Les précurseurs de l`art aurignacien

Transcription

Les précurseurs de l`art aurignacien
Gerhard BOSINSKI
Les précurseurs
de l’art aurignacien
À la mémoire de Nikolai Praslov
Résumé
Il n’est pas nécessaire d’engager un débat pour affirmer que les fabuleuses statuettes du Vogelherd, de Geissenklösterle, de Hohle Fels ou de
Stadel (Jura souabe, Allemagne), comme les œuvres d’art grandioses de la
grotte Chauvet (Ardèche, France) ne représentent pas le début de l’art. Les
précurseurs de cet art aurignacien semblent être les statuettes en ivoire de
Sungir’, près de Vladimir (Russie), dont les contours vagues ne font que
suggérer l’espèce représentée : le cheval ou le mammouth. De Sungir’
proviennent aussi de petits galets plats avec une perforation souvent située
à côté de l’axe de symétrie de la pièce. À l’origine, ces galets étaient vraisemblablement peints et utilisés comme pendeloques, tout comme les deux
« chevaux » d’ivoire dont les pattes postérieures portent une perforation
identique. Ainsi les statuettes de Sungir’ pourraient illustrer le passage
décisif depuis les formes naturelles (galets) vers la création de sculptures
en ivoire. D’ailleurs, contrairement aux datations (plusieurs dates 14C entre
30000 et 14000 BP), la stratigraphie et l’industrie lithique placent le site
de Sungir’ et le faciès Sungir’- Strelecka avant l’Aurignacien en Europe de
l’Est.
Mots clés
Art, Paléolithique supérieur, origine, Sungir’-Strelecka, industries
lithiques.
Abstract
It seems not necessary to discuss whether the fantastic statuettes from
Vogelherd, Geissenklösterle, Hohle Fels or Stadel (Swabia, Germany) or
the grandiose art of the Grotte Chauvet (Ardèche, France) are the beginning
of art. The precursors of this Aurignacian art seem the ivory statuettes from
Sungir’ near Vladimir (Russia). The finds of Sungir’ are placed in the upper
part of a humic soil largely affected by solifluction and cryoturbation. The
burials were well under this soil and undisturbed. The lithic industry is
characterized by triangular Sungir’ points, short endscrapers, burins on
broken blades, leafpoints, sidescrapers, and splintered pieces. Other sites
of the Sungir’-Strelecka group are Kostenki I, 5 (Poljakov), Kostenki VI
(Strelecka), Kostenki XI, 5 (Anosovka 2), Kostenki XII, 3 (Volkov), Gar či
in the Perm region, and Birju č’ja Balka near Rostov. The stone artefacts
of these sites are identically. The bone material is only preserved at Sungir’.
The 14-C dates from Sungir’ and the other sites are very heterogeneous, at
Sungir’ between 30000 and 14000 BP. Chronologically more reliable are
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ashes from a volcanic eruption (Campanian Ignimbrite/Y5) in the Naples
region 41000-38000 years ago. At Kostenki VI (Strelecka) and Kostenki XII
(Volkov), apparently also at Kostenki I (Poljakov) these ashes are younger
than the Sungir’-Strelecka group, at Kostenki XI (Anosovka 2) they seem
older. At Kostenki I (Poljakov) the Aurignacian overlies the Sungir’Strelecka level. At Kostenki XIV (Markina Gora) the Aurignacian is contemporary with the volcanic ashes. The Sungir’-Strelecka techno-complex is
very homogeneous and due to stratigraphy older than the Aurignacian. The
ivory statuettes with their vague outlines only approximately remind a horse
or mammouth. From Sungir’ are also small flat pebbles with a perforation
which often is placed aside the axe of symmetry. Likely these pebbles were
originally painted and used as pendants, as well as the two “horses” of
ivory which are perforated at their hind legs. Indeed the statuettes from
Sungir’ seem to illustrate the decisive step from a selection of natural
objects (pebbles) to the creation of sculptures in ivory.
Keywords
Art, Upper Palaeolithic, origin, Sungir’-Strelecka, lithic industries.
