Mesure de débit par ultrasons : les débitmètres portables
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Mesure de débit par ultrasons : les débitmètres portables
S olutions MES U R E D E D é B I T P A R U L T R A S O N S Les débitmètres portable s peaufinent leurs atouts H Jusque-là trop souvent mésestimés en raison notamment d’une précision jugée moindre, les débitmètres à ultrasons portables se révèlent pourtant des outils indispensables pour les services de maintenance, les organismes de contrôle, les stations de traitement des eaux, etc. Si les principes de mesure et les principales spécifications techniques n’ont pas évolué, les constructeurs ont surtout porté leurs efforts de développement ces dernières années sur le traitement de signal, afin de garantir une fiabilité des mesures dans un très large éventail d’applications, et sur la simplicité d’utilisation. Ces débitmètres restent en effet des appareils de terrain associés à des capteurs fréquemment démontés/remontés, et utilisés de manière ponctuelle par des personnes pas forcément “expertes” pour le contrôle de (presque) tous les types de liquides et de gaz. 26 ciété américaine Panametrics et le groupe allemand Siemens a pris en 2006 le contrôle de l’américain Controlotron, dont les débitmètres à ultrasons sont d’ailleurs toujours distribués en France par Engineering Mesures. Signalons également l’arrivée d’un nouvel entrant sur le marché des appareils portables, en la personne du suisse Endress+Hauser. Effet de cause à effet ou non, les principaux constructeurs ont tous lancé des appareils de nouvelle génération, durant les 24 derniers mois. L’allemand Flexim a introduit le modèle Fluxus F601 pour les liquides et les gaz et Endress+Hauser a développé son premier “vrai” modèle portable baptisé Prosonic Flow 93T (voir Mesures n°820). Quant au français Ultraflux et à l’allemand Krohne, ils viennent de dévoiler respectivement l’UF801-P (voir Mesures n°826) et l’Optisonic 6400. Sans compter le britannique Katronic Technologies, distribué en France par Dimelco, les japonais Fuji Electric et Yokogawa, l’américain Sierra Instruments, distribué en France par Alto Instruments et Control Division Mareg, l’américain Omega Engineering, l’allemand Nivus et OTT, le français Cometec qui ont aussi fait évoluer leur offre(1). Pourquoi cette attention toute particulière de la part des constructeurs pour ce type de débitmètre et une telle effervescence sur un marché où il ne se vend pas plusieurs milliers d’appareils par an en France ? Première piste : « C’est la seule technologie non intrusive, à savoir qui permet de traverser une canalisation », rappelle Christian Jay, responsable marchés et produits au service marketing de Krohne France. Contrairement aux autres catégories de débitmètres (électromagnétique, Vortex, à effet Coriolis, par différence de pression…), il n’existe en effet que la méthode à ultrasons pour les modèles de terrain. Il faudrait toutefois plutôt parler des technologies à ultrasons, que ce soit pour les appareils portables et à poste fixe, puisque l’on trouve toujours l’effet Doppler et le principe par temps de transit. L’effet Doppler réservé aux liquides chargés ou bullés Dans les deux cas, le principe de mesure repose sur l’émission et la réception d’ondes ultrasonores pour mesurer la vitesse moyenne d’un fluide. Un débitmètre à effet Doppler analyse la fréquence de l’onde qui est “réfléchie” par les particules en suspension dans le fluide et détermine leur vitesse d’écoulement moyenne via la différence entre les fréquences émises et reçues. Principale limite, les particules n’ont pas toujours la même vitesse que le liquide qui les transporte et leur répartition n’est pas forcément uniforme. A noter que la technique de mesure à effet Doppler fonctionne sur les liquides, mais pas sur les gaz. MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com Flexim L orsqu’il souhaite contrôler d’une manière ponctuelle le débit d’une canalisation, les performances d’une pompe lors d’une phase de démarrage, ou s’assurer d’une dérive éventuelle d’un transmetteur déjà