« C`est l`enfer ici !! » - observatoire congolais des droits de l`homme
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…………………………………………………………………………………………………………………………………………………. OCDH Observatoire congolais des droits de l’Homme LES CONDITIONS DE DETENTION ET DE GARDE A VUE EN REPUBLIQUE DU CONGO Rapport final « C’est l’enfer ici !! » “Une société se juge à l’état de ses prisons“. Albert Camus Brazzaville, le 21 novembre 2012 Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 1 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. TABLE DES MATIERES I. Introduction……………………………………………………………………………………………………..P3 II. Objectifs et méthodologie…………………………………………………………………………..P5 1. Objectifs du rapport………………………………………………………………………………..P5 2. Méthodologie utilisée ………………………………………………………………………………P6 III. Présentation de la République du Congo ……………………………………………….P7 1. Situation géographique…………………………………………………………………………….P7 2. Situation démographique…..…………………………………………………………………….P8 3. Organisation administrative et politique………………………………………………P8 4. Les institutions nationales……………………………………………………………………..P10 5. Les juridictions nationales…………………….………………………………………………P10 IV. Le fonctionnement de l’appareil judiciaire ………………………………………….P10 V. Cadre juridique général sur les conditions de détention…………………..……P11 1. Cadre juridique international ………………………………………………………………P11 2. Cadre juridique régional ………………………………………………………………………P14 3. Cadre juridique national ………………………………………………………………………..P15 VI. fossé entre la loi et la pratique .......................................................P18 1. Population carcérale………………………………………………………………………………..P19 2. Personnel non qualifié et en sous-effectif………………………………………..P22 3. Vétusté des locaux et mauvaises conditions d’hygiène…………………..P23 4. Sous-alimentation……………………………………………………………………………………P26 5. Système de santé défaillant…………………………………………………………………P26 6. Détention illégale et séquestration de personnes……………………………P27 7. Absence de politique de rééducation et de réinsertion…………………P30 8. Difficultés d’accès aux lieux de détention par les ONG…………………P31 9. Absence d’un système d’aide judicaire……………………………………………….P32 VII. Conclusion et recommandations ………………………………………………………………P34 1. Conclusion………………………………………………………………………………………………….P34 2. Recommandations …………………………………………………………………………………..P35 VIII. Annexe…………………………………………………………………………………………………………… P37 1. Bibliographie …………………………………………………………………………………………..P37 2. Comment contacter l’OCDH………………………………………………………………….p40 Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 2 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. I. INTRODUCTION Ce rapport fait le bilan des politiques pénales et pénitentiaires mises en œuvre par les pouvoirs publics et un état des lieux des conditions de détentions et de garde à vue observées en République du Congo. L’Observatoire congolais des droits de l’Homme(OCDH), à travers ses activités réalisées sur le terrain a répertorié les multiples violations des droits de l’homme lié aux mauvaises conditions de détention. Ces pratiques s’observent souvent au mépris des dispositions du code de procédure pénale, des textes portant organisation et fonctionnement de l’administration pénitentiaire et des conventions internationales réglementant l’administration pénitentiaire et le traitement des personnes privées de liberté. L’incarcération est le processus par lequel les individus sont retenus par un organisme carcéral tel qu’un service correctionnel et ce, dans une prison, une institution de santé mentale, un centre de détention pour mineurs ou tout autre établissement carcéral visant à isoler les détenus de la société. Quoique l’origine de la prison remonte à plusieurs siècles, son utilisation en tant que peine judiciaire remonte uniquement à la seconde moitié du 19eme siècle. Quant à la garde à vue, elle est considérée comme une mesure privative de liberté qui intervient au cours de l’enquête préliminaire d’une procédure pénale. Il sied de signaler une durée excessive de la garde à vue observée dans les commissariats de police et brigades de gendarmerie de tous les départements du pays en violation des dispositions des articles 48 et suivant du code de procédure pénale. On peut noter aussi le dépassement de la détention préventive. Plusieurs cas témoignent le non-respect des textes sur la détention au Congo. En outre, le traitement carcéral est très mauvais, souvent caractérisé par des conditions de vie très dures, inhumaines et dégradantes auxquelles sont exposés les prévenus et les condamnés. L’univers carcéral est aussi caractérisé par le manque des moyens tant au niveau du personnel que du matériel. Si la prison a toujours constitué un lieu de sûreté avant d’être un dispositif de redressement, cette fonction neutralisatrice est assumée par les gouvernements chargés de mettre en œuvre les politiques pénales. Il est aussi vrai que les conditions de détention sont mauvaises dans la plupart des pays du monde, il n’en demeure pas moins que dans notre pays qu’elles sont Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 3 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. plus mauvaises dans la mesure où le statut de prisonnier fait perdre à l’homme la dignité qui lui est inhérente à cause d’un traitement inhumain. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 4 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. II. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE 1. Les objectifs du rapport Les visites dans les lieux de détention ont constitué l’une des activités de surveillance du respect des droits de l’homme en République du Congo menée par l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) depuis février 2010 dans le cadre du projet intitulé « Contribution à l’instauration de l’Etat de droit par la promotion, la surveillance et la protection des droits de l’homme » avec l’appui financier de l’Union Européenne (UE). L’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) a visité les lieux de détention en vue de s’assurer d’une part du respect des procédures légales d’arrestation et de détention et d’autre part des conditions de détention des personnes privées de libertés conformément aux normes internationales, régionales et nationales. Sans présumer la réalité ou non des situations évoquées concernant la condition carcérale, les visites avaient pour objectifs : - La surveillance de la situation générale des droits de l’homme dans les prisons, les brigades de gendarmerie et les commissariats de police; - De vérifier le respect des normes régissant les conditions matérielles dans lesquelles les personnes placées en détention doivent être incarcérées et qui reposent sur un principe de base qui est l’obligation de traiter les détenus avec dignité et humanité ; - De connaitre la situation judiciaire des personnes détenues et de pouvoir ainsi vérifier la légalité de leur arrestation et leur détention. - D’examiner les conditions de travail et de fonctionnement de l’appareil judiciaire ; - De rassembler les éléments de preuves pour une action de plaidoyer en faveur de la population carcérale en République du Congo. - De faire des recommandations sur le fonctionnement et la réforme/réhabilitation du système pénitentiaire et aussi de certains aspects du système judiciaire qui y sont liés notamment en matière de justice pénale. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 5 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 2. La méthodologie utilisée La visite des prisons constitue l’une des missions de contrôle du respect des droits de l’homme menée par les organismes des droits de l’homme de par le monde. Ainsi donc, les activités réalisées sur le terrain ont permis à l’OCDH de présenter la réalité carcérale en République du Congo. La problématique sur les solutions envisageables pour remédier aux problèmes récurrents rencontrés dans les établissements pénitentiaires au Congo a amené l’OCDH à mettre en place une méthodologie de collecte de données. Cette méthodologie a porté sur deux phases : la première phase a consisté en l’examen des normes nationales, régionales et internationales en vigueur au Congo dans le domaine des droits de l’homme en général et sur les conditions de détention et les droits des détenus en particulier. La seconde phase a porté sur le traitement des données recueillies pendant les missions de terrain. Des données collectées à l’issue des entretiens avec les détenus et les prévenus, ou lors des entretiens avec les autorités administratives et judiciaires. Par ailleurs, les outils utilisés ont varié en fonction des cibles. Les fiches d’écoute ont été utilisées lors des entretiens avec les anciens détenus. Pour les missions de terrain, le guide d’enquête et le guide d’entretien élaborés par notre structure ont été les outils utilisés pour la documentation. Ces missions se sont opérées dans six départements du pays : les départements de la Sangha, de Brazzaville, de la Bouenza, de la Cuvette, du Niari et de Pointe Noire. Le présent rapport ne présente donc pas de manière exhaustive la situation dans l’ensemble du pays. Mais il décrit sur la base d’un échantillonnage, les conditions dans lesquelles vivent les personnes privées de liberté en République du Congo. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 6 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. III. PRESENTATION DE LA REPUBLIQUE DU CONGO 1. La situation géographique Subdivision administrative Bouenza chef lieu Madingou ; Brazzaville chef lieu Brazzaville ; Cuvette chef lieu Owando ; Cuvette Ouest chef lieu Ewo ; Kouilou chef lieu Loango ; Lékoumou chef lieu Sibiti ; Likouala chef lieu Impfondo ; Niari chef lieu Dolisie Plateaux chef lieu Djambala ; Pointe – Noire chef lieu Pointe – Noire ; Pool chef lieu Kinkala ; Sangha chef lieu Ouesso Le Congo est un pays situé au centre du continent africain avec une superficie totale de 342.000 km². Il partage ses frontières avec la Centrafrique au Nord, le Cameroun au Nord-Ouest, le Gabon à l'Ouest, le Cabinda (Angola) à l'extrême Sud-ouest, et la RDC à l'Est. De par son positionnement stratégique, et avec son port en eau profonde, unique dans la sous région, le Congo pays de transit, est la plaque tournante idéale des marchandises destinées à d'autres pays de l'Afrique Centrale comme le Cameroun, le Tchad, et la Centrafrique, voire même la République Démocratique du Congo. La République du Congo, aujourd’hui membre du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies depuis mai 2O11, est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ainsi qu’au Premier protocole facultatif se rapportant à ce pacte, mais n’a pas encore ratifié le Deuxième protocole Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 7 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. facultatif se rapportant au PIDCP visant à abolir la peine de mort. Il est aussi partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. 