Homme Genant - CRDP de Nice

Transcription

Homme Genant - CRDP de Nice
Fiche CinÉcole du film :
L’HOMME GÊNANT
(Den Brysomme Mannen)
NORVÈGE
Semaine
internationale
de la Critique
2006
35 mm
FICHE TECHNIQUE
1H30
FICHE ARTISTIQUE
Réalisation Jens Lien
Scénario
Image
Son
Montage
Décors / Costumes
Production
Contact presse
Couleur
Per Schreiner
John Christian Rosenlund
Christian Schaanning
Vidar Flataukan
Are Sjaastad
Tordenfilm
[email protected]
Andreas Trond Fausa
Aurvag
Anne-Britt Petronella Barker
Ingeborg Birgitte Larsen
SYNOPSIS
Andréa se retrouve dans une ville étrange. Il ignore comment il est arrivé là. On lui remet un
emploi, un appartement, et même une femme. Très vite, il s’aperçoit pourtant qu’il y a quelque
chose qui cloche. Tentant de s’enfuir, il découvre que la ville est sans issues. Il fait la connaissance
de Hugo qui a découvert dans un mur de sa cave un trou dont s’échappent de merveilleux sons. Estce l’entrée vers « l’autre monde » ? Un nouveau plan d’évasion est mis sur pieds.
LE RÉALISATEUR
En 1990, Jen Lien quitte la Norvège pour aller jouer du rock à Londres. Trois ans après, il en
revient, réalisateur diplômé de la London Int. Film School.
Il débute en tournant des documentaires, des films publicitaires et de nombreux court-métrages.
Parmi ces derniers, « Shut the door », (Fermez la porte) a figuré en Sélection officielle pour la
compétition à Cannes en 2000, de même que « Natural Glasses » (Lunettes Naturelles) à Cannes en
2001. Ses court-métrages ont gagné plusieurs prix dans le monde entier.
Son premier long-métrage, « Jonny Vang », projeté en première au Festival de Berlin 2003, dans la
section panorama, a reçu plusieurs prix. Son dernier long-métrage , « L’homme Gênant », sera
projeté cette année à la Semaine de la Critique à Cannes.
FILMOGRAPHIE
2003 : Jonny Vang
2001 : Natural Glasses
2000 : Shut the door
CinÉcole est un rendez-vous de CANNES CINÉPHILES, l'Espace Public du Festival de Cannes.
CRITIQUES DE LA PRESSE ÉCRITE PENDANT LE FESTIVAL DE CANNES
Dès le premier plan, le ton est donné. Deux bouches s'embrassent mais le regard est absent, l'émotion n'est
pas là. Dans un métro dépeuplé, des trains sans destination permettent à un homme de se suicider. Flashback, quittant un passé dont il veut effacer le souvenir, Andréas, seul dans le bus, arrive dans cette ville où
tout l'attend : sourires bienveillants, travail et logement. Mais l'adaptation est difficile dans ce "meilleur
des mondes" où le bonheur parfait s'obtient au détriment d'une perte de plaisir.
Qu'importe-t-il donc dans la vie de ces nouveaux citadins ? Le bonheur d'une vie trop bien réglée, où Ikea
devient le temple du design scandinave ; où la recherche des plaisirs - sensualité, sexualité et émotions s'absente au profit d'une réussite sociale pour tous. Tous ? Non, puisque même dans cet enfer moderne, où
sens de la vie et plaisir des sens n'ont plus leur place, subsistent des inégalité sociales.
C'est dans cette vision sans compromis de la nature humaine que réside l'originalité d'un film apparaissant
somme toute comme le melting-pot assez conventionnel de différentes œuvres contre utopiques. De Paris
Texas à 1984 en passant par l'absurdité kafkaïenne d'un univers façon Lynch, le réalisateur Jens Lien n'en
finit pas de puiser chez les grands d'hier et d'aujourd'hui.
Contre utopie, bien sûr, dans ce film puisque, tel Patrick McGoohan, Andréas est le prisonnier d'un
univers clos et froid dont il est impossible de s'échapper. La mort même n'est pas une issue. En effet,
comment peut-on mourir dans une société parfaite où toute humanité a quitté depuis longtemps le corps de
l'homme ? L'homme est remis en cause, non pas dans la capacité de quelques-uns à imposer dictature et
soumission mais dans la lâcheté de tous à perdre dignité et humanité. Lorsque pleurer a disparu, qu'aimer
a perdu tout son sens, l'homme perd tout ce qui l'attache à la vie. Andréas, seul, demeure un homme,
puisqu'il conserve sa dignité de vouloir aimer et ressentir.
L'homme est remis en cause dans cette critique acerbe, mais déjà vue, d'une société où consommer devient
synonyme d'existence. La peur de perdre le bonheur rend l'homme capable de se satisfaire du vide affectif,
du manque d'idéal. Le méchant est, ici, absent car, la dictature, l'homme se l'impose à lui-même. Sa lâcheté
est telle qu'il n'ose plus faire d'enfants et qu'il relègue les personnes âgées dans un monde souterrain,
comme les patrons de Metropolis cachaient leurs ouvriers sous terre.
Ce qui n'est pas nécessaire au bonheur disparaît. Les vieux sont cachés, les enfants sont absents et même le
corps empalé d'un homme au milieu de la rue n'atteint plus les yeux des passants. Triste reflet de notre
société où les buildings gris et froids ont caché le ciel, où l'héritage du passé a disparu, où la poursuite du
bonheur a fait perdre à l'homme le semblant de respect qu'il conservait pour lui-même.
Seul, Andréas reste fidèle à la maxime universelle : "Attraper le bonheur, il s'échappe en courant".
(Laure Salle et Pierre Varaldi - Lycée Bristol - La toute jeune critique. Samedi 20 mai 2006.)
Délégation à l’Éducation Artistique et à l’Action Culturelle - Académie De Nice - Mai 2006.