chapitre 1 - World Bank

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chapitre 1 - World Bank
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Rapport No 25841
FONDATIONS POUR LE DEVELOPPEMENT
DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION EN ALGERIE
Avril 2003
Département global des Technologies de l’Information et de la Communication
Vice-Présidence Secteur Privé et Infrastructure
et
Région Moyen-Orient et Afrique du Nord
Banque mondiale
Ce rapport fait l’objet d’une diffusion restreinte. Les destinataires ne peuvent l’utiliser que dans le cadre de
leurs fonctions professionnelles. Son contenu ne peut pas être publié sans l’autorisation de la Banque
mondiale.
ANNÉE FISCALE 2003
1 er juillet – 30 juin
Vice-Président
Directeur Secteur
Directeur Pays
Chef Division Sectorielle
Chef É quipe de Projet
Jean-Louis Sarbib
Mohsen Khalil
Christian Delvoie/Theodore Ahlers
Pierre Guislain
Paul Noumba
Cette note a été préparée par une équipe composée de : Paul Noumba, Rachele Gianfranchi-Hirschhofer
(consultant), Mather Pfeiffenberger, Lucy Cueille (traductions), Yann Burtin, Isabelle Andress (CITPO),
Anupama Dokeniya (Consultant). Des contributions extérieures ont été fournies par le cabinet Louis
Lengrand & Associés (France). Nous tenons aussi à remercier le « Italian Consultant Trust Fund (General National Account) » pour son soutien à la réalisation de ce travail.
Gareth Locksley et Christine Quiang (CITPO) ont été les réviseurs au stade du concept de projet. MM Paul Moreno
López (MNSED), Christian Schmidt (MNSIF) et Howard Williams (CITPO) ont révisé la note finale. D'importantes
contributions ont été fournies par M. Michel Welmond (MNSHD) et Mme Cécile Fruman (MNC01). MM. Christian
Delvoie et Ted Ahlers (Directeurs Pays) et Pierre Guislain (Chef Division Sectorielle CITPO) ont régulièrement
orienté le travail de l’équipe.
La Banque tient à adresser ses sincères remerciements à la contrepartie algérienne, pour son soutien et sa collaboration
tout au long de cet exercice, à savoir : les Ministères de la Poste et des Technologies de l’Information et de la
Communication, de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de la Formation
professionnelle, de la Santé publique, ainsi que de nombreuses autres institutions publiques et privées.
« All revolutions generate uncertainty, discontinuity, and
opportunity. Today’s is no exception. How we respond,
how we turn current opportunities into real benefits, will
depend on how quickly we can enter the European
Information Society ».
Rapport Bangeman - 1994
ABRÉVIATIONS ET SIGLES
AAI :
AIG :
Algérie Poste :
Algérie Telecom :
ALBM :
ALE :
ANA :
ANDI :
ANDRU :
ANDS :
ANF :
ANVREDET :
APS :
APSI :
ARPT :
ATM :
BADR :
CATEL :
CCP :
CDTA :
CERIST :
CETIC :
CHU :
CINDE :
CNAT :
CNEP :
CPA :
DA :
DOMSAT :
DWDM :
DZ-PAC :
EDS :
EEPAD :
EMISPHER :
ENIE :
ENIEM :
ENNA :
ENSI :
ENTC :
ENTV :
EPE :
EPIC :
ERIAD-SETIF :
ERP :
ESIS :
EUMEDIS :
FBCF :
FINALEP :
FSI :
Gbits/s :
GECOS :
GEMED :
GMPCS :
GSM :
HP :
IAP :
Agence Algérienne d’Information
American Insurance Group
EPIC Algérie Poste
Algérie Telecom SPA
Algerian Business Machines
Accord de libre É change
Agence Nationale des Autoroutes
Agence Nationale de Développement des Investissements
Agence Nationale de Développement de la Recherche Universitaire
Agence Nationale de Docu mentation de la Santé
Agence Nationale des Fréquences
Agence Nationale de Valorisation de la Recherche et du Développement Technologique
Algérie Presse Service
Agence pour la Promotion, le Soutien et le Suivi des Investissements
Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications
Asynchronous Transfer Mode
Banque de l’Agriculture et du Développement Rural
Les Câbleries des Télécommunications d’Algérie
Comptes Chèques Postaux
Centre de Développement des Technologies Avancées
Centre de Recherche en Information Scientifique et Technique
Centre d’Expertise en Technologies de l’Information et des Communications
Centre Hospitalier Universitaire
Costa Rica Investment and Development Board
Centre National d’Animation de l’Entreprise des Travaux
Caisse Nationale d'Épargne et de Prévention
Crédit Populaire d’Algérie
Dinar algérien
Domestic Satellite Network
Dense Wavelength Division Multiplexing Technology
Réseau public de données à commutation par paquet x.25
Electronic Data Systems Corporation
Établissement d’Enseignement Professionnel à Distance
Euro-Mediterreanean Internet Satellite Platform for Health, Education and Research
Entreprise Nationale des Industries Électroniques
Entreprise Nationale des Industries de l’Électroménager
Établissement National de la Navigation Aérienne
Entreprise Nationale de Systèmes Informatiques
Entreprise Nationale de Télécommunications
Entreprise Nationale de Télévision algérienne
Entreprises publiques économiques
Entreprise publique à caractère industriel et commercial
Entreprise des Industries Alimentaires Céréalières et Dérivés de Sétif
Enterprise Resource Planning (Progiciel de gestion intégrée)
Inventaire européen sur la société de l’information
Sociét é de l’Information Euro-Méditerranéenne
Formation brute de capital fixe
La Financière Algéro-Européenne
Fournisseur de services Internet
Gigabits per second
General Computing Systems
Gesellschaft für medizinisches Datenmanagement
Global Mobile Personal Communications Services
Global System Mobile
Hewlett Packard
International Advisory Panel
IBM :
IDA :
INI :
INPI :
IP :
ITCR :
Kbits/s :
LP :
Mbits/s, Mbps :
MEGAPAC :
MdF :
MPT :
MPTIC :
MSC :
NAFTA :
NMT :
NEC :
NTT :
OBA :
OCDE :
ONS :
ONDA :
ONUDI :
OTA :
PABX :
PIB :
PME :
PMI :
PNUD :
POP:
PROMEX :
PSTN :
PTF :
PwC :
SATIM :
SII :
SNTF :
SOFINANCE :
SONATITE :
SONATRACH :
SONELGAZ :
SPA :
SSII :
TDA :
TIC :
TI :
UE :
UFC :
UIT :
UMTS :
UPU :
USD :
VSAT :
WLL :
ZTE :
International Business Machines
Irish Development Agency
Institut National d’Informatique
Institut National de la Propriété Industrielle
Protocole Internet
Instituto Tecnológico de Costa Rica
Kilobits per second
Lignes principales
Megabits per second
Réseau privé de données à commutation par paquet x.25 opéré par Algérie Telecom
Ministère des Finances
Ministère de la Poste et des Télécommunications
Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication
Multimedia Super Corridor
Accord de libre échange nord-américain
Nordic Mobile Telephone
Nippon Electric Company, Ltd.
Nippon Telegraph and Telephone Corporation
Output-Based Aid (subventions ciblées)
Organisation de Coopération et de Développement économiques
Office National des Statistiques
Office National des Droits d’Auteur
Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
Orascom Telecom Algérie
Central téléphonique privé
Produit intérieur brut
Petites et moyennes entreprises
Petites et moyennes industries
Programmes des Nations Unies pour le Développement
Point de Présence
Office algérien de promotion du commerce extérieur
Réseau de téléphonie public commuté
Productivité totale des facteurs
PricewaterhouseCoopers
Société d’Automatisation des Transactions Interbancaires et de Monétique
Servicio de Impuestos Internos (Administration nationale des impôts du Chili)
Société Nationale des Transports Ferroviaires
Société Financière d’Investissements, de Participation et de Placement
Société Nationale des Travaux d’Infrastructures de Télécommunications
Société Nationale pour la Recherche, la Production, le Transport, la Transformation, et la
Commercialisation des Hydro carbures
Société Nationale de l’Électricité et du Gaz
Société par actions
Société de services d’ingénierie informatique
Télédiffusion d’Algérie
Technologies de l’Information et de la Communication
Technologies de l’Information
Union européenne
Université de la Formation Continue
Union Internationale des Télécommunications
Universal Mobile Telecommunications System
Union Postale Universelle
Dollar américain
Very Small Aperture Terminal
Wireless Local Loop
Zhongxing Telecommunication Equipment Company
Table des matières
RESUME EXECUTIF................................................................................................................. I
1
2
3
4
5
6
TENDANCES INTERNATIONALES....................................................................................... I
ÉLÉMENTS DÉTERMINANTS POUR DEVELOPPER LES TIC .................................................III
2.1
Énoncer clairement une approche visionnaire du développement ..........................III
2.2
Exprimer une volonté politique forte et bâtir un consensus politique ....................IV
2.3
Développer et établir un cadre réglementaire moderne ...........................................IV
2.4
Développer des infrastructures d’information modernes avec la participation du
secteur privé ........................................................................................................................IV
2.5
Remettre à jour le capital humain pour utiliser les infrastructures et services
d’information ........................................................................................................................ V
LA TRANSITION DE L’ALGÉRIE VERS UNE SOCIÉTÉ DE L ’INFORMATION .........................V
3.1
Les atouts de l’Algérie pour une transformation réussie ......................................... V
3.1.1
Une réforme des télécommunications solide ...........................................VI
3.1.2
Une demande potentielle (solvable) non satisfaite..................................VI
3.1.3
Un secteur privé émergent.......................................................................VIII
3.1.4
Une rente pétrolière considérable...........................................................VIII
3.2
Les principaux défis .............................................................................................. VIII
3.2.1
Absence d’une stratégie de développement claire ...............................VIII
3.2.2
Cadre réglementaire à renforcer et rationaliser.......................................IX
3.2.3
Tissu économique peu favorable................................................................IX
3.2.4
Formation inadaptée.....................................................................................X
3.2.5
Explosion de l’économie informelle et de la piraterie..............................X
3.2.6
Fuite des cerveaux........................................................................................XI
3.2.7
Accès aux TIC coûteux.................................................................................XI
PERSPECTIVES DE CROISSANCE........................................................................................XI
PROCHAINES ÉTAPES .......................................................................................................XI
PLAN D’ACTION ...........................................................................................................XIII
INTRODUCTION : OBJECTIFS DE LA NOTE...................................................................1
CHAPITRE 1 : ÉLÉMENTS POUR UNE VISION STRATÉGIQUE .................................3
1
2
3
4
5
DÉFINITION DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION ........3
EXPLORATION ET MISE EN EXPLOITATION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES...................6
IMPLICATIONS DE LA RÉVOLUTION APPORTÉE PAR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES .....8
PERSPECTIVES INTERNATIONALES ...................................................................................9
ÉLÉMENTS DÉTERMINANTS POUR DÉVELOPPER LES TIC................................................12
5.1
Énoncer une approche visionnaire du développement ............................................12
5.2
Exprimer une forte volonté politique et bâtir un consensus politique ....................13
5.3
Développer et établir un cadre réglementaire moderne ...........................................14
5.4
Développer une infrastructure d’information moderne avec la participation du
secteur privé ........................................................................................................................15
5.5
Développer un capital humain mis à jour pour l’utilisation des infrastructures et
services d’information .........................................................................................................15
CHAPITRE 2 : REVUE DU SECTEUR DES TIC ................................................................16
1
2
3
4
5
6
7
8
SITUATION DU SECTEUR AVANT LA RÉFORME D’AOÛT 2000.........................................16
LA RÉFORME DU SECTEUR DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............................20
INITIATIVES POUR LA MISE EN PLACE D’UNE SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION ...................23
LES OPÉRATEURS ET FOURNISSEURS DE SERVICES DE TÉLÉCOMMUNICATIONS..............24
4.1
Algérie Telecom – un démarrage difficile ................................................................25
4.1.1
La téléphonie fixe .................................................................................................25
4.1.2
La téléphonie mobile ............................................................................................26
4.1.3
La transmission de données et les lignes louées ..................................................27
4.2
Orascom Telecom Algérie........................................................................................28
LES AUTRES OPÉRATEURS POTENTIELS............................................................................29
5.1
Télédiffusion d’Algérie ............................................................................................30
5.2
Algérie Poste............................................................................................................30
LES FOURNISSEURS DE SERVICES INTERNET ....................................................................31
6.1
Le CERIST...............................................................................................................32
6.2
EEPAD-WANADOO ............................................................................................33
6.3
GECOS....................................................................................................................33
6.4
BMGI.......................................................................................................................34
LES DISTRIBUTEURS D’ORDINATEURS ET PRESTATAIRES DE SERVICES INFORMATIQUES 34
7.1
Les principales entreprises publiques ......................................................................35
7.2
Les principales entreprises privées ..........................................................................35
LES INTERVENANTS DANS LES MÉDIAS DE L’INFORMATION...........................................36
8.1
La presse écrite.........................................................................................................36
8.2
La télévision et la radio ............................................................................................37
CHAPITRE 3 : ATOUTS ET DÉFIS......................................................................................39
1
LES INITIATIVES DE DÉVELOPPEMENT DES TIC...............................................................39
1.1
Les TIC dans l’enseignement supérieur ..................................................................40
1.2
Les TIC dans l’enseignement primaire et secondaire ..............................................40
1.3
Les TIC dans la formation professionnelle ..............................................................42
1.4
Les TIC dans la recherche et le développement .......................................................42
2
LES ATOUTS DE L’ALGÉRIE POUR RÉUSSIR SA TRANSFORMATION..................................43
2.1
Demande potentielle (solvable) non satisfaite .........................................................43
2.3
Émergence d’un secteur TIC privé ..........................................................................44
2.4
Rente pétrolière........................................................................................................45
3
LES PRINCIPAUX DÉFIS.....................................................................................................46
3.1
Inexistence d’une stratégie de développement des TIC ...........................................46
3.2
Cadre réglementaire incomplet................................................................................46
3.3
Tissu économique peu favorable ..............................................................................47
3.4
Formation inadaptée dans le domaine des TIC........................................................49
3.4.1
L’offre ne satisfait pas la demande ............................................................49
3.4.2
Inadaptation des contenus de formation..................................................49
3.4.3
Cloisonnement des filières de formation en TIC .....................................50
3.5
Explosion de l’économie informelle et de la piraterie ..............................................50
3.6
Fuite des cerveaux ...................................................................................................50
3.7
Coûts de l’accès aux TIC .........................................................................................51
CHAPITRE 4 : OPTIONS DE DÉVELOPPEMENT DES TIC .........................................52
1
2
3
SOUTENIR LA COMPÉTITIVITÉ DE L’ÉCONOMIE...............................................................53
SOUTENIR LA DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE ...........................................................54
RÉSULTAT DE LA SIMULATION DU MARCHÉ DES TIC.....................................................58
CONCLUSIONS : DIRECTIVES POUR LE DÉVELOPPEMENT DES TIC .................61
RECOMMANDATION 1 : DÉFINIR UNE STRATÉGIE COHÉRENTE POUR LA SOCIÉTÉ DE
L’INFORMATION ......................................................................................................................61
1.1
Donner une structure de gestion et une légitimité politique au programme de
société de l’information en Algérie ......................................................................................61
1.2
Finaliser le programme de société de l’information .................................................61
1.3
Suivre les progrès technologiques internationaux et surveiller l’évolution nationale
vers la société basée sur l’information .................................................................................62
RECOMMANDATION 2 : COMPLÉTER LE CADRE LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE.........63
2.1
Accélérer la libéralisation du secteur des télécommunications ...............................63
2.2
Rendre l’ARPT complètement opérationnelle et assurer son indépendance...........63
2.3
Ouvrir Algérie Telecom au capital privé.................................................................63
2.4
Renforcer la législation en matière de propriété intellectuelle
et juguler la piraterie...........................................................................................................63
2.5
Créer un mécanisme de certification de qualité
pour les fournisseurs de services TI ....................................................................................63
2.6
Promulguer les réglementations sur le cryptage et la sécurité des transactions
électroniques ........................................................................................................................64
2.7
Élargir à l’Internet les réglementations sur la protection des données personnelles
et de la vie privée .................................................................................................................64
RECOMMANDATION 3 : PROMOUVOIR L’USAGE DES TIC DANS L’ADMINISTRATION
PUBLIQUE, LES ENTREPRISES ET LA SOCIÉTÉ............................................................................64
3.1
Promouvoir l’utilisation des TIC par l’administration...........................................64
3.2
Éliminer les droits de douane et mettre en place des incitations fiscales pour les
entreprises............................................................................................................................64
3.3
Multiplier les points d’accès à Internet sur tout le territoire..................................65
3.4
Favoriser les partenariats avec les sociétés étrangères ............................................65
RECOMMANDATION 4 : DIFFUSER LES TIC DANS LES SECTEURS DE L’ÉDUCATION ET DE
LA RECHERCHE ........................................................................................................................66
4.1
Concevoir et initier des programmes de formation spécifiques en TIC ...................66
4.2
Améliorer la connectivité des établissements scolaires et universitaires ................66
4.4
Créer des événements festifs nationaux...................................................................67
RÉFÉRENCES...........................................................................................................................68
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................68
SITES INTERNET .......................................................................................................................69
Portails ................................................................................................................................69
Sites de fournisseurs de services Internet............................................................................69
Sites de ministères, d’institutions politiques et d’administrations .....................................70
Sites d’organismes publics...................................................................................................70
Sites d’entreprises................................................................................................................70
Sites de la presse ..................................................................................................................70
Sites d’ambassades...............................................................................................................70
RAPPORTS................................................................................................................................71
ANNEXE : L’ALGÉRIE PAR RAPPORT AUX PAYS VOISINS........................................72
1
2
MÉTHODOLOGIE..............................................................................................................72
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS........................................................................................73
RESUME EXECUTIF
1
TENDANCES INTERNATIONALES
L’essor rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC) au cours des dix dernières
années a transformé les pays développés en sociétés de l’information. Les nouvelles technologies sont au
centre du débat dans les pays en développement qui désirent eux aussi profiter des avantages qui en
découlent.
