Présenté par : DIAMONDRA Nomeniavo Aliette Année Universitaire

Transcription

Présenté par : DIAMONDRA Nomeniavo Aliette Année Universitaire
MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
---------------------------UNIVERSITE DE TOLIARA
FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES
ET SOCIALES
--------------------------------DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
-----------
Mémoire de Maîtrise
Présenté par : DIAMONDRA Nomeniavo Aliette
Sous la direction de : Monsieur MANJAKAHERY Barthélemy
Maître de Conférences à l’Université de Toliara
Année Universitaire 2005-2006
1
AVANT PROPOS
Ce mémoire, fruit de notre première expérience de recherche constitue une condition
sine qua non pour l’obtention du diplôme de maîtrise.
Dans ce travail, nous voulons mettre en évidence la mobilité de la population Malagasy.
C’est la raison pour laquelle, nous avons choisi d’étudier l’impact de la situation « carrefour »
de l’emplacement d’Ihosy.
La réalisation de ce mémoire a été une tâche difficile. Nous avons été obligées de faire
des enquêtes sur le terrain. Nous avons rencontré beaucoup de problèmes dans la réalisation
de ce travail. Par exemple la période où nous avons accompli les missions sur le terrain
coïncide avec la saison de pluie. Nous avons également connu la méfiance de la population,
les gens montrent beaucoup de réticence pour répondre aux questions posées. Ils ne veulent
pas être photographiés. Malgré cela, nous avons pu mener notre enquête grâce à
l’autorisation d’enquête délivrée par le Directeur du département de géographie et signée par
le rapporteur. Après la présentation de ce document officiel, nos interlocuteurs deviennent
plus loquaces, nous avons pu recueillir des renseignements intéressants. Le problème de
documents écrits reste une lacune majeure, il n’y en a pas assez et ils sont souvent dépassés
par le temps.
Ce modeste travail arrive à son terme grâce à l’aide de plusieurs personnes, qui ont
contribué de loin ou de près à sa réalisation.
- Nous rendons d’abord hommage à Feu Jean¨Louis Rabemanantsoa, Maître de
conférence à l’université de Toliara, qui nous a proposé ce thème. Des conseils et
encouragements nous ont donné la force de continuer. Il nous a quitté prématurément,
paix à son âme.
- Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à :
- Monsieur MANJAKAHERY Barthélemy,
Maître de conférences à
l’Université de Toliara, qui a accepté d’encadrer ce modeste travail.
- Monsieur Le Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à
l’Université de Toliara.
- A tous les enseignants de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
surtout les enseignants en Histoire et Géographie qui nous ont donné de conseils et des
cours depuis la 1ère année jusqu’à la réalisation de ce mémoire.
- Le directeur du département de géographie pour ses utiles conseils.
2
- Madame REJO Odette pour la première correction de ce modeste travail
- A tous les membres de ma famille, mes parents pour leurs aides et leur
éducations depuis la naissance jusqu’à maintenant, mes frères et sœurs qui nous ont
apporté leur soutien moral, pédagogique et financier.
- A tous les étudiants et amis qui nous ont aidé sur le plan intellectuel, moral que
financier.
- A tous les habitants d’Ihosy qui ont accepté de nous recevoir lors des enquêtes.
- A tous les chefs de services et leurs personnels administratif et technique ainsi
que les élus locaux pour leurs participations.
A vous tous, merci infiniment !
3
INTRODUCTION
La migration est un phénomène de déplacement de la population. A Madagascar, la
conséquence de cette migration est l’hétérogénéité de la population dans un lieu. Dans un site
donné, la population est constituée des autochtones c'est-à-dire des gens originaires de ce site
même, et des migrants, les gens d’ailleurs qui viennent s’y installer.
Depuis toujours, plusieurs raisons incitent les gens à migrer : raisons économiques (la
recherche de nouvelles terres à cultiver,
la recherche de fortune…) ; raisons politico -
sociales (la guerre intestine entre les populations locales etc.…) et au niveau politique (la
recherche des gens à dominer).
A l’heure actuelle, à Madagascar, les mouvements migratoires ne cessent d’augmenter à
cause de trois raisons que nous avons citées ci-dessus. Mais chaque migrant a sa propre
caractéristique et son propre objectif. C’est pour cette raison que nous allons nous intéresser à
ce sujet qui s’intitule :
« LE PHENOMENE MIGRATOIRE DANS LE DISTRICT D’IHOSY. ET SES
CONSEQUENCES »
Pourquoi avons-nous choisi de travailler sur le phénomène migratoire à Madagascar et
plus précisément dans le district d’Ihosy ?
D’une part, nous faisons partie des migrants d’Ihosy, par la suite nous éprouvons le
besoin de présenter les différents groupes de migrants de la zone, ainsi que différentes
activités qu’ils exercent même s’ils s’installent temporairement.
D’autre part, le district d’Ihosy est favorable à la migration par sa position de carrefour
et qu’il présente beaucoup de potentialités (agricole, minière …)
Une autre raison qui a attiré notre curiosité est la forte occupation des migrants dans la
ville d’Ihosy ; alors que les « Tompontany » n’occupent que la périphérie de la ville ? Et
enfin, un autre aspect du district qui nous a beaucoup frappé, c’est la forte affluence qu’il
connaît. Pourquoi cette attirance des migrants ?
Pour essayer de comprendre ce phénomène de migration, nous allons aborder les trois
parties suivantes :
I- La description de la zone d’étude
II- Les activités de la population dans le district d’Ihosy.
III- Les conséquences de la migration et les perspectives d’avenir.
4
Pour réaliser ce mémoire, nous avons procédé par trois étapes : L’étude bibliographique,
la phase de recherche sur le terrain et la rédaction.
L’étude bibliographique :
Elle est indispensable car elle permet de consulter le maximum d’ouvrages qui se
rapportent de près ou de loin à la zone d’étude et/ou au thème choisi. Aussi pour trouver les
ouvrages appropriés, nous avons effectué des recherches dans des centres de documentation à
Toliara ( la bibliothèque Universitaire TSIEBO Calvin, la Bibliothèque du département de
Géographie et d’Histoire , celle de l’Aumônerie Catholique, de l’Alliance Française et du
Collège Sacré-cœur ) et à Ihosy (la bibliothèque de la Commune, celle du Collège Saint pierre
Chanel et les librairies) ainsi que dans des services administratifs publics ou privés ( le service
du plan, le service de l’aménagement du territoire , la Direction Régionale du Développement
Rural ….. )
La phase de recherche sur le terrain
Cette phase de recherche sur le terrain est caractérisée par le contact direct avec la
population et les personnes ressources : les responsables des collectivités décentralisées (le
chef de district, le Directeur Régional de l’Administration Territoriale, les chefs de lignage,
les présidents de Fokontany, les maires…. ). Il ne faut pas négliger le reste de la population
qui est d’une aide précieuse pour le recoupement des informations.
La phase de rédaction
C’est la phase finale, il s’agit de faire le dépouillement des données et informations
recueillies puis à en faire l’analyse et le traitement. Cela nécessite un esprit de synthèse, clair,
précis et concis. Il faut que tout ce qui est écrit soit compréhensible par tout le monde.
5
LOCALISATION
Le district d’Ihosy est situé au centre sud de Madagascar entre les latitudes 21° 61/ et
23° 10/ Sud et les longitudes 44° 95/ et 46° 08/ Est, à 600km de la capitale sur la RN7, à 280
Km de Fianarantsoa ville, à 390 Km de Toliara. Il se trouve administrativement dans la
province de Fianarantsoa. Il occupe une grande partie de la région d’Ihorombe : 18.372 Km2
sur 26.930 Km2 du total de la région, le reste étant représenté par les deux districts d’Ivohibe(
4.258 Km2 ) et Iakora (4.300 Km2 ).
Le district d’Ihosy est délimité :
Au Nord par le district d’Ikalamavony.
Au Nord-ouest par le district de Beroroha
Au Sud-ouest par le district de Sakaraha et de Benenitra.
Au Sud par le district de Betroka
Au Sud-est par le district d’Iakora
A l’est par le district d’Ivohibe.
Il est en liaison direct avec quatre régions par sa position carrefour :
-
La région Atsimo andrefana vers l’Ouest par la RN7
-
La région de Haute Matsiatra vers le Nord par la RN7
-
La région Atsimo antsinanana vers l’Est par la RN 27
-
Et l a région de l’Anosy vers le Sud par RN 13
Le district est constitué de 19 communes dont Ihosy est la seule Commune Urbaine c’est
le chef lieu de district,cette ville joue bien son rôle de carrefour car les routes nationales
suivantes RN7, RN13 et RN27 s’y rencontrent d’où l’affluence permanente dans la ville.
6
Tableau n°1: Les 19 Communes du District d’Ihosy.
N°
Nom des Communes
Nombre d’habitants
2003
2004
2005
1
Ambatolahy
10.055
10.136
11.046
2
Ambia
5.889
6.231
7.437
3
Analaliry
4.181
4.734
5.844
4
Analavoka
5.445
5.538
6.130
5
Andiolava
6331
6.432
7.225
6
Ankily
6985
7.039
7.987
7
Ihosy CU
25.150
26.260
27.670
8
Ilakaka
12.980
13.879
14.905
9
Irina
6.572
6.874
6.997
10
Antsoha
3.225
3.842
4.088
11
Mahasoa
17.980
18.050
19.120
12
Menamaty – Iloto
7.180
7.231
7.987
13
Ranohira
21.493
23.879
24.321
14
Sahambano
5.291
8.464
8.940
15
Sakalalina
6.797
7.280
7.768
16
Satrokala
17.926
18.824
19.234
17
Tolohomiady
4.310
4.520
5.631
18
Soamatasy
3.706
4.139
4.905
19
Zazafotsy
5.132
5.631
6.530
Total
District
176.628
188.983
203.165
Source : Service de Plan d’Ihosy.
Parmi ces 19 Communes, la Commune Urbaine d’Ihosy, les Communes rurales de
Ranohira, d’Ilakaky, d’Andiolava, d’Ankily et de Zazafotsy bordent la RN7. A 15 Km vers
l’Ouest du centre ville, la RN13, qui passe par Irina et Soamatasy pour aboutir à FortDauphin. A 6 Km, vers l’Est, la RN27 (route de Farafangana) traverse les communes rurales
de Tolohomiady, de Sahambano et d’Analavoky. Les communes qui ne bordent les routes
nationales restent des zones difficiles d’accès, ce sont les plus enclavées du district.
7
Carte n°1 : Localisation spatiale du district d’Ihosy
District
d’Ikalamavony
District de
Beroroha
District
d’Ivohibe
District de
Sakaraha
District
d’Iakora
District de
Betroka
District de
Benenitra
(Source : en partie d’après BD 500 FTM/MAEP/SAGE)
(Source : en partie d’après BD 500 FTM/MAEP/SAGE)
(Source : en partie d’après BD 500 FTM/MAEP/SAGE)
8
Première partie :
DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
9
CHAPITRE I : LE CADRE NATUREL
Dans ce chapitre, nous allons voir le milieu naturel : le climat et les composantes
naturelles
I - LE CLIMAT
Du point de vue climatique, le district d’Ihosy est caractérisé par un climat
intermédiaire, entre celui de la frange orientale qui est très humide et celui sub-aride du SudOuest.
1. Les Précipitations
Le district d’Ihosy connaît une quantité des précipitations intermédiaire entre celle de
la frange orientale qui est assez abondante et celle du Sud-Ouest qui a un climat sub-aride.
C’est un climat tropical sec avec une pluviométrie annuelle comprise entre 900 – 1200 mm
10
Tableau n° 2 : RELEVE PLUVIOMETRIQUE MENSUEL D’ANKILY
2001 – 2005
Année 2001
Précipitations
(mm)
219,4
208,6
111,8
70,2
90,2
3,3
0
6,9
2,9
74,4
107,4
254,7
1149,8
Mois
Janv.
Fevr
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil
Aout
Sept
Oct
Nov
Dec
Total
Durée
(j)
9
7
6
3
1
1
0
1
1
3
1
2
35
2002
Précipi
tations
(mm)
360,9
427,6
123,7
11,6
0
0
49,3
0
0
61,5
73,5
134,7
1232,7
Durée
(j)
10
11
5
2
0
0
2
0
0
2
6
15
41
2003
Précipi
tations
(mm)
313,1
110,6
165,2
66,6
14,5
24,0
9,9
0
58,8
24,5
112,8
339,0
1239
Durée
(j)
16
8
14
4
2
1
3
0
1
1
5
20
75
2004
Précipi
tations
(mm)
89,7
177
207,8
38,8
39,9
0
0
7,2
3,8
90,1
121,4
180,2
1055,9
Durée
(j)
11
11
5
2
2
0
0
2
1
4
3
10
51
2005
Précipi
tations
(mm)
367,8
72,8
33,8
25,7
37,7
0
17,5
0
0
9,6
113,0
290,3
958,6
Source : Service anti-acridien commune rurale Ankily
D’après ce tableau nous constatons que cette région est plus humide que celle du SudOuest et du grand Sud Malgache dont la quantité de précipitations est comprise entre 250 et
600 mm.
Pour le district d’Ihosy, entre 2001 et 2005 le tableau nous montre que la pluviométrie
annuelle varie de 900 à 1200 mm et la saison pluvieuse dure 5 à 6 mois c’est-à-dire du mois
d’Octobre jusqu’au Mars.
La saison sèche et fraîche ne dure que 4 à 5 mois avec deux mois sans précipitations les
mois de mai et Juin en 2002, les mois de juin - juillet en 2003 – 2004 et d’août à septembre
en 2005.
Durant ces cinq dernières années, on constate une régularité des précipitations d’une
année à l’autre, car les variations inter-annuelles sont faibles.
Entre 2001 et 2002, l’écart est de 82 mm seulement
Entre 2002 et 2003, cet écart n’est que de 6 mm et de 2004 à 2005, 97,3mm
Malgré cela, on constate l’irrégularité des précipitations d’une saison à l’autre, c’est-àdire une répartition inégale de pluies durant l’année comme partout de Madagascar.
Durée
(j)
13
10
4
4
2
0
2
0
0
2
5
22
62
11
Par exemple, en 2002, il reçoit 427,6mm de pluies en 11 jours au mois de février, alors
que les mois de mai et juin sont entièrement secs, c’est-à-dire, pas de précipitation, il en est de
même pour les mois d’août et septembre.
En 2005, il reçoit 367,8 mm en 13 jours, au mois de janvier ; pourtant de mars à
septembre, la quantité totale de précipitations n’est que de 144,7 mm pour 12 jours répartie
pendant cette période.
2. Les températures
Comme pour tout le pays, le district d’Ihosy connaît deux principales saisons : la saison
chaude et humide qui va du mois d’octobre au mois d’avril, et la saison fraîche et sèche qui
dure généralement du mois de mai au mois de septembre. Nous allons voir la variation des
températures dans le tableau suivant :
Tableau n° 3 : TEMPERATURES MENSUELLES DANS LA COMMUNE
RURALE D’ANKILY 2001 – 2005
2001
2002
2003
2004
2005
T°
min
(°c)
T°
Max
(°c)
T°
moy
(°c)
T°
min
(°c)
T°
Max
(°c)
T°
moy
(°c)
T°
min
(°c)
T°
Max
(°c)
T°
moy
(°c)
T°
min
(°c)
T°
Max
(°c)
T°
moy
(°c)
T°
min
(°c)
T°
Max
(°c)
T°
moy
(°c)
Janv.
Fevr
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil
Août
Sept
Oct.
Nov.
Dec
19,1
19,6
19,1
16,9
14,0
13,6
10,2
12,2
13,9
16,1
17,1
19,4
28,1
29,7
29,5
27,3
25,9
23,4
21,9
26,5
29,4
29,8
28,3
26,8
23,6
24,7
24,3
22,1
19,5
18,5
16,1
19,5
21,7
23,0
22,7
23,1
19,7
19,9
19,1
16,3
18,6
11,3
12,2
13,0
14,2
15,8
18,6
19,1
30,2
28,8
29,4
28,3
27,6
24,1
25,2
26,1
27,9
29,7
30,9
29,6
25,0
24,4
24,3
22,3
23,1
17,7
18,8
19,6
21,1
22,8
24,7
24,4
20,2
18,3
19,3
16,0
14,5
11,8
10,2
10,9
14,1
16,3
18,7
19,5
28,5
29,3
28,2
27,8
26,9
24,1
23,0
25,8
27,9
33,3
31,2
30,1
24,4
23,8
23,8
21,9
20,7
18,0
16,6
18,4
21,0
24,8
25,2
24,8
18,2
18,7
19,3
16,8
12,5
11,1
11,6
16,0
13,9
16,4
24,5
19,7
30,8
28,9
28,8
28,7
25,4
23,6
24,4
25,9
33,7
29,7
30,8
30,2
24,5
23,8
24,1
22,8
19,0
17,4
18,0
20,9
23,8
23,1
27,7
25,0
19,9
19,5
18,9
16,5
14,8
12,4
13,2
11,7
12,8
15,5
17,7
19,7
27,4
31,8
28,3
29,4
34,3
25,7
24,6
26,1
28,9
30,3
31,5
29,5
23,6
25,6
23,6
23,0
24,6
19,1
18,9
18,9
20,9
22,9
24,6
24,6
T° an
16,7
27,2
21,5
16,5
28,1 22,3 15,8 28
22
16,5 28,4 22,5 16
29
22,5
Gr°
th an
10,9
11,6
12,2
12
Source : Service anti-acridien commune rurale Ankily
T° min (°c) : Température minimum en degré C
T° max (°c) : Température maximum en degré C
T° Moy (°c) : Température moyenne en degré C
T° an
: Température annuelle en degré C
GR° th an
: Gradient thermique annuel en degré C
13
12
D’après ce tableau la température moyenne annuelle varie de 21 à 22,5°C.
La température minimale a lieu annuellement durant le mois de juillet 2001 : 10,2C
/2002 : 12,2C/ 2003 : 10,2C/ 2004 : 11,6C/ 2005 :13,2C
Et les mois de janvier et d’octobre tiennent les records de l’année pour les températures
élevés
Année
2001
2002
2003
2004
2005
janvier
28,1°C
30,2°C
29,5°C
30,8°C
27,4°C
Octobre
29,8°C
29,7°C
33,3°C
29,7°C
30,3 °C
Le gradient thermique annuel varie de 10 à 13°C. En 2001 :10,5°C / 2002 :11,6°C /
2003 :12,2°C / 2004 :12°C /2005 :13°C
La continentalité entraîne l’augmentation des températures pendant la saison pluvieuse
et la fraîcheur du climat en saison sèche.
II- LES AUTRES COMPOSANTES NATURELLES
1 .le Relief
Le relief du district d’Ihosy est dominé par le plateau de l’Ihorombe qui s’étend de
l’Est vers l’Ouest allant d’Ankelivondraky jusqu’au massif d’Isalo. Le relief est formé d’une
mince couche de néogène1 lacustre s’étendant du nord au sud sous forme des roches
granitique et magmatique. C’est une zone qui présente une quantité considérable des roches et
d’un sous-sol riche en pierres précieuses. Le paysage sous forme de plaine à une couverture
herbeuse, la savane avec une altitude qui varie de 300 à 600 m puis levant progressivement
jusqu’à 1000m au massif de l’Isalo.
On remarque aussi une imposante présence d’alluvions et de sable qui se raréfie
au fur et à mesure que l’on monte vers le Nord.
La présence de plaine favorable à l’agriculture est incontestable dans le district
d’Ihosy. Les sols alluvionnaires se rencontrent au bord des cours d’eau dans les communes
rurales de Sahambano, de Mahasoa, de Sakalalina, d’Analaliry et dans la périphérie de la
commune urbaine d’Ihosy. La fertilité des sols dépend des alluvions apportées par les rivières
lors des crues, favorise ainsi la culture de décrue. Quelquefois ces dépôts peuvent être des
1
Partie terminale de l’ère tertiaire, subdivisée en Miocène et Pliocène (Il va de – 25 millions à -1million
d’années)
13
sols mous, des débris de faune et de flore, des alluvions, ou des colluvions et quelquefois de
plage de sable. L’ensablement entraîne la jachère automatique car le sable n’est pas favorable
aux cultures et les paysans doivent attendre le
prochain
débordement. Le plateau est
favorable au pâturage des grands troupeaux et les gros éleveurs se le partagent en
« Toets’aombe »2 avec des délimitations plus ou moins précises.
2. Les sols et la Végétation
Les sols, étant souvent des dépôts peu épais, masquent les roches du sous- sol ; ils sont
en général tributaires de la nature des roches mères, mais ils ont une origine variée : alluvions
apportées par les eaux, poussière accumulée par le vent, débris des roches de sous- sols. Le
climat joue un rôle important dans la nature du sous-sol et la richesse floristique d’une
région.
La région d’Ihosy occupe une position charnière, entre les Hautes terres sur un socle
cristallin et les plaines. On y trouve différents types de sols suivant leurs compositions. On
note l’existence de sols ferrugineux tropicaux et quelques îlots d’associations de sols
ferrallitiques rouges. Mais c’est le domaine du bassin sédimentaire dépendant de la nature des
sous- sols qui prédominent car il recouvre une grande partie du territoire régional. On trouve
des sols ferrugineux rouges et des sols ferrugineux jaunes. Ces sols sont légers. La légèreté de
ces sols ferrugineux, grâce à leur structure grossière, est favorable à l’agriculture et donne la
possibilité de la mise en valeur du sol à l’état sec.
Dans la vallée, le sol hydromorphe riche en minéraux est carrément gris. Ces sols sont
réservés à l’agriculture car ils donnent un bon rendement même si les méthodes de culture
sont archaïques.
D’après Mong Gine3 : « Les sols sont indices de prospérités régionales. L’étude
effectuée par le Ministère de l’Agriculture confirme cette affirmation car cette étude a
démontré que les sols n’ont pas de carences graves même s’il leur faut un apport suffisant
d’azote, le seul élément chimique manquant est le phosphore ».
Mais les paysans de la région d’Ihosy commencent à comprendre que l’homme peut
améliorer des sols médiocres, par l’utilisation des fumures animales pour la fertilisation et
l’entretien du sol avec l’association de l’agriculture et de l’élevage.
L’occupation du sol dans la région d’Ihosy se fait généralement comme suit.
2
3
Lieu de transhumance
Narimanantsiory R : Aspect de la ruralité d’un centre urbain d’Ihosy , mémoire de Maîtrise, 1990, p75.
14
-
La proximité de la rivière
et une partie du bas versant sont occupées
par les
rizicultures.
-
Les Sakasaka sont réservées pour les cultures maraîchères.
-
les terrains libres, ou les Tanety (collines) sont utilisés pour la polyculture vivrière
(maïs, manioc, haricot, arachide…) d’une part, et d’autre part, du tabac occupe du
terrain car c’est une culture facile qui ne nécessite pas d’entretien ou de surveillance.
Le sous-sol de ce bassin sédimentaire est formé de couches de matériaux sableux et de
galets remaniés à plusieurs reprises dans le temps
géologique emmagasinant les eaux
pluviales infiltrées. De ce fait, les nappes phréatiques affleurent alors les points bas, formant
de mouillères ou des sources qui constituent à la fois des points de ravitaillement en eau des
villageois, des abreuvoirs pour le bétail et parfois l’irrigation des petits périmètres rizicoles.
Ce terrain sédimentaire, domaine des « sables roux » carencés en phosphore et surtout
en azote est très fragile et se dégrade facilement si on pratique des cultures sans précautions.
L’étude effectuée par la Direction Régionale du Développement Rural sur la dégradation
des sables roux a été pratiquée avec une culture d’arachide cela montre des pertes de 17%
d’argile, 6% de limon et 35% en eau par rapport à des sables roux laissés sous couvert
herbacé. Les pertes en éléments chimiques s’élevaient à 35% pour le carbone, 52% pour le
phosphore et 50% pour le calcium.
En ce qui concerne la végétation, le district d’Ihosy est actuellement dépourvu de forêt,
les espèces ligneuses sont de moins en moins nombreuses et cèdent leur place à des savanes
herbeuses et des forêts claires.
Dans l’ensemble, la végétation est composée de :
-
Danga ou ahidambo (Heteropogon contortus)
-
Vero (Hyparrhenia rufa) qui se trouve sur le sol hydromorphe où le taux de matières
organiques est très élevé.
-
L’Horona,
savane qui se trouve surtout sur le plateau (Loudetia stipoides,
Trachypargon polymorphus, Aristida…)
-
Dans certains endroits, on trouve des savanes arbustives ou savanes arborées avec du
Sakoa (Slerocarya caffra), Kily (Tamarindus indica), une espèce qui dure plus de 100 ans
dans cette région ; Tsingilofilo (Celastrus linearis)
L’Adabo (Ficus cocculifolia) qui sont parmi les espèces dominantes.
15
Carte n°2 : Les formations végétales du district d’Ihosy
(Source : en partie d’après BD 500 FTM/MAEP/SAGE)
16
-
Les arbres fruitiers :
•
les manguiers (Mangifera indica) poussent un peu partout,
espèces appréciées par les populations car ils servent de clôture.
•
Le goyavier (Psidium guayava)
•
Le Rotsy (Eugenia sp)
•
Letchi ( Litchi chinensis)
•
L’oranger (Citrus sinensis)
•
Papayer (Carica papaya)
•
Bananier (Musa paradisiaca)
•
Avocatier (Persea gratissima)
-
les plantes aquatiques comme le vondro ou ( Typha angustifolia)
-
Dans quelques endroits existent des reboisements d’eucalyptus, à la limite des deux
provinces de Toliara et de Fianarantsoa.
-
Les savanes constituent la couverture végétale dominante de la région et jouent un
rôle important pour la population locale. Elles servent de terrains de parcours pour les
troupeaux de zébus. Chaque année à la fin de la période sèche, le sol connaît une dénudation
intense à cause du broutage des troupeaux et des feux de brousse. Cela favorise l’érosion de
surfaces nues qui peut être aggravée par l’effet néfaste des précipitations qui se concentrent
en une courte période, entraînant ainsi
des ravages des sables déliés en surface et un
ensablement, du bas fond.
-
Dans la région d’Ihorombe, la végétation est assez préservée dans les secteurs
montagneux tels que le pic d’Ivohibe. On y trouve l’un des plus grands massifs forestiers de
l’Ihorombe. Il s’agit de forêt dense et humide appelée encore forêt ombrophile ou
sempervirente.
-
D’autres types de forêts sont aussi présents sur les épandages alluvionnaires qui
longent les cours d’eau, formant des galeries forestières. Il en est de même pour les forêts
sclérophylles basses très dégradées, sur certains secteurs comme dans la Commune de
Menamaty Iloto.
-
Dans l’ensemble de la région d’Ihorombe, la couverture végétale est constituée de
savane herbeuses (district d’Ihosy), de savanes boisées (District d’Ivohibe et d’Iakora) ou
tout simplement de savanes herbeuses à Adropogonées avec des palmiers caractéristiques de
la région.
Le district d’Ihosy dispose d’atouts pour une utilisation pastorale :
17
-
Dominance des graminées pérennes (Adropogonées) capables de produire d’éléments
fourrages de bonne qualité.
-
L’existence dans de bas fond d’une nappe phréatique pas profonde, permet aux
végétaux de prolonger leur croissance en saison sèche et de repousser rapidement aux
premières pluies. Malheureusement, les feux de brousse et de pâturage
entraînent la
dégradation de la végétation et le lessivage d’un sol déjà peu évolué. On remarque que les
végétations marais qui occupent aussi les bas fonds non cultivés et les rizières ensablées sont
composées en majeure partie de « Bararata » (Phragmites mauritianus) ; de vondro ( Typha
angustifolia).
