Attention sélective

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Attention sélective
5-L’attention
5.1 - Termes et définitions
5.2- Premier Groupe de théories : L’attention sélective
5.3- Deuxième groupe : L’allocation des ressources attentionnelles
Définition générale : l’attention c’est la capacité à sélectionner des stimuli, des
réponses, des souvenirs et les pensées qui sont adaptés à la situation dans laquelle
l’individu est engagé parmi d’autres qui ne le sont pas.
William James (1890) : « L'attention est la prise de possession par l'esprit, sous
une forme claire et vive, d'un objet ou d'une suite de pensées parmi plusieurs qui
semblent possibles [...] Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter
plus efficacement les autres. »
• 2 grandes composantes de l’attention:
• L’alerte :
Etat propice à la détection de l’information sensorielle : c’est notre niveau de vigilance. Elle
est nulle quand on dort et très élevée quand on a bu trop de café.
En anglais, on utilise le terme arousal (ou excitation) : il existe un niveau optimum
d’excitation. Si nous ne sommes pas assez en alerte, ou trop, alors nos comportements ne
seront pas adaptés. On éprouvera des difficultés à réagir aux stimulations externes.
LOI DE YERKES-DODSON
Niveau actuel ou pentiotiel
de la fonction d ’indice
Niveau optimal de réponse
et d ’apprentissage
Vigilance croissante
intérêt, émotion positive
Perturbation
émotionnelle
anxiété
Réveil
Sommeil profond
Niveau de la fonction d ’éveil
Expérience simple : 2 équipes (une habillée en blanc et l’autre, en noir) qui jouent au
basket. Vous devez compter les passes réalisées par les joueurs habillés en blanc, et
uniquement eux.
http://www.theinvisiblegorilla.com/videos.html
• Attention sélective :
on se focalise sur une seule source d’information, et on ne traite pas les autres. On
parle aussi d’orientation de l’attention. Le fait de se focaliser sur quelque chose revient
en fait à filtrer les informations qui ne sont pas pertinentes.
On parle aussi de spot attentionnel ou de focus attentionnel :
Capacité de se concentrer sur quelque chose de bien précis. En vision, c’est
lorsqu’on regarde une petite partie d’une image par exemple. En lecture, c’est
quand on se concentre sur un mot.
Différents termes utilisés pour décrire les comportements attentionnels (en plus de
l’alerte et de l’attention sélective ) :
• Attention divisée : lorsque l’on traite plusieurs sources d’information, ou lorsqu’on
réalise plusieurs tâches en même temps. Très grande capacité d’attention divisée
chez l’humain.
• Attention commutée : on alterne son focus attentionnel entre 2 tâches ou sources
d’informations. On ne divise pas l’attention, on la bascule. Notion de flexibilité.
• Attention maintenue : rester attentif pendant une longue période
• Orientation de l’attention : le processus qui permet de sélectionner l’information
parvenant au système sensoriel
• Alerte : état propice à la détection de l’information sensorielle (vigilance). Peut être
tonique (état constant, niveau de base) ou phasique (en réaction à un stimulus
externe)
5-L’attention
5.1 - Termes et définitions
5.2- Premier Groupe de théories : L’attention sélective
5.3- Deuxième groupe : L’allocation des ressources attentionnelles
• Welford (1952) et l'hypothèse d'un canal unique de traitement.
nos capacités de traitement sont limitées et une charge attentionnelle trop
importante amènerait à saturer ce canal unique.
Période réfractaire neuronale et période réfractaire « psychologique »
• Donald Broadbent (1958 Perception and Communication)
Enorme influence => psychologie cognitive et traitement de l’information
Potentiels d ’action enregistrés dans les noyaux cochléaires
Potentiels liés
aux clic
Clic
A la présentation
d ’un stimulus
prosexigène les clics
ne parviennent
plus au cortex !
• Cherry (1953) : L’effet cocktail party
• Très difficile en présence d’une foule bruyante de prêter attention à toutes les
conversations se déroulant simultanément.
• Version expérimentale de ce phénomène : écoute dichotique
• Paradigme dit de filature (shadowing)
• Treisman (1960) : l’attention sélective fonctionnerait par seuil d’activation
• En écoute dichotique avec filage, le participant est capable sous certaines conditions,
de traiter plusieurs informations simultanément.
Traitement sémantique
du message parvenant à
l’oreille ignorée.
Certains ordres donnés dans le message "non filé" ne sont pas exécutés, mais peuvent
le devenir si l'on fait précéder ces ordres du nom du sujet.