Le changement technologique d’aujourd’hui est sans précédent par son rythme et son envergure. Les
nouvelles technologies de l’information et de la communication sont au cœur de ce changement, avec des
avancées spectaculaires. En 1930, une minute d’appel téléphonique de New York à Londres coûtait
l’équivalent de 300 dollars US d’aujourd’hui ; actuellement, le même appel ne coûte que quelques
centimes. Le coût d’un mégabit de puissance de calcul est tombé de 7.600 dollars US en 1970 à 17
centimes en 1999, soit une baisse de 99,9 % durant cette période. Tout ceci constitue une véritable
révolution dont les bénéfices étaient réservés jusqu’à récemment aux pays développés et industrialisés.
Dans le passé, les erreurs de saisie forçaient les grandes entreprises à re-traiter environ le quart de leurs
commandes. Le commerce électronique permet maintenant de vérifier que les commandes, les
bordereaux de livraison et les factures aux clients concordent bien. C’est ainsi que General Electric a pu
réduire substantiellement les erreurs et économiser 5 à 20 % des coûts initialement induits par les erreurs
de traitement affectant la chaîne de commercialisation. Cisco Systems, le plus grand fournisseur mondial
de routeurs pour le trafic Internet, a transféré 70 % de son « customer care » en ligne, éliminant ainsi
250.000 appels téléphoniques par mois et économisant plus de 500 millions de dollars US. Ce qui
représente environ 17 % de ses coûts opérationnels.
Un autre changement est lié à l’émergence de grappes industrielles d’entreprises, principalement petites et
moyennes, regroupées autour d’un pôle de compétence dont les activités sont complémentaires. Les
effets externes découlant de cette agglomération de compétences se traduisent par la disponibilité de
l’information, la proximité de pôles de fournisseurs, de clients et d’employés qualifiés. C’est ainsi que de
nombreuses grappes industrielles dans le domaine de la haute technologie sont apparues dans des pays
industrialisés. Il existe également de grappes industrielles compétitives dans des pays en développement
(Malaisie, Inde, Chine, Brésil, Costa Rica, etc.).
Parallèlement à cette pénétration des nouvelles technologies dans tous les secteurs de l’économie, on
remarque que le contenu d’information des activités et des produits industriels augmente. Par exemple,
c’est environ la moitié de la valeur d’une nouvelle voiture qui réside dans son contenu d’information
(conception, gestion des processus, commercialisation, ventes, etc.). Les technologies de l’information et
de la communication sont maintenant omniprésentes dans l’entreprise. Elles affectent les méthodes de
travail, les aménagements d’usines, la gestion des processus de contrôle de la qualité ainsi que les systèmes
de contrôle de la production et de stockage. L’organisation interne des entreprises doit donc être revue et
adaptée en fonction des nouvelles technologies. Les TIC permettent de séparer les fonctions et les
processus de production de l’entreprise et de choisir des sites d’implantation en fonction des coûts, de
l’efficacité et des besoins du marché. Par exemple, une entreprise peut concevoir un semi-conducteur aux
États-Unis avec l’aide d’une filiale en Inde, acheter la tranche de silicium à une fonderie dans la province
de Taiwan en Chine, assembler et tester la puce aux Philippines et utiliser une entreprise de logistique
indépendante pour expédier le produit en Allemagne et le commercialiser dans toute l’Europe. Pour les
investisseurs utilisant les technologies nouvelles et recherchant des sites d’implantation compétitifs, les critères les plus
importants sont : qualifications spécialisées, infrastructure moderne, institutions fortes, faibles coûts de transaction,
fournisseurs locaux efficaces, présence de grappes industrielles et de prestataires de services de soutien.
D’une manière générale, les technologies de l’information et de la communication jouent deux rôles dans
le processus de croissance. Premièrement, elles contribuent largement à l’accumulation du capital.
Deuxièmement, elles contribuent à la croissance de la productivité totale des facteurs (PTF) 1. Cette
contribution dépend des progrès technologiques dans la production des biens et des services liés aux TIC
ainsi que des gains d’efficacité dans les secteurs utilisant les TIC 2. Dans quelle proportion exacte ces deux
facteurs influencent la PTF reste toutefois à déterminer.
Le secteur de production des TIC (fabrication et services) a contribué de manière considérable à la
croissance de la productivité dans plusieurs pays de l’OCDE pendant la deuxième moitié des années 90. Il
apparaît de plus que, dans la même période, certains services utilisant les TIC ont connu une croissance
de la productivité au-dessus de la moyenne. Ceci montre que les nouvelles technologies commencent à
produire des effets externes au-delà de leur propre secteur. Ce phénomène est également confirmé par
des études réalisées au niveau des entreprises et des secteurs dans lesquels les technologies de
l’information et de la communication sont très répandues tels que la vente de détail, le commerce, le
transport et les services financiers.
La transition vers une économie basée sur l’information peut se faire de plusieurs façons, ainsi que nous
le montre l’expérience d’autres pays ayant réussi. C’est à chaque pays qu’il revient de définir une stratégie
nationale qui corresponde à ses propres besoins. Néanmoins, on peut identifier deux approches
générales. Pour la plupart des gouvernements, l’objectif est de promouvoir la diffusion massive des
nouvelles technologies pour en maximiser les retombées économiques (effets externes), principalement
sur les utilisateurs finaux. Pour d’autres gouvernements, le but est de promouvoir la constitution d’un
pôle national de compétence dans le domaine des TIC qui soit capable de satisfaire à la fois la demande
intérieure et l’exportation. Néanmoins, il est important de signaler qu’un pôle de fabrication des TIC n’est
pas une condition sine qua non de la réussite, et ce, pour trois raisons. Premièrement, la proximité de
fabricants d’équipement est souvent moins importante que celle de fabricants de logiciels et de
prestataires de services. Ce sont ces derniers qui pourront aider les entreprises recherchant des
compétences particulières et des conseils dans le domaine des TIC. Deuxièmement, en raison des coûts
initiaux élevés et d’importantes économies d’échelle 3, la fabrication des équipements liés aux TIC tend à
être hautement concentrée. Seuls quelques pays ont les avantages comparatifs nécessaires pour réussir. La
troisième raison, qui est aussi la plus importante, est que plusieurs pays ayant développé un secteur des
TIC dynamique n’ont pas de secteur de fabrication des TIC significatif. L’Australie en est un bon
exemple4. Les gouvernements ne devraient donc pas croire que le développement délibéré d’un pôle de fabrication TIC est la
condition sine qua non à la construction d’une société basée sur l’information et au renforcement de la croissance économique.
En 2002, on estimait le marché mondial des technologies de l’information et de la communication à
environ 2,365 milliards €, dont 804,1 milliards € pour le marché américain, 283,8 milliards € pour celui
du Japon et 641 milliards € pour l’Europe occidentale. Décomposé en ses différents segments
1
2
3
4
Dirk Pilat et Frank Lee, « Productivity Growth in ICT-producing and ICT-using Industries : A source of Growth
Differentials in the OECD ? », DSTI DOC (2001) 4, OCDE, juin 2001.
Dale Jorgenson, « Information Technology in the U.S. Economy », American Economic Review, Vol. 91,
No. 1, mars 2001.
Un exemple des coûts élevés pour créer une industrie TIC productive est le suivant : installer une nouvelle usine
de production de semi-conducteurs coûtait « seulement » environ 100 millions de dollars au début des années 80,
mais jusqu’à 1,2 milliard de dollars US en 1999 (United States Council of Economic Advisors, 2001).
David Gruen et Glenn Stevens, « Australian Macroeconomic Performance and Policies in the 1990s”, dans The
Australian Economy in the 1990s (Sydney: Reserve Bank of Australia, 2000).
II
(équipements, logiciels, services de technologie de l’information (TI) et services de télécommunications 5),
le marché de l’Union européenne montre la répartition suivante :
•
•
•
•
équipement TIC : 150 milliards € (28 %),
produits logiciels : 65 milliards € (10 %),
services TI : 140 milliards € (22 %),
services de télécommunications : 275 milliards € (40 %).
Par habitant, ces segments de marché représentent respectivement : a) 678 € pour les services de
télécommunications, b) 464 € pour l’équipement, c) 164 € pour les logiciels et d) 363 € pour les services
TI. Autrement dit, les pays de l’Union européenne dépensent en moyenne : a) 2,95 % de leur PIB pour des
services de télécommunications, b) 2,02 % pour l’acquisition d’équipements, c) 0,71 % pour les logiciels, et d) 1,58 % du
PIB pour des services de technologie de l’information. Avec une moyenne d’environ 1.652 € par personne, chaque
citoyen de l’Union européenne alloue approximativement 7,26 % de ses revenus à la consommation dans
le domaine des TIC. Ce chiffre fournit un point de repère pour évaluer le statut de développement
d’autres marchés des nouvelles technologies.
2
ÉLEMENTS DETERMINANTS POUR DEVELOPPER LES TIC
Devenir une société de l’information va bien au-delà de l’acquisition et de l’installation de nouvelles
infrastructures. C’est un processus de transformation économique, sociale et culturelle. Pour permettre à
la technologie de déployer tout son potentiel, il convient d’établir une stratégie à long terme visant à
établir un cadre économique, social et réglementaire favorable.
Sur la base de l’expérience internationale, les conditions préalables au développement d’une société de
l’information sont déterminées par cinq critères fondamentaux : une approche visionnaire, des dirigeants
forts pour une mise en oeuvre efficace et opportune du projet, un cadre réglementaire remis à jour qui ait
un effet stabilisateur sur le monde de l’entreprise, des infrastructures d’information modernes mises en
place avec une participation du secteur privé et enfin, un capital humain compétent capable d’utiliser les
infrastructures d’information à leur pleine capacité.
2.1
Énoncer clairement une approche visionnaire du développement
L’expérience internationale montre que les pays ayant le mieux réussi leur transition sont également ceux
qui ont établi une stratégie claire et adaptée à leur projet de développement. Dans le cas de l’Union
européenne commenté ci-dessous, la vision était basée sur le besoin de renforcer la compétitivité de la
Communauté européenne et d’atteindre une croissance économique durable qui entraîne la création
d’emplois. Le Rapport Bangeman énonçait cette approche visionnaire. En Malaisie, le projet “Multimedia
Super Corridor” est né de la vision du Premier ministre de transformer la Malaisie, d’un pays semiindustrialisé assemblant des produits électroniques bas de gamme, en une économie basée sur
l’information qui pourrait faire face à la concurrence internationale. En Algérie, une approche visionnaire du
développement des technologies de l’information et de la communication n’a pas encore été formalisée ni diffusée. La présente
note suggère que la transition de l’Algérie vers une économie de l’information doit passer par la diversification de l’économie
et par le renforcement de la compétitivité sur les marchés internationaux. Ceci implique l’émergence et le
développement de nouvelles sources de croissance économique.
5
Les services de télécommunications sont définis comme les sociétés qui fournissent des services de
communications, y compris service vocal, enregistrement, et transmission de données, vidéo et facsimilé.
III
2.2
Exprimer une volonté politique forte et bâtir un consensus politique
Une forte volonté politique doit exister au sein du pays pour traduire la vision d’avenir en un plan
d’action, et pour assurer que les étapes du plan d’action soient effectivement mises en œuvre. Les
approches de la Malaisie et de l’Union européenne montrent le rôle essentiel joué par les dirigeants
politiques, non seulement pour fournir la vision, mais également pour donner aux agences d’exécution le
pouvoir de mettre le projet en œuvre. Dans le cas de la Malaisie, le Premier ministre, Dr. Mahathir
Mohamad a joué un rôle majeur dans le processus de mise en œuvre du programme de société de
l’information. La MDC6 (Multimedia Development Corporation) a reçu les pleins pouvoirs et a été
équipée pour mettre en œuvre le programme du Gouvernement. Elle rend compte de son travail
directement auprès du Premier ministre, qui assure une étroite supervision de la mise en œuvre du
programme. L’Algérie a besoin d’un personnage fort, bien connu dans les diverses industries, capable de diriger et de
superviser la mise en œuvre en temps voulu du processus de réforme du secteur des TIC. Sinon, les ralentissements et les
retards dans l’application des réformes diminueront la crédibilité des efforts du Gouvernement et mineront le soutien
politique.
2.3
Développer et établir un cadre réglementaire moderne
Un solide cadre réglementaire favorisant une participation accrue du secteur privé est crucial au
développement d’un secteur des TIC dynamique. Plus spécifiquement, le cadre réglementaire, ainsi que
l’environnement commercial en général, devraient attirer les investisseurs privés nationaux et étrangers.
La clarté et la prédictibilité des réglementations nationales sont donc vitales pour mitiger la perception du
risque par les investisseurs et promouvoir une concurrence saine et loyale.
En Algérie, le premier défi est de mettre en place un cadre réglementaire complet offrant aux investisseurs et consommateurs
potentiels un climat de certitude et de prédictibilité. Le second défi est de développer des capacités internes qui feront respecter
ces réglementations. Le troisième défi est d’améliorer l’environnement des affaires tout en accélérant la privatisation de
l’économie. Parmi les toutes premières priorités que le Gouvernement devrait se donner, citons : a) une plus grande
indépendance de l’ARPT, b) l’élargissement de son mandat pour couvrir les nouveaux domaines réglementaires de la société
de l’information, et c) la protection efficace des droits de propriété intellectuelle pour juguler la piraterie.
2.4
Développer des infrastructures d’information modernes avec la participation du
secteur privé
Dans le secteur des TIC, c’est l’investissement privé qui est la force motrice. Les environnements
monopolistiques ou anticoncurrentiels constituent d’importants obstacles à la participation privée. La
situation dans ce secteur est radicalement différente de celle d’autres secteurs infrastructurels tels que les
transports, dans lesquels d’importants investissements publics sont encore vitaux. La première tâche des
gouvernements est donc de sauvegarder la compétitivité du secteur et d’y assurer la stabilité des
engagements politiques et réglementaires. Il ne sera pas nécessaire d’engager d’importants investissements publics,
bien que le financement de certaines applications-phares ciblées pour des besoins de démonstration puisse être soutenu par le
Gouvernement. De plus, le Gouvernement pourrait envisager des subventions ciblées pour promouvoir
l’utilisation des nouvelles technologies dans les écoles, les administrations publiques et les petites
6
La Multimedia Development Corporation (MDC) a été établie pour superviser la mise en oeuvre du MSC
(“Multimedia Super Corridor”), l’un de ses projets les plus visibles. Les réunions des conseillers du MSC (IAP :
International Advisory Panel) ont toujours été un évén ement-clé dans le pays, comptant avec la présence du
Premier Ministre. Les membres de l’IAP comprennent des chefs d’entreprises TIC de haut niveau (Acer Group,
Alcatel, BCE, Bloomberg, Centre for Strategic & International Studies, Cisco Systems, Compaq Computers,
DHL, EDS, Ericsson, Fujitsu, Infosys, Intel, IBM, Lucent, Microsoft, Motorola, NEC, NTT, Nokia, Ohmae &
Associates, Oracle, Reuters Group, Siemens, SAP, Sony, Sun Microsystems, et Dell Computers).
IV
entreprises. Au total, l’impact fiscal des mesures prises deviendra positif au fur et à mesure que la
consommation des TIC se développe.
En Algérie, un travail important reste à faire pour inciter les investisseurs privés à investir dans la construction de
l’infrastructure d’information. La présence d’entreprises privées internationales ayant des activités commerciales liées aux
TIC est encore limitée. L’instabilité politique et l’agitation sociale de la dernière décennie ont contribué à rendre le pays
moins attrayant de leur point de vue.
2.5
Remettre à jour le capital humain pour utiliser les infrastructures et services
d’information
L’expérience internationale montre également que les pays dans lesquels la population a reçu un bon
niveau d’éducation et a eu l’occasion d’utiliser les nouvelles technologies disposent d’un avantage
comparatif indéniable. Leur transition vers une économie basée sur l’information7 en est facilitée. Une
réforme en profondeur du système éducatif, la mise en place de programmes de recyclage à l’intention
des enseignants ainsi que l’élaboration d’un plan de diffusion bien conçu—ciblant d’abord l’éducation
supérieure puis, ensuite, les étudiants plus jeunes—devraient donc précéder tout effort de diffusion
massive des TIC. Le nombre d’étudiants recevant chaque année une formation en informatique, en
électronique et en télécommunications reste actuellement par trop insuffisant pour pouvoir soutenir
l’émergence d’un secteur des TIC compétitif. L’État doit mettre en place, en coopération avec des
associations professionnelles privées, des filières de formation orientées vers les nouvelles professions
créées par la révolution technologique. Dans cette optique, on devrait encourager la création de
partenariats entre les secteurs public et privé et adapter la réglementation en vigueur afin d’encourager
une augmentation de la participation privée dans le système éducatif algérien. En Algérie, l’offre de
compétences dans le domaine des technologies de l’information et de la communication est freinée par les faiblesses suivantes :
contenu de la formation inadapté aux besoins du marché, cloisonnement excessif des filières de formation, installations et
équipements de formation inadéquats par rapport aux besoins du marché (volume et qualité), et impact dévastateur de la
fuite des cerveaux.
