L`Echo Beauffort
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L’Echo Beauffort Chers cousins, chers amis, Février 2005 Numéro : 7 a.s.b.l. « Fonds Beauffort » Clos Manuel, 16 1150 Bruxelles Dans ce numéro - Le mot du Président - Beauffort à Beaucamps page : 2 - Les automobiles BEAUFFORT pages : 3, 4, 5, 6 et 7 - Les évènements familiaux. page : 8 Tout d’abord un très grand merci ! Grâce à vous, grâce à votre présence ou grâce aux procurations que vous avez envoyées, nous avons atteint haut la main le quota minimal de présences ou de membres représentés pour que notre assemblée générale extraordinaire du 21 novembre dernier puisse valablement délibérer. Ceci nous a permis d’adopter à l’unanimité des suffrages exprimés les modifications de nos statuts pour les rendre conformes à la er nouvelle loi sur les ASBL avant la fameuse date fatidique du 1 janvier 2005. Tout cela pour apprendre quelques jours plus tard de la bouche de notre ministre de la justice que, vu le très grand nombre d’ASBL n’ayant encore rien fait pour régulariser leur situation, un délai supplémentaire d’un an était accordé à tout le monde ! Comprenez : ceux qui se donnent du mal ne sont pas récompensés et prime à ceux qui ne se préoccupent de rien ! Peu importe, nous sommes en ordre, et soyons un peu chauvins, nous figurons donc parmi les bons élèves de la classe. Mais des événements plus intéressants que ces péripéties administratives se sont déroulés ces derniers mois. Vous trouverez dans cette édition de l’Echo Beauffort le compte-rendu d’une excursion faite par quelques-uns de nos membres dans le nord de la France, à Beaucamps-Ligny, pour participer à un forum historique très réussi. Il y fut notamment question de Marie-Caroline de Beauffort dont nous vous parlions dans l’Echo Beauffort n°5. Vous trouverez aussi un magnifique article sur les voitures anciennes. Et dieu sait que chez les Beauffort, il y a quelques passionnés de vieilles bagnoles ! Cela devrait donc en contenter plus d’un. Sachez aussi que notre prochaine assemblée générale aura lieu le 19 mars à Loupoigne chez les Nicolay qui ont la grande gentillesse de nous accueillir cette année. Notez déjà la date dans votre agenda. Vous recevrez les invitations dans le courant du mois de janvier. Editeur responsable Didier de Beauffort Je profite de l’occasion pour vous souhaiter au nom de tout le comité de rédaction une excellente année 2005. Xavier de Beauffort Beauffort à Beaucamps Chaque année se tient dans la région des Weppes située à l'ouest de Lille un forum historique exposant les travaux d'une trentaine d'associations de passionnés d'histoire. En 2004 le forum s'est tenu à Beaucamps-Ligny, une commune qui garde vivant le souvenir de Marie-Caroline de Beauffort (1793-1865) épouse du Comte de La Granville et fille de notre ancêtre le Marquis Charles-Louis. (voir l'Echo Beauffort n° 5 de janvier). C'est à l'initiative du dynamique Maire de Beaucamps, Monsieur Frédéric Motte, que quelques Beauffort se sont retrouvés à Beaucamps pour l'inauguration du Forum le 17 octobre dernier. Chaleureusement accueillis par le Maire et guidés par Monsieur Maurice Blondel, Conseiller communal et archiviste passionné, nous avons pu plonger dans le passé de ce village où l'on retrouve les traces de l'action bienfaitrice de Marie-Caroline, évoquée de façon charmante par le Maire dans son allocution inaugurale. De nombreux stands retraçaient l'histoire de la région, très éprouvée par la guerre de 14-18; certains présentaient des documents relatifs au Comte et à la Comtesse de La Granville, à leur château , et surtout au développement de l'école des Frères Maristes, fondée à l'initiative de Marie-Caroline en 1842. Cet institut dont l'histoire nous fut commentée par le Frère Achille est aujourd'hui très important puisqu'il regroupe quelque 3000 élèves et enseignants. Son patrimoine immobilier est géré par une association à laquelle Charles et Henri de Beauffort, neveu et petit neveu de MarieCaroline (décédée sans descendance directe), avaient cédé ces biens. La deuxième partie de l'exposition se trouvait à l'église de Beaucamps entièrement reconstruite après la guerre. Nous avons été très intéressés de voir à gauche du portail un oratoire dans lequel une dalle de marbre rappelle qu'à cet endroit s'élevait le mausolée que Marie-Caroline avait fait construire pour y abriter le corps de ses parents initialement inhumés à Nancy. Nous avons aussi admiré là deux chasubles données par la Comtesse de La Granville à la paroisse: l'une d'elles est confectionnée au départ de brocarts dorés qui ornaient la robe de mariée de sa mère, Honorine-Léopoldine de Merode. D'historique notre visite est ensuite devenue gastronomique, le Maire nous ayant guidés à la découverte des délices de l'excellent restaurant de son village. A l'issue de ces joyeuses agapes Monsieur Motte tint à nous montrer la rue Marie-Caroline de Beauffort et ensuite à nous inviter chez lui où nous fûmes très aimablement reçus par sa charmante épouse. Leur jolie maison est construite à l'endroit où s'élevait jadis le château de Beaucamps (détruit en 14), dans un beau parc où quelques arbres remarquables, dont un platane immense, ont survécu à la guerre. Ainsi s'acheva cette agréable journée où le passé se conjuguait si bien au présent grâce à l'amabilité de nos hôtes français et à l'entrain de tous. Henry de Beauffort Exposition dans l’église Comtesse Henry de La Grandville Née Marie-Caroline de Beauffort (1793-1865) Rue Marie-Caroline de Beauffort Les Chasubles offertes à l’église par Marie-Caroline de Beauffort Les voitures BEAUFFORT 4 CV Spéciales Interview, par Bruno Joos de ter Beerst Saviez-vous que des automobiles BEAUFFORT existèrent autrefois ? Réalisées en Belgique il y a plus d’un demi siècle de cela, ces deux modèles hors série sont reproduits dans tous les livres consacrés à la RENAULT 4 CV. Mais ce sont toujours les mêmes images de ces véhicules spectaculaires que l’on retrouve d’un volume à l’autre. Quant aux légendes qui les accompagnent, elles sont souvent évasives et parfois erronées. Ces voitures suscitent aujourd’hui un renouveau d’admiration auprès des nombreux passionnés de la célèbre petite RENAULT 4 CV dont elles étaient dérivées. Un magazine spécialisé les a récemment décrites en détail. Discret, Geoffroy de BEAUFFORT, concepteur de ces voitures ne m’en avait jamais révélé l’existence. Quelle meilleure façon dès lors de sauver de l’oubli une telle réalisation que de l’évoquer dans l’ECHO BEAUFFORT ? Ma rencontre avec mon cousin Geoffroy me permit de noter les souvenirs que voici et de rapporter en outre quelques photos inédites. - Quand et comment ta passion pour la mécanique a-t-elle débuté ? - D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par la motorisation rapide sous toutes ses formes. Après la réouverture des routes qui suivit la Libération, en 1945, la conduite de voitures et de motos réputées rapides à l’époque m’avait bientôt convaincu qu’au prix de quelques modifications je pourrais les doter d’un tempérament plus fougueux. En dépit de la rareté du matériel nécessaire pour mener à bien mes bricolages, j’obtins quelques améliorations sensibles de rendement. C’était un modeste début. - Pourquoi, dès lors, ton intérêt pour la petite RENAULT 4 CV ? - La présentation de la petite RENAULT 4 CV, en 1947, suscita mon adhésion immédiate. Première création automobile française de l’après-guerre, contrastant avec les énormes voitures américaines, la minuscule berline populaire 4 CV à moteur arrière m’apparut, lors de ma visite au Salon de l’Automobile, comme la matérialisation d’un tout nouveau concept. Rien dans ce véhicule n’était superflu : ses formes trapues et ramassées suggéraient tout à la fois l’équilibre et la mesure. Résolument moderne, calculée avec rigueur pour l’efficacité, elle m’émerveilla au premier regard par sa compacité et par son agencement rationnel. Ce fut le coup de foudre ! Dans les années qui suivirent ma première acquisition, bon nombre de 4 CV se succédèrent dans mon garage. - Quelle était la situation automobile au sortir de la guerre ? - Les premières années qui suivirent la fin des hostilités furent marquées par le lent réveil de l’automobilisme dans une France livrée au parti communiste, lequel tenait l’industrie dans sa poigne stalinienne. Après avoir jeté Louis RENAULT en prison où il succomba sous la torture, le nouveau pouvoir politique s’empressa de saisir les usines du pionnier afin de les nationaliser. En dehors des frontières d’Allemagne, il n’existait alors ni autoroutes ni ces immenses rubans rectilignes à double voie que déploient aujourd’hui nos grands axes nationaux pour nous permettre de franchir les régions sans lever le pied de l’accélérateur. En ce temps là, les routes nationales au tracé séculaire épousaient les formes du paysage où elles serpentaient joliment entre leurs deux rangées de platanes. Elles invitaient les automobilistes à traverser chacune des villes jalonnant l’itinéraire car les rocades n’avaient pas encore pris la place des fortifications médiévales. Et pour cause, le trafic était