ANCA (Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) et pathologies
Transcription
ANCA (Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) et pathologies
Immuno-analyse et biologie spécialisée (2012) 27, 254—259 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com STRATÉGIES D’EXPLORATION FONCTIONNELLE ET DE SUIVI THÉRAPEUTIQUE ANCA (Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) et pathologies neurologiques associées Detection of ANCA (Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) and related neurological diseases S. Aziz a, N. Tahiri-Jouti a,∗, R. Ibn Moufti b, H. Fellah c, M. Oudghiri d, A. Naya d, I. Slassi b, S. Zamiati a a Laboratoire d’anatomie pathologique, faculté de médecine et de pharmacie, université Hassan II Aïn Chock, 19, rue Tarik-Bnou-Ziad, BP 9154, Casablanca, Maroc b Service de neurologie, hôpital Ibn Rochd, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc c Laboratoire d’immunologie, faculté de médecine et de pharmacie, université Hassan II Aïn Chock, Casablanca, Maroc d Laboratoire de physiologie et génétique moléculaires, faculté des sciences Aïn Chock, université Hassan II Aïn Chock, Casablanca, Maroc Reçu le 2 avril 2012 ; accepté le 9 juin 2012 KEYWORDS Anti-neutrophil cytoplasmic antibodies; Neurology; Indirect immunofluorescence; Elisa; Myeloperoxydase; Proteinase 3 MOTS CLÉS Anticorps anticytoplasme des polynucléaires ∗ Summary ANCA are associated with different pathologies among other vasculitis. Their diagnostic, prognostic value, their specificity and their place as a marker of activity deserve to be clarified. Our objectives are to identify these antibodies through the use of indirect immunofluorescence (IIF) and Elisa and to establish possible correlations with neurological diseases. We tested sera from 29 patients for whom ANCA were sought as part of the etiological research. The presence of ANCA by IIF was established in 65.51% cases according to two profiles: cytoplasmic fluorescence (c-ANCA) (44.82%) and perinuclear fluorescence (p-ANCA) (17.24%). These autoantibodies with or without PR3 and/or MPO antigenic targets corresponded to various neurological diseases: infectious etiology, association with vasculitis, but also connective tissue disorders (Sjögren syndrome) and amyotrophic lateral sclerosis in particular context. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Résumé Les anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA : Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) sont associés à différents types de pathologies, entres autres, les vascularites. Leur valeur diagnostique, pronostique, leur spécificité et leur place en tant que marqueurs d’activité méritent d’être précisées. L’objectif de notre étude est d’identifier, à travers notre expérience, ces auto-anticorps par l’utilisation de l’immunofluorescence Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Tahiri-Jouti). 0923-2532/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.immbio.2012.06.004 ANCA en neurologie neutrophiles ; Neurologie ; Immunofluorescence indirecte ; Elisa ; Myéloperoxydase ; Protéinase 3 255 indirecte (IFI) et l’Elisa et d’établir des corrélations possibles avec des pathologies neurologiques. Nous avons testé 29 sérums de patients pour lesquels les ANCA étaient recherchés dans le cadre du bilan étiologique. La présence des ANCA a été établie par IFI dans 65,51 % des cas suivant deux profils : fluorescence cytoplasmique (c-ANCA) (44,82 %) et fluorescence périnucléaire (p-ANCA) (17,24 %). Ces auto-anticorps associés ou non aux cibles antigéniques PR3 et/ou MPO correspondaient à des pathologies neurologiques diverses d’étiologie infectieuse, associées à des vascularites mais aussi à des connectivites (syndrome de Goujerot-Sjögren) et des scléroses latérales amyotrophiques de contexte particulier. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Introduction Les Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies (ANCA) constituent une famille d’auto-anticorps dirigés contre des antigènes du cytoplasme des monocytes et des polynucléaires neutrophiles (PNN), cellules-clés du processus inflammatoire au cours des vascularites [1]. Ils ont été décrits pour la première fois en 1982 par Davies et ses collaborateurs [2] dans le sérum de huit malades souffrant d’une glomérulonéphrite extracapillaire pauci-immune. Ces auto-anticorps sont dirigés contre des enzymes des neutrophiles, capables d’activer ces cellules et d’induire des lésions nécrotiques. Ils sont habituellement recherchés par immunofluorescence indirecte (IFI) sur frottis de polynucléaires neutrophiles humains et par technique immunoenzymatique (Elisa) [3,4]. Les cibles antigéniques des ANCA sont localisées dans les granules des polynucléaires neutrophiles. Ces granules sont de quatre types. Le premier type et le plus important est le granule primaire ou azurophile qui contient la protéinase 3 (PR3), la myéloperoxydase (MPO), l’élastase, la cathepsine G (CG), le Bacterial Permeability Increasing Protein (BPI), l’azurocidine et la -glucuronidase. Les granules secondaires ou neutrophiles contiennent la lactoferrine (LF), le lysozyme, la PR3, la CG et les défensines. Les granules de type gélatinase contiennent la PR3 et le lysozyme, et les vésicules sécrétoires constituent les deux derniers types de granules des PNN [5]. Les ANCA sont classiquement rapportés dans les vascularites systémiques touchant les vaisseaux de petit calibre dites vascularites à ANCA : la polyangéite microscopique (PAM), la granulomatose de Wegener (GW), le syndrome de Churg-Strauss (SCS) et leur variante localisée, la glomérulonéphrite nécrosante à croissant (GNNC) [4,5]. Cependant, depuis la première description de ces auto-anticorps ANCA, le nombre d’affections associées n’a cessé d’augmenter. L’objectif de cette étude est d’aborder, à travers une étude rétrospective intéressant la recherche des ANCA en IFI et la détermination par Elisa, des spécificités antigéniques MPO et PR3 chez des patients présentant des pathologies neurologiques. Patients et méthodes Patients Notre étude rétrospective correspond au traitement de 29 demandes de recherche des ANCA pour des patients du Figure 1 IFI : aspect cytoplasmique des ANCA (c-ANCA) en microscopie à fluorescence grossissement (× 400). service de neurologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Parmi ces patients, 17 (58,62 %) étaient de sexe féminin et 12 (41,37 %) de sexe masculin. La moyenne d’âge est de 41,68 ± 11,21 ans avec un sex-ratio de 0,7. Nous avons retenu les dossiers pour lesquels les observations cliniques des patients étaient complètes. Méthodes Les ANCA ont été mis en évidence par immunofluorescence indirecte sur lames de PNN cytocentrifugés et fixés à l’éthanol, préparées au laboratoire (lames maison). La détection est réalisée grâce à un anticorps anti-IgG (F(ab’)2 , DAKO) couplé à la fluorescéine. Les ANCA ont été également recherchés par Elisa. Nous avons utilisé deux kits « Binding Site » permettant la détection des deux cibles antigéniques MPO et PR3 [6]. En IFI, en cas de positivité la fluorescence se répartit suivant deux aspects : • le premier classique ou cytoplasmique (c-ANCA) diffus, finement granuleux avec renforcement de la fluorescence entre les lobes du noyau polylobé des polynucléaires clairement identifiés (Fig. 1). Très souvent, il s’agit d’auto-anticorps anti-PR3 révélateurs d’une GW. Il est à noter que les auto-anticorps anti-cytosquelette (actine, vimentine), anti-ribosome et anti-endosome peuvent donner une fluorescence cytoplasmique grossièrement granuleuse ou homogène sans anti-PR3 comme cible antigénique. On parle alors de c-ANCA « atypiques » [5,7] ; 256 S. Aziz et al. l’association des ANCA avec d’autres cibles antigéniques que la PR3 et MPO. Sachant que d’autres auto-Ac anti-BPI, antiLF, anti-Ela, anti-Lys, anti-CG et anti-azurocidine peuvent donner des aspects c- ou p-ANCA [5,12]. Cependant, une positivité de ces auto-anticorps avec les autres cibles antigéniques ne doit pas conduire à rejeter un diagnostic de vascularite, car des cas de maladie de Wegener ont été rapportés comme