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pratique Epaule douloureuse atraumatique : diagnostic radiologique L’épaule douloureuse est un motif fréquent de consultation en médecine de premier recours. Une anamnèse détaillée et un examen physique soigné permettront de s’orienter vers une pathologie intrinsèque ou extrinsèque et d’étayer le diagnostic différentiel. L’atteinte de la coiffe des rotateurs est la plus fré quente. La radiographie sera presque toujours réalisée en pre mière intention car elle permet la mise en évidence de signes directs et indirects pouvant faire suspecter certaines patholo gies. L’échographie est un excellent examen pour l’évaluation des tissus mous de l’épaule et permettra de poser un diagnos tic dans la majorité des cas (lésion de la coiffe des rotateurs, tendinopathie du long chef du biceps, bursite, épanchement, calcifications). D’autres examens radiologiques pourront être réalisés selon la pathologie suspectée. Rev Med Suisse 2013 ; 9 : 1726-31 E. Wagner D. Arditi P.-A. Guerne C. Lanier Diagnostic for atraumatic shoulder pain Shoulder pain is a common cause of consultation in primary care medicine. A detailed history and a carefully carried out physical exam allow to orientate the diagnosis towards an intrinsic or extrinsic cause and to the differential diagnosis. Rotator cuff injury is the most frequent affection. Plain radiography will often be done in first intention since it identifies direct or indirect signs associated with certain pathologies. Ultrasonography is an excellent way of evaluating soft tissue injury and allows a diagnosis in most cases (rotator cuff injury, tendinopathy of the long head of the biceps, bursitis, effusion, calcifications). Other imaging studies may be carried out depending on the pathology suspected. introduction L’épaule douloureuse est un motif fréquent de consultation auprès du médecin de premier recours, menant à environ trois millions de consultations chaque année aux Etats-Unis.1 Elle représente le troisième symptôme musculosquelettique après les plaintes dorso-lombaires et les cervicalgies.2,3 Le but de cet article est d’aider le médecin généraliste dans l’évaluation initiale de l’épaule douloureuse et d’en établir une prise en charge diagnostique radiolo gique selon la pathologie suspectée. rappel anatomophysiologique L’épaule est une articulation complexe, composée de trois structures ossseuses : la clavicule, l’omoplate et l’humérus et de quatre surfaces articulaires : sterno-claviculaire, acromio-claviculaire, gléno-humérale et scapulo-thoracique. L’articulation gléno-humérale est l’articulation la plus mobile du corps humain.4 La discordance entre la petite surface glénoïde et la grande tête humérale mène à un risque d’instabilité. La stabilité est assurée statiquement par la capsule et le labrum et dynamiquement par la coiffe des rotateurs composés de quatre muscles : le supraépineux, l’infra-épineux, le subscapulaire et le petit rond (figure 1).5 Leur fonction est décrite dans le tableau 1. La bourse sous-acromiale lubrifie et protège les tendons de la coiffe des rotateurs de la pression et des frictions de l’acromion.4 clinique Les lésions de l’épaule peuvent être traumatiques, microtraumatiques, dégéné ratives, inflammatoires, infectieuses, tumorales. Comme décrit dans le tableau 2, les douleurs peuvent être d’origine intrinsèque : lésions osseuses, chondrales, du labrum, ligamentaires, tendineuses, de la bourse ou d’origine extrinsèque : neurologiques, projetées, sur polymyalgia rheumatica, polyarthrite rhumatoïde ou spondyl arthrites, d’origine musculo-squelettique (rachidienne) ou viscérale (myopéricardique, pleuropulmonaire, sous-diaphragmatique).6 Nous nous concentrerons, dans cet article, sur les pathologies intrinsèques et atraumatiques. 