clairsemé, les camions rares, la plupart des voitures vétustes et poussives. Aux mains d’un conducteur expérimenté, décidé à tirer parti de ses caractéristiques très particulières, la RENAULT 4 CV faisait merveille sur les longues étapes au relief varié et bien peu de véhicules étaient alors capables de lui tenir tête. Mais en dépit de la vivacité de son minuscule moteur " type 1062", de 750 cc de cylindrée à soupapes en tête et de sa boîte à trois rapports, cette petite berline à quatre places et quatre portières ne dépassait guère les 100 Km/h. L’idée me vint naturellement qu’il serait agréable de gonfler son petit moulin, lequel s’y prêtait idéalement … Dans les années qui suivirent, divers accessoires destinés à l’amélioration du rendement et de la tenue de route de la 4 CV furent commercialisés. - Comment as-tu imaginé ces deux voitures spéciales ? - C'est à mon club motocycliste, le R.A.M.C.B. que j'appris, en 1952, qu'un carrossier italien nommé MOUCHIRO-LEGROS envisageait d'entreprendre la construction d'une RENAULT 4 CV de compétition. Ce coureur automobile, installé à Bruxelles, recherchait à cette fin des feuilles d'aluminium américain, type aviation, très résistant, d'une qualité particulière permettant la soudure. Il s'agissait d'un matériau encore introuvable en Europe. Comme j'avais obtenu dès 1948 mon premier brevet de pilote aviateur, l'information piqua ma curiosité car mes relations dans le monde de l'aviation civile et militaire ainsi que mes contacts réguliers avec un industriel américain me donnaient l'espoir de résoudre ce problème d'approvisionnement. Je me rendis dans l'atelier où oeuvrait LEGROS qui, soit dit en passant, était maigre comme un clou, et très vite nous avons sympathisé. Jovial et très ouvert, il était féru de mécanique et les travaux de tôlerie, de garnissage et de peinture n'avaient aucun secret pour lui, il s'était spécialisé, en outre, dans l'art délicat de la soudure de l'aluminium. Le projet dont il me montra les dessins était celui d'une monoplace 4 CV de course. Dans les mois qui suivirent, je lui fis livrer les tôles d'aluminium nécessaires à sa réalisation. Entre-temps l'idée m'était venue de lui commander pour mon propre usage une barquette biplace surbaissée que j'équiperais du nouveau moteur de compétition développé par le service course de la Régie RENAULT, le 4 CV type 1063. J’escomptais transfigurer la petite voiture populaire si répandue en un jouet élégant et rapide, voué au plaisir de l'°il et à la caresse du vent. Aussitôt ce souhait formulé, LEGROS s'offrit à le réaliser selon mes convenances. LEGROS appartenait à une élite corporative de carrossiers italiens dont le travail nécessitait tout à la fois le talent de l'artisan et le goût de l'artiste. Il savait d'instinct qu'on n'anoblit pas une automobile populaire en lui collant des armoiries sur les portières mais bien en transcendant ce qu'il y a de meilleur en elle. Puis en lui conférant, bien sûr, les véritables attributs de la noblesse automobile, la rapidité, cette aristocratie du mouvement et la beauté qui émane d'un habillage sobre et de lignes racées. Admirateur inconditionnel de la petite RENAULT 4 CV, je ne pouvais l'imaginer privée de son visage familier. Mon projet visait donc à conserver au nouveau prototype les caractéristiques distinctives de la petite berline tout en les affinant et en les adaptant le plus harmonieusement possible aux nécessités de la métamorphose. Mes exigences esthétiques, si peu compliquées en apparence, allaient pourtant se heurter à quelques difficultés imprévues. J'appris à mes dépens qu'en matière de carrosserie, il est infiniment plus facile d'innover que de modifier profondément une silhouette préexistante tout en lui conservant les traits identitaires du modèle initial, cette condition préalable limitant à chaque instant la liberté créatrice. L'esquisse de la barquette prit bientôt forme sur la planche à dessin. - La modification ne se limitait donc pas à la carrosserie mais s'étendait à tout l'ensemble mécanique du véhicule ? - En effet, la plate-forme venait d'être livrée et nous l'avions équipée du nouveau moteur spécial. Les mensurations de l'ensemble permettaient une évaluation rapide des modifications escomptées. Un gabarit en carton de la carrosserie fut monté. Les dimensions de la plateforme originale demeurant inchangées, l'allongement considérable du capot avant nécessitait le recul des sièges et la réorientation de la colonne de direction. Je te passe sous silence les détails techniques du nouveau moteur 1063 RENAULT