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1 / 15 Protection de conférence à Bâle 6 Les Forces aériennes au Conseil ministériel de l’OSCE Prêts à décoller en permanence 10 Le service de police aérienne sera étendu ces prochaines années Exercice STABANTE 15 4 Editorial Processus d’amélioration continue Chères lectrices, Chers lecteurs, En règle générale, un orchestre est composé d’excellents musiciens. Du violoniste au percussionniste, tous maîtrisent à la perfection leur instrument. Pourtant, lorsqu’ils se réunissent la première fois pour répéter, ils doivent d’abord apprendre à être en parfaite symbiose pour former une symphonie. Et pour y parvenir, ils doivent répéter encore et encore. Cette règle d’or s’applique aussi à l’armée. Pour assurer de manière optimale la protection de notre espace aérien, il ne suffit pas que nos pilotes maîtrisent parfaitement leur F/A-18 et que nos canonniers DCA atteignent leur cible avec précision. Tous doivent former un système global bien soudé. Malheureusement, l’interopérabilité est une compétence qui n’est que trop peu entraînée dans le cadre d’exercices d’envergure. On ne peut dès lors que se réjouir d’avoir eu l’opportunité de réaliser l’exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 au mois de mars. Cet exercice qui a mis à l’épreuve une formation d’engagement air pendant huit jours et qui a impliqué près de 6000 participants issus des domaines engagement, aviation, défense contre avions et aide au commandement, et auxquels s’est en outre ajouté un bataillon des Forces terrestres, nous a permis de tirer de précieux enseignements. Une fois de plus, nous avons eu la démonstration que les Forces aériennes n’étaient en mesure d’agir en synergie qu’avec le soutien de la BAC et de la BLA. La direction de l’exercice comptait également dans ses rangs des membres de l’EM cond A, ceci notamment afin de tester les processus de conduite prévus dans le cadre du DEVA. Je profite de l’occasion pour remercier vivement tous ceux qui ont participé à STABANTE 15 et contribué à sa réussite. Grâce à vos excellentes prestations, tout s’est déroulé sans accroc. Vous vous êtes mis pleinement au service du processus d’amélioration continue des Forces aériennes et votre engagement nous a permis d’améliorer l’interopérabilité de nos «instruments». Commandant de corps Aldo C. Schellenberg, commandant des FA 2 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 Contenu Image de titre Un Pilatus PC-7 survole le Creux-du-Van au cours de l’exercice STABANTE 15. Pour le service de police aérienne, la fréquence radio 121,50 a été inscrite sur le fuselage. (Photo: DDPS) Contenu 4 La troupe sous la loupe Exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 en Romandie 8 Une riche palette de missions Forum économique mondial 2015 à Davos 12 L’importance des entraînements de nuit Les Forces aériennes suisses en Norvège 16 Hangars à abeilles Des abeilles sauvages sur les bases aériennes 17 Sauvetage avec le Super Puma Un homme est tiré d’une fâcheuse posture 6 10 18 Un enchaînement de procédures bien rodées La Formation d’application aide cdmt 30 lors du WEF Engagement complexe à Bâle La proximité de la frontière a compliqué la mission de protection du Conseil ministériel de l’OSCE. 21 De nouveaux défis à relever René Baumann est le commandant de la FOAP aide cdmt 30 22 Douze pilotes reçoivent leurs ailes Remise des brevets 24 Engagement réel au carrefour des trois Etats La défense contre avions lors du Conseil ministériel de l’OSCE 26 La Suisse, pays hôte de conférences internationales La DCA protège l’espace aérien au-dessus de Davos 28Agenda Impressum armée.ch, le magazine des militaires des Forces aériennes, paraît deux fois par année en allemand, français et italien. Prochaine édition: 2 / 2015 Délai rédactionnel: 14 septembre 2015 Parution: décembre 2015 Editeur: Commandant des Forces aériennes Rédaction: Communication des Forces aériennes; Rédaction armee.ch; David Marquis, Papiermühle strasse 20, 3003 Berne, Téléphone 058 464 37 46, [email protected] Traduction: Services de traduction du DDPS Mise en page et production: Communication des Forces aériennes Impression: Stämpfli AG, 3001 Berne Changements d’adresse: Mil incorporés, par écrit aux autorités militaires du canton de domicile. Tous les autres auprès de la Communication Forces aériennes, Papiermühlestrasse 20, 3003 Berne Copyright: DDPS, domaine Défense Internet: www.armee.ch www.forcesaeriennes.ch 14 Prêts à décoller en permanence La capacité d’intervention du service de police aérienne sera étendue. En visite lors du cours d’entraînement Préparation du Super Puma Display Team pour la nouvelle saison. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 3 Exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 La troupe sous la loupe Photo: cap Simon Flückiger L’exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 a eu lieu du 18 au 25 mars en Suisse romande. L’ensemble du dispositif des Forces aériennes a été passé au crible. Le scénario mis en place consistait à assurer la protection d’une conférence fictive à la Chaux-de-Fonds. Imaginant plus d’une centaine d’incidents, la direction de l’exercice a sensiblement accru la difficulté de STABANTE 15. «armee.ch» a rendu visite à quelques troupes en exercice. Après une simulation d’incident, un F/A-18 a été remis sur la piste grâce à la grue d’une entreprise civile. Groupe comm STABANTE 15 S’il est normal qu’un F/A-18 décolle de Payerne, qu’il soit suspendu à un câble d’acier sort tout à fait de l’ordinaire. Lors d’une simulation d’incident – peut-être la plus spectaculaire de tout l’exercice –, l’avion est sorti de la piste avant de s’immobiliser dans un pré. La troupe en exercice, ne pouvant pas simplement le tirer sur la piste sous peine d’endommager le train d’atterrissage, a fait appel à une entreprise civile de levage conformément au processus défini. Bien qu’elle n’ait pas été informée de l’exercice auparavant, l’entreprise est arrivée dans les deux heures et a remis le F/A-18 Hornet sur la piste. Trois heures plus tard, le service de vol a pu reprendre. Le capitaine Simon Flückiger, arbitre de l’exercice, précise ses attentes: «Il s’agissait d’examiner si les processus d’évacuation d’avion étaient respectés. Nous sommes très satisfaits du résultat, il ne reste plus qu’à améliorer quelques détails.» Changement de 4 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 scénario: on les entend rugir de loin. «Scheiss Danubia! Scheiss Danubia!», scande un groupe de jeunes hommes. Ils s’approchent toujours plus, certains vêtus d’une cagoule, et leur gestique est agressive. Soudain, l’action s’accélère, les «visiteurs» se mettent à courir en direction de l’entrée de la Base aérienne de Payerne. Ce qui semble au premier abord être un acte de hooliganisme est en réalité un test planifié depuis longtemps. Les hommes sont des soldats de la bttr mis DCA 9/1 et jouent un rôle central dans le cadre de l’exercice STABANTE 15. Tour à tour joggeur et manifestant Les soldats endossent divers rôles: parfois militaires, d’autres fois joggeurs, promeneurs, hommes d’affaires ou, précisément, manifestants. Ils n’ont qu’une seule mission: tester la disponibilité des soldats et examiner leurs réactions aux diverses situations. Les acteurs sont censés partir en reconnaissance, acquérir des informations et éventuellement commettre des vols. Les limites sont cepen- dant clairement définies: «Tout non-respect du scénario prédéfini et tout dommage aux personnes ou matériel est strictement interdit», insiste le major Toni Zurbrügg, responsable des acteurs lors de l’exercice STABANTE 15. Le ciel sous contrôle A quelques kilomètres de la Base aérienne de Payerne se dessine un paysage composé de collines et de prairies, sur lesquelles se trouve parfois une ferme. Le regard se promène sur ce paysage, dévale les collines et glisse sur les prairies… avant de s’arrêter soudain sur un monstre hérissé de pointes. Il semble venir d’ailleurs. Quatre fusées sont fixées à une tour qui exécute de temps à autre une rotation. Rapidement, l’observateur est avisé: «Ce ne sont pas des fusées, mais des missiles», explique le Bernois Thomas Gasser, sergent au sein d’une unité de feu dans une position Rapier. Le Rapier est un système d’engins guidés (missiles) de défense contre avions. Dans le cadre de l’exercice, la mission des soldats Exercice d’ensemble des troupes DCA est claire: dans le cas où un avion ennemi s’introduit dans l’espace aérien, Payerne envoie un F/A-18 afin de l’intercepter. Si cette mesure ne suffit pas, le Rapier entre en jeu. Il est contrôlé par un radar. Le Rapier a un plafond opérationnel de trois kilomètres et une distance d’engagement de sept kilomètres maximum. Il peut être engagé par tous les temps, de jour comme de nuit. L’unité de feu s’est installée à côté d’une ferme. Elle reste à chaque fois sur place 48 heures. Les soldats de la défense contre avions se chargent de diverses tâches, notamment du service de garde. Par ailleurs, elle ne cesse de s’exercer en simulant des attaques d’avions. La vie suit son cours dans la position puisqu’on y fait même la cuisine. une très belle performance», déclare fièrement le chef de section, le lieutenant Manuel Schär. L’effort n’est pas vain: le TAFLIR est le système des Forces aériennes permettant de couvrir les zones d’ombre du radar. Prenant le relais du système FLORAKO en cas de nécessité, il livre des données capitales pour observer la situation aérienne. Le TAFLIR a une portée de 110 kilomètres. Un exercice réussi L’exercice STABANTE 15 a mobilisé environ 6000 militaires des Forces aériennes, des Forces terrestres et d’autres domaines de l’armée. C’est la première fois depuis la fin de la Guerre froide que les Forces aériennes ont organisé un exercice d’ensemble de la troupe si complexe et d’une telle envergure. Le commandant de corps Aldo C. Schellenberg, commandant des Forces aériennes et directeur de l’exercice, tire un bilan positif de STABANTE: «Je suis très impressionné par la volonté démontrée par les formations de milice et les performances accomplies à tous les niveaux», a-t-il déclaré à l’issue de l’exercice. ■ Pour plus d’informations concernant l’exercice d’ensemble des troupes STABANTE, voir l’éditorial en page 2 ainsi que l’article dans la partie de ce magazine consacrée à l’armée. Les acteurs, déguisés en manifestants, ont mis la troupe à l’épreuve. Photo: of spéc Marc Forster Grâce au radar tactique d’aviation TAFLIR, le regard des Forces aériennes porte aussi là où le système de surveillance aérien FLORAKO ne voit presque rien. Dans la région frontalière entre Fribourg et Vaud, l’emplacement du TAFLIR se trouve bien entendu sur une éminence. Lorsque l’on s’approche de l’installation radar, celle-ci dégage des allures de forteresse. L’antenne en forme de grand rectangle vert foncé, pièce maîtresse du TAFLIR, se dresse vers le ciel en tournant à toute allure. Une visite de l’emplacement dévoile différents éléments bien caractéristiques d’une position TAFLIR: le shelter opérationnel, dans lequel les spécialistes radar prennent place, et le shelter technique, qui abrite le système. Le tout est maintenu en mouvement par des générateurs diesel. Tous les composants du TAFLIR sont transportés par camion, le plus lourd pesant 20 tonnes. Dans le cadre de l’exercice STABANTE, la compagnie 23 du groupe radar mobile des Forces aériennes 2 a transporté l’ensemble de l’installation du Jura jusque dans la région de Payerne avec sept camions ainsi que deux véhicules supplémentaires. En principe, il faut 21 heures pour effectuer le repli d’une position TAFLIR et l’installer ailleurs: «Grâce au très bon engagement des sous-officiers et des soldats, nous y sommes arrivés en 14 heures environ. C’est Photo: sdt Marco Oppliger Regard dans la zone d’ombre du radar La pièce maîtresse du système TAFLIR est sa grande antenne radar rectangulaire. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 5 Engagement Rencontre du Conseil ministériel de l’OSCE Une première pour les Forces aériennes suisses La mission de protection de la réunion du Conseil ministériel de l’OSCE, dénommée ALCEO, s’est déroulée à Bâle en décembre 2014. Une météo difficile et l’important dispositif à mettre en place au carrefour des trois Etats allemand, français et suisse ont constitué les plus grands défis à relever pour les Forces aériennes, dont c’était le troisième engagement réel de l’année. Pour la première fois dans ce type de mission d’appui, les hélicoptères avaient à leur bord des tireurs d’élite. La DCA a engagé des capteurs et un effecteur. lt col Christian Trottmann, chef Communication Engagement des Forces aériennes Scène inhabituelle à Riehen, près de Bâle: une unité de feu complète de la bttr 34/2 de la DCA m, prête à assurer la défense sol-air (DSA), est installée à quelques mètres seulement de la route principale, très fréquentée. Si un avion devait pénétrer sans autorisation dans l’espace aérien restreint par le Conseil fédéral, il serait immédiatement détecté par le dispositif et il pourrait alors être désigné comme cible à abattre par le Chief Air Defense (CAD) présent à la Centrale d’engagement de la défense aérienne (CEN déf aér) de Dübendorf. L’ordre de tirer est donné par le conseiller fédéral responsable. La CEN déf aér est le lieu où toutes les informations convergent. Durant ALCEO, deux CAD surveillent la situation aérienne 24h/24. Différents postes de renseignement et un radar d’aviation tactique tout temps (TAFLIR) contribuent à densifier les informations complétant le tableau de la situation aérienne (Recognized Air Picture, RAP). Les travaux de reconnaissance avaient révélé que 6 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 L’Operation Guard du système de radar TAFLIR en plein travail. l’emplacement de la station radar TAFLIR, en lisière de forêt quelque part dans le secteur de Bâle, offrirait la meilleure vue sur le centre de conférence. Pourtant, en ce 3 décembre 2014, le brouillard est tellement épais que le dispositif est à peine localisable et la visibilité de tout juste 50 mètres. Toute l’installation, surveillée en permanence par une patrouille de deux hommes, est entourée de fils barbelés. A l’intérieur, dans le conteneur obscurci, l’operation guard observe attentivement la situation aérienne et annonce immédiatement au CAD basé à Dübendorf tous les incidents détectés par le TAFLIR. Les Forces aériennes très sollicitées La ville de Bâle est aussi protégée depuis les airs. Des patrouilles de deux F/A-18 Hornet décollent toujours en même temps de Payerne pour voler dans les zones supérieures de l’espace aérien au niveau de vol 250 (qui équivaut à une altitude de 7,5 km environ). Trois Hornet ont d’ailleurs dû quitter de manière impromptue l’exercice Nightway en Norvège pour venir renforcer le dispositif. Le deuxième jour de l’engagement déjà, il a fallu recourir aux alternatives prévues en matière d’aérodromes; à croire que la conduite de l’engagement avait pressenti la situation météorologique difficile qui régnerait à Bâle à ce moment-là. La première base aérienne à entrer en ligne de compte comme aérodrome de dégagement pour les jets était Meiringen, suivie d’Emmen et de Sion. PC-7 et hélicoptères Dans l’espace aérien à moyenne altitude, deux PC-7 non armés patrouillent en permanence et sont également prêts à intervenir en cas d’intrusion d’un aéronef dans la zone restreinte de l’espace aérien. ALCEO est le premier engagement dans le cadre duquel la procédure Air Policing On Helicopter (APOH) est utilisée dans l’espace aérien inférieur. Cette procédure qui nous vient de France est actuellement introduite en Suisse. A Paris, une escadre de dix hélicoptères se tient prête à intervenir 365 jours par an 24h/24 pour protéger l’espace aérien au-dessus de la ville en cas de menace spécifique. A bord de chaque appareil se trouve toujours un tireur des forces spéciales de l’armée de l’Air. Dans Photos: DDPS Engagement L’emplacement journalier de Bâle a été extrêmement bien sécurisé. le cadre d’ALCEO, il s’agit de tireurs d’élite du Commandement des forces spéciales (CFS) de l’Armée suisse. Dans l’espace aérien restreint, ils ont pour mission d’intervenir, s’il le faut, contre des objets volant lentement comme des hélicoptères ou des avions ultralégers. Par ailleurs, les Forces aériennes suisses assurent, en faveur de la police cantonale de Bâle-Ville, les convois et l’accompagnement VIP de personnes protégées par le droit international public. Collaboration étroite C’est pourquoi un agent de liaison de la police cantonale de Bâle-Ville travaille à la centrale d’engagement des Forces aériennes (AOC) de Dübendorf comme intermédiaire entre la direction générale de l’intervention de la police et les Forces aériennes. Il participe notamment aux prises de décisions tactiques et communique régulièrement avec la cellule A2 du service de renseignement et les services de police allemands et français chargés d’assurer la coordination transfrontalière dans le domaine de la défense aérienne avec le CAD à la CEN déf aér. Pour se faire Collaboration entre les Forces aériennes et la police. une idée de cette collaboration étroite, le remplaçant du commandant du centre des opérations aériennes, le général de brigade Bernhard Schulte, est venu visiter l’AOC. Il a été tout particulièrement impressionné par la symbiose entre militaires professionnels et militaires de milice. Noyé dans le brouillard Le poste de renseignements des Forces aériennes à Hofstetten est, lui aussi, noyé dans le brouillard. D’ici, on devrait normalement apercevoir respectivement les voies d’atterrissage et de décollage des pistes 16 et 34 de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Mais actuellement, seules les observations auditives peuvent être transmises. Contrairement à l’habitude, la météo ne permet pas d’identifier des aéronefs volant jusqu’à une altitude de 2000 m. Seule la direction de vol est repérable pour le moment, mais pas le type d’avion. La place d’atterrissage des hélicoptères est aménagée sur l’un des nombreux terrains de football de Bâle, tout près du Parc SaintJacques. Il s’agit d’un dispositif impressionnant, installé au cœur de la ville. La police et les Forces aériennes s’y retrouvent pour mener à bien leur engagement commun. Les équipages des hélicoptères et les chefs d’intervention volants (CIV) de la police travaillent en étroite collaboration et forment une équipe bien rodée. La clôture de protection est équipée de capteurs sur toute sa longueur. Si quelqu’un tente de pénétrer dans la zone temporairement réservée à l’armée, cela déclenche immédiatement une alarme. La cp TA 19/1 intervient alors, appuyée par des conducteurs de chiens accompagnés de leurs bergers belges, souvent des Malinois, spécialement dressés pour cette tâche. De plus, des caméras infrarouges passives surveillent jour et nuit tous les points névralgiques de l’emplacement journalier de Bâle. DCA dans une ambiance citadine Pendant ce temps à Riehen: après une journée consacrée au montage et une semaine aux travaux de préparation, la troupe de près de 30 militaires expérimentés entre enfin dans le vif du sujet: le canonnier positionne son canon DCA 63/12 tout temps (voir également page 24). ■ armée.ch Forces aériennes 1 / 15 7 Engagement WEF 2015 Une riche palette de missions Durant le Forum économique de Davos (WEF) qui a lieu chaque année, les Forces aériennes sont chargées de protéger l’espace aérien et d’effectuer des transports par les airs. Elles remplissent leur mission grâce à l’engagement, sur différents fronts, aussi bien de militaires de milice que de militaires professionnels. La revue «armée.ch» en a rencontré quelques-uns et leur a posé des questions en lien avec leurs tâches pendant le WEF. David Marquis, Communication Forces aériennes Nerina Eugster, Communication Forces aériennes Procédure à suivre Le soldat Gygax a pris sa position en montagne et scrute un côté de la vallée, puis l’autre, au moyen de ses jumelles. Il est observateur dans la compagnie de renseignement 62 (cp rens 62) qui fournit des informations complémentaires partout où il n’est pas possible d’engager un radar. Les soldats ne peuvent compter que sur leurs jumelles et leur regard attentif; ils transmettent par radio tous les mouvements qu’ils aperçoivent au sol et dans les airs. La cp rens 62 exploite neuf postes d’observation qui couvrent toutes les «zones d’ombre», c’est-à-dire tous les secteurs qui échappent au contrôle radar dans les étroites vallées autour de Davos. Chaque unité dispose d’un abri de campagne à proximité de l’emplacement d’observation et d’une réserve de subsistance pour 72 heures. «Cela nous permet de travailler de manière totalement autonome et de remplir notre mission même si nous devions être coupés de la troupe en raison des conditions météo», explique le sergent Florian Weiss. Soudain, le bruit d’un rotor d’hélicoptère se fait entendre. «C’est l’un des nôtres», annonce immédiatement le chef de groupe expérimenté en pointant son doigt sur un petit point noir qui avance à l’horizon. Le soldat Gygax qui se trouve dans l’abri réceptionne l’information concernant l’aéronef aperçu et la transmet à la centrale qui se situe en plaine et coordonne toutes les annonces pour assurer une couverture complète du secteur de Davos et de ses environs. Sur son appareil de transmission, il tape rapidement les lettres R (Richtung = direction), H (Höhe = altitude), I, T (Typ = type) et A (Anzahl = nombre) suivies de quelques chiffres et Photo: sdt Mark Wyss Un avion survole la Haute-Engadine. Avant même que le pilote puisse apercevoir les sommets grisons depuis son cockpit, son avion est représenté par un point clignotant sur l’écran radar du groupe 32 de la défense contre avions moyenne. Une batterie a pris position dans les montagnes; son emplacement surplombe la vallée. «Notre secteur d’engagement comprend la zone s’étendant jusqu’à la frontière autrichienne et le fond de la vallée en direction de l’aérodrome de Samedan», explique le premier-lieutenant Alex Robbiani. «Nous surveillons les autres emplacements avec d’autres batteries de notre groupe. Malgré le froid, la camaraderie est bonne. La plupart des militaires sont contents que ce CR soit consacré à un engagement réel. Cela les motive encore davantage et cela se ressent», nous dit-il en désignant quelques collègues qui sont justement en train d’améliorer le camouflage d’un stand de matériel. L’antenne radar au-dessus de l’appareil de conduite du feu tourne sans discontinuer. «Nos unités de feu sont exploitées 24h/24», précise le colonel René Meier. Cette batterie est engagée pour la surveillance de l’espace aérien. D’autres sont chargées de la protection d’ouvrages. Le colonel porte son regard de l’autre côté de la vallée: «Le long de ce massif montagneux se situe la ligne de démarcation entre la zone où la navigation aérienne est restreinte et celle ou l’espace aérien peut être utilisé librement.» Des avions civils sont autorisés à se poser sur l’aérodrome de Samedan pendant le WEF. Mais il n’est pas rare, selon les dires du colonel Meier, que les pilotes de ces jets d’affaires ne s’envolent pas sur la gauche en direction de l’Italie, comme la procédure le prévoit, mais qu’ils bifurquent simplement à droite pour des questions de confort, ce qui est strictement interdit. Il ajoute alors: «Lorsque nous constatons une telle infraction, le service de police aérienne, disponible en tout temps, intervient immédiatement pour raccompagner l’intrus hors de l’espace aérien restreint.» Un loadmaster lors de l’entraînement avec un Eurocopter EC635. 