3
LA TRANSITION DE L’A LGERIE VERS UNE SOCIETE DE L’INFORMATION
L’Algérie considère que de doter son économie d’un secteur des TIC moderne et dynamique est un moyen
privilégié de la rendre plus compétitive et diversifiée et moins axée sur l’industrie pétrolière. Cependant,
en termes de développement de l’infrastructure d’information, le pays reste nettement en retard par
rapport à ses voisins.
3.1
Les atouts de l’Algérie pour une transformation réussie
L’Algérie dispose d’atouts majeurs pour engager sa transition vers une société de l’information : a) une
solide réforme des télécommunications commencée en l’an 2000, b) une demande potentielle et solvable
non satisfaite, c) l’émergence d’un secteur des TIC privé, bien qu’encore fragmenté, et d) d’importants
revenus pétroliers.
7
Il est à souligner que la forte croissance du secteur TIC dans le monde conduisit à la pénurie de cadres et de
techniciens, en même temps que l’offre de services augmentait. Par exemple, Motorola fut forcée d’annuler un
projet de centre de développement de logiciels en Égypte à cause de l’incapacité du système d’éducation égyptien
à fournir les ingénieurs et techniciens pour en assurer les activités. En effet, un tel centre exige une masse critique
de 300 à 500 ingénieurs qualifiés pour être compétitif, ce que le marché égyptien n’était pas en mesure d’offrir.
V
3.1.1
Une réforme des télécommunications solide
Le secteur algérien des technologies de l’information et de la communication est en cours de réforme.
Avec le soutien de la Banque mondiale, le Gouvernement s’est engagé en l’an 2000 dans une réforme du
secteur des postes et télécommunications. En voici les principales réussites à ce jour : a) adoption d’une
déclaration de politique des télécommunications pro-libérale en 2000, b) promulgation de la nouvelle Loi
sur les Postes et Télécommunications (Loi 2000-03) du mois d’août 2000, c) établissement d’une
entité réglementaire indépendante (ARPT) opérationnelle depuis mai 2001, d) transformation d’Algérie
Telecom et d’Algérie Poste en entreprises commerciales, e) octroi à Orascom Telecom Algérie8 (OTA) en
juillet 2001 de la seconde licence GSM pour 737 millions de dollars US. Mais, le programme d’octroi de
licences engagé par le gouvernement est ambitieux et devrait être révisé en fonction des conditions
caractérisant le marché internationa l des télécoms.
De ce fait, le nombre d’abonnés au réseau fixe est passé de 1.600.000 en 1999 à 2.000.000 en décembre
2002. De même, le nombre d’abonnés au mobile a augmenté, en termes relatifs, atteignant les 400.000 en
décembre 2002 contre 72.000 en 1999. Avec l’ouverture à la concurrence du marché Internet en 1999,
plus de 75 licences de fournisseurs de services Internet ont été octroyées tandis que nombre total
d’abonnés à Internet passait de 20.000 en 1999 à 60.000 en 2002.
Figure 1 : Grandes étapes de la réforme du secteur des télécoms en Algérie
Évolution des abonnés au mobile en Algérie
&
400000
Alg
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Alg eTé
co érie lécom
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ze
d
AR
PT
es tab Re
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ard e
ed
350000
300000
250000
200000
…
150000
100000
50000
Oct-02
Dec-02
Jun-02
Aug-02
Apr-02
Feb-02
Oct-01
Dec-01
Jun-01
Aug-01
Apr-01
Feb-01
Oct-00
Jun-00
Aug-00
2005
Apr-00
2004
Feb-00
0
Dec-99
2003
2002
Alg
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2003
2001
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2000
VS
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he
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1999
C-2ème GSM
1ère GSM
Dec-00
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st 20
& 0
en Tele 0
ac co -03
ted m
Lib
era
liz
Int atio
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ne of
t
Post and Telecom reform agenda
2ème GSM : octroi de la licence ; C-2ème GSM : début opérations comm.
Afin de soutenir les efforts de la réforme, un Comité de Pilotage a été établi en mai 2001 pour rendre
compte du développement de la société de l’information en Algérie. Ce comité est composé de représentants
des secteurs public, privé et de l’éducation. Le processus de décision a marqué le pas en 2001-2002 suite à
des questions de prérogatives entre ministères. Les recommandations exprimées par le Comité de
Pilotage dans son rapport d’octobre 2001 ne furent jamais mises en œuvre.
3.1.2
Une demande potentielle (solvable) non satisfaite
La demande de consommation des biens et services de TIC reste largement insatisfaite en Algérie. Dans
le domaine des services téléphoniques, la longueur des listes d’attente (800.000 pour la téléphonie fixe et
500.000 pour la téléphonie mobile) montre l’ampleur de la situation. La télédensité reste faible en 2001 :
64 lignes fixes pour 1.000 personnes et moins de trois lignes mobiles pour 1.000 personnes. La Tunisie et
8
Depuis lors, OTA a investi 550 millions de dollars US (y compris le premier paiement du prix de la licence), et a
créé 1.000 emplois directs et 5.000 indirects).
VI
l’Égypte, qui avaient une télédensité similaire au début des années 90, ont dépassé l’Algérie à la fin de la
décennie. Les tarifs des services de télécommunications fournis par Algérie Telecom (l’opérateur public)
sont généralement bas en ce qui concerne le raccordement, les coûts d’abonnement et les appels locaux,
mais restent élevés pour l’international, ce qui implique un besoin urgent de rééquilibrer les tarifs.
Figure 2 : Performances du secteur des télécoms algérien par rapport aux pays voisins
Profil opérationnel du secteur des télécoms algérien
Télédensité des lignes fixes
12
Liste d'attente
Algérie
10
3000000
Capacité de raccordement
% Population
Tunisie
2500000
Maroc
8
Abonnés raccordés
Égypte
2000000
6
1500000
4
1000000
2
500000
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
20
00
19
99
19
98
19
97
19
96
19
95
19
94
19
93
19
92
0
19
91
19
90
0
De même, l’explosion du nombre d’internautes en moins de trois ans (150.000 en 1999, 400.000 fin 2001,
et probablement 1 million en fin 2002) procure une autre dimension de l’ampleur de la demande
potentielle. On estime que le nombre d’internautes algériens est beaucoup plus élevé que le nombre
d’abonnés à Internet. Ceci est dû à la popularité dont jouissent les cybercafés, en dépit de leurs tarifs
assez élevés (de 50 à 100 dinars de l’heure). Ils permettent d’avoir accès à Internet pour moins cher, sans
avoir besoin d’être propriétaire d’un ordinateur ou de payer un abonnement mensuel. L’efficacité des
cybercafés à répandre l’accès à Internet est perçue, selon de nombreux observateurs, comme un élément
important d’ouverture sur le monde extérieur, au même titre que le fut l’antenne parabolique pour la
télévision il y a dix ans.
Du côté des entreprises et des administrations publiques, la situation n’est pas meilleure. Malgré l’absence
d’information détaillée sur l’équipement disponible en outils de communication modernes, les besoins
sont probablement immenses. Pour preuve, très peu d’entreprises algériennes disposent de réseaux
locaux informatiques et rares sont celles déjà reliées à Internet. Certes, quelques projets sont en cours de
réalisation : amélioration de la gestion budgétaire, mise en place d’un système de compensation bancaire
et de télécompensation. Mais dans l’ensemble, ni les ministères, ni leurs extensions territoriales, n’ont pas
de procédures de gestion informatisée à leur disposition.
La modernisation des administrations publiques nécessitera un important effort en termes
d’informatisation et de mise en réseaux. Cela permettra de simplifier les procédures et donnera une
meilleure visibilité aux décideurs et aux gestionnaires. Équiper les administrations de réseaux locaux, de
réseaux à large bande et d’Intranets permettra d’offrir progressivement des services de gouvernement en
ligne. En retour, le Gouvernement pourra réaliser de considérables économies de budget tout en
améliorant la qualité des services dispensés au public. Cependant, on devrait éviter d’avoir systématiquement
recours à des solutions clé en mains. Au contraire, il convient de concevoir une stratégie d’externalisation et ses
lignes directrices devraient être définies dès que possible.
Pour les entreprises algériennes, l’enjeu consiste à intégrer l’informatique et Internet dans leurs stratégies
de développement tout en multipliant les efforts organisationnels pour devenir plus compétitives. Pour
accélérer ces mutations, des dispositifs incitatifs pourraient être mis en place par les pouvoirs publics, à
savoir : (i) faciliter la formation et le recyclage des personnels à travers des mécanismes de type « fonds à
coûts partagés » ; (ii) élimination des tarifs douaniers sur les matériels et équipements informatiques
importés par les entreprises pour moderniser leur système d’information et de communication.
VII
3.1.3
Un secteur privé émergent
Les dernières informations recueillies 9 indiquent qu’une grappe industrielle est en train d’émerger en
Algérie dans le domaine des techniques de l’information et de la communication. Son potentiel de
croissance est important car il est alimenté par la libéralisation du marché et les efforts de revitalisation de
l’économie. Les industriels interviewés en Algérie sont optimistes quant à la croissance du secteur. Il
existe une demande croissante pour les équipements et services TIC, tels que les installations de réseaux,
l’intégration de systèmes et le développement d’applications personnalisées, en particulier pour les
systèmes basés sur l’Internet et les applications en réseau. La présence d’entreprises privées locales a
augmenté au cours des trois dernières années mais demeure fragmentée. Ce sont principalement de
petites et moyennes entreprises familiales qui ne peuvent pas soutenir la concurrence des grandes
entreprises internationales ou des entreprises publiques.
3.1.4
Une rente pétrolière considérable
Les revenus provenant de l’exploitation des importantes réserves d’hydrocarbures dont dispose l’Algérie
pourraient faciliter la mise en œuvre du programme de développement de la société de l’information.
C’est probablement dans cette optique que le Gouvernement a décidé de soutenir la réalisation du projet
de parc technologique d’Alger (Cyberparc de Sidi Abdallah). Bien que le projet en soit encore au stade de
l’esquisse, il importe de ne pas axer une stratégie de développement des TIC exclusivement sur la mobilisation des fonds
publics. Il serait par exemple plus efficace qu’une fois le parc technologique aménagé, les autorités en
délèguent totalement la gestion à un opérateur privé disposant de l’expérience et du savoir-faire requis en
matière de développement de telles installations. Ceci pourrait se faire par le biais de contrats de gestion
indexant la rémunération du gestionnaire à la réalisation de performances opérationnelles prédéfinies.
3.2
Les principaux défis
L’Algérie devra toutefois relever de nombreux défis avant qu’une véritable société de l’information puisse
se matérialiser. Parmi les plus importants, notons :
3.2.1
Absence d’une stratégie de développement claire
Le Comité de Pilotage sur la société de l’information établit clairement ce constat dans son rapport
d’octobre 2001 : « …il n’existe pas actuellement de stratégie claire et cohérente en la matière. Certes, une multitude de
projets sont menés dans différents secteurs depuis trois ans. Les ministères, les administrations, les organismes publics, les
entreprises publiques, les sociétés privées, tous ont exprimé, d’une façon ou d’une autre, leur intention d’améliorer
l’équipement informatique, de développer des réseaux, de généraliser l’accès à Internet. Mais il n’y a pour le moment aucun
inventaire précis et concret de ce qui existe, de ce qui est en cours de développement et des buts à atteindre. Témoin les
réseaux d’entreprise : combien y en a -t-il, quelles sont les populations concernées, quel est leur degré d’interconnexion avec
des réseaux extérieurs ? »
Ce manque d’information et de vision prospective comporte le risque de multiplier les redondances, ou
au contraire, de promouvoir des projets isolés et non compatibles les uns avec les autres. L’absence de
réflexion sur l’usage des nouvelles technologies entraînera immanquablement des déceptions dans
beaucoup de catégories socioprofessionnelles. Le grand public devra probablement se contenter d’un
accès ponctuel à l’Internet dans les cybercafés pour se détendre. Les entrepreneurs courent le risque de ne
pas capter les bénéfices attendus après avoir consenti d’importants investissements pour moderniser leur
outil informatique. Enfin, les décideurs politiques seront déçus du faible impact sur la croissance et la
diversification de l’économie algérienne d’importants investissements publics.
9
ICF Consulting Group, Algeria ICT Cluster: Inventory and Assessment Report, février 2003.
VIII
3.2.2
Cadre réglementaire à renforcer et rationaliser
Jusqu’à présent, le cadre réglementaire pour un secteur des TIC privé et compétitif a été partiellement
défini. Le nouveau cadre juridique et réglementaire s’appuie sur de nombreuses institutions nouvellement
créées : 1) l’Autorité de Régulation de la Postes et des Télécommunications (ARPT), 2) l’Agence nationale
pour la Gestion des Fréquences (ANF – sous la supervision du MPT), récemment établie pour gérer la
bande de spectre10, et 3) la Commission nationale qui gère l’accès aux tours, pylônes, et autres
infrastructures pour transmission radio (« points hauts ») accordé aux opérateurs de télécommunications
et à l’armée11. Il serait souhaitable d’envisager une réduction du nombre des intervenants pour éviter les difficultés de
coordination et des conflits de compétences susceptibles de gêner le bon développement du secteur. Il serait également
bénéfique de renforcer l’indépendance de l’ARPT pour la mettre à l’abri des pressions politiques. Si
l’Autorité jouit d’une large autonomie financière et de décision, tous les membres de son conseil d’administration
sont nommés et peuvent être révoqués par décret du Président de la République. Il conviendrait de résoudre cette
ambiguïté qui affaiblit l’un des acteurs centraux du nouvel environnement aménagé pour les technologies
de l’information et de la communication.. Enfin, la Loi 2000-03 est imprécise dans de nombreux
domaines touchant à la répartition des tâches et des compétences entre le Ministère et l’ARPT.
Bien que l’environnement commercial existant soit porteur d’initiatives individuelles et capable de
soutenir le développement d’un secteur des TIC dynamique, il est clair que l’Algérie devra passer en revue les
législations et réglementations existantes dans le but de les rationaliser. Elle devrait promulguer les décrets nécessaires au
développement rapide du secteur. Par exemple, les règlements relatifs à la protection du consommateur ou au
respect de l’ordre public n’ont pas encore été transposés à l’Internet. Par ailleurs, des règlements
spécifiques devront être adoptés12. En particulier, la question de la responsabilité des FSI, s’ils hébergent
des sites ou des contenus illégaux, devra être clarifiée après une consultation ouverte avec le secteur privé.
De même, le mode de gestion des noms de domaine national (le suffixe « .dz ») devrait être révisé par
l’industrie avec l’aide du Gouvernement. D’après des FSI privés, les attributions se font « au comptegoutte ». Le CERIST exige notamment que le site soit hébergé en Algérie, ce qui incite les promoteurs
algériens à enregistrer leurs sites sous des suffixes internationaux (.com, .net). L’efficacité et la
transparence du processus d’attribution sont primodiales pour le développement de l’industrie et
mettront fin au « cyber-squatting ».
3.2.3
Tissu économique peu favorable
Plusieurs insuffisances caractérisent encore le tissu économique en Algérie. Une analyse récente (Banque
mondiale, 2002 a, b) détaille en profondeur les principaux goulots d’étranglement freinant le monde de
l’entreprise et le développement du secteur privé. La création d’une entreprise demeure un exercice
difficile en Algérie, malgré la mise en place d’agences publiques chargées de faciliter le processus. Les
entrepreneurs se plaignent régulièrement de lourdeurs bureaucratiques13 et de la difficulté à obtenir
L’ANF n’est pas encore opérationnelle. Le décret de sa création lui donne la responsabilité de gérer l’entièreté des
ressources du spectre, y compris les fréquences utilisées par les services de sécurité. Mais les responsabilités se
chevauchent, puisque selon les décrets, L’ARPT gère aussi la bande de fréquence pour les applications
commerciales, (mais n’a pas d’autorité sur les autres bandes de fréquence).
11 Commission interministérielle qui peut inclure des représentants des opérateurs, et assure la coordination de
l’accès et de l’utilisation des tours, pylônes, et autres infrastructures pour transmission radio ( « points hauts »),
qui sont considérés sites stratégiques de défense nationale.
12 Protection des données personnelles et de la vie privée, élargissement du concept de droits d’auteur,
reconnaissance légale de la signature électronique, règlements commerciaux spécifiques pour toutes les parties
impliquées dans des contrats sur Internet, ou mise en œuvre de procédures pénales à l’encontre des pratiques ou
contenus illégaux.
13 En juin 2001, les statistiques publiées étaient significatives : 43.000 dossiers étaient en attente à l’APSI (future
ANDI).
10
IX
l’assistance nécessaire pour la réalisation de leur projet. Il est également difficile d’acquérir des biens
fonciers.