2. La situation démographique La population congolaise est estimée à prés de 4 243.929 d’habitants pour une densité de 12,4 hab/Km2 (htt://www.congo-site.com). Elle est composée majoritairement de bantous et de quelques minorités parmi lesquelles on compte les populations autochtones. Plus des deux tiers de la population se concentrent dans le sud du pays. Les trois quarts de la population habitent les villes, ce qui fait que la République du Congo est l'un des pays les plus urbanisés d'Afrique. À elles seules, les agglomérations de Brazzaville et de Pointe-Noire comptent respectivement 990 000 habitants 576 000 habitants, ce qui représente près de la moitié de la population totale du Congo. Cette concentration pose de sérieux problèmes de logement et de santé. Notons aussi que la population congolaise a pour langue officielle le français. Par ailleurs, le Kituba et le lingala restent des langues nationales. 3. L’organisation administrative et politique Régi par la constitution du 20 janvier 2002, le Congo est une République avec un Etat laïc. Cette constitution consacre l'existence de trois (3) pouvoirs distincts : Le pouvoir exécutif, incarné par le Président de la République : celui-ci est élu pour sept ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une fois. Le Président de la République est le chef de l'Etat. Il incarne l'unité nationale. Le Président de la République est le chef de l'exécutif. Il est le chef du Gouvernement. Il dispose du pouvoir réglementaire et assure l'exécution des lois. Le pouvoir législatif représenté par un parlement bicaméral (Assemblée et Sénat) : Le Parlement exerce le pouvoir législatif et contrôle l'action de l'exécutif. Les députés sont élus au suffrage universel direct. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par les conseils des collectivités locales. Ils représentent les collectivités territoriales de la République. Le Sénat exerce, outre sa fonction législative, celle de modérateur et de conseil de la Nation. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 8 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Le pouvoir judiciaire est exercé par la Cour suprême, la Cour des comptes et de discipline budgétaire, les Cours d'appel et les autres juridictions nationales. Le pouvoir judiciaire statue sur les litiges nés de l'application de la loi et du règlement. Le titre VIII de la Constitution du 20 janvier 2002, consacré au pouvoir judiciaire dispose en son article 136 que : « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Les juges ne sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi ». La Cour suprême, la Cour des comptes et de discipline budgétaire, les Cours d'appel et les autres juridictions nationales sont créées par les lois organiques qui fixent leur organisation, leur composition et leur fonctionnement. En 2008, d’autres tribunaux de grande instance et cours d’appel ont été crées pour tenter de rapprocher les services judiciaires. Malheureusement, le déficit des ces cours et tribunaux sur l’ensemble du territoire nationale empêche toujours à rapprocher les justiciables de la justice. On note l'existence d'un tribunal de grande instance dans chaque chef-lieu de département (qui sont au nombre de douze et quatre (04) Cours d’appel à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Owando. Les membres de la Cour suprême et les magistrats des autres juridictions nationales sont nommés par le Président de la République, sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature. La cour criminelle des mineurs, sa compétence s’étend aux mineurs âgés de seize ans au moins, accusés de crime. Elle est composée du président de la Cour d’Appel ou d’un conseiller désigné par lui, de deux assesseurs magistrats dont l’un est juge des enfants, et de six jurés. La Cour constitutionnelle est la plus haute juridiction de constitutionnalité de la loi et garantit les droits fondamentaux de l’homme, ainsi que les libertés publiques. La Haute cour de justice est compétente pour juger les membres du Parlement et du Gouvernement en raison des faits qualifiés de crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions, ainsi que leurs complices en cas de complot contre la sûreté de l’Etat. Elle est également compétente pour juger le Président de la République en cas de haute trahison. Le territoire congolais est divisé en 12 départements, subdivisés en 86 souspréfectures et 7 communes urbaines. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 9 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 4. Les institutions nationales Plusieurs institutions étatiques veillent au respect des droits de l’homme. Il s’agit : le Ministère de la Justice et des Droits Humains ; le Ministère de la Santé et de la population ; le Ministère des affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité ; le Ministère de la Promotion de la Femme et de l’Intégration de la Femme au développement ; le Médiateur de la République ; la Commission Nationale des Droits de l’Homme ; le Conseil Supérieur de liberté de communication ; la Cour constitutionnelle etc. Malgré l’existence de quelques institutions juridictionnelles et non juridictionnelles destinées à assurer le respect et la protection des droits de l’Homme, les conditions de détention restent une tragédie nationale. Ces institutions sont incapables de remplir pleinement les missions qui leur sont assignées. 5. Les juridictions nationales Les juridictions représentent des mécanismes de surveillance constituées des tribunaux et cours d’une part, et de la Cour constitutionnelle d’autre part. La loi n°19-99 du 15 août 1999 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°022-92 du 20 août 1992 portant organisation du pouvoir judiciaire, dispose en son article 2 : « les citoyens congolais sont égaux devant la loi et devant les juridictions. Ils peuvent agir et se défendre eux-mêmes verbalement ou sur mémoire devant toutes les juridictions à l’exception de la Cour Suprême ». La loi n°001/84 portant réorganisation de l’assistance judiciaire prévoit l’assistance judiciaire aux personnes démunies. Malheureusement, elle n’est pas effective. IV. LE FONCTIONNEMENT DE L’APPAREIL JUDICIAIRE De prime à bord, l’appareil judiciaire congolais fonctionne dans un environnement de sous-équipement qui ne permet pas aux acteurs du système judiciaire d’être à la hauteur de leurs tâches. Cette situation ne peut qu’entraîner des Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 10 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. conséquences négatives sur la gestion des détenus et des prisons. Les locaux judiciaires présentent une image de vétusté et de détérioration. En outre, dépourvue de fournitures de bureau (papiers en quantité suffisante, stylos, markers, agrafeuses, classeurs etc.…) de machines (ordinateurs, imprimante, copieur etc.) et d’équipements meubles, les dossiers sont classés par terre en l’absence de toutes les normes de sécurité. On note quelquefois la présence de meubles dans les bureaux de parquets et prisons de grandes villes dont la plupart généralement sont couverts de poussière exposant ainsi le personnel aux multiples risques de maladies. A l’intérieur du pays, cette situation fait que les dossiers du parquet sont gardés dans les domiciles des agents pour des raisons de “sécurité’’. Le personnel judiciaire travaille parfois debout à cause du manque de dotation d’équipement meuble. Il arrive souvent que les dossiers du parquet soient traités à la cité par les services bureautiques à cause du manque de machine ou d’électricité. Une situation qui met en cause le secret judiciaire. Le travail est souvent manuscrit ce qui cause indubitablement une léthargie dans l’évacuation des dossiers. Cette négligence ne peut qu’occasionner la disparition des dossiers de procédure. Ce qui met les détenus dans une situation d’abandon, croupissant en détention sans connaitre le niveau d’évolution de leurs dossiers. Par ailleurs, l’appareil judiciaire congolais pris dans son ensemble n’est pas toujours en mesure de rapprocher les justiciables des justiciers en raison du déficit des cours et tribunaux sur l’ensemble du territoire. Le fonctionnement de l’appareil judiciaire est aussi tinté de corruption. La République du Congo fait partie de la boxe des pays corrompus au monde. On peut citer les révélations du ministre des finances Gibert Ondongo concernant le contrôle des éléments de rémunération des agents de l’Etat lors du premier conseil des ministre tenu le 28 septembre 2012 à Brazzaville. Ces révélations portaient sur de grandes irrégularités relatives à ce contrôle qui se rapportent notamment aux indemnités et primes indument perçues, à l’usage de faux textes d’intégration, à l’usurpation de grades de militaires et policiers, à l’usage de fausses décisions d’engagement, ce qui donne un total de faux et fictifs agents civils et militaires de 4909, représentant une incidence financière annuelle de huit milliards trois cent douze millions cinq cent soixante quinze mille quatre cent quatre vingt huit (8.312.575.488) francs CFA au préjudice de l’Etat congolais. Cette corruption ronge aussi la justice congolaise et constitue une de ses faiblesses. Plus de corruption entraine moins de structures et infrastructures viables, moins d’efficacité dans le travail. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 11 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. V. LE CADRE LEGAL SUR LES PRISONS ET DROITS DES DETENUS Le cadre légal en matière des prisons et des conditions de détention concerne l’ensemble des normes ou instruments juridiques internationaux dument ratifiés par les Etats et la législation nationale en vigueur. 