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HORS SÉRIE
LE DOUBS
AGRICOLE
Novembre 2016 - N° 29
LA FILIERE
LAIT STANDARD
DANS LE DOUBS
Le dossier en pages 9 à 17
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2
ÉDITORIAL
Édito
Sommaire
Page 6
Métier. À 25 ans, Whitney
Belin exerce la profession
de maréchal-ferrant.
Pages 9 à 17. LE DOSSIER
Au-delà de l’accord
arraché à Lactalis,
comment se présente la
filière lait standard dans le
Doubs ? État des lieux,
interviews, alternatives…
Page 18
Environnement. Plusieurs
exploitations laitières
adhèrent au programme
Éco-méthane qui vise à
réduire les émissions de
méthane d’origine bovine.
Pages 24
La Morteau bio.
Jean-Pierre Bretillot de
Haute-Loue Salaisons est
le premier à produire et
commercialiser des
saucisses de Morteau et
Montbéliard conformes au
cahier des charges bio.
Page 29
À l’honneur. Véronique
Socié vient de se voir
attribuer le titre de premier
fromager de Belgique.
Cultivons
nos singularités
N
oir, c’est noir. Sur le plan agricole,
2016 fut catastrophique à bien
des égards : printemps pluvieux,
été trop sec, tous les éléments se sont acharnés
pour compliquer les récoltes fourragères
et céréalières. Dans le Doubs, le gradient
de difficultés était inversement proportionnel
à l’altitude. Tout en haut, on pourrait même
parler d’une double protection climatique
et économique avec des exploitations à
fenaisons tardives mieux protégées des
aléas qui profitent également de
l’exceptionnelle vitalité de la filière comté.
Tout de bon diraient nos amis suisses.
Qu’on est loin de la crise laitière, des
fluctuations céréalières ou du cadran breton
tributaire du bon vouloir de la
consommation chinoise. Au point que
même quelques porchers locaux qui peinent
toujours à s’approprier le succès de la
Morteau se mettent eux aussi à travailler
en direct. Ce n’est peut-être qu’un début.
Avec l’avènement du bien manger près de
chez vous, partout, de bas en haut, des
néo-agriculteurs s’installent en maraîchage
ou produits fermiers. Et cela marche, même
s’il semble utopique de vouloir généraliser
ces pratiques. Rassurant de constater quand
même qu’il y a toujours de la place et de
l’avenir pour l’authenticité au sens noble
du terme. Tous sans exception s’accordent
sur le fait que l’enjeu principal réside dans
la capacité des agriculteurs à préserver la
valeur ajoutée sur le territoire, seule stratégie
pour ne plus subir les affres de la
mondialisation. Toute la filière comté peut
en témoigner. o
La fromagerie de Montbéliard joue la carte de la valorisation fromagè re.
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Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet,
Thomas Comte, Jean-François Hauser.
Crédits photos : Publipresse
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I.S.S.N. : 1623-7641 - Dépôt légal : Novembre 2016
Commission paritaire : 1102D80130
La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro
du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur.
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ACTUALITÉ
Affaire
Silence radio autour
du robot de traite
Six mois après la grande mobilisation médiatique
organisée en présence de tous les acteurs de la
filière comté, plus question aujourd’hui d’évoquer
l’évolution du dossier.
À
l’usage, le moindre commentaire
peut s’avérer contre-productif.
À
la
coopérative
de
Pierrefontaine-les-Varans, on a décidé
de ne plus parler de cette affaire toujours
entre les mains de la justice. Le conflit
avec le G.A.E.C. Jeanningros qui tient
absolument à utiliser un robot de traite
sur une ferme à comté dure depuis des
années. Devant l’impossibilité d’aboutir
à une solution, le problème s’est réglé
devant les tribunaux. En donnant pour
l’instant l’avantage aux frères Jeanningros
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Claude Vermot-Desroche,
le pré sident du CIGC s'é tait bien
sû r vivement opposé au robot de
traite dans le comt
traite imposée par le cahier des charges
du comté en investissant dans deux
robots. Contraignant ainsi la coop de
Pierrefontaine à prendre ce lait.
Par souci d’éthique et en accord avec le
C.I.G.C., décision a été prise de ne pas
intégrer ce lait dans la filière comté. Il
est donc ramassé séparément et collecté
par L’Ermitage. En revanche, ce lait de
dégagement est bien payé au prix du
lait à comté. On imagine vite le manque
à gagner. La situation avait soulevé un
élan de solidarité sans précédent et réuni
tous les acteurs du comté le 7 mars
dernier à Vercel. À cette occasion, un
tee-shirt de soutien avait d’ailleurs été
mis en vente au
profit de la coop de
La situation
Pierrefontaine qui
avait soulevé
se repose désormais
un élan de
sur le C.I.G.C. Du
soldidarité
moins sur le plan de
la communication.
Claude Vermot-Desroches, jamais avare
de commentaires quand il s’agit de
défendre le comté se montre d’une très
grande prudence. “Sur ce sujet, on a
décidé de ne plus communiquer avec
des articles qui nous font du tort”,
explique le président du C.I.G.C.,
confirmant néanmoins que le soutien
de la filière reste d’actualité et qu’il
s’instaure encore des solidarités. Pas
question donc de laisser les coopérateurs
de Pierrefontaine à leur triste sort. “Il
nous arrive d’avoir à gérer des conflits.
Mais là, cela concerne l’ensemble du
cahier des charges. C’est le désaveu d’une
politique reconnue par tout le monde
et mise à mal.”
Quand on lui demande si ce dossier sera
décisif pour l’avenir du comté, il répond :
“Non, car il porte sur une interprétation
et non sur le cahier des charges
proprement dit. Je suis assez optimiste
là-dessus.” o
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Sécurité
5
“Alerte agriculteurs” :
parce que cela n’arrive
pas qu’aux autres
Les agriculteurs du Doubs et du Territoire de
Belfort peuvent désormais adhérer gratuitement
à ce dispositif permettant de se tenir informé
d’un vol commis sur une exploitation.
L
e Doubs reste encore relativement des équipements de valeur à la vue du
épargné par la délinquance premier cambrioleur.” Sans nier aussi
agricole, ce qui n’est pas toujours l’existence de réseaux de banditisme qui
le cas dans d’autres départements. “Si même s’ils ne sévissent pas régulièrement
l’on s’en tient uniquement aux vols dans le Doubs, sont capables de voler
portés à notre connaissance, on enregistre des tracteurs et d’autres engins de taille
chaque année entre 120 et 140 faits et importante.
ceci en intégrant tout, y
D’où l’idée d’étendre le
La hantise de
compris les vols de batteries
dispositif d’alerte S.M.S. au
de clôture”, explique le
monde agricole. “C’est conçu
l’agriculteur.
commandant Oudot du
sur le même principe que
groupement de gendarmerie du Doubs. “S.M.S. commerces”, ou “S.M.S.
Pas toujours signalés mais fréquents, les cambriolages”, complète le capitaine
vols de carburant sont un peu la hantise Gosset, chef du bureau de sécurité
de l’agriculteur. Ces actes sont la plupart publique au sein du groupement de
du temps favorisés par ces mauvaises gendarmerie du Doubs.
habitudes de tout laisser à la merci des Cet outil de prévention qui vise à créer
voleurs. Insouciance ou négligence, c’est un lien de solidarité entre professionnels
selon. “On sait aussi qu’il s’avère vite mobilise plusieurs partenaires. La
compliqué de sécuriser les exploitations chambre
interdépartementale
agricoles. Ce n’est pas une raison non d’agriculture Doubs-Territoire de Belfort
plus pour tenter le diable et d’exposer a travaillé en collaboration avec les
L’alerte S.M.S. est un outil pensé pour limiter les vols sur les exploitations.
préfectures, la gendarmerie et la police
nationale. Tous les adhérents victimes
d’un vol commis en bande prévient les
autorités en composant le “17” qui
diffuse ensuite l’alerte par un S.M.S. à
destination des autres agriculteurs. Le
message indique succinctement les faits
constatés, le lieu et les renseignements
connus sur le ou les auteurs.
Cet outil complète le travail de prévention
mené sur les exploitations par les forces
de l’ordre qui viennent volontiers
prodiguer des conseils élémentaires de
sécurité. Du bon sens avant tout. Ne
pas laisser les clefs sur les tracteurs,
positionner le matériel pour qu’il soit
complexe à charger ou à démarrer pour
un voleur. “C’est aussi une question de
vigilance et de solidarité. Il ne faut pas
hésiter à nous signaler quelque chose
ou quelqu’un de suspect” ajoutent les
forces de l’ordre.
L’intérêt du S.M.S. alerte agriculteur
réside dans la réactivité et la vitesse
d’information. La synchronisation est
parfois tellement efficace qu’elle a déjà
permis d’interpeller les voleurs en flagrant
délit. Le dispositif sur le Doubs devrait
être mis en service tout prochainement.
Un clic qui pourrait s’avérer fort utile. o
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6
ACTUALITÉ
Reugney
Elle n’a pas les deux fers
dans le même sabot
Sans complexe, avec tous les
diplômes requis, Whitney Belin
exerce à 25 ans la profession
de maréchal-ferrant.
Une vraie passion.
H
era, une solide jument de selle française
croisée avec un comtois n’est pas toujours
coopérante quand il s’agit de lui changer
les fers. Méfiante, la bête qui pèse facilement
ses 300 kg profite plutôt de son gabarit en pesant sur
celui ou celle qui va s’occuper d’elle. “La dernière fois,
on a même dû faire venir le vétérinaire car elle stressait
trop. J’espère qu’aujourd’hui, cela va bien se passer.
On renouvelle l’opération toutes les six à huit semaines”,
explique Whitney Belin venue lui changer les deux fers
des membres antérieurs.
Après quelques caresses et paroles rassurantes, la jument
bien tenue par sa propriétaire se laisse manipuler sans
difficulté. Il faut d’abord ôter les anciens fers. Whitney
qui porte des chaussures de sécurité pose la patte de
l’animal sur un support, décolle le fer avant de l’arracher
avec une grosse pince. Déjà un bel effort. Même
manipulation pour l’autre patte. Avec un autre outil,
elle enlève soigneusement la corne à l’intérieur, taille
puis lime le contour du sabot. Hera se montre plutôt
docile et sa pédicure ne traîne pas. Elle n’a pas hésité
à investir dans l’aménagement d’une fourgonnette
équipée de tout le matériel nécessaire : forge, meuleuse,
enclume, outils, fers de toutes formes.
Les nouveaux fers sont d’abord chauffés à blanc dans
le four à gaz. Mis en forme sur l’enclume, ils sont
refroidis et posés sous le sabot de l’animal avant de
passer à la meuleuse pour la finition esthétique et
orthopédique. Il ne reste plus qu’à clouer le fer en
prenant garde à ne pas blesser la jument. Force et
précision. Les pointes des clous sont ensuite coupées
et ajustées à la forme extérieure du sabot. Whitney
termine le travail par quelques coups de lime pour que
rien ne dépasse. Travail d’orfèvre. “T’as vu ces belles
chaussures”, lui glisse la maréchale-ferrante qui n’oublie
pas une petite friandise.
Originaire des Hautes-Alpes, cette passionnée de chevaux
a d’abord suivi une formation en élevage équin avant
de s’orienter vers la maréchalerie. Elle complète ensuite
son C.A.P. en préparant en Suisse un certificat fédéral
C
-
Whitney Belin s’est installée à son compte
en mai dernier.
La jeune maréchale-ferrante a investi dans
l’aménagement d’un camion.
de capacité ou C.F.C. toujours dans la même spécialité.
Venue s’établir à Reugney où vit son compagnon
originaire du coin, elle a décidé de se lancer dans le
métier. “J’ai fait une étude de marché. Il y a du potentiel”,
poursuit celle qui, pour l’instant, continue à exercer
en matinée un autre emploi dans la messagerie. Histoire
de conforter son assise financière.
