JEVI a 30 ans : célébration et défi financier au programme

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JEVI a 30 ans : célébration et défi financier au programme
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JEVI a 30 ans : célébration et défi financier au programme
PUBLIÉ LE MARDI 15 NOVEMBRE 2016 À 18 H 08
JEVI fête ses 30 ans tout en faisant face à un déficit anticipé de 100 000 $. Photo : CBC / Radio­Canada / Guylaine Charette
JEVI centre de prévention du suicide Estrie célèbre cette année ses trente ans, mais cet anniversaire est un peu assombri
par des difficultés financières. Le conseil d'administration anticipe un déficit de 100 000 $. L'organisme tiendra une soirée de
reconnaissance le 25 novembre tout en poursuivant ses démarches auprès de Québec pour trouver des solutions.
L'heure est donc à la fête et au bilan. Depuis cinq ans, le nombre d'interventions téléphoniques a presque triplé passant de 4700 appels à plus de
11 000 par année. La coordonnatrice clinique, Tania Boilar, précise que ces chiffres ne signifient que le nombre de suicide augmente.
« De plus en plus de personnes osent demander de l'aide avant de commettre l'irréparable. Nous
répondons à toutes ces demandes avec le même nombre d'intervenants. Depuis huit ans, le financement
de Québec est presque inchangé. »
— Tania Boilar, coordonnatrice clinique, JEVI
JEVI traite en moyenne 44 appels par jour, du lundi au vendredi entre 8h30 et 16h30, soit plus de cinq appels à l'heure.
Actuellement au Québec, trois personnes se suicident chaque jour, une par semaine en Estrie.
Le déficit anticipé de 100 000 $ a forcé l'équipe de JEVI à revoir certains services comme la formation dans les écoles, ce que déplorent les membres
du conseil d'administration. Plusieurs d'entre eux ont été touchés par la mort d'un proche par suicide. C'est le cas de Gina Bergeron qui a perdu son
fils Mathieu le le 19 novembre 2004. Elle a livré un témoignage poignant devant la presse en précisant que c'était sa façon de remercier JEVI. Elle a
adopté le slogan « La vie c'est pour la vie » après avoir bénéficié des services de l'organisme à la suite de la tragédie qui a frappé sa famille. Des
intervenants se sont rendus chez elle le lendemain du drame et le surlendemain puis elle a eu droit à un suivi après les funérailles.
« Ce que j'ai appris, c'est la boucle du deuil. J'ai appris à me pardonner, j'ai appris à comprendre le
geste de Mathieu, ce qui s'est probablement passé dans sa tête. J'ai surtout appris à vivre avec
l'absence de Mathieu. »
— Gina Bergeron, membre c.a. JEVI
Pour elle, il est inconcevable de limiter les services. L'un des cofondateurs de JEVI, Claude Thibault, partage son avis et en profite pour remonter le fil
du temps. « JEVI est né après deux ans de réflexion et de consultations. L'école secondaire Le Ber dans l'est de Sherbrooke a servi de laboratoire
pour évaluer et expérimenter le programme Prévention du suicide en milieu scolaire », rappelle­t­il.
Claude Thibault, co­fondateur de JEVI. Photo : CBC / Radio­Canada / Guylaine Charette
L'expérience s'avère concluante. JEVI voit le jour le 17 mars 1986. L'organisme adopte dès lors une approche où la promotion du mieux vivre et la
prévention du mal de vivre servent de guides.
« Toute vie a une valeur inestimable et irremplaçable. Une personnes suicidaire, ce n'est pas
nécessairement quelqu'un qui veut mourir, mais plutôt quelqu'un qui veut arrêter de souffrir. »
— Claude Thibault, cofondateur JEVI
Depuis trente ans, Claude Thibault défend le travail de JEVI même s'il a quitté la région. Plus que jamais, selon lui, « il faut promouvoir une culture de
la vie ».