MJ-Classic Moto Racing

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MJ-Classic Moto Racing
GRAND ANGLE CLASSIC MOTO RACING
Par Jeffro reporter, photos capitaine Butzbach (Nantes Connection)
Des 500 RG en veux-tu en voilà.
Pourtant, au fil des ans, la bête
est devenue rare et chère. Son
entretien et sa remise en route
sont une affaire de spécialiste.
Classic Moto Racing. Derrière ce nom évocateur de vieilles mécaniques
anglaises ou italiennes, se cache en fait une petite officine qui vibre surtout
pour les moteurs 2-temps, et particulièrement s’ils ont 4 cylindres en carré.
Rencontre avec un pape des moteurs sans soupapes.
RG PASSION
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GRAND ANGLE CLASSIC MOTO RACING
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➋
Portrait d’artiste
> Derrière un visage de post-adolescent
se cache en fait un tout jeune quadra,
papa de 4 enfants. Ici, tout marche par
quatre, les cylindres, les dizaines, les
enfants… il n’y a que le 2-temps qui fait
exception à la règle. A 14 ans, Jérôme
dépouille sa mobylette pour repeindre le
cadre dans la cuisine de son paternel,
non sans avoir tout protégé, ou presque,
avec du papier journal… Dès 15 ans,
A
il commence à travailler dans la moto et
c’est à 21 ans, bac pro en poche, qu’il
entre chez Exess compétition pour faire
courir des voitures propulsées par des
moteurs de Suzuki Hayabusa. Six ans plus
tard, le vent tourne et il part travailler
comme chef d’atelier à Pornic, puis chez
Moto Expert à côté de Nantes. A la
fermeture du site, il exerce la profession
de contrôleur technique. Il arrête cinq
h le modernisme, ça a du bon !
Parce que, mine de rien,
pour dénicher l’atelier de Jérôme
Rabouin, caché dans le village du
Gâvre, au nord de Nantes,
vous serez content d’avoir un GPS !
Cependant, une fois franchie la porte de son antre,
vous retombez en plein dans les années 80/90,
avant l’arrivée du téléphone portable et au début de
la démocratisation de l’ordinateur. D’ailleurs,
le temps de la visite, oubliez votre smartphone,
ici il n’y a pas de réseau… Nous voilà donc revenus
trente ans en arrière, quand les RDLC et RG Gamma
écumaient autant qu’elles enfumaient nos routes.
C’était aussi l’époque des premières GSX-R.
Les plus belles années Suzuki, en somme, et le
crépuscule du moteur 2-temps. Mais notre homme
n’est pas sectaire, il restaure aussi toutes les motos
anciennes et ne refuse pas de faire des préparations
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mois plus tard au bord de la dépression et
se décide à créer Classic Moto Racing en
2011. Depuis, ça va beaucoup mieux,
merci !
« Je préfère faire de belles choses
et prendre mon temps. » Avec un
prix horaire de 40 € seulement,
les factures restent tout de même
raisonnables. Vive la campagne !
façon café-racer, bien au contraire, il aime ça.
Plus il y a de trous,
plus il y a de cylindres
Dans le petit atelier, où l’espace est compté,
s’entassent soigneusement rangées six ou sept
RG 500, certaines éparpillées façon puzzle. Quelques
GSX-R font aussi de la résistance pour défendre la
soupape dans cet univers dédié aux cylindres-à-trousqui-puent. Sur les établis, des 4-cylindres en carré
attendent l’heure de la restauration. Pas étonnant que
cette moto soit devenue un vrai collector. Et comme
tout collector, elle a ses aficionados et ses spécialistes.
Jérôme en est assurément un. Alors, on se presse de
toute la France pour venir lui confier son square four*. Désormais, il importe même officiellement les pièces
Maranello Engineering qui ont été développées par le
boss de la boîte, lui-même fou de RG.
C’est contagieux cette maladie !