Comme la plupart des maréchaux-ferrants dans le
Doubs, elle fait aussi du parage bovin. Plus qu’un
complément, car cela représente aujourd’hui 60 % de
son activité. o
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ACTUALITÉ
Bilan fourrager
DOSSIER
8
Bien distinguer
le haut du bas
L’abondance des précipitations printanières
combinée à la sécheresse d’été apporte des
situations très contrastées en volumes et en
qualité selon l’altitude. Synthèse.
“I
l faut bien différencier la
situation en plaine, sur les
plateaux et en zone montagne
où l’on n’a pas du tout les mêmes
problématiques”, observe Nicolas
Gaudillière de Conseil élevage 25 -90.
En plaine, on a plutôt cumulé les
handicaps. Le printemps trop humide a
dégradé la qualité du foin avec des valeurs
faibles en azote et fortes en cellulose. On
obtient du foin peu digestible et médiocre.
Comme souvent quand la qualité n’y est
pas, c’est la quantité qui l’emporte.
Les rendements en première coupe ont
été plutôt bons. “Les zones basses ont
ensuite trop souffert du sec pour bénéficier
de repousses d’herbe. La saison de
pâturage s’avère assez médiocre. Au final,
Moyenne des valeurs alimentaires
des foins dans le Doubs (C.E.L. 25-90)
M.A.T. (g/kg M.S.)
C.B. (g/kg M.S.)
U.F.L. (g/kg M.S.)
P.D.I.N. (g/kg M.S.)
P.D.I.E. (g/kg M.S.)
2015
88
320
0,66
55
68
2016
76
343
0,65
49
68
Printemps pourri, été trop chaud : la campagne fourragère 2016
ne restera pas dans les annales.
on se retrouve avec un bilan fourrager
pénalisé car il a fallu taper dans les stocks.
Je comptais sur des repousses d’automne
mais on a trop souffert du manque d’eau.”
La situation est un peu plus encourageante
sur les premiers plateaux avec une qualité
sensiblement meilleure mais de fortes
disparités en volume d’un secteur à l’autre.
C’est encore en montagne qu’on a fait
le meilleur foin. La qualité est là avec
des foins où l’on a mesuré près de 10 %
de matière azotée. Les montagnons ont
aussi bénéficié de conditions idéales au
moment des regains. En plaine comme
sur les plateaux, personne ne se plaindra
d’ailleurs de la qualité des regains même
si la quantité n’est pas toujours là.
Depuis la mise à l’herbe, les performances
sont nettement plus mauvaises que l’année
dernière. “On a perdu 1 kg par vache et
par jour, soit une baisse de 4 % à 5 %,
par rapport à l’année 2015 sur la période
allant d’avril à septembre. Sur une année
complète, on sera aussi en dessous.” Pour
mémoire, l’année 2015 se situait dans
les moyennes.
Les perspectives d’hivernage s’inscrivent
sur la même tendance. En plaine avec
des foins très cellulosiques et faibles en
énergie, il faudra compléter la ration en
azote soluble et en énergie fermentescible.
Quoi qu’il en soit, on restera en dessous
des performances de l’an dernier dans
les systèmes A.O.P. Les caractéristiques
du foin récolté en zone montagne vont
permettre de faire fonctionner le rumen.
L’agronome prévoit également une baisse
de performance de l’ordre d’un kg par
vache et par jour. Doit-on en conclure
que la situation est dramatique, ou pas ?
“Ce sont des variations logiques sur des
systèmes fourragers basés sur l’herbe. A
contrario et pour l’instant, on a des retours
assez positifs sur le plan de l’appétence
des foins, ce qui n’était pas le cas en 2007.
Les vaches mangent bien.” o
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DOSSIER
9
LA FILIÈRE LAIT STANDARD
DANS LE DOUBS
Le Doubs ne se résume
pas au comté. On recense
encore quelques
centaines d’exploitations
sur des systèmes
combinant lait standard,
viande et céréales.
Comment se porte cette
filière dans le Doubs ?
Beaucoup n’ont pas
attendu la crise pour
s’engager vers des
valorisations en bio ou
en pâtes molles.
D’autres revendiquent
aussi le droit de continuer
à produire comme on les
a encouragé à le faire.
Analyse
Quand l’avenir du lait standard
s’inscrit dans l’instabilité
La “filière” lait standard rassemble aujourd’hui quelques
centaines d’exploitations installées pour l’essentiel en
plaine et sur des systèmes en polyculture. Une filière
encore axée vers la valorisation fromagère qui semble
moins sensible aux aléas des marchés beurre-poudre.
L
e Doubs reste largement orienté redistributions laitières. Cette mesure a
vers une production fromagère précédé la fin des quotas. Au final, on
sous A.O.P. Plus de 85 % des a vu plus d’exploitations se tourner vers
volumes de lait sont transformés le lait et abandonner d’autres productions
en comté, morbier, mont d’or… Les comme les ateliers viande.” Le lait
exploitations en lait standard ont subi standard dans le Doubs est positionné
les effets conjugués de la restructuration sur des transformations fromagères qui
et de l’intensification. Conséquences, lui permettent d’échapper, dans une
toutes tailles d’exploitation
moindre mesure, aux variations
Gérer
confondues, leur nombre est passé
des
cours
mondiaux
le risque.
de 534 à 303 en 15 ans, soit une
beurre-poudre. La présence dans
baisse de 43 %. “Elles sont situées
le
département
des
à plus de 80 % en plaine. Certaines sont transformateurs comme Milleret, Mulin,
spécialisées en lait mais la plupart sont L’Ermitage offre ainsi des alternatives
en polyculture sur des systèmes appréciables en période de crise. Ce qui
combinant lait, viande et céréales”, ne signifie pas pour autant que tout va
indique Pierre-Emmanuel Belot, de mieux dans le Doubs. “L’année 2016
l’institut de l’élevage. Les chiffres restera une année catastrophique pour
d’évolution du cheptel laitier comparés la filière lait standard qui n’a pas pu se
aux U.G.B. mettent en évidence l’impact rattraper sur les céréales.” Plusieurs
de la fin des quotas. Le nombre de vaches explications à la baisse de 9
diminue de 4 000 têtes et celui des 000 hectares de S.A.U. depuis 2000 en
U.G.B..baisse de 11 000. “Les vaches lait standard. Bien avant la fin des quotas,
se sont plutôt bien maintenues. En 2013 des exploitations avaient fait le choix
et 2015, la région a bénéficié de grosses de partir complètement en céréales et
d’abandonner les contraintes du lait.
“Cette diminution reflète aussi la
disparition de surfaces agricoles au profit
de l’urbanisation, notamment autour
des grandes villes”, poursuit
Pierre-Emmanuel Belot en y ajoutant les
reconversions vers les filières A.O.P. Si
au C.I.G.C. on enregistre quelques
demandes supplémentaires depuis la
crise, on est loin du raz de marée. “On
ne change pas si facilement de système
de production. Le candidat devra aussi
trouver la fruitière qui sera en mesure
de l’accueillir. On s’inscrit davantage
dans une reconversion planifiée avec
une dizaine de nouvelles exploitations
qui rejoignent chaque année la filière
comté”,
précise
Claude
Nombre d'exploitations
Nombre de vaches laitières
U.G.B. total
Somme des quotas
SAU totale
Vermot-Desroches, le président du
C.I.G.C. Quel avenir pour les producteurs
de lait standard dans le Doubs ? Très
compliqué de se projeter. Seule certitude,
cette filière rentre dans une ère d’instabilité
des volumes produits et des marchés.
L’espoir subsiste. Quelques signaux
semblent annonciateurs d’une reprise
des marchés. “Les exploitants vont devoir
apprendre à travailler dans cette logique
aléatoire en gérant la production, les
investissements de façon à ne pas être
trop fragilisés lors des crises. La question
de la trésorerie sera essentielle. Je pense
que cette filière va vivre une vraie
révolution dans la façon de gérer le risque
d’une mauvaise année”, conclut
Pierre-Emmanuel Belot . o
2000
2015
19 962
15 964
106 664 884
100 871 861
534
39 610
47 700
303
28 029
38 996
Source D.R.A.A.F. - S.R.I.S.E.
10
DOSSIER
Crise laitière
“On a arrêté l’hémorragie”
S’il affiche sa satisfaction à
l’issue des accords
âprement négociés par les
producteurs laitiers avec
Lactalis, Martial Marguet, le
président de la section lait à
la F.D.S.E.A. du Doubs reste
réaliste et exhorte à la mise
en place d’une vraie
stratégie de filière. Entretien.
L
e Doubs Agricole : Peut-on
considérer que ces accords suffiront
à sauver la filière lait standard ?
Martial Marguet : Ils n’inverseront pas
la tendance observée depuis plusieurs
décennies. En 1984, on recensait 440 000
producteurs laitiers en France. Ils n’étaient
plus de 67 200 l’an dernier et les prévisions
tablent sur 30 000 en 2040. On se rend
compte que les statistiques se vérifient
toujours. Conséquence de cette évolution :
des paysages entiers vont être transformés.
Ce ne sera peut-être pas le cas dans notre
région vu le dynamisme des filières sous
signe de qualité. Cette crise a également
mis en lumière le rôle de l’interprofession
laitière qui semble un lieu essentiel de
discussion pour définir des orientations.
F.N.S.E.A. et J.A. étaient parfaitement
dans leurs rôles.
LDA : C’est donc une victoire syndicale ?
M.M. : En tout cas une victoire collective.
Quand on est uni, on arrive toujours à
faire bouger les lignes, à faire admettre
à Lactalis que la pression syndicale
apporte une solution. Ce qui a été obtenu
par les producteurs aura un impact qui
s’étend bien au-delà de Lactalis. Ne
soyons pas dupes, on sait aussi que le
prix fixé est insuffisant, qu’on est toujours
sous les coûts de production mais cela
a néanmoins permis d’arrêter
l’hémorragie. Rappelons qu’il s’agit d’une
crise laitière européenne. Il faudrait
pouvoir dégager encore des aides à la
non-production. Jusqu’à présent, on a
réduit de 180 000 tonnes, soit 3 % de
production en moins.
“Il faut éviter à tout prix un plan massif de conversions”, souligne Martial Marguet, entre
autres président de la section lait à la F.D.S.E.A. du Doubs.
Saône-et-Loire. On enregistre beaucoup
d’inquiétudes autour de cette
problématique. Il faut être vigilant. Le
bio reste une niche. Les produits bio ne
sont pas forcément accessibles à tous les
LDA : Qu’en est-il de l’évolution des consommateurs. Les aides qui avaient
été mises en place pour accompagner les
prix à court terme ?
M.M. : On nous a annoncé 300 euros conversions ne sont plus d’actualité. Il
la tonne en décembre. Cette
faut éviter à tout prix un plan
dynamique se répercutera en
massif de conversions. Les
“Il y avait
2017 avec des prix plus
entreprises qui transforment
urgence.”
encourageants. Il y avait urgence
en bio sont aussi sur la
et malgré tout, des gens arrêteront le lait, défensive.
c’est sûr.
LDA : On évoque souvent la sortie des
LDA : Que pensez-vous des conversions quotas pour expliquer la situation, vrai
en bio ?
ou faux ?
M.M. : J’ai rencontré récemment une M.M. : Ce n’est pas la cause essentielle.
association de 2 600 producteurs bio en Elle se conjugue avec une production
qui a explosé dans le monde entier.
LDA : D’où l’intérêt de mieux contrôler
la production ?
M.M. : Le groupe Lactalis propose de
nouveaux contrats. Les entreprises de
transformation ont conscience qu’il faut
une régulation des apports de lait, à la
hausse comme à la baisse. Si on a un peu
de bon sens, il faut juste tendre vers
l’adéquation entre l’offre et la demande.
LDA : Vous parlez de stratégie de filière,
plus facile à dire qu’à faire ?
M.M. : Non, si on en a la volonté.