Aux dires de beaucoup, il est à peu près impossible d’obtenir un prêt bancaire pour créer une entreprise
dans le secteur des TIC (conseils ou production en informatique, Internet, etc…), à moins de disposer de
garanties solides et de biens personnels à hypothéquer 14. Les possibilités de financement dans les secteurs
de production de biens immatériels sont d’autant plus limitées qu’il n’existe qu’une seule société publique
proposant des financements de type capital-risque (la Finalep), et qu’elle ne dispose ni des ressources
nécessaires, ni d’une véritable compréhension du secteur.
3.2.4
Formation inadaptée
Les carences se font particulièrement ressentir dans le domaine des télécommunications : la dérégulation
du secteur engendre une forte demande en cadres. De même, le nombre de diplômés en informatique—
qui fourniront les compétences techniques nécessaires à la mise en place de nouveaux schémas de
fonctionnement dans les entreprises—est faible au regard des besoins suscités par les changements en
cours. Enfin, la plupart des instituts de formation éprouvent des difficultés à recruter et à conserver
enseignants et chercheurs. Chaque année, de nombreux enseignants et jeunes diplômés choisissent de
partir à l’étranger pour y exercer des emplois plus valorisés et mieux rémunérés. De plus, il existe peu
d’instituts de formation professionnelle dans le domaine des TIC en Algérie.
L’enseignement supérieur se divise en trois filières—l’informatique, l’électronique et les télécommunications—entre lesquelles il n’existe pas encore de passerelles. Les entreprises estiment que le niveau
de formation est satisfaisant, même si les étudiants diplômés ne savent pas toujours appliquer la
formation reçue aux situations pratiques des entreprises. Les ingénieurs informatiques maîtrisent
habituellement les langages informatiques et les différents systèmes d’exploitation, mais leur culture n’est
pas toujours en rapport avec les attentes et besoins des entreprises algériennes.
3.2.5
Explosion de l’économie informelle et de la piraterie
L’économie « informelle » occupe une place prépondérante dans le fonctionnement de l’économie
algérienne. Ce phénomène est particulièrement marqué dans le domaine des TIC. Des cartes contrefaites
d’abonnement aux chaînes de télévision et bouquets satellites peuvent être achetées au vu et au su de tout
le monde. De même, on peut se procurer les versions les plus récentes de logiciels ou progiciels pour
2 % du prix d’une version sous licence. Face à une telle différence de prix, les consommateurs n’hésitent
pas.
L’arsenal juridique existe, mais paraît presque impossible à appliquer face à l’ampleur du phénomène.
L’Office national des Droits d’Auteur procède théoriquement à des contrôles dans les commerces et les
entreprises, mais les poursuites judiciaires sont rarissimes. Les actions du Gouvernement dans ce
domaine ne semblent pas toujours en harmonie avec ses déclarations d’intention. L’enjeu est pourtant de
taille. Le marché du multimédia pourrait représenter près d’un milliard de dinars par an, et le
manque à gagner pour l’État, sous forme de taxes non perçues, est considérable.
14
Les principaux problèmes freinant les performances du secteur financiers, tels que perçus par les entrepreneurs,
sont : a) les crédits ne sont pas alloués sur la base des retours attendus mais plutôt sur les antécédents et les
garanties offertes, b) les nantissements exigés sont excessifs (2 ou 3 fois le montant du prêt), c) procédures
encombrantes et processus de décision centralisés des institutions bancaires, cd) manque d’équipements et de
systèmes informatisés dans les banques, e) le système de paiement très lent (jusqu’à trois semaines pour
compenser un chèque entre banques à Alger, et f) les coûts du crédit trop élevés (environ 10 %) et le cycle
d’approbation trop bureaucratique.
X
3.2.6
Fuite des cerveaux
Certains n’hésitent pas à évoquer un véritable « drame national ». Le problème de la fuite des cerveaux est
particulièrement réel dans le domaine des TIC. Un pourcentage non négligeable de jeunes ingénieurs
formés en informatique, en électronique ou en télécommunications n’hésitent pas à quitter l’Algérie à la
première opportunité. C’est souvent à l’occasion d’un cycle de formation à l’étranger. Toutes les
entreprises et tous les organismes rencontrés lors de cette étude, ont à déplorer plusieurs départs parmi
leurs meilleurs éléments. Pour conserver leurs ingénieurs, les dirigeants doivent réajuster le niveau des
salaires. Mais, de l’avis de tous, le meilleur moyen pour conserver un bon employé est de lui offrir des
perspectives professionnelles intéressantes et valorisantes.
3.2.7
Accès aux TIC coûteux
La « démocratisation » de l’accès aux TIC semble être l’un des principaux enjeux d’un développement
réussi dans le secteur des TIC. Car, pour l’Algérien moyen, le coût d’accès aux nouvelles technologies est
encore trop élevé. Un équipement informatique standard coûte près de cinq fois le salaire
mensuel moyen15. Tout compris, l’accès domestique à Internet (équipement téléphonique et
informatique, abonnement, coût des communications, etc.) revient à environ 150.000 dinars, d’après le
Comité de Pilotage de la société de l’information. Le risque est grand, aujourd’hui, que le « fossé
numérique» ne se creuse si on ne diminue pas les coûts associés aux TIC. La société de l’information « à
deux vitesses » menace également le secteur privé, avec d’un côté, de grandes firmes équipées d’un
Intranet, et de l’autre des PME-PMI isolées.
4
PERSPECTIVES DE CROISSANCE
L’impact sur la croissance algérienne de la diffusion et de l’utilisation efficace des TIC devrait être
similaire à celui de la plupart des pays plus avancés, où il représente entre 4 et 8 % du PIB. En Algérie, les
revenus du secteur des TIC représentent environ 0,9 % du PIB, impliquant une consommation moyenne
annuelle d’environ 16 dollars US par habitant en 2001. Cette évaluation est évidemment très en dessous
du potentiel qui se réaliserait si la transition à l’économie basée sur l’information se révélait un succès.
Avec la libéralisation du secteur des télécommunications, les revenus du secteur pourraient atteindre
1,1 milliard de dollars US en 2003, soit 1,9 % du PIB ou une moyenne de 35 dollars US par habitant. Nos
estimations pour 2007 sont : a) 2,75 milliards de dollars US pour la valeur du marché des TIC, b) une
moyenne de dépenses par habitant de 35 dollars US, et c) 4,1 % du PIB. Cependant, la promotion de
l’utilisation des TIC en Algérie ne devrait pas se limiter à une diffusion passive de l’infrastructure, mais
devrait plutôt faire partie d’une stratégie visant à améliorer les procédures et l’efficacité des entreprises et
des administrations. Pour ce faire, les autorités devraient mettre en œuvre des programmes encourageant
l’intégration effective des TIC dans les processus de production et de gestion. La priorité devrait être
donnée à des programmes visant à renforcer l’utilisation des TIC dans les entreprises et les institutions.
La diffusion des nouvelles technologies dans les ménages ou auprès des consommateurs individuels
pourrait suivre dans une seconde phase.
5
PROCHAINES ETAPES
Plusieurs déclarations d’intention ont été exprimées, ces deux dernières années, quant au développement
d’un secteur des TIC dynamique en Algérie. Mais la capacité des gouvernants à mettre en œuvre les
réformes en temps voulu et de manière efficace reste un problème. En formulant les recommandations
qui suivent, nous avons essayé de tenir compte autant que possible de cette réalité. Nous avons apporté
une attention particulière aux trois principaux points faibles de l’appareil de décision de l’État, à savoir :
15
Environ 50,000 DA pour un ordinateur sans les accessoires.
XI
•
•
•
l’absence d’un leadership politique permanent en faveur des réformes ;
la présence et l’influence de groupes de pression extrêmement puissants ;
la faible capacité des institutions publiques à piloter et à mettre en œuvre efficacement des
réformes complexes.
Le plan d’action qui suit offre un ensemble de recommandations qui pourraient être mises en oeuvre par
le Gouvernement algérien. Ces recommandations comprennent des mesures de politique économique et
sociale que l’on estime nécessaires pour démarrer la transition et la transformation en société de
l’information. Elles visent également à représenter une plate-forme à partir de laquelle le
Gouvernement peut articuler une stratégie plus détaillée.
La première priorité est d’établir une stratégie de développement cohérente. Ceci implique de renforcer la
légitimité politique du projet en lui donnant un statut de haute priorité nationale. Il sera nécessaire de
définir un ensemble d’outils de suivi et d’évaluation. Il faudra également établir un observatoire
indépendant.
La deuxième priorité sera de compléter le cadre juridique et réglementaire en vue de développer des
infrastructures d’information avec une participation accrue du secteur privé. Plusieurs réglementations
devront être modifiées ou adoptées pour créer un environnement facilitant le développement du
commerce électronique et des services de gouvernement en ligne, ainsi que pour attirer les
multinationales impliquées dans les TIC. En parallèle, on devrait s’efforcer d’améliorer l’application de
ces réglementations afin d’établir la confiance des consommateurs à l’égard des transactions
électroniques. Il conviendra également de renforcer l’indépendance de l’ARPT pour clarifier davantage le
cadre réglementaire et consolider la prédictibilité à l’intention des investisseurs potentiels. En particulier,
la question de la responsabilité des FSI, lorsqu’ils hébergent des sites ou des contenus illégaux, devrait
être éclaircie après un processus préalable de consultation ouverte avec le secteur privé. Enfin, le mode de
gestion des noms de domaine nationaux (le suffixe « .dz ») devrait être amélioré afin d’assurer l’efficacité
et la transparence du processus d’attribution.
La troisième priorité sera d’encourager la diffusion et l’utilisation des TIC, et plus particulièrement la
connectivité, au sein des administrations publiques, dans le monde l’entreprise et parmi le grand public.
La réussite de cette étape sera conditionnée par la mise en œuvre opportune de la libéralisation du secteur
des télécommunications. Parallèlement à la mise en place d’un cadre réglementaire favorable à la
libéralisation du marché, des initiatives visant à encourager l’utilisation des TIC dans les entreprises (PME
en particulier) et les administrations publiques sont la condition préalable à un changement progressif
vers une société basée sur l’information. Il faudrait envisager d’offrir aux petites entreprises des
incitations spécifiques pour qu’elles modernisent leurs systèmes de gestion et d’information, et pour
qu’elles établissent des installations de communication modernes au moyen d’Intranets. De même, des
applications de gouvernement en ligne devraient être développées aux niveaux local et central. Ceci
implique de multiplier les points d’accès à Internet à travers le pays, de familiariser davantage la
population à l’utilisation des TIC, et d’apporter un soutien aux programmes de connexion des ménages.
La capacité des différentes administrations à offrir des informations d’ordre institutionnel ou pratique sur
des sites Internet publics stimulera la création d’une stratégie de gouvernement en ligne.
Enfin, l’usage des nouvelles technologies ne pourra se répandre qu’après un important effort de diffusion
à tous les niveaux du système éducatif. Pour que les infrastructures de TIC soient utilisées de façon
productive, il est nécessaire de mettre en place des programmes de formation des enseignants. Les
enseignants, en particulier ceux des écoles primaires et secondaires, ont besoin d’être préparés à
l’utilisation des nouvelles technologies et d’apprendre comment les intégrer dans leurs programmes
éducatifs. Sans un effort préalable de formation à grande échelle, les programmes éducatifs visant à
étendre les TIC risquent de ne pas être productifs. Toutefois, le programme de formation des enseignants
n’éliminera pas les autres obstacles auxquels reste confronter le système éducatif algérien (conditions de
travail difficiles et faibles salaires des enseignants).
XII
Certes, la faible connectivité des établissements scolaires et universitaires est un réel obstacle au
développement de la société de l’information. Pour y remédier, les autorités ont engagé un vaste
programme de connectivité pour les écoles, les lycées et les universités. Toutefois, il est essentiel que ces
importants investissements fassent partie d’une stratégie soutenable dans le long terme. Cette stratégie
doit tenir compte des coûts de maintenance, de la rapide obsolescence des technologies modernes ainsi
que de la nécessité de moderniser régulièrement les systèmes et de recycler le personnel. Dans cette
perspective, plutôt que de s’engager par simples contrats d’achat, les Ministères de l’Éducation nationale
et de la Formation professionnelle pourraient lancer des appels d’offres pour externaliser l’installation, la
gestion, l’entretien et le renouvellement réguliers des ordinateurs et de l’accès Internet des écoles, des
lycées, des universités et des centres de recherche. Cela contribuerait également à construire une
passerelle entre les domaines de l’éducation et de la recherche et le monde de l’entreprise.
La réforme du secteur de l’éducation conditionne la réussite de la diffusion des TIC en Algérie. Les
efforts prévus pour intégrer les TIC dans cette réforme auront plusieurs bénéfices importants.
6
PLAN D’ACTION
Recommandations
Actions
1– Définir une stratégie
cohérente pour le
programme de société
de l’information (SI)
1- Donner une structure
de gestion et une
légitimité politique au
programme SI
Gouvernement
MPTIC
2- Préparer le
programme SI
Comité de Pilotage
3- Suivre les tendances
nationales et
internationales
Créer un observatoire TIC
au sein du MPTIC
1- Renforcer
l’índépendance de
l’ARPT et étendre son
mandat aux nouvelles
réglementations
concernant les
infrastructures TIC
2 – Promouvoir la
concurrence basée sur
l’infrastructure
Gouvernement, Parlement
2- Renforcer le cadre
réglementaire et
accélérer la
libéralisation du marché
des télécoms
Entités responsables
Gouvernement, ARPT
XIII
Étapes
Date visée
Mettre en oeuvre les
recommandations du
Rapport d’octobre 2001
Rétablir un Comité de
Pilotage
Conduire des travaux
de recherche
complémentaires
Spécifier les
indicateurs de suivi
Organiser les
processus consultatifs
Valider le programme
Suivre la mise en place
du programme
Suivre et passer en
revue les tendances
internationales
Publier un rapport
trimestriel
Amender les
dispositions de nomination
et de renvoi de la loi 200003
Immédiat
Permettre aux
entreprises publiques
(Sonelgaz, TDA,
Sonatrach, etc.) de revendre
la largeur de bande
inutilisée en éditant des
réglementations spécifiques
Promouvoir l’accès
Internet à travers la
distribution par câble
Court terme
Court terme
Immédiat
Court terme
Commentaires
Recommandations
3- Promouvoir
l’utilisation des TIC
dans l’administration
publique, les entreprises
et la société civile
Actions
Entités responsables
Étapes
Date visée
3- Remettre à jour la
législation sur la
propriété intellectuelle et
renforcer son application
pour juguler la piraterie
de logiciels
Gouvernement, Parlement
Moyen terme
4- Créer un mécanisme
de certification de qualité
pour les prestataires de
services TI
Gouvernement (MPTIC) et
associations de fournisseurs
TI et groupes d’utilisateurs
5- Promulguer une
réglementation sur le
cryptage, la sécurité et les
données personnelles
pour permettre les
transactions
électroniques (commerce
et gouvernement en
ligne)
Gouvernement, Parlement
Consultations avec des
acteurs-clé (société civile,
professionnels)
1- Promouvoir
l’utilisation des TIC dans
l’administration publique
Gouvernement et chaque
ministère.
Coordination par le
MPTIC
Amender la législation
existante sur la propriété et
promulguer des règlements
d’application
Renforcer la capacité
des entités réglementaires
chargées de la propriété
intellectuelle (ONDA,
ARPT, INPI)
Renforcer la capacité
de politique et désigner une
équipe spéciale pour
combattre la piraterie
Préparer une charte de
qualité pour les
professionnels TI
Établir un mécanisme
de certification
Préparer un projet de
législation ou des
réglementations sur les
aspects principaux des
transactions électroniques.
Organiser les
processus consultatifs avec
les professionnels et
acteurs-clé concernés
Finaliser les avantprojets et les soumettre au
Parlement
Le Gouv. prépare un
plan de modernisation de la
gestion interne et du
système d’information y
compris déploiement de
réseaux d’entreprise et
Intranet
Diffuser l’usage du
courrier électronique dans
les agences du Gouv.
Cabinet valide un plan
pluriannuel de
modernisation du réseau de
communication et du
système d’information du
gouvernement
Développer des
applications pilotes de
gouvernement en ligne
MPTIC assure la
coordination générale et
l’atteinte des cibles
désignées
XIV
Moyen terme
Moyen terme
Moyen et long
termes
Commentaires
Recommandations
4- Diffuser les TIC
dans les secteurs de
l’éducation et de la
recherche
Actions
Entités responsables
2- Éliminer les droits de
douane sur les TIC et
mettre en oeuvre des
incitations fiscales pour
les petites entreprises
Gouvernement
Ministère des Finances et
MPTIC en consultation
avec des professionnels et
groupes d’utilisateurs
3- Multiplier les points
d’accès à Internet dans
tout le pays
FSI
4- Encourager les
partenariats entre
entreprises TIC
algériennes et étrangères
Autorité du cyberparc de
Sidi Abdallah
1- Concevoir et lancer
des programmes
spécifiques de formation
en TIC
Firmes TIC, Ministères de
l’Éducation, de la
Formation Professionnelle,
et MPTIC
XV
Étapes
Date visée
0 % droits de douanes
sur logiciels, ordinateurs et
équipement télécom pour
les ménages et les écoles
Financement
préférentiel pour les
ménages qui acquièrent un
ordinateur
Incitations fiscales
ciblées aux PME pour
faciliter la formation de
personnel et l’accès aux
services de consultation en
TIC.
