent les dialectes les plus
“semblables” au LD, tous situés dans le voisinage immédiat à l’Est du point
de référence. Il s’agit, en premier lieu, des parlers ladins, dont 19 sur 21 sont
caractérisés par des scores de similarité supérieurs à 60% et inférieurs à 80%. Le
badiot de Calfosch / Colfosco / Kolfuschg (point no. 89, fond du Val Badia), se
révèle comme “meilleur ami” du LD (79,09% de similarité), suivi par les autres
dialectes de la classe [6] qui forment les groupes sud-tyroliens du badiot (points 8185, 90-91) et du gherdëina (points 86-88). Selon l’analyse dialectométrique globale
(corpus entier), c’est donc le ladin septentrional de la province de Bozen / Bolzano
qui résulte nettement mieux représenté dans le LD (70-79% de traits linguistiques
identiques) que les dialectes ladins du sud, fascian et fodom, regroupés dans la
classe [5] avec des scores de similarité sensiblement plus bas (60-70%).
De l’autre côté de l’échelle, les classes [1]-[2], dont les polygones sont hachurés
en noir et blanc, représentent les “antipodes” du LD, c’est-à-dire les dialectes
les plus distants du point de vue intralinguistique. Leur similarité s’élève à 39%
pour ce qui est du français standard (point 888) et ne rejoint qu’un maximum de
47% dans le cas du groupe des dialectes du Veneto, y compris l’italien standard
(point 999).
La prochaine carte de similarité fournit une réponse plus précise à la question
suivante : « Quelle est la position du LD à l’intérieur de la Ladinia ? »38. Le réseau
d’observation est réduit à un dixième et ne comprend que les 21 points ladins
ainsi que le Ladin Dolomitan, choisi, encore une fois, comme point de repère.
Le corpus est réduit, lui aussi, parce que le choix d’un espace décidément plus
limité comporte inévitablement un nombre considérable de cartes de travail
mononymes, i.e. privées de variation, qui doivent être éliminées du corpus
vu qu’elles ne jouent aucun rôle quant à la mensuration de similarité ou de
distance. Néanmoins, le message iconique de la carte 4 est très net : nous nous
retrouvons face à une bipartition de la Ladinia. L’agencement spatial compact
des polygones de la classe [6] (niveau de gris foncé) fait ressortir les dialectes
de la haute Vallée Badia (surtout celui du point 89, Calfosch) comme les plus
similaires au LD (scores entre 70% et 75%). Le reste du ladin sud-tyrolien (badiot
et gherdëina, classes [4] et [5]) est également caractérisé par une similarité
nettement supérieure à la moyenne arithmétique (> 61%), tandis que le sud de la
Ladinia se révèle comme linguistiquement beaucoup plus distant du standard,
surtout en ce qui concerne la basse Vallée de Fassa (polygones de la classe [1])
ou bien l’antipode Ampezzo (point 92) avec le score le plus bas de similarité
(46%). Cela signifie que le fascian (dans sa variante brach, parlée au sud de
la vallée) et l’anpezan partagent moins de la moitié des traits linguistiques
analysés (environ 3 000) avec le standard LD.
62
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
Carte 4 : carte de similarité intraladine relative au point 777 (Ladin Dolomitan)
63
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Carte 5 : carte de similarité phonétique relative au point 777 (Ladin Dolomitan)
64
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
Alors que la carte 4 s’appuie sur un corpus mixte (phonétique, lexique,
morphosyntaxe), la carte 5 (établie selon les mêmes normes dialectométriques et
donc directement comparable) repose sur un corpus composé exclusivement de
cartes de travail phonétiques (plus de 2 000). Pour ce qui est de l’aménagement
phonétique de l’espace ladin, l’on observe, mise à part la bipartition spatiale déjà
connue, une polarisation encore plus nette, accentuée d’ailleurs par l’absence
d’une classe entière ([3]). Selon le message de la carte 5, deux tiers des dialectes
ladins sont, pour ce qui est de la phonétique, relativement bien représentés dans
le LD (60-72% de similarité phonétique). Il s’agit non seulement du ladin du nord
(badiot et gherdëina), mais aussi d’une partie du sud (fodom)39, tandis que le
troisième tiers des dialectes ladins, i.e. le groupe fascian et l’anpezan, résulte
“défavorisé” et ne partage que 45-55% des traits phonétiques avec le standard.
VORARLBERG
1
8
7
12
11
13
14
888
15
16
Val
Poschiavo
prov. di
Sondrio
20
prov. di
Bergamo
28
74
36
37
80
78
77
42
41
43
50 km
fec. SOBOTA, conc. BAUER
a.d. 2008
61
62
111
112
113
114
120
121
122
123
124
127
174
175
65
126
47
44
LOMBARDIA
79
46
45
38
67
72
76
35
39
40
75
30
33
71
73
29
31
59
66
68
70
34
prov. di
Brescia
69
25
60
prov.
di Verona
140
107
172
999
136
135
154
149
148
160
169
168
182
167
183
184
185
prov.
di Vicenza
186
165
166
208
209
213
212
162
164
VENETO
189
190
FRIÛL/
FRIULI
prov. di
Pordenone
214
215
216
163
188
187
prov. di
Udine
207
210
211
161
200
206
205
150
151
196
201
202
152
158
199
203
204
144
146
147
197
198
134
143
145
133
159
181
180
142
195
129
132
153
156
157
179
173
137
130
131
92
141
108
117
170
93
106
155
118
171
italiano
standard
116
139
138
109
178
177
97
110
115
91
96 95 94
99
100
101
102
104 103
119
125
128
176
105
88 89 90
98
Fascia
49
63
64
24
32
58
56
55
27
26
22
23
57
18
19
21
48
87
VENETO OSTTIROL
Anpezo
84
85
86
777
52 50
51
53
54
ladin
dolomitan
standard
81
83
Gherdëina
Val
TRENTINO
Müstair
Val di
Val di Sole Non
17
82
ALTO ADIGE / SÜDTIROL
GRIGIONI
10
9
français
standard
Val Badia
4
6
Engiadin'
Ota
Engiadina
Bassa
2
3
5
191
217
194
192 193
prov. di
Venezia
prov.
di Treviso
frontière nationale
frontière provinciale
frontière régionaale
limite linguistique périphérique
de la Ladinia historique
N
Carte 6 : carte de similarité lexicale relative au point de référence 777 (Ladin Dolomitan)
Les dimensions de la matrice de données du projet ALD-DM permettent
également l’isolation d’un corpus lexical suffisamment grand (1 329 CT ) pour
garantir la fiabilité des résultats taxométriques. Le tri expérimental du lexique
se propose comme objectif non seulement la comparaison entre deux corpus,
mais aussi la confrontation de plusieurs points de repère ladins. Sur la carte 6
(lexique), directement comparable à la carte 3 (corpus intégral), il y a deux effets
d’agencement spatial qui sautent aux yeux. D’un côté, le LD semble accomplir sa
mission de toit linguistique commun, tout en effectuant, au niveau lexical, une
espèce de “force unificatrice” qui se manifeste dans la classification commune
de l’ensemble des dialectes ladins (environ 72% de similarité). De l’autre côté, le
standard prend ses distances par rapport à un groupe “frère”, voir au romanche
65
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
des Grisons (au nord-ouest du réseau), dont le lexique résulte bien plus loin
(seulement 44% de similarité) que celui de l’italien (55%) !
Carte 7 : carte de similarité lexicale, point de référence 87 (S. Cristina, Val Gardena)
Carte 8 : carte de similarité lexicale, point de référence 99 (Moncion, Val de Fassa)
66
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
Pour ce qui est du bien-fondé du rôle du LD comme toit linguistique pour tous
les idiomes ladins parlés dans les cinq vallées, il convient de vérifier la position
dialectométrique des autres dialectes à travers quelques profils de similarité
exemplaires. Si l’on déplace le point de repère dans les Vallées Badia ou Gardena,
on remarque un affaiblissement de la cohésion ladine40. Cette tendance s’accentue
dans le profil du point de vue du fascian41 qui révèle une séparation nette entre
ladin du nord (y compris le LD) et ladin du sud. Le choix de Cortina d’Ampezzo
comme point de repère42 provoque, finalement, le détachement complet du
microsystème du ladin septentrional et du LD (en moyenne, seulement 52% de
similarité lexicale) et une orientation de l’anpezan “hors maison”, vers les zones
limitrophes du Cadore (jusqu’à 75% de similarité) ne faisant pas partie de la
Ladinia historique.
Carte 8 : carte de similarité lexicale, point de référence 92 (Cortina d’Ampezzo)
7. Conclusions
La vérification dialectométrique des relations qui lient le néo-standard Ladin
Dolomitan aux dialectes ladins a donné de bons résultats. En ce qui concerne
l’affinité linguistique intraladine, il semble hors de doute que c’est le badiot qui
l’emporte sur ses “concurrents”. En fonction du corpus pris en considération,
comme « meilleurs amis » du LD ne se manifestent, en effet, que des locolectes
parlés en (haute) vallée Badia43.
67
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
corpus choisi
dimension
“meilleur ami” du LD
IRI777,k
corpus intégral
4 951 CT
89 Calfosch
79,09%
phonétique
3 016 CT
89 Calfosch
79,10%
consonantisme
1 011 CT
89 Calfosch
86,91%
vocalisme
1 100 CT
90 Corvara
66,23%
lexique
1 329 CT
85 S. Linert
74,19%
83 S. Martin de Tor
89,07%
morphosyntaxe
606 CT
Tableau 3 : les “meilleurs amis” du Ladin Dolomitan (selon corpus intralinguistique,
réseau ALD-DM, 220 points)
Un deuxième résultat de notre chantier regarde la fonction du LD en tant
que couverture commune pour les dialectes ladins. L’analyse dialectométrique
a mis en évidence que, au contraire des idiomes parlés dans les vallées ladines,
le standard est absolument à même de développer une “force unificatrice” et
d’exercer le rôle de toit linguistique (surtout au niveau lexical).
Notre troisième gain de connaissances a, en fin de compte, de quoi surprendre.
Il regarde la distanciation lexicale collective du ladin dolomitique du romanche
des Grisons. Les deux groupes qui, suivant la géotypologie de Ascoli 1873, font
partie – conjointement avec le frioulan – de la même famille linguistique44, à savoir
du rhéto-roman, sont séparés par une distance lexicale d’environ 56% (= similarité
complémentaire de 44%). Selon l’état actuel de notre recherche, le lexique ladin se
présente, en revanche, décidément plus proche de l’italien (53% de similarité). Soit
dit entre parenthèses que la distanciation du romanche ne vaut guère pour l’analyse
dialectométrique de la phonétique, où les trois membres du groupe linguistique
rhéto-roman sont, de toute évidence, rangés dans une classe commune45.
n o t e s
Je remercie Federica Diémoz (Université de Neuchâtel) pour la révision stylistique et
pour les corrections apportées au texte en français.
1
2
Voir carte 1 ; cf., pour plus de détails historiques, Pescosta 2010, passim.
3
Voir tableau 1.
68
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
Le nom, formé probablement sur la base prélatine-méditerranéenne *karr- « pierre »
(Kramer 1990, 381), est attesté, pour la première fois, il y a plus de 1 000 ans : « ad Gredine
forestum » (les actes publiés à l’occasion du millénaire par Comploi et al. 2000).
4
5
Cf. Bauer 2012, 205-212.
6
Cf. Kattenbusch 1994, passim.
Exemple : Selon l’orthographe unifiée, le phonème /š/ (la sibilante palatale sourde) doit/
devrait être rendu à l’écrit par <sce,i> ou bien <scia,o,u>, tout en supplantant les variantes
concurrantes préexistantes comme <sh>, <š>, <ŝ>, <s> etc.
7
8
Cf. Schmid 1982.
9
« E i n Romanisch oder k e i n Romanisch » (Schmid 1985, 172).
10
Schmid 2000, 11.
11
Chiocchetti / Poppi 2006, 55.
12
Voir, encore une fois, tableau 1.
Bien au contraire ! Sur la carte no. 878 “la volpe” de l’Atlas linguistique ladin (ALD-I), on
trouve les fréquences suivantes pour les 21 points d’enquête ladins : olp (10 occurrences),
bolp (7), volp (4). La forme volp, choisie pour le standard, est donc en nette minorité (voir la
carte de travail publiée dans Bauer 2012, 288).
13
14
Cf. Bauer 2012, 212-217.
« [… dass] im Bereich der Wortbildungselemente das Grödnerische und das LD zu 90%
übereinstimmen. […] Ähnliche Verhältnisse gelten auch für die anderen Sprachebenen
[…]. » (Videsott 1998, 182).
15
« […] daß die Ergebnisse der Wegleitung großteils die grödnerische Form bevorzugen.
» (Verra 2001, 196).
16
« Dieses Prinzip […] hat aber zur Folge, daß das Gadertalische, da es sich lautlich häufig vom
Grödnischen und vom Fassanischen abhebt, im LD weniger vertreten ist. » (Grzega 2000, 579).
17
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«Benché non manchino nel LS [= LD] scelte dal forte sapore gardenese […], l’impressione che a me personalmente fa un testo in LS […] è quella di essere una forma prevalentemente badiotta, […]». (Belardi 2003, 279).
18
« [das Gadertal ist] mit seinen sprachlichen Formen im Ladin dolomitan weniger präsent als die anderen Täler » (Craffonara 2005, 7).
19
69
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
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«[…] la variante ladina ex asburgica da cui sono state tratte più voci lessicali per la creazione di Spell è il dialetto di Livinallongo » (Ladin! VII/1 (2010), 16). Du reste, le journaliste
cité (L. Guglielmi), parlant de la « création du Spell », semble confondre deux concepts,
à savoir le Spell en tant que institution et groupe de travail d’un côté et le LD en tant que
néo-standard écrit de l’autre.
20
Voir carte 2. Pour une liste complète des noms des 217 localités explorées cf. Bauer 2012,
248-250.
21
À propos de la construction des polygones de Thiessen cf. Bauer 2009, 105-108 (en allemand) ainsi que Gally et al. 2013, 201 (en français).
22
Pour le financement des travaux de recherche je remercie : Fonds Autrichien de la Recherche Scientifique (FWF, Vienne, 2000-2003), Istitut Ladin Micurá de Rü (San Martin de
Tor, Tyrol du Sud, 2008-2014), Département de Philologie Romane, Université de Salzbourg (2008-2014), Ministère de l’Éducation Nationale (bm:ukk, Vienne, 2010-2012).
Voir aussi le site du projet ALD-DM : <http://www.uni-salzburg.at/index.php?id=30697>.
23
24
Cf., à ce propos, Bauer 2009, passim.
Pour quelques exemples de cartes de travail en couleurs cf. par ex. Bauer 2012 (287 : CT
lexicale basée sur la taxation de la planche ALD-I-88 “il calcagno” « le talon » ; 288 : CT
phonétique < ALD-I-878 “la volpe” « le renard ») ou encore Bauer 2014 (530 : CT lexicale
< ALD-I-96 “la camera” « la chambre »).
25
Pour un schéma complet de l’enchaînement du travail dialectométrique y ayant trait
voir tableau 2.
26
27
N * p = 220 * 4.951 = 1.089.220. Voir aussi tableau 2, phase B.
28
Voir, dans le tableau 2, le passage de B (matrice de données) à C (matrice de similarité).
Pour une description plus détaillée de l’IRIj,k (et d’autres indices de similarité ou de
distance) cf. Bauer 2009, 91-101 (en allemand), Goebl 2012, 125-126 (en français) ainsi que
Bauer 2003, 96-98 (en italien).
29
Le nombre absolu des scores de similarité est calculé selon la formule N/2 * N–1 (220/2
* 219 = 24 090).
30
31
Voir, dans le tableau 2, le passage de C (matrice de similarité) à D (résultats).
Quand l’impression en couleurs n’est pas possible, comme en l'occurrence, on recourt à
l’utilisation de hachures en noir et blanc ou à différents niveaux de gris pour distinguer
les classes.
32
33
Dans le cas présent : les hachures faibles et les niveaux de gris clairs.
70
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie
34
Dans le cas présent : les niveaux de gris plus foncés.
Pour la conduite des calculs taxométriques et pour la confection des cartes je me suis
appuyé sur le logiciel VDM (Visual DialectoMetry, version 1.10.5), programmé par Edgar
Haimerl (Seattle, USA).
35
36
Voir carte 3.
Pour une description détaillée de plusieurs procédés d’intervallisation cf. Bauer 2009,
102-105.
37
Voir carte 4, établie d’ailleurs selon les mêmes critères algébriques (IRIj,k, MinMoyMax)
que la carte 3.
38
39
Voir carte 5 : distribution des polygones des classes [4], [5] et [6].
Voir carte 7 (point de référence 87, S. Cristina/St. Christina, Val Gardena), qui ne démontre qu’une “unité” partielle des dialectes ladins (LD + nord + fodom).
40
41
Voir carte 8 (point de référence 99, Moncion/Monzòn, Val de Fassa).
42
Voir carte 9 (point de référence 92, Cortina d’Ampezzo).
43
Voir tableau 3. Pour la position concrète des points 83, 85, 89 et 90 voir encore carte 1.
44
Cf. Bauer 2010, passim.
45
Cf., à ce propos, l’analyse dendrographique publiée dans Bauer 2009, 341-353.
b i b l i o g r a p h i e
ALD-I = Goebl, Hans, Bauer, Roland, Haimerl, Edgar (éds.), Atlant linguistich dl
ladin dolomitich y di dialec vejins, 1a pert / Atlante linguistico del ladino dolomitico e
dei dialetti limitrofi, 1a parte / Sprachatlas des Dolomitenladinischen und angrenzender Dialekte, 1. Teil, Wiesbaden 1998, 7 voll.
ALD-II: Goebl, Hans (éd.), Atlant linguistich dl ladin dolomitich y di dialec vejins, 2a pert
/ Atlante linguistico del ladino dolomitico e dei dialetti limitrofi, 2a parte / Sprachatlas des
Dolomitenladinischen und angrenzender Dialekte, 2. Teil, Strasbourg 2012, 7 voll.
Ascoli, Graziadio Isaia, « Saggi ladini », in: Archivio glottologico italiano 1 (1873),
pp. 1-556.
Bauer, Roland, « Sguardo dialettometrico su alcune zone di transizione dell’Ita71
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
lia nord-orientale (lombardo vs. trentino vs. veneto) », in: Bombi, Raffaella,
Fusco, Fabiana (éds.), Sguardi reciproci. Vicende linguistiche e culturali dell’area
italofona e germanofona, Udine 2003, pp. 93-119.
Bauer, Roland, Dialektometrische Einsichten. Sprachklassifikatorische Oberflächenmuster und Tiefenstrukturen im lombardo-venedischen Dialektraum und in der Rätoromania, San Martin de Tor 2009.
Bauer, Roland, « Verifica dialettometrica della Ladinia di Graziadio Isaia Ascoli
(a 100 anni dalla sua morte) », in: Iliescu, Maria, Siller-Runggaldier, Heidi,
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73
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’Atlante Linguistico ed
Etnografico del Piemonte Occidentale
ALEPO
Riccardo Regis
L’Atlante Linguistico ed Etnografico del
Piemonte Occidentale (ALEPO) è un’impresa geolinguistica che ha per oggetto
d’indagine privilegiato le valli di parlata
gallo-romanza (dialetti occitani e francoprovenzali); fra i 42 punti di inchiesta
dell’Atlante sono tuttavia compresi, come
termine di raffronto, anche alcuni centri di
varietà gallo-italica (dialetti piemontesi e
liguri) geograficamente contigui al territorio montano1.
Terminata la fase di raccolta dei materiali nei primi anni Ottanta, e gestita nel
decennio successivo la complessa transizione dall’archivio cartaceo all’archivio
informatizzato, l’ALEPO ha finalmente avviato, nel 2004, la fase di pubblicazione; l’uscita dell’Atlante è stata anticipata, l’anno precedente, da una Presentazione e guida alla lettura curata da Sabina Canobbio e Tullio Telmon, nella quale si
illustrano le principali caratteristiche del progetto.
Il primo volume dell’Atlante ha avuto per tema Il mondo vegetale, svolto nei
tre moduli Alberi e Arbusti (2005), Erbacee (2007) e Funghi e licheni (2004). Al primo
volume si è affiancato, nel 2008, l’opera I – Il mondo vegetale. Indice dei tipi lessicali
e altre modalità di consultazione, che offre al lettore una riflessione teorica sui criteri
di tipizzazione lessicale e, mediante il Cd allegato, una serie di chiavi di accesso
interattive ai dati dell’atlante. Il passaggio dal volume su Il mondo vegetale al volume su Il mondo animale, stampato nella primavera del 2013 e comprendente i
due moduli Fauna e Caccia e pesca, ha recato con sé un cambio di editore, da Priuli
& Verlucca alle Edizioni dell’Orso.
Il nuovo àmbito tematico e il nuovo editore non hanno però mutato la formula che sta alla base delle pubblicazioni dell’ALEPO, e che cercheremo di mantenere fino a quando sarà finanziariamente sostenibile2: una selezione di carte a
stampa, in formato A3; un volumetto di accompagnamento in cui sono riportati
i cosiddetti “materiali” (etnotesti, note degli informatori, note dei redattori, ecc.),
75
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
che integrano i dati oggetto di cartografazione su tavola; un Cd-Rom contenente
la totalità delle voci del modulo (o dei moduli, nel caso dell’uscita concomitante
di più moduli). Per avere un’idea del rapporto quantitativo tra voci a stampa e
voci contenute nel Cd-rom, basti citare l’ultimo volume uscito, Il mondo animale,
che comprende in totale 332 voci, di contro alle 48 offerte in formato cartaceo: il
rapporto è dunque di 6 a 1.
Risulta evidente, dai pochi ragguagli appena forniti, che l’ALEPO si inserisce nella lunga tradizione geolinguistica romanza di “atlanti linguistici fatti di
carte linguistiche”; vorrei tuttavia soffermarmi, in questa sede, su alcuni aspetti
dell’ALEPO che possono contribuire ad illustrare come la tradizione a livello di
metodo possa sposarsi con principi innovativi a livello di fruizione e di output.
Anche gli atlanti tradizionali infatti – è dimostrato dalla vicenda dell’Atlante linguistico del ladino dolomitico e dei dialetti limitrofi (ALD-I e ALD-II) – hanno potuto
arricchire il loro nucleo cartografico grazie all’apporto, negli anni resosi sempre
più consistente, delle scienze informatiche.
1. Indici e repertori
L’utente di un atlante si rivolge, in prima istanza, alla carta linguistica e ai dati
su di essa riportati; molto importanti sono però anche gli strumenti di supporto
come gli indici e i repertori, che nell’ALEPO vengono incrementati di modulo
in modulo. Chi oggi consulta gli indici e i repertori del volume Il mondo animale
dispone infatti non soltanto dei dati relativi a quel particolare volume, ma anche
dei dati inerenti ai moduli precedentemente pubblicati.
1.1. Repertorio delle risposte per località
Il repertorio delle risposte per località costituisce, in potenza, un tesoro lessicale dell’area investigata dall’ALEPO. La presentazione delle località avviene da
nord a sud, dal codice numericamente più basso (011 Carema) al codice numericamente più alto (930 Briga Alta). Le risposte (in trascrizione fonetica) non sono
organizzate alfabeticamente, ma secondo il codice numerico della domanda che
le ha generate (anche in questo caso dal più basso al più alto); accanto alla risposta è riportata la stringa dell’informatore.
La prima entrata che incontriamo per la località 011 Carema (Fig. 1) concerne
la domanda 514, il cui testo è La talpa-Talpa europaea; la risposta, [tarp'uŋ], è stata
fornita dall’informatore con stringa identificativa 011.MB1-M-e-912 (da leggersi
nel modo seguente: 011 = Carema; MB1 = iniziali dell’informatore; M = maschio;
e = licenza elementare; 912 = 1912, anno di nascita dell’informatore).
76
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
Fig. 1 – Repertorio delle risposte per località (particolare)
Poiché, all’interno del singolo punto d’inchiesta, l’entrata è costituita dal codice
della domanda, il repertorio non tiene conto dei casi di omonimia, né le forme
flesse vengono ricondotte ad una forma base prestabilita. Il repertorio delle risposte
per località si configura quindi come un possibile punto di partenza, o perlomeno
come un’utile pietra di paragone, per chi voglia cimentarsi nella compilazione di
un dizionario (il quale non potrà ovviamente dirsi compiuto senza l’apporto di
profonde conoscenze lessicologiche da parte dell’autore).
1.2. Indice delle forme
L’indice delle forme riporta l’elenco di tutte le risposte puntuali presenti in
archivio, mono- e polirematiche, ordinate in base ad una corrispondenza previa77
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
mente stabilita tra alfabeto fonetico e alfabeto ortografico (cfr. Raimondi 2003:
92); gli esponenti dei singoli articoli saranno dunque riportati in trascrizione
fonetica e soltanto gli omofoni confluiranno sotto uno stesso lemma (agli esiti
[bul'a ] e [bul'ɑ ] spetteranno, per conseguenza, due entrate differenti). All’interno dell’articolo (Fig. 2) compaiono: 1) il codice della località in cui il dato è stato
raccolto; 2) il codice della domanda che ha generato la risposta; 3) il contesto
sintagmatico o frasale da cui il dato proviene. Sappiamo, in tal modo, che il dato
[fluʀ] è stato raccolto nei punti 310 Novalesa, 430 Perrero e 440 Villar Pellice; che
è stato elicitato alle domande 1323 Ci sono dei fiori, 1741 L’arnica-Arnica montana,
1742 Il narciso poetico-Narcissus poeticus, ecc.; e che fa parte di contesti sintagmatici / frasali quali [g'ɛ dle fl'uʀ], [la fl'uʀ], [la fl'uʀ əd tab'ɑk], ecc.
Fig. 2 – Indice delle forme (particolare)
1.3. Indice dei tipi lessicali
Se il compito dell’indice delle forme consiste nel rendere più facilmente rintracciabili al lettore i dati dialettali presenti in archivio, fornendogli una panoramica delle occorrenze contestualizzate di una forma, spetta all’indice dei tipi
lessicali la funzione di ricondurre ad uno stesso esponente un insieme di risposte ritenuto omogeneo. Ma su che cosa dovrà basarsi tale omogeneità? Principalmente, o sul significante o sull’etimologia. Le vie più praticate per ridurre
la numerosità dei dati dialettali sono infatti due: da un lato, la normalizzazione su base fonetica (per cui, le forme [bul'ei̯], [bul'ɛi̯], [bul'ai̯] e [bul'ɑi̯] potranno
78
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
essere ricondotte ad un’iperforma ortografica del tipo bulèi: è la scelta operata,
ad esempio, dall’Atlante Lessicale Toscano-ALT); dall’altro lato, la tipizzazione su
base etimologica. L’ALEPO ha deciso di imboccare quest’ultima strada, seguendo il percorso autorevolmente tracciato da K. Jaberg e J. Jud nell’Index zum AIS
(cfr. Jaberg/Jud 1960); l’indice dei tipi lessicali dell’ALEPO non reca infatti ad
esponente l’etimo (presunto o accertato) di una serie di forme – come suole avvenire nei grandi dizionari etimologici della Romània: cfr. REW, FEW, LEI –, ma
la parola di una lingua standard (riconosciuta come ufficiale in un determinato
territorio, generalmente una “lingua nazionale”) che riteniamo essere coetimologica delle forme dialettali – come accade nell’Index –. La selezione della lingua
in cui è da formularsi il tipo lessicale non è casuale, ma andrà effettuata in ossequio a criteri di pertinenza sociale, culturale e linguistica. Come già nell’Index,
pure nell’indice dei tipi dell’ALEPO la precedenza è stata accordata all’italiano,
essendo l’italiano il tetto socio-culturale (ovvero la lingua delle istituzioni e della
scolarizzazione primaria) per l’insieme dei dialetti parlati in Piemonte (v. Fig. 3a,
in cui le forme [ai̯], [oʎ], [aʧ], ecc. compaiono sotto il lemma #àglio# ecc. < lat.
ĀLLIU); siccome però non sempre è stato possibile realizzare questo proposito,
si è dovuto talvolta ricorrere ad altre lingue standard, e in primo luogo al francese, che rappresenta il tetto linguistico (ovvero la lingua genealogicamente più
affine) per le parlate gallo-romanze occitane e franco-provenzali (v. Fig. 3b, in
cui le forme [barʒ'eδo],
, [bærʤ'era], ecc. sono confluite all’interno del
lemma francese #berger# < lat. volg. *vervecariu)3. Come extrema ratio si è fatto
ricorso ad un tipo dialettale di sintesi (“normalizzato”), qualora non si riuscisse
ad individuare l’etimologia di una forma o l’etimologia non avesse continuatori
in una lingua standard nota (è il caso del tipo #droza#, la cui presunta base etimologica – il preromano *drausa – non ha continuatori in alcuna lingua standard
ufficiale: cfr. Fig. 3c). Un sistema, dunque, di paracaduti multipli che prevede un
atterraggio di fortuna finale sul terreno del dialetto4.