Vis-à-vis des transformateurs, on est
toujours le petit de quelqu’un.
LDA : Peut-on changer selon vous les
habitudes de consommation alimentaires ?
M.M. : Oui, mais cela suppose qu’il faut
peut-être produire différemment, avec
une bonne communication, des entreprises
qui jouent le jeu. Alors là, on aura les
marges de production. Regardez comment
les Américains ont reboosté la
consommation de beurre. Relancer la
consommation implique aussi de donner
du sens à l’intérêt de consommer français.
Il y a quand même un équilibre alimentaire
à respecter où tous les produits ont une
place, y compris les produits laitiers.
LDA : Il y a toujours de l’avenir pour le
lait standard en France ?
M.M. : Bien sûr, mais il faudra que notre
agriculture continue à se moderniser. o
Propos recueillis par F.C.
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Pailleuse
100% automatique,
100% confort
Les établissements Coste ont installé une
pailleuse automatique Strohmatic au G.A.E.C.
du Séquoia situé à Arçon dans le Haut-Doubs.
La machine de marque autrichienne Schauer
participe au bien-être animal et humain en libérant
aussi du temps de travail sur l’exploitation.
L
e container où sont introduites Avec un mois de recul, l’agriculteur
les bottes de paille pour être semble très satisfait du produit et de ses
démêlées et broyées a trouvé avantages. Il souligne d’abord : “Cela
sa place dans le hangar de apporte un confort inégalable pour les
stockage aménagé dans le prolongement bêtes. Comme tout est automatisé, le
de la stabulation et de la fumière couverte. paillage se fait de façon plus régulière
Le chargement s’effectue à la fourche et homogène. Aujourd’hui, on lance le
du tracteur. “On passe une grosse botte dispositif deux fois par jour alors
par jour tant que les bêtes sont encore qu’auparavant on fonctionnait de façon
aux champs. On doublera le chargement mécanique en paillant tous les trois
quand elles seront rentrées”,
jours.” Le container qui
“Un confort
indique Florent Henriet. Ce
peut aussi accueillir des
inégalable pour
dernier est associé avec son
balles rondes est relié au
les bêtes.”
cousin Fabien, son père
broyeur qui permet
Séraphin et son oncle
d’obtenir de la paille de 2
Jean-Marie sur une exploitation à à 8 cm. Très important : il est équipé
800 000 litres de lait livrés et transformés d’un piège à cailloux et surtout d’un
en comté à la coop de la Brune. Le aspirateur à poussière très efficace qui
G.A.E.C. du Séquoia soigne un troupeau débarrasse la paille de nombreuses
de 130 vaches laitières regroupées avec impuretés. Lesquelles sont évacuées vers
les génisses et les veaux dans le même la fumière attenante. Selon les
bâtiment en logettes.
installations, elles peuvent être stockées
Le container peut accueillir des balles rondes ou carrées.
dans des manchons. “Ce séparateur à l’espace réservé aux vaches, l’autre est
poussière limite le développement dédié aux génisses et aux veaux. Les
microbien et assainit l’ambiance à circuits comprennent une sortie entre
l’intérieur de la stabulation”, précise deux logettes équipées ou pas de
Jean-François
Girard, répartiteurs simples ou doubles. “Tout
technico-commercial chez Coste.
dépend le niveau de précision attendu
Sécurité oblige, le container dispose de et s’il faut pailler une ou deux travées.”
détecteurs d’incendie tout comme on À chaque sortie, les brins s’amoncellent
trouve des détecteurs d’étincelles et de au sol formant des petits tas vite étalés
température aux endroits les plus chauds. par les bêtes qui prennent beaucoup de
La paille broyée et nettoyée est ensuite plaisir à se vautrer dans cette paille toute
acheminée par une chaîne à pastilles neuve. “Il faut compter quelques jours
dans les deux circuits de distribution pour que se forme un matelas sous les
montés au-dessus des bêtes. Chacun bêtes.” L’automatisation du paillage
mesure 200 m de long. L’un couvre permet également des économies de
main-d’œuvre ou libère du temps pour
effectuer d’autres opérations. “Le gain
peut varier de 1 heure à 1 h 30 par jour
selon la taille et la configuration des
exploitations.”
Le système n’a aucun impact sur les
effluents. Contribue-t-il à améliorer les
performances laitières du troupeau ?
“On observe sans le prouver des effets
assez qualitatifs mais c’est encore trop
tôt pour confirmer des améliorations”,
note Florent Henriet.
Comme toute machine paramétrée de
façon électronique, la pailleuse
Strohmatic a aussi quelques exigences
pour donner son meilleur rendement.
“On a besoin d’une qualité de paille
régulière pour éviter de changer les
réglages. L’entretien est assez simple
avec quelques points de graissage, vérifier
la tension de chaîne et vider le piège à
cailloux”, conclut Jean-François
Girard. o
La paille descend le long des répartiteurs.
COSTE
10, rue de la fauconnière
25160 OYE ET PALLET
03 81 89 40 90
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ZA LES MORTURES
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1, route de St Claude
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12
DOSSIER
Soutien
L’A.P.A.D. 25 solidaire
des paysans en difficultés
Cette association suit chaque année une trentaine
de situations délicates dans le Doubs en privilégiant
l’écoute et avec l’objectif de mettre en place un
accompagnement personnalisé.
L’
euphorie du comté ne doit
pas masquer les difficultés
d’une profession souvent en
tension. “On déplore trois
suicides par semaine chez les agriculteurs.
Le nombre a doublé depuis 2008 et on
est toujours sur cette dynamique.
Peut-on alors parler de crise quand cela
devient perpétuel ? La fin des quotas
n’a rien amélioré”, explique Michel
Cartier, administrateur à l’Association
Partenaire des Agriculteurs en Difficulté
25. Laquelle association a vu le jour en
1992 suite à l’instauration de pénalités
sur les petits producteurs.
En 25 ans, la mission n’a pas changé.
L’A.P.A.D. s’est fixé pour objectif
d’intervenir en accompagnant des
personnes et des familles par une écoute
et un soutien moral. Elle se positionne
dans la recherche de solutions techniques
et juridiques pour sauvegarder les
structures agricoles en situation délicate.
Ce double accompagnement est un
fondement de l’association car tout
projet agricole est avant tout un projet
de vie. “On répond à tous les appels
quelle que soit la taille, la production.
On agit en toute confidentialité avec
un large réseau de partenaires, en
particulier la M.S.A. Quand les
personnes ne sont plus autonomes dans
les décisions, la fragilité est encore plus
grande”, note Ferjeux Courgey qui
préside l’A.P.A.D. 25.
Les dirigeants, s’ils ont la volonté
d’œuvrer en partenariat avec les O.P.A.,
ne sont pas forcément en phase avec
leurs pratiques. “On craint leur gestion
de crise en triant les exploitations sur
les seuls critères de viabilité.”
L’A.P.A.D. s’oppose à certaines mesures
gouvernementales
par
trop
discriminantes. Michel Cartier cite
l’exemple des agriculteurs en difficultés
n’ayant pas touché les allégements de
charge M.S.A. distribués de façon
proportionnelle en pénalisant, in fine,
Michel Cartier et Ferjeux Courgey s’inquiètent
des conséquences de la dynamique du comté.
ceux qui en avaient le plus besoin. Même Michel Cartier en regrettant que
chose avec l’aide à la diminution de la l’agriculteur “fiché” n’ait plus droit
production laitière dont sont exclus aux prêts bancaires.
tous ceux qui sont en procédure L’A.P.A.D. 25 s’appuie sur un réseau
judiciaire. “L’an dernier, Solidarité composé d’une vingtaine de bénévoles
paysanne a réussi à obtenir les avances aux compétences diverses. Le processus
à la trésorerie.”
de précarité s’enclenche toujours avec
Depuis sa création, l’A.P.A.D. a une certaine inertie. “À chaque début
accompagné environ 200 familles. de crise, on n’enregistre pas une
“Beaucoup s’en sont sortis. Certains recrudescence des difficultés. Elles
sont partis pour être remplacés par surviennent ultérieurement.” La situation
d’autres. On n’a jamais cherché à d’un agriculteur en difficultés relève de
analyser le profil des
plusieurs facteurs humains,
“Trois
agriculteurs en difficultés. Je
professionnels, sociaux,
ne pense pas qu’on puisse tirer
techniques.
suicides par
un portrait-robot.”
L’accompagnement peut
semaine.”
Michel Cartier et Ferjeux
parfois s’étaler sur plusieurs
Courgey s’inquiètent des conséquences années. Il prend parfois la forme de
de la dynamique du comté. “On craint médiation pour régler des problèmes
qu’il y ait de la casse au niveau des relationnels entre associés de G.A.E.C.
producteurs qui partent sur des “On intervient souvent en situation de
investissements gigantesques. On divorce. Quand on se retrouve dans
dénonce aussi la politique de cette configuration, certains croient que
défiscalisation qui accroît le problème leur exploitation ne vaut plus rien que
de l’endettement. Cette politique va à de finir chez les voisins. C’est loin d’être
l’encontre de l’impôt et de la M.S.A. la seule issue. On peut souvent installer
C’est une perte de solidarité”, estime quelqu’un d’autre sur la ferme.” o
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13
Montbéliard
Fromagerie de Montbéliard :
retour d’expérience
Cette jeune
coopérative qui
regroupe 8 producteurs
et emploie 12 salariés
est toujours en phase
d’expérimentation
commerciale sur une
zone à fort potentiel,
mais très
concurrentielle.
La fromagerie
occupe
l’ancienne
ferme Graber,
famille à
l’origine
de la race
montbéliarde.
D
ans le Doubs, les alternatives
au lait standard sont assez
limitées avec quelques
ouvertures possibles mais
limitées vers l’A.O.C. morbier, la
conversion bio et la vente directe. “En
2014, on a profité de la fin des quotas
qui offrait l’opportunité de créer des
circuits courts sans enlever des volumes
de lait sur les exploitations”, rappelle
André Alix, le président de cette nouvelle
coopérative en rien comparable avec les
fruitières à comté qui s’appuient sur une
filière séculaire et particulièrement bien
structurée.
Huit producteurs laitiers du pays de
Montbéliard ont ainsi pris le risque
d’investir près d’1 million d’euros dans
l’équipement d’une fromagerie aménagée
sur la zone du Pied des Gouttes dans
l’ancienne ferme Graber, famille
précurseur de la race montbéliarde. Tout
un symbole. Ce bâtiment appartient à
l’agglomération Pays de Montbéliard
qui a financé la rénovation et loue les
locaux aux producteurs. “C’est vrai
qu’on a été bien accompagnés. On règle
un loyer mensuel de 5 000 euros. Ce
n’est pas un cadeau même si
l’emplacement répond aux attentes”, ce marché se fournit régulièrement chez
souligne André Alix à l’intention des nous. Cela a pris du temps mais on y
mauvaises langues estimant que ce projet est parvenu. On travaille également avec
était par trop soutenu.
la cuisine centrale Estredia. On a l’outil
Décision a d’abord été prise de créer une pour assurer de grosses commandes.”
large gamme de fromages avec des pâtes Toujours dans cette logique de
molles, des pâtes pressées comme le diversification, la fromagerie de
morbier, la raclette ou la tomme des Montbéliard tente sa chance sur Rungis.
princes à l’ail des ours et des pâtes pressées Succès mitigé. “On n’a aucune lisibilité.
demi-cuites. Sans oublier les produits C’est encore très fluctuant dans la gestion
laitiers. “On est encore en
d’activité.” Le site de vente
“L’avenir,
phase de démarrage et certaines
en ligne fait toujours du
de nos spécialités ne sont pas
c’est d’abord surplace. Pour autant, aucun
encore assez connues. Il ne faut
des huit producteurs n’a quitté
conforter
jamais s’affoler.”
l’aventure. La prudence reste
l’existant.”
