correspondances - Centre Hospitalier Universitaire de Saint

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correspondances - Centre Hospitalier Universitaire de Saint
Le projet «correspondances», au cours de 12 séances d’atelier, a
entretenu une rencontre entre les membres d'un groupe du Centre
d’accueil Thérapeutique à Temps Partiel Dupuytren, une médiatrice du
musée et une artiste. De la recherche à la pratique, les participants ont
été familiarisés avec toutes les étapes du processus de création d’une
œuvre, en l'occurrence l'œuvre de l’artiste A.Stella. Œuvre dont il ne
s'agissait pas uniquement de faire la lecture, mais d'extraire des moyens
propres à une expression individuelle, jusqu’à son dispositif de
présentation.
Présentation qui a eu lieu le 17 janvier 2013 au Musée d’art moderne de
Saint-Etienne Métropole.
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Correspondances
Avril 2012 première rencontre en mon atelier avec le groupe. Le projet
est de confronter les membres du groupe, dans la durée, à mon travail,
pas uniquement pour en faire la lecture, mais, par sa propre expérience,
amener chacun en préservant la place « créateur » à la réalisation d’une
œuvre.
C’est la première fois que je m’engageais dans une telle entreprise où je
serais amenée à échanger tous les paramètres de mon travail, son
élaboration, de la pensée à la pratique, des techniques aux mécanismes
intérieurs de sa création afin de donner la possibilité à chaque
participant d’entrer dans cette recherche spécifique pour se l’approprier
et en extraire sa propre expression dans une œuvre qui se situe entre
« le moi et l’autre ».
Les séances d’atelier les familiarisèrent avec le langage formel
géométrique, les mécaniques de perception, la manière dont deux
éléments s’articulent et opèrent simultanément à partir des notions de
complémentarité
et
d’inversion:
plein/vide,
extérieur/intérieur,
présence/absence, et permirent d’expérimenter deux espaces
complémentaires par le biais du collage qui donne des résultats
immédiats et amena les participants vers l’expérimentation. Nous
entrâmes dans le processus d’élaboration des maquettes, réalisées à
l’échelle 1 /5 des peintures à venir, celui qu’il faut apprendre à manier
puisqu’il sera le même pour la réalisation des peintures: quadriller une
surface, inciser les tracés, retirer et reporter les éléments adhésifs,
manier le réflexe d’inversion, rentrer dans la logique des surfaces
complémentaires, associer les actions physiques et mentales.
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Ni les difficultés techniques, ni l’exigence de précision et de
concentration sur cette longue période ne découragèrent le groupe. La
volonté de vivre cette expérience jusqu’au bout, toutes les étapes de tout
le processus de la création d’une œuvre artistique jusqu’à son dispositif
de présentation, ne s’est jamais démentie. Chaque participant a réalisé
un diptyque de deux peintures complémentaires, chacune constituée par
le procédé plein/vide, inversé de l’autre.
Le travail s’est fait en atelier avec le groupe, la médiatrice du Musée
d’Art Moderne de Saint Etienne, Eliane Chavagneux et moi même.
A.Stella
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Projet " correspondance "
Nous avons travaillé pendant près de 12 mois a raison de 1 séance par
mois avec un petit groupe de personnes connaissant déjà pour la plus
part le musée d'Art Moderne. Avec un principe de visites/atelier
permettant de se familiariser avec ce lieu et ses espaces, mais surtout
avec la création contemporaine sélectionnée parmi les expositions
temporaires .C'est ainsi que ces personnes ont pu discerner les
multiples propositions du langage de l'art contemporain par le regard,
l'échange et l'analyse ainsi que par une mise en pratique expérimentale
en atelier. Les objectifs de ce projet sont, entre autres, d’encourager la
créativité des participants d’éveiller leur curiosité intellectuelle, d’enrichir
leur culture personnelle, de permettre un contact direct avec un artiste et
son œuvre, et de partager des émotions avec les autres membres du
groupe. Le projet à partir de l'œuvre de A.Stella a pu dans ce contexte
se révéler d'une étendue favorable pour tout le groupe puisqu'il a permis
la rencontre avec l'artiste, et la découverte de son atelier, lieu de la
création et de l'élaboration de l'œuvre, mais aussi la confrontation de
cette œuvre avec l'espace muséale lors d'une précédente exposition.
Les ateliers se sont ensuite succédés à des rythmes réguliers dans le
temps mais avec des contenus très diversifiés de façon à aborder une
grande partie des questionnements de l'artiste et donnant des échanges
denses et parfois inattendus.
La confrontation directe avec le travail de l'artiste permet un dialogue
immédiat et une participation très active, les pistes de travail sont
multipliées au regard des interrogations de chacun.