❶ Croisement entre une
Aprilia RS 250 et un
moteur de 500 RG, avec
des roues, des freins et
des suspensions
modernes. Miam,
on a hâte d’y goûter !
❷ Le 2-temps ultime
selon Jérôme. Un air de
500 RG 1981, 110 ch et
135 kg, mais la fiabilité
d’une routière.
Une réalisation à la
demande pour ceux qui
ne peuvent s’offrir une
Suter V4 à plus de
170 000 € !
❸ Une 350 RDLC en train
de recevoir un kit
400 cm3 US… Ça doit
être sympathique !
Patient, méticuleux, Jérôme désosse les entrailles de
la belle et s’applique à la remettre en route.
Parfois, quand un client arrive avec son moteur sous
le bras pour lui confier sa remise en route, il l’ouvre
directement devant lui, « en toute transparence »
pour qu’il voie bien l’étendue des travaux à effectuer.
Son truc à lui, c’est plus la fiabilité absolue que les
ultimes chevaux qui se payent très cher et
provoquent de la casse.
Prépas d’enfer
Par contre, Jérôme n’a pas son pareil pour moderniser
le comportement en piste de la bête. Tout est
envisageable, en fonction du budget et de
l’utilisation. Parfois, ça va plus loin : avec le concours
d’un bon soudeur aluminium (et d’un chausse-pied !),
il installe le RG dans un cadre double longeron
d’Aprilia RS 250. Le cocktail est détonant, et là, ça tient
vraiment par terre. Enfin, l’ultime fantasme en cours
➌
Conseils d’achat
Ouvrez l’œil !
>Surfant sur la vague rétro, la RG se vend
désormais à prix d’or. Difficile d’en trouver une
à moins de 12 000 €. Mais ce n’est pas une
raison pour acheter n’importe quel ravelin.
Performante, la bête est aussi fiable, à
condition d’être attentif à son état. La boîte
de vitesses reste son talon d’Achille. Sousdimensionnée, elle supporte mal les
gonflages moteur et les maltraitances. C’est
très dangereux, certains l’ont payé de leur
vie… Vérifiez que la sélection des vitesses est
correcte ! Attention aux outrages du temps,
surtout sur les motos immobilisées. La
bakélite des carters derrière les disques
rotatifs se décompose et part en morceaux
dans le moteur. Ça casse tout. Les mousses de
filtres se désagrègent et sont avalés par les
carbus. Ça bouche tout. Le clapet du circuit
d’huile se bloque et le réservoir du graissage
séparé se vide dans le moteur…
Moralité, mieux vaut ouvrir et tout vérifier
avant de mettre le premier coup de kick !
Contact : [email protected],
tél. : 06.72.72.13.88,
wwwclassicmotoracing.com
Très belle mécanique, le 500 RG
demande un bon suivi. Compter
1 200 € pour 2 vilebrequins refaits. Les
segments tiennent environ 15 000 km.
de réalisation, c’est une interprétation sur le thème de
la RG XR 35… « la vraie », celle des paddocks, la
dernière avec le cadre en acier et la première avec une
suspension arrière Full Floater. Autour d’un moteur de série tip top, Jérôme a conçu
et fait fabriquer une réplique du cadre utilisé en GP.
Il a utilisé des photos d’archives (et une maquette
Tamiya !), en y adaptant une géométrie de 600
supersport actuelle. Un sérieux gage de
performances. Sa conception permet de reprendre un
maximum de pièces issues de la moto de série, pour
ne pas réinventer ce qui existe. Résultat : une bête de
110 ch pour 135 kg en ordre de marche. Un joujou
extra avec une partie-cycle à la démesure du bouillant
4-pattes. Une vitrine pour son entreprise, mais une
vitrine à vendre, avec la possibilité de faire des
répliques de répliques (vous suivez toujours ?)
Avis aux amateurs ! ●
* Quatre-cylindres en carré dans la langue de Barry Sheene
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