Objet musical non identifié Eternel OVNI des sphères metal, Cynic
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Objet musical non identifié Eternel OVNI des sphères metal, Cynic
Objet musical non identifié Eternel OVNI des sphères metal, Cynic est aujourd’hui plus insaisissable que jamais. Après une absence pour le moins prolongée (15 ans !), les Américains reviennent en 2008 avec un nouvel opus qui ne se contente pas de se fonder sur un héritage. Bien au contraire, l’approche est nouvelle, tout aussi originale que par le passé mais résolument différente, trompant toutes les attentes. L’EP Re-Traced, relecture de certains titres de Traced in Air, s’inscrit parfaitement dans la logique de Cynic et a donc encore su surprendre tout le monde. Désormais très éloigné des paysages metal traditionnels, le groupe s’y révèle tout aussi envoûtant et parfaitement unique dans un style dépouillé qui n’hésite pas à embrasser les sons électro. Paul Masvidal, lunatique leader de Cynic, nous a accordé un entretien certes décousu mais qui ne manque pas, ci et là, de lever le voile sur certains aspects du groupe. Mais rassurez-vous : le mystère Cynic demeure somme toute entier… Entretien avec Paul Masvidal (chant, guitare) Interview, traduction et édition par Mastema Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés Mastema (Rock'N'Balls) : Salut Paul. Comment s’est passée votre tournée européenne? Paul Masvidal : On a passé de bons moments, beaucoup de concerts sympas. M : Depuis le 22 juillet, vous êtes sur votre tournée américaine. Quelle sont les différences entre le public européen et américain ? Paul : Globalement, il n’y en a pas tant que ça. En matière d’énergie, les audiences de Cynic ont beaucoup en commun, nous trouvons donc que l’ambiance est assez semblable. Par contre, je remarque des différences bien plus importes entre le public italien et le public allemand, par exemple. Mais si l’on creuse un peu la surface, les publics sont assez semblables, finalement. M : Parlons de Re-Traced. Première question évidente : pourquoi avoir décidé de réinterpréter une poignée de morceaux de Traced in Air (2008) ? Paul : On a fait cet album parce que nous avions un mois de libre entre deux tournées, et on a pensé que ça pouvait être une expérience intéressante. Par chance, nous avons aimé la façon dont le résultat sonnait et nous avons décidé de le publier. L’EP offre une perspective différente sur les morceaux de TIA, mais il nous a aussi permis de savoir qu’on pouvait explorer de nouvelles voies tout en sonnant toujours comme du Cynic. M : Comment avez-vous sélectionné les morceaux à réinterpréter ? En avez-vous essayé qui ne fonctionnaient pas ? Paul : Chacun d’entre eux aurait fonctionné. On a sélectionné ceux qui se retrouvent sur l’EP car cela semblait être le meilleur choix, les morceaux se sont imposés d’euxmêmes. M : Bien entendu, ces morceaux ne peuvent plus vraiment être liés à une quelconque forme de « metal ». Ne crains-tu pas de désorienter vos fans ? Paul : Composer et créer de la musique doit être avant tout une expérience libératrice, libre et honnête pour l’artiste. Tant que la musique est honnête, elle peut être communiquée. La dernière chose que souhaite Cynic, c’est s’enfermer dans un style. M : Cette orientation musicale doit-elle servir d’avant-goût du prochain album ? Ou les fans doivent-ils plutôt s’attendre à quelque chose dans la veine de « Wheels Within Wheels », le nouveau morceau de l’EP, lui-même très proche du matériel de Traced in Air ? Paul : L’EP ne représente que le groupe au moment de la création de ce disque. Il n’indique donc pas grand-chose pour l’avenir. « Wheels… » a en fait été composé avant TIA, on l’a ajouté à cet EP car on sentait que là était sa place. Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés « L’EP offre une perspective différente sur les morceaux de Traced in Air, mais il nous a aussi permis de savoir qu’on pouvait explorer de nouvelles voies tout en sonnant toujours comme du Cynic. » (Paul Masvidal, au sujet de Re-Traced) M : L’utilisation de sons électroniques est très intéressante. Traced in Air avait initié cette voie, mais Re-Traced va encore bien plus loin. Pourquoi les avoir exploités à ce point, et que penses-tu qu’ils apportent au son de Cynic ? Paul : Cela semblait simplement être un choix logique au vu des morceaux. Nous voulions soutenir ces titres par un environnement que nous pensions convenir le mieux. J’aime l’usage d’éléments électroniques expérimentaux car ils possèdent une qualité sonore inconnue qui est fraîche à l’écoute. M : Etes-vous déjà en train de bosser sur le prochain album studio ? Paul : Oui, nous sommes en train de travailler sur pas mal de nouvelles choses. M : Revenons un peu en arrière. Focus (1993) est globalement considéré comme un album « culte ». Comprends-tu cela ? Que penses-tu de ce disque, aujourd’hui ? Paul : Je suis conscient qu’il s’agit d’un album unique, et c’est ce que nous