Fig. 3a – Indice dei tipi lessicali: esempio di lessotipo italiano (particolare)
79
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Fig. 3b – Indice dei tipi lessicali: esempio di lessotipo francese (particolare)
Fig. 3c – Indice dei tipi lessicali: esempio di lessotipo dialettale (particolare)
Le precedenti Figg. hanno già messo in luce la strutturazione degli articoli
dell’indice dei tipi lessicali, su cui ora entreremo maggiormente in dettaglio; la
Fig. 4 mostra la configurazione di un articolo complesso, relativo al tipo #argento#
(< lat. ARGĔNTU). Al suo interno troviamo, in primo luogo, le occorrenze della forma
base (qui limitate ad un solo token, [aʀʒ'ɑŋ]); in secondo luogo, le occorrenze degli alterati, indicati mediante il suffisso latino (nella fattispecie, -INU(M) e -ULU(M): il ricorso a
suffissi latini fa parte di una strategia finalizzata a ridurre l’allomorfia dei continuatori
romanzi); in terzo luogo, le occorrenze dei composti (stretti e larghi) e delle polerematiche in cui il tipo è coinvolto, o come testa o come elemento secondario. Solo nel caso
in cui il tipo rivesta il ruolo di testa, vengono riportati i relativi tokens (nell’esempio,
[aʀʒ'ɑŋ v'ju]); nel caso in cui, invece, il tipo sia un elemento secondario del composto o
della polirematica, i tokens potranno essere visualizzati all’interno dell’articolo dedicato alla testa (nell’esempio, #erba#). Per ciascuna delle forme presenti nell’articolo, indipendentemente dal livello a cui esse appartengono (forma base, forma alterata, forma
80
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
composta o polirematica), è indicata la voce di provenienza dell’atlante (ad esempio, la
forma [aʀʒ'ɑŋ] è contenuta nella voce modalità di crescita dei funghi, terzo modulo, Funghi
e licheni, primo volume, Il mondo vegetale).
L’indice dei tipi lessicali, così come l’indice delle forme, consente una lettura
semasiologica del dato geolinguistico – tutti i significati legati ad uno stesso si-
Fig. 4 – Indice dei tipi lessicali: esempio di articolo complesso
81
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
gnificante –, di contro al quadro onomasiologico generalmente fornito dalla carta
– tutti i significanti che uno stesso significato può assumere –.
2. Altre modalità di consultazione
Si accennava più sopra al Cd interattivo allegato al volume che, nel 2008, ha
chiuso il capitolo dell’ALEPO concernente Il mondo vegetale5. Il Cd interattivo offre all’utente il vantaggio di fruire dei dati dell’atlante in modo diverso, trasversale, rispetto alle modalità di consultazione abituali; esso presenta però anche, al
momento, un difetto a cui i nostri collaboratori informatici sperano di riuscire,
per il futuro, a porre rimedio: a differenza di quanto avviene per repertori e indici, i dati oggetto di consultazione non sono ancora incrementabili, ma limitati
al primo volume dell’ALEPO, Il mondo vegetale. Ciò significa che, attualmente,
sono consultabili in modalità interattiva soltanto i materiali dei primi tre moduli,
Alberi e arbusti, Erbacee e Funghi e licheni, mentre ne restano esclusi i materiali de
Il mondo animale.
Due sono le funzionalità interattive previste dal Cd: l’interrogazione della
banca dati e la cartografazione personalizzata. La prima funzionalità consente
di visualizzare, per uno o più referenti, l’insieme delle denominazioni dialettali
e dei tipi lessicali, oppure di rintracciare una forma o un fono all’interno dell’archivio elettronico. Ciascuna di queste ricerche può essere praticata utilizzando
alcuni filtri, relativi alle suddivisioni amministrative (comune, provincia o dipartimento), alla tipologia del dato (risposte puntuali, etnotesto) o dell’intervistato;
si osservi che l’opportunità di scremare le informazioni anche secondo parametri
quali età, livello di istruzione e sesso dell’intervistato garantisce all’utente una
prospettiva sociolinguistica su materiali raccolti, in origine, senza alcuna finalità
sociovariazionale.
Ecco un esempio di ricerca di fono. Una volta individuati il fono (la fricativa dentale sonora [ð]) e il contesto (intervocalico) che ci interessano (Fig. 5a),
possiamo precisare, nella videata successiva, classe d’età (1931-1940) e sesso
(F = femminile) dell’intervistato (Fig. 5b); il risultato della ricerca è offerto in una
schermata a parte, in cui vengono elencati le voci, i punti d’inchiesta e i contesti
in cui il fono occorre (Fig. 5c). Si osservi che, sulla carta a lato, sono evidenziati in
rosso i punti in cui il fenomeno è attestato (esso è circoscritto, nella fattispecie, a
due località della Val di Susa, Giaglione e Mattie).
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Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
Fig. 5a – Cd interattivo: interrogazione della banca dati (foni)
Fig. 5b – Cd interattivo: interrogazione della banca dati (filtri)
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Fig. 5c – Cd interattivo: interrogazione della banca dati (risultati)
Lo strumento della “cartografazione personalizzata” opera su due livelli: la
“distribuzione areale di lessotipi corrispondenti ad un referente scelto” e la “distribuzione areale di uno o più lessotipi scelti”. Il primo livello permette, individuato un referente (poniamo la “campanula selvatica”), di visualizzare sulla
carta i lessotipi ad esso associati; ciascun lessotipo è identificato da una lettera
(A = #campana#, B = #campanella#, ecc.) e ad ogni lessotipo è attribuibile un
colore diverso, al fine di rendere graficamente perspicua la variabilità lessicale.
Posizionando il puntatore su un lessotipo, è infine possibile visualizzare le risposte che sono ad esso collegate (Fig. 6).
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Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
Fig. 6 – Cd interattivo: cartografazione personalizzata (risultati) / distribuzione areale di lessotipi
corrispondenti ad un referente scelto
Per quanto riguarda invece la “distribuzione areale di uno o più lessotipi
scelti”, selezionato un lessotipo (nell’esempio, #paiòlo#), si otterrà la distribuzione areale del medesimo (e dei relativi / eventuali alterati). Anche in questo caso,
al lessotipo è associabile un colore e, al passaggio del mouse, saranno visibili le
risposte e i referenti a cui il lessotipo è attribuito (Fig. 7).
Le due modalità di cartografazione permettono dunque di osservare i dati
geolingusitici da due prospettive differenti e complementari: l’approccio onomasiologico sarà proprio delle prima modalità, l’approccio semasiologico caratterizzerà, per contro, la seconda.
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Fig. 7 – Cd interattivo: cartografazione personalizzata (risultati) / distribuzione areale di uno o
più lessotipi scelti
3. Conclusione
Dal breve aperçu che se ne è fornito, appare evidente che l’ALEPO, pur inserendosi appieno nel filone tradizionale degli atlanti linguisti ed etnografici di
area romanza, offre all’utente una serie di strumenti che esulano dal corredo generalmente fornito da tali opere; già la presenza di materiali di complemento
alle carte, destinati a raccogliere le informazioni che non possono essere oggetto
di cartografazione (etnotesti e note), si configura come un hapax nel panorama
geolinguistico italiano (e forse europeo). In questa sede si è più che altro insistito sulla rete di indici e repertori, che dà luogo non già ad un dizionario-atlante
(etichetta oggi tornata molto di moda: cfr. Ruffino 2009), ma ad un atlante i cui
dati si prestano a chiavi di lettura e trattamenti lessicografici alquanto diversificati. Nell’architettura del Cd interattivo, fondamentale si rivela il concetto di tipo
lessicale, dal quale prende le mosse la cartografazione personalizzata, uno dei
desiderata della moderna geografia linguistica.
Molto resta ovviamente da fare. In prospettiva, andrà sciolto il nodo del trattamento degli etnotesti più corposi e articolati (cfr., per un primo bilancio, Baratto
86
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’ALEPO
2011); occorrerà pensare ad una ortografia semplificata, a nuove convenzioni di
punteggiatura, oltreché a modalità di indicizzazione specifiche (presumibilmente tramite sistemi di taggatura).
Le sfide per il futuro sono dunque ardue, e le difficoltà aumentate dalla penuria di fondi. Ma da una situazione critica possono talvolta nascere frutti insperati;
e un ripensamento dell’ALEPO da opera (anche) cartacea a strumento on-line potrà forse aiutare a raccogliere alcune sfide e a superare le secche congiunturali.
n o t e
L’unica eccezione riguarda il punto d’inchiesta di Moncalieri, scelto in ossequio non al
principio della contiguità geografica ma al desiderio di vedere rappresentata la varietà
piemontese di prestigio, il torinese.
1
2
È ora in lavorazione il volume dedicato a Spazio e tempo, la cui pubblicazione è prevista
per il 2015.
Per la distinzione tra “tetto socio-culturale” e “tetto linguistico”, si veda Berruto (2012
[2001]).
3
In realtà, i tre livelli citati non esauriscono la gamma delle possibilità previste dall’indice dei tipi lessicali dell’ALEPO; ci sono anche i cosiddetti “livelli intermedi” (cfr. Cerruti / Regis 2008: 28-30), sui quali però non avremo qui modo di soffermarci.
4
Precisiamo che il volume Il mondo vegetale riguarda soltanto le specie spontanee; le specie coltivate saranno oggetto di un modulo a parte, all’interno del volume L’agricoltura
e i suoi prodotti.
5
87
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
b i b l i o g r a f i a
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Nell’atelier di un atlante linguistico1
In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
Federica Diémoz, Saverio Favre e Gianmario Raimondi
1. L’APV, da atlante “tradizionale” ad atlante “interpretativo”
L’Atlas des Patois Valdôtains è un progetto di atlante linguistico ed etnografico
sulle parlate francoprovenzali dell’area valdostana, nato negli anni Settanta
sull’onda della “rivoluzione” metodologica che in quegli anni tendeva a superare
la visione generalistica degli atlanti linguistici nazionali nati nella prima metà
del secolo (Atlas Linguistique de la France, Atlante Italo-Svizzero, Atlante Linguistico
Italiano) per accostarsi a metodi di indagine capaci di valorizzare maggiormente
il regime di variazione interna di aree più ristrette (e non a caso si parla di “atlanti
regionali”) e nel contempo gli aspetti culturali di quelle aree dal punto di vista
linguistico ed etnografico, con un’attenzione particolare alla “cultura materiale”
rappresentata linguisticamente dai dialetti.
Rimandando a contributi già comparsi in questi anni il dettaglio sia della
storia del progetto2 (finanziato fin dall’inizio dalla Regione Autonoma Valle
Gianmario Raimondi, Federica Diémoz e Saverio Favre
91
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
d’Aosta e gestito prima dal Centre d’études francoprovençales “René Willien”,
poi dall’Assessorato Istruzione e Cultura della Regione attraverso la struttura
del Bureau régional ethnologie et linguistique), sia degli aspetti metodologici che
lo caratterizzano ancora oggi come un atlante linguistico di tipo tradizionale
(votato cioè essenzialmente ad un’illustrazione di tipo geolinguistico, più che
variazionistico o sociolinguistico), riassumiamo qui brevemente le tappe che
lo hanno portato, attraverso un cammino piuttosto travagliato e ormai più che
quarantennale, allo stadio attuale di elaborazione, che permette di annunciare
l’uscita imminente del suo primo volume, previsto per il 2015 e dedicato
all’argomento Le lait et les activités laitières.
Il primo periodo di attività ha compreso le fasi della strutturazione della
rete dei punti d’inchiesta (16 interni, uniformemente distribuiti sul territorio
regionale e rappresentativi delle configurazioni geolinguistiche caratteristiche,
e 6 punti di controllo esterni, collocati nelle aree francoprovenzali confinanti) e
dell’adozione del cosiddetto “questionario Tuaillon” (dal nome del suo creatore,
il compianto dialettologo francese Gaston Tuaillon, tra i promotori del progetto)3,
specificamente pensato per l’area alpina occidentale e comprendente oltre 6 000
domande che affrontano molti aspetti di interesse anche etnografico (paesaggio
della montagna, attività agricole e di allevamento, vita sociale, ecc.) per il contesto
specifico. Ad esso sono seguite le inchieste, svolte fra il 1973 e il 1981 per gli
aspetti di base e integrate poi fra il 1986 e il 1988 (inchieste supplementari) e fra il
2000 e il 2010 (materiali linguistici dei punti “esterni”).
Negli anni Novanta l’APV intraprende un percorso di informatizzazione
dei dati, procedendo alla creazione di un archivio elettronico dei dati, alla
lemmatizzazione del questionario e alla trascrizione e caricamento dei quaderni
di inchiesta; un lungo lavoro non privo di problemi tecnici di varia natura che
terminerà solo nel 2004, con l’acquisizione degli ultimi punti esterni di controllo
(Carema, Ribordone e Tignes).
Contemporaneamente, un nuovo impulso all’atlante viene fornito dalla
Convenzione firmata nel 2005 fra Assessorato e Università della Valle d’Aosta, in
virtù della quale si forma un nuovo gruppo di lavoro, formato da Saverio Favre
e Gianmario Raimondi (già collaboratore dell’APV e rappresentante dell’ateneo
aostano), coadiuvati da Federica Diémoz dell’Università di Neuchâtel. L’obiettivo
del gruppo di lavoro sarà quello di indirizzare da un lato la delicata operazione
di trasferimento della banca-dati dall’ambiente Mac a quello PC, richiesta dagli
standard dell’Amministrazione Regionale e eseguito dalla ditta Micrograf di
Torino; dall’altro, studiare e realizzare l’edizione a stampa dell’atlante a partire
dai materiali contenuti nell’archivio elettronico, secondo standard scientifici
capaci a un tempo di valorizzare le peculiarità dei materiali disponibili e di
renderli per quanto possibile fruibili anche da un pubblico di appassionati non
necessariamente specialisti della materia: un aspetto importante in relazione alla
“restituzione al territorio” delle conoscenze acquisite in tanti anni di sviluppo del
progetto APV.
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Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
Si fa strada così l’idea di un atlante dotato di un alto grado di “leggibilità”
(Favre/Raimondi 2012: 106), anche grazie alle scelte compiute in sede di
progettazione in relazione all’aspetto grafico, curato in collaborazione da
Gianmario Raimondi e da Pier Francesco Grizi, e all’iconografia di corredo,
tratta dagli archivi a disposizione del BREL; all’accessibilità delle informazioni
attraverso percorsi differenti, ottenuta anche attraverso un’indicizzazione a più
livelli a partire sia dai “referenti”, in lingua francese, sia dai “significanti”, le
forme patois, rese nella grafia fonetica IPA utilizzata nelle carte dell’atlante oppure
tipizzate in una grafia ortografica normalizzata di più facile accesso; ai commenti
introduttivi, che guidano il lettore all’interpretazione della “resa” maggiore o
minore delle diverse voci, della distribuzione geografica delle forme dialettali, e
spiegano ad esempio le diverse etimologie ritrovate (raccolte anche in un indice
apposito) o altri aspetti linguisticamente o etnologicamente rilevanti; alle “carte
sintetiche simboliche”, che riassumono in forma cartograficamente più evidente
la distribuzione dei dati linguistici a partire da diverse (lessicale, fonologica,
morfosintattica, etnografica) prospettive di analisi.
L’atlante linguistico tradizionale, con la sua sequenza di carte linguistiche
dedicate alle entrate ricavabili dal questionario trascritte fedelmente sulla
base della forma registrata, si fa così (attraverso questa scelta editoriale, per i
dettagli della quale rimandiamo all’esposizione e alle immagini esemplificative
contenute in Favre/Raimondi 2012: 106-110) “atlante interpretativo”, capace di
fornire al lettore un orientamento all’interpretazione dei dati ma soprattutto,
nel contempo, un arricchimento culturale rispetto ai contenuti scientifici e agli
approcci metodologici di carattere storico-linguistico e dialettologico che fondano
l’interpretazione.
2. In che cosa l’APV promette di contribuire alla conoscenza geolinguistica
Lasciando da parte l’ovvio valore documentale di ogni opera atlantistica (in
quanto raccolta ordinata e consultabile di materiali linguistici e/o etnografici,
importanti di per sé in quanto testimonianza di lingue e culture di cui si abbia a
cuore la conservazione) e il possibile utilizzo in funzione puramente lessicografica,
quindi, dei suoi contenuti, la costruzione di un atlante porta sempre con sé risvolti
altrettanto se non maggiormente rilevanti, dal punto di vista dell’avanzamento
della conoscenza, rispetto allo specifico campo della geolinguistica.
Se scopo della geolinguistica è infatti rivelare il cambiamento linguistico nel
tempo attraverso la lettura della variabilità linguistica in uno spazio geografico
(quindi, rivelare la “diacronia” attraverso l’osservazione in “sincronia”), ogni
opera atlantistica che descriva uno spazio geografico nuovo, oppure dettagli
maggiormente, attraverso un’osservazione su scala ridotta, spazi linguistici
già indagati (ed è questo secondo il caso specifico dell’APV), è per sua natura
capace di gettare nuova luce su alcune delle dinamiche generali del cambiamento
linguistico nell’area osservata: conservazione/innovazione; definizione delle
93
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
dinamiche del cambiamento, dal punto di vista dell’origine o strato etimologico
di appartenenza delle innovazioni oppure delle direttrici geografiche o sociali
che le guidano.
Da questo punto di vista l’APV rappresenta un oggetto di studio estremamente
interessante, in quanto i suoi dati raffigurano l’aspetto linguistico di un’area
di confine fra tre entità statali separate (Italia, Francia e Svizzera), ma anche e
contemporaneamente – in logica strettamente bartoliana – di un’area “laterale”,
dal punto di vista del dominio gallo-romanzo, di cui essa costituisce l’estrema
periferia sud-orientale, e “isolata”, per la sua collocazione montana. Una
“lateralità” e un “isolamento” che in realtà meritano più di una riflessione, in
quanto non si dovrà dimenticare da un lato che l’alta valle della Dora Baltea
(caratterizzata dalla presenza dei valichi del Piccolo e del Gran San Bernardo
aperti verso l’alto e medio tratto della valle del Rodano, dalla presenza del centro
episcopale di Aosta, dal comodo sbocco verso la Pianura Padana) si colloca
piuttosto nella tipologia delle “aree di transito” che in quella delle aree isolate;
dall’altro, che la collocazione laterale vale solo da un punto di osservazione che si
collochi in prospettiva dialettologica gallo-romanza o italo-romanza.
In una prospettiva più ampia, infatti, le direttrici geopolitiche e geoculturali
che l’hanno attraversata dall’Alto Medioevo in poi invitano a disegnare per la
Valle d’Aosta un ruolo differente: «da ‘periferia’ (area laterale) dei due sistemi
linguistici (GR, rispetto al quale essa vale tradizionalmente come elemento
‘contrastivo’ alla centralità oilica; IR, che la contempla primariamente nei suoi
caratteri alloglottici)» a «‘centro’ geografico di un differente sistema», quello
“intramontano” corrispondente alle aree alpine e prealpine italiane, svizzere e
francesi collocate nella sfera di influenza sabauda, non certo definibile in termini
di “gruppo linguistico” (Sprachraum, carattere attribuibile a etichette linguistiche
come “occitano”, “francoprovenzale”, “piemontese”, cioè a sistemi linguistici
coerenti da un punto di vista strutturale interno), ma piuttosto in termini di
“lega” fra lingue (che, nel caso specifico delle parlate romanze insistenti sull’area
in questione, si connotano come «linguemi ‘coetimologici’ e a bassa o bassissima
distanza strutturale») determinata «dalle secolari e costanti ragioni di contatto
culturale e di “commercio linguistico” che hanno legato il sud e l’est della Francia
gravitante intorno alla Borgogna e il Nord Italia» (Raimondi, in stampa [2014])4.
In questa prospettiva più ampia, il contributo di un’osservazione
geolinguistica incentrata sui dati dell’APV è perlomeno duplice. Da un lato essa
può rappresentare un nuovo tassello nella costruzione dello spazio linguistico
francoprovenzale, un continuum di cui è interessante osservare il regime di
variabilità in una situazione di “dialettalità pura” (assenza di una “lingua
tetto” comune di riferimento); un tassello finora poco studiato in prospettiva
d’insieme, se si eccettuano i contributi di Grassi 1955-1957 e Keller 1958 e, in
misura più circoscritta ma comunque significativa, Berruto 1974 e Telmon 2001.
Da un’altra e più generale prospettiva, di tipo romanzo, la possibilità di leggere
la facies geolinguistica valdostana come manifestazione di dinamiche più ampie
94
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
sul piano della storia delle varietà linguistiche neolatine, in quanto territorio
rappresentativo di un’area importantissima di frizione, quella alpina occidentale,
fra gruppo linguistico gallo-romanzo e italo-romanzo (soprattutto nella fattispecie
più dettagliata dei cosiddetti “dialetti gallo-italici”).
Nella parte che segue, offriremo alcuni assaggi (in chiave lessicale) di questo tipo
di lettura, basati sull’integrazione fra materiali del primo prossimo volume APV e dati
provenienti da altri atlanti linguistici, che ci serviranno ad allargare la prospettiva sia
sul piano dell’area francoprovenzale (GPSR, ALJA, ALLy), sia su quello più generale
della dialettica fra aree gallo-romanza (ALF) e italo-romanza (AIS).
3. Il continuum francoprovenzale
Lo studio di alcuni materiali APV confrontati con i corrispondenti
francoprovenzali dell’Oltralpe Atlas linguistique et ethnographique du Jura et des
Alpes du Nord (ALJA), Atlas Linguistique et Ethnographique du Lyonnais (ALLy) e
con il Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR), sembra evidenziare diverse
dinamiche: da una parte, un continuum linguistico abbastanza esteso (ad esempio,
per il contenitore destinato alla lavorazione del latte, tsaoudie), ma, dall'altra, anche
fenomeni di specificità regionale (ad esempio, per ‘cantina’, la forma valdostana
crotta vs. quella romanda e savoiarda ferto).
3.1. Écrémer / Scremare [APV 1-30; ALJA 694; ALLy 389*]
I materiali della carta APV 1-30 si riferiscono all’operazione di scrematura del
latte. Tutte le località presentano una forma verbale sintetica.
Tre sono i tipi lessicali per ‘scremare il latte’ che emergono:
a)una forma dominante ecramé, derivata dalla base lessicale utilizzata per
‘panna’ (< tardo latino crama, FEW II, 1271b, GPSR 4, 525a), attestata in
tutti i punti valdostani e nella località piemontese di Carema, preceduta
generalmente dal prefisso ex- (ad eccezione di La Thuile e Oyace);
b)un derivato del latino flore, nell’accezione di parte migliore o superiore
‘fiore del latte’ (FEW III, 632b, GPSR 7, 534a), utilizzato nei quattro punti
transalpini. È interessante rilevare che nella località svizzera di Liddes si ha
la forma verbale éfleré, mentre nell’articolo ‘la crème/la panna’ (APV 1-30)
è stata fornita la forma lessicale crama. Inoltre, l’informatore valdostano di
Gaby attesta, accanto alla forma éhcramà, una forma verbale coniugata da
sfiourà;
c) una forma specifica, riconducibile al latino colligĕre (FEW II, 901) ’raccogliere’ è
presente nel punto più meridionale dell’APV, a Ribordone in Piemonte.
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la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
*(ex)flor(are)
*(ex)cram(are)
colligĕre
Figura 1 - APV 1-30 (72.04.b) écrémer / scremare: tipi lessicali
Confrontiamo ora i dati appena illustrati con quelli presenti nei due atlanti
regionali francesi ALJA e ALLy, nonché con quelli del monumentale GPSR per la
Svizzera romanda.
Nelle parlate francoprovenzali svizzere, accanto al tipo ‘écrémer’ (GPSR VI,
108), diffuso su tutto il territorio, il GPSR attesta l’uso della forma ‘effleurer’
(GPSR VI, 142) nei cantoni di Vaud, Friburgo, Neuchâtel, in alcune località del
cantone di Berna e, sporadicamente, nel cantone del Vallese. La denominazione
della ‘panna’ che muove dal latino flore sembrerebbe aver occupato nel passato
tutta la zona francoprovenzale della Svizzera romanda (GPSR 4, 525b), ipotesi
che spiegherebbe l’uso del derivato verbale per indicare l’azione di scrematura
del latte in alcune regioni orientali5. Nella sola valle d’Anniviers nel Vallese, sono
registrati i tipi ‘cueillir, enlever’ che specificano l’azione del raccogliere (GPSR 4,
625b), cui corrisponde perfettamente il tipo piemontese di Ribordone kî.
I materiali dell’ALJA attestano due tipi lessicali: una forma dominante
‘écrémer’ affiancata dalla presenza del tipo ‘effleurer’ nella parte più orientale
dei dipartimenti della Savoia e dell’Alta Savoia e nella località piemontese di
Giaglione (in tutto 15 località). La stessa bipartizione del territorio si ritrova per
la designazione della panna, con i due tipi lessicali ‘crème’ e ‘fleur’ (ad eccezione
di tre località che attestano entrambe le forme). Nei punti 60 Fontcouverte e
62 St-André, inoltre, situati nel sud della Savoia, si rilevano due forme verbali
analitiche del tipo ‘tirare fuori il fiore’ e ‘riunire il fiore’.
96
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
Un’altra bipartizione molto chiara manifestano i materiali dell’ALLy, dove la
parte settentrionale del territorio conosce una forma del tipo ‘écrémer’ e la parte
meridionale del tipo ‘effleurer’ (suddivisione che coincide con le forme rilevate
per la denominazione della ‘panna’). Da segnalare, infine, che nelle quattro
località più meridionali del territorio esplorate dall’ALLy, si rileva un terzo tipo
lessicale dzima, non documentato altrove, di etimologia incerta (FEW 4, 94), che
si ritrova nell’Alta Loira e nell’Ardèche.
L’analisi geolinguistica dei materiali appena commentati dimostra che l’uso del
tipo ‘effleurer’ è presente in aree laterali-marginali (orientale per i materiali dell’ALJA,
del GPSR e anche per l’attestazione di Gaby in Valle d’Aosta, meridionale per l’ALLy),
confermando l’ipotesi di un’estensione precedente in tutta l’area francoprovenzale
del tipo ‘fleur’ per indicare ‘panna’, da cui deriva la forma verbale.
3.2. La cave à lait/La cantina per il latte [APV 1-28; ALJA 690*]
I materiali raccolti in questa carta si riferiscono alla domanda APV ‘la cave
à lait’, che spiega quindi la presenza in alcune risposte di determinanti che
accompagnano il lessema ‘cave’ del tipo ‘du lait’. Altre risposte (nelle località di
Cogne e Quart) sono invece, rispettivamente il risultato di una riformulazione
da parte degli informatori che specificano dove l’azione del filtraggio del latte si
svolge e la temperatura della cantina.
crupta
frigidariu
*wardon
cava
tribuna
cellariu
Figura 2 - APV 1-28 (71.10.a) la cave à lait / la cantina per il latte: tipi lessicali
97
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Il tipo lessicale dominante, che viene dal tardo latino crupta (lat. crypta,
prestito dal greco; FEW II, 1348b), è utilizzato in tutti i punti valdostani ad
eccezione della località di Champorcher, dove si trova un continuatore del
tardo latino cellariu (derivato di cella; FEW II, 575b). Le località esterne
dell’APV presentano un’importante variazione lessicale, con i continuatori di
frigidariu ‘luogo freddo’ a Carema e a Les Contamines (FEW III, 799a), del
germanico *wardon con il significato di ‘sorvegliare, proteggere’ a Tignes (FEW
XVII, 519a), del latino cava ‘fossé’ a Liddes (FEW II, 559a) e della forma truna
a Ribordone (FEW XII, 255, < tribuna, con un probabile senso originario di
‘étagère/scaffale’).
Nella località valdostana di Fénis, si rilevano due tipi lessicali, con una
ripartizione funzionale precisa: la forma crotta è la denominazione della cantina
del paese, mentre la forma fredie indica quella d’alpeggio. Proprio in riferimento
alla localizzazione e all’utilizzo preciso di tale ambiente, le denominazioni si
infittiscono: ci focalizzeremo qui unicamente sulla ‘cave à lait’.
Nell’area francoprovenzale svizzera, la forma crotta – dominante in Valle
d’Aosta – sembra non essere attestata. Il termine cava, indicante una ‘cave à
lait’ in alcune località del cantone di Neuchâtel e nel Vallese, è di introduzione
recente e ha sostituito le forme più antiche del tipo cellier (nel Vallese est e nella
parte sud del cantone di Berna) e ferto 6 (cantoni di Vaud, Vallese, Friburgo)
(GPSR 3, 160b). Quest’ultima forma (GPSR 7, 334b), il cui significato varia da
un cantone all’altro, indica in quello di Friburgo una cantina dove si depositano
latte, burro, formaggio, ecc. Questo tipo lessicale sarebbe attestato in Savoia
nella regione compresa tra il lago Lemanno e il lago di Bourget (Jeanjaquet
1910). I materiali ALJA (690* ‘la cave fraîche pour garder le lait’) confermano
la presenza del tipo farto, ma presentano anche una grande variazione lessicale
tra cui i continuatori di frigidariu e del germanico *wardon, attestati anche nei
materiali APV, e anche delle forme del tipo tsambra, dal lat. camera.