Selon Treisman, tous les messages sont systématiquement analysés, mais en fonction
d’une hiérarchie de traitement :
• caractéristiques physiques (perception)
• configuration syllabique (niveau pré lexical)
• mot complet (niveau lexical)
• structure grammaticale (niveau linguistique)
• signification (niveau sémantique)
Pour les stimuli inattendus, le traitement ne peut pas aller jusqu’au bout,
par manque en capacité de traitement.
Bien souvent, l’analyse ne dépasse par les premiers niveaux pour les
messages parvenant à l’oreille non suivie.
C’est aussi une façon de mesurer les capacités attentionnelles.
DONC :
• Pour être analysé, un message doit dépasser un seuil d’intensité, ce qui est
souvent le cas pour les messages parvenant à l’oreille suivie, mais pas pour l’oreille
non suivie.
• Pour certains mots, ce seuil est beaucoup plus bas que d’autres
• De façon permanente :
• parce qu’ils évoquent un danger (au feu, au secours), ou quelque chose qui
nous concerne directement (notre nom).
• De façon transitoire : parce qu’ils sont particulièrement reliés au message
principal suivi par l’auditeur
5-L’attention
5.1 - Termes et définitions
5.2- Premier Groupe de théories : L’attention sélective
5.3- Deuxième groupe : L’allocation des ressources attentionnelles
Autre point de vue : plutôt que de parler de contraintes structurelles (comme
l’existence d’un filtre) d’autres approches reposent sur l’existence de contraintes de
traitement pour expliquer les baisses de performances observées dans certains
situation.
On considère que les ressources mentales sont limitées, qu’elles se répartissent en
fonction des tâches à accomplir, et que plus il y aura de répartitions à réaliser, moins de
ressources seront allouées :
Le paradigme de la double tâche :
1- mesure de la performance pour une épreuve A (tâche primaire, prioritaire) = P_A1
2- mesure de la performance pour une épreuve B (tâche secondaire) = P_B1
3- les participants doivent réaliser les tâches A & B en même temps = P_A2 et P_B2
La dégradation de la performance
observée pour la tâche secondaire
(tâche B) permet de mesurer la
quantité de ressources nécessaires
pour réaliser la tâche primaire.
P_A1 = P_A2
Si P_B2 < P_B1 alors la tâche 1
consomme beaucoup de ressources
attentionnelles.
Tâche primaire : maintenir son équilibre en
position de semi-tandem pendant 30 sec.
Tâche secondaire : décompter de 3 en 3
Erreurs de
décomptage
Evolution du contrôle attentionnel postural en fonction de l’âge
âge
Afin de gérer au mieux les ressources attentionnelles, certains comportements
qui, au départ, exigeaient beaucoup de ressources pour être réalisés vont
progressivement, grâce à la répétition et à l’apprentissage, devenir de moins en
moins exigeant.
Au départ, ces comportements étaient contrôlés par l’individu.
Il devait porter son attention sur leur réalisation.
Grâce à l’entrainement, ces comportements deviennent automatiques.
Ils se réalisent sans contrôle, sans y faire attention.
C’est le cas pour de très nombreux comportement : la marche, le vélo, la
conduite automobile, la lecture, le calcul mental…
Le paradigme de la double tâche permet de mesurer le niveau d’automatisation
d’un comportement.
Certains comportements ne seront jamais automatisés.
PROCESSUS AUTOMATIQUES VERSUS CONTROLES - Schneider et Shiffrin (77)
PROCESSUS AUTOMATIQUES
Rapide
Fonctionne en parallèle
PROCESSUS CONTROLES
Plus lent
Fonctionne en séquentiel
Ne consomme pas de ressources
attentionnelles
Consomme beaucoup de ressources
attentionnelles
Difficile à interrompre
Facilement interrompus
Peut être exécuté simultanément
avec une activité contrôlée
Ne peut pas être exécuté
simultanément
avec une autre activité contrôlée
Démonstration de l’effet POP OUT
(effet qui « saute aux yeux »)
Paradoxe : le bonheur n’est pas automatique
mais le malheur, lui l’est !
Dans une tâche de recherche visuelle, le
smiley en colère est reconnu plus vite que
le smiley heureux (ou neutre).
Il y a aussi une interaction : le nombre de
distracteurs a moins d’influence pour les
visages négatifs (automatisation ?)
Eastwood J. D., Smilek D., Merikle P. M. (2001). Differential attentional guidance by unattended faces expressing positive and
negative emotion. Percept. Psychophys. 63, 1004–1013.