Titre de la réunion / Cassette

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Titre de la réunion / Cassette
Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Solidarité internationale et mécénat :
Intervenir localement pour agir globalement
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Sommaire
Mot d’accueil
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Francis CHARHON
Directeur général de la Fondation de France
Elisabeth DAHAN
Présidente du comité Solidarités Internationales de la Fondation de France
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Solidarité internationale: Nouveaux objectifs, nouveaux acteurs, nouveaux cadres de
coopération
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Henri ROUILLE D’ORFEUIL
Ingénieur agronome et Docteur en économie appliquée, membre du comité Solidarités internationales de la Fondation de
France
L’action des fondations sous l’égide de la Fondation de France
Marie-Laure MUCHERY
Chargée de fondations, Fondation de France
Echanges avec la salle
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Mot d’accueil
Francis CHARHON
Directeur général de la Fondation de France
Mesdames, Messieurs, bonsoir. Je suis heureux de vous accueillir à cette sixième Rencontre des
fondateurs. Nombre d’entre vous ont souhaité l’organisation de réunions entre fondations sous égide
travaillant sur le même sujet afin d’échanger sur les méthodes de travail et modes d’intervention de
chacun. Ce soir, nous vous proposons de considérer notre action collective en matière de solidarité
internationale.
L’action internationale de la Fondation de France s’avère assez ancienne. Nous menons en effet depuis
plusieurs années des programmes relatifs aux questions d’agriculture vivrière, de la lutte contre le Sida,
de la santé ou du développement. A travers ces programmes, nous soutenons des projets de long terme
mais pouvons également intervenir en urgence, à l’étranger comme lors du tsunami ou du tremblement
de terre en Haïti, ou encore de la tempête Xynthia en France. Notre activité importante au niveau
international présente l’avantage de nous placer en contact direct avec les grandes organisations
nationales et internationales et d’être constamment au fait des réflexions en cours sur l’action
humanitaire.
Nous vivons aujourd’hui un moment important. Depuis le tsunami, des rencontres ont été organisées
afin que tous les acteurs de la solidarité internationale appréhendent l’évolution de l’action humanitaire.
Nos réflexions, d’ordre général, portent essentiellement sur le rôle des acteurs français au niveau
international, et leur taille sans doute insuffisante pour intervenir de manière efficace. Les grandes
organisations françaises s’avèrent en effet peu nombreuses : Médecins sans frontières constitue la plus
importante, le Secours Catholique dispose également d’un fort réseau. Néanmoins, les opérations
d’urgence mobilisent souvent de nombreux opérateurs qui ne possèdent pas tous les compétences
adéquates pour intervenir immédiatement. Nous revisitons aujourd’hui ce paysage pour déterminer
comment opérer des regroupements entre les acteurs. Cette démarche se révèle d’autant plus
importante qu’il faut veiller à limiter au maximum les risques pour ne pas voir apparaître des verrous à
l’action humanitaire. Les échanges entre les acteurs conduisant des opérations de solidarité
internationale revêtent donc un grand intérêt, surtout qu’après l’urgence s’ouvre une période de
reconstruction puis de développement et que l’ensemble des actions menées présentent une certaine
porosité.
En 2010, 99 fondations abritées par la Fondation de France ont mené au moins un projet de solidarité
internationale, pour un budget total de 12 millions d’euros. Ces actions prennent des formes les plus
diverses (bourses, soutien à l’agriculture, etc.) et peuvent être menées de manière très localisée ou plus
étendue. Tout ceci fonde notre intervention dans le champ international.
Dans les pays dans lesquels nous intervenons, la société civile s’est fortement développée et des
organisations et des associations sont apparues, qui sont reconnues localement par l’Etat et qui exigent
que nous bâtissions des partenariats. Notre objectif vise donc à aider les pays en développement,
renforcer leur société civile et leurs capacités d’intervention afin que ces pays continuent de se
développer.
En quelques années, le paysage de nos interventions a changé. Chacun d’entre nous doit ou devra, à un
moment donné, prendre en compte ces questions. Après la grande époque de la Croix Rouge puis le
« sans-frontiérisme », nous entrons aujourd’hui dans une époque nouvelle, beaucoup plus
professionnelle et technique, où les demandes formulées s’avèrent de plus en plus pointues.
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Nous vous proposons donc d’échanger ce soir sur les problématiques que chacun de vous a pu
rencontrer ou sur les façons dont vous avez pu mener votre action dans le domaine des solidarités
internationales. La parole vous sera largement donnée pour que vous puissiez partager vos expériences
et vos questionnements.
Elisabeth DAHAN
Présidente du comité Solidarités internationales de la Fondation de France
Je vous présenterai rapidement mon parcours pour expliquer les raisons de ma présence parmi vous ce
soir. Diplomate, j’ai vécu 25 ans à l’étranger. Lors de mon séjour comme ambassadeur au Sri Lanka,
pays en guerre où je suis restée cinq ans, j’avais été frappée par l’absence d’ONG française. En 2004, le
Sri Lanka a été frappé par un tsunami Le fait que je connaisse le pays (et peut-être aussi, le fait que je
sois une femme), ont incité la Fondation de France à faire appel à moi. J’ai aussi travaillé durant trois
ans au Ministère de la coopération. Cette expérience de développeur m’a conduite à être l’opérateur de
grands projets faisant intervenir des acteurs multiples. J’ai trouvé à la Fondation de France, au moment
où celle-ci constatait une générosité publique de plus en plus grande au moment des grandes calamités
internationales, un terrain où mon action bénévole prenait tout son sens.