8 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 Photo: sdt Mark Wyss Sgt Patrick Suvada, frac EM Comm FA Un radar de la DCA moyenne surveille l’espace aérien. Engagement WEF – pas seulement à Davos Préparation en quelques secondes Pendant toute la durée du WEF, le lieutenantcolonel Jürg Studer ne quitte quasiment pas le commandant des Forces aériennes, le commandant de corps Aldo C. Schellenberg, qu’il suit comme son ombre. Il transporte toujours avec lui une mallette, munie sur sa partie supérieure d’une petite lampe et d’un haut-parleur. «Dès qu’un aéronef suspect s’approche de la zone entourant Davos, la mallette se met à ‹sonner›. Je reçois des informations que je dois transmettre au commandant dans les secondes qui suivent», précise l’officier de liaison Studer. Il s’agit pour lui de «traduire» les informations techniques pour qu’elles soient utilisables comme base décisionnelle. Les bases légales prévoient qu’il revient au chef du DDPS de prendre la décision d’abattre un avion qui viendrait à passer à l’attaque. De même, il doit être accompagné d’un officier de liaison. Mais Ueli Maurer ne peut pas être atteignable en permanence. «S’il se trouve dans un hélicoptère ou dans une zone où il n’y a pas de réseau, le chef du DDPS a besoin d’un suppléant. Dans ce cas, la compétence décisionnelle revient au commandant des Forces aériennes», explique Jürg Studer. Le commandant de corps Aldo C. Schellenberg et le lieutenant-colonel Jürg Studer doivent donc se tenir prêts en tout temps. Durant le WEF, ils séjournent dans des chambres voisines à l’hôtel. «Lorsque le commandant doit assister à une séance, je l’attends devant la porte de la salle de réunion. Si une décision doit être prise, je peux l’en informer en l’espace de quelques secondes seulement», précise Jürg Studer. Ensuite, il faut agir rapidement et de façon structurée. Pensif, il ajoute: «J’espère cependant que nous n’aurons jamais à faire usage des armes.» ■ Photo: David Marquis Il règne une activité intense aussi sur la Base aérienne d’Alpnach. Deux Super Puma tournent au-dessus de la partie nord de la piste. Par ailleurs, dans la partie sud, un Eurocopter EC635 s’approche régulièrement de la zone d’atterrissage où il vient chercher un tronc d’arbre, change de cap, puis fait un tour au-dessus de la piste avant de déposer à nouveau le tronc au même endroit. «Après le rafraîchissement de la théorie, notre compagnie effectue aujourd’hui des exercices pratiques avec les pilotes d’hélicoptères», explique le sergent Fabio Diem. Les loadmasters de son groupe sont engagés au sol avant et pendant le service de vol et ont pour mission d’assurer le transport en toute sécurité de personnes et de charges avec des Eurocopter. Si des passagers sont à bord, ceux-ci bénéficient également d’un encadrement durant le vol. La cp TA 2 accomplit son CR régulier à Alpnach avant de se répartir en divers groupes pour huit jours sur les aérodromes de Dübendorf, Alpnach et Coire, d’où seront effectués des transports de personnes et de charges en faveur du WEF avec des Super Puma. Des Eurocopter EC635 seront aussi engagés pour appuyer les forces de sécurité. Avant qu’un hélicoptère ne prenne son envol, de nombreux préparatifs techniques sont nécessaires. Le soldat Martin Häfeli, un des loadmasters pour les Eurocopter de la cp TA 2, est interrompu dans ses explications par le bruit puissant des rotors de l’Eurocopter en vol d’approche. Un collègue portant un gilet de sécurité orange se tient au milieu de la piste d’atterrissage. Il est en contact radio avec le pilote d’hélicoptère auquel il donne des explications accompagnées d’une gestuelle précise permettant le décrochage correct de la charge suspendue sous l’appareil. «Load is on ground. Ready to clear out», telle est l’annonce en anglais transmise par les microphones peu avant que l’hélicoptère, prêt à remplir une nouvelle mission, disparaisse à nouveau. Photo: sdt Mark Wyss fournit ainsi toutes les informations requises concernant l’objet volant en approche. Jürg Studer avec la célèbre «mallette». Les observateurs du poste de renseignement scrutent le ciel à la recherche d’avions. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 9 Engagement Extension du service de police aérienne Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York ont conféré une nouvelle dimension au terrorisme en transformant des avions civils en armes. Les armées de l’air du monde entier ont alors réagi en intensifiant leur service de police aérienne. Après avoir aussi pris rapidement de premières mesures, la Suisse entend instaurer la capacité permanente d’intervention de ses Forces aériennes. Décollage de nuit sur alerte d’un F/A-18 sur la Base aérienne de Meiringen. David Marquis, communication des FA Parti d’Addis Abeba avec 193 passagers à bord, le vol 702 d’Ethiopian Airlines faisait route sur Rome et survolait le Soudan quand, au petit matin du 17 février 2014, son capitaine se rendit aux toilettes de bord. Alors qu’il voulait retourner aux commandes du Boeing 767-300, son co-pilote Hailemedhin Abera Tegegn lui a refusé l’accès au cockpit. En effet, au lendemain du 11 septembre, des mesures de sécurité avaient été prises dans l’aviation civile pour que la porte de la cabine de pilotage puisse être bloquée de l’intérieur. Ensuite, le co-pilote a détourné l’appareil sur Genève en menaçant par haut-parleur de provoquer un crash si quiconque cherchait à l’empêcher d’atterrir à Cointrin. Au moyen du transpondeur, il a activé le code de détresse international 7500, qui s’applique en cas de détournement d’aéronef. L’Italie a déclenché l’alarme et envoyé deux Eurofighter qui ont escorté le 767 pendant sa traversée de l’espace aérien italien, remplacés par deux Mirage 10 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 2000 de l’armée de l’air française jusqu’à l’atterrissage du Boeing à 6h02 heure locale à Genève. Après avoir posé l’appareil, qui arrivait à court de carburant, Hailemedhin Abera Tegegn s’est rendu à la police et a demandé l’asile à la Suisse. Réforme entamée en 2010 L’appareil détourné est bien apparu sur les écrans radars de la centrale d’engagement de la défense aérienne à Wangen près de Dübendorf (Air Operation Center, AOC), mais les avions de combat qui auraient pu intercepter le Boeing n’étaient pas disponibles à cette heure, contrairement à ceux de l’Italie et de la France. Pourtant, la volonté de renforcer le service de police aérienne date de bien avant cet incident. Depuis 2005, la surveillance de l’espace aérien est assurée en permanence par le système radar Florako et la centrale d’engagement est occupée 24 heures sur 24, 365 jours par an. A la fin de 2009, une motion du Conseiller aux Etats du canton d’Obwald Hans Hess (PRD), demandait de «garantir la disponibilité opérationnelle du service de police aérienne en dehors des heures de travail normales». Les deux chambres ont adopté cette motion en 2010, et les grandes lignes de la réforme ont été tracées jusqu’en 2012, date où les divergences politiques sur le budget futur de l’armée ont nécessité un report du projet. La décision du Conseil fédéral d’augmenter le budget de l’armée à cinq milliards de francs par an à partir de 2016 a permis de reprendre les travaux. Le chef de l’Armée André Blattmann a donné mandat aux Forces aériennes de garantir en permanence la disponibilité opérationnelle en quinze minutes d’ici à la fin de 2020. «Cet objectif sera atteint par paliers», déclare le colonel EMG Peter Bruns, responsable du projet de service de police aérienne 24 heures sur 24 (PA24) et chef de l’AOC. La disponibilité de certains avions sera renforcée dès 2015 pendant les heures d’exploitation, ces dernières pouvant être étendues si nécessaire. Ensuite, l’exploitation Photo: Erich Riester Prêts à décoller en permanence Engagement Augmentation nécessaire du personnel Mais qu’implique cette extension des heures d’exploitation pour les Forces aériennes? Peter Bruns avance: «Actuellement, nos avions sont prêts à intervenir 1750 heures par an alors qu’ils vont devoir assurer la disponibilité 8760 heures par an.» Autant dire qu’une augmentation du personnel sera nécessaire – et pas seulement aux Forces aériennes – car: «Pour maintenir une base aérienne ouverte, il faut, en plus des pilotes et des mécaniciens, assurer aussi le service de navigation aérienne, l’aide au commandement et la logistique.» Ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, il faudra déneiger la piste non-stop en hiver. Pour se faire une idée du personnel nécessaire, on peut se référer aux expériences à l’étranger: «Lorsque l’OTAN assure le service de police aérienne 24 heures sur 24 dans un pays dépourvu d’armée de l’air comme l’Islande, elle y transfère quelque 150 personnes», explique le colonel EMG, «et encore ne s’agit-il que de pilotes et de mécaniciens, puisque l’infrastructure aéroportuaire, la sécurité aérienne et la conduite tactique y sont déjà disponibles.» Le service de police aérienne est basé à l’aéroport civil de Keflavik près de Reykjavik. «Nous estimons que nous aurons besoin d’une centaine de personnes supplémentaires pour l’ensemble des domaines – pilotes et mécaniciens, collaborateurs de la BLA pour le support logistique et de la BAC pour garantir les moyens de conduite, personnel pour la conduite tactique de l’AOC – sur une base aérienne militaire où nous assurons déjà le service de vol ordinaire avec des avions de combat.» Le colonel EMG rappelle toutefois que certaines des prestations nécessaires sont déjà entièrement ou en partie fournies 24 heures sur 24, comme la surveillance des bases aériennes ou l’exploitation de la centrale d’engagement. De plus, nombre d’opérations de vol se font déjà de nuit, comme les vols de recherche en Super Puma, les vols de drones pour la police et le Corps des gardes-frontière, ou les vols VIP. «Quoi qu’il en soit, l’exploitation en continu va certainement entraîner un changement de mentalité. Comme les organisations d’intervention d’urgence au sol, le service de police aérienne sera lui aussi fonctionnel en tout temps», selon Peter Bruns. Dans les airs en quinze minutes A partir de 2020, deux F/A-18 équipés de canons et d’engins guidés seront donc prêts à décoller en permanence. Les pilotes resteront à proximité des appareils pour pouvoir les faire voler en quinze minutes au plus. Dans le langage spécialisé, on parle de QRA 15, QRA pour Quick Reaction Alert (mission d’alerte rapide) et 15 pour quinze minutes. Les avions de combat seront gérés – comme le service normal de vol d’avions à réaction des Forces aériennes – depuis la centrale d’engagement de la défense aérienne, où un commandant (Chief Air Defense ou CAD) sera présent 24 heures sur 24. L’implication continue d’un décideur politique en cas d’engagement d’armes – comme lors du Forum économique mondial (WEF) – n’est pas prévue. A ce propos, le Parlement est en train de débattre d’une adaptation des bases légales. Le QRA serait-il un tigre incapable de sortir ses griffes? Le colonel EMG précise: «Conformément à l’ordonnance sur la sauvegarde de la souveraineté sur l’espace aérien (OSS), le recours à la force armée contre des aéronefs d’Etat est soumis à l’appréciation du CAD. Il est interdit de faire usage des armes contre des aéronefs civils. Mais, en cas d’acte terroriste, il est possible d’agir en vertu d’un état de nécessité ou de légitime défense, que chaque citoyen peut d’ailleurs invoquer.» Si une menace sérieuse se profile, il serait de toute manière facile d’intégrer assez rapidement un décideur politique, comme pour le WEF. «En fait, plusieurs prestations déjà bien rodées lors du WEF vont devenir la règle.» Processus de formation Mais pourquoi faut-il compter une dizaine d’années entre le dépôt de la motion Hess et son application? Outre le processus politique déjà décrit, cela tient aussi à l’organisation de l’Armée suisse. Peter Bruns explique: «Notre système prévoit que la permanence est assurée par la milice, et le personnel professionnel se consacre essentiellement à former la milice.» Donc, pour assurer une permanence avec des professionnels, il faut forcément engager du personnel, et pour accroître la disponibilité plus rapidement, il faudrait restreindre le service d’entraînement et d’instruction des Forces aériennes. Certes, l’armée de l’air suédoise a pu mettre en place plus rapidement un service 24 heures sur 24, «mais il s’agit d’une armée professionnelle, qui dispose déjà du personnel et peut l’engager selon ses priorités». En Suisse, il faudra, comme déjà signalé, embaucher une centaine de spécialistes. A noter que ceux-ci ne sont pas forcément disponibles sur le marché du travail et devront d’abord être formés. C’est le cas des pilotes, des contrôleurs aériens et des mécaniciens. ■ Photo: DDPS (avec une seule équipe) passera à cinq jours, puis à sept. Suivra une exploitation à deux équipes et enfin à trois équipes d’ici à la fin de 2020. «Au début, nous allons augmenter notre présence surtout aux heures de pointe», explique le colonel EMG. Mais une certaine irrégularité doit être conservée pour qu’un agresseur potentiel soit obligé de tabler sur un dispositif maximal. Actuellement, le service de police aérienne est encore effectué en partie avec des Tiger non armés. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 11 Engagement Les Forces aériennes s’entraînent en Norvège depuis 1998 L’importance des entraînements de nuit Du 10 novembre au 5 décembre 2014, les Forces aériennes suisses se sont entraînées au vol de nuit avec des jets de combat F/A-18C/D dans l’espace aérien norvégien, depuis la Main Air Station d’Ørland. La campagne Nightway fait partie intégrante de l’entraînement au vol de nuit, dont la pratique en Suisse est restreinte en raison de la forte densité de population. A notre époque, la capacité à l’engagement de nuit revêt une importance capitale, toutes les opérations aériennes décisives étant accomplies dans l’obscurité lors de crises et de conflits. lt col Aldo Wicki, commandant de campagne Au total, 30 pilotes de F/A-18C/D Hornet répartis dans deux détachements se sont entraînés dans les vastes espaces aériens militaires au-dessus de la mer du Nord, en face de la côte norvégienne. Ils étaient appuyés par près de 80 techniciens et spécialistes de la maintenance des Forces aériennes suisses sur la Main Air Station d’Ørland. Les objectifs de la campagne en Norvège restent les mêmes chaque année: d’une part, les jeunes pilotes de F/A-18 accomplissent l’instruction de base au vol de nuit en vue de leur engagement nocturne dans le service de police aérienne. D’autre part, deux des quatre semaines Nightway sont consacrées au perfectionnement et à la consolidation des tactiques de vol de nuit, avec et sans appareils de vision nocturne, pour pilotes expérimentés, ainsi qu’à l’engagement des jets de combat dans des situations difficiles: obscurité totale, mauvaises conditions météorologiques et atmosphériques, géographie peu ou pas connue. Vastes zones d’entraînement au-dessus de la mer du Nord, trafic aérien civil quasiment inexistant, faible densité de population sur la côte et à l’intérieur du pays, infrastructures idéales sur la Main Air Station d’Ørland, excellent support par la Norvège, nation hôte – autant d’avantages qui font de la campagne Nightway une partie irremplaçable du programme de coopération des Forces aériennes suisses en matière d’instruction et d’entraînement. Jusqu’à la limite Dans le cadre de la première phase du perfectionnement tactique, les jeunes pilotes – qui ont débuté la reconversion de l’avion d’entraînement à hélice PC-21 à l’avion de combat ultraperformant F/A-18 une année Maîtriser un F/A-18 dans l’obscurité n’est pas une mince affaire. 12 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 auparavant seulement – sont instruits à la technique du vol de nuit par des pilotes de Hornet expérimentés et routiniers selon un programme d’entraînement méthodique et didactique structuré. Les novices en vol de nuit ne sont pas seulement fortement sollicités par un programme d’instruction dense, qui progresse rapidement, avec un nombre imposé de vols de formation et de contrôle, ils sont aussi poussés jusqu’à leur limite par les conditions de vol, quand ils manœuvrent à des centaines de kilomètres de la côte, au-dessus d’une mer du Nord noire comme du jais, face à des aurores boréales féeriques ou des fronts orageux, sur un ciel étoilé qui se confond souvent avec les lumières étincelantes des nombreuses plateformes pétrolières. Ce n’est qu’après une centaine d’heures de vol éprouvantes sur F/A-18 et un vol de contrôle complet que les jeunes pilotes de Hornet sont autorisés Engagement quatre», notamment contre les F-16AM/BM de la Force aérienne norvégienne stationnés sur les bases aériennes d’Ørland et de Bodø. Les milieux spécialisés considèrent d’ailleurs la Force aérienne norvégienne comme extrêmement compétente compte tenu de son expérience de l’engagement dans des conflits actuels. Pour cette raison également, la Luftvorsfaret royale norvégienne est un partenaire idéal pour notre propre benchmarking, à savoir le contrôle continu de nos compétences. L’avenir à Ørland La Force aérienne norvégienne a lancé la mise en œuvre de son nouveau concept de stationnement. A moyen terme, la Main Air Station de Bodø, installée dans le Nord, sera fermée. Le transfert de ses F-16AM/BM à Ørland a déjà commencé. Les premiers exemplaires des 52 F-35A Lightning II ultramodernes en commande seront livrés à Ørland à partir de 2017. Un vaste programme de construction d’infrastructures de haute sécurité pour l’engagement, l’exploitation et la maintenance de ces jets de combat furtifs débutera l’année prochaine. Au terme de la mise en œuvre du concept de stationnement, Ørland deviendra la seule base aérienne complètement opérationnelle de la Force aérienne norvégienne. Le stationnement d’un détachement de F-35A sur la base aérienne d’Eveness est toutefois prévu pour assurer un délai de réaction rapide 24h/24 (quick reaction alert). Cette implantation n’est pas seulement en lien avec les activités des Forces aériennes russes en Europe du Nord: selon le commandant du 138 Air Wing basé à Ørland, les F-35A se distinguent par un niveau sonore plus élevé de dix bons décibels qu’un F/A-18 au décollage avec postcombustion, il est donc envisagé d’exporter ces nuisances sonores dans la région encore moins peuplée d’Eveness. ■ Photos: lt col Aldo Wicki à voler seuls de nuit pour la première fois. Les compétences des pilotes de F/A-18 au bénéfice de longues années d’expérience sont aussi mises à rude épreuve dans la partie tactique de la campagne Nightway. En effet, la proportion d’exercices de nuit des pilotes du front des Forces aériennes suisses se situe bien en-dessous de la moyenne internationale de 30 % sur l’ensemble de l’entraînement. En outre, les exercices du programme d’instruction tactique pour pilotes expérimentés requièrent la préparation de chaque engagement jusque dans les moindres détails et l’accomplissement de chaque mission avec une concentration maximale, une technique bien rôdée et la prudence nécessaire face aux pièges et risques du vol de nuit. Outre l’utilisation des appareils de vision nocturne sophistiqués (night vision goggles), ce programme comporte aussi des exercices complexes de type «quatre machines contre Conditions idéales pour l’entraînement au vol de nuit dans les vastes espaces aériens au-dessus de la mer. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 13 Démonstrations aériennes Cours d’entraînement du Super Puma Display Team Des Lazy Eight au-dessus de l’Axalp La place de tir d’aviation de l’Axalp offre une scène sans pareil pour la présentation du Super Puma. Il est bientôt neuf heures en ce jeudi ensoleillé à Alpnach. Les rotors vrombissent au-dessus de la base aérienne et ça sent le kérosène à l’intérieur de l’hélicoptère. Les pilotes de carrière Daniel Fausch et Jan Schweizer procèdent aux derniers contrôles avant de décoller. Ce sont deux des six pilotes du Super Puma Display Team et ils suivent une semaine de cours d’entraînement à Alpnach. «armée.ch» les a accompagnés pendant une journée d’entraînement. Nerina Eugster, Communication des FA Les six pilotes du Super Puma Display Team se retrouvent une fois par an avec leur commandant pour un cours d’entraînement. «Ce cours ouvre notre saison de démonstrations», explique le lieutenant-colonel Lukas Rechsteiner, commandant du team. «Il nous permet à la fois de revenir sur l’année écoulée et d’envisager la saison à venir.» Lors du cours d’entraînement, on aborde les problèmes ad- 14 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 ministratifs et on discute des éléments de vol. Cela commence par la répartition des pilotes dans les différents meetings, pour continuer avec la formation théorique et se terminer par l’entraînement pratique des figures de vol et du programme complet. Le Super Puma Display Team ne s’entraîne pas régulièrement, mais seulement sur place peu avant les différentes démonstrations. C’est pourquoi le programme doit déjà être au point. Le cours d’entraînement est par conséquent la seule occasion pour tout le team de se réunir pour échanger ses impressions et s’entraîner à fond. «Comme