3. L’Hydrographie
La ville d’Ihosy se situe sur la rive droite de la rivière qui est son éponyme par rapport à
la situation
géographique
de la région d’Ihorombe, dont les affluents de cette rivière
prennent leur source à Analaliry et à Menamaty Iloto. Ces deux cours d’eau se rencontrent à
Zomandao et à Matsiatra avant de rejoindre le fleuve
Mangoky. Ce sont des rivières
permanentes comme le Tsiribihina et l’Onilahy du Sud-ouest malgré la sub-aridité du climat.
A l’Est du district se trouve la rivière de Menarahaka c’est un affluent du Mananara.
A l’ouest, le fleuve Onilahy qui commence à Sakavatony, à Ilanana, à Manambaroa, et
à Ihazofotsy. Il se jette dans le canal de Mozambique au sud de Toliara.
Dans la région d’Ihosy, l’eau pose un grand problème, les cours d’eau suivent le rythme
de la condition climatique. Pendant la saison de pluie, les rivières sont alimentées par l’eau de
pluie, parfois un débordement des rivières qui provoque l’inondation dans certains endroits,
c’est le cas du quartier de Morarano, dans la Commune Urbaine d’Ihosy et de la Commune
rurale Antolomiady qui connaissent le débordement de la rivière Ihosy en période de cyclone.
Par contre, pendant la saison sèche, les débits sont faibles et posent des problèmes pour la
population locale dans l’approvisionnement de la ville, pour l’irrigation des terrains de
culture. La ville d’Ihosy n’a pu bénéficier de l’approvisionnement en eau potable qu’en
décembre 2005. Les bornes fontaines sont implantées dans les différents quartiers, espacées
de 300 m. Mais auparavant, des bornes fontaines existaient déjà dans la périphérie de la
ville : à Morarano à 3 Km et à Soanatao à 2Km. C’est pour cette raison que la population
utilisait l’eau de puits traditionnels ou bien achetait de l’eau transportée par fût de
Morarano ou de Soanatao vers le centre ville au bord de varamba (moyen de transport local).
Le coût d’une barrique d’eau ou un fut vaut 1500 ariary et peut atteindre 2000 ariary.
18
Carte n°3 : Les réseaux hydrographiques et les sols dans le district d’Ihosy
Fleuve et rivières
Sols ferralitiques jaune/rouge-roche volcaniques
Chef
Chef lieu
lieu de
deCommune
commune
Sols ferralitiques rouge
Sols ferralitiques tropicaux
Sols peu évolués et rankers
Complexe sols ferralitiques tropiccaux et peu évoluées
sols faiblements ferralitiques
19
CHAPITRE II : CADRE HUMAIN
Dans ce chapitre, nous parlons de l’historique du peuplement. Nous verrons comment
les autochtones se sont installés par la suite, nous allons voir l’arrivée des migrants.
I – HISTORIQUE DU PEUPLEUMENT
Pour l’étude historique, nous avons reçu essentiellement des renseignements sur la ville
d’Ihosy concernant l’installation des premiers groupes de migrants, celle des Merina, des
Betsileo ainsi que les autres groupes migrants durant la période coloniale.
1 - Historique de l’installation des Bara
La carte d’exploration de la côte ouest de Madagascar par le capitaine d’Azevedo et le
révérend père Luis Mariano en 1613 et 1614 montre déjà des Bara dans cette zone c’est à dire
4
la région de l’Ihosy actuelle, cette carte montre la région d’Ihorombe et d’Ihosy
« Avant l’implantation de la monarchie merina dans cette région, il y avait trois
souverains : Sambo, Rebahy et Ramieba qui sont des Bara Zafimanely. Lorsque les soldats
merina attaquaient le siège royal, ils décidèrent de quitter la colline. Le roi Sambo partit à
Ivohibe, le roi Rebahy à Ranohira et Ramieba à Iakora »5
4
5
in Histoire oecuménique : Madagascar et le christianisme, éd Ambozontany, Fianarantsoa, Madagascar, p. 166
Monographie de la ville d’Ihosy
20
Carte n° 4 : carte d’exploration de la cote ouest de Madagascar par le capitaine
d’ Azevedo et le Rév. père Luis Mariano en 1613 et 1614
Source/ histoire œcuménique : Madagascar et le christianisme (P.166)
21
1.1 : L’origine des Bara
« L’histoire des Bara comme l’origine des Malgaches pose encore des
problèmes. Selon Hubert Deschamps : « Madagascar présente un peuplement mixte fait d’un
mélange d’Indonésiens et d’Africains dont la langue et les coutumes sont essentiellement
indonésiennes » 6
« L’histoire des Bara est obscure. Certaines traditions, que nous avons déjà
signalées et l’anthropologie physique le confirme, les fait venir d’Afrique. Ils auraient été
chassés vers l’est, dans la région de l’Ionaivo où la dynastie Zafimaneli les prit sous sa
direction. De là ils s’étendirent vers le nord et l’ouest dans les régions d’Ivohibe (Bara
Iantsatsa ) et d’Ihosi (Bara be). C’est seulement au début du XIX siècle qu’ils s’installèrent
dans la vallée de Betroky »7.
« (….), Bara ou bàrà, terme honorifique qui signifie « grand, élevé, beau » proche
du javanais bra, au malais paras sans croire qu’il y ait de rapport avec le sanscrit vara ».8
« Les Bara ne constituent pas un groupe ethnique homogène, plusieurs clans
revendiquent une origine Maroseranana tels que les Zafimanely, les Zafimarosoa. De l’autre
côté, les Zafimandoboka se disent de parent Antaisaka »9
« Plusieurs groupes coexistent donc : Bara be, Manonga, Iantsantsa, Vinda,
Imamono et de nombreux autres moins importants. Ils s’agit généralement de pasteurs, nous
parlerons donc de « communautés pastorales » 10.
« Mais ces communautés pratiquent aussi une agriculture de subsistance qui est
une activité secondaire »11.
Les Bara occupent un immense territoire allant de la région de Betroka au sud
jusqu’à la région de Mandoto et de Tsiroanomandidy au Nord.
6
RABENILAINA R.B : Description morpho – syntaxique du Bara Bordeaux III le 24 avril 1974, thèse de
doctorat p8
7
ibid. p. 14
8
FAUBLEE J. : Notes sur quelques points de droit coutumier sud de Madagascar in Etude de droit Africain et de
droit Malgache Paris 1965 p28
9
MAHATSANGA M. : Evolution de la Société Bara dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, Mémoire de
maîtrise, étude ethno – historique, Tananarive 1971 p10
10
BERNARD A. : Essai sur la transition de la société Mahafale vers les rapports marchands ORSTOM, Paris
1978, p50
11
NARIMANANTSIORY R : op. cit, p.20-21
22
1.2 : Les mouvements migratoires des Bara
L’occupation de ce vaste espace date de la moitié du XVII siècle, elle est le résultat de
lents mouvements migratoires se dirigeant de l’est vers l’ouest et le nord. Les causes de ces
migrations sont multiples :
« Les luttes intestines, exemple la scission des Zafimanely en deux groupes, lors de la
mort en 1818 du roi Raikitroka, contemporain d’Andrianampoinimerina, l’un est resté à
Ranotsara (Capitale des Zafimanely à cette époque) sous la direction de Ratsimamo et l’autre
est parti vers le nord ouest avec Rasalea »12
« La raison qui oblige les Bara à se déplacer, c’est la recherche de nouveaux pâturages.
De plus ces déplacements peuvent se produire quand les troupeaux ont subi des pertes. Mais
ils ne mènent pas un genre de vie nomade. Ils ont un lieu d’habitation plus ou moins fixe et
arrivent à s’y implanter pendant plusieurs années ; parfois, ils s’y sédentarisent
complètement ».13
Une autre raison, c’est l’arrivée massive des migrants dans la région, les Bara ne
voulaient pas se soumettre aux exigences des gouverneurs merina, ni les autres migrants.
ESOAVELOMANDROSO M. Signale « Les forces royales de Tompoananandrariny ne
peuvent pas s’imposer au Bara, vers la fin du XIXème siècle la plupart des Bara se déplacent
en milieu rural où l’insécurité était permanente dans la garnison merina »14
La tradition orale recueillie par MAHATSANGA M. en 1997 d’après Degoly (un devin
guérisseur Bara, originaire de Sakalama, fondateur du village minier de Vohimena vaovao,
président de l’association vatomanga sakay, une personne très remarquée dans la micro région
d’Ilakaka), il dit que d’après nos ancêtres, les Bara sont originaires de l’est. Leur foyer, en
tant que Bara, était Ionaivo, Andranotsara volambita, région d’Ivohibe. 15
On peut déduire d’après ces citations que les Bara sont les Tompontany dans le district
d’Ihosy.
2. Les Merina et les Betsileo dans le district
Selon les renseignements que nous avons recueillis, la pénétration des Merina et des
Betsileo dans le district d’Ihosy remonte à l’époque royale en parallèle avec l’influence du
christianisme.
12
NARIMANANTSIORY op. cit p.21
Ibid p22
14
Ibid p24
15
MAHATSANGA M : La commercialisation des bovidés dans l’Ibara au début de l’époque coloniale, 1977 p 241.
13
23
2 .1 : Les Merina
« Au début du XIX ème siècle, le roi Andrianampoinimerina réussit à unifier les
diverses régions de l’Imerina. Il voulait étendre son règne au-delà de ses frontières et choisit
comme devise « La mer serait la seule frontière de mes rizières ». Il avait pour but de faire la
conquête de tout le reste de l’île. Ses paroles furent suivies d’effets, de nombreuses
campagnes militaires victorieuses ont réussi à soumettre aussi bien les Betsimisaraka que les
Betsileo et d’autres ethnies. Son fils, successeur, Radama 1ER poursuivit l’oeuvre de son
père ».16
« Entre 1810-1895, le royaume merina, qui a commencé à s’ étendre dans le sud au delà du Betsileo poussa une tentacule jusqu’à Ihosy et même à Ranohira où les Bara be étaient
des alliés intermittents »17
« Au temps de Radama Ier, les Merina rencontrèrent un échec lors de leurs expéditions
dans la région Bara. C’est en 1848 qu’ils arrivèrent à y implanter un poste militaire grâce à
Rainingory un officier merina de treize honneurs. Mais les Merina ne contrôlèrent jamais les
Bara que de façon très théorique. Ils durent faire des vaky rà (Fraternité de sang) avec les
Tompontany pour maintenir de bonnes relations »18
Ils créèrent un site en hauteur à Tompoananandrariny, c’est là où régnaient les
gouverneurs, sept gouverneurs y avaient siégé avant le dernier règne de Ramaniraka (18881896) 19
Selon Esoavelomandroso M. « En 1890 les Merina ont utilisé la ruse et la duplicité
pour fonder Tompoananandrariny »20
16
Wolfgang D., Arisoa R. : Madagascar guides Arthaud grands voyages 1999 – 2000 , France,octobre 1998
pp36-37.
17
RABENILAINA R.B : Op. cit. p9
18
NARIMANANTSIORY R. « … » op. cit p23
19
Source orale d’après Meur Eddy professeur histoire géographie lycée Ihosy déc. 2005
20
NARIMANANTSIORY R. « ….» op cit p28
24
Carte n°5: . Itinéraire de l’armée de Radama 1er (1817- 1826)
#
ANTSIRANANA
NOSY-BE #
#
#
Anorontsangana #
Iharana (Vohemar)
Ambanja
1823
1826
MAHAJANGA#
#
1824
Mandritsara
# Tintingue
1823
#
NOSY SAINTE-MARIE
#
Ambatondrazaka
#
TOAMASINA
Antananarivo
1824
#
1817-1823
#
Tsiroanomandidy
#
MANANJARY
Mahabo
1824
1820-1825
#
Fianarantsoa
#
Ihosy
Ikongo
#
#
#
TOLIARA #
#
Mananjary
Vangaindrano
Tolagnaro (Fort-Dauphin)
1825
Source/ histoire œcuménique : Madagascar et le christianisme p. 55
25
2 .2 : L’installation des Betsileo
« Durant la période d’unification menée par les Merina dans le district, ils ont recruté
des Betsileo pour renforcer leur armée. Mais ces derniers désertaient, et se réfugiaient chez les
Bara à Irina, une capitale bara dirigée par RASALEA, contemporain de Radama Ier. Ce
village était devenu le refuge des Betsileo vers le début du XIXème siècle,
RATSIFANDROTA, RAZAFIMPANJATO et RAININGORY furent les premiers pionniers
Betsileo d’Irina. Ils s’agissaient d’anciens soldats de Tompoananandrariny ».21
Esoavelomandroso signale la présence de Betsileo comme soldats de Ramaniraka
(gouverneur merina) à Tompoananandrariny 22
« Les Betsileo étaient en relation depuis longtemps avec les tompontany. Ils subissaient
des attaques fréquentes des Bara mais comme ils avaient un grand besoin de terre, ils
s’efforçaient de pénétrer progressivement selon la technique de la tache d’huile et pour vivre
paisiblement avec eux, Ils ont adopté la coiffure bara. Ils sont ainsi devenus des Bara
manonga, ils ont ainsi établi de bonnes relations avec les tompontany et n’ont plus cherché à
retourner au pays. Les mariages entre Bara et Betsileo sont devenus fréquents et ont donné
naissance à un nouveau groupe, les « Bara bory »23
A leur arrivée en 1897, les Français remarquent la présence des Merina et Betsileo dans
la région bara :
BENSCH. E disait : « Ihosy était habité presque exclusivement par des Merina et des
Betsileo et parle également de l’importance de maisons et de magasins en plus des petits
commerces, des différents épiceries, des ventes de produits de luxes, des bars, des restaurants,
des hôtels et de la vente des produits agricoles et de bestiaux ».24
Durant la période coloniale, les courants migratoires merina et betsileo en direction
d’Ihosy ont continué. L’administration coloniale n’a pas donné des postes politiques aux
chefs qui sont peu instruits, le gouverneur est resté merina et cela a encouragé les populations
des Hautes Terres Centrales à s’installer dans la région et ils pratiquaient d’autres activités. A
l’époque, les Merina et Betsileo se sont intéressés aux cocons de ver à soie de l’Isalo, utilisés
pour le tissage de lamba landy, tissus de soie très appréciés par la population des Hautes
21
22
Monographie du district d’Ihosy 2005.
NARIMANANTSIORY R. : « … » op cit p.45
23
Ibid, p.43
24
Ibid, p.43
26
Terres Centrales, notamment par les nobles. Même les fonctionnaires s’intéressaient
également à cette fabrication du tissu de soie ou landy, en parallèle avec leurs activités
habituelles. Les descendants des migrants merina à Ilakaka disent que leurs aïeuls ont été
attirés dans la zone par le commerce de la soie de l’Isalo, ils collectaient la soie et les
revendaient à Antananarivo. Plus tard, ils ont repéré des vastes terres inhabitées et ont
demandé aux leaders coutumiers bara de s’y installer puis se sont mariés avec les autochtones.
2.3 : L’arrivée du christianisme
A Tompoananandrariny, durant la présence des gouverneurs merina, on note l’arrivée
des missionnaires protestants :
TOBIAS GARHE arrivait en 1888 et est décédé en 1889 et est enterré sur cette colline
même. JOHANE JOGEN BROCH Smith, un ingénieur architecte succéda à TOBIAS
GARHE. Grâce à sa spécialité d’architecte, il demande au gouverneur de s’installer près de
Tompoananandrariny, sur la colline en pierre appelée Ambatolampy. En 1891, il fit venir son
épouse KUNDA et sa fille ANNE vivre avec lui, mais à la fin de cette même année, sa fille
mourut d’une forte fièvre et fut enterrée sur place (à Ambatolampy). Puis plus tard, madame
KUNDA décéda aussi à son tour et fut enterrée à côté de sa fille.25
Les vestiges des tombeaux et le reste des maisons construites en briques, fabriquées à
partir de terre mélangée avec des débris d’os, ainsi que la forteresse en pierre utilisée comme
mur de protection sont les témoins de l’existence de l’ancien site d’Ihosy. La colline était
aménagée en plusieurs niveaux dont le plus élevé était le domaine des gouvernants et le reste
de la population sur les niveaux inférieurs.26
Déjà en 1896, devant la poussée démographique aggravée par les problèmes
d’approvisionnement en eau, le gouverneur RANDRIANJAFY annonçait le transfert du site
vers son emplacement actuel. Puis un incendie ravagea Tompoananandrariny en 1898, cela
rendit effectif le transfert même depuis 2 ans.
3. L’installation des autres migrants durant la période coloniale
Durant la colonisation, les causes d’implantation de la population étaient la pratique du
commerce et la recherche des terres fertiles.
25
26
Archives de l’Eglise Luthérienne Ihosy
Source visite de l’ancien site en déc. 2005
27
« En 1898, on comptait plus de cent trente marchands, le marché est un point de vente
de produits essentiellement agricoles, il donne l’image de la multiplicité des cultures qui sont
favorables dans cette région »27.
La polyculture et la fertilité du sol sont des facteurs majeurs incitant les migrants à
s’installer dans une région quelconque de Madagascar. Cela est également valable pour le cas
des migrants dans le district d’Ihosy.
3. 1 : Les Populations du sud-est
Les gens du sud-est commencèrent à s’implanter dans la ville d’Ihosy dès le début de la
colonisation. La situation carrefour d’Ihosy avait une grande importance car en cette période
les Bara avaient déjà de grands troupeaux. « Les Bara possèdent toujours un troupeaux dans
leurs villages d’origine »28
« En 1898, les originaires du sud-est étaient déjà parmi les grands commerçants de
bovins de Madagascar. Ils partaient pour Fort- Dauphin ou Itomampy dans le but d’acheter
des zébus et en revendaient non seulement à Vangaindrano avec un fort bénéfice mais aussi
vers Fianarantsoa et le nord. Ce sont des grands commerçants de bestiaux, l’achat ou la vente
se compte par milliers de têtes par mois. Au début ce commerce était encore favorisé par
l’exportation de peaux de bœufs, puis de la corne plus tard, pour Hambourg, effectuée par la
société « maison Soost et Brandon ». Ils réalisèrent ainsi de gros bénéfices »29.
En 1941, les Antaisaka créèrent un village dans la périphérie d’Ihosy (Ankadilanambe)
pour pratiquer l’agriculture et le commerce de bovidés pour approvisionner leur région
d’origine et voire même le reste de l’île. Le président du fokontany d’Ankadilanambe, né en
1948 dans ce village, raconte que son père était déjà sur place lors de la 1ère Guerre Mondiale.
Selon cet informateur, le village était déjà habité par les premiers occupants du lieu. Cela
confirme bien la création du village d’Ankadilanambe vers le début des années quarante. Leur
choix s’est fixé sur Ankadilanambe, après avoir tâtonné sur plusieurs sites de la zone.
Mais la migration des gens du sud et sud-est a connu un flux important vers Ihosy, à la
fin de la colonisation, c'est-à-dire vers la fin des années cinquante. Puis vers les années 1980,
le nombre de nouveaux migrants monte en flèche. Plusieurs familles sont concernées par cette
migration massive engendrée par les conditions de vie difficiles liées essentiellement à
l’insécurité rurale et la recrudescence des vols de bœufs et à la sécheresse. Ces migrations ne
27
NARIMANANTSIORY: op cit. P46
Ibid. p49
29
Ibid. P45
28
28
sont pas toujours définitives, elles peuvent être saisonnières mais aussi d’une durée variable.
Quoi qu’il en soit, la migration continue toujours
3 .2 Les migrants du sud
Les Bara ont reçu depuis longtemps des migrants venant du sud (les Tandroy) même si
ce groupe n’a pas l’habitude de s’installer définitivement. Voyant le climat favorable et le sol
fertile que dans leur région d’origine, ces migrants originaires du sud et sud ouest préfèrent
vivre en milieu rural.
« Entre 1930 et 1945, poussées par la disette, les populations du grand Sud ont connu
des départs massifs en direction du Nord et de l’Ouest car il y avait un recrutement de main
d’œuvre dans les grandes plantations qui y sont établies. Il y avait donc une nécessité
d’obtenir une autorisation de départ dans le but de bien contrôler les autochtones. Le départ
était enregistré, mais cela n’a pas empêché les voyages clandestins qui ont été importants,
notamment lors de ces disettes. En passant par Ihosy, quelques-uns, qui n’avaient pas de
passeport, y restèrent, chez des parents ». 30
Une personne âgée habitant dans le fokontany de Morafeno, commune urbaine d’Ihosy,
témoigne sur l’authenticité de la migration des gens du sud :
- Mr MAHEFA dit REKITOMBO, né en 1926 était dans la ville d’Ihosy en 1940 et y a
vécu à Morafeno jusqu'à sa mort en 2005,
-Mr NGOLOKY, né en 1920, arriva à Ihosy au moment de la colonisation, il possédait
beaucoup de terrains, il est retourné dans l’ Androy en 2005 à cause de sa vieillesse. Ce
dernier a dit que son seul problème dans le district d’Ihosy est l’insécurité, c’est la raison qui
a provoqué son retour dans sa région natale.
- Mr SAMBO FANOHERA né en 1918, arriva en 1932 pour chercher fortune vers le
nord. Mais son passage coïncida avec le recrutement de main d’œuvre pour la construction du
bâtiment du tribunal dans la ville d’Ihosy. En 1983, il possédait 300 têtes de bovidés, il était
victime de vols de bœufs et son troupeau est réduit à néant, et il n’a que 5 têtes actuellement.
II LES MIGRANTS ACTUELS DU DISTRICT
Depuis longtemps l’histoire d’Ihosy était marquée par la présence de différents groupes
ethniques dans le district. Cela met en exergue la diversité de cultures par la spécificité de
30
(GUERIN. M : « Les migrations : facteurs de l’évolution socio – économique de l’Androy », in terre
Malgache n°7 janv. 1970 p.15
29
chaque groupe. C’est l’unité dans la diversité car malgré les différences, la population ne
connaît pas de problème notable. Par la suite, chaque groupe ethnique a une activité
spécifique et se regroupe presque souvent dans un quartier comme : Morarano, quartier des
Betsileo et Morafeno celui des Tandroy
1. Les migrants dominants
Dans la ville d’Ihosy, les groupes les plus dominants sont les Merina, les Betsileo et les
originaires du sud-est
1 .1 : Les Merina
D’après ce que nous avons vu, les Merina pénétrèrent dans ce district au XIX ème
siècle. Actuellement, bon nombre d’entre eux ont tendance à s’installer définitivement. En cas
de décès certains enterrent leurs morts définitivement à Ihosy, d’autres utilisent une sépulture
provisoire en attendant le transfert des ossements dans leur région d’origine. Quelques
familles merina sont déjà des descendants d’anciens migrants. Elles sont de la 3è ou 4ème
génération. Ces familles sont remarquables par leurs maisons d’habitation de constructions
anciennes. Ces sont les principaux commerçants de la ville, avec leurs magasins, leurs
bijouteries.
Et puis, il y a des migrants récents qui font la navette entre Ihosy et Antananarivo en
pratiquant le commerce ambulant. Ces commerçants ambulants sont quasi-migrants
temporaires ou saisonniers. Chaque jour, ils transportent leurs marchandises au marché au
moyen du « Varamba »( moyen de locomotion locale), puis rentrent le soir. Ceux qui ont un
petit local commercial ne font pas le déplacement encombrant mais ouvrent leur boutique de
bon matin.
Dans un premier temps, ce groupe de migrants ne pense pas à une installation définitive,
ils viennent uniquement pour écouler leurs marchandises, ils habitent chez les tompontany en
tant que locataires ou bien chez les parents proches vivant sur place. Puis, si le commerce
marche bien, ils commencent par construire un magasin de stockage. Certains d’entre eux font
venir des membres de leurs familles.
En tout cas, ils jouent un rôle important pour l’approvisionnement de la région en
produits d’utilités diverses : des souliers, des produits de confection, des coupons de tissus
de toutes sortes, des produits de beauté, des ustensiles de cuisine, des fournitures ménagères
et des fournitures de bureau. L’existence de toutes ces marchandises entraîne une forte
30
affluence sur le marché qui concerne aussi bien les ruraux que les citadins, notamment au
moment du « tsena » ou marché hebdomadaire.
Les fonctionnaires et les personnels des sociétés privées s’ajoutent également à cette
liste de migrants récents. Parmi les gens sus – cités, certains pratiquent en parallèle avec leur
travail habituel une activité lucrative et quand cela rapporte bien, ils démissionnent pour
s’adonner à fond à l’activité considérée comme secondaire auparavant. A la fin, l’installation
tend à s’éterniser.
Ce tableau du service du plan du district d’Ihosy nous rapporte la répartition de la
population par secteur d’activité, en 1986 et 2004 en pourcentage
Tableau n°4: la répartition de la population par secteur d’activité (%)
Année
1986
2004
Secteur I
90
88
Secteur II
02
03
Secteur III
08
09
Selon ce tableau, la plupart de la population travaillent dans le secteur I c'est-à-dire dans
le secteur agricole, 90% en 1986 et 88% en 2004, dans le secteur II , il n’y a que 2% en 1986
et 3% en 2004 cela signifie qu’il manque d’industrie de transformation dans le district, le
secteur III c'est-à-dire la section des fonctions libérales et ceux qui travaillent dans
l’administration ne constituent que 8% en 1986 et 9% en 2004
cela montre le faible
pourcentage de la population travaillant dans l’activité commerciale et cela signifie que la
plupart de migrants merina se concentrent dans la commune urbaine d’Ihosy et leur faible
pourcentage se répartit dans le district.
1.2 Les Betsileo
Les Betsileo étaient en bonne relation depuis longtemps avec les Tompontany d’Ihosy.
Leur arrivée coïncidait avec celle des Merina pour renforcer l’armée royale lors de la tentative
d’unification de l’île peu avant la colonisation.
Actuellement, les Betsileo sont très performants dans le domaine de la riziculture. La
plupart d’entre eux habitent en milieu rural à la recherche d’une parcelle propice à la
riziculture. Ils s’installent dans un lieu déterminé après avoir reçu l’autorisation du chef local.
Dans la commune urbaine d’Ihosy, ils occupent les quartiers situés à proximité des rivières,
ce sont les bonnes terres rizicoles et favorables à l’élevage
bovin, très utiles pour le
« hitsaka » piétinage de la rizière par les bœufs. Certains profitent de la qualité du sol argileux
31
qui est favorable à la fabrication de brique : c’est le cas du quartier de Morarano et de la
commune rurale d’Ankily.
Ambia, chef lieu de commune rurale, est un village situé à 5km du centre urbain
d’Ihosy. La population de cette commune tout en restant betsileo, adopte les cultures et
coutumes bara. Ils parlent le dialecte bara mais ils conservent certaines coutumes de leurs
ancêtres, par exemple, pour la première coupe des cheveux du nouveau-né, ce rite est exécuté
obligatoirement par les parents selon les coutumes betsileo. Il en est de même pour la
circoncision. Ils tolèrent le mariage entre enfants de deux frères par contre celui d’enfants de
deux sœurs est considéré comme incestueux. Les Betsileo d’Ambia ne pensent plus à
retourner dans leur région d’origine. Ils enterrent leurs morts sur place. Ils sont bien acceptés
et peuvent subvenir à leurs besoins, leurs activités sont basées généralement sur l’agriculture
et l’élevage. D’après le témoignage du président du fokontany RAZAFINDRAZAKA Jean
Emmanuel, qui a 42 ans, son grand-père était arrivé dans ce village, il y a 120 ans, et son père
y était né. Ainsi, à cause de leur ancienneté dans ce petit village, ils se considèrent comme
Bara. Les nouveaux migrants n’ont pas encore de problème pour leur installation, car il y a
encore beaucoup d’espace libre. La plupart des nouveaux migrants dans ce quartier sont des
agriculteurs.