Au cours de ces dix dernières années, nous avons constaté une professionnalisation des acteurs. Les
ONG doivent effectivement se professionnaliser pour ne pas disparaître. Certaines ont d’ailleurs
disparu des grandes opérations, absorbées par d’autres. Il nous faut également demeurer toujours à
l’affût des inflexions qui pourraient nous permettre d’adopter des approches nouvelles pour rester dans
la course à l’innovation et continuer de soutenir l’expertise participative, en renforçant les associations
dans les zones où nous sommes présents à l’année ou lors de grandes catastrophes.
J’ai toujours été frappée dans mon métier par le fait que nous, Français, faisions preuve de résilience,
d’inventivité, de générosité et d’un dévouement remarquable mais que nous ignorions souvent l’action
menée par les autres, ce qui constitue à mon sens un grand point de faiblesse. Je me souviens
notamment de mon collègue britannique sur le terrain au Sri Lanka, qui, au contraire, savait toujours
ce que faisaient les autres acteurs et pouvait utiliser ce savoir pour accélérer l’efficacité de son action.
C’est autour de cette question que je vous invite à échanger ce soir : comment, en connaissant mieux le
contexte général, pouvons-nous accroitre l’efficacité de nos actions et permettre aux fondations que
vous représentez de capitaliser sur cette expérience commune ?
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Solidarité internationale : nouveaux objectifs, nouveaux acteurs, nouveaux
cadres de coopération
Henri ROUILLE D’ORFEUIL
En tant que chercheur, j’ai effectué une partie de ma carrière dans le secteur associatif. J’ai présidé
Coordination Sud, la fédération des ONG en France ainsi que Finansol, dans le secteur des finances
solidaires. J’ai également travaillé au Quai d’Orsay et à la Banque mondiale.
Le paysage de la solidarité internationale a fortement évolué. Je vais tenter de vous présenter le cadre de
coopération dans lequel évoluent les acteurs à l’échelle internationale, en évoquant deux expériences où
les fondations sont intervenues massivement et de manière organisée, jouant même un rôle de leader.
La première expérience a été lancée par les fondations Ford et Rockefeller dans les années 1960. Elles
ont fortement soutenu la création de 17 centres de recherche internationale dans le domaine de
l’agronomie. Ces centres ont initié la « révolution verte » des années 1970, une révolution de la
génétique. L’introduction de nouvelles céréales a provoqué un saut de la production, notamment en
Asie, permettant d’éviter des famines très importantes, en particulier en Inde. A l’action de ces deux
fondations se sont joints la Banque mondiale et un certain nombre de donateurs pour constituer le
Consultative group on international agricultural research, qui perdure à ce jour. Les montants dépensés dans ce
cadre s’avèrent particulièrement conséquents, de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars
par an. Plus récemment a été créée une organisation spéciale, le Fonds mondial de lutte contre le Sida,
la tuberculose et le paludisme, largement soutenu et financé par les fondations Gates et Clinton.
Les fondations ont pris des initiatives, en prennent chaque jour et peuvent entraîner, avec elles, d’autres
partenaires financiers. Ces initiatives sont attendues. Un basculement s’est en effet produit lors du
Sommet de la Terre de Rio, en 1992. Cette conférence s’est révélée exceptionnelle du fait des grandes
conventions environnementales qui y ont été négociées comme de la mobilisation de très nombreux
acteurs. Le système de la coopération internationale a vécu alors une véritable « révolution
copernicienne ». Les Etats qui, jusqu’alors, dominaient ce système ont estimé que d’autres acteurs
majeurs devaient désormais participer à l’effort de coopération internationale, non seulement sur le
plan financier mais également dans la mise en œuvre des conventions négociées en faveur du climat ou
de la biodiversité. Neuf groupes ont été constitués pour représenter notamment les collectivités
territoriales, les entreprises et le patronat, les salariés et les syndicats, les femmes, les enfants, les
paysans ou les scientifiques. Ces différentes familles devaient participer aux objectifs des conventions et
de la solidarité internationale.
Ces objectifs couvrent tous les champs, selon l’organisation internationale qui les recouvre. L’ONU
porte traditionnellement les domaines sociaux. En 2000, les chefs d’Etat se sont engagés, dans le cadre
des Nations Unies, à atteindre huit objectifs sociaux – « les objectifs du Millénaire pour le
développement » – pour, d’ici 2015, réduire de moitié les problèmes sociaux du monde recouvrant la
pauvreté, la faim, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la santé et la mortalité, l’éducation,
l’égalité et l’habitat. Force est de constater qu’aujourd’hui ces objectifs sont loin d’être atteints. Les
banques mondiales et régionales avaient, de la même manière, établi des objectifs en matière
économique. Ces objectifs visaient notamment à réduire les dettes, créer des emplois et améliorer la
distribution des revenus. Compte tenu de la croissance démographique et des destructions d’emplois, il
conviendrait par exemple de créer trois milliards d’emplois d’ici 2050 pour atteindre l’objectif fixé en la
matière. S’agissant de l’environnement, des objectifs avaient été fixés sur d’autres scènes. Pour le climat,
l’objectif consistait à ne pas dépasser un réchauffement de plus de deux degrés Celsius d’ici la fin du
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Fondation de France
siècle. Là encore, les objectifs ne devraient sans doute pas être atteints à l’échéance. D’autres objectifs
avaient enfin été définis dans le domaine de la paix et de la sécurité ou sur le plan humanitaire.