Eviter les subventions
de capital direct
Le Gouvernement
conçoit et met en oeuvre
un schéma OBA pour
soutenir le déploiement des
points de présence Internet
par les FSI dans les régions
non économiquement
viables
L’ARPT met en
oeuvre le schéma OBA
L’ARPT propose et
finance des tarifs Internet
moins chers pour les
ménages à travers le fonds
pour l’accès universel
Promouvoir les
programmes de formation
et d’échange
Réduire la
bureaucratie pour la
création de sociétés à
risques communs
Améliorer les
installations de transport
international.
Moderniser et élargir
le champ d’action des
instituts de formation
existants spécialisés en TIC
Adapter les curricula
aux besoins du marché en
termes de qualifications et
volumes
Former les
enseignants,
particulièrement de
primaire et de secondaire
Mettre des incitations
en place pour encourager
l’inclusion des TIC dans les
curricula.
Moyen terme
Moyen terme
Moyen terme
Court terme
Commentaires
Une analyse
extensive de
l’impact
fiscal
devrait être
préparée
avant
l’approbation de
ces
mesures.
Recommandations
Actions
Entités responsables
Étapes
Date visée
2- Améliorer la
connectivité des écoles
et des universités
Ministères de l'Éducation,
de la Formation
Professionnelle et de
l’Éducation Supérieure
Moyen terme
3- Encourager la
recherché et l’innovation
TIC
Ministère de la Recherche,
MPTIC et agences
spécialisées (ANVREDET,
ANDRU…) et Cyberparc
de Sidi Abdallah
4- Créer des évènements
festifs à l’échelle du pays
ayant pour thème
l’Internet et la société de
l’information
MPTIC
5- Soutenir des centres
multiservices TIC
Gouvernements locaux et
communautés
Concevoir un schéma
OBA aboutissant à des
appels d’offres pour
externaliser la mise en
œuvre du programme
Externaliser
l’informatisation et la
connectivité auprès de
sociétés privées et
spécialisées dans ce
domaine.
Etablir des
installations d’incubation à
court terme pour aider les
start-ups
Promouvoir les
échanges entre les
entreprises et les instituts
de recherche (internats,
associations)
Etablir un programme
de dons pour de telles
opérations
Organiser un
évènement national annuel
sur l’Internet (fête de
l’Internet)
Organiser des
concours de projets TIC
innovants donnant droit à
des bourses
Favoriser le contact
avec l’Internet
Fournir la formation
de base à l’utilisation de
logiciels
Fournir l’accès aux
applications de
gouvernement en ligne
disponibles
XVI
Court et
moyen termes
Immédiat
Court et
moyen termes
Commentaires
INTRODUCTION : OBJECTIFS DE LA NOTE
L’essor des technologies de l’information et de la communication est devenu, depuis une dizaine d’années,
un enjeu majeur dans les pays en voie de développement pour accompagner, accélérer la modernisation de
leur économie et tenter de combler les écarts qui se creusent avec les pays développés.
Pays riche en Afrique grâce à ses ressources en hydrocarbures, pays jeune et peuplé, l’Algérie est
particulièrement concernée par cette évolution. Conscientes de cet enjeu, et désireuses de permettre à leur
pays de s’engager résolument sur la voie de la société de l’information, les autorités algériennes multiplient
les initiatives relatives au développement de l’utilisation des technologies de l’information. Cette volonté
apparaît d’autant plus nécessaire que le pays accuse un important retard par rapport aux pays voisins en ce
qui concerne la diffusion et l’utilisation de la téléphonie fixe, de la téléphonie mobile et de l’Internet.
A la demande des autorités algériennes, la Banque mondiale a engagé une réflexion sur les perspectives de
transition de l’Algérie vers une économie de l’information. Ce travail s’est déroulé en quatre phases.
•
•
•
A l’issue d’une première série d’entretiens avec les autorités en novembre 2000, une équipe de la
Banque mondiale 16 a suggéré une méthodologie pour l’organisation et l’animation de la réflexion
autour du développement en Algérie d’une société de l’information. La méthodologie retenue était
articulée sur trois axes : a) entretenir un dialogue permanent avec le Ministère des Postes et
Télécommunications, b) identifier les priorités nationales et définir les initiatives envisagées à court
et moyen terme, et c) établir un Comité de Pilotage pour développer des ateliers et conduire
l’adoption d’un plan national pour le développement d’un secteur des technologies de l’information
et de la communication. Une note préliminaire sur une stratégie de développement des TIC en
Algérie17 approfondit cette discussion initiale. Cette note fut discutée avec les autorités au cours
d’une mission organisée en octobre 2001 ; ses principales conclusions ont été validées.
Parallèlement, le Comité de Pilotage constitué par le Gouvernement a rédigé un rapport sur l’état
actuel de la situation et sur les perspectives de développement d’une société de l’information en
Algérie. Ce rapport18 a été remis au Gouvernement en octobre 2001, mais n’a pas connu de
véritable mise en œuvre.
Enfin, le cabinet Louis Lengrand et Associés (LL&A)19 a réalisé pour le compte de la Banque
mondiale une étude sur l’état de développement de l’offre des produits et services TIC en Algérie.
Il s’agissait de cerner la structure de l’offre, d’identifier les acteurs-clé, d’appréhender
l’environnement économique du secteur, d’évaluer le degré de compétence des différentes
personnes employées dans le secteur ainsi que de mesurer la capacité du système éducatif à mettre
les compétences désirées sur le marché. Le cabinet LL&A a également formulé des propositions de
Cf. aide-mémoire de la mission conduite en novembre 2000. Cette mission comprenait : Paul Noumba, Mohammad
Mustafa, et Yann Burtin.
17 Note rédigée par Anupama Dokenyia et Paul Noumba.
18 Rapport sur la société de l’information en Algérie, octobre 2001.
19 Dans ce but, deux consultants de LL&A se sont rendus à deux reprises en Algérie, du 22 au 27 février et du 8 au 13
mars 2002, afin d’interviewer les principaux acteurs publics et privés dans le domaine des TIC. Une soixantaine de
personnes ont été rencontrées, appartenant à différentes strates de l’économie et de la société algérienne :
représentants des ministères, d’organismes publics, de centres de recherche, d’établissements d’enseignement,
entrepreneurs privés et publics, fournisseurs d’accès à Internet, représentants de sociétés étrangères, etc.
16
recommandations devant faciliter la mise en place d’une stratégie d’action globale et cohérente, et
concluait son rapport en ces termes :
« Disposant d’une économie en transition et sur le point de s’ouvrir progressivement aux mécanismes de marché, avec une
population jeune, curieuse d’être au courant de ce qui passe à l’extérieur et avide de consommer de nouveaux modes de
communication, l’Algérie dispose d’atouts évidents pour réussir le passage à une société de l’information. Mais il reste encore à
définir une stratégie globale et cohérente afin d’aménager un environnement économique favorisant l’initiative privée et de
permettre au plus grand nombre d’Algériens l’accès aux outils modernes de communication 20».
Une version antérieure de cette note consolide en un seul document les principaux enseignements
accumulés tout au long de ce processus. Son objectif à court terme était d’alimenter les discussions qui ont
eu lieu lors des assises du « Symposium International sur les TIC et la Société de l’Information d’Alger » qui
s’est déroulé du 9 au 11 décembre 2002. Le second objectif était de contribuer à la vaste réflexion engagée
par les autorités et les divers partenaires au développement pour diversifier l’économie algérienne et la
rendre moins vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole.
La suite de la présente note est organisée en cinq chapitres. Le premier chapitre commence par définir ce
que recouvre le terme « technologie de l’information et de la communication », et délimite les contours
donnés au concept de « nouvelle économie » par opposition à celui de « société de l’information » utilisé par
le Gouvernement algérien. Le second chapitre procède à une revue approfondie du secteur des TIC en
Algérie. Il analyse la démarche de réforme du secteur des postes et télécommunications, ainsi que les
initiatives engagées par le Gouvernement pour promouvoir une société de l’information. Le chapitre se
termine par une analyse des forces et des faiblesses des acteurs-clé du secteur. Le troisième chapitre pose un
regard sur les choix stratégiques qui s’offrent à l’Algérie dans la perspective de développer une société de
l’information. Mais malgré la présence de nombreux atouts en faveur d’une transition rapide de l’Algérie
vers une société de l’information, de nombreux obstacles et entraves devront être surmontés. Le quatrième
chapitre examine les options qui s’offrent à l’Algérie pour le développement et la diffusion des TIC, ainsi
que leurs implications pour l’économie algérienne. Les conclusions proposent un ensemble de directives et
d’actions à entreprendre pour développer un secteur TIC. Elles sont centrées sur des mesures spécifiques
qui permettraient à l’Algérie de canaliser plus efficacement les efforts individuels et les initiatives des
secteurs public et privé. Une bibliographie est fournie à la fin du document. L’Annexe présente une étude
de marché comparative.
20
Louis Lengrand et Associés : « Analysis of Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats on the IT Market in Algeria »,
Versailles, 19 avril 2002.
2
CHAPITRE 1 : ÉLÉMENTS POUR UNE VISION
STRATÉGIQUE
En Algérie le secteur privé reste faible et les efforts pour réduire la dominance du secteur public dans
l’économie n’ont pas encore porté leurs fruits. Quelles sont alors les perspectives de réussite de l’Algérie sur
le marché international ? Saura-t-elle rendre son économie plus compétitive ? Le présent rapport suggère
qu’une réforme réussie dans le secteur des télécommunications entraînerait la création d’un secteur TIC
dynamique et catalyserait un processus général de transformation de l’économie. Comme il a été observé
dans des pays qui ont déjà vécu cette transformation, grâce à la promotion d’une utilisation efficace des
TIC, l’Algérie pourrait développer de nouvelles opportunités commerciales et améliorer la compétitivité de
son économie.
Le défi général que les autorités algériennes doivent surmonter découle de la globalisation des marchés et
des économies nationales. En d’autres termes, reconnaissant que l’économie globale se transforme
rapidement à travers l’émergence constante de nouvelles technologies qui modifient les relations entre les
entreprises et les autres entités, puis influence l’organisation des gouvernements, des entreprises et des
sociétés, le Gouvernement algérien n’a pas d’autre alternative que de préparer son économie et sa société
aux transformations radicales induites par le passage à la nouvelle économie. Bien que les changements
escomptés induisent des effets externes positifs dans les pays qui sont capables d’utiliser effectivement les
technologies de l’information et de la communication, ceux-ci posent également la question de la survie des
pays qui ne pourront pas s’y adapter.
La suite de ce chapitre est organisée comme suit. La première section fournit une définition des
technologies de l’information et de la communication et de l’envergure de leurs marchés. La section deux
discute les bénéfices économiques découlant de l’utilisation efficace et généralisée des TIC. Ces bénéfices
proviennent de : a) gains de productivité transmis aux activités économiques utilisant les TIC pour
réorganiser leur processus, opérations commerciales et innover, b) coûts de transactions qui se trouvent en
général réduits, ce qui conduit à des gains de productivité supplémentaires. La section trois est consacrée à
une courte discussion sur l’expérience internationale pertinente, et la section quatre conclut en fournissant
un résumé des leçons qui en découlent.
1
D EFINITION DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Nous définissons les « Technologies de l’Information et de la Communication » (TIC) comme un terme
générique recouvrant à la fois la technologie de l’information (équipements informatiques et logiciels) et les
équipements et services de télécommunications. Le marché TIC fait référence à l’ensemble des industries
d’équipement informatique (ordinateurs, équipement de communication, équipement de bureau, transmission de données et
équipement de réseau), des logiciels, des technologies de l’information et des services de télécommunications.
Nous n’incluons pas al radiodiffusion dans notre définition formelle des TIC malgré sa composante
télécommunications, à savoir l’utilisation du spectre et de l’infrastructure de télécommunications pour
délivrer des services de contenu21. De même, nous n’étendons pas la définition des TIC aux activités
postales, mais discutons cependant dans la présente note le rôle important que pourrait jouer le secteur
postal dans la promotion de l’utilisation des TIC et la réduction du fossé numérique en Algérie.
En 2002, le marché mondial des TIC était estimé à environ 2,365 milliards €, dont 804,1 milliards € pour le
marché américain, 283,8 milliards € pour celui du Japon et 641 milliards € pour le marché de l’Europe
occidentale.
21
Cependant, les acteurs-clé des industries postale et de divertissement sont passés en revue dans le Chapitre 3 de la
présente note, en vue d’identifier des véhicules et processus permettant la diffusion rapide des TIC en Algérie.
3
Décomposé en ses différents segments (équipements, logiciels, services de TI et services de
télécommunications 22), le marché de l’Union européenne montre la répartition suivante :
•
•
•
•
équipement TIC : 150 milliards € (28 %)
produits logiciels : 65 milliards € (10 %)
services TI : 140 milliards € (22 %)
services de télécommunications : 275 milliards € (40 %).
Le graphique suivant montre la croissance par segment du marché des TIC en Europe occidentale. Le
segment de l’équipement demeure en récession. Les segments de TI et de services de télécommunications
sont le principal moteur de croissance du secteur. En 2002, le taux moyen de croissance du secteur était
d’environ 1,1 %, contre 4,1 % l’année précédente.
Figure 3 : La croissance du marché des TIC dans l’UE
Western European ICT market growth by segment,
2001-2003, in %
2001
9,5
5,4
4,6
3,4
2003
9,0
10
5
2002
3,0
3,7
4,1
3,2
4,9
2,2
1,1
0
-1,5
-5
-5,1
-6,8
-10
Total ICT
equipment
Software products
IT services
Source: EITO Update 2002 in cooperation with IDC
Carrier services
Total ICT
Market value 2002: 641 billion Euro
En termes de chiffres par habitant, ces segments de marché représentent respectivement : a) 678 € pour les
services de télécommunications, b) 464 € pour l’équipement TIC, c) 164 € pour les logiciels et d) 363 €
pour les services de TI. Autrement dit, chaque citoyen de l’Union européenne alloue approximativement
l’équivalent de : a) 2,42 % de son revenu annuel à la consommation des services de télécommunications, b) 2,03 % pour
l’acquisition des équipements TIC, c) 0,55 % pour les logiciels, et d) 0,98 % du PIB pour la consultation des services
d’information. Avec un revenu annuel moyen d’environ 1 652 €, chaque citoyen de l’Union européenne alloue
approximativement 7,6 % de son revenu à la consommation de TIC. Ce chiffre fournit un repère pour
comparer le statut de développement du marché des TIC.
De plus, une étude faite sur des données de 1998 montre que le secteur des TIC dans l’Union européenne
compte pour :
• 2 % des entreprises, soit 390 000 firmes, dont 340 000 dans le secteur des services,
22
Les services de télécommunications sont définis comme les sociétés qui fournissent des services de communications,
y compris service vocal, enregistrement et transmission de données, vidéo et facsimilé.
4
•
•
2,8 % du marché de l’emploi dans l’Union européenne, représentant 4,3 millions de personnes
employées dont 2,7 millions dans les services (y compris 1 million dans les services de
télécommunications),
4,1 % du PIB de l’Union européenne sont représentés par la valeur ajoutée dans le secteur des TIC.
En Finlande et en Irlande, le taux est de 6,5 % et 6,4 % du PIB respectivement, tandis qu’il n’est
que de 2,4 % en France.
Tableau 1 : Comparaison de la proportion du secteur des TIC dans l’économie totale aux ÉtatsUnis, au Japon et dans l’UE
Économie
totale
Secteur TIC total
Nombre d’entreprises (1000)
Nombre de personnes employées
(1000)
Valeur ajoutée au coût facteur
(en milliards €)
UE-15
389
É-U
173 (a)
Japon
44 (a)
UE-15
19370
Part du secteur
TIC dans
l’économie
totale (%)
UE-15
2,0
4300
4521 (a)
2060 (a)
152500
2,8
315
512,8 (a)
182,9 (a)
7616,9 (b)
4,1
a) Données OCDE pour 1997. USA, Japon – nombre d’établissements au lieu d’entreprises, b) Produit Intérieur Brut.
Source: Commission européenne, Commission Staff Working Paper: European Competitiveness Report 2000.
Les chiffres de création d’emploi en 1998 en Europe montrent que les services de télécommunications
représentent environ 24 % de l’emploi total dans le secteur des TIC, dont un peu plus de 63 % proviennent
des services, et 37 % de la production manufacturière. La contribution du secteur à l’emploi total varie selon
les pays, atteignant jusqu’à 3 % dans des économies plus avancées, comme indiqué dans le graphique cidessous.
Figure 4 : Emploi dans le secteur des TIC en tant que pourcentage du marché total de l’emploi en
Europe (1998)
5
4.5
4.5
4.3
4.1
4.1
4
3.5
3.1
3
3.3
2.8
2.7
2.6
2.5
2.6
2.5
2.4
2
2.3
2
3.1
2
1.5
1.5
1
0.5
Jap
on
Es
pa
gn
e
Po
rtu
ga
l
Et
ats
-U
nis
Ita
lie
Al
lem
ag
ne
Da
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m
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tri
ch
e
Pa
ys
-B
as
Be
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qu
e
Ro
ya
um
e-U
ni
Fin
lan
de
Lu
xe
m
bo
ur
g
Ire
lan
de
Pa
ys
0
Source : Données Eurostat et OCDE dans Richard Deiss, Information Society Statistics, Commission européenne DG
Société de l’information, 2001, p.3.