étant associés avec des anti-BPI, anti-LF ou anti-Ela, sans anti-PR3 [4]. Figure 2 IFI : aspect périnucléaire des ANCA (p-ANCA) en microscopie à fluorescence grossissement (× 400). • le second aspect, périnucléaire (p-ANCA), homogène, d’épaisseur variable, condensé autour du noyau qui peut aller jusqu’à un recouvrement complet de celui-ci (aspect « Pop Corn ») (Fig. 2). La fluorescence périnucléaire est un artéfact de la fixation par l’éthanol, due à la migration vers la membrane nucléaire, chargée négativement, des antigènes cationiques comme la MPO [8]. L’aspect c-ANCA est principalement associé avec des anti-PR3 [5,7,9,10], mais les anti-BPI peuvent également donner cet aspect. Pour les p-ANCA « typiques », il s’agit principalement d’anti-MPO [5,7,11]. Alors que les anti-LF, anti-élastase, anti-CG, antiglucuronidase. . . sont le plus souvent associés à un aspect a-ANCA (p-ANCA atypiques) [5,7]. Résultats Sur les 29 sérums testés, 18 (62,06 %) se sont révélés positifs par IFI et/ou Elisa. Le bilan étiologique immunologique (recherche des anticorps antinucléaires et anti-DNA) et infectieux (recherche des anticorps anti-VIH, anti-HVB et anti-HVC) se sont révélés négatifs pour l’ensemble de ces patients. IFI négative, Elisa anti-PR3 ou anti-MPO positive La mise en évidence des anti-MPO ou des anti-PR3 en l’absence d’IFI positive est peu fréquente. Cependant, nous retrouvons deux cas sur les 29 sérums qui présentent ce profil, dont un est de type anti-PR3 et l’autre est de type anti-MPO. Cette discordance est rapportée dans différents travaux qui la relient à l’existence de différences de sensibilité entre l’IFI et l’Elisa, de réactivité vis-à-vis du support ou encore d’une contamination de la PR3 ou de la MPO par d’autres protéines, en particulier par la LF [5]. Corrélation clinicobiologique Parmi les patients chez qui la recherche des ANCA s’est révélée positive, nous avons individualisé trois groupes de pathologies. Un premier groupe comprend des pathologies neurologiques non associées à des pathologies pour lesquels les ANCA sont retrouvés. Il s’agit d’une paralysie faciale récidivante idiopathique ou syndrome de Melkersson-Rosenthal, d’une névrite optique rétrobulbaire, d’un accident vasculaire cérébral ischémique et de maladie de Charcot. Concernant les cas de maladie de Charcot, un des patients présentait une exposition à l’amiante sur une durée de 30 ans. Le deuxième groupe fait référence à des pathologies neurologiques pour lesquelles une étiologie infectieuse est relevée (tuberculose, rickettsiose, syphilis, virose), ces pathologies infectieuses ayant été décrites comme associées aux ANCA. Enfin, le troisième groupe retient des processus pathologiques décrits comme étant associés à des ANCA. Il s’agit de vascularites et de connectivites plus exactement de patients présentant un syndrome de Goujerot-Sjögren (Tableau 2). Caractéristiques biologiques Discussion IFI positive et Elisa anti-PR3 ou anti-MPO positive Sur les 29 sérums testés, sept (24,13 %) possèdent des ANCA de type c-ANCA (n = 4) ou un aspect p-ANCA (n = 3) (Tableau 1). L’Elisa s’est révélée positive à neuf reprises (31,03 %) avec deux anti-MPO (22,22 %) et sept anti-PR3 (77,77 %). Deux sérums étaient à la fois anti-PR3 et antiMPO. La principale cible des ANCA correspond aux anti-PR3 (4/7, soit 57,14 %) avec un aspect c-ANCA et (3/7, soit 42,85 %) avec un aspect p-ANCA, ce qui exclut l’association exclusive des anti-PR3 avec l’aspect c-ANCA. IFI positive, Elisa anti-PR3 et anti-MPO négatives Sur les 29 sérums testés, 11 (37,93 %) présentaient un aspect c-ANCA (n = 9) ou un aspect p-ANCA (n = 2) sans être associés aux anti-PR3 et/ou aux anti-MPO. Ce qui suggère La raison principale de la recherche des ANCA est de diagnostiquer ou d’exclure une maladie de Wegener, un SCS, une polyangéite microscopique ou sa forme rénale, la glomérulonéphrite nécrosante focale à croissant. Toutefois, lorsque l’IFI est positive en l’absence d’anti-PR3 et d’anti-MPO, le diagnostic de vascularite ne peut être clairement retenu ou exclu. La recherche des