gazette 1 - Centre d`Art Contemporain Genève
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gazette 1 - Centre d`Art Contemporain Genève
Vernissage le jeudi 26 novembre, de 18h à 21h Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h Fermeture de l’exposition du 24.12.2009 au 12.01.2010 CENTRE D’ART CONTEMPORAIN GENèVE 10, rue des Vieux-Grenadiers Case postale 121 – 1211 Genève 8 T +41 22 329 18 42 F +41 22 329 18 86 [email protected] | www.centre.ch G A Z E T T E # 1 « UTOPI E ET QUO TIDIENNETÉ . ENTRE ART ET PÉDAGOGIES » « UTOPIE ET QUOTIDIENNETÉ. Entre art et pédagogies » est un projet du Centre d’Art Contemporain Genève, initié par le collectif microsillons, en collaboration avec Katya García-Antón, directrice du Centre. Ce projet ambitieux et expérimental entend ouvrir un débat, à Genève et en Suisse, sur le possible rôle des artistes dans le processus éducatif, dans et hors des institutions. Il s’appuie sur la pratique d’artistes et de collectifs qui placent une réflexion sur la pédagogie au cœur même de leur travail, investissant les zones de contact entre art et éducation. L’exposition propose également des pistes pour penser la médiation (pratique associée à la mission d’éducation des institutions) comme un mouvement discursif où puisse prendre place une critique constructive de l’institution, comme un laboratoire sur la culture et la société, plutôt que comme un moyen de réduire l’incompréhension entre des œuvres d’art et un public. Trois artistes ou collectifs ont été invités à développer des projets avec des acteurs locaux. Le fruit de ces collaborations sera présenté dans l’exposition, du 27 novembre 2009 au 14 février 2010, au deuxième étage du Centre d’Art Contemporain Genève. Le travail réalisé souligne la dimension sociale et politique de ces pratiques qui amènent l’art contemporain et ses institutions à devenir un espace privilégié de réflexion, de transformation et d’expérimentations éducatives. Les trois collaborations sont les suivantes : – trafo.K (Vienne) et Gabu Heindl (Vienne), en collaboration avec la 8. Klasse de la Deutsche Schule Genf. – Nils Norman (Londres) et Tilo Steireif (Lausanne), en collaboration avec la HEP (Haute Ecole Pédagogique) de Lausanne et le CIRA (Centre International de Recherche sur l’Anarchisme). – Damon Rich (New York) et Oscar Tuazon (Paris), en collaboration avec des habitants et associations du Lignon. Outre le résultat de ces collaborations, de nombreux projets déjà réalisés par d’autres artistes seront présentés, sous une forme documentaire. Ils seront articulés autour d’une série de questions, s’appuyant sur une recherche théorique, questions qui seront mises en forme dans l’espace. GUIDER ? Quels sont le rôle et la position de l’enseignant envers l’apprenant ? Se doit-il d’être un meneur, un guide, ou pourrait-il être plutôt un accompagnateur, un facilitateur ? Dans son analyse du pouvoir pastoral, le philosophe Michel Foucault a montré comment la chrétienté a généralisé une nouvelle manière de gouverner, en appliquant un pouvoir pastoral. Le berger, le guide, dirige un troupeau d’individus dont il veut le bien. Pour arriver à ses fins, il joue notamment un rôle d’enseignant. Aujourd’hui encore, même si le pastoralisme s’est transformé, la figure de l’enseignant reste, traditionnellement, proche de celle du guide. D’autres types de relations enseignant-apprenant peuvent-ils être expérimentés par les moyens de l’art ? CAPITALISER ? Comment les pratiques artistiques affirmant une dimension pédagogique se positionnent-elles par rapport au marché de l’art ? Si certains artistes voient dans le travail collaboratif une manière de s’affranchir des structures commerciales de l’art, d’autres « utilisent » le système en place pour soutenir économiquement et institutionnellement leurs projets. Se pose alors la question du statut des œuvres et de la signature ; l’artiste peut-il être le seul à retirer le capital symbolique d’une œuvre réalisée de manière collaborative ? La question du capital se pose également, de manière différente, dans la position des artistes face à la question de l’acquisition des savoirs. La crise que traverse le système capitaliste peut nous permettre d’extrapoler les dangers à court terme d’une éducation basée sur