1726 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 22_27_37355.indd 1 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 0 19.09.13 08:56 M. sus-épineux (supraspinatus) Epine de l’omoplate (spina scapulae) M. sous-épineux (infraspinatus) M. petit rond (teres minor) Clavicule Acromion M. deltoïde Bourse sous-deltoïdienne Trochiter (tuberculum majus) Artère axilaire Artère brachiale profonde M. grand rond (teres major) M. grand dorsal (latissimus dorsi) Long chef (caput longum) du m. triceps Muscles scapulaires postérieurs Figure 1. Muscles de la coiffe des rotateurs (Tirée de : Duruz H, Fritschy D. Traumatologie de l’appareil moteur – Stratégie pour le médecin de premier recours. Genève : Ed. Med Hyg, 2008). L’anamnèse et l’examen physique sont essentiels à l’orien tation diagnostique et pour le choix des investigations. Nous décrirons ici une brève revue des éléments-clés de l’évaluation de l’épaule douloureuse. Une anamnèse générale à la recherche d’une pathologie systémique, articulaire diffuse, viscérale ou locorégionale permettra de s’orienter vers une atteinte extrinsèque ou intrinsèque. Le type d’activités physiques, professionnelles et occupationnelles aidera à établir le diagnostic différentiel. Les circonstances d’apparition de la douleur, sa chronologie, sa localisation, son irradiation et son caractère (mécanique versus inflammatoire) sont des éléments primordiaux. L’examen physique de l’épaule est complexe. L’inspection, en comparaison au côté sain, permettra de mettre en évidence une déformation, une atrophie musculaire et des signes inflammatoires locaux. La palpation évaluera la colon ne cervicale, l’omoplate, l’acromion, l’espace sous-acromial, la gouttière bicipitale, la grande et la petite tubérosités de la tête humérale, la clavicule et les articulations acromioclaviculaire, sterno-claviculaire et gléno-humérale. L’examen de la mobilité est primordial. On testera en premier la mobili té active puis la mobilité passive. Les comparer permettra d’orienter le diagnostic. Il existe de nombreux tests spécifiques pour l’évaluation de l’épaule douloureuse que nous n’aborderons pas dans cet article.7,8 généralités sur les examens d’imagerie La radiographie standard de l’épaule sera presque toujours réalisée en première intention. Elle est moins utile chez les sujets de moins de 30 ans sans notion de traumatisme, sauf si une tendinite calcifiante est suspectée. Elle permet Tableau 1. Fonctions des muscles de la coiffe des rotateurs FonctionsMuscles Rotation interne Subscapulaire Rotation externe Infra-épineux et petit rond Abduction Deltoïde, supra-épineux et subscapulaire 0 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 22_27_37355.indd 2 Tableau 2. Diagnostic différentiel de l’épaule douloureuse atraumatique : origines intrinsèques et extrinsèques Origines intrinsèques Origines extrinsèques •Lésion de la coiffe des rotateurs – Conflit sous-acromial •Tendinopathie du biceps •Capsulite rétractile de l’épaule •Tendinite calcifiante de l’épaule •Instabilité de l’épaule •Lésion du labrum •Arthrose gléno-humérale et acromioclaviculaire •Arthrite septique •Syndrome de Parsonage-Turner •Enclavement du nerf subscapulaire •Syndrome de Milwaukee •Polymyalgia rheumatica •Spondylarthrite •Polyarthrite rhumatoïde •Chondrocalcinose •Origines neurologiques •Douleurs référées une bonne évaluation des structures osseuses, la visualisation de signes indirects d’atteinte de la coiffe des rotateurs et la mise en évidence de calcifications et d’arthrose glénohumérale.9,10 L’échographie est un excellent examen pour l’évaluation des tissus mous et permet d’objectiver des lésions tendineuses, une atrophie musculaire, des calcifications et une bursite sous-acromio-deltoïdienne. Par ailleurs, elle permet l’évaluation dynamique du conflit sous-acromial. Avec de multiples avantages – faible coût, absence de contre-indications, diagnostic en temps réel, excellente tolérance et possibilité de guider une intervention thérapeutique (infiltration) –, elle est souvent proposée en première intention. Elle est opérateur-dépendant et nécessite une bonne expertise. Elle est moins sensible que l’IRM pour les déchirures partielles de la coiffe. L’IRM est également utilisée pour l’évaluation des tissus mous de l’épaule. Elle est aussi sensible pour détecter des fractures subtiles, des érosions de la clavicule distale, pour évaluer l’articulation acromio-claviculaire, la morphologie de l’acromion, l’œdème osseux et l’atrophie musculaire. L’arthroIRM est l’examen de choix pour l’évaluation de l’instabilité de l’épaule et des lésions