Mardi 9 décembre 2014 Hôtel La Batelière, Schœlcher (Martinique)

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Mardi 9 décembre 2014 Hôtel La Batelière, Schœlcher (Martinique)
v
Mardi 9 décembre 2014
Hôtel La Batelière, Schœlcher (Martinique)
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Genèse
En 2011, le président de la République annonçait un plan en faveur de la diversification de
l’agriculture dans les Dom, reposant sur différentes mesures dont la création dans chacun
des Dom, d’un «Institut technique agricole» chargé d’accompagner les agriculteurs
souhaitant s’engager dans la diversification animale et végétale.
Le ministère de l’Agriculture met alors en place un comité de pilotage qui propose et valide
un Réseau d’innovation technique agricole (Rita) plutôt que la création d’un nouvel institut
technique unique. Objectif : soutenir le développement local des productions de
diversification animale et végétale dans les DOM. ll regroupe et fédère dans chaque DOM la
plupart des acteurs et partenaires du continuum recherche - développement,
l’enseignement agricole y est pleinement associé. Ses missions, fondées sur la notion de
réseau d’acteurs de la recherche, du développement agricole et du transfert dans chacun
des départements d’outre-Mer aux bénéfices des filières de diversification s’avèrent
pertinentes.
C’est dans ce cadre que le Cirad est mandaté pour assurer une mission générale d’appui aux
décideurs (Ministère, Daaf, acteurs locaux) et de réflexion prospective pour le
développement des Rita dans chacun des Dom de Guadeloupe, Martinique, Guyane,
Réunion, Mayotte.
Les RITA ont été lancés en janvier 2012. Différentes actions ont été menées par les
partenaires. Après trois ans d’activité, l’heure est actuellement au bilan de cette première
phase.
Les partenaires du réseau RITA1 en Martinique
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PROGRAMME
8h00
8h30
Accueil des participants
8h30
9h00
Ouverture de la conférence : Allocutions des représentants officiels
Présentation du réseau RITA
(genèse, objectifs, résultats globaux)
9h00
9h40
Thème 1 : Igname
9h00
9h20
Isabelle Jean-Baptiste
(Chambre d’Agriculture)
9h20
9h40
Questions et débats
9h40
10h30
Thème 2 : Diversification fruitière
9h40
10h10
Bénédicte Paget (FREDON)
Sandra Adenet (PARM)
Chloé Mazaloubeaud (Royal)
10h10
10h30
Questions et débats
10h30
11h00
Pause café
11h00
11h50
Thème 3 : Valorisation des plantes aromatiques et médicinales
11h00
11h20
Katia Rochefort (PARM)
De la démarche de sélection de plantes à fort
potentiel vers du développement économique.
Projet bénéficiaire d’un financement hors RITA
11h20
11h30
Luc Nema (Chambre
d’Agriculture)
Les plantes aromatiques et médicinales :
une opportunité pour la diversification agricole.
11h30
11h50
Questions et débats
11h50
12h00
Questions diverses sur les 3 thèmes de la matinée
12h00
13h30
Pause déjeuner
13h30
14h40
Thème 4 : Systèmes de cultures maraichers et fertilité des sols
13h30
13h50
Paula Fernandes (CIRAD)
Luc Nema (Chambre
d’Agriculture)
Utilisation d’engrais verts en interculture pour la
restauration de la fertilité des sols maraichers : bilan
des premiers tests chez des producteurs pionniers.
13h50
14h00
Josée-Llyan Labonne (SEA)
14h00
14h10
Jean-José Martial (IT2)
Adaptabilité de la technique du lombricompostage
en Martinique.
Structure et fertilité des sols en milieu tropical.
14h10
14h20
Laurent Parrot (CIRAD)
14h20
14h40
Questions et débats
Pour lutter contre l’anthracnose de l’igname,
de nouvelles variétés à l’étude.
Evaluation de différentes accessions d’abricot pays en
réponse aux besoins des producteurs et des
consommateurs.
Les enjeux de la diffusion de pratiques agroécologiques : le cas de l’interculture améliorée en
Martinique.
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14h40
15h20
Thème 4 : Systèmes de culture pour l’ananas
14h40
15h00
Alain Soler (CIRAD)
Jean-José Martial (IT2)
15h00
15h20
Questions et débats
15h20
16h40
Thème 5 : Gestion de l'enherbement en vergers
15h20
15h40
Christian Lavigne (CIRAD)
Pour réduire l’utilisation d’herbicides et la charge de
travail causées par le contrôle de l’enherbement :
utilisons des plantes de couverture dans nos vergers.
15h40
15h50
Bénédicte Paget (FREDON)
15h50
16h00
Isabelle Jean-Baptiste
(Chambre d’Agriculture)
Moins désherber dans les vergers grâce à Arachis
pintoi, Drymaria cordata et Stenotaphrum
secundatum.
Paillage naturel ou culture de rente, des alternatives à
l’utilisation des herbicides en verger.
16h00
16h10
Anaïs Lavigne (FREDON)
16h10
16h20
Josée-Llyan Labonne (SEA)
16h20
16h40
Questions et débats
16H40
17h10
Thème 6 : Elevage cunicole
16h40
17h00
Nathalie Maiche (IKARE)
17h00
17h10
Questions et débats
17h10
18h00
Thème 7 : Alimentation des élevages
17h10
17h40
Clémentine Robin (IKARE)
17h40
18h00
Questions et débats
18h00
18h20
Perspectives pour la phase 2 du réseau RITA et débats
18h20
18h30
Allocution officielle de clôture
La réduction des parasites du sol en culture d’ananas
avec des rotations culturales et jachères contrôlées,
quelques outils nouveaux pour suivre les parasites et
les dégâts sur les racines.