Ce projet s'est intitulé correspondance, on pourrait dire aussi échange,
faire correspondre nos différents points de vue sur l'art, sur l'œuvre sur
le musée. Cela va pour chacun parfois dans l'interrogation, dans la
difficulté, "pour qu'une œuvre existe il faut le créateur, l'objet mais aussi
le regardeur" mais celui ci peut ressentir une absence celle de l'artiste et
doit alors assumer une forme (re)créative du regard.
En tant que médiatrice culturelle du Musée il m'a semblé alors me
trouver dans une situation "idéale" puisque ce projet a permis de
regrouper les trois éléments essentiels : l'œuvre, l'artiste et le public.
Eliane Chavagneux
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Peintures complémentaires (Diptyque)
Processus d’élaboration :
° Quadriller les deux toiles de 120x80cm.
° Quadriller la surface adhésive 120x80cm.
° Apporter la maquette à l’échelle 5 et tracer le graphique sur la surface
adhésive.
° Inciser le tracé de la construction.
° Reporter et positionner les éléments a sur la première toile et les
éléments b sur la deuxième toile, au même emplacement d’où ils sont
retirés.
Nous avons les deux supports complémentaires prêts. Nous procédons
à l’étape peinture.
Chaque participant prépare la teinte choisie, en utilisant uniquement le
noir et le blanc. Choix réduit mais une gamme riche de gris à découvrir.
Plusieurs passages de peinture avec un temps de séchage entre chaque
recouvrement. Le même nombre sur les deux toiles.
Etape finale : retirer la grille adhésive et faire apparaitre les deux
surfaces complémentaires, peintes.
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Catherine Gérard
Répétition d’une forme centrale, un motif (figuratif) isolé, occupe les
différents exercices. Je lui suggère une forme plus modélisée avec des
losanges d’angles différents, gardant les proportions et la construction
générale qui se réfèrent à ses premières propositions. Elle est très
satisfaite de cette modification, elle en fait son expérience par le
passage peinture. Cette forme bien inscrite dans la surface nous donne
une perception immédiate, interne. Ce qui est délimité à l’extérieur de
celle-ci n’a pas la même évidence. En continuant le croissement des
lignes à l’extérieur de la forme, nous arrivons ainsi à un équilibre entre
forme intérieure et extérieure.
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Cécile Chassany
Des bandes horizontales avec insertion des découpes verticales. Nous
avons à faire avec une surface de dimensions définies, les intervalles
choisis ne fonctionnent pas comme elle le souhaiterait. Nous repartons
avec des intervalles horizontaux prenant en compte des espacements
proportionnels à la largeur de la surface du support. Deux découpes
obliques la séparent en trois espaces.
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Géneviève Montagne
La surface investie par des bandes horizontales avec interruption
verticale. Les deux surfaces complémentaires ne se distinguent pas bien
de l’une à l’autre. Elle fait intervenir des obliques qui se ferment sur des
petits carrés. Je lui propose une construction simple, en séquences
horizontales des bandes et des carrés. Découpe horizontale qui partage
la surface en trois, en alternant grille peinte et non peinte.
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Dalhia Reymond
L’élément du cercle persiste dans les premières recherches et exercices.
Nous tentons d’autres directions mais le cercle est sa forme favorite et
incontournable. Je lui propose une construction centrée et structurée de
bandes horizontales avec cercle et losange inscrits par découpe
intérieure/extérieure. La construction s’avère difficile à traiter sur le plan
technique. Nous simplifions en gardant l’essentiel : le cercle central,
structuré par des bandes horizontales en alternant 1 sur 2. Le résultat
est évident.
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Mathias Leduc
Mathias saisit bien le procédé plein/vide, l’inversion complémentaire des
formes. Il utilise le carré, la découpe orthogonale. Des constructions
simples, puis d’autres plus synthétiques. A partir de ses constructions,
créer des modules qui occupent et organisent toute la surface. Ce qui
produit dans le premier volet du diptyque une sorte de grille qui vient en
premier plan et dans le deuxième volet cette même grille, vide devient
un passage.
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Thierry Granet
Thierry expérimente une forme géométrique T.
Après avoir tenté plusieurs exercices en structurant cette forme par des
variations de bandes verticales, horizontales, il revient à la forme simple,
découpée. Je lui propose de revoir les possibilités de cette forme, lui
signalant que quand on délimite une forme ce qui se forme à l’extérieur
de celle-ci est aussi important que ce qui se passe à l’intérieur.
