Histoire d`une vie
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Histoire d`une vie
Théâtre Histoire d’une vie D’après Aharon Appelfeld / Bernard Levy / avec Thierry Bosc A PARTIR DE 15 ANS CATEGORIE B JEUDI 4 DECEMBRE A 20H VENDREDI 5 DECEMBRE A 20H AU GRANIT Réservations : 03 84 58 67 67 / [email protected] Sommaire Distribution .............................................................................................................................................. 3 Note d’intention ...................................................................................................................................... 4 Extrait ...................................................................................................................................................... 5 Repères biographiques ............................................................................................................................ 6 Aharon Appelfeld, auteur ........................................................................................................................ 6 Bernard Levy, adaptation et mise en scène ............................................................................................ 6 Thierry Bosc, comédien ........................................................................................................................... 7 Bibliographie…………………………………………………………..…………………………………………………………………………8 Distribution Texte Aharon Appelfeld Traduction Valérie Zénatti Adaptation Jean-Luc Vincent, Bernard Levy Mise en scène Bernard Levy Assisté de Jean-Luc Vincent Scénographie Giulio Lichtner Lumières Christian Pinaud Vidéo Romain Vuillet Son Xavier Jacquot Costumes En cours Avec Thierry Bosc Production déléguée : Scène nationale de Sénart / Coproduction Compagnie Lire aux éclats, MC2 : Grenoble, L’Espace des arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône, Scène nationale d’Albi, La Passerelle Scène nationale, Saint-Brieuc, Scène nationale de Sénart, La Compagnie Lire aux éclats est subventionnée, par la DRAC Île de France. Note d’intention Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l’oubli. Ce qui restait semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j’ai senti que ce n’étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens. J’ai découvert l’œuvre d’Aharon Appelfeld il y a plus de 10 ans. La complexité de son univers fictionnel, la simplicité de sa langue et la sensibilité de ses interrogations me touchent à chaque nouveau livre que je lis. En 2004, paraissait Histoire d’une vie (Prix Médicis étranger), son premier livre explicitement autobiographique. Je fus frappé par la force du combat qu’il y décrit : son combat pour devenir écrivain en acceptant ce qu’il est et d’où il vient. C’est ce parcours que je désire aujourd’hui mettre sur scène. Je ressens une proximité unique avec cet écrivain. Ce qu’il écrit fait sans doute écho à ma propre vie, non dans les faits bien sûr, mais dans cette volonté farouche de s’arracher à tout déterminisme en écrivant sa propre histoire. Lui par la littérature, moi par le théâtre. Le parcours d’Aharon Appelfeld est unique : orphelin à 8 ans, il va s’échapper d’un camp ukrainien et errer seul dans les forêts jusqu’à la fin de la guerre. À 13 ans, il débarque en Israël. Commence alors la lente et douloureuse prise de conscience de sa vocation littéraire. Il est aujourd’hui l’un des plus grands écrivains israéliens vivants. Il a 80 ans et vit à Jérusalem. Cette trajectoire est pour moi celle d’un véritable héros. Histoire d’une vie, c’est le récit à la première personne d’une lutte. Une lutte pour reconstituer sa mémoire, pour accepter de trouver le silence qui l’a entouré pendant la guerre et le faire revenir vers lui, car « dans ce silence était cachée mon âme ». Une lutte pour ne pas perdre sa langue maternelle tout en acceptant d’en faire sienne une autre, l’Hébreu. Un combat permanent entre le présent, celui de l’homme nouveau israélien, et le passé, celui de l’enfant juif rescapé des camps. L’écriture est simple, économe. Elle mêle fragments de mémoire et réflexions sur la langue, la mémoire et l’identité, avec une grande finesse et une grande émotion. J’ai le sentiment que le théâtre peut naître de cette parole, de ce drame constitué