La forma krota appare nella sola località di Mont-Saxonnex in Alta Savoia per
indicare la cantina dove si conserva il vino (ALJA 917 ‘la cave’) e nei materiali del
Glossaire des Patois francoprovençaux, in cui si rilevano le accezioni di cantina in
generale e/o di raccolta delle provviste (Duraffour 1969: 346).
È quindi evidente che la forma krota per ‘cantina’ non si trova attestata nei
territori della Svizzera romanda, mentre è presente in alcune località francesi con
significati in parte diversi, i quali – ad un’indagine semasiologica – potrebbero
rivelarsi anche nelle parlate valdostane.
3.3. La chaudière à lait/Il calderone per il latte [APV 1-35; ALLy 732]
Dopo la scrematura, operazione che può anche non aver luogo nel caso dei
formaggi grassi come la fontina, il latte destinato al ciclo della produzione del
98
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
formaggio viene immesso nel grande calderone dove viene cagliato e scaldato
per ottenere la cagliata.
Tale contenitore, lo stesso talvolta di quello con cui si trasporta il latte,
si caratterizza per le grandi dimensioni (più o meno di cento litri, ma può
arrivare fino a mille). Il tipo lessicale dominante è attestato praticamente in
tutti i punti valdostani, piemontesi e svizzeri e muove dal lat. cal(i)daria
(< calidu ‘caldo’; FEW II-1, 75b), mentre è da notare la forma di Carema,
che riflette una derivazione, di area piemontese e italiana, da excalidare. Il
tipo che ha la sua origine da cal(i)daria non è di significato specializzato
dovunque, in quanto si può riferire genericamente anche ai recipienti in
rame dove si fa riposare il latte prima della scrematura (APV 1-28). È per
questa ragione che nella carta in questione la denominazione tsaoudie è talora
accompagnata dall’aggettivo grousa.
Possiamo così configurare un'opposizione, complessivamente, tra la gran
parte del territorio valdostano ed alcuni suoi punti, dove il tipo ‘calderone’
appare in riferimento al recipiente in cui riposa il latte, accanto a due nuovi
tipi, uno derivato da *trinicariam (FEW 284a), a Fénis, e l’altro che muove
dal tardo latino *pariolum (FEW VII, 655) a La Thuile e a Les Contamines.
Quest’ultimo tipo è ben diffuso anche nel territorio francese studiato dall’ALLy
in diverse forme, che compaiono accanto al tipo riconducibile a cal(i)daria,
di attestazione generale in tutta l’area della svizzera romanda (GPSR 3, 450b
e 453a).
*pariolum
caldariam
*trincariam
Figura 3 - APV 1-35 (71.09.a) la chaudière à lait / il calderone per il latte: tipi lessicali
99
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
4. Uno sguardo dall’alto: il posizionamento geolinguistico della Valle d’Aosta
nella dialettica fra gallo-romania e italo-romania
Lo studio preparatorio dei materiali linguistici che confluiranno nel primo
volume dell’APV Le lait et les activités laitières ha evidenziato fin da subito
una varietà molto ampia di configurazioni geolinguistiche in relazione al campo
specifico del lessico. Tali configurazioni in parte integrano la caratterizzazione
più consolidata per questo territorio, che oppone come è noto (Grassi 19551957, Favre/Perron 1991, Perron 1995) una Bassa Valle, al tempo stesso dotata
di caratteri “conservativi” rispetto allo strato francoprovenzale originario e
disponibile alle influenze del piemontese, a una Alta Valle, che segue invece
maggiormente le innovazioni provenienti d’Oltralpe, sia di stampo oilico
sia di provenienza dialettale galloromanza; in parte, forse, ne prescindono,
evidenziando dinamiche più complesse sia sul piano della distribuzione
interna al territorio, sia su quello del rapporto con i rispettivi retroterra
gallo- e italoromanzi. Abbiamo scelto qui tre esempi, alcuni dei quali già
sottoposti ad analisi precedenti (in particolare da Perron 1995), che riteniamo
significativi di queste dinamiche e che tenteremo di rileggere sulla base di
questa nuova prospettiva, che tiene in evidenza anche lo strumento esegetico
della “motivazione” semantica7 e che tenterà di offrire alcuni risultati anche
in termine di stratigrafia e quindi di datazione etimologica.
4.1. Le pis (de la vache)/La mammella (della mucca) [APV 1-5; ALF 1202 le pis de la
vache ; AIS 1056 la poppa ]
I materiali APV propongono per questa nozione (Figura 4) quattro tipi
etimologici:
1) il tipo *uberum, metaplasmo sulla forma latina classica uber, ‑ris ‘mammella’ (anche ‘fertile, rigoglioso’, come aggettivo; cfr. FEW XIV, 1);
2) *tittam, tipo tardo latino ma di spinta germanica8;
3) un altro tipo latino, pectus ‘petto’, in utilizzo metonimico;
4) un altro tipo tardo latino, *pŭppa, forma popolare di area italo-romanza del
lat. class. pūpa ‘bambina; bambola’ (cfr. DELI póppa), anch’esso molto comune,
nonché forma predominante in Valle d’Aosta col significato di ‘capezzolo’.
Una considerazione immediata, condotta sulla base della distribuzione sul
territorio valdostano delle quattro matrici e del rapporto delle forme con alcuni
evidenti aspetti di sviluppo lessicale dell’area galloromanza, indurrebbe forse
a pensare: a) che le forme derivate da *uberu rappresentino l’avanguardia
meridionale di un tipo lessicale dialettale galloromanzo settentrionale; che
l’area orientale presenti da un lato b) la prevalenza di un tipo di derivazione
100
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
galloromanza “centrale” (piét, analogo a pis francese), conformemente a quanto
avvenuto nel francese dove «l’acception rurale de mamelle de bête laitière» è, dal xvii
secolo in avanti, l’unica associata a questo tipo lessicale, essendo quella di ‘petto
umano’ passata sul tipo poitrine (cfr. TLFi, pis), mostri dall’altro c) la pressione
(nel punto estremo di Gaby e in quello già esterno di Carema) di un tipo peuppa
di spinta piemontese; infine, che le forme tété(t)/téteun dell’Alta Valle derivino
anch’esse dalla penetrazione, attraverso la Savoia (cfr. il punto di Tignes), di
forme dialettali galloromanze, basate su un passaggio metonimico da ‘capezzolo’
a ‘mammella’ (anche tétón) peraltro possibile anche nell’accezione francese (TLFi,
tétine e tétin).
*uberum
*tittam
pectus
*puppam
Figura 4 - APV 1-5 (70.08.a) le pis de la vache / la mammella della vacca: tipi lessicali
In questo caso, sollevare lo sguardo sui dati degli atlanti nazionali permette
di osservare alcune evidenze di segno in parte diverso (Figura 5). Innanzitutto,
l’area dei continuatori di uberem/*uberum (nelle forme oil. uvre-ivre o ouvro,
frpr. uvro, ivro), che rappresenta il tipo lessicale etimologicamente più antico
fra quelli attestati, si configura come area laterale a livello sia gallo- che
italoromanzo, ritrovandosi da un lato nei dialetti periferici dell’est oilico (Lorena
e Franca Contea) fino all’alto cantone di Neuchâtel, quindi più a sud in un’area
francoprovenzale discontinua che comprende parlate del Vaud, del Vallese e
dell’Alta Savoia orientale, interrotte da un’area di tipo pectus corrispondente
alla piana del Rodano; dall’altro, con medesima configurazione recessiva,
sull’arco alpino centro-orientale, nel ladino dei Grigioni (ivar, üvar), dell’Alto
Adige (lìvar e uro) e nel friulano (luvri), poi, in un’area meridionale separata,
101
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
*uberum
{fertile}
*pokka
pectus
*skarpa
{sacca}
metafora
{petto}
meton. morf.
*tittam
*puppam
{capezzolo}/{suggere}
meton. morf. / funz.
Figura 5 - ‘mammella (della vacca)’: sintesi lessicale gallo- e italoromanza (aree etimologiche
e motivazionali)
nell’emiliano orientale e nel romagnolo (ùvar) fino al limite meridionale dell’Alto
Pesarese (ur). L’arretramento del tipo latino classico avviene in area italoromanza
settentrionale chiaramente a vantaggio di due forme seriori: nuovamente pectus
‘petto, cuore’, adottato come sostituto metonimico e diffuso in una vasta area
continua che comprende quasi tutto il resto del settentrione “non alpino”, e il
tipo scarpa/sgarba, in una fascia veneta centrale che va dalla provincia di Venezia
al Trentino. L’analogia con l’it. scarpa ‘calzatura’ non è conseguenza di una
semplice convergenza omonimica: l’etimologia è rappresentata infatti per l’una
e per l’altra forma dal germanico *skarpa, nel senso originario di ‘sacca di cuoio,
bisaccia’ che si può applicare da un lato alle calzature di pelle cucita, dall’altro,
come denominazione metaforica, alla ‘sacca’ mammellare9; una motivazione
metaforica che ritroviamo peraltro nel tipo braga/braguier dell’estremo occidente
occitano (dal celtico *braca ‘pantalone’; anche in AIS 275 Castiglione d’Adda,
Lodi la braga dla vaca), in punti isolati italoromanzi (nel lombardo orientale e nel
trentino i tipi l sachèt e al tasc < germ. *taska ‘sacco’) e infine forse (qualora lo si
102
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
intenda discendere dal basso germ. *pokka, etimo da cui anche il fr. poche ‘tasca’)10
nel tipo *pòssa (e tantissime varianti, nel timbro della vocale tonica – da u a ò – e
di quella finale – da a a i passando per la schwa –, nella presenza o assenza di
palatalizzazione della fricativa) ampiamente diffuso nell’area rodaniana.
Più incerto il quadro dinamico per le altre due forme presenti in area
valdostana, i continuatori di *titta e *puppa, accomunati dalla diffusione ad aree
discontinue, dalla duplice possibile accezione di ‘mammella’ e ‘capezzolo’ (in
Valle d’Aosta la prima maggioritaria per *titta, la seconda per *puppa; APV 1-6),
e anche dallo strato cronologico di formazione collocabile nella tarda latinità.
A una caratterizzazione propriamente residuale e laterale per le due forme si
oppongono nel primo caso la frapposizione dell’area conservativa di *uber, tipo
lessicale più antico, alle tre zone alpine di attestazione (Alta Savoia, Ossola e
Alta Valle d’Aosta/Alta Tarentaise); nel secondo, una diffusione che interessa
zone sicuramente non laterali, come è l’area fra Torino e l’imbocco delle valli
occidentali piemontesi, o comunque generalmente poco inclini alla residualità,
come la Toscana. In effetti, anche la tipologia della denominazione, collegata
a una duplice motivazione metonimica di carattere da un lato “morfologico”
(la parte - il capezzolo - per il tutto - la mammella) dall’altro “funzionale” (il
collegamento della denominazione all’azione di ‘succhiare’), lasciano piuttosto
pensare a procedimenti neoformativi di larga disponibilità potenziale, il cui
successo potrebbe semplicemente legarsi all’adozione della forma presso centri
maggiori capaci di promuoverne l’uso, come Torino e Cuneo per il tipo puppa in
Piemonte, Annecy in Alta Savoia e Aosta per tété e simili, oppure a dinamiche
reattive meno determinate di aree comunque dialettalmente uniformi (l’Ossola e
la Liguria occidentale).
Sintetizzando la situazione valdostana, il tipo più antico fra quelli attestati
appare allora essere la metonimia generalizzante a base latina pectus, il cui
uso (spontaneo, perché certificato dalla genuinità fonetica delle forme, che
non presuppongono meccanismi di prestito dal francese) si diffonde fra
gallo- e italoromania con un irraggiamento duplice, di epicentro francese
settentrionale e padano; ma, data la presenza dello sbarramento conservativo
di *uber nel retroterra galloromanzo, la diffusione in Valle avviene in questo
caso sicuramente dalla Pianura Padana. Le forme tété e peuppa si configurano
invece come innovazioni successive, basate sull’adozione metonimica delle
denominazioni in uso per ‘capezzolo’ e/o per ‘succhiare’, che partecipano di
tendenze sia galloromanze, come è per tété in Alta Valle (ad eccezione di SaintOyen lo pié, che si configurerebbe quindi come punto resistente al cambiamento),
sia italoromanze, con peuppa, forma probabilmente “paracadutata” dal torinese
nei centri di fondovalle come Carema, e di lì a Gaby, località notoriamente
permeabile alle innovazioni provenienti dalla pianura.
103
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
EV
LI
VT
*
OY
SO
CM
AY
*
LS
AL
QU
EM
FE
LT
SA
*
GA
*
*
AR
*
*
CO
*
CH
RH
*
VS
CA
*
RI
TI
sellam
*
/ bréla /
scamnum
*bank
Figura 6 - APV 1-9 (70.12.a) le tabouret à traire / lo sgabello per mungere: tipi lessicali
4.2. Le tabouret à traire/lo sgabello per mungere [APV 1-09; ALF 479 escabeau ;
AIS 1196 lo scanno da mungere e 898 lo scanno (sedia senza spalliera); ALJA 684 le
tabouret (à traire)]
Il quadro delle denominazioni per lo ‘sgabello per mungere’ (Figura 6)
propone la configurazione geolinguistica lessicale tipica dei patois valdostani
(e per questo è citato fra gli esempi in Perron 1995: 213), con due tipi lessicali
che si dividono l’area sulla base di un’isoglossa che attraversa la Valle all’incirca
all’altezza della conca di Châtillon. Nel caso specifico, l’Alta Valle presenta il tipo
bréla (col diminutivo brèillón a Rhêmes), che analizzeremo fra poco, la Bassa Valle
(che include in questo caso i punti di Fénis e Valtournenche) i vari continuatori del
lat. scamnum ‘sgabello, seggiola’, base etimologica che si estende con continuità
anche nei punti esterni piemontesi di Carema e Ribordone11. I punti francesi e
svizzeri, invece, presentano unitariamente continuatori del lat. sella ‘sedia,
sedile’, sia nella forma base (a Tignes e Les Contamines) che attraverso il derivato
*sellula (nel Vallese; cf. FEW XI, 423b).
Anche in questo caso, l’allargamento della visuale alla dimensione gallo- e
italoromanza permette di precisare meglio la natura delle forme presenti sul
territorio valdostano, soprattutto in rapporto allo strato etimologico del tipo
dell’Alta Valle.
In linea generale, il panorama estraibile dai dati di atlanti e repertori (Figura 7)
conferma la collocazione quasi esclusivamente galloromanza per il tipo sella,
104
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
sellam
scamnum
*bank-
mhd. brëtel
got. *bridilō
long. *pretil, *predil
Figura 7 - ‘sgabello per mungere’: sintesi lessicale gallo- e italoromanza (aree etimologiche). In
evidenza, aree di conservazione degli allotropi germanici da *bridilo ‘assicella’
tipo latino che in gran parte della Romània si specializza ben presto nel significato
di ‘sella (per cavalcare)’ 12, mentre in tutti e tre i domini linguistici d’Oltralpe
mantiene più a lungo (prima di arretrare sotto la spinta del grecismo cathedra,
da cui l’a. fr. chaiere > fr. chaise ; FEW XI, 418-424) il significato originario. Nelle
parlate oiliche, occitane e francoprovenzali questo tipo risulta prevalente ma non
geolinguisticamente definito, presentandosi, nel quadro di una variazione microareale molto marcata, in alternanza con altre basi etimologiche quali appunto i
tipi latini cathedram (chère), scamnum e il diminutivo *scabellum (cabel, escabeau),
pluteum (plô); il germanico (ma di precoce impianto nel lat. parlato) *bank; infine
il più recente esotismo (persiano) tabīr (‘tamburo’, da cui l’impiego metaforico
tabouret ‘sgabello’ a partire dal xvi sec.), citando solo le più frequenti (cfr. FEW
nei rispettivi lemmi).
Un’analoga situazione di variabilità si verifica sul versante italoromanzo
settentrionale, dove però il tipo prevalente è quello attestato in Bassa Valle, e cioè
105
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
(scagn, scrana, ecc.), i cui competitori sono in questo caso cathedram
(cadrega, cadreghin), *scabellum (sgabèl) e *bank (banchèt), che diventa poi il tipo
esclusivo o prevalente (banchétto, panchétta) a partire dalla Liguria e fino all’incirca
alla linea Roma-Ancona.
scamnum
Il tipo bréla dell’Alta Valle è censito dal FEW (XV/1: 272), che lo raggruppa
nel lemma dei derivati del medio alto tedesco (xi-xiv sec.) brëtel ‘assicella’, sulla
base del riscontro delle attestazioni valdostane per ‘sgabello’ nell’ALF (anche a
Finhaut, nel Vallese), di quelle nel vallone (bralète ‘scheggia di legno’ Malmedy,
Faymonville) e del fr. prédelle (italianismo tardo). Indipendenti da questa linea di
derivazione il FEW giudica invece le attestazioni del prov. antico bredola, berdola
‘sgabello’ e anche ‘tavolo’, le uniche a rimontare al got. *bridilō ‘tavoletta’, forma
coetimologica con la precedente ma più antica.
Molto più nutrita e interessante è invece la serie di riscontri sul versante
italoromanzo, che non comprendono solo quelli segnalati marginalmente
dal FEW (friul. brédul e alcune altre forme nei dialetti settentrionali, tratte da
fonti diverse) e ricondotti comunque all’etimo medio-tedesco. Evidentemente
coetimologiche con la forma valdostana sono infatti le forme attestate nell’AIS
per ‘sgabello’ in un’area continua di dialetti centro-meridionali che interessa
l’Abruzzo (prìatëla, plìtala nel teramano; prédula, prèvëlë, prétia nell’aquilano e nel
chietino), il Molise e l’Appennino beneventano e avellinese (prèula). Se vista nella
prospettiva della filologia germanica applicata al contesto italiano, la convergenza
fra aree periferiche del Nord Italia e del Centro-Sud è sovente interpretabile
come manifestazione della doppia trafila etimologica che i prestiti di superstrato
germanico possono seguire nella Penisola, soprattutto laddove in coincidenza si
rilevino le ben note opposizioni fonologiche nel trattamento delle occlusive sonore
germaniche (/b/, /d/, /g/), capaci di distinguere lo strato gotico (lingua priva
della cosiddetta “seconda mutazione consonantica”), più antico e conservativo,
da quello più recente longobardo, che invece evolve la serie a /p/, /t/ e /k/13.
Non a caso, proprio l’esempio di sgabello serve a Elda Morlicchio (2011: 225-227)
per illustrare la “complessità dei rapporti linguistici” che spiega i germanismi
italoromanzi: partendo dal gotico *bridila, le attestazioni italoromanze
settentrionali conservative (tipo *bred-) possono infatti essere interpretate come
direttamente dipendenti da esso (tanto quanto, quindi, quelle della Provenza
antica, area di influenza gotica fra v e vi secolo), mentre quelle meridionali (tipo
*pret-), tipiche dell’area dell’antico Ducato di Benevento, derivano direttamente
dal longobardo più tardo (*pretil-); una forma intermedia può essere considerata
il tosc. e it. predella ‘sgabello, pedana’, che rappresenterebbe l’esito della forma
longobarda intermedia *predil.
Ritornando alla nostra prospettiva, è evidente che, alla luce di questi dati, il tipo
bréla attestato nell’Alta Valle si configura non come prestito seriore dal tedesco (di
provenienza settentrionale), ma invece come area conservativa rappresentante
un’innovazione germanica piuttosto antica irradiantesi dall’Italia e connessa a
uno degli ambiti semantici (falegnameria e suppellettili in legno) notoriamente
106
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
più produttivi di germanismi nel lessico italiano (arredare, banco, bara, balcone,
gruccia, scaffale, staffa, zanca, ecc.). Come mostra la sua presenza nel provenzale
antico, l’area di diffusione di questo tipo lessicale doveva presumibilmente
essere un tempo più ampia, ma viene in seguito erosa da altri tipi lessicali, sia
sul versante francese (dove scompare), sia su quello italiano, dove la forma
predominante dell’area padana (scamnum) risale fino ad interessare la Bassa e la
Media Valle d’Aosta. Un segno di questa dinamica potrebbe essere ravvisato ad
Arnad, dove il termine più antico (brenlé, cfr. Nota11) sopravvive specializzandosi
ad indicare la più particolare (quella in legno, a una gamba sola e dotata spesso
di cinghia, utilizzata in alpeggio) fra le tipologie dell’oggetto.
4.3. Traire/Mungere [APV 1-8; ALF 1323 traire ; AIS 1194 mungere]
L’ultimo esempio prende in esame le denominazioni per il verbo ‘mungere’,
che nei materiali APV presenta quattro diversi tipi lessicali (Figura 8) ed è stato
già considerato esempio geolinguistico significativo della “varietà nel lessico
delle parlate valdostane” (Perron 1995: 209 e 215-216).
arredare
*blicare
guieppé
*mulgĕre
Figura 8 - APV 1-8 (70.10.a) traire mungere: tipi lessicali. In evidenza, isoglosse occidentale e
orientale (linee puntinate grigie) e isoglossa di confine (linea puntinata nera) per le attestazioni dei
tipi *(re)bletsé e *(re)guieppé per ‘sgocciolare i capezzoli’ (APV 1-12, 70.10.c)
Nella parte occidentale del dominio, che si mostra in questo caso solidale
con i punti francesi e svizzeri, si registra il tipo tardo latino *arredare (derivato
parasintetico della base germanica *rēþs ‘beni, provvigioni’) che, dal significato
107
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
originario di ‘arredare’ e ‘rassettare, mettere in ordine’, si evolve semanticamente
in direzione di ‘curare, prendersi cura’, e quindi (nell’ambito dell’allevamento)
‘nutrire gli animali’ e ‘mungere’ (FEW XVI: 699); nei punti estremi della parte
orientale troviamo invece i continuatori del lat. class. mulgēre (o piuttosto
*mulgĕre, sulla base degli esiti) ‘mungere’. Nella fascia mediana si registrano i tipi
più specifici, vale a dire blétsé e guieppé : il primo viene registrato dal FEW (I: 409)
e spiegato come un celtismo basato sulla voce gallica per ‘latte’, attestata ad es.
nell’irl. bligin ‘mungere’ e dotata di diversi riscontri sull’arco alpino occidentale,
occitano, francoprovenzale e piemontese14, nel significato di ‘mungere’ e in altri
significati attinenti (‘getto di latte dalla mammella’ o ‘gocce di latte’)15. Il tipo
guieppé, invece, manca nei repertori lessicali e sul suo etimo cercheremo qui di
offrire un contributo supplementare che riteniamo piuttosto risolutivo.
Uno sguardo congiunto su Gallo- e Italoromania (Figura 9) evidenzia alcune
particolarità nel quadro geolinguistico per questa importante nozione dell’ambito
zootecnico. Innanzitutto, si noterà come in questo caso Italoromania e Francia
meridionale condividano all’interno di un’area continua la conservazione del
tipo latino *mulgĕre, che in Italia copre l’intero territorio nazionale, sia nella
variante conservativa con -l- (area alpina centro orientale, dal lombardo alpino
al friulano; sardo, ad eccezione del sassarese-gallurese), sia in quella innovativa
con -n-, che, secondo la lessicografia italiana (DELI, mungere), è in realtà frutto
di un incrocio con altro verbo latino, e cioè emungĕre ‘soffiare il naso’ ma anche
‘togliere, portar via’ con la mano.
Appuntando invece l’attenzione sulla Francia, si noterà che la collocazione
laterale delle aree occitana (mólzer) e nord-orientale (moude), le quali conservano
il tipo originale latino, dimostra come tutta l’ampia zona intermedia, che
comprende diversi tipi lessicali, debba essere considerata frutto di innovazioni
successive.
La più imponente di queste innovazioni (quella che comprende i due quasi
sinonimi traire e tirer)16 offre significative analogie motivazionali con quella
avvenuta in territorio italiano. Anche in questo caso, infatti, l’innovazione si
orienta su verbi che focalizzano l’attenzione sull’operazione manuale di ‘estrarre,
tirar fuori, togliere’ il latte dalla mammella, forse per rimediare all’omonimia di
moudre < *mulgĕre con moudre < molĕre ‘macinare’ (Brun-Trigaud/Le Berre/Le
Dû 2005: 30).
Altrettanto significative per analogia motivazionale sono le altre due aree
lessicali innovative galloromanze. Le forme limosine del tipo ajouter, joustà
muovono infatti da *(ad)justare, creazione sull’agg. justus, il cui significato
originario (mantenuto in altre aree dialettali e nel fr. ajuster) è quello di ‘mettere
a posto, ordinare, rassettare’ (FEW, V: 89-90); un senso quindi corrispondente
al tipo *arredare che abbiamo già visto attestato in Alta Valle d’Aosta e che
in realtà (come si evince dalla Figura 9) si estende a tutta la parte orientale
del dominio francoprovenzale (Savoia, Alta Savoia, Vallese svizzero e suo
108
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
trahĕre
*arredare
(traire/tirer)
*adjustare
{estrarre}
{prendersi cura}
*bl(i)k- > blétsé
*gl(i)p- > guieppé
*mulgĕre
(e)mungĕre
*lactare
{latte}
{estrarre}
Figura 9 - ‘mungere’: sintesi lessicale gallo- e italoromanza (aree etimologiche e motivazionali).
In evidenza (Media Valle e aree circolari), punti e aree residuali sull’arco alpino della base celt.
*bl(i)k- ‘latte’
retroterra settentrionale), quella che ruota intorno ai passi alpini del Grande e
del Piccolo San Bernardo in Valle d’Aosta e del Moncenisio in Piemonte, sulle
vie di comunicazione che hanno avuto un ruolo essenziale nella formazione
stessa del francoprovenzale (Martin 1990: 674). Rispetto alla cronologia, l’etimo
germanico *rēþs suggerisce ovviamente per questa forma una collocazione
cronologica posteriore al lat. *mulgĕre; ma la corrispondenza motivazionale con
l’area limosina permette di delinearla anche come precedente all’innovazione
oilica di traire/tirer, la quale penetra verso est e verso sud interessando l’alta
valle del Rodano e il Lionese, senza giungere però all’estrema periferia orientale
del dominio francoprovenzale.
Sul versante italoromanzo, posto che la parte più orientale della Valle d’Aosta
rappresenta evidentemente il limite estremo nord-occidentale della diffusione
del tipo latino più antico *mulgĕre (mentre la forma che supponiamo più recente,
109
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
*mungĕre, interessa significativamente solo il punto piemontese di Carema,
posto sul fondovalle e sulla via di accesso alle Gallie fin dalla romanità), resta
da chiarire la posizione della zona intermedia della Valle, interessata dai due tipi
blétsé e guieppé.
Diciamo innanzitutto che, alla luce di quanto già evidenziato rispetto al
movimento convergente delle innovazioni, quest’area si configura evidentemente
come area conservativa, riparata verso ovest dalla resistenza dell’area lessicale
tipicamente francoprovenzale (come abbiamo visto) di arié, e lambita soltanto, da
sud, dall’espansione progressiva del tipo latino.
Questa configurazione generale rafforza pertanto l’idea che i tipi ivi rappresentati
rappresentino relitti prelatini; e, al di là di certo facile “celtismo” dell’ultima ora,
anche l’ipotesi del FEW relativa alla connessione di blétsé con la base gallica
*bl(i)k- ‘latte’ esce rafforzata dai numerosi riscontri offerti dalla Maurice-Guilleux
nel suo ben documentato studio sull’etimo di reblochon, il tipico formaggio
savoiardo prodotto con il latte particolarmente grasso dell’ultima spremitura
della mammella. In particolare, la studiosa non manca di notare che nelle parlate
savoiarde il tipo blétsé risulta diacronicamente (fra le fonti lessicografiche di inizio
xx secolo e quelle più recenti) in recessione nel significato di ‘mungere’, osservando
in parallelo una “rédistribution sémantique” in cui le voci originarie connesse a
*bligicare (bletché, rebletché, blessené, ecc., cfr. Maurice-Guilleux 1995: 350-351)
tendono a specializzare il loro senso in direzione di ‘finire di mungere, sgocciolare
i capezzoli’, mentre lo spazio semantico di ‘mungere’ viene occupato da traire e
tirer. Questa dinamica è ancora meglio osservabile nei patois valdostani: l’esame
della domanda 70.10.c égoutter les trayons/sgocciolare i capezzoli (ora APV 1-12, la
cui distribuzione geolinguistica è sintetizzata dalle linee puntinate in Figura 9)
evidenzia infatti come per questa nozione l’area occupata dal tipo blétsé e derivati
risulti decisamente più estesa verso ovest, interessando tutti i punti dell’Alta Valle
(dove si determina pertanto un’opposizione arié ‘mungere’/(re)blétsé ‘sgocciolare
i capezzoli’) fino al punto savoiardo di Tignes, e dimostrando definitivamente la
natura arcaica e recessiva di questo tipo lessicale17.