je n’assiste pas à toutes les démonstrations, le cours d’entraînement me donne l’occasion, en tant que commandant, de donner un feed-back, de filmer les équipages et de formuler des propositions d’amélioration», ajoute Lukas Rechsteiner. A neuf heures précises, les pilotes Daniel Fausch et Jan Schweizer ont terminé leur Démonstrations aériennes Entraînement sur l’Axalp Après tout juste vingt minutes, les pilotes se préparent à atterrir sur l’Axalp où ils déposent Lukas Rechsteiner. Tandis que l’hélicoptère reprend son envol, Lukas Rechsteiner prend position sur le poste de commandement recouvert de neige. A son signal, les deux pilotes commencent leur entraînement. Ils exécutent le programme à tour de rôle. Daniel Fausch et Jan Schweizer connaissant déjà les lieux; par contre, c’est le premier entraînement sur l’Axalp du capitaine Philippe Weber qui occupe le jumpseat. «Essaie de faire la courbe du Lazy Eight juste au-dessus de l’ancien poste de commandement» et «La prochaine fois, approche-toi davantage des places où se tient le public», telles sont les propositions d’amélioration que Lukas Rechsteiner communique par radio. «C’est super, exactement comme cela!», se réjouit-il après un «Pull-up back» particulièrement réussi. Les pilotes remontent à reculons l’arrière de hélicoptère jusqu’à ce que le Super Puma descende et se trouve à la verticale le nez en bas. Le regard constamment dirigé vers l’hélicoptère, Lukas Rechsteiner prend des notes ou filme l’entraînement avec sa tablette. Peu avant midi, le Super Puma atterrit de nouveau près du poste de commandement. La neige tournoie dans toutes les directions tandis que Lukas Rechsteiner remonte dans l’hélicoptère. pilotes des escadres de Dübendorf, Payerne et Alpnach qui sont sélectionnés. «Et là c’est le timing qui doit fonctionner», pense le capitaine Stauber qui vole au sein de l’escadrille de transport aérien 8 à Alpnach. Il y a plusieurs raisons pour expliquer le fait que le Super Puma Display Team soit composé de trois équipages basés à Alpnach, Payerne et Dübendorf. D’une part, un seul équipage n’aurait pas le temps d’exécuter toutes les démonstrations inscrites chaque année au programme du team. D’autre part, le Super Puma Display Team atterrit souvent directement sur place après son show; cela permet aux spectateurs de s’entretenir avec les pilotes, de leur demander de signer des autographes et de toucher les hélicoptères. «Naturellement, c’est bien d’envoyer un équipage qui vient de chaque région linguistique du pays», explique Robin Stauber. «C’est génial de pouvoir atterrir directement sur place après un show», ajoute Jan Schweizer, «cela suscite toujours l’enthousiasme des spectateurs.» Cependant, il n’est pas possible de rencontrer simultanément les trois équipages lors du même événement. «Nous faisons la démonstration des capacités de l’hélicoptère, nous ne faisons pas de vol en formation», explique Robin Stauber. «Nous exécutons les figures et les manœuvres d’une façon plus marquée que lorsque l’hélicoptère est en engagement normal. Les pilotes s’en tiennent toutefois rigoureusement aux limites imposées par la machine et l’aérodynamique. Mais il ne s’agit pas d’un vol acrobatique proprement dit, car nous ne faisons pas de manœuvre la tête en bas», ajoute le lieutenant-colonel Reschsteiner. Cependant, la démonstration du Super Puma Display Team constitue un événement car il est rare de pouvoir assister à quelque chose de comparable. Beaucoup d’entraînement et de la routine sont nécessaires pour exécuter ces figures le plus précisément possible. «Les accoutumés de nos shows, remarquent très bien la différence entre un pilote expérimenté du Display et moi», confirme Robin Stauber. C’est pourquoi il est très précieux que Sébastien Bart, qui se retire du team, transmette ses connaissances aux pilotes néophytes du Display et qu’il exerce les manœuvres avec eux tant en théorie qu’en pratique; pendant ce temps, les routiniers font leurs propres entraînements. On a ainsi pu observer pendant tout l’après-midi des Super Puma qui exerçaient des Screwdrivers et des Balances au-dessus de la base aérienne d’Alpnach. ■ Photos: Franz Blatter check-list et sont prêts à décoller. Ils profitent des excellentes conditions météorologiques pour voler sur l’Axalp et y exercer leur programme. C’est à la fois une préparation aux tirs d’aviation annuels et l’opportunité d’entraîner le programme à haute altitude et dans un environnement inhabituel, sans avoir l’horizon en point de mire. Par ailleurs, les montagnes et l’air raréfié contraignent les pilotes à adapter leur programme. C’est un honneur d’être des leurs Le cours d’entraînement de cette année constitue une première pour deux pilotes. En effet, Sandro Haag et Robin Stauber sont les petits nouveaux du team et succèdent à Sébastien Bart et Jérémy Faux qui ont quitté le Display Team après respectivement dix et six ans. «C’est déjà un honneur de pouvoir voler au sein du Super Puma Display Team», dit Robin Stauber. En effet, pour être admis au sein du Display Team, il faut être instructeur et avoir accompli un certain nombre d’heures de vol. En outre, ce sont chaque fois deux Lukas Rechsteiner est le commandant du Super Puma Display Team. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 15 Environnement Des abeilles sauvages sur les bases aériennes Hangars à abeilles Le domaine Territoire et environnement des Forces aériennes a installé, l’été dernier, des hôtels pour les abeilles sauvages sur toutes les bases aériennes militaires de Suisse. Ces insectes menacés d’extinction trouvent, à proximité des avions et des hélicoptères, des conditions idéales pour se reproduire. David Marquis, Communication des Forces aériennes L’habitat des abeilles sauvages est de plus en plus restreint, en Suisse. L’agriculture intensive et l’extension continue des zones d’habitation ne sont pas étrangères à cette situation. Le rôle des six cents espèces indigènes est pourtant essentiel à la pollinisation des plantes sauvages et des plantes cultivées. «Les sols de nos bases aériennes sont, pour la plupart, exploités de manière extensive; l’herbe y est coupée relativement tard dans la saison, pour le plus grand bonheur des abeilles sauvages», dit Simona Kobel, responsable de la protection de l’environnement aux Forces aériennes. De plus, les abeilles sauvages – à l’inverse des oiseaux notamment – s’accommodent très bien du service de vol et: «Elles sont sans danger pour l’homme. En effet, contrairement aux abeilles mellifères qui défendent leur miel, les espèces sauvages ne construisent pas de ruche et ne produisent pas de miel.» En conséquence, on peut installer des hôtels à abeilles dans des endroits facilement accessibles: «… et observer les femelles pondre leurs œufs.» Période de vol de mars à octobre Fabriqués par des personnes au chômage Les hôtels à abeilles, appelés avec une pointe d’humour «hangars à abeilles» aux Forces aériennes, sont fabriqués dans le cadre du projet «Move On» de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière, une association qui soutient les jeunes sans emploi et leur donne la possibilité d’acquérir de l’expérience dans les activités manuelles. Les jeunes de l’atelier «Move On» ont d’ailleurs participé à l’installation des hôtels à abeilles sur les bases aériennes, en compagnie du responsable d’engagement. Outre l’aspect social, un autre point parlait en faveur du produit de «Move On», explique Simona Kobel: «Ces hôtels à abeilles ont été développés par le WWF; ils sont de bonne qualité et nous savons qu’ils fonctionnent.» Etant donné que nous n’avons installé les hangars à abeilles qu’en juin et juillet, il est encore trop tôt pour dire si c’est un succès ou non, néanmoins: «Nous vérifierons au printemps prochain si les abeilles ont niché dans ces hôtels; il suffira de regarder si les trous ont été refermés.» Hormis l’ensemencement des hôtels avec des fleurs appropriées pour inciter les abeilles à s’y rendre, leur entretien est très simple: «Comme les abeilles nettoient elles-mêmes les trous, le travail est réduit au strict minimum. Selon l’état, nous remplacerons les matériaux qui composent les hôtels après quelques années.» ■ Photo: Silvan Widler L’hôtel à abeilles est construit à l’aide de différents matériaux dans lesquels on perce des trous. Chaque espèce d’abeilles a ses préférences en termes de matériau et de dimensions. Les femelles déposent leurs œufs dans les trous, au même endroit que le pollen – celui-ci servant de nourriture aux larves – puis les referment. Pendant l’hiver, les larves grandissent. Au printemps, devenues abeilles, elles creusent un passage pour rejoindre la lumière du jour. Simona Kobel explique: «Les abeilles mâles quittent l’hôtel en premier. Elles attendent les femelles pour l’accouplement. C’est un processus que l’on peut observer.» La période de vol des abeilles dure environ un mois, chaque espèce étant toutefois active à un mois différent: «On peut voir voler des abeilles sauvages de mars à octobre.» A chaque espèce d’abeilles sauvages correspond un matériau différent pour nicher. 16 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 Engagement Vol de nuit Photo: DDPS Sauvetage avec le Super Puma Dans la nuit du 18 janvier dernier, une personne disparue a pu être sauvée dans le secteur de Wengen (BE) grâce à l’appui des Forces aériennes suisses. L’hélicoptère équipé du FLIR a localisé en quelques minutes l’homme légèrement blessé, puis éclairé la zone extrêmement dangereuse pendant les opérations de sauvetage menées par un hélicoptère d’Air Glacier. Le Super Puma équipé de la caméra infrarouge (à droite) et du projecteur orientable (à gauche). lt col Christian Trottmann, chef de la communication de l’Engagement FA Le dimanche 18 janvier 2015 à deux heures et demie du matin, l’hélicoptère de piquet SAR des Forces aériennes a été demandé par la police cantonale bernoise; il a été immédiatement déployé près de Wengen (BE) par l’officier de piquet des Forces aériennes pour sauver une personne disparue. Avec le FLIR (Forward Looking Infrared), le Super Puma peut localiser dans le terrain des personnes disparues grâce à leur température corporelle. Dans le cadre du piquet SAR (Search and Rescue), un Super Puma des Forces aériennes équipé d’une caméra thermique est aussi à disposition des autorités civiles 365 jours par année. L’hélicoptère de l’armée a décollé de la base aérienne d’Alpnach pour sauver l’homme de 26 ans qui avait disparu. Terrain escarpé et milieu périlleux La personne a été portée disparue après s’être éloignée de son accompagnant samedi soir au-dessus de Wengen. Les recherches terrestres menées par la station de secours CAS Lauterbrunnen du Sauvetage alpin suisse (SAS) ont dû être interrompues assez rapidement en raison de l’obscurité, de la nébulosité et de la neige ainsi que du terrain très abrupt et dangereux. Par la suite, un hélicoptère de sau- vetage d’Air Glaciers a effectué un premier vol de recherche depuis la base de Lauterbrunnen. Celui-ci s’est toutefois achevé sans résultat peu après minuit. Localisation en 20 minutes Les Forces aériennes ont ensuite déployé les cinq membres de l’hélicoptère de piquet SAR, en coordination avec la centrale d’engagement