Le recensement effectué en avril 2004 dans les 19 communes du district par le service
du plan, montre l’importance de l’effectif des Betsileo et des Bara dans le district avec une
densité de 11,03hab/km2
Tableau n°5 : Répartition du nombre de la population du fokontany
Bemandresy,Commune Rurale d’Ambia
Ethnies
Effectif
Betsileo
300
Merina
60
Tandroy
140
Antaisaka
100
Total
600
Source : Chef Fnkontany Bemandresy 2006
Ce tableau montre que dans le Fokontany de Bemandresy, la dominance des Betsileo est
incontestable, mais les autres comme les Tandroy sont assez nombreux. Les Merina ne sont
pas négligeables non plus. Notons toutefois l’inexistence des Bara dans le village. Ce qui a
incité les Betsileo à s’éterniser dans ce village, ce sont les potentialités qu’il présente : grande
étendue de surface cultivable très fertile propice à la culture sèche, la périphérie constitue de
32
vastes pâturages favorables à l’élevage bovin. Malgré tout cela, il y a quelques problèmes car
toutes les activités agricoles ne suivent pas l’évolution de la technologie, toutes se font à bout
de bras et d’outils archaïques d’une part, et d’autre part l’insécurité règne dans la zone à cause
de la recrudescence des vols de bœufs.
Certains migrants betsileo arrivent dans le district en tant que fonctionnaires. Mais en
même temps, ils cherchent des parcelles à cultiver notamment à Mahasoa, Zazafotsy ou
Sahambano. Ils sont à la fois fonctionnaires et agriculteurs, entre ces deux activités, ils font la
navette entre le lieu où ils effectuent leur service et celui où ils pratiquent l’agriculture.
Les migrants betsileo ne connaissent apparemment pas de problème quant à leur
installation dans ce district. Certains se disent Bara car ils sont bien intégrés par les
autochtones, il en est de même pour le groupe des gens du sud-est.
1.3 Les populations du sud-est
Nous avons déjà vu auparavant que l’installation des gens du sud-est remonte à la fin du
XIX ème siècle.
Actuellement, les gens du sud-est sont partout présents dans le district. Ils se regroupent
dans un quartier situé à 2km de la ville d’Ihosy, dans le village d’Ankadilanambe. Dans ce
quartier, les Antaisaka sont majoritaires même s’il existe d’autres groupes ethniques du sudest (Antaimoro, Antaifasy, Zafisoro), et quelques Betsileo et Merina. Ces groupes non
dominants viennent dans ce village à cause des liens de mariage, c’est le cas des Antaimoro,
des Antaifasy, des Zafisoro. Ce sont pour la plupart des jeunes filles ou des femmes. Pour le
cas des hommes, ils sont là dans le but de chercher du travail et ils repartent quand ils
trouvent mieux à faire (recherche de saphir, etc. ….)
Ce petit village compte 961 habitants (recensement fait en janvier 2006) vivant avec les
moyens de subsistance traditionnels,
agriculture et élevage, dont 300 sont des enfants
scolarisés sur place à l’école primaire publique d’Ankadilanambe. Pour eux, scolarisation des
enfants est une forme de développement et de réussite de la vie. A part cela, être grands
propriétaires de terriens et grands producteurs agricoles en est également. Ces gens pratiquent
en même temps riziculture, cultures maraîchères, cultures sèches, petit élevage de volailles et
élevage bovin. Si certains migrants restent définitivement dans le district, d’autres pratiquent
l’activité des « mpamanga », ce sont des négociants en bovidés ou en produits miniers. Ces
derniers ne restent que temporairement et peuvent faire de va-et-vient.
Depuis l’avènement du saphir en 1998, le nombre de migrants augmente, le taux annuel
de la croissance démographique est vraiment galopante (voir tableau ci dessous)
33
Tableau n°6 : Evolution du nombre de la population du district d’Ihosy
de 1987 à 2005
Année
1987
1998
2003
2004
2005
Nombre de
population
64 719
101 069
176 456
188 983
203 165
Densité (hab. / km2)
3,77
5,9
10,30
11,03
11,86
Source : Recensement administratif au niveau de chaque commune, effectué par le
Ministère de la population
D’après ce tableau, en 11ans, entre 1987-1998, la densité de la population passe de 3,77
à 5,9hab. / km2 Par contre en 5ans, de 1998 à 2003 (période de courant migratoire vers Ihosy
à cause du saphir), la densité passe de 5,9 à 10,30 hab. /km2. Donc cette augmentation n’est
pas due à la croissance naturelle mais causée par une migration massive, les gens viennent par
familles entières et restent jusqu’à l’aboutissement de leurs objectifs, tout en conservant des
relations étroites avec leur région d’origine.
2. Les migrants non dominants
Presque tous les groupes ethniques de Madagascar sont présents dans le district d’Ihosy.
Mais le classement par ordre d’importance dépend de la durée de leurs installations dans le
district et de facteurs qui les ont poussé à quitter leur foyer de départ, nous considérons ici les
Tandroy et les gens du Nord.
2.1 : Les gens du sud
Comme les autres migrants du district d’Ihosy, les Tandroy s’éparpillent dans toutes les
communes et se regroupent dans un même lieu, dans la plupart des cas à la périphérie des
centres urbains. Ils s’intéressent à l’agriculture et ils ne s’installent en ville que de façon très
exceptionnelle.
- Ampandratokana (à 5km de la ville) : un village de salariés agricoles du centre de
formation agricole de la mission catholique. Ce sont des agriculteurs très performants.
- A Morafeno dans la périphérie du centre ville, proche de l’ancien site d’Ambatolampy
où ils pratiquent les activités agricoles, d’élevage et de maquignonnage.
Dans les régions limitrophes du district entre Ankaramena et Ihosy se trouve un
autre regroupement des Tandroy : à Andonaky
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Depuis1998,le fokontany d’Andohan’Ilakaky, compte 13 carreaux et chaque carreau
abrite entre 2000 à 4000 habitants, plus de la moitié de la population sont des originaires du
sud notamment des Tandroy. Cette arrivée massive a été confirmée par des gens que nous
avons enquêté dans leur foyer de départ à Antanimora dans l’Androy en mai 2005. Des
jeunes hommes ou des femmes ont quitté leur région natale pour la recherche de saphir. En
effet, certains fokontany ou hameaux dans leur région d’origine sont presque vides
d’hommes. Mais d’après les notables et les vieilles personnes, ils reviennent quand ils auront
accumulé assez d’argent pour acheter des bovins ou construire des belles maisons. Voilà
l’explication de l’importance de leur effectif dans les carreaux à Ilakaka
Tableau n °7 : Répartition de la population par groupe ethnique dans les carreaux
d’Ambalafary et de Satranabo, fokontany Andohan’Ilakaka,
Commune Rurale Ranohira
Total
Population résidents dans le
Ambalafary
Satranabo
carreau
Tandroy et Mahafaly
1701
3100
4801
Betsileo
132
354
486
Merina
37
88
125
Bara
56
0
56
Antanosy
0
310
310
Antaisaka,
0
221
221
Antaifasy, Zafisoro
0
132
132
Vezo et Tanalana
0
240
240
Thaïlandais et Sri lankais
38
0
38
Africain
0
100
100
Total
1964
4545
6509
Source : Chef de carreau d’Ambalafary et de Satranabo avril 2006
Ces deux carreaux nous montrent l’effectif dominant des Tandroy par rapport aux autres
groupes ethniques dans ce Fokontany. Parmi le nombre uni de Tandroy et de Mahafaly,
l’effectif de Tandroy est prédominant
2.2 : Les gens du nord
Les gens du nord sont parmi les groupes non dominants dans le district d’Ihosy. Leur
arrivée dans la région est une migration volontaire et ponctuelle à destination unique, au
Fokontany Andohan’Ilakaka pour la recherche de richesse liée à l’avènement du saphir. C’est
une migration semi-temporaire, ils viennent pour chercher ou acheter des pierres précieuses
car ils sont des spécialistes en la matière, puis retournent chez eux.
35
Dans la plupart des cas, ils arrivent seuls sans femme et enfants contrairement au gens
du sud qui sont venus en 1998. La première vague de migrants célibataires des gens du nord
sont arrivés en 1999, période de l’affluence généralisée à l’origine de l’hétérogénéité de la
population d’Andohan’Ilakaky. Les gens du nord se regroupent dans un carreau d’Ilakaky à
Mangatoka Morarano, c’est le carreau le plus célèbre des 13 à cause de l’effectif élevé des
habitants : 5000 habitants contre 2000 à 4000 habitants dans les autres, lors du recensement
de 2005.
D’autres migrants ne viennent pas forcément pour la recherche de pierres précieuses
mais pour exercer d’autres activités engendrées par cette affluence humaine : commerce,
restauration, transport, prostitution, bijouterie, activités libérales (médecin, couturières
etc.…).
En cas de réussite ils reviennent dans leur pays de départ et ramènent ce qu’ils ont
gagné. Plusieurs cas comme Monsieur Edmond qui est rentré chez lui en 2003 et revient en
2006 pour retravailler dans les carrières.
3. Les étrangers : des migrants non négligeables
Dans le district d’Ihosy, beaucoup d’étrangers viennent en raison de différentes activités
qui les intéressent tant dans la ville que dans les communes rurales. La plupart ont vécu
depuis longtemps, certains d’entre eux demandent la nationalité malgache, mais l’Etat
malgache n’en a pas accepté globalement. Au cas où leur demande serait refusée, ils décident
de se marier avec des malgaches, afin d’en acquérir facilement. Ces mariages mixtes sont à
l’origine du métissage dans ce district.
3 .1 : Les Indopakistanais et les Chinois
Les Indopakistanais et les Chinois exercent essentiellement des activités de commerce.
Ce qui les différencie c’est que les Indopakistanais se spécialisent dans le commerce des
pièces détachées, dans la boulangerie, dans la vente de tissus et effets vestimentaires, alors
que les Chinois s’intéressent à la collecte et vente des produits locaux agricoles.
3.1.1 : Les Indopakistanais
Dans la ville d’Ihosy, les Indopakistanais sont arrivés vers la fin de la colonisation. Le
père de ALIBAY Bandjee Amir Aly est le premier indien à s’y installer. De 1950 jusqu’à sa
mort à 86 ans en 1996, il a pratiqué l’activité de commerçant. Son fils Mr ALIBAY Bandjee
Amir Aly né en 1953 hérite de son commerce. Il s’est marié avec une femme malgache mais
36
détient encore la nationalité française. Actuellement, les descendants d’Alibay sont au nombre
de 35 résidents dans la ville d’Ihosy, pratiquent les activités commerciales comme leurs aînés.
3. 1. 2 : Les Chinois
D’après Mong Gine F. B. la première installation chinoise d’Ihosy remonte aux années
1930. Le frère de son père
a été le pionnier. Selon lui, la communauté chinoise de
Madagascar est généralement installée sur la côte est, car les Chinois s’intéressent aux
produits d’exportation comme le café, le girofle, etc. ….
Au début, ils pratiquaient le système du troc avec les paysans producteurs. Puis ils
revendent ces produits avec un bénéfice appréciable dans d’autres régions ou pendant la
période de soudure. Puis, plus tard, avec la scolarisation, les Chinois instruits commencent à
embrasser d’autres activités.
Monsieur Mong Gine F.B. raconte l’histoire de son arrivée à Ihosy Il est né en 1934 à
Nosivarika mais peu de temps après, son père mourut et sa mère épousa un malgache. Par ce
mariage, il a pu avoir la nationalité malgache. Mais ce n’est pas le cas de son frère aîné
beaucoup plus âgé que lui. Il a eu la chance de suivre des études. Actuellement retraité après
avoir été directeur des services de Batelage à Fort – Dauphin et à Manakara. Mong Gine F. B.
et ses parents ont vécu à Nosivarika jusqu’en 1947. Pendant le mouvement de 1947, ils ont
rencontré quelques problèmes et plusieurs d’entre eux décident de quitter cette localité et
migrent dans d’autres endroits. C’est à ce moment qu’ils se déplacent à Ihosy avec ses parents
ainsi que ses trois sœurs et ses deux frères, rejoindre son oncle chinois, déjà sur place. Il avait
13 ans à cette époque.
Actuellement dans le district d’Ihosy, ils sont plus de soixante dix familles qui
s’éparpillent dans les communes mais plusieurs d’entre eux habitent dans la ville d’Ihosy,
près de quarante cinq familles. Chaque ménage compte en moyenne cinq enfants. Mais parmi
ces 70 familles, quatre familles seulement sont des Chinois de souche, le reste étant des
métis. Voilà pourquoi, la plupart d’entre eux ont la nationalité malgache. En un mot, ils sont
bien intégrés dans le district d’Ihosy. En cas de décès, ils enterrent leurs morts sur place sauf
si le mort a émis un souhait quelconque avant sa mort, et cela dépend également de la
possibilité de la famille. Mais leur idéal c’est de ramener la dépouille mortelle de leur père en
Chine. La communauté chinoise d’Ihosy vit dans de bonnes conditions, les membres sont
pour la plupart propriétaires de maisons d’habitation ainsi que des magasins de vente. Ils ont
également leurs moyens de locomotion (camion, voiture légère). Actuellement, ils exercent
une autre activité en parallèle avec leur commerce habituel qui se transmet automatiquement
37
de père en fils. Pour ce qui concerne les études, leurs enfants ne vont pas loin, ils s’arrêtent
quand ils se sentent capables d’aider leurs parents dans leurs activités commerciales, c'est-àdire au moment de l’adolescence. Dans la jeune génération, le régime du mariage se fait
souvent dans l’endogamie soi disant pour préserver la physionomie externe chinoise (yeux
bridés, teint clair, cheveux lisses).
3. 2 : Les migrants récents étrangers : les exploitants de saphir
La nouvelle vague qui arrive dans le district est attirée par l’avènement du saphir depuis
1998. Beaucoup d’entre eux viennent de Sri lanka ou de Thaïlande dans le but de tirer profit
de l’exploitation du Saphir. Ce sont de gros négociants en pierres précieuses. Ils s’intéressent
à l’achat sur place pour les revendre à un bon prix à l’extérieur. En 2005 leur effectif est de
152, compte fait à partir de nombre de shops existants, qui est au nombre de 144 en tout dont
98sont tenues par les Sri lankais et 54 Thaïlandais.
L’arrivée de ces groupes de migrants étrangers attirés par le Saphir engendre beaucoup
de changement dans l’environnement physique et social dans le district, voire dans la région.
Le plus frappant est l’extension rapide de la localité d’Ilakaka, avec les constructions
modernes des étrangers qui côtoient les taudis des petits exploitants locaux. Les étrangers ont
déjà un standing de vie assez élevé, ils dépensent sans compter, sans marchander. Leurs
maisons d’habitation sont des bâtiments en dur avec tout le confort possible (eau courante,
électricité, sanitaire, etc., …). Ils roulent dans de belles voitures toutes neuves qui attirent le
regard le long de la Route Nationale n° 7. La vue de la réussite de ces Sri lankais et
Thaïlandais incite beaucoup de gens à tenter leur chance dans la recherche du saphir :
agriculteurs, fonctionnaires, chômeurs quittent leur activités habituelles dans l’espoir de
s’enrichir rapidement à la découverte de quelque pierre précieuse et rêvent de devenir patron.
Mais l’impact de cet argent qui coule à flot dans les communes environnantes c’est
l’augmentation du coût de la vie, car l’offre ne satisfait plus la demande. Quelques Européens
vivent également dans le district d’Ihosy.
3.3 : Les Européens
Les Européens vivent dans le district, ce sont surtout des migrants récents. Ils viennent à
Madagascar pour la mission religieuse, leur nombre ne dépasse pas la centaine. Ce sont des
membres des communautés religieuses comme l’Eglise Catholique Romaine (ECAR) et la
mission norvégienne de l’Eglise Luthérienne malgache ou FLM.
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Tableau n°8 : Les étrangers dans le District d’IHosy et leurs activités
Date d’arrivée à
Madagascar
Septembre 1998
Septembre 1998
1938
30 Janvier 2003
Natif de
Madagascar
6 Juillet 1998
Natif de
Madagascar
19
décembre 2003
1974
Nom
Nationalité
COLOMBE
Anne
LEMOINE
Laurent
LEONIE Colbert
Française
TIERCELIN
Françoise
COLOMBIE
Philippe
COLOMBE
Gilbert
COLOMBE
Marc
TOURAINE
Française
Française
Italienne
Française
Française
Française
Activité
professionnelle
Directrice générale
Missionnaire
religieux
Missionnaire
religieux
Chef de projet
30 Janvier 1949
en France
09 Novembre
Responsable de la
1968 à Tananarive maintenance
09 Janvier 1948
Gérant de société
20 Février 1970 à
Tananarive.
Mai 1968 à Patin
France
Janvier 1934
Ingénieur.
Responsable de la
menuiserie
GRIMALDI
Italien
Missionnaire
religieux
1980
SENATHO
Italienne
1944
Missionnaire
religieuse
Source : Données de la commune Urbaine d’Ihosy et de la Commune rurale de Ranohira
D’une manière
Française
Date de naissance
et lieu
20 Août 1972 en
France
28 Mai 1937 en
Italie
1910 en Italie
générale, les missionnaires de l’ECAR viennent pour une durée
indéterminée. C’est pour cela qu’ils sont considérés comme des migrants définitifs (étrangers
qui ont obtenu un visa de long séjour). Tandis que pour les missionnaires de la FLM, des
Norvégiens, ils sont affectés dans la région le temps de l’accomplissement d’un projet à durée
limitée. Ces missionnaires protestants ne sont pas enregistrés dans la liste des étrangers
définitifs. Ces norvégiens arrivent avec femmes et enfants puis repartent quand leur mission
est terminée. C’est le cas des missionnaires de la SOFABA (Soritr’asa Fampandrosoana ny
Faritra Bara), qui dirigent divers projets : scolarisation des enfants, appui à la santé,
amélioration des conditions de culture. Les lieux d’activité sont les zones les plus enclavées
des communes rurales et la population cible c’est surtout les Bara. Par contre, les
missionnaires catholiques arrivent pour apporter plusieurs formes d’aide à la population
locale, surtout les démunis. Outre la prédication de l’évangile, ils construisent des écoles :
Exemple : Sainte Catherine et le Collège saint Pierre Chanel dans la ville d’Ihosy, le
Collège Fandana dans la commune rurale de Zazafotsy.
Sainte Catherine est une école primaire privée. Le résultat au CEPE atteint les 100%
tous les ans. Le collège saint Pierre Chanel, est en même temps collège et lycée, cette
Institution reçoit des élèves de la 6ème à la terminale. Le résultat au BEPC tourne autour de
39
80% tandis que pour le Baccalauréat, le taux de réussite varie de 70 à 75%. Pour le collège
Fandana dans la commune rurale de Zazafotsy, les élèves de 6ème à la 3ème avec internat,
paient une pension mensuelle de 9 000ariary à 10 000ariary.
Nous avons vu dans cette partie le cadre naturel (le climat, le relief, les sols, les
végétations et les réseaux hydrographiques dans le district d’Ihosy), l’historique du
peuplement (installation des autochtones et des migrants ainsi que l’arrivée du christianisme).
Par ordre d’importance, les migrants dans le district d’Ihosy sont les Betsileo, les gens
du Sud Est, les Tandroy et les Merina. Les Indopakistanais et les Chinois étaient déjà sur
place pendant la période de la colonisation. Les gens originaires du Nord de l’île sont arrivés
beaucoup plus tard surtout avec l’avènement du saphir ainsi que les Thaïlandais et les Sri
lankais.
40
Deuxième Partie
LES ACTIVITES DE LA POPULATION DANS LE DISTRICT
D’IHOSY.
41
Chapitre III : LES ACTIVITES TRADITIONNELLES
Elles sont basées essentiellement sur l’élevage, l’agriculture et la pêche en eau douce.
I – L’ELEVAGE
Le district d’Ihosy est célèbre dans ce domaine non seulement pour l’élevage bovin
mais aussi pour l’élevage porcin et pour celui des volailles.
Depuis toujours, la pratique de l’élevage a une importance majeure pour la population
surtout chez les Tompontany (Bara).
1- L’élevage bovin :
Le nombre de têtes de bovidés d’un individu constitue un indice pour évaluer sa
richesse. C’est un signe de prestige social. Parmi les trois types d’élevage suscités, celui de
bovin est le plus pratiqué par la majeure partie de la population.
1-1- L’élevage bovin dans la ville :
Les quartiers périphériques de la ville d’Ihosy : Andrefatsena un quartier mixte,
Morarano celui des Betsileo,
Morafeno celui des Tandroy, Ankadilanambe celui des
Antaisaka et Ampandratokana celui des Tandroy sont les zones habitées par des éleveurs
bovins de la ville.
Auparavant, les zones de pâturage étaient situées à proximité de la ville. Mais
actuellement, à cause de l’extension de celle-ci, les éleveurs ont tendance à chercher des
pâturages assez éloignés pour la tranquillité du bétail et pour une meilleure qualité du
fourrage.
Néanmoins, quelques parcs à bœufs existent toujours pour collecter la fumure qui va
servir pour les cultures maraîchères.
L’élevage bovin pratiqué est le système extensif pour préserver l’agriculture. Dans la
ferme des religieux à Ampandratokana, ils utilisent le système proche de l’intensif pour
faciliter le métissage de la vache zébu locale avec la race Brahman (Ranâ), race normande
réputée pour la production de lait.
42
Photo n°1 : Quartier Ankadilanambe qui se trouve à la sortie de la ville d’Ihosy, où on rencontre
surtout les gens du Sud-Est. Au premier plan, on remarque la présence d’un périmètre où les
migrants pratiquent la culture maraîchère. Ils sont justement en train d’utiliser des bœufs pour
piétiner la terre. Les maisons construites, pour la plupart en terre battue, montrent l’aspect rural
du quartier. (Cliché : auteur)
Photo n°2 : La périphérie de la ville est dominée par la riziculture. Sur la partie non irriguée, les
gens pratiquent la culture sèche. Pendant la morte saison, les rizières constituent une zone de
pâturage pour les bœufs.
(Cliché : auteur)
43
1-2- L’élevage bovin dans les communes rurales :
L’élevage bovin est une activité traditionnelle des Bara. Ils vivent surtout en brousse,
dans les communes rurales. Ainsi, ils jouissent de vastes espaces pour pratiquer l’élevage.
Les Bara, malgré leur richesse en têtes de bovin, vivent d’une façon modeste et la vente
du lait est rare car du temps de leurs ancêtres, c’était interdit. Actuellement, ils commencent à
commercialiser le lait dans les centres urbains, dans les marchés locaux ou tsena :
(Sahambano, Irina, Ambararata …) et dans
les marchés à bestiaux « Tsenan’omby » :
(Mahasoa, Ambatolahy, Satrokala …)
Les zébus du district d’Ihosy se regroupent en troupeau ayant un effectif variant d’une
dizaine de têtes de bovidés jusqu’à quelques centaines, pouvant même atteindre parfois plus
de mille têtes. Mais avec la recrudescence des vols de bœufs, les petits et moyens troupeaux
sont réduits à néant alors que ceux des « mpanarivo » grâce à leurs réseaux de clientèle
jouissent d’une protection efficace et sont préservés du fléau. Leur première préoccupation est
d’augmenter leur cheptel.
Le district d’Ihosy constitue la principale zone d’élevage de la région. Il s’agit de
secteurs enclavés renfermant d’immenses pâturages.
Tableau n°9 : Répartition de l’effectif des zébus dans la région d’Ihorombe
année 2005
Région
District
IHOSY
IVOHIBE
IAKORA
Nombre de cheptel
153.978
IHOROMBE
35.301
26.229
TOTAL
215.568
Source : Direction Régionale du Développement Rural (D.R.D.R)
D’après ce tableau, nous voyons qu’en 2005 le district d’Ihosy possède plus de la moitié
de l’effectif total soit 153.978 sur 215.568 bovidés. Cela montre également que les gros
éleveurs sont concentrés dans le district d’Ihosy.
Le tableau suivant montre les communes riches en bovidés du district.
Tableau n°10 : Les communes riches en bœufs du district d’Ihosy
(année : 2005)
District
IHOSY
Commune
Nombre de cheptel
SATROKALA
20.250
MAHASOA
13.900
ANALAVOKA
10.000
SOAMATASY
30.789
TOTAL
74.939
Source : Service du plan district d’Ihosy.
44
Ce tableau montre les quatre communes rurales ayant un effectif élevé en bovidés.
L’effectif s’élève à 74.939 c’est-à-dire , 48% par rapport à l’effectif total au niveau du district
d’Ihosy. Les 15 autres communes se partagent le reste.
Les principaux marchés à bestiaux du district sont : Ihosy, Mahasoa, Ambatolahy,
Satrokala. Comme tout commerce, le marché aux bestiaux fonctionne selon la loi de l’offre et
de la demande.
Tableau n°11 : Evolution de la vente mensuelle de 1997,
1999, 2000, 2004 et 2005.
Mois
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
1997
435
772
908
1315
725
712
281
106
313
521
1134
1287
1999
561
798
971
1537 1881
984
359
215
293
547
1066
1495
2000
319
460
815
1284 1037
651
342
297
331
418
821
1117
2004
368
828
1492 1736 1704 1023
524
278
325
725
1205
907
2005
425
580
1370 1650 1476
630
321
298
630
1103
880
Année
940
Source : Service du plan commune urbaine d’Ihosy.
Toute l’année, le marché hebdomadaire a toujours lieu mais c’est la vente qui connaît
des hauts et des bas suivant la saison et les besoins du propriétaire. Le mois de décembre qui
coïncide avec la récolte du riz est une période faste pour les commerçants.
Les agriculteurs profitent de la vente du riz pour augmenter l’effectif du troupeau. A
cette période, le zébu se vend à un bon prix car les demandes sont nombreuses. Par contre, la
période de soudure coïncide avec la saison sèche (juillet août), la vente connaît une baisse,
même les bêtes souffrent aussi de cette sécheresse et ne supportent pas de longs trajets pour
venir jusqu’au marché.
1.3 : Le rôle du bœuf dans la vie sociale
L’exploitation du troupeau est avant tout cérémonielle (bœufs sacrifiés ou offerts lors
des funérailles ou de la circoncision.
La constitution des troupeaux est individuelle, c’est-à-dire que la propriété des animaux
est individuelle, mais le troupeau regroupe les animaux de plusieurs personnes apparentées.
Il y a en fait trois niveaux de propriétaires :
- Le propriétaire apparent est l’homme que l’on dit propriétaire du troupeau. C’est
l’aîné, ou le plus puissant des copropriétaires, ou celui qui a intérêt à se mettre en avant,
car il n’a rien à se reprocher des autorités.
45
- Les propriétaires réels sont ceux dont les bœufs composent le troupeau. Ils sont
reconnus comme propriétaires car chacun connaît les robes de ces bêtes.
- Les propriétaires fictifs sont ceux qui sont inscrits dans les « cahiers de bovidés »
destinés à l’administration. Ce sont les femmes et les enfants qui jouent ce rôle afin que
les propriétaires réels n’apparaissent pas.
Cette habitude date de l’époque de l’impôt des zébus, aboli en 1972, mais que les
éleveurs croient toujours en vigueur.
Pour la convenance des propriétaires, un important troupeau peut être divisé en sousensembles affectés à des espaces différents :
- quelques bêtes, bœufs de trait, animaux affaiblis (boroka) ou destinés à la vente sont
gardés en permanence aux alentours du village.
- La majeure partie du troupeau reste dans le pâturage « Tanin’omby » surveillée par
les bouviers qui se relaient dans des campements.