du labrum. Elle est également indiquée lors d’une haute suspicion de lésion de Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 1727 19.09.13 08:56 la coiffe avec un US et/ou une IRM non conclusifs et peut mettre en évidence une capsulite rétractile. Le scanner est réservé à l’évaluation des fractures, des fractures-luxations ou pour les prothèses de l’épaule. L’arthroCT est indiqué lorsque l’arthroIRM est contre-indiquée ou indisponible. L’arthrographie est recommandée pour le diagnostic de la capsulite rétractile. Elle peut mettre en évidence une déchirure transfixiante de la coiffe des rotateurs.9,11 intention alors qu’une échographie est bien moins coûteu se, plus confortable et accessible.8 L’arthroIRM a une sensibilité et une spécificité légèrement plus élevées que l’US et l’IRM pour les ruptures complètes et partielles de la coiffe des rotateurs. Elle est utilisée lorsque l’US/l’IRM sont non contributifs.10 Le CT a un rôle limité pour les ruptures de la coiffe des rotateurs. L’arthroCT est peu utilisé au vu de la meilleure performance de l’arthroIRM.10 pathologies intrinsèques de l’épaule et leur prise en charge diagnostique Bursite sous-acromio-deltoïdienne Atteintes de la coiffe des rotateurs Cause la plus fréquente de douleurs de l’épaule, elles touchent surtout les personnes de plus de 30 ans. Les tendons de la coiffe des rotateurs sont sensibles au conflit sous-acromial. Le conflit provoque une inflammation qui peut évoluer vers la formation de calcifications et/ou un amincissement dégénératif et finalement à la déchirure tendineu se. Les patients se présentent avec une gêne et une douleur progressive, surtout lors des mouvements d’élévation et d’abduction. A l’examen physique, les amplitudes passives sont en général complètes mais avec un arc douloureux, souvent entre 70 et 120°. Les amplitudes actives, en revanche, l’abduction et la rotation, sont réduites. Le conflit sous-acromial résulte de la compression des tendons de la coiffe des rotateurs et de la bourse sousacromiale entre la grande tubérosité et le bord latéral de l’acromion. Les personnes avec une anatomie prédisposante (acromion-crochet, cal vicieux, proéminence de l’articulation acromio-claviculaire, proéminence du trochiter), des déséquilibres musculaires, des instabilités et des microtraumatismes sont particulièrement à risque. La tendinopathie de la coiffe touche presque toujours le tendon supra-épineux et/ou infra-épineux. Elle résulte de lésions dégénératives du tendon, de mécanismes inflammatoires intra et péritendineux et/ou de lésions microvasculaires. Il s’agit d’une atteinte chronique, sans notion de traumatisme. La déchirure tendineuse est la conséquence finale du conflit sous-acromial, d’une dégénérescence tendineuse progressive ou de lésions traumatiques. Le tendon supra-épineux est le plus touché. Les patients se plaignent de douleurs antérolatérales de l’épaule, ou parfois dorsales hautes, sou vent associées à une faiblesse. Les douleurs nocturnes sont fréquentes en raison de la difficulté à trouver une position antalgique. Elle touche en général les patients de plus 40 ans.4 La radiographie standard peut mettre en évidence des irrégularités de l’acromion, une anatomie favorisant un con flit, une sclérose de la grande tubérosité et, en cas de rupture complète, une ascension de la tête humérale et une réduction de l’espace sous-acromial (l 6 mm).10 Avec une bonne expertise, l’échographie présente une sensibilité et une spécificité de respectivement 92,3 et 94,4% pour détecter une rupture complète de la coiffe et de 66,7 et 93,5% pour une rupture partielle.10 L’IRM a une sensibilité et une spécificité équivalentes à l’échographie.10 Elle est trop souvent réalisée en première 1728 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 22_27_37355.indd 3 Elle est fréquente mais rarement isolée. Elle peut résulter de l’inflammation du tendon supra-épineux, en association avec une déchirure de la coiffe des rotateurs, dans le contexte d’un conflit sous-acromial ou de certaines pathologies systémiques comme la polymyalgia rheumatica. Les patients se présentent avec une douleur en regard de l’insertion deltoïdienne, sévère, insomniante et