* Département des Sciences Agronomiques, Faculté des Sciences

BRAUN-BLANQUETIA,
vol. 46, 2010
315
LA CONTRIBUTION DU PROFESSEUR JEAN-MARIE GÉHU À LA CONNAISSANCE SYNTAXONOMIQUE
ET SYNSYSTEMATIQUE DES COMMUNAUTÉS VÉGÉTALES EN ALGÉRIE
Rachid MEDDOUR* , Farid BENSEUIII **
* Département des Sciences Agronomiques, Faculté des Sciences Biologiques et Agronomiques, Université Mouloud
Mammeri de Tizi Ouzou, BP 17 RP, 15 000 - Tizi Ouzou (Algérie)
E-mail: [email protected]
"Service du Patrimoine Naturel, Muséum National d'Histoire Naturelle, 36, rue Geffroy St. Hilaire, Maison Buffon - CP 41,
75231 - Paris Cedex 05 (France)
E-mail: [email protected]
ABSTRACT
ria, syntaxonomy.
This article is published to honour
the important contribution of Professor
Jean-Marie Géhu to the knowledge of
the plant communities and the development of a typology of habitats in Algeria. By this choice of topic, the authors
wish to pay a tribute to the support
which Professor Géhu gave to Algerian
researchers, over many years, by welcoming them to the Centre Régional de
Phytosociologie de Bailleul, by participating in various phytosociological
meetings and to draft jointly articles
which were publi shed in numerous journals including the Documents phytosociologiques giving a real boost to both
the production of articles and to the
emergence of young Algerian phytosociologists. We present a synthesis of all
the vegetation units which were the
subject of observations in the field and
published works.
KEYWORDS: plant
communities, Alge-
RÉSUMÉ
Cet article est rédigé en l'honneur
du Professeur Jean-Marie Géhu pour
son importante contribution à la connaissance des communautés végétales
et la mise en place d'une typologie des
habitats en Algérie. Par le choix de ce
thème, les auteurs désirent rendre un
hommage au soutien que le Professeur
Géhu n'a pas manqué d'accorder aux
chercheurs algériens, durant de longues
années, en les recevant au niveau du
Centre Régional de Phytosociologie de
Bailleul, de participer aux différents
Colloques phytosociologiques et de
rédiger conjointement des articles publiés dans de nombreuses revues, dont
les Documentsphytosociologiques. Ceci
a donné une véritable impulsion à la
phytosociologie par la production d'articles et à l'émergence de jeunes phytosociologues algériens. Nous présentons
une synthèse de tous les groupements
végétaux qui ont fait l' objet d'observations sur le terrain et des travaux publiés
par Jean-Marie Géhu pendant cette
période.
LES RÉGIONS ÉTUDIÉES
Les observations phytosociologiques ont concerné divers sous-secteurs
phytogéographiques de l'Algérie Nordorientale, à savoir le sous-secteur de la
petite Kabylie [K2], celui de la Numidie (ou annabi) [K3], du Tell constantinois [C1], du littoral algérois [A1], des
hautes plaines steppiques constantinoises [H2], du bassin du Hodna [Hd], et
enfin le sous-secteur oriental du Sahara
septentrional (Biskra) [SN2] (Fig. 1).
Ce n' est assurément pas par hasard
qu'en 1991 que Jean-Marie Géhu et des
chercheurs algériens inaugurent une
série de travaux au niveau du «microhotspot» de la petite Kabylie [K2], localisé
au NE algérien, qui aboutissent à la
Fig. I - Les régions concernées par les études phytosociologiques (sous-secteurs phytogéographiques de QuF7FL et
SANTA,
1962).
316
BENSEI IIII A., BIORET F., BOULLET V., PEDROTTI F.,
description d'une centaine de syntaxons pendant la période 1992-1998,
Une quarantaine est totalement inédite
et une trentaine d'associations végétales déjà identifiées ailleurs dans le bassin méditerranéen ou en Europe occidentale sont reconnues pour la première
fois en Algérie. Enfin, une trentaine de
groupements végétaux nouveaux sont
interprétés et insérés dans le synsystème phytosociologique, mais pour lesquels il est nécessaire d'apporter de
nouveaux matériaux pour une analyse
plus fine. Ils mettent ainsi en évidence
une grande variété phytocoenotique du
NE algérien, et sont parfois d'une exceptionnelle originalité, liée à la grande
diversité d'habitats et des paysages.