Associer production fruitière et élevage de volailles
pour contrôler l’enherbement en vergers. Projet
bénéficiaire d’un financement hors RITA (Feader –
Région)
Intégration d’ovins dans un verger d’annonacées en
Martinique : leçons apprises et bilan technicoéconomique.
Projet bénéficiaire d’un financement hors RITA (Devag)
L’amélioration de l’état sanitaire en production
cunicole, premiers pas vers de meilleures
performances technico-économiques en élevage.
Assurer dans les élevages de bovins et de petits
ruminants une alimentation en fourrages de qualité
toute l’année et à moindre coût.
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Pour lutter contre l’anthracnose de nouvelles variétés d’igname à l’étude
Amory René, Nema Luc, Isabelle Jean-Baptiste – Chambre d’Agriculture de Martinique
L’igname est une plante à tubercules qui revêt un grand intérêt alimentaire et économique
en Martinique et en Guadeloupe. Les espèces les plus cultivées sont le Dioscorea alata, le
Dioscorea cayenensis et le Dioscorea trifida. Malgré l’engouement du consommateur, la
production d’igname est passée d’environ 7000 tonnes en 2002 pour atteindre environ 1000
tonnes en 2012. Cette forte diminution de la production est causées principalement par :
- les champignons pathogènes, en particulier l’agent causal de
l’anthracnose (Colletotrichum gloeosporioïdes), les viroses et les nématodes.
- Les pertes post récolte importantes suite à l’apparition de pourriture.
- L’absence de pépiniéristes producteurs de plants sains
Face à cette problématique, la demande des professionnels s’est exprimée en terme de
matériel végétal résistant à ces pathogènes et d’itinéraires techniques innovants pour
poursuivre et pérenniser cette production.
La Chambre d’Agriculture en collaboration avec la plate-forme Igname de la Guadeloupe a
mis en place 4 essais visant à évaluer dans nos conditions de nouvelles variétés proposées
par la recherche (Cirad – Inra). Les résultats ont révélés des performances différentes de ces
variétés en fonction de la zone de culture. Les essais sont reconduits en 2014 pour valider
ces résultats.
Suite à cette deuxième année une sélection sera faite pour définir les variétés retenues et
qui pourront être diffusées.
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Evaluation de différentes variétés d’Abricot pays en réponse aux besoins des
producteurs et des consommateurs
Bénédicte Paget, FREDON, Chloé Mazaloubeaud, ROYAL, Sandra Adenet, PARM
A la Martinique, les cultures fruitières permanentes n’occupent que 4% de la SAU
dont 440ha en agrumiculture et 515 ha en autres fruits frais. Paradoxalement, la production
locale de fruits couvre moins de 40% de la demande, ce qui rend la Martinique fortement
dépendante aux importations (Agreste, mémento 2013).
Afin de valoriser la diversification de l’agriculture, la FREDON participe dans le cadre
du RITA à l’évaluation et à la diffusion de variétés fruitières dont l’Abricot pays Mammea
americana L., fruitier indigène de la zone Caraïbe. Suite à un manque de données
scientifiques, sa production et sa commercialisation ne sont restées que sporadiques à la
Martinique. Et pourtant, que ce soit en fruit de bouche ou pour la transformation, ce fruitier
possède un potentiel indéniable avec une grande marge de progression.
Sélectionnées en 2006 par le CIRAD, 10 variétés d’Abricot pays sont évaluées depuis
2012 par la FREDON. De nouveaux partenariats ont vu le jour, notamment avec le PARM
(Pôle Agroalimentaire Régional Martinique), de nombreux transformateurs dont Royal (mais
aussi les Frères Lauzéa, Fariba, Doux Caprices, Carib’fruits, Oenofwi et Klemm Productions),
le Chef cuisinier Mr Brédas et même un laboratoire français de cosmétique (Ephyla).
Après 2 années de récolte sur la parcelle expérimentale de Rivière Lézarde (St
Joseph), les premiers résultats sont diffusables. Certaines variétés sont précoces et
produisent dès décembre alors que d’autres sont qualifiées de saison et produisent pendant
le Carême. Le rendement fruitier est très variable entre les variétés et au sein de chaque
variété. Les caractéristiques physico-chimiques permettent de distinguer les variétés,
notamment le calibre des fruits, l’adhérence des noyaux à la chair, leur teneur en sucre ou
encore leur rendement de transformation. Les débouchés envisageables sont donc variables,
certaines variétés se prêtant d’avantage à la transformation et d’autres au marché frais. Des
prochaines plantations dans des conditions nouvelles permettront l’acquisition de
connaissances complémentaires dans le but d’améliorer de manière quantitative et
qualitative la production de l’Abricot pays.
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De la démarche de sélection de plantes à fort potentiel
vers du développement économique
Sandra ADENET, Katia ROCHEFORT - PARM
Sur l’observation d’une demande soutenue de produits naturels au bénéfice de la santé et
d’une législation des produits à base de plantes en cours d’évolution, le PARM a engagé en
2008 la mise en place d’une démarche visant à impulser le développement d’activités
économiques en Martinique en valorisant les potentialités des PAM de la pharmacopée
traditionnelle.