La
question
de
la
de mise. “On ne fanfaronne
commercialisation est encore loin d’être pas, surtout qu’on doit rembourser entre
réglée. En 2015, la fromagerie tente 10 000 et 12 000 euros d’emprunts
l’expérience d’ouvrir un second magasin chaque mois.” La fromagerie transforme
à Offemont. Sans grande réussite. “On le même volume depuis sa création, soit
n’est pas sûr de renouveler le bail.” Elle environ 600 000 litres de lait par an.
cherche aussi à se positionner dans la “C’est une équation difficile à résoudre
grande distribution et découvre la guerre entre fabrication et rentabilité. On peine
des prix. “Nos produits sont parfois souvent à cerner les limites en sachant
vendus 30 % moins chers en grande qu’on est limité par les capacités de
surface. On s’est juste fixé comme règle stockage.”
de pratiquer les mêmes tarifs pour tous Pour autant, les producteurs n’ont pas
nos revendeurs.”
trop à se plaindre puisqu’ils touchent
André Alix compte bien s’imposer parmi 460 euros par 1 000 litres. Volet plus
les fournisseurs de la restauration délicat : le personnel, avec des difficultés
collective. Un marché non négligeable à maintenir les effectifs en place surtout
sur une agglomération de 300 000 en fabrication. “On a beaucoup de
habitants. “Le Conseil départemental turn-over. Dans la région, les fromagers
pousse pour favoriser la mise en place sont souvent axés sur une ou deux
des circuits courts dans les cantines fabrications alors qu’ici on est beaucoup
scolaires. L’A.D.A.P.E.I. qui contrôle plus diversifiés et c’est parfois plus
compliqué à gérer.”
Alix André n’est pas du genre à tirer des
plans sur la comète. “L’avenir, c’est
“On est toujours motivé par la
d’abord conforter l’existant. Monter
fierté d’y arriver”, explique André progressivement en volume. On est
Alix en montrant
toujours motivé par la fierté d’y arriver
la dernière pâte molle mise au
et le souci de ne jamais succomber à la
point par la fromagerie.
facilité.” o
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14
DOSSIER
Soye
“C’est le terroir qui parle”
Après seize ans en agriculture conventionnelle,
le G.A.E.C. de la Garenne, à Soye, s’est engagé
vers la conversion bio dans un souci d’autonomie
alimentaire. Sans regret.
E
st-on capable de produire du sans alimentation extérieure. La
lait à 200 euros la tonne ? Pour production est calée sur la capacité du
François Ciresa, la réponse ne terroir à produire. On voulait pouvoir
semble faire aucun doute. dire stop aux avances de paiement sur
“Sinon, il faut se diversifier. On a besoin les engrais dans lesquelles on se retrouvait
de réinventer nos filières, de se poser les pieds et poings liés.” L’autonomie avant
bonnes questions.”
tout. Le bio ne rime pas toujours avec
Originaire du pays de Montbéliard, cet proximité. Le lait produit à Soye est
agriculteur est venu avec son épouse consommé dans la Somme. “On adhère
reprendre une ferme à Soye. En 1992, toujours à l’U.A.C. qui n’ayant pas de
le couple s’est associé avec un voisin, filière bio fonctionne en échange de lait
David Perriguey pour former le G.A.E.C. avec Lactalis.” Pendant cinq ans, le
de la Garenne. “Au départ, on faisait G.A.E.C. de la Garenne a pleinement
du lait standard avec de l’ensilage maïs bénéficié de l’effet ciseau avec une
et 3 kg de tourteaux dans la
diminution de ses charges et
ration. On était producteurs de
l’augmentation régulièrement
5 600
lait et cela s’arrêtait là. On n’avait
du prix du lait bio. “Aujourd’hui,
litres par
aucune maîtrise sur le produit.
on est autour de 410 euros la
vache.
D’où l’envie de se réapproprier
tonne, soit une centaine d’euros
le reste.”
au-dessus du lait standard. Le seuil
La crise laitière en 2008 va accélérer la d’équilibre sur une exploitation comme
mutation de l’exploitation vers le bio en la nôtre se situe près de 340 euros la
se fixant comme objectif l’autonomie tonne. En 2014, le prix était monté
fourragère. Pas forcément une question jusqu’à 500 euros la tonne.”
de conviction, du moins pour François Toutes les mentalités ne sont pas prêtes
Ciresa, mais la recherche d’un à subir les contraintes de la conversion
fonctionnement plus naturel. “À 350 m bio. En s’engageant dans cette démarche,
d’altitude, on doit pouvoir faire du lait il faut accepter que le niveau du tank
En 2008, François Ciresa et David Perriguey ont décidé de partir en bio
dans un souci d’autonomie alimentaire.
baisse et que les bêtes soient moins
prolifiques. “On est sur une production
annuelle de 5 600 litres par vache. Il
faut savoir se remettre en cause et accepter
le regard des autres.”
Le G.A.E.C. qui soigne un troupeau de
80 vaches laitières consacre 25 à 30
hectares dans la culture de céréales
destinée à l’alimentation des bêtes. “On
a aussi la chance d’avoir une centaine
d’hectares regroupés autour de la ferme
même si cette spécificité n’a rien
d’aléatoire car on a investi en
conséquence.”
L’année 2016 est marquée par la mise
en place du séchage en grange. Cet
équipement signe la fin des enrubannages
d’herbe. Un gros investissement concède
François Ciresa qui n’exclut pas d’ouvrir
un autre atelier à plus long terme. Une
façon comme une autre de se projeter
dans l’avenir. “On doit aussi faire en
sorte que l’outil soit transmissible et que
ceux qui nous remplaceront puissent en
vivre. Il faut sortir du cliché bio des
années soixante-dix. Aujourd’hui, les
producteurs bio font partie intégrante
de l’agriculture.” o
*
*
*
*
*Voir conditions en concession
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15
Conversion bio
Les producteurs
laitiers
modérément
attirés par le bio
La vague bio observée dans l’Ouest depuis
quelques années n’a pas franchement inondé
les exploitations laitières du département.
D
epuis cinq ans, le nombre
d’exploitations laitières dans le
Doubs en bio ou en conversion
bio reste assez stable et serait même en
légère régression. On en dénombrait 92
en 2011 contre 87 aujourd’hui. Moins
de fermes mais plus de bêtes puisqu’au
niveau des têtes de bétail, le cheptel
Année
2011
2012
2013
2014
2015
Nombre
d’exploitations
92
92
92
88
87
évolue de 4 161 à 4 309, soit un solde
positif de 148 vaches. Idem pour les
surfaces fourragères bio qui progressent
de 98 hectares, passant de 1 670 à 1 768
hectares. “On se situe quand même sur
une dynamique globale positive même
au niveau des exploitations car il faut
prendre en compte les départs en
Nombre de
têtes bio
4 161
4 238
4 434
4 341
4 309
Cultures
fourragères
Surfaces A.B.
1 670
1 707
1 741
1 638
1 768
Le nombre d’exploitations bio dans le Doubs est en stagnation
(photo archive LDA)..
retraite”, indiquent de concert Pauline consommation de lait et de produits
Leblanc et Christian Faivre, chargés de laitiers frais progresse plus vite que celle
la mission bio à la Chambre des fromages bio.”
d’Agriculture.
La procédure de conversion est également
On enregistre en moyenne chaque année plus compliquée chez un producteur
dans le Doubs entre 15 et 20 demandes laitier qui aura besoin d’avoir au
de conversion à l’agriculture
préalable l’aval de sa laiterie
La tradition
biologique. Elles concernent
ou de sa coopérative s’il veut
des installations dans le
que son lait puisse être
fromagère
maraîchage et les plantes
transformé et commercialisé
prédomine
aromatiques, la viande bovine,
en bio. L’exemple du Doubs
encore.
l’élevage ovin, ou caprin.
ne reflète pas la situation
Durant les cinq dernières années, la régionale. Sur la même période
filière lait fut peu concernée. À cela d’observation en Haute-Saône, le cheptel
plusieurs raisons et notamment la laitier bio a progressé de 22 % contre
tradition fromagère qui prédomine 3 % dans le Doubs, progressant de 3 097
encore dans ces filières que ce soit en à 3 805 bêtes. o
Source : Agence Bio/-O.C.
lait standard ou A.O.P. “La
Maçonnerie agricole
Aménagement de batiment existant
Fosse circulaire
Fosse sur caillebotis
Fumière
Silo
7 Rue de lʼEglise - 70700 MONT-LES-ETRELLES
Fax 03 81 58 90 77 - [email protected]
Port. 06 37 16 51 06 - Tél. 06 86 75 17 85
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16
DOSSIER
Mercey-le-Grand
“Ce qui nous a maintenus,
c’est la production”
Le
G.A.E.C.
Bonnefoy
cherche
toujours à
rationaliser
la
production.
Installé en G.A.E.C. avec son épouse sur une
exploitation en lait standard-céréale, Christophe
Bonnefoy a toujours investi pour augmenter
sa capacité de production. Stratégie.
À
chaque terroir, ses standards.
“C’est très compliqué de faire
du foin chez nous. On
exploite des terres profondes
qui s’avèrent souvent trop humides en
période de foins. On aura rarement la
qualité. Ici, le maïs, c’est plus sécurisant”,
explique Christophe Bonnefoy également
vice-président de la section lait à la
F.D.S.E.A. du Doubs.
Le G.A.E.C. Bonnefoy qui emploie un
salarié à mi-temps produit 700 000 litres
de lait, collecté par la fromagerie Mulin
à Noironte. Laquelle fédère une centaine
de producteurs et transforme environ
50 millions de litres de lait. “Le lait
Mulin apporte une plus-value, de par
une fabrication en constante
augmentation de produits locaux. En
2016, on a touché environ 300 euros
de prix de base pour 1 000 litres. On a
besoin de plus mais on est tout de même
au-dessus des grosses laiteries nationales.”
Une partie des céréales sert à
l’alimentation du troupeau et le reste
est stocké avant d’être mis en vente en
fonction des opportunités du marché.
Christophe Bonnefoy s’emploie à
comparer la situation à vingt ans d’écart.
“On touchait à peu près le même prix
de lait en 1995 quand je me suis installé.
À l’époque, un mécanicien coûtait
18 euros de l’heure contre 50 euros
aujourd’hui. Pour une journée complète
de travail, là où il fallait traire matin et
soir 20 vaches, on passe à 50 vaches.”
Dans ces circonstances, l’agriculteur climatiques peu propices aux céréales,
implanté au village de Cottier sur la le G.A.E.C. Bonnefoy a beaucoup misé
commune de Mercey-le-Grand a cette année sur l’ensilage maïs. “Les
privilégié la rentabilité. “On a cherché anciens disaient qu’il fallait toujours
à augmenter la production par U.T.H. avoir une année d’avance.”
Quand on est parti dans cette démarche, Si les prix du lait ont peu évolué en vingt
on ne sait jamais où s’arrêter. Il y aura ans, il reconnaît l’amélioration des
toujours des pays qui produiront moins conditions de travail et les gains
cher que nous, donc si on veut
d’efficacité avec du matériel
garder des exploitations à
de plus en plus performant.
“Je veux
taille humaine, c’est à la
Sur le plan social, il estime que
bien qu’on
France de mettre en place une
le retour des épouses,
nous parle
politique de soutien aux
conjointes sur l’exploitation,
de baisse des
65 000 producteurs de lait
constitue un facteur de progrès
charges…”
français. Je veux bien qu’on
pour l’agriculture.
nous parle de baisse des
Dernier point et non des
charges mais il y a longtemps qu’on y moindres, il serait temps de revoir la
a réfléchi sans que cela soit la seule fiscalité agricole. “On devrait avoir la
solution. On a plutôt fait le pari de possibilité de mettre de l’argent de côté
consolider le système afin de diluer les les bonnes années sans pour autant être
charges de structure.”
pénalisé fiscalement. Aujourd’hui, le
Parmi les facteurs de progrès, il distingue système nous oriente davantage vers le
l’intérêt d’utiliser de la semence sexée renouvellement du matériel alors qu’on
qui apporte de l’efficacité dans la gestion pourrait renforcer nos trésoreries en
du troupeau. Vu les conditions adaptant la législation.” o
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Autechaux
17
Pour la
reconnaissance
du lait pâturé
Producteur de lait bio, Claude Garneret part en croisade
contre une enseigne de la grande distribution qui
commercialise du lait de consommation sous la marque
“Pâturages” sans que rien ne garantisse cette
provenance. Il mène son combat sous la bannière
de la Confrérie du pâturage français.