une accumulation des connaissances, dont le pire moyen est l’apprentissage par cœur d’un maximum de savoirs, au détriment d’une compréhension profonde et d’une distance critique nécessaire à leur bon usage. Quels outils faut-il développer pour sortir de la logique de ce que le pédagogue Paulo Freire qualifie d’« éducation bancaire » ? ÉMANCIPER ? Les pratiques artistiques ou l’action pédagogique ont-elles la faculté d’émanciper, de libérer et de « donner du pouvoir » ? Pour une intellectuelle militante comme bell hooks, l’éducation doit mener à une émancipation et à une pratique de la liberté. A l’opposé, certains estiment que les notions d’« empowerment » ou d’« émancipation » sont des mythes qui desservent la pratique pédagogique, notamment parce qu’il ne définissent pas clairement de quoi l’apprenant s’émanciperait ou contre quoi il gagnerait du pouvoir. L’idée d’émancipation traverse, sous des formes et des termes variés, nombre des projets artistiques où entre en jeu la pédagogie. ALIGNER ? A une époque où la tendance à la normalisation n’épargne ni les systèmes éducatifs, ni les politiques culturelles, la question du modèle semble se poser de manière accrue. Quelle est la validité du standard dans le domaine éducatif et artistique ? Qui produit les modèles et comment sont-ils appliqués ? Le champ de l’art contemporain peut-il être le lieu d’une expérimentation libre, sans arrièrepensée de rentabilité ou de recherche de standards ? Alors que le modèle académique peut être défini comme une structure imposée et reproduite par un système hiérarchique, de nombreux artistes défendent la nécessité d’une expérimentation et d’une adaptation sans cesse renouvelées, basées sur un travail de terrain. Des étudiants du Programme Master de Recherche CCC (Critical Crosscultural Cybermedia) de la Haute école d’art et de design Genève, invités à entreprendre une recherche sur l’Education Nouvelle, suggèrent – en contrepoint aux propositions programmatiques de l’Education Nouvelle – une pédagogie pour aujourd’hui qui met l’accent sur le distributif et le multiculturel. DÉSCOLARISER ? Et si l’école n’était pas la meilleure structure pour « apprendre» ? Certains, allant au-delà de l’idée d’une école appliquant des principes pédagogiques alternatifs, imaginent une société où l’éducation se ferait par le biais de la société, d’institutions qui seraient des lieux d’échange, où la relation apprenant-enseignant serait sans cesse recomposée et les thèmes abordés déborderaient largement des disciplines maîtresses de l’école. C’est notamment l’idée défendue par Ivan Illich dans Une société sans école, où l’auteur développe une critique très dure de l’école, lui reprochant d’être un lieu de reproduction des inégalités sociales. Quelles sont les différentes manières pour l’institution artistique de se positionner par rapport au système scolaire ? La présente gazette remplace l’habituel carton d’invitation. Le format choisi rappelle l’importance de la publication autoproduite dans les pédagogies novatrices, de l’imprimerie – qui occupait une place centrale dans les enseignements de Célestin Freinet – aux textes manifestes sur le site Internet de la Copenhagen Free University, en passant par le “Journal of Consciousness“du Feminist Art Program. Pendant l’exposition, trois gazettes supplémentaires seront mises à disposition des visiteurs, apportant un complément d’informations sur la conception et la réalisation des trois projets collaboratifs. Un deuxième volet de l’exposition, autour de nouvelles collaborations, sera présenté en juillet 2010 au Kunstmuseum de Thoune. « Utopie et Quotidienneté » fera l’objet d’une publication, prévue pour 2010. Partenaires institutionnels : Kunstmuseum Thun, Deutsche Schule Genf, HEP Lausanne, CIRA (Centre International de Recherche sur l’Anarchisme), Programme Master de recherche CCC Critical Crosscultural Cybermedia, HEAD – Genève. Avec le généreux soutien de : Pro Helvetia, SIG, Loterie Romande, Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC). En partenariat avec Theillard Traiteur, Le Courrier, Pernod Ricard Swiss et Baboo. Le Centre d’Art Contemporain Genève bénéficie du soutien du Département de la culture de la Ville de Genève. Editeurs : microsillons. Design graphique : Mass