Le site de Sungir’ est situé dans la banlieue de
Vladimir, à une centaine de kilomètres à l’est de
Moscou. Les découvertes proviennent du sommet d’un
sol humifère largement touché par la solifluxion et la
cryoturbation (fig. 1). Des fentes de gel qui débutent
plus haut dans la section affectent ce sol perturbé. Les
sépultures, sous-jacentes à ces phénomènes de cryoturbation, sont préservées in situ (fig. 1, no 2).
Une publication posthume de O. N. Bader (1998)
mentionne la formation d’un deuxième sol de plus
faible ampleur dans la partie supérieure de la coupe
(fig. 1, no 2). Lors de fouilles plus récentes, le développement de ce sol s’est en fait révélé plus important
(fig. 1, no 3). Ainsi, la séquence stratigraphique de
Sungir’ est comparable aux stratigraphies de quelques
sites de la région de Kostenki.
Fig. 1 – Coupes stratigraphiques de Sungir’ [d’après Bader, 1978 (1) et 1998 (2) ; Bader et Michajlova, 1998 (3)].
Fig. 1 – Sungir‘ profiles [after Bader, 1978 (1) et 1998 (2) ; Bader et Michajlova, 1998 (3)].
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Fig. 2 – Industrie lithique de Sungir’ (d’après Bader, 1978). 1 à 5 : pointes de Sungir’ ; 6 à 8 : grattoirs courts ; 9 à 11 : burins sur cassure ; 12 et
13 : pièces esquillées ; 14 et 15 : Blattspitzen ; 16 et 17 : racloirs simples.
Fig. 2 – Sungir’ lithics (after Bader, 1978). 1 to 5: Sungir’ points; 6 to 8: Short endscrapers; 9 to 11: Burins on broken blades; 12 and 13: Splintered pieces; 14 and 15: Leafpoints; 16 and 17: Simples sidescrapers.
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L’industrie lithique de Sungir’ est caractérisée par
la présence de minces pointes triangulaires retouchées
bifacialement (fig. 2, nos 1 à 5) que l’on dénomme
« pointes de Sungir’ ». La base de ces pointes soigneusement travaillées est droite ou légèrement concave.
D’autres éléments caractéristiques sont représentés par
de petits grattoirs courts (fig. 2, nos 6 à 8). Les burins,
souvent sur cassure, sont rarement réguliers (fig. 2,
nos 9 à 11). À cela s’ajoutent quelques pièces esquillées
(fig. 2, nos 12 et 13), des Blattspitzen (ou « pièces foliacées » ; fig. 2, nos 14 et 15) et des racloirs simples
(fig. 2, nos 16 et 17).
L’inventaire lithique est homogène. C’est aussi le
cas pour les objets en ivoire, les bois de cervidé et les
perles en ivoire que l’on trouve par milliers dans les
sépultures, comme dans l’horizon perturbé de l’habitat.
Les dates 14C de Sungir’ sont pour le moins dispersées, allant de - 28000 à - 14000 BP (fig. 3 1). Toutes
sauf deux ont été réalisées sur des fragments osseux.
Les deux dates faisant exception ont été obtenues à
partir de charbons de bois provenant du fond de la fosse
sépulcrale de la tombe de l’homme (sépulture 1). Elles
ont donné 21800 ± 100 (GIN-326a) et 22500 ± 600
(GIN-326b).
Quelques chercheurs pensaient alors que le site de
Sungir’ avait été occupé pendant toute la période couverte par les dates 14C, soit pendant près de 14 millénaires (fig. 3). Afin de valider cette hypothèse, ils ont
récupéré un peu du sédiment qui adhérait encore aux
Fig. 3 – Dates 14C BP pour les sépultures (3a) et pour le site de Sungir’ (3b ; d’après Suleržickij et al., 2000). Noter
la présence de deux échantillons pris sur charbon de bois végétal (GIN-326a, GIN-326b) pour la sépulture 1 ; toutes
les autres dates ont été obtenues sur os.
Fig. 3 – Dates 14-C BP of the burials (3a) and the Sungir’ site (3b; after Suleržickij et al., 2000). Note the two
dates of burial 1 (GIN-326a, GIN-326b) from charcoal, the others from bones.