installé, un technicien n’est pas obligé de mettre en œuvre un (autre) débitmètre à poste fixe. Il peut très bien s’équiper d’un appareil portable pour effectuer ce contrôle, voire d’autres campagnes de mesure à différents endroits du site industriel. Il ne s’agit là que de quelques applications typiques des déL’essentiel bitmètres à ultrasons portables (non intru Les ultrasons sont la seule sifs, c’est-à-dire à captechnologie de mesure de débit portable et teurs externes, ou non intrusive, d’où le large “clamp-on” : voir encaéventail d’applications et dré). d’industries utilisatrices. Dans ce marché pour Pour contrecarrer la fausse tant petit, comparé à idée de mauvaise précision, ceux des autres catéles constructeurs dévelopgories de débitmètres, pent des algorithmes et ces dernières années des fonctions pour accroître ont été le témoin la fiabilité des mesures. d’une agitation in Leurs efforts portent tense. Le secteur s’est aussi sur la simplicité en effet d’abord caracd’installation et d’utilisation térisé par une redistrides débitmètres à ultrasons bution des cartes : portables, tout un chacun General Electric (GE) a pouvant s’en servir. racheté en 2002 la so- Pour réaliser des contrôles ponctuels ou des campagnes de mesures sur des débits, les utilisateurs n’ont d’autres choix que les débitmètres à ultrasons portables. Il ne s’agit toutefois pas d’un choix par défaut : ils offrent une très bonne précision et bénéficient d’améliorations à tous les niveaux. MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com Avec la méthode par temps de transit, le débitmètre mesure le temps de parcours des ondes ultrasonores dans le sens d’écoulement et dans le sens opposé. Comme la vitesse d’une onde sonore est plus grande dans le sens d’écoulement (l’onde est accélérée et elle est ralentie dans le sens contraire), la différence de temps Δt donne accès à la vitesse moyenne du fluide sur la trajectoire des signaux. Une correction de profil permet ensuite de calculer la vitesse d’écoulement moyenne du liquide sur la section de la conduite. « La technique de mesure par ultrasons étant bidirectionnelle, il est possible de connaître le sens du fluide (une mesure positive correspond à un débit dans le même sens et une mesure négative, à un débit dans le sens opposé), ce qui autorise l’identification d’un éventuel reflux quand une pompe s’arrête, par exemple », ajoute Alain Ciliento, chef produit détecteurs des fluides chez Endress+Hauser France. « La technique par temps de transit ne présente pas vraiment d’avantages comparés à l’effet Doppler ; ce sont plutôt deux méthodes complémentaires », constate M. Jay (Krohne France). Les débitmètres à ultrasons par temps de transit sont ainsi mieux adaptés pour les fluides propres et homogènes, sans particules en suspension (eau pure, eau déminéralisée, dérivés pétroliers, gaz liquéfiés…), et les modèles par effet Doppler se réservent les applications faisant intervenir des liquides chargés ou bullés (l’assainissement, autre exemple). « Les principaux constructeurs ont certes rapidement délaissé la méthode par effet Doppler en raison des risques exponentiels d’erreurs de mesure. Si les valeurs annoncées sont de 1 à 3 % sur le papier, les précisions étaient en effet plutôt de 20 à 50 % sur le terrain. Mais la mesure par temps de transit est, quant à elle, limitée à des liquides ne contenant que quelques pourcents en volume de bulles ou de particules en suspension. Les débitmètres à effet Doppler peuvent ainsi constituer une alternative intéressante pour les mesures “dégradées” », ajoute Bas Tam➜ men, gérant de Flexim France. 