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DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:19 Page1 HORS SÉRIE LE DOUBS AGRICOLE Novembre 2016 - N° 29 LA FILIERE LAIT STANDARD DANS LE DOUBS Le dossier en pages 9 à 17 AGRICULTEURS Venez découvrir nos offres de bienvenue REJOINDRE UNE BANQUE DIFFÉRENTE, ÇA CHANGE TOUT. (1) Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affiliées, société coopérative à forme de société anonyme au capital de 5 458 531 008 euros, 34 rue du Wacken, 67913 Strasbourg Cedex 9, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés B 588 505 354, contrôlée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), 61 rue Taitbout, 75436 Paris Cedex 09, intermédiaire en opérations d’assurances sous le N° Orias 07 003 758 consultable sous www.orias.fr. Contrats d’assurance souscrits auprès de ACM IARD SA, ACM VIE SA., régies par le code des assurances et MTRL, mutuelle nationale régie par le livre II du code de la Mutualité. (1) Offres soumises à conditions, disponibles du 1er janvier au 31 décembre 2016 dans les Caisses de Crédit Mutuel participant à l’opération. L’entrée en relation est soumise à l’accord préalable de la Caisse de Crédit Mutuel. DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:19 Page2 2 ÉDITORIAL Édito Sommaire Page 6 Métier. À 25 ans, Whitney Belin exerce la profession de maréchal-ferrant. Pages 9 à 17. LE DOSSIER Au-delà de l’accord arraché à Lactalis, comment se présente la filière lait standard dans le Doubs ? État des lieux, interviews, alternatives… Page 18 Environnement. Plusieurs exploitations laitières adhèrent au programme Éco-méthane qui vise à réduire les émissions de méthane d’origine bovine. Pages 24 La Morteau bio. Jean-Pierre Bretillot de Haute-Loue Salaisons est le premier à produire et commercialiser des saucisses de Morteau et Montbéliard conformes au cahier des charges bio. Page 29 À l’honneur. Véronique Socié vient de se voir attribuer le titre de premier fromager de Belgique. Cultivons nos singularités N oir, c’est noir. Sur le plan agricole, 2016 fut catastrophique à bien des égards : printemps pluvieux, été trop sec, tous les éléments se sont acharnés pour compliquer les récoltes fourragères et céréalières. Dans le Doubs, le gradient de difficultés était inversement proportionnel à l’altitude. Tout en haut, on pourrait même parler d’une double protection climatique et économique avec des exploitations à fenaisons tardives mieux protégées des aléas qui profitent également de l’exceptionnelle vitalité de la filière comté. Tout de bon diraient nos amis suisses. Qu’on est loin de la crise laitière, des fluctuations céréalières ou du cadran breton tributaire du bon vouloir de la consommation chinoise. Au point que même quelques porchers locaux qui peinent toujours à s’approprier le succès de la Morteau se mettent eux aussi à travailler en direct. Ce n’est peut-être qu’un début. Avec l’avènement du bien manger près de chez vous, partout, de bas en haut, des néo-agriculteurs s’installent en maraîchage ou produits fermiers. Et cela marche, même s’il semble utopique de vouloir généraliser ces pratiques. Rassurant de constater quand même qu’il y a toujours de la place et de l’avenir pour l’authenticité au sens noble du terme. Tous sans exception s’accordent sur le fait que l’enjeu principal réside dans la capacité des agriculteurs à préserver la valeur ajoutée sur le territoire, seule stratégie pour ne plus subir les affres de la mondialisation. Toute la filière comté peut en témoigner. o La fromagerie de Montbéliard joue la carte de la valorisation fromagè re. P DV A G RÉM EN T IO DÉC OU P E B Presta Découpe Viande Transport des carcasses de l’abattoir à l’atelier “Le Doubs Agricole” Conception, rédaction, publicité et réalisation : Publipresse Médias 1, rue de la Brasserie - B.P. 83143 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 Atelier découpe agrément européen Nouvelles prestations : saucisson sec : bœuf, porc, cheval bresi : bœuf, cheval Prestation sur mesure E-mail : [email protected] Directeur de la publication : Éric Tournoux Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Crédits photos : Publipresse Impression : Est Imprim I.S.S.N. : 1623-7641 - Dépôt légal : Novembre 2016 Commission paritaire : 1102D80130 La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur. Pour particuliers et professionnels Dominique Bague Atelier de découpe de viande Chemin du bas des vignes - 25 320 BOUSSIÈRES TÉL. 03 81 56 62 65 - 06 74 74 77 56 Email : presta-dé[email protected] DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:19 Page3 s Moulin d’Avanne - 25800 VALDAHON - Tél. 03 81 56 24 01 www.chays.com 4 ACTUALITÉ Affaire Silence radio autour du robot de traite Six mois après la grande mobilisation médiatique organisée en présence de tous les acteurs de la filière comté, plus question aujourd’hui d’évoquer l’évolution du dossier. À l’usage, le moindre commentaire peut s’avérer contre-productif. À la coopérative de Pierrefontaine-les-Varans, on a décidé de ne plus parler de cette affaire toujours entre les mains de la justice. Le conflit avec le G.A.E.C. Jeanningros qui tient absolument à utiliser un robot de traite sur une ferme à comté dure depuis des années. Devant l’impossibilité d’aboutir à une solution, le problème s’est réglé devant les tribunaux. En donnant pour l’instant l’avantage aux frères Jeanningros qui ont contourné l’obstacle de la double www.tpa-mougin.fr LE SPÉCIALISTE DE LA STABILISATION DE VOS CHEMINS AGRICOLES Bâtiments agricoles et équins Terrassement Ecurie HORSE MOUNTAIN (Le Barboux) Un procédé écologique, économique et durable Pour vos troupeaux : Confort Solidité Sécurité Une réalisation au GAEC Louvet du Vaudey (Charquemont). À votre service pour : > vos mises aux normes de bâtiments agricoles > vos travaux de défrichage > vos travaux de terrassement, VRD > vos enrobés et vos aménagements de cour Tél/fax : 03 81 43 85 25 - Port : 06 87 48 05 92 [email protected] Grand’Combe-des-Bois Claude Vermot-Desroche, le pré sident du CIGC s'é tait bien sû r vivement opposé au robot de traite dans le comt traite imposée par le cahier des charges du comté en investissant dans deux robots. Contraignant ainsi la coop de Pierrefontaine à prendre ce lait. Par souci d’éthique et en accord avec le C.I.G.C., décision a été prise de ne pas intégrer ce lait dans la filière comté. Il est donc ramassé séparément et collecté par L’Ermitage. En revanche, ce lait de dégagement est bien payé au prix du lait à comté. On imagine vite le manque à gagner. La situation avait soulevé un élan de solidarité sans précédent et réuni tous les acteurs du comté le 7 mars dernier à Vercel. À cette occasion, un tee-shirt de soutien avait d’ailleurs été mis en vente au profit de la coop de La situation Pierrefontaine qui avait soulevé se repose désormais un élan de sur le C.I.G.C. Du soldidarité moins sur le plan de la communication. Claude Vermot-Desroches, jamais avare de commentaires quand il s’agit de défendre le comté se montre d’une très grande prudence. “Sur ce sujet, on a décidé de ne plus communiquer avec des articles qui nous font du tort”, explique le président du C.I.G.C., confirmant néanmoins que le soutien de la filière reste d’actualité et qu’il s’instaure encore des solidarités. Pas question donc de laisser les coopérateurs de Pierrefontaine à leur triste sort. “Il nous arrive d’avoir à gérer des conflits. Mais là, cela concerne l’ensemble du cahier des charges. C’est le désaveu d’une politique reconnue par tout le monde et mise à mal.” Quand on lui demande si ce dossier sera décisif pour l’avenir du comté, il répond : “Non, car il porte sur une interprétation et non sur le cahier des charges proprement dit. Je suis assez optimiste là-dessus.” o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page5 Sécurité 5 “Alerte agriculteurs” : parce que cela n’arrive pas qu’aux autres Les agriculteurs du Doubs et du Territoire de Belfort peuvent désormais adhérer gratuitement à ce dispositif permettant de se tenir informé d’un vol commis sur une exploitation. L e Doubs reste encore relativement des équipements de valeur à la vue du épargné par la délinquance premier cambrioleur.” Sans nier aussi agricole, ce qui n’est pas toujours l’existence de réseaux de banditisme qui le cas dans d’autres départements. “Si même s’ils ne sévissent pas régulièrement l’on s’en tient uniquement aux vols dans le Doubs, sont capables de voler portés à notre connaissance, on enregistre des tracteurs et d’autres engins de taille chaque année entre 120 et 140 faits et importante. ceci en intégrant tout, y D’où l’idée d’étendre le La hantise de compris les vols de batteries dispositif d’alerte S.M.S. au de clôture”, explique le monde agricole. “C’est conçu l’agriculteur. commandant Oudot du sur le même principe que groupement de gendarmerie du Doubs. “S.M.S. commerces”, ou “S.M.S. Pas toujours signalés mais fréquents, les cambriolages”, complète le capitaine vols de carburant sont un peu la hantise Gosset, chef du bureau de sécurité de l’agriculteur. Ces actes sont la plupart publique au sein du groupement de du temps favorisés par ces mauvaises gendarmerie du Doubs. habitudes de tout laisser à la merci des Cet outil de prévention qui vise à créer voleurs. Insouciance ou négligence, c’est un lien de solidarité entre professionnels selon. “On sait aussi qu’il s’avère vite mobilise plusieurs partenaires. La compliqué de sécuriser les exploitations chambre interdépartementale agricoles. Ce n’est pas une raison non d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort plus pour tenter le diable et d’exposer a travaillé en collaboration avec les L’alerte S.M.S. est un outil pensé pour limiter les vols sur les exploitations. préfectures, la gendarmerie et la police nationale. Tous les adhérents victimes d’un vol commis en bande prévient les autorités en composant le “17” qui diffuse ensuite l’alerte par un S.M.S. à destination des autres agriculteurs. Le message indique succinctement les faits constatés, le lieu et les renseignements connus sur le ou les auteurs. Cet outil complète le travail de prévention mené sur les exploitations par les forces de l’ordre qui viennent volontiers prodiguer des conseils élémentaires de sécurité. Du bon sens avant tout. Ne pas laisser les clefs sur les tracteurs, positionner le matériel pour qu’il soit complexe à charger ou à démarrer pour un voleur. “C’est aussi une question de vigilance et de solidarité. Il ne faut pas hésiter à nous signaler quelque chose ou quelqu’un de suspect” ajoutent les forces de l’ordre. L’intérêt du S.M.S. alerte agriculteur réside dans la réactivité et la vitesse d’information. La synchronisation est parfois tellement efficace qu’elle a déjà permis d’interpeller les voleurs en flagrant délit. Le dispositif sur le Doubs devrait être mis en service tout prochainement. Un clic qui pourrait s’avérer fort utile. o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page6 6 ACTUALITÉ Reugney Elle n’a pas les deux fers dans le même sabot Sans complexe, avec tous les diplômes requis, Whitney Belin exerce à 25 ans la profession de maréchal-ferrant. Une vraie passion. H era, une solide jument de selle française croisée avec un comtois n’est pas toujours coopérante quand il s’agit de lui changer les fers. Méfiante, la bête qui pèse facilement ses 300 kg profite plutôt de son gabarit en pesant sur celui ou celle qui va s’occuper d’elle. “La dernière fois, on a même dû faire venir le vétérinaire car elle stressait trop. J’espère qu’aujourd’hui, cela va bien se passer. On renouvelle l’opération toutes les six à huit semaines”, explique Whitney Belin venue lui changer les deux fers des membres antérieurs. Après quelques caresses et paroles rassurantes, la jument bien tenue par sa propriétaire se laisse manipuler sans difficulté. Il faut d’abord ôter les anciens fers. Whitney qui porte des chaussures de sécurité pose la patte de l’animal sur un support, décolle le fer avant de l’arracher avec une grosse pince. Déjà