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Fig. 4 – Évolution de la végétation à Sungir entre 29000 et 20000 BP à partir de l’analyse pollinique de sédiments recueillis sur les ossements datés. 1 : arbres ; 2 : herbacés ; 3 : spores (d’après Lavružin et al., 2000).
Fig. 4 – The evolution of the Sungir’ vegetation between 29000-20000 BP after pollen analysis of sediments
scratched from dated bones. 1: Trees; 2: Herbs; 3: Spores (after Lavružin et al., 2000).
ossements datés et en ont effectué une analyse pollinique. Cette dernière a permis de restituer l’évolution
de la végétation pour la période allant de 28000 à
20000 BP (fig. 4). La démarche, totalement inédite, a
donc permis de resserrer les valeurs obtenues à partir
des datations 14C et d’exclure les dates les plus récentes
[14600 ± 600 BP (GIN-14) ; 16200 ± 400 BP (GIN15) ; 19780 ± 80 BP (LE-1058) ; 20540 ± 120 BP
(GIN-16) ; Bader, 1978]. L’hypothèse d’une occupation
du site de Sungir’ pendant 14 millénaires semble donc
invalidée.
L’industrie lithique de Sungir’ est homogène et
correspond exactement à celle des autres sites du faciès
Sungir’-Strelecka. L’industrie osseuse, la parure, l’art
et les sépultures sont conservées uniquement à Sungir’,
et on ne peut que regretter leur perte sur les autres
sites.
Dans la région classique de Kostenki, près de
Voronesh sur le Don, les industries de type Sungir’Strelecka se rencontrent également au sommet d’un sol
perturbé. Pour cette raison et à cause de l’acidité des
sols, seule l’industrie lithique est conservée. Aussi
constitue-t-elle notre seule base de comparaison entre
ces différents gisements.
À Kostenki I, 5 (Poljakov), les artefacts du faciès
Sungir’-Strelecka se trouvent au sommet du sol inférieur (fig. 5, no 1). L’industrie se caractérise par la
présence de pointes de Sungir’ à base droite ou concave
(fig. 5, nos 5 à 7) et de petits grattoirs courts (fig. 5, nos 2
à 4). On reconnaît également des racloirs simples
(fig. 5, no 9), des Blattspitzen (fig. 5, no 10). Soulignons
qu’un biface plat et allongé a récemment été découvert
(fig. 5, no 11).
La panoplie des artefacts de Kostenki VI (Strelecka)
est identique. L’industrie lithique a été découverte au
sein d’un humus épais et perturbé. Au-dessus de ce sol,
on observe un cordon de cendres volcaniques (fig. 6,
no 1). Parmi les artefacts, on trouve aussi des pointes
de Sungir’ (fig. 6, nos 2 et 3) et des Blattspitzen (fig. 6,
nos 5 et 6).
À Kostenki XI (Anosovka 2), l’industrie caractéristique du faciès Sungir’-Strelecka provient du cinquième
niveau archéologique (Kostenki XI, 5) et se place dans
la partie supérieure d’un sol (fig. 7, no 1). Les lentilles
de cendre volcanique se trouvent ici dans le limon
sous-jacent. L’industrie est également caractérisée par
la présence de pointes de Sungir’ et de grattoirs courts
(fig. 7, nos 2 à 4).
À Kostenki XII (Volkov), l’industrie Sungir’Strelecka se situe aussi dans le sol inférieur
(Kostenki XII, 3 ; Anikovič et al., 2005). Les lentilles
de cendre volcanique se trouvent au-dessus de ce sol
perturbé (fig. 8, nos 1 et 2). Comme dans les autres sites,
on observe la présence de pointes de Sungir’ (fig. 8,
nos 7 et 8), de grattoirs courts (fig. 8, nos 3 à 6), de
Blattspitzen (fig. 8, nos 12 et 14) et de racloirs bifaciaux
(fig. 8, no 9) et simples (fig. 8, no 10).