1. Au niveau international Nous pouvons citer : - La Déclaration Universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 L’article 9 de cette déclaration dispose que : "Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ni exilé". L’article 10 précise que : "Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle". L’article 11 ajoute que : "Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées". - Le Pacte International relatif aux droits civils et politiques Adopté et ouvert à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’assemblée générale dans sa résolution 2200 a (XXI) du 16 décembre 1966. L’article 9 dudit pacte prévoit que : "Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne". 1. Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs, et conformément à la procédure prévus par la loi. 2. Tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui. 3. Tout individu arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires, et devra être jugé dans un délai raisonnable ou libéré. La détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 12 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. pas être de règle, mais la mise en liberté peut être subordonnée à des garanties assurant la comparution de l’intéressé à l’audience, à tous les autres actes de la procédure et, le cas échéant, pour l’exécution du jugement. 4. Quiconque se trouve privé de sa liberté par arrestation ou détention a le droit d’introduire un recours devant un tribunal afin que celui-ci statue sans délai sur la légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale. 5. Tout individu victime d’arrestation ou de détention illégale a droit à réparation." L’article 10 complète : "1. Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine". 2. a) Les prévenus sont, sauf dans des circonstances exceptionnelles, séparés des condamnés et sont soumis à un régime distinct, approprié à leur condition de personnes non condamnées ; b) Les jeunes prévenus sont séparés des adultes et il est décidé de leur cas aussi rapidement que possible. 3. Le régime pénitentiaire comporte un traitement des condamnés dont le but essentiel est leur amendement et leur reclassement social. Les jeunes délinquants sont séparés des adultes et soumis à un régime approprié à leur âge et à leur statut légal." - La Convention contre la torture et autres peines traitements cruels, inhumains ou dégradants. L'ayant ratifiée en 2003, la République du Congo fait partie des Etats ayant l’obligation de respecter et de faire respecter cet instrument qui protège les droits de l’Homme en général et ceux des détenus en particulier. L’article 2 de cette convention dispose que « Tout Etat partie prend des mesures législatives, administratives, judiciaires et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis dans tout territoire sous sa juridiction». Cette convention fait une interdiction stricte de recours aux pratiques ou traitements cruels, inhumains et dégradants. - Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 13 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Ces règles ont été adoptées par le premier Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, tenu à Genève en 1955 et approuvé par le Conseil économique et social dans ses résolutions 663 C (XXIV) du 31 juillet 1957 et 2076 (LXII) du 13 mai 1977. Dans ses observations préliminaires cet instrument de base précise ce qui suit : 1. "Les règles suivantes n'ont pas pour objet de décrire en détail un système pénitentiaire modèle. Elles ne visent qu'à établir, en s'inspirant des conceptions généralement admises de nos jours et des éléments essentiels des systèmes contemporains les plus adéquats, les principes et les règles d'une bonne organisation pénitentiaire et de la pratique du traitement des détenus. 2. Il est évident que toutes les règles ne peuvent pas être appliquées en tout lieu et en tout temps, étant donné la grande variété de conditions juridiques, sociales, économiques et géographiques que l'on rencontre dans le monde. Elles devraient cependant servir à stimuler l'effort constant visant à leur application, en ayant à l'esprit le fait qu'elles représentent, dans leur ensemble, les conditions minima qui sont admises par les Nations Unies. 3. D'autre part, ces règles se rapportent à des domaines dans lesquels la pensée est en évolution constante. Elles ne tendent pas à exclure la possibilité d'expériences et de pratiques, pourvu que celles-ci soient en accord avec les principes et les objectifs qui se dégagent du texte de l'Ensemble de règles. Dans cet esprit, l'administration pénitentiaire centrale sera toujours fondée à autoriser des exceptions aux règles." 2. Au niveau régional La charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981, entrée en vigueur le 21 octobre 1986 est le document de référence. Ce document coercitif qui fait autorité dans la région Afrique dispose un certains nombre des droits en faveur de la population carcérale qu’aucun n’Etat ne saurait violer. L’article 4 : « la personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l’intégrité physique et morale de sa personne. Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit.» L’article 5 : « tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme, notamment l’esclavage, la Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 14 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdites ». L’article 6: « Tout individu a droit à la sécurité de sa personne. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminés par la loi ; en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement ». 3. Au niveau national - La Constitution La Constitution congolaise du 20 janvier 2002 énonce en son article 9 : « La liberté de la personne humaine est inviolable. Nul ne peut être arbitrairement accusé, arrêté ou détenu. Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’une procédure lui garantissant les droits de défense. Tout acte de torture, tout traitement cruel, inhumain ou dégradant est interdit ». En plus de la Constitution, il existe tout un arsenal juridique régissant l’organisation et le fonctionnement des établissements pénitentiaires. Il s’agit des textes généraux notamment des Arrêtés du ministère de la justice et des droits humains tels que : - L’arrêté n°12897 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des services et des bureaux de la direction générale de l’administration pénitentiaire, conformément aux dispositions de l’article 19 de décret n°2011-494 du 29 juillet 2011 ; - L’arrêté n°12898 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des directions départementales de l’administration pénitentiaire, conformément aux dispositions de l’article 17 du décret n°2011-494 du 29 juillet 2011 ; - L’arrêté n°12899 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des maisons d’arrêt et l’arrêté n°12900 du 15 septembre 2011 portant règlement intérieur des maisons d’arrêt. Nous allons plus nous atteler sur les deux derniers arrêtés dans le cadre de ce rapport. L’article 2 de l’arrêté n°12899 dispose que : "Les maisons d’arrêt sont des lieux de détention qui reçoivent les prévenus et les condamnés, en vertu d’un titre de détention légal." Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 15 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Il s’agit des 17 maisons d’arrêt ci-après : Maison d’arrêt de Brazzaville ; Maison d’arrêt de Pointe-Noire ; Maison d’arrêt de Dolisie ; Maison d’arrêt de Mouyondzi ; Maison d’arrêt de Mossendjo ; Maison d’arrêt de Sibiti ; Maison d’arrêt de Madingou ; Maison d’arrêt de Djambala ; Maison d’arrêt de Gamboma ; Maison d’arrêt d’Oyo ; Maison d’arrêt d’Owando ; Maison d’arrêt de Mossaka ; Maison d’arrêt de Ouesso ; Maison d’arrêt d’Impfondo ; Maison d’arrêt de Kindamba ; Maison d’arrêt de Kinkala ; Maison d’arrêt d’Ewo. Le chapitre 2 sur les attributions prévoit en son article 3 que : "Les maisons d’arrêt sont des services déconcentrés chargés, notamment, de : Appliquer la politique gouvernementale en matière pénitentiaire ; Recevoir les personnes placées sous mandat de justice ; Faire exécuter les peines privatives de liberté conformément à la législation et la réglementation en vigueur ; Veiller aux conditions humaines de détention ; Assurer la formation scolaire professionnelle et technique ; Garantir l’hygiène, la santé, la bonne alimentation et l’exercice du culte religieux des détenus ; Favoriser l’équilibre relationnel entre le détenu, la famille et la société ; Préparer la resocialisation des détenus ; Collaborer avec les personnes, les associations des droits de l’homme et les organismes humanitaires intéressés aux problèmes des détenus ; Suivre les projets d’exécution des peines mis en place par le juge de l’application des peines." Chaque maison d’arrêt comprend, suivant les dispositions de l’article 5 du chapitre 3 de l’organisation : le service de la surveillance ; le service de la détention ; le service du greffe judiciaire et des transfèrements ; Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 16 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. le service de l’intendance ; le service administratif et du personnel ; le service social ; le service de l’évaluation et de l’orientation ; le service de coordination des unités de production ; le service des enseignements ; le service de l’animation culturelle et sportive ; le service médical et d’hygiène. L’article 11 de la section 6 du même arrêté dispose que : "Le service social est dirigé et animé par un chef de service qui a rang de chef de bureau. Il est chargé, notamment, de : Accueillir et informer les prévenus sur leurs droits et devoirs ; Favoriser l’équilibre relationnel entre le détenu, la famille, les institutions juridictionnelles, administratives et financières ; Préparer la réintégration sociale et professionnelle dans la mesure du possible ; Veiller aux conditions de santé, d’hygiène, de couchage et d’alimentation ; Suivre l’évolution des dossiers des prévenus ayant dépassé la durée légale de détention préventive ; Communiquer à la hiérarchie la liste des libérés en précisant les adresses post-carcérales ; Préparer et participer activement à la commission de l’application des peines ; Appliquer l’aide multiforme aux détenus." Du service médical et d’hygiène traité à l’article 16 de la section 11 nous pouvons retenir ce qui suit : "Le service médical et d’hygiène est dirigé et animé par un chef de service qui a rang de chef de bureau. Il est chargé notamment de : D’assurer les premiers soins aux détenus ; Dépister les différentes pathologies dont ils sont porteurs ; Organiser l’évacuation des détenus malades dans les centres hospitaliers compétents ; Veiller à l’état de propreté des cours, des cellules, des sanitaires, du matériel de couchage et à la propreté corporelle des détenus ; Organiser les séances de désinfection de l’établissement avec le concours des services d’hygiène ou tout autre organisation non gouvernementale intéressée à la question ; Veiller, de concours avec le service social, à la conservation des aliments." Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 17 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. L’arrêté n°12900 du 15 septembre 2011 portant règlement intérieur des maisons d’arrêt est applicable, selon les dispositions de l’article 2, à l’ensemble des maisons d’arrêt situées sur le territoire national. Les missions de la force publique sont prévues à la section 2, l’article 5 les énumère en ces termes : "La force publique a pour mission de : Assurer la sécurité de l’établissement en vue de prévenir les agressions, les intrusions extérieures et les éventuelles et évasions ; Assurer la sécurité des personnels de l’administration, des détenus, ainsi que de leurs biens au sein de l’établissement pénitentiaire ; Assurer le maintien de l’ordre dans l’établissement lorsque celui-ci est troublé ; Renforcer les mesures de surveillance dans l’établissement lorsque le besoin se fait sentir ; Extraire les détenus pour leur présentation aux autorités judiciaires compétentes ; Remettre les détenus à la disposition du personnel pénitentiaire en vue de leur réintégration dans les cellules." Le chapitre 4 traitant des missions des agents pénitentiaires dispose en son article 7 que : "Le personnel pénitentiaire a pour missions : Assurer la sécurité intérieure de l’établissement ; Gérer le régime de la détention ; Veiller à la sécurité de tous les quartiers de l’établissement ; Procéder quotidiennement aux contrôles physiques des détenus et aux fouilles en cas de nécessité ; Ouvrir et fermer les cellules ; Organiser les affectations des détenus dans les quartiers selon la catégorie pénale ; Gérer au quotidien les détenus selon leurs régimes pénitentiaires." Créées entre les années 1945 et les années 1960, les maisons d’arrêt en République du Congo n'ont jamais été modernisées et ne répondent pas aux normes de sécurité requises et permettant la réadaptation des détenus. VI. LE FOSSE ENTRE LA LOI ET LA PRATIQUE Les visites des lieux de détention avaient pour but de vérifier le respect des normes régissant les conditions dans lesquelles les personnes placées en détention doivent être incarcérées. Conditions qui reposent essentiellement sur un principe de base : l’obligation de traiter les détenus avec dignité et humanité. Ce principe oblige au respect de règles minimales en matière de séparation des Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 18 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. catégories de détenus, de locaux de détention, d'hygiène, d'alimentation, de soins médicaux, d'information des détenus sur leurs droits, de discipline et punitions, de contact et communication avec le monde extérieur etc. L'Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH) estime que les conditions de détention n'ont pas connu d'avancée majeure en République du Congo et que l'objectif de protéger la société par les pouvoirs publics reste "une utopie". 1. La population carcérale Construites entre les années 1945 et 1960, les prisons du Congo font face à une surpopulation carcérale, avec toutes les conséquences néfastes que cela entraîne. La surpopulation carcérale est la conséquence immédiate de l’évolution démographique. L’architecture des établissements pénitentiaires rend impossible l’atteinte des objectifs assignés conformément aux normes et standards internationaux en la matière. A titre d’exemple, la maison d’arrêt et de correction de Brazzaville, la plus grande dans le pays a été construite pour une capacité d’accueil de 150 personnes, elle hébergeait en 2011 environ 600 détenus. Depuis les événements du 4 mars 2012 relatifs aux explosions des dépôts de munition d’armes de guerre du régiment blindé de Mpila ayant conduit à l’arrestation de plusieurs officiers supérieurs et sous officiers, elle accueillerait aujourd'hui environ 700 détenus selon les responsables de la maison d’arrêt. La prison de Pointe Noire, construite pour une capacité d’accueil de 75 personnes, héberge 304 détenus (statistiques 11 octobre 2012). Ce phénomène de surpopulation en milieu carcéral ne laisse pas les détenus indemnes. Ils sont par conséquent victimes de traitements inhumains, cruels et dégradants. Plusieurs facteurs interviennent pour élucider cette question de surpopulation qui gangrène les prisons et ses populations en République du Congo. Il s’agit de: - La longue durée de détention préventive : Les détenus restent des mois et même des années en détention avant d’être jugés ou relaxés au mépris des délais légaux ; - La non régularité des sessions criminelles : par manque d’indépendance financière pour les cours et tribunaux, les Cours d’Appel (C.A) en République du Congo tiennent difficilement les sessions criminelles. Elles peuvent passer plus de cinq ans sans organiser des sessions criminelles, Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 19 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. pendant que les maisons d’arrêt ne font que recevoir les prévenus. Dans la ville de Dolisie par exemple, la dernière session criminelle date de 2008 et, celle de Brazzaville date de 2010 ; - Le déficit des magistrats : les cours et tribunaux fonctionnels restent sous équipés en personnel. Excepté la ville de Brazzaville, capitale politique et celle de Pointe Noire, capitale économique, où l’on peut trouver un effectif peu appréciable des magistrats pour réguler les fonctions de justice. A l’intérieur du pays c’est le chaos ; - Les procédures d’arrestation : elles ne sont généralement pas observées au regard des dispositions du code de procédure pénale. Ce qui justifie le caractère illégal et arbitraire des arrestations auxquels se livrent les officiers de police judiciaire et les magistrats et le recours systématique à la détention même pour des faits mineurs ; - Crédits dérisoires affectés aux pénitenciers : l’absence d’une réelle volonté des pouvoirs publics vis-à-vis des prisons fait que les crédits alloués aux pénitenciers ne tiennent pas compte des questions carcérales et les défis majeurs y relatifs. La mise à l’écart, la garde et la surveillance des personnes incarcérées constitue l’une des missions traditionnelles des prisons. Si les prisons sont dotées, depuis leur conception architecturale, d’un système de sécurité décourageant toute tentative d’évasion, cela n’est pas encore le cas dans nos prisons qui restent très perméables par suite de négligence ou de complaisance du personnel de garde et par défaut de système d’alarme adéquat. La population carcérale est composée des prévenus et des condamnés. Ces deux catégories de détenus ne sont pas dans des cellules distinctes dans les prisons congolaises. Il n’existe pas de recensement national des condamnés et prévenus par catégorisation, les statistiques sont mal tenues, voir inexistantes. Il faut noter qu’en République du Congo, la quasi-totalité des personnes ayant fait l’objet d’une condamnation dispose d’un casier judicaire vierge. Les registres sont mal suivis à cause de la non informatisation des fichiers, et il y a des cas fréquents d'évasion, parfois avec la complicité des responsables pénitentiaires. Le phénomène de surpopulation carcérale est aussi une réalité dans les centres disciplinaires (commissariats et brigades de gendarmerie). Dans ces locaux, les délais de garde à vue de 72 heures prévus pour une enquête préliminaire ne sont Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 20 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. pas souvent respectés. Les individus passent des semaines, voire des mois en garde à vue. Selon les responsables, cette pratique est justifiée par la surpopulation des cellules de la maison d’arrêt. Ce qui fait que certains commissariats de police et brigades de gendarmerie sont transformés en maison d’arrêt. Les parquets délivrent des mandats de dépôt aux commissaires de police et chefs de brigades de gendarmerie pour héberger les détenus qui sont censés être dans les maisons d’arrêt pour essayer de désengorger les geôles. Cette situation met souvent en conflit les responsables de commissariats, de brigades de gendarmerie et les procureurs de la République. Les commissaires de police et chefs de brigades de gendarmerie, étant hiérarchiquement soumis aux procureurs de la République, sont obligés de voir leurs locaux être envahis par des détenus entassés dans des cellules minuscules destinées à la garde à vue sans prise en charge médicale et/ ou nutritionnelle. Ces officiers de police judiciaire cumulent les fonctions d’auxiliaires de justice et de régisseurs, alors qu’ils n’ont pas de connaissances avérées en matière de gestion des prisons et des détenus. Dans certaines maisons d’arrêt, les détenus ne sont pas repartis par rapport aux chefs d’inculpation. Tous sont ensemble et l’unique répartition est basée sur le sexe. Ces pratiques sont la résultante du manque des cellules. Or cette répartition n’est pas sans conséquence sur le vécu de la population carcérale, même du point de vue des rapports entre les détenus. Les cellules ne sont pas fermées, la journée les détenus se retrouvent tous à la cour de la prison. La prise en compte de la situation spécifique de la population des mineurs n’est pas observée dans 16 prisons en République du Congo soit un pourcentage de 94,11%. Il n'y a pas de structures de mineurs ou de l’enfance délinquante et ces derniers sont détenus dans les mêmes cellules que les grands bandits (condamnés et prévenus). Cette promiscuité ne fait que préparer le terrain pour donner naissance à des futurs délinquants. Par ailleurs, pour tenter de résoudre ce problème de cohabitation, les mineurs sont parfois remis à la disposition des parents sur la base de la confiance faite aux parents. La consommation de drogue en milieu carcéral est importante. Il faut dire que cette substance est considérée comme une sorte de consolation au sein de cette population qui n’a pas où se distraire, car privée de toute activité intellectuelle, sportif etc. Certains individus sont placés dans des geôles déshabillés Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 21 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. complètement et d’autres à moitié nus au mépris du caractère sacré de la dignité humaine. Selon les sources, cela est pratiqué pour éviter les cas de pendaison. 