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Les classifications typographiques : Il existe plusieurs classifications. Elles sont des aides à la description des caractères. Deux grandes classifications peuvent être retenues : la classification de Thibaudeau et la classification Vox-ATypi. La classification de Thibaudeau : Du nom de son créateur, apparaît en 1921. Elle comporte quatre grandes classes : romain elzévir, romain didot, antique, égyptienne, quelques sous groupes modelés d'après la forme des empattements (fig.1, 2 et 3a, 3b). La classification Vox-ATypI Crée par Maximilien Vox, vers 1952-54, devient la classification officielle de l'association typographique internationale en 1962. Elle est formée de neuf groupes classant les caractères d'après leurs origines non pas chronologiques mais par la spiritualité signifiée de la forme : humanes, garaldes, réales, didones, mécanes, linéales, incises, manuaires, les scriptes. L'association Typographique Internationale ajoute en 1962 deux autres familles à cet ensemble : Les fracturs et non-latines (fig.4). Les Humanes : Les formes des premiers caractères humanistiques en plomb ont comme origine, l'écriture carolingienne pour les bas de casse, et la capitale romaine pour les capitales. L'axe des lettres rondes est incliné vers la gauche (réminiscence du tracé à la plume). Leurs empattements peuvent être épais. Elles font partie de la classification Elzévir de Thibaudeau. Un des caractères les plus connus est le romain rond de Nicolas Jenson (1470) utilisé par les imprimeurs italiens du Quattrocento (fig.5a,b,c,d). Les Garaldes : Elles font aussi partie de la classification Elzévir de Thibaudeau. On retrouve dans leurs noms un hommage à deux des plus grands créateurs de caractères de la renaissance : Garamond et Alde. Garamond invente en 1530 un caractère romain et italique qui règne jusqu'au XVIIIe siècle. Lié lui aussi aux sources de la colonne de Trajan pour les capitales et de la Caroline pour les bas de casse, le garamond se caractérise par un galbe plus dessiné, moins sec dans les courbes et des empattements délicats (fig.6a,b,c). Les Réales : Elles font aussi partie de la classification Elzévir de Thibaudeau. Jusqu'au XVIIIe siècle, les caractères d'imprimerie sont une interprétation de l'écriture manuscrite. Les pleins, les déliés, les accidents de la plume se retrouvent dans le dessin de la lettre. Louis XIV charge l'imprimerie royale d'étudier une forme rationnelle de caractères. L'Abbé Jaugeon en a la responsabilité. Il inscrit alors chaque dessin de lettre dans un quadrillage dont la finesse du réseau assure la perfection (fig.7a). Vers 1700, Louis XIV demande à Grandjean de réaliser les poinçons (fig.7b). La première forme de typographie moderne est née, reprise par la suite par Baskerville, Didot, … Ces typographies incarnent à la fois le réalisme et le rationalisme de l'époque encyclopédique. Elles remettent au point les caractères existants pour leur donner plus de lisibilité, de précision, de solidité (fig.7c,d). Pour la première fois dans un même style, se trouvent réunis des étroits, des larges, des italiques. Les Didones : Firmin Didot, en 1784, crée un caractère d'une pureté absolue. Bodoni en créera plusieurs versions. Elles se remarquent par la finesse et le contraste des déliés et des jambages, et des empattements filiformes et horizontaux. Le Didot marque la rupture avec les caractères antérieurs et les changements politiques de l'époque. Ce style adopté sous l'empire pour sa "simplicité citoyenne" se répand partout en Europe. Correspondant à l'amélioration des techniques d'impression, les didones furent employées sans partage pour les travaux de labeurs (livres et journaux) jusqu'au milieu du XIXe siècle (fig.8a,b). Les Mécanes : Ce sont les Egyptiennes de la classification de Thibaudeau. Avec l'apparition de la lithographie, au XIXe siècle le dessin de la lettre se libère. Cette famille se caractérise par des empattements rectangulaires et épais. Ce style illustre bien la mécanisation et symbolise bien l'évolution de la société vers le fonctionnel. Leur utilisation reste très liée au titrage auquel elles apportent une notion de puissance (fig.9a,b). Les Linéales : Ce sont les Antiques de la classification de Thibaudeau. Très reconnaissable, ce style épuré, le dessin presque simple, peut se rapprocher des lapidaires grecs. Sans empattement, généralement d'égalité de graisse ou en tout cas de faible variation ces caractères restent très liés à un fonctionnalisme naissant des années 1930. Le Bauhaus passe par là, créant des linéales géométriques (Fig.10a). La modernité est présente. Elles font partie de notre environnement visuel. Les linéales sont les seuls caractères à supporter des variations importantes de graisses, d'étroitisation ou d'élargissement ou même de pente. Leur champ d'application est vaste, de la publicité au titrage, de la presse magazine à la communication scientifique (Fig 10a,b,… D'autres sous groupes peuvent être identifiés dans les linéales : les linéales humanistiques, sans empattement, clairs, ces caractères sont pourtant conçus à partir des lois de l'écriture, avec des pleins et des déliés. (Peignot, Optima…) (fig.10d). Nous trouvons aussi des linéales grotesques (fig.10b;c) Les Incises : Elles font partie des Elzévirs dans la classification de Thibaudeau.Inspirée des inscriptions lapidaires de l'antiquité, c'est selon Vox, une famille à part entière, dans laquelle le graveur part de la structure des Linéales et dont il renforce les angles et les extrémités (Firz Quadrata,Trajan). Elles ne sont pas forcément avec des empattements (fig.11a,b). Les Scriptes : Elles sont inspirées de l'écriture courante ou de la calligraphie (fig.12a,b). Nous trouvons des rondes, des Anglaises… Les Manuaires : Elles sont inspirées des lettres dessinées du Moyen-Âge, en particulier du dessin des lettrines (fig.13a,b). Les Fracturs : Elles sont inspirées de l'écriture gothique. Les Non-latines : Ce sont les caractères grec, russe, hébreu, arabe, japonais. Classification de Thibaudeau (fig.1 et 2) Classification de Thibaudeau : les empattements (fig.3a et 3b) Classification Vox- AtypI (sauf Fractur et non latines) (fig.4) Les Humanes Le Romain de Nicolas Jenson - 1470 (fig.5a) Le Romain de la Sorbonne - 1470 (fig.5b) ITC Golden Type W. Morris - 1891 (fig.5c) Laura Romain Ladislas Mandel - 2001 (fig.5d) Les Garaldes L’italique d’Alde Manuce - 1501 (fig.6a) Les Garaldes (suite) Garamond de Claude Garamond - 1530 (fig.6b) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz ITC Galliard de Matthew Carter - 1978 (fig.6c) Les Réales La grille de l’Abbé Jaugeon - 1692 (fig.7a) Le Romain du Roi - Grandjean - vers 1700 (fig.7b) Les Réales (suite) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz Baskerville - John Baskerville - 1725 (fig.7c) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz Times - Stanley Morison - 1931 (fig.7d) Les Didones ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Didot - Firmin Didot - vers 1784 (fig.8a) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Bauer Bodoni - Giovanni Batsita Bodoni - vers 1780 (fig.8b) Les Mécanes ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz ITC Officina Sérif Book - Reik Spiekermann - 1990 (fig.9a) Glypha - Adrien Frutiger - 1977 (fig.9c) Les Linéales ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Futura - Paul Renner - 1932 (fig.10a) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Helvetica - Max Miedinger - vers 1958 (fig.10b) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Frutiger - Adrien Frutiger - 1970 (fig.10c) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Optima - Hermann Zapf - 1958 (fig.10d) Les Incises ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWX YZ abcdefghijklmno pqrstuvwx yz Trajan - Carol Twombly- 1989 (fig.11a) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Friz Quadrata - Ernst Friz - vers 1950 (fig.11b) Les Scriptes ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Bickley Script (fig.12a) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmno pqrstuvwxyz Bradley Hand - 1990 (fig.12b) Les Manuaires ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ Herculanum - Adrien Frutiger - 1990 (fig.13a) ABCDEFGHIJKLMNOP QRSTUVWXYZ abcdefghijklmnopqrstuvwxyz Apple Chancery - vers 1985 (fig.13b)
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