Plus au nord, à l’ouest de l’Oural, dans la région de
Perm, le site de Gar či appartient également au faciès
Sungir’-Strelecka. (Pavlov et Makarov, 1998 ; Pavlov,
2008 et 2010). L’industrie lithique a été découverte à
la surface d’un sol perturbé, à la base de la coupe stratigraphique (fig. 9, no 1). Elle est caractérisée ici aussi
par des pointes de Sungir’ (fig. 9, nos 11 à 19), des
grattoirs courts parfois minuscules (fig. 9, nos 2 à 9) et
par quelques burins. La méthode de débitage et la
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Fig 6 – Kostenki VI (Strelecka ; d’après Praslov et Rogačev, 1982). 1 : coupe schématique ; 2 et 3 : pointes de Sungir’ ; 4 : grattoir sur lame ; 5 et 6 :
Blattspitzen.
Fig. 6 – Kostenki VI (Strelecka; after Praslov and Rogačev, 1982). 1: Schematic profile; 2 and 3: Sungir’ points; 4: Endscraper on blade; 5 and 6:
Leafpoints.
présence de racloirs simples (fig. 9, no 20) évoquent le
Paléolithique moyen.
Il faut enfin mentionner le site important de
Birju č’ja Balka 2, situé près de l’embouchure de Severskij Donec, dans le Don, et plus précisément dans
Fig. 5 (à gauche) – Kostenki I, 5 (Poljakov). 1 : coupe schématique avec
les horizons de découverte 1 à 5 ; 2 à 4 : grattoirs courts ; 5 à 7 : pointes
de Sungir’ ; 8 : ébauche d’une pointe de Sungir’ (?) ; 9 : racloir simple ;
10 : Blattspitze ; 11 : biface [d’après Praslov et Roga čev, 1982 (1) ;
Rogačev et Anikovič, 1984 (2 à 10) ; Anikovič et al., 2006 (11)].
Fig. 5 (left) – Kostenki I, 5 (Poljakov). 1: Schematic profile with the
find-horizons 1 to 5; 2 to 4: Short endscrapers; 5 to 7: Sungir’ points;
8: Unfinished Sungir’ point (?); 9: Simple sidescraper; 10: Leafpoint;
11: Biface [after Praslov and Rogačev, 1982 (1); Rogačev and Anikovič,
1984 (2 to 10); Anikovič et al., 2006 (11)].
la région de Rostov sur Don (Matjuchin, 2006). Le site
présente plusieurs niveaux du Paléolithique moyen et
supérieur. Les ossements ne sont malheureusement pas
conservés. L’horizon 3, localisé dans un limon brun,
contient une industrie de type Sungir’-Strelecka. Ce
sont les mêmes outils que l’on retrouve dans ce gisement : de nombreuses pointes de Sungir’ (fig. 10, nos 6
à 19), des grattoirs courts (fig. 10, nos 1 à 5), des Blattspitzen (fig. 10, no 20) et des racloirs simples (fig. 10,
no 21).
Jusqu’à présent sept gisements possèdent une industrie lithique de type Sungir’-Strelecka. Leur répartition
géographique couvre l’Europe orientale, depuis les
Balkans jusqu’à la région de Moscou (fig. 11). Mais,
parce que les objets en ivoire, les perles, le bois de
cervidé, les ossements et surtout les sépultures ont été
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Fig. 7 – Kostenki XI, 5 (Anosovka 2 ; d’après Praslov et Rogačev, 1982). 1 : coupe schématique avec les horizons de découverte 1a à
5 ; 2 : grattoir court ; 3 et 4 : pointes de Sungir’.
Fig. 7 – Kostenki XI, 5 (Anosovka 2; after Praslov and Roga čev, 1982). 1: Schematic profile with the find-horizons 1a to 5; 2: Short
endscraper; 3 and 4: Sungir’ points.
conservées, Sungir’ est, de loin, le site le plus important
du faciès Sungir’-Strelecka.
Les nombreuses dates 14C obtenues à Sungir’ et dans
les sites de Kostenki (Sinitsyn, 1999 ; Anikovič, 2005a)
sont malheureusement trop dispersées pour permettre
une attribution précise des différents ensembles archéologiques. Les cendres volcaniques trouvées dans plusieurs sites de la région de Kostenki (Lisicyn, 2006 ;
fig. 12) sont sans doute des marqueurs stratigraphiques
et chronologiques plus fiables. Les lentilles cendreuses,
identifiées depuis longtemps (Roga čev, 1957), sont
situées dans des marnes intercalées entre les différents
sols humifères. Mais ce n’est que récemment qu’une
identification chimique et minéralogique des composants de ces dépôts a pu être proposée. Les résultats
obtenus ont permis de corréler ces dépôts avec le Campanian Ignimbrite/Y5, lequel signe une importante
éruption volcanique survenue dans la région de Naples
(Pyle et al., 2005) avant la période comprise entre
- 41 000 ans et - 38 000 ans. Les cendres consécutives
à cette éruption se sont dispersées vers le nord-est et
ont ensuite atteint la région de Kostenki.