“O
n n’a rien contre le lait
industriel. On souhaite
simplement se différencier
de ceux qui ne pratiquent pas le pâturage”,
explique ce producteur qui travaille avec
le soutien de son épouse sur une
exploitation de 300 000 litres de quotas
laitiers. Soit un troupeau de 40 à 50
vaches laitières. Toute sa production part
chez Lactalis. “Même en bio aujourd’hui,
le prix du lait, ce n’est pas ça… Il est
indexé sur celui du lait standard avec un
coût d’aliment plus élevé. Je suis ravi
d’être en bio mais comme nos produits
ne sont pas assez valorisés, on est contraint
de faire des économies sur le matériel,
on a du mal à investir”, estime ce fervent
défenseur du pâturage, de “la vache qui
Spécialiste de
votre bâtiment
SUR-MESURE
broute”.
Pour lui, il n’y a pas de comparaison
possible. Le lait zéro pâturage est plus
pauvre, néfaste au bien-être animal et à
l’environnement. Tout le contraire du
lait pâturé riche en Oméga 3, profitable
aux bêtes et à la santé de ceux qui en
consomment. D’où cette colère face à ce
qu’il considère comme un vol d’identité,
une tromperie. “La marque Pâturages
qui se veut porte-drapeau du lait français
ne peut apporter aucune garantie sur le
fait que ce produit provient en totalité
d’exploitations pratiquant le pâturage.”
Avec quelques autres producteurs, il a
créé la Confrérie du pâturage français
ouverte à tous les agriculteurs et
consommateurs qui se reconnaissent
Claude Garneret tire la sonnette d’alarme et réclame une différenciation
entre ceux qui font du lait pâturé et les autres.
dans ce lien au terroir. “On a informé
de notre démarche tous organismes
agricoles et les élus jusqu’au préfet et au
ministre. À ce jour, on n’a toujours pas
eu de réponse. On va déposer plainte
contre l’enseigne en question.” Stop à la
publicité mensongère. Stop à la mise à
mort des petits producteurs au profit des
grosses exploitations qui utilisent l’image
du pâturage avance-t-il. “Il n’y a pas
d’écart de prix entre les deux laits. On
demande une revalorisation de 10
centimes pour le litre de lait pâturé par
rapport au lait industriel.”
Suite à la mise en place de la Confrérie,
Claude Garneret indique avoir été assailli
de messages de soutien d’autres
producteurs et de consommateurs. Il
s’étonne aussi de ne pas avoir été suivi
par les syndicats en notamment celui où
il adhère depuis des lustres, à savoir la
F.D.S.E.A. “On aimerait qu’il nous
soutienne. On reste encore diplomate
mais on est prêt à durcir le combat si
rien ne bouge. Il me reste encore 15 ans
à faire et je ne vais pas changer mes
façons de faire. J’aime mon métier.
Maintenant, je n’ai plus le choix et je
n’ai pas envie non plus de me laisser
marcher sur les pieds.” o
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18
ACTUALITÉ
Ouhans
Plus de lin, moins de méthane
En Franche-Comté, une cinquantaine
d’exploitations adhèrent au programme
Éco-méthane qui vise à réduire les émissions
de méthane des vaches en ajustant une ration
riche en Oméga 3. Témoignages.
E
n matière de conduite d’élevage,
il n’existe pas d’algorithme
universel. Chaque exploitation
résout l’équation comme elle
entend en prenant en compte ses
contraintes et ses objectifs. Au G.A.E.C.
de la Damette situé sur la commune
d’Ouhans, on mise sur la qualité du lait
et la santé du troupeau. “On a le souci
d’avoir du lait qui se travaille facilement.
Ce que l’on donne en ration correspond
à ce que la vache demande. On veut
maintenir les taux et avoir le moins de
cellules possible”, résume Gilles
Descourvières. Ce dernier est associé
avec son frère Daniel et son neveu Nicolas
Tournier sur une exploitation à 293 000
litres de lait à comté. Ils sont sociétaires
de la fruitière des Sources de la Loue,
fusion des coopératives d’Évillers, Ouhans
et Fallerans.
Le G.A.E.C. de la Damette, qui soigne
une quarantaine de vaches laitières,
adhère depuis trois ans au programme
Éco-méthane animé par les établissements
Chays Frères à Avanne. “Éco-méthane
consiste à prédire la réduction des
émissions de méthane en utilisant une
équation reposant sur la mesure du profil
en acides gras du lait. On peut ainsi
établir une corrélation entre le taux de
méthane et les acides gras saturés,
simplifie Hervé Belot, responsable
commercial aux Éts Chays-Moulin
Nicolas Tournier, Gilles et Daniel Descourvières apprécient de pouvoir
concilier la santé du troupeau et l’impact environnemental d’une alimentation
permettant de diminuer la quantité de méthane issue de la rumination.
Une alimentation
riche en Oméga 3
permet de réduire de
façon significative
les émissions de
méthane.
10,7 T
CO2
économisés
Au 28 septembre,
le compteur
Éco-méthane du
G.A.E.C. de la
Gamette montrait
que l’exploitation
avait économisé
l’équivalent de 10,7
tonnes de CO2, soit
157 653 km de
voiture non
parcourus.
154 653
Kms de voitures non parcourus
d’Avanne. Ce programme s’appuie sur bénéfices sont tout aussi appréciables et
un outil de pilotage de ration baptisé rentables”, constate au quotidien Gilles
Visiolait. Cet outil mesure diverses Descourvières.
paramètres : efficacité laitière, protéique, Plus de production laitière, davantage
rumination, immunité, fertilité, de réussite en insémination, moins de
méthane… On analyse le lait pour que risque de maladies métaboliques, sans
la vache soit à l’optimum au niveau du parler des bénéfices environnementaux.
rumen et de la mamelle.”
Une vache en lactation produit
Chaque mois, les producteurs peuvent quotidiennement 400 grammes par jour
visualiser la courbe du méthane émise de méthane, soit sur une année
par le troupeau, exprimé en
l’équivalent d’un véhicule ayant
grammes par litre de lait. Le
parcouru 20 000 km. Avec une
Beaucoup
contrôle de la production de
alimentation riche en Oméga
d’énergie
méthane vise plusieurs
3, à base d’herbe ou de lin, ses
gaspillée
objectifs. Il y a d’abord un
émissions de méthane baissent
par la vache.
intérêt zootechnique “Chez la
de 15 %.
vache, le méthane provient de
Les trois associés du G.A.E.C.
la rumination et plus précisément de la sont très satisfaits du dispositif. “Il nous
digestion de la cellulose. Le méthane est permet aussi d’anticiper les soucis de
de l’énergie gaspillée. D’où l’idée santé. Grâce aux différents indicateurs,
d’intervenir pour que l’animal utilise on est averti avant que les soucis
cette énergie pour améliorer sa apparaissent. Globalement, on a moins
production” poursuit Hervé Belot. L’un de frais vétérinaires depuis trois ans. Au
des leviers pour réduire le méthane niveau du prix de lait, on n’a pas à se
consiste à introduire dans la ration plaindre. Dans une exploitation comme
hivernale des acides gras poly-insaturés la nôtre contrainte par le foncier, cette
de type Oméga 3 présent en abondance démarche en Oméga 3 nous permet de
dans la graine de lin extrudée. “Cela respecter le cahier des charges du comté
vient compenser les pertes par oxydation sans baisser la production et en gardant
des matières grasses dans le foin avec toujours les mêmes taux. On n’est pas
l’idée de se rapprocher des teneurs de insensible à la réduction de méthane.
l’herbe.” Enrichir une ration en Oméga Cela correspond aussi à l’image du
3 coûte un peu plus cher financièrement. comté.” o
F.C.
“On en est bien conscient mais les
DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page19
Dannemarie-sur-Crète
19
“Nous investissons ici pour le long terme”
Le fabricant d’aliments pour le bétail Terre Comtoise
lance un vaste chantier de construction d’une nouvelle
usine sur son site historique de production de
Dannemarie-sur-Crète. Les précisions de Frédéric
Moine, directeur général de la coopérative.
L
n
e Doubs Agricole : Après des années
de préparation, le chantier démarre
enfin. Pourquoi ce fut si long ?
Frédéric Moine : Nous sommes en effet
à l’issue d’un dossier dont l’instruction
aura duré plus de 5 ans. Les obstacles
ont été de plusieurs ordres. Foncier d’abord
avec une acquisition de terrains qui n’est
pas toujours facile. Ensuite, comme c’est
un terrain sur lequel devait se construire
une usine, nous avons dû attendre la
modification du P.L.U. de Dannemarie.
Le fait d’être sur un site classé Seveso a
encore renforcé la procédure. De plus,
comme ce bâtiment sera assez haut, fait
de béton et d’acier, les études ont été
particulièrement complexes. Enfin, la
situation du sous-sol n’étant pas simple,
comme souvent dans notre région, des
travaux complémentaires ont été
nécessaires. Après toutes ces années de
préparation et d’études, nous avons enfin
attaqué le chantier cet été. Ce chantier
devrait au total durer 18 mois à partir
de l’obtention du permis de construire.
LDA : Pourquoi une nouvelle usine ?
F.M. : L’idée de créer cette nouvelle unité
de production répond à nos besoins de
fabriquer des aliments non-O.G.M. C’est
avant tout pour une question de traçabilité
de nos aliments, indispensable pour donner
aux consommateurs une garantie totale.
Il était nécessaire d’une part de créer une
unité séparée de l’ancienne (qui continuera
à fonctionner) et également d’augmenter
nos capacités de production pour répondre Terre Comtoise, c’est un investissement
à la demande. Nos capacités actuelles d’un peu plus de 10 millions d’euros.
sont insuffisantes. La construction de C’est une construction d’avenir qui doit
cette usine nous donne aussi l’occasion nous permettre d’assurer de meilleures
de réorganiser nos différents sites de performances en termes de production,
production et de rééquilibrer les volumes d’économies d’énergie, de maîtrise des
entre les sites de Rigney, Corre, Cuvier températures, etc. Les conditions de
et Dannemarie. Avec cette nouvelle unité, travail seront complètement différentes.
Avec cette nouvelle usine, on
on sera amené à fermer notre
“Un
s’inscrit dans la pérennité,
site de Rigney. La nouvelle
investissement
celle des filières A.O.P. de
usine permettra enfin de
notre région.
séparer complètement la
de plus de
production standard de la
10 millions
LDA : Vous investissez
production non-O.G.M.
d’euros.”
lourdement au moment où la
destinée à répondre au cahier
des charges des produits A.O.P. crise laitière secoue le monde agricole.
Dannemarie est idéalement placée pour Est-ce bien perçu par vos adhérents ?
nous, au cœur de la Franche-Comté et F.M. : Il est naturel que nos adhérents
s’interrogent mais il faut analyser de
près des voies de communication.
près la situation. Avec un outil vieillissant,
LDA : Quel est le volume actuel de nous étions en quelque sorte au pied du
production et les objectifs avec la nouvelle mur. C’est investissement n’est pas
conjoncturel, il s’inscrit dans la durée.
unité ?