Une méthodologie de sélection de PAM à fort potentiel développement économique a été
développée par le Pôle R&D sur la base de 7 critères stratégiques visant une valorisation à
court-moyen terme.
Cette démarche a permis la constitution d’une base de données de données de 70 plantes
choisies parmi 900 environ, à l’appui de données bibliographiques et de données du marché
(Etude IPSOS Antilles 2010).
Quatre axes segments de marché porteurs pour de la valorisation ont été identifiés et une
classification des plantes selon leur potentiel de développement économique a été établi.
Ces premiers travaux ont mobilisé l’expertise du réseau TRAMIL ainsi que des acteurs du
territoire.
En termes de retombées, ces travaux ont permis au PARM de :
- Proposer une sélection 16 plantes à fort potentiel pour leur intérêt médicinal en vue
de l’inscription en pharmacopée française en 2011 ; Cette étape constituant une
avancée importante pour leur valorisation économique.
-
Développer le projet R&D PAMVAL (financé par la Région et le FEDER) et initié en
2012 avec des partenariats diversifiés (Universités et acteurs économiques du
territoire) ; Son objectif est l’étude qualité des extraits d’un top de 24 plantes
sélectionnées au travers de la base de données constituée au PARM. Il s’agit
d’étudier la composition chimique des extraits, leur activité biologique et d’établir un
lien objectif entre composition et bénéfice pour la santé humaine.
-
D’engager dans le cadre de PAMVAL, l’évaluation d’éco extraits afin de préconiser
des conditions de faisabilité technico économiques viables à l’appui d’une plateforme
Eco extraction en cours de constitution.
Les premiers résultats de PAMVAL sont là et très prometteurs ; l’enjeu est de convertir ces
travaux R&D en innovation sur le territoire afin de dynamiser la création d’activités
économiques nouvelles.
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Les plantes aromatiques et médicinales :
une opportunité pour la diversification agricole
Luc Néma, Chambre d’Agriculture de Martinique
La production de plantes aromatiques et médicinales en Martinique est une activité
traditionnelle liée à une agriculture de type jardin créole.
Depuis quelques années, on assiste à une évolution de la demande en produits dits naturels
pour des besoins de santé, d’alimentation ou d’esthétique. En réponse à l’attente des
agriculteurs et des consommateurs, la Chambre d’agriculture, a défini avec le PARM les
conditions de la mise en place d’un programme de production de plantes aromatiques et
médicinales, afin de dynamiser un secteur d’avenir, riche et diversifié.
Des essais sur une sélection d’une vingtaine de plantes à fort potentiel et à valorisation
aisée, choisies à partir des travaux conduits par le PARM sont en cours.
L’objectif de ces essais est d’identifier les contraintes de production et de définir des
conduites de cultures appropriées et transférables aux agriculteurs.
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Utilisation d’engrais verts en interculture pour la restauration de la fertilité
des sols maraichers : bilan des premiers tests chez des producteurs pionniers
P Fernandesa, L Nemab, S Minatchia, I Jean-Baptisteb, R Asensioa, A Jestina
a
b
CIRAD/CAEC
Chambre d’Agriculture de la Martinique
A la Martinique, les productions de fruits et légumes frais ne couvrent que la moitié
des besoins du marché local. Une demande forte existe de la part des consommateurs
(locaux et touristes) pour des produits locaux diversifiés de qualité (sûrs et sains). Mais la
productivité des fruits et légumes est contrainte par des pressions phytosanitaires élevées
(bactéries, insectes, nématodes et adventices en particulier). Cette contrainte est amplifiée
par les caractéristiques climatiques locales et un milieu fragile (insularité, urbanisation,
pollution). Tout ceci conduit à des niveaux élevés d’utilisation des intrants chimiques
(pesticides, engrais) qu’il convient de réduire drastiquement. Dans le même temps, la
pression foncière induit, de la part des agriculteurs, des stratégies et pratiques intensives
susceptibles de dégrader les milieux.
Le CIRAD développe au CAEC, dans une démarche agroécologique et participative,
des systèmes de culture horticoles innovants intégrant l’utilisation de plantes de services,
l’optimisation de l’activité et des régulations biologiques. Ceci permet de mieux gérer les
bioagresseurs, la fertilité des sols et ainsi limiter le recours aux intrants. Dans ce contexte
global, l’action présentée ci-dessous vise à aborder le volet de la fertilisation organique,
auprès des maraîchers en particulier. En effet, une étude conduite au CAEC a récemment
montré que les systèmes de cultures annuelles, combinant fertilisation chimique et travail
du sol fréquent ont les sols les plus « déprimés » d’un point de vue biologique, tant par leur
niveau de fonctionnement que par leur diversité microbienne. Par ailleurs, les plantes de
services étudiées en station peuvent stimuler ces paramètres du sol. Nous nous sommes
donc intéresser au rôle et à l’impact des plantes de services utilisées comme engrais vert de
courte durée (afin d’être adoptable par les maraîchers) en conditions réelles de production
sur la restauration des fonctions écologiques des sols par la stimulation de la diversité
microbienne et de leurs activités biologiques.
Dans le cadre de cette action, 9 expérimentations ont été conduites chez des
agriculteurs pionniers par le CIRAD et la Chambre d’Agriculture afin de tester l’efficacité de
quatre légumineuses annuelles (pour 7 agriculteurs ont été testées Mucuna deeringiana,
Crotalaria juncea, Crotalaria spectabilis et Vigna unguiculata) et de deux variétés de Vigna
unguiculata (pour 2 agriculteurs).