Procedendo su questo piano argomentativo, si noterà ora come una dinamica
del tutto corrispondente è osservabile in Figura 9 anche ad est della linea
nord-sud che divide le aree dei due tipi “centrali” valdostani, dato che il tipo
confinante guieppé (limitato a Émarèse e Arnad nel senso di ‘mungere’), nel senso
specializzato di ‘sgocciolare i capezzoli’, si estende invece verso est, nell’area
dove l’etimo per ‘mungere’ è l’italoromanzo *mulgĕre/*mungĕre, occupando
il punto piemontese di Carema (ardjipà) e quello di Ayas (rèyeppà); da lì, esso
arriva ad interessare anche il limite nord-orientale del corridoio di attestazione
del primo tipo, toccando anche il punto di Valtournenche, che presenta pertanto
l’opposizione blétsé ‘mungere’/reilleppé ‘sgocciolare i capezzoli’18.
L’osservazione di questa doppia specularità per i due tipi della Media Valle,
quella relativa alla “configurazione semasiologica” (spostamento semantico nel
110
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
senso specializzato di ‘sgocciolare i capezzoli’) e quella della “configurazione
geolinguistica” (occupazione, in questo senso specializzato, delle aree geografiche
retrostanti, ad ovest e ad est, in rapporto all’isoglossa di confine attuale fra i due
tipi), conduce a una deduzione logica: che, al di là dell’apparente diversità, le
due forme dipendano da un’unica base etimologica, rappresentata quindi (dato
quanto mostrato sopra) dal celtico *bl(i)k- ‘latte’. Verifichiamo ora, per concludere,
la congruità storico-linguistica di questa ipotesi.
In effetti, i due tipi sono tutt’altro che incompatibili ad un etimo comune,
se consideriamo che la sequenza consonantica *gl(i)p- (che possiamo assumere
come una delle basi più probabili per l’esito *guiep- della Bassa Valle) non è altro
che una sorta di “forma metatetica” (VELARE sonora + laterale + BILABIALE
sorda) della base celtica *bl(i)k- (BILABIALE sonora + laterale + VELARE sorda),
che inverte i punti di articolazione della prima e della terza consonante della
serie19. Tutto ciò, naturalmente, varrebbe solo a livello di ipotesi da verificare
ulteriormente, se invece la consultazione dei dati dell’AIS non permettesse di
aggiungere un tassello argomentativo abbastanza decisivo, ovvero il riscontro di
un caso in cui questo tipo residuale celtico-alpino20 ha dato vita ad un effettivo
doppio esito sinonimico in una sola località. Questo si verifica nell’anfizona
ladina/lombarda di Rabbi, in Val di Sole (AIS 310), dove l’informatore produce
per la nozione ‘sgocciolare i capezzoli’ (materiale aggiuntivo a AIS 1194 mungere)
le seguenti risposte: sblitarle giu bèn ‘sgocciolarli bene’ (dove si ravvisa il tipo
originale *bli(k)-) e, accanto a questo, in forma di correzione (« sl- ist besser als
sb- », annotano diligentemente Jaberg e Jud), sliparle giu bèn, dove invece emerge
la forma metatetica *(g)lip 21.
5. Conclusioni
Gli esempi proposti mostrano a sufficienza, crediamo, l’interesse che i materiali
dell’Atlas des Patois Valdôtains rivestono per la geolinguistica e la dialettologia
gallo- e italoromanza, due universi linguistici che a nostro avviso solo un
approccio integrato delle due prospettive permette di comprendere appieno,
per la complessità delle dinamiche geolinguistiche (e di “contatto linguistico”)
innescate dai secolari rapporti di contiguità culturale.
Il francoprovenzale, e quello valdostano in particolare, rappresentano da
questo punto di vista una cerniera ineludibile e centrale di questa prospettiva
integrata; e questa centralità giustifica pienamente il lavoro che il gruppo
redazionale dell’APV sta portando avanti in vista, dopo tanti anni dall’inizio
dell’impresa atlantistica, della sua pubblicazione.
111
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
n o t e
Nel quadro unitario della sua concezione e della sua progettazione, le parti di cui il contributo è
composto sono da attribuire come segue: Saverio Favre, Cap. 1; Gianmario Raimondi, Capp. 2, 4 e 5;
Federica Diémoz, Cap. 3. Oltre alla grafia fonetica IPA, nel testo si utilizza una versione semplificata
della grafia ortografica BREL per i tipi dialettali galloromanzi, di una grafia intuitiva a base ortografica
italiana (si noti solo: ü per /y/, ë per /ə/, j per /j/) per quelli italoromanzi.
1
Rimandiamo, come contributo più recente, a Favre/Raimondi 2012, preceduto da Perron 1992,
Favre/Perron 1991 e Schüle 1978.
2
Oltre a Tuaillon, il Comitato Scientifico ha visto fra i componenti alcuni fra i maggiori studiosi
di francoprovenzale italiani e svizzeri: Corrado Grassi, Ernest Schüle (†) e successivamente Tullio
Telmon, Giuliano Gasca Queirazza (†), Rose-Claire Schüle, Andres Kristol oltre naturalmente a Marco
Perron (†) e Saverio Favre.
3
Sul concetto di “lega linguistica” o “area linguistica”(Sprachbund, secondo la terminologia introdotta
già negli anni Venti da Nikolai Trubetzkoy), ovvero un insieme di lingue, anche geneticamente
non correlate, che ha sviluppato caratteri comuni (spesso anche solo a livello lessicale) in seguito a
prossimità geografica e/o contatti culturali, come è avvenuto ad esempio per le lingue balcaniche
(albanese, rumeno, bulgaro, macedone, serbo, greco e romanì), si veda per una sintesi Grandi 2003
(Cap. 3, La tipologia areale e la nozione di area linguistica ).
4
Nei cantoni di Vaud, del Vallese e di Berna si rileva l’uso di forme diminutive del tipo kramèta o
fleurette per indicare una panna meno spessa come risultato di una seconda scrematura. Tappolet
(1914) segnala inoltre anche il tipo lessicale krapa attestato nei cantoni di Friburgo e Vallese.
5
6
Per uno studio approfondito di tale forma (GPSR 7, 335b) si rimanda a Jeanjaquet (1910).
Con “motivazione” (concetto ascrivibile a George Lakoff, per gli sviluppi del quale si veda soprattutto
Alinei 1996) si intende qui il processo di descrizione linguistica della realtà materiale e immateriale
attraverso sistemi metaforici o metonimici coerenti di concettualizzazione e categorizzazione, che
generano “iconimi” (definizione di Alinei), ovvero modelli astratti di costruzione del significato (del
tipo {che parla} + {forte} per ingl. loudspeaker, it. altoparlante, fr. haut-parleur, ted. Lautsprecher), spesso
corrispondenti nelle diverse lingue.
7
Cfr. per l’it. DEI e DELI s.v. tetta e per il fr. FEW XVII, 334 e TLFi tette e il più comune tétin, entrambi
di possibile duplice significato ‘mammella’ e ‘capezzolo’. Nel secondo significato, il tipo compare nei
materiali APV (1-6 un trayon [du pis de la vache] ) come risposta per i punti del Vallese svizzero.
8
L’etimologia dell’it. scarpa è ancora oggi dibattuta, fra l’ipotesi originale di Giovanni Alessio (appunto
il francone *skerpa) e la possibilità di una derivazione, per retroformazione, dal gr. bizantino karpatínē
‘calzare in un unico pezzo di cuoio’ (*scarpettina > *scarpetta > scarpa, cfr. DELI scarpa). I nostri rilievi
sarebbero una conferma del ruolo etimologico svolto dalla base germanica, la quale però (secondo
il TLFi) rimonterebbe in ultima analisi a un prestito del francone al lat. scirpus ‘giunco’ e anche per
metonimia ‘cesta (di vimini)’.
9
112
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
Il tipo occitano, che ha anche il senso di ‘capezzolo’, è invece (secondo FEW IX, 605-607) una forma
parallela del lat. pop. *pŭppa, da cui ovviamente l’it. poppa che trattiamo subito sotto, e non andrebbe
in questo caso disgiunto dall’it. centr. póccia, all’interno di una famiglia di parole romanze generate
dalle radici a carattere onomatopeico *popp-, *kŭkk- (it. poppare e ciucciare; occ. popar) e dai loro incroci
(appunto it. reg. pocciare e poccia, ma anche spagn. chupar, con inversione dell’incrocio). Qui, ci pare
invece interessante notare la coincidenza di motivazione con l’area italoromanza di *scarpa, anche
sulla base di riscontri come il prov. pochòn ‘misura per liquidi’ e il fr. pochard ‘ubriacone’ (a partire da
perifrasi espressive del tipo rempli comme une poche ‘pieno (di vino) come una tasca’; cfr. TLFi pochard
e FEW XVI, 639), e in parallelo l’accattivante possibile sovrapposizione paretimologica fra la base di
10
ivrogne (ivre < lat. ebrius ‘ubriaco’) e le forme dialettali galloromanze derivate da uber ‘mammella’
segnalate sopra (uvre, ivre). Aggiungiamo infine che anche l’estrema variabilità delle forme registrate
dagli atlanti, con l’alternanza fra i timbri chiuso (da *pŭppa) e aperto (da *pŏkka, soprattutto nella
parte più settentrionale dell’area lessicale; ALJA 676 le pis) della o tonica, depone a favore almeno di
un incrocio di questi due etimi.
Due punti della Bassa Valle presentano risposte supplementari a scamnum: lo ban come sinonimo a
Émarèse, lo brènlé ad Arnad, come termine specializzato per lo sgabello a una gamba sola (opposto a
quello a tre gambe) utilizzato in alpeggio.
11
A livello latino sĕlla è una forma assimilata da *sedula > *sedla, etimo quindi connesso al radicale
di sedēre. In territorio italiano essa si estende (sal, salòt) nelle valli occitane della provincia di Torino
e sopravvive residualmente (sèla, sièla) anche in un’area circoscritta all’anfizona ladino dolomitico/
friulano.
12
I “doppioni” germanici nel lessico italoromanzo (balla/palla, balcone/palco, banco/panca ; e, per
l’opposizione “occlusiva”-“affricata” tappo/zaffata, tetta/zizza, ecc.) furono evidenziati già da Carlo
Battisti (Morlicchio 2011: 223-224 e Francovich Onesti 1991: 52). Il fenomeno della seconda mutazione
consonantica, che interessa le parlate alto-germaniche (da cui il tedesco moderno) a partire dal vi secolo,
si manifesta probabilmente nel longobardo fra vii e viii secolo, quando quindi questa popolazione si
trovava già in Italia. Nello strato di prestiti longobardi più antichi (vi-vii sec.) il fenomeno si trovava
quindi a uno stadio aurorale (Francovich Onesti 1991: 73-75 e, per il longobardo, 119).
13
Oltre che in Valsesia e Valsoana (FEW I: 409), in Piemonte questo tipo per ‘mungere’ risulta attestato
secondo i dati AIS anche nel confinante Canavese, a Ronco (AIS 132, bieciàr). I dati AIS confermano
per la Media Valle i tipi bletsì (AIS 122 Saint-Marcel) e guieppé (AIS 123 Brusson).
14
Per un’analisi più dettagliata e convincente cfr. Maurice-Guilleux 1995, che offre riscontri più precisi
sul gaelico (dove blicht vale ‘latte’), sulle relazioni etimologiche a livello indoeuropeo (la radice celtica
*blk- / *blg- è in effetti corrispondente a quella germanica e latina *mlk-/*mlg-, da cui a. germ. *melk
‘latte’ e lat. mulgeo ‘mungere’) e sulla corrispondenza a livello motivazionale fra lingue germaniche e
celtiche, accomunate dalla dipendenza di ‘mungere’ da ‘latte’, per cui si confrontino irl. blicht > bligin,
ted. milch > zu melken, ingl. milk > to milk, ecc.
15
Se per l’etimologia di traire (e it. trarre) è ovvio rifarsi al lat. trahĕre, tirer e l’it. tirare rimangono un
problema sostanzialmente irrisolto. La lessicografia francese (cfr. TLFi) si orienta su una riduzione
dall’a. fr. martirer ‘torturare’, reinterpretato come *mal tirer e accostato alla modalità più frequente di
16
113
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
tortura, ovvero lo ‘stiramento’ delle membra. Sul versante italiano, il DELI evoca invece la possibilità
che tirare sia semplicemente un allotropo (con anaptissi di -i-) di trarre. Brun-Trigaud/Le Berre/Le
Dû 2005: 30 (che scelgono proprio la carta traire per aprire il volume e dare un esempio di «évolution
linguistique spontanée, produit de l’évolution des échanges») evidenziano l’origine occidentale del
tipo tirer, che a livello dialettale è addirittura più diffuso dell’omologo oilico.
Da questo punto di vista, l’area valdostana di *bligicare si configura come un’area in cui l’originaria
coetimologia delle voci ‘latte’ e ‘mungere’ (tipica, come abbiamo visto, delle lingue celtiche e germaniche)
viene spezzata dall’adozione del latino lactem (o meglio, del diminutivo *lacticellum, alla base di
tutte le forme valdostane del tipo lasé ) per la sostanza, mentre per quanto riguarda l’operazione della
17
mungitura la denominazione originaria viene (almeno in origine) salvaguardata, perdendo però il
rapporto etimologico con la base e indebolendosi quindi dal punto di vista motivazionale. In maniera
complementare, alla periferia sud della “linea di faglia” rappresentata dall’arco alpino, nell’altra
area italoromanza che non accoglie la denominazione latina per ‘mungere’ (quella “ligure” che si
estende al di sotto del corso del Po e interessa, oltre ai dialetti liguri propriamente detti, il piemontese
meridionale e i dialetti lombardi dell’Oltrepò Pavese; cfr. ancora Figura 9), il rapporto motivazionale
viene invece mantenuto, ricostituendo (questa volta su base latina) la coppia latte/*lattare.
La divisione nord-sud dei due tipi prosegue in territorio canavesano, dove secondo i dati AIS
mentre Ronco Canavese attesta il tipo bjeciàr per ‘mungere’, nel punto confinante ad oriente (AIS 133
Vico Canavese) per ‘strizzare i capezzoli’ si registra invece arghjüpàr.
18
Nell’area orientale valdostana cl- e gl- iniziali danno rispettivamente /kj-/ e /gj-/ (cfr. fra gli
altri Keller 1958: tabl. XIX, esiti di *glacia), mentre la forma di Valtournenche reilleppé ‘sgocciolare
i capezzoli’ è rappresentativa dell’esito laterale palatale /ʎ/ di area centrale e occidentale. La
metatesi, tradizionalmente censita fra gli “accidenti vari” dalla linguistica storica tradizionale, è in
realtà uno fra i più produttivi meccanismi di cambiamento linguistico. Un caso analogo potrebbe
essere rappresentato dall’ipotesi alessiana dell’etimo comune (lat. implicare, che darebbe da una
parte *impiclum dall’altra *inglipum) del nap. impicchië e del roman. inghippo, di analogo significato
(‘impiccio’; DELI inghippo).
19
Aggiungiamo ancora che il punto più meridionale di attestazione sull’arco alpino occidentale italiano
è rappresentato dal punto di parlata occitana AIS 160 Pontechianale, in Val Varaita (in corrispondenza
quindi del limite meridionale delle attestazioni francesi, collocate nel Queyras, dall’altra parte del
Colle dell’Agnello; Maurice-Guilleux 1995: 350 ), dove si registra il tipo bièc ‘goccia di latte’.
20
Non creano problemi nel riconoscimento delle basi né l’articolazione dentale della sorda finale nel
primo caso, né l’inglobamento della velare sonora iniziale /g/ all’interno della fricativa prepalatale
sonora /j/ (frutto del prefisso ex-) nella seconda.
21
114
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
b i b l i o g r a f i a
AIS = Jaberg, Karl, Jud, Jakob, Sprach- und Sachatlas Italiens und der Südschweiz,
Zofingen, Ringier, 1928-1940.
ALF = Gilliéron, Jules, Edmont, Edmond, Atlas linguistique de la France, Paris, Champion, 1902-1910.
Alinei, Mario, «Aspetti teorici della motivazione», in: Quaderni di Semantica, n. 17, pp.
7-17, 1996.
ALJA = Martin, Jean-Baptiste, Tuaillon, Gaston, Atlas linguistique et ethnographique
du Jura et des Alpes du Nord, Paris, CNRS, 1999.
ALLy = Gardette, Pierre, Atlas Linguistique et Ethnographique du Lyonnais, Lyon,
Institut de Linguistique Romane des Facultés Catholiques, 1951-1956.
APV = Atlas des Patois Valdôtains, diretto da Saverio Favre e Gianmario Raimondi,
materiali informatizzati.
Berruto, Gaetano, Piemonte e Valle d’Aosta, Pisa, Pacini (Profili dei dialetti italiani),
1974.
Brun-Trigaud, Guylaine, Le Berre, Yves, Le Dû, Jean, Lectures de l’ALF de Gilliéron
et Edmont. Du temps dans l’espace, Paris, CHTS, 2005.
DEI = Battisti, Carlo, Alessio, Giovanni, (dir.), Dizionario Etimologico Italiano,
Firenze, Sansoni, 1950-1957.
DELI = Cortelazzo, Manlio, Zolli, Paolo, DELI - Dizionario Etimologico della Lingua
Italiana, Bologna, Zanichelli, 1999.
Duraffour, Antonin, Glossaire des patois francoprovençaux, Éditions du CNRS, Paris,
1969.
Favre, Saverio, Perron, Marco, « L’Atlas des Patois Valdôtains », in: Aa. Vv., Atlas
Linguarum Europæ. Actes du Congrès International (Saint-Vincent, 6-8 juin 1989),
Aoste, Musumeci, 1991, pp. 29-44.
Favre, Saverio, Raimondi, Gianmario, «Rappresentare le coesistenze linguistiche:
l’Atlas des Patois Valdôtains», in: Telmon Tullio, Raimondi, Gianmario, Revelli,
Luisa, (eds.), Coesistenze linguistiche nell’Italia pre- e postunitaria. Atti del XLV
Congresso SLI, Roma, Bulzoni, 2012, pp. 101-115.
FEW = von Wartburg, Walther, Französisches etymologisches Wörterbuch, Leipzig et
al., Teubner et al., 1922-1989.
115
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Francovich Onesti, Nicoletta, Filologia germanica, Roma, La Nuova Italia Scientifica, 1991.
GPSR = Gauchat, Louis, Jeanjaquet, Jules, Tappolet, Ernst, Glossaire des Patois de la
Suisse Romande, avec la coll. de E. Muret, Paris/Neuchâtel, Attinger, 1924- .
Grandi, Nicola, Fondamenti di tipologia linguistica, Roma, Carocci, 2003.
Grassi, Corrado, «Analisi delle caratteristiche lessicali della Valle d’Aosta in base ai materiali forniti dai tre Atlanti linguistici nazionali (ALF-AIS-ALI)», in: Romanistisches
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Jeanjaquet, Jules, «Étymologie. Suisse rom. Cetour, “cellier”», in: Bulletin du Glossaire
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Keller, Hans-Erich, Études linguistiques sur les parlers valdôtains. Contribution à la
connaissance des dialectes franco-provençaux modernes, Berna, Francke, 1958.
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Metzeltin, Michael, Schmitt, Christian, (eds.), Lexikon der Romanistischen Linguistik, vol. V/1, Franzosisch/Le français, Tübingen, Niemeyer, 1990, pp. 671-685.
Maurice-Guilleux, Nicole, «Étymologie synchronique et diachronique : le cas de reblochon», in: Cahier des Annales de Normandie, no 26 (Mélanges René Lepelley), 1995,
pp. 347-354.
Morlicchio, Elda, «Dinamiche sociolinguistiche nell’Italia delle ‘invasioni barbariche’»,
in: Ebanista, Carlo, Rotili, Marcello, Archeologia e storia delle migrazioni. Europa,
Italia, Mediterraneo fra tarda età romana e alto medioevo. Atti del Convegno, Cimitile (NA), Tavolario Edizioni, 2011, pp. 219-230.
Perron, Marco, «Stato dei lavori, problemi e prospettive dell’Atlas des Patois Valdôtains»,
in: Ruffino, Giovanni, (ed.), Atlanti linguistici italiani e romanzi. Esperienze a confronto. Atti del Congresso Internazionale (Palermo, 3-7 ottobre 1990), Palermo, Centro di Studi Filologici e Linguistici Siciliani, 1992, pp. 314-316.
Perron, Marco, «Unitarietà e variabilità lessicale nelle parlate francoprovenzali della
Valle d’Aosta», in: Woolf, Stuart J., (ed.), La Valle d’Aosta, Torino, Einaudi, 1995,
pp. 205-218 (Storia d’Italia. Le regioni dall’Unità a oggi).
Raimondi, Gianmario, «Conflitti di lingue e di culture fra Gallo-Romània e Gallo-Italia.
Una rilettura a partire dai dati lessicali dell’Atlas des Patois Valdôtains», in: Buchi,
Éva, Chauveau, Jean-Paul, Pierrel, Jean-Marie, (eds.), Actes du XXVIIe Congrès
international de linguistique et de philologie romanes (Nancy, 15-20 juillet 2013),
Strasbourg, Société de linguistique romane/ÉLiPhi (3 voll.), in stampa [2014].
116
Nell’atelier di un atlante linguistico. In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains
Schüle, Ernest, et al., L’Atlas des Patois Valdôtains. État des travaux, Aosta, Musumeci,
1978.
Tappolet, Ernest, «Synonymie patoise: (sommeil, jour et nuit, lait et fromage)», in: Bulletin du Glossaire des patois de la Suisse romande, 1914, no 13, pp. 41-61.
Telmon Tullio, Piemonte e Valle d’Aosta, Roma/Bari, Laterza, 2001.
TLFi = Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, Trésor de la Langue
Française informatisé, <http://www.cnrtl.fr/>.
117
Les grammaires du francoprovençal :
l’expression de la partitivité
Quelques leçons du projet ALAVAL
Andres Kristol
1. Les grammaires du francoprovençal
La contradiction dans le titre n’est
qu’apparente. Soulevons tout de même
la question : est-il possible qu’une langue
normalement constituée possède plusieurs
grammaires, parallèles et simultanées ?
C’est une question à laquelle, avant
d’entrer dans les détails, je donnerai d’em­
blée une réponse positive : il est normal,
dans n’importe quelle langue vivante, de
trouver des structures multiples, parallèles
et concurrentes pour un même phénomène
grammatical. Ce que je tenterai de
montrer ici, sur la base des matériaux de
l’Atlas linguistique audiovisuel du francoprovençal valaisan ALAVAL, n’a donc rien
de spécifiquement francoprovençal. Ce n’est pas parce que le francoprovençal
est une langue forte­ment dialectalisée qu’il sort de l’ordinaire, à cet égard.
La variation linguistique, dans toutes les langues vivantes, est normale et
nécessaire. Même une langue fortement grammatisée et standardisée comme le
français, pour de nombreux phénomènes, possède une forte variation interne.
Il suffit de penser aux dif­férentes formes de la question qui coexistent en
français contemporain : Viens-tu ? Est-ce que tu viens ? Tu viens ? Où as-tu été ?
Où t’as été ? T’as été où ? Où est-ce que tu as été ? Où c’est que tu as été ? C’est où
que t’as été ? Rien que pour le français parlé ordinaire, Françoise Gadet (1989 :
137s.) dis­tingue une quarantaine de formes différentes qui permettent de poser
des questions, totales et partielles, et son éventail d’alternatives qui existent en
français de France devrait encore être complété par les for­mes spécifiques du
français québécois : Tu viens-tu ? Où t’as-tu été ? (Léard 1995 : 221s.).
Le fait que le francoprovençal ait plusieurs grammaires ne met donc
aucunement en question la cohérence du domaine. Toujours est-il que les
grammaires du francoprovençal sont sans doute moins bien étudiées et moins
bien décrites que celles des grandes langues littéraires voi­sines. Or, c’est ici
qu’interviennent les matériaux de l’ALAVAL sur lesquels nous travaillons à
119
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Neuchâtel depuis bientôt 20 ans, et qui cherchent à combler certaines de ces
lacunes. En effet, à la différence de la plupart des pro­jets d’atlas comparables,
nous n’avons pas essayé de documenter le vocabulaire francoprovençal tradi­
tionnel et caractéristique – pour le francoprovençal de Suisse, c’est une tâche
qui incombe à nos collè­gues du Glossaire des patois de la Suisse romande.
Nous nous sommes au contraire concentrés sur des questions de morphologie
et de syntaxe francoprovençales, car c’est le domaine le moins bien exploré
du système linguistique francoprovençal, malgré certaines bonnes études
ponctuelles consacrées à des parlers individuels ou à des points de grammaire
spécifiques.
Je tenterai donc de montrer ici quel est l’intérêt des données de l’ALAVAL pour
une meilleure compréhension des systèmes grammaticaux du francoprovençal,
surtout lorsqu’on les place dans un cadre plus large, celui des langues romanes
occidentales en général et des langues galloromanes en particulier.
2. Le projet ALAVAL
J’ai déjà eu l’occasion à plusieurs reprises, dans le cadre des colloques
de Saint-Nicolas, de parler de l’ALAVAL (Kristol 1995, Kristol et al. 2000,
Diémoz / Kristol 2006). Je ne reprendrai donc pas les in­formations de base. Il
me suffit de rappeler que celui-ci couvre un réseau de 25 points d’enquête dont
21 en Valais, deux en Vallée d’Aoste et deux en Haute-Savoie.
Dans chaque localité, nous avons enregistré deux témoins, une femme et un
homme, avec un questionnaire semi-ouvert qui permettait d’enregistrer aussi
bien des énoncés “standardisés”, comparables d’un point d’enquête à l’autre,
que des énoncés libres, de longueur très variable, pour documenter la grammaire
de l’oral spontané ou proche de la lan­gue parlée spontanée. Actuellement, 93
cartes morphosyntaxiques définitives sont prêtes et une douzaine d’autres sont
en chantier. Or, dès les premières cartes de l’ALAVAL que nous avons élaborées,
j’ai été frappé par la diversité des systèmes grammaticaux qui apparaissaient,
aussi bien à l’intérieur des parlers locaux voire idiolectaux qu’en diatopie, entre
différents parlers souvent immédiatement voisins.
Pour prendre un exemple concret dont j’aurai encore besoin dans la suite
de ces réflexions, regar­dons rapidement la grammaire de l’article défini, au
pluriel, devant des substantifs masculins et fémi­nins. De manière très générale,
on sait que les langues romanes contemporaines forment deux groupes, en ce
qui concerne la formation du déterminant pluriel :
-- la majorité des langues romanes telles que l’italien, le catalan, l’espagnol,
le portugais, et la plupart des parlers occitans distinguent le masculin et le
féminin pluriel :
120
Les grammaires du francoprovençal
it.
pl.
i, gli (cammini, spaghetti)
le (camìce)
lang. = oc (a)
pl.
los (camins)
las (camisas)
gasc. = oc (a)
pl.
los, eths (camins)
las, eras (camisas)
esp.
pl.
los (caminos)
las (camisas)
-- le français en revanche, et la plupart des dialectes provençaux strictu sensu,
ont neutralisé l’op­position entre le masculin et le féminin pluriel ; ils utilisent
la même forme de l’article défini pour les deux genres :
fr.
pl.
les (chemins) – les (chemises)
prov.= oc (b)
pl.
lei (camins) – lei (camisas)
Qu’en est-il maintenant du francoprovençal ? Ce qui caractérise le mieux nos
maté­riaux, et ce qui caractérise le mieux les parlers francoprovençaux dans leur
ensemble, c’est le fait qu’ils attestent très souvent, en synchronie, les différentes
solutions qui se sont développées dans les différen­tes langues romanes
occidentales, à partir du latin tardif. Nous avons donc d’une part des parlers qui
distinguent le masculin et le féminin pluriel, comme le font l’italien ou l’espagnol,
et de l’autre des parlers qui les con­fondent, comme le français.
frp. (a)
pl.
frp. (b)
pl.
[lu, luz]
[le, lez]
[le, lez]
Concrètement, comme le montre la carte n° 1, les parlers du Chablais valaisan,
tout comme ceux de la Haute-Savoie voisine, distinguent le masculin du féminin
pluriel (c’est le système A), alors que le Valais central et la Vallée d’Aoste ont
neutralisé l’opposition (c’est le système B). À cela s’ajoute en­core un troisième
système, dont je ne parlerai pas ici : c’est le système C d’Évolène qui neutralise
l’opposition des genres au pluriel comme le reste du Valais central, mais qui
conserve des restes d’un système bicasuel fonctionnel qui permet de distinguer
le sujet du verbe de son objet direct, comme le faisaient les langues galloromanes
anciennes. Trois systèmes grammaticaux donc, qui coexistent dans l’espace très
restreint de notre Atlas : les quelque 80 kilomètres du cours supérieur du Rhône,
entre le lac Léman et la frontière linguistique avec l’allemand, en amont de Sierre.
Et ce constat est tout à fait caractéristique pour de nombreuses cartes, avec des
frontières internes qui ne se trouvent évidemment pas toujours aux mêmes
endroits.
121
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
L’article pluriel défini
[ li, lı ]
[ i, ı ]
[ ly, lʏ ]
[ ʏ ]
[ le, lε ]
[ e, ε ]
[ lø, l, lə ]
[ ø, , ə ]
[ lu, lʊ, lʊ̈ ]
[ u, ʊ, ʊ̈ ]
Dans les parler occidentaux
qui distinguent le masculin
et le féminin pluriel, la ligne
supérieure
représente
les
formes du masculin.