présente au repos, empêchant toute mobilisation active. La mobilisation passive est en général limitée uniquement en abduction. Le diagnostic se fera par échographie avec éventuelle injection de lidocaïne dans la bourse.12 Tendinopathie/rupture du tendon du biceps Elle est aussi secondaire à une des lésions dégénérati ves, inflammatoires et/ou microvasculaires du long chef du biceps à l’endroit de son passage dans la gouttière bicipitale. Les mouvements comme soulever, tirer et, dans une moindre mesure, les mouvements répétés au-dessus de la tête mènent à ces modifications et à des microdéchirures. Un mouvement brusque ou une infiltration de corticostéroïdes peut mener à une déchirure complète. Les patients se présentent avec des douleurs antérieures aggravées par les mouvements énoncés ci-dessus. Une tuméfaction juste au-dessus de la fosse antécubitale (signe de Popeye) fera suspecter une rupture du long chef du biceps.4 Le diagnostic d’une rupture repose sur l’ultrason.11 Capsulite rétractile Il s’agit d’un enraidissement de l’articulation gléno-humérale menant à une perte globale de la mobilité. Elle peut être d’origine idiopathique ou secondaire : diabète, tendinopathie, conflits, AVC, maladie de Parkinson, cardiopathie, néoplasie (surtout pulmonaire), traumatisme, chi rurgie thoracique. La clinique comporte trois stades. Une première phase, d’une durée de 2-9 mois, se présente par des douleurs importantes, à prédominance nocturne et une mobilisation progressivement limitée. Une deuxième phase, avec prédominance de limitation, dure 4-12 mois. Une troisième phase de résolution progressive dure 5-26 mois. Une limitation globale de la mobilité passive avec une rotation externe de moins de 30° et une abduction de moins de 90° feront suspecter cette pathologie.13 Le diagnostic repose sur l’arthrographie.4 En pratique, une IRM ou une arthroIRM sont souvent réalisées.14 Tendinite calcifiante La tendinite calcifiante peut se présenter de deux manières, plus ou moins associées : par des douleurs importantes, associées à des signes inflammatoires locaux et par Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 0 19.09.13 08:56 fois un syndrome inflammatoire systémique, de début souvent brutal, en raison de la libération de cristaux d’hydroxyapatite et/ou par des douleurs chroniques d’horaire mécanique et un tableau de conflit.13 La radiographie peut permettre la mise en évidence de calcifications ainsi que l’US, qui permet en plus de guider le traitement (infiltration). A noter que la tendinite calcifiante aiguë liée à la libération de cristaux est souvent suivie par la disparition des calcifications à la radiographie (dissolution).12 Lésions du labrum La plupart des mécanismes provoquant des lésions de la coiffe des rotateurs peuvent aussi être à l’origine de lésions du labrum. Les patients se plaignent de douleurs pro fondes de l’épaule, de sensations de blocage, d’instabilité et de crépitements. Les athlètes faisant des mouvements répétitifs de force au-dessus de la tête sont particulièrement à risque.4 L’arthroIRM est l’examen de choix. L’injection de gadolinium dans la capsule permet une distension de la capsule et la mise en évidence de lésions de ces structures.11 Instabilité de l’épaule Elle touche principalement les femmes jeunes avec une faible musculature, les patients avec d’importantes ruptures de la coiffe et les athlètes de moins de 40 ans, spécialement les nageurs et les lanceurs de poids. Les symptômes sont souvent vagues et aspécifiques, rendant le diagnostic difficile. Typiquement, les patients ont une mobilité accrue de l’épaule et souvent des signes d’hyperlaxité généralisée.4 L’examen de choix est l’IRM ou l’arthroIRM chez les patients jeunes.11 Arthrose gléno-humérale Relativement rare, elle est en général précédée d’un traumatisme, souvent plusieurs années auparavant, comme une luxation, une fracture, une rupture large de la coiffe des rotateurs ou dans le contexte de polyarthrite rhumatoïde ou d’une chondrocalcinose. Les patients se présentent avec des douleurs antérieures profondes et un enraidissement progressif. Les mobilités active et passive, surtout l’abduction et la rotation externe, sont typiquement