Du fait de la révolution copernicienne qui s’est opérée, les Etats ne sont plus forcément au centre de
l’action internationale et ont perdu leur rôle exclusif. Le système devient de plus en plus multi-acteurs.
Mondialisation, régionalisation, décentralisation et privatisation ont réduit la puissance des Etats et font
apparaître de nouveaux acteurs non étatiques, dont les fondations et associations, qui ont pris de
l’importance et disposent aujourd’hui de plus d’espace pour leur action. Ces acteurs participent bien
davantage à l’action de solidarité internationale et cette participation se révèle primordiale pour
atteindre les grands objectifs internationaux.
Des propositions ont été émises dans la construction de nouveaux cadres de coopération. L’ONU
défend les partenariats public-privé, qui s’adressent surtout aux grandes entreprises. Ces partenariats
visent à mettre en place des actions de dimension internationale. Dans le cadre de la conférence de Rio,
dont Rio+10 et Rio+20 qui se tiendra en juin 2012, le concept des grands programmes mobilisateurs
sectoriels a été proposé, concernant d’autres acteurs que les grandes entreprises. Tous les acteurs y sont
appelés à collaborer en fonction de leurs compétences et de leurs moyens. Force est toutefois de
constater que peu de programmes de ce type ont émergé, faute d’initiative. Les programmes sectoriels
comme le Fonds mondial de lutte contre le Sida représentent un autre cadre de coopération
internationale. Ces formes s’avèrent plus attrayantes que le versement d’argent dans un fonds fiduciaire
de la Banque mondiale ou de l’ONU. Ces deux organisations offrent en effet la possibilité aux
fondateurs d’apporter de l’argent dans le cadre de fonds fiduciaires fléchés, mis en œuvre par ces
organisations. Ces fonds disposent souvent d’une autonomie de gouvernance et de gestion et font
participer les grands acteurs tels que les ONG et bailleurs multilatéraux. Le Fonds mondial de lutte
contre le Sida participe de cette démarche. Il dispose de fonds conséquents et travaille de manière
relativement efficace. Dans le domaine de l’environnement fonctionnent davantage des mécanismes de
marché comme sur le carbone. La même démarche est lancée dans le domaine de la biodiversité, en
tentant de donner une valeur économique aux plantes à travers un droit de propriété. Ces démarches se
trouvent plus au stade des idées et n’ont pas encore donné beaucoup de résultats.
Au-delà de l’action internationale des grands acteurs, les associations et fondations de plus petite taille
mènent des projets locaux, plus modestes mais d’une importance capitale. Le défi consiste à utiliser ces
projets locaux pour dégager des références plus larges et détecter les innovations. Un projet local en luimême peut réussir, mais il faut le mettre en réseau et en tirer les leçons grâce à un processus de
capitalisation, pour nourrir des politiques publiques ou le démultiplier. Or cela ne relève pas d’un
processus spontané. La réussite d’un projet n’entraîne pas automatiquement sa diffusion. Il convient de
mener ce processus de capitalisation pour tirer profit de la réussite.
J’évoquerai brièvement, pour conclure, un exemple concret portant sur le programme « Agriculture
familiale en Afrique de l’Ouest » mené par la Fondation de France. Ce programme finance aujourd’hui
49 projets en Afrique de l’Ouest, en lien avec des ONG et des organisations de producteurs dans le but
de les aider à reconquérir leurs marchés urbains avec des produits alimentaires locaux, les villes étant
aujourd’hui alimentées par des produits d’exportation. Au-delà de l’objectif de réussir ces 49 projets,
nous visons collectivement à en tirer les leçons pour envoyer des messages aux acteurs
macroéconomiques (services publics, diplomatiques, recherche, acteurs financiers, etc.). Derrière ce
programme peuvent s’articuler des actions entre bailleurs et associations pour élargir le spectre
d’intervention.
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Fondation de France
Solidarité internationale : L’action des fondations sous l’égide de la Fondation
de France
Marie-Laure MUCHERY
Chargée de fondations, Fondation de France
Nous souhaitions vous présenter un état des lieux de l’activité de redistribution des fondations sous
égide de la Fondation de France dans le domaine de la solidarité internationale. Chacun d’entre vous
finance ou projette de financer, en effet, un ou plusieurs projets dans le domaine des solidarités
internationales, en fonction de l’objet de votre fondation, de votre budget et de vos critères sans
forcément avoir conscience de toutes les actions menées dans ce domaine, par les autres fondations
abritées par la Fondation de France. Grâce aux nouveaux outils d’information que nous avons mis en
place en 2008, nous sommes aujourd’hui en mesure de suivre de manière plus fine l’activité de
redistribution des fondations sous égide, au regard des montants distribués, des grands domaines
d’action et des zones d’intervention.
La solidarité internationale vise tous les projets d’aide humanitaire, aide au développement ou aide
d’urgence en cas de catastrophe naturelle. Pour établir cette cartographie, nous nous sommes fondés,
sur la localisation du projet (et non de la structure financée). Il s’agit de projets menés dans les pays du
Sud, hors pays considérés comme « développés » par l’OCDE. Nous avons pris en compte les
montants engagés, c’est-à-dire les décisions budgétaires prises par la gouvernance des fondations en
termes de distribution de prix, bourses ou subventions sur l’exercice 2010, la clôture de l’exercice 2011
n’ayant pas encore été effectuée. L’année 2010 s’est révélée exceptionnelle puisque, dès le mois de
janvier, la Fondation de France comme un grand nombre de fondations sous son égide se sont
fortement mobilisées pour venir en aide aux populations très affectées par le séisme en Haïti.