Les lentilles de cendre volcanique des sites de la
région de Kostenki et Borš čevo semblent rarement en
place. À Kostenki VI (Strelecka) et Kostenki XII
(Volkov), elles se trouvent au-dessus de l’horizon contenant l’industrie Sungir’-Strelecka (fig. 6 et 8). D’après
Sinitsyn (2003) et Lisicyn (2006), c’est aussi le cas à
Kostenki I (Poljakov ; fig. 12). En revanche, à Kostenki XI (Anosovka 2), les cendres volcaniques se
placent en dessous de la couche Kostenki XI, 5 qui a
livré l’industrie Sungir’-Strelecka (fig. 7).
M. V. Anikovič (2005b) a proposé une chronologie
de l’industrie Sungir’-Strelecka basée d’une part sur
les variations morphologiques des pointes de Sungir’
et d’autre part sur les dates 14C. Kostenki VI (Strelecka) et Kostenki XII, 3 (Volkov) se placent ainsi au
début de la séquence, puis commence une deuxième
phase, caractérisée par Kostenki I, 5 (Poljakov) et
Gar či. Ensuite, on trouve les artefacts de Birju č’ja
Balka 2, horizon 3, pour lesquels on dispose de deux
dates 14C (Otte et al., 2006) : 26300 ± 200 BP (Beta177776) et 31480 ± 200 BP (Beta-183589). Le site de
Sungir’ se situerait à la fin de cette séquence chronologique.
Fig. 8 (à droite) – Kostenki XII, 3 (Volkov). 1 et 2 : coupes schématiques
avec les horizons de découverte 1 à 3 (d’après Praslov et Rogačev, 1982) ;
3 à 6 : grattoirs courts ; 7 et 8 : pointes de Sungir’ ; 9 : racloir bifacial ;
10 : racloir simple ; 11 et 13 : ébauches de pointes de Sungir’(?) ; 12 et
14 : Blattspitzen (d’après Rogačev et Anikovič, 1984).
Fig. 8 (right) – Kostenki XII, 3 (Volkov). 1 to 2: Schematic profiles with
the find-horizons 1 to 3 (after Praslov et Roga čev, 1982); 3 to 6: Short
endscrapers; 7 and 8: Sungir’ points; 9: Bifacial sidescraper; 10: Simple
sidescraper; 11 and 13: Unfinished Sungir’ points (?); 12 and 14: Leafpoints (after Roga čev and Anikovič, 1984).
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Fig. 9 – Garči (d’après Pavlov et Makarov, 1998). 1 : coupe schématique ; 2 à 9 : grattoirs courts ; 10 : grattoir ; 11 à 19 : pointes de Sungir’ ; 20 : racloir
simple.
Fig. 9 – Garči (after Pavlov and Makarov, 1998). 1: Schematic profile; 2 to 9: Short endscrapers; 10: Endscraper; 11 to 19: Sungir’ points; 20: Simple
sidescraper.
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Fig. 10 – Industrie lithique de Birjuč’ja Balka 2, horizon 3 (d’après Matjuchin, 2006). 1 à 5 : grattoirs courts ; 6 à 19 : pointes de Sungir’ ; 20 : Blattspitze ;
21 : racloir simple.
Fig. 10 – Birju č’ja Balka 2, horizon 3 lithics (after Matjuchin, 2006). 1 to 5: Short endscrapers; 6 to 19: Sungir’ points; 20: Leafpoint; 21: Simple
sidescraper.
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Fig. 11 – Répartition géographique de l’industrie Sungir’-Strelecka.