un bel effort. Même manipulation pour l’autre patte. Avec un autre outil, elle enlève soigneusement la corne à l’intérieur, taille puis lime le contour du sabot. Hera se montre plutôt docile et sa pédicure ne traîne pas. Elle n’a pas hésité à investir dans l’aménagement d’une fourgonnette équipée de tout le matériel nécessaire : forge, meuleuse, enclume, outils, fers de toutes formes. Les nouveaux fers sont d’abord chauffés à blanc dans le four à gaz. Mis en forme sur l’enclume, ils sont refroidis et posés sous le sabot de l’animal avant de passer à la meuleuse pour la finition esthétique et orthopédique. Il ne reste plus qu’à clouer le fer en prenant garde à ne pas blesser la jument. Force et précision. Les pointes des clous sont ensuite coupées et ajustées à la forme extérieure du sabot. Whitney termine le travail par quelques coups de lime pour que rien ne dépasse. Travail d’orfèvre. “T’as vu ces belles chaussures”, lui glisse la maréchale-ferrante qui n’oublie pas une petite friandise. Originaire des Hautes-Alpes, cette passionnée de chevaux a d’abord suivi une formation en élevage équin avant de s’orienter vers la maréchalerie. Elle complète ensuite son C.A.P. en préparant en Suisse un certificat fédéral C - Whitney Belin s’est installée à son compte en mai dernier. La jeune maréchale-ferrante a investi dans l’aménagement d’un camion. de capacité ou C.F.C. toujours dans la même spécialité. Venue s’établir à Reugney où vit son compagnon originaire du coin, elle a décidé de se lancer dans le métier. “J’ai fait une étude de marché. Il y a du potentiel”, poursuit celle qui, pour l’instant, continue à exercer en matinée un autre emploi dans la messagerie. Histoire de conforter son assise financière. Comme la plupart des maréchaux-ferrants dans le Doubs, elle fait aussi du parage bovin. Plus qu’un complément, car cela représente aujourd’hui 60 % de son activité. o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page7 Des professionnels s’engagent pour vous apporter toute l’année la meilleure qualité possible de GnR avec le GNR Biofree (B zéro) Le GNR Biofree : Un Gazole non Routier sans EMAG Ce gazole non routier vous apportera la solution : - Aux contraintes liées aux propriétés détergentes et hydrophiles des EMAG qui ont la particularité de mettre en suspension lʼeau, les dépôts de fond de cuve favorisant ainsi la prolifération des bactéries. - Aux problèmes de stockage avec une durée de conservation du produit moins limitée dans le temps. - A la problématique des approvisionnements multiples liée à la saisonnalité du produit : TLF (température limite de filtrabilité) -20°C toute lʼannée. 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En plaine, on a plutôt cumulé les handicaps. Le printemps trop humide a dégradé la qualité du foin avec des valeurs faibles en azote et fortes en cellulose. On obtient du foin peu digestible et médiocre. Comme souvent quand la qualité n’y est pas, c’est la quantité qui l’emporte. Les rendements en première coupe ont été plutôt bons. “Les zones basses ont ensuite trop souffert du sec pour bénéficier de repousses d’herbe. La saison de pâturage s’avère assez médiocre. Au final, Moyenne des valeurs alimentaires des foins dans le Doubs (C.E.L. 25-90) M.A.T. (g/kg M.S.) C.B. (g/kg M.S.) U.F.L. (g/kg M.S.) P.D.I.N. (g/kg M.S.) P.D.I.E. (g/kg M.S.) 2015 88 320 0,66 55 68 2016 76 343 0,65 49 68 Printemps pourri, été trop chaud : la campagne fourragère 2016 ne restera pas dans les annales. on se retrouve avec un bilan fourrager pénalisé car il a fallu taper dans les stocks. Je comptais sur des repousses d’automne mais on a trop souffert du manque d’eau.” La situation est un peu plus encourageante sur les premiers plateaux avec une qualité sensiblement meilleure mais de fortes disparités en volume d’un secteur à l’autre. C’est encore en montagne qu’on a fait le meilleur foin. La qualité est là avec des foins où l’on a mesuré près de 10 % de matière azotée. Les montagnons ont aussi bénéficié de conditions idéales au moment des regains. En plaine comme sur les plateaux, personne ne se plaindra d’ailleurs de la qualité des regains même si la quantité n’est pas toujours là. Depuis la mise à l’herbe, les performances sont nettement plus mauvaises que l’année dernière. “On a perdu 1 kg par vache et par jour, soit une baisse de 4 % à 5 %, par rapport à l’année 2015 sur la période allant d’avril à septembre. Sur une année complète, on sera aussi en dessous.” Pour mémoire, l’année 2015 se situait dans les moyennes. Les perspectives d’hivernage s’inscrivent sur la même tendance. En plaine avec des foins très cellulosiques et faibles en énergie, il faudra compléter la ration en azote soluble et en énergie fermentescible. Quoi qu’il en soit, on restera en dessous des performances de l’an dernier dans les systèmes A.O.P. Les caractéristiques du foin récolté en zone montagne vont permettre de faire fonctionner le rumen. L’agronome prévoit également une baisse de performance de l’ordre d’un kg par vache et par jour. Doit-on en conclure que la situation est dramatique, ou pas ? “Ce sont des variations logiques sur des systèmes fourragers basés sur l’herbe. A contrario et pour l’instant, on a des retours assez positifs sur le plan de l’appétence des foins, ce qui n’était pas le cas en 2007. Les vaches mangent bien.” o LEVIER Tél 03 81 86 61 89 Email : [email protected] Site : www.garnier-ma.fr DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page9 DOSSIER 9 LA FILIÈRE LAIT STANDARD DANS LE DOUBS Le Doubs ne se résume pas au comté. On recense encore quelques centaines d’exploitations sur des systèmes combinant lait standard, viande et céréales. Comment se porte cette filière dans le Doubs ? Beaucoup n’ont pas attendu la crise pour s’engager vers des valorisations en bio ou en pâtes molles. D’autres revendiquent aussi le droit de continuer à produire comme on les a encouragé à le faire. Analyse Quand l’avenir du lait standard s’inscrit dans l’instabilité La “filière” lait standard rassemble aujourd’hui quelques centaines d’exploitations installées pour l’essentiel en plaine et sur des systèmes en polyculture. Une filière encore axée vers la valorisation fromagère qui semble moins sensible aux aléas des marchés beurre-poudre. L e Doubs reste largement orienté redistributions laitières. Cette mesure a vers une production fromagère précédé la fin des quotas. Au final, on sous A.O.P. Plus de 85 % des a vu plus d’exploitations se tourner vers volumes de lait sont transformés le lait et abandonner d’autres productions en comté, morbier, mont d’or… Les comme les ateliers viande.” Le lait exploitations en lait standard ont subi standard dans le Doubs est positionné les effets conjugués de la restructuration sur des transformations fromagères qui et de l’intensification. Conséquences, lui permettent d’échapper, dans une toutes tailles d’exploitation moindre mesure, aux variations Gérer confondues, leur nombre est passé des cours mondiaux le risque. de 534 à 303 en 15 ans, soit une beurre-poudre. La présence dans baisse de 43 %. “Elles sont situées le département des à plus de 80 % en plaine. Certaines sont transformateurs comme Milleret, Mulin, spécialisées en lait mais la plupart sont L’Ermitage offre ainsi des alternatives en polyculture sur des systèmes appréciables en période de crise. Ce qui combinant lait, viande et céréales”, ne signifie pas pour autant que tout va indique Pierre-Emmanuel Belot, de mieux dans le Doubs. “L’année 2016 l’institut de l’élevage. Les chiffres restera une année catastrophique pour d’évolution du cheptel laitier comparés la filière lait standard qui n’a pas pu se aux U.G.B. mettent en évidence l’impact rattraper sur les céréales.” Plusieurs de la fin des quotas. Le nombre de vaches explications à la baisse de 9 diminue de 4 000 têtes et celui des 000 hectares de S.A.U. depuis 2000 en U.G.B..baisse de 11 000. “Les vaches lait standard. Bien avant la fin des quotas, se sont plutôt bien maintenues. En 2013 des exploitations avaient fait le choix et 2015, la région a bénéficié de grosses de partir complètement en céréales et d’abandonner les contraintes du lait. “Cette diminution reflète aussi la disparition de surfaces agricoles au profit de l’urbanisation, notamment autour des grandes villes”, poursuit Pierre-Emmanuel Belot en y ajoutant les reconversions vers les filières A.O.P. Si au C.I.G.C. on enregistre quelques demandes supplémentaires depuis la crise, on est loin du raz de marée. “On ne change pas si facilement de système de production. Le candidat devra aussi trouver la fruitière qui sera en mesure de l’accueillir. On s’inscrit davantage dans une reconversion planifiée avec une dizaine de nouvelles exploitations qui rejoignent chaque année la filière comté”, précise Claude Nombre d'exploitations Nombre de vaches laitières U.G.B. total Somme des quotas SAU totale Vermot-Desroches, le président du C.I.G.C. Quel avenir pour les producteurs de lait standard dans le Doubs ? Très compliqué de se projeter. Seule certitude, cette filière rentre dans une ère d’instabilité des volumes produits et des marchés. L’espoir subsiste. Quelques signaux semblent annonciateurs d’une reprise des marchés. “Les exploitants vont devoir apprendre à travailler dans cette logique aléatoire en gérant la production, les investissements de façon à ne pas être trop fragilisés lors des crises. La question de la trésorerie sera essentielle. Je pense que cette filière va vivre une vraie révolution dans la façon de gérer le risque d’une mauvaise année”, conclut Pierre-Emmanuel Belot . o 2000 2015 19 962 15 964 106 664 884 100 871 861 534 39 610 47 700 303 28 029 38 996 Source D.R.A.A.F. - S.R.I.S.E. 10 DOSSIER Crise laitière “On a arrêté l’hémorragie” S’il affiche sa satisfaction à l’issue des accords âprement négociés par les producteurs laitiers avec Lactalis, Martial Marguet, le président de la section lait à la F.D.S.E.A. du Doubs reste réaliste et exhorte à la mise en place d’une vraie stratégie de filière. Entretien. L e Doubs Agricole : Peut-on considérer que ces accords suffiront à sauver la filière lait standard ? Martial Marguet : Ils n’inverseront pas la tendance observée depuis plusieurs décennies. En 1984, on recensait 440 000 producteurs laitiers en France. Ils n’étaient plus de 67 200 l’an dernier et les prévisions tablent sur 30 000 en 2040. On se rend compte que les statistiques se vérifient toujours. Conséquence de cette évolution : des paysages entiers vont être transformés. Ce ne sera peut-être pas le cas dans notre région vu le dynamisme des filières sous signe de qualité. Cette crise a également mis en lumière le rôle de l’interprofession laitière qui semble un lieu essentiel de discussion pour définir des orientations. F.N.S.E.A. et J.A. étaient parfaitement dans leurs rôles. LDA : C’est donc une victoire syndicale ? M.M. : En tout cas une victoire collective. Quand on est uni, on arrive toujours à faire bouger les lignes, à faire admettre à Lactalis que la pression syndicale apporte une solution. Ce qui a été obtenu par les producteurs aura un impact qui s’étend bien au-delà de Lactalis. Ne soyons pas dupes, on sait aussi que le prix fixé est insuffisant, qu’on est toujours sous les coûts de production mais cela a néanmoins permis d’arrêter l’hémorragie. Rappelons qu’il s’agit d’une crise laitière européenne. Il faudrait pouvoir dégager encore des aides à la non-production. Jusqu’à présent, on a réduit de 180 000 tonnes, soit 3 % de production en moins. “Il faut éviter à tout prix un plan massif de conversions”, souligne Martial Marguet, entre autres président de la section lait à la F.D.S.E.A. du Doubs. Saône-et-Loire. On enregistre beaucoup d’inquiétudes autour de cette problématique. Il faut être vigilant. Le bio reste une niche. Les produits bio ne sont pas forcément accessibles à tous les LDA : Qu’en est-il de l’évolution des consommateurs. Les aides qui avaient été mises en place pour accompagner les prix à court terme ? M.M. : On nous a annoncé 300 euros conversions ne