2. Le personnel non qualifié et en sous-effectif La question du personnel au niveau de l’administration pénitentiaire en République du Congo pose d’énormes problèmes. Ces problèmes sont liés à l’insuffisance et au statut du personnel puis au manque de formation adéquate. Il est difficile de trouver dans les prisons en République du Congo des spécialistes en sociologie, psychologie et en psychiatrie. Elles contiennent plus les agents de force publique et autres branches sociales. Le personnel des maisons d’arrêt en République du Congo n’est pas suffisamment formé pour être apte à exécuter les missions qui lui sont assignées. En outre, on note un déficit en personnel de surveillance. D’où la nécessité d’un renforcement de capacités et d’une formation pour un personnel qualifié. Pour illustration, à Ouesso, la surveillance de la population carcérale est assurée par le personnel civil, c’est-à-dire le régisseur et ses collaborateurs. Aucune présence de force publique n’est à signaler. Cette situation est de nature à favoriser les évasions. Par contre, dans les établissements publics et privés de la ville, on note la présence des agents de force publique pour assurer l’ordre et la sécurité desdits établissements. Les cours et tribunaux peinent dans leur travail à cause de piles des dossiers inversement proportionnelle au nombre des magistrats. A Ouesso par exemple, chef lieu du département de la Sangha (le département de la Sangha comprend 05 districts) on note à peine six magistrats pour l'ensemble du département, dont trois affectés au tribunal de grande instance (TGI) avec compétence sur toutes les affaires de son ressort et trois autres en service à la Cour d’Appel (CA). Alors même que, selon les responsables judiciaires, la ville de Ouesso est réputée comme zone criminogène. Ce déficit en personnel qui est une réalité sur l’ensemble du territoire a pour corollaire l'irrégularité des audiences. Les tribunaux ne tiennent pas d'audiences parfois pendant plus de quatre mois. Les magistrats abandonnent de temps à autre leur poste pour se rendre dans les localités où ils doivent percevoir leur salaire et le plus souvent dans les grandes villes. Une fois arrivé hors des lieux de résidence, ils ne pensent même plus retourner aussi vite pour évacuer les dossiers en instance, alors que la population est souffrante en détention. A ces Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 22 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. maux, s’ajoute les vacances judiciaires prolongées et le manque d’indépendance des magistrats qui affectent gravement la vie en détention. 3. La vétusté des locaux et les mauvaises conditions d’hygiène Les normes internationales énumèrent certaines conditions à respecter en ce qui concerne l’hébergement des détenus dans les locaux de détention et l’hygiène qui doit y régner. Actuellement il faut dire qu’en République du Congo toutes les prisons sont en mauvais état. Certaines d’entre elles par le passé se sont même écroulées sous le poids de l’âge et d’autres ont été fermées. Conformément à l’article 627 du code de procédure pénale, « chaque maison d’arrêt doit comprendre deux quartiers distincts suivant le genre de vie des prévenus ». Il existe dans la prison de Dolisie un « quartier de femmes » avec une cour et une cellule mais qui n’est pas fonctionnelle. Cela est problématique au cas où des détenus-femmes arriveraient dans la Maison d'arrêt de Dolisie. Les prévenus et les condamnés sont dans les mêmes cellules. La Maison d’Arrêt centrale de Brazzaville est une vielle bâtisse aux allures de forteresse construite dans les années 1943-1944 avec une capacité d’accueil de près de 150 détenus. Elle comporte dix neuf cellules dont certaines sont défectueuses. Ce pénitencier est structuré en quartiers : - Un quartier pour les délinquants dangereux (récidivistes) ; - Un quartier pour les fonctionnaires ou cadres ; - Un quartier pour les délinquants primaires. La maison d’arrêt de Ouesso fonctionnelle depuis le 18 juillet 2012 comprend : - Un seul quartier pour cinq (5) cellules destinées aux hommes ; - Une cellule des cadres non utilisable à cause de son mauvais état. La maison d’arrêt de Madingou est non réhabilitée. Cependant, un ancien bâtiment administratif a été aménagé pour accueillir les détenus. Ce bâtiment comprend quatre cellules : - Deux (2) cellules pour hommes ; - Une cellule pour femmes - Une cellule transformée en cuisine. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 23 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. La maison d’arrêt de Pointe Noire, construite en 1930 et réhabilitée en 2003 comprend : - Douze (12) cellules ordinaires - Cinq (5) cellules VIP Les petites cellules ont des dimensions de 1,75 X 3 mètres. La construction de ces bâtiments ne permet pas un cubage d’air suffisant. La surface minimum que doit occuper un détenu n’est pas observée, la lumière artificielle est absente dans les prisons. Il n'y a pas de système de ventilation, les cellules sont hermétiquement fermées et ne permettent pas la circulation d’air frais. Les murs des cellules sont en général très sales avec une humidité omniprésente. Dans certains bâtiments, le plafond est fait de planches placées les unes après les autres, ce qui peut favoriser les cas de pendaisons. La vétusté des locaux fait que pendant les pluies, les détenus se retrouvent dans une situation inimaginable. Aussi, à cause de cette vétusté, les conditions sécuritaires ne sont pas remplies, ce qui occasionne souvent les évasions. Par ailleurs, les détenus passent des nuits à même le sol insalubre avec des vêtements non appropriés dans un environnement malsain, exposés aux odeurs nauséabondes d’ordures et d’urine depuis l’entrée des cours. Les prisons au Congo ne disposent pas de mécanisme adéquat d’évacuation des eaux usées. Ces eaux, ruisselant, les rats, les insectes et les moustiques pullulent et animent les cellules. Cette population carcérale dans la quasi-totalité ne dispose pas de literie. Ils leurs manquent de l’eau potable et de l’eau à usages divers, des installations sanitaires en quantité suffisante, des salles de bain et même de la lumière naturelle ou artificielle. Les objets de fortune sont utilisés dans les maisons d’arrêt pour satisfaire aux besoins naturels. Dans les maisons d’arrêt où l’on trouve des sanitaires comme dans les villes de Brazzaville, Pointe Noire et Ouesso, leur nombre est en quantité insignifiante et dans un état délabré. La pénurie d’eau amène les détenus à entretenir la saleté et à ne pas garder les lieux en parfait état d’entretien. Dans les commissariats de police et Brigades de gendarmerie qui, de temps à autre, se transforment aussi en ersatz de maisons d’arrêt, les gardés à vue et les détenus qui y sont affectés font tous les besoins ensemble (matières Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 24 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. fécales, urines etc.) dans la cellule même où ils passent des nuits faute d’installation sanitaires. Une illustration concrète du mépris de la dignité humaine et de la perte de l’intimité. Ce qui pousse à dire que les êtres humains sont moins bien traités que les animaux. Il n'y a pas de budget de fonctionnement pour ces commissariats et brigades de gendarmerie, les responsables de ces établissements utilisent les “moyens du bord”, c’est-à-dire pratiquer de la concussion en faisant payer les convocations et en prélevant des sommes forfaitaires à la sortie de la garde à vue. Travaillant dans des conditions inacceptables, la garde à vue s'est avérée un bon marché pour les officiers de police judiciaire. Les centres carcéraux au Congo n’offrent même pas le strict minimum d’un séjour carcéral. L’omniprésence de la saleté est vectrice de plusieurs maladies de la peau, de la prolifération du paludisme et des maladies contagieuses comme la tuberculose. Sans eau pour se laver et nettoyer leurs locaux et leurs vêtements, les détenus passent des semaines sans être en contact avec l’eau, leurs sous vêtements ne sont pas changés régulièrement. Le gouvernement congolais, à travers le projet d’Action pour le renforcement de l’Etat de droit et des Associations (PAREDA) avec l’appui de l’Union européenne (UE) a mis en place un programme intitulé « les conditions de détention et la protection juridique des détenus dans les deux maisons d’arrêt principales du pays et autres centres de détention ». Il se présente comme suite : - Réhabilitation des prisons de Brazzaville, Pointe Noire et Dolisie ainsi que le cachot du commissariat de Pointe Noire d’ici 2013 ; - Une subvention de 100.000 Euros sera attribuée au Bureau National pour assurer la défense des détenus préventifs indigents dans les prisons de Pointe Noire, Brazzaville et Dolise ; - Une formation aux agents pénitentiaires sur la gestion administrative des prisons et la psychologie des détenus d’ici 2013. Le ministère de la justice a entrepris de construire des prisons à Djambala, Ouesso et Owando. A Djambala les travaux n’ont pas encore démarrés. Ces activités restent un chantier ouvert Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 25 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 4. La sous alimentation Les normes nationales et internationales sont bafouées en République du Congo. La question de la nutrition est un véritable casse tête dans les prisons et dans les établissements de garde à vue. L’Etat apporte aux détenus une assistance alimentaire médiocre. Ce sont plutôt les parents qui volent au secours des leurs. Le repas ne se donne qu’une seule fois par jour si dotation il y a. La raison avancée par les autorités est simple : soit le budget ne répond pas à l’affluence massive des détenus, soit le budget alloué est insignifiant. On peut citer la tragédie à la maison d’arrêt de Pointe Noire. En octobre 2012, la ration alimentaire des détenus était prévue pour 200 personnes, alors qu’elle accueillait déjà 304 détenus. Les détenus sont nourris généralement du riz, du poisson grillé, des produits congelés et du pain. Selon les détenus, le repas est toujours mal préparé et non équilibré. Ce qui est souvent le prélude des maladies gastriques. Ainsi, suite à cette situation alarmante plusieurs cas de grève de faim ont été observés dans les prisons en République du Congo. En octobre 2010 et novembre 2011, aux maisons d’arrêt de Dolisie et de Brazzaville, les autorités ont dû intervenir après un soulèvement des détenus à cause de l’insuffisance de la nourriture. De même, dans les commissariats et brigades de gendarmerie, lorsque le rythme de l’apport des parents se ralentit, les commissaires et chefs de brigade exercent une pression sur les procureurs de la République afin que les parquets les prennent en charge de manière à ce que cela ne soit pas un poids supplémentaire. 