de la Garde aérienne suisse de sauvetage (Rega). L’équipage militaire a été complété par un spécialiste de montagne de la police cantonale bernoise qui avait pris place à bord de l’hélicoptère à l’aérodrome d’Interlaken. Il n’a pas fallu plus de vingt minutes à l’équipage du Super Puma équipé du FLIR pour localiser la personne disparue. Un hélicoptère d’Air Glacier et un spécialiste du sauvetage héliporté (SSH) de la station secours de Lauterbrunnen ont de nouveau été sollicités pour sauver l’homme légèrement blessé et en état avancé d’hypothermie. Tandis que l’hélicoptère militaire éclairait abondamment le lieu du sauvetage au moyen du projecteur orientable dont il est équipé depuis peu, le blessé a pu être rapidement hélitreuillé par un hélicoptère d’Air Glacier, puis transporté à l’hôpital. Cette opération de sauvetage exigeante a été rapidement menée à bien et en toute sécurité grâce au soutien des Forces aériennes, en collaboration avec tous les partenaires civils concernés. ■ armée.ch Forces aériennes 1 / 15 17 FOAP aide cdmt 30 La formation d’application en engagement Un enchaînement de procédures bien rodées Le lieu d’engagement du groupe radar 1 ne peut être rallié qu’au moyen d’un téléphérique militaire. La majeure partie des quelque 3000 militaires engagés en faveur des autorités cantonales grisonnes au Forum économique mondial (WEF) à Davos appuie le service de vol des Forces aériennes. Parmi eux, la Formation d’application d’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) qui met à disposition des unités de ses six groupes dont les lieux d’engagement sur des sites parfois à l’écart ne sont souvent pas visibles pour le grand public. Les données qui y sont collectées sont toutefois primordiales pour l’engagement des Forces aériennes. Of spéc (cap) Sandro Büchler, communication FOAP aide cdmt 30 Un vent glacial souffle autour du bâtiment du téléphérique, à près de 2700 mètres d’altitude. Ce téléphérique utilisé exclusivement par l’armée mène directement au cœur de l’installation de radars classifiée, dans les montagnes de Suisse orientale. Les contrôles y sont stricts. Deux soldats armés avec gilets pare-éclats et manteaux en peau de mouton montent la garde à l’entrée, où il est obligatoire de s’identifier. Comme il est interdit de prendre des photos et de filmer, les téléphones portables, les appareils photos ou les caméras doivent être déposés à l’entrée. Deux semaines dans les montagnes Les mauvaises conditions de visibilité en cette journée d’hiver masquent la raison de ces 18 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 mesures de sécurité: un radar est en service sur le massif montagneux. Il fait partie du système militaire de surveillance de l’espace aérien et de conduite des opérations aériennes FLORAKO, une abréviation pour l’allemand «Florida Radarersatz Radarluftlagesystem Kommunikationssystem» (stations radars Florida / système radar indicateur de positions / système de communication). Un labyrinthe de corridors et de salles se déploie sous le radar, tandis que les étages résonnent du bourdonnement monotone et incessant des installations techniques. Pendant le WEF, le personnel permanent de la station radar de haute montagne est complété et soutenu par le groupe radar 1 des Forces aériennes (gr radar FA 1), responsable de la sécurité de l’exploitation. Le sergentchef Ruzdija Ramdedovic explique en quoi cela consiste: «Nous fonctionnons un peu comme des sapeurs-pompiers: nous assurons la sécurité de l’installation 24h/24.» En cas d’incendie, le groupe radar combat le feu et procède à l’évacuation. Si la situation l’exige, il ouvre en outre les issues de secours pour descendre en urgence dans la vallée. Cette procédure d’urgence, qui s’applique aussi en cas de panne du téléphérique, requiert des connaissances de pointe pour assurer la descente en rappel dans des conditions difficiles. Pour protéger la station radar des actes de sabotage, la troupe patrouille régulièrement dans le secteur d’intérêt et surveille les alentours de l’installation avec des moyens d’observation techniques. Le lieutenant-colonel Marco Lucchinetti, commandant du groupe, est conscient de ces défis particuliers: «En contrepartie, la troupe a le privilège de séjourner dans un endroit unique en son genre.» Il mentionne FOAP aide cdmt 30 à plusieurs reprises le concept d’«autonomie d’approvisionnement». A cet égard, il convient de ne pas sous-estimer l’effort logistique nécessaire pour survivre une longue période dans la montagne. Par ailleurs, les besoins en matériel sont considérables: appareils de protection respiratoire, matériel de montagne et subsistance. Surveillance à toutes les altitudes Confirmation de vol Le premier-lieutenant Pascal Urech, pilote de l’escadrille de transport aérien 3 (esc TA 3), consulte un écran de la base de Dübendorf et confirme d’un hochement de tête: «Meteo checked.» Sa décision est prise: le vol en Super Puma pour Davos peut avoir lieu. Une décision qu’il ne prend pas à la légère quand on sait que les places d’atterrissage utilisées pendant le WEF se situent souvent en montagne et sont accessibles uniquement en vol à vue. S’il n’avait pas confirmé le vol, les conséquences auraient été importantes, notamment pour la police. Pour transporter une personnalité d’un Etat invité au WEF par la route, il faut organiser une escorte, les routes doivent être partiellement bloquées et un grand nombre de policiers est engagé. Le premier-lieutenant vérifie le plan de vol prévu: éventuelles turbulences dues au foehn, altitude des nuages ou du brouillard en différents points, prévisions météo pour le Prättigau et l’itinéraire alternatif par le Landwassertal. «C’est à nous, pilotes, de prendre la décision, et à nous seuls», conclut Pascal Urech. Des prestations complètes En fournissant des prestations d’aide au commandement complètes en faveur des Forces aériennes, la Formation d’application d’aide au commandement 30 crée les conditions pour un engagement efficace des moyens aériens et terrestres. Des procédures bien rodées entre les unités des six groupes de la formation d’application, la souplesse de leurs possibilités d’engagement et les interactions entre organes civiles et militaires assurent la sécurité du service de vol des Forces aériennes. ■ Photos: sdt Milan Rohrer Tandis que le système FLORAKO surveille les mouvements dans l’espace aérien supérieur, le radar d’aviation tactique (TAFLIR) enregistre les données de l’espace aérien inférieur. Le radar mobile utilisé pour des opérations surveillance ponctuelles est exploité par le groupe radar mobile 2 des Forces aériennes (gr radar mob FA 2). En dépit des progrès techniques, il existe encore dans la topographie de la Suisse des secteurs aériens et des portions de territoire qui échappent à la surveillance radar. Des observations visuelles réalisées par le groupe de renseignement 6 des Forces aériennes (gr rens FA 6) complètent l’image de la situation aérienne. Parallèlement, le groupe de conduite de la guerre électronique 3 des Forces aériennes (gr GE FA 3) capte et analyse les signaux de toutes les sources d’émissions radio et radar dans l’ensemble de l’espace aérien suisse. L’Air Operation Center (AOC) est l’utilisateur principal de ces données, qui servent de référence pour la planification et l’engagement des Forces aériennes. Le groupe météorologique 7 (gr météo 7) collecte les données sur les conditions et prévisions météorologiques, qui contribuent aussi aux bases décisionnelles. Quant au groupe de transmission 5 des Forces aériennes (gr trm FA 5), il assure la transmission et la capacité de commandement face à cette avalanche d’informations. Les escadrilles des Forces aériennes se réfèrent aux données condensées fournies par les différents groupes, tandis que les escadrilles de transport aérien ont surtout besoin des données météorologiques. Les membres du groupe météo 7 traitent les informations météo pour les pilotes de jet et d’hélicoptère. Les soldats qui gardent l’installation de haute montagne des Forces aériennes doivent s’habiller chaudement. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 19 FOAP aide cdmt 30 Sergent-chef Ruzdija Ramdedovic Soldat Flavio Cueni «Je sors tout juste de l’ER», explique Mario Gugger. Il a terminé son école de recrues comme soldat un mois avant son premier cours de répétition. Il dit avoir été bien accueilli par ses camarades, qui l’ont d’ailleurs prévenu d’emporter suffisamment d’habits chauds en raison des conditions extrêmes. «Le gilet pare-éclat et le manteau en peau de mouton sont suffisamment chauds», précise le jeune installateur-électricien de Niedergösgen. Mario Gugger considère l’instruction sanitaire comme une bonne chose, car elle peut aussi lui être utile dans la vie civile. Bien que ce ne soit que le deuxième CR pour Ruzdija Ramdedovic, il se déplace à la vitesse de l’éclair dans le labyrinthe des corridors de la station radar. Il est responsable de la sécurité de l’ouvrage, de la régularité des patrouilles et du déneigement des issues de secours: «Pour moi, un CR signifie assumer la responsabilité des hommes 24h/24». En compensation, Ruzdija Ramdedovic admire la magnifique vue sur le ciel et les étoiles pendant la nuit. Le sergent-chef rappelle toutefois que «la sécurité passe toujours avant la beauté» et que l’instruction sur les avalanches pourrait lui servir dans la vie de tous les jours. Flavio Cueni accomplit déjà son troisième cours de répétition. Pour cet habitant du canton de Nidwald, «le CR, ce n’est pas comme l’ER, c’est plus détendu». Pas question pour autant de ne pas travailler proprement compte tenu des conditions de vie et d’altitude inhabituelles: «On est à la montagne, on respire de l’air frais, c’est dépaysant.» Ce que Flavio Cueni apprécie par-dessus tout, c’est l’excellent esprit de camaraderie, important à ses yeux pour faire passer le temps pendant lequel il ne peut jamais redescendre dans la vallée. Officier spécialisé Thomas Jordi Premier-lieutenant Pascal Urech Thomas Jordi, également météorologue chez Météosuisse dans le civil, est celui vers lequel toutes les informations convergent. Avec son équipe de la centrale météo, il collecte les prévisions pour les 30 à 48 prochaines heures au plus. Il transmet ses connaissances aux stations météo externes qui renseignent à leur tour les pilotes d’hélicoptère et de jet sur la situation météo. «Je fonctionne un peu comme une plaque tournante», explique Thomas Jordi. C’est qu’il faut être disponible pratiquement jour et nuit en cas de questions sur l’évolution du temps et les prévisions locales. Comme il le souligne, «les pilotes ont impérativement besoin de données météo pour planifier leur engagement, ce qui rend mon travail encore plus passionnant.» Pilote militaire de carrière de l’escadrille 3, Pascal Urech vole tous les jours, mais l’engagement du WEF le met aussi à rude épreuve: «Le trafic aérien est dense dans un espace restreint.» Pour justifier sa décision de voler ou non, ce pilote de Super Puma a besoin des informations fournies par la Formation d’application d’aide au commandement 30. Comme il l’explique, «l’environnement inhabituel des places d’atterrissage et la fluctuation des conditions météorologiques