27 Les débitmètres à ultrasons portables sont rarement mis en œuvre dans l’environnement tranquille d’un laboratoire. Les constructeurs profitent des évolutions dans les algorithmes de calcul pour mieux maîtriser les mesures, quelle que soit la situation. GE Sensing&Inspection Technologies ➜ C’est certainement pour cela que Siemens propose en plus des méthodes par temps de transit et à effet Doppler une technique hybride combinant les deux. « Moins il y a de particules en suspension, moins l’effet Doppler fonctionne correctement et vice-versa. Avec un même transmetteur, sur lequel sont connectées des paires de capteurs utilisant le temps de transit et l’effet Doppler, dès que la qualité du signal Δt se dégrade, on passe alors en Doppler », explique Philippe Rabiet, responsable du développement commercial pour les marchés de l’eau et de l’énergie en France, Afrique du Nord et Moyen-Orient chez Siemens Industry Automation and Drive Technologies (IA/DT). Solutions Un montage quelle que soit l’application Ce débitmètre à ultrasons hybride n’est que l’un des nombreux résultats issus des développements des constructeurs pour rendre l’utilisation des débitmètres à ultrasons portables la plus facile possible. Il ne faut pas perdre de vue que ce sont avant tout des appareils de terrain mis en œuvre pour, par exemple, vérifier un débitmètre à poste fixe. « Si le technicien a un doute sur le bien fondé d’une mesure en place (dérive de l’appareil), il peut se permettre d’utiliser un débitmètre portable de type “clamp-on”. Les technologies à ultrasons, quelles soient intrusives ou non, sont aussi précises que les autres mesure de débit… du moment que l’on maîtrise parfaitement les conditions d’utilisation », rappelle M. Rabiet (Siemens). Des débitmètres à ultrasons intrusifs à poste fixe sont d’ailleurs utilisés dans les applications de transaction commerciale pour les gaz grâce à une précision garantie à 0,1 %. Tous les constructeurs interrogés sont en effet d’accord sur un point : « Il faut être très vigilant avec les incertitudes de mesure. En plus des spécifications intrinsèques des débitmètres à ultrasons portables, les incertitudes dépendent surtout de l’environnement dans lequel l’appareil est utilisé, et en particulier des caractéristiques de la canalisation », explique David Tronchin, responsable de l’équipe commerciale EPC/Downstream pour la région Sud chez GE Sensing & Inspection Technologies.Tout est donc mis en œuvre pour que l’étape d’installation soit simple, rapide et “robuste”, à savoir que le montage soit possible dans tous les cas de figure et qu’il n’induise pas d’erreurs de mesure (trop) importantes. Les constructeurs ont développé un large choix de capteurs pour répondre au plus grand nombre d’applications (canalisations d’un diamètre allant d’une dizaine de millimètres à quelques mètres…). Comme ils sont amenés à être démontés et remontés très souvent, les capteurs de type “clampon” ne sont pas fixés directement sur la tuyauterie, mais via un support de sondes (associés à des chaînes en standard, à des sangles pour des diamètres maximums de 1 mètre ou à des aimants pour des canalisations en acier) qui, lui, reste installé à demeure. Le technicien n’a ainsi pas à réajuster l’écartement entre les différents capteurs à chaque installation, ni à le saisir dans l’appareil. Pour les petits diamètres, il existe des mâchoires en lieu et place des supports de 28 Une utilisation toujours plus simple Un autre élément intervient dans la simplicité accrue d’utilisation : il s’agit du matériau de couplage acoustique qui facilite le transfert des ondes ultrasonores dans les canali- Les ultrasons sont une technologie transversale Mesurer des débits de manière non intrusive est “magique” : il n’y a pas d’interruption de process, ni de risques de fuites de fluide, ni de risques pour les opérateurs, etc. C’est d’ailleurs ce qui fait des débitmètres à ultrasons portables une technologie transversale du point de vue des applications. « L’origine des clients est très variée : les services de maintenance dans les domaines de l’eau et des eaux usées, les secteurs industriels de l’agroalimentaire, de la chimie, de la pétrochimie, les organismes de contrôle, etc. », énumère Alain Ciliento, chef produit détecteurs des fluides chez Endress+Hauser France. Sans compter la pharmaceutique, le nucléaire et même l’automobile. La demande dans le domaine (des économies) énergétique(s) est également très forte. « Les industriels ne se souciaient guère auparavant de la quantité et du coût des pertes en gaz fabriqués ou consommés. Les mêmes