réduites.4 La radiographie montre des signes habituels d’arthrose. Tableau 3. Présentation clinique des principales étiologies de l’épaule douloureuse atraumatique Fréquence Causes Eléments anamnestiques Eléments cliniques Radiographie standard • Tendinopathie rrr • Traumatiques chez le • Douleurs progressives, • Amplitude passive • Signes indirects : forme, de la coiffe des patient jeune surtout à l’abduction en général complète irrégularités de rotateurs • Secondaires chez les et à l’élévation • Arc douloureux l’acromion, sclérose • Conflit sous- patients plus âgés : • Douleurs nocturnes 70-120° de la grande tubérosité acromial – crochet de l’acromion • Faiblesse douloureuse • Tests conflits et • Espace acromion – cal vicieux atteintes tendineuses l 6 mm si rupture –proéminence trochiter r faiblesse si rupture – déséquilibre musculaire –instabilité –microtraumatismes Tendinopthie rr • Inflammation au passage du biceps de la gouttière bicipitale • Mouvements de force répétés : soulever, tirer, mouvements au-dessus de la tête • Mouvements brusques R déchirure complète Douleurs antérieures • Signe de Popeye pour aggravées par les la déchirure complète mouvements : soulever, • En général, pas de tirer, mouvements faiblesse au-dessus de la tête Tendinite rr Facteurs de risque : femme, Début brutal, douleurs calcifiante diabète, L 30 ans intenses, inflammatoires de l’épaule et/ou douleurs mécaniques Capsulite r • Idiopathique rétractile • Secondaires : diabète, tendinopathie, AVC, maladie de Parkinson, traumatisme Signes inflammatoires locaux, parfois syndrome inflammatoire systémique (phase inflammatoire) – Visualisation de la calcification Trois stades : Limitation globale des I. Douleurs, notamment mobilités active et nocturnes, mobilisation passive progressivement limitée II. Limitation prédominante, pas ou peu douloureuse III. Résolution progressive Arthrose rr • Rarement primaire Douleurs initialement à la • Craquements possibles Pincement articulaire, • Secondaire : mobilisation, puis raideur • Limitation des scléroses sous-chondrales, post-traumatique, articulaire mobilités active et ostéophytes, géodes post-instabilité, rôle de la passive chondrocalcinose Arthrite septique r 0 Présence de comorbidités Douleurs intenses, en général : diabète, insomniantes, impotence alcoolisme, néoplasie, arthropathie associée (PR) Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 22_27_37355.indd 4 Impotence fonctionnelle, Habituellement normale, signes locaux et généraux au début en tout cas inflammatoires Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 1729 19.09.13 08:56 Epaule douloureuse atraumatique Anamnèse r examen physique w Rx (sauf l 30 ans) w laboratoire Causes extrinsèques • Polymyalgia rheumatica • Polyarthrite rhumatoïde •Chondrocalcinose • Origines neurologiques • Douleurs projetées Causes intrinsèques • Douleurs progressives, abduction/élévation w nocturnes, arc douloureux 70-120° w faiblesse • Amplitude passive complète • Douleurs antérieures • Douleurs palpation, gouttière bicipitale, signe de Popeye Début brutal, douleurs inflammatoires puis mécaniques w signes inflammatoires locaux/ systémiques, calcification à la Rx Douleurs nocturnes, limitation progressive puis prédominance limitation active r passive • Douleurs intenses • Impotence fonc tionnelle, signes inflammatoires locaux et systémiques, facteurs de risque Suspicion de lésion de la coiffe des rotateurs Suspicion de tendinopathie du biceps Suspicion de tendinite calcifiante Suspicion de capsulite rétractile Suspicion d’arthrite septique •Arthrographie •Echographie •IRM/arthroIRM • Ponction sous US • Coloration de Gram Echographie en première intention Si non contributive Echographie Echographie • Anamnèse de traumatisme antérieur, douleurs, mobilisation puis raideur • Rx : signe d’arthrose Arthrose Si forte suspicion Non contributive Contre-indication IRM IRM/ arthroIRM ArthroCT IRM Figure 2. Algorithme de prise en charge de l’épaule douloureuse atraumatique •On pensera à une instabilité de l’épaule en cas de symptômes vagues aspécifiques et une mobilité accrue. Une IRM sera réalisée. •On évoquera une lésion du labrum devant des douleurs profondes, avec sensation de blocage et la présence de crépitements, particulièrement chez les athlètes faisant des mouvements de force au-dessus du niveau de la tête. Une arthroIRM sera réalisée. Rx : radiographie standard. 