F.M. : Sur l’ensemble des sites Terre Nous investissons ici pour le long terme,
Comtoise, on se situe actuellement à en pensant aux cycles suivants de
140 000 tonnes, dont 80 000 produites l’agriculture. Nous sommes aussi au
sur le site de Dannemarie. L’objectif est cœur de la filière A.O.P. qui elle, est
que la nouvelle unité de Dannemarie encore préservée. Le conseil
atteigne une production de 120 000 d’administration et la coopérative Terre
tonnes. Cette nouvelle unité sera Comtoise croient profondément en
opérationnelle à l’automne 2017. Pour l’avenir de l’agriculture. o
Frédéric Moine, directeur général de Terre Comtoise :
“On lance un des plus grands chantiers privés de la région.”
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20
ACTUALITÉ
Maisons-du-Bois-Lièvremont
Le porc des Ricornes
à savourer en direct
Soucieux de se libérer des aléas du cours du porc,
Yannick et Jean-Michel Pourchet du G.A.E.C.
de la Ricorne à Maisons-du-Bois-Lièvremont
choisissent de valoriser eux-mêmes
une partie de leur production.
“O
n bouche les
trous”, annonce
l’éleveur de la
Ricorne
en
évoquant la hausse aussi conséquente
qu’inattendue du prix du porc en 2016.
Fin août au cadran breton, le cours
s’affichait encore à 1,46 euro le kilo
contre 1,23 euro le kg en moyenne en
2015. À l’origine de cette remontée : la
hausse de la consommation chinoise.
S’il profite d’abord aux producteurs
allemands et espagnols, ce regain d’appétit
efface largement les effets de l’embargo
russe qui prive les Européens depuis deux
ans d’un gros débouché. La belle aubaine
donc. Pas forcément, estime Yannick
Pourchet qui ne trouve pas trop logique
et pertinent qu’une petite région comme
le Haut-Doubs dépende ainsi du bon
vouloir des Chinois dans leurs habitudes
alimentaires. “Aujourd’hui, on retombe
sur nos coûts de production en dégageant
même une petite marge si l’on ajoute les
15 centimes supplémentaires de plus-value
régionale liée aux signes de qualité. Pour
autant, je reste très prudent et même un
peu inquiet car on n’a jamais vu les cours
monter de façon aussi fulgurante.”
Face à toutes ces incertitudes, Yannick
et son oncle ont décidé de réactiver la
bonne vieille méthode de vente en direct
comme cela se pratiquait autrefois dans
les fermes comtoises où les voisins et les
proches venaient s’approvisionner au
plus près. “C’est très valorisant sur le
plan humain. Ce contact avec la clientèle,
c’est quelque chose qui nous redonne le
sourire.”
Entre l’idée et la mise en place du projet,
les choses furent plus compliquées à
réaliser. Les deux éleveurs ont préféré
Déçus des retombées de l’I.G.P. saucisse de Morteau vis-à-vis
des producteurs, Yannick Pourchet et son oncle Jean-Michel
se diversifient dans la vente de viande de porc en direct.
faire appel à un artisan-boucher pour caissettes. La prise de commandes
les opérations de découpe et de s’effectue par mail ou au téléphone. “On
transformation. “On passe en moyenne a un site Internet en cours de finition
un porc par semaine. Il est abattu à qui dispose d’un dispositif de commande
Valdahon où le boucher va le récupérer. en ligne.” Ils se lancent avec prudence
La viande est ensuite stockée dans une dans la vente directe sachant que cela
grande armoire frigorifique à la Ricorne.” représente à peine 2 % de la production,
Le porc des Ricornes se consomme sur un élevage à 2 600 porcs charcutiers
uniquement en caissettes dont
annuels. Pas question de tout
le contenu est adapté aux
remettre en cause donc et de
“Très
saisons. Version grillade en
fragiliser la gestion d’une
été, caissette à mijoter avec
exploitation mixte en lait à comté
valorisant
petit salé, rôti à l’os, saucisses
et viande porcine. “On ne
sur le plan
à cuire, caissette porc chrono
voudrait pas dégrader les autres
humain.”
avec escalopes, échine, sauté…
postes de travail.”
“On fonctionne sur commande
Pour Yannick Pourchet, dernier
avec le souci de valoriser l’ensemble de éleveur du Doubs à s’être installé en
la carcasse. Une caissette de 5 kg filière porcine, cette diversification sonne
correspond aux besoins d’une famille de comme un nouvel espoir. “À l’installation,
quatre personnes.”
je misais beaucoup sur l’arrivée des I.G.P.
Ce nouvel atelier est en place depuis juin. et j’ai été très déçu. On repart sur un
Outre l’armoire frigorifique, Yannick et nouveau challenge qualitatif. Si l’affaire
Jean-Michel ont investi dans se développe et les cours se maintiennent,
l’aménagement d’un local d’accueil où on espère bien prendre un salarié ou un
les clients viennent chercher leurs associé à plus ou moins long terme.”o
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22
ACTUALITÉ
Sombacour
Campagnols :
aux sources
de la lutte
raisonnée
Une dizaine d’agriculteurs de l’Aubrac sont
venus au printemps dernier s’inspirer des
méthodes de lutte alternatives mises en œuvre
depuis 20 ans sur le Haut-Doubs. Échanges.
L
e Haut-Doubs n’est pas le seul infestés. D’où l’idée d’organiser deux
terroir où sévit le campagnol journées de travail en Franche-Comté.
qui se distingue aussi sur le L’échange a eu lieu début mai et
plateau de l’Aubrac. “Ce comportait notamment des déplacements
phénomène n’est pas nouveau mais il sur les zones expérimentales à savoir la Producteur laitier à Pissenavache, Fabrice Berne
tend à s’amplifier. Il y a eu une forte Z.E.L.A.C. à Pissenavache et la C.L.A.C. le président de la Z.E.L.A.C. a expliqué l’intérêt et les contraintes
pullulation en 2015 et on recherche des à Charquemont. La mise en place de la de la lutte à basse densité
solutions”, explique Étienne Herault, Z.E.L.A.C. remonte aux années
technicien au projet du Parc
quatre-vingt-dix. “C’est la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté en ajoutant la pullulation. J’ai alors traité 70 hectares
naturel Régional de l’Aubrac.
première zone où l’on a “l’erreur a été de vouloir étendre la zone en octobre et décembre sur une base de
“Il n’y a pas
Face au fléau, le syndicat
expérimenté les méthodes à 1 000 hectares, ce qui a découragé les 4 kg de blé à l’hectare. En revanche, côté
de solution
mixte de préfiguration du
alternatives. La zone s’étendait autres agriculteurs.”
taupes, je n’en ai plus”, reconnaît celui
miracle.”
P.N.R. Aubrac a développé
au départ sur 300 hectares Car aujourd’hui la référence Z.E.L.A.C. qui est pratiquement le dernier à pratiquer
un programme d’actions
d’un seul tenant et fédérait n’est plus que l’ombre d’elle-même. la lutte raisonnée.
associant agriculteurs, chercheurs des une dizaine d’agriculteurs. Elle a servi Fabrice Berne son président actuel ne Avec le temps, beaucoup d’agriculteurs
Universités de Clermont-Ferrand et de de support au plan d’actions qui s’est peut que le déplorer en accueillant les ont fini par baisser les bras. “Sans une
Franche-Comté, les F.R.E.D.O.N. et déroulé de 2000 à 2006. Ce plan qui agriculteurs de l’Aubrac sur son démarche collective, ce sera dur pour lui
chambres d’agriculture des régions et était soutenu à hauteur de 6 millions exploitation. “J’ai la chance d’avoir tout de contenir seul l’appétit du campagnol”,
départements couvrant l’Aubrac. “On d’euros mobilisait 12 techniciens et des mon parcellaire, soit 90 hectares, regroupé admet Geoffroy Couval. Il n’en reste pas
a formé des petites zones pilotes associant chercheurs de l’Université de Besançon. autour de la ferme. La lutte contre le moins de précieux acquis. “On sait
des groupes de 5 à 10 agriculteurs La démarche a abouti à la mise en campagnol, j’y passe pratiquement deux désormais que l’idée de la réussite, c’est
volontaires.” Sur ces zones seront application de la boîte à outils : lutte demi-journées par semaine. C’est la d’avoir différentes méthodes. On sait
appliqués et adaptés des systèmes de contre la taupe, plantation de haie, rouleau contrainte de la basse densité même si aussi l’importance de maintenir la lutte
lutte combinée dans l’objectif de les à plots, perchoirs, labours…”, résume j’ai quand même été obligé de traiter sans jamais s’arrêter. L’éradication du
généraliser ensuite sur tous les secteurs Goeffroy Couval, ingénieur d’étude à la l’automne dernier car j’étais dépassé par campagnol est techniquement impossible.
Elle causerait trop de dégâts sur le plan
agricole. Il faut aujourd’hui prendre en
compte le fait que le campagnol, on va
vivre avec”, complète le chercheur Patrick
Giraudoux.
Les agriculteurs de l’Aubrac écoutent
attentivement. “Chez nous, les conditions
d’exploitation sont différentes. On
travaille des parcelles plus petites avec
une agriculture basée sur l’élevage de
vaches allaitantes de race Aubrac. On
est venu ici pour prendre des idées en
sachant bien qu’on ne pourra pas tout
transposer. On constate qu’il n’y a pas
de solution miracle”. o
Geoffroy Couval de la
F.R.E.D.O.N. et Patrick
Giraudoux chercheur à
l’Université de Besançon ont fait
le point sur les méthodes de lutte
raisonnée contre le campagnol.
Publi-information
DA29.qxp_Doubs Agri def N°8.qxd 04/11/2016 11:20 Page23
Les Ets Huot
reprennent
la société Lelieur
“C
ette reprise s'est
faite
naturellement.
Nous avons
avec Jean-Jacques Lelieur le même
parcours puisque nous avons créé
nos entreprises la même année, en
1986. Nous partageons la même
culture d'entreprise, les mêmes
valeurs et nous travaillons avec le
même tractoriste New Holland
depuis des années" souligne
Dominique Huot, fondateur de
l'entreprise Huot dont le siège social
est basé à Villers-Saint-Martin.
Ce rapprochement permet ainsi à
la société Huot de poursuivre son
développement sur la Haute-Saône
où la S.A. Lelieur est présente sur
deux sites : Theuley-les-Lavoncourt
et Arc-les-Gray, et ce, après le le
rachat des Ets Bruckert en 2013.
“Nous allons continuer à assurer
le même niveau de service à nos
clients que ce soit en grande culture
avec le travail du sol ou en élevage,
vendre les mêmes marques. Grâce
à nos quatre magasins, nous allons
pouvoir développer une offre de
produits plus large”précise
Dominique Huot.
“Mon fils, Damien, accompagné
de Frédérick Feuvrier et Nicolas
Gautherot, assureront la gérance
de cette société” conclut Dominique
Huot. o
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24
ACTUALITÉ
Longeville
La Morteau
au rayon bio
Comme on pouvait s’y attendre, la belle de Morteau
en version bio fait un carton. À l’origine de cette
réussite, Jean-Pierre Bretillot, le patron de
Haute-Loue Salaisons qui a monté de toutes pièces
cette filière bio partie prenante de l’I.G.P.
D
ans son genre, c’est un peu
l’enfant
terrible
des
salaisonniers
comtois.
Toujours un coup d’avance
quand il s’agit de tirer le produit vers le
haut. Fils de paysan et fier de l’être, il a
sans doute gardé en mémoire le goût
des salaisons qu’il dégustait enfant sur
la ferme familiale. Après une expérience
de 10 ans chez un gros salaisonnier
régional, il monte Haute-Loue Salaisons
en 2000. “Je n’avais guère d’autre choix
que de partir sur du conventionnel pour
générer un volume d’activité en phase
avec mes investissements”, explique celui
qui fut le premier à se lancer dans la
fabrication de salaisons à base de porc
label rouge.
Si l’entreprise de Longeville fait partie
prenante des I.G.P. Morteau et
Montbéliard, elle cherche toujours à
travailler en filière courte. “Acheter des
porcs à l’autre bout de la France, ce n’est
pas mon truc. Avec le petit-lait des
fruitières locales, on a une source de
protéines à portée de main. C’est
dommage de s’en priver.”