Le montant total engagé par la Fondation de France en 2010 s’élève à 32,8 millions d’euros, dont les
deux tiers distribués par les programmes de la Fondation de France et un tiers distribué par les
fondations sous égide. Sur ce montant total, plus de 20 millions d’euros ont été engagés pour Haïti. Le
montant total distribué en termes de solidarité internationale par l’institution Fondation de France, hors
urgence, c’est-à-dire hors contribution pour Haïti, atteint 11 millions d’euros en 2010. Ce sont donc les
fondations sous égide qui portent l’action de la Fondation de France, hors urgence.
Si on considère seulement la redistribution des fondations sous égide dans le domaine de la solidarité
internationale, sur l’exercice 2010 : 99 fondations sur les 682 actives ont distribué tout ou partie de
leur budget à l’international - soit 15 % des fondations abritées - pour un budget total de 11,3 millions
d’euros.
Il s’agit d’un montant significatif si on le rapporte à l’intégralité de la redistribution des fondations sous
égide, toutes catégories et tous domaines d’action confondus. Sur les 68 millions d’euros distribués au
total par les fondations sous égide, la part de la solidarité internationale a représenté 17 % de ce total,
urgence Haïti compris, ou 14 % Haïti mise à part.
En ce qui concerne les domaines d’action la priorité des fondations sous égide porte sur les problèmes
économiques et sociaux. Cette catégorie regroupe des projets divers qui ont pour dénominateur
commun le fait d’améliorer les conditions de vie basiques des populations ciblées, et de favoriser
l’insertion économique et sociale des bénéficiaires de l’aide. Cette catégorie représente à elle seule 60 %
des montants engagés par les fondations sous égide. Viennent ensuite le secteur de la santé, et celui de
l’enseignement et des sciences, qui regroupent chacun 14 % des montants distribués, le secteur de
l’agriculture et de l’environnement pour 8 %, et le secteur de la culture pour 4 %. Les projets liés aux
droits de l’homme restent faiblement financés puisqu’ils représentent à peine 1 % des montants
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
engagés par les fondations sous égide. Les fondations financent en effet davantage des projets concrets,
qui présentent un impact direct sur les populations concernées, et moins des projets de plaidoyer ou
ceux liés à la production d’informations ou d’études.
Nous avons ensuite examiné la répartition des montants distribués par les fondations sous égide par
continent. Sans surprise, le continent africain constitue le destinataire principal de l’aide des fondations
sous égide. 47 % des montants distribués l’ont effectivement été en Afrique. Viennent ensuite à égalité
le continent asiatique et le continent américain, qui recueillent chacun 25 % de l’aide accordée par les
fondations. Ces chiffres tiennent compte de l’impact du séisme en Haïti puisque 80 % des montants
distribués sur le continent américain ont concerné les opérations d’urgence ou post-urgence dans ce
pays. Si on raisonne hors contribution en Haïti, l’Afrique concentre 60 % des montants distribués en
2010, l’Asie 30 %, les Amériques et l’Europe centrale et orientale se partageant les 10 % restants.
Sur chaque continent, c’est toujours la problématique de l’insertion économique et sociale qui constitue
la préoccupation principale des fondations sous égide : cela représente 60 % des montants distribués en
Afrique, 77 % en Asie, 40 % en Europe centrale et orientale, même chose sur le continent américain. Si
on considère la catégorie qui arrive au 2e rang des priorités des fondations sous égide, on constate c’est
la dimension agriculture vivrière et environnement qui prime en Afrique. En Asie, les fondations sous
égide financent davantage les projets liés à l’éducation et la formation initiale ou professionnelle. Sur le
continent américain, compte tenu de la situation particulière vécue en 2010 en Haïti, c’est la santé qui
arrive au 2ème rang , tandis qu’en Europe centrale et orientale, la question culturelle a concentré 25 %
des montants engagés (soit 75 000 euros, apportés notamment par deux fondations très impliquées
dans ce domaine ).
Nous nous sommes également intéressés à l’action des fondations sous égide, par région ou sousrégion géographique. En 2010, 64 fondations sont intervenues en Afrique, 44 en Asie et sur le
continent américain, et 11 en Europe centrale et orientale. Si on se place au niveau des sous-régions
géographiques : les fondations sous égide se sont montrées très actives en Afrique de l’Ouest puisque
43 d’entre elles ont engagé au moins une subvention dans cette région . En Afrique de l’Est, ce sont
28 fondations qui sont intervenues, majoritairement à Madagascar. En Asie : on retrouve à peu près le
même nombre de fondations agissant en Asie du Sud - principalement en Inde et au Népal, où 23
fondations sont intervenues en 2010 – et en Asie du Sud-Est :25 fondations, mais sur des montants
très différents (500 000 euros engagés en Asie du Sud, le double en Asie du Sud-Est). Enfin sur le
continent américain ; 18 fondations sont intervenues en Haïti, et 22 en Amérique centrale et Amérique
latine, souvent sur de petits projets localisés.
Ce n’est pas forcément le pays, ou la région qui constitue le point d’entrée de l’action des fondations.