1730 Arthrite septique Divers L’épaule est la troisième articulation touchée par les arthrites septiques après le genou et la hanche. 60% des patients présentant une arthrite septique ont des comorbidités : alcoolisme, néoplasie, arthropathie, maladie chronique (diabète, hépatopathie, VIH…). La plupart du temps, l’infection est d’origine hématogène et causée par un staphylocoque doré. Les autres germes sont le gonocoque chez le patient jeune et les Gram négatifs chez les patients âgés et les sujets immunosupprimés. Les patients se présentent avec une douleur intense, une impotence fonctionnelle complète, une tuméfaction et des signes locaux et systémi ques inflammatoires. La radiographie est habituellement normale. L’échographie permet de déceler un épanchement articulaire. Le diagnostic sera posé par ponction articulaire. Au vu de sa gravité, et en présence de facteurs de risque ou de signes inflammatoires, ce diagnostic doit toujours être évoqué.15 Le syndrome de Parsonage-Turner est une pathologie rare, consistant en une constellation complexe de symptômes comprenant des douleurs de l’épaule d’apparition brusque, suivies de déficits neurologiques d’installation progressive (parésie, dysesthésie, hypoesthésie). Son étiologie n’est pas claire.16 Le syndrome de Milwaukee est une forme rare d’arthrite touchant principalement les femmes âgées. Cette arthropathie est caractérisée par le dépôt intra et périarticulaire d’hydroxyapatite et une hémarthrose menant à la destruction rapide de la coiffe des rotateurs et de l’articulation glénohumérale.17 L’enclavement du nerf suprascapulaire dans l’échancrure coracoïdienne ou spino-glénoïde peut être provoqué par des traumatismes, une abduction forcée et une rotation externe ou par une masse. Il provoque des douleurs postérieures diffuses, une faiblesse et une atrophie des muscles Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 22_27_37355.indd 5 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 25 septembre 2013 0 19.09.13 08:56 sus- et sous-épineux. Le diagnostic est posé par électromyographie.18 Le tableau 3 reprend les principales étiologies de l’épaule douloureuse et leurs présentations anamnestique, clini que et radiologique. Un algorithme résume également le raisonnement de la prise en charge diagnostique (figure 2). > L’épaule douloureuse atraumatique est le troisième motif de conclusion > Dans la grande majorité des cas, la radiographie standard et L’épaule douloureuse atraumatique est un motif fréquent de consultation. L’anamnèse et l’examen physique aident aux choix des examens complémentaires. Bien que la radiographie standard évalue surtout les structures osseuses, elle peut mettre en évidence des signes indirects de certaines pathologies et sera presque toujours réalisée. L’échographie est un examen performant pour l’évaluation des tissus mous de l’épaule et présente une multitude d’avantages. Elle sera, la plupart du temps, pratiquée en première intention. Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation avec cet article. Implications pratiques consultation pour plaintes ostéo-articulaires > L’anamnèse et l’examen clinique permettent d’orienter le diagnostic et de choisir les investigations complémentaires l’échographie permettront de poser le diagnostic > L’IRM et l’arthroIRM sont indiquées dans des cas particuliers Adresse Drs Elise Wagner et Cédric Lanier Service de médecine de premier recours Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences Dr Daniel Arditi Service de radiologie Département d’imagerie et sciences de l’information médicale Pr Pierre-André Guerne Service de rhumatologie Département des spécialités de médecine HUG, 1211 Genève 14 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Bibliographie 1 Praemer A, Furner S, Rice D, Musculoskeletal conditions in the United States, 2nd ed. Rosemont, IL : Academy of Orthopaedic Surgeons, 1999. 2 Urwin M, Symmons D, Allison T, et al. 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