L`influence grandissante de la Chine sur le continent

Transcription

L`influence grandissante de la Chine sur le continent
L’influence grandissante de la Chine
sur le continent africain
Un dessin signé la rédaction valaisanne
de Voix d’Exils.
Depuis plusieurs années, on assiste au grand retour de la Chine sur la
scène internationale et particulièrement en Afrique, continent privilégié
des Européens.
L’objectif premier du gouvernement chinois en Afrique est la coopération
au développement sur le plan économique et commercial, avec un
accroissement considérable des échanges commerciaux entre les deux
continents. Ces échanges ont été multipliés par sept entre 2000 et 2007.
La Chine : premier bailleur de fonds de l’Afrique
Pourtant, à peine le dix pour cent de l’ensemble de l’exportation
africaine est destiné à la Chine. Il s’agit principalement du pétrole et
des ressources minières: soixante-dix pour cent pour le pétrole et quinze
pour cent pour les ressources minières. Quant aux produits importés de
Chine, ils ne représentent qu’à peu près trois pour cent. Il s’agit de
textiles, de chaussures, d’appareils électroniques, d’équipement de
télécommunications, de voitures etc…
Compte tenu des montants accordés à titre d’aide au développement (deux
milliards par an), la Chine est l’un des plus importants bailleurs de
fonds du continent africain. La politique de la Chine est basée sur la
non-ingérence dans les affaires intérieures des pays africains et elle
n’hésite pas à investir dans les pays où la corruption et la violation
des droits de l’homme est monnaie courante comme le Zimbabwe ou le
Soudan.
Si la présence de la Chine en Afrique augmente les recettes des
exportations de matières premières, elle a des conséquences négatives
pour les industries africaines et ses travailleurs. Les prix de vente des
produits chinois sur les marchés africains défavorisent la production
locale et entraînent la fermeture de certaines entreprises. Enfin, le
non-respect de certains droits des travailleurs empêche la relance du
pouvoir d’achat et crée des tensions sociales entre l’État et les
syndicats.
Vers une nouvelle coopération africano-européenne ?
La coopération sino-africaine durera tant que l’Occident ne revienne à
nouveau vers le continent africain et les chefs d’États africains doivent
se saisir l’opportunité de cette présence de la Chine afin de relancer la
concurrence entre les investisseurs étrangers.
Mais, au nom de ses anciennes colonies, de ses langues, de sa force de
frappe militaire et de son contrôle monétaire, l’Europe doit contrer la
percée chinoise en Afrique par l’amélioration de son développement
politique et de ses échanges économiques tout en prônant la bonne
gouvernance. Personne ne doute de l’influence de l’Occident sur
l’Afrique. Hier, grâce à l’intervention de la France, le Mali a retrouvé
son intégrité territoriale. Aujourd’hui, encore, la Centrafrique risque
le génocide si l’Occident ne s’implique pas, alors que la Chine
n’intervient jamais dans ce genre de situation.
Le Sommet de l’Élysée, qui s’est tenu en France du 6 au 7 décembre 2013,
a posé les bases d’une relance de la coopération entre l’AfricanoEuropéenne et nous pensons que c’est dans cette démarche raisonnable que
l’Europe pourra aider les populations africaines à retrouver leur dignité
et combler leur retard face à l’évolution du monde. Sinon, le bien-être
promis par la colonisation s’avèrera un échec de grande envergure après
soixante-dix ans d’indépendance.
La rédaction valaisanne de Voix d’Exils
Informations :
Source : La Chine et l’Afrique : Un nouveau partenariat pour le
développement Richard Schiere, Léonce Ndikumana et Peter Walkenhorst –
Groupe de la Banque africaine de développement
Une Miss Diaspora africaine élue en
Suisse pour lutter contre l’excision
De gauche à droite: 2ème dauphine, Miss
Diaspora africaine, 1ère dauphine. Photo:
Voix d’Exils.
Le samedi 24 août a été la soirée de la beauté africaine à La Chaux-deFonds, dans le canton de Neuchâtel. En effet, dans le cadre de Neuchatoi
2013, un vaste programme d’activités culturelles et sportives organisé
dans le but de permettre une meilleure connaissance et une meilleure
compréhension entre Suisses et personnes issues de la migration,
l’association ivoirienne «Loucha», qui lutte contre l’excision, a
organisé la première édition de l’élection de Miss Diaspora africaine en
Suisse.
Douze candidates originaires de sept pays africains (Tchad, Cameroun,
Mali, République Démocratique du Congo, Guinée, Côte d’Ivoire et Nigeria)
ont participé à ce concours de beauté et l’élue est la Congolaise Vanessa
Katambayi, une assistante en soins de santé communautaire de 20 ans dont
huit passés en Suisse. La 1ère dauphine et la 2ème dauphine sont la
tchadienne Ketsia Manitha et la malienne-camerounaise Fatima Fadimatou
Sow Linda.