ressentions pendant sa création. Vu que nous sommes en plein milieu d’une tournée au cours de laquelle nous jouons chaque soir Focus dans son entièreté, j’ai plus que jamais cette sensation-là. J’ai l’impression que la boucle n’est bouclée qu’aujourd’hui. M : Après une si longue absence, pourquoi avoir décidé de reformer le groupe ? Paul : Une série de synchronismes est à l’origine de la réunion. Et ce sont l’inspiration et la passion qui sont à l’origine de la création de nouveaux albums après cette réunion. M : Traced in Air était très différent de Focus. Composer une suite à votre album culte a-t-il mis une pression supplémentaire sur vos épaules ? Est-ce la raison pour laquelle vous avez décidé de prendre une direction nouvelle ? Paul : Ca ne m’intéresse pas de composer des albums sous pression. Pour nous, c’était davantage une question d’écrire un disque intéressant, qui sonnait bien. Focus était clairement une référence vu que nous avions pas mal joué ce disque en concert avant de composer le nouvel album, mais je ne peux être en compétition avec moi-même. C’est simplement une question d’être dans la bonne atmosphère et d’être à la hauteur de ce que tu crées. Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés M : Cynic a-t-il pris un nouveau départ avec Traced in Air, ou vois-tu tout de même un lien, un fil rouge entre cet album et Focus ? Paul : Je vois un lien. Je pense qu’il s’agit véritablement d’un deuxième album et que les deux disques fonctionnent bien comme une suite. M : Sean [note : Sean Reinert, batterie] et toi avez toujours travaillé ensemble. Comment décrirais-tu votre relation, votre alchimie, aussi bien au niveau artistique qu’humain ? Paul : Nous sommes plus que des frères. Nous nous comprenons bien et savons comment communiquer d’une façon non-verbale lorsqu’il s’agit de musique. Ce n’est pas quelque chose que je prends pour acquis, car je pense que c’est assez spécial que d’avoir une relation musicale profonde avec quelqu’un. « La dernière chose que souhaite Cynic, c’est s’enfermer dans un style. » (Paul Masvidal) M : Vous avez tous les deux participé à l’album-phare de Death, Human (1991). Quels souvenirs gardes-tu de Chuck Schuldiner ? Paul : Beaucoup de souvenirs ! Chuck était comme un grand frère pour nous, et ce fut une série d’expériences extraordinaires que de travailler avec lui. C’était, pour le moins, un enseignement. M : Quelle a été ta réaction en apprenant sa mort ? Paul : Je lui ai envoyé de l’amour et j’ai espéré qu’il soit à même de trouver la paix en son cœur. M : Tu as participé au second et excellent album de Gordian Knot, Emergent (2003). Depuis lors, plus de nouvelles de ce groupe. Est-il toujours actif ? Paul : Je n’en sais rien, il faudrait poser la question à Sean Malone. M : Et peux-tu nous en dire plus sur cet autre groupe dont tu as fait partie, Aeon Spoke ? Paul : Nous avons publié un album éponyme sur SPV en 2008. Aeon Spoke était un projet acoustique qui se focalisait sur la déconstruction et sur l’expérience humaine. M : Quelques questions plus personnelles. D’abord, comment es-tu entré en contact avec la musique ? Et quand et comment as-tu commencé à jouer d’un instrument ? Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés Paul : J’ai découvert la musique par ma mère. Elle écoutait beaucoup de musique folk et m’a fait apprécier pas mal de choses sympas. J’ai appris à jouer de la guitare par mon frère aîné qui a commencé à en jouer assez jeune. J’ai repris cet instrument après lui et j’ai commencé à y jouer plus sérieusement. Finalement, j’ai pris des leçons et j’ai réalisé que je tenais là quelque chose. M : Te sens-tu encore proche de la scène metal ? Comment tes attaches musicales ont-elles évolué ? Paul : Je ne me sens plus autant lié aux genres que par le passé. Je m’intéresse davantage à de grands artistes, qu’ils soient liés au metal, au rock ou même à la pop. Je suis bien au courant de ce qui se passe au sein de la scène metal parce que nos tournées se déroulent généralement dans ce milieu-là. Et je peux apprécier du vrai metal intense aussi. J’ai cela dans la peau ! M : J’ai appris récemment que tu étais l’inventeur d’un système d’assistance à des personnes invalides au niveau de la voix, ce qui est incroyable ! Dis-nous-en davantage. Paul : L’idée m’est venue au cours de mon travail de volontariat dans un hôpital. Une chose a mené à une autre et, avant qu’on ne le réalise vraiment, mon partenaire et moi cherchions à obtenir une patente. Ca marche toujours bien et ça prend même de l’ampleur. La planche est à présent disponible dans 17 langues différentes [note : Paul ne nous en dira malheureusement pas davantage sur le fonctionnement exact de cet appareil…]. « Je ne me sens plus autant lié aux genres que par le passé. » (Paul Masvidal) M : Tu viens d’en parler : tu travailles également comme volontaire avec les patients atteints du SIDA et avec des malades en phase terminale. Paul : Je fais du travail