personnes veulent maintenant contrôler des fuites aussi faibles que 3 cm3/s », explique David Tronchin, responsable de l’équipe commerciale EPC/Downstream pour la région Sud chez GE Sensing & Inspection Technologies. Il s’agit non seulement de chercher à réduire tous les coûts, mais aussi de respecter les réglementations internationales en matière d’environnement sondes, même si elles ne sont pas aussi conviviales. « Le fait d’avoir simplifié la mise en œuvre des débitmètres à ultrasons non intrusifs a d’ailleurs fait exploser les ventes des modèles à poste fixe », remarque M. Jay (Krohne France). Parmi les autres développements concernant les capteurs, citons le support étendu de conditions de process extrêmes. « Nos trois axes de développement concernent les mesures à très haute ou très basse température de liquides (-200 à +500 °C), les mesures de gaz à haute pression (audelà de 20 bar) et à basse pression », ajoute M. Tammen (Flexim France). On trouve également la technologie propriétaire Bundled Waveguide Technology (BWT) de GE Sensing & Inspection Technologies « Nos capteurs basés sur cette technologie “à guide d’onde” assurent notamment la transmission d’un faisceau concentré dans le fluide (signal “dopé” et bruits parasites mieux filtrés), ce qui autorise le contrôle des liquides chargés à hauteur de 10 à 15 % en volume, selon le type de particules, au lieu de 5 % », décrit M. Tronchin (GE Sensing & Inspection Technologies). Siemens a, quant à elle, développé le principe de faisceau étendu (wide beam) pour les applications critiques avec une présence forte de bulles d’air. La paroi de la tuyauterie sert d’amplificateur pour optimiser le rapport signal/bruit. « La tendance est au développement de smart sensors [capteurs intelligents], dont le rôle d’aider au placement à la bonne distance pour obtenir le meilleur écho, de disposer de mesures de température, etc. », précise Laurent Bonfils, technico-commercial chez Ultraflux. sations. « Afin d’éviter que les graisses soient une source de problème (elles ont tendance à sécher), et donc s’affranchir de ce frein au déploiement des débitmètres non intrusifs, nous nous sommes orientés vers un couplage solide à base de caoutchouc (comme un joint). Il permet alors un bon couplage acoustique, le caoutchouc étant bien moins sensible aux conditions d’utilisation », indique M. Rabiet (Siemens).Toujours dans les aspects pratiques, les fournisseurs proposent les débitmètres dans des valises robustes avec les accessoires nécessaires à une campagne de mesures (capteurs pour différents diamètres de canalisation, sonde de température, batteries supplémentaires, etc.). Krohne livre même son appareil avec un sac à dos, ce qui permet de monter à une échelle sans trop de risques… « Une personne n’a maintenant besoin que de quelques minutes pour installer et configurer un débitmètre portable. Il perdra même souvent plus de temps pour accéder à la canalisation », affirme M. Tronchin (GE Sensing & Inspection Technologies). En plus des systèmes de fixation et de l’offre de capteurs, il existe aussi différentes possibilités de montage : les sondes peuvent être fixées du même côté de la canalisation (avec réflexion des ondes sur la paroi intérieure) ou de part et d’autre de la tuyauterie. Non seulement cela offre une souplesse plus grande en termes de montage, pour les endroits difficiles d’accès par exemple, mais également cela permet d’améliorer les mesures. Le montage en réflexion (deux sondes du même côté) est le montage le plus facile à mettre en œuvre, du point de vue du réglage de l’écartement notamment, et donc le plus courant pour des diamètres jusqu’à 600 mm. « Le montage direct (sondes de part et d’autre de la canalisation) est mieux adapté aux diamètres au- Krohne Solutions Petites tuyauteries, canalisation de grand diamètre, etc. Les débitmètres à ultrasons sont toujours associés à un système de fixation et des jeux de sondes afin de s’adapter à toutes les applications et de simplifier le montage. delà de 600 mm, aux canalisations en matériaux amortissant, comme les matières synthétiques épaisses