- Une autre partie du troupeau peut même être laissée à l’état sauvage, le plus souvent
dans un pâturage comprenant une forêt ou dans les dépressions de la colline où les
bœufs peuvent se cacher.
Les bœufs remis à l’état sauvage ne sont pas perdus pour le propriétaire. Chacun sait à
qui ils appartiennent. Le propriétaire peut les récupérer grâce au service d’un spécialiste, un
« mpiarak’andro ».
Donc les éleveurs possèdent des stratégies pour la conservation de leur richesse mais le
problème des vols de bœufs persiste toujours. Quoi qu’il en soit, les potentialités qu’offre la
zone, incitent les migrants à s’installer d’une façon définitive.
2- L’élevage de volailles
L’élevage de volaille est aussi une activité régulière de la population du district d’Ihosy
occupant la 2ème place après le district d’Ivohibe, d’après le tableau ci-dessous.
Tableau n°12 : Répartition par district du nombre de volaille dans la région
d’Ihorombe année 2005.
District
Nombre de volaille
IHOSY
189.500
IVOHIBE
190.000
IAKORA
4.000
TOTAL
383.500
Source : Direction Régionale de Développement Rural.
46
Presque chaque famille en milieu rural a son petit élevage de volailles. La race locale est
la plus répandue. L’élevage de volaille qui attirent les gens : des poules, des canards et des
dindes. Ces volailles sont destinées à honorer les visiteurs, à être servies pendant les repas de
fête et pour le but lucratif en cas de besoin d’urgent d’argent.
Dans la plupart des cas, c’est un système d’élevage extensif qui consiste à laisser picorer
les bêtes ici par là sans soins particuliers.
Mais actuellement, dans la périphérie de la ville d’Ihosy, certaines gens commencent à
adopter une nouvelle forme d’élevage avicole beaucoup plus moderne : élevage de poules
pondeuses, pour la production d’œufs à vendre et, élevage de poulets de chair pour la
production de viande. C’est un système d’élevage moderne nécessitant beaucoup de soins,
tant pour le parcage que pour l’alimentation. Cet élevage moderne de poulets assure le
ravitaillement de la ville d’Ihosy et de ses alentours en œufs et en viande de poulet.
Pour le moment, l’aviculture est pratiquée à petite échelle au niveau familial, elle assure
non seulement des besoins alimentaires des éleveurs mais contribue également au revenu
familial.
Tableau n°13 : Evolution du nombre de volailles dans le district d’Ihosy
2003-2004.
District IHOSY
2002
2003
2004
Recensement administratif
167.000
169.160
189.500
Estimation
188.000
210.050
250.500
Source : Direction Régionale de Développement Rural.
Dans ce tableau, si l’on considère les résultats du recensement administratif, nous
pouvons dire que l’élevage de volaille dans le district n’a presque pas changé, avec une faible
augmentation de 2000 têtes. Et en 2004, l’augmentation est quand même non négligeable car
elle est de 20.000, c’est-à-dire, 10 fois par rapport à celle de 2003.
Quant aux estimations, elles permettent d’apprécier que certains éleveurs s’intéressent
de plus en plus à l’élevage moderne dont la nette augmentation s’opère 20.000 têtes entre
2003 et 2004.
3 – L’élevage porcin.
C’est un élevage assuré par les migrants Betsileo et Antaisaka et commence à être imité
par d’autres groupes. L’élevage porcin est répandu sur tout le district avec un débouché pour
l’approvisionnement des nombreux restaurants et gargotes qui longent la RN7.
47
Le système d’élevage semi-intensif y est pratiqué. Les animaux sont généralement
parqués de façon permanente. Mais après la moisson, les troupeaux sont emmenés dans les
bas-fonds où le sol est humide pour y chercher des vers de terre. C’est un mouvement
pendulaire, ils sortent le matin et ne rentrent qu’en fin d’après – midi. Entre temps, ils
risquent de ravager les champs et surtout les diguettes. Ce système est pratiqué par les
personnes qui n’ont pas le temps de garder leurs porcs dans un lieu fixe.
Mais le cas le plus fréquent, c’est le parcage des porcs en permanence, toutefois
ambigus et le nettoyage des lieux.
En réalité, les éleveurs ne connaissent pas beaucoup de problèmes pour nourrir leurs
bêtes, car on trouve facilement des sons de riz (ampombo dila), de manioc sur place : ce sont
des aliments appréciés par les porcs.
Nous allons voir dans le tableau suivant la répartition du nombre de porcs dans la région
d’Ihorombe.
Tableau n°14 : Répartition par district du nombre de porcs dans la région
d’Ihorombe année 2005.
District
Nombre de cheptel
IHOSY
1920
IVOHIBE
930
IAKORA
300
TOTAL
3154
Source : Recensement administratif du Service du plan.
Ces chiffres nous montrent que l’élevage porcin est une activité complémentaire pour la
population locale, les familles qui le pratiquent ne possèdent pas plus de 10 têtes.
C’est une occupation très rémunératrice car la vente de produits de l’élevage est une
source de richesse non négligeable pour l’éleveur.
Nous allons voir, comment évolue cet élevage porcin dans le district d’Ihosy.
Le recensement administratif effectué par la Direction Régionale de Développement
Rural (D.R.D.R) montre qu’il n’y a pas d’évolution notable sur le nombre de porcs durant ces
trois dernières années.
Tableau n°15 : Evolution du nombre de cheptel porcin.
Années
2003
2004
2005
Recensement Administratif
Estimation
2.900
1.920
3.200
1.920
1.920
1.920
Source : Direction Régionale de Développement Rural.
48
D’après ce recensement administratif, le cheptel porcin a connu une légère hausse en
2004 et une baisse considérable en 2005. Selon les estimations pourtant l’effectif du cheptel
reste stationnaire. Cela est peut-être dû au fait que les éleveurs de porcs ne gardent que la
femelle reproductrice, ils vendent les petits dès l’âge de 1 mois. Des fois aussi, ils engraissent
quelques têtes pour les vendre aux bouchers et remplacent les bêtes vendues.
A part l’élevage, la population du district pratique l’agriculture, de la riziculture, des
cultures sèche ou des cultures maraîchères.
II – LES CULTURES
Le district d’Ihosy possède de vastes espaces propices à la culture. La situation des
surfaces cultivables et cultivées de la région d’Ihorombe est résumée dans le tableau suivant :
Tableau n°16 : Répartition spatiale du terrain cultivable dans la région
d’Ihorombe.
Superficie cultivable Superficie cultivée Pourcentage de superficie
(ha)
(ha)
cultivée (%)
IHOSY
66.859
51.684
72,02
IVOHIBE
22.095
15.640
70,78
IAKORA
62.859
36.464
58,00
REGION
151.813
103.788
66,66
Source: Service du plan Ihosy.
District
1-La riziculture
La riziculture occupe de vastes étendues dans la région bara, notamment dans le
district d’Ihosy, plus de 75% des surfaces cultivées (DRDR-IHOSY) sont occupées par
le riz qui est devenu la base de l’alimentation de la population.
La valeur marchande du riz est bien supérieure par rapport aux autres cultures
vivrières (manioc, maïs, patate douce, etc.). C’est un moyen efficace et sûr pour
acquérir des zébus. A part les paysans, des fonctionnaires pratiquent aussi cette
culture.
Les paysans exploitent leurs propres parcelles, ceux qui n’en possèdent pas
doivent louer ou optent pour le système de métayage. Le métayer exploite les parcelles
et partage les récoltes avec le propriétaire du terrain.
Depuis leur implantation, les paysans ont eu la chance d’occuper des rizières
qu’héritent leurs descendants actuellement mais le problème, c’est l’étroitesse de la
49
rizière sur le bas-fond (zones inondables des cours d’eau pérennes ou de dépression)
car les descendants sont nombreux).
L’extension de rizière n’est possible, donc les gens commencent à aménager les
Tanety (la colline).
En effet, la riziculture du district d’Ihosy s’effectue sur deux topographie
différentes : la riziculture sur le bas-fond et la riziculture sur la colline (vary en tanety).
1-1 : La riziculture de bas-fond
Le riz est cultivé dans les zones inondables des cours d’eau pérennes ou des dépressions.
L’irrigation traditionnelle se fait à l’aide de petits canaux de dérivation construite par les
villageois à partir du lit de la rivière ou d’une source.
Il existe trois saisons de culture de riz dans le district d’Ihosy. Elles varient légèrement
en fonction du climat.
-Le vary aloha : tout le cycle de la culture du riz s’effectue durant 5 mois dans cette
région.
Pour le vary aloha, la culture commence au mois de juillet par la préparation du champ,
les semis en pépinière. Les travaux de repiquage s’effectuent du mois d’août jusqu’au mois de
septembre. La période de récolte a lieu de la fin du mois d’octobre jusqu’à fin novembre.
-Le vary antonontao : la période où l’on cultive le vary antonontao est considéré
comme la 2ème saison de culture de riz.
On commence au mois de septembre la préparation du champ et le semis. Les pépinières
suivies du repiquage s’effectuent du mois d’octobre au novembre.
Enfin, les mois de janvier et février sont consacrés à la moisson.
-Le vary afara appelé couramment vary Tsipala, est considéré comme la dernière
saison de culture. C’est la meilleure qualité de riz du district.
La semence se fait au début du mois de décembre et dès la fin de décembre à janvier, les
jeunes pousses sont prélevées et repiquées dans d’autres parcelles déjà préparées pendant le
mois de janvier et février.
La culture se fait toujours en ligne. L’intervalle entre deux pieds de riz est d’environ 15
à 20 cm.
Pour les retardataires, le repiquage se termine au mois de mars. Avant le repiquage, la
préparation de la parcelle se fait par le piétinage par les bœufs car l’utilisation de charrue est
assez rare. C’est une méthode traditionnelle qui tient toujours, elle consiste à utiliser les bœufs
50
pour piétiner les rizières, leurs sabots s’enfoncent dans la terre pour ameublir facilitant ainsi le
repiquage.
Après celui-ci, il ne reste qu’à attendre la récolte: 5 mois après le semis.
Les différentes étapes des travaux rizicoles sont:
- Le semis (Mamedra-bary) ;
- La confection des pépinières (confection hidim-bary) ;
- La réfection des canaux et diguettes ;
- La mise en eau des parcelles à piétiner ;
- Le piétinage (Hitsaky) ;
- Le repiquage (Mañetsa) ;
- Le sarclage est rarement pratiqué (destiné pour le vary afara et Antonontao) ;
- La récolte (Mila vary)
- et le battage (Mamofo-bary).
Les gros travaux tels que le piétinage, la récolte et le battage nécessitent l’entraide de la
population locale.
Tableau n°17 : Résumé des différentes saisons rizicoles du district d’Ihosy.
Période rizicole
Type de riz Semis en pipière Repiquage
Récolte
Laniere
ALOHA
Tsimataotrosa
Juin - juillet
Août- sept
Oct –nov
(juin – novembre)
second
ANTONONTAO
Mangafotsy
Sept - oct
Nov -déc
Janv –fév
(oct –fév)
Angiky
AFARA
Tsipala
Déc - janv
Janv -fev Mai –début juin
(déc – juin)
Somadamo
1-2. La riziculture de colline.
Contrairement à la riziculture inondée ou « an-koraka », la riziculture sèche ou
« vary an-tanety » ne nécessite pas une irrigation permanente. Elle se fait pendant la
saison pluviale et la récolte dépend de l’abondance de précipitation.
La technique de culture n’a pas beaucoup changé, ce sont toujours les mêmes outils
qu’avaient utilisés les ancêtres.
La période de culture se fait en même temps que le « vary afara » et n’a lieu qu’une
fois par an.
51
Photo n°3 : Quartier Manjakandrenombana où sont concentrés les migrants de leur différente
origine. La présence toujours d’une rizière juste à proximité des maisons d’habitation montre
l’importance de la riziculture.
(Cliché : auteur)
C’est cette riziculture sur « tanety » qui est également appelée « vary afara ». Elle ne se
fait qu’une fois par an d’autant plus que l’aménagement de la rizière est beaucoup plus
pénible par rapport aux rizières inondées.
Pour augmenter leur récolte en « vary afara », les paysans essayent d’étendre leur
rizière en amendement les vastes collines en pensant aux bénéfices qu’ils vont en tirer, les
paysans s’arment de courage et ne rechignent pas devant la dureté des travaux d’extension des
rizières. Grande surface cultivée est synonyme de sécurité alimentaire prolongée pour l’année.
En général, les sols sont fertiles, ils ne nécessitent pas l’utilisation d’engrais chimiques.
Les criquets, l’insuffisance en eau et les mauvaises herbes constituent les principaux
problèmes des paysans. Mais depuis l’opération « valala », les criquets se raréfient et les
cultures n’en souffrent plus. Par contre, le problème de l’eau et des mauvaises herbes persiste
toujours.
52
Tableau n°18 : Production rizicole dans le district.
Année
Production en
Tonne de paddy
1996
1997
1998
1999
2001
2003
2004
19.265 13.435 14.280 9.093 16.100 18.762 19.324
Rendement
(t/ha)
___
___
___
1,2
___
2,2
2,0
Source : Service du plan Ihosy.
La production rizicole varie d’une année à l’autre mais sans grand changement en ce qui
concerne la quantité produite. Plusieurs événements se sont produits entraînant ainsi la
variation de la production. En 1999, cette diminution de la production est occasionnée par le
fait que beaucoup de paysans ont abandonné leur activité agricole dans l’espoir de s’enrichir
rapidement lors de l’événement du saphir.
Puis le besoin en riz s’est fait sentir, le prix a augmenté. Les déçus du saphir se sont
remis à leur activité habituelle, en essayant de produire plus. Puis en 2003, l’Etat a organisé
un concours sur la riziculture. Motivés par la prime offerte, les riziculteurs ont essayé de faire
de leur mieux pour augmenter le rendement: 2,2 t/ha en 2003 et 2,0 t/ha en 2004.
Tableau n°19 : Besoins en riz dans le district pour les années 1999 – 2003 – 2004.
1999
2003
Population
99.947
176.628
Superficie cultivable (ha)
66.859
Superficie cultivée (ha)
7.053
8.400
Récolte (t)
9.093
18.762
Besoin en riz (t)
13.862
22.688
Déficit (t)
- 4.769
- 3.926
Rendement (t/ha)
1,2
2,2
Source : Direction Régionale de Développement Rural.
2004
188.983
9.662
19.324
23.742
- 4.418
2,0
La récolte en riz ne couvre pas le besoin de la population cela est vérifié par le déficit de
– 4.769 t en 1999, - 3.926 t en 2003 et – 4.418 t en 2004. La superficie cultivée n’atteint pas
les 15% de la superficie cultivable. Donc il est encore possible d’étendre la superficie
cultivée.
Le rendement par hectare est de l’ordre de 1,2 t à 2 t/ha qui est assez faible par rapport à
d’autres régions qui peuvent atteindre un rendement de plus de 5 t à l’hectare lors du concours
organisé par l’Etat.
A côté de la culture du riz, les cultures sèches prennent la seconde place dans le district.
53
2- Les cultures sèches.
Les cultures sèches occupent près de 15% des superficies cultivables (données de la
direction régionale de développement rural). Elles concernent notamment la production de
patate douce, de coton, d’arachide, de maïs, de manioc…
Les cultures sèches dépendent de la quantité des précipitations. Si celles-ci sont
suffisantes, la récolte pourrait être bonne. Dans le cas contraire, la population ferait face à une
période de soudure assez prolongée.
2-1. La culture du manioc.
La plantation commence au mois de novembre. Après la mise à feu, les champs
nouvellement aménagés sont labourés puis travaillés en buttes espacées de 40 cm environ. La
culture se fait par bouture de 10 à 15 cm environ enfoncée verticalement dans la butte et ne
laissant apparaître qu’un petit bout de 3 à 5 cm.
Trois variétés des maniocs sont cultivées : le Balahazo madamo menamolotra qui
différencie par la présence de tige rougeâtre( Manihot sp1) , le Balahazo fotsy se caractérise
par la présence de tige blanchâtre (Manihot sp2 ) et le Madarasy ( Manihot sp3) , cet espèce se
différencie par ses petites feuilles par rapport aux autres.
Les champs de culture peuvent se trouver à proximité des habitations ou dans des
champs éloignés occupant de vastes espaces. La culture de manioc est effectivement rentable
car les variétés cultivées s’adaptent bien au climat de la région. Après un an de plantation, la
récolte peut atteindre 8 à 9 charrettes à l’hectare (trois charrettés équivalant à une tonne). Son
transport vers l’habitation se fait par le moyen de charrette et cela dépend de son abondance.
Pour le mode de conservation, on enlève les écorces du manioc qu’on fait sécher pour résister
jusqu’à la période de soudure.
Tableau n°20: Campagne de manioc 1999 – 2004.
1999
2000
2001
2003
2004
Superficie (ha)
8.320
2.940
2.770
2.715
2.432
Production (t)
86.528
29.400
20.850
21.640
15.592
Rendement t/ha
10,4
10
7,53
7,97
6,41
Source: Service du plan Ihosy.
Ce tableau nous montre que la superficie cultivée diminue d’année en année. Entre 1999
et 2000, cette diminution est de 5.380 ha, cela vient du fait que les paysans négligent ces
54
travaux des champs pour tenter leur chance dans la recherche du saphir. Et depuis, la surface
exploitée reste quasi stationnaire, autour de 2.500 ha mais le rendement ne cesse de décroître :
de 10,4 t/ha en 1999, il n’est plus que de 6,41 t/ha en 2004. Le facteur climatique joue
également un rôle majeur dans la diminution du rendement, car les précipitations ne sont pas
assez satisfaisantes.
Le maïs et le manioc sont des aliments qui remplacent le riz pendant la période de
soudure.
2 – 2. La culture du maïs.
Bien que le maïs soit un aliment de remplacement du riz pendant la période de soudure,
il n’est pas cultivé à grande échelle : ce sont des petites parcelles éparpillées un peu partout.
Sa culture ne nécessite pas de travail pénible mais elle est considérée comme une routine lors
de la saison pluvieuse.
Photo n°4 : Quartier Morafeno à prédominance Tandroy. Au premier plan, on remarque la présence
de quelques résidus de cactus (Raketa) que les migrants ont essayé d’adapter.
(Cliché : auteur)
55
Le maïs s’adapte bien aux conditions naturelles du sol local, il exige seulement un peu de
labour et sa plantation consiste à creuser des trous de quelques centimètres de profondeur
dans le sol à l’aide de la bêche et à mettre les semis dans chaque trou puis à boucher celui-ci
par le pied pour protéger les grains contre les animaux.
Un pied de maïs peut donner 4 à 5 épis. La culture commence à la second pluie, c’est-àdire, la période qui coïncide avec la récolte du riz « Antonontao » (janvier – février). Le mais
est récolté au bout de 3 mois.
Tableau n°21 : Rendement 2003 – 2004 du maïs dans le district d’Ihosy.
Année
Superficie (ha)
Production (t)
Rendement (t/ha)
2003
243
486
2
2004
218
545
2,50
Source : Direction Régionale de Développement Rural Ihosy.
Ce tableau nous montre que le rendement de maïs dans le district est de l’ordre de 2 t/ha
et cette culture reste une activité secondaire, l’on n’utilise que de petites parcelles pour
l’autoconsommation. Face à la diminution du terrain de culture en 2004, le rendement
augmente de 2,5 t/ha parce que les cultivateurs commencent à introduire l’usage des engrais
chimiques.
2 – 3. La culture de la patate douce :
En ce qui concerne la patate douce, elle constitue aussi une activité secondaire pour la
population locale.
D’après nos enquêtes sur le terrain dans le district, cette culture occupe à peu près la
même superficie que le maïs.
La culture de la patate douce se fait comme le manioc avec le système de buttes,
préparées à l’avance. Seulement, cette culture a besoin d’un sol humide, elle est souvent
cultivée sur les bordures des rivières ou ruisseaux.
La culture est possible deux fois par an :
- La première plantation commence au mois de mars après la période de pluie. C’est le
moment propice car le sol est riche en limon et en débris de faune et de flore.
La récolte peut atteindre 8 charrettes à l’hectare.
56
- La deuxième saison commence aux mois de juin et de juillet en profitant des faibles
précipitations de la saison sèche et fraîche. Un mois après a lieu le sarclage.
Et c’est la récolte mais, le rendement est moins bon car elle ne donne que 5 charrettes
à l’hectare.
Les patates douces sont des variétés de tubercules fragiles. Les paysans les considèrent
comme une culture secondaire. Les patates douces ne sont pas cultivées dans des
emplacements fixes, et dépendent des champs disponibles.
2 – 4. La culture d’arachide.
L’arachide rose est la variété cultivée par les habitants du district d’Ihosy. Cette espèce a
une capacité d’adaptation à la pluviométrie assez limitée de la localité. C’est une plante
oléagineuse appréciée par la population malgache.
Plusieurs cultivateurs s’engagent dans cette culture pour satisfaire la forte demande des
consommateurs.
C’est une culture commerciale permettant d’obtenir beaucoup d’argent. Il joue un rôle
très important dans le revenu familial des paysans surtout chez les migrants.
La culture sur un sol nouveau nécessite un défrichement qui consiste à brûler la surface
puis à labourer.
Le labour se fait à force de bras (4 personnes pour un hectare pendant 3 jours) ou à la
charrue suivant la possibilité des producteurs. Ceux qui n’en ont pas auront recours aux
journaliers à raison de 2.000 Ar/personne/jour.
La période culturale s’échelonne comme suit:
- Le semis a lieu en pleine saison de pluie au mois de décembre ou janvier ;
- Le sarclage est nécessaire car il conditionne la qualité de la production. Il se fait à 2
reprises : à l’apparition des jeunes pousses et à la floraison.
- La récolte se fait généralement au mois de juin ou juillet. Cela consiste à arracher les
pieds car les produits se trouvent dans la racine dans des gousses. Ces derniers seront
immédiatement séchés au soleil pour faciliter la récupération des graines qui finalement
seront mises en sac.
57
Tableau n°22 : Production d’arachide dans le district d’Ihosy année 2003 – 2004.
2003
2004
Superficie cultivée (ha)
453
498
Production (t)
453
548
Rendement (t/ha)
1,00
1,10
Source : Direction Régionale de Développement Rural.
D’après ce tableau, la production en arachide n’est pas importante.
Sur une superficie de 453 ha, la production n’est que de 453 t avec un rendement de
1t/ha en 2003. Certes, on constate un petit accroissement de la production en 2004, sur une
superficie de 498 ha, on a une récolte de 548 t, cela donne un rendement de 1,1 t/ha. Avec un
rendement si faible, les producteurs d’arachide doivent adopter de nouvelles techniques
culturales pour augmenter la production.
Pour les paysans producteurs, le prix reste faible surtout dans les zones productrices
enclavées. Outre la pratique de la riziculture et la culture sèche, la culture maraîchère est une
activité qu’embrasse une partie de la population du district.
3 . Les cultures maraîchères
C’est la spécialité des migrants dans le quartier d’Ankadilanambe dans la ville d’Ihosy.
C’est ce qui les distingue des autres quartiers. Ils assurent une part du ravitaillement de la
commune urbaine d’Ihosy en produits maraîchers.
Mais des producteurs provenant du quartier de Morarano et des communes rurales
d’Ankily, d’Ambia viennent également écouler leurs produits sur le marché local.
3. 1. La place des cultures maraîchères dans la vie sociale
Dans le district d’Ihosy, les cultures maraîchères constituent une activité pour les
femmes. Les champs de culture se trouvent à proximité des villages. Les cultures se
présentent comme une ceinture verte mais au fur et à mesure que la population augmente, les
champs de culture sont déplacés beaucoup plus loin de leur zone d’habitation mais il faut que
cela soit près d’un cours d’eau, sinon, il faudrait creuser un puits pour assurer l’arrosage.
Habituellement, les champs de culture bordent le cours de la rivière Ihosy ou de ses affluents
58
comme l’Irina, à Tolohomiady, à Morarano et Ankily. C’est pour cette raison que la culture
maraîchère devient une activité complémentaire en plus de la riziculture.
3. 2 . Les préparations du sol.
Le système est semi – traditionnel, pour les champs anciennement exploités, la
préparation du sol est simple : ramollir le sol avec quelques coups de bêche puis le mélanger
avec des engrais chimiques ou du fumier de zébus ou de volailles mais pas avec celui
provenant des porcs.
Et pour les terres nouvellement exploitées, il faut procéder au défrichement et à
l’abattage des arbres avec des outils très simples (hache, bêche). Après le nettoyage, il faut
procéder au labour pour que le sol soit propre à la culture. Après cela, le terrain est divisé en
plate – bandes de 1,30 m sur 2,30 m espacées par des allées facilitant ainsi l’arrosage et le
sarclage.
La mise en pépinière ne demande pas de labour, il suffit de creuser la terre à une
profondeur de 10 cm environ pour permettre aux racines de s’enfoncer facilement.
Cette culture n’est pas conditionnée par la pluie, donc il est possible de travailler toute
l’année, le rendement dépend de la volonté de l’agriculteur en matière d’arrosage quand il n’y
a pas de pluie.
3. 3 : La mise en culture
En ce qui concerne la plantation, elle varie en fonction de la variété des plantes : il existe
des plantes qui ont besoin de semailles, de transplantation ou de bouturage.
Les semailles, c’est l’action de semer les grains mûrs asséchés. Elles dépendent de la
variété de graines. La pépinière se fait à l’abri du soleil. La transplantation qui consiste à
transférer des jeunes plants sur une autre parcelle déjà préparée à cet effet s’effectue dans
l’après-midi et les jeunes plants doivent être protégés.
Certaines plantes se cultivent par le système du bouturage, c’est le cas du cresson
(anandrano) : c’est une plante aquatique qui exige beaucoup d’eau. Le terrain n’a pas besoin
de labour mais, il faut enlever les mauvaises herbes. C’est une activité semblable à la
riziculture. La bouture, c’est une jeune pousse prélevée sur une plante, et qui placée en terre
humide se munit de racines adventives et donne un nouveau pied. Le cycle végétatif des
produits maraîchers est court. Il va de 10 jours à 3 mois. Ce qui donne la possibilité de
produire plusieurs fois dans une même parcelle, au cours d’une année. Par exemple, on peut
59
avoir six récoltes pour les choux de Chine ( petsay ), quatre pour les brèdes « kimalao » et
les cressons (anandrano).
La culture maraîchère a quand même ses exigences:
-La préparation de la parcelle: utilisation de la désinsectisation des engrais avant le
semis après la transplantation. De préférence, les jardiniers utilisent du fumier obtenu à partir
du mélange des déjections des animaux (les bœufs et les volailles) et des herbes. Ceux qui
n’ont pas de zébus, utilisent le composte qui est un mélange de débris organiques, de matières
calcaires, de terre, puis fermenté ;
-L’arrosage ;
-Le sarclage
Tableau n°23 : Quelques variétés de produits maraîchers et leur cycle
Végétatif
Durée du cycle végétatif
Variété
(germination et maturation)
Pecaille
10 jours
Choux de Chine
10 jours
Salade
14 jours
Kimalao
21 jours
Anamamy
21 jours
Oignon
50 jours
Pecaille
28 jours
Choux de Chine
28 jours
Salade
42 jours
Anamamy
45 jours
Kimalao
60 jours
Tomate
90 jours
Anandrano
60 jours
Mode de culture
SEMAILLE
TRANSPLANTATION
BOUTURAGE
Source : Paysans d’Ankadilanambe, d’Ambia et de Morarano.
Quand les agriculteurs pratiquent les semailles, le cycle végétatif est nettement plus
court entre 10 et 50 jours.