Globalement, et en fonction des situations locales, nous avons observé deux types de
résultats. Dans un premier cas, lorsque les engrais verts ont été semés dans de bonnes
conditions (pluviométrie, irrigation initiale), ces derniers se sont bien développés et ont
montré des effets positifs notables tant sur la fertilité chimique du sol que sur la biodiversité
microbienne. Dans ce cas, les restitutions azotées ont également permis d’économiser les
apports d’engrais azotés durant les 4 à 6 premières semaines du cycle de la culture suivante
sans dommage pour celle-ci. Dans un second cas, lorsque les conditions locales n’étaient pas
satisfaisantes (ex défaut d’irrigation après le semis ou très forte pression de ravageurs), le
développement amoindri des engrais verts a simplement permis un maintien des variables
chimiques et biologiques du sol à un niveau comparable à celui de la jachère spontanée
actuellement pratiquée. La jachère améliorée a la capacité d’améliorer favorablement les
variables du sol pourvu que les conditions de semis et de levée de ces légumineuses leur
soient favorables.
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Adaptabilité de la technique du lombricompostage en Martinique
José-Llyan Labonne
Service d’expérimentations en agroécologie du Conseil Général de la Martinique
Le lombricompostage ou vermicompostage permet le recyclage des déchets végétaux et
animaux par l’action de digestion de vers de terre spécifiques.
Depuis 2012, le Service d’expérimentations en agroécologie (SEA, ex SECI) du Conseil général
de la Martinique, s’est lancé dans l’adaptabilité de cette pratique en Martinique : Quelles
matières végétales et animales utiliser ? Dans quelles conditions de température ?
D’humidité ? Quels vers employer ? Où les trouver ? Comment les multiplier ? Quelles
opérations de suivi doivent être assurées ?
Ce sont toutes ces questions auxquelles le SEA est aujourd’hui en mesure de répondre, afin
d’accompagner au mieux les agriculteurs désireux de mettre en place cette pratique sur
leurs exploitations.
Au préalable, deux espèces de vers de terre ont été identifiées en Martinique, à l’initiative
de la FREDON, comme étant adaptées au lombricompostage. Ce sont toutes deux des
espèces de vers de fumier :
-
Perionix excavatus (le lombric bleu) collecté dans du fumier de lapin
- Eudrilus eugeniae (le vers rouge africain) retrouvé dans du fumier de mouton.
Grâce au vermicompostage, on obtient trois produits :
-
Le lombricompost, engrais organique. Il est généralement plus concentré que le
compost et les éléments nutritifs y sont plus disponibles pour les plantes du fait de
l’action de digestion préalable des vers ;
-
Le jus de lombricompost, également très concentré et employé comme engrais
foliaire ;
-
Enfin, les vers de terre, utilisables pour réaliser de la farine animale, riche en
protéines, ou tout simplement comme appâts pour la pêche.
Les prochaines expérimentations permettront l’évaluation du lombricompost et du jus sur le
sol et les cultures afin de déterminer leurs conditions d’utilisation optimales.
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Structure et fertilité des sols en milieu tropical
Jean-José Martial, Jérôme Tirolien - IT2
L’intensification de certains systèmes de production et l’usage intensif d’espèces végétales
en monoculture sont des facteurs d’appauvrissement et de dégradation des sols. En
conditions tropicales, ces facteurs sont accentués par des conditions climatiques et
environnementales extrêmes.
Dans ce contexte, la protection et la régénération des sols sont des éléments indispensables
pour assurer la durabilité, le maintien de la performance et l’intensification agro-écologique
des systèmes de production. Ces éléments reposent sur deux piliers majeurs que sont la
structure et la fertilité des sols.
L’évaluation de l’état général et de la structure des sols peut être réalisée très simplement
par l’observation et l’analyse de profils pédologiques, grâce à la réalisation de fosses à
l’intérieur ou en bordure des parcelles cultivées.
Durant une semaine, des profils pédologiques ont été réalisés, par l’IT2, chez des
producteurs de Martinique en présence de Frédéric THOMAS, spécialiste des techniques de
conservation des sols. Ces profils, réalisés pour des cultures diverses et dans des zones
géographiques contrastées de Martinique, ont été l’occasion d’appréhender l’impact des
pratiques agricoles sur la structure des sols. Les ateliers organisés autour de ses profils, en
présence de nombreux professionnels agricoles ont permis de discuter, en conditions
réelles, des méthodes et techniques à mettre en œuvre pour améliorer la qualité et la
durabilité de nos sols tropicaux dans des systèmes écologiquement intensifs et
économiquement viables.
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Les enjeux de la diffusion de pratiques agro écologiques.
Le cas de l’inter-culture améliorée en Martinique.
Laurent Parrota*, Laurent Hennigb, François Ratyeb, Eric Rouxc, Lucile Vantardc,
Alexandra Jestina, Paula Fernandèsa
a
CIRAD, b ISTOM, c DAAF- SISEP
Contact : [email protected]
L’intervention présentera les résultats préliminaires des stages réalisés en 2013 et 2014 sur
les perspectives de diffusion de l’inter-culture améliorée par l’usage de plantes de services
auprès des exploitations impliquées dans des activités de maraîchage en Martinique (Projet
InnovEcoF&L).
L’objet de cette intervention consiste donc à identifier les leviers permettant d’améliorer la
portée générique et les taux d’adoption des innovations. L’étude de cas porte sur l’interculture améliorée par l’usage de plantes de services dans le cadre du projet InnovEcoF&L.