de volontariat avec les mourants depuis le milieu des années ’90. Ca a été ma plus grande leçon de vie. Puisque je suis vivant et en bonne santé, pourquoi ne pas donner un peu de mon temps à ceux qui font face à des situations potentiellement difficiles ? Je suis simplement là pour trouver une manière de leur rendre les choses plus confortables. Ils sont en train de faire le pas dans la grande inconnue, un pas que nous devrons tous faire un jour aussi, et c’est une chose intense pour moi que d’assister à cela d’aussi près. M : Dernière question traditionnelle chez Rock ‘n Balls : quel est ton top-3 des meilleurs albums de tous les temps ? Paul : Impossible de répondre ! Désolé, mais je ne peux pas réduire cela à seulement trois albums. Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés M : Paul, merci beaucoup pour cette interview. Je te laisse le mot de la fin… A bientôt ! Paul : Merci à toi. Paix et amour à tous ! Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés Unidentified musical object Cynic has always been an UFO in our metal universe. Today it is more elusive than ever. After a long absence (15 years!), the Americans came back in 2008 with a new album which avoided merely exploiting the band’s past. The approach is new, as original as yesterday but definitely different, deceiving all the forecasts. The EP Re-Traced, reinterpretation of a few tracks from Traced in Air, matches Cynic’s musical nature perfectly, and thus managed to surprise everyone once again. Though this record is quite far from the traditional metal landscape, it proves the band can also be mesmerizing and unique when it embraces an uncluttered style and electronic sounds. The chat we had with the band’s temperamental leader Paul Masvidal sure is disjointed, but it still gives a few things away. Don’t worry though: Cynic’s mystery remains whole. Conversation with Paul Masvidal (vocals, guitar) Interview and editing by Mastema Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés Mastema (Rock'N'Balls): Hi Paul, how was your European tour? Paul Masvidal: We had a good time. Lots of fun shows. M: You will head for an American tour starting July, 22nd. What’s the difference between European and American audiences? Paul: Not much in the larger sense. Energetically Cynic audiences seem to have a lot in common so we find that the vibe is fairly consistent all around. I notice a bigger difference in comparing for example Italian audiences to German. But they all kind of feel the same when you go beneath the surface. M: Let’s talk about Re-Traced now. First obvious question: why did you decide to reinterpret songs from Traced in Air? Paul: We made the record because we had a month off between tours and thought it would be an interesting experiment. Luckily we liked how it developed and decided to release it. The EP provides a different perspective on the TIA tunes and also let us know we could stretch in some new ways and still sound like Cynic. M: How did you choose which songs would be reinterpreted? Did you try out some others that didn’t work out? Paul: Any of them would have worked. We just went with these because they felt right at the time. The songs chose themselves. M: Of course these songs can no longer be linked to any form of metal. Aren’t you afraid to unsettle some of your fans? Paul: Writing and creating music should be liberating, free and honest for the artist first. As long as it's coming from a place of truth, it will communicate. The last thing Cynic wants is to be put in a stylistic box. M: Should this musical orientation be understood as a foretaste of Cynic’s next record? Or will it be more like “Wheels Within Wheels”, which itself links to Traced in Air? Paul: The EP just shows where we were at when we made it. Not much of an indication of anything in the future. “Wheels…” was actually written before TIA and was just ready to be heard through this EP. “The EP provides a different perspective on the Traced in Air tunes and also let us know we could stretch in some new ways and still sound like Cynic.” (Paul Masvidal, about Re-Traced) Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés M: The use of electronic sounds is very interesting because Traced in Air innovated this, and Re-Traced goes even further that way. Why did you decide to bring these sounds in, what do you think it brings to Cynic’s music? Paul: They just felt natural to the pieces themselves. It was just about supporting the tunes in an environment we saw best suited. I like the use of more experimental electronic elements, because it has an unknown sonic quality that is fresh for the ear. M: Are you guys already working on the next full-length record? Paul: Yes. We have a lot of new material in progress now. M: Let’s go back a few years, if that’s OK with you. Many people still consider Focus as a true classic, a legendary album. Do you understand this? What do you think of the album today? Paul: I