Néanmoins, on remarque qu’elles peuvent être nombreuses à intervenir sur les mêmes territoires, ce
qui peut soulever la question d’éventuels échanges à initier entre elles afin qu’elles connaissent mieux
l’action de leurs pairs sur un territoire défini.
Nous avons cherché à voir quelles étaient les modalités d’action privilégiées par les fondations sous
égide. Là aussi, on peut identifier des approches relativement convergentes dans la nature des projets
soutenus en priorité. Sur la centaine de fondations agissant à l’international ,60 soutiennent des projets
visant l’éducation et la formation des populations ciblées, et plus généralement la connaissance au sens
large. Il s’agit par exemples de financer des bourses, des aides à la scolarisation d’enfants ou des actions
de formation professionnelle. Il peut aussi s’agir de financer de projets visant à sensibiliser une
population à une problématique donnée (ex : lutte contre une maladie, contre les violences conjugales,
etc.).
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Les fondations sous égide sont aussi nombreuses à financer des projets visant à améliorer l’accès à
l’emploi ou la mise en place d’activités génératrices de revenus. Cela peut recouvrir des actions diverses,
par exemple l’achat de terrain ou d’équipement pour une coopérative de femmes, ou l’achat de
semences pour une population paysanne, etc. Des rapprochements peuvent donc là aussi s’opérer entre
les fondations qui s’intéressent à des projets de ce type.
Bien qu’elles aient chacune un objet qui leur est propre, un budget défini, des critères spécifiques de
sélection pour l’attribution de subventions, les fondations sous égide ont, comme on l’a vu, des
démarches parfois très proches, qu’il s’agisse des territoires d’intervention, ou du type de projets
qu’elles financent.
A Madagascar, par exemple, 25 fondations ont versé en 2010 au moins une subvention, pour un
montant cumulé de 800 000 euros et pour des projets de nature très proches, liés au micro-crédit ou à
la construction d’équipements collectifs. Un même bénéficiaire a pu par exemple recevoir des
subventions de plusieurs fondations sous égide. .
Au Burkina Faso, de la même manière, plus de 50 subventions ont été versées, émanant de 20
fondations différentes. La plupart de ces aides ont concerné le développement de l’agriculture vivrière
et l’amélioration de l’alimentation et de la nutrition des populations locales.
En Inde et au Népal, on a répertorié plus de 20 fondations, qui ont soutenu des projets au bénéfice
des jeunes ou des enfants, notamment sur les problématiques d’éducation ou de prise en charge des
besoins fondamentaux.
Au Cambodge, 14 fondations ont financé des projets pour un montant total de plus de 900 000 euros,
en particulier dans le secteur de la formation initiale (scolarisation) et professionnelle des jeunes. Là
encore, certaines structures bénéficiaires ont reçu des subventions de plusieurs fondations sous égide,
ce qui démontre l’intérêt de croiser les actions et les financements accordés.
Enfin, 11 fondations ont agi au Pérou, pour un budget total de plus de 150 000 euros, au profit en
priorité des jeunes et des enfants.
Outre ces exemples, nous vous invitons à nous faire part de vos souhaits pour l’organisation éventuelle
d’ateliers en format plus réduit, sur une thématique ou une zone d’intervention particulière, afin
d’échanger avec vos pairs et, si vous le souhaitez, de mener des projets en collaboration.
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Echanges avec la salle
Elisabeth DAHAN
La parole est à vous. Je commencerai par poser quelques questions à la salle. Parmi les représentants de
fondations présents ce soir, quels sont vos premiers critères de choix ?
Suzanne BEGUIN, Fondation Frères du Sud
Pharmacienne en retraite, je m’intéresse au monde de la santé. J’ai adhéré à Pharmaciens sans frontières
en 1989 avant de rejoindre l’association Pharmacie humanitaire internationale. Suite à cet engagement,
mon mari et moi-même avons créé la fondation Frères du sud. Nous agissons dans le domaine social
pour favoriser le développement de la ville de Bougouni.
Didier BEGUIN, Fondation Frères du Sud
La réunion de ce soir me paraît très intéressante. Je souhaiterais pouvoir rencontrer les 15 fondations
qui interviennent au Mali car nous pourrions peut-être mener des actions complémentaires. Nous
intervenons essentiellement dans la ville de Bougouni, ville de 50 000 habitants et nous rendons en
brousse, où nous avons développé un petit village situé à 80 kilomètres. A notre arrivée, il n’y avait rien.
Aujourd’hui, 800 enfants y sont scolarisés au niveau primaire. Nous développons désormais le collège.
Nous avons également créé un dispensaire, un jardin collectif, une maternité et un local pour le
traitement du karité par une coopérative de femmes.
De la salle
Qui dispense les cours dans les écoles ?
Didier BEGUIN, Fondation Frères du Sud
Au Mali, dès que nous créons une classe, l’Etat y place immédiatement et systématiquement un
instituteur. Dans le domaine de la santé, en revanche, le personnel formé n’est pas toujours disponible.
Benjamin KAPELUSZ, Fondation Raja
Je représente, avec Marie Chaperon, la Fondation Raja, une fondation financée par l’entreprise Raja,
fondée en 1954 par une femme, et reprise en 1980 par une autre femme Danièle Kapel Marcovici.