60
Mais cela a des inconvénients sur la qualité du produit et sur le prix sur le marché.
Quant aux produits transplantés, le cycle végétatif est assez long et varie de 28 jours à 90
jours.
Ce cycle long nécessite beaucoup de soins et donne un meilleur rendement en quantité
et en qualité.
Le prix sur le marché est meilleur par rapport aux produits cultivés par semailles.
Les « pecailles » et les choux de Chine sont vendus à bon marché par rapport aux brèdes
« kimalao », « Anamamy ». Par contre, l’Anandrano est le plus coûteux à cause de son cycle
végétatif assez prolongé, mais aussi par sa rareté. Sa production ne satisfait pas les demandes
des consommateurs.
A part, l’élevage bovin et les activités agricoles, le district d’Ihosy est aussi connu pour
ses produits de pêche en eau douce.
III – LA PECHE EN EAU DOUCE.
Ihosy est une zone non côtière, une zone tropicale à climat chaud. Elle est renommée par
la production de poissons d’eau douce tels que les carpes et les tilapias.
La pêche en eau douce représente un atout non négligeable pour les paysans riverains
même si l’exploitation reste encore traditionnelle.
Dans la plupart des cas, l’activité de la pêche se transmet d’une génération à l’autre. Les
descendants, bien que dirigés vers l’enseignement quittent prématurément l’école et
retournent vers la pêche, c’est pourquoi, il y a des familles de pêcheurs reconnues à l’échelon
du district.
La ville d’Ihosy est célèbre par la production de carpes et de tilapias. Mais sur le
marché, on peut trouver également des anguilles (amalona), des écrevisses, des crabes et les
pirina, etc.
1 . Les méthodes utilisées pour la capture du poisson.
Les petits pêcheurs utilisent la canne à pêche avec un hameçon au bout et des vers de
terre ou du son de riz servent d’appâts pour attirer les poissons.
Les voiles sont réservées aux femmes. Elles les utilisent pour ramasser les petits
poissons et les filets pour les grands pêcheurs.
Pour le district, la pêche est une activité mixte pratiquée aussi bien par les femmes que
les hommes. Seuls les modes d’exploitation diffèrent.
61
Pour les hommes, les zones de pêche s’éloignent de plus en plus car à proximité de la
ville, les produits sont rares et de mauvaise qualité. C’est la conséquence directe de
l’exploitation excessive mais aussi de la pollution de l’eau.
Exemple : la rivière qui passe près de la ville d’Ihosy est surexploitée, d’où les grands
pêcheurs vont à Salaza à 22 km au Nord de la ville, et à Analaliry à 28 km au Sud. Ces deux
villages sont également de grands producteurs de riz.
Comme la zone de pêche est de plus en plus éloignée, les pêcheurs s’organisent comme
suit:
- ils partent le matin à bicyclette et rentrent dans l’après – midi, ou bien ils partent
toujours le matin à bicyclette avec des provisions, pêchent toute la nuit
et rentrent le
lendemain matin de bonne heure.
- pour le 2ème cas, la pêche s’effectue la nuit, et les produits ainsi obtenus sont frais et de
bonne qualité et sont vendus à un bon prix.
Contrairement aux hommes, les femmes se contentent de pêcher tout près, dans les rivières
d’Ankotsy, d’Antanimandry et d’Amboananto qui sont des affluents de la rivière Ihosy.
Elles pratiquent cette activité toute l’année mais les produits varient selon les saisons.
Durant la saison chaude (octobre – mars), les poissons sont nombreux surtout la nuit.
Mais pendant la saison fraîche et sèche, les poissons sont rares et de petite taille.
Pour les familles de pêcheurs, tous les membres de la famille connaissent la pêche. Ils
fabriquent eux- mêmes leurs outils de travail, la canne à pêche, le filet. Le travail des femmes
et des enfants consiste à tresser les filets.
2. Les problèmes liés à la production de la pêche.
La production des pêcheurs ne satisfait plus les besoins des consommateurs. Pourtant,
les cours d’eau et les rizières recèlent des richesses aquatiques.
La production piscicole diminue et le prix est de plus en plus inabordable pour la
population locale, d’autant plus qu’une forte demande vient d’Ilakaka.
Le problème c’est l’exploitation excessive des cours d’eau par l’utilisation des filets qui
ramassent tous les poissons sans exception. D’où diminution de la production. Les pêcheurs
ne remplissent plus que des petits sacs de poissons. Actuellement, ils s’éloignent de plus en
plus de la ville pour pêcher. Cela nécessite une réglementation ferme pour préserver les
poissons en eau douce.
62
3 . La vente des produits
Les produits de la pêche sont fortement appréciés par la population de la ville d’Ihosy.
Ce sont les spéculateurs qui achètent les produits aux producteurs. Ce n’est qu’après que les
poissons sont vendus aux petits commerçants. Tout ce manège fait que le prix augmente au
fur et à mesure que les produits changent de mains. A cause de ces spéculations, le prix n’est
plus à la portée des petites bourses, les premiers consommateurs sont les gens du saphir qui
dépensent sans compter. Une carpe de 1 kg peut coûter entre 5000 Ariary et 7000 Ariary ,
trois tilapias pesant 1 kg peuvent être vendus à 1500 Ariary. Ce sont des prix du poisson
pendant la saison chaude. L’offre ne pouvant pas couvrir les demandes, les besoins en
poissons sont comblés par l’approvisionnement en provenance de la région maritime du Sud
Ouest de l’île.
Nous avons vu dans ce chapitre les activités traditionnelles de la population dans le
district d’Ihosy. Ces activités sont surtout liées à l’élevage et à l’agriculture. Ce sont les
activités du secteur primaire. Nous allons voir dans le chapitre suivant, les autres activités
d’une partie de la population de la ville d’Ihosy.
63
CHAPITRE IV – LES ACTIVITES SECONDAIRE, TERTIAIRE
ET LIBERALE LIEES A LA VILLE.
Chaque individu suivant son activité ne peut se suffire à lui – même. Les membres
d’une population sont plus ou moins interdépendants. Si nous avons vu les activités du secteur
primaire, dans le chapitre précédent, nous allons voir maintenant les activités des secteurs
secondaire et tertiaire.
I – LA BUREAUCRATIE.
C’est l’ administration publique avec son personnel qui assure le fonctionnement de la
vie sociale, la documentation, la santé publique, dans une circonscription et même au niveau
de l’Etat.
1. Administration
Nous allons considérer ici le domaine des services publics.
Le premier responsable des collectivités décentralisées est le chef de district, qui est un
Administrateur civil, secondé par un adjoint, chargé de l’administration générale et
territoriale.
Suivant le découpage administratif et territorial, le district d’Ihosy est divisé en 19
communes dont 18 sont des communes rurales et la seule commune urbaine est celle d’Ihosy.
Les 18 communes rurales sont : Ankily, Ambia, Irina, Tolohomiady, Analalira,
Soamatasy, Zazafotsy, Mahasoa, Antsoha, Ranohira, Analavoka, Sahambano, Sakalalina,
Ambatolahy, Andiolava, Ilakaka, Menamaty Iloto et Satrokala.
Le Maire est élu au suffrage universel. Il dirige les affaires courantes de sa commune
dans son développement au niveau local et il est le représentant de l’Etat auprès de ses
administrés.
Chaque commune est constituée par plusieurs Fokontany ou des quartiers. Le district
d’Ihosy a un total de 155 fokontany.
64
Figure n°1 : Organigramme de personnel administratif du district.
Chef de district
Adjoint chargé de l’administration
de territoriale
-comptable
-chef secrétaire
-secrétaire particulier
Adjoint chargé d’appui au
développement
Secrétaire
Secrétaire
Chef d’arrondissement
administratif
Garde caisse
Maire
Chef de Fokontany
Le personnel de l’administration est constitué par des agents qui ont reçu une formation
et un niveau d’instruction plus ou moins élevé. Ils sont bien considérés par la population, à
cause de leurs fonctions.
Ce sont des personnes censées apporter leur savoir faire pour le développement social
et économique dans le territoire qui est sous leur direction.
Malheureusement, l’administration actuelle ne garde pas d’archives, le personnel
n’arrive pas à avoir toutes les données nécessaires pour satisfaire les besoins des chercheurs.
Il n’y a pas assez de documents à consulter surtout pour les documents récents. Certes, on
peut trouver des vieux documents mais les données sont parfois dépassées.
2. La sécurité publique
D’après des informations sur l’insécurité, les principales causes sont les vols de bœufs,
les vols de biens et les feux de brousse.
Les zones fréquemment menacées sont les zones d’élevage bovin dans le monde rural et
la périphérie de la ville d’Ihosy, les zones de saphir (Andohan’Ilakaka, Ranohira, Ilakaka), les
65
zones de pâturage et la commune urbaine d’Ihosy. Bref, tout ce district est menacé par les
« malaso ». C’est ce qui explique l’existence des brigades de gendarmerie situées
respectivement à Ihosy même, à Andiolava, à Sakalalina, à Ranohira, à Mahasoa et à
Andohan’Ilakaka.
La commune rurale de Menamaty Iloto est dotée d’un poste avancé de la gendarmerie
nationale et de 5 postes fixes situés respectivement à Antsoha, Zazafotsy, Satrokala, Analaliry
et Ilakaka.
Une brigade préfectorale de sécurité et un commissariat de police sont instaurés à Ihosy.
Un poste de police est installé Andohan’Ilakaka. Ihosy a aussi une compagnie de génie
militaire ainsi que neuf détachements autonomes de sécurité. Un règlement civique se trouve
à Satrokala.
Tous ces services de la sécurité jouent un grand rôle pour maintenir la sécurité au niveau
du district. Les cas de vols depuis 2001 jusqu’à 2004 au niveau des communes se repartissent
comme suit.
Tableau n°24 : Cas de vols et de crimes enregistrés à la gendarmerie
d’Ihosy.
Cas de vol
2002
2003
2004
Cas de vol de zébus
53
55
70
Cambriolages à domicile
36
28
25
Cas de vols de récolte
43
46
37
Personnes tuées
32
32
33
Cas de viols
4
7
6
Cas de vols de volailles
58
50
55
Source : Compagnie de la gendarmerie Ihosy.
A propos de l’insécurité dans le district d’Ihosy, plusieurs cas sont possibles : vols de
zébus, cambriolages à domicile, vols de récolte, actes criminels, viols, vols de volailles.
Durant ces trois dernières années, les cas de vols varient d’une année à l’autre.
Pour le vol de zébus, l’on passe de 53 cas en 2002 à 70 cas en 2004. C’est un signe de
condition de vie difficile, et commettre un vol permet d’avoir de l’argent facile, si le voleur ne
se laisse pas prendre. Plusieurs jeunes gens s’unissent pour former une équipe de « Malaso »
d’autant plus que le climat change et les précipitations insuffisantes ne permettent plus de
bonnes récoltes comme auparavant. Tout cela explique la recrudescence du nombre de vols de
bœufs.
66
Pour le cas de cambriolage à domicile, le nombre a diminué en trois ans : 36 cas en
2002, 28 cas en 2003 et 25 cas en 2004, ceci est le résultat de l’effort mené par l’Etat dans
l’électrification de la ville et l’amélioration de la sécurité.
A propos des vols de récolte, l’on enregistre 43 cas en 2002, 46 cas en 2003 et 37 cas en
2004, ces cas se produisent en période de soudure, en attendant les récoltes. L’existence de
plusieurs cas de vols montre que l’insécurité règne dans cette région à cause de l’insuffisance
alimentaire.
Le cas de personnes tuées est à peu près le même au cours de ces trois années : 32 cas en
2002 et 2003, 33 cas en 2004, cela peut survenir lors d’un cambriolage. Cela peut être aussi
dû à une crise de jalousie sous forme de crime passionnel ou bien la conséquence d’un geste
non contrôlé d’un individu en état d’ivresse au cours d’une fête.
Le cas de viols varie aussi d’une année à l’autre, 4 cas en 2002, 7 cas en 2003 et 6 cas en
2004. Ce sont des actes perpétrés par les hommes timides qui n’osent pas aborder les
femmes et se rabattent sur les petites filles sans défense. Cela ne se produit pas souvent car le
nombre de décès n’atteint pas le chiffre 10 en une année.
Par contre, le vol de volaille n’est pas considéré comme un cas grave. Il se produit
souvent à raison de 50 cas en moyenne par an c’est-à-dire plus de quatre cas par mois. Le
produit volé est facile à éliminer ou à vendre sans laisser de trace notable.
3. La santé
Dans le district d’Ihosy, la situation sanitaire n’est pas satisfaisante. Les principales
causes de la mortalité de la population sont le paludisme, la diarrhée, l’infection respiratoire
aiguë. Mais à propos de la fréquentation hospitalière, l’on se soigne d’abord par la médecine
traditionnelle. A l’échec de celle-ci, l’on se tourne vers la médecine moderne.
Au commencement de l’exploitation du saphir à Ilakaka, il y avait une forte
fréquentation de l’hôpital à Ihosy.
On remarque qu’il existe un déséquilibre au niveau de la répartition du personnel
médical au niveau du district.
Beaucoup de centres de santé de base (CSB) manquent cruellement de médicaments et
ne sont pas conformes aux normes, mais chaque commune possède un CSB, sauf la commune
rurale d’Antsoha.
Dans le district d’ Ihosy existent deux centres hospitaliers de district niveau II (CDHII)
dont un semi privé à Sakalalina (CHD II célèbre dans la région d’Ihorombe pour le service de
chirurgie) et un (1) à Ihosy ville. Outre les deux (2) CHD II, il existe vingt (20) CSB II.
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Il y a aussi dix (10) cabinets médicaux privés dont huit (8) à Andohan ‘Ilakaka et les
deux (2) autres à Ihosy ville.
Le district d’Ihosy possède :
- deux cabinets dentaires dont un (1) à Ihosy ville
- deux centres de dépistage du VIH/SIDA à Ihosy et à Sakalalina.
- six (6) dispensaires dont un (1) est le fruit de la participation des Thaïlandais à
Andohan’Ilakaka.
- deux (2) dispensaires privés catholiques (Ihosy, Zazafotsy)
- Un (1) dispensaire anglican à Ranohira et un dispensaire luthérien ( SALFA) à
Andohan’Ilakaka.
4. L’enseignement
La scolarisation est un des vecteurs de développement surtout dans les pays en voie de
développement. Elle est particulièrement faible dans cette région. Cela est dû au fait que les
parents ne connaissent pas l’importance de l’éducation et les droits de l’enfant, surtout dans
les zones rurales.
Parmi les enfants scolarisés, il y a plus de filles que de garçons. Les filles restent
scolarisées jusqu’au moment où elles doivent se marier, tandis que les garçons doivent quitter
l’école dès qu’ils peuvent aider leurs parents aux travaux agricoles et à la garde du troupeau
bovin. Les migrants implantés dans le district ont l’habitude de scolariser leurs enfants.
Tableau n°25 : Taux de scolarisation primaire par sexe année 2004 dans le
district d’Ihosy.
Enfants 6 – 14 ans
Enfants
scolarisables
scolarisé
Taux de scolarisation (%)
Garçons
9.654
2.752
28,5
Filles
9.210
2.718
29,5
Total
18.864
5.470
29
Source : DIRESEB.
Dans l’ensemble du district d’Ihosy, on a un taux de scolarisation de 29%. Selon le
responsable de l’enseignement de base dans le district, la ville d’Ihosy enregistre un taux de
scolarisation très élevé : 123,1%. Les gens envoient leurs jeunes enfants de moins de 6 ans en
classe pour diverses raisons (ex : problème de garde).
68
Photo n°5 : Zone occupée essentiellement par des élèves de brousse qui viennent
continuer leurs études à Ihosy.
(Cliché : auteur)
Tableau n°26 : Couverture spatiale éducative du district.
District
E.P.P
C.E.G
Lycée
Nombre d’école
263
5
2
Ratio enseignant par établissements scolaires
1/35
1/17
1/7
Source : DIRESEB.
La couverture spatiale des écoles est relativement faible surtout pour les classes du
second cycle (C.E.G et Lycée).
Il en est de même pour le ratio d’enseignant par élève. Cette situation peut s’expliquer
par le fait que : en milieu rural, plusieurs élèves quittent précocement l’école à cause de
l’occupation donnée par les parents pour les jeunes hommes et par le mariage pour les jeunes
filles.
69
II – LE COMMERCE.
Beaucoup de produits circulent dans le district d’Ihosy incitant les négociants à spéculer.
Ce sont notamment les produits agricoles, les produits de l’élevage, les pierres précieuses et
les produits de première nécessité
1. Le commerce des produits agricoles.
Les produits agricoles commercialisés sont surtout les produits vivriers constituant
l’alimentation de base de la population locale : le riz, le maïs, le manioc, la patate douce etc.
Le commerce est prospère après la récolte car une partie est destinée à la vente pour se
faire peau neuve. C’est l’occasion d’acheter tout ce qui est indispensable, les effets
d’habillement, les outils agricoles, les semences sélectionnées, les engrais etc.
Le commerce se fait au niveau du « Tsena ». Chaque chef lieu de commune a son jour
de marché hebdomadaire en un lieu déterminé où s’effectuent ces échanges entre vendeurs et
acheteurs et où la population peut trouver ce dont elle a besoin.
Au moment du « Tsena », les différents types de collecteurs viennent pour acheter. Le
système de troc existe toujours dans les zones rurales par exemple, tissus ou habillement
contre produit agricole comme le manioc ou l’arachide, médicament ou friperie contre riz ou
arachide.
Les collecteurs sont surtout des citadins venant de la ville d’Ihosy ou bien des gens
originaires des régions proches. Ils viennent pendant la période de récolte acheter les produits
pour les vendre à la période de soudure.
Pour le cas du riz par exemple, de gros collecteurs achètent du paddy et vendent du riz
blanchi à bon prix chez les grossistes. Ces derniers vont écouler leurs marchandises aux
détaillants qui sont en relation directe avec les consommateurs.
Suivant ce circuit, ce sont les spéculateurs qui font le plus de bénéfices par rapport aux
vrais paysans producteurs.
Dans la commune urbaine d’Ihosy, presque tous les produits agricoles arrivent au
marché après avoir passé aux mains de plusieurs spéculateurs. Les grands collecteurs et les
petits collecteurs se comportent comme des paysans en vendant leurs marchandises sur le
marché.
Seuls les produits maraîchers connaissent une vente directe des producteurs aux
consommateurs. Les producteurs sont les migrants d’Ankadilanambe, de Morarano et des
communes rurales environnantes. Ils produisent tous à peu près les mêmes produits et pour
éviter le gaspillage et les pertes, ils s’arrangent entre eux et vont par tour au marché pour
70
écouler les brèdes. C’est pourquoi, on trouve toujours des brèdes fraîches en permanence au
marché.
Depuis l’avènement du saphir, les demandes ont beaucoup augmenté. Les spéculateurs
viennent en masse pour acheter les produits locaux. Automatiquement, cela entraîne
l’augmentation des prix car l’offre ne satisfait plus la demande.
2. Le commerce des produits de l’élevage
A propos de la commercialisation des produits de l’élevage, ce sont les éleveurs euxmêmes qui viennent au marché aux bestiaux pour la vente.
Dans les 19 communes du district, il n y a que six (6) marchés aux bestiaux : à Ihosy, à
Satrokala, à Mahasoa, à Analavoka et à Soamatasy.
Chaque éleveur vient avec l’animal qu’il veut vendre par ses propres moyens au
« Tsena », d’habitude, ils font le trajet à pied.
Le produit d’élevage le plus commercialisé auprès du « Tsena » est surtout le zébu.
Le prix suit le rythme de la saison de production. Durant la période de récolte, il y a une
hausse de prix et le nombre de bovidés au marché augmente considérablement. Par contre
durant la période de soudure, les bêtes sont maigres (boroka) et vulnérables aux différentes
parasites. Le nombre de bovidés au marché diminue à cause de la difficulté de déplacement
car ils risquent de mourir de faim en cours de route et parallèlement, le prix se dégrade aussi
jusqu’à la prochaine saison de récolte.
Le décalage de prix d’une tête de bovidé entre la période de récolte et la période de
soudure peut être de 40.000 Ar à 100.000 Ar et le nombre de bêtes mises en vente pendant la
période de soudure diminue de 300 jusqu’à 500 têtes par rapport à celui de la période de
récolte.
Tableau n°27 : prix moyen de bétail par catégorie en Ariary.
Année
Castrés
Taureau
Vache
Taurillons
Génisses
1997
380 .000
300.000
240.000
180.000
150.000
2000
350.000
260.000
195.000
145.000
115.000
2004
480.000
320.000
300.000
160.000
140.000
2005
560.000
360.000
240.000
180.000
160.000
Source : Commerçants de bovidés.
71
Cinq catégories de bovidés sont vendues au marché :
- les castrés sont des types destinés aux grands maquignons par la cherté et dans la
plupart de cas, cette catégorie est transportée dans des camions sans toiture vers le lieu de
destination.
- Les taureaux sont des types recherchés par les bouchers, pour la consommation locale,
et par les maquignons modestes qui vont faire le trajet à pied jusqu’à sa destination.
- Les vaches, les taurillons et les génisses sont très recherchés par les paysans et les
populations locales, d’abord par leur prix modéré et aussi pour les faire multiplier (cas des
petits éleveurs).
Tableau n°28 : Evolution mensuelle des ventes 1997 – 1999 – 2000
et 2004.
Mois
Année
1997
1999
2000
2004
J
F
M
A
435
561
319
368
772
798
460
828
908
971
815
1492
1315
1537
1284
1739
M
J
J
A
725
712 281 106
1881
984 359 215
1037
651 342 297
1704 1023 524 278
Source : vétérinaire.
S
O
N
D
313
293
331
325
521
547
418
725
1134
1066
821
1205
1257
1495
1117
907
On remarque qu’à partir de la période de récolte (mois de mars, avril, novembre,
décembre), le nombre de bovidés vendus sur le marché augmente. Mais il existe aussi des
ventes qui ne sont pas enregistrées chez le vétérinaire, c’est le cas des « omby maloto » qui ne
sont pas en règle et dont la vente s’est fait en dehors du circuit réglementaire.
3. Commerce des produits manufacturés
C’est une activité qui est généralement, entre les mains des migrants et des autochtones.
Dans le district d’Ihosy, les produits destinés à l’industrie comme la canne à sucre, le
coton, les arbres fruitiers sont rares. La production n’est pas suffisante pour l’instauration
d’une quelconque industrie.
Grâce aux circuits commerciaux
qui fonctionnent selon la loi de l’offre et de la
demande, la région consomme des produits manufacturés en provenance d’autres régions.
3-1. La vente de boissons.
Les agences de TIKO SA et de la STAR assurent le ravitaillement de la région en
boissons hygiéniques et en bière.
L’approvisionnement des commerçants sur place se fait comme suit :
72
Des commerçants grossistes revendent aux moyens et petits détaillants (boutique,
épicerie, salon de thé, etc.) qui sont repartis dans tous les quartiers de la ville.
La boisson la plus appréciée par les négociants en bovidés et qu’ils considèrent comme
boisson de plaisir est la bière, une personne peut consommer entre 10 à 20 bouteilles lors
d’une collation, après une vente fructueuse le jour du marché hebdomadaire.
Lorsqu’il n’y a pas d’agence commerciale dans un chef-lieu de commune rurale, ces
grands commerçants locaux se rendent eux-mêmes dans la commune urbaine pour
s’approvisionner auprès des agences évoquées ci-dessus.
A leur tour, ils ravitaillent les petites boutiques et épiceries.
3-2. La vente de produits de première nécessité (PPN)
Le processus d’approvisionnement en produits de première nécessité (PPN) se fait de la
même façon que pour la vente des boissons, seulement, il n’y a pas d’agence sur place. De ce
fait, les grands grossistes se ravitaillent à Fianarantsoa, Antananarivo ou Toliara pour
approvisionner ensuite les petits commerçants locaux. C’est auprès de ces derniers que la
population locale vient satisfaire son besoin en PPN (sucre, savon, sel, huile, bonbon, biscuit,
etc.)
Ce sont souvent les Indopakistanais, les Chinois et la famille « Tsy atoro fa hita » qui
jouent ce rôle de super grossistes.
Photo n°6 : Une partie du centre de la ville d’Ihosy occupée par les Merina. La
présence des boutiques installées le long de la route montre que ces migrants vivent
surtout du commerce.
(Cliché : auteur)
73
3.2.1 : La vente de tissus, vêtements, ustensiles de
cuisine, pièces détachées.
Dans les petites villes comme Ihosy, il n’y a pas des magasins spécialisés. Dans une
boutique, on peut trouver tissus, effets d’habillement, ustensiles de cuisine, appareils
électroménagers, ainsi que des pièces détachées pour voiture, motos, vélos…
Trois catégories de personnes pratiquent cette activité :
- Il y a les marchands ambulants qui viennent écouler ces produits de quelques jours à
une semaine, à bord d’un camion. Puis ils repartent et ne reviennent qu’après 2 ou 3 mois. Ces
marchands ambulants sont des gens des Hautes Terres Centrales, des Betsileo et des Merina.
Le prix de leurs produits est assez abordable.
- Certains commerçants viennent au marché et occupent une place en permanence. Les
marchandises sont transportées matin et soir pour être déballées et remballées car c’est une
place à ciel ouvert sur le lieu de marché.
- La dernière catégorie est représentée par les personnes qui tiennent des boutiques
permanentes.
Ce sont surtout les Indopakistanais qui tiennent celles-ci, ils s’approvisionnent à
Fianarantsoa ou Antananarivo. Ils se spécialisent surtout en pièces détachées de vélo, moto,
voiture, camion. Les prix qu’ils affichent sont beaucoup plus élevés par rapport à ceux des
marchands ambulants.
III – L’ACTIVITE MINIERE.
C’est une activité spécifique dans le lieu où il y a de pierres précieuses ou de ressources
minières. Dans le district d’Ihosy, le saphir a été découvert pour la première fois en 1998 dans
la commune rurale d’Ilakaka et on peut en trouver jusque dans la commune rurale de
Ranohira à Andohan’Ilakaka. Depuis Ilakaka devient un comptoir international du saphir, la
recherche des pierres précieuses est à l’origine d’une grande affluence humaine et engendre
une grande circulation d’argent.
1. La recherche du saphir
Plusieurs méthodes sont utilisées pour la recherche du saphir :
- Le sivandrano : c’est une activité qui consiste à travailler le long de la rivière, il s’agit
de tamiser le sable du lit de la rivière pour avoir le saphir. Ce sont surtout les femmes bara et
74
betsileo qui pratiquent le « sivandrano ». Cette pratique est assez facile, elle peut être assurée
par une seule personne.
-La recherche du filon : il s’agit de creuser le sol jusqu’à la découverte d’indices
comme du grenat, des cristaux blancs ou jaunes. La profondeur du trou peut atteindre jusqu’à
2 m, si jusque là, il n’ y a aucun indice, le trou est abandonné, car ce n’est pas le bon filon.
-L’utilisation d’un tunnel : dans cette troisième méthode, il s’agit de creuser la terre
jusqu’à la découverte d’un filon, le trou peut atteindre 30 à 40 m de profondeur et c’est là que
commence le vrai travail car il faut creuser un tunnel à ce niveau sous le sol. C’est une
méthode pratiquée par les gens du Nord et actuellement adoptée par les gens des Hautes
Terres ainsi que les gens du Sud et du Sud – Est. C’est un travail de longue haleine qui exige
beaucoup de patience et de persévérance. Parfois, les chanceux mettent plus d’un mois pour
trouver le filon mais cela peut pendre plusieurs mois.