sont plus d’actualité. Il la tonne en décembre. Cette faut éviter à tout prix un plan dynamique se répercutera en massif de conversions. Les “Il y avait 2017 avec des prix plus entreprises qui transforment urgence.” encourageants. Il y avait urgence en bio sont aussi sur la et malgré tout, des gens arrêteront le lait, défensive. c’est sûr. LDA : On évoque souvent la sortie des LDA : Que pensez-vous des conversions quotas pour expliquer la situation, vrai en bio ? ou faux ? M.M. : J’ai rencontré récemment une M.M. : Ce n’est pas la cause essentielle. association de 2 600 producteurs bio en Elle se conjugue avec une production qui a explosé dans le monde entier. LDA : D’où l’intérêt de mieux contrôler la production ? M.M. : Le groupe Lactalis propose de nouveaux contrats. Les entreprises de transformation ont conscience qu’il faut une régulation des apports de lait, à la hausse comme à la baisse. Si on a un peu de bon sens, il faut juste tendre vers l’adéquation entre l’offre et la demande. LDA : Vous parlez de stratégie de filière, plus facile à dire qu’à faire ? M.M. : Non, si on en a la volonté. Vis-à-vis des transformateurs, on est toujours le petit de quelqu’un. LDA : Peut-on changer selon vous les habitudes de consommation alimentaires ? M.M. : Oui, mais cela suppose qu’il faut peut-être produire différemment, avec une bonne communication, des entreprises qui jouent le jeu. Alors là, on aura les marges de production. Regardez comment les Américains ont reboosté la consommation de beurre. Relancer la consommation implique aussi de donner du sens à l’intérêt de consommer français. Il y a quand même un équilibre alimentaire à respecter où tous les produits ont une place, y compris les produits laitiers. LDA : Il y a toujours de l’avenir pour le lait standard en France ? M.M. : Bien sûr, mais il faudra que notre agriculture continue à se moderniser. o Propos recueillis par F.C. P U B L I - I N F O R M AT I O N DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page10 P U B L I - I N F O R M AT I O N DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page11 Pailleuse 100% automatique, 100% confort Les établissements Coste ont installé une pailleuse automatique Strohmatic au G.A.E.C. du Séquoia situé à Arçon dans le Haut-Doubs. La machine de marque autrichienne Schauer participe au bien-être animal et humain en libérant aussi du temps de travail sur l’exploitation. L e container où sont introduites Avec un mois de recul, l’agriculteur les bottes de paille pour être semble très satisfait du produit et de ses démêlées et broyées a trouvé avantages. Il souligne d’abord : “Cela sa place dans le hangar de apporte un confort inégalable pour les stockage aménagé dans le prolongement bêtes. Comme tout est automatisé, le de la stabulation et de la fumière couverte. paillage se fait de façon plus régulière Le chargement s’effectue à la fourche et homogène. Aujourd’hui, on lance le du tracteur. “On passe une grosse botte dispositif deux fois par jour alors par jour tant que les bêtes sont encore qu’auparavant on fonctionnait de façon aux champs. On doublera le chargement mécanique en paillant tous les trois quand elles seront rentrées”, jours.” Le container qui “Un confort indique Florent Henriet. Ce peut aussi accueillir des inégalable pour dernier est associé avec son balles rondes est relié au les bêtes.” cousin Fabien, son père broyeur qui permet Séraphin et son oncle d’obtenir de la paille de 2 Jean-Marie sur une exploitation à à 8 cm. Très important : il est équipé 800 000 litres de lait livrés et transformés d’un piège à cailloux et surtout d’un en comté à la coop de la Brune. Le aspirateur à poussière très efficace qui G.A.E.C. du Séquoia soigne un troupeau débarrasse la paille de nombreuses de 130 vaches laitières regroupées avec impuretés. Lesquelles sont évacuées vers les génisses et les veaux dans le même la fumière attenante. Selon les bâtiment en logettes. installations, elles peuvent être stockées Le container peut accueillir des balles rondes ou carrées. dans des manchons. “Ce séparateur à l’espace réservé aux vaches, l’autre est poussière limite le développement dédié aux génisses et aux veaux. Les microbien et assainit l’ambiance à circuits comprennent une sortie entre l’intérieur de la stabulation”, précise deux logettes équipées ou pas de Jean-François Girard, répartiteurs simples ou doubles. “Tout technico-commercial chez Coste. dépend le niveau de précision attendu Sécurité oblige, le container dispose de et s’il faut pailler une ou deux travées.” détecteurs d’incendie tout comme on À chaque sortie, les brins s’amoncellent trouve des détecteurs d’étincelles et de au sol formant des petits tas vite étalés température aux endroits les plus chauds. par les bêtes qui prennent beaucoup de La paille broyée et nettoyée est ensuite plaisir à se vautrer dans cette paille toute acheminée par une chaîne à pastilles neuve. “Il faut compter quelques jours dans les deux circuits de distribution pour que se forme un matelas sous les montés au-dessus des bêtes. Chacun bêtes.” L’automatisation du paillage mesure 200 m de long. L’un couvre permet également des économies de main-d’œuvre ou libère du temps pour effectuer d’autres opérations. “Le gain peut varier de 1 heure à 1 h 30 par jour selon la taille et la configuration des exploitations.” Le système n’a aucun impact sur les effluents. Contribue-t-il à améliorer les performances laitières du troupeau ? “On observe sans le prouver des effets assez qualitatifs mais c’est encore trop tôt pour confirmer des améliorations”, note Florent Henriet. Comme toute machine paramétrée de façon électronique, la pailleuse Strohmatic a aussi quelques exigences pour donner son meilleur rendement. “On a besoin d’une qualité de paille régulière pour éviter de changer les réglages. L’entretien est assez simple avec quelques points de graissage, vérifier la tension de chaîne et vider le piège à cailloux”, conclut Jean-François Girard. o La paille descend le long des répartiteurs. COSTE 10, rue de la fauconnière 25160 OYE ET PALLET 03 81 89 40 90 COSTE ZA LES MORTURES 25510 PIERREFONTAINE LES VARANS SEMAG ZI rue Roger Thyrode 39800 POLIGNY COSTE ROUTE NATIONALE 25110 SECHIN COSTE ZA LES SORBIERS 25410 DANNEMARIE SUR CRETE SEMAG 1, route de St Claude 39150 ST LAURENT EN GRANDVAUX COSTE 5, rue des Pinsons ZA LES BUTIQUES 25210 LE RUSSEY Découvrez notre nouveau site internet : www.groupecoste.com DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page12 12 DOSSIER Soutien L’A.P.A.D. 25 solidaire des paysans en difficultés Cette association suit chaque année une trentaine de situations délicates dans le Doubs en privilégiant l’écoute et avec l’objectif de mettre en place un accompagnement personnalisé. L’ euphorie du comté ne doit pas masquer les difficultés d’une profession souvent en tension. “On déplore trois suicides par semaine chez les agriculteurs. Le nombre a doublé depuis 2008 et on est toujours sur cette dynamique. Peut-on alors parler de crise quand cela devient perpétuel ? La fin des quotas n’a rien amélioré”, explique Michel Cartier, administrateur à l’Association Partenaire des Agriculteurs en Difficulté 25. Laquelle association a vu le jour en 1992 suite à l’instauration de pénalités sur les petits producteurs. En 25 ans, la mission n’a pas changé. L’A.P.A.D. s’est fixé pour objectif d’intervenir en accompagnant des personnes et des familles par une écoute et un soutien moral. Elle se positionne dans la recherche de solutions techniques et juridiques pour sauvegarder les structures agricoles en situation délicate. Ce double accompagnement est un fondement de l’association car tout projet agricole est avant tout un projet de vie. “On répond à tous les appels quelle que soit la taille, la production. On agit en toute confidentialité avec un large réseau de partenaires, en particulier la M.S.A. Quand les personnes ne sont plus autonomes dans les décisions, la fragilité est encore plus grande”, note Ferjeux Courgey qui préside l’A.P.A.D. 25. Les dirigeants, s’ils ont la volonté d’œuvrer en partenariat avec les O.P.A., ne sont pas forcément en phase avec leurs pratiques. “On craint leur gestion de crise en triant les exploitations sur les seuls critères de viabilité.” L’A.P.A.D. s’oppose à certaines mesures gouvernementales par trop discriminantes. Michel Cartier cite l’exemple des agriculteurs en difficultés n’ayant pas touché les allégements de charge M.S.A. distribués de façon proportionnelle en pénalisant, in fine, Michel Cartier et Ferjeux Courgey s’inquiètent des conséquences de la dynamique du comté. ceux qui en avaient le plus besoin. Même Michel Cartier en regrettant que chose avec l’aide à la diminution de la l’agriculteur “fiché” n’ait plus droit production laitière dont sont exclus aux prêts bancaires. tous ceux qui sont en procédure L’A.P.A.D. 25 s’appuie sur un réseau judiciaire. “L’an dernier, Solidarité composé d’une vingtaine de bénévoles paysanne a réussi à obtenir les avances aux compétences diverses. Le processus à la trésorerie.” de précarité s’enclenche toujours avec Depuis sa création, l’A.P.A.D. a une certaine inertie. “À chaque début accompagné environ 200 familles. de crise, on n’enregistre pas une “Beaucoup s’en sont sortis. Certains recrudescence des difficultés. Elles sont partis pour être remplacés par surviennent ultérieurement.” La situation d’autres. On n’a jamais cherché à d’un agriculteur en difficultés relève de analyser le profil des plusieurs facteurs humains, “Trois agriculteurs en difficultés. Je professionnels, sociaux, ne pense pas qu’on puisse tirer techniques. suicides par un portrait-robot.” L’accompagnement peut semaine.” Michel Cartier et Ferjeux parfois s’étaler sur plusieurs Courgey s’inquiètent des conséquences années. Il prend parfois la forme de de la dynamique du comté. “On craint médiation pour régler des problèmes qu’il y ait de la casse au niveau des relationnels entre associés de G.A.E.C. producteurs qui partent sur des “On intervient souvent en situation de investissements gigantesques. On divorce. Quand on se retrouve dans dénonce aussi la politique de cette configuration, certains croient que défiscalisation qui accroît le problème leur exploitation ne vaut plus rien que de l’endettement. Cette politique va à de finir chez les voisins. C’est loin d’être l’encontre de l’impôt et de la M.S.A. la seule issue. On peut souvent installer C’est une perte de solidarité”, estime quelqu’un d’autre sur la ferme.” o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page13 13 Montbéliard Fromagerie de Montbéliard : retour d’expérience Cette jeune coopérative qui regroupe 8 producteurs et emploie 12 salariés est toujours en phase d’expérimentation commerciale sur une zone à fort potentiel, mais très concurrentielle. La fromagerie occupe l’ancienne ferme Graber, famille à l’origine de la race montbéliarde. D ans le Doubs, les alternatives au lait standard sont assez limitées avec quelques ouvertures possibles mais limitées vers l’A.O.C. morbier, la conversion bio et la vente directe. “En 2014, on a profité de la fin des quotas qui offrait l’opportunité de créer des circuits courts sans enlever des volumes de lait sur les exploitations”, rappelle André Alix, le président de cette nouvelle coopérative en rien comparable avec les fruitières à comté qui s’appuient sur une filière séculaire et particulièrement bien structurée. Huit producteurs laitiers du pays de Montbéliard ont ainsi pris le risque d’investir près d’1 million d’euros dans l’équipement d’une fromagerie aménagée sur la zone du Pied des Gouttes dans l’ancienne ferme Graber, famille précurseur de la race montbéliarde. Tout un symbole. Ce bâtiment appartient à l’agglomération Pays de Montbéliard qui a financé la rénovation et loue les locaux aux producteurs. “C’est vrai qu’on a été bien accompagnés. On règle un loyer mensuel de 5 000 euros. Ce n’est pas un cadeau même si l’emplacement répond aux attentes”, ce marché se fournit régulièrement chez souligne André Alix à l’intention