Nous rappelons très brièvement
ces groupements végétaux, en mettant
en exergue les nouvelles unités décrites
pour l'Algérie.
SYNTAXONS NOUVELLEMENT
IDENTIFIÉS ET DÉCRITS POUR
L'ALGÉRIE
Pas moins de 32 classes sur les 43
que compte au total le synsystème phytosociologique en Algérie, ont été étudiées soit 15 classes mentionnées pour
la première fois s'inscrivant dans une
dizaine de grands types d'habitats. Il
nous paraît ainsi plus intéressant de
rappeler l'oeuvre du Professeur Géhu et
de ses collaborateurs (M. Kaabèche et
R. Gharzouli, pour le NE algérien; N.
Sadki, pour le littoral algérois), en suivant un fil directeur celui du système
écologique des classes de végétations
d'Algérie, qui d'ailleurs a été mis en
place grâce à GÉrru et al. (1998), après
un premier synopsis sur les groupements forestiers et préforestiers de l'Algérie
(MEDDOUR et GÉrru, 1998). C'est dire
l'importante contribution du Professeur
Géhu, qui a mis en place une première
typologie des habitats naturels, dans ce
domaine jusqu'alors inconnu en Algérie. Ceci a permis le développement
de nombreux aspects pratiques et appliqués de la phytosociologie sigmatiste
en réponse à une demande sociale importante.
In fine, il faut signaler l'application de la phytosociologie paysagère
caténale (géosymphytosociologie) pour
la première fois en Algérie, avec quelques géosynrelevés (à Jijel et Chott el
Hodna). Un exemple d'adaptation qualitative de la symphytosociologie, nous
est également proposé dans un tableau résumant les phytocoeno-complexes des lacs d'El Kala (GÉrtu et al. ,
1994c).
LES VÉGÉTATIONS AQUATIQUES
Quatre classes ont été formellement identifiées, celles de la végétation
aquatique des eaux douces des Lemnetea minoris (R. Tüxen 1955) Schwabe
et R. Tüxen 1981 et des Potametea
pectinati Tüxen et Preising 1942 ex
Oberdorfer 1957; de la végétation lacustre, fontinale et palustre des Littorelletea uniflorae Braun-Blanquet et R.
Tüxen 1943 et des Montio fontanaeCardaminetea amarae Braun-Blanquet
et R. Tüxen 1943. Parmi lesquelles de
très nombreuses nouvelles associations
sont décrites, essentiellement localisées
au sein des «lacs» de la région d'El Kala
[K3]. Citons: Wolffio arrhizae-Riccioccupetum natantis Géhu, Kaabèche et
Gharzouli 1994; Myriophyllo spicatiPotametum nodosi Géhu, Kaabèche et
Gharzouli 1994; ZannichelliopalustrisMyriophylletumaltemiflori Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994; Wolffio arrhizae- Utricularietum neglectae Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994; Echinodoro ranunculoidis-Paspaletum distichi Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994;
Helosciado inundati-Utricularietum
exoletae Géhu, Kaabèche et Gharzouli
1994; Nymphaeetum albae, exceptionnel en Algérie, Nupharetum lutei, encore plus rarissime et désormais détruit,
Ranunculetum laterifolio-aquatilis
Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994;
Cerastio atlantici-Ranunculetum hederacei Géhu, Kaabèche et Gharzouli
1993, ces deux dernières communautés
aquatiques sont décrites du Tell constantinois [Cl].
LES VÉGÉTATIONS DES ROSELIÈRES ET GRANDES CARIÇAIES
Il s'agit bien entendu de la classe
des Phragmiti australis-Magnocaricetea elatae Klika in Klika et Novak 1941
qui s'est également avérée riche en syntaxons nouveaux, rencontrés principalement à El Kala [K3], mais aussi à
Bejaia [K2] et à Sétif [Cl]: Equiseto
ramosis simae-Clcdlietum maris ci Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1992; Cladio
marisci-Thelipteridetum interruptae
Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994;
Alismo michaleti-Sparganietumneglecti
Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994;
Panicetum repentis Géhu, Kaabèche et
Gharzouli 1994; Alismo michaleti-Helosciadietumnodiflori Géhu, Kaabèche
et Gharzouli 1994; Alismo michaletiTyphaetum angustifoliae Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994 et Alismo michaleti-Nasturtietum officinalis Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994.