ou les composites », explique M. Ciliento (Endress+Hauser France). Si l’on multiplie les “traverses”, à savoir les paires de sondes, il est par ailleurs possible de réduire les longueurs droites amont et aval de stabilisation. « Ainsi, en augmentant le nombre de jeux de capteurs sur une canalisation, les appareils sont en mesure de mieux appréhender le profil d’écoulement hydraulique du fluide et donc de réduire les longueurs droites requises en amont et/ou en aval et la précision obtenue… même si cela a forcément un coût », ajoute M. Tammen (Flexim France). Si une “corde” correspond aux traverses dans le cas des débitmètres à ultrasons non intrusifs, cela n’est pas le cas avec les appareils à insertion. « Dans ce cas-là, les cordes ne passent pas par le centre de la canalisation, ce qui permet d’obtenir le profil de vitesse et donc une meilleure évaluation du débit. En régime turbulent, le ➜ et de démontrer que les rejets sont bien inférieurs aux normes. « Les grands installateurs en chauffage et les frigoristes sont demandeurs pour réaliser des diagnostics avant devis, pour les premiers, et pour démontrer que les rendements demandés sont bien atteints, pour les services après-vente des deuxièmes », ajoute Christian Jay, responsable marchés et produits au service marketing de Krohne France. « Néanmoins, faute de volonté gouvernementale à aider ou à contraindre dans ce domaine, les choses sont assez limitées en France. Le coût des débitmètres portables pour liquides ou gaz implique de pouvoir justifier le retour sur investissement. Relativement peu de prestataires se sont lancés massivement dans cette voie, crise oblige », constate Bas Tammen, gérant de la filiale française de l’allemand Flexim. Malgré tout, la demande pour des mesures à ultrasons est en très forte progression et ce segment de marché a continué a enregistré des progressions à deux chiffres. « Il est vrai qu’il y avait encore récemment un problème de mentalité de la part des utilisateurs, mais la situation évolue. Pour preuve, l’enseignement s’équipe désormais de débitmètres à ultrasons », rappelle Laurent Bonfils, technico-commercial chez le français Ultraflux. MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com 29 Solutions Siemens ➜ “front de vitesse” est perpendiculaire à la canalisation ; en régime laminaire, le front ressemble plus à une parabole », rappelle M. Ciliento (Endress+Hauser France). L’utilisation de plusieurs jeux de capteurs n’est toutefois pas possible avec certains modèles de débitmètres à ultrasons portables, ces derniers ne possédant qu’une seule voie d’entrée. Différentes solutions sont envisagées et mises en œuvre selon les fournisseurs. « Lorsque l’on est confronté à un régime laminaire, où l’incertitude de mesure est altérée, nos appareils prennent en compte la masse volumique et la viscosité du fluide pour calculer une compensation, surtout en présence de faibles vitesses », explique M. Jay (Krohne France). D’après GE Sensing & Inspection Technologies, sa technologie propriétaire à guides d’ondes permettrait de réduire les longueurs droites, sans dégrader la précision. 30 pour les gaz et de 12 m/s pour les liquides, ce qui correspond à des débits compris entre 20 l/h et 100 000 m3/h selon le diamètre de la canalisation. « Comme les vitesses maximums des hydrocarbures, par exemple, ne peuvent être que de 3 m/s, il n’y a donc aucun sens de vouloir améliorer, voire même de parler de vitesse avec les clients », rappelle M. Tronchin (GE Sensing & Inspection Technologies). Autre avantage, la technologie à ultrasons offre la plus grande rangeabilité : 400:1 (liquide), 3 000:1 (gaz) contre 20 ou 30:1 pour les débitmètres électromagnétiques et Vortex, 20:1 pour les débitmètres à effet Coriolis, 5:1 pour les plaques à orifices, ce qui permet de la mettre en œuvre sur tous les types de produits et de diamètre. Les évolutions au niveau de la partie électronique ne se résument pas aux seuls algorithEndress+Hauser forcément sur la mesure de débit. L’autre grand axe d’améliorations porte sur la partie électronique des débitmètres, l’objectif étant