des nous. Cela a pris du temps mais on y mauvaises langues estimant que ce projet est parvenu. On travaille également avec était par trop soutenu. la cuisine centrale Estredia. On a l’outil Décision a d’abord été prise de créer une pour assurer de grosses commandes.” large gamme de fromages avec des pâtes Toujours dans cette logique de molles, des pâtes pressées comme le diversification, la fromagerie de morbier, la raclette ou la tomme des Montbéliard tente sa chance sur Rungis. princes à l’ail des ours et des pâtes pressées Succès mitigé. “On n’a aucune lisibilité. demi-cuites. Sans oublier les produits C’est encore très fluctuant dans la gestion laitiers. “On est encore en d’activité.” Le site de vente “L’avenir, phase de démarrage et certaines en ligne fait toujours du de nos spécialités ne sont pas c’est d’abord surplace. Pour autant, aucun encore assez connues. Il ne faut des huit producteurs n’a quitté conforter jamais s’affoler.” l’aventure. La prudence reste l’existant.” La question de la de mise. “On ne fanfaronne commercialisation est encore loin d’être pas, surtout qu’on doit rembourser entre réglée. En 2015, la fromagerie tente 10 000 et 12 000 euros d’emprunts l’expérience d’ouvrir un second magasin chaque mois.” La fromagerie transforme à Offemont. Sans grande réussite. “On le même volume depuis sa création, soit n’est pas sûr de renouveler le bail.” Elle environ 600 000 litres de lait par an. cherche aussi à se positionner dans la “C’est une équation difficile à résoudre grande distribution et découvre la guerre entre fabrication et rentabilité. On peine des prix. “Nos produits sont parfois souvent à cerner les limites en sachant vendus 30 % moins chers en grande qu’on est limité par les capacités de surface. On s’est juste fixé comme règle stockage.” de pratiquer les mêmes tarifs pour tous Pour autant, les producteurs n’ont pas nos revendeurs.” trop à se plaindre puisqu’ils touchent André Alix compte bien s’imposer parmi 460 euros par 1 000 litres. Volet plus les fournisseurs de la restauration délicat : le personnel, avec des difficultés collective. Un marché non négligeable à maintenir les effectifs en place surtout sur une agglomération de 300 000 en fabrication. “On a beaucoup de habitants. “Le Conseil départemental turn-over. Dans la région, les fromagers pousse pour favoriser la mise en place sont souvent axés sur une ou deux des circuits courts dans les cantines fabrications alors qu’ici on est beaucoup scolaires. L’A.D.A.P.E.I. qui contrôle plus diversifiés et c’est parfois plus compliqué à gérer.” Alix André n’est pas du genre à tirer des plans sur la comète. “L’avenir, c’est “On est toujours motivé par la d’abord conforter l’existant. Monter fierté d’y arriver”, explique André progressivement en volume. On est Alix en montrant toujours motivé par la fierté d’y arriver la dernière pâte molle mise au et le souci de ne jamais succomber à la point par la fromagerie. facilité.” o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page14 14 DOSSIER Soye “C’est le terroir qui parle” Après seize ans en agriculture conventionnelle, le G.A.E.C. de la Garenne, à Soye, s’est engagé vers la conversion bio dans un souci d’autonomie alimentaire. Sans regret. E st-on capable de produire du sans alimentation extérieure. La lait à 200 euros la tonne ? Pour production est calée sur la capacité du François Ciresa, la réponse ne terroir à produire. On voulait pouvoir semble faire aucun doute. dire stop aux avances de paiement sur “Sinon, il faut se diversifier. On a besoin les engrais dans lesquelles on se retrouvait de réinventer nos filières, de se poser les pieds et poings liés.” L’autonomie avant bonnes questions.” tout. Le bio ne rime pas toujours avec Originaire du pays de Montbéliard, cet proximité. Le lait produit à Soye est agriculteur est venu avec son épouse consommé dans la Somme. “On adhère reprendre une ferme à Soye. En 1992, toujours à l’U.A.C. qui n’ayant pas de le couple s’est associé avec un voisin, filière bio fonctionne en échange de lait David Perriguey pour former le G.A.E.C. avec Lactalis.” Pendant cinq ans, le de la Garenne. “Au départ, on faisait G.A.E.C. de la Garenne a pleinement du lait standard avec de l’ensilage maïs bénéficié de l’effet ciseau avec une et 3 kg de tourteaux dans la diminution de ses charges et ration. On était producteurs de l’augmentation régulièrement 5 600 lait et cela s’arrêtait là. On n’avait du prix du lait bio. “Aujourd’hui, litres par aucune maîtrise sur le produit. on est autour de 410 euros la vache. D’où l’envie de se réapproprier tonne, soit une centaine d’euros le reste.” au-dessus du lait standard. Le seuil La crise laitière en 2008 va accélérer la d’équilibre sur une exploitation comme mutation de l’exploitation vers le bio en la nôtre se situe près de 340 euros la se fixant comme objectif l’autonomie tonne. En 2014, le prix était monté fourragère. Pas forcément une question jusqu’à 500 euros la tonne.” de conviction, du moins pour François Toutes les mentalités ne sont pas prêtes Ciresa, mais la recherche d’un à subir les contraintes de la conversion fonctionnement plus naturel. “À 350 m bio. En s’engageant dans cette démarche, d’altitude, on doit pouvoir faire du lait il faut accepter que le niveau du tank En 2008, François Ciresa et David Perriguey ont décidé de partir en bio dans un souci d’autonomie alimentaire. baisse et que les bêtes soient moins prolifiques. “On est sur une production annuelle de 5 600 litres par vache. Il faut savoir se remettre en cause et accepter le regard des autres.” Le G.A.E.C. qui soigne un troupeau de 80 vaches laitières consacre 25 à 30 hectares dans la culture de céréales destinée à l’alimentation des bêtes. “On a aussi la chance d’avoir une centaine d’hectares regroupés autour de la ferme même si cette spécificité n’a rien d’aléatoire car on a investi en conséquence.” L’année 2016 est marquée par la mise en place du séchage en grange. Cet équipement signe la fin des enrubannages d’herbe. Un gros investissement concède François Ciresa qui n’exclut pas d’ouvrir un autre atelier à plus long terme. Une façon comme une autre de se projeter dans l’avenir. “On doit aussi faire en sorte que l’outil soit transmissible et que ceux qui nous remplaceront puissent en vivre. Il faut sortir du cliché bio des années soixante-dix. Aujourd’hui, les producteurs bio font partie intégrante de l’agriculture.” o * * * * *Voir conditions en concession DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page15 15 Conversion bio Les producteurs laitiers modérément attirés par le bio La vague bio observée dans l’Ouest depuis quelques années n’a pas franchement inondé les exploitations laitières du département. D epuis cinq ans, le nombre d’exploitations laitières dans le Doubs en bio ou en conversion bio reste assez stable et serait même en légère régression. On en dénombrait 92 en 2011 contre 87 aujourd’hui. Moins de fermes mais plus de bêtes puisqu’au niveau des têtes de bétail, le cheptel Année 2011 2012 2013 2014 2015 Nombre d’exploitations 92 92 92 88 87 évolue de 4 161 à 4 309, soit un solde positif de 148 vaches. Idem pour les surfaces fourragères bio qui progressent de 98 hectares, passant de 1 670 à 1 768 hectares. “On se situe quand même sur une dynamique globale positive même au niveau des exploitations car il faut prendre en compte les départs en Nombre de têtes bio 4 161 4 238 4 434 4 341 4 309 Cultures fourragères Surfaces A.B. 1 670 1 707 1 741 1 638 1 768 Le nombre d’exploitations bio dans le Doubs est en stagnation (photo archive LDA).. retraite”, indiquent de concert Pauline consommation de lait et de produits Leblanc et Christian Faivre, chargés de laitiers frais progresse plus vite que celle la mission bio à la Chambre des fromages bio.” d’Agriculture. La procédure de conversion est également On enregistre en moyenne chaque année plus compliquée chez un producteur dans le Doubs entre 15 et 20 demandes laitier qui aura besoin d’avoir au de conversion à l’agriculture préalable l’aval de sa laiterie La tradition biologique. Elles concernent ou de sa coopérative s’il veut des installations dans le que son lait puisse être fromagère maraîchage et les plantes transformé et commercialisé prédomine aromatiques, la viande bovine, en bio. L’exemple du Doubs encore. l’élevage ovin, ou caprin. ne reflète pas la situation Durant les cinq dernières années, la régionale. Sur la même période filière lait fut peu concernée. À cela d’observation en Haute-Saône, le cheptel plusieurs raisons et notamment la laitier bio a progressé de 22 % contre tradition fromagère qui prédomine 3 % dans le Doubs, progressant de 3 097 encore dans ces filières que ce soit en à 3 805 bêtes. o Source : Agence Bio/-O.C. lait standard ou A.O.P. “La Maçonnerie agricole Aménagement de batiment existant Fosse circulaire Fosse sur caillebotis Fumière Silo 7 Rue de lʼEglise - 70700 MONT-LES-ETRELLES Fax 03 81 58 90 77 - [email protected] Port. 06 37 16 51 06 - Tél. 06 86 75 17 85 DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page16 16 DOSSIER Mercey-le-Grand “Ce qui nous a maintenus, c’est la production” Le G.A.E.C. Bonnefoy cherche toujours à rationaliser la production. Installé en G.A.E.C. avec son épouse sur une exploitation en lait standard-céréale, Christophe Bonnefoy a toujours investi pour augmenter sa capacité de production. Stratégie. À chaque terroir, ses standards. “C’est très compliqué de faire du foin chez nous. On exploite des terres profondes qui s’avèrent souvent trop humides en période de foins. On aura rarement la qualité. Ici, le maïs, c’est plus sécurisant”, explique Christophe Bonnefoy également vice-président de la section lait à la F.D.S.E.A. du Doubs. Le G.A.E.C. Bonnefoy qui emploie un salarié à mi-temps produit 700 000 litres de lait, collecté par la fromagerie Mulin à Noironte. Laquelle fédère une centaine de producteurs et transforme environ 50 millions de litres de lait. “Le lait Mulin apporte une plus-value, de par une fabrication en constante augmentation de produits locaux. En 2016, on a touché environ 300 euros de prix de base pour 1 000 litres. On a besoin de plus mais on est tout de même au-dessus des grosses laiteries nationales.” Une partie des céréales sert à l’alimentation du troupeau et le reste est stocké avant d’être mis en vente en fonction des opportunités du marché. Christophe Bonnefoy s’emploie à comparer la situation à vingt ans d’écart. “On touchait à peu près le même prix de lait en 1995 quand je me suis installé. À l’époque, un mécanicien coûtait 18 euros de l’heure contre 50 euros aujourd’hui. Pour une journée complète de travail, là où il fallait traire matin et soir 20 vaches, on passe à 50 vaches.” Dans ces circonstances, l’agriculteur climatiques peu propices aux céréales, implanté au village de Cottier sur la le G.A.E.C. Bonnefoy a beaucoup misé commune de Mercey-le-Grand a cette année sur l’ensilage maïs. “Les privilégié la rentabilité. “On a cherché anciens disaient qu’il fallait toujours à augmenter la production par U.T.H. avoir une année d’avance.” Quand on est parti dans cette démarche, Si les prix du lait ont peu évolué en vingt on ne sait jamais où s’arrêter. Il y aura ans, il reconnaît l’amélioration des toujours des pays qui produiront moins conditions de travail et les gains cher que nous, donc si on veut d’efficacité avec du matériel garder des exploitations à de plus en plus performant. “Je veux taille humaine, c’est à la Sur le plan social, il estime que bien qu’on France de mettre en place une le retour des épouses, nous parle politique de soutien aux conjointes sur l’exploitation, de baisse des 65 000 producteurs de lait constitue un facteur de progrès charges…” français. Je veux bien qu’on pour l’agriculture. nous parle de baisse des Dernier point et non des charges mais il y a longtemps qu’on y moindres, il serait temps de revoir la a réfléchi sans que cela soit la seule fiscalité agricole. “On devrait avoir la solution. On a plutôt fait le pari de possibilité de mettre de l’argent