Cette fondation relève avant tout d’un choix « politique », féministe, puisqu’elle entend agir en faveur
des femmes en France et partout dans le monde, dans le domaine médical, de l’éducation, de la
formation professionnelle, du sport ou de la culture. Quel que soit le pays d’origine, nous sommes
intéressés par toutes sortes de projets relatifs aux femmes, leur autonomisation ou leur éducation.
Notre fondation reste relativement jeune puisqu’elle n’a que six ans d’existence. Cette réunion devrait
nous permettre de prendre des contacts avec d’autres fondations qui agissent dans ce domaine et
éventuellement bâtir des partenariats. Nous menons 45 % de nos projets en France. Les 55 % restants
concernent l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Sud voire l’Europe centrale et orientale.
Isabelle BOUZOUD, Fondation Brageac Solidarité
La Fondation Brageac Solidarité est une fondation familiale créée voilà cinq ans sous l’égide de la
Fondation de France. Nous intervenons dans le domaine de l’éducation et de la formation, l’aide à
l’insertion, le développement et l’entreprenariat social. Je poserai deux questions. Serait-il possible que
la Fondation de France crée une petite base de données répertoriant les projets que les fondations sous
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
égide ont financés, par pays, avec un descriptif du projet et de l’association soutenus, afin que nous
puissions facilement entrer en contact les uns avec les autres ? Je crois que dans les deux exemples
cités précédemment, la fondation Brageac a certainement soutenu des projets qui sont financés par
ailleurs par d’autres fondations. Je souhaiterais que nous puissions partager nos expériences, les
questions soulevées, les retours obtenus, etc. Dans le domaine de l’éducation et de la formation, nous
nous sommes posés la question du coût alloué à la formation de chaque jeune sur un projet récent au
Cambodge. Sur ce sujet, il conviendrait de pouvoir comparer les coûts de formation dans les différents
pays afin de déterminer si les montants proposés par une association se révèlent réalistes ou totalement
aberrants.
Elisabeth DAHAN
C’est la question que nous nous posons toujours dans nos comités. Nous ne travaillons pas forcément
sur des coûts paramétriques qui pourraient s’appliquer de manière non réfléchie mais ce sujet recoupe
une grande préoccupation. Cette analyse nous a parfois conduits à écarter certains projets, un rejet qui
s’est avéré pertinent.
Francis CHARHON
Il est probable que nous pourrions construire une telle base de données.
Daniel RAZE, Fondation Daniel et Martine Raze
J’ai créé avec mon épouse une petite fondation familiale. Nous sommes très demandeurs de ce type
d’informations car nous sommes sollicités pour la création d’une structure de deux ou trois classes au
Bénin. J’ai demandé son avis à M. Vallet, qui m’a alerté sur l’importance de vérifier que des professeurs
seraient disponibles une fois les locaux livrés. Nous repartons au Bénin dans quinze jours. Cette
question va effectivement se poser. Des professeurs seront-ils affectés dans nos classes ? Il convient
d’obtenir une réponse avant d’envisager le financement du projet. Comme vous le souligniez, il faut
tirer parti de l’expérience des projets financés précédemment.
Francis CHARHON
On peut toujours construire une école mais il importe d’avoir l’assurance que des professeurs y seront
affectés. La situation s’avère en particulier compliquée dans le domaine de la santé. Des accords
peuvent être passés avec le gouvernement local afin d’éviter les effets de marchés noirs ou de ventes de
médicaments. Il convient de se montrer particulièrement vigilant, sous peine d’effets dévastateurs et de
problèmes insurmontables.
Christian GALTIER, Fondation EG Afrique
La fondation EG Afrique existe depuis 2008 mais l’idée de créer cette fondation est très ancienne. En
1966, j’étais au Sénégal. La population mangeait convenablement puis les premiers bateaux de blé sont
arrivés des Etats-Unis. Deux à trois ans après, une grande partie des paysans sénégalais étaient ruinés.
J’ai constaté combien l’aide alimentaire mal appliquée pouvait s’avérer dangereuse, redoutable voire
criminelle en dehors des périodes de crise. La fondation que je représente s’est spécialisée dans les
projets agricoles selon deux principes : l’investissement avec participation des paysans et la vérification
annuelle de l’utilisation et de l’efficacité des fonds versés. Tous les domaines se révèlent aussi nobles
mais je suis surpris de constater la faible proportion des projets à visée économique. Les populations
doivent pouvoir se nourrir elles-mêmes pour que les autres secteurs puissent enregistrer des
améliorations réelles.
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Solidarité internationale et mécénat : Intervenir localement pour agir globalement
Fondation de France
Elisabeth DAHAN
Votre expérience depuis 1966 nous est utile. Nous avons lancé, dans le programme annuel de la
Fondation de France, avec le CFSI – comité français de solidarité internationale – le programme
« Agriculture familiale en Afrique ». Je suis convaincue que nombre de vos données nous seraient utiles.
Franck DARGENT, Fondation Rainbow Bridge
J’ai créé une petite fondation, Rainbow Bridge, en 2005 suite au tsunami de 2004 que j’ai vécu avec une
partie de ma famille. J’ai souhaité bâtir cette fondation dans une démarche de reconstruction et
d’entretien du souvenir et de la mémoire. Nous intervenons dans les zones touchées par des
catastrophes naturelles en faveur de la femme et de l’enfant sur des projets pérennes et de
développement durable. Nous ne conduisons pas d’actions d’urgence. Nous avons engagé environ
1,5 million d’euros depuis septembre 2005 sur une trentaine de projets. La philosophie de notre action
consiste à trouver des projets significatifs sur lesquels nous disposons d’une maîtrise presque totale, où
nous sommes le financeur majoritaire, afin de garantir l’adéquation du projet aux critères que nous
nous sommes fixés. Notre premier projet portait sur la rénovation d’un hôpital pour la femme et
l’enfant en Birmanie, à Myeik. Cet hôpital soigne désormais plusieurs milliers de personnes. Nous
avons également financé des projets de reconstruction : une école de jeunes filles au Pakistan après le
tremblement de terre en 2005, un orphelinat au Tamil Nadu que nous avons inauguré l’été dernier, la
mise en place de réseaux d’eau potable dans la même province.