L’accès et l’utilisation de la base de données issue du RGA 2010 ont permis d’établir une
typologie des 1382 exploitations impliquées dans des activités de maraîchage. Cette
typologie à d’abord identifié les exploitations à statut précaire (N=306) du reste de la
population. Puis parmi la population à statut stable, 5 groupes supplémentaires ont été
identifiés sur la base du profil des activités des exploitations impliquées dans des activités de
maraîchage : les activités d’élevage, de banane / canne à sucre, de maraîchage pur, de
jachères, et les vergers. Les entretiens auprès des agriculteurs ont porté in fine sur 4 des 6
groupes (N=80) avec deux passages en 2013 (27 agriculteurs interrogés) et 2014 (53
agriculteurs interrogés). A ce stade dans le cadre des entretiens, ni le groupe des
exploitations à statut précaire ni celui du maraîchage jachère n’ont été retenus.
Les résultats ont montré un consentement à tester l’inter-culture améliorée de 80% parmi
les 80 personnes interrogées issues des 4 groupes (élevage, de banane / canne à sucre, de
maraîchage pur, et vergers). La capacité d’adaptation aux pratiques courantes agronomiques
(exploitations équipées ou non) est un facteur déterminant. En revanche, il n’a pas été
démontré que l’approche par le profil d’activité était pertinente. Autrement dit, il existe des
déterminants non liés aux activités des exploitations qui favoriseraient l’adoption ou non de
l’inter-culture améliorée.
Discussion provisoire
Les résultats de ces actions montrent que les résultats des démarches participatives doivent
être testées sur le terrain et que des modèles économétriques sont nécessaires pour valider
les déterminants de l’adoption (ou plus précisément, le consentement à tester des
innovations agro écologiques).1
La capacité des innovations agro écologiques à s’adapter à des zones agro climatiques
hétérogènes est un facteur favorable à leur intégration dans des pratiques courantes en
agronomie et à l’élargissement de leur portée générique.
Il est nécessaire d’approfondir notre connaissance des populations vulnérables ou fragiles
(par exemple le groupe des exploitations à statut précaire) car il existe des risques
d’exclusion de certaines exploitations à l’accès à l’innovation à la fois pour des motifs
techniques (les innovations agro écologiques ne sont pas forcément adaptées à toutes les
zones agro climatiques), des motifs liés à l’exploitation (statut précaire par exemple) et à la
personne interrogés (âge, niveau d’éducation, etc.).
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Intégrer des plantes de service dans la gestion des bioagresseurs et de la
fertilité des sols des systèmes de culture ananas
A. Soler, P.A. Marie-Alphonsine, J.J. Martial
Partenaires principaux : Cirad - IT²
Dans les systèmes de production intensifs d’ananas développés aux Antilles, la gestion des
bioagresseurs telluriques (nématodes : Rotylenchulus reniformis et symphyles Hanseniella
spp) sont des contraintes majeures. Elles sont accentuées par le retrait récent des produits
phytosanitaires spécifiques pour l’ananas. Une gestion alternative, sans pesticides, de ces
bioagresseurs par des pratiques fondées sur une intensification écologique reposera sur une
stratégie globale de lutte intégrée dont la première étape est l’assainissement des parcelles
grâce à des rotations avec des plantes de services. Cependant, d’autres améliorations sont
recherchées comme l’amélioration des équilibres entre communautés d’organismes
bénéfiques et pathogènes, ou la restauration de l’état biophysique du sol et de son statut
organique.
Une réduction de l’inoculum de parasites telluriques peut être obtenue de façon beaucoup
plus efficace que la simple jachère classique avec enherbement spontané grâce à des
rotations/associations incluant des plantes non-hôtes. Elles peuvent aussi montrer des effets
allélopathiques envers les parasites. Une des difficultés réside dans la nécessité de contrôler
deux parasites telluriques en même temps, nématodes et symphyles, qui sont en
compétition pour la même ressource alimentaire et sont tous deux très polyphages.
Sur la base de résultats d’expérimentations et de l’expertise CIRAD des systèmes de culture
avec ces rotations ont été proposés aux professionnels. Dans le cadre du RITA, ils sont testés
et validés mais aussi aménagés en concertation avec les producteurs grâce à leur retour
d’expérience. Des outils ont été développés pour mesurer l’impact des plantes de services
sur l’installation et le développement (et les dégâts causés par les parasites) du système
racinaire de l’ananas.
Les actions développées dans le cadre du RITA devront prendre en compte également les 2
autres principaux problèmes de l’ananas : le Wilt (cochenilles) et le Phytophthora
(champignon pathogène). Des mesures seront proposées dans le cadre du RITA2 avec
notamment des mesures prophylactiques efficaces et la production de matériel sain qui
devront accompagner les méthodes d’assainissement contre les parasites du sol. L’ensemble
de ces mesures constituent la base de stratégie globale de lutte intégrée contre les parasites
de l’ananas. Comprendre les déterminants (leviers et contraintes) de l’adoption de ces
pratiques plus écologiques est également un élément important de la réussite du transfert
d’innovation technique pris en compte dans le prochain RITA.
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Quelles stratégies mettre en œuvre pour une gestion agro-écologique
de l'enherbement en vergers ?