5. Un système de santé défaillant Dans ce domaine aussi les normes en matière de santé ne sont pas respectées. Il a été remarqué que la santé des détenus est très déplorable suite aux manques de soins médicaux adéquats. Les détenus gravement malades devraient en principe bénéficier d’un transfert immédiat vers un centre hospitalier le plus proche. Dans la réalité, ce transfert est fait en retard et entraine de nombreux décès. A la maison d’arrêt de Dolisie et de Pointe Noire, il y a des détenus qui souffrent de maladie telle que la dermatose, mais l’infirmerie de ces maisons d’arrêt ne dispose pas de moyen qu’il faut pour prendre en charge ces cas. Généralement, les parents viennent en aide. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 26 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Le transfert des détenus vers les hôpitaux pose également un réel problème. Ceux qui disposent des moyens financiers sont tout de suite évacués, alors que les démunis ne sont généralement transférés que lorsqu’ils sont pratiquement à l’agonie. Force est de constater qu’une fois transférés dans ces lieux, ils sont tellement abandonnés à eux mêmes que très peu survivent. La situation est souvent difficile pour les étrangers dont certains se sont introduits illégalement au Congo ou qui ne disposent pas de parents ou d’amis pouvant leur venir en aide lorsque l’assistance de l’Etat est défaillante ou lacunaire en cas de maladie. Les centres carcéraux manquent des structures de santé adéquates. Si le centre hospitalier universitaire (C.H.U) de Brazzaville, grande vitrine en matière de santé en République du Congo présente un état de dénuement extrême, la situation est loin d’être meilleure dans les centres d’infirmerie placés à l’intérieur de centres carcéraux. Les prisons sont dotées de centres d’infirmerie pour la plupart non fonctionnels. Là où ils sont fonctionnels, le personnel est soit absent soit insuffisant avec un sous équipement du matériel. Les détenus ne font pas l’objet de visites médicales au moment de leur admission. Le suivi médical des détenus ne se fait pas. A la prison de Brazzaville, la « fondation EBINA » jouit d’une notoriété à cause de son action en faveur des détenus malades. A l’intérieur du pays, en l’absence des produits médicaux dans les infirmeries, le recours est toujours fait aux services sociaux et médicaux de la localité. Dans ces cas, les soins sont gratuits ou leurs coûts doivent parfois être supportés par les parents des détenus. On constate des dérives parmi lesquelles l’utilisation des détenus aux travaux de salubrité des établissements publics comme les hôpitaux afin de bénéficier de la prise en charge en cas de maladie. Ces arrangements entre les responsables pénitentiaires et les chefs des centres de santé ne font qu’aggraver la souffrance de cette population. 6. La détention illégale/arbitraire et séquestration Le terme détention s’entend de la condition d’une personne qui est privée de liberté aux fins d’une enquête pour avoir commis une infraction à la loi pénale. La constitution congolaise reconnaît expressément le droit de ne pas être arrêté ou détenu arbitrairement (art.9 al.1) et le droit à la liberté de mouvements Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 27 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. (art.16). Ces droits sont aussi proclamés dans les différents instruments internationaux ratifiés par le Congo. Cependant, malgré la consécration légale de ces droits, les autorités judicaires et officiers de police judicaire versent souvent dans l’arbitraire à travers les gardes à vue prolongées et les détentions préventives arbitraires et/ ou illégale. Exceptionnellement, le code de procédure pénale permet en ses articles 121, 122, 123 et 625 de placer un individu en détention préventive pendant quatre mois avec possibilité de prolongation ne pouvant excéder deux mois, notamment lorsqu’il y a crainte que le prévenu puisse faire disparaître ou altérer les preuves, ou encore lorsqu’il y a crainte que le prévenu puisse prendre la fuite et ainsi se soustraire à la justice. Malheureusement, dans la pratique, les responsables des parquets abusent de ce pouvoir et font de l’exception la règle. En réalité, ce qui pose principalement problème c’est la lecture des textes et leur application par des juges soumis à l'exécutif. En cette matière de détention préventive et de liberté provisoire, le pouvoir exécutif occupe une place déterminante dans la justice par l'intermédiaire du parquet qui lui est hiérarchiquement soumis. Les mandats de dépôt sont pris par les juges d'instruction à la requête du ministère public, c'est-à-dire du pouvoir exécutif. Le même ministère public peut à tout moment requérir la détention provisoire et la loi l'y autorise. Pour refuser d'exercer ce droit dans le sens de la liberté, l'exécutif rétorque qu'il ne peut remettre en cause «l'indépendance de la justice», En République du Congo, pour des faits aussi mineurs, il arrive souvent que des individus croupissent en détention au mépris des délais légaux. A la maison d’arrêt de Ouesso par exemple, il nous a été amené de constater la détention prolongée de cinq (5) mois sans motivation d’un individu accusé de vol de deux brouettes de sable. Une situation qui serait en principe réglée à l’amiable, va amener le parquet à délivrer un mandat de dépôt. Ce qui fait que, les vrais et faux prévenus passent des mois en détention en violation des normes légales sans que cela n’interpelle personne. Par ailleurs, certaines libertés sont quelquefois accordées suite à l’insistance des ONG de défense des droits de l’homme à travers leurs actions de plaidoyer. Au moyen d’un coup de fil, des personnes sont détenus illégalement grâce aux instructions de certaines autorités lorsqu’elles manifestent l’intérêt de régler les comptes à des citoyens avec lesquels ils ont des conflits. Le recours excessif et systématique du parquet à la détention préventive jusqu’à une durée indéterminée explique en partie le problème de la surpopulation carcérale avec ces lourdes conséquences. Des pluies de mandats de dépôt sont Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 28 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. délivrées par les magistrats qui, par la suite ne sont souvent pas en mesure d’en assurer le suivi, car préoccupés par autres choses que la vie des individus en danger dans les geôles des maisons d’arrêt. Par ailleurs, pour éviter quelquefois le contrôle de la justice, certaines autorités préfèrent séquestrer, c’est-à-dire garder des individus dans les lieux non réglementaires qui échappent au contrôle du parquet. L’OCDH a été même saisi pour une situation de séquestration accompagnée de sévices corporels de deux citoyens (Nzambou Talassi Fanfan et Maba Ghyslain) dans des containers métalliques pendant des jours à Brazzaville par des autorités militaires de la garde présidentielle. En dépit des multiples dénonciations de la société civile contre ces pratiques qui ne font guère avancer notre Etat en matière de respect des lois et règlements de la République et de respect des droits de l’homme, les autorités n'agissent pas pour y mettre un terme. Cas Amedé Delho Loemba. Accusé de vouloir « conspirer contre le régime de Sassou en mettant en place un programme de manifestation pacifique dans la ville de Pointe Noire », Amedé Delho Loemba a été détenu dans les services spéciaux de Pointe-Noire avant d’être transféré à Brazzaville puis détenu illégalement pendant près de deux ans à la maison d’arrêt de Brazzaville puis relaxé sans jugement. Cas Armand Bidounga. Suite à la fuite de la ménagère du Directeur central de renseignements militaires (DCRM) de Brazzaville pour maltraitance, M. Armand Bindounga, voisin du DCRM soupçonné d’avoir des relations avec la fugitive a été arrêté puis détenu à la Direction centrale de renseignements militaires pendant plusieurs jours. Il a fallu l’intervention de l’OCDH pour qu’il soit libéré. Cas Germain Ndabamenya Atikilome. Comme trois de ses concitoyens congolais originaires de la République Démocratique du Congo (RDC) exilés à Brazzaville, il avait été arrêté sans mandat et a croupi pendant près d’une décennie dans les geôles de la Direction centrale des renseignements militaires (DCRM) sans avoir, une seule fois, été entendu par un magistrat. Les autorités congolaises de Brazzaville les accusaient « d’intelligence avec une puissance étrangère et d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ». Ils ont été libérés respectivement en juillet, septembre et novembre 2012. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 29 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 7. L’absence de politique de rééducation et de réinsertion des détenus La situation de l’univers carcéral congolais est pour l’OCDH une question d’intérêt général. Après une longue période de monitoring sur les conditions de détention et les droits des personnes privées de liberté, cette section éclaire chacun sur l’usage qui est fait de l’emprisonnement et la réalité de ce qui se passe entre les murs de nos prisons et l’après prison. La réinsertion sociale est la reprise des activités quotidiennes et des relations amicales et associatives. Les trois piliers de la réinsertion sociale sont: le logement, l'éducation et l'emploi. Cela signifie que sans une réinsertion professionnelle réussie, la réinsertion sociale est incomplète. La fourniture d’un logement ou l’aide à la recherche de logement vise à apporter une certaine stabilité dans la vie des anciens détenus. Mais, la surpopulation carcérale résultant objectivement d’une politique brutale et erronée des arrestations systématiques, arbitraires et prolongées affecte négativement le chapitre de la réinsertion et rééducation des détenus. Cette situation qui a atteint un pic inquiétant influe négativement sur la vie quotidienne dans les prisons et constitue une épreuve humiliante de chaque instant. En dépit de ce constat alarmant, l’administration pénitentiaire en République du Congo ne présente aucune politique fiable et rassurante concernant la réinsertion des ex détenus. Faire l’objet d’une condamnation ou d’une détention préventive indéterminée comme il est de coutume au Congo est synonyme d’hypothéquer son avenir. Les autorités congolaises considèrent l’emprisonnement comme la peine la plus appropriée et s’écartent de la logique de l’après prison. Pour eux, lorsqu’un délinquant se trouve à la barre, justice est faite et ils ferment les yeux quant aux objectifs que poursuit une peine privative de liberté à savoir : punir, protéger la société, empêcher les récidives et préparer la réinsertion sociale des délinquants en les aidant une fois la liberté retrouvée à être de bons citoyens productifs et respectueux des lois. Or, atteindre ces objectifs relève de l’utopie. L’expérience congolaise montre que la prison ne fait qu’empêcher le délinquant de nuire et, encore temporairement. La question est de savoir si les détenus sortent de prison reformés ou pas. Le système carcéral congolais ne jugule pas le comportement des détenus. Aucune mesure nécessaire d’investissement n’est prise dans la restauration de l’image Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 30 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. que le détenu a de lui-même, ce qui est souvent annonciateur des infractions plus graves et répétées. Or, l’administration pénitentiaire doit être en mesure d’apporter une réponse adaptée aux demandes d’emploi des détenus, en leur proposant par exemple une activité adaptée à la formation reçue en prison. Malheureusement, les maisons d’arrêt en République du Congo, au lieu d’être des lieux de rééducation et de préparation à la réinsertion sociale du détenu, sont plutôt un environnement où se crée une micro société composée de grands bandits pour ceux qui résistent aux conditions de vie et une antichambre vers la mort pour ceux qui sont plus fragiles. Il est difficile d’imaginer qu’un détenu qui a subi des traitements injustes au cours de l’exécution de sa peine puisse être un bon candidat à la réinsertion sociale. A la sortie, le danger c’est qu’il peut régler ses comptes avec la société. D’ailleurs, les maisons d’arrêt au Congo n’offrent pas les perspectives d’une formation professionnelle. Les détenus sortent des prisons sans avoir rien appris, ceux qui avaient commencé à apprendre un métier avant l’incarcération perdent leur savoir puisqu’ils ne sont pas en mesure de poursuivre la formation. Ainsi à la sortie de la prison c’est-à-dire à la fin de la peine, c’est le début d’un calvaire pour l’exprisonnier qui n’a non seulement pas de ressources, mais pas de qualification professionnelle. Le pécule qui est la somme d’argent versée à un détenu lors de son élargissement, fruit de l’activité professionnelle dans le cadre de la détention n’existe pas en milieu carcéral congolais. En République du Congo, aucune rééducation conséquente n’est assurée dans ces établissements. D’ailleurs, à de rares exceptions, il n'y a pas de salles de classe et de formateurs dans les prisons pouvant permettre aux détenus de continuer leur formation scolaire. Le centre d’alphabétisation de la prison de Pointe Noire par exemple, comprend 12 tables-blancs, un enseignant et un bénévole de la paroisse catholique saint Jean Bosco. Peut-on dans ces conditions parler de la préparation à la réinsertion sociale ? Les maisons d’arrêt manquent de bibliothèques, de salles de jeux, bref d’activités. D’où le recours incessant à la consommation de drogue et aux sales besognes. Dans l’ensemble des établissements pénitentiaires la détention n’a pas les effets souhaités pour une bonne réinsertion. Ceci résulte notamment de Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 31 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. l’isolement du détenu, de la rupture avec la famille, les amis et la société mais également du manque de formation du personnel pénitentiaire. 8. Les difficultés d’accès par les ONG en milieu carcéral C’est au mépris de l’article 19 de la constitution et de l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui garantissent le droit à l’information et l’accès aux sources d’informations que, les responsables des différentes administrations en République du Congo entretiennent la culture du secret. Les gestionnaires desdites administrations refusent de mettre à la disposition des organisations non gouvernementales œuvrant pour la cause des droits de l’homme des informations qu’ils jugent compromettantes. Pour eux, il est hors de question de mettre en péril son poste. D’où, toute la difficulté pour les défenseurs des droits de l’homme d’accéder aux centres carcéraux afin de s’enquérir avec certitude de la situation des personnes privées de liberté. Cependant, certains administrateurs épris de justice et de changement parviennent quand même à se démarquer de cette conception unique. A l'inverse, d'autres refusent, considérant que « les ONG sont à la solde des puissances étrangères … » Malgré l’existence d’un arrêté ministériel (l’arrêté n°12900 du 15 septembre 2011 portant règlement intérieur des maisons d’arrêt) qui consacre le droit de visites aux ONG dans les établissements pénitentiaires, le travail des ONG sur le monitoring des conditions de détention et des droits des personnes privées de liberté reste un combat permanent. Courant juin 2010, l’OCDH avait adressé un courrier au Procureur de la République de Brazzaville en sa qualité de patron de la police judiciaire et, tenant compte de ce que les officiers de police judiciaire lui sont hiérarchiquement soumis, pour une demande d’autorisation d’accès dans la maison d’arrêt et les locaux disciplinaires de la ville de Brazzaville. En réponse à cette demande par le courrier n°1082 C-2010, le Procureur de la République a fait remarquer que l’autorité compétente en la matière est le Ministre de l’intérieur. S’adressant donc au Ministre de l’intérieur, ce dernier va renvoyer l’OCDH vers le Procureur de la République qui avait déjà décliné sa compétence. Finalement, un courrier référencé 00051O/02/2011 a été envoyé par l’ex Ministre de la défense nationale à l’endroit de l’OCDH pour dire que les deux ministères (Ministères de l’intérieur et de la défense) étaient en train d’examiner la demande et au moment opportun donneraient une suite. Cette promesse n’a jamais été tenue. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 32 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Ce jeu de ping-pong n’est en réalité qu’une stratégie de manœuvres dilatoires pour fermer les portes aux organisations de défense des droits de l’homme qui travaillent sur les questions des droits des personnes privées de liberté. 9. L’absence d’un système d’aide judicaire La République du Congo dispose d’une loi sur l’assistance judicaire qui serait un instrument utile au service des détenus présentant une précarité extrême. Malheureusement, cette loi de 1984 souffre de manque des textes d’application. Les victimes démunies sont incapables de bénéficier des services d’un avocat gratuitement et passent plus de temps en prison sans que leur cas ne puisse connaître des avancées. Les organisations de défense des droits de l’homme essaient de fournir des conseils, des informations et de l’assistance judiciaire aux vulnérables à travers des services d’écoute et des programmes d’aide juridique et judiciaire. Mais ces services restent insuffisants et précaires puisque ces organisations dépendent quasi exclusivement de financements extérieurs. Il n’existe pas de défenseurs judiciaires publics, de centres ou services pour informer les citoyens sur leurs droits et sur les procédures judiciaires ou des fonds pour soutenir le coût des procédures. Pendant le monitoring, 100% des détenus et ex-détenus interrogés ont déclaré être insatisfaits des conditions générales de détention. Parmi les actions prioritaires pour améliorer les choses, il s’agit : d’améliorer les conditions d’hygiène, l’installation des sanitaires qui permettent de préserver l’intimité et la dignité du détenu et le respect des droits fondamentaux, le travail-l’emploi-la formation professionnelle et l’accompagnement à la sortie. Malgré ces déclarations, aucun des détenus n’a pas pu porter plainte pour condition de détention inhumaine. La raison est simple, ils ignorent leurs droits de même que les mécanismes de protection de ces droits. D’où la nécessité de sensibiliser cette couche de la société à part entière sur leurs droits afin de mieux les connaitre et les faire respecter. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 33 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. VII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 1. Conclusion Le présent rapport présente le bilan d’une politique publique inadéquate et inacceptable. Le constat dressé par l’OCDH pendant le monitoring des lieux de privation de liberté fait état de violations graves des droits fondamentaux, au regard des obligations incombant aux autorités publiques de préserver les personnes détenues, en application des règles de droit international et même national applicables, de tout traitement inhumain et dégradant. Le droit à la vie et le droit d’être traité avec humanité et dignité font partie des droits inaliénables quelles que soient les circonstances. Il y a ici tout l’intérêt d’investir pour une meilleure politique de gestion des prisons afin d’introduire à l’intérieur des murs des cachots les notions de respect de l’être humain. Car, stopper les droits de l’homme à la porte des prisons, c’est rendre inefficace l’objectif d’une peine privative de liberté et transformer le pénitencier en un mouroir ou un lieu où l’on apprendrait à devenir récidiviste. Les travaux de construction et de réhabilitation des prisons ont certes démarrés avec l’appui de l’Union européenne (UE), mais ils sont insignifiants et ne garantissent pas une réelle amélioration. Une initiative pourtant bonne mais nulle en ce qu’elle ne concerne que quatre localités (Brazzaville, Pointe Noire, Dolisie et Djambala) sur douze départements subdivisés en 86 sous-préfectures que renferme de l’ensemble du territoire. 