5
Avec l’adoption largement répandue d’Internet, l’usage de l’ordinateur est devenu omniprésent et a aidé à la
transformation et à la rationalisation des processus de production des entreprises et des gouvernements.
2
EXPLORATION ET MISE EN EXPLOITATION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES 23
Le changement technologique d’aujourd’hui est sans précédent par son rythme et son envergure. Les
technologies de l’information et de la communication (TIC) sont au cœur de ce changement, avec des
avancées spectaculaires. En 1930, une minute d’appel téléphonique de New York à Londres coûtait
l’équivalent de 300 dollars US d’aujourd’hui ; actuellement, le même appel ne coûte que quelques centimes.
Le coût de 1 mégabit de puissance de processeur est tombé de 7 600 dollars US en 1970 à 0,17 dollar en
1999, soit une baisse de 99,9 % durant cette période. Le coût de transfert d’un fichier d’un trillion de bits
est tombé de 150 000 dollars US à environ quelques centimes au cours de la même période. Tout ceci
constitue une véritable révolution dont les bénéfices étaient réservés jusqu’à récemment aux pays
développés et industrialisés.
Dans le passé, les erreurs forçaient les grandes entreprises à re-traiter environ le quart de leurs commandes.
Le commerce électronique permet maintenant de vérifier que les commandes sont cohérentes, et que les
commandes reçues concordent avec les factures éditées et envoyées aux clients. C’est ainsi que General
Electric a pu réduire substantiellement les erreurs de commande, et économiser 5 à 20 % des coûts
initialement induits par les erreurs de traitement affectant la chaîne de commercialisation.
Cisco Systems, le plus grand fournisseur mondial de routeurs pour le trafic Internet, a transféré 70 % de son
« customer care » en ligne, éliminant ainsi 250.000 appels téléphoniques par mois et économisant plus de
500 millions de dollars US. Ce qui représente environ 17 % de ses coûts opérationnels.
Aux États-Unis, la valeur moyenne des stocks représente environ 2,3 % des ventes annuelles (non agricoles)
et 4,2 % des ventes de biens finaux. En effet, chaque stade de la chaîne de valeur se caractérise
généralement par un niveau élevé de stocks, à savoir : 37 % au niveau de la fabrication, 25 % au niveau des
grossistes, et 27 % au niveau des détaillants. L’utilisation efficace et généralisée des applications de
commerce électronique peut contribuer à la réduction drastique des coûts de stockage.
Un autre changement est lié à l’émergence de grappes industrielles constituant des plates-formes regroupant
autour d’un pôle de compétence des entreprises, principalement petites et moyennes, dont les activités sont
complémentaires. Les effets externes découlant de cette agglomération de compétences se traduisent par la
disponibilité de l’information, la proximité de pôles de fournisseurs, des clients, et des employés qualifiés.
C’est ainsi que de nombreuses grappes industrielles sont apparues dans le domaine de la haute technologie.
Un certain nombre de ces grappes industrielles compétitives existent aussi bien dans les pays développés
que dans les pays en développement (Malaisie, Inde, Chine, Brésil, Costa Rica, etc.).
En dehors de l’augmentation massive de l’utilisation des TIC, le contenu d’information des activités
industrielles s’accroît. Par exemple, environ la moitié de la valeur d’une nouvelle voiture réside dans son
contenu d’information (conception, gestion des processus, commercialisation, ventes, etc.).
Les TIC sont maintenant omniprésentes dans les entreprises et affectent les méthodes de travail, les
aménagement des usines et les systèmes de contrôle de la production et de stockage. L’organisation interne
des entreprises doit donc être revue et adaptée pour valoriser les gains de productivité induits par
l’utilisation des TIC, laquelle facilite également la gestion des opérations à longue distance.
A cet égard, les TIC permettent à l’entreprise de séparer les fonctions et processus, en les localisant,
pratiquement sans considération de distance, là où les coûts, l’efficacité et les besoins du marché l’exigent.
23
La presénte section s’inspire de : ONUDI, Industrial Development Report for 2002/2003 : Competing through Innovation and
Learning , 2002.
6
Par exemple, une entreprise peut concevoir un semi-conducteur aux États-Unis avec l’aide d’une filiale en
Inde, acheter la tranche de silicone à une fonderie dans la province de Taiwan en Chine, assembler et tester
la puce aux Philippines et utiliser une entreprise indépendante de logistique pour expédier le produit en
Allemagne et le commercialiser dans toute l’Europe. Les facteurs importants pour les investisseurs utilisant de
nouvelles technologies et cherchant des localisations compétitives sont : qualifications spécialisées, infrastructure moderne,
institutions fortes, faibles coûts de transaction, fournisseurs locaux efficaces, fournisseurs locaux en services de soutien.
Encadré 1 : Impact des TIC sur les coûts de transaction
L’utilisation des TIC peut avoir un impact positif sur les revenus d’affaires en réduisant les durées et coûts de
transaction. Ceci est l’exemple suivi par Dell, aujourd’hui l’une des plus grandes entreprises d’informatique. Le site
www.dell.com a été lancé en 1994. L’année suivante, Dell devint la première entreprise à enregistrer 1 million de
dollars US pour ses ventes en ligne.
Aujourd’hui, Dell exploite l’un des plus importants sites de commerce électronique au monde. Le concept de base
derrière ceci est la relation directe avec le client, qui permet à l’entreprise de mieux comprendre les besoins de ses
clients et de fournir les solutions informatiques les plus adaptées. Ce modèle de commerce direct élimine les
intermédiaires qui ajoutent des coûts financiers non nécessaires, et améliore la compréhension des attentes du
consommateur. Le «modèle direct » permet à l’entreprise de personnaliser ses produits afin de satisfaire les
préférences des clients, et de mieux s’adapter aux changements technologiques que ses compétiteurs.
Dell accroît de plus en plus ses gains liés à l’utilisation de l’Internet à travers la refonte de toute son organisation, y
compris celle des passations de marchés, ou celle du service de gestion clientèle. Sur le site www.dell.com, les clients
peuvent passer en revue, composer des systèmes et en vérifier les prix de la ligne entière des produits DELL. Ils
peuvent en outre commander des systèmes en ligne, et suivre leur commande depuis la fabrication jusqu’à son
expédition. Sur le site www.valuechain.dell.com, Dell partage des informations avec ses fournisseurs sur des sujets
variés, y compris l’état des stocks et la qualité des produits. Dell utilise également l’Internet pour délivrer des services
au client leaders dans l’industrie. Par exemple, environ 113.000 entreprises et clients institutionnels dans le monde
utilisent les pages de www.Premier.dell.com pour faire commerce en ligne avec l’entreprise.
L’impact des TIC est plus important dans les économies avancées, mais il est également significatif dans les
activités courantes, à petite valeur ajoutée, qui prédominent dans les pays en développement. Les TIC ont
aussi un impact considérable sur les performances de l’économie nationale, bien qu’il n’y ait pas de consensus
quant à leurs effets précis 24s. Les économies en développement ayant une forte croissance en consommation
de TIC (Inde, Corée, Taiwan, Thaïlande, etc.) semblent bénéficier d’un PIB en nette croissance.
Encadré 2 : Utilisation innovante des TIC dans les pays en développement
Dans la zone rurale du Sud du Ghana, les stations d’essence passent leurs commandes par téléphone, une tâche qui
obligeait antérieurement à voyager jusqu’à Accra. Au Zimbabwe, une entreprise a généré 15 millions de dollars US en
faisant de la publicité sur Internet. Dans les montagnes de la République Démocratique du Peuple du Laos, les
conducteurs de caravanes de yaks utilisent leurs téléphones cellulaires pour déterminer à l’avance le meilleur itinéraire
pour apporter leurs produits au marché. Les pêcheurs des côtes de Kerala, en Inde, appellent depuis 7 km en haute
mer pour déterminer quels sont les marchés payant le meilleur prix, et y débarquer directement leur pêche.
Source : Baxter, Perkin et Mulligan, (2001, Background Paper) dans ONUDI, Industrial Development Report 2002/2003:
Competing Through Innovation and Learning, Vienne, 2002.
24
L’impact des TIC sur le développement provient de l’augmentation des gains de productivité et de la baisse des
coûts de transaction pour les entreprises et les gouvernements. Une part significative de l’impact économique
provient également de l’émergence de nouvelles entreprises, ou d’entreprises qui n’auraient pas émergé sans
l’utilisation omniprésente des TIC. L’impact de la croissance TIC pourrait donc être capté à travers des outils
économiques plus ou moins standards. De même, l’impact des TIC sur la pauvreté est probablement mieux capté à
travers des politiques de redistribution appropriées et efficacements mises en œuvre par les gouvernements.
7
Lorsqu’elles sont utilisées à bon escient, les TIC peuvent créer de nouvelles opportunités pour s’instruire,
commercialiser, responsabiliser les personnes. C’est en partie pour explorer ces possibilités que beaucoup de
gouvernements sont en train d’adopter des politiques facilitant le développement de l’utilisation des TIC.
Une incertitude demeure toutefois quant à la capacité des pays sans base industrielle à sauter les étapes et à rattraper leur retard
en devenant des sociétés de l’information.
L’expérience acquise jusqu’à présent indique que, dans la plupart des cas, ce sont les pays ayant
relativement amorcé leur industrialisation qui bénéficient le plus du développement des TIC.
L’utilisation efficace des TIC exige en effet d’importants investissements pour créer les infrastructures ainsi
que la capacité de construction qui font défaut dans la majorité des pays en développement. Une masse
critique de diffusion des TIC, en termes de couverture, d’adaptations organisationnelles et
d’apprentissage, est donc nécessaire pour maximiser les gains de productivité qui en découlent.
Redéfinir les processus, développer une nouvelle culture du monde des affaires est également nécessaire. Il
est à noter que les gains de productivité proviennent souvent, non pas des technologies elles-mêmes, mais
des réorganisations décidées et mises en oeuvres. Dans les pays en développement, il faut tenir compte du
fait que la mise en place d’une masse critique de diffusion des TIC et des qualifications nécessaires peut
prendre un certain temps.
3
IMPLICATIONS DE LA REVOLUTION APPORTEE PAR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Le monde développé est-il véritablement entré dans une nouvelle économie25 durant la dernière décennie ?
Le terme “Nouvelle économie” correspond à une conjonction de facteurs et de transformations. D’abord, il
s’agit de la diffusion de la communication numérique concrétisée par la croissance rapide d’Internet et qui a
favorisé l’éclosion de nouvelles activités et d’innombrables innovations commerciales et technologiques. Le
concept de “Nouvelle économie” ferait-il ainsi référence à une évolution macro-économique en partie
induite par la diffusion massive d’Internet ?
De 1992 au début de l’année 2001, l’économie américaine a connu une croissance ininterrompue
accompagnée d’une baisse du chômage et d’une très faible inflation. Ce phénomène nouveau a incité les
macro-économistes à parler de “nouvelle économie” au sens où les cycles conjoncturels d’activité, liés aux
ajustements des marchés, semblaient avoir disparu pour laisser la place à une croissance continue. Le seul
problème d’après Dang Nguyen (2001) était le caractère quasi spontané du phénomène. « Pourquoi ce
phénomène a-t-il mis autant de temps pour se manifester alors que l’informatique 26 existe depuis 40 ans » s’interroge-t-il ?
Cette explication est plausible et confirme dans une certaine mesure le paradoxe évoqué par Solow (1987) et
remis en cause par de nombreux articles publiés par la suite (Oliner et Sichel, 1995 ; Gordon, 2002). Bien
qu’il n’existe pas de lien de causalité formelle entre la diffusion exponentielle d’Internet et l’accélération de
la croissance aux États-Unis ou en Europe, on remarque que tant que la connectivité 27 à l’Internet n’existait
pas, la société d’information ne pouvait pas se mettre en place. Dès que cette possibilité fut acquise, les
agents économiques ont modifié leurs plans et développé progressivement une « Économie du Net » qui a
servi à stimuler la croissance donnant lieu à ce que le magazine Business Week appellera en 1996 la « nouvelle
économie ».
Les moyens d’échange d’information comme le téléphone et les réseaux de transmission de données qui ont
précédé l’Internet avaient déjà permis aux pays industrialisés d’offrir des services universels de
La notion de “Nouvelle Économie”a été proposée par l’hebdomadaire Business Week en 1996. (Voir Michael Mandel,
« The triumph of the New Economy », Business Week, 30 décembre 1996.)
26 Par informatique, on comprend l’utilisation des outils et systèmes informatiques par les entreprises, et les
administrations pour mieux communiquer et échanger entre elles.
27 Commerce électronique, publicité sur Internet, vente d’information digitale, et recours massif aux TIC dans la
réorganisation du travail dans les entreprises, en particulier à travers les Intranets.
25
8
télécommunications. Mais le principal changement introduit par l’Internet a été de supprimer la tarification à
l’usage et de permettre un coût d’accès nettement plus abordable. Donc, la caractéristique principale
responsable du développement d’Internet est l’utilisation de l’information pour les échanges commerciaux
et la production. Cette information est devenue accessible partout et à un coût négligeable. Une informatisation
inégale et coûteuse expliquerait que la diffusion de l’informatique n’a pas conduit aux gains de productivité
espérés.
La globalisation des activités économiques a également eu un effet direct sur d’autres secteurs de la société.
Gouvernements, politiciens, société civile, syndicats, même les processus législatifs, doivent maintenant
prendre la mondialisation en compte. Ainsi, à mesure que les nouvelles technologies de l’information
avancent et deviennent omniprésentes, les opérations économiques et les activités en général deviennent de
plus en plus basées sur la connaissance et dirigées par l’information. Le champ d’action où s’exprime cette
connaissance est devenu mondial, ou global. C’est cette communauté globale basée sur la connaissance, avec
ses réseaux d’information et de communication toujours plus prédominants, les nouvelles technologies
qu’ils exploitent et l’information qu’ils répandent, les interrelations entre cette information, les réseaux et les
différents niveaux gouvernementaux et sociaux, ainsi que la société dans laquelle ces phénomènes prennent
place, qu’on appelle « Société de l’Information28 ».
4
PERSPECTIVES INTERNATIONALES
Les TIC jouent deux rôles dans le processus de croissance. Premièrement, elles contribuent lourdement à
l’accumulation de capital. Deuxièmement, elles contribuent à la croissance de la productivité totale des
facteurs (PTF) 29. La contribution des TIC à la croissance PTF dépend à la fois des progrès technologiques
dans la production des biens et services TIC et des gains d’efficacité dans les secteurs utilisant les TIC 30. La
mesure dans laquelle ces deux aspects déterminent la croissance PTF est encore incertaine.
Le secteur de production TIC (fabrication et services) a contribué de manière considérable à la croissance de
la productivité dans plusieurs pays OCDE, ainsi qu’aux États-Unis entre 1995 et 2000. Il apparaît de plus
que certains services utilisant les TIC ont connu un surcroît de croissance de leur productivité au-dessus de
la moyenne dans la même période. Ceci pourrait indiquer que les TIC commencent à produire des effets de
retombées au-delà du secteur TIC lui-même, ce que confirment également des études faites au niveau des
entreprises et des études de secteurs utilisant massivement les TIC, tels que la vente au détail, le commerce,
le transport et les services financiers.
L’expérience des pays ayant réussi leur transition vers la nouvelle économie confirme qu’il n’existe pas
d’itinéraire unique, et que chaque stratégie nationale doit correspondre aux besoins spécifiques du pays
concerné. Toutefois, on peut remarquer deux approches générales à la mise en place d’une société de
l’information. Pour la plupart des gouvernements, il s’agit de promouvoir une diffusion massive des TIC
pour en maximiser les effets induits, principalement sur les utilisateurs finaux. Pour d’autres gouvernements
cependant, il s’agit de promouvoir la constitution d’un pôle national de compétence dans le domaine des
TIC capable de satisfaire à la fois la demande intérieure et l’exportation.
L’approche de diffusion des TIC met l’accent sur les effets multiplicateurs31 qui découlent de l’utilisation
efficace des TIC par l’ensemble des branches d’activité en maximisant les synergies inter-sectorielles. Cette
Commission des Communautés européennes, Direction générale des Relations extérieures, « The Information Society
and Development », 2001.
29 Dirk Pilat et Frank Lee, « Productivity Growth in ICT-producing and ICT-using Industries : A source of Growth
Differientials in the OECD ? », DSTI DOC (2001) 4, OCDE juin 2001.
30 Dale Jorgenson, « Information Technology in the U.S. Economy », American Economic Review, Vol. 91,
No. 1, mars 2001.
31 Ses effets se manifestent à travers des gains de productivité, la réduction de coûts de transaction, la création
d’activités nouvelles.
28
9
approche a été choisie par l’Afrique du Sud et la Malaisie. La promotion d’une industrie de production de
TIC met l’accent sur l’établissement d’un secteur TIC commercialisant des biens et des services capables de
diversifier les revenus d’exportation ou de satisfaire la demande nationale. Le Costa Rica, l’Inde, et le Brésil
ont choisi cette approche. Les deux approches sont loin d’être exclusives, et une stratégie nationale peut
chercher à maximiser un ou plusieurs objectifs en même temps.