requièrent des données locales spécifiques.» Pascal Urech apprécie de voler pour des missions qui sortent de l’ordinaire pendant le WEF, «et en plus avec une super équipe» comme il tient à le préciser. Photos: sdt Milan Rohrer Soldat Mario Gugger 20 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 FOAP aide cdmt 30 Changement de commandement à la formation d’application De nouveaux défis à relever Le brigadier René Baumann a repris le commandement de la Formation d’application de l’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) au 1er janvier 2015. Le commandant nous livre dans cet entretien les défis qu’il entrevoit pour sa formation d’application et les évolutions auxquelles il faut s’attendre dans le cadre du développement de l’armée (DEVA). sérieux les mil qui nous sont confiés. J’attends notamment des cadres de milice qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et qu’ils s’engagent pleinement en faveur de la sécurité de notre pays. Troisièmement, je compte sur mes subordonnés pour qu’ils travaillent en leur âme et conscience. Dans quelle direction avez-vous prévu de développer votre formation d’application? Je ne vais pas changer pour changer. Je suis pour maintenir ce qui a fait ses preuves, tout en procédant aux adaptations nécessaires. Je souhaite poursuivre l’excellent travail de mon prédécesseur, le brigadier Willy Siegenthaler, en vue du DEVA. La formation d’application aura tout à y gagner dans sa fonction d’organisation formatrice. Quelles seront les conséquences concrètes du DEVA pour la formation Photo: sdt Milan Rohrer d’application? Le brigadier René Baumann est commandant de la Formation d’application d’aide au commandement 30 depuis début 2015. Of spéc (cap) Stephan Schmucki, communication FOAP aide cdmt 30 Brigadier Baumann, comment se sont déroulées vos premières semaines en qualité de commandant de la FOAP aide cdmt 30? J’ai eu l’occasion de me faire de nombreuses premières impressions positives. J’ai été bien accueilli partout où je suis allé. Les échanges au sein comme en dehors de notre formation d’application étaient toujours emprunts de sincérité et d’estime réciproque. Quelle attitude attendez-vous de vos subordonnés? L’identification avec les intentions du commandement de l’armée – notamment le DEVA – est un point central. Les nombreux changements positifs qui en résulteront doivent être considérés comme tels et mis en œuvre en conséquence. Dans cette optique, il sera peut-être nécessaire de quitter notre zone de confort. Des relations respectueuses entre militaires constituent ma deuxième priorité. Nous devons prendre au Toutes les recrues accomplissent à nouveau une école de recrues complète, ce qui favorise la qualité de l’instruction technique dispensée aux cadres et permet d’accumuler des expériences pratiques approfondies. Il n’y aura en outre plus de chevauchements entre les écoles avec le modèle de deux débuts d’ER, ce qui nous permettra de regrouper les ressources. Du point de vue organisationnel, les formations SP trp seront restructurées et subordonnées. Parallèlement, il est prévu de regrouper les formations d’application aide cdmt 30 et DCA 33. L’école infra / QG 35 actuelle viendra compléter la nouvelle formation d’application. La part des activités d’enseignement augmentant nettement, la formation d’application DCA / aide cdmt sera renforcée du point de vue de l’instruction. Comment envisagez-vous l’avenir de l’aide au commandement ? L’importance de l’aide au commandement va augmenter. Nos prestations sont toujours plus utiles à l’armée compte tenu de la rapidité des progrès technologiques. La cyberguerre n’est plus un vain mot depuis longtemps, et les conflits récents démontrent son importance dans la conduite de la guerre. Je m’attends donc à une importance croissante de l’aide au commandement au sein de l’armée. ■ Brigadier René Baumann, commandant FOAP aide cdmt 30 Agé de 49 ans, René Baumann est entré dans le corps des instructeurs des troupes de transmission en 1992. Entre 1999 et 2005, il a exercé plusieurs fonctions au profit du projet Armée XXI, du Groupe du person nel de l’armée, du Centre de recrutement de Rüti et de la Formation d’ap plication de transmission. Il a ensuite travaillé comme remplaçant du commandant de l’école de transmission de Liestal, et il a repris le com mandement de l’école de transmission de Frauenfeld le 1er mars 2008. Après un séjour d’études à la National Defense University à Washington D.C. aux Etats-Unis, il a assumé le commandement du recrutement dans le domaine du personnel de l’armée jusqu’à fin 2014. Il a été nommé com mandant de la Formation d’application d’aide au commandement 30 et promu simultanément au grade de brigadier au 1er janvier 2015 par le Conseil fédéral. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 21 FOAP av 31 Cérémonie de remise des brevets de l’école de pilotes Douze pilotes reçoivent leurs ailes Début décembre 2014, douze pilotes militaires ont reçu leur brevet de pilote militaire de carrière au Park Hotel de Weggis (LU), au terme d’une formation exigeante de plusieurs années. A l’heure où la sélection et l’instruction des pilotes posent des exigences extrêmement élevées, il est intéressant de savoir qu’il y a cent ans, le simple fait de posséder un avion suffisait pour devenir pilote militaire en Suisse. Of spéc (major) Sandro Genna, chef Comm FOAP av 31 «Les rêves ont des ailes», telle était la devise de la cérémonie de remise des brevets de la volée 2014 de pilotes militaires. Après avoir travaillé dur et sans relâche pendant des années, les douze lauréats ont enfin réalisé leur rêve. Sur les plusieurs centaines de candidats en lice au début du processus de sélection, seize ont réussi le grand saut dans l’école de pilotes, et quatre d’entre eux ont dû interrompre leur formation en cours de route. En plus de l’instruction militaire de base, les élèves ont accompli un cycle d’études en aéronautique, une formation de pilote de ligne et près de 500 heures de vol au sein de l’école de pilotes des Forces aériennes, le tout sans accident. Il suffisait d’avoir son propre avion Comme l’a rappelé dans son allocution le commandant d’école, le colonel EMG Markus Thöni, la carrière d’un pilote militaire était bien différente il y a cent ans. En 1914, lorsque l’officier de cavalerie Theodor Real a reçu l’ordre du Conseil fédéral de créer un groupe d’aviation, les pilotes militaires étaient recrutés dans le cercle restreint des aviateurs privés. «Quiconque possédait un avion était désigné pilote militaire quasiment du jour au lendemain», a expliqué Markus Thöni en souriant. Néanmoins, le pionnier de l’aviation Oskar Bider, alors conseiller du commandant Real, veillait à ce que les neuf premiers pilotes militaires suisses remplissent au minimum les exigences aéronautiques de base de l’époque. «Aujourd’hui encore, il faut posséder un talent particulier pour maîtriser la troisième dimension, mais les compétences intellectuelles exigées des pilotes ont considérablement augmenté», a précisé le commandant d’école Thöni. Et de continuer à l’adresse des six nouveaux pilotes de jet et d’hélicoptère fraîchement promus au Les douze pilotes militaires professionnels qui viennent d’obtenir leur brevet avec le commandant de l’école de pilotes (au centre de la photo). Res Schmid, landammann du canton de Nidwald. 22 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 Divisionnaire Bernhard Müller, chef de l’Engagement. FOAP av 31 grade de premier lieutenant: «Vous pouvez contempler ces cinq dernières années de formation avec fierté, mais aussi avec humilité.» Markus Thöni a ensuite «remis» symboliquement les nouveaux pilotes au divisionnaire Bernhard Müller, chef de l’Engagement des Forces aériennes, à qui ils seront subordonnés à l’avenir. Dans son discours, Bernhard Müller a rappelé que l’Etat attend de ses pilotes militaires une loyauté sans faille, ce en contrepartie d’une «formation exigeante et onéreuse». L’insigne de pilote est un gage de confiance. «Avec cet insigne, vous portez également une grande responsabilité», a souligné le chef de l’Engagement, avant de rappeler aux douze pilotes que la formation, loin de se terminer avec le brevet, restera pour eux une mission permanente. Le point de départ d’une vie dynamique Invité en tant qu’intervenant, Res Schmid, conseiller d’Etat du canton de Nidwald et ancien pilote de la Patrouille Suisse, arborait également l’insigne de pilote militaire. Il a évoqué sa propre cérémonie de remise de brevet, il y a 35 ans. «Je connais par expérience l’importance de cette étape dans la vie», a-t-il déclaré. Pour ce natif de l’Oberland bernois, c’est le point de départ d’une «vie dynamique et exigeante», à l’instar de son propre par- cours, dont il a négocié les virages avec brio en passant du statut de pilote militaire à celui de pilote d’essai chez armasuisse, puis en embrassant une carrière d’homme politique. Il a aussi exhorté les nouveaux pilotes à ne pas oublier, une fois installés dans leur cockpit, les valeurs que représente le système global de l’Armée suisse, notamment la protection du pays et la sauvegarde de la neutralité. «Même si vous constituez l’élite des Forces aériennes, restez toujours vous-même et faites preuve de modestie». Gageons que le message de Res Schmid accompagnera les douze nouveaux pilotes militaires sur la voie qui doit leur ouvrir de nouveaux rêves aéronautiques. ■ Photos: FOAP av 31 Le PC-7 TEAM a fait honneur aux pilotes brevetés à Weggis en leur présentant ses PC-7. Le Super Puma Display Team. Le colonel EMG Markus Thöni, commandant de l’école de pilotes. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 23 FOAP DCA 33 Rencontre du Conseil ministériel de l’OSCE Engagement réel au carrefour des trois Etats Début décembre 2014, le Conseil ministériel de l’OSCE s’est réuni à Bâle. Après l’engagement dans le cadre du WEF début 2014 à Davos, la défense contre avions suisse (DCA) a effectué son deuxième engagement réel cette année-là en faveur de la conférence organisée dans la cité rhénane. L’engagement ALCEO a nécessité la mise en place d’un effecteur DCA en plein milieu de la ville de Bâle. sdt Remo Bitzi, gr Comm FOAP DCA 33 L’Organisation pour la sécurité et la collaboration en Europe (OSCE) se réunit chaque année pour parler de questions concernant la paix, la démocratie et la stabilité en Europe. L’an dernier, la rencontre a eu lieu au centre des congrès de Bâle (Congress Center Basel). C’est pourquoi, durant la première semaine de décembre 2014, les ministres des affaires étrangères des 57 Etats membres de l’OSCE et leurs délégations, soit près de 1200 personnes au total, ont séjourné au bord du Rhin. Partie intégrante d’un dispositif global Pour garantir la sécurité des hôtes de la conférence du Conseil ministériel de l’OSCE, l’Armée suisse a apporté son appui aux autorités 24 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 civiles du canton de Bâle-Ville dans le cadre de l’engagement ALCEO. La DCA, équipée de capteurs et d’effecteurs, a aussi participé à cette mission subsidiaire de sûreté et d’appui. C’était pour elle le deuxième engagement réel de l’année 2014 après celui effectué dans le cadre de la rencontre annuelle du Forum économique de Davos (WEF). La DCA en tant qu’élément de la formation d’engagement air a grandement contribué au succès de la mission ALCEO. «L’engagement de capteurs DSA fait partie des normes actuelles européennes pour les opérations de protection de conférences», explique le divisionnaire Bernhard Müller. Le chef Engagement des Forces aériennes et remplaçant du commandant des Forces aériennes évoque les conférences qui ont lieu à Amsterdam, Strasbourg et Londres où de tels dispositifs sont aussi déployés. Selon lui, l’engagement d’effecteurs devient impératif en particulier lorsqu’ils peuvent contrer efficacement les possibilités adverses les plus dangereuses et / ou lorsque les moyens aériens ne peuvent agir que trop tardivement en raison de la proximité de la frontière nationale. C’est ce qui s’est passé lors de l’engagement dans la zone transfrontalière AllemagneFrance-Suisse, car la frontière franco-suisse ne se situe qu’à quelques kilomètres seulement de l’ouvrage à protéger. Des défis variés Pourtant, selon le colonel René Meier qui a dirigé l’engagement du côté de la DCA, la proximité de la frontière n’a de loin pas été FOAP DCA 33 la seule difficulté rencontrée dans le cadre de l’engagement ALCEO: «Les engagements en milieu urbain comportent toujours de nombreux défis.» La DCA a déjà été engagée dans la région de Bâle lors des Championnats d’Europe de football en 2008, mais seulement avec des capteurs et sans canons. Par ailleurs, le colonel Meier précise qu’il est inutile de vouloir comparer les engagements. Ils sont tous uniques, même s’ils se déroulent dans un secteur connu. Dans le cas présent, le seul dénominateur commun des deux engagements (Euro 08 et conférence de l’OSCE 2014) est le secteur dans lequel ils ont eu lieu. faveur de la rencontre du Conseil ministériel de l’OSCE à Bâle est positif. Les participants à la conférence tout comme les organisateurs ont exprimé leur satisfaction dans les médias. La population qui devait percevoir le moins possible de signes de cet engagement pendant sa durée a, elle aussi, réagi de façon constructive, du moins à en croire les observations du colonel Meier sur différents emplacements: «Les passants étaient curieux de savoir ce qui se passait et se montraient compréhensifs. Ils ont bien accueilli le travail de la DCA.» ■ Effecteur en ville Pour l’engagement ALCEO, 250 militaires (mil) ont été convoqués. Outre les mil de la batterie (bttr) 34/2 qui constituaient la majeure partie des personnes mises sur pied, des éléments du groupe de combat DCA 33 ont aussi été engagés en appui. Ces derniers se sont occupés non seulement des deux emplacements de capteurs situés à l’est et à l’ouest de Bâle, mais aussi de celui de l’effecteur placé au cœur de la cité rhénane. Le fait que ce dernier emplacement se situait, faute d’alternatives, sur une zone de protection des eaux souterraines a rendu la situation encore plus compliquée. En effet, des groupes d’intérêts supplémentaires ont donc dû être impliqués, mais tout s’est finalement bien déroulé grâce à la collaboration constructive avec les autorités compétentes pour la protection de l’environnement. Les militaires de la DCA engagés à Bâle ont dû faire face à un temps pluvieux. Selon le colonel Meier, la conduite a en outre été particulièrement exigeante. Comme une seule batterie était engagée, et non une division, la conduite s’est faite avec une structure de combat à l’échelon de la batterie. Maintenir la motivation de la troupe a aussi constitué un défi qu’il a fallu relever non sans effort, comme l’explique un chef de section engagé sur l’emplacement en ville de Bâle. Bien que le colonel Meier reconnaisse que maintenir la troupe «dans le coup» n’a pas été simple dans des conditions où le froid et l’humidité lui ont d’ailleurs donné bien du fil à retordre, il s’est montré satisfait du bon moral général. Le bilan de l’engagement en Photos: sdt Remo Bitzi Conduite à l’échelon de la batterie L’emplacement de l’effecteur DCA était protégé des regards extérieurs. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 25 FOAP DCA 33 DCA depuis le WEF 2015 La Suisse, pays hôte de conférences internationales A fin janvier, Davos se trouvait à nouveau sous les feux des projecteurs de la politique mondiale et de l’économie. Près de 40 chefs d’Etat et de gouvernement, 260 ministres et 1500 chefs d’entreprise s’y sont réunis pour mener des discussions dans le cadre du Forum économique de Davos. Des forces de police de toute la Suisse et l’armée – dont la défense contre avions (DCA) – ont assuré la sécurité de la manifestation. Of spéc (maj) Andy Abächerli, gr Comm FOAP DCA 33 La 45e réunion annuelle du Forum économique mondial s’est tenue du 21 au 24 janvier avec pour thème central «Le nouveau contexte mondial». Des personnalités de l’économie, de la politique, du monde scientifique et de la société civile ont échangé sur des sujets variés comme la croissance, l’intégration sociale, le changement climatique ou encore l’avenir d’Internet. Ces débats ne pourraient pas avoir lieu sans des mesures de sécurité globales auxquelles l’armée apporte son appui. Car sans soldats, pas de sécurité – et sans sécurité, pas de conférence sur l’économie mondiale à Davos. Une collaboration efficace Près de 4500 militaires ont accompli un service d’appui en faveur du canton des Grisons dans le cadre d’un engagement subsidiaire de sûreté. Outre des vols de surveillance et des transports aériens, les Forces aériennes ont assuré le service de police aérienne. Elles avaient pour mission d’intercepter pour identification tout aéronef pénétrant dans l’espace aérien restreint (restricted area) et de le contraindre à le quitter ou à se poser. Une protection intégrale requiert aussi l’engagement d’effecteurs au sol. C’est d’autant plus important à Davos où les délais de réactions sont très courts en raison du territoire peu étendu à surveiller et de la topographie alpestre. En service jour et nuit dans la région de Davos et en Engadine, le réseau de capteurs DSA 10 a livré à la centrale d’engagement des indications sur la situation aérienne et des données d’identification visuelle pour un maximum de cinq cibles en même temps. Tandis que le réseau de capteurs se chargeait de rapporter les effets du feu contre des cibles ennemies volant à basse altitude dans les environs de Davos, l’autorisation de tirer et l’ouverture du feu seraient venues, si nécessaire, directement de la centrale d’engagement de la défense aérienne (CEN déf aér). Eprouvant mais justifié Les 628 membres de la Formation d’application de la défense contre avions 33 ont fourni un excellent travail. Ils ont rempli leur mission dans le calme et la discipline, sans stress. «L’engagement au WEF est plus éprouvant qu’un CR ordinaire, mais la troupe reconnaît l’utilité de son travail et fait preuve de concentration et de motivation», explique le premier-lieutenant Silvan Wyss, chef d’unité de feu, en précisant qu’un tel engagement ne va pas de soi compte tenu des compétences professionnelles et privées variées des soldats. Une raison de plus de se réjouir de ce succès. Pour le colonel René Meier, commandant du groupement de combat de défense contre avions 33, les procédures assimilées pendant l’école de recrues et revues dans les cours de répétition représentent des facteurs de réussite décisifs: «Pas d’engagement réussi sans procédures claires et nettes.» Pour ce faire, il convient de rester concentré pendant l’instruction et de s’améliorer sans cesse. Des interfaces fonctionnelles sont aussi importantes aux yeux du colonel René Meier, que ce soit au sein de l’armée de milice ou entre l’armée de milice et l’organisation professionnelle: «Les interfaces avec nos partenaires sont déterminantes. Sans une collaboration efficace, la défense contre avions ne peut pas fournir la qualité que l’on attend d’elle.» Pour le brigadier Marcel Amstutz, commandant Les capteurs de la DSA fournissent à la centrale d’engagement de la défense aérienne des informations sur la situation dans les airs. 26 armée.ch Forces aériennes 1 / 15 FOAP DCA 33 de la Formation d’application de la défense contre avions 33, la qualité et la capacité à durer sont des éléments centraux: «Avec un service d’appui de 15 jours, l’engagement en faveur du WEF dure plus longtemps que les exercices que nous accomplissons d’ordinaire. Il s’agit dès lors de maintenir la capacité à durer grâce à une organisation efficace en coulisse. Sans cette dernière, l’accomplissement de la mission serait remis en question dès le début.» Satisfaction générale Le premier-lieutenant Silvan Wyss était engagé comme chef d’une unité de feu. Photos: of spéc (maj) Christophe Ruchonnet La réaction du soldat radar Philipp Hiestand confirme le sentiment de satisfaction générale envers l’engagement DCA pendant ALPA ECO QUINDICI, le nom de l’engagement au profit du WEF. Quand on lui demande ce qui pourrait être amélioré ou ce qu’il souhaiterait pour 2016, il répond après un court instant de réflexion: «Des températures un peu plus clémentes!» L’avenir nous dira si son vœu sera exaucé. Dans tous les cas, la défense contre avions réitérera sa contribution au système global de l’armée – pour un WEF en toute sécurité et la promotion de la Suisse comme pays hôte de conférences internationales. ■ Les effecteurs de la DCA complètent le dispositif dans la topographie complexe des environs de Davos. armée.ch Forces aériennes 1 / 15 27 Manifestations Agenda 13.6 + 14.6 Course de côte de HembergHemberg Avec le PC-7 TEAM www.bergrennen-hemberg.ch 19.6 – 21.6 Célébrations de la bataille et exposition de l’arméeMorgarten Avec tous les moyens de représentation des Forces aériennes www.morgarten2015.ch 27.6 Red Pigs FestivalPayerne Avec la Patrouille Suisse www.redpigsfestival.ch 27.6 – 28.6 Oris Fly-InAmbri Avec la Patrouille Suisse (sam) et le Super Puma Display Team (dim) www.ambri-airport.ch 4.7 – 5.7 Swiss Harley DaysLugano Avec le PC-7 TEAM (dim) et les parachutistes www.swiss-harley-days.ch 25.7 Fête nocturne au bord du lacSpiez Avec la Patrouille Suisse www.seenachtsfest-spiez.ch 31.7 Fête du 1er aoûtBrunnen Avec la Patrouille Suisse www.brunnen.ch 2.8 Crédit Agricole Suisse OpenGstaad Avec la Patrouille Suisse www.creditagricolesuisseopengstaad.ch 8.8 Fête nocturne au bord du lacRapperswil-Jona Avec le PC-7 TEAM et le Super Puma Display Team www.seenachtsfest-rj.ch 8.8 50 ans de l’aérodromeSitterdorf Avec le PC-7 TEAM, le Super Puma Display Team et les parachutistes www.flugtage-sitterdorf.ch 22.8 – 23.8 Meeting aérien de DittingenDittingen Avec le Hornet Display (sam) et le Super Puma Display (dim) www.flugtage.ch 5.9 Meeting aérien de SchaffhouseSchmerlat Avec le PC-7 TEAM et le Hornet Display Team www.schmerlat.ch 7.10 – 8.10 Tirs d’aviationAxalp Diverses démonstrations www.armee.ch/axalp Cet agenda n’est pas exhaustif. Vous trouverez en permanence des informations complètes et complémentaires ci-après: – concernant les démonstrations aériennes des Forces aériennes suisse: www.armee.ch/airshows – concernant les représentations de la musique militaire: www.militaermusik.ch 28 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
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