COMPETITION et de l'équipement spécial concernant la suspension, la direction et le freinage qui nous fut livré sous forme de kit par l'usine. La construction d'une robuste armature tubulaire en acier, soudée à la plate-forme aux divers points de jonction, assurait la rigidité de la barquette. L'entièreté de la carrosserie fut réalisée en tôles d'aluminium inoxydable pour avions. Question couleur LEGROS n'eut aucune peine à me convaincre que le rouge italien, caractéristique des voitures sportives de son pays, s'imposait pour la barquette. L'habitacle ainsi que les sièges furent garnis de cuir vert, serti d'un liseré rouge. Bien qu'aucun doute ne m'ait effleuré jusque là, je garde le souvenir du pincement qui m'étreignit lorsque la petite barquette franchit enfin la porte de l'atelier dans l'étincellement de sa robe écarlate. Dès sa première sortie, elle manifesta ses brillantes qualités routières. L'allègement de la voiture et le surbaissement de son centre de gravité avaient entraîné une modification de la répartition des masses. L'impétueuse montée en régime du moteur et la boîte à 5 vitesses bien étagées, permettaient d'excellentes accélérations. Jouet sportif pour balades au grand air, la barquette, robuste et saine, répondit entièrement à mon attente et elle ne me causa aucun ennui. - Qu'est ce qui t'a inspiré l'idée du coupé 4 CV 1064 ? - De passage à Paris, j'appris la sortie d'un nouveau moteur de course pour la RENAULT 4 CV, destiné aux épreuves de la saison 1953. L'équipement Type 1064, plus performant encore que le 1063, ne serait pas commercialisé par le service compétition de la Régie. Je parvins cependant à m'en procurer un exemplaire. Le projet d'une seconde 4 CV SPECIALE s'étant imposé, la nouvelle voiture serait, cette fois, une conduite intérieure surbaissée, une biplace grand sport où la physionomie générale de la 4 CV demeurerait identifiable sans confusion possible. Complément logique de la barquette 1063 qui en avait été l'embryon, le coupé 1064 ne serait pas appelé à la remplacer mais bien à prendre place à ses côtés. Le rendement que j'escomptais tirer du nouveau moteur étant mon souci premier, nous fûmes longtemps occupés, LEGROS et moi, à son montage et à son réglage. J'espérais que les compléments spéciaux venus des U.S.A. et d'Italie permettraient à mon 1064 de dépasser les performances de celui du service de course de la Régie. La superbe carrosserie du coupé surbaissé avait bénéficié d'une finition particulièrement soignée. Construit sur mes dessins en aluminium aviation et peint en rouge assorti à la barquette, le coupé 1064 n'était pas destiné à la course mais bien à une conduite routière sportive. Oui, à cette époque il était encore possible de conduire sportivement sur la route sans prendre de risques et il n'existait guère de limitation de vitesse en dehors des agglomérations. Le moteur 1064 conférait à la voiture ultra légère l'accélération d'une fusée mais il ne développait sa puissance qu'à haut régime ce qui, en dépit de la boîte à six rapports synchronisés, rendait la conduite en ville assez acrobatique. Les affinités qui m'avaient rapprochées de LEGROS durant deux années de collaboration avaient soudé entre nous une solide amitié. En 1954, hélas, peu de temps après l'achèvement du coupé, il se tua en course à Francorchamps, au volant d'une 4 CV. Propos recueillis par: Bruno Joos de ter Beerst NOTE: Si les voitures BEAUFFORT sont aujourd'hui disparues, bien des documents subsistent. Divers ouvrages où figurent ces véhicules hors série ainsi qu'un important album de photos sont conservés en Belgique au Musée royal de MARIEMONT. D'autre part, à Paris, le service historique de la Régie RENAULT détient de nombreux négatifs des deux voitures BEAUFFORT SPECIALES, prises sous tous les angles. Enfin, des modèles réduits des 4 CV BEAUFFORT, à l'échelle du 1/43°, sont distribuée en vente à Paris par la firme LOISIR 94, 4 Avenue Général de Gaulle – F 94320 Thiais – France – (Tel : (01) 46.80.57.32). Acquisitions Deux gravures représentant les diplômes (avec des médailles) du Marquis Albert de Beauffort Président à l’Exposition Universelle d’Anvers en 1894. Restauration du patrimoine Voici la dalle du caveau Beauffort / Roose de Baisy située derrière l’église de Meise, telle qu’on peut l’admirer après la restauration effectuée par les soins du Fonds Beauffort. Evénements familiaux Naissance: Héloïse de Beauffort, le 7 novembre 2004, chez le Comte et Comtesse Yvan de Beauffort Vous trouverez tous les numéros de l’Echo Beauffort sur www.beauffort.be