Formes
prévocaliques :
consonnes de liaison
[ z ]
[ lz ] (chute de la voyelle)
[ ʑ ]
[ ʒ ]
Dans les transcriptions :
absence de liaison devant
nom à initiale
vocalique
m.
c.s. c. r.
f.
Ill. n° 1 : les systèmes de l’article défini pluriel dans les matériaux de l’ALAVAL
Dans ce cas précis, comme le montre la carte n° 2 préparée sur la base
des données de l’Atlas linguis­tique de la France ALF1, les parlers du Chablais
valaisan prolongent le grand espace galloroman (sys­tème A, symboles ronds)
qui comprend le gascon, le languedocien, le nord-occitan et l’ensemble du
francoprovençal méridional, entre Grenoble et Genève, alors que le reste de
la Suisse romande et la Vallée d’Aoste qui présentent le système B (symboles
carrés) semblent aller avec le français, en neutralisant l’opposition.
Si je dis “semblent aller avec le français”, je pense en réalité que dans ce cas,
il n’y a pas lieu de pos­tuler une influence du français, car la distinction des deux
régions francoprovençales est ancienne, sans doute antérieure à un quelconque
impact du français dans nos parlers. La dualité des systèmes est at­tes­tée depuis
le Moyen Âge. Malheureusement, les documents valaisans et valdôtains anciens
font défaut, mais le système A apparaît systématiquement dans La somme du Code
grenobloise du XIIIe siècle, alors que le système B qui confond les deux genres au
pluriel, au cas régime en tout cas, caractérise les nombreuses chartes médiévales
rédigées en scripta para-francoprovençale fribourgeoise dès la deuxième moitié
de XIVe siècle.
122
Les grammaires du francoprovençal
article défini pluriel masculin = féminin
article défini pluriel masculin ≠ féminin
ALF I, 52 « les arbres »
ALF XII, 1072 « les poules »
AIS I, 157 «l’unghia, le unghie»
AIS III, 562 «la foglia, le foglie»
AIS VI, 1088 «il porco, i porci»
Ill. n° 2 : distinction (A) ou neutralisation (B) de l’opposition masculin /v/ féminin de l’article
défini pluriel en galloroman
123
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
masculin
singulier
pluriel
féminin
sujet
régime
sujet
régime
le pare
lo pare
li mare
la mare
le jugos
lo jugo
li fenna
la fenna
le maris
lo mari
li filli
la filli
le grans
lo gran
li chosa
la chosa
li frare
los frares
les serors
les mares
li jugo
los deners
les clames
les noces
les choses
les choses
li hereter
Le système de l’article défini dans la Somme du Code (Grenoble, xiiie s.) : distinction du
masculin / féminin pluriel
masculin
singulier
pluriel
féminin
sujet
régime
sujet
régime
li moistre
lo cita
li persona
la maneire
li citaz
lo citour
li pertie
la forma
li avoyez
lo profit
li comunitaz
la comunita
li consetz
lu pris
li farina
la farina
li avoye
les encuraz
les dames
les conditions
li forneir
les garzon
les parties
les choses
li garzon
les bins
les apertenances
les meiz ‘pétrins’
Le système de l’article défini dans les documents fribourgeois du xive siècle : neutralisation de
l’opposition masculin / féminin au cas régime pluriel
Donc, lorsqu’on fait abstraction des formes du cas sujet – qui ne se sont pas
conservées dans la plupart des parlers modernes – on constate que le système
médiéval documenté à Grenoble se maintient tel quel dans les parlers du Chablais
valaisan, alors que le système fribourgeois se retrouve en Valais central et en Vallée
d’Aoste. La co-présence des deux systèmes en francoprovençal est ancienne.
Comme le montre cet exemple, la pluralité des systèmes grammaticaux à
l’intérieur d’un même espace linguistique est donc normale, et il en a toujours
été ainsi. Mais la question la plus intéressante pour moi n’est pas de constater et
de documenter ce fait. Je suis toujours tenté de me demander ce que le constat
dialectologique et géolinguistique peut nous apprendre, ce que ces observations
nous permettent de comprendre, pour le fonctionnement des langues humaines
vivantes, en diachronie et en synchronie.
124
Les grammaires du francoprovençal
2. L’expression de la partitivité
C’est ce que je chercherai à illustrer ici sur la base d’un autre phénomène
grammatical auquel les ma­tériaux de l’ALAVAL m’ont rendu attentif : c’est
la question de l’expression de la partitivité pour la­quelle les langues romanes
occidentales se distinguent également de manière très significative.
En commençant à l’ouest, on constate qu’à cet égard, l’espagnol est resté
entièrement fidèle à l’héritage latin : il ne connait aucune forme spécifique pour
exprimer la partitivité. On dit simplement comer pan ‘manger du pain’ et beber
cerveza ‘boire de la bière’.
La même situation se trouve pratiquement telle quelle dans le sud-ouest
galloroman, en gascon contemporain (à l’exception de certains parlers du Médoc,
au nord de Bordeaux ; cf. Rohlfs 31977 : 178-79). Elle se conserve également, selon
la syntaxe de Ronjat (III, 128), dans certains parlers languedo­ciens voisins du
gascon, dans la région située entre Toulouse et Narbonne. On en en trouve aussi
certains vestiges en provençal alpin, du côté de Barcelonnette.
gasc.
sg.
lo, eth
la, era
= oc (a)
pl.
los, eths
las, eras
un
ua
Ø
Ø
En gascon béarnais, on dit :
Que minji Ø pan e Ø saussissa. Qu’avem crompat Ø pomas
e Ø iranges.
Dans les Contes de Gascogne, recueillies à la fin du xixe siècle dans le Gers par
J.-F. Bladèr, j’ai trouvé très rapidement des exemples comme les suivants :
Nos tuam a trabalhar, entà ganhar tot just de qué minjar
Ø pan.
Contatz-me Ø causas deu vòste païs.
Selon Ronjat, en languedocien fuxéen on dit :
aqui se venden Ø libres
Et à Barcelonette on trouve :
manjà Ø lasagnas, tirar Ø lausa ‘extraire de l’ardoise de
la carrière’
Mais Mistral aussi écrit :
plòu Ø sang e Ø plumo ‘il pleut du sang et des plumes’
Par ailleurs, je rappelle que l’ancien français se trouvait exactement au même
stade que l’espagnol et le gascon actuels. En ancien français aussi on « mangeait
pain » et on « buvait vin » (Foulet 1977 : 61-63).
125
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Ce n’est que dans un seul cas, lorsque le nom est précédé d’un adjectif épithète,
que le gascon peut utiliser une préposition partitive de – facultative – qui n’existe
pas encore telle quelle en ancien français :
Qu’avem minjat (de) bon pan.
Que i a (de) beròias flors au casau.
Que s’i ved (de) vielhas e bèras maisons bearnesas a Ortès.
(Nariòo 2011 : 22)
C’est ici que se trouve le point de départ vers la grammaticalisation d’une préposition
DE partitive (sans article) que l’on rencontre dans la plupart des parlers occitans et
dans la majorité des parlers fran­coprovençaux valaisans et valdôtains que nous
avons pu enregistrer pour l’ALAVAL, un DE partitif sans article qui laisse d’ailleurs de
nombreuses traces en français actuel aussi. Dans la majorité des parlers languedociens,
en provençal strictu sensu et dans la plupart des parlers francoprovençaux valaisans ou
valdôtains, la situation se présente donc comme suit :
lang.
sg.
lo
la
= oc (b)
pl.
los
las
prov.
sg.
lo
la
= oc (b)
pl.
frp. (a)
sg.
pl.
un
una
Ø (de, d’)
un
una
[le, lez]
Ø (de, d’)
Ø (de, d’)
lei, leis
[lu, li, le, l]
Ø (de, d’)
[la, l]
[õ]
[Ona]
Ø ([dɛ, d])
Ø ([dɛ, dɛ z])
Dans les trois variétés, la structure du système des articles est la même qu’en
gascon, dans le sens qu’un article partitif proprement dit n’existe pas. Mais les
trois variétés ont grammaticalisé une préposition DE partitive, invariable, au
singulier et au pluriel, masculin et féminin. Malheureusement, comme toujours,
notre documentation diachronique pour le francoprovençal valaisan et valdôtain
est insuffisan­te. En occitan, selon la syntaxe de Ronjat, le DE partitif est attesté
depuis le xiie siècle, mais sa géné­ralisation dans la plupart des parlers ne date que
de la deuxième moitié du xve siècle.
Quant au francoprovençal valaisan et valdôtain, une seule particularité
que je n’ai pas encore ren­contrée ailleurs, est à signaler : au pluriel, en position
prévocalique, nos parlers possèdent une con­sonne de liaison [z]. Si mon analyse
est correcte, il s’agit là d’un morphème pluriel initial analogique que l’on trouve
également en français, dans la tournure « entre quatre-z-yeux » ; la préposition
proprement dite est évidemment invariable.
Voici comment la situation se présente en francoprovençal valaisan. À Arbaz
(région de Sion), notre informatrice dit :
126
Les grammaires du francoprovençal
 dɪmˈẽz mĩzj d ɦl
Les dimanches ils mangeaient DE gâteau(x)*. (singulier ou pluriel :
du gâteau ou des gâteaux)
*[ɦl] cf. flon s.m. ‘flan, gâteau de toute espèce, tarte aux fruits’ (FB)
œ kɔntrɑ ɑ tˈʊ fo fɪɹe de te dɛː dɛ takɔnˈ
Euh contre la toux il faut faire DE thé de tussilage.
Ce [d] partitif se distingue évidemment de l’article défini prépositionnel :
mˈĩze d ˈy - pr ɔ zˈɑːn ɑwɔ ɑ mɪˈɔɑ dʏ p
Il mange D’œuf(s) … il prend le jaune avec la mie du pain 2.
Dans nos parlers, le partitif manger du pain [mzjˈɛ dɛ p] se distingue donc
clairement de la forme prépositionnelle la mie du pain [ɑ mɪˈɔɑ dʏ p], alors que les
deux formes se confondent en français.
En ce qui concerne le pluriel, voici deux exemples valdôtains caractéristiques
que nous avons enre­gistrés à Bionaz. D’abord la forme préconsonantique:
adˈ kãn dzˈɑːlə nɔ tɔpˈ lə flˈøː awˈɪ də ʀˈɑːmə də plˈtə
Alors quand il gèle nous couvrons les fleurs avec DE branches
d’arbre(s) .
Et voici la forme prévocalique, avec son [z] du pluriel analogique :
œ pə fe lɔ buʎˈoŋ œ bˈøtːo də z ˈʊsə awˈɪ la mɪˈoːla
Euh pour faire le bouillon euh je mets DE z-os avec la moelle.
À Bionaz non plus, aucune confusion n’est possible avec l’article défini
prépositionnel, qui est [di] (au masculin singulier et au pluriel) :
lɑ pltˈɔ ɔn ɪpˈɛja - ʊ dezˈɔ dɪ pjˈɑ
Il a planté une épine .. au dessous {du pied / des pieds}.
lə dzˈɔ dɪ fˈɪtə bˈøtɔ lʊ kʊtɪʎˈ pɪ dzˈɛ pə alˈɪ - ɑ mˈesːɐ
Les jours des fêtes je mets la robe la plus jolie pour aller … à la
messe.
Avant de poursuivre, jetons maintenant un regard sur la situation en français.
Celui-ci, au terme d’une longue évolution que je ne peux pas retracer ici (MarchelloNizia 1997 : 148-150), a fait encore un pas de plus dans la grammaticalisation du
partitif, en développant un véritable article partitif complet : en français on mange
du pain (et non pas *de pain), on boit de la bière et on mange des épinards, avec, en
plus, une distinction des formes entre le singulier et le pluriel.
127
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
fr.
sg.
le, l’
pl.
la, l’
un
les ([le, lez])
une
du, de l’ (de)
de la, de l’ (de)
des ([de, dez]), (de [də])
Les premières attestations de l’article partitif apparaissent en français au
cours du xiiie siècle, et elles deviennent fréquentes à partir du xve/xvie siècle.
Dans certains contextes (après des négations ou des adverbes de quantité), le
français standard a cependant conservé de nombreuses traces du système plus
ancien, analogue à celui de l’occitan et de celui que nous venons de voir en
francoprovençal : il ne mange pas de pain, il mange beaucoup de pain. C’est ce qui
explique le de entre parenthèses, dans le tableau ci-dessus.
Dans ce contexte, une petite précision s’impose : j’aimerais éviter un
malentendu fréquent qui con­siste à penser que certaines langues sont plus
«évoluées», plus «modernes» que d’autres parce que, sur un détail précis, elles
se sont éloignées davantage de leur origine latine. Personne ne dira pourtant
que l’espagnol, par exemple, est une langue «moins moderne», «moins évoluée»
ou «plus archaïque» que le français parce que, à l’heure actuelle, il représente
encore un système très proche du latin (et de l’ancien français) en ce qui concerne
l’encodage du partitif, et personne ne dira que l’italien est une langue «plus
évoluée» que l’espagnol parce qu’il représente un système partitif assez proche
de celui du français standard contemporain. À mon avis, la distinction de
langues «conservatrices» ou «innova­trices», avec les connotations véhiculées par
les notions de «conservateur» ou «innovateur», n’a pas beaucoup de sens : en
synchronie, toutes les langues qui coexistent sont aussi «modernes» les unes que
les autres. Tout simplement, elles illustrent les différentes virtualités évolutives
inhérentes au système du latin parlé dont elles sont issues, qu’elles aillent moins
loin ou plus loin que le français ordinaire – qui cons­titue souvent notre référence
mentale – pour une évolution linguistique donnée.
Pourquoi insister sur cette question ? C’est qu’à cet égard aussi, les matériaux
de l’ALAVAL sont instructifs. En effet, les parlers occidentaux du francoprovençal
valaisan, dans la petite zone située en amont du lac Léman, mais qui se prolonge
en francoprovençal de France, ont grammaticalisé un article partitif “complet”,
comme le français :
frp. (b)
128
sg. [lu, li, le, l]
[la, l]
pl.
le, lez]
[lu, luz]
[]
[ɔna]
[de, de z]
[dy] ([dɛ])
[dla] ([dɛ])
[dle, dle z] ([dɛ])
Les grammaires du francoprovençal
L’expression du pluriel
pré­p ositionnel défini
(«de+les») et de l’indéfini / parti­tif («des»)
m.
f.
déf. indéf.
défini
indéfini
[ di, dɪ ] [ de, dε, də ]
[ dy, dʏ ]
[ dei, dek, dœɪ, dεe ]
défini et indéfini
[ de ] (masculin)
[ də le, dle ] (féminin)
de, dε ] (masculin et
féminin)
Ill. n° 3 : l’expression du partitif en francoprovençal valaisan
La carte n° 3 n’est pas encore tout à fait définitive, mais elle montre l’essentiel.
Une fois de plus, différents systèmes grammaticaux coexistent dans notre petit
espace valaisan : Troistorrents et Val-d’Illiez, avec Sixt en Haute-Savoie voisine,
possèdent un article partitif complet qui distingue les deux genres, mais confond
formellement le partitif et l’article défini prépositionnel. À Vouvry et à la Cha­pel­
le-d’Abondance, les deux informateurs respectifs n’utilisent qu’une seule forme
partitive pour les deux genres, identique elle aussi à l’article défini prépositionnel.
Tout le reste du Valais et les parlers valdô­tains, en revanche, distinguent le de
partitif de l’article défini prépositionnel, une zone qui se prolonge par ailleurs en
piémontais3.
Évidemment, dans un tel cas, on se demande toujours si les dialectes qui ont
un système plus ou moins comparable au français ont été influencés par celuici : on n’est jamais sûr si un dialecte de l’espace galloroman, au cours de sa
coexistence séculaire avec la langue toit dominante, a subi l’influen­ce du français.
En réalité, dans ce cas précis, selon tous les indices disponibles, il s’agit bien plutôt
d’une évolution interne et indépendante, car, comme le montre la carte n° 3, le
phénomène se trouve justement dans des parlers qui maintiennent la distinction
du masculin et du féminin pluriel, avec une opposition [de] au masculin, [dle]
au féminin, complètement inconnue en français et dans les parlers d’oïl. Une
influence du DES français me semble donc exclue car, lorsque l’influence du
français se manifeste réellement dans un parler donné – comme c’est le cas dans
129
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
nos données de Vouvry et de la Chapelle-d’Abondance – elle s’accompagne aussi
de la neutralisation des genres au pluriel.
À cela s’ajoute le fait que dans nos parlers, la généralisation de l’article partitif va
nettement plus loin qu’en français standard, avec des emplois qui vont carrément
à l’encontre de la grammaire de la langue scolaire qui aurait pu influencer les
parlers francoprovençaux. C’est ce que montrent les exem­ples suivants que nous
avons enregistrés à Val-d’Illiez, et qui utilisent un article partitif complet même
après une négation, ou après un adverbe de quantité :
o ma mjɪʁ gʀã  l ɑtʃtˈav pa d le bʁˈöjɛ - e e fasˈa mˈmɐ
Oh ma mère-grand elle achetait pas des (litt. DE LES) habits* …
elle les faisait même.
*[bʁˈöjɛ] cf. brouye s.f. ‘vêtement en général’ (spécialement à Val' 2, 850s.)
d’Illiez ; cf. GPSR
k bʁˈyɔ - ˈiʀ pˈiɲa mdʒˈiv pʀø d le taʁtˈinɛ
Quand {..} j’étais petite je mangeais beaucoup des (litt. DE LES)
tartines.
Il est vrai que des tournures similaires ont également été observées en français
populaire, en français non standard (Frei 1929 : 197-199) et dans certains dialectes
oïliques du Nord de la France tels que le wallon (Remacle 1952-60, I, 104-107),
c’est-à-dire dans des formes de langue d’oïl dont l’évolution n’a pas été inhibée
par la norme du français : si le français standard nous oblige à dire beau­coup de, peu
de, pas de, c’est dû à un blocage de l’évolution par les grammairiens normatifs du
xviie siècle, un blocage qui n’a pas pu agir sur le français populaire et les dialectes
d’oïl – et qui de toute fa­çon n’a pas agi sur nos parlers francoprovençaux, qui ont
pu achever ainsi le développement de l’article partitif.
3. Conclusions
J’ai tenté de résumer ces observations dans le schéma n° 4 ci-dessous. Si mon
interprétation des données est exacte, le constat géolinguistique rendu possible
par les données de l’ALAVAL fonctionne comme un révélateur de l’évolution
des grammaires partitives qui a caractérisé les langues galloromanes dans leur
ensemble.
130
Les grammaires du francoprovençal
Diacronie : phylogenèse
des différents encodages
de la “partitivité”
Partitif Ø
DE partitif
DE + article défini
> article partitif
latin 0
A
B
C
1
gascon, espagnol
2
languedocien
3
francoprovençal (a)
4
français “standard”
5
francoprovençal (b)
6
wallon et autres
langues d’oïl
Syncronie : les différents
encodages de la notion
de “partitif”
Ill. n° 4 : synchronie et diachronie des systèmes partitifs
Dans une lecture de gauche à droite, en diachronie, les trois différents “nœuds”
de ce schéma repré­sentent les différents “décrochages” qui se sont produits au cours
de l’histoire des langues galloroma­nes, par l’introduction de certaines innovations par
rapport au système latin qui constitue leur base commune. Le système A du gascon et
de l’espagnol est pratiquement identique à celui du latin. La deuxième phase est celle
du système B, présent en languedocien, en provençal strictu sensu et dans une partie
du francoprovençal. Le système C est celui qui se trouve en français contemporain,
dans une autre partie des parlers francoprovençaux et en wallon, par exemple.
Si nous lisons ce schéma du haut en bas, dans notre synchronie, nous constatons
que les diffé­rentes phases de cette histoire sont toujours présentes dans l’espace
galloroman, du système le plus pro­che de ses origines latines en haut, en gascon,
au système le plus éloigné de ses origines latines en bas, dans certaines langues
régionales du domaine d’oïl et dans une partie du francoprovençal. Je pense donc
que grâce au regard géolinguistique, en observant les formes contemporaines
des différentes variétés galloromanes, nous sommes en mesure, comme le fait la
recherche en biologie lorsqu’elle étudie le développement des espèces vivantes,
de mieux comprendre la phylogenèse des systèmes partitifs qui coexistent
actuellement dans les langues romanes occidentales4.
Quant au francoprovençal qui est le point de départ et d’aboutissement de
ma réflexion, ce qui me semble caractéristique, c’est que nous le trouvons à
131
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
deux endroits différents de ce schéma. Étant donné qu’au cours de son histoire,
le francoprovençal n’a jamais été grammatisé (aucune Académie ne lui a jamais
imposé des règles), il a toujours pu se développer dans une entière liberté. De
ce fait, il se présente à nous comme un véritable laboratoire qui nous permet
d’observer en synchronie, à travers les ma­té­riaux de notre Atlas, l’élaboration de
différentes virtualités du système linguistique latin.
n o t e s
1
Je tiens à remercier Chiara Marquis, de l’équipe ALAVAL, qui a effectué le travail.
Dans la première moitié de cette phrase, on trouve la forme prévocalique de la préposition partitive [d] : [d ˈy] ‘de l’œuf / des œufs’.
2
Un grand merci à Marco Rivoira pour cette information, corroborée par les cartes AIS
1037 «(se ci fosse) acqua» et 1343 «Per prendere del vino» pour la quasi-totalité des parlers
piémontais.
3
Du même coup, l’analyse des systèmes actuels, dans leur diversité, peut très probablement nous permettre de mieux comprendre les phénomènes que nous observons dans
l’ancienne langue, à différents moments de l’histoire.
4
B
i b l i o g r a p h i e
Carlier, Anne, «From preposition to article. The grammaticalization of the French
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Eckert, Gabriele, Sprachtypus und Geschichte. Untersuchungen zum typologischen
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132
Les grammaires du francoprovençal
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Foulet, Lucien, Petite syntaxe de l’ancien français, Paris : Champion, 1977 [=31930].
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133
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
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Vaugelas, Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise, édition critique avec
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Vaugelas, Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise, Paris : Camusat /
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134
Désinences de la 2e personne
du pluriel de l’indicatif présent des verbes
du premier groupe en francoprovençal
Jean-Baptiste Martin
On sait qu’une des caractéristiques
principales du francoprovençal, puisque
c’est à partir de celle-ci qu’on trace
la limite entre le francoprovençal et
l’occitan, est la double évolution du a
conditionnée par la nature de la consonne
précédente. La désinence de la 2e personne
des verbes du premier groupe est donc
concernée par cette caractéristique car
elle remonte à la désinence latine –ÁTIS.
Pour cette personne, dans tous les parlers
francoprovençaux, on devrait donc avoir,
comme c’est le cas à l’infinitif dont la
désinence vient du latin –ÁRE, deux
désinences différentes selon que le á
était, ou non, précédé d’une consonne de
type palatal. Cette différence qu’on retrouve dans d’autres modes a conduit à
distinguer dans les grammaires du francoprovençal pour les verbes issus de la
première conjugaison latine deux sous-groupes : groupe Ia pour les verbes où le
a n’était pas précédé de consonne palatale, groupe Ib pour les verbes où le a était
précédé d’une consonne de type palatal. C’est à cause de cette caractéristique
que certains parlers francoprovençaux connaissent encore aujourd’hui quatre
désinences différentes pour l’ensemble de la conjugaison, comme je l’ai montré
dans l’article « Désinences de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent en
francoprovençal : formes et structures » publié dans les mélanges offerts à Jean
Lanher1.
Nous allons voir que, si une majorité de parlers a conservé des formes
conformes au traitement phonétique francoprovençal et maintenu la distinction
ancienne entre les deux sous-groupes, beaucoup d’autres ont perdu cette
distinction à l’indicatif présent, comme d’ailleurs à l’impératif dont les formes
sont généralement identiques à celles de l’indicatif. Certains patois ont généralisé
l’une des deux désinences, d’autres ont remplacé l’une ou l’autre de ces désinences
et parfois les deux par la désinence d’un autre groupe. Un nombre important de
parlers a aussi modifié les désinences anciennes en leur ajoutant le morphème
analogique –de.
135
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
1. Formes phonétiquement régulières
Les formes phonétiquement régulières sont celles qui sont conformes
à la double évolution du a. La désinence de l’indicatif est alors généralement identique à la désinence de l’infinitif qui est restée stable,
donc conforme à l’évolution attendue du a.
1.1. Groupe Ia
Les formes de la désinence des verbes du groupe Ia sont représentées sur la carte n°
1 qui a été établie avec les données des cartes « vous chantez » de l’Atlas linguistique et
ethnographique du Lyonnais (ALLy), « vous portez » de l’Atlas linguistique et ethnographique
du Jura et des Alpes du nord (ALJA), « vous levez » de l’Atlas linguistique de la France
(ALF) pour la partie suisse et italienne. Dans la partie laissée en blanc, les formes sont
régulières. L’on sait qu’en francoprovençal, lorsque ne s’exerce pas la loi de Bartsch,
le plus souvent le a tonique est resté a, lequel a s’est vélarisé dans la partie centrale.
Les formes -a et -o, qui sont les plus nombreuses, sont donc régulières (on notera
que le s final de –ATIS s’est maintenu en quelques points conservateurs (point 64 de
l’ALJA, point 986 de l’ALF). a tonique est cependant devenu é ou è dans le nord du
francoprovençal sous l’influence de la langue d’oïl, dans le nord-ouest sous l’influence
de l’auvergnat2, et de façon autonome dans certains points du Val d’Aoste, du Valais et
de Savoie comme l’ont démontré Hans-Erich keller3 et Robert Geuljans4.
Carte n° 1
136
Désinences de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent des verbes…
Comme aujourd’hui mon objectif n’est pas d’étudier ces évolutions phonétiques
assez différentes, je me contenterai de renvoyer à ces études.
Toutes les autres formes, à savoir -i, -aé, -ade ne sont pas régulières sur le plan
phonétique, car elles ne correspondent pas au résultat attendu de l’évolution
de –ATIS derrière consonne non palatale. Comme on les retrouve également au
groupe Ib, je ne les étudierai qu’après avoir traité des formes phonétiquement
régulières du groupe Ib.
1. 2. Groupe Ib
Les formes correspondent à l’évolution attendue de –ATIS derrière consonne
de type palatal, dans la partie blanche de la carte n° 2 qui a été établie avec les
données de la carte « vous jouez » de l’ALLy et de la carte « vous mangez »de
l’ALJA et qui est donc limitée à la partie du francoprovençal située en France, car
pour la partie suisse et italienne il n’y a pas de carte correspondante de l’ALF.
Pour l’est du francoprovençal, j’utiliserai les données des monographies que j’ai
pu avoir à ma disposition pour la Suisse et, pour le Val d’Aoste, je m’appuierai
sur les enquêtes encore manuscrites qui ont été faites pour l’atlas linguistiques et
qui ont été aimablement mises à ma disposition par le BREL grâce à Christiane
Dunoyer qui a servi d’intermédiaire.
Carte n° 2
137
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Ces formes, dont les plus fréquentes sont -é, -è, iyé,-i, -yé, correspondent
généralement à celles de l’infinitif et à l’évolution du a tonique derrière consonne
de type palatal dans n’importe quel mot. Au point 64 de l’ALJA (Bessans en haute
Maurienne), la désinence –és comporte en plus le s final de la désinence latine
–ATIS.
En Suisse peuvent être considérées comme régulières les formes -é de Vionnaz5
et d’Hérémence6, -yi de Bagnes7, -i de Sottens8 ou de Genève comme l’a bien
montré Oscar Keller dans son ouvrage La flexion du verbe dans le patois genevois9
qui prend aussi en compte des parlers non genevois. À noter cependant qu’à
Sottens à côté de la forme régulière -i existe aussi la forme analogique -ide.
Au Val d’Aoste il n’y a qu’un nombre très limité de formes qui peuvent être
considérées comme régulières sur le plan phonétique. Dans les enquêtes pour
l’atlas que j’ai eues à ma disposition, trois formes correspondent à l’évolution du
á : la forme -ë de Champorcher qui est propre au groupe Ib, la forme -é d’Ayas et
de Valtournanche qui est commune à tous les groupes et la forme -i de Gaby qui
est également commune à tous les groupes.
AR
AY
CH
CO
EM
FE
138
Arnad
Ayas
Champorcher
Cogne
Émarèse
Fénis
GA
LS
LT
OY
QU
RH
Gaby
La Salle
La Thuile
Oyace
Quart
Rhêmes-St-Georges
SA
SO
VS
VT
Sarre
Saint-Oyen
Valsavarenche
Valtournenche
Désinences de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent des verbes…
2. Formes phonétiquement non régulières
Il existe dans l’ensemble du domaine francoprovençal un nombre important
de formes du groupe I qui ne sont pas conformes au traitement phonétique du
francoprovençal et on les trouve aussi bien au groupe Ia qu’au groupe Ib. Dans
l’Est, ces formes sont même majoritaires.
2. 1. Groupe Ia
Au groupe Ia ne sont pas phonétiquement régulières les formes -i, -aé et -ade.