autres cibles des ANCA en cas de positivité de l’IFI, peut permettre d’orienter le diagnostic vers une étiologie inflammatoire ou infectieuse. À l’inverse, des anti-PR3 et/ou des anti-MPO positifs, sans IFI positive, révèlent le plus souvent une poly-réactivité du sérum ou la reconnaissance d’une protéine associée à la PR3 ou à la MPO. Les ANCA sont classiquement décrits comme des marqueurs sérologiques des vascularites systémiques primitives. ANCA en neurologie Tableau 1 257 Positivité des ANCA par Immunofluorescence indirecte (IFI) et par Elisa anti-PR3 et anti-MPO. IFI Type d’ANCA c-ANCA p-ANCA IFI négatifs Elisa Nombre (pourcentage) Anti-PR3 13 (44,82) 5 (17,24) 11 (37,93) 2 (15,38) 3 (60) 1 (9,09) Anti-MPO Anti-PR3 et Anti-MPO 0 0 1 (9,09) 2 (15,38) 0 0 Ni PR3, ni MPO 9 (69,23) 2 (40) 9 (81,81) Nombre = 29. Tableau 2 Données cliniques et résultats des tests d’auto-immunité pour la série de patients de l’étude. IFI + Spécificité antigénique Sexe Âge (ans) Pathologie c-ANCA PR3 et MPO F 38 c-ANCA p-ANCA Ni PR3, ni MPO PR3 M F 57 48 Vascularite primitive du système nerveux central Syndrome confusionnel sur vascularite Vascularite du système nerveux central c-ANCA Ni PR3, ni MPO F 42 c-ANCA p-ANCA Ni PR3, ni MPO PR3 M M 21 45 p-ANCA PR3 M 37 c-ANCA PR3 M 42 c-ANCA PR3 et MPO M 38 c-ANCA PR3 F 20 p-ANCA c-ANCA Ni PR3, ni MPO Ni PR3, ni MPO M F 29 42 c-ANCA Ni PR3, ni MPO F 34 p-ANCA Ni PR3, ni MPO F 50 c-ANCA Ni PR3, ni MPO M 43 c-ANCA Ni PR3, ni MPO F 65 c-ANCA Ni PR3, ni MPO F 42 c-ANCA Ni PR3, ni MPO M 58 Dans notre étude faite en milieu neurologique, les ANCA sont associés à des pathologies diverses. Dans presque tous les cas des pathologies neurologiques étudiées ANCA-positives, on a trouvé une association avec d’autres pathologies pour lesquelles les ANCA sont impliqués dans la physiopathologie (61,11 %). Notre étude a identifié un premier groupe de patients présentant une association avec des pathologies infectieuses (33,33 %) (tuberculose, rickettsiose, syphilis, virose), présentant un aspect c-ANCA (66,66 %) et un aspect p-ANCA (33,33 %) avec la PR3 comme principale cible antigénique Paralysie faciale récidivante idiopathique : syndrome de Melkersson-Rosenthal Névrite optique rétrobulbaire AVC ischémique Polyradiculonévrite aiguë d’origine virale associée à une tuberculose multiviscérale Myosite à inclusion avec antécédent de tuberculose Encéphalomyéloméningoradiculovascularite sur tuberculose Mononeuropathie multiple démyélinisante rickettsienne Cérébellite post-infectieuse Méningovascularite syphilitique Vascularite secondaire à un syndrome de Goujerot-Sjögren Polyneuropathie sensitivomotrice dans le cadre d’un syndrome de Goujerot-Sjögren Sclérose latérale amyotrophique primitive : maladie de Charcot Sclérose latérale amyotrophique primitive : maladie de Charcot Sclérose latérale amyotrophique primitive : maladie de Charcot Sclérose latérale amyotrophique primitive : maladie de Charcot, avec notion d’exposition à l’amiante (50 %). Les ANCA au cours de pathologies infectieuses ne sont pas rares [4,7,13]. Dans la littérature, la prévalence des ANCA au cours de la tuberculose est très controversée selon la région géographique et l’ethnie du groupe étudié. Dans une étude, faite par Flores-Suarez au Mexique, chez 20 patients sur 45 (44,4 %) ayant des ANCA positifs, 16 malades avaient des c-ANCA et quatre avaient des p-ANCA par IFI ; 15 avaient des PR3 et trois de la MPO par Elisa. Les spécificités BPI et LF n’ont pas été étudiées [14]. Teixeira et al. ont trouvé une prévalence de 10 % chez 67 patients ayant une tuberculose dont trois malades sur sept avaient 258 des c-ANCA et les quatre autres avaient un aspect atypique ; un seul malade avait une spécificité PR3. Les spécificités MPO, LF, BPI, CG et Ela ont été testées chez ces malades et se sont révélées négatives [15]. Danneberg et al. ont trouvé un seul malade avec des ANCA MPO-positifs dans un groupe de 50 malades [16]. La présence des ANCA, chez les malades tuberculeux, pourrait s’expliquer par l’activation des polynucléaires neutrophiles