de côté consolider le système afin de diluer les les bonnes années sans pour autant être charges de structure.” pénalisé fiscalement. Aujourd’hui, le Parmi les facteurs de progrès, il distingue système nous oriente davantage vers le l’intérêt d’utiliser de la semence sexée renouvellement du matériel alors qu’on qui apporte de l’efficacité dans la gestion pourrait renforcer nos trésoreries en du troupeau. Vu les conditions adaptant la législation.” o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page17 Autechaux 17 Pour la reconnaissance du lait pâturé Producteur de lait bio, Claude Garneret part en croisade contre une enseigne de la grande distribution qui commercialise du lait de consommation sous la marque “Pâturages” sans que rien ne garantisse cette provenance. Il mène son combat sous la bannière de la Confrérie du pâturage français. “O n n’a rien contre le lait industriel. On souhaite simplement se différencier de ceux qui ne pratiquent pas le pâturage”, explique ce producteur qui travaille avec le soutien de son épouse sur une exploitation de 300 000 litres de quotas laitiers. Soit un troupeau de 40 à 50 vaches laitières. Toute sa production part chez Lactalis. “Même en bio aujourd’hui, le prix du lait, ce n’est pas ça… Il est indexé sur celui du lait standard avec un coût d’aliment plus élevé. Je suis ravi d’être en bio mais comme nos produits ne sont pas assez valorisés, on est contraint de faire des économies sur le matériel, on a du mal à investir”, estime ce fervent défenseur du pâturage, de “la vache qui Spécialiste de votre bâtiment SUR-MESURE broute”. Pour lui, il n’y a pas de comparaison possible. Le lait zéro pâturage est plus pauvre, néfaste au bien-être animal et à l’environnement. Tout le contraire du lait pâturé riche en Oméga 3, profitable aux bêtes et à la santé de ceux qui en consomment. D’où cette colère face à ce qu’il considère comme un vol d’identité, une tromperie. “La marque Pâturages qui se veut porte-drapeau du lait français ne peut apporter aucune garantie sur le fait que ce produit provient en totalité d’exploitations pratiquant le pâturage.” Avec quelques autres producteurs, il a créé la Confrérie du pâturage français ouverte à tous les agriculteurs et consommateurs qui se reconnaissent Claude Garneret tire la sonnette d’alarme et réclame une différenciation entre ceux qui font du lait pâturé et les autres. dans ce lien au terroir. “On a informé de notre démarche tous organismes agricoles et les élus jusqu’au préfet et au ministre. À ce jour, on n’a toujours pas eu de réponse. On va déposer plainte contre l’enseigne en question.” Stop à la publicité mensongère. Stop à la mise à mort des petits producteurs au profit des grosses exploitations qui utilisent l’image du pâturage avance-t-il. “Il n’y a pas d’écart de prix entre les deux laits. On demande une revalorisation de 10 centimes pour le litre de lait pâturé par rapport au lait industriel.” Suite à la mise en place de la Confrérie, Claude Garneret indique avoir été assailli de messages de soutien d’autres producteurs et de consommateurs. Il s’étonne aussi de ne pas avoir été suivi par les syndicats en notamment celui où il adhère depuis des lustres, à savoir la F.D.S.E.A. “On aimerait qu’il nous soutienne. On reste encore diplomate mais on est prêt à durcir le combat si rien ne bouge. Il me reste encore 15 ans à faire et je ne vais pas changer mes façons de faire. J’aime mon métier. Maintenant, je n’ai plus le choix et je n’ai pas envie non plus de me laisser marcher sur les pieds.” o Pour le confort de l’exploitant et le bien-être de l’animal Stabulation - Bloc technique nurserie - Fumière - Abris matériels - Extension bâtiments Stockage avec cellules et séchage par capteur solaire... Tél. 03 81 43 55 14 Fax. 03 81 43 62 18 Port. 06 81 63 38 01 18 ACTUALITÉ Ouhans Plus de lin, moins de méthane En Franche-Comté, une cinquantaine d’exploitations adhèrent au programme Éco-méthane qui vise à réduire les émissions de méthane des vaches en ajustant une ration riche en Oméga 3. Témoignages. E n matière de conduite d’élevage, il n’existe pas d’algorithme universel. Chaque exploitation résout l’équation comme elle entend en prenant en compte ses contraintes et ses objectifs. Au G.A.E.C. de la Damette situé sur la commune d’Ouhans, on mise sur la qualité du lait et la santé du troupeau. “On a le souci d’avoir du lait qui se travaille facilement. Ce que l’on donne en ration correspond à ce que la vache demande. On veut maintenir les taux et avoir le moins de cellules possible”, résume Gilles Descourvières. Ce dernier est associé avec son frère Daniel et son neveu Nicolas Tournier sur une exploitation à 293 000 litres de lait à comté. Ils sont sociétaires de la fruitière des Sources de la Loue, fusion des coopératives d’Évillers, Ouhans et Fallerans. Le G.A.E.C. de la Damette, qui soigne une quarantaine de vaches laitières, adhère depuis trois ans au programme Éco-méthane animé par les établissements Chays Frères à Avanne. “Éco-méthane consiste à prédire la réduction des émissions de méthane en utilisant une équation reposant sur la mesure du profil en acides gras du lait. On peut ainsi établir une corrélation entre le taux de méthane et les acides gras saturés, simplifie Hervé Belot, responsable commercial aux Éts Chays-Moulin Nicolas Tournier, Gilles et Daniel Descourvières apprécient de pouvoir concilier la santé du troupeau et l’impact environnemental d’une alimentation permettant de diminuer la quantité de méthane issue de la rumination. Une alimentation riche en Oméga 3 permet de réduire de façon significative les émissions de méthane. 10,7 T CO2 économisés Au 28 septembre, le compteur Éco-méthane du G.A.E.C. de la Gamette montrait que l’exploitation avait économisé l’équivalent de 10,7 tonnes de CO2, soit 157 653 km de voiture non parcourus. 154 653 Kms de voitures non parcourus d’Avanne. Ce programme s’appuie sur bénéfices sont tout aussi appréciables et un outil de pilotage de ration baptisé rentables”, constate au quotidien Gilles Visiolait. Cet outil mesure diverses Descourvières. paramètres : efficacité laitière, protéique, Plus de production laitière, davantage rumination, immunité, fertilité, de réussite en insémination, moins de méthane… On analyse le lait pour que risque de maladies métaboliques, sans la vache soit à l’optimum au niveau du parler des bénéfices environnementaux. rumen et de la mamelle.” Une vache en lactation produit Chaque mois, les producteurs peuvent quotidiennement 400 grammes par jour visualiser la courbe du méthane émise de méthane, soit sur une année par le troupeau, exprimé en l’équivalent d’un véhicule ayant grammes par litre de lait. Le parcouru 20 000 km. Avec une Beaucoup contrôle de la production de alimentation riche en Oméga d’énergie méthane vise plusieurs 3, à base d’herbe ou de lin, ses gaspillée objectifs. Il y a d’abord un émissions de méthane baissent par la vache. intérêt zootechnique “Chez la de 15 %. vache, le méthane provient de Les trois associés du G.A.E.C. la rumination et plus précisément de la sont très satisfaits du dispositif. “Il nous digestion de la cellulose. Le méthane est permet aussi d’anticiper les soucis de de l’énergie gaspillée. D’où l’idée santé. Grâce aux différents indicateurs, d’intervenir pour que l’animal utilise on est averti avant que les soucis cette énergie pour améliorer sa apparaissent. Globalement, on a moins production” poursuit Hervé Belot. L’un de frais vétérinaires depuis trois ans. Au des leviers pour réduire le méthane niveau du prix de lait, on n’a pas à se consiste à introduire dans la ration plaindre. Dans une exploitation comme hivernale des acides gras poly-insaturés la nôtre contrainte par le foncier, cette de type Oméga 3 présent en abondance démarche en Oméga 3 nous permet de dans la graine de lin extrudée. “Cela respecter le cahier des charges du comté vient compenser les pertes par oxydation sans baisser la production et en gardant des matières grasses dans le foin avec toujours les mêmes taux. On n’est pas l’idée de se rapprocher des teneurs de insensible à la réduction de méthane. l’herbe.” Enrichir une ration en Oméga Cela correspond aussi à l’image du 3 coûte un peu plus cher financièrement. comté.” o F.C. “On en est bien conscient mais les DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page19 Dannemarie-sur-Crète 19 “Nous investissons ici pour le long terme” Le fabricant d’aliments pour le bétail Terre Comtoise lance un vaste chantier de construction d’une nouvelle usine sur son site historique de production de Dannemarie-sur-Crète. Les précisions de Frédéric Moine, directeur général de la coopérative. L n e Doubs Agricole : Après des années de préparation, le chantier démarre enfin. Pourquoi ce fut si long ? Frédéric Moine : Nous sommes en effet à l’issue d’un dossier dont l’instruction aura duré plus de 5 ans. Les obstacles ont été de plusieurs ordres. Foncier d’abord avec une acquisition de terrains qui n’est pas toujours facile. Ensuite, comme c’est un terrain sur lequel devait se construire une usine, nous avons dû attendre la modification du P.L.U. de Dannemarie. Le fait d’être sur un site classé Seveso a encore renforcé la procédure. De plus, comme ce bâtiment sera assez haut, fait de béton et d’acier, les études ont été particulièrement complexes. Enfin, la situation du sous-sol n’étant pas simple, comme souvent dans notre région, des travaux complémentaires ont été nécessaires. Après toutes ces années de préparation et d’études, nous avons enfin attaqué le chantier cet été. Ce chantier devrait au total durer 18 mois à partir de l’obtention du permis de construire. LDA : Pourquoi une nouvelle usine ? F.M. : L’idée de créer cette nouvelle unité de production répond à nos besoins de fabriquer des aliments non-O.G.M. C’est avant tout pour une question de traçabilité de nos aliments, indispensable pour donner aux consommateurs une garantie totale. Il était nécessaire d’une part de créer une unité séparée de l’ancienne (qui continuera à fonctionner) et également d’augmenter nos capacités de production pour répondre Terre Comtoise, c’est un investissement à la demande. Nos capacités actuelles d’un peu plus de 10 millions d’euros. sont insuffisantes. La construction de C’est une construction d’avenir qui doit cette usine nous donne aussi l’occasion nous permettre d’assurer de meilleures de réorganiser nos différents sites de performances en termes de production, production et de rééquilibrer les volumes d’économies d’énergie, de maîtrise des entre les sites de Rigney, Corre, Cuvier températures, etc. Les conditions de et Dannemarie. Avec cette nouvelle unité, travail seront complètement différentes. Avec cette nouvelle usine, on on sera amené à fermer notre “Un s’inscrit dans la pérennité, site de Rigney. La nouvelle investissement celle des filières A.O.P. de usine permettra enfin de notre région. séparer complètement la de plus de production standard de la 10 millions LDA : Vous investissez production non-O.G.M. d’euros.” lourdement au moment où la destinée à répondre au cahier des charges des produits A.O.P. crise laitière secoue le monde agricole. Dannemarie est idéalement placée pour Est-ce bien perçu par vos adhérents ? nous, au cœur de la Franche-Comté et F.M. : Il est naturel que nos adhérents s’interrogent mais il faut analyser de près des voies de communication. près la situation. Avec un outil vieillissant, LDA : Quel est le volume actuel de nous étions en quelque sorte au pied du production et les objectifs avec la nouvelle mur. C’est investissement n’est pas conjoncturel, il s’inscrit dans la durée. unité ? F.M. : Sur l’ensemble des sites Terre Nous investissons ici pour le long terme, Comtoise, on se situe actuellement à en pensant aux cycles suivants de 140 000 tonnes, dont 80 000 produites l’agriculture. Nous sommes aussi au sur le site de Dannemarie. L’objectif est cœur de la filière A.O.P. qui elle, est que la nouvelle unité de Dannemarie encore préservée. Le conseil atteigne une production de 120 000 