Christian Lavigne, CIRAD
Les vergers antillais, souvent composés de limettiers de Tahiti (Citrus latifolia), et de
goyaviers (Psidium guajava) sont généralement situés dans des zones peu mécanisables,
pentues ou pierreuses, les zones plus planes étant réservées aux grandes cultures, banane et
canne à sucre. Compte tenu de la pluviosité en zone tropicale humide, le contrôle de
l’enherbement est un poste difficile du plan de charge de l’agriculteur, si l’on écarte l’usage
des herbicides chimiques. Le contrôle chimique de l’enherbement conduit à une érosion
rapide des sols déjà peu profonds, et à une pollution des eaux de surface. Le contrôle
mécanique à la débroussailleuse est pénible et coûteux en main d’ouvre (de 6 à 8 opérations
par an).
L’utilisation de plantes de couverture, choisies parmi les graminées (Poaceae) ou les
légumineuses (Fabaceae), représente une alternative intéressante à la lutte chimique contre
les adventices. Elles doivent pour cela répondre à un cahier des charges précis, selon une
approche multicritères, notamment en matière de vitesse de recouvrement du sol après le
semis pour concurrencer la croissance des adventices, mais également de biomasse produite
pour permettre une circulation aisée, de capacité de repousse après un fauchage, de
capacité à supporter le piétinement et le roulage, et de pérennité de cette strate herbacée.
Le statut d’hôte des ravageurs, la capacité de fixation symbiotique de l’azote, la volubilité du
feuillage et la concurrence vis-à-vis de la culture de rente pour l’eau et les éléments
minéraux sont également étudiés. Une évaluation de nombreuses espèces, locales ou
introduites, en station expérimentale comme chez des producteurs, ayant pour objectif de
tester la possibilité d’adoption d’un tel mode de gestion de l’enherbement, indique qu’une
seule espèce ne peut pas répondre à toutes les exigences. Les expérimentations en cours
montrent qu’une couverture herbacée composée de plusieurs genres et plusieurs espèces
appartenant aux deux familles retenues, présente un comportement satisfaisant. On
utilisera par exemple le mélange Neonotonia wightii et Paspalum conjugatum, mais ce choix
dépend largement de la localisation de la parcelle. L’installation de cette strate herbacée
peut faire appel à l’utilisation de légumineuses annuelles.
Certaines adventices peuvent être extrêmement difficiles à contrôler, particulièrement les
espèces grimpantes comme la liane américaine (Mikania micrantha) ou le manger-lapin
(Ipomea tiliacea). Ces lianes ont la capacité de s’enraciner à chacun de leurs nœuds et se
propagent très facilement par bouturage. Un soin extrême sera donné à l’enlèvement
précoce de ces espèces, de façon manuelle. Le Mikania est une Astéracée qui produit une
grande quantité de fruits minuscules véhiculés par le vent ; il faut supprimer toutes les lianes
qui montent à l’assaut des arbres entourant la parcelle pour éviter la dissémination des
semences.
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Moins désherber dans les vergers
grâce à Arachis pintoi, Drymaria cordata et Stenotaphrum secundatum
Bénédicte Paget, FREDON
Par définition, une plante de couverture est une espèce végétale qui assure le
couvert permanent du sol d’une parcelle. Elle permet une meilleure gestion de
l’enherbement, en limitant le développement des plantes concurrentielles à la culture. Elle
participe également à certaines améliorations agronomiques et environnementales : apport
de matière organique, apport éventuel d’azote, structuration du sol, lutte contre l’érosion, ...
Elle permet ainsi à l’agriculteur de réduire certains coûts en diminuant notamment la
fréquence de désherbage ou encore l’apport d’intrants fertilisants.
Les plantes de couverture doivent être adaptées aux besoins spécifiques de chaque
culture et aux conditions pédoclimatiques régnant sur la parcelle. C’est pourquoi, la FREDON
expérimente depuis fin 2012 l’installation de différentes plantes de couverture afin de
proposer aux arboriculteurs une gamme de plantes adaptées aux conditions spécifiques
régnant dans leurs vergers. Les parcelles d’essais ont été sélectionnées dans des vergers
divers (agrumes et goyaviers surtout) chez des agriculteurs volontaires basés sur les
communes du Gros Morne, Lamentin, St Joseph, Le Robert, Case pilote et Rivière salée.
Au terme du RITA1, 3 plantes de couverture semblent pouvoir répondre aux attentes
des agriculteurs : Arachis pintoï (Fabaceae), Drymaria cordata (Caryophyllaceae) et
Stenotaphrum secundatum (Poaceae). Elles sont encore en cours d’expérimentation mais les
premiers résultats révèlent une couverture rapide du sol, une bonne maitrise de
l’enherbement et, à ce jour, elles ne rentrent pas en compétition avec la culture et elles ne
gênent pas les interventions réalisées sur la parcelle.
En plus de la description de ces plantes, le diaporama vous présentera le matériel et
les méthodes d’installation, les opérations culturales réalisées pour l’entretien du couvert, le
tout illustré par des photos prises à différentes étapes et sur plusieurs vergers.
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Paillage naturel ou culture légumière,
des alternatives à l’utilisation des herbicides en verger
Luc Nema, Isabelle Jean-Baptiste
Chambre d’Agriculture de Martinique
Les agriculteurs sont confrontés au développement de plus en plus important de
l’enherbement dans leurs cultures. Les essais mis en œuvre dans le cadre de cette action
visent à proposer aux agriculteurs des choix de pratiques sans herbicides en testant des
alternatives innovantes telles que le paillage naturel ou la culture légumière en inter rang.