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Sandrine Heym
La forme H choisie, trop rigide, ne la satisfait pas, lui fait penser à
« Hôpital ». Pourtant elle lui semble intéressante. Elle n’abandonne pas,
reste concentrée, modifie des analogies, décale certaines lignes et elle
fait intervenir deux découpes obliques dans toute la surface. Ca marche,
cette forme acquiert une nouvelle dynamique, devient structure –
découpe.
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MoniKa Zych
Dès la première rencontre à l’atelier, MoniKa saisit les mécanismes de
complémentarité et l’articulation des formes. Dès les premiers exercices,
elle a su ce qu’elle ferait de cette mécanique. Déjà dans la première
maquette du carnet, son projet a été construit, avec les angles bien
précis, les proportions, les analogies…Même quand nous avons eu à
changer les dimensions du support, elle a su adapter son projet sans
perdre l’équilibre et les proportions de sa construction. Je lui ai proposé
de modifier des paramètres, d’expérimenter d’autres angles,
d’intervalles… Ce qui nous a amenés à vérifier par l’expérience, la
« justesse » de son projet.
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Eliane Chavagneux
En plus de son rôle de médiatrice, de son implication dans
l’accompagnement du groupe pendant toutes les étapes du projet,
Eliane a bien voulu participer à l’expérience et son diptyque fait bien
apparaitre ses références d’historienne en art.
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A.Stella
Artiste, vit et travaille à Saint-Etienne. Etudes à l’Ecole des Beaux-arts,
diplôme DNSEP.
Depuis une quinzaine d’années conduit une recherche sur la dimension
«surface», l’articulation des notions complémentaires, la formation des
mécaniques de perception. Elle investit l’espace peinture et crée le géogramme:
unité constituée dans un rectangle par l’imbrication de deux éléments
géométriques, articulés en plein/vide, puis le planogramme: structure
géométrique plane, constituée de deux éléments complémentaires, incisés et
articulés par le pliage/dépliage.
Son travail est exposé en galerie, musée et autres centres et institutions. Ses
œuvres se trouvent dans des collections publiques et privées.
Expositions: 2011: Formalisme, débats et oppositions Local Line 6, Musée d’Art
Moderne de Saint-Etienne. Exposition «formats libres», Bibliothèque Jean Laude
Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne. Salon International de l’Estampe et du
Dessin au Grand Palais, Paris. «Percepts» Installation en l’église Saint-Merri,
Paris. Exposition DIPTYQUE Galerie Schumm-Braunstein, Paris. Artothèque
Idéograf, Livres d’artiste. 2010: ArtistBook International, Centre Pompidou, Paris.
BLANC, Galerie Schumm Braunstein, Paris. 2009: architectogrammes, Galerie
Schumm Braunstein, Paris. Rencontres art et Sciences Musée des Beaux-arts
de Lyon. 2008: Biennale Internationale d’Art Contemporain Marcigny. 2006:
Résidence au Muséum de Lyon, Installation «Planogrammes» dans le cadre de
l’exposition « Pourquoi les mathématiques?». 2006: Biennale Internationale
Design Saint-Etienne. 2001: «Ici et ailleurs maintenant», Exposition simultanée
au musée des Ursulines de Mâcon et à la galerie Georges Verney-Carron à
Villeurbanne.
http://www.astellaa.com/
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Un projet mené par l’artiste A.Stella avec le CATTP Dupuytren dirigé par
le professeur Massoubre, en partenariat avec le Musée d’Art Moderne
de Saint- Etienne et le CHU de Saint-Etienne.
Le projet a été soutenu dans le cadre du dispositif «Culture et Santé»
par l’ARS, la DRAC et la région Rhône-Alpes.
Le groupe des participants: Dalhia Reymond, Catherine Gérard, Monika
Zych, Thierry Granet, Mathias Leduc, Cécile Chassany, Sandrine Heym,
Geneviève Montagne.
Coordination du projet : Mourad Haraigue chargé de mission culture au
Pôle de psychiatrie, Isabelle Zedda chargée de communication du CHU
de Saint-Etienne, Alexis Meilland et Eliane Chavagneux, médiateurs du
Musée d’Art Moderne de Saint Etienne.
Remerciements: Lorand Hegyi Directeur Général du Musée d’Art
Moderne de Saint-Etienne, Fréderic Boiron Directeur Général du CHU
de Saint-Etienne, Françoise Gourbeyre Vice-présidente de Saint-Étienne
Métropole, chargée de la culture, Louis Courcol Directeur des usagers,
de la communication et de l’accueil, Hervé Chapuis Directeur du Pôle de
psychiatrie, le Professeur Catherine Massoubre, Mireille Soubeyrand
secrétaire générale du musée et l’équipe du musée, Chantal Joassard,
journaliste à TL7.
Photographies: Michel Dieudonné, Eliane Chavagneux, Geneviève Montagne,
A.Stella
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