par la lutte d’un homme pour devenir lui-même. À travers la voix d’un acteur, la musique, si présente dans l’œuvre d’Appelfeld, le mélange des sons et des langues, on pourra faire entendre et amplifier cette écriture unique et donner à voir le combat d’un homme traversé par des forces contradictoires. Paradoxalement, du récit d’une vie si singulière se dégage l’universalité de la quête menée par tout homme : la quête d’une histoire individuelle et personnelle que l’on construit à la fois avec et contre les déterminismes historiques et culturels. Bernard Levy, Jean-Luc Vincent Extrait « Je me souviens très peu des six années de guerre, comme si ces six années-là n’avaient pas été consécutives. Il est exact que parfois, des profondeurs du brouillard épais, émergent un corps sombre, une main noircie, une chaussure dont il ne reste que des lambeaux. Ces images, parfois aussi violentes qu’un coup de feu, disparaissent aussitôt, comme si elles refusaient d’être révélées, et c’est de nouveau le tunnel noir qu’on appelle la guerre. Ceci concerne le domaine du conscient, mais les paumes des mains, le dos et les genoux se souviennent plus que la mémoire. Si je savais y puiser, je serais submergé de visions. J’ai réussi quelquefois à écouter mon corps et j’ai écrit ainsi quelques chapitres, mais eux aussi ne sont que les fragments d’une réalité trouble enfouie en moi à jamais. Pendant de longues années, je fus plongé dans un sommeil amnésique. Ma vie s’écoulait en surface. Je m’étais habitué aux caves enfouies et humides. Cependant, je redoutais, toujours l’éruption. Il me semblait, non sans raison, que les forces ténébreuses qui grouillaient en moi s’accroissaient et qu’un jour, lorsque la place leur manquerait, elles jailliraient. Ces éruptions se produisirent quelquefois, mais les forces du refoulement les engloutirent, et les caves furent placées sous scellés. » Le tiraillement entre ici et là-bas, en haut et en bas, dura plusieurs années. Les pages qui suivent éclairent l’histoire de cette lutte, laquelle s’étend sur un front très large : la mémoire et l’oubli, la sensation d’être désarmé et démuni, d’une part, et l’aspiration à une vie ayant un sens, d’autre part. Ce n’est pas un livre qui pose des questions et y répond. Ces pages sont la description d’une lutte, pour reprendre le mot de Kafka, une lutte dans laquelle toutes les composantes de mon âme prennent part : le souvenir de la maison, les parents, le paysage pastoral des Carpates, les grands-parents et les multiples lumières qui abreuvaient alors mon âme. Après eux vient la guerre, tout ce qu’elle a détruit, et les cicatrices qu’elle a laissées. Enfin les longues années en Israël : le travail de la terre, la langue, les tourments de l’adolescence, l’université et l’écriture. Ce livre n’est pas un résumé, mais plutôt une tentative, un effort désespéré pour relier les différentes strates de ma vie à leur racine. Que le lecteur ne cherche pas dans ces pages l’histoire structurée et précise d’une vie. Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l’oubli. Ce qui restait semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j’ai senti que ce n’étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens. Repères biographiques Aharon Appelfeld, auteur À un très jeune âge, avant de savoir que mon destin m’amènerait vers la littérature, l’instinct me murmura que, sans une connaissance intime de la langue, ma vie serait plate et insipide. Dans ces années-là, l’approche de la langue était par principe mécanique : « Acquiers des mots et tu auras acquis une langue », disait-on. Cette approche mécanique qui exigeait de s’arracher à son monde pour se transporter dans un monde sur lequel on n’avait guère prise, cette approche, donc, il faut le reconnaître, s’imposa, mais à quel prix : celui de l’anéantissement de la mémoire et de l’aplatissement de l’âme.» Aharon Appelfeld est né en 1932 à Czernowitz en Bucovine. Ses parents, des juifs assimilés influents, parlaient l’allemand, le ruthène, le français et le roumain. Quand la guerre éclate, sa famille est envoyée dans un ghetto. En 1940 sa mère est tuée, son père et lui sont séparés et déportés. À l’automne 1942, Aharon Appelfeld s’évade du camp de Transnistrie. Il a dix ans. Recueilli en 1945 par l’Armée rouge, il traverse l’Europe