1 : Sungir’ ; 2 : Kostenki I, 5 (Poljakov) ; 3 : Kostenki VI (Strelecka) ;
4 : Kostenki XI, 5 (Anosovka 2) ; 5 : Kostenki XII, 3 (Volkov) ; 6 : Garči ;
7 : Birjuč’ja Balka 2, horizon 3.
Fig. 11 – Geographical distribution of the Sungir’-Strelecka technocomplex. 1: Sungir’; 2: Kostenki I, 5 (Poljakov); 3: Kostenki VI (Strelecka); 4: Kostenki XI, 5 (Anosovka 2); 5: Kostenki XII, 3 (Volkov);
6: Gar či; 7: Birjuč’ja Balka 2, horizon 3.
Cette hypothèse implique cependant que les industries du faciès Sungir’-Strelecka se soient développées
durant tout le Paléolithique supérieur ancien et moyen,
soit pendant plus de 10 000 ans ; un phénomène historique inconcevable. La typologie des pointes de Sungir’
présentée par Anicovič est par ailleurs très discutable.
Ainsi, les pointes triangulaires à base concave supposées caractériser les deux premiers stades sont présentes aussi à Sungir’ (fig. 2, no 1) et dans l’horizon 3
de Birju č’ja Balka 2 (fig. 10, no 10).
On trouve dans tous les gisements, et de façon très
monotone, des pointes de Sungir’, des grattoirs courts,
des burins de qualité médiocre, quelques Blattspitzen
et des racloirs simples. Le rapprochement avec le
Paléolithique moyen final d’Europe de l’Est apparaît
comme une évidence, et l’origine du faciès Sungir’Strelecka au sein des traditions techniques du Paléolithique moyen est aujourd’hui unanimement acceptée. Mais, malgré ce consensus, l’obtention de
nouvelles dates 14C sur les squelettes humains de
Sungir’ – entre 27210 ± 220 BP et 19160 ± 270 BP –
a malheureusement récemment incité M. Dobrovolskaya, M.P. Richards et E. Trinkaus (2011) à parler
d’« Eastern Gravettian ».
Le meilleur marqueur pour dater les industries du
faciès Sungir’-Strelecka est donc fourni par les cendres
du Campanian Ignimbrite/Y5, qui les situent au début
du Paléolithique supérieur. Ainsi, à Kostenki I
(Poljakov), deux niveaux aurignaciens (couches 2 et 3)
sont sus-jacents stratigraphiquement à l’industrie
Sungir’-Strelecka (couche 5 ; fig. 5). Il s’agit d’un
Aurignacien typique caractérisé par la présence de
grattoirs carénés, de grattoirs sur lame retouchée et de
lamelles Dufour. On notera également la présence
d’une pointe large en os, d’un bâton en ivoire à section
ronde, de dents animales perforées et de perles en
ivoire (Sinitsyn, 1993). À Kostenki XIV (Markina
Gora), l’Aurignacien se place dans le même niveau que
les cendres volcaniques (Sinitsyn, 2003 et 2007).
Quatre statuettes en ivoire ont été découvertes à
Sungir’ (fig. 13). Il s’agit de corps d’animaux représentés sans relief. Les surfaces sont soigneusement
polies, mais les contours restent vagues et imprécis. La
détermination zoologique de deux chevaux (fig. 13,
nos 2 et 3) est incertaine, comme l’identification d’un
bison (fig. 13, no 1) dont le support est incomplet. En
revanche, on reconnaît sans difficulté un mammouth
(fig. 13, no 4). Les pattes postérieures des deux chevaux
portent une perforation qui suggère qu’il s’agissait de
pendeloques. Une double ligne courbe de petites dépressions traverse le corps du plus petit des équidés,
de la tête vers la région postérieure (fig. 13, no 3). De
cette double ligne part une ligne simple faite d’autres
dépressions qui soulignent le tracé des jambes.
Ces dépressions évoquent les cuvettes, les croix et les
lignes que l’on observe sur les statuettes aurignaciennes
de Vogelherd et de Geissenklösterle (Hahn, 1986 ;
Bosinski, 1990 ; Conard, 2005 et 2009 ; Floss, 2009).