Il est à signaler que de disposer d’un pôle de fabrication TIC n’est pas forcément une condition préalable à
une transition réussie vers une économie basée sur l’information, et ceci pour trois raisons. Premièrement, la
proximité des producteurs d’équipement est souvent moins importante que celle des fabricants de logiciels
et des fournisseurs de services qui sont utiles aux firmes ayant besoin de qualifications particulières et de
conseils pour mettre en œuvres des stratégies TIC. Deuxièmement, à cause de coûts initiaux élevés et de
larges économies d’échelles32, une grande part de la fabrication d’équipements TIC est hautement
concentrée, et seuls quelques pays ont les avantages comparatifs nécessaires pour réussir. La troisième et la
plus importante raison est que plusieurs pays ayant développé un secteur TIC dynamique (investissements,
utilisation des services et croissance élevée de la productivité) n’ont PAS de grand secteur de fabrication
TIC. L’Australie en est un bon exemple33. Les gouvernements devraient résister à l’idée que le
développement délibéré d’un pôle de fabrication TIC est la voie obligée pour la construction d’une société
basée sur l’information et le renforcement de la croissance économique.
Dans le cas de la Malaisie, la constitution d’un pôle compétitif dans le domaine des TIC avait pour but
d’accélérer un processus de transformation et de mondialisation de l’économie nationale. La mise en place
du « Multimedia Super Corridor »34 résulte de cette stratégie.
Encadré 3 : Typologie de stratégies nationales de développement des TIC – Costa Rica, Brésil,
Malaisie, Afrique du Sud
La stratégie TIC du Costa Rica visait un objectif central : permettre la diversification de l’économie
nationale à travers le développement de nouvelles sources de croissance essentiellement basées sur
l’exportation. La mise en place d’un important parc technologique disposant d’un environnement d’affaires et
d’une infrastructure compétitive a permis au Costa Rica d’attirer les plus grandes entreprises de technologie.
Aujourd’hui le pays abrite une grande usine de production de microprocesseurs Intel qui fournit au moins un
tiers des microprocesseurs Intel utilisés à travers le monde. L’installation de cette usine a entraîné dans son
sillage le développement d’une véritable grappe industrielle dans le domaine (Acer, Microsoft). Plus d’un millier
de SSII sont à présent installées dans le pays. Elles emploient plus d’un millier de cadres. Les exportations
provenant de ce nouveau secteur ont rapidement augmenté, passant de 25 millions USD en 1997 à 200 millions
USD en 2001. Enfin, les produits et services TIC représentent à présent 38 % d es exportations du Costa Rica.
Pour sa part, le Brésil a choisi de consolider le développement d’une industrie nationale TIC qui soit en mesure
de mieux servir son marché intérieur. Cette stratégie a démarré vers la fin des années 70 par l’intermédiaire de
programmes publics visant à doter le pays d’une véritable capacité de production en électronique et
télécommunications, et a été consolidée depuis avec des mesures de libéralisation de l’économie qui ont permis
d’exposer les firmes brésiliennes à la compétition internationale. En 1997, le secteur des TIC a produit plus de
1,2 million de PC, soit l’équivalent de 2,5 milliards de dollars US. Compaq, Hewlett Packard et Epson ont
depuis externalisé une grande partie de leur production à des unités brésiliennes. Enfin, plus de 10.000 firmes
employant environ 200.000 personnes ont été créées dans l’industrie des logiciels.
32
33
34
Un exemple des coûts élevés pour créer une industrie TIC productive est le suivant : installer une nouvelle usine de
production de semi-conducteurs coûtait « seulement » environ 100 millions de dollars au début des années 80, mais
jusqu’à 1,2 milliard de dollars US en 1999. (United States Council of Economic Advisors, 2001).
David Gruen et Glenn Stevens, « Australian Macroeconomic Performance and Policies in the 1990s », dans The
Australian Economy in the 1990s (Sydney: Banque de reserve australienne, 2000).
Kenichi Ohmae dans son ouvrage The Invisible continent – Four strategic Imperatives of the New Economy (New York,
Harper Business, 2002) offre des commentaires sur ses interactions avec le Premier Ministre de Malaisie lors de la
conception de ce projet.
10
La Malaisie a choisi d’orienter sa stratégie TIC pour accélérer la transformation de son économie dans
l’optique de devenir un acteur-clé sur le marché mondial. Pour ce faire, les autorités ont mis l’accent sur la
modernisation des infrastructures de communication en général et sur la réalisation d’une plate-forme
technologique autour de laquelle des investisseurs nationaux et internationaux pourraient s’installer et se
développer. C’est ainsi que le projet de Multimedia Super Corridor (MSC) a été conçu. Les infrastructures
d’accueil équipant ce corridor ainsi que son aménagement devraient coûter environ 40 milliards de dollars US.
Le Gouvernement a également mis en place des incitations fiscales pour les entreprises qui consentiraient à
investir dans ce corridor. Les autorités espèrent que les effets induits découlant des activités du MSC
bénéficieront à l’ensemble de l’économie, ce qui facilitera l’extension progressive du corridor
jusqu’aux localités les plus reculées.
Enfin, l’approche de l’Afrique du Sud a consisté à situer les TIC au centre de la problématique de
développement du pays. Pour cela, la stratégie TIC conçue de manière concertée avec l’ensemble des forces
vives, visait quatre objectifs globaux : (i) faciliter la création d’un environnement favorable au développement
durable d’un secteur TIC dynamique, (ii) accroître l’adoption et l’utilisation des TIC pour faciliter le
développement socio-économique du pays, (iii) disposer d’une main d’œuvre compétente en matière de TIC,
(iv) créer une culture TIC qui favorise l’innovation et la création d’entreprises.
Source : PNUD, Creating a Development Dynamic: Final Report of the Digital Opportunity Initiative, New York, 2001,
pp. 19-31.
Le début des années 90 marqua le début d’une période de croissance soutenue pour les États-Unis, alors
que les pays de l’Union européenne expérimentaient une croissance faible, un chômage de plus en plus élevé
(environ 11% de la population active), et ce malgré une maîtrise globale des dérives inflationnistes.
L’Europe perdait des parts de marché au plan international et perdait également progressivement son
leadership dans le domaine des télécommunications 35. En 1993, la commission européenne élabore et publie
un livre blanc sur la croissance et la compétitivité de l’Europe (Rapport Delors), puis plus tard le rapport
Bangeman proposant l’adoption d’un programme communautaire pour soutenir le développement d’une
société de l’information [voir encadré ci-dessous].
Encadré 4 : Le concept de Société de l’Information
Lors de sa réunion à Bruxelles en décembre 1993, le Conseil de l’Europe a demandé pour sa prochaine réunion à
Corfou en juin 1994 la préparation d’un rapport par un groupe de personnalités sur les mesures spécifiques
devant être prises en considération par la Communauté et les États membres pour les infrastructures dans le
domaine de l’information. Sur la base de ce rapport, le Conseil adopterait un programme opérationnel définissant
précisément procédures d’action et moyens nécessaires.
Les recommandations au Conseil de l’Europe sur « L’Europe et la société globale de l’Information », publié
le 26 mai 1994 et plus connu sous le nom de « Rapport Bangeman » introduisaient l’idée d’une « nouvelle
révolution industrielle… basée sur l’information, elle-même l’expression de la connaissance humaine ». Ces
recommandations posent que l’Europe se trouve déjà participant à cette révolution, mais avec une approche qui
est encore trop fragmentaire, ce qui pourrait réduire les bénéfices attendus. Le Groupe soulignait le fait que les
progrès technologiques et l’évolution du marché signifient que l’Europe doit abandonner les politiques basées sur
des principes appartenant à une époque antérieure à l’avènement de la révolution de l’information. L’élément clé
pour l’émergence de nouveaux marchés était d’établir un environnement réglementaire solide permettant la libre
concurrence, ce qui était considéré une pré condition pour mobiliser le capital privé nécessaire à l’innovation, à la
croissance et au développement de ces marchés.
En conclusion, le Groupe recommandait :
L’accélération du processus entamé de libéralisation du secteur des télécommunications (ouverture à la
concurrence des infrastructures et services encore sous monopole, suppression des encombrements politiques
non commerciaux et des contraintes budgétaires imposées aux opérateurs de télécommunications, et
établissement d’un calendrier clair de mise en œuvre et d’atteinte des objectifs) ;
L’établissement d’un ensemble minimum de réglementations nécessaires au niveau européen pour assurer
35
Les premiers commutateurs numériques furent développés en Europe dans les années 70, mais la fragmentation des
marchés nationaux et leur cloisonnement ne permettaient d’en faire des succès commerciaux mondiaux.
11
l’émergence rapide d’infrastructures et de services d’information européens efficaces (tels qu’attribution des
licences, interconnexion et interopérabilité des réseaux, protection des droits de propriété intellectuelle, de la vie
privée, protection électronique, juridique, sécurité, politique de concurrence, etc.).
En tant que priorité urgente, l’ajustement des tarifs internationaux, interurbains et des lignes louées pour les
ramener aux niveaux des tarifs pratiqués dans les autres pays avancés.
Source : Commission des Communautés européennes, Recommandations au Conseil de l’Europe sur l’Europe et la Société globale de
l’Information (Rapport Bangeman), 1994.
Après son adoption par le conseil, il est mis en place une initiative e-Europe, qui vise à amener chaque
citoyen, chaque école, chaque entreprise et chaque gouvernement en ligne le plus vite possible. L’initiative
se base sur le cadre des politiques communautaires d’intégration, et en particulier sur les principes guidant à
l’établissement d’un marché commun européen des télécommunications. Elle se concentre également sur
des actions prioritaires permettant de surmonter les obstacles qui freinent l’acceptation rapide des
technologies de l’information en Europe36
Une comparaison entre l’Algérie et les pays voisins de la région est présentée dans l’Annexe. La
comparaison illustre la situation actuelle liée au potentiel de développement d’un secteur TIC. L’Algérie se
classe dernière de l’échantillon qui comprend la Jordanie, l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
5
ÉLEMENTS DETERMINANTS POUR DEVELOPPER LES TIC
Devenir une société de l’information va bien au-delà de l’acquisition et de l’installation des infrastructures de
l’information. C’est un processus de transformation économique, sociale et culturelle. Permettre à la
technologie de déployer tout son potentiel est réalisable à travers une stratégie de long terme visant à établir
un environnement économiquement et socialement favorable.
Sur la base de l’expérience internationale, les conditions préalables au développement d’une société de
l’information sont déterminées par cinq éléments fondamentaux : une approche visionnaire, des dirigeants
forts pour une mise en oeuvre efficace et opportune du projet, un cadre réglementaire prédictible et
favorable au développement de la participation privée dans la construction des infrastructures, et un capital
humain compétent et compétitif pour utiliser à leur pleine capacité les infrastructures de l’information
déployées.
5.1
Énoncer une approche visionnaire du développement
Après avoir conduit une évaluation complète de leur état de préparation, les pays envisageant une
transformation vers une économie basée sur l’information, énoncent une vision d’avenir reflétée par la suite
dans leur stratégie. L’expérience internationale montre que les pays ayant enregistré un succès dans ce
36
Dans un rapport publié en 2001, (« The Inforrmation Scoiety and Development »), la Commission des Communautés
européennes concluait que la société de l’information en Europe a vu un développement considérable.
Pratiquement un tiers des ménages européens est connecté à l’Internet, et presque deux tiers des européens ont un
téléphone cellulaire. Presque la moitié des travailleurs utilisent un ordinateur dans leur travail, et le commerce
électronique entre les entreprises est en augmentation. Cependant, la Commission a souligné le besoin d’une
réforme plus structurelle pour exploiter tout le potentiel de ces technologies pour des gains d’efficacité. Moderniser
le secteur public devrait aller au-delà de l’introduction de nouvelles technologies et traiter les règlements, procédures
et pratiques du travail pour maximixer leur impact. La conclusion qui s’impose est donc que : « les investissements
engagés dans ces technologies ne montreront leur plein potentiel que si les institutions et les processus de la vieille
économie sont adaptés en vue de la pleine utilisation de ces possibilités ».
12
domaine sont également ceux qui ont préparé une stratégie claire et adaptée à leur projet de développement
ainsi qu’une feuille de route pour atteindre les objectifs clairement identifiés.
Dans le cas de l’Union européenne commenté ci-dessus, la vision est basée sur le besoin de renforcer la
compétitivité de la communauté européenne et d’atteindre une croissance économique durable qui entraîne
la création d’emplois. Le Rapport Bangeman fournit cette approche visionnaire. En Malaisie, le projet
Multimedia Super Corridor est né de la vision du premier ministre de transformer la Malaisie, d’un pays
semi-industrialisé assemblant des produits électroniques bas de gamme, en une économie basée sur
l’information qui pourrait faire face à la concurrence internationale.
En Algérie, une approche visionnaire de développement TIC n’a pas encore été formalisée ni diffusée. Le besoin existe de
construire une vision commune qui puisse être partagée par toutes les forces politiques.
5.2
Exprimer une forte volonté politique et bâtir un consensus politique
Une forte volonté politique est nécessaire à l’aboutissement de la vision en un plan d’action, et pour assurer
que celui-ci soit efficacement mis en œuvre. Les approches de la Malaisie et de l’Union européenne
montrent le rôle capital joué par les dirigeants politiques, non seulement pour définir une vision d’avenir,
mais également pour donner aux agences d’exécution une feuille de route claire pour la mise en œuvre du
projet. Dans le cas de la Malaisie, le Premier Ministre, Dr. Mahathir Mohamad a joué un rôle majeur dans le
processus de mise en œuvre du programme de société de l’information. MDC37 (Multimedia Development
Corporation) a reçu les pleins pouvoirs et a été équipé pour mettre en œuvre le programme du
Gouvernement. Rendant compte directement au Premier Ministre, celle-ci assure également une étroite
supervision de la mise en œuvre du programme.
Encadré 5 : Le “Multimedia Super Corridor” en Malaisie
Dans son ouvrage The Invisible Continent : Four Strategic Imperatives of the New Economy (New York : Harper Business,
2000) Kenichi Ohmae écrit: “J’ai été personnellement impliqué dans le développement du concept original du
“Multimedia Super Corridor” dès le premier jour. J’ai beaucoup réfléchi pour trouver comment un pays comme la
Malaisie pourrait suivre le rythme du développement du continent invisible. Je suis arrivé à la conclusion que
projeter l’économie nationale tout entière dans le vingt-et-unième siècle serait non seulement impossible, mais
également imprudent, étant donné les complexités d’une société multiraciale à la culture dominante islamique.
Mes recommandations au Dr. Mahathir, Premier Ministre de Malaisie, furent de tailler un espace assez large pour
expérimenter avec le futur. Un ensemble de loi fut mis en place, gouvernant « Cyberjaya », une nouvelle cité
entièrement intelligente dont le nom signifie « cyber communauté ». Une zone de quinze kilomètres de large et 50
km de long immédiatement au sud de Kuala Lumpur fut choisie pour abriter le “Multimedia Super Corridor”.
Neuf applications-phares furent retenues pour démontrer comment les nouveaux continents sont différents des
anciens. La cyber-loi (Communication Multimedia Act 1998) fut passée au Parlement, et le Gouvernement
s’installa à Putra Jaya en juin 1999 ».
Comme on peut l’observer ci-dessous, le projet MSC est aujourd’hui considéré comme un succès. En août 2001,
on comptait 551 firmes avec le label « MSC », ce qui dépasse l’objectif qui consistait à attirer 500 entreprises à
l’horizon 2003.
37
MDC : Multimedia Development Corporation a été établie pour superviser la mise en oeuvre du MSC (“Multimedia
Super Corridor”), l’un de ses projets les plus visibles. Les réunions des conseillers du MSC (IAP : International
Advisory Panel) ont toujours été un événement-clé dans le pays, comptant avec la présence du Premier Ministre.
Les membres de l’IAP comprennent des chefs d’entreprises TIC de haut niveau (Acer Group, Alcatel, BCE,
Bloomberg, Centre for Strategic & International Studies, Cisco Systems, Compaq Computers, DHL, EDS,
Ericsson, Fujitsu, Infosys, Intel, IBM, Lucent, Microsoft, Motorola, NEC, NTT, Nokia, Ohmae & Associates,
Oracle, Reuters Group, Siemens, SAP, Sony, Sun Microsystems et Dell Computers).
13
600
500
Nbre de sociétés ayant le label MSC
Nbre de sociétés de classe internationale
Nbre de sociétés malaises MSC
400
300
200
100
0
1997
1998
1999
2000
2001
Source : MSC Comm., septembre 2001
Dans le cas de l’Union européenne, les chefs d’États sont régulièrement tenus informés, et prennent les
décisions qui s’imposent ou donnent les orientations appropriées lors des conseils organisés deux fois par
an. Ceci permet d’assurer la cohérence globale requise pour la mise en œuvre des programmes nationaux
avec les programmes communautaires.
L’Algérie a besoin d’un personnage catalyseur capable de diriger et de superviser la mise en œuvre opportune du processus de
réforme TIC tout entier. Sans cela, les ralentissements et retards dans la mise en œuvre de la réforme diminueront la crédibilité
des efforts du Gouvernement et mineront le soutien politique.
5.3
Développer et établir un cadre réglementaire moderne
Établir un solide cadre réglementaire favorisant la participation du secteur privé est crucial pour développer
un secteur TIC dynamique. Plus spécifiquement, le cadre réglementaire, ainsi que l’environnement
commercial général, devraient être attrayants pour les investisseurs privés nationaux et étrangers. Pour ce
faire, la clarté et la prédictibilité des réglementations nationales sont vitales pour mitiger la perception du
risque des investisseurs et promouvoir une concurrence saine et loyale.