pendant des mois avec un groupe d’adolescents orphelins, arrive en Italie et, grâce à une association juive, s’embarque clandestinement pour la Palestine où il arrive en 1946. C’est le début d’un long apprentissage. Pris en charge par l’Alyat Hanoar, il doit se former à la vie des kibboutzim et apprendre l’hébreu. Suivent l’armée (en 1949) et l’université (1952-1956) où il choisit d’étudier les littératures yiddish et hébraïque, ainsi que la mystique juive. Ses professeurs sont Martin Buber, Gershom Scholem, Ernest Simon, Yehezkiel Kaufman. Comme lui, ils ont une double culture, mais c’est sa rencontre avec Shaï Agnon qui le convainc que « le passé, même le plus dur, n’est pas une tare ou une honte mais une mine de vie ». À la fin des années 1950, il décide de se tourner vers la littérature et se met à écrire, en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». À la fin des années 1980, Philip Roth découvre son œuvre avec émerveillement et fait de lui l’un des personnages de son roman, Opération Shylock. Un demi-siècle plus tard, Aharon Appelfeld, devenu l’un des plus grands écrivains juifs de notre temps, a publié une trentaine de livres, principalement des recueils de nouvelles et des romans. Bernard Levy, adaptation et mise en scène Formé à l’EDA puis au Conservatoire national entre 1985 et 1988, Bernard Levy est metteur en scène et travaille comme comédien pour le théâtre et le cinéma. En 1994, il crée la compagnie Lire aux éclats, avec laquelle il met en scène Entre chien et loup, la véritable histoire de Ah Q de Christophe Hein, Saleté de Robert Schneider, L’Échange de Paul Claudel. Il participe avec d’autres metteurs en scène à deux créations collectives pour la Scène nationale de Sénart : en 1999, Histoires courtes, mais vraies, et en 2000, Donnez-nous des nouvelles du monde. Il est l’assistant à la mise en scène aux côtés de Georges Lavaudant pour L’Orestie, Fanfares et Un Fil à la patte. Après Un cœur attaché sous la lune (2002) de Serge Valetti, Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce (2003), Bérénice de Racine (2006), il crée : Fin de partie de Beckett créé en 2006 à l’Athénée, Théâtre Louis Jouvet, Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard créé en 2007 au Théâtre national de Chaillot, En attendant Godot de Samuel Beckett créé en 2009 à l’Athénée, Théâtre Louis Jouvet, et L’Échange, nouvelle création de Paul Claudel créé en 2011 à l’Athénée, Théâtre Louis Jouvet. En 2011, il crée Didon et Énée de Henry Purcell sa première mise en scène pour l’opéra. Thierry Bosc, comédien Issu du Théâtre de l’Aquarium, Thierry Bosc a travaillé depuis, notamment, avec Dan Jemmett, Guillaume Delaveaux, André Engel, Irina Brook, Matthias Langhoff, Stuart Seide, Hélène Vincent, Jacques Nichet, Claude Yersin, Jean-Pierre Vincent, Thierry Roisin, Jean-Paul Wenzel, Jean-Louis Hourdin, Carole Thibaut, Krystian Lupa… Avec Bernard Levy, il joue dans Fin de Partie et En attendant Godot de Samuel Beckett. Au cinéma, il a travaillé avec Costa Gavras, Arnaud des Pallières, Arnaud Despléchin, Christine Laurent, Roger Planchon, Didier Bourdon, Fabien Gorgeart, Serge Lalou, Loïc Portron, Jean-Pierre Thorn, Frank Mancuso… Bibliographies Du même auteur Histoire d’une vie — récit, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, prix Médicis étranger 2004, Éditions de l’Olivier, 2004 L’Amour, soudain — roman, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, Éditions de l’Olivier, 2004 Floraison sauvage — roman, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, Éditions de l’Olivier, 2005 L’Héritage nu — essai, traduit de l’anglais par Michel Gribinski, Éditions de l’Olivier, 2006 Badenheim 1939 — roman, traduit de l’hébreu par Arlette Pierrot, Éditions de l’Olivier, 2007 La Chambre de Mariana — roman, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, Éditions de l’Olivier, 2008 Et la fureur ne s’est pas encore tue — roman, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, Éditions de l’Olivier, 2009 Le Garçon qui voulait dormir — roman, traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti, Éditions de l’Olivier, 2011 À propos de l’œuvre d’Aharon Appelfeld M. Itzhaki, Aharon Appelfeld : Le réel et l’imaginaire, Paris, L’Harmattan, 2011.
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