d’administration et la coopérative Terre tonnes. Cette nouvelle unité sera Comtoise croient profondément en opérationnelle à l’automne 2017. Pour l’avenir de l’agriculture. o Frédéric Moine, directeur général de Terre Comtoise : “On lance un des plus grands chantiers privés de la région.” É UENCHE-COMT Q I N U EN FRA UN SYSTÈME DE CHAUFFAGE PERFORMANT POUR L’AGRICULTURE Pompes à chaleur sur l’air extrait des étables Simple Économique Naturel Chauffage Sanitaire Electricité 25650 GILLEY / 25530 VERCEL Tél. 03 81 43 32 95 - [email protected] DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page20 20 ACTUALITÉ Maisons-du-Bois-Lièvremont Le porc des Ricornes à savourer en direct Soucieux de se libérer des aléas du cours du porc, Yannick et Jean-Michel Pourchet du G.A.E.C. de la Ricorne à Maisons-du-Bois-Lièvremont choisissent de valoriser eux-mêmes une partie de leur production. “O n bouche les trous”, annonce l’éleveur de la Ricorne en évoquant la hausse aussi conséquente qu’inattendue du prix du porc en 2016. Fin août au cadran breton, le cours s’affichait encore à 1,46 euro le kilo contre 1,23 euro le kg en moyenne en 2015. À l’origine de cette remontée : la hausse de la consommation chinoise. S’il profite d’abord aux producteurs allemands et espagnols, ce regain d’appétit efface largement les effets de l’embargo russe qui prive les Européens depuis deux ans d’un gros débouché. La belle aubaine donc. Pas forcément, estime Yannick Pourchet qui ne trouve pas trop logique et pertinent qu’une petite région comme le Haut-Doubs dépende ainsi du bon vouloir des Chinois dans leurs habitudes alimentaires. “Aujourd’hui, on retombe sur nos coûts de production en dégageant même une petite marge si l’on ajoute les 15 centimes supplémentaires de plus-value régionale liée aux signes de qualité. Pour autant, je reste très prudent et même un peu inquiet car on n’a jamais vu les cours monter de façon aussi fulgurante.” Face à toutes ces incertitudes, Yannick et son oncle ont décidé de réactiver la bonne vieille méthode de vente en direct comme cela se pratiquait autrefois dans les fermes comtoises où les voisins et les proches venaient s’approvisionner au plus près. “C’est très valorisant sur le plan humain. Ce contact avec la clientèle, c’est quelque chose qui nous redonne le sourire.” Entre l’idée et la mise en place du projet, les choses furent plus compliquées à réaliser. Les deux éleveurs ont préféré Déçus des retombées de l’I.G.P. saucisse de Morteau vis-à-vis des producteurs, Yannick Pourchet et son oncle Jean-Michel se diversifient dans la vente de viande de porc en direct. faire appel à un artisan-boucher pour caissettes. La prise de commandes les opérations de découpe et de s’effectue par mail ou au téléphone. “On transformation. “On passe en moyenne a un site Internet en cours de finition un porc par semaine. Il est abattu à qui dispose d’un dispositif de commande Valdahon où le boucher va le récupérer. en ligne.” Ils se lancent avec prudence La viande est ensuite stockée dans une dans la vente directe sachant que cela grande armoire frigorifique à la Ricorne.” représente à peine 2 % de la production, Le porc des Ricornes se consomme sur un élevage à 2 600 porcs charcutiers uniquement en caissettes dont annuels. Pas question de tout le contenu est adapté aux remettre en cause donc et de “Très saisons. Version grillade en fragiliser la gestion d’une été, caissette à mijoter avec exploitation mixte en lait à comté valorisant petit salé, rôti à l’os, saucisses et viande porcine. “On ne sur le plan à cuire, caissette porc chrono voudrait pas dégrader les autres humain.” avec escalopes, échine, sauté… postes de travail.” “On fonctionne sur commande Pour Yannick Pourchet, dernier avec le souci de valoriser l’ensemble de éleveur du Doubs à s’être installé en la carcasse. Une caissette de 5 kg filière porcine, cette diversification sonne correspond aux besoins d’une famille de comme un nouvel espoir. “À l’installation, quatre personnes.” je misais beaucoup sur l’arrivée des I.G.P. Ce nouvel atelier est en place depuis juin. et j’ai été très déçu. On repart sur un Outre l’armoire frigorifique, Yannick et nouveau challenge qualitatif. Si l’affaire Jean-Michel ont investi dans se développe et les cours se maintiennent, l’aménagement d’un local d’accueil où on espère bien prendre un salarié ou un les clients viennent chercher leurs associé à plus ou moins long terme.”o DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page21 ZA BOIS CARRÉ - BP 1024 25112 BAUME-LES-DAMES CEDEX Tél. 03 81 60 43 89 Fax. 03 81 60 40 08 Mail. [email protected] STABULATION NURSERIE STOCKAGE ÉQUESTRE 45 ANNÉES D’EXPÉRIENCE ! PRÉSENT AU SALON DOUBS TERRE D’ÉLEVAGE 18 - 19 - 20 NOVEMBRE 2016 DES BÂTIMENTS SAINS ET LUMINEUX DES MATÉRIAUX SÉLECTIONNÉS DANS UN SOUCI DE CONFORT POUR LE BÉTAIL. BOIS 100% FRANC-COMTOIS www. S Y S C O B O I S .fr DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page22 22 ACTUALITÉ Sombacour Campagnols : aux sources de la lutte raisonnée Une dizaine d’agriculteurs de l’Aubrac sont venus au printemps dernier s’inspirer des méthodes de lutte alternatives mises en œuvre depuis 20 ans sur le Haut-Doubs. Échanges. L e Haut-Doubs n’est pas le seul infestés. D’où l’idée d’organiser deux terroir où sévit le campagnol journées de travail en Franche-Comté. qui se distingue aussi sur le L’échange a eu lieu début mai et plateau de l’Aubrac. “Ce comportait notamment des déplacements phénomène n’est pas nouveau mais il sur les zones expérimentales à savoir la Producteur laitier à Pissenavache, Fabrice Berne tend à s’amplifier. Il y a eu une forte Z.E.L.A.C. à Pissenavache et la C.L.A.C. le président de la Z.E.L.A.C. a expliqué l’intérêt et les contraintes pullulation en 2015 et on recherche des à Charquemont. La mise en place de la de la lutte à basse densité solutions”, explique Étienne Herault, Z.E.L.A.C. remonte aux années technicien au projet du Parc quatre-vingt-dix. “C’est la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté en ajoutant la pullulation. J’ai alors traité 70 hectares naturel Régional de l’Aubrac. première zone où l’on a “l’erreur a été de vouloir étendre la zone en octobre et décembre sur une base de “Il n’y a pas Face au fléau, le syndicat expérimenté les méthodes à 1 000 hectares, ce qui a découragé les 4 kg de blé à l’hectare. En revanche, côté de solution mixte de préfiguration du alternatives. La zone s’étendait autres agriculteurs.” taupes, je n’en ai plus”, reconnaît celui miracle.” P.N.R. Aubrac a développé au départ sur 300 hectares Car aujourd’hui la référence Z.E.L.A.C. qui est pratiquement le dernier à pratiquer un programme d’actions d’un seul tenant et fédérait n’est plus que l’ombre d’elle-même. la lutte raisonnée. associant agriculteurs, chercheurs des une dizaine d’agriculteurs. Elle a servi Fabrice Berne son président actuel ne Avec le temps, beaucoup d’agriculteurs Universités de Clermont-Ferrand et de de support au plan d’actions qui s’est peut que le déplorer en accueillant les ont fini par baisser les bras. “Sans une Franche-Comté, les F.R.E.D.O.N. et déroulé de 2000 à 2006. Ce plan qui agriculteurs de l’Aubrac sur son démarche collective, ce sera dur pour lui chambres d’agriculture des régions et était soutenu à hauteur de 6 millions exploitation. “J’ai la chance d’avoir tout de contenir seul l’appétit du campagnol”, départements couvrant l’Aubrac. “On d’euros mobilisait 12 techniciens et des mon parcellaire, soit 90 hectares, regroupé admet Geoffroy Couval. Il n’en reste pas a formé des petites zones pilotes associant chercheurs de l’Université de Besançon. autour de la ferme. La lutte contre le moins de précieux acquis. “On sait des groupes de 5 à 10 agriculteurs La démarche a abouti à la mise en campagnol, j’y passe pratiquement deux désormais que l’idée de la réussite, c’est volontaires.” Sur ces zones seront application de la boîte à outils : lutte demi-journées par semaine. C’est la d’avoir différentes méthodes. On sait appliqués et adaptés des systèmes de contre la taupe, plantation de haie, rouleau contrainte de la basse densité même si aussi l’importance de maintenir la lutte lutte combinée dans l’objectif de les à plots, perchoirs, labours…”, résume j’ai quand même été obligé de traiter sans jamais s’arrêter. L’éradication du généraliser ensuite sur tous les secteurs Goeffroy Couval, ingénieur d’étude à la l’automne dernier car j’étais dépassé par campagnol est techniquement impossible. Elle causerait trop de dégâts sur le plan agricole. Il faut aujourd’hui prendre en compte le fait que le campagnol, on va vivre avec”, complète le chercheur Patrick Giraudoux. Les agriculteurs de l’Aubrac écoutent attentivement. “Chez nous, les conditions d’exploitation sont différentes. On travaille des parcelles plus petites avec une agriculture basée sur l’élevage de vaches allaitantes de race Aubrac. On est venu ici pour prendre des idées en sachant bien qu’on ne pourra pas tout transposer. On constate qu’il n’y a pas de solution miracle”. o Geoffroy Couval de la F.R.E.D.O.N. et Patrick Giraudoux chercheur à l’Université de Besançon ont fait le point sur les méthodes de lutte raisonnée contre le campagnol. Publi-information DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page23 Les Ets Huot reprennent la société Lelieur “C ette reprise s'est faite naturellement. Nous avons avec Jean-Jacques Lelieur le même parcours puisque nous avons créé nos entreprises la même année, en 1986. Nous partageons la même culture d'entreprise, les mêmes valeurs et nous travaillons avec le même tractoriste New Holland depuis des années" souligne Dominique Huot, fondateur de l'entreprise Huot dont le siège social est basé à Villers-Saint-Martin. Ce rapprochement permet ainsi à la société Huot de poursuivre son développement sur la Haute-Saône où la S.A. Lelieur est présente sur deux sites : Theuley-les-Lavoncourt et Arc-les-Gray, et ce, après le le rachat des Ets Bruckert en 2013. “Nous allons continuer à assurer le même niveau de service à nos clients que ce soit en grande culture avec le travail du sol ou en élevage, vendre les mêmes marques. Grâce à nos quatre magasins, nous allons pouvoir développer une offre de produits plus large”précise Dominique Huot. “Mon fils, Damien, accompagné de Frédérick Feuvrier et Nicolas Gautherot, assureront la gérance de cette société” conclut Dominique Huot. o Ets LELIEUR Zone Industrielle Giranaux 70100 ARC-LÈS-GRAY Tél. : 03 84 54 82 03 Route Mont St Léger 70120 THEULEY Tél. 03 84 92 03 00 [email protected] nt e s ica r d on br cteu ais a F ru e m sif t ns et d mas o c ts is ale bo ch en · Du traditionnel au contemporain · Des maisons en bois 100 % sur mesure · En kit, hors d’eau - hors d’air, ou clé en main Depuis 1994, tous les goûts sont permis chez Finn-Est ! 