Sensibiliser le public au problème de l’excision
Devant un parterre composé de spectateurs et spectatrices africains et
suisses, qui ont rempli aux trois-quarts la grande salle de la Maison du
peuple, le jury a désigné la Congolaise Vanessa Katambayi qui s’est
distinguée de ses onze concurrentes par son expression orale, les tenues
traditionnelles et modernes qu’elle a portées et la maîtrise de la danse
traditionnelle congolaise, a précisé l’informaticien togolais Stephane
Tora,
président
du
jury.
Les
candidates
ont
défilé
en
tenue
traditionnelle africaine, en maillot de bain et en tenue de soirée et ont
exprimé leurs ambitions au cas où elles seraient élues. Émue, la Miss
Diaspora africaine en Suisse n’a pas manqué d’exprimer ses sentiments :
«Ça me fait plaisir d’avoir participé à ce concours. La lutte contre
l’excision me touche et je voudrais soutenir les femmes dans ce combat. »
L’association «Loucha», qui signifie «lève-toi» en yacouba, une langue
parlée en Côte d’Ivoire et au Liberia, existe depuis avril 2009. Sa
présidente-fondatrice – Odile Parel – explique le motif de l’organisation
d’un concours de beauté par la communauté africaine vivant en Suisse:
«L’idée est de faire passer le message de la lutte contre l’excision en
organisant ce concours».
«On n’a pas besoin d’être excisée pour lutter
contre l’excision», soutient-elle. En plus de la couronne et d’autres
avantages attachés à son sacre, la Miss africaine en Suisse aura droit
notamment à un séjour d’une semaine en Côte d’Ivoire.
L’excision en Afrique
L’excision est une mutilation génitale féminine pratiquée couramment en
Afrique et qui touche 125 millions de femmes à travers le monde selon le
Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). L’excision est illégale
dans presque tous les pays du monde et des ONG luttent pour son
abolition. «L’ONG Loucha lutte contre l’excision parce que j’ai été moimême excisée à l’âge de 9 ans. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, 42% de
femmes sont excisées et continuent de l’être. La Miss Diaspora africaine
élue en Suisse sera notre ambassadrice et rencontrera en décembre de
cette année la première dame ivoirienne qui préside aussi une association
qui s’occupe d’enfants et la Miss Côte d’Ivoire parce que je suis moimême membre du comité d’élection de Miss Côte d’Ivoire. En tant
qu’ambassadrice, la Miss élue en Suisse parlera de l’excision partout où
elle sera, même là où elle administre des soins de santé», déclare Odile
Parel.
Quid de l’excision en Suisse?
Selon l’UNICEF, l’excision est aussi pratiquée en Suisse et affectait, en
2008,
7000
fillettes
et
femmes.
Depuis
le
1er
juillet
2012,
l’interdiction explicite de l’excision est entrée en vigueur en Suisse.
L’article 124 du code pénal suisse condamne «Celui qui aura mutilé des
organes génitaux féminins, aura compromis gravement et durablement leur
fonction naturelle ou leur aura porté toute autre atteinte sera puni
d’une peine privative de liberté de dix ans au plus ou d’une peine
pécuniaire de 180 jours-amende au moins. Quiconque se trouve en Suisse et
n’est pas extradé et commet la mutilation à l’étranger est punissable.»
Paul Kiesse
Membre de la rédaction neuchâteloise de Voix d’Exils
Guerre au Mali : le dessous des
cartes
Le Mali. Photo: Ferdinand Reus (CC BY-NCND 2.0)
Il n’y a pas si longtemps, le Pays Dogon, région du Mali, était un
paradis pour les marcheurs. On n’y croisait aucune voiture, on avait
envie d’y passer toute sa vie. Mais, il y a deux ou trois ans, on a senti
que quelque chose était en train de changer. Par exemple, on croisait de
plus en plus de femmes voilées de la tête aux pieds, on sentait que ce
paradis était condamné à disparaître
assez rapidement… Aujourd’hui, la
situation est dramatique.
La région où se joue le conflit actuel se nomme l’Azawad. Elle regroupe
les zones de Gao, Tombouctou et Kidal, dans le nord du Mali. Elle se
situe intégralement dans le Sahara et échappe au contrôle de l’État
malien, car désertique et peu densément peuplée.