La désinence -i se rencontre dans le nord du Lyonnais et dans la région
genevoise. Comme dans certains parlers i est le résultat de palatale + -ATIS, on
peut considérer qu’il s’agit d’une forme analogique du groupe Ib. Mais cette
explication n’est pas valable pour tous les points car, dans certains parlers, a
précédé de consonne palatale est devenu é.
Si l’on compare l’ensemble des désinences de la conjugaison, on constate
que, dans les aires concernées, -i est la désinence de tous les groupes. C’est donc
l’analogie du groupe II qui doit être mise en avant car dans tous ces parlers –ITIS
a donné i. Le fait que palatale + -ÁTIS et –ĺTIS aient donné le même résultat ( i ) n’a
pu que favoriser la généralisation de cette forme à l’ensemble de la conjugaison.
La forme -aé du point 66 de l’ALLy est analogique de la désinence du groupe
IIIa et remonte donc au latin –ĒTIS.
La forme -ade (ou -ode) de l’est (principalement Suisse et Val d’Aoste) est
en fait constituée de deux éléments : le a (ou le o) continue la désinence latine
–ATIS, la finale de est analogique des formes fortes qui remontent aux formes
proparoxytoniques latines en –ĬTIS. Comme ce type de formation concerne aussi le
groupe Ib, je l’expliquerai plus en détail après en avoir vu les autres occurrences.
2. 2. Groupe Ib
Pour le groupe Ib ne sont pas régulières sur le plan phonétique les formes -o,
-aé, -ade et -ide.
La forme –o, qu’on trouve dans une aire importante comprenant le nord du Lyonnais
et une grande partie de la Bresse, est la même qu’au groupe Ia où elle est régulière.
Dans cette aire, il y a donc eu extension de la désinence du groupe Ia au groupe Ib.
La désinence -aé du point 66 de l’ALLy, que nous avons déjà trouvée au groupe
Ia, est analogique du groupe IIIa. Il en va de même pour désinence -ay des points
23 et 37 de l’ALLy.
139
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
La désinence –ide de l’est de la Haute-Savoie est constituée de -i, continuateur
de –ATIS précédé de consonne palatale, auquel a été ajouté le morphème
analogique de déjà évoqué. On trouve une situation comparable à Cogne au Val
d’Aoste puisqu’à la désinence -ë a été ajouté le morphème de.
La désinence –ade ou –ode, qui est très fréquente au Val d’Aoste (elle a été
relevée en neuf points sur seize) est la même que la désinence du groupe Ia dont
elle est analogique, mais, comme nous l’avons vu, au groupe Ia seul le a ou le o
est régulier.
3. Tendances générales
L’analyse de la documentation fournie par les atlas et par les monographies a
montré que la distinction entre le groupe Ia et le groupe Ib reste encore majoritaire
sur l’ensemble du francoprovençal, ce qui signifie que la caractéristique phonétique
fondamentale du francoprovençal qu’est la double évolution du a reste encore
vivante dans cette partie de la conjugaison. Mais, alors qu’à l’infinitif, mode à
forme unique, cette caractéristique est presque partout présente, à la 2e personne
du pluriel de l’indicatif elle s’est effacée dans plusieurs aires. Dans une aire
importante du centre et de l’ouest, c’est la forme du groupe Ia qui a été étendue
au groupe Ib. On observe le même phénomène au Val d’Aoste où la désinence
–ade s’observe aussi bien au groupe Ib qu’au groupe Ia. Dans le nord du Lyonnais
et dans la région de Genève, c’est la forme i commune au groupe Ib et au groupe
II qui a été étendue au groupe Ia.
En quelques points du Lyonnais, les formes du groupe Ia et du groupe Ib ont
été remplacées par la forme du groupe IIIa.
L’évolution la plus originale et la plus importante puisqu’elle touche toute la
partie orientale du domaine francoprovençal est l’adjonction du morphème –de à
la désinence issue de –ATIS, qu’il s’agisse de -a ou de -o, désinence originelle du
groupe Ia, ou de -i ou -e, désinence originelle du groupe Ib.
Le morphème de provient des formes fortes de la troisième conjugaison
qui sont particulièrement nombreuses en francoprovençal, comme je l’ai déjà
souligné dans la contribution « Les formes fortes de la deuxième personne
du pluriel de l’indicatif présent en francoprovençal » que j’ai écrite pour les
mélanges offerts à Gérard Taverdet10. Alors qu’en français, il n’y a plus que deux
formes fortes ( dites et faites ), en francoprovençal, en parcourant seulement les
atlas, on en compte une vingtaine (ex. poudes « pouvez », sades « savez »…).
Dans la monographie de Bagnes en Suisse réalisée par G. Bjerrome, toutes
les formes du 3e groupe signalées sont fortes. Le morphème de représente la
terminaison des formes latines proparoxytoniques. –ĬTIS a évolué en –de dans
l’est et le sud du francoprovençal. Dans l’est du domaine francoprovençal,
en raison du grand nombre de formes fortes, cette terminaison est apparue
140
Désinences de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent des verbes…
comme une caractéristique de la 2e personne du pluriel et elle a été ajoutée aux
désinences -a, -i, -ey des formes faibles, ce qui a donné les nouvelles désinences
–ade, -ide, -eyde. La présence du morphème de n’est cependant pas toujours
constante, comme l’a bien montré Hans-Erich Keller qui signale, par exemple,
qu’à Courmayeur le de ne se trouve qu’« à la fin de ce qui représente une unité
morphologique dans la conscience du patoisant »11. Il indique aussi que dans le
Val Saona, on dit vuléde pour « vous voulez » mais vulé vo pour « voulez-vous ».
Au Val d’Aoste où le morphème de est très présent puisqu’on le retrouve dans
la très grande majorité des parlers et dans tous les groupes, les enquêtes de
l’atlas font apparaître une tendance à la généralisation de la désinence d’un
groupe ou d’un sous-groupe. Ainsi –ade est la désinence de tous les verbes à
Sarre, Saint-Oyen, Oyace et à Fénis et même à Quart puisque –ade et –eyde y
coexistent au groupe Ia.
L’analyse des cartes fait apparaître deux points importants que je veux
souligner.
1. En morphologie verbale, les formes régulièrement issues du latin, donc
conformes aux lois phonétiques qui caractérisent le francoprovençal, sont
souvent remplacées par des formes de type analogique. Cela bouleverse
le système originel et crée une fragmentation supplémentaire (en
francoprovençal la fragmentation est importante sur le plan phonétique), car
cette évolution ne touche pas l’ensemble des parlers et les réorganisations
ne se font pas toutes de la même façon. L’étude géolinguistique des formes
de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent illustre bien le phénomène
de désorganisation-réorganisation fréquent en morphologie verbale puis­
que plus du tiers du domaine francoprovençal est concerné. La plupart
des évolutions se traduisent par une simplification, car dans beaucoup de
parlers il n’y a plus qu’une seule désinence au lieu de deux au premier
groupe ; et dans certains parlers, il n’y a plus qu’une seule désinence pour
l’ensemble des verbes. On observe d’ailleurs une phénomène comparable,
mais encore plus fort puisqu’il touche la plus grande partie du domaine
francoprovençal, pour l’indicatif imparfait, car le morphème v qui, à
l’origine, ne se trouvait qu’au groupe I, a gagné les groupes II et III (sur
amave ont, par exemple, été faits venive et vendève). Le v est apparu comme
morphème spécifique de l’imparfait et a été étendu aux verbes qui ne le
possédaient pas12.
2. Si en francoprovençal la désorganisation est, comme l’ai souligné, un
facteur de fragmentation, on voit que se manifeste aussi une certaine
unité dans la réorganisation, du moins dans la partie est du domaine.
Nous avons en effet pu constater qu’au groupe I – mais c’est vrai aussi
pour les autres groupes –, les formes faibles en –de se trouvent au Val
d’Aoste, dans une grande partie de la Suisse romande et, en France, dans
une bonne partie des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.
C’est donc dans les Alpes, aire privilégiée de cette journée d’étude, que
141
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
ce phénomène de syncrétisme se produit et c’est au Val d’Aoste où nous
nous trouvons qu’il manifeste la plus grande intensité et la plus forte
vitalité. Pour ce phénomène, comme pour bien d’autres, on constate que
les Alpes ne constituent pas une barrière puisqu’il se développe sur le
versant oriental et sur le versant occidental.
Mais, que ce soit dans les Alpes ou dans le reste du domaine, l’étude des
formes de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent est un exemple tout à fait
révélateur de la dynamique du langage puisque beaucoup de formes anciennes
conformes aux évolutions phonétiques du francoprovençal ont été remplacées
par des formes refaites.
n o t e s
1
Lorraine vivante, hommage à Jean Lanher, Presses universitaires de Nancy, 1993, p. 377-388.
Cf. Pierre Gardette, Géographie phonétique du Forez, Mâcon, 1941, p. 181-185 et carte 38,
et Albert Dauzat, Géographie phonétique d’une région de Basse-Auvergne, Paris, 1906 p. 60 et
carte VI.
2
Hans-Erich Keller, Études linguistiques sur les parlers valdôtains, Romanica Helvetica, n° 66,
Berne, 1958, p. 54.
3
4
Robert Geuljans, « ARE > e dans les parlers valdôtains, valaisans et savoyards », Revue de
linguistique romane, 1971, t. 35, p. 251-252.
Jules Gilliéron, Patois de la commune de Vionnaz, Bibliothèque de l’école des hautes études,
Paris, 1880.
5
6
Léon de Lavallaz, Essai sur le patois d’Hérémence, Paris, 1899.
7
Gunnar Bjerrome, Le patois de Bagnes, Stockholm, 1957.
8
Fernand Jaquenod, Essai sur le verbe dans le patois de Sottens, Lausanne, 1931.
9
Genève, 1928.
Mélanges de dialectologie, toponymie, onomastique offerts à Gérard Taverdet, Textes réunis par
Jean Foyard et Philippe Monneret, Dijon, 2001, p. 347-358.
10
11
Études valdôtaines, p.127.
J’ai étudié cette caractéristique dans l’article « Le cycle désorganisation - réorganisation
en morphologie verbale : le cas de l’indicatif imparfait » dans Études de linguistique gallo-romane (sous la direction de Mario Barra-Jover…, Presses universitaires de Vincennes,
2012, p. 261-278).
12
142
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi
(CLAPie)
Saperi etnolinguistici in rete
Matteo Rivoira
Obiettivo di queste pagine è la
presentazione del progetto di ricerca e
divulgazione Culture e Lingue delle Alpi
Piemontesi (CLAPie)1, avviato presso
l’Università di Torino nel 2012 e tuttora
in fase di realizzazione grazie al lavoro
di un’équipe multidisciplinare che vede
coinvolti dialettologi e antropologi afferenti
ai dipartimenti di Studi Umanistici, di
Filosofia e Scienze dell’Educazione e di
Lingue e Letterature Straniere e Culture
Moderne2 coordinati da Federica Cugno,
docente di geografia linguistica e redattrice
dell’Atlante Linguistico Italiano.
Come anticipa il suo sottotitolo, Atlanti
linguistici, musei etnografici: percorsi multimediali per l’educazione al territorio alpino, il
progetto si propone di recuperare, armonizzare e valorizzare su un’unica piattaforma
informatica multimediale i risultati di campagne di ricerca etnolinguistiche –
spesso di difficile reperibilità sia per i ricercatori sia per le altre categorie di fruitori
(operatori museali e scolastici, turisti) – mettendoli in relazione con quanto è stato
archiviato localmente e con i risultati di diverse indagini sul patrimonio culturale
delle Alpi occidentali condotte in ambito accademico. L’obiettivo principale è
quello di individuare percorsi di lettura del territorio alpino in parte inediti che
possano diventare uno strumento importante anche nell’ottica di uno sviluppo
locale (uso di nuovi strumenti educativi, promozione finalizzata al turismo con
ricadute socio-economiche, ecc.). Risultato non secondario del progetto è inoltre il
contributo che si intende dare alla salvaguardia e alla promozione del cosiddetto
patrimonio culturale immateriale.
Ambito territoriale e argomento
L’orizzonte di interesse del progetto è costituito dalle Alpi piemontesi nella
loro complessità culturale e geografica, tuttavia, al momento della sua messa in
opera, si è scelto di concentrare lo sguardo su un territorio assai più ridotto –
143
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
quello delle cosiddette Valli Valdesi3, cioè la Val Pellice, la Val Germanasca e la
bassa Val Chisone, in provincia di Torino – e, al contempo, di limitare l’indagine
a un solo tema, quello dell’alpicoltura. La decisione di ridurre l’estensione della
ricerca è una scelta che si giustifica nel quadro di una strategia volta a dedicare
una maggiore attenzione all’elaborazione teorica di un modello di classificazione
dei dati e delle relazioni tra essi che fosse al contempo potente e versatile.
A guidare l’équipe nell’individuazione del territorio, sono state considerazioni
di carattere eminentemente pratico nell’ottica di facilitare l’avvio del progetto: le
Valli Valdesi dispongono da tempo di un vero e proprio sistema museale che fa
capo al Centro Culturale Valdese di Torre Pellice, comprendente i “musei valdesi”
di Torre Pellice e di Rorà in Val Pellice, di Balsiglia a Massello, di Pomaretto
(“Collezione Ferrero”), di Prali e di Rodoretto in Val Germanasca, di Pramollo
e di San Germano in bassa Val Chisone, ognuno dei quali contempla sezioni
etnografiche di diversa importanza4. Il territorio delle Valli Valdesi si connota
peraltro anche per una sua specificità dal punto di vista socio-culturale5.
Anche la rete dei rilievi linguistici è relativamente densa per quest’area: il
territorio fu infatti interessato dalle ricerche condotte per l’Atlas Linguistique de
la France (ALF) da Edmond Edmont, che nel 1900 salì a Maisetta (Punto 982),
nell’allora comune di Faetto (Perrero), e si recò successivamente a Bobbio Pellice
(Punto 992). Paul Scheuermeier, a sua volta, si recò per l’Atlante italo-svizzero
(AIS) a Pramollo (Punto 152), precisamente alla Ruâ (Ruata), dove si fermò alcuni
giorni, dal 1° al 5 di agosto 1922, scattando anche diverse fotografie6. Alcuni anni
più tardi sarà Ugo Pellis, raccoglitore per l’Atlante Linguistico Italiano (ALI), a
salire prima a Ghigo di Prali (Punto 47), nell’agosto del 1936, e poi al Serre di
Angrogna (Punto 55), nel luglio dell’anno successivo. Come il suo predecessore
svizzero, anch’egli, oltre a compilare il suo ricco questionario, si premurò di
scattare un certo numero di fotografie, alcune delle quali sono state pubblicate in
Pons (1978), mentre le altre si possono visualizzare (con didascalie purtroppo in
parte errate) sul sito internet della Società Filologica Friulana. In tempi più vicini
a noi – negli anni ’80, con un supplemento d’indagine negli anni ’90 – l’Atlante
Linguistico ed Etnografico del Piemonte Montano (ALEPO), ha condotto indagini in
ben tre punti di inchiesta: Villar Pellice (Punto 440), Pramollo (Punto 410) e San
Martino di Perrero (Punto 430)7.
Per quanto riguarda le indagini di tipo toponomastico, anch’esse oggetto
d’interesse nella prospettiva di CLAPie, si contano tre volumi pubblicati
dall’Atlante Toponomastico del Piemonte Montano (ATPM-Rorà, ATPM-Pramollo e
ATPM-Massello), e ricerche avviate in pressoché tutti i comuni dell’area8.
Dal punto di vista dell’argomento scelto, l’alpicoltura, le considerazioni sono
state invece di altra natura: in questo caso si è inteso privilegiare un ambito
caratterizzato da una ancora forte vitalità (gli alpeggi infatti sono tuttora attivi e,
soprattutto, sono sfruttati da valligiani come nel recente passato) e connotato da
una notevole complessità, sia sul piano delle modalità di sfruttamento del territorio
144
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
sia su quello delle sue implicazioni nella struttura della società. Le pratiche legate
allo sfruttamento dell’alpeggio, inoltre, si prestano a essere studiate anche dal
punto di vista della coesistenza di tecniche e saperi tradizionali e accanto a
innovazioni moderne, giacché alcune produzioni sono rimaste sostanzialmente
le stesse, benché gli strumenti siano in parte mutati e i prodotti siano stati inseriti
in filiere di distribuzione del tutto nuove rispetto al passato.
Modelli e struttura
Il modello di organizzazione concettuale e informatica dei dati da cui si è
partiti per l’elaborazione della piattaforma digitale è quello di MuseoTorino9,
museo virtuale del capoluogo piemontese concepito da Daniele Jalla e realizzato
e gestito dall’Assessorato alla cultura della Città.
Si tratta di un «museo diffuso, costituito dall’insieme di beni,
luoghi, edifici, spazi, siti, elementi del paesaggio, naturale o
antropizzato, che costituiscono la città, interpretati e comunicati come sistema unitario attraverso un insieme di strumenti
[…] in grado di assicurarne l’identificabilità, l’accessibilità,
l’intelligibilità»10.
Ogni elemento è georeferenziato e le informazioni che lo riguardano sono
contenute in schede organizzate per classi e per tipi inserite in una base dati
“a grafo”, basata cioè sul modello della teoria dei grafi, dove le informazioni sono
contenute nei cosiddetti “nodi” (nel nostro caso le schede, divise per classi e tipi,
v. oltre), collegati tra loro da “archi”, vale a dire delle relazioni orientate e dotate
di valore da un punto di vista semantico11.
Una tale organizzazione dell’informazione garantisce una maggior flessibilità
rispetto alle tradizionali banche dati di tipo relazionale, nonché una maggior
efficienza dal punto di vista del reperimento dei dati, consentendo di muoversi
all’interno dell’archivio in modo più intuitivo e capace di consegnare, nell’atto
della consultazione, tutta la complessità della rete di relazioni significative che
legano gli oggetti, con un approccio in linea con il modello del web semantico
(web 3.0).
Tale opzione è apparsa la più adeguata sin dalle primissime fasi di elaborazione
del progetto, in considerazione della complessità del tipo di informazioni che
sarebbero state caricate (che includono dati di carattere linguistico ed etnografico
in vari formati, dall’informazione testuale a quella iconografica e audiovisiva).
Nella fase di avvio del progetto sono stati quindi formalizzati una convenzione
e un protocollo d’intesa tra l’Assessorato alla Cultura del Comune di Torino, ente
che gestisce MuseoTorino, e il Dipartimento di Studi Umanistici dell’Università
degli Studi di Torino, al quale afferisce la coordinatrice del progetto, nonché una
145
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
parte dei ricercatori coinvolti, rendendo possibile un fruttuoso scambio tanto
sul piano dell’elaborazione teorica quanto sulla condivisione della struttura
informatica già realizzata per MuseoTorino. A partire dal software a suo tempo
progettato per l’archivio multimediale di MuseoTorino, sono state quindi elaborate
alcune “estensioni” che riguardano la formulazione delle categorie e dei tipi di
“oggetto” classificati e allocati nella banca dati; sono state precisate le relazioni
significative tra i dati, in modo coerente alle impostazioni teoriche delle scienze
linguistiche e antropologiche e si è provveduto a impostare l’implementazione di
particolari funzioni tecniche come la possibilità di tracciare e ritagliare lo spazio
oggetto di indagine secondo linee e poligoni (laddove il software originario di
MuseoTorino prevede la semplice individuazione di punti).
Attraverso una serrata riflessione condotta da un gruppo di lavoro
multidisciplinare insieme all’informatico autore di MuseoTorino (cfr. Farina
Perseu 2012) è stata messa a punto una struttura che prevede la catalogazione
non solo degli oggetti fisici conservati nei musei o presenti in altri luoghi
delle valli indagate, ma anche delle parole che sono impiegate localmente per
nominarli e dei toponimi, nomi di luogo spesso ancora trasparenti nel significato,
se considerati alla luce delle parlate locali, nei quali sono conservate numerose
informazioni attinenti allo sfruttamento del territorio.
I nodi
Nello specifico, sono state previste 7 classi di schede variamente concepite,
ognuna delle quali prevede diversi sottotipi (le classi di schede georeferenziate
sono quelle relative al luogo e all’evento). Esse sono:
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Soggetto
Altre fonti
Carte geografiche
Dizionario
Informatore
Raccoglitore
Ente
Come si vede si tratta dei “soggetti” da cui è tratta o che hanno fornito
l’informazione: dalle comuni fonti bibliografiche, agli informatori e ai raccoglitori
degli atlanti linguistici. La categoria 1.6 è mutuata da MuseoTorino.
2.Oggetto
2.1 Fisico
146
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
Vengono classificati come oggetti tutti i realia conservati nei musei e altrove,
ognuno dei quali corredato di una fotografia.
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
3.6
3.7
Luogo
Orografia
Idrografia
Vegetazione
Insediamenti
Vie di comunicazioni
Museo
Edificio
I tipi relativi alla classe “luogo” sono desunti, ad eccezione dei tipi 3.6 e 3.7
mutuati da MuseoTorino, dalle macrocategorie di classificazione dello spazio
individuato da un toponimo elaborate a suo tempo dall’ATPM.
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
Linguaggio
Significante
Concetto
Toponimo
Traduzione
Lessotipo
Questa classe è quella che più arricchisce l’originario impianto di MuseoTorino.
Dal punto di vista operativo, l’informazione linguistica è stata scomposta a un
livello tale da permettere di stabilire relazioni tra i singoli elementi che fossero
pertinenti nel quadro della teoria linguistica di impianto strutturalista e coerenti
al metodo di elicitazione dei dati, evitando inutili ridondanze. In particolare,
sono stati individuati “tipi” di scheda diversi per il “significante” e il “concetto”
(o “significato”), collegando le numerose forme dialettali raccolte a un medesimo
significato (nella maggior parte dei casi si è partiti dalle domande poste dai
questionari degli atlanti linguistici); al contempo i realia (gli “oggetti”, vale a
dire i “referenti”) sono stati considerati come “istanze” del “concetto” e non del
“significante”. Si è poi individuato il tipo “toponimo”, di fatto una particolare
categoria di “significante”, poiché i microtoponimi registrati durante le inchieste
dell’ATPM, per quanto perlopiù trasparenti e motivati, sono pur sempre dei
nomi propri e il tipo di relazione che intercorre tra questi e i luoghi ai quali
si riferiscono prescinde dal riferimento a un significato, anche nei casi in cui
questo è ancora trasparente e facilmente motivabile (per una prima discussione
della questione, cfr. Rivoira (2011) e (2013), cui si rimanda in particolare per
la bibliografia citata, si vedano inoltre Cusan (2009) e (2013) per un’analisi
del funzionamento del sistema toponimico nella sua dimensione strutturale).
Il significato dei toponimi, a sua volta, viene riportato in una scheda di tipo
“traduzione”, la quale potrà essere connessa con un altro “significante” e/o a
147
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
un altro “concetto”. Per fare un semplice esempio, il toponimo Fiounira [fiuˈnira]
si riferirà a un luogo preciso sulle alture di Bobbio Pellice e sarà collegato a una
scheda «traduzione», dove sarà riportato il significato ‘luogo dove cresce il
trifoglio alpino’, e che, a sua volta, sarà messa in relazione a una scheda di tipo
«concetto» intitolata ‘trifoglio alpino’, che sarà collegata da una relazione di tipo
«è denominato» alle forme localmente attestate per quel determinato concetto,
come ad esempio [feˈuŋ]. La scheda di tipo “lessotipo”, invece, è stata prevista
nell’ottica di giungere a una prima organizzazione delle forme da un punto di
vista etimologico, avendo come modello quanto elaborato in seno all’ALEPO
(v. Cerruti / Regis 2008).
5.
5.1
5.2
5.3
Evento
Festa
Fiera
Processo
La classe “evento” raggruppa tipi di scheda relativi a eventi puntuali come la
“festa”, la “fiera” ecc. che ricoprono un ruolo di particolare importanza nel ciclo
annuale che regola le attività sociali degli alpigiani, e “processi” di altra natura
come possono essere le trafile produttive dei prodotti caseari o la stessa salita
all’alpe. In questo modo entità complesse non vedono la loro unitarietà dispersa.
Il singolo evento è descritto nei dettagli e corredato da video o da fotografie che
ne mostrano le fasi salienti.
6. Video
6.1 Video
7. Immagini
7.1 Immagine
Le due ultime classi di scheda sono definite a partire dal medium che veicola
l’informazione, il video o, rispettivamente, la fotografia, e non dal tipo di
informazione come nelle classi precedenti. Il contenuto del video, interviste,
descrizione di un processo, eventi, ecc., o delle immagini, fotografie o schizzi,
sarà descritto nella scheda stessa e messo in relazione con le altre nei modi
opportuni.
Le relazioni
I legami raffigurati dagli “archi” tesi tra un nodo e l’altro (vale a dire tra le
diverse schede) sono formulati in modo tale da garantire il rigore necessario alla
148
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
struttura informatica e, nello stesso tempo, l’intelligibilità da parte di un comune
fruitore interessato a muoversi di nodo in nodo lungo la rete di relazioni.
Alcuni esempi
Vediamo ora come questa struttura si articola a partire da alcuni casi concreti.
L’esempio da cui partiremo è quello della “forma di formaggio”: il titolo della
scheda della classe “linguaggio” di tipo “concetto” è desunto dalla formulazione
tratta dai questionari degli atlanti linguistici, in questo caso le domande poste
sono state: ALEPO v. 2440: la forma (per il formaggio); ALI v. 4349: forma da cacio; AIS
C. 1216: arnese che serve a dare la forma al formaggio 12. Correda la prima parte della
scheda l’immagine tratta dal questionario dell’ALI impiegata per la formulazione
della domanda indiretta rivolta all’informatore (ill. 1082). Questa scheda è collegata
dalla relazione «è denominato» alle schede di tipo “significante” relative ai Punti di
inchiesta Ruata di Pramollo (AIS, P. 152), Ghigo di Prali (ALI P. 47), San Martino di
Perrero (ALEPO P. 430), Pramollo (ALEPO P. 410) e Villar Pellice (ALEPO P. 440)13,
corrispondenti, ovviamente, alle risposte contenute negli archivi degli atlanti
linguistici (o nelle carte, se già pubblicate). Ogni scheda relativa al “significante”
è, a sua volta, collegata alla fonte, vale a dire all’informatore (scheda della classe
“soggetto” di tipo “informatore”) e per tramite di questo a un determinato
punto di inchiesta (scheda di classe “luogo”, quest’ultima georeferenziata) e al
raccoglitore (scheda di classe “soggetto”, di tipo “raccoglitore”). Eventuali altre
fonti potranno essere facilmente aggiunte in un secondo momento. La scheda
“significante” è intitolata con la forma dialettale trascritta in una grafia ortografica
di tipo fonologico tradizionalmente impiegata per le locali varietà occitaniche e
adottata dall’ATPM per la trascrizione di toponimi e termini dialettali14 e riporta
nella parte principale una trascrizione fonetica semplificata resa con l’alfabeto
IPA, nonché alcune informazioni di tipo grammaticale e la traduzione. Tornando
alla scheda «forma del formaggio», essa è legata da una relazione del tipo
«è istanziato» ad alcune schede di classe “oggetto”, dedicate rispettivamente a una
serie di oggetti lignei di fattura tradizionale conservati nei musei di Rodoretto,
Prali e Torre Pellice e a un oggetto metallico, tuttora in uso, fotografato all’Alpe
La Roussa di Bobbio Pellice. Ogni scheda “oggetto”, corredata di un’immagine
e di alcune informazioni di carattere etnografico, è poi collegata a una scheda
“luogo”, che sarà di tipo “museo” là dove si tratta di un oggetto facente parte di
una collezione museale, oppure di tipo “insediamento” negli altri casi. È peraltro
possibile che l’oggetto d’uso contemporaneo, la forma per il formaggio in acciaio,
sia collegata a una scheda “evento”, come nel caso considerato, dove l’evento è il
processo della caseificazione.
149
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Fig. 1: immagine raffigurante una porzione del grafo con al centro il “concetto” «forma per il
formaggio»
La scheda che l’utente vede apparire nella schermata del suo programma di
navigazione è costituita da una prima parte dove compaiono le informazioni
pertinenti all’oggetto al quale essa è dedicata, e da successivi paragrafi, che
possono variare di numero e di consistenza, dove sono collocati i collegamenti
alle schede contigue, vale a dire a quelle schede che nella raffigurazione a
grafo costituiscono i nodi collegati con un arco diretto. Di ognuna delle schede
visualizzate è inoltre possibile vedere la sua posizione all’interno della porzione
di grafo relativa alla prima cerchia di collegamenti e, infine, la sua collocazione in
una porzione di mappa di GoogleMaps15.
150
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
Scheda: Linguaggio - Tipo: Concetto
Forma per il formaggio
Forma da cacio (Questionario ALI. Illustrazioni, 1082)
forma (per il formaggio) – Attrezzo impiegato nella lavorazione casearia per comprimere la cagliata e favorire
lo spurgo del siero. È costituito da uno stampo rotondo con fori sul fondo e/o alle pareti, tradizionalmente scavato
in un solo pezzo di legno o confezionato con doghe, è ora perlopiù in metallo. In alternativa può essere usata la
fascera, attrezzo costituito da una tavola di legno sottile ed elastico curvata a cilindro, il cui diametro si può
regolare mediante una fune legata attorno esternamente a comprimere la cagliata contenuta nell’interno.