La recherche de telles solutions répond à la fois à des objectifs qualitatifs,
environnementaux et économiques telles que la réduction de l’utilisation des herbicides, la
diminution des phénomènes d’érosion des sols cultivés et la diminution des charges de
cultures.
L’utilisation du paillage naturel ou de la culture légumière a permis de gérer la population
herbacée et rentabiliser les espaces inter rangs du verger.
Le succès de telles pratiques nécessite que le sol de départ soit filtrant, bien travaillé et
indemne d’adventices pour une meilleure efficacité dans le temps des différents couverts
utilisés dans la lutte contre les adventices.
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Associer production fruitière et élevage de volailles
pour contrôler l’enherbement en vergers
Lavigne Anaïs (1), Lavigne Christian (2) Dumbardon-Martial Eddy (1)
(1)
FREDON, route du lycée agricole, Croix Rivail, 97224 Ducos – [email protected]
(2)
CIRAD-CAEC, Petit-Morne, 98275 Le Lamentin
Le désherbage des vergers est une contrainte forte pour les producteurs de fruits de
Martinique du fait de conditions climatiques en permanence favorables à la croissance
rapide des adventices. La gestion de l’enherbement se fait le plus souvent soit à la
débroussailleuse (les parcelles sont souvent non mécanisables) soit à l’herbicide. La pratique
du désherbage chimique est à ce jour la méthode la plus économique, mais l’utilisation
récurrente d’herbicides dans les vergers conduit à une érosion des sols et à une pollution des
eaux. Quant à la débroussailleuse, la pénibilité du travail et le temps de main d’œuvre
consacré au désherbage sont importants. L’intégration d’animaux dans les vergers peut être
un moyen de réduire le nombre d’interventions de désherbage.
Si les ruminants, bovins ou ovins, peuvent provoquer des dégâts sur les arbres et sont
susceptibles de consommer les feuilles et les fruits, les volailles sont en revanche bien
adaptées à une association. L’intégration d’une production fruitière et d’un élevage de
volailles présente de nombreux avantages, pour la culture comme pour les animaux. En
effet, non seulement les volailles consomment le couvert végétal, mais elles éliminent
également les fruits tombés au sol et les bioagresseurs qu’ils hébergent. Elles apportent
aussi de la matière organique avec leurs déjections. Par ailleurs, associer deux productions
sur un même espace permet d’optimiser le foncier et d’augmenter ainsi le revenu de
l’agriculteur. Les expérimentations conduites ont montré que la présence de poulets, de
canards ou d’oies permet une diminution de la hauteur de l’enherbement, une diminution
de la biomasse herbacée et une réduction de moitié du nombre de fauches par an (Lavigne
et al., 2012). Ainsi, l’intégration des animaux sur une parcelle fruitière permet de diminuer le
temps de travail consacré au contrôle de l’herbe et la quantité d’herbicides utilisés. Ce
système présente néanmoins des contraintes : (i) les animaux sélectionnent les végétaux
qu’ils consomment et modifient la composition floristique du parcours, (ii) des rotations
doivent être organisées sur le parcours pour maintenir un niveau d’enherbement suffisant,
(iii) l’élevage doit être protégé contre les prédateurs par des clôtures efficaces. Par ailleurs,
dans le cas de parcelles contaminées par la chlordécone et sur lesquelles l’installation de
vergers est recommandée, les animaux peuvent accumuler ce pesticide. Les produits de
l’élevage, viande et œufs, ne peuvent alors pas être consommés (Clostre et al., 2013). Ainsi,
la mise en place d’un tel système intégré nécessite l’acquisition d’une certaine technicité par
l’agriculteur et impose une réflexion préalable pour adapter le dispositif aux objectifs et aux
contraintes de l’exploitation.
Les expérimentations et les premières tentatives réalisées par des agriculteurs montrent que
le bilan écologique, la productivité et la rentabilité d’une parcelle qui intègre un verger et un
élevage de volailles sont améliorés.
NB : Projet ne faisant pas partie du RITA
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Intégration d’ovins dans un verger d’annonacées en Martinique :
Leçons apprises et bilan technico-économique
Josée-Llyan Labonne (SEA (ex-SECI), Conseil général), Christian Lavigne (CIRAD)
L’association d’ovins sous verger d’annonacées a pour objectifs : la diversification de la
production agricole, l’augmentation du revenu de l’agriculteur, et bien sûr la gestion de
l’enherbement. Le système étudié regroupe les éléments suivants :
- un verger d’annonacées : pomme-cannelle (A. squamosa), cachiman (A. reticulata),
corossol (A. muricata)
- une plante de couverture : Dichanthium sp. (Petit foin, graminée fourragère) et
enherbement naturel
- un troupeau d’ovins : mouton de la race Ovins MatniK (OMK)
Les moutons possèdent une aversion naturelle pour les feuilles et les écorces de la famille
des annonacées, ce qui a rendu possible une telle association.
La densité de plantation dépend de l’espèce d’annones choisie et de la durée envisagée pour
l’association. Quant au chargement en animaux, il doit être adapté à la biomasse disponible,
qui dépend de la saison et de la qualité de l’enherbement.
Il résulte de cet essai, que le système n’affecte ni la croissance des arbres ni celle des
animaux.
Il est toute fois conseillé de n’intégrer les animaux qu’un an minimum après la plantation
afin d’éviter les risques de piétinement des plants au départ, de réaliser une rotation sur 5
parcelles ainsi qu’une fauche des refus une fois par an.
Ce système de production, qui associe un élevage ovin à une production fruitière sur la
même parcelle, permet une optimisation de la productivité de la parcelle, dans un contexte
de pression foncière forte.