de garantir une fiabilité accrue des mesures. « La tendance actuelle est au développement de l’aspect “métrologique” via la mise en œuvre de la technique de Monte Carlo et des incertitudes statistiques. Il faut en effet connaître et maîtriser la totalité de nos appareils. Il ne suffit plus de rester cantonné à des valeurs d’incertitude obtenues en laboratoire. Le but est d’affiner la précision à la demande, pour telle ou telle vitesse, pour une longueur droite de tant de centimètres, etc., en apportant d’éventuelles corrections », avance M. Bonfils (Ultraflux). Les développements concernent d’abord le traitement de signal. A l’instar de la téléphonie mobile, les fabricants bénéficient de l’énorme bond réalisé dans le domaine des algorithmes et des composants électroniques, bond qui ouvre des portes encore plus Des algorithmes améliorés, grandes en termes d’analyse : double corréune fiabilité accrue lation du spectre, recherche permanente du « Dès que l’on maîtrise les paramètres tels que les zéro, etc. « L’Optisonic 6400 intègre la conception longueurs droites amont et aval, la nature du maté- triple faisceau de mesure, développée il y a un an et riau de la canalisation etc., qui affectent les mesures, demi, pour les modèles à poste fixe de type “clampil n’y a aucun doute d’obtenir une mesure fiable », on”. Elle assure une analyse encore plus fine entre complète M. Rabiet (Siemens). Au niveau de les signaux reçus et émis », indique M. Jay la configuration, les constructeurs ont (Krohne France). En règle générale, une précid’ailleurs fait en sorte que l’utilisateur n’ait sion de l’ordre de 0,5 % est annoncée dans plus qu’à saisir trois ou quatre paramètres : les fiches techniques des appareils. « Mais en le diamètre, l’épaisseur et le matériau de la pratique, l’incertitude est plus proche de 2 % », canalisation, la nature du fluide et le nombre affirme M. Ciliento (Endress+Hauser France). de “traverses”. « Notre bibliothèque propose une En réussissant à mieux traiter les signaux quinzaine de types d’inox, différentes fontes et, si cela bruts, il est par ailleurs possible de gérer plus ne suffit pas, un élément piézoélectrique est intégré finement le passage des ondes d’un matériau pour injecter des ondes ultrasonores perpendiculai- à l’autre et de travailler ainsi sur des tuyaurement à la tuyauterie et assure la détermination teries plus complexes, des canalisations redes caractéristiques du matériau via des abaques », vêtues, par exemple. L’un des avantages est ajoute M. Ciliento (Endress+Hauser France). en effet l’extension du champ d’action des Cela n’a l’air de rien mais la saisie d’une va- débitmètres portables. Les modèles de derleur de diamètre imprécise (canalisation non nière génération bénéficient de fonctions de sphérique, valeur mal mesurée…) rejaillira calcul avancées : somme ou soustraction entre voies de mesure pour les modèles bivoies, démarrage différé (de minuit à 4 h du matin toutes les 24 h, par exemple)… « Les débitmètres sont en mesure de calculer des énergies instantanées, voire n’importe quelle formule mathématique, du moment qu’elle a été intégrée en usine », ajoute M. Bonfils (Ultraflux). Contrairement à n’importe quel appareil de mesure, les spécifications des débitmètres à ultrasons portables (hormis la précision) n’ont pas réellement évolué ces dernières années. En termes de vitesse d’écoulement et de gamme de diamètres, entre autres, il n’a y tout simplement pas de nouveaux besoins de la part des utilisateurs. Les appareils Bien que leurs produits soient des appareils portables, les fabricants de débitmètres portables disponibles sur le marché atteià ultrasons privilégient les modèles robustes, facilement configurables et pouvant être transportés n’importe où. gnent déjà des vitesses maximales de 46 m/s Hormis pour l’aide à la configuration où l’écran sert à visualiser la forme de l’onde sonore et à centrer l’écho au milieu de la fenêtre, les utilisateurs de débitmètres portables ne font pas forcément eux-mêmes l’interprétation des résultats et, en aucun cas, lors de la campagne de mesures. Il ne faudrait