Altre domande nei questionari
ALEPO numQ 2441: il coperchio della forma (per il formaggio).
La voce negli atlanti
ALEPO numQ 2440: la forma (per il formaggio);
ALI numQ 4349: forma da cacio;
AIS numC 1216: arnese che serve a dare la forma al formaggio.
Oggetti correlati
la feisèllo (Ruata Pramollo)
la feisèlo (Ghigo - Prali)
la feiséllo (San Martino Perrero)
Forma per formaggio
Forma per formaggio
Forma per formaggio
la feisèllo (Pramollo)
Forma per formaggio
Fascera
la fisèlla (Villar Pellice)
Fascera
Forma per formaggio
Fig. 2: scheda relativa al «concetto» “forma per il formaggio”
151
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Risultati e prospettive
In questa fase di sviluppo del progetto è ovviamente prematuro discutere dei
risultati o anche solo tentare una valutazione dell’avanzamento delle conoscenze
nell’ambito dell’alpicoltura, seppure di un’area ristretta come quella delle Valli
Valdesi, tuttavia è già possibile apprezzare la funzionalità dello schema progettato
nel momento in cui si è iniziato a riempirlo di informazioni. I problemi non sono
stati ovviamente tutti risolti e un notevole lavoro di armonizzazione si impone
nel trattamento anche di quelle informazioni che a un primo sguardo possono
apparire omogenee, ma che osservate da vicino mostrano tutta la loro eterogeneità.
Si pensi, ad esempio, alle risposte dialettali raccolte dagli atlanti linguistici
a partire da quesiti formulati in modo differente o, addirittura, da domande
“aperte”. È il caso, per esempio, dei nomi dei diversi campanacci, dove a fronte
di tre stimoli di partenza “campanaccio”, “campanello” e “bùbbolo” 16 ai quali si
aggiunge la domanda aperta posta dai raccoglitori dell’ALEPO, v. 2287: «tipi di
campanaccio per le mucche», ci si trova a gestire oltre una dozzina di lessotipi17 di
cui non è sempre chiaro il significato preciso, giacché si va dai nomi che indicano
genericamente qualsiasi tipo di campanaccio, sino a quelli che si riferiscono a
campani di varia foggia e misura o materiale, per i quali un corrispettivo italiano
manca. Ciononostante proprio da questo lavoro di armonizzazione, che a
maggior ragione interessa anche gli aspetti più propriamente etnografici, sorgono
gli interrogativi che porteranno a completare le nostre conoscenze con indagini
supplementari sul campo.
Dal punto della descrizione della cultura materiale e dei saperi tecnici, uno
degli elementi che emerge con maggior evidenza è probabilmente la compresenza
tanto degli attrezzi tradizionali, testimoni di una cultura e di un saper fare in
parte confinato al passato, quanto dell’oggetto contemporaneo di uso quotidiano.
È questo il caso delle forme per il formaggio, dove è possibile apprezzare una
delle possibili vie dell’innovazione, dal momento che l’attrezzo è cambiato
praticamente solo nel materiale, mentre la foggia e il modo d’uso sono rimasti
gli stessi, oppure degli stessi campanacci, rispetto ai quali alcuni degli «eventi»
analizzati mostrano come siano oggi impiegati più di un tempo.
Le prime esperienze di navigazione all’interno di questa rete di dati
ci mostrano come l’organizzazione delle informazioni permetta inoltre di
considerare i singoli oggetti, termini, luoghi o eventi immersi nel complesso
contesto socioculturale circostante. Quello che a prima vista potrebbe apparire
come un insieme di informazioni labilmente correlate, mostra in questo modo le
complesse interconnessioni che legano le une alle altre, arricchendo il dato che si
offre così a più articolate e complesse interpretazioni.
È questo il senso del titolo del progetto: l’acronimo CLAPie richiama infatti i
clapìe o clapìer delle vallate galloromanze del Piemonte (i cllapèi in Valle d’Aosta),
vale a dire i cumuli di pietre derivati dallo spietramento che possiamo osservare
accanto ai terreni coltivati o ai prati; ammassi dall’apparenza così caotica, che
152
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
sono invece il risultato di una paziente opera di addomesticazione del territorio
e, per questo, rappresentano una delle tante manifestazioni di quel sapere e
di quelle pratiche delle genti alpine che hanno garantito, sino a tempi recenti,
l’equilibrio tra azione umana e salvaguardia dell’ambiente.
n o t e
Una prima brevissima esposizione è in Rivoira (2012). Il progetto è stato finanziato con
i fondi messi a disposizione dal Bando di Ateneo sovvenzionato dalla Compagnia di San
Paolo.
1
I membri che hanno partecipato attivamente sono Claudia Alessandri, Pier Simone Avena, Monica Cini, Federica Cusan, Giulia Fassio, Valentina Porcellana, Riccardo Regis, Matteo Rivoira.
2
3
Sulla formazione del concetto di Valli Valdesi, si veda Fratini (1995).
Il “sistema museale” valdese include anche altri luoghi e monumenti di varia rilevanza
(cfr. <http://www.fondazionevaldese.org/fondazionevaldese.php?codice=A313>; per
una panoramica più ampia sui musei alpini, cfr. Porcellana / Sibilla, 2009).
4
Cfr. per un’introduzione dal punto di vista che qui interessa, Jalla (2009) e Viazzo / Gosso
(2010).
5
In parte già pubblicate in Scheuermeier (1980 [1956]) e ora reperibili in Canobbio / Telmon
(2008).
6
A queste si aggiungono le due raccolte lessicali di Pons / Genre (1997) e Sappé (2012). Per
una panoramica più dettagliata, v. Rivoira (2009b).
7
Alcune ricerche sono state condotte, sempre seguendo la metodologia dell’ATPM,
nell’ambito di tesi di laurea, a Villar Pellice, Pomaretto, Prali, Villar Perosa. Per una panoramica sugli studi di toponomastica nelle Valli Valdesi, si rimanda a Rivoira (2009a).
8
MuseoTorino ha ricevuto importanti riconoscimenti nazionali e internazionali: ha vinto il
premio Information Communication Technology, uno dei tre riconoscimenti del Premio Icom
Italia – Musei dell’anno 2011, ed è il primo progetto italiano selezionato come eccellenza
mondiale dalla manifestazione The Best in Heritage, patrocinata da EuropaNostra, ICOM,
ICCROM e UNESCO.
9
La citazione è tratta dalla pagina introduttiva al museo: <http://www.museotorino.it/
site/about> [ultima consultazione, 31.1.2014].
10
153
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Per una prima introduzione, cfr. Wikipedia «Base di dati a grafo» e, più completi, «Base
de données orientée graphe» e «Graph database» [ultima consultazione 31.01.2014]. Un
primo approfondimento con riferimento a MuseoTorino è in Farina Perseu (2012). Per un
approccio più completo, si faccia riferimento alle pagine del sito di Marko A. Rodriguez e,
in particolare, alla bibliografia ivi riportata <http://markorodriguez.com/> [ultima consultazione 31.01.2014].
11
A queste si aggiunge la domanda formulata dall’ALEPO (v. 2441): il coperchio della forma
(per il formaggio) che non dà luogo a un’altra scheda ed è semplicemente correlata a questa.
12
13
Manca all’elenco Angrogna (ALI P. 55), dove è stata raccolta solo una risposta parziale.
14
Per una presentazione, v. Genre (1980), (1994).
L’informazione è ricavata percorrendo i vari archi del grafo sino a giungere alla schedanodo che è stata georeferenziata (scheda “luogo” o scheda “evento”).
15
Le domande, in realtà, sono così formulate: “campanaccio”: ALEPO v. 2288, un campanaccio (da mucca) [gen]; ALI v. 4335, campano [campanaccio]; AIS C 1190, la campana delle vacche; “campanello”: ALEPO v. 2510, campanelle per le pecore; ALI v. 4337, campano
a forma di campanello; ALF C 1506, clochette e “bùbbolo”: ALI v. 4338, campano a forma
di bubbolino.
16
17
Raccolti in 8 diverse inchieste in 6 località differenti.
b i b l i o g r a f i a
AIS = Jaberg, Karl, Jud, Jud, Sprach- und Sachatlas Italiens und der Südschweiz, 8
voll., Zofingen, Verlagsanstalt Ringier & Co., 1928-1940. [Anche nella versione
elettronica curata da G. Tisato].
ALEPO = Canobbio, Sabina, Telmon, Tullio, Atlante Linguistico ed Etnografico del
Piemonte Occidentale (3 fascicoli di carte pubblicati), Pavone Canavese, Priuli
& Verlucca, 2005-.
ALF = Gillieron, Jules, Edmont, Edmond, Atlas Linguistique de la France, Paris,
Champion, 1902-1910.
ALI = Bartoli, Matteo et alii, Atlante Linguistico Italiano (8 voll. pubblicati), Roma,
Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, 1995-.
ALI 1971 = M. Bartoli et alii, Questionario dell’Atlante Linguistico Italiano. I,a – Testo,
a c. di A. Genre et alii, Torino, Istituto dell’Atlante Linguistico Italiano, 1971.
154
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie). Saperi etnolinguistici in rete
ATPM-Massello = Atlante Toponomastico del Piemonte Montano, Massello (Area
occitana), vol. 38, ricerca di E. Pascal et al., a c. di F. Cusan, Torino, Il leone
verde, 2009.
ATPM-Pramollo = Atlante Toponomastico del Piemonte Montano, Pramollo
(Area occitana), vol. 25, ricerca di V. Petrone e G. Long, a c. di M. Rivoira, Torino: Il leone verde, 2005.
ATPM-Rorà = Atlante Toponomastico del Piemonte Montano, Rorà (Area occitana), vol. 23, ricerca di M. Rivoira, a c. di M. Rivoira, Torino, Levrotto&Bella,
2002.
Canobbio, Sabina, Telmon, Tullio, (a cura di), Paul Scheuermeier. Il Piemonte dei
contadini. 1921-1932, 2° vol., Ivrea, Priuli & Verlucca, 2008.
Cerruti, Massimo, Regis, Riccardo, Atlante Linguistico del Piemonte Occidentale (ALEPO). Indice dei tipi lessicali e modalità di consultazione, Scarmagno, Priuli&Verlucca
Editori, 2008 [volume; CD-Rom].
Cusan, Federica, La designazione dello spazio vissuto. Analisi strutturale del patrimonio toponimico della comunità massellina (Val Germanasca, Piemonte), in «Bollettino dell’Atlante Linguistico Italiano», III serie, n. 33, pp. 97-117, 2009.
Cusan, Federica, Chabérs, Chanasalso e Peûmian: nomi di luogo e rappresentazioni
dello spazio. Riflessioni a margine dei dati raccolti dall’Atlante Toponomastico del
Piemonte Montano, in «La Beidana», n. 77, pp. 44-56, 2013.
Farina Perseu, Gian Luca, MuseoTorino: dalla progettazione all’implementazione,
in «Rivista MuseoTorino», n. 5, pp. 40-43 [http://www.museotorino.it/resources/pdf/magazine/flip/05/], 2012.
Fratini, Marco, Il paesaggio delle Valli valdesi fra realtà e rappresentazione, in «La
Beidana» 23, pp. 29-43, 1995.
Genre, Arturo, Le parlate occitano-alpine d’Italia, in «Rivista Italiana di Dialettologia», n. 4, pp. 305, 1980.
Genre, Arturo, La grafia del patouà, in «La Beidana», n. 20, pp. 30-36, 1994.
Gosso, Elisa, Viazzo, Pier Paolo, La zangola e il pianoforte: confini religiosi e confini
sociali nelle Valli Valdesi, in «Bollettino della Società di Studi Valdesi», n. 206,
pp. 43-89.
Jalla, Daniele (a c. di), Héritage(s). Formazione e trasmissione del patrimonio culturale valdese (Atti del Convegno della Società di Studi Valdesi, Torre Pellice, 2-3
settembre 2006), Torino, Claudiana, 2009.
155
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Pons, Teofilo G., Vita montanara e folklore nelle Valli Valdesi, Torino, Claudiana,
1978.
Pons, Teofilo G., Genre, Arturo, Dizionario del dialetto occitano della Val Germanasca, Alessandria, Ed. dell’Orso, 1997.
Porcellana, Valentina, Sibilla, Paolo (a c. di), Alpi in scena: le minoranze linguistiche e i loro musei in Piemonte e Valle d’Aosta, Torino, Daniela Piazza, 2009.
Rivoira, Matteo, Studi di toponomastica e topografia nelle valli valdesi, in Jalla, Daniele (a cura di), Héritage(s). Formazione e trasmissione del patrimonio culturale
Valdese, Torino, Claudiana, pp. 253-276, 2009a.
Rivoira, Matteo, Ricerche etnolinguistiche nelle Valli Valdesi, in Jalla, Daniele (a
cura di), Héritage(s). Formazione e trasmissione del patrimonio culturale Valdese,
Torino, Claudiana, pp. 283-288, 2009b.
Rivoira, Matteo, Il patrimonio toponimico del Piemonte montano: percorsi di lettura
della banca dati dell’Atlante Toponomastico del Piemonte Montano, in «Atti del Sodalizio Glottologico Milanese», V Nuova Serie, 2011, pp. 168-186, 2011.
Rivoira, Matteo, Culture e lingue delle Alpi piemontesi (CLAPie), in «Rivista
MuseoTorino», n. 5, pp. 30-31 [http://www.museotorino.it/resources/pdf/
magazine/flip/05/], 2012.
Rivoira, Matteo, Système onymique et signification: le cas de la Coumba di Charbounî
dans la Vallée du Pellice (Piémont), in Le nom propre a-t-il un sens? Les noms propres dans les espaces méditerranéens (XVe Colloque international d’onomastique,
Aix-en-Provence 9-11 juin 2010), Dir. Jean-Claude Bouvier, Aix-en-Provence,
Presses Universitaires de Provence, pp. 93-104, 2013.
Sappé, Jean Louis, Lou courousét e la furmìa. Piccolo dizionario delle parlate occitane
della val d’Angrogna, Saluzzo, Fusta editore, 2012.
Scheuermeier, Paul, Il lavoro dei contadini. Cultura materiale e artigianato rurale in
Italia e nella Svizzera italiana e retoromanza (a cura di M. Dean e G. Pedrocco),
Milano, Longanesi, 1980 [trad. di Bauernwerk in Italien, der italienischen und
rätoromanischen Schweiz: eine sprach- und sachkundliche Darstellung häuslichen
Lebens und ländlicher Geräte, Bern, Verlag Stämpfli, 1956].
156
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch
et les atlas linguistiques
Jean-Paul Chauveau
Les atlas linguistiques et le FEW
ont constitué dans mon activité
professionnelle, et le restent encore,
les deux pôles de mon intérêt. Ils l’ont
été successivement du fait de mes
affectations, d’abord comme enquêteur
dans l’équipe de Gardette pour l’Atlas
Linguistique de la Bretagne Romane, de
l’Anjou et du Maine, puis à la rédaction du
Französisches Etymologisches Wörterbuch
(cité désormais FEW) quand il a été
dépaysé de Bâle à Nancy. Mais ces deux
pôles ont toujours orienté conjointement
mon activité. J’ai découvert le FEW dès
que j’ai commencé à travailler sur la
variation dialectale et, pendant toute
mon activité dialectologique, j’en ai été un consulteur régulier, au point qu’il
m’est alors arrivé de soutenir que je ne concevais pas qu’on pût prétendre
travailler dans le domaine de la dialectologie gallo-romane sans se servir du
FEW. Inversement la rédaction des articles du FEW requiert la consultation et le
dépouillement des atlas linguistiques gallo-romans. Pour qui étudie la variation
gallo-romane, des points de vue diachronique, diatopique ou diastratique, à un
moment ou un autre il est indispensable de recourir au FEW, du fait de sa visée
globale. Mais la consultation du FEW gagne à être complétée par celle des atlas
qui fournissent des matériaux qui enrichissent notablement, c’est le moins qu’on
puisse dire, les articles du FEW rédigés, pour la plupart, avant la publication
de la majeure partie des atlas linguistiques régionaux gallo-romans. Ces deux
sources d’information sont complémentaires. Cela s’explique en partie par leur
histoire qui est liée dans leurs points de départ et par leurs visées spécifiques.
Commençons par l’historique. Il est évident que les atlas régionaux sont dans
la lignée de l’Atlas Linguistique de la France (ALF), de Gilliéron et Edmont, dont ils
poursuivent le travail dans un cadre et avec des méthodes repensés et améliorés.
Il n’est pas nécessaire d’y revenir. Mais le FEW descend, par une autre voie,
de la même source. On a plusieurs témoignages de Wartburg lui-même ou de
ses collaborateurs sur la genèse de son FEW. J’utiliserai celui qu’il a donné en
157
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
français à Strasbourg en 1957, presque à la fin de sa vie. Il a conçu son projet,
qu’il a développé dans les années suivantes, lorsqu’il suivait, à l’Ecole des Hautes
Etudes de Paris, le cours de Gilliéron dans la première décennie du 20e siècle.
« Gilliéron avait su éveiller en nous [ses auditeurs] un magnifique enthousiasme
pour nos études et des forces que nous n’avions pas soupçonnées pour nous
dédier, à notre tour, à une grande tâche » (Wartburg 1961 : 209). Mais en même
temps l’admiration et la force d’entraînement que lui inspirait et insufflait celui
qu’il appelait « mon vénéré maître » (Wartburg 1961 : 210) n’impliquaient pas
une adhésion totale aux conceptions de Gilliéron.
La géographie linguistique venait d’être complètement renouvelée par la
parution de l’ALF et les analyses de cartes qu’en tirait Gilliéron. Les conséquences
en paraissaient décisives pour la linguistique historique romane aux yeux du
jeune Wartburg. L’étymologie notamment, telle que la pratiquait alors MeyerLübke dans son REW, qui commençait alors à paraître, a semblé aux jeunes
romanistes de ce temps non seulement démodée mais presque disqualifiée par
les travaux de Gilliéron. L’atlas linguistique, tel que l’avait conçu celui-ci, a
donc exercé une influence décisive sur les idées de Wartburg et l’ALF est resté
pour lui une source de données, mais aussi d’inspiration. Lorsqu’il eut réuni les
matériaux nécessaires pour son FEW il les rangea d’après une grille conceptuelle
et se mit à étudier chacun de ces concepts « au point de vue étymologique, avec
la carte de l’Atlas » (Wartburg 1961 : 212-3). L’atlas de Gilliéron est à la base
même du travail étymologique, qui est l’objectif spécifique du FEW, car c’est
la carte qui décrit l’aire géographique couverte par un type lexical et c’est leur
position spatiale qui éclaire, par le voisinage, les formes difficiles au premier
abord. Et l’importance des atlas ne s’est pas limitée à la période initiale, mais s’est
poursuivie et enrichie par la suite. Malgré l’énorme difficulté que cela imposait
pour la rédaction du FEW, Wartburg n’a pas voulu se priver des matériaux que
publiaient les nouveaux atlas : « comment voulez-vous renoncer à dépouiller
l’AIS ? » (Wartburg 1961 : 217). Et, au moins dès 1953 (FEW 7, 71a, nĕbŭla), est
mentionné l’Atlas Linguistique du Lyonnais dont le premier volume est paru en
1950 : compte tenu des délais de dépouillement des matériaux et de publication
des articles, c’est presque immédiatement que les atlas nationaux ou régionaux
sont intégrés au FEW. Antérieurement Wartburg avait bénéficié d’un certain
nombre de fiches d’enquêtes que lui avait communiquées Duraffour : Bessans,
Challex, Condessiat, Foissiat, Mijoux, Viriat sont enregistrés dès 1929 dans la
bibliographie des sources du FEW .
Pourtant la conception du FEW est en opposition radicale avec celle qui était
à la base de l’ALF et des méthodes qu’utilisait Gilliéron dans ses analyses de
cartes. Celui-ci se tenait rigoureusement à ce qu’on pourrait appeler le principe
sola tabula, la justification par la carte seulement. Dès qu’il disposa des matériaux
que réunissaient les enquêtes d’Edmont, il renonça aux données qu’il avait
antérieurement recueillies dans ses propres enquêtes et les dépouillements des
travaux de ses devanciers. Mieux, l’explication consistait à dégager l’organisation
interne des données cartographiées et d’en reconstituer l’histoire, à la manière des
158
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
cartes géologiques, d’après les positions respectives des différentes aires repérables.
C’était utiliser jusqu’au bout de ses possibilités le nouveau moyen d’investigation
que représentait la carte. Gilliéron en tirait de puissants moyens d’explication
insoupçonnés jusqu’alors, ce qui suscitait l’enthousiasme des jeunes romanistes.
Mais le refus de faire appel à quelque donnée extérieure que ce soit, l’exclusivisme
au bénéfice de la carte seule ne rencontrait pas l’assentiment de Wartburg pour
qui les données cartographiées ne représentaient qu’un choix restreint par le
schématisme du questionnaire et limité par le réseau des points assez lâche qui
avait été retenu. Wartburg était fondé à opposer à Gilliéron, dans des discussions
passionnées (les deux hommes avaient des caractères entiers), que l’extension du
lexique disponible en chaque point ne se limitait pas à un bon millier d’unités,
que l’espace interponctuel recelait des données qui pouvaient être capitales pour
l’histoire lexicale et que l’espace contemporain ne maintient pas les traces de tout
le passé. Pour Wartburg, si riche soit-il, l’ALF comportait « une grande lacune »
(Wartburg 1961 : 210) qu’il lui importait de combler par d’autres moyens. En même
temps il souhaitait rompre avec l’exclusivisme dont faisait preuve Gilliéron qui
n’hésitait pas à déclarer, avec son humour très personnel, que « la géographie
linguistique est là pour qu’on interprète bien les textes et que, sans elle, on serait
semblable à celui qui prendrait une clef de porte cochère pour remonter sa montre »
(Gilliéron 1921 : 40).
Le projet de Wartburg n’était pas de rejeter les matériaux de l’atlas, mais, au
contraire, de les englober dans un ensemble totalisant. Il ne minimisait nullement
les travaux de Gilliéron consacrés presque uniquement à l’histoire lexicale,
au contraire il en faisait un point de départ, dans un compte rendu de l’étude
consacrée par celui-ci à « l’aire clavellus » : « seule l’histoire lexicale nous permet
de poser le fondement solide sur lequel nous pourrons, dans la suite du travail,
intégrer nos résultats dans une construction solide. En attendant, nous aurons
toujours le risque que l’étude d’un seul mot, comme dans ce travail, mette en
question tous les résultats de recherche auxquels nous nous fions » (traduction
personnelle de Wartburg 1917 : 499). Autrement dit l’exploitation des cartes
de l’ALF remettait en cause les explications reçues de la linguistique romane,
mais la solution ne pouvait venir que d’une histoire lexicale mieux conduite que
jusqu’alors.
C’est ce qui permet de dire que le Französisches Etymologisches Wörterbuch,
qui vise, selon son sous-titre, à donner un tableau du lexique gallo-roman, a été
conçu contre les atlas linguistiques en même temps que tout contre ceux-ci, c’està-dire en opposition avec eux tout autant qu’en étroit contact avec eux. L’attitude
de Wartburg peut se comparer à celle des successeurs et disciples de Gilliéron
qui ont maintenu l’essentiel de la méthodologie de l’ALF. Car ils ont, en même
temps, conçu leurs projets dans une perspective plus attentive aux spécificités
du terrain, en s’efforçant de recueillir des matériaux plus exacts et plus riches.
Ils ont intensifié et enrichi l’enquête orale, tandis que le FEW recourait à toute
la lexicographie gallo-romane antérieure sur l’écrit et l’oral. L’accroissement des
données est un même objectif pour les deux opérations, mais tandis que les atlas
159
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
se limitent à une finalité documentaire, le FEW intègre ces données accrues dans
un historique.
Voyons ces deux aspects documentaire et explicatif du FEW. Comme l’ALF,
le FEW documente le gallo-roman. Les titres des deux ouvrages se répondent :
l’adjectif französisch “français” du FEW n’identifie pas la langue, mais correspond
au nom géographique France de l’ALF, non pas toute la France, mais seulement
celle de langue romane, avec, au-delà de la France, des débordements sur les
pays limitrophes. Les réseaux des deux œuvres sont presqu’identiques, le FEW
n’ayant renoncé qu’à la partie catalane des Pyrénées orientales et ses ajouts de
parlers expatriés en Italie, en Allemagne, au Canada et aux USA étant très limités.
L’essentiel des compléments qui donnent son originalité au FEW lui viennent des
dépouillements de quelques centaines de dictionnaires généraux ou spécialisés
sur la langue écrite, du Moyen Age jusqu’à l’époque contemporaine, et d’un millier
de dictionnaires, plus ou moins étendus et d’époques moderne et contemporaine,
sur les parlers oraux. De la sorte, le FEW rassemble et classe pratiquement de
manière exhaustive tous les matériaux engrangés par la lexicographie galloromane. Le tout est éclairé par la consultation de toutes les études lexicologiques
sur ce vocabulaire qui ont pu être réunies.
Cette masse colossale d’informations fournit le cadre global, à la fois
général, historique et géolinguistique, qui était nécessaire, selon Wartburg, pour
situer les données orales récoltées par l’ALF. Mais l’information est tributaire
de la lexicographie antérieure et particulièrement de ses manques et de ses
insuffisances, que le FEW ne pouvait combler pour des raisons évidentes : le
temps et les forces de travail étaient limités. La plupart du temps ces limites
ne pénalisent pas l’ouvrage, mais il se peut aussi que le cadre global qu’il était
censé apporter fasse défaut sur tel ou tel point. Si Wartburg pouvait disposer
de deux dictionnaires pour l’ancien français et l’ancien occitan, chacun, et de
dictionnaires étymologiques pour le français et l’occitan (si l’on tient compte du
REW), ce n’était pas le cas pour les autres domaines. Le projet d’un dictionnaire
d’ancien francoprovençal n’a jamais eu, jusqu’ici, de début d’exécution et de ce
fait l’histoire de ce groupe linguistique, telle que la retrace le FEW, est tout à fait
lacunaire. Cela est devenu flagrant, pour moi au moins, avec le projet en cours
du Dictionnaire Étymologique Roman (DERom, http://www.atilf.fr/DERom),
qui est bâti sur toutes les langues romanes, soit 16 ensembles linguistiques
traités sur le même pied, quels que soient le nombre de leurs locuteurs, leur
extension spatiale, leur vitalité ou leur rayonnement extérieur, l’ancienneté
de leur documentation ou l’importance des travaux qui leur ont été accordés.
Alors qu’il suffit assez souvent d’actualiser et de réviser les données françaises
et occitanes du FEW, pour le francoprovençal, bien souvent, le travail est à faire
à la base : chargé de réviser les données gallo-romanes, il n’est pas rare que
je doive chercher moi-même les données historiques du francoprovençal. Il
s’est révélé que le FEW ne tenait pas la place d’un dictionnaire historique et
étymologique du francoprovençal et que, parfois, il n’en fournissait même pas
les éléments constitutifs.
160
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
Je prends les articles publiés du DERom dont les étymons correspondent
aux derniers volumes traités par le FEW avant la refonte, les volumes 10 à 17.
Sur les 13 étymons concernés et qui ont une descendance en francoprovençal, le
FEW ne fournit aucune donnée francoprovençale ancienne pour 6 d’entre eux :
sagitta, salvia, unctum, vinacea, vindicare, vīnum. Cela signifie que dans la moitié
pratiquement des cas, le FEW ne cite que des attestations francoprovençales
modernes. Dans les sept autres cas pour lesquels le FEW fournit une donnée
ancienne, celle-ci n’est accompagnée que d’une étiquette, sans date ni référence
(adauph. pour titio), sans date (pour *wađ), avec une date mais sans référence
pour rapum (BlochW n’étant pas une source frpr.) et sal. Il n’y a que 3 étymons
sous lesquels on trouve la mention d’une forme ancienne qui soit datée et
référencée (rota, rotundus et scribere). Encore faut-il signaler que dans 2 de ces 3
cas (rota et scribere) les datations que le DERom a pu fournir sont plus anciennes
que celles du FEW. Le DERom a pu documenter anciennement, et plus tôt que
le FEW, 8 représentants francoprovençaux (rota, scribere, rapum, sagitta, sal,
vindicare, vīnum, *wađ). Il est notable que dans la moitié de ces cas, ces meilleures
dates et références ont été obtenues par le recours aux dépouillements de
textes en ancien francoprovençal de Hafner (1955) qui étaient déjà publiés et
disponibles au moment où les articles correspondants du FEW ont été rédigés.
Si le FEW ne les a pas utilisés, c’est que ces dépouillements ont été faits pour
écrire une phonétique historique de l’ancien francoprovençal et que Hafner
n’y mentionne que la forme du représentant de l’étymon accompagnée de la
référence précise au texte où l’on peut la trouver. Le FEW (comme le DERom)
ne pouvant mentionner, selon ses règles d’écriture, que des formes sémantisées,
localisées et datées, il est obligatoire de remonter au texte lui-même pour
disposer d’une donnée utilisable. Le volume de travail nécessaire pour écrire
un article du FEW ne laissait pas le temps de faire ce petit travail et ce, d’autant
plus que la bibliothèque du FEW ne possédait pas alors la totalité des éditions
pour y parvenir.