Toujours soucieux d’avancer dans cette
démarche qualité, Jean-Pierre Bretillot
se lance dans le bio à partir de 2009 en
produisant des saucisses fumées à cuire.
L’absence d’éleveurs locaux en porc bio
l’empêche d’aller plus loin. Avec une
certaine audace, il entreprend de pallier
lui-même cette carence et créer sa propre
porcherie bio à 500 m de Haute-Loue
Salaisons. C’est la naissance d’une
micro-filière. L’élevage est mis en route
en avril 2014. “Je récupère le petit-lait
de la coopérative à comté bio de La
Chaux-de-Gilley. Il est mélangé avec de
la farine bio de la maison Dornier. Les
saucisses sont fumées avec la sciure
d’Évillers et les porcs sont abattus à
Valdahon. On ne peut pas faire plus
local.” Seule entorse, les porcelets ont
l’accent alsacien. Jean-Pierre Bretillot se
fournit chez Schweitzer, l’un des seuls
naisseurs bio du Grand Est.
Une trentaine de porcs bio sortent tous
Toujours avec un coup d’avance sur les autres, Jean-Pierre Bretillot a sorti
la première saucisse de Morteau bio en janvier dernier.
les mois de la porcherie de Longeville.
“Ils sont élevés sur paille et peuvent
sortir à l’extérieur. Ils sont en pleine
forme et j’ai moins d’1 % de perte.”
Aujourd’hui, le bio représente 20 à 25 %
des transformations de Haute-Loue
Salaisons dont le tonnage annuel avoisine
250 tonnes de charcuterie. “On compte
développer la gamme bio avec de la
conserverie : pâtés, terrines…”
Jean-Pierre Bretillot a commercialisé ses
premières saucisses de Morteau et
Montbéliard en début d’année. Il est
déjà rattrapé par le succès. Pour autant,
il garde les pieds sur terre en restant
fidèle aux fondamentaux des circuits
courts. “Je ne suis pas du tout motivé
par la course aux volumes. À mon avis,
cela n’a plus d’avenir. Les habitudes de
consommation évoluent. Les gens
mangent moins de viande qu’avant. Un
peu comme le vin, cela devient un plaisir,
d’où l’intérêt de privilégier la qualité,
d’aller dans le sens de manger bien et
bon. Je veux tirer le produit vers le haut,
glisser de plus en plus vers la qualité
avec le souci de partager la valeur ajoutée
avec les éleveurs porcins.”
En 10 ans, le salaisonnier a bien évolué,
surtout depuis qu’il engraisse des cochons
bio. “On devrait fixer le prix à partir
de la ferme et de ce que cela coûte à
l’éleveur et non l’inverse.”
Haute-Loue Salaisons emploie
aujourd’hui une dizaine de personnes.
La production part sur tous les créneaux :
grandes surfaces, fruitière, petite épicerie.
S’il a recours à un grossiste pour distribuer
à l’échelle nationale, Jean-Pierre Bretillot
maîtrise toujours la distribution locale
et régionale. Il cogite déjà sur de nouveaux
projets de valorisation innovants. On
naît précurseur ou pas. Affaire à
suivre… o
La porcherie est dimensionnée
pour qu’on puisse y élever 360
porcs bio par an.
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25
Flagey et Dole
Deux entreprises locales soutiennent
Après l’entreprise
Clavière de Dole l’an
dernier, l’entreprise
Coquy de Flagey
s’associe au combat
contre l’autisme mené
par l’association
bisontine “Nos Enfants
d’Ailleurs”, en reversant
vingt centimes d’euro
sur ses produits.
le combat contre l’autisme
L’
an dernier, le partenariat noué
avec l’entreprise de salaisons
Clavière avait permis de
remettre un chèque de
15 280 euros à l’association bisontine
Nos enfants d’ailleurs qui se bat pour
la cause de l’autisme. Cette somme avait
permis de financer plus de 500 heures
d’accompagnement éducatif à domicile
pour sept familles via la structure créée
par l’association et basée sur l’approche
éducative A.B.A.
Sensible à cette cause du handicap,
l’entreprise de production d’œufs Coquy,
basée à Flagey sur le plateau d’Amancey,
s’associe cette année à cette action
concrète. “En tant qu’acteur économique
régional, je soutiens cette association
franc-comtoise qui œuvre pour le mieux
vivre des enfants autistes” note Georges
Bourgon, P.D.G. de Coquy. Par un moyen
simple : en reversant 20 centimes d’euro
sur chaque produit Coquy vendu en
grande surface et étiqueté “Nos enfants
d’ailleurs”. “Le renouvellement de cette
opération nous permettra de poursuivre
notre action en direction d’autres familles
qui attendent notre soutien” se félicite
Les boîtes d’œufs Coquy et les saucisses (ci-dessous) étiquetées “Nos enfants d’ailleurs” sont en vente.
le président de l’association bisontine.
Jusqu’au 20 novembre, 0,20 euro sera
reversé par Clavière et Coquy à
l’association pour chaque produit acheté.
Pour le consommateur, le simple fait
d’acheter une saucisse de Montbéliard
I.G.P. Clavière ou une boîte d’œufs
Coquy porteuse du sticker entraînera
le versement. En magasin, les prix des
produits restent inchangés, les entreprises
prennent à leur charge les frais
d’impression, les frais d’étiquetage et le
montant versé à l’association.
Un chèque regroupant la somme globale
sera remis à l’association au cours du
mois de décembre. Durant cette période,
les saucisses de Montbéliard I.G.P.
Clavière et les boîtes d’œufs Coquy sont
identifiables par un sticker bleu, aux
couleurs de l’autisme. C’est le moment
de consommer solidaire. o
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26
ACTUALITÉ
Levier
L’agneau de Levier passe à la casserole
Fin septembre figurait au menu du lycée Lassalle de Levier
un sauté d’agneau élaboré avec des animaux élevés par
les élèves dans l’atelier ovin rattaché à l’établissement.
Un circuit ultra-court.
À
l’heure où nombre de des ovins. “En mai 2015, on a engagé
collectivités poussent les une première démarche avec la société
opérateurs de la restauration Saveurs du Terroir à Chaffois pour
collective à privilégier dans savoir s’ils acceptaient le principe de
la mesure du possible les produits locaux, commercialiser quelques moutons. On
rien de plus logique qu’un établissement a trouvé un terrain d’entente et ils nous
qui pratique l’élevage aille aussi dans prennent 7 ou 8 bêtes. Comme on voulait
cette direction. “On a investi l’an dernier aller un peu plus loin dans la démarche,
dans un nouveau bâtiment
on a regardé si on pouvait
“Faire la
agricole. Ce qui nous a permis
inclure le produit dans la
de développer deux productions
chaîne de restauration de
même chose
avec un atelier ovin comprenant
l’établissement où l’on prépare
avec de la
une cinquantaine de brebis et
près de 800 repas chaque jour,
viande
un atelier d’engraissement de
du lundi au vendredi.” L’idée Le chef Michel Caillier avait préparé un navarin d’agneau printanier.
bovine.”
vaches de réforme”, rappelle
supposait l’accord de la société
Yves Duthoit, le directeur du lycée. Koralys en charge de la préparation des “Précisons qu’il s’agit d’agneau de Levier en fonction de la conduite de l’élevage
L’atelier bovin est géré en partenariat repas.
né et élevé sur place”, sourit le chef bien sûr. “On va aussi réfléchir pour
avec Franche-Comté Élevage qui fournit Affaire conclue sous réserve de respecter cuistot. On sait que la viande ovine ne faire la même chose avec de la viande
les bêtes, l’aliment et s’occupe ensuite le cadre légal et sanitaire. “Ces moutons plaît pas à tout le monde, aussi, il était bovine issue de la ferme du lycée.” Des
de l’abattage et de la commercialisation. sont achetés par Saveurs du Terroir qui proposé un second choix aux élèves. perspectives encourageantes qui viennent
C’est le principe de l’intégration.
revend ensuite la viande conditionnée “Finalement, beaucoup ont mangé du conforter une rentrée très positive sur
Conscient de l’intérêt pédagogique et et prête à l’emploi à Koralys. Le chef sauté d’agneau.”
le plan des effectifs. “Au lycée, on a 313
économique des circuits courts, le lycée Michel Caillier a préparé avec son équipe Le directeur espère renouveler élèves scolarisés, soit une vingtaine de
a d’abord creusé la question au niveau un navarin d’agneau printanier. l’expérience plusieurs fois dans l’année, plus que l’an dernier.” o
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Amancey
27
Pour se réconcilier avec
le bon goût des poulets de ferme
Convaincu de l’avenir de la volaille fermière,
Jean-Marie Bole s’est lancé en 2009 dans
la production avicole en circuit court. Il dirige
aujourd’hui une entreprise de sept salariés.
Les poules nourries avec un aliment maison grandissent en plein air.
S’
il n’a pas oublié la cuisine temps de réaliser un abattoir, un atelier
maternelle à base de produits de transformation, une minoterie et de
fermiers, Jean-Marie Bole s’est nouveaux bâtiments de production. “On
surtout juré de ne pas reproduire les maîtrise totalement le contenu de la
projets d’installation en volaille ration composée à partir de douze
industrielle observés quand il était ingrédients différents. On a gagné ainsi
technicien à la chambre d’agriculture près de 15 % de consommation
d’Auvergne. “C’est une région très journalière. Tout provient de la région
diversifiée où j’ai beaucoup appris et Franche-Comté, même le soja qui entre
découvert le milieu avicole. Mais on peut pour 8 % dans la ration. On a entamé
se poser des questions quand on voit les démarches pour obtenir la certification
des gens qui ne consomment pas
Bleu Blanc Cœur axée
“On
ce qu’ils produisent pour les
notamment sur les Oméga 3.”
produit
autres”, explique celui qui
Volailles d’antan est présent sur
18 000
reviendra dans le Doubs en 1995
sept marchés entre Besançon et
pour enseigner au C.F.P.P.A. de
le Haut-Doubs. Il existe un point
volailles
Châteaufarine. De quoi renforcer
de vente sur place ouvert le
par an.”
encore de solides bases en gestion.
samedi matin. Jean-Marie Bole
“Pour s’installer, mieux vaut aimer les travaille aussi avec quelques restaurateurs,
chiffres que l’inverse”, estime Jean-Marie le réseau des fruitières, des associations
Bole.
de consommateurs et les “paniers
Il amorce son projet en 1999 avec fermiers” de la maison de quartier de
l’avantage de récupérer du foncier issu Velotte. L’entreprise emploie sept salariés,
de l’exploitation tenue précédemment soit 5,5 équivalents temps plein. “On
par ses parents à Amancey. “Je me suis produit 18 000 volailles par an. On a
d’abord installé à titre secondaire en aujourd’hui un outil de travail très
continuant à exercer dans la formation performant. C’est nécessaire pour amortir
jusqu’en 2003”, poursuit l’aviculteur le coût du travail.”
qui opte pour des poules cou nu rouge, Toujours positionné dans une logique
une souche rustique à la chair tendre, d’efficience, Jean-Marie Bole estime que
tuée entre 120 et 140 jours.
les marges de progression se feront dans
Soucieux de gagner en autonomie et de le développement des produits
s’affranchir des distributeurs d’aliments, transformés. Pour le reste, pas question
il investit près d’1 million d’euros dans de changer de recette d’élevage. Avec le
son élevage entrer 2008 et 2013. Le poulet de ferme, rien ne presse. o
Jean-Marie Bole mise sur la diversité
des produits transformés à base de volailles.