La motivation principale, lorsque nous avons créé notre fondation sous l’égide de la Fondation de
France était de bénéficier du réseau, de la richesse d’expérience et de l’œil critique de la Fondation de
France. Nombre de membres de la Fondation de France ont su m’éclairer sur les projets. Je me pose
effectivement les mêmes questions que vous sur la pertinence du projet, sur les moyens de l’association
bénéficiaire de le réaliser, sur la structure des coûts ou sur la pérennité du projet. Rien n’est pire que de
lancer un projet qui, une fois les sources de financement taries, pourrait être remis en cause et ne servir
à rien. Il convient avant tout de pérenniser nos projets dans des régions souvent démunies.
François REBEYROL, Fondation Agir sa vie
La fondation Agir sa vie soutient des projets de lutte contre l’exclusion. La moitié de ces projets sont
conduits en France, l’autre à l’étranger, sans répartition fixe mais en fonction des projets qui nous sont
soumis. Je souhaiterais obtenir des informations complémentaires sur la proportion de fondations qui
financent des projets portés par les associations basées en France ou opératrices directement sur le
terrain. Les questions et le dialogue diffèrent en effet selon que l’on est en prise directe avec un
opérateur local ou que l’on passe par un porteur de projet français. Pour des raisons de disponibilité et
de coût, nous ne finançons jamais directement les projets d’acteurs locaux. Nous passons toujours par
un porteur de projet en France.
Un membre de la Fondation de France
Nous ne disposons pas ce soir de ces données mais nous pourrons vous les fournir.
Martine GRUERE, Fondation de France
J’ai pu encourager certaines fondations dont je suis la référente à procéder comme vous le faites.
Lorsque l’on intervient dans de nombreux pays, il convient selon moi de conserver toujours un
interlocuteur en France avec lequel on puisse échanger car il n’est pas toujours possible de visiter soimême chaque structure soutenue.
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Fondation de France
Denis MANGEZ, Fondation Tibériade
Vous évoquiez la pérennisation des projets. Elle s’avère effectivement tout à fait fondamentale. Cela
dépend aussi de nos ressources. Or les fondations et associations ont subi une attaque au mois de
novembre. La Fondation de France y a très bien réagi. Nous pouvons peut-être nous attendre à des
changements politiques à brève échéance qui pourraient venir remettre en cause certains des avantages
fiscaux accordés aux donateurs de nos fondations. Toutes les fondations sous égide doivent réagir si
leurs ressources étaient visées. La Fondation de France, qui a mené le combat cette fois, pourrait aussi
s’appuyer sur nous en cas de nouvelle attaque. Qu’attendez-vous de nous ? Que pouvons-nous faire
tous ensemble pour la contrer ?
Francis CHARHON
Nous travaillons aujourd’hui avec France générosités, le Centre Français des Fondations et
l’Association Française des Fundraisers, pour étudier les volumes distribués et l’impact éventuel d’une
baisse de la fiscalité pour les fondations et les associations. J’ignore même si notre rassemblement
suffira compte tenu de la détermination forte des pouvoirs publics aujourd’hui. Un message doit quand
même être diffusé. Il s’avère difficile de réduire en même temps les programmes étatiques et les
intervenants extérieurs que nous sommes, qui constituent en quelque sorte un filet de sécurité pour le
système. Les acteurs que nous rencontrons affichent une volonté forte de réaliser des économies mais
n’étudient pas forcément les conséquences que ces économies pourraient entraîner. Les fondations, en
France, distribuent 460 millions d’euros, soit peu eu égard à toutes les actions entreprises en matière
sociale, culturelle, environnementale, etc. La réduction de nos budgets de 20 % aura toutefois des
conséquences sans doute dévastatrices, avec des effets de seuil sur les donateurs importants. Cela
constituerait le chemin inverse de celui accompli pas à pas après la loi Aillagon. Nous vous informerons
régulièrement, comme nous avons tenté de le faire précédemment et demanderons, au besoin, votre
aide dans cette démarche.
De la salle
Nous venons de recevoir le projet d’instruction fiscale sur la territorialité, qui vient exclure certains
pays du droit à l’aide internationale.
Dominique LEMAISTRE, Fondation de France
L’Etat français, accordant une déduction fiscale très importante aux dons de particuliers au titre de
l’impôt sur le revenu comme de l’ISF, n’entend pas voir à l’infini ces sommes sortir de France et
financer des projets à l’étranger. Des contrôles sont opérés de plus en plus régulièrement par les
inspecteurs des impôts, qui, se fondant sur le classement de l’OCDE, rejettent les interventions dans
certains pays. Ainsi, au motif que le Brésil est aujourd’hui un pays émergent qui ne figure plus dans la
catégorie des pays les plus en difficulté, il est de plus en plus difficile de soutenir des actions dans ce
pays. Une instruction fiscale est en cours rédaction, dont le contenu doit être négocié. Nous avons reçu
un projet aujourd’hui. Le Haut conseil à la vie associative va examiner ce projet, Bercy nous ayant
assuré qu’une négociation serait organisée sur cette instruction. La situation règlementaire est
clairement en passe d’évoluer. Chaque jour, nous nous interrogeons sur la possibilité de financer tel ou
tel projet dans tel ou tel pays, et il devient de plus en plus difficile de statuer.