par Mycobacterium tuberculosis, via les phénols glycolipides de leur membrane. Cette activation entraînerait la libération de résidus oxygénés et des enzymes lysosomiaux et conduirait ainsi à la production d’anticorps contre les composants de ces neutrophiles [17]. Dans notre série, nous avons également identifié un second groupe de patients qui retient des processus pathologiques pour lesquels les ANCA sont décrits comme y étant associés. Nous avons retrouvé trois cas de vascularite présentant des ANCA (16,66 %) dont deux ayant une vascularite cérébrale avec respectivement un aspect c-ANCA anti-PR3/MPO et un aspect p-ANCA anti-PR3. Le troisième patient présentait un syndrome confusionnel sur vascularite associé à un aspect c-ANCA avec des cibles antigéniques autres que la PR3 et la MPO. La présence des ANCA associés à des vascularites localisées a été retrouvée par l’équipe de Sghiri chez quatre patients dont trois présentaient une forme cutanée et un présentait une forme cérébrale [4]. Le deuxième type de processus pathologique retrouvé dans ce groupe, appartient aux connectivites ; il s’agit du syndrome de Goujerot-Sjögren (11,11 %). Ces deux patients présentaient respectivement des aspects c-ANCA et p-ANCA associés à d’autres cibles antigéniques que la MPO et la PR3 ; cependant le cas de Goujerot-Sjögren associé aux c-ANCA présentait une vascularite secondaire. La présence des ANCA au cours des connectivites est décrite dans la littérature [4]. Une étude faite par Ghrairi et al. a révélé un groupe de patients présentant des connectivites dont les ANCA associés ont montré un profil de type p-ANCA (80 %) et de type c-ANCA (20 %) dont les principales spécificités retrouvées étaient la LF (60 %), la BPI (20 %) et la MPO (20 %) [18]. Dans les cas de connectivites, les ANCA s’associent exceptionnellement avec une vascularite. Les ANCA sont le plus souvent de type p-ANCA et les spécificités les plus retrouvées sont la LF, l’Ela, la BPI et le Lyz, rarement la MPO et exceptionnellement la PR3 [18]. Par ailleurs, d’autres auto-anticorps peuvent donner un aspect voisin de celui des p-ANCA. Cela impose donc de poursuivre la spécification des p-ANCA en utilisant, d’une part, des cellules HEp-2 et, d’autre part, des PNN fixés par une solution de formol—acétone. En effet, la fixation par le formol—acétone présente l’avantage de ne pas modifier la répartition des granules du PNN. Dans ce cas, une fluorescence cytoplasmique est retrouvée si la cible est un antigène granulaire comme la MPO et permet de définir les p-ANCA « typiques ». Enfin, si la fluorescence reste périnucléaire, en l’absence d’AAN, l’aspect est alors noté a-ANCA. La fluorescence p-ANCA ou a-ANCA prédomine avec de nombreuses cibles pour ces auto-anticorps, la LF, l’Ela, la BPI et le Lyz et la Cathepsine G en particulier [5]. Les anticorps anti-nucléaires (AAN) à renforcement périphérique devront être exclus en réalisant en parallèle la recherche d’AAN sur cellules HEp-2 [5,7]. Enfin, notre série comporte un groupe de patients ANCA-positifs présentant des pathologies neurologiques non S. Aziz et al. associées à des pathologies pour lesquelles les ANCA sont retrouvés (38,88 %), avec un profil c-ANCA qui prédomine chez des patients présentant respectivement une paralysie faciale récidivante idiopathique ou syndrome de MelkerssonRosenthal, une névrite optique rétrobulbaire, une maladie de Charcot (quatre patients) et sans association avec la PR3 ou avec la MPO. Dans notre série, les quatre cas de maladie de Charcot présentaient des ANCA de type c-ANCA dirigés contre d’autres cibles antigéniques que la MPO et la PR3. L’association entre les ANCA et cette pathologie, dans notre série, mérite d’être explorée car dans la littérature une telle association n’est jamais rapportée. Cependant, un des quatre patients présentait une exposition à l’amiante sur une durée de 30 ans. Mais est-ce que cette exposition peut justifier la présence des ANCA ? On a besoin d’explorer d’avantage ces données. Enfin parmi les patients de ce groupe, nous retrouvons une