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ACTUALITÉ
Portrait
À table avec Gilles Fumey
Originaire de Déservillers, ce professeur
de géographie culturelle de l’alimentation
à l’Université de Paris-Sorbonne n’oublie pas
ses racines et ne se prive jamais de vanter
les charmes gastronomiques de sa Comté.
notamment celui de la filière comté. d’un produit. Ceci pour dire que la
Un modèle qui n’est pas que le fait de Vache qui rit, ce n’est pas seulement
la paysannerie. “Il y a d’autres facteurs le fait de Léon Bel et Benjamin Varnier
explicatifs dans l’histoire du comté : le dessinateur mais l’œuvre de toute
le climat, la religion, la vache et il y a la société locale.”
surtout du sel en abondance. C’est un En Franche-Comté comme ailleurs,
Gilles Fumey estime que les
instrument de contrôle et de
restaurants sont un modèle en
promotion territoriale. Donc
“Nous
l est né en au berceau du comté. assez curieusement par la case le comté, ce n’est pas
sommes une voie de disparition. “Cette
Ce détail revêt beaucoup d’inspecteur pédagogique en Picardie seulement du lait mais aussi
filière a complètement loupé
civilisation
d’importance chez ce fils d’éleveur. avant d’être élu à la Sorbonne en du sel. La connexion va se
le coche et s’est fait dépasser
de la table.”
Étant de Déservillers, il participe géographie de l’alimentation. Il est à faire au XIII siècle et
par le snacking qui semble
assez naturellement au septième l’origine de la création d’un master marquera l’émergence d’un
promis à un bel avenir. Trop
centenaire de la fruitière du village en dédié aux cultures alimentaires puis autre modèle alimentaire.”
de restaurateurs ont abandonné leur
1973. Une révélation pour le jeune monte un laboratoire de recherche Il se passionne tout autant pour métier à des transformateurs, à des
lycéen qui va trouver ce pourquoi il C.N.R.S. axé sur les nourritures de l’histoire de la Vache qui rit. “C’est financiers qui ont calculé des bons
un coup de génie même si rien n’est ratios et qui couleront, à terme, le
est fait. Curiosité, goût de l’histoire, demain.
passion alimentaire, il ne lui reste plus S’il voyage dans le monde entier, celui acquis pour l’éternité”, explique celui modèle.”
qu’à cultiver ce qui nourrira ensuite qui se passionne pour la musique qui déplore que la célèbre portion Quand on lui demande si la nourriture
toute son existence.
baroque et les sciences sociales, il cite figure désormais sur la liste noire des bio très en vogue aujourd’hui va
D’abord des études de géographie à volontiers Proudhon et Fourier, aime produits à éviter à tout prix. Trop salé. perdurer, il estime que oui, le
Besançon jusqu’à l’agrégation. Puis il à revenir au pays où il a grandi. “Elle en a vu d’autres. Il faut toujours phénomène va s’installer durablement
part à Lyon où il découvre la “Partout où je vais à l’étranger, on essayer de se replacer dans le contexte dans le temps. Il dénonce bien sûr
gastronomie des restaurants. Nommé me parle de comté”, rappelle ce fervent avec des gens prêts à apporter leur farouchement la pression de Lactalis
professeur à Paris en 1989, il passe défenseur du modèle coopératif, contribution dans la mise au point sur les producteurs laitiers. En bon
Franc-Comtois élevé à la campagne,
il s’inquiète à juste titre des menaces
qui pèsent sur le modèle latin
alimentaire. Le nôtre bien sûr avec ces
trois repas partagés assis, à table. “C’est
le repas eucharistique. Nous sommes
une civilisation de la table. La table,
ce n’est pas n’importe quoi. C’est un
lieu social autour duquel on va saluer
la mémoire des défunts, le calice.
Aujourd’hui, le modèle américain prend
le dessus. Ils ont inventé une nourriture
pour manger debout avec les doigts,
des produits très salés et boire très
sucré. À l’origine, l’Américain est un
pauvre qui vient de l’Europe à qui on
a donné une terre pour cultiver des
céréales et de la viande. Le farmer
américain fait du minerai alimentaire
contrairement à nos agriculteurs qui
sont des producteurs.” Pour Gilles
Fumey, aucun doute, la grande
distribution est l’héritage du modèle
alimentaire industriel.
Dans ces circonstances, comment
l’agriculture comtoise peut s’en
sortir ? L’avenir est dans la capacité
des filières locales à cultiver leurs
singularités, sans tomber dans la
production industrielle. Surtout de
ne pas restructurer à outrance le
modèle coopératif du comté. “On
sait ce que deviennent les
coopératives qui grossissent trop,
où il n’y a plus que des logiques
financières qui prévalent.” Il suggère
même le retour à la polyculture qui
n’a rien de rétrograde. “C’est tout
le contraire car cela a toujours
permis aux paysans de se protéger
Enseignant à la Sorbonne, Gilles Fumey étudie l’évolution des modèles alimentaires. contre les catastrophes.” o
I
ème
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Récompense
Une Haut-Doubienne
Première fromagère de Belgique
Véronique Socié a reçu
le prestigieux prix à
Namur, l’équivalent du
M.O.F. en France. Pour
l’ex-bergère des alpages
de Mouthe désormais
vendeuse dans une
crémerie à Waterloo,
c’est la récompense
d’un an de travail.
S
a nouvelle blouse blanche de
travail auréolée des liserés noirs,
jaunes et rouges (couleurs du
drapeau belge), n’est arrivée que
lundi 1er octobre dans le vestiaire de
la fromagerie de Waterloo. “Cela a
traîné car la société (française) qui devait
réaliser ma blouse n’avait plus de tissu
jaune… Promis, ce n’est pas une histoire
belge” témoigne d’un ton amusé
Véronique Socié. Au-delà de l’anecdote,
la fromagère originaire du Haut-Doubs
récolte les fruits de son travail, sa
passion, son amour et son expérience
des produits fromagers.
Lundi 12 septembre, à Namur au terme
d’une journée marathon, Véronique
Socié (51 ans) a en effet remporté le
prestigieux concours du Premier
fromager de Belgique devant un jury
composé de professionnels.
Le titre est décerné une fois tous les
deux ans. “C’est une belle récompense,
un moment assez fort dans la vie
professionnelle après un an de travail
et de déplacements. Je suis fière et émue
d’appartenir à la grande famille des
meilleurs ouvriers de Belgique” indique
humblement la meilleure ouvrière de
Belgique. Elle revient toutes les 6 Mouthe (2000-2002) formée à
semaines à Foncine-le-Haut retrouver l’E.N.I.L.-bio de Poligny, ex-animatrice
Christian, son compagnon, et Léo et de l’association Les Amis du Comté qui
Marion ses enfants. Le thème de l’œuvre a sillonné les Routes du comté pour des
artistique “Fromager : un artisan visites de ferme et des balades
d’avenir” qui lui a permis de se distinguer botaniques, qui a travaillé jusqu’en
a été réalisé en partie par l’artiste-peintre 2011
au
C.I.G.C.
(Comité
de La Planée Lise Vurpillot pour le côté Interprofessionnel de Gestion du Comté),
métallique. Le Mortuacien Philippe a capitalisé une connaissance unique
Ferreux a designé les étiquettes du des fromages. Véronique - qui fut aussi
fromage. Un sacre qui a encore
présidente de la Maison de la
plus de valeur lorsque l’on sait
réserve
à
D’autres
que Véronique avait perdu
Labergement-Sainte-Marie - a
projets
quelques semaines plus tôt son
voyagé en 2016 pour découvrir
en vue.
papa.
autre chose que le comté et les
Depuis ce titre, les invitations
A.O.P. de montagne en visitant
pleuvent. “Véro” est demandée par des le Piémont, la Lombardie, les Pays-Bas,
restaurants, des professionnels… au la Suisse, et la Belgique pour la diversité
point que la Franc-Comtoise doit choisir. de ses productions artisanales ou
À 51 ans, Véronique travaille dans une fermières.
crémerie réputée : celle de Bernadette Son projet désormais : “faire partager
Delange à Waterloo, une Belge qui lui ma passion, enseigner, servir mes clients
a fait découvrir le métier de détaillant. toujours mieux, et ouvrir une boutique
“J’aime faire partager mes coups de à Bruxelles.” Après avoir sillonné les
cœur aux clients” poursuit-elle.
Routes du comté, “notre” fromagère
L’ancienne bergère sur l’alpage de a tracé son chemin. Bonne route à elle. o
Véronique Socié et son œuvre.
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30
TECHNOLOGIE
Expérimentation
Chaude lutte
contre le rumex
Rumex… Un nom qui pourrait faire penser à celui d’un
médicament. Bien au contraire, il fait tousser bien des
agriculteurs qui doivent lutter d’arrache-pied contre cette
plante vivace très coriace. Mais nos voisins suisses ont
peut-être trouvé une solution.
P
lante résistante programmée pour se reproduire,
le rumex est l’une des principales plantes
indésirables des prairies. Cette vivace ne devrait
pas dépasser le seuil d’une plante pour 5 m²
pour ne pas compromettre le potentiel fourrager d’une
prairie, en quantité et qualité.
Or, le rumex pousse plus rapidement que les autres
espèces. “Son système racinaire et son feuillage abondant
lui permettent de stocker d’importantes et de disséminer
jusqu’à 60 000 graines par an, graines viables pendant
des décennies” Didier Tourenne de la chambre
d’agriculture. Le rumex se multiplie de deux façons, en
produisant des semences d’une part, donc par la voie
L’appareil nécessite
3 200 litres à
l’hectare pour
éliminer 2 000
plantes.
Avec la nouvelle
machine, l’eau est
envoyée à haute
pression et chaude
autour du pied de
rumex.
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31
La machine venue de Suisse a suscité l’intérêt
des agriculteurs présents aux Écorces à
l’invitation de la chambre d’agriculture.
bien connue consiste à l’arracher à l’aide d’un outil
qui ressemble à une fourche. 60 plantes peuvent ainsi
être traitées à l’heure contre… 180 avec une machine
venue de Suisse et inventée grâce à un travail coopératif
mené par l’Agroscope, équivalent de notre chambre
d’agriculture.
Les racines de rumex ne supportent pas les fortes
chaleurs. “Plongées pendant dix secondes dans de l’eau
à une température de 80 °C, les racines meurent”
poursuit Didier Tourenne. Fort de ce constat, un procédé
de lutte thermique a été mis au point. La buse à jet
rotatif de cette machine à haute pression doit être
enfoncée à plusieurs endroits autour et sur la plante.
“La vapeur crée une enveloppe de boue qui se forme
autour de la racine et la détruit. Le taux de réussite
est évalué à 80 % avec une pénibilité du travail bien
moindre et pas d’atteinte à la structure du sol.”
Au chapitre des inconvénients, signalons les besoins
en énergie : dans l’hypothèse d’un traitement de 2 000
plantes sur un hectare, on aura utilisé 40 litres de
mazout et 3 200 litres d’eau indiquent les concepteurs
de cette machine qui affiche un prix d’environ
11 000 euros. o
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des airs, et sous terre par ses racines qui peuvent
descendre jusqu’à 2 m de profondeur. D’autant plus
redoutable que le rumex a un important pouvoir de
repousse après une cassure. L’utilisation d’une herse
rotative par exemple est donc à proscrire dans une
parcelle infestée. Autre élément important, “la graine
de rumex n’est pas détruite lors de son passage dans
l’intestin, elle peut donc revenir ensuite via les effluents
et infester les parcelles…”
Heureusement, il existe un certain nombre de moyens
pouvant être mis en place afin de limiter la propagation
du rumex : éviter la production de graines en fauchant
avant l’apparition des hampes florales ou encore
maintenir une herbe dense et fermé, le rumex étant
une plante qui a besoin de lumière pour germer. “Il
faut également éviter au maximum le piétinement, le
surpâturage, les fauches trop basses” poursuit le
technicien.
Mais quand il est installé, il faut bien le traiter. Outre
un possible traitement phytosanitaire, une technique
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d’éliminer 60 plantes par heure contre
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09/2016 - Crédit Photo : Thinkstock
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