Yves DERVILLE, Fondation Sahel Aqua Viva
L’intérêt d’une telle réunion tient effectivement à pouvoir échanger et capitaliser l’expérience que nous
avons pu développer chacun. Je pense à deux axes en particulier. Certains des projets que nous avons
développés peuvent en effet être répliqués ou dupliqués dans d’autres contextes, en tenant compte des
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Fondation de France
différences politiques, sociales et économiques. La Fondation Sahel Aqua Viva intervient ainsi au Mali
et finance un projet d’énergie renouvelable fondé sur une plante oléagineuse (le jatropha) pour produire
de l’huile végétale pure présentant les mêmes propriétés que le gasoil et pouvant alimenter des groupes
électrogènes. Nous avons mis en place un modèle d’électrification rurale dans lequel nous faisons
produire la plante par les paysans locaux. Une unité de transformation des graines a été réalisée pour
produire l’huile et alimenter, à partir de celle-ci, un projet de développement rural. Notre ambition est
de pouvoir répliquer cette expérience dans d’autres régions du Mali ou d’autres régions du monde
puisque cette plante est cultivée ailleurs. Nous sommes prêts à partager notre expérience avec ceux
qu’elle intéresse. Par ailleurs, les créateurs d’une fondation se trouvent souvent démunis, ignorant
notamment quels sont les facteurs clés de succès ou les modèles économiques pertinents. La Fondation
de France pourrait favoriser un parrainage en permettant à ceux qui disposent d’une ancienneté ou
d’une expérience d’aider les plus nouveaux à se développer en leur prodiguant des conseils.
Alain GOYE, Fondation Amanjaya
La Fondation Amanjaya a été créée voilà quatre ans pour favoriser l’accès à l’éducation de jeunes de
populations défavorisées. Notre activité se concentre aujourd’hui en Asie du Sud-Est. Nous nous
intéressons tout particulièrement à la formation professionnelle. Je me suis beaucoup impliqué dans le
milieu associatif. J’ai vécu et travaillé en Asie du Sud-Est. Cela simplifie l’évaluation des projets puisque
mes activités professionnelles me conduisent régulièrement sur le terrain. Nous bâtissons des
partenariats avec des associations que nous connaissons bien et apprécions. Nous n’éprouvons jamais
de difficultés à trouver de bons projets à financer. Nous aimerions échanger sur ces sujets avec des
fondations poursuivant des objectifs proches des nôtres.
Denis MANGEZ, Fondation Tibériade
Notre fondation dispose d’un site internet plutôt bien référencé et nombre de jeunes me contactent
pour effectuer des stages. J’essaie d’y répondre mais de manière très artisanale. D’autres fondations
sont-elles confrontées à cette problématique ? Je souhaiterais connaître les fondations qui interviennent
dans les zones d’intervention de ma fondation et déterminer comment mettre en place une information
globale sur les associations que nous aidons par nos subventions et qui chercheraient des volontaires.
J’ai trouvé des possibilités dans trois associations que j’aide, les huit autres n’y étant pas préparées. Il
serait pertinent de mettre en commun de telles informations.
Henri ROUILLE D’ORFEUIL
Il existe un collectif d’associations qui centralise en principe l’offre et la demande de volontaires.
L’organisme France Volontariat, lié à l’ancien Ministère de la coopération, accompagne ainsi
400 volontaires par an. Vos jeunes peuvent y candidater.
Pour la réplication et l’organisation d’échanges, il convient effectivement de partir des éléments
communs - soit la géographie, soit la thématique -, afin de déterminer si une collaboration peut
s’établir. Notre comité choisit périodiquement des thèmes nouveaux. Peut-être pourrions-nous les
choisir en lien avec vous. Nous avons ainsi récemment sélectionné les thèmes de l’appui aux acteurs du
processus de démocratisation en Tunisie et de l’insertion économique des jeunes au Maghreb. Nous
pourrions faire cela en interaction avec vous. Nous pourrions également échangé sur la publication des
résultats obtenus, afin de capitaliser des actions engagées sur le même thème ou dans la même zone
géographique. Il importe de pouvoir travailler tous ensemble.
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Fondation de France
Dominique LEMAISTRE, Fondation de France
Pour pouvoir vous relier, il conviendrait que chaque fondation nous indique si sa clé d’entrée est
d’abord thématique ou géographique, afin de bâtir des groupes d’affinités et vous mettre en réseau via
nos outils d’information.
Elisabeth DAHAN
Il importe de mon point de vue que nos partenaires aient pu, eux-mêmes, acquérir des compétences
pour devenir à leur tour suffisamment solides pour porter et faire vivre des projets et devenir acteurs
dans la recherche d’autres financements. Il faut arriver sur un terrain d’action avec l’idée de repartir
pour investir un autre champ, en laissant quelque chose de durable.
Document rédigé par la société Ubiqus – Tél. 01.44.14.15.16 – http://www.ubiqus.fr – [email protected]
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