Toutefois, cette pratique présente beaucoup de risques pendant son accomplissement:
- lorsqu’ on creuse en profondeur, le manque d’oxygène peut être à l’origine d’une
asphyxie pouvant entraîner la mort des chercheurs de saphir ;
- dans cette zone, le sol est très friable. Plusieurs cas d’éboulement ont causé la mort de
personnes qui étaient surprises à plusieurs mètres de profondeur. Devant le risque encouru,
peu de personnes veulent risquer leur vie dans cette méthode du tunnel. Ceux qui creusent ne
sont payés qu’à l’issue de la découverte d’une pierre qui a une grande valeur.
- La 4ème méthode, est un système qui est conçu pour éviter les éboulements pendant le
creusement d’un tunnel. Il s’agit de soutenir le sol à l’aide de planches pour éviter
l’éboulement de la terre. C’est une activité qui occasionne beaucoup de dépenses par rapport
aux trois méthodes précédentes. Actuellement, c’est la méthode la plus pratiquée dans le site
d’Andohan’Ilakaka car les pierres commencent à se raréfier en surface, sinon il faut changer
de site.
- La dernière méthode d’exploitation du saphir c’est l’utilisation de machines
modernes. Ce sont surtout les grandes sociétés étrangères ou des Malgaches fortunés qui
adoptent cette technique d’exploitation.
Les négociants en saphir ne participent pas directement aux travaux dans les carrières.
Ils se contentent d’acheter les pierres précieuses proposées par les carriers. A l’achat, ils
classent les producteurs en deux catégories : il y a les carriers isolés qui sont indépendants, et
ceux qui travaillent pour un chef quelconque.
75
2- L’achat de pierres précieuses
Les acheteurs de pierres précieuses peuvent être classés comme suit :
- Il y a ceux qui achètent aux petits carriers isolés mais qui ne connaissent pas la vraie
valeur de leur découverte et qui se contentent de la vendre à un prix dérisoire croyant gagner
en voyant la quantité d’argent proposé. Les acheteurs sont souvent des Malgaches qui essaient
de duper les petits exploitants qui n’osent pas vendre aux étrangers.
- Les acheteurs intermédiaires qui côtoient les exploitants et revendent ensuite les
pierres aux grands négociants. Ces acheteurs intermédiaires essayent de gagner un bon
bénéfice lors de la revente. Ils peuvent être des Malgaches ou des Etrangers.
- Les grands négociants qui collectent autant de pierres précieuses que possible pour les
exploiter ensuite. Ces gens connaissent bien la valeur des pierres et n’hésitent pas à payer
pour une pièce valeureuse avec plusieurs centaines de millions de francs malagasy avec une
voiture 4 x 4 en plus.
Plusieurs points de vente se trouvent dans les sites plus ou moins importants de
l’exploitation du saphir mais les plus importants se trouvent à Andohan’Ilakaka sur la route
nationale.
Les Africains s’intéressent surtout aux pierres de petite taille sans distinction de couleur,
avec un prix assez abordable. Par contre, les Thaïlandais et les Sri-lankais n’aiment que les
pierres de grande taille et de bonne qualité.
Ces étrangers sus cités sont les principaux collecteurs et exportateurs des produits
miniers mais ce sont les Sri-lankais qui achètent au meilleur prix.
Les vendeurs intermédiaires ont quelquefois des problèmes avec les Thaïlandais car le
paiement de ces derniers n’est pas toujours régulier.
Si la pierre a de la valeur, le paiement est satisfaisant, dans le cas contraire, ils
n’hésitent pas à rendre la pierre à celui qui la vend.
Dans ce genre d’affaires, il y a toujours des gens malintentionnés qui dupent leurs
collègues par abus de confiance, ou bien ils vendent n’importe quoi à un prix élevé, ou tout
simplement, ils faussent compagnie et disparaissent avec la pierre sans payer.
Pareilles situations incitent certaines personnes à abandonner cette activité axée sur le
saphir.
76
IV – L’ACTIVITE RELIGIEUSE.
Depuis longtemps, plusieurs prêcheurs arrivent dans le district d’Ihosy pour la
propagation de la religion chrétienne.
Actuellement, beaucoup de communautés religieuses plus ou moins importantes s’y
trouvent.
1. Les Formations religieuses importantes
1.1 : L’église Luthérienne Malagasy ou FLM
C’est la première église chrétienne du district d’Ihosy. Le pionnier est le révérend
Norvégien
TOBIAS GARHE. Actuellement dans la ville d’Ihosy, il y a trois sites
périphériques (dans le quartier de Besavoa, de Tanakompania
et d’Ankandilanambe)
rattachés au grand temple de Tanambao au centre de la ville . L’Eglise luthérienne compte
près de 7000 croyants.
Le temple est sous la direction d’un pasteur tandis que les sites périphériques sont
animés par leurs catéchistes respectifs. La mission luthérienne a un aumônier qui s’occupe
des militaires et des malades à l’hôpital.
1. 2. L’Eglise Catholique Romaine (ECAR)
C’est la deuxième religion chrétienne. Elle a été introduite en 1928 dans le district par
un prêtre lazariste Français. Actuellement, dans la ville d’Ihosy, il y a une cathédrale dans le
quartier d’Antanambao accueillant plus de 6500 adeptes et une chapelle dans le quartier de
Besavoa.
L’ECAR a son évêque, le père Philippe Ranaivomanana et le vicaire est le père Richard.
La paroisse de Tanambao est dirigée par le père Grimaldi et la chapelle de Besavoa par le
père Paul RAKAMISY.
1. 3. L’église Rhema
L’église Rhema a vu le jour dans le district en 1992. Actuellement, elle compte 800 à
1000 croyants. Le dirigeant travaille sur l’évangélisation dans la périphérie de la ville ou dans
les communes rurales environnantes (à Tolohomiady, à Sahambano, à Bekifafa, à Mahiafia,
etc) et chaque dimanche les adeptes viennent en ville pour se rassembler dans une église à
Andrefatsena. Le dirigeant de cette église est un homme originaire d’Antananarivo.
77
1 – 4. L’église Jesosy Famonjena Fahamarinantsika
( Jésus : notre véritable Salut )
Cette
église a treize ans d’existence dans le district c’est-à-dire depuis 1993.
Actuellement, dans la ville d’Ihosy, elle regroupe 500 adeptes à la tête desquels se trouve un
pasteur qui vient d’Antananarivo.
1 – 5. L’église de Jésus Christ à Madagascar (FJKM)
La FJKM est encore récente dans le district d’Ihosy, depuis 1990 seulement.
Actuellement, le nombre d’adeptes est de 300 à 400 personnes avec le dirigeant qui est un
pasteur venant d’Antananarivo.
2 – Les formations religieuses moins importantes
2 – 1. La mission évangélique de Madagascar.
La mission évangélique de Madagascar est arrivée dans la ville en 1959.
Actuellement, cette église compte 150 adeptes et le dirigeant est une femme pasteur venant
d’Antananarivo.
2 – 2. L’église adventiste
Religion instaurée dans la ville d’Ihosy en 1964, dans le quartier de Besavoa.
Maintenant, elle regroupe 216 adeptes et le pasteur c’est un homme originaire d’Ambositra.
2 – 3. Les témoins de Jéhovah
Cette formation a existé depuis 1976 dans la ville d’Ihosy. Actuellement, les adhérents
sont au nombre de 130 personnes dont 60 prédicateurs.
2 – 4. L’église pentecôtiste
Implantée en 1985 dans la ville d’Ihosy dans le quartier d’Andrefatsena, elle regroupe
120 adeptes dirigés par un pasteur originaire d’Antananarivo.
2 – 5. L’Assemblée de Dieu
Cette église est arrivée en 1990 dans la ville d’Ihosy. Puis le dirigeant est rentré à
Antananarivo et à son retour en 1992, il a créé l’église Rhema. En 1999, il y a encore
réapparition de cette église avec un nouveau dirigeant venant de Toamasina. Actuellement, il
y a 120 adeptes.
2 – 6. L’église Arampilazantsara (église de l’évangile)
Installée dans la ville d’Ihosy en 1990 dans le quartier de Tanambao. Maintenant, le
nombre d’adeptes est de 70 personnes. Le pasteur est un homme venant d’ Antananarivo.
78
2 – 7. La religion musulmane.
C’est une religion récente dans le district. Elle s’est implantée avec l’avènement du
saphir car la plupart des Sri-lankais et des Thailandais sont des Musulmans.
Ilakaka a eu sa mosquée en 2004 et celle de la ville d’Ihosy est dans un proche avenir.
Actuellement à Ihosy , le nombre d’adhérents est de 120. L’imam est un antaimoro de
Manakara, arrivé en 2005 qui a propagé cette religion musulmane dans la ville.
Tableau n°29 : Les 12 églises de la ville d’Ihosy, le nombre de croyants
par
groupe ethnique
Nombre Croyants
Eglise
1 Luthérienne
2 ECAR
3 RHEMA
Jesosy
4 Famonjena
Fahamarinantsika
5 FJKM
Mission
6 évangélique de
Madagascar
7 Adventiste
Témoin de
8
Jéhovah
9 Pentecôtiste
Assemblé de
10
Dieu
11 Arampilazantsara
12 Musulman
Nombre total
Bara
Betsileo
Tandroy
Sud-Est
Merina
Nombre
de croyants
3.352
550
50
1.117
4.400
300
373
1.650
50
1.863
2.750
250
745
1.650
350
8.450
11.000
1.000
150
150
10
140
50
500
0
60
0
0
340
400
0
80
10
30
30
150
12
86
21
11
86
216
10
60
10
25
25
130
0
84
04
30
2
120
7
62
19
23
15
126
4
2
4.137
35
2
6.436
4
1
2.152
2
115
5.239
25
0
3.318
70
120
21.282
Source : Pasteur de l’Eglise.
Dans cette partie, nous avons parlé des différentes activités de la population (
agriculture, élevage et pêche) qui sont surtout pratiquées par les tompontany mais aussi par les
anciens migrants. Quant à l’éducation, l’administration et l’extraction minière, ces activités
sont exercées en général par les migrants ainsi que quelques autochtones. La pratique de
celles-ci entraîne une affluence de tous les groupes ethniques de Madagascar et même des
étrangers dans le district, surtout pour l’exploitation du saphir et des pierres précieuses. Nous
avons également vu les problèmes liés à ces différentes activités.
Dans la dernière et troisième partie, nous allons traiter les conséquences de la migration
dans le pays d’accueil et les perspectives d’avenir.
79
Troisième partie :
LES CONSEQUENCES DE
LA MIGRATION ET LES PERSPECTIVES D’AVENIR
80
CHAPITRE V : CONSEQUENCES DE LA MIGRATION
Comme nous avons vu, plusieurs facteurs sont à l’origine de la migration interne de la
population de Madagascar : la recherche de terrains favorables à l’installation, la raison
commerciale et la raison professionnelle. La situation de « carrefour » du district d’Ihosy et
ses potentialités agropastorales attirent les migrants. L’avènement du saphir a engendré une
affluence en masse surtout à Andohan’Ilakaka. Ces atouts régionaux incitent les migrants à
rendre définitive leur installation qu’ils voulaient temporaire au début dans la zone d’accueil.
I - LES CONSEQUENCES SOCIOCULTURELLES
La réalité qui existe dans le district, c’est le regroupement des migrants dans des
quartiers bien définis. Les Tompontany se retirent dans les zones favorables aux activités
pastorales. Les migrants qui s’intéressent
à celles-ci doivent obtenir l’autorisation
d’installation auprès des notables autochtones.
1 - Les échanges socioculturels
L’arrivée des migrants se traduit par l’augmentation du nombre de la population et par
le mélange de différents types de cultures.
Photo n°7 : Maisons d’habitation situées non loin de la rivière Ihosy où les gens y
pratiquent la pêche traditionnelle.
(Cliché : auteur)
81
Les anciens migrants qui sont dans le district depuis deux ou trois générations ont fini par se
considérer comme des Tompontany. Ils embrassent peu à peu les coutumes locales sans
oublier complètement leurs mœurs d’origine. Ils ne veulent même pas évoquer leur foyer de
départ ; ils se présentent en tant que Bara. Mais en vérité, leur origine peut être repéré par le
quartier ou le village où ils habitent, ainsi que les membres de leur famille. Notons toutefois
que, ce sont les autochtones qui sont habiles pour reconnaître les vrais Tompontany des
anciens migrants. De ce fait, les échanges socioculturels sont incontournables.
1-1. Les manifestations des échanges socioculturels :
Bien que la population malgache soit unifiée par la langue, elle est divisée en plusieurs
groupes ethniques qui se différencient par leurs mœurs et coutumes respectives. Cette unité
dans la diversité fait la fierté des Malgaches car chaque groupe essaie de conserver ses
traditions de génération en génération.
Chaque groupe ethnique a ses caractéristiques propres, son dialecte, la façon de
s’habiller, sa mentalité et ses comportements, ses croyances. Mais c’est dans les grands
événements de la vie tels que la naissance, le mariage et la mort que se manifestent les
spécificités dans les traditions. C’est dans ces moments là que l’esprit de conservation des
mœurs est très marqué. Nous entendons par mariage ici, le mariage coutumier, c'est-à-dire
accepté et béni par les parents des deux conjoints devant le Hazomanga.
Photo n°7 : Quartier Ambalakatsaka, village mixte où la majorité de la population sont
bureaucrates. .
(Cliché : auteur)
82
1 – 1 – 1. Les manifestations des échanges socioculturels en temps normal
Dans notre zone d’étude, on trouve la diversité de cultures mais cela ne pose pas de
problèmes en temps normal.
Les Tompontany ont depuis longtemps cohabité avec les migrants. Ces derniers sont
bien acceptés quand leur installation a été autorisée par les notables autochtones, du moment
qu’ils promettent de respecter les « fady », et les coutumes de leur hôte.
Les premiers arrivants vont faire venir par la suite des membres de leur famille qui
grossissent leur effectif. C’est ainsi que se forme le quartier ou le village qui regroupe les
migrants ayant un même foyer de départ.
Dans la vie de tous les jours, les migrants adoptent petit à petit la langue ou le dialecte
du foyer d’accueil. Dans le district d’Ihosy, la langue de communication est le parler bara. La
façon de s’habiller s’acquiert avec le temps suivant l’adage bien connu : « mena tany, mena
ovy », traduit littéralement par « rouge terre, rouge tubercule » ; cela veut dire que le temps
contribue également à l’influence du milieu. Pour ce qui est de l’habitude alimentaire, elle est
fonction de ce qui est produit localement, mais en général, la base de l’alimentation est le riz.
1 – 1 – 2. Les manifestations des échanges socioculturels lors des grands
événements
Des grands événements de la vie, la naissance, le mariage et la mort , c’est le mariage
qui prime le plus car il suscite beaucoup de problèmes. Les groupes de migrants les plus
importants dans le district sont : les Betsileo, les Merina, les gens du Sud Est et les Tandroy.
Nous allons voir leurs attitudes respectives devant ces grands moments de la vie, vis-à-vis de
la cohabitation avec les Bara.
Les Bara :
Ils constituent la population autochtone de notre zone d’étude. Ce sont des gens très
hospitaliers, ils acceptent facilement les nouveaux migrants quand ces derniers leur
promettent de respecter leurs mœurs, coutumes et tabous. Ceux qu’ils acceptent sont vraiment
considérés comme de vrais parents. Ce caractère d’hospitalité fait que les Bara se lient
facilement avec les gens et ils ont une certaine souplesse en ce qui concerne la relation
matrimoniale avec des personnes issues d’autres groupes ethniques. Les Bara quand ils
contractent un mariage dans le groupe ou en dehors, le/la conjoint(e) entrant(e) fait partie dès
ce moment des membres de la famille. Les enfants issus du couple sont automatiquement
présentés auprès du Hazomanga pour être légitimés au niveau du groupe. Cela est toujours
valable même si c’est la femme qui est Bara. Notons toutefois que, quelle que soit la
83
composition du couple, les enfants appartiennent toujours au père. Au cas où il y a séparation
du couple, la femme vit dans le village de son ex-époux pour élever les enfants aux côtés de
leur père. En cas de décès, cette femme peut être enterrée dans la sépulture où la rejoindront
ensuite ses propres enfants si elle le désire et si les membres de sa famille ne s’y opposent
pas. C’est ce qui se passe généralement, mais voyons leurs relations avec les migrants.
1-1-2-1. Le mariage :
. Entre les Betsileo et les Bara
En ce qui concerne le mariage, les Betsileo sont assez souples car ils ont à peu près les
mêmes coutumes que les Bara, cela ne pose aucun problème. Quant ils sont acceptés à leur
arrivée sur place, ils lient des relations de parenté par le sang, par exemple, pour renforcer les
liens qui les unissent. Si en plus, l’installation est favorable pour l’amélioration des conditions
de vie (production agricole, commerce, …), ils finissent par rendre définitive leur migration.
Voilà pourquoi beaucoup de Betsileo, hommes ou femmes se marient avec des
personnes issues d’autres groupes ethniques et surtout des Tompontany bara.
Si une femme betsileo épouse un homme bara, les enfants de ce couple sont considérés
comme des Bara. Par contre si un homme betsileo prend une femme bara, les enfants sont
appelés Barabory. Ces mariages mixtes entre Betsileo et Bara sont courants dans le district
d’Ihosy. De ce fait, les rites du mariage suivent les coutumes du groupe ethnique chez qui
l’homme prend sa femme. Mais pour ceux qui ont des enfants, l’homme l’emporte sur la
femme, les enfants suivent les coutumes du père tout en respectant celles de la mère.
. Le mariage entre les Bara et les Merina
Les premiers migrants merina connaissent à peu près la même ancienneté que les
Betsileo. Mais ils ont beaucoup de réserves par rapport à ces derniers en ce qui concerne
leurs relations avec les autochtones bara. A l’origine, la cause de leur migration était d’ordre
professionnel, c’étaient les premiers fonctionnaires du temps de la colonisation. Donc, leur
migration était temporaire. Puis les commerçants sont venus grossir leur rang. Ces derniers
font des déplacements fréquents entre leur foyer de départ et la zone d’accueil, ce qui fait
qu’ils sont en contact permanent avec leurs familles et connaissances dans leur région
d’origine. Les Merina sont donc des gens mobiles, contrairement aux Bara qui constituent une
population très sédentaire. La seconde différence se situe au niveau de l’instruction, les
Merina sont des intellectuels alors que les Bara redoutent fort la scolarisation qui éloigne leurs
enfants du village natal. Pire encore, historiquement, les Merina étaient les alliés des
84
colonisateurs pour la conquête de la région d’où cette réticence vis-à-vis de ces derniers.
Toutes ces raisons font que très peu de Merina se marient avec les Bara, même si dans
certains cas, ils font des enfants avec les femmes bara. Dans ce cas là, deux éventualités
peuvent se présenter : soit le père reconnaît sa paternité et accomplit les rites traditionnels
pour avoir son enfant, soit il néglige cet enfant et le délaisse. Dans la plupart des cas, les
Merina qui sont dans le district depuis quatre ou cinq générations, se marient entre eux ou
viennent prendre leurs femmes dans leur ancien foyer de départ.
. Le mariage entre les Bara et les gens du Sud- est
La population issue de cette région du Sud est de Madagascar est régie par une
hiérarchie à la tête de laquelle se trouvent les « ampanjaka ». C’est une population
d’agriculteurs donc leur migration est guidée par la recherche de terres fertiles et favorables
surtout à la riziculture. Malgré la migration, les gens du sud-est ne sont pas coupés totalement
de leur région d’origine car ils participent activement à la vie de la communauté, ils ont des
obligations et devoirs à accomplir pour préserver la place au niveau de la grande famille : la
« tranobe ».
Pour des questions de convenance, les gens du sud-est préfèrent prendre un conjoint
dans leur groupe . Certes, le mariage avec des personnes issues d’un autre groupe ethnique
n’est pas interdit mais le règlement qui les régit est trop rigide et ils craignent les problèmes
causés par le mariage mixte. Si un homme du sud –est épouse une femme bara , et si dans
cette union naissent des enfants, le père et ses enfants sont enterrés dans le « kibory » familial
mais la femme bara doit rejoindre sa famille d’origine. Pour le cas d’une femme du sud est
qui se marie avec un homme bara, à sa mort cette femme réintégrera sa
famille
d’origine
tant que les enfants appartiennent à la famille paternelle. Dans la réalité, des gens du sud-est
n’acceptent pas des personnes issues d’autres groupes ethniques dans leur « kibory » et les
membres de leur famille doivent obligatoirement être enterrés dans le caveau familial.
. Le mariage entre les Bara et les Tandroy
A propos du mariage entre Bara et Tandroy, les cas sont rares car la plupart de ces
derniers dès leur arrivée dans le district, sont déjà mariés et quand ils sont déjà installés, ils
font venir des nouveaux membres de leur fa mille. Ils forment alors une société à part qui
occupe un village ou un quartier vivant exactement comme dans leur foyer de départ. Ils se
marient tout en continuant de pratiquer la polygamie. Un notable bara nous a raconté, des
raisons pour lesquelles, les Bara épousent rarement les Tandroy, c’est cette coutume funéraire
85
des Tandroy qui consiste à garder longtemps le corps, pouvant aller jusqu’à plusieurs mois
avant de procéder à l’enterrement. C’est le temps nécessaire pour accumuler tout ce qui est
indispensable pour faire de belles funérailles. De plus l’épouse doit se raser complètement à
la mort de son mari, elle doit rester au chevet du défunt jusqu’à l’enterrement. Les Bara
trouvent cela un peu exagéré car contrairement aux Tandroy, ils ne gardent pas plus de deux
jours leur mort. La seconde raison, c’est la sédentarité des Bara, ils n’aiment pas trop
s’éloigner de leur région natale, alors que les Tandroy pensent toujours à rentrer dans la
région d’origine quand ils se sentent vieux même s’ils ont vécu pendant plusieurs années dans
leur foyer d’accueil. Une autre raison évoquée est l’incompatibilité d’humeur et de
comportement entre les Bara et les Tandroy : les autochtones sont des personnes qui ne
haussent pas souvent le ton quand ils parlent, ils n’aiment pas chercher querelle tandis que les
Tandroy ont un comportement brutal et provocateur, ce qui fait que les Bara évitent la relation
matrimoniale avec ces derniers pour ne pas avoir de problèmes.
1-1-2-2. La naissance et la mort
La naissance et la mort constituent de grands moments de la vie humaine. Chaque
groupe ethnique a ses propres mœurs et coutumes pour ces grands événements. Le destin du
nouveau-né dépend de sa place au sein de la famille, enfant légitime ou conçu hors du
mariage. De là aussi dépend le sort d’un individu à sa mort.
Chez les Betsileo
Les enfants issus d’un mariage mixte appartiennent d’office au père car les rites de la
cérémonie matrimoniale lui octroient la reconnaissance automatique des enfants à la
naissance. En cas de décès, femme et enfants sont enterrés dans le caveau familial paternel.
Pour l’enfant conçu hors mariage, il ne peut pas jouir des prérogatives d’un enfant légitime et
son père ne peut pas obtenir cet enfant sans avoir accompli un rite coutumier de
reconnaissance. Sinon, cet enfant appartient à la famille maternelle bara.
Chez les Merina
Bien que le mariage mixte avec les Bara soit rare, le sort des enfants à la naissance est à
peu près le même comme pour les enfants issus d’un couple mixte Betsileo/Bara. En ce qui
concerne les enfants naturels, cela se passe exactement comme chez les Betsileo. En cas de
reconnaissance, le père merina peut récupérer son enfant et le considérer comme ses autres
enfants. Tout cela conditionne son sort en cas de décès.
86
Chez les gens du Sud - Est
Nous avons déjà parlé auparavant du règlement de la « Tranobe » sur la non
acceptation des personnes issues d’autres groupes et la reconnaissance automatique des
enfants à la naissance. Mais la particularité de ces gens-là, c’est le rejet de l’enfant naturel
sans père, il ne peut pas intégrer le « kibory » de sa mère. Et selon l’habitude de la zone, sa
dépouille mortelle sera enterrée n’importe où ou dans le « kibory » des étrangers.
Chez les Tandroy
Dans un mariage mixte coutumier Tandroy/ Bara, les enfants nés du couple doivent
être reconnus un à un, au fur et à mesure de leur naissance, par le rite traditionnel de
« soron’anake » qui consiste à le présenter devant le Hazomanga agrémenté d’un sacrifice de
bœuf, à chaque fois. Ces enfants appartiennent à leur père et en cas de décès, ils sont enterrés
suivant les traditions de la famille paternelle. Pour les enfants de père bara, ils appartiennent à
leur père et vivent suivant les traditions bara, à la naissance comme à la mort.
Nous avons vu auparavant que tous les migrants du district essaient de conserver les
spécificités de leurs mœurs et coutumes notamment au cours des grands événements de la vie
(naissance, mariage, décès). C’est une façon pour eux de manifester leur identité ethnique.
Les Tompontany par contre, ne pensent pas quitter leur région natale car ils veulent éviter le
changement de mentalité et de comportement engendré par les déplacements plus ou moins
éloignés, isolés ou fréquents. C’est la raison pour laquelle, l’activité du commerce n’a pas été
acceptée par les parents bara, ils craignent que leurs enfants à la rencontre des nouveautés
puissent négliger l’activité pastorale. C’est à peu près pour la même raison qu’ils ont refusé
d’envoyer leurs enfants à l’école, d’une part l’école est souvent éloignée du village et d’autre
part, si l’enfant prend goût aux études, il ne sera plus disponible pour la garde du troupeau
bovin. De cette peur d’éloignement résulte la pratique fréquente de l’endogamie chez les
Bara. Actuellement, la situation a beaucoup évolué. La situation carrefour de la ville d’Ihosy
engendre beaucoup de contacts humains avec toutes les activités existantes dans le district,
ainsi que les projets de développement apportés par l’Etat et les ONG. La réalité est toute
autre car les Bara observent aujourd’hui certains changements au niveau de leur mentalité et
comportements.
1-2 : Les facteurs de changements socioculturels chez les
Tompontany
La vie n’étant plus comme avant, les Tompontany doivent faire face à différents
problèmes : ils s’appauvrissent à cause de la recrudescence des vols de bœufs, à cela s’ajoute
87
l’insécurité de toutes sortes, la scolarisation est inévitable, -l’Etat en fait un défi, - la religion,
dans tous ses états, a aussi ses influences.
1-2-1. La pauvreté et l’insécurité
Pauvreté et insécurité vont souvent de pair car l’existence de l’une engendre l’autre. A
cause des vols de bœufs, de nombreuses familles riches en bovidés deviennent pauvres du
jour au lendemain. Le prestige social est anéanti du même coup. Les Bara dont les rites
coutumiers reposent sur les bœufs, ont du mal à réaliser convenablement certaines traditions à
cause de la pauvreté. Un notable que nous avons enquêté nous a rapporté ce problème
concernant la réalisation d’un mariage entre parents proches ou endogamie : pour ce faire, il
faut au moins sacrifier trois bœufs pour accomplir ce mariage comme il se doit. Auparavant,
cela ne posait aucun problème mais actuellement tout devient si difficile. Une autre personne
raconte le cas d’un homme qui ne cesse de tuer ses bœufs et les mange avec toute sa famille.
Ce père de famille a été plusieurs fois victime de vols de bœufs. Il s’est dit qu’il ferait mieux
de les manger et d’en vendre une partie pour investir dans l’agriculture.