Le petit cheval aux cuvettes et le fragment de l’éventuel bison proviennent de la couche archéologique perturbée. En revanche, le second cheval (fig. 13, no 2) et le
mammouth ont été trouvés dans la sépulture double des
enfants. Le cheval était placé sur la poitrine du garçon.
Avec leurs contours vagues, les statuettes animales
de Sungir’ s’apparentent plus à des galets plats qu’à
des statuettes en ivoire. D’ailleurs, soulignons qu’une
vingtaine de petits galets perforés ont été découverts à
Sungir’ (fig. 14). La plupart proviennent de la couche
archéologique perturbée (fig. 14, nos 4 à 13), on en a
aussi trouvé un exemplaire dans les sépultures de
l’homme, de la jeune fille et du garçon (fig. 14, nos 1 à
3), ce qui souligne leur valeur.
Il semble peu probable que de simples galets fluviatiles ont été portés en pendeloques, d’autant que, la
perforation étant souvent décalée par rapport à l’axe
de symétrie de la pièce (fig. 14), ils auraient été suspendus de façon oblique.
L’hypothèse semble plus envisageable quand les
galets sont peints. Alors devenus « importants » et
porteurs d’une signification, ils auraient pu être utilisés
comme pendeloques.
Les statuettes animales (fig. 13) pourraient être la
« traduction » en ivoire de ces galets. Elles pourraient
illustrer le passage décisif d’une sélection de produits
bruts (galets) pour leur morphologie naturelle vers la
création d’œuvres d’art (statuettes en ivoire).
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Fig. 12 – Sites de Kostenki et Borš čevo. Présence-absence des cendres volcaniques dans les
niveaux archéologiques (d’après Sinitsyn, 2003 et modifié par Lisicyn, 2006).
Fig. 12 – The sites of Kostenki (K1-K21) and Borš čevo (• •1-• 5• ). Presence or not of volcanic
ashes in the archaeological levels (after Sinitsyn, 2003 and modified by Lisicyn, 2006).
Fig. 13 – Statuettes en ivoire de Sungir’. 1 : bison (?) ; 2 et 3 : « chevaux » ; 4 : mammouth [d’après Bader 1974 (2 à 4) et 1978 (1)].
Fig. 13 – Sungir’ ivory statuettes. 1: Bison (?); 2 and 3: “Horses”; 4: Mammouth [Bader, 1978 (1) and 1974 (2 to 4)].
Mémoire LVI de la Société préhistorique française
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Gerhard BOSINSKI
Fig. 14 – Galets perforés de Sungir’. 1 : sépulture du garçon ; 2 : sépulture de la jeune fille ; 3 : sépulture de l’homme ; 4 à 13 : couche archéologique perturbée [d’après O.N. Bader 1998 (1 à 3) et 1978 (4 à 13)].
Fig. 14 – Sungir’ perforated pebbles. 1: Burial of the boy; 2: Burial of the young girl; 3: Burial of the man; 4 to 13: From the dislocated findhorizon [after Bader, 1998 (1 to 3) and 1978 (4 to 13)].
Il me semble plus plausible de proposer une origine
de l’art dans le faciès Sungir’-Strelecka que de supposer que l’art aurignacien – à savoir les sculptures
élaborées du Vogelherd, de Geissenklösterle, de
Hohlenstein-Stadel et de Hohle Fels dans le Jura
souabe, ou encore les œuvres de la grotte Chauvet en
Ardèche – représente le début de l’art préhistorique.
Remerciements : Je remercie vivement P. Bodu et
C. Letourneux pour la correction du texte français.
Merci également à A. Sinitsyn pour les longues discussions.
NOTE
(1) Des nouvelles datations se trouvent dans l’article de A. Marom,
J.S.O. McCullagh, Th.F.G. Higham, A.A. Sinitsyn et R.E.M. Hedges,
Single amino acid radiocarbon dating of Upper Paleolithic moder humans.
Proceeding of the National Academy of Sciences of the United States of
America 109, 2012, 6878-6881. Les dates 14C BP sont pour la sépulture
Sungir’2 30100 +/- 550 BP, pour la sépulture Sungir’3 30000 +/- 550 BP
et pour un os de mammouth de Sungir’ 30100 +/- 400 BP. Cette publication
est malheureusement venue trop tard pour être discutée.
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