2. Recommandations Pour rendre conforme l’univers carcéral congolais et permettre aux maisons d’arrêt et de correction de jouer efficacement leur rôle, il y a nécessité de tenir compte des recommandations suivantes : Aux pouvoirs publics : - Organiser des Etats généraux de la condition pénitentiaire avec la société civile et les avocats ; Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 34 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. - Généraliser et rendre effective les activités du projet PAREDA dans tous les départements afin d’améliorer les conditions de vie carcérale par la construction de Maisons d’Arrêt et de Correction modernes adaptées aux traitements des détenus conformément aux normes internationales actuelles ; - Elaborer et affecter le budget de fonctionnement de l’Administration Pénitentiaire au prorata de la population carcérale sur toute l’étendue du territoire national ; - Pérenniser l’initiative du PAREDA concernant la formation du Personnel des Maisons d’Arrêt et les magistrats sur les notions de droits de l’Homme ; - Reformer la loi portant organisation et fonctionnement de l’administration pénitentiaire en tenant compte des textes internationaux en matière des droits de l’homme ; - organiser une politique réaliste de rééducation et de réinsertion sociale des détenus en : a) systématisant la moralisation des détenus afin qu’ils deviennent des personnes respectueuses des lois de la société ; b) leur administrant une formation professionnelle susceptible de leur permettre d’être productifs ; c) les occupant aux diverses activités productives afin de développer ou stimuler en eux des qualités pour une vie professionnelle ; - Restaurer le régime du pécule afin que grâce aux ressources générées par les divers travaux (agriculture, élevage, menuiserie, maçonnerie, etc.) le détenu puisse épargner des fonds qui lui permettraient, à la fin de la peine, d’organiser sa vie ; - Mettre en place dans un délai raisonnable, un organe indépendant composé des agents de l’Etat, de la société civile et des avocats chargé de veiller aux conditions de détention et de vie dans les prisons ; - Respecter les dispositions de l’article 13 de l’arrêté n°12900 du 15 septembre 2011 portant règlement intérieur des maisons d’arrêt relatif au droit de visite accordé aux ONG. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 35 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. - - - Corriger la lenteur de l’appareil judiciaire en insérant dans les codes en cours de révision la notion de la célérité des procès, ainsi que des mécanismes de règlements à l’amiable pour des faits mineurs ; Doter l’appareil judiciaire d’équipements de travail moderne, plus performant et efficace et d’informatiser les services de greffe sur l’ensemble du territoire national; Demander à la Commission nationale des droits de l’Homme et aux directions départementales des droits de l’homme de visiter régulièrement les lieux de détention et de rendre public leurs rapports. A la société civile - Appuyer les actions des pouvoirs publics en organisant des campagnes de formation et d’information à l’endroit du personnel de l’administation pénitentaire, et des détenus, particulièrement sur les questions de droits de l’Homme. - Accorder une attention particulière à la situation des détenus en apportant, si nécessaire, une assistance multiforme (médicale, psychologique, alimentaire etc.) A la communauté internationale - Appuyer les efforts de la société civile en matière de plaidoyer et de monitoring sur les violations des droits de l’homme ; - Soutenir les pouvoirs publics dans leurs engagements à faire respecter les normes d’un Etat de droit. Au Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies - Interpeler le gouvernement congolais pour violation de ses engagements en matière de des droits de l’homme et de traitement des détenus ; - Dépêcher une d’équipe d’experts afin d’enquêter sur les violations des droits des personnes détenues. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 36 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. VIII. ANNEXE 1. Bibliographie Ouvrages généraux La situation des droits humains dans le monde, Amnesty internationalRapport 2012 ; « L’obstination du témoignage ; Observatoire pour la protection des Défenseurs des droits de l’homme » ; OMCT Réseau SOS-Torture ; FIDH ; rapport annuel 2011 ; « La situation des droits humains dans le monde » ; AMNESTY International ; rapport 2011 ; « Pratique de la torture et conditions de détention en République du Congo » ; Université de droit Pierre Mendes France de Grenoble ; Observatoire congolais des droits de l’homme ; Anne-Laure FAGESPLANTIER ; Master 2 ; promotion 2005-2006 ; « Procès en barbarie à Brazzaville » Dior Vagne et Jacques Verges ; édition Jean Picollec ; 2000. Ouvrages spéciaux « Combattre la torture » Fiche d’information numéro 4 des Nations unies ; année d’édition non communiquée ; « Les droits de l’homme et les prisons » ; répertoire sur les normes internationales relatives aux droits de l’homme à l’usage des agents pénitentiaires ; série sur la formation professionnelle N°11 ; Haut Commissariat des Nations unies au droits de l’homme ; Octobre 2005 ; « Série de formation professionnelle N°3 « Les droits de l’homme et la détention provisoire » ; Manuel des Nations unies édicté par le centre pour les droits de l’homme ; service d’édition non communiquée ; « Surveiller et enquêter en matière de torture et autres peines ou traitements cruels ; inhumains ou dégradants et de conditions pénitentiaires ; AMNESTY International et Codesria (conseil pour le développement de la recherche en science sociale en Afrique «, 2001 ; Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 37 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. « Surveiller et enquêter en matière de violence sexuelle ; AMNESTY International et Codesria », 2001. Rapports « Les droits de l’homme en République du Congo » ; présenté par le Gouvernement en application de l’article 19 de la convention contre la torture », 2010 ; « La situation des droits de l’homme en République du Congo ; Examen périodique » FIDH/ OCDH, 2009 ; « Entre arbitraire et impunité ; rapport sur les droits de l’homme au Congo Brazzaville » ; OCDH/ FIDH ; avril 1998 ; « Rapport de situation : Arrestations arbitraires, présomption de culpabilité : une trentaine de personnes privées de liberté », OCDH novembre 2008 ; Fiche synthèse sur les conditions de détention dans les prisons du Congo, Gouvernement-société civile 1998 ; « Rapport sur les prisons en République du Congo », OCDH 1996. Articles Itoua Andrew ; « Les détenus dénoncent les conditions de détention » ; IRIN (agence de presse des Nations unies 2006. Instruments juridiques internationaux et nationaux régissant l’univers carcéral Règles minima pour le traitement des détenus, adopté par le premier congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, tenu à Genève en 1955 et approuvé par le conseil économique et social dans ses résolutions 663 (XXIV) du 31 juillet 1957 et 2076 (LXII) du 13 mai 1977. La constitution congolaise du 20 janvier 2012 Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 38 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Textes généraux du Ministère de la justice et des droits humains L’arrêté n°12897 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des services et des bureaux de la direction générale de l’administration pénitentiaire, conformément aux dispositions de l’article 19 de décret n°2011-494 du 29 juillet 2011 ; L’arrêté n°12898 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des directions départementales de l’administration pénitentiaire, conformément aux dispositions de l’article 17 du décret n°2011-494 du 29 juillet 2011 ; L’arrêté n°12899 du 15 septembre 2011 fixant les attributions et l’organisation des maisons d’arrêt et l’arrêté n°12900 du 15 septembre 2011 portant règlement intérieur des maisons d’arrêt. OCDH ; Communiqués « Meurtre à la maison d’arrêt de Brazzaville : silence, les gendarmes torture et tuent » ; « Paul Marie MPOUELE, prisonnier d’opinion : sur fond de processus électoral biaisé, le gouvernement congolais déterminé à réduire au silence les opposants 09 juillet 2012 » ; « Explosion du dépôt de munitions d’armes de guerre de Mpila : le mystère sur ces causes s’alourdit sur fond de mépris des droits humains », avril 2012; « Libération des 35 détenus de Pointe-Noire : motus sur le sort de Nsonguissa Moulangou et des trois détenus de la Direction centrale des renseignements militaires » ; « Plus d’un mois de garde à vue au Commissariat de quartier de Diata (Brazzaville), le Procureur de la République et autres restent insensibles, 14 janvier 2012 »; « Libération de Monsieur NDABAMENYA après huit années de séquestration à la Direction centrale des renseignements militaires et à la Direction générale de la surveillance du territoire: Incertitudes sur son statut juridique et sur la réparation du préjudice subi, 05 septembre 2012 ». Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 39 …………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 2. Comment contacter l’OCDH ? Adresse électronique : [email protected] Web :htt//blog.ocdh.org Adresse physique : 32, avenue des 3 Martyrs immeuble Ntiétié, 1 er étage Place de la station de bus de jane vialle, Moungali- B.P. 4021 Brazzaville, République du Congo. Adresse téléphonique : (00242) 05 553 15 73 / 05 5561 57 18 Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication est de l’entière responsabilité de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) Page 40