Actuellement, les Bara qui pratiquent un élevage contemplatif se lancent dans le
commerce de bovidés à plein temps. La raison essentielle de ce changement est de tirer profit
de cet élevage auquel ils ont mis tant de capitaux et d’efforts, autant vendre ses boeufs que de
se faire voler par les malaso. La plupart des éleveurs vendent une grande partie de leurs
troupeaux pour acheter des outils et équipements agricoles. Ils veulent changer de systèmes de
production pour éviter de subir les vols de bœufs et les insécurités répétées. Au début de
l’avènement du saphir dans le district d’Ihosy, il y a des Bara qui s’intéressaient à
l’exploitation mais actuellement très peu d’entre- eux pratiquent cette activité à cause des
difficultés qu’ils rencontrent, ils se disent : « Il vaut mieux travailler la terre, c’est plus sûr ».
Les malchanceux de l’exploitation du saphir pour subvenir à leurs besoins se
convertissent en bandits en repérant les riches dans les villes et deviennent des cambrioleurs
de maisons d’habitation pour s’approprier des biens valeureux. Certains
ajoutent au
cambriolage la destruction des maisons par un incendie. Un autre acte de vandalisme que
commettent aussi les malheureux du saphir est le feu de brousse pour exprimer leur déboire,
ils s’attaquent aux vastes plateaux de la zone.
88
1-2-2 : La religion
Parmi les conséquences de la migration, la religion a également sa part concernant ses
influences au sein de la population locale. Différentes églises chrétiennes sont arrivées par
étapes dans la région.
La plus ancienne est l’église luthérienne qui a commencé l’évangélisation depuis 1888.
Puis en 1928, l’église catholique romaine fit à son tour son entrée dans la zone.
Beaucoup plus tard, vers la fin des années 50 une autre religion chrétienne, la mission
évangélique de Madagascar fit son installation.
L’église adventiste la suivit de près, en 1964 et les témoins de Jéhovah en 1976.
Les autres tendances (Rhema, Jesosy Famonjena, Arampilazantsara, Assemblée de
Dieu, F.J.K.M) ne sont arrivées dans la région que très récemment vers le début des années
1990. La toute récente à prendre place dans le district est la religion musulmane qui a
beaucoup d’adeptes parmi les gros exploitants de saphir, les Sri lankais. Ils ont construit des
mosquées à Ilakaka et à Sakaraha et projettent d’en construire une autre à Ihosy
prochainement.
Chez les Bara, les personnes qui embrassent la religion augmentent progressivement au
sein d’une famille. Ils ont recours à la religion chrétienne en cas de problèmes difficiles,
maladies ou autres. Certains se convertissent parce qu’ils ont entendu un appel par
l’intermédiaire d’un songe. Puis ces personnes converties essaient d’influencer ses proches.
Appliquer la doctrine chrétienne dans la vie quotidienne est l’un des facteurs de changement
socioculturel, plusieurs traditions deviennent négligées, c’est le cas du traitement par la
pratique du « Bilo» qui consiste à traiter une personne gravement malade selon un rite
traditionnel accompagné d’un sacrifice de bœuf. Cette tradition commence à être délaissée car
les chrétiens expliquent la maladie comme un acte maléfique du démon. Ils incitent la famille
à amener le malade chez le pasteur ou le prêtre pour recevoir le sacrement du baptême, puis il
y a le « Mpiandry » qui fait l’exorcisme en priant fortement Dieu de faire sortir les démons.
En parallèle avec le baptême et l’exorcisme, le malade est traité chez le médecin. En cas de
guérison, la conversion au christianisme se fait sans problème. C’est pourquoi, il y a un
changement de mentalité et de comportements qui se fait petit à petit.
89
1-2-3 : La scolarisation
La scolarisation est inévitable. L’Etat en fait un défi. Actuellement, celui-ci c’est
l’éducation pour tous. Tous les enfants malgaches doivent aller à l’école et étudier
obligatoirement jusqu’à la fin des classes primaires. A partir de la classe de 6ème, les enfants
doivent quitter leurs parents pour continuer leurs études là où il y a un CEG, c'est-à-dire dans
la ville. Ils côtoient beaucoup de nouveautés et ressentent de l’engouement pour l’éducation et
ils reçoivent de nouvelles cultures.
Quelques membres de la famille quittent aussi le monde rural, surtout les femmes pour
aider leur enfants dans la cuisson de la nourriture. Ils louent ou construisent une maison pour
leur installation en ville. La vie citadine, les apports de l’enseignement, et les fréquentations
ont des influences notables sur le jeune rural qui étudie en ville pendant quelques années. Puis
si le jeune étudiant pousse ses études plus loin, après le baccalauréat, il est amené à s’éloigner
un peu plus de sa région natale pour continuer à l’université. Les conséquences de la
scolarisation des enfants ont été appréhendées depuis longtemps par les autochtones. Ceux qui
ont beaucoup étudié embrassent d’autres activités et ne veulent plus retourner à la terre, ils
deviennent fonctionnaires, commerçants, ou exercent d’autres fonctions libérales. Les parents
ne peuvent pas comprendre la signification de ces nouvelles activités, ils se disent que leurs
enfants sont désobéissants car ces derniers
ne vivent pas selon leur ambition, ils les
considèrent comme des paresseux et impolis. Ainsi la scolarisation dévie les enfants de la
terre et du village natal, et est jugée « mahaebo ».
2- L’influence sur l’environnement
2-1 : la couverture végétale dans le district d’Ihosy
L’existence de la forêt reste une histoire ancienne dans le district d’Ihosy. Cela est dû
aux pressions anthropiques d’où le changement de structure de la végétation aggravé par
l’irrégularité des précipitations. Actuellement, la végétation est constituée par une savane
herbeuse à prédominance d’ahidambo ou Heteropogon contortus notamment dans les lieux
non habités par l’homme c'est-à-dire, loin des villages et de la ville. On trouve des arbres
fruitiers à proximité des lieux habités. Les fruits qui poussent sur place sont le manguier, le
papayer, le letchi, le bananier. Le Jathropha est cultivé par la population pour servir de
clôture sous forme de haie vive. Des eucalyptus longent la route nationale n° 7 à l’entrée est
de la ville et à la sortie sud.
90
Les zones rurales à savanes arborées recèlent quelques variétés d’arbres tel que le sakoa
(Sceriocarya caffra), le mangarahara ( stereospermum euphoroïdes), le tsingilofilo (Celastrus
linorcarcis ) qui poussent ici et là au milieu des herbes ahidambo ( Heteropogon contortus),
bakaka (Shorgum alepensa), le vero (Hyparrhenia rufa) et horona (Aristida).
2-1-1 : Les feux de brousse
Les éleveurs ont l’habitude de pratiquer des feux de brousse afin d’accélérer la
repousse de l’herbe, pour assurer la nourriture de leurs troupeaux. Cette pratique est néfaste
car le feu détruit la couverture herbeuse qui soutient le sol. Quand la pluie tombe, le sol
dénudé sous l’action de l’eau subit une érosion qui aboutit à la destruction de
l’environnement. Ces feux de brousse brûlent dans la foulée les quelques arbres existants
dans la savane arborée. En dehors des feux,
les populations ne font pas beaucoup de
pressions sur l’environnement, elles n’ont pas l’habitude de couper les grands arbres. Pour
leur besoin en bois de chauffe, l’on utilise les bois secs. Pour construire les maisons
d’habitation, l’on se sert d’une qualité de sol facile à pétrir pour le montage de mur, et pour la
toiture, l’on achète les tôles métalliques dans le commerce ou l’on utilise les grandes herbes
comme l’ahidambo (Heteropogon contortus), le vero ( Hyparrhenia rufa) , le horona
(Aristida), la paille de riz.
2-1-2 : La fabrication de charbon
Ce sont les migrants qui ont introduit la fabrication du charbon dans le district.
Actuellement, son utilisation augmente à cause de l’accroissement des besoins en milieu
urbain et dans la zone du saphir à Ilakaka. Dans la ville d’Ihosy, plus de 90% de la population
utilisent le charbon pour la cuisson, 7% pour le bois de chauffe et 3% pour le gaz. Le milieu
rural approvisionne la ville en charbon. Sa fabrication nécessite l’abattage de grands arbres en
grande quantité : une charretée de bois produit un sac de charbon (un sac pouvant contenir
100kg de produits agricoles). Les fabricants de charbon disent qu’il faut aller de plus en plus
loin pour trouver des arbres à abattre. Pourtant, chaque matin, des fournisseurs provenant des
communes rurales environnantes transportent du charbon à vélo à raison de un à deux sacs par
voyage. Les principales communes qui approvisionnent la ville en charbon sont les
communes rurales d’Ambararata, de Zazafotsy, d’Analaliry, de Sakalalina, de Sahambano et
la commune rurale d’Ankily.
91
Ces différentes communes rurales ravitaillent également la ville d’Ihosy en bois de
chauffe utilisé surtout par les gargotiers et les boulangers. Les bois les plus recherchés pour la
fabrication du charbon et le bois de chauffe sont le Tsingilifilo ( Celastrus linorcarcis
) et le
Sakoa ( Sceriocarya caffra). Actuellement, les gens abattent aussi le Rotsy (Eugenia sp )
mais les consommateurs ne l’apprécient pas trop.
Les migrants qui se spécialisent dans la fabrication et la commercialisation du charbon
et du bois de chauffe sont surtout les Betsileo.
Voyant que cette activité nourrit son homme, les autochtones essaient aussi de la
pratiquer mais pas d’une façon continue. C’est pendant la période de soudure qu’ils s’y
mettent afin de se faire un peu d’argent. Pour cela, ils utilisent n’importe quel arbre sans tenir
compte de sa qualité et produisent donc du charbon de mauvaise qualité qu’ils vendent à bon
marché pour satisfaire leurs besoins quotidiens : savon, pétrole, sel, etc.
Pendant la période de récolte, la production locale en charbon et en bois de chauffe est
en baisse. Ce qui fait que l’offre ne satisfait plus la demande. C’est ainsi que des fournisseurs
en provenance de Fianarantsoa écoulent leurs produits à Ihosy, alors que Ilakaka
s’approvisionne à partir de Sakaraha et ses périphéries.
Par conséquent, la situation déjà précaire de l’environnement se détériore. Pour éviter la
destruction totale, il faut trouver une solution adéquate pour remplacer le charbon de bois
surtout, et en même temps, éduquer la population sur les actions à mener pour préserver ce
qui reste.
2-2 : Les problèmes de la sauvegarde de l’environnement
En dépit des besoins de la population locale, la mise en place des actions de
sauvegarde de l’environnement est en vigueur. Le grand obstacle dans la réalisation de cette
préservation de l’environnement est le problème de compréhension de la population locale. A
cela s’ajoute le manque de personnel éducatif et de ce fait, il y a une carence en matière de
surveillance devant les comportements destructeurs des populations.
2-2-1 : Le manque de sensibilisation de la population locale et les migrants
temporaires
Par ignorance, les autochtones pensent que la pratique de feux de brousse engendre
beaucoup de pluie. Pour cela, ils ne prennent aucune précaution, parfois, le feu n’est plus
maîtrisé que son extension ravage de vastes étendues de savanes qui sont déjà vides d’arbres.
Dans le district d’Ihosy, 70% des terrains de parcours des troupeaux sont des savanes
92
herbeuses. Les paysans interprètent l’insuffisance de pluies comme une malédiction divine ou
comme une quelconque action d’un individu qui leur veut du mal. Ils ne se sentent pas
responsables de ce qui leur arrive. Ils ne prennent conscience de la situation de leur
environnement que lorsque la destruction est assez avancée avec le tarissement de certaines
sources et l’ensablement des rizières qui deviennent inutilisables. A cause de l’irrégularité des
précipitations, l’étiage devient très long et la période de crue n’est plus périodique. La
pratique de feu sauvage devient fréquente dans les zones de passage des « malaso ». En effet,
c’est une pratique qu’ont adopté les voleurs des bœufs pour brouiller leurs traces. Selon les
responsables du service des eaux et forêts, les communes considérées comme « zone rouge »
par la fréquence de feux de brousse sont : Satrokala, Ambatolahy et Ranohira. Ces communes
ont également un cheptel important en bovidés. Elles sont aussi victimes de feux sauvages,
elles constituent un lieu de passage des « malaso ». Cette commune rurale de Ranohira subit
aussi les débordements des déçus de l’exploitation du saphir qui brûlent le plateau ou
s’attaquent aux forêts de Manombo et de la tapia (Uapaca bojeri f Euphorbiacée). La mise à
feu de celles-ci met en péril l’avenir des vers à soie « landy be » ou Borocera
madagascarensis. L’arbre heza ou Sarcolaena grandiflora est une espèce qui résiste au feu
mais actuellement, elle risque de s’épuiser car des exploitants clandestins en abattent
excessivement pour fabriquer du charbon dans la forêt de Manombo. Les tompontany
commencent à réagir en surveillant leur forêt pour diminuer la destruction.
Le reboisement est presque inexistant alors que les exploitants continuent d’attaquer le
reste de la forêt dense sèche qui borde les cours d’eau, la dernière couverture solide qui
soutient le sol lors de passage de crue. Le plus grave, c’est que la plupart des exploitants
n’ont pas d’autorisation de coupe émanant du Ministère responsable. Ils abattent les arbres
n’importe comment, en grande quantité, sans souci de la relève. Dernièrement, les grands
forestiers, pour diminuer les pressions, vont jusqu’à la forêt pour contrôler l’exploitation
forestière. La population locale commence à respecter les règlements tandis que des
exploitants clandestins fuient le contrôle et passent d’une forêt à une autre en continuant leurs
pressions en fabriquant du charbon.
2-2-2 : L’insuffisance de personnel qualifié
Tout le monde est responsable de son environnement et doit le préserver. Cependant,
certaines personnes ne sont pas conscientes de cette responsabilité. Ainsi, il faut les éduquer
par une campagne de sensibilisation pour leur permettre de comprendre les mécanismes de
l’environnement et sa préservation. Pour cela, il faut des techniciens compétents qui puissent
93
convaincre les ruraux, des gens capables de répondre à leurs questions et qui peuvent les aider
dans les actions de préservation. Si la campagne de sensibilisation a été convaincante, le
changement de comportement va de soi, avec un coup de pouce du responsable local de
l’environnement. Cela consiste à mettre en place une structure locale de sauvegarde de celuici, en responsabilisant la communauté de base sur la gestion de leur environnement, surtout la
forêt pendant une durée déterminée.
Il faut mener des actions au niveau des communes. Celles qui sont méritantes doivent
recevoir une prime qu’elles peuvent investir dans un projet de développement. Par contre
celles qui sont défaillantes seront sanctionnées et ne pourront plus bénéficier d’une
subvention de l’Etat. Celle-ci varie entre 5 millions et 12 millions ariary par commune
méritante qui la reçoit par le biais de la Direction Régionale de Développement Rural
(DRDR).
II – LES IMPACTS ECONOMIQUES DE LA MIGRATION.
L’arrivée de nombreux migrants se traduit par un apport de richesse pour le pays
d’accueil, cela contribue à la mise en valeur de la région sur le plan économique.
1 – La contribution au développement local.
Le contact des autochtones avec les migrants entraîne forcément des nouveautés qui
sont à l’origine de nouveaux besoins. Ceux-ci engendrent alors des activités nouvelles pour la
population locale.
1. 1. La complémentarité dans la mise en valeur économique
Les familles des premiers migrants sont définitivement installées dans le district. Ils
adoptent le mode de vie bara tout en introduisant leur méthode de travail traditionnel. De plus,
ils s’adaptent facilement aux conditions du milieu, et ajoutent à leurs activités d’origine,
celles que leur offrent les potentialités du district.
D’une façon générale, les migrants sont surtout des agriculteurs. Ils pratiquent la
riziculture qui occupe de vastes superficies. L’utilisation de grandes étendues de terrain
sensibilise la population locale sur la valeur foncière, les gens commencent aussi à agrandir
leurs surfaces agricoles.
L’activité des migrants qui est basée sur l’agriculture est complémentaire de celle des
autochtones qui sont des éleveurs. Ces derniers, à la demande des nouveaux migrants, leur
94
cèdent des terres à cultiver selon le système de métayage. A la récolte, tout le monde est
gagnant car la production est partagée entre le propriétaire du terrain et celui qui l’a cultivé.
Actuellement, à cause de la recrudescence des vols de bœufs, plusieurs autochtones
conscients des bénéfices qu’ils peuvent en tirer, se tournent vers l’agriculture dans l’espoir de
reconstituer le troupeau de bovidés. Certaines familles d’éleveurs convertissent une partie de
leurs terrains de parcours en rizières. N’étant pas très performants en la matière, ils ont
recours aux migrants originaires du Sud et du Sud Est de l’île pour cultiver ces terres, au
grand bonheur de ces derniers qui sont habitués à cette activité.
La terre est devenue un système de capitalisation et constitue un moyen de créer des
alliances pour asseoir un pouvoir social. La diminution du cheptel incite les éleveurs à se
tourner vers la riziculture qui est un investissement sûr et fiable.
1. 2 : Le dynamisme des migrants.
Chaque migrant a sa propre activité et son propre objectif en arrivant dans le pays
d’accueil. Pour les migrants temporaires, ils arrivent généralement seuls, quand ils atteignent
leur objectif, ils envoient à leurs parents restés dans la région d’origine une partie de la
fortune qu’ils ont amassée.
Pour les migrants qui ne sont pas liés à la terre, ils exercent des activités qui jouent le
rôle d’intermédiaire entre le foyer de départ et la zone d’accueil, entre la ville et les villages,
entre producteurs et consommateurs. Cela marque les échanges et les relations avec les
différentes populations de Madagascar.
A cause de ces activités, les migrants sont à la croisée de toutes les tendances. Leur
pouvoir vient en grande partie de leur mobilité et des contacts qu’ils ont à l’extérieur du
district. C’est un moyen efficace de réussite. Ils peuvent jouer un rôle majeur dans l’avenir de
la région d’accueil.
2 – L’occupation du terrain.
L’occupation ancienne ou récente des migrants a parfois des conséquences néfastes sur
la région d’accueil, même s’ils contribuent au développement, cela peut être à l’origine de
conflits fonciers ou de l’insécurité que l’on observe dans le district.
2. 1 : Le conflit foncier
On sait que l’économie du district est axée sur l’agriculture, l’élevage et l’extraction de
pierres précieuses. C’est une zone à vocation pastorale.
95
Pour les tompontany, tous les espaces vides d’hommes sont pour la plupart des terrains
de parcours de leurs troupeaux.
Le développement de l’agriculture se fait le plus souvent aux dépens des espaces
pastoraux, cela engendre des conflits de terrains entre migrants et tompontany. Pour ces
derniers, le bétail reste et restera un moyen principal de capitalisation des revenus.
Or, les migrants cultivateurs cherchent à étendre les surfaces à cultiver et immatriculent
les terrains de pâturage des autochtones, à leur insu, pour en faire des parcelles de culture.
La loi qui régit le foncier donne la faveur à celui qui met en valeur la terre, l’utilisation
pastorale n’étant pas reconnue comme une mise en valeur. Il est donc facile pour un migrant
d’immatriculer des terres cultivées sur un pâturage qui ne lui appartient pas. Par ailleurs,
lorsque les migrants deviennent nombreux dans un village, ils s’affranchissent de la
dépendance envers les autochtones qui sont très peu solidaires.
Ainsi, les migrants posent problème pour les autochtones qui sont peu regroupés car
leur activité demande une mobilité et des grands espaces. Pour simplifier les choses, les
autochtones reculent encore plus à l’intérieur des zones rurales vides d’homme.
A Ilakaka, dans la zone où il y a l’exploitation des pierres précieuses, le conflit foncier
se manifeste au moment où l’occupation de l’espace demandé au niveau de premiers
occupants dépasse la durée convenue, ou bien quand les nouveaux occupants commencent à
construire des immeubles en dur. Les premiers occupants se considèrent comme tompontany
mais les nouveaux venus s’appuient sur les textes de loi pour immatriculer le terrain, à l’insu
des tompontany. Tout cela entraîne une mésentente entre les migrants et les autochtones et
peut être à l’origine d’une insécurité quand ces derniers cherchent à se venger.
2 – 2 : L’insécurité
L’insécurité est un des problèmes cruciaux du district. Elle se manifeste par les vols de
bœufs, les vols de récolte, les cambriolages à domicile, les assassinats, les viols et les vols de
volailles (selon la compagnie de la gendarmerie d’Ihosy).
Parmi ces délits, les vols de bœufs entraînent un appauvrissement brutal chez les
familles d’éleveurs. Selon un notable habitant le Fokontany Andranomasy, dans la commune
rurale de Sahambano, un conflit foncier opposant les habitants d’Andranomasy I et II est à
l’origine d’une insécurité constante car ces derniers se vengent en se volant mutuellement des
bœufs.
96
Plusieurs villages se trouvent ainsi sans bœufs, et les paysans ne peuvent même plus
piétiner leurs rizières avec des zébus. Les éleveurs s’appauvrissent car ils ne peuvent plus
travailler convenablement leurs terres.
Les vols de bœufs évoluent vers le grand banditisme qui s’intègre à des réseaux
clandestins de commercialisation. Au niveau des marchés de bovidés (Tsenan’omby), les
bœufs vendus à l’écart, avec un prix bon marché sont des bœufs volés, ce sont des bêtes sans
papiers, ni passeport.
D’après ce que nous avons vu, il est incontestable qu’il existe une certaine
complémentarité entre les migrants et les autochtones, en ce qui concerne leurs activités de
subsistance. Si ces derniers basent leur système de production sur l’élevage, les migrants sont
plutôt performants en agriculture et surtout en riziculture. Les divergences sont palpables
lorsqu’il est question de conserver les traditions au moment des grands événements de la vie :
naissance, mariage et décès. L’insécurité est l’une des conséquences néfastes de la migration
à cause de l’affluence en masse de la population depuis l’avènement du saphir. Cette
insécurité entraîne la pauvreté de la population locale qui ne peut plus travailler
tranquillement.
La persistance des techniques archaïques de production agricole ou d’élevage
constitue un frein au développement de notre zone d’étude.
Quoi qu’il en soit, le district d’Ihosy offre beaucoup de potentialités avec son sol très
fertile, une région à vocation pastorale avec ses vastes savanes herbeuses.
C’est une région qui a tous les atouts pour se développer, elle possède de belles
perspectives d’avenir.
97
CHAPITRE VI : LES PERSPECTIVES D’AVENIR DU
DISTRICT D’IHOSY.
Madagascar étant une île, c’est une république unique et indivisible. Les habitants ont
une langue unique et tout le monde se comprend. De ce fait, la migration interne de la
population malgache est libre. Cela explique l’existence de différentes ethnies dans notre
zone d’étude.
A part les activités commerciales, les affectations des fonctionnaires et des salariés du
secteur privé, une cause essentielle de la migration est la recherche de vastes terres de
culture, car le foyer de départ n’offre plus des possibilités quant à l’agrandissement de la
famille.
Une des causes de la migration aussi est la recherche de la fortune, autant chercher la
richesse ailleurs que rester pauvre dans son village natal, en faisant des activités lucratives
pour subvenir aux besoins de la famille.
La migration n’est pas mauvaise en soi, car elle est un facteur de développement.
Seulement, elle a aussi des conséquences négatives qui se répercutent sur la population
locale de la région d’accueil.
Quelles sont donc les actions à mener pour avoir un avenir meilleur dans le district d’Ihosy ?
I - L’AMELIORATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION
Les moyens de subsistance de la majorité de la population du district sont basés sur
l’élevage bovin et l’agriculture, pratiqué selon les méthodes traditionnelles. Tout cela
nécessite une amélioration si l’on veut vraiment un développement et un enrichissement de la
population.
Les tableaux suivants nous montrent l’évolution de l’élevage de 1996 à 2005, les
maladies des produits de l’élevage (1996-2005) et l’effectif des bêtes traitées par le vétérinaire
entre 1996 à 2004.
Tableau n°30 : Evolution de l’élevage durant 10 ans (de 1996 à 2005)
Année
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Bovin
193.000
169.000
152.000
158.000
192.000
142.901
150.405
158.078
153.978
156.398
Porcin
5.360
5.120
3.378
3.320
1.240
834
1.100
2.900
3.200
1.920
250.000
211.000
186.500
134.100
183.753
160.971
167.000
169.160
189.500
161.480
Espèce
Volaille
Source : Direction régionale du Développement Rural
98
Tableau n31° : Les maladies des produits de l’élevage (1996 - 2005)
Espèce
Maladies
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
existantes
Charbon
157
37
168
52
35
25
16
___
___
___
135
44
104
37
103
65
55
43
24
32
124
135
128
88
55
42
48
22
12
07
Fasciolose
25.235
23.790
22.824
23.100
19.700
22.185
16.743
15.874
19.898
11.570
Total
25.651
24.006
23.224
23.277
19.893
22.317
16.862
15.937
19.934
11.609
%
13,33
14,28
15,38
14,7
10,30
15,62
11,23
10
12,98
7,4
Teschen
1560
720
674
282
157
28
44
07
27
52
804
350
115
150
___
___
___
___
___
12
___
___
1600
524
88
18
17
18
34
22
206
298
21
48
7
17
2
50
14
30
2570
1368
2410
1004
252
63
63
135
75
116
50
26,31
66,6
33,3
20
7,69
5,8
4,65
2,35
6,06
4000
500
4000
370
370
250
104
200
58
52
Peste aviaire
13.000
10.000
32.400
12.720
9.500
10.500
5.200
10.112
7.400
4.225
Cholera
22.000
14.000
16.000
14.000
7.200
8.200
6.800
8.200
6.200
3.750
Total
35.400
24.500
52.400
27.090
17.070
18.950
12.167
18.512
13.658
8.027
14,28
11,62
28,57
20
9,2
11,76
7,290
10,9
7,5
5
Symptomatique
BOVIN
Dermatose
nodulaire
Dermaphilose
Peste porcine
PORCIN
classique
Peste porcine
africaine
Avitaminose
Total
%
VOLAILLE
Variole
%
Tableau n°32 : Effectifs de bêtes traitées par le vétérinaire (1996 – 2004)
Année
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Espèce
BOVIN
6.730 10.940 2.830 7.300 13.537 8.606 813 1.067 7.436
%
25 45,45 12,19 31,25 66,66 38,46 4,83 6,66 37,03
PORCIN
26
261
587
60
83
88
54
83
52
%
1,02
20 24,39 6,06
33,5
___ ___
___
___
VOLAILLE
___
___
___
___
___
___ ___
___
___
Source : DRDR.
99
D’après ces tableaux, le district est favorable à l’élevage bovin. L’effectif total
annuel durant ces 10 ans varie entre 150.000 et 190.000 têtes puis le chiffre se stabilise à près
de 150.000 à partir de 2001.
Le pourcentage de bœufs malades est de 7 à 15% de l’effectif total annuel. Les bœufs
malades qui ont reçu un traitement chez le vétérinaire représentent avant 2002 entre 12 et 66%
des bêtes dépistées, puis ce taux chute à 5% en 2002 – 2003 puis remonte à 37,03% en 2004.
L’élevage porcin est affecté par les différentes maladies (teschen, peste porcine
classique, peste porcine africaine, avitaminose).
En 1996, 50% des bêtes ont été atteintes et depuis le nombre de cheptel diminue
d’une année à l’autre, surtout entre 2000 et 2002. Actuellement, les éleveurs commencent à
reconstituer leur cheptel, mais le problème des maladies persiste.
Le taux de traitement est encore faible, il varie de 1 à 24% de l’effectif des bêtes
malades.
L’utilisation des méthodes empiriques pour le traitement des maladies ne donne pas de
résultats satisfaisants pour les éleveurs.
L’élevage de volaille est une activité habituelle de chaque famille, mais il est pratiqué
sans soin, ni alimentation réglementée. La demande augmente depuis 1998, à cause de
l’exploitation du saphir à Ilakaka. Malgré cet accroissement, la méthode d’élevage reste
traditionnelle.