Centenaire de la Phytosociologie
LES VÉGÉTATIONS PIONNIÈRES
À DOMINANTE THEROPHYTIQUE
SUR SUBSTRAT DÉNUDÉ OU BOULEVÈRSE
Les classes de ce type de végétation pionnière et éphémère, identifiées
en Algérie par de nouveaux syntaxons,
dans la région d'El Kala [K3], sont les
Bidentetea tripartitae R. Tüxen, Lohm.
et Preising 1956 (classe exceptionnelle
pour l'Algérie et citée pour la première
fois), Isoëto durieui-Juncetea bufonii
Braun-Blanquet et R. Tüxen 1943 ;
Ranunculo scelerati-Polygonetum
hydropiperidis Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994; Laurentio michelii-Isolepidetum cernui Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1992; Laurentio bicoloris-Fimbristylidetum squarrosae Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994; Crypsio aculeatae-Cressetum creticae Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1993 et Saginetea
maritimaeW estoff, V. Leeuw. et Adriani 1961 em. Géhu et Biondi 1986, avec
l'association à Spergularia diandra et
Sphenopus divaricatus Kaabèche, Gharzouli et Géhu 1995, colonisant les bordures des dépressions salées du [H2].
LES VÉGÉTATIONS PIONNIÈRES
VIVACES DES DUNES MARITIMES,
DES DUNES CONTINENTALES ET
ERGS SAHARIENS
Domaine de prédilection du Professeur Géhu, la classe des Euphorbio
paraliadis-Ammophiletea arundinaceae Braun-Blanquet et R. Tüxen 1943
em. J.-M. et J. Géhu 1988, a retenu toute
son attention aussi bien dans la région
de Bejaia/Jijel [K2], qu'à El Kala [K3]
et sur le littoral algérois [A1]. Bien que
cette unité supérieure ait été relativement bien étudiée auparavant, cependant, l'ensemble des groupements
végétaux a été redéfini avec une vision
plus territoriale spécialement sur la côte
algéroise. Des syntaxons inédits sont
décrits, comme: Loto cretici-Elymetum
farcti Géhu et Sadki 1995; Scrophulario canine-Crucianelletummaritimae
Géhu et Sadki 1995 et le groupement à
Otanthus maritimus et Spartina juncea
Géhu et Sadki 1995. La découverte de
deux associations à Echinophora spinosa, sur le cordon dunaire de Jijel, le
plus humide d'Algérie: Echinophoro
spinosae-Elymetum farcti Géhu 1987
et Echinophoro spinosae-Ammophiletum arundinaceae (Braun-Blanquet
1921) Géhu, Rivas-Martfnez et Tüxen
1974 représentant des "exclaves européennes" exceptionnelles pour l'ensemble du littoral maghrébin (GÉrru et
BRAUN-BLANQUETIA,
vol. 46, 2010
al., 1992).
Lors d'investigations dans la région de Biskra [SN1] et au Chott el
Hodna [Hd], une nouvelle classe saharienne est proposée, pour réunir les
végétations des dunes saharo-arabiques,
le Calligono comosi-Aristidetea pungentis Kaabèche, Gharzouli et Géhu
1994. Dans cette classe de végétation
halopsammophile, deux nouvelles associations s'insèrent dans une alliance
inédite l'Aristidion pungentis Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1993: Anabaso
oropediori-Aristidetumpungentis Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1993 et Rhantherio suaveolentis-Anabasidetum oropediori Géhu, Kaabèche et Gharzouli
1993.
317
LES VÉGÉTATIONS NITROPHILES
VIVACES DES FRICHES OU MEGAPHORBIATF.S
Ce type de végétation quasiment
méconnu auparavant en Algérie, appartenant plus spécialement aux Artemisietea vulgaris Lohmeyer, Preising et
R. Tüxen in R. Tüxen 1950 et Onopordetea acanthii Braun-Blanquet (1962)
1964, a été mis en évidence sur la corniche kabyle [K2] et dans l'oued Rhumel [C1], avec en particulier des associations inédites: Sylibo mariani-Onopordetum arenarii Géhu, Kaabèche et
Gharzouli 1994, groupement à Parietaria officinalis et Urtica dioica Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1992 et Cirsietum scabri Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994.
