New York Dolls, légendes du rock

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Compte rendu
New York Dolls, légendes du rock
LE MONDE | 24,06.06 | 14hl4 * Mis à jour le 26,06.06 | 07h49
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as de pire coup pour un concert que d'être programmé un soir de match de la France lors de la
Coupe du monde de football. Même pour des légendes du rock qu'on n'a pas vues à Paris depuis
1973. Et même si leur nouvel album est attendu pour juillet. Vendredi 23 juin, les New York Dolls ont
joué à l'Olympia devant une salle à moitié pleine. Et pourtant le groupe a repoussé son entrée sur
scène à minuit et demi afin d'attendre les fans de football...
Les "poupées de New York" sont un des trois groupes américains, avec le Velvet Underground et les
Stooges, à avoir eu une influence inversement proportionnelle à l'échec commercial de leurs débuts.
C'est d'ailleurs à un admirateur, Morrissey - il a présidé le fan-club anglais du groupe avant de devenir
star du rock outre-Manche -, que l'on doit la reformation des New York Dolls, trente ans après leur
séparation. David Johansen, le chanteur, que nous avons rencontré avant le concert, se souvient : "En
2004, Morrissey nous a demandé de participer au festival Meltdown, dont il supervisait la
programmation. Nous ne nous attendions pas à prendre autant déplaisir et à recevoir un tel
accueil. "
Morrissey expliquait au Monde sa passion pour les Dolls : "Pour moi, ils représentaient le gang
parfait. Leur façon de s'habiller, leur attitude, la rugosité de leur son effrayaient l'industrie. Ils
étaient malins, sauvages, marginalisés. " C'est aussi à Morrissey qu'on doit cette boutade : "Les
Rolling Stones ont tout piqué aux New York Dolls. " Les Stones étaient au contraire une des références
principales des Dolls et le lippu David Johansen a pu passer pour un sosie trash de Mick Jagger.
Quand le quintette américain apparaît au début des années 1970, David Johansen, Johnny Thunders
(guitare), Sylvain Sylvain (guitare), Arthur Kane (basse) et Billy Murcia (ensuite remplacé à la batterie
par Jerry Nolan) pervertissent aussi leur goût du rhythm'n'blues d'outrances (garde-robe féminine,
maquillage) inspirées de la décadence glam de T. Rex et de Bowie. "Nous nous rebellions d'abord
contre ce rock de stade qui avait perdu le sens de la danse", explique Sylvain Sylvain. "Nous
détestions les solos de vingt minutes, précise Johansen. Nous préférions Little Richard, capable de
déclencher une explosion atomique en moins de deux minutes. "
"Lf ART DE MONTER UN SPECTACLE"
Installés dans l'East Village, ils étaient sensibles à une avant-garde prompte à flirter avec le rock. "
Dans une boutique pop art de St Marks Place, raconte Johansen de sa grosse voix rauque, j'ai
rencontré Charles Ludlam, directeur du Ridiculous Théâtre, une troupe fascinante. Ils adoraient se
parer de paillettes et de faux diamants. C'est avec eux que j'ai appris l'art de monter un spectacle."
En 1973 paraît The New York Dolls, premier album et futur classique, produit par Todd Rundgren,
encensé par la presse mais ignoré du public. En 1974, le titre en forme d'épitaphe de leur second opus,
Too Much Too Soon ("Trop, trop tôt"), résume l'impression d'une carrière brûlée par les deux bouts.
Le groupe émigré un temps en Grande-Bretagne. Un de leurs fans anglais, Malcolm McLaren, les
manage quelques mois, histoire de se faire la main avant de lancer les Sex Pistols. A New York comme
à Londres, l'irrévérence et l'énergie des Dolls seront décisives pour le mouvement punk.
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Le groupe n'en profitera pas et se sabordera en 1976. Le goût de la débauche a aussi son prix. Après
Billy Murcia, mort noyé à cause d'un mélange d'alcool et d'amphétamines, ce sera au tour de Johnny
Thunders et de Jerry Nolan de payer de leur vie leur dépendance à l'héroïne, quelques années après la
séparation du groupe. En 2004, quelques mois après la reformation, Arthur Kane meurt d'une
leucémie.
Que reste-t-il sur scène de la flamme de ces pionniers ? La roublardise d'un chanteur émacié et décoré
de breloques, la vitalité de chansons comme Lookingfor a Kiss, Subway Train ou Personality Crisis,
un art malin des reprises - Pills de Bo Diddley, Pièce ofMy Heart, jadis popularisé par Janis Joplin -,
des moments d'émotion comme quand Sylvain chante You Can 't Put Your Harms Around a Memory,
de Johnny Thunders. Mais il est difficile de recréer l'excitation, a fortiori avec les chansons du nouvel
album. Sans doute moins révolutionnaires formellement que les brûlots des Stooges, les chansons
séminales des Dolls et l'attitude de leurs créateurs n'en restent pas moins une étape-clé de l'histoire du
rock.
Les New York Dolls, à l'Olympia, Paris, le 23 juin.
One Day It Will Please Us to Remember Even This,
1 CD Roadrunner, à paraître en juillet.
Stéphane Davet
Article paru dans l'édition du 25,06.06
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