Le théâtre et les acteurs
Les forces en présence sont multiples. Il y a, d’une part, le
gouvernement malien, instable car très récemment formé, en août 2012. Son
but est de préserver l’unité du Mali. Et d’autre part, nous trouvons: le
Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), touareg et laïc qui
a
pour
but
de
faire
de
l’Azawad,
un
nouvel
État
indépendant;
l’organisation terroriste AQMI, bras africain d’Al Quaida qui se bat pour
faire appliquer la Charia dans le nord du Mali; Ansar Edine – «défenseurs
de l’islam» en langue arabe – qui est un groupe islamiste touareg
cherchant également à appliquer la Charia dans la région. Nous trouvons
également d’autres groupes armés qui interviennent dans le nord Mali,
parmi lesquels les islamistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en
Afrique de l’Ouest (MUJAO ) et les autonomistes du Mouvement arabe de
l’Azawad (MAA).
Les racines du conflit
Les velléités indépendantistes des Touaregs X1 ne sont pas récentes. La
première rébellion touareg advient en 1963, seulement 3 ans après
l’indépendance du Mali, puis est dissoute dans le sang par l’armée. En
1990, de nouveaux soulèvements donnent lieu aux accords de Tamanrasset.
En mars 2012, le président Amadou Toumani Toure (appelé familièrement
ATT) est renversé par un coup d’État militaire à peine deux mois avant la
prochaine élection présidentielle à laquelle il ne se représentait pas.
Allié à plusieurs groupes islamistes, le MNLA profite alors de la
situation politique confuse pour
prendre le contrôle des trois grandes
villes du nord. Début avril, il déclare l’indépendance
de l’Azawad, qui
est immédiatement rejetée par l’Union africaine comme par l’Union
européenne. Fin mai, le MNLA et l’Ansar Edine, qui s’étaient alliés, se
séparent,
ne
parvenant
pas
à
trouver
un
accord
au
sujet
de
l’administration de la région. Le MNLA se fait peu à peu écarter du
territoire par les différents groupes islamistes.
Une zone clé
Mais pourquoi donc tout le monde s’intéresse au nord du Mali ? Les
réserves pétrolières et gazières sont assez importantes. Elle sont pour
l’instant inexploitées et convoitées. C’est également une région
stratégique, frontalière de la Mauritanie et de l’Algérie, proche de la
Libye et de la Tunisie. C’est donc une zone clé pour le contrôle de
l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Par exemple, les armes venues de Libye
et passées par le Nord Mali pourraient demain déstabiliser l’Algérie et
même, pourquoi pas, le Sénégal. En effet, après l’intervention
occidentale les Touaregs, qui se battaient aux côtés de feu Khadafi, ont
quitté la Libye et sont revenus dans la région avec des stocks d’armes
importants. A ce moment-là, ils proposèrent le deal suivant au président
ATT : « On t’assure la paix si tu nous donnes de l’argent. ». Le
président
a refusé leur proposition et le conflit a débuté.
L’intervention militaire: une solution inadéquate
La poussée islamiste dans la région s’explique par le fait que, pendant
dix ans, tout le monde a parlé du miracle de la démocratie malienne, mais
ce n’était en réalité qu’une façade. Les hommes politiques achetaient
leurs élections. Les pauvres, déçus, faisaient remarquer que la
démocratie ne se mange pas, car ils ne voyaient pas d’amélioration dans
leurs conditions de vie. Les populations du nord étaient particulièrement
déshéritées et elles se sont détournées de la démocratie pour épouser
l’islam radical. D’un idéal à un autre, en somme.
L’intervention armée en cours n’est pas la meilleure solution. Paul
Collier X2 affirme ainsi que
« les données sur les causes de conflit
indiquent que les facteurs économiques en sont les principaux moteurs. La
combinaison d’importantes exportations de matières premières, d’un bas
niveau d’enseignement, d’un pourcentage élevé d’hommes jeunes et d’un
déclin économique augmentent énormément les risques. L’inefficacité
militaire et politique est révélatrice d’une évolution plus vaste quant
aux capacités et à l’organisation des insurrections cherchant à renverser
les dirigeants d’États faillis (failed states). Ces insurrections
exploitent des ressources – « diamants de guerre », négoces avec des
réseaux clandestins, pillages, nouveaux circuits de trafic d’armes – qui
contribuent à leur survie. C’est un fait maintenant bien connu, qui a été
médiatisé par des campagnes comme celle menée contre les « diamants du
sang ».
Ces exemples malheureux ne sont pas très encourageants pour l’avenir, et
ceux qui placent leurs espoirs dans les mains des « sauveteurs » français
ont bien des chances de perdre rapidement leurs illusions.
X1 : Les Touaregs
sont des tribus nomades
qui vivent entre cinq (5)
pays : l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
X2 :
P. Collier, « Doing well out of war : an economic perspective », in
M. Berdal et D. Malone, Greed and Grievance. Economic Agendas in Civil
Wars, Boulder, Co., Lynne Rienner, 2000, p. 110.
Yembering
Membre de la rédaction valaisanne de Voix d’Exils