LES VÉGÉTATIONS PRAIRIALES
Ce type de végétation vivace, très
peu étendu et peu connu en Algérie, le
Molinio caeruleae-Arrhenatheretea elatioris R. Tüxen 1937, s'est avéré pour-
tant riche en syntaxons décrits pour la
première fois, essentiellement dans la
région des lacs d'El Kala [K3] et du
constantinois [Cl]: Echinodoro ranunculoidis-PaspaletumdistichiGéhu, Kaabèche et Gharzouli 1993; Helosciadio
crassipedis-Paspaletum distichi Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994; Eryngio
barrelieri-Caricetum divisae Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994 ; Senecioni giganteae-Scrophularietum sambucinae Kaabèche, Gharzouli et Géhu
1995 (type de mégaphorbiaie rare en
Algérie).
LES VÉGÉTATIONS FRUTESCENTES DES SANSOUIRES ET SOLS
SALES CONTINENTAUX
L'analyse de la classe des Salicornietea fruticosae Tüxen et Oberdorfer
1958, dans la région du Chott el Hodna
[Hd] et de la sebkha Melloul [H2], a
permis l'identification de deux syntaxons inédits: Halocnemetum strobilacei Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1993
et Suaedetum brevifoliae Kaabèche,
Gharzouli et Géhu 1995 et pour la classe Pegano harmalae-Salsoletea venniculatae Braun-Blanquet et O. de Bobos
1957, à caractère anthropozoogène, plusieurs groupements végétaux originaux
ont été décrits par GÉIlu et al. (1994a),
du Sahara septentrional [SN2] (groupement à Salsola venniculata et Atriplex
halimus) et des plaines du Hodna (ziziphaies des groupements à Salsola vermiculata et Ziziphus lotus et à Lycium
afrum et Ziziphus lotus).
LES VÉGÉTATIONS DE MAQUIS ET
GARRIGUES
Ce sont surtout les maquis juxtalittoraux des Cisto ladaniferi-Lavanduletea stoechadis Braun-Blanquet (1940)
1952, qui ont été étudiés par GÉHu et al.,
(1994c), avec la définition d'un nouveau groupement à Calicotome villosa et
Halimium halimifolium, à El Kala. La
nouveauté vient ici surtout de la première mention en Algérie de la classe
des génistaies et rétamaies pionnières
ibéro-maghrébines, les Cytisetea scopario-striati Rivas-Martinez 1974, pour
les rétamaies du littoral oriental kabyloannabi [K2, K3].
LES VÉGÉTATIONS PIONNIÈRES
FORESTIÈRES PALUSTRES OU RIVULAIRES
A côté de la végétation arbustive
du Nerio oleandri-Tamaricetea africanae Braun-Blanquet et O. de Bolos 1957,
où une nouvelle association a été décrite, Nerio oleandri-Tamaricetum africanae Géhu, Kaabèche et Gharzouli
1994, il faut surtout rappeler la mise en
évidence d'une classe médio-européenne «insolite» en Algérie, les Alnetea
glutinosae Braun-Blanquet et R. Tüxen
1943, sur sols fangeux et tourbeux, regroupant deux syntaxons originaux d'El
Kala: Rusco hypophylli-Alnetum glutinosae Géhu, Kaabèche et Gharzouli
1994 et Rusco hypophylli-Salicetum
atrocinereae Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1994 pour lesquels Géhu a appelé
à d'urgentes mesures conservatoires.
LES VÉGÉTATIONS FORESTIÈRES
ET PREFORESTIÈRES
Pour les forêts riveraines non marécageuses des Querco roboris-Fagetea
sylvaticaeBraun-BlanquetetVlieger 1937
(plus exactement des Populetalia albae
Braun-Blanquet 1931), deux nouveaux
groupements ont été définis au niveau de
l'oued Bou Sellam [Cl]: gr. à Fraxinus
angusafolia et Ulmus campestris et gr. à
Salix alba et Fraxinus angustifolia Géhu,
Kaabèche et Gharzouli 1994.