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Après une expérience de 10 ans chez un gros salaisonnier régional, il monte Haute-Loue Salaisons en 2000. “Je n’avais guère d’autre choix que de partir sur du conventionnel pour générer un volume d’activité en phase avec mes investissements”, explique celui qui fut le premier à se lancer dans la fabrication de salaisons à base de porc label rouge. Si l’entreprise de Longeville fait partie prenante des I.G.P. Morteau et Montbéliard, elle cherche toujours à travailler en filière courte. “Acheter des porcs à l’autre bout de la France, ce n’est pas mon truc. Avec le petit-lait des fruitières locales, on a une source de protéines à portée de main. C’est dommage de s’en priver.” Toujours soucieux d’avancer dans cette démarche qualité, Jean-Pierre Bretillot se lance dans le bio à partir de 2009 en produisant des saucisses fumées à cuire. L’absence d’éleveurs locaux en porc bio l’empêche d’aller plus loin. Avec une certaine audace, il entreprend de pallier lui-même cette carence et créer sa propre porcherie bio à 500 m de Haute-Loue Salaisons. C’est la naissance d’une micro-filière. L’élevage est mis en route en avril 2014. “Je récupère le petit-lait de la coopérative à comté bio de La Chaux-de-Gilley. Il est mélangé avec de la farine bio de la maison Dornier. Les saucisses sont fumées avec la sciure d’Évillers et les porcs sont abattus à Valdahon. On ne peut pas faire plus local.” Seule entorse, les porcelets ont l’accent alsacien. Jean-Pierre Bretillot se fournit chez Schweitzer, l’un des seuls naisseurs bio du Grand Est. Une trentaine de porcs bio sortent tous Toujours avec un coup d’avance sur les autres, Jean-Pierre Bretillot a sorti la première saucisse de Morteau bio en janvier dernier. les mois de la porcherie de Longeville. “Ils sont élevés sur paille et peuvent sortir à l’extérieur. Ils sont en pleine forme et j’ai moins d’1 % de perte.” Aujourd’hui, le bio représente 20 à 25 % des transformations de Haute-Loue Salaisons dont le tonnage annuel avoisine 250 tonnes de charcuterie. “On compte développer la gamme bio avec de la conserverie : pâtés, terrines…” Jean-Pierre Bretillot a commercialisé ses premières saucisses de Morteau et Montbéliard en début d’année. Il est déjà rattrapé par le succès. Pour autant, il garde les pieds sur terre en restant fidèle aux fondamentaux des circuits courts. “Je ne suis pas du tout motivé par la course aux volumes. À mon avis, cela n’a plus d’avenir. Les habitudes de consommation évoluent. Les gens mangent moins de viande qu’avant. Un peu comme le vin, cela devient un plaisir, d’où l’intérêt de privilégier la qualité, d’aller dans le sens de manger bien et bon. Je veux tirer le produit vers le haut, glisser de plus en plus vers la qualité avec le souci de partager la valeur ajoutée avec les éleveurs porcins.” En 10 ans, le salaisonnier a bien évolué, surtout depuis qu’il engraisse des cochons bio. “On devrait fixer le prix à partir de la ferme et de ce que cela coûte à l’éleveur et non l’inverse.” Haute-Loue Salaisons emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. La production part sur tous les créneaux : grandes surfaces, fruitière, petite épicerie. S’il a recours à un grossiste pour distribuer à l’échelle nationale, Jean-Pierre Bretillot maîtrise toujours la distribution locale et régionale. Il cogite déjà sur de nouveaux projets de valorisation innovants. On naît précurseur ou pas. Affaire à suivre… o La porcherie est dimensionnée pour qu’on puisse y élever 360 porcs bio par an. DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page25 25 Flagey et Dole Deux entreprises locales soutiennent Après l’entreprise Clavière de Dole l’an dernier, l’entreprise Coquy de Flagey s’associe au combat contre l’autisme mené par l’association bisontine “Nos Enfants d’Ailleurs”, en reversant vingt centimes d’euro sur ses produits. le combat contre l’autisme L’ an dernier, le partenariat noué avec l’entreprise de salaisons Clavière avait permis de remettre un chèque de 15 280 euros à l’association bisontine Nos enfants d’ailleurs qui se bat pour la cause de l’autisme. Cette somme avait permis de financer plus de 500 heures d’accompagnement éducatif à domicile pour sept familles via la structure créée par l’association et basée sur l’approche éducative A.B.A. Sensible à cette cause du handicap, l’entreprise de production d’œufs Coquy, basée à Flagey sur le plateau d’Amancey, s’associe cette année à cette action concrète. “En tant qu’acteur économique régional, je soutiens cette association franc-comtoise qui œuvre pour le mieux vivre des enfants autistes” note Georges Bourgon, P.D.G. de Coquy. Par un moyen simple : en reversant 20 centimes d’euro sur chaque produit Coquy vendu en grande surface et étiqueté “Nos enfants d’ailleurs”. “Le renouvellement de cette opération nous permettra de poursuivre notre action en direction d’autres familles qui attendent notre soutien” se félicite Les boîtes d’œufs Coquy et les saucisses (ci-dessous) étiquetées “Nos enfants d’ailleurs” sont en vente. le président de l’association bisontine. Jusqu’au 20 novembre, 0,20 euro sera reversé par Clavière et Coquy à l’association pour chaque produit acheté. Pour le consommateur, le simple fait d’acheter une saucisse de Montbéliard I.G.P. Clavière ou une boîte d’œufs Coquy porteuse du sticker entraînera le versement. En magasin, les prix des produits restent inchangés, les entreprises prennent à leur charge les frais d’impression, les frais d’étiquetage et le montant versé à l’association. Un chèque regroupant la somme globale sera remis à l’association au cours du mois de décembre. Durant cette période, les saucisses de Montbéliard I.G.P. Clavière et les boîtes d’œufs Coquy sont identifiables par un sticker bleu, aux couleurs de l’autisme. C’est le moment de consommer solidaire. o www.nosenfantsdailleurs.fr 25390 FOURNETS LUISANS Tél. 03 81 43 60 46 - Fax 03 81 43 63 94 - [email protected] NOTRE EXPÉRIENCE À VOTRE SERVICE POUR VOS TRAVAUX Terrassement : bâtiments, fosses, VRD Création ou rénovation de vos chemins et abords de bâtiments par traitement du sol en place Plus de renseignements sur nos activités ? consultez notre site >> DEVIS GRATUIT www.tp-chopardlallier.fr DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page26 26 ACTUALITÉ Levier L’agneau de Levier passe à la casserole Fin septembre figurait au menu du lycée Lassalle de Levier un sauté d’agneau élaboré avec des animaux élevés par les élèves dans l’atelier ovin rattaché à l’établissement. Un circuit ultra-court. À l’heure où nombre de des ovins. “En mai 2015, on a engagé collectivités poussent les une première démarche avec la société opérateurs de la restauration Saveurs du Terroir à Chaffois pour collective à privilégier dans savoir s’ils acceptaient le principe de la mesure du possible les produits locaux, commercialiser quelques moutons. On rien de plus logique qu’un établissement a trouvé un terrain d’entente et ils nous qui pratique l’élevage aille aussi dans prennent 7 ou 8 bêtes. Comme on voulait cette direction. “On a investi l’an dernier aller un peu plus loin dans la démarche, dans un nouveau bâtiment on a regardé si on pouvait “Faire la agricole. Ce qui nous a permis inclure le produit dans la de développer deux productions chaîne de restauration de même chose avec un atelier ovin comprenant l’établissement où l’on prépare avec de la une cinquantaine de brebis et près de 800 repas chaque jour, viande un atelier d’engraissement de du lundi au vendredi.” L’idée Le chef Michel Caillier avait préparé un navarin d’agneau printanier. bovine.” vaches de réforme”, rappelle supposait l’accord de la société Yves Duthoit, le directeur du lycée. Koralys en charge de la préparation des “Précisons qu’il s’agit d’agneau de Levier en fonction de la conduite de l’élevage L’atelier bovin est géré en partenariat repas. né et élevé sur place”, sourit le chef bien sûr. “On va aussi réfléchir pour avec Franche-Comté Élevage qui fournit Affaire conclue sous réserve de respecter cuistot. On sait que la viande ovine ne faire la même chose avec de la viande les bêtes, l’aliment et s’occupe ensuite le cadre légal et sanitaire. “Ces moutons plaît pas à tout le monde, aussi, il était bovine issue de la ferme du lycée.” Des de l’abattage et de la commercialisation. sont achetés par Saveurs du Terroir qui proposé un second choix aux élèves. perspectives encourageantes qui viennent C’est le principe de l’intégration. revend ensuite la viande conditionnée “Finalement, beaucoup ont mangé du conforter une rentrée très positive sur Conscient de l’intérêt pédagogique et et prête à l’emploi à Koralys. Le chef sauté d’agneau.” le plan des effectifs. “Au lycée, on a 313 économique des circuits courts, le lycée Michel Caillier a préparé avec son équipe Le directeur espère renouveler élèves scolarisés, soit une vingtaine de a d’abord creusé la question au niveau un navarin d’agneau printanier. l’expérience plusieurs fois dans l’année, plus que l’an dernier.” o PETIT S.A. MATÉRIEL AGRICOLE ET FORESTIER www.sapetit.com ORCHAMPS-VENNES 03 81 43 51 12 PROFITEZ DES CONDITIONS EXCEPTIONNELLES MORTE SAISON JUSQU’AU 31DÉCEMBRE 2016 SUR PRESSES, TRACTEURS & MATÉRIELS DE FENAISON DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page27 Amancey 27 Pour se réconcilier avec le bon goût des poulets de ferme Convaincu de l’avenir de la volaille fermière, Jean-Marie Bole s’est lancé en 2009 dans la production avicole en circuit court. Il dirige aujourd’hui une entreprise de sept salariés. Les poules nourries avec un aliment maison grandissent en plein air. S’ il n’a pas oublié la cuisine temps de réaliser un abattoir, un atelier maternelle à base de produits de transformation, une minoterie et de fermiers, Jean-Marie Bole s’est nouveaux bâtiments de production. “On surtout juré de ne pas reproduire les maîtrise totalement le contenu de la projets d’installation en volaille ration composée à partir de douze industrielle observés quand il était ingrédients différents. On a gagné ainsi technicien à la chambre d’agriculture près de 15 % de consommation d’Auvergne. “C’est une région très journalière. Tout provient de la région diversifiée où j’ai beaucoup appris et Franche-Comté, même le soja qui entre découvert le milieu avicole. Mais on peut pour 8 % dans la ration. On a entamé se poser des questions quand on voit les démarches pour obtenir la certification des gens qui ne consomment pas Bleu Blanc Cœur axée “On ce qu’ils produisent pour les notamment sur les Oméga 3.” produit autres”, explique celui qui Volailles d’antan est présent sur 18 000 reviendra dans le Doubs en 1995 sept marchés entre Besançon et pour enseigner au C.F.P.P.A. de le Haut-Doubs. Il existe un point volailles Châteaufarine. De quoi renforcer de vente sur place ouvert le par an.” encore de solides bases en gestion. samedi matin. Jean-Marie Bole “Pour s’installer, mieux vaut aimer les travaille aussi avec quelques restaurateurs, chiffres que l’inverse”, estime Jean-Marie le réseau des fruitières, des associations Bole. de consommateurs et les “paniers Il amorce son projet en 1999 avec fermiers” de la maison de quartier de l’avantage de récupérer du foncier issu Velotte. L’entreprise emploie sept salariés, de l’exploitation tenue précédemment soit 5,5 équivalents temps plein. “On par ses parents à Amancey. “Je me suis produit 18 000 volailles par an. On a d’abord installé à titre secondaire en aujourd’hui un outil de travail très continuant à exercer dans la formation performant. C’est nécessaire pour amortir jusqu’en 2003”, poursuit l’aviculteur le coût du travail.” qui opte pour des poules cou nu rouge, Toujours positionné dans une logique une souche rustique à la chair tendre, d’efficience, Jean-Marie Bole estime que tuée entre 120 et 140 jours. les marges de progression se feront dans Soucieux de gagner en autonomie et de le développement des produits s’affranchir des distributeurs d’aliments, transformés. Pour le reste, pas question il investit près d’1 million d’euros dans de changer de recette d’élevage. Avec le son élevage entrer 2008 et 2013. Le poulet de ferme, rien ne presse. o Jean-Marie Bole mise sur la diversité des produits transformés à base de volailles. DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page28 28 ACTUALITÉ Portrait À table avec Gilles Fumey Originaire de Déservillers, ce professeur de géographie culturelle de l’alimentation à l’Université de Paris-Sorbonne n’oublie pas ses racines et ne se prive jamais de vanter les charmes gastronomiques de sa Comté. notamment celui de la filière comté. d’un produit. Ceci pour dire que la Un modèle qui n’est pas que le fait de Vache qui rit, ce n’est pas seulement la paysannerie. “Il y a d’autres facteurs le fait de Léon Bel et Benjamin Varnier explicatifs dans l’histoire du comté : le dessinateur mais l’œuvre de toute le climat, la religion, la vache et il y a la société locale.” surtout du sel en abondance. C’est un En Franche-Comté comme ailleurs, Gilles Fumey estime que les instrument de contrôle et de restaurants sont un modèle en promotion territoriale. Donc “Nous l est né en au berceau du comté. assez curieusement par la case le comté, ce n’est pas sommes une voie de disparition. “Cette Ce