toutefois pas réduire encore les dimensions des débitmètres portables, en privilégiant la manipulation et le transport au détriment de l’interface homme-machine. « Un vrai clavier est toujours plus pratique que des incréments (via des boutons) pour saisir des valeurs », fait remarquer M. Tronchin (GE Sensing & Inspection Technologies). « Et n’oublions pas leur robustesse : un boîtier de grade industriel IP68 reste L’exploitation des données étant faite a posteriori, les débitmètres à ultrasons portables sont dotés d’interface infrarouge ou de ports USB afin de récupérer les mesures sur un PC à la fin de la campagne de mesures. indéniablement mieux adapté à une utilisation sur site », ajoute M. Rabiet (Siemens) Si l’affichage n’est pas un critère clé, la connectivité revêt une importance bien plus grande. « La communication est d’ailleurs l’un des aspects qui fait l’objet d’un développement soutenu », indique M. Bonfils (Ultraflux). Certains modèles sont équipés d’une entrée 4-20 mA, mais pas de sortie analogique. On trouve par contre divers types d’interface de communication : une liaison infrarouge ou, plus récemment, un port USB. Cette interface sert soit à transférer les informations sur une clé USB sans se soucier de disposer des bons accessoires (c’est le cas du Prosonic Flow 93T d’Endress+Hauser), soit à connecter directement l’appareil à un PC (Optisonic 6400 de Krohne, par exemple). L’utilisateur peut également mettre à jour son débitmètre via l’interface USB. Des constructeurs réfléchissent même à intégrer un protocole de communication sans fil pour la communication entre l’appareil et le PC, mais aussi entre les capteurs et l’appareil… Comme n’importe quel appareil portable, l’autonomie est un élément clé sur lequel les constructeurs s’intéressent. Les débitmètres disponibles sur le marché assurent une utilisation pendant plusieurs heures, de 4 à 14 heures en continu, selon les modèles. L’objectif est de permettre à un technicien de faire une campagne d’une journée sans souci, ou en rechargeant l’appareil pendant la pause déjeuner. Les fournisseurs mettent ainsi l’accent plus sur le temps de charge (environ 1 à 3 heures) que sur l’autonomie, puisqu’il est toujours également possible d’emmener avec soi des batteries supplémentaires, voire d’alimenter le débitmètre sur le réseau électrique, si cela est possible, pour des cycles durant 24 heures. Ultraflux Solutions Les nouvelles générations de débitmètres à ultrasons bénéficient de fonctions d’analyse pour répondre aux besoins de calcul divers et variés, comme les bilans énergétiques. Comme souvent, les fabricants profitent des évolutions réalisées dans le domaine grand public, avec le remplacement des batteries traditionnelles nickel-cadmium (Ni-Cd) par des versions en Li-ion (lithium-ion) ou NiMH (nickel-metal hydride), au temps de charge réduit et à la disparition de l’effet mémoire. Que ce soit au travers des évolutions d’éléments grand public ou des développements réalisés par les constructeurs, les débitmètres à ultrasons portables ont donc encore de beaux jours devant eux… Cédric Lardière (1) Il s’agit par exemple des modèles KATflow 150/200/230 pour Katronic Technologies, US300PM pour Yokogawa, UNI P5 de Cometec… mes et autres fonctions de calcul. La particularité des débitmètres à ultrasons portables réside en effet dans une exploitation des données a posteriori, une fois la campagne faite et les mesures transférées sur un PC. Une connectivité étendue Cela se traduit par une capacité de stockage importante, mais par un nombre restreint de fonctions d’analyse et d’entrées/sorties. Les débitmètres portables se dotent d’enregistreurs, ou data loggers, intégrés aux capacités mémoires toujours plus grandes (de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’enregistrements). Il faut bien cela compte tenu du nombre de paramètres susceptibles d’être mesurés simultanément et la durée des campagnes de mesures. MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com MESURES 830 - DÉCEMBRE 2010 - www.mesures.com 31
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