understand that it's a unique album and it felt real to us making it. Considering we're in the middle of a tour where we're playing Focus in its entirety every night, I actually get it more than ever. It's a full circle into that head space, but happening now. M: After such a long absence, why did you decide to reunite the band again? Paul: A series of synchronicities were the reason for the reunion. Making records post the reunion has been inspiration and love driven. M: Traced in Air is very different from Focus. Did you feel pressure to write a follow-up to Focus? Is that why you decided to go into something very different? Paul: I'm not interested in making records under pressure. For us it was more about just writing an interesting record that felt good. Focus was certainly a reference point having just toured it a lot before we wrote the record, but I can't be in competition with myself. It's just about staying in the flow and showing up for the work. M: Do you feel Cynic is starting from scratch with Traced in Air, or do you see a link between this record and Focus? Paul: I see a link. I think it feels like a 2nd album and works well as a sequence. M: You and Sean basically always worked together. How would you describe your chemistry, on an artistic but also on a personal level? Paul: We're like beyond brothers. We understand each other well and know how to communicate when it comes to music in a non-verbal way. It's something I don't take for granted since I think having a deep musical connection with someone is a pretty cool thing. Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés “The last thing Cynic wants is to be put in a stylistic box.” (Paul Masvidal) M: You and Sean participated on Death’s seminal album Human. What memories have you kept of that time and of Chuck Schuldiner? Paul: Lots! Chuck was like an older brother to us and we had lots of great experiences working with him. It was an education to say the least. M: What was your reaction when you learned Chuck’s passing? Paul: I sent him love and courage and hoped he was able to find some peace in his heart. M: You participated to Gordian Knot’s excellent second record, Emergent. Will this band ever record anything else or is definitely over? Paul: I'm not sure, you'd have to ask Sean Malone. M: And can you tell us more about this other band called Aeon Spoke you were in? We released a self-titled record in 2008 on SPV. Aeon Spoke was an acoustic based project that was all about deconstruction and the human experience. M: A few more personal questions now. How did you discover music, and when and how did you learn to play guitar? Paul: I discovered music through my mother. She listened to lots of folk music and turned me onto some cool stuff. I learned guitar through my older brother who started playing quite young and I picked up after him and got more serious about it. I eventually started taking lessons and realized I had found something. M: Do you still feel close to metal music, how did your musical taste evolve over the years? Do you still follow the metal scene much? Paul: I don't feel attached to genres as much as I used to. I'm more interested in great artists that do what they do regardless of metal, rock or even pop associations. I'm privy to much of the metal scene because that's generally what our tours cater to, so it's always around. I can still appreciate some intense, real metal too. It's in my bones! M: I recently read that you invented a device to assist voice-disabled patients, which is amazing! Can you tell us more about this? Paul: I came up with the idea while working as a volunteer at a hospital. One thing led to another and before you knew it, my business partner and I were seeking out a Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés patent. It's still going strong and growing. The board is now available in 17 different languages. “I don't feel attached to genres as much as I used to.” (Paul Masvidal) M: You’re also doing volunteer work with AIDS and terminally ill patients. I would also like to know a bit more about this… Paul: I've been doing volunteer work with the dying since the mid-90's. It's been the greatest education of my life. As long as I'm healthy and alive, I might as well give some of my time to those who are facing a potentially difficult situation. I'm just there to find a way to make them more comfortable. They're taking the big leap into the great unknown, that we must take one day too, and it's intense for me to look at that so directly. M: Last and traditional Rock ‘n Balls question: what would be your all-time albums top-3 albums? Paul: Impossible to answer! Sorry, I can't narrow it down to 3 albums. M: Okay Paul, thank you very much! You can leave a few last words to your Belgian fans right here… Thanks again, good luck and take care! Paul: Thank you. Peace and love to all! Publié par Rock'N'B alls sur www.ro ck n b alls.c o m | Tous droits réservés