1 – Actions à mener pour améliorer l’élevage.
Devant ces différents problèmes, il est nécessaire d’améliorer le système d’élevage
dans le district.
Il faut instaurer la sécurité publique, cela est du ressort de l’Etat et des autorités
locales. Tout le monde doit être responsabilisé quant à la nécessité de veiller à la sécurité du
monde rural.
Améliorer le système d’élevage, c’est éduquer les éleveurs sur les nouvelles
techniques. Il faut qu’ils veillent à la santé de leur cheptel (vaccination, déparasitage, réserves
de nourriture pour la saison sèche, caisse de sécurité pour les soins).
Notons que techniciens et éleveurs doivent travailler en étroite collaboration, les
techniciens doivent constater sur le terrain l’application des formations acquises par les
éleveurs et les corriger au besoin.
100
En cas de problèmes, les éleveurs ne doivent plus hésiter à demander conseils aux
techniciens.
Actuellement, l’Etat a installé dans chaque région une Direction Régionale de
Développement Rural (D.R.D.R) qui doit veiller au développement local, c’est le service
public qui travaille directement avec les paysans, par l’intermédiaire de leur prestataire de
services.
Dans le district, la réalisation de l’élevage intensif bovin est encore à l’état
embryonnaire car la pratique demande beaucoup d’argent. Ex : une vache holstein coûte
4.000.000 ariary). D’où l’intérêt de l’aide de l’Etat à cause de la cherté de cette race. Cette
variété produit du lait en grande quantité mais son élevage demande beaucoup de minutie
pour l’alimentation. Cela exige une culture de fourrage, une étable bien entretenue (nettoyée
régulièrement).
Par rapport à la race locale, la nouvelle demande 10 fois plus de travail. Deux centres
seulement pratiquent cet élevage moderne à Ihosy (la ferme des religieux catholiques et une
ferme privée). Quelques essais ont été effectués par des ONG, mais celles-ci ont essuyé des
échecs, faute de soins.
Les éleveurs souhaitent le métissage de cette race avec la race locale, car ils ne
peuvent pas assurer convenablement toutes les exigences de cette race étrangère.
Ainsi, ils pourront l’élever dans leur méthode habituelle.
2 – L’amélioration du système agricole.
2 – 1 : Situation de l’espace cultivé dans le district d’Ihosy.
Les cultures les plus pratiquées dans le district sont les cultures vivrières : le riz, le
maïs, le manioc.
Les cultures maraîchères et les cultures industrielles sont à leur début mais pas assez
développées. Dans le système de production agricole, ils utilisent encore les forces
musculaires, avec l’angady surtout.
Tableau n°33 : Répartition de l’espace dans le district d’Ihosy
Superficie totale du district Forêt
Savane
Culture
Occupation humaine
(ha)
(ha)
(ha)
(ha)
(ha)
1.837.200
73.488
1.616.736
55.116
91.860
100%
4%
88%
3%
5%
Source : traitement de l’image7 1993 – 2001 (ONE : 2006)
101
Figure n°2 : Répartition de l’espace dans le district d’Ihosy
Forêt (ha)
Savane (ha)
Culture (ha)
Occupation humaine
(ha)
D’après ce tableau, la mise en valeur du terrain par les cultures est encore faible
(55.166 ha) par rapport à l’étendue du district (1837.200 ha) ainsi que l’occupation humaine
(91.860 ha). Les principaux blocages pour l’extension des surfaces cultivables et pour
augmenter le rendement sont les problèmes d’ordre financier et technique. D’une manière
générale, les méthodes de culture restent archaïques (bêche, charrue).
2 -2 . Amélioration de la production agricole
L’amélioration du système de culture nécessite l’introduction d’une nouvelle politique
d’aménagement pour produire sur de grands espaces. La maîtrise de l’eau, l’amélioration des
semences avec la sélection des semences précoces, la vulgarisation des nouvelles cultures,
l’extension des superficies cultivées, sont des mesures indispensables si l’on veut vraiment
améliorer le rendement agricole. Ainsi le développement et l’autosuffisance alimentaire
pourront être assurés.
2 – 2 – 1 : La maîtrise de l’eau
La maîtrise de l’eau est l’un des souhaits de la population du district, pour améliorer la
production. D’où la nécessité de la construction de barrages hydrauliques ou la réhabilitation
des ouvrages existants.
Les grands ouvrages de la sorte nécessitent une intervention de l’Etat, dans le cadre de
projets de développement, en partenariat avec les différents organismes nationaux et
internationaux, publics et privés, pour obtenir un financement.
Actuellement, à cause de la destruction de l’environnement, le climat connaît un
changement notable dont la diminution des précipitations.
Ainsi, la meilleure maîtrise de l’eau est la sauvegarde de l’environnement. Pour cela, il
faut éduquer et sensibiliser toute la population sur les méfaits des feux de brousse et de la
102
destruction de la forêt. Des campagnes de sensibilisation doivent être entreprises ainsi que
des actions de suivi et de surveillance pendant une durée plus ou moins longue pour perpétuer
les nouveaux comportements.
2 . 2. 2 : Les techniques de culture.
Selon les potentialités offertes par la qualité du sol, il est nécessaire d’introduire les
nouvelles techniques agricoles pour améliorer le rendement : utilisation des semences
sélectionnées avec de bonnes multiplications, choisir les variétés précoces à cycle court pour
avoir 2 ou 3 récoltes par an, utilisation de bons engrais, etc.
La vulgarisation des techniques culturales se fera avec la participation des
responsables sur le terrain.
Il faut encourager les paysans à former des groupements pour faciliter l’extension des
surfaces cultivées avec la motorisation du travail agricole.
Des essais sont expérimentés sur place, en ce qui concerne la riziculture :
- Le SRA : système de Riziculture Amélioré : la diminution du temps de préparation et
la mise en culture de 30 à 15 jours.
- Le SRI : Système de Riziculture Intensif : par l’utilisation de variétés précoces, la
préparation et la mise en culture sont réduites à 8 jours : la variété précoce SBOTA 41 donne
un bon rendement et n’exige pas de rizières inondées.
Dans ce programme de vulgarisation agricole, le maïs, les cultures maraîchères et les
arbres fruitiers offrent aussi des perspectives d’avenir pour le développement de la zone. Il
faut développer sérieusement ces cultures pour permettre, plus tard d’installer sur place des
unités de transformation ou de conservation des produits agricoles car les débouchés ne
manquent pas.
Mais le problème de matériel agricole est encore un obstacle, les paysans n’ont pas les
moyens de s’acheter une charrue ou bien une sarcleuse. Une opération « charrue » a déjà eu
lieu mais tout le monde n’a pas eu satisfaction. Il y avait trop peu de charrues par rapport à
l’effectif des paysans.
Ces derniers doivent avoir accès aux institutions financières mutualistes et aux banques
primaires, pour leur permettre d’investir dans les travaux agricoles. Travailler au sein d’un
groupement répond au vieux principe selon lequel « l’union fait la force ». Cela est également
indispensable pour asseoir une confiance mutuelle et une solidarité pour la gestion d’une
production sur de vastes espaces suivie d’une récolte agricole, en grande quantité.
Ce serait meilleur encore si l’on tient compte de la préservation de l’environnement.
103
II – LES ACTIONS A MENER POUR PRESERVER
L’ENVIRONNEMENT.
Nous avons déjà parlé des différentes pressions anthropiques qui sont à l’origine de la
destruction de l’environnement. Quelles sont donc les actions à mener pour préserver ce qui
reste ?
1 – La réglementation de la gestion de l’environnement.
En premier lieu, pour la réglementation de la gestion de l’environnement, il faut une
bonne éducation des populations, leur faire connaître l’importance de l’environnement naturel
et les conséquences de la destruction de celui-ci.
Il est également indispensable de proposer des solutions techniques pour réduire la
destruction de la forêt et la pratique des feux de brousse :
-
L’éducation des paysans pour la production de combustibles fabriqués à base de terre
et d’herbe sèche.
-
Instauration d’une bonne politique de reboisement auprès des populations locales.
-
Veiller à la bonne application des réglementations en vigueur dans la pratique des feux
de brousse.
-
Mise en place des conventions pour la protection de l’environnement: renforcement
des « Dina » et homologation auprès du tribunal.
-
Préserver les zones qui recèlent des plantes endémiques ou les sites culturels (ancien
site de la ville d’Ihosy). Mettre en valeur ces zones pour le tourisme par exemple et en
faire une « aire protégée » avec des aménagements nécessaires pour réduire la
destruction. Tout cela exige une gestion saine et une vigilance au niveau de la
surveillance.
-
L’utilisation et la vulgarisation de nouvelles sources d’énergie : l’énergie solaire,
l’énergie éolienne etc. pour réduire la fabrication du charbon de bois.
2 – La gestion et l’amélioration des sites à conservation particulière.
Le district abrite le site de l’Isalo, qui présente de fortes potentialités touristiques avec
son relief ruiniforme, sa piscine naturelle, son « parcours des malaso », et bien d’autres
endroits qui suscitent la curiosité des gens de passage. Ce site est déjà géré par la commune
rurale de Ranohira en partenariat avec l’ANGAP31, c’est un parc national régi par une
31
Association Nationale de Gestion des Aires protégée
104
réglementation qui met en exergue la préservation de l’environnement. Il faut maintenir cette
structure de gestion déjà existante.
Certains sites historiques méritent réhabilitation pour perpétuer l’histoire régionale, c’est
le cas de Ihosy Taloha qui abrite le premier site de la ville, construit par les Merina à la fin du
XIXe siècle.
Plusieurs sites présentent des particularités qui méritent une attention spéciale d’où la
nécessité de les recenser, afin de pouvoir penser à leur mise en valeur. Seulement, tout cela
n’est pas facile car il faut beaucoup de moyens financiers.
Le district tout seul ne pourra pas assurer cette mise en valeur sans l’appui de l’Etat, de
plus travailler en partenariat avec les différents organismes environnementaux (ANGAP,
WWF32, GELOSE33,…) serait bénéfique car cela va entraîner des créations d’emplois pour les
jeunes de la région dans le secteur du tourisme et de la restauration.
Les sites qui méritent un statut particulier de conservation sont :
-
La cascade d’Andrimitsotsy – Analamanara où existe une réserve de biodiversité dans la
commune rurale d’Analaliry ;
-
La grotte d’Andranomanitsy dans la commune rurale d’Ankily ;
-
L’Ifandana, la plage d’Amparadisa dans la commune rurale de Zazafotsy et à Ilakaka :
Ampasimamitaka : terrain favorable à l’exploitation du saphir.
La forêt Analamanara reste l’unique lambeau de forêt du district d’Ihosy. Elle est située
dans la commune rurale d’Analaliry. Elle doit être préservée car elle recèle la plupart des
plantes médicinales les plus utilisées par la population locale. C’est aussi une forêt
intermédiaire entre la forêt sèche de l’Ouest et la forêt ombrophile de l’Est, qui compte
beaucoup de plantes endémiques risquant la disparition sans mesures sérieuses de sauvegarde.
Quoi qu’il en soit, la préservation et la gestion de l’environnement sont l’affaire de tout
le monde. Si la population est bien sensibilisée et consciente des profits qu’elle peut en tirer,
les actions émanant de l’extérieur ainsi que les moyens financiers ne constituent qu’ un coup
de pouce pour faire démarrer le mécanisme, bien que cela demande un peu de temps.
Dans cette dernière partie, nous avons vu les conséquences de la migration et les
perspectives d’avenir pour le district d’Ihosy.
Les Bara ont une certaine capacité à accepter les migrants. Ceux-ci s’adaptent
facilement aux cultures bara en temps normal. Mais la conservation des traditions devient
parfois un blocage car elle traduit la vraie spécificité « ethnique » lors des grands événements
32
33
World Widlife Fund
Gestion Locale Sécurisée
105
de la vie. Les conjonctures actuelles telles la pauvreté, l’insécurité, la scolarisation et les
différentes formations et sectes religieuses sont des facteurs non négligeables qui conduisent à
un changement de comportements.
A propos de l’influence de la migration sur l’environnement les feux de brousses sont
une habitude des Tompontany pour l’alimentation du bétail. Mais actuellement, les « malaso »
utilisent aussi les feux de brousse pour brouiller leurs traces.
Des feux non contrôlés qui deviennent par la suite des feux sauvages. Ce sont les
migrants qui ont introduit la fabrication de charbon de bois, puis ils ont été imités par les
Tompontany.
A cela s’ajoute la difficulté de la sauvegarde de l’environnement à cause de
l’ignorance de la population locale et des migrants temporaires avec l’insuffisance de
personnel pour la campagne de sensibilisation, le suivi et la surveillance.
Concernant l’impact de la migration, même s’il y a des conséquences négatives, celle-ci
est bénéfique pour la région d’accueil car elle contribue à la mise en valeur économique.
L’occupation du terrain par les migrants engendre des conflits fonciers qui peut
dégénérer en insécurité lorsque les nouveaux arrivants trahissent la confiance de leur hôtes en
s’appropriant leurs terres en usant du droit moderne sur le foncier à l’insu de ces derniers.
Même si la migration est l’origine de divers problèmes tout cela est minime par rapport
au développement qu’elle apporte au niveau du district qui a des atouts et potentialités pour
un avenir meilleur. Il suffit d’améliorer les systèmes de production agricole et l’élevage par
l’apport de nouvelles technologies à tous les niveaux (ressources humaines, infrastructures,
etc.).
Une des grandes priorités est l’instauration de la sécurité publique qui permettra à tout le
monde de produire dans la tranquillité et donner ainsi un meilleur rendement.
Pour ce qui est de l’environnement, il faut trouver des moyens pour pouvoir mettre en
place une gestion rationnelle réglementée.
Mais cela doit être précédé d’une vaste campagne de sensibilisation sur l’importance de
l’environnement et les conséquences néfastes de sa destruction à moyen et à long terme.
Recenser et mettre en valeur les sites qui méritent une attention particulière serait à l’origine
de création d’emplois dans le secteur du tourisme et de la restauration.
106
Conclusion
Depuis longtemps, le district d’Ihosy a toujours été un foyer d’accueil de migrants tant
nationaux qu’étrangers. Les potentialités que la zone offre, la situation carrefour du district
sont ses principaux atouts. C’est pour cela que différents groupes ethniques de l’île sont
représentés dans le district. L’avènement du saphir a attiré beaucoup d’étrangers, notamment
les Thaïlandais, les Sri-lankais et les Africains.
Les premiers migrants du district étaient pour la plupart des fonctionnaires et des
commerçants. Certains avaient une autre activité qu’ils exerçaient en parallèle avec leur
emploi habituel. Si leurs conditions de vie connaissent une nette amélioration, ils décident de
se fixer définitivement.
Le contact entre autochtones et migrants entraîne automatiquement un échange entre les
différentes cultures. Quoi qu’il en soit, cet échange socio – culturel est indéniable, il peut être
enrichissant ou néfaste selon l’individu. Malgré cela, les nouveaux arrivants essaient de
conserver autant que possible leurs us et coutumes pour mettre en exergue leur
identité « ethnique ». Le contact avec la région de départ n’est pas coupé. Dans la vie de tous
les jours, autochtones et migrants vivent sans problèmes apparents avec unité et solidarité,
cela illustre bien ce qu’on dit de la population malgache qui est unique par la langue mais
diversifiée par les traditions « ethniques ».
Ce regroupement dans la diversité de la population est un facteur de développement si
tout un chacun apporte tout ce qui est meilleur en lui pour le bien de tous, voire de la région
ou district. Le coté négatif de la migration dans le district d’Ihosy est la destruction de
l’environnement. Nous avons déjà essayé de proposer des solutions pour réduire cette
dégradation de l’environnement : campagne de sensibilisation à plusieurs reprises,
réglementation pour une gestion rationnelle de la couverture végétale, utilisation des autres
sources d’énergie (soleil, vent, etc.,….), et tout cela avec suivi et vigilance. L’insécurité est à
la fois liée à la migration, mais elle est aussi engendrée par la conjoncture économique
actuelle. L’Etat essaie de faire de son mieux pour y remédier car sans sécurité, il est
impossible de produire avec un bon rendement. Pour ce qui est de la scolarisation, l’Etat
encourage la population à envoyer leurs enfants à l’école, en leur dotant de kits scolaires
gratuits. Le nombre des enfants scolarisés est en hausse. L’introduction de la nouvelle
technologie avec la motorisation de la culture agricole permettrait de pratiquer une agriculture
sur de vastes espaces avec l’utilisation de semences sélectionnées. Avec une bonne assistance
107
technique, le rendement pourrait être amélioré. L’élevage aussi mérite une attention
particulière si l’on veut un véritable développement car les besoins ne cessent d’augmenter
avec la proximité du site d’Andohan’Ilakaka. La migration interne des malgaches est libre et
ne pose pas de problèmes. L’état insulaire de Madagascar, les unit pour des intérêts communs.
Les Malgaches peuvent avancer coude à coude pour un développement véritable allant du
niveau local jusqu’au niveau national.
108
GLOSSAIRE
Varamba
: Moyen de locomotion locale fabriqué en planches utilisé par des
commerçants ambulants poussé par un ou plusieurs hommes.
Tsena
: Lieu de marché hebdomadaire
Mpamanga
: Migrants qui restent temporairement dans un lieu d’accueil
Mpanarivo
: Les riches qui ont beaucoup de zébus c’est-à-dire propriétaires de grands
troupeaux de plus deux mille têtes
Tanin’omby
: Terrain de parcours des bovins
Mpiarak’andro : C’est le bouvier ou la personne qui garde les zébus
Malaso
: Ce sont les bandits qui volent des biens importants mais actuellement,
c’est un terme utilisé pour désigner les voleurs de zébus.
Hazomanga
: Poteau cultuel que l’on dresse généralement à l’est de la maison du
patriarche
Fady
: Qui fait l’objet d’un interdit ou tabou
Tranobe
: Littéralement « grande maison ». C’est la demeure du patriarche
Kibory
: Tombeau familial.
Soron’anake
: « Cérémonie de l’enfant » grâce à laquelle le père obtient que le nouveauné soit intégré dans son lignage.
Bilo
: Rite de guérison traditionnelle pour une personne malade.
Mpiandry
: Personne sanctifiée pour chasser des esprits mauvais.
Ampanjaka
: Roi ou chef politique.
Tompotany
: Les autochtones
109
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24. MAHATSANGA M. 1971, Evolution de la société Bara dans la deuxième moitié du
19ème Siècle , Mémoire de maîtrise,
25. MICHEL L ; 1957 ; Mœurs et coutumes des Bara , in Mémoire de l’Académie malgache,
imprimerie officielle, Tananarive , 192 P
26. Monographie du district d’Ihosy, 2002, 2003, 2004, 2005.
27. MONG-GINE T.B. ; 1971-1972 ; Sur l’utilisation du sol dans la région d’Ihosy Province
de Fianarantsoa, Mémoire de fin d’étude, Institut Universitaire de
Technologie agricole service d’agriculture.
28. NARIMANANTSIORY R. ; Avril 1990 ; Les aspects de la ruralité d’un centre urbain :
exemple d’Ihosy , Mémoire de Maîtrise, Tuléar 150 P
29. RABENILAINA R.B ; 1974 ;
Description morpho-syntaxique du Bara, Bordeaux III,
Thèse de doctorat.
30. RAZAFINALA MF, 2003 : La migration antaisaka dans la ville d’Ihosy et ses environs,
Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université de Toliara, 135 p.
111
LISTE DES TABLEAUX
1. Les 19 communes du district d’Ihosy ............................................................................. 6
2. Relevé pluviométrique mensuel d’Ankily ........................................................................ 10
3. Températures mensuelles dans la commune rurale d’Ankily(2001-2005) ..................... 11
4. La répartition de la population par secteur d’activité ...................................................... 30
5. Répartition du nombre de la population du fokontany Bemandresy
commune rurale d’Ambia .................................................................................................... 31
6. Evolution du nombre de la population du district d’Ihosy de 1987-2005 ...................... 33
7. Répartition de la population par groupe ethnique dans les carreaux
d’Ambalafary et de Satranabo en 2005 .............................................................................. 34
8. Les étrangers dans le District et leurs activités ............................................................. 38
9. Répartition de l’effectif des zébus dans la région d’Ihorombe année 2004 ................... 43
10. Les communes riches en bœufs du district d’Ihosy2004 ............................................... 43
11. Evolution du nombre de cas de vente mensuelle de 1997-1999-2000 et 2005 ............... 44
12. Répartition par district du nombre de volailles dans la région d’Ihorombe année 2004 45
13. Evolution du nombre de volailles dans le district d’Ihosy 2002-2004 .......................... 46
14. Répartition par district du nombre de porcs dans la région d’Ihorombe année 2005 .. 47
15. Evolution du nombre de cheptel porcin 2005 ............................................................... 47
16. Répartition spatiale du terrain cultivable dans la région d’Ihorombe .......................... 48
17. Résumé de différentes saisons rizicoles du district d’Ihosy .......................................... 50
18. Production rizicole dans le district ................................................................................ 52
19. Besoins en riz dans le district pour les années 1999-2003-2004 .................................. 52
20. Campagne de manioc 1999-2004 ................................................................................. 53
21. Rendement 2003-2004 du maïs dans le district d’Ihosy ............................................. 55
22. Production d’arachide dans le district d’Ihosy année 2003-2004 ................................. 57
23. Quelques variétés de produits maraîchers et leur cycle végétatif ................................ 59
24. Cas de vols et de crimes enregistrés à la gendarmerie d’Ihosy .................................... 65
25. Taux de scolarisation primaire par sexe année 2004 dans le district d’Ihosy .............. 67
26. Couverture spatiale éducative du district ..................................................................... 68
27. Prix moyen de bétail par catégorie en ariary ................................................................. 70
28. Evolution mensuelle des ventes 1997-1999-2000 et 2004 ........................................... 71
29. Les 12 églises de la ville d’Ihosy, le nombre de croyants par groupe ethnique ........... 78
112
30. Evolution de l’élevage durant 10ans de 1996 à 2005 ................................................... 97
31. Les maladies des produits de l’élevage (1996-2005) ................................................... 98
32. Effectifs de bêtes traitées par le vétérinaire (1996-2004) .............................................. 98
33. Répartition de l’espace dans le district d’Ihosy ............................................................. 100
Liste des cartes :
Carte n°1 Localisation spatiale du district d’Ihosy ............................................................. 7
Carte n°2. Les formations végétales du district d’Ihosy ...................................................... 15
Carte n°3. Les réseaux hydrographiques et les sols dans le district d’Ihosy ........................ 18
Carte n°4. Carte d’exploration de la côte ouest de Madagascar par le capitaine
d’Azevedo et le Rev Père Luis Mariano en 1643 et 1614 ................................................... 20
Carte n°5. Itinéraire de l’armée de Radama Ier (1817-1826) ............................................... 24
Liste des Photos :
Photo n°1 : Quartier Ankadilanambe qui se trouve à la sortie de la ville d’Ihosy…. .......... 42
Photo n°2 : La périphérie de la ville dominée par la riziculture …………………….. ........ 42
Photo n°3 : Quartier Manjakandrenombana où sont concentrés les migrants………………51
Photo n°4 : Quartier Morafeno à prédominance Tandroy ……………………………….. .. 54
Photo n°5 : Zone occupée essentiellement par des élèves de brousse……………. ............. 68
Photo n°6 : Une partie de la ville d’Ihosy occupée par les Merina ...................................... 72
Photo n°7 ; Maison d’habitation située non loin de la rivière Ihosy ..................................... 80
Photo n°8 : Quartier Ambalakatsaka village mixte .............................................................. 81
Liste des figures
Figure n°1 : Organigramme du personnel administratif du district .................................... 64
Figure n°2 : Répartition de l’espace dans le district d’Ihosy ................................................ 101
113
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS ...................................................................................................................... 1
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 3
L’étude bibliographique : ................................................................................................... 4
La phase de recherche sur le terrain ................................................................................... 4
La phase de rédaction ......................................................................................................... 4
LOCALISATION....................................................................................................................... 5
Première partie : ......................................................................................................................... 8
DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE .............................................................................. 8
CHAPITRE I : LE CADRE NATUREL ................................................................................... 9
I - LE CLIMAT ..................................................................................................................... 9
1. Les Précipitations ........................................................................................................... 9
2. Les températures .......................................................................................................... 11
II- LES AUTRES COMPOSANTES NATURELLES ........................................................ 12
1 .le Relief ........................................................................................................................ 12
2. Les sols et la Végétation............................................................................................... 13
3. L’Hydrographie ........................................................................................................... 17
CHAPITRE II : CADRE HUMAIN......................................................................................... 18
CHAPITRE II : CADRE HUMAIN......................................................................................... 19
I – HISTORIQUE DU PEUPLEUMENT ............................................................................ 19
1 - Historique de l’installation des Bara ........................................................................... 19
La carte d’exploration de la côte ouest de Madagascar par le capitaine d’Azevedo et le
révérend père Luis Mariano en 1613 et 1614 montre déjà des Bara dans cette zone c’est à
dire la région de l’Ihosy actuelle, cette carte montre la région d’Ihorombe et d’Ihosy ... 19
2. Les Merina et les Betsileo dans le district .................................................................... 22
3. L’installation des autres migrants durant la période coloniale ..................................... 26
II LES MIGRANTS ACTUELS DU DISTRICT ................................................................ 28
1. Les migrants dominants ............................................................................................... 29
2. Les migrants non dominants ........................................................................................ 33
3. Les étrangers : des migrants non négligeables ............................................................. 35
Deuxième Partie ....................................................................................................................... 40
LES ACTIVITES DE LA POPULATION DANS LE DISTRICT D’IHOSY. ....................... 40
Chapitre III : LES ACTIVITES TRADITIONNELLES.......................................................... 41
I – L’ELEVAGE .................................................................................................................. 41
II – LES CULTURES ........................................................................................................ 48
III – LA PECHE EN EAU DOUCE. ................................................................................. 60
CHAPITRE IV – LES ACTIVITES SECONDAIRE, TERTIAIRE ET
LIBERALE
LIEES A LA VILLE. ........................................................................................................... 63
I – LA BUREAUCRATIE. ................................................................................................. 63
II – LE COMMERCE. ...................................................................................................... 69
3. Commerce des produits manufacturés ........................................................................ 71
IV – L’ACTIVITE RELIGIEUSE. ..................................................................................... 76
Troisième partie : ..................................................................................................................... 79
LES CONSEQUENCES DE .................................................................................................... 79
LA MIGRATION ET LES PERSPECTIVES D’AVENIR .................................................... 79
CHAPITRE V : CONSEQUENCES DE LA MIGRATION ................................................... 80
I - LES CONSEQUENCES SOCIOCULTURELLES ....................................................... 80
1 - Les échanges socioculturels ........................................................................................ 80
2- L’influence sur l’environnement.................................................................................. 89
2-2 : Les problèmes de la sauvegarde de l’environnement .............................................. 91
114
II – LES IMPACTS ECONOMIQUES DE LA MIGRATION. .......................................... 93
1 – La contribution au développement local. ................................................................... 93
2 – L’occupation du terrain. ............................................................................................. 94
I - L’AMELIORATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION ........................................ 97
1 – Actions à mener pour améliorer l’élevage. ................................................................ 99
2 – L’amélioration du système agricole. ........................................................................ 100
II – LES ACTIONS A MENER POUR PRESERVER L’ENVIRONNEMENT. ............. 103
2 – La gestion et l’amélioration des sites à conservation particulière. ........................... 103
Conclusion .............................................................................................................................. 106
GLOSSAIRE .......................................................................................................................... 108
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 109
TABLE DES MATIERES .................................................................................................... 113