Voilà qui démontre que le FEW ne fournit pas pour le francoprovençal la
base qu’on attend d’un dictionnaire historique et qu’il met à la disposition des
romanistes pour l’occitan et pour le français. Il y a là « une grande lacune »
(Wartburg 1961 : 210), d’un autre ordre, mais cependant comparable à celle
qu’il épinglait dans les travaux de Gilliéron. Il serait ridicule de reprocher ces
manques au FEW. Car il faut bien reconnaître que, malgré un soin accru dans
la récupération des formes anciennes, dans 3 cas sur les 13 examinés (salvia,
unctum et vinacea), c’est-à-dire à peu près le quart, le DERom a échoué à en
trouver et ne peut citer et référencer que des attestations contemporaines. Cela
suffit pour indiquer que, pour quiconque adopte le point de vue de Wartburg :
« étymologie ne veut pas dire un point lointain dans le passé ; étymologie veut
dire histoire du mot » (Wartburg 1961 : 211), la véritable histoire du lexique
francoprovençal ne deviendra accessible que lorsqu’on pourra consulter un
dictionnaire historique du francoprovençal. Dans l’attente des résultats d’un
projet en cours, il faut se satisfaire de la moins mauvaise approximation qui soit
à notre portée, celle que nous donne le FEW.
161
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Mais, au fond, ces problèmes de datations, s’ils nuisent à la perspective
historique, ne la compromettent pas définitivement. Il importe assez peu que
tel type lexical ne soit pas documenté très haut dans le Moyen Age ou même, à
la rigueur, pas avant l’époque contemporaine. Il faut prendre en compte que le
francoprovençal a très peu servi comme langue écrite et que les données anciennes
seront toujours lacunaires. Car, même à défaut de données anciennes, lorsque les
formes contemporaines comportent toutes les régularités d’évolution formelle
qui définissent le francoprovençal, on est sûr qu’il s’agit de mots héréditaires
dont le point de départ remonte à la période constitutive de la langue. Pour une
entreprise comme le DERom, cela suffit pour attester la présence de l’étymon
sous l’Empire romain dans le futur domaine francoprovençal et, pour l’histoire
de ce dernier, c’est l’assurance de l’existence bimillénaire d’un lexème dont les
grandes lignes de l’histoire peuvent être retracées à l’aide d’une reconstruction
interne. Le Glossaire des patois de la Suisse romande en donne d’ailleurs beaucoup
plus que les linéaments dans les articles qui sont publiés.
Il y a cependant plus épineux dans la perspective qui a été choisie pour le
FEW. On peut s’accommoder de l’absence de formes anciennes, si l’on dispose
de formes contemporaines dont la régularité est indubitable. Mais lorsque les
formes contemporaines, pourtant données comme les représentants exacts
d’un étymon, n’offrent pas l’apparence incontestable de la régularité évolutive,
l’utilisateur du FEW se trouve confronté à un vrai problème. Si je prends
l’exemple de l’article lŭctāri (FEW 5, 438-440), y sont citées comme représentants
du verbe uniquement des formes francoprovençales contemporaines, mais dont
on peut suspecter la régularité : neuch. Vaud se lutter « lutter », Montana l tā,
sav. luttâ, Faucigny llièti, Villefr. lutô.
Le commentaire de l’article explique que le vocalisme du radical des
continuateurs de lŭctāri n’est pas clair et qu’il peut reposer aussi bien sur un
ŭ que sur un ū latins. Et de fait le français a connu deux types de formes qui
représentent *lŭctāre, comme afr. loiter, et *lūctāre, comme afr. mfr. luitier, d’où
frm. lutter. De même l’occitan a connu des formes loitar et lochar, d’une part, et
luchar, d’autre part. Mais la situation ne se clarifie pas si l’on compare les formes
francoprovençales avec, par exemple, lat. *cōctāre qui aboutit à afrpr. coitier
« activer » (dp. 1220/1230, FEW 2, 830 ; Hafner 1955 : 63), et Lyon, Couzon se coiti
« se presser », etc., d’une part, et avec lat. *frūcta qui est représenté par afrpr. fruyti
ou fruyta (FEW 3, 823b ; Hafner 1955 : 117) et dont les formes contemporaines
ont un vocalisme radical [i, ü, wi, wé˛i], etc., voir par exemple GPSR F-1085.
Le représentant de lt. trŭcta « truite » qui a connu une semblable variation du
traitement de la voyelle tonique aboutit à alyonn. troite (FEW 13/2, 325a) qui est
poursuivi par Ollon trwętə, par exemple ; mais on a aussi des formes qui reposent
sur *trūcta à vocalisme oui, ui, u, etc. Les attestations francoprovençales données
par le FEW pour « lutter » n’attestent pas la même gamme de traitements et ne
correspondent pas au tableau des évolutions de ó + y tracé par Duraffour (1932:
153), cf. encore Gardette (1983: 517), ni à celui de ū + y (Duraffour 1932: 197sq.).
Lorsque l’on a une description monographique du parler en cause, le résultat ne
162
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
correspond à aucun de ceux qui y sont courants (Gerster 1927 : 106-107 et 113 pour
Montana l tā « lutter », l ta « lutte »). On ne peut pas exclure que l’une ou l’autre
des formes citées représente un traitement régulier francoprovençal, mais on ne
peut pas exclure non plus qu’on ait affaire, dans beaucoup de cas, à des emprunts
au français moderne lutter. La technique descriptive du FEW permet d’amalgamer
formes héréditaires et formes empruntées à une autre langue gallo-romane et ne
s’oblige pas à les distinguer catégoriquement, parce que la rédaction du FEW ne
peut pas s’astreindre à mettre à part ce que Gilliéron avait reconnu très tôt et qu’il
appelait les « faux indigènes qui sont des acclimatés » (Gilliéron/Mongin 1905 :
27). Et voilà que le FEW, au bout de tout son travail d’analyse et de classement,
ne nous donne pas plus de sécurité que l’ALF. Il se peut que l’une de ces données
corresponde exactement à ce que l’on cherche, mais il appartient au lecteur de
le prouver. Il faut retourner aux sources et repartir à la chasse aux matériaux.
Effectivement on va trouver des représentants indubitables des deux variantes
latines, comme en français et en occitan. On trouvera ainsi le représentant du
substantif lŭcta dans un toponyme : en mala loyti relevé dans l’Ain au 15e siècle
par Duraffour (1932 : 232) et une monographie nous donnera un verbe qui
concorde avec cette forme ancienne : Saxel [ljwɛ:ti] v. tr. « lutter ». Cela établit
que le francoprovençal a connu la forme latine à ŭ. D’autre part la carte ALJA 725
“(brebis, chèvre) en chaleur” n’atteste que des formes à radical [lẅit]/[lẅi] dans le
sud du domaine, donc documente le résultat de *lūctāre. C’est ce même point de
départ qui est à la base des variantes luiter et luter de deux manuscrits d’un texte
francoprovençal du premier tiers du 13e siècle (Stimm 1955: 15).
Si on prend la descendance du lat. casa “cabane” restée dans le domaine
de l’habitation comme dans la plupart des langues romanes, le FEW nous en
atteste des représentants, certes restreints en nombre et densité, mais dans tous
les domaines du gallo-roman. En gascon le représentant moderne est encore
courant ; pour le français et l’occitan on dispose d’attestations anciennes et
de dérivés, tandis que pour le francoprovençal le FEW n’enregistre qu’une
attestation contemporaine. C’est donc le seul témoignage disponible susceptible
de documenter le type latin et sa survie en francoprovençal. Cependant, si l’on
veut s’assurer de l’authenticité de cette donnée, on doit déchanter. Valr[omey]
tçaza “vieille masure” apparaît dans un glossaire d’amateur qui néglige de
noter la position de l’accent, mais qui donne le genre du mot par l’article : on
tçaza. Ce n’est donc pas un représentant de lt. casa, mais de lt. casalis comme
le francoprovençal en connaît beaucoup d’autres exemples au même sens,
dans le FEW lui-même, tels Bessans tsazal [“maison en ruines”], Aussois tsozal,
etc. (FEW 2, 454b). La carte de l’ALJA 1034 “une maison en ruines” nous le
documente dans l’Ain avec des formes qui correspondent exactement à celle
du glossaire patois, mais cette fois notées phonétiquement et donc décisives.
Cette erreur de classement provient probablement d’une mauvaise lecture
de la fiche de dépouillement, pratiquement inévitable dans un ouvrage de la
dimension du FEW. Au vu du reste du gallo-roman, on ne doutera pas que lt.
casa ait survécu en domaine francoprovençal, mais le lexique ne peut nous être
utile pour retracer cette histoire : il faut se contenter de la toponymie, à moins
163
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
de nouvelle documentation. Mais voilà un exemple qui illustre que le FEW ne
constitue pas toujours le dictionnaire étymologique du francoprovençal.
L’objectif assigné par Wartburg à son FEW, celui de fournir le cadre au sein
duquel doivent s’intégrer les données recueillies par les atlas linguistiques, est
pleinement rempli la plupart du temps. Cependant ces quelques exemples, que
je n’ai pas cherchés, mais qui se sont imposés à moi ces derniers temps, montrent
que ce cadre est quelquefois branlant, voire trompeur. Il peut se révéler nécessaire
de réexaminer les matériaux invoqués, ou d’en chercher de nouveaux et même
de reprendre la question. Le FEW n’est pas la fin de la recherche.
Je voudrais maintenant montrer avec deux exemples récents que la refonte du
FEW peut améliorer sensiblement le traitement donné dans la première version
écrite il y aura bientôt un siècle, grâce aux atlas linguistiques nouveaux et que,
même, ce sont eux qui éclairent parfois les obscurités des dictionnaires patois dont
le FEW a fait son miel.
Le FEW dans sa première version a un un article basiolum “petit baiser” (1,
271), étymon par lequel Wartburg explique un certain nombre de formes dialectales
dénommant le baiser du mitron, la baisure du pain, l’endroit où deux pains se sont
touchés dans le four et où manque la croûte. Wartburg y voyait même l’origine du
français biseau. Cet article n’a eu aucun succès, personne ne l’a repris et même il a
été moqué par Gamillscheg qui l’a jugé “zu poetisch” (1923 : 573). La refonte, par
Christel Nissille (http://stella.atilf.fr/few/basiolum.pdf), a repris la question et a
fait de la conjecture de Wartburg une certitude, essentiellement parce que le volume
des matériaux a été plus que décuplé. Les formes contemporaines susceptibles d’être
des représentants directs de basiolum sont désormais une trentaine et, surtout, elles
sont réparties à travers tout l’espace gallo-roman. Alors que dans la construction
de Wartburg, seules les formes occitanes, lang. baisol, prov. baiòu, d’après Mistral,
pouvaient être acceptées comme des représentants réguliers de basiolum, grâce
aux nouveaux matériaux ces derniers sont indubitables non seulement en domaine
occitan, mais aussi en domaine français, et aussi bien dans l’Est que dans l’Ouest,
et enfin en domaine francoprovençal. Ces formes sont en outre appuyées par une
dérivation parallèle dans les trois domaines linguistiques fr. béseulé “(pain) qui a une
baisure”, frpr. bésolà, occit. baioulà. Mieux même la variation de la finale, peut être
ramenée à -iolu et à -ellu dans les domaines français (bézyo) et francoprovençal (Ain
bézé). Il en va de même pour le vocalisme du radical qui se rencontre sous une forme
régulière et sous une forme hypocoristique : fr. biseu “baisure”, frpr. bizó (Isère). Les
représentants réguliers sont donc attestés à travers tout le gallo-roman et les variations
phonétiques et morphologiques qui les affectent se rencontrent aussi dans plusieurs
domaines linguistiques. La conjecture de Wartburg s’en trouve justifiée :
1) le latin basiolum a bien survécu en gallo-roman, puisqu’il a des produits
en français, francoprovençal et occitan ;
2) il n’y a pas à douter que le fr. biseau, d’étymologie inconnue jusque là,
remonte à ce même étymon.
164
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
Dans un tel cas c’est l’examen de nouveaux matériaux qui change la donne,
et spécialement de matériaux contemporains, par une meilleure couverture
de l’espace des parlers populaires grâce aux enquêtes, pour le domaine
francoprovençal notamment, de Duraffour, de l’ALLy et de l’ALJA. Car la
situation des données anciennes n’a pas sensiblement été modifiée. L’unique
attestation médiévale le baisol “baiser” de la Passion de Clermont (980, à
l’assonance avec bons), dont l’appartenance au français était douteuse, a été
confirmée par une seule nouvelle attestation en ancien français baisuel “baiser”
(4e quart 12e s., SBernCantH3). Cela fournit un jalon essentiel entre le latin et les
données contemporaines, mais, finalement, l’essentiel de l’argumentation repose
sur l’analyse de la variation gallo-romane contemporaine.
Le salsifis des prés (Tragopogon pratensis) est une plante spontanée, très commune
en Europe et dont les feuilles et la racine sont comestibles. Il a un nom populaire
barbe de bouc, qui est attesté en français depuis le 16e siècle. Comme c’est un
calque du grec tragopōgōn “barbe de bouc”, il est clair que cette dénomination
n’est pas une création populaire, mais un calque des intermédiaires médiolatins
hirci barba, barba ircina, etc. diffusés dans la langue populaire par voie savante,
en gallo-roman, comme l’italien barba di becco, le catalan barba-de-boc, l’espagnol
barba cabruna, l’allemand Bochsbart, etc. La répartition géographique du mot
uniquement dans l’est de la France, de la Champagne jusqu’au Languedoc, a
fait reconnaître à Wartburg que son point de départ aura été la Caput Galliæ,
Lyon (FEW 1, 245b-246a). Il est de fait que le concurrent lorrain est emprunté
à l’allemand Bochsbart, évidemment non analysable, mais adapté sous diverses
formes (bombaitie > bombarde). Ce type de dénomination ne provient certainement
pas du centre linguistique directeur de la France.
Mais il lui est arrivé, comme aux formes populaires d’origine savante,
de connaître toutes sortes d’avatars. Wartburg, profitant de son classement
conceptuel originel, en a repéré la majeure partie, sans bien sûr tous les expliquer.
Mais il y en a qui lui ont échappé. La refonte de l’article barba peut bénéficier
d’une bien meilleure information sur l’espace où règne ce type, grâce, entre
autres, aux atlas linguistiques (ALB, ALFC, ALMC, ALLOr, DuraffGloss 1035).
Le FEW a parfaitement délimité le cadre historique, par la comparaison avec les
autres langues contemporaines et anciennes, et les principaux types lexicaux sont
identifiés. Mais la description se termine par une liste de formes qui sont dites
“ganz entstellt”, totalement altérées. Et c’est l’accroissement des matériaux qui va
donner les moyens, au moins, d’améliorer l’explication. Il va permettre plusieurs
opérations clarificatrices.
1) Dans un premier temps, on va pouvoir déterminer les différents types
formels. Les formations qui correspondent à la syntaxe moderne : barbe
de bouc et barbe à bouc / barbe au bouc, sont beaucoup moins fréquentes
que les composés par juxtaposition barbe-bouc, barba-bouc. Le domaine
occitan a choisi un ordre inverse des éléments et un dérivé pour le
premier : bouquin-barba, bouchin-barba.
165
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
2)Cela permet ensuite d’identifier et de cerner le point de départ de la
dérive formelle. Le composé par juxtaposition barbabouc / barbebouc,
avec ses trois b initiaux de syllabes, a connu des dissimilations, d’où
barlebouc qui domine en Bourgogne, Champagne et Est-Lorraine et
barnabouc qui règne sur le domaine francoprovençal. Il a pu subir aussi
une haplologie de la syllabe intermédiaire, d’où barbouc. À partir de
là, la forme interne du mot a disparu, ses éléments constitutifs ne sont
plus identifiables et les altérations, les croisements et les captations
vont se multiplier.
3)Une autre possibilité offerte est celle de repérer dans l’ensemble des
matériaux les changements sémantiques que connaît cet ensemble lexical.
Ceux-ci s’accordent en quelque sorte avec la nature du salsifis des prés,
qui est une plante comestible sauvage, donc qu’on doit cueillir. Il n’y
a rien d’étonnant à ce que l’une ou l’autre de ses dénominations soit
appliquée, ici ou là, au pissenlit, à certaines espèces de champignons, à
la châtaigne d’eau, etc. La partie la plus recherchée de la plante c’est sa
racine, ses dénominations ont pu être attribuées à des plantes à racine
comestible : carotte, pomme de terre, raiponce, ou non : bugrane. En
même temps ce sont des plantes de peu d’intérêt, que recherchent surtout
les enfants, selon les sources. Voilà l’origine de sens métaphoriques tels
que : “bagatelle”, “personne sans valeur”, “personne stupide”, etc. Ces
changements de sens déterminent un champ de possibles points de
contact susceptibles d’éclairer les motivations qui sont au départ de
certaines réfections du type originel.
4)On est alors en mesure de sortir du purgatoire des inconnus (FEW 21,
158ab) plusieurs types qui sont le fruit de croisements paronymiques ou
de captations.
a) Centr. SaôneL. tartiboulotte f. RlFl 7, 205. - Umgestaltet aus SaôneL.
barboulotte, zu Doubs barbotte usw., hier 1, 246a ? - Hb.
Comme l’a vu Hubschmid, c’est une forme refaite à partir de Morv.
SaôneL. barboulotte, croisée avec tartoufle “pomme de terre”.
b) Louh. carnabeau m. - Entstellt aus fr. barbe de bouc, wie Jura barnabé,
morv. calibot usw., hier 1, 246.
C’est le résultat d’un croisement du type dissimilé barnabouc avec
des noms de la châtaigne d’eau de type escaribot, calibot, etc. (FEW
11, 289b).
c) Mâcon calaneue, calanoe, Tournus calaneux Rob 53. SaôneL. kanano f.
“salsifis des prés” (p 919).
166
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
On a affaire à deux croisements parallèles du précédent avec les
types dissimilés barlabouc et barnabouc.
d) Yonne barle f. RlFl 7, 202. Verdch. beurland m.
Ces deux formes proviennent du type dissimilé barlebouc, qui,
croisé avec un autre nom de plante, la berle, perd sa syllabe finale.
La deuxième forme, par réfection, devient un déverbal de verdch.
beurlander “perdre son temps, flâner”, la cueillette des salsifis étant
assimilée à une perte de temps.
e) St-André boujimbo f. - In bou- steckt wohl bouc.
C’est une forme écrasée du type occitan bouchin-barbo, qui connaît,
lui aussi, des croisements, des captations et des formes altérées :
(× cabro / crabo « chèvre ») : Alès bouchin-cabro m. « salsifis sauvage »,
Aude mouchicrabo f. RlFl 7, 203, Carc. bouchi-crabo m. « salsifis des
prés dont on mange les feuilles en salade », etc.
(× occit. bourso) : Tarn boursicrabo f. « salsifis des prés » RlFl 7, 203.
Captation (× occit. rubarbo f. « rhubarbe » FEW 10, 348a) : HGar.
rubarbo f. « salsifis des prés » RlFl 7, 203.
f) Ytrac pitsingre m. - Zur endung vgl. Millau pouchingo, Ytrac boutsingo,
hier 1, 569b.
Dans toute une zone du languedocien qui n’a gardé que le
premier élément du composé bouchin-barba, ce bouchin a subi
l’attraction paronymique sur sa finale du languedocien poutíngo
f. “drogue” (FEW 9, 271-272), d’où un type aveyr. bouchíngo, qui
a été ensuite altéré en aveyr. bouchiríngo, puis Hér. pichiríngo,
Ytrac pichíngre, etc.
5)On est aussi en mesure de rattacher à ce tronc commun des formes que
leur particularisme en a fait séparer et donc de rectifier des étymologies
infondées. C’est le cas du régionalisme lyonnais baraban “pissenlit”.
Lyon for. baraban “pissenlit”, stéph. id., barraban V, Loire, HLoire
barabã, mit ablaut stéph. biribit. ALF 1022. Dieser name des löwenzahns ist vielleicht durch die erwähnten mda. von ihren südwestlichen nachbarn entlehnt worden (aveyr. maraboutchis) und dann dem
geläufigen und schon als appellativum (s.o.) gebrauchten namen
angeglichen worden. Schurter 37. (FEW 1, 261ab, Barrabas).
167
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
Il n’y a pas lieu de faire un rapprochement avec la forme aveyr. maraboutchis, qui
dénomme certes la même plante, mais qui est une forme altérée du type de l’occitan de
l’est mourre-pourcin, littéralement “museau porcin, museau de porc”, correspondant
au latin médiéval rostrum porcinum du 14e siècle (FEW 6/3, 236, *mǔrr- et note 3).
D’une part, l’application au pissenlit s’explique par le fait qu’il s’agit d’une
plante que l’on cueille dans les prés, tout comme le salsifis : ce sont deux
plantes du même domaine conceptuel pour des ruraux. D’autre part, il n’est
pas rare que dans cette zone au sens large, on fasse intervenir des noms de
personnes pour dénommer le salsifis. Le bouc est parfois remplacé par Jean,
ou même saint Jean, dans une zone de Suisse romande et de Savoie.
Vaud barbadyã f. « salsifis des prés », HSav. barbadian « scorsonère
des prés », Chamonix barbadjian, Thônes bârbadĭan m. « salsifis des
prés », Annecy barbêdĭan, babôdĭan, Genève barbadyã f. « salsifis des
prés », barbadian (rég.), etc.
HSav. bārbas ẽδã s. « racine des prés, sans doute au sens de carotte
(littér. « barbe saint Jean ») » DuraffGloss 1035.
En Velay on préfère le nom latin de sainte Barbe.
HLoire barbara m. « pissenlit » ALMC p 9.
Et çà et là dans le domaine francoprovençal, on applique au salsifis, à partir de
la forme dissimilée barnabouc le prénom Barnabé,
- soit sous sa forme française :
Jura barnabé s. « salsifis des prés » (rég., MémJura 1869/1870), StClaude barnabé BeauquierFl.
- soit sous sa forme latine au nominatif :
Bettant barnabâ m. « salsifis des prés » Decour 8.
- soit sous sa forme latine à l’accusatif :
Leysin bęrnabã m. « salsifis des prés », Saxel barnabã, Annemasse
barnaban. Monthey bęrnabã m. « reine des bois, Spiraea Aruncus L. ».
Le personnage biblique évoqué dans la région lyonnaise, Barrabas, relève du
même phénomène. Là aussi il s’agit de la forme latine à l’accusatif, attiré par
la paronymie dans le domaine des plantes sauvages. C’est une pure captation
comme dans la cas de Barnabé, Barbara, etc. Il est vain, me semble-t-il d’en chercher
des explications d’ordre sémantique.
168
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques
Un tel cas illustre que, contrairement à ce qui était prévu dans le dispositif
initial du FEW, ce sont les données des atlas qui éclairent celles de la lexicographie
gallo-romane antérieure. C’est quelquefois dû au fait que les atlas décrivent mieux
le matériel récolté que ne le font les glossaires d’amateurs, mais le plus souvent
c’est la masse de données nouvelles qui se révèle décisive pour l’explication.
Quoique cela ne soit visible qu’à ceux qui s’intéressent à l’histoire de la
linguistique romane, les atlas linguistiques régionaux et le FEW sortent de la
même source, l’Atlas Linguistique de la France. Ils se sont donné des objectifs
différents et, en conséquence, ils ont développé des méthodologies spécifiques.
Leurs résultats, de ce fait, sont complémentaires. Il est devenu impensable, à partir
du moment où la réalisation du FEW a pris de l’ampleur, d’étudier les langues
et dialectes du gallo-roman sans recourir aux matériaux compilés par le FEW et
aux analyses qu’il en donne. Mais les quelques cas que j’ai exposés suffisent à
montrer que son ambition totalisatrice n’a pas toujours été couronnée de succès,
soit que son information ait été insuffisante, soit que l’information n’ait pas été
disponible à l’époque de la rédaction. Tout n’est pas dit avec le FEW. On peut
espérer que le progrès vienne d’une avancée de la réflexion, mais il est beaucoup
plus sûr d’imaginer qu’il viendra de l’accroissement des données disponibles
et de leur mise en interrelation. Cela doit se faire dans les deux directions, une
meilleure connaissance du présent et du passé. De nouveaux atlas linguistiques
et une meilleure exploitation de ceux déjà parus éclairent significativement le
présent. Mais pour le passé, seuls un dictionnaire de l’ancien francoprovençal
et un dictionnaire étymologique du francoprovençal, qui sont à l’étude, peuvent
changer la donne.
169
la géolinguistique dans les alpes au xxie siècle. méthodes, défis et perspectives
r é f é r e n c e s
Les abréviations sont celles du FEW, voir WARTBURG, Walther von (†),
Französiches Etymologisches Wörterbuch. Eine darstellung des galloromanisches
sprachschatzes. Complément, 3e édition publiée par Jean-Paul Chauveau, Yan Greub
et Christian Seidl, Strasbourg, Bibliothèque de Linguistique Romane, 2010.
Duraffour, Antonin, Phénomènes généraux d’évolution phonétique dans les dialectes
franco-provençaux d’après le parler de Vaux-en-Bugey (Ain), Grenoble, Institut de
Phonétique, 1932.
Gamillscheg, Ernst, « Zu Walther v. Wartburgs Französischem Etymologischen
Wörterbuch », Zeitschrift für romanische Philologie n° 43, pp. 513-577, 1923.
Gardette, Pierre, Études de géographie linguistique, publiées par Brigitte Horiot,
Marie-Rose Simoni, Georges Straka, Strasbourg, Société de Linguistique Romane,
1983.
Gilliéron, Jules, Pathologie et thérapeutique verbales, Collection Linguistique publiée
par la Société de Linguistique de Paris XI, Paris, Champion, 1921.
Gilliéron, Jules, Mongin, Jean, Étude de géographie linguistique. Scier dans la Gaule
romane du sud et de l’est, Paris, Champion, 1905.
Hafner, Hans, Grundzüge einer Lautlehre des Altfrankoprovenzalischen, Romanica
Helvetica n° 52, Bern, Francke, 1955.
Stimm, Helmut, Altfrankoprovenzalische Übersetzungen hagiographischer lateinischer
Texte aus der Handschrift der Pariser Nationalbibliothek fr. 818, I. Prosalegenden,
Wiesbaden, Steiner, 1955.
Wartburg, Walther von, Compte rendu de : Gilliéron, J., L’aire clavellus d’après
l’Atlas Linguistique de la France. Résumé de conférences faites à l’École Pratique
des Hautes Études en 1912. Neuveville (Suisse) 1912, Zeitschrift für romanische
Philologie, n° 38, pp. 491-499, 1917.
Wartburg, Walther von, « L’expérience du FEW », Lexicologie et lexicographie françaises et romanes. Orientations et exigences actuelles. Strasbourg, 12-16 novembre
1957, Paris, Éditions du CNRS, pp. 209-219, 1961.
170
Table des matières
Allocution de bienvenue ..................................................................................................................................................
Davide Sapinet
Syndic de la commune de Saint-Nicolas
5
Allocution de bienvenue ..................................................................................................................................................
Joël Farcoz
Assesseur à l’éducation et à la culture de la Région autonome Vallée d’Aoste
7
Allocution de bienvenue ..................................................................................................................................................
Christiane Dunoyer
Présidente du Centre d’études francoprovençales “René Willien”
9
L’Atlas Linguarum Europæ .............................................................................................................................................. 11
Rita Caprini
Francoprovenzale e occitano alpino
nell’Atlas Multimédia Prosodique de l’Espace Roman .......................................................................... 19
Antonio Romano
Quando l’etnolinguistica alpina va online:
alcune esigenze metodologiche ............................................................................................................................... 39
Thomas Krefeld e Stephan Lücke
L’élaboration du Ladin Dolomitan et l’apport de la dialectométrie . ............................ 53
Roland Bauer
Indici, repertori e modalità di consultazione interattive nell’Atlante
Linguistico ed Etnografico del Piemonte Occidentale ALEPO . ...................................... 75
Riccardo Regis
Nell’atelier di un atlante linguistico
In attesa del primo volume dell’Atlas des Patois Valdôtains . ................................................. 91
Federica Diémoz, Saverio Favre e Gianmario Raimondi
Les grammaires du francoprovençal : l’expression de la partitivité
Quelques leçons du projet ALAVAL ................................................................................................................ 119
Andres Kristol
Désinences de la 2e personne du pluriel de l’indicatif présent des verbes
du premier groupe en francoprovençal ........................................................................................................ 135
Jean-Baptiste Martin
Culture e Lingue delle Alpi Piemontesi (CLAPie)
Saperi etnolinguistici in rete ........................................................................................................................................ 143
Matteo Rivoira
Le Französiches Etymologisches Wörterbuch et les atlas linguistiques .......................... 157
Jean-Paul Chauveau
Achevé d’imprimer
au mois de novembre 2014
sur les presses de
Tipografia Testolin Bruno (Sarre)