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L’amélioration de l’état sanitaire en production cunicole : premiers pas
vers de meilleures performances technico-economiques en elevage de lapins
Nathalie Maiche, IKARE
Pour commencer, il est nécessaire de définir la signification de meilleures performances car
elles influent directement sur la rentabilité. Les performances en élevage de lapins se
mesurent par des critères techniques définis en fonction de la physiologie de l’animal et des
caractéristiques de la production. Les principaux critères à prendre en considération pour
analyser les résultats technico-économiques d’un élevage de lapin sont :
 Le taux de fertilité (pourcentage de mises-bas)
 La prolificité (nombre de lapins nés par mise-bas, nombre de lapins nés vivants par
mise-bas)
 Les taux de mortalité (naissance-sevrage et en engraissement)
 La productivité (nombre de sevrés par mise-bas, nombre de lapins produits
annuellement par femelle ou par cage-mère)
Un travail d’accompagnement ayant pour but d’améliorer les résultats techniques en vue de
couvrir davantage le marché local, va commencer par s’intéresser à l’état sanitaire. C’est la
démarche d’IKARE mise en œuvre au sein du projet SANITEL. Ce projet a été finalisé à la
suite d’une mission d’experts cunicoles venus en Martinique en 2011, qui ont confirmé aux
producteurs locaux les marges de progrès techniques accessibles, notamment via le volet
sanitaire.
Il avait été diagnostiqué d’importants problèmes de parasitismes interne et externe. La
priorité du projet a donc été la mise en place d’actions de prophylaxie afin d’éradiquer ces
parasitismes. Les moyens humains adéquats ont été sollicités : une vétérinaire et une
technicienne spécialisées en cuniculture et formées au développement. Ensuite, des actions
de suivi de nouvelles pratiques en élevage, des formations, des ateliers pratiques et des
réunions techniques ont été menées, dont la plupart s’appuient sur des fiches techniques
référentielles.
Deux ans après le lancement du projet, la moyenne des élevages cunicoles de la Martinique
a atteint le niveau annuel de 30 lapins vendus par cage-mère, ce qui est correspond au seuil
de rentabilité compte tenu des subventions octroyées dans le cadre des soutiens européens
(POSEI,…). Ce résultat n’en demeure pas moins perfectible sur le plan technique et encore
insuffisant pour les éleveurs qui ont investi récemment et doivent rembourser des
emprunts. Pour ces derniers, le seuil de rentabilité économique se situe plutôt autour de 45
lapins vendus par cage-mère par an. Des efforts à poursuivre sur les prochaines années dans
le cadre du RITA II.
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Assurer dans les élevages de bovins et de petits ruminants une alimentation
en fourrages de qualité toute l’année et à moindre coût
Clémentine Robin, IKARE
Chaque année, pendant le carême, la pousse de l’herbe baisse voire s’arrête dans les
zones les plus sèches de l’île. Impossible alors pour certains éleveurs de nourrir leurs
animaux uniquement avec de l’herbe : amaigrissement des animaux, achats de fourrages
extérieurs générant une augmentation des dépenses. Ces solutions d’urgence ne sont pas
durables. Le projet SYSFOU a pour objectif d’optimiser la gestion du système fourrager par
une meilleure conduite des prairies sur l’année et par l’anticipation des périodes difficiles en
constituant des stocks fourragers de qualité.
La gestion de l’herbe est primordiale car c’est le fourrage principal dans la majorité
des exploitations de l’ile. La conduite de la prairie (hauteurs d’entrée et de sortie, temps de
séjour des animaux et de temps repousse, ...) est un paramètre important qui impacte sur la
productivité des élevages et les coûts de production (étude AMIV, 2013). Des suivis de
pousse de l’herbe en fermes permettent de comparer des pratiques d’éleveurs sur la gestion
fourragère et d’établir des premiers indicateurs sur la pousse de l’herbe en vue de réaliser
un conseil sur la gestion fourragère (périodes propices à la constitution de stocks, conseil de
chargement ...). En parallèle sont menées sur la plateforme fourragère de Croix-Rivail des
expérimentations sur la réponse à l’azote des principales graminées et sur le potentiel des
associations graminées-légumineuses en vue de disposer d’éléments chiffrés concrets et de
proposer par la suite ces techniques innovantes de gestion de l’herbe aux éleveurs
martiniquais.
Le recours à d’autres fourrages plus productifs appelées « cultures fourragères » (ex :
sorgho, canne à sucre,…) est souvent intéressant pour plusieurs raisons : constituer des
stocks fourragers et sécuriser son système fourrager, disposer de fourrage de haute qualité,
optimiser la productivité de fourrage par unité de surface.
Le sorgho sucrier est une plante fourragère testée depuis 2012 sur la plateforme fourragère
de Croix-Rivail et sur une dizaine de fermes en Martinique. Sa bonne adaptation et ses
résultats probants en termes de productivité fourragère, de qualité nutritive, de stockage, et
de valorisation animale en font une culture d’avenir peu coûteuse pour la Martinique.
La canne à sucre, largement disponible sur l’île, a fait l’objet d’essais en ensilage pour
constituer des stocks fourragers et s’est révélée efficace pour passer le carême à moindre
coût.
Ces suivis de fermes et expérimentations se poursuivront sur 2015 et seront élargis à
de nouvelles thématiques telles que l’utilisation d’arbres fourragers comme sources de
protéines naturelles.
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