notion d’accident vasculaire cérébral ischémique associé à des ANCA de type p-ANCA et la PR3 comme cible antigénique. Notre étude montre que les ANCA sont décrits au cours de situations pathologiques diverses. Au cours de la démarche diagnostique, il faut respecter les recommandations internationales du dernier consensus sur la recherche des ANCA, qui préconisent d’identifier ces derniers par le test Elisa de spécificité MPO et PR3, parfois même si l’IFI est négative, lorsqu’il y a une forte suspicion de vascularite. En outre, il convient de rechercher les autres cibles antigéniques des ANCA (antigènes mineurs) qui peuvent aider à associer certains aspects de fluorescence observés lors du dépistage à une spécificité donnée. Ceci dit, l’IFI reste la technique de référence pour la mise en évidence de ces auto-anticorps. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Van der Woude FJ, Rasmussen N, Lobatto S, Wiik A, Permin H, van Es LA, et al. Autoantibodies against neutrophils and monocytes: tool for diagnosis and marker of disease activity in Wegener’s granulomatosis. Lancet 1985;1:425—9. [2] Davies DJ, Moran JE, Niall JF, Ryan GB. Segmental necrotizing glomerulonephritis with antineutrophil antibody: possible arbovirus aetiology. Br Med J 1982;285:606. [3] Russell Kimberly A, Wiegert E, Schroeder DR, Homburger HA. Detection of anti-neutrophil cytoplasmic antibodies under actual clinical testing conditions. Clin Immunol 2002;103:196—203. [4] Sghiri R, Meddeb H, Bouguila J, Jarray M, Bahri F, Nouira R, et al. Antineutrophil cytoplasmic antibodies and associated diseases. Pathol Biol 2009;57:398—402. [5] Deguillaume Y, Renaudineau Y, Chaline L, Saraux A, Nousbaum J-B, Youinou P. The new ANCA: their instructions. Immunoanal Biol Special 2006;21:301—7. [6] Csernok E, Ahlquist D, Ullrich S, Gross WL. A critical evaluation of commercial immunoassays for antineutrophil cytoplasmic antibodies directed against proteinase 3 and myeloperoxidase in Wegener’s granulomatosis and microscopic polyangiitis. Rheumatology 2002;41(11):313—7. ANCA en neurologie [7] Renaudineau Y, Beauvillard D, Ségalen I, Leroyer C, Le Meur Y, Youinou P. Les ANCA (typiques ou non) en pratique médicale courante. Immunoanal Biol Special 2011;26:27—34. [8] Lee SS, Lawton JWM, Chak W. Distinction between antinuclear antibody and P-ANCA. J Clin Pathol 1991;44:962—3. [9] Niles JL, McCluskey RT, Ahmad MF, Arnaout MA. Wegener’s granulomatosis autoantigen is a novel neutrophil serine proteinase. Blood 1989;74:1888—93. [10] Lüdemann J, Utecht B, Gross WL. Anti-neutrophil cytoplasm antibodies in Wegener’s granulomatosis recognize an elastinolytic enzyme. J Exp Med 1990;171:357—62. [11] Falk RJ, Jennette JC. Anti-neutrophil cytoplasmic antibodies with specificity for myeloperoxydase in patients with systemic vasculitis and idiopathic necrotizing and crescentic glomerulonephritis. N Engl J Med 1988;318:1651—7. [12] Talor MV, Stone JH, Sebbing J, Barin J, Rose NR, Burek CL. Antibodies to selected minor target antigens in patient with anti-nutrophil cytoplasmic antibodies (ANCA). Clin Exp Immunol 2007;150:42—8. 259 [13] Bosch X, Guilabert A, Font J. Antineutrophil cytoplasmic antibodies. Lancet 2006;368:404—18. [14] Flores-Suarez LF, Cabiedes J, Villa AR, Van der Woude FA, Alcocer-Varela J. Prevalence of antineutrophil cytoplasmic autoantibodies in patients with tuberculosis. Rheumatology (Oxford) 2003;42:223—9. [15] Teixeira L, Mahr A, Jaureguy F. Low seroprevalence and poor specificity of antineutrophil cytoplasmic antibodies in tuberculosis. Rheumatology 2005;44:247—50. [16] Dannenberg L, Haubitz M, Schaberg T, Hummel S. Pulmonary tuberculosis and ANCA (abstract). Clin Exp Immunol 1998;1:12—3. [17] Fäldt J, Dahlgren C, Karlsson A, Ahmed AM, Minnikin DE, Ridell M. Activation of human neutrophils by mycobacterial phenolic glycolipids. Clin Exp Immunol 1999;118:253—60. [18] Ghrairi N, Bouakkez H, Nahdi I, Dahmouni A, Yalaoui S. Les anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) en pneumologie. Immunoanal Biol Special 2011;26(3): 137—42.