détail revêt beaucoup d’inspecteur pédagogique en Picardie seulement du lait mais aussi filière a complètement loupé civilisation d’importance chez ce fils d’éleveur. avant d’être élu à la Sorbonne en du sel. La connexion va se le coche et s’est fait dépasser de la table.” Étant de Déservillers, il participe géographie de l’alimentation. Il est à faire au XIII siècle et par le snacking qui semble assez naturellement au septième l’origine de la création d’un master marquera l’émergence d’un promis à un bel avenir. Trop centenaire de la fruitière du village en dédié aux cultures alimentaires puis autre modèle alimentaire.” de restaurateurs ont abandonné leur 1973. Une révélation pour le jeune monte un laboratoire de recherche Il se passionne tout autant pour métier à des transformateurs, à des lycéen qui va trouver ce pourquoi il C.N.R.S. axé sur les nourritures de l’histoire de la Vache qui rit. “C’est financiers qui ont calculé des bons un coup de génie même si rien n’est ratios et qui couleront, à terme, le est fait. Curiosité, goût de l’histoire, demain. passion alimentaire, il ne lui reste plus S’il voyage dans le monde entier, celui acquis pour l’éternité”, explique celui modèle.” qu’à cultiver ce qui nourrira ensuite qui se passionne pour la musique qui déplore que la célèbre portion Quand on lui demande si la nourriture toute son existence. baroque et les sciences sociales, il cite figure désormais sur la liste noire des bio très en vogue aujourd’hui va D’abord des études de géographie à volontiers Proudhon et Fourier, aime produits à éviter à tout prix. Trop salé. perdurer, il estime que oui, le Besançon jusqu’à l’agrégation. Puis il à revenir au pays où il a grandi. “Elle en a vu d’autres. Il faut toujours phénomène va s’installer durablement part à Lyon où il découvre la “Partout où je vais à l’étranger, on essayer de se replacer dans le contexte dans le temps. Il dénonce bien sûr gastronomie des restaurants. Nommé me parle de comté”, rappelle ce fervent avec des gens prêts à apporter leur farouchement la pression de Lactalis professeur à Paris en 1989, il passe défenseur du modèle coopératif, contribution dans la mise au point sur les producteurs laitiers. En bon Franc-Comtois élevé à la campagne, il s’inquiète à juste titre des menaces qui pèsent sur le modèle latin alimentaire. Le nôtre bien sûr avec ces trois repas partagés assis, à table. “C’est le repas eucharistique. Nous sommes une civilisation de la table. La table, ce n’est pas n’importe quoi. C’est un lieu social autour duquel on va saluer la mémoire des défunts, le calice. Aujourd’hui, le modèle américain prend le dessus. Ils ont inventé une nourriture pour manger debout avec les doigts, des produits très salés et boire très sucré. À l’origine, l’Américain est un pauvre qui vient de l’Europe à qui on a donné une terre pour cultiver des céréales et de la viande. Le farmer américain fait du minerai alimentaire contrairement à nos agriculteurs qui sont des producteurs.” Pour Gilles Fumey, aucun doute, la grande distribution est l’héritage du modèle alimentaire industriel. Dans ces circonstances, comment l’agriculture comtoise peut s’en sortir ? L’avenir est dans la capacité des filières locales à cultiver leurs singularités, sans tomber dans la production industrielle. Surtout de ne pas restructurer à outrance le modèle coopératif du comté. “On sait ce que deviennent les coopératives qui grossissent trop, où il n’y a plus que des logiques financières qui prévalent.” Il suggère même le retour à la polyculture qui n’a rien de rétrograde. “C’est tout le contraire car cela a toujours permis aux paysans de se protéger Enseignant à la Sorbonne, Gilles Fumey étudie l’évolution des modèles alimentaires. contre les catastrophes.” o I ème DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page29 29 Récompense Une Haut-Doubienne Première fromagère de Belgique Véronique Socié a reçu le prestigieux prix à Namur, l’équivalent du M.O.F. en France. Pour l’ex-bergère des alpages de Mouthe désormais vendeuse dans une crémerie à Waterloo, c’est la récompense d’un an de travail. S a nouvelle blouse blanche de travail auréolée des liserés noirs, jaunes et rouges (couleurs du drapeau belge), n’est arrivée que lundi 1er octobre dans le vestiaire de la fromagerie de Waterloo. “Cela a traîné car la société (française) qui devait réaliser ma blouse n’avait plus de tissu jaune… Promis, ce n’est pas une histoire belge” témoigne d’un ton amusé Véronique Socié. Au-delà de l’anecdote, la fromagère originaire du Haut-Doubs récolte les fruits de son travail, sa passion, son amour et son expérience des produits fromagers. Lundi 12 septembre, à Namur au terme d’une journée marathon, Véronique Socié (51 ans) a en effet remporté le prestigieux concours du Premier fromager de Belgique devant un jury composé de professionnels. Le titre est décerné une fois tous les deux ans. “C’est une belle récompense, un moment assez fort dans la vie professionnelle après un an de travail et de déplacements. Je suis fière et émue d’appartenir à la grande famille des meilleurs ouvriers de Belgique” indique humblement la meilleure ouvrière de Belgique. Elle revient toutes les 6 Mouthe (2000-2002) formée à semaines à Foncine-le-Haut retrouver l’E.N.I.L.-bio de Poligny, ex-animatrice Christian, son compagnon, et Léo et de l’association Les Amis du Comté qui Marion ses enfants. Le thème de l’œuvre a sillonné les Routes du comté pour des artistique “Fromager : un artisan visites de ferme et des balades d’avenir” qui lui a permis de se distinguer botaniques, qui a travaillé jusqu’en a été réalisé en partie par l’artiste-peintre 2011 au C.I.G.C. (Comité de La Planée Lise Vurpillot pour le côté Interprofessionnel de Gestion du Comté), métallique. Le Mortuacien Philippe a capitalisé une connaissance unique Ferreux a designé les étiquettes du des fromages. Véronique - qui fut aussi fromage. Un sacre qui a encore présidente de la Maison de la plus de valeur lorsque l’on sait réserve à D’autres que Véronique avait perdu Labergement-Sainte-Marie - a projets quelques semaines plus tôt son voyagé en 2016 pour découvrir en vue. papa. autre chose que le comté et les Depuis ce titre, les invitations A.O.P. de montagne en visitant pleuvent. “Véro” est demandée par des le Piémont, la Lombardie, les Pays-Bas, restaurants, des professionnels… au la Suisse, et la Belgique pour la diversité point que la Franc-Comtoise doit choisir. de ses productions artisanales ou À 51 ans, Véronique travaille dans une fermières. crémerie réputée : celle de Bernadette Son projet désormais : “faire partager Delange à Waterloo, une Belge qui lui ma passion, enseigner, servir mes clients a fait découvrir le métier de détaillant. toujours mieux, et ouvrir une boutique “J’aime faire partager mes coups de à Bruxelles.” Après avoir sillonné les cœur aux clients” poursuit-elle. Routes du comté, “notre” fromagère L’ancienne bergère sur l’alpage de a tracé son chemin. Bonne route à elle. o Véronique Socié et son œuvre. PERFORMANCE PUISSANCE RENTABILITÉ MANITOU Votre priorité : rentabiliser votre activité. L’avantage Manitou : le meilleur ratio poids/puissance du marché pour optimiser les performances de votre chariot télescopique. Même les accessoires se changent en toute simplicité grâce à l’Easy Connect System. Manitou, le choix gagnant pour votre journée de travail ! ZI les Grands Vaubrenots 25410 SAINT VIT Tél. 03 81 25 04 10 www.z-manutention.fr ZI les Guinnottes 70400 HERICOURT DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page30 30 TECHNOLOGIE Expérimentation Chaude lutte contre le rumex Rumex… Un nom qui pourrait faire penser à celui d’un médicament. Bien au contraire, il fait tousser bien des agriculteurs qui doivent lutter d’arrache-pied contre cette plante vivace très coriace. Mais nos voisins suisses ont peut-être trouvé une solution. P lante résistante programmée pour se reproduire, le rumex est l’une des principales plantes indésirables des prairies. Cette vivace ne devrait pas dépasser le seuil d’une plante pour 5 m² pour ne pas compromettre le potentiel fourrager d’une prairie, en quantité et qualité. Or, le rumex pousse plus rapidement que les autres espèces. “Son système racinaire et son feuillage abondant lui permettent de stocker d’importantes et de disséminer jusqu’à 60 000 graines par an, graines viables pendant des décennies” Didier Tourenne de la chambre d’agriculture. Le rumex se multiplie de deux façons, en produisant des semences d’une part, donc par la voie L’appareil nécessite 3 200 litres à l’hectare pour éliminer 2 000 plantes. Avec la nouvelle machine, l’eau est envoyée à haute pression et chaude autour du pied de rumex. d d re re ro p d l’ e H p d a m u fa s te M u DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page31 31 La machine venue de Suisse a suscité l’intérêt des agriculteurs présents aux Écorces à l’invitation de la chambre d’agriculture. bien connue consiste à l’arracher à l’aide d’un outil qui ressemble à une fourche. 60 plantes peuvent ainsi être traitées à l’heure contre… 180 avec une machine venue de Suisse et inventée grâce à un travail coopératif mené par l’Agroscope, équivalent de notre chambre d’agriculture. Les racines de rumex ne supportent pas les fortes chaleurs. “Plongées pendant dix secondes dans de l’eau à une température de 80 °C, les racines meurent” poursuit Didier Tourenne. Fort de ce constat, un procédé de lutte thermique a été mis au point. La buse à jet rotatif de cette machine à haute pression doit être enfoncée à plusieurs endroits autour et sur la plante. “La vapeur crée une enveloppe de boue qui se forme autour de la racine et la détruit. Le taux de réussite est évalué à 80 % avec une pénibilité du travail bien moindre et pas d’atteinte à la structure du sol.” Au chapitre des inconvénients, signalons les besoins en énergie : dans l’hypothèse d’un traitement de 2 000 plantes sur un hectare, on aura utilisé 40 litres de mazout et 3 200 litres d’eau indiquent les concepteurs de cette machine qui affiche un prix d’environ 11 000 euros. o e, s it ² e s nt r nt e n e des airs, et sous terre par ses racines qui peuvent descendre jusqu’à 2 m de profondeur. D’autant plus redoutable que le rumex a un important pouvoir de repousse après une cassure. L’utilisation d’une herse rotative par exemple est donc à proscrire dans une parcelle infestée. Autre élément important, “la graine de rumex n’est pas détruite lors de son passage dans l’intestin, elle peut donc revenir ensuite via les effluents et infester les parcelles…” Heureusement, il existe un certain nombre de moyens pouvant être mis en place afin de limiter la propagation du rumex : éviter la production de graines en fauchant avant l’apparition des hampes florales ou encore maintenir une herbe dense et fermé, le rumex étant une plante qui a besoin de lumière pour germer. “Il faut également éviter au maximum le piétinement, le surpâturage, les fauches trop basses” poursuit le technicien. Mais quand il est installé, il faut bien le traiter. Outre un possible traitement phytosanitaire, une technique Votre concessionnaire : 25120 MAICHE Tél. 03 81 64 07 98 Jusqu’à présent, cette petite bêche permettait d’éliminer 60 plantes par heure contre 180 avec la machine. 25500 LES COMBES Tél. 03 81 67 04 66 Ma banque agit pour l’avenir des agriculteurs. # 1RE BANQUE DES AGRICULTEURS* Depuis 1885, le Crédit Agricole vous accompagne dans tous vos projets. * Source : Banque de France – Part de marché 2014. Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Franche-Comté - Siège social : 11, avenue Elisée Cusenier 25084 Besançon Cedex 9 -Tél. 03 81 84 81 84 - Fax 03 81 84 82 82 www.ca-franchecomte.fr - Société coopérative à capital et personnel variables agréée en tant qu’établissement de crédit - 384 899 399 RCS Besançon - Société de courtage d’assurances immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurances sous le n° ORIAS 07 024 000. 09/2016 - Crédit Photo : Thinkstock DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page32