Les maquis littoraux des Quercetea ilicis Braun-Blanquet (1936) 1947
(alliances de l' Oleo-Ceratonion siliquae
Braun-Blanquet 1936 em. Rivas-Martillez 1975 et du Juniperion turbinatae
Rivas-Martfnez 1975), du littoral algérois et kabylo-annabi, ont retenu toute l'attention du Professeur Géhu, qui
accorda à leur description une place
particulière (GÉHu et al., 1992, 1994a;
GEHU et SADKI, 1995). En premier,
l'Ephedro fragilis-Pistacietum lentisci
(Géhu et al. 1992) Géhu et Sadki 1995
et l'Ephedro fragilis-Juniperetum turbinatae (Zaffran 1960) Géhu et Sadki
1995 ont été redéfinis dans la remarquable synthèse phytosociologique et
synchorologique sur le littoral algérois,
et un nouveau syntaxon de pré-maquis
(Chamaeropo humilis-Artemisietum
arborescentis Géhu et Sadki 1995) a été
individualisé à Tipaza [A1]. Ensuite,
une place privilégiée a été réservée au
maquis à Euphorbia dendroides, étudié
pour la première fois dans toutes ses
stations algériennes (GÉHu et al., 1992,
1994a; KAABÈCHE et al., 1998, 2000),
qui répond à un syntaxon original (Bupleur°fruticosi-Euphorbietum dendroidis Géhu, Kaabèche et Gharzouli 1992),
géosynvicariant de ses homologues
nord-méditerranéens des Oleo-Euphorbieta dendroidis . Enfin, première mention pour l'Algérie du Periplocion angustifoliae Rivas-Martfnez 1975, avec
un groupement inédit à Periploca laevigataetZiziphus lotus (GÉHu eta/., 1994a).
A l'issue de plusieurs études et
investigations sur le terrain, le professeur Géhu a permis d'identifier une
centaine de syntaxons nouveaux ou revisités dans le synsystème phytosociologique algérien. Il est indéniable qu'il
a fourni une matrice de base et une
structure solide du synsystème avec la
rigueur qu'on lui connaît.
OBSERVATIONS INÉDITES DANS
LE DOMAINE DE LA DIVERSITÉ
FLORISTIQUE
Sur le plan de la diversité floristi-
318
BENSE1 MI A., BIORET F., BOULLET V., PEDROTTI F.,
que, les découvertes de nouveaux taxons (Salicomia emerici, Sarcocornia
fruticosa var. deflexa = S. alpina), de
nouvelles stations de taxons et de redécouvertes d' autres raretés, qui n' ont pas
été revues depuis leur description princeps, mériteraient à elles seules de faire
l'objet d'une synthèse originale. Nous
pouvons citer le très bel exemple de la
flore des zones humides d'El Kala, où
145 taxons ont été inventoriés au total
(au niveau d'une quarantaine de communautés végétales), parmi lesquels 45
sont rares à très rares en Algérie, voire
exclusifs de cette région (16 taxons). En
outre, 5 espèces n'ont pas été signalées
à El Kala auparavant et sont donc à
rajouter à la flore locale: Cicendia filifonnis, Lemna gibba, Paspalum paspaIodes, Plantago crassifolia et Zostera
nolti (= Z. nana). Ajoutons à cela, Cotula coronopifolia, «cité à El Kala par
Battandier sans certitude» (QUEZEL et
SANTA, 1963), qui n'est plus énigmatique, puisque recensé au niveau de quasiment tous les lacs d'El Kala, sans
parler d'espèces ligneuses comme Salix atrocinerea, Frangula alnus ...la liste est trop longue (voir GÉHu et al.,
1994a, 1994b). Le mérite n'en est que
plus grand, puisqu'elles ont été identifiées dans la région d'El Kala, censée
être parmi les régions les mieux connues d'Algérie!
ÉLABORATION D'UN THESAURUS
BIBLIOGRAPHIQUE SUR LA
VÉGÉTATION ET LA FLORE D'ALGÉRIE
Un autre mérite revient indéniablement au Professeur Géhu, c'est
d'avoir montré tout l'intérêt d'un thésaurus bibliographique sur l'étude de la
végétation de notre pays, plus spécialement phytosociologique, en co-signant
un article avec Sadki en 1993, publié
dans Excerpta Botanica, sectio B, sociologica, recensant près de 200 références, à l'intention des jeunes chercheurs
qu'il qualifia d'enthousiastes. Un autre
catalogue plus exhaustif existe au Centre Régional de Phytosociologie de Bailleul.
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