Pour développer les infrastructures d’information, il est conseillé aux gouvernements de renforcer
l’indépendance des autorités nationales de régulation et de leur donner des pouvoirs conséquents. Ils
doivent également accélérer la libéralisation du marché des télécommunications et maintenir un
environnement d’affaires prévisible rendant possible la planification stratégique des investissements. En
parallèle, de nouvelles réglementations sont nécessaires dans des domaines stratégiques comme la propriété
intellectuelle, la vie privée, la sécurité des transactions, la protection électronique (cryptage) et la signature
digitale, afin de maximiser les bénéfices amenés par une large utilisation des TIC.
En Algérie, le premier défi serait de développer un cadre réglementaire complet couvrant tous les domaines ci-dessus mentionnés.
Le second défi serait de développer des capacités internes pour appliquer efficacement ces réglementations. Parmi les priorités les
plus importantes que le Gouvernement devrait considérer se trouve la protection efficace des droits de propriété intellectuelle. Bien
entendu, les exigences de sauvegarde de la vie privée augmentent à mesure que l’utilisation des TIC se développe. Enfin, pour
14
développer la confiance chez les utilisateurs potentiels de services de commerce électronique, le Gouvernement aurait également à
établir des réglementations fortes en matière de sécurité des transactions, confidentialité et intégrité.
5.4
Développer une infrastructure d’information moderne avec la participation du
secteur privé
Dans ce secteur, l’investissement privé est la force motrice, et les environnements monopolistiques ou
anticoncurrentiels sont de vrais obstacles. Le secteur des infrastructures de l’information est radicalement
différent des infrastructures d’autres secteurs telles que les transports, dans lesquelles d’importants
investissements publics sont encore vitaux. La première tâche du Gouvernement est donc de sauvegarder
les forces de concurrence et d’assurer une stabilité des engagements politiques et réglementaires souscrits
pour développer ces infrastructures. Il n’y aurait pas besoin d’énormes investissements gouvernementaux,
bien que le financement de certaines applications-phares et ciblées pour des besoins de démonstration
puissent être soutenues par le gouvernement. De plus, le Gouvernement pourrait également considérer des
subventions publiques ciblées pour promouvoir l’utilisation des TIC par les écoles, les administrations
publiques et les entreprises. Au total, l’impact fiscal des mesures de politique requises serait positive à
mesure que la demande de consommation des TIC se développe.
En Algérie, attirer les investisseurs privés pour construire l’infrastructure d’information reste un défi. Les entreprises privées
internationales avec des activités commerciales liées aux TIC sont peu nombreuses, et limitées. L’instabilité politique et
l’agitation sociale de la dernière décennie ont contribué à rendre le pays moins attirant.
5.5
Développer un capital humain mis à jour pour l’utilisation des infrastructures et
services d’information
La revue de ’lexpérience internationale montre que les pays disposant de cadres formés et compétitifs
disposent d’un avantage comparatif indéniable pour leur transition vers une économie basée sur
l’information38. Néanmoins, la diffusion des TIC devrait être précédée par une réforme en profondeur du
système éducatif, un recyclage des enseignants pour complémenter la formation des étudiants, et un plan de
diffusion bien conçu ciblant d’abord l’éducation supérieure, et ensuite les étudiants plus jeunes.
Actuellement, le nombre d’étudiants formés chaque année en informatique, électronique et
télécommunications ne permet pas de stimuler l’émergence de la société de l’information. Une formation
orientée vers les nouvelles professions créées par la révolution technologique devrait être mise en place par
l’État en coopération avec les associations professionnelles privées. Dans cette optique, des partenariats
public-privé doivent être encouragés, et la réglementation en vigueur devrait être adaptée pour faciliter
l’augmentation de la participation privée dans le système éducatif en Algérie.
En Algérie, la production de qualifications TIC est gênée par plusieurs faiblesses : contenu de formation TIC inadéquat par
rapport aux besoins du marché, cloisonnement excessif des filières, installations de formations inadéquates par rapport aux
besoins du marché (volume et qualité) et impact dévastateur de la fuite des cerveaux.
38
Il est à souligner que la forte croissance du secteur TIC dans le monde conduisit à la pénurie d’exécutifs et de
techniciens, en même temps que l’offre de services augmentait. Par exemple, Motorola fut forcée d’annuler un
projet de centre de développement de logiciels en Egypte à cause de l’incapacité du système d’éducation égyptien à
fournir les ingénieurs et techniciens pour en assurer les activités. En effet, un tel centre exige une masse critique de
300 à 500 ingénieurs qualifiés pour être compétitive, ce que le marché égyptien n’était pas en mesure d’offrir.
15
CHAPITRE 2 : REVUE DU SECTEUR DES TIC
Ce chapitre analyse l’état de préparation du secteur TIC algérien en vue de la transformation du pays en
société de l’information. Il commence par une analyse rétrospective du secteur avant la réforme initiée en
2000 par le Gouvernement, puis commente les étapes franchies en vue de promouvoir le développement
des TIC. La dernière section discute des activités des principaux acteurs sectoriels (Algérie Telecom,
Orascom Telecom Algérie, Algérie Poste, etc.).
1
SITUATION DU SECTEUR AVANT LA REFORME D’AOUT 2000
De 1975 à 1981, le Gouvernement algérien a consenti d’importants investissements pour moderniser et
étendre territorialement le réseau public des télécommunications. Comme il est indiqué dans le graphique cidessus, les investissements publics ayant été consentis dans le secteur des télécommunications ont
régulièrement représenté entre 0,3 et 0,6 % du PIB du pays.
Figure 5 : Les investissement publics dans les télécommunications en Algérie
250
1.20%
200
1.00%
0.80%
150
0.60%
100
0.40%
50
0.20%
0
0.00%
Invest. Télécom./PIB
Invest.Télécom./PIB (%)
19
7
19 5
7
19 6
7
19 7
78
19
7
19 9
8
19 0
8
19 1
8
19 2
8
19 3
84
19
8
19 5
86
19
8
19 7
8
19 8
8
19 9
90
19
9
19 1
9
19 2
93
19
9
19 4
95
19
9
19 6
97
Investissements (millions USD)
Invest. Télécom. (M USD)
Source : Données UIT. World Telecom Indicators, 2002.
A partir de 1980, l’effort d’investissement public se situera entre 0,20 et 0,40 %, ce qui ne permettra pas de
faire face à l’effet boule de neige induit par les efforts de dé-saturation et de modernisation de
l’infrastructure intervenus au cours de la décennie précédente. Au cours de cette période, les investissements
publics dans les télécommunications ne représentent en moyenne que 0,70 à 1 % de la formation brute de
capital fixe en Algérie, comme indiqué dans le graphique ci-dessous.
16
2.50%
2.00%
1.50%
1.00%
0.50%
0.00%
19
75
19
76
19
77
19
78
19
79
19
80
19
81
19
82
19
83
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
Investissement télécom. (% FBCF)
Figure 6 : Les investissements en télécommunications en tant que % de la FBCF
Source : Données UIT.
En conséquence du ralentissement de l’effort de rattrapage, les listes d’attente pour le raccordement
téléphonique s’allongent et atteindront sept ans au début de la décennie 90. La qualité du service s’est
dégradée peu à peu, et les dérangements sont devenus de plus en plus fréquents. En effet, l’explosion de la
demande non satisfaite s’explique par le ralentissement de l’effort d’investissement, mais aussi par de
multiples inefficacités de gestion et d’opération caractérisant l’administration algérienne des postes et
télécommunications. La demande satisfaite reste en dessous de la capacité de raccordements disponible.
Figure 7 : Carences opérationnelles du secteur des télécommunications en Algérie
2500000
2000000
Liste d'attente
Capacité de raccordement
Abonnés connectés
1500000
1000000
500000
19
75
19
76
19
77
19
78
19
79
19
80
19
81
19
82
19
83
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
19
99
0
Source : Donnés UIT.
17
La demande insatisfaite est estimée en 2000 à 800.000 pour les lignes fixes et à 250.000 pour le GSM. La
qualité de service et la productivité du personnel sont faibles (66 % seulement des lignes en panne sont
remises en service dans les 48 heures en 1998 ; 98 lignes principales par employé en 2000).
Par comparaison avec les autres pays de la région, les tarifs de télécommunications en Algérie sont
généralement bas pour le raccordement, l’abonnement et les appels locaux. Les tarifs des appels
internationaux sont cependant élevés, entre 0,72 USD la minute pour les appels en direction de l’Europe du
Sud, et 2,13 USD la minute vers l’Asie, à l’exception des autres pays du Maghreb où l’appel s'élève à 0,20
USD la minute.
Tableau 2 : Principaux indicateurs39 de performance des télécommunications en Algérie
Algérie et pays de comparaison, 2000
Algérie
Télécommunications
Lignes principales (par 1000)
Lignes principales par empl.
Prix d’un appel local de 3 min.
57
98
1
Abonnement mensuel lignes d’entreprise (US$)
Coôt re raccordement lignes d’entreprise (US$)
Dérangements pour 100 lignes principales
Lignes principales, liste d’attente (années)
2
1
1
Égypte
Grèce
Maroc
Portugal Espagne
86
100
532
289
50
98
430
234
421
415
Tunisie
Turquie
90
129
280
254
0
0
0.1
0.1
0.1
0.1
0
0.1
2.7
1.8
6.6
9.4
10.3
10.7
2.2
3.2
46.5
288.2
27.4
94.1
65.9
157.6
67.2
20
12.0
5.4
6.9
1.9
10.0
0.2
24.8
0.1
10.5
0.2
1.5
0
43.0
0.9
55.4
0.5
Sources : WDI, UIT
Notes : 1. Les données pour la Tunisie et l’Espagne datent de 1999. 2. Les données pour l’Égypte, le Maroc et la Tunisie datent de 1999.
Le cadre juridique, réglementaire et institutionnel était inadéquat. La Constitution du 22 novembre 1976
stipulait que les Postes et les Télécommunications étaient des propriétés publiques. Le Ministère des Postes
et Télécommunications était à la fois le régulateur et l'entité opérationnelle. Il avait le monopole des services
de télécommunications et postaux (y compris les services financiers) et gérait ces services comme des
départements du ministère.
Il résultait de l’environnement institutionnel inadéquat que la densité téléphonique demeurait très faible à 57
lignes pour 1.000 personnes en 2000, ce taux étant resté largement statique au cours des dix dernières
années (voir graphique ci-dessous). La Tunisie et l’Égypte, avec une densité téléphonique similaire au début
des années 90, ont dépassé l’Algérie à la fin de la décade.
39
La qualité du service s’est grandement améliorée dans les pays tels que la Tunisie et l’Egypte depuis 1999. Les
données UIT ne sont pas encore disponibles pour ces deux pays. Dans le cas de la Tunisie, les chiffres mis à jour
par le Ministère du Développement et de la Coopération internationale indiquent que les dérangements par 100
lignes ont baissé à 29.
18
Figure 8 : Comparaison de la télédensité des lignes fixes en Algérie, en Tunisie, au Maroc et en
Égypte
Télédensité des lignes fixes
12
% Population
10
8
Algérie
Tunisie
Maroc
Égypte
6
4
2
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Source : Données UIT.
Pour l’année 1998, nous avons analysé l’évolution de la télédensité (lignes fixes) pour un échantillon de pays
méditerranéens comprenant l’Algérie, la Grèce, l’Espagne, l’Égypte, le Maroc, le Portugal et la Turquie.
Pour cet échantillon, la loi de Jipp [1963] a été estimée :
 PIB  2
Logd = − 2, 23+ 0,96 Log 
 ; R = 0,91
(− 4 ,88 )
(7 ,52 )
 hab 
[éqn. 1]
avec – d : télédensité fixe pour 100 habitants et [PIB/hab] = revenu par habitant.
Il apparaît que pour cet échantillon de pays, une évolution de 1 % du PIB par habitant entraînerait une
amélioration de 0,96 % de la télédensité. Si l’évolution de la diffusion téléphonique en Algérie avait suivi la
même tendance que dans les pays voisins (Tunisie, Égypte), sa télédensité aurait été de 8,6 % en 1998 au lieu
des 5 % observés. Ce résultat confirme les indications données précédemment bien qu’il n’en explique pas
clairement les causes.
Dans un second temps, nous avons modifié le modèle de diffusion pour mettre en évidence l’importance
d’autres variables explicatives dans le développement de la télédensité, à savoir : (a) investissements dans
les télécommunications par habitant [InvTel/hab], (b) productivité de l’opérateur exprimée en nombre de
lignes principales par employé [LP/empl].
 LP  2
 PIB 
 InvTel 
Log (d ) = − 2,56+ 0,13 Log 
 ; R = 0,98
 + 0,13 Log
 + 1,39 Log 
( −4 , 05 )
( 0 ,34 )
 hab  (1, 07)
 FBCF  ( 3, 23)
 Empl 
[éqn. 2]
19
Le modèle [éqn.2], permet de montrer que la télédensité téléphonique des pays de l’échantillon est peu
expliquée par l’évolution de leur PIB ou par les politiques volontaristes d’investissement public 40 auxquelles
ces pays ont eu recours. Par contre, l’amélioration progressive de la productivité des opérateurs semble être
un facteur important. Dans ce cas, comme dans le précédent, la télédensité algérienne aurait atteint 7,14 %
en 1998 au lieu des 5 % constatés. La faible performance du secteur observée en Algérie est probablement
due à une structure organisationnelle inappropriée.
Il semble donc que l’Algérie n’a pas suivi la tendance moyenne observée chez ses voisins. C’est ce constat
qui a conduit les autorités à initier une réforme en profondeur du secteur à la fin de 1999.
2
LA REFORME DU SECTEUR DES POSTES ET TELECOMMUNICATIONS
Le Gouvernement algérien a opté pour une réforme en profondeur du secteur des postes et
télécommunications afin de relever les défis du 21ème siècle et d’arrimer l’Algérie vers une société de
l’information. Cette réforme est dictée par la nécessité d’assurer la compétitivité et la diversification de
l’économie algérienne et de ses entreprises et de favoriser le développement d’un secteur des
télécommunications concurrentiel et dynamique. Cette réforme prend lieu dans un contexte de globalisation
croissante, de l’adhésion prochaine de l’Algérie à l’OMC et de la mise en œuvre de l’accord d’association
avec l’Union européenne.
La stratégie élaborée et adoptée par le Gouvernement algérien en juin 2000 vise donc à rattraper le retard
important qu’accuse le pays en matière de services de télécommunications. Ses principaux objectifs sont:
40
•
Accroître l'offre de services téléphoniques et faciliter l'accès aux services de télécommunications au
plus grand nombre d'usagers, en particulier en zones rurales. Le Gouvernement algérien estime qu’il
est essentiel que la demande téléphonique (affaires et résidentielle) pour ses services puisse être
satisfaite dans des délais brefs. De plus, il faut que les prix de ses services soient compétitifs.
•
Améliorer la qualité des services offerts et élargir la gamme des prestations. Le Gouvernement
algérien estime que la qualité des services offerts doit être améliorée pour rendre le secteur des
télécommunications performant du point de vue qualité d’ici cinq ans. Il faut ensuite étendre la
gamme des services offerts pour répondre aux besoins d’une société et des entreprises de plus en
plus branchées sur l’information.
•
Assurer l’accès aux habitants des zones rurales et aux autres groupes défavorisés aux services de
télécommunications et aux réseaux d’information. Le Gouvernement algérien estime que l’accès des
zones rurales aux télécommunications et aux réseaux d’information est nécessaire au
développement économique, social et culturel. Les télécommunications sont essentielles pour
l’essor de l’agriculture, du tourisme et de l’éducation ainsi que l’amélioration des services de santé.
Cet accès sera assuré par la définition des obligations des opérateurs de télécommunications publics
et privés en matière d’aménagement du territoire et de service universel.
•
Développer un réseau national de télécommunications fiable et connecté aux autoroutes de
l'information. Le Gouvernement algérien estime que la réforme des télécommunications est
essentielle pour la modernisation de l’administration ainsi que des autres institutions publiques, la
mise à niveau des entreprises algériennes et l’essor du commerce électronique.
•
Le Gouvernement algérien estime que la réforme des télécommunications rendra l’économie plus
compétitive et moins dépendante des aléas du marché pétrolier. Elle permettra l’émergence de
nouvelles activités économiques et la création de nouveaux emplois directs et indirects.
Les coefficients (estimateurs) ne sont pas significatifs pour ces deux variables.
20
Les grands axes du programme gouvernemental de réforme ont donc été articulés autour de :
•
la reforme du cadre législatif et réglementaire du secteur des postes et télécommunications pour
asseoir ses réformes sur une base solide, transparente et sûre ;
•
la séparation de l’exploitation, la régulation et la politique sectorielle par la scission de l’actuel
Ministère des Postes et des Télécommunications (MPT) en une entreprise des télécommunications,
une entreprise publique a caractère industriel et commercial (EPIC) pour la gestion de l’opérateur
postal, une autorité de régulation et un département ministériel chargé de la politique sectorielle
des postes et télécommunications;
•
la libéralisation des marchés des télécommunications et de la poste, leur ouverture à une
concurrence croissante et la promotion de la participation et de l’investissement privé dans ces
secteurs;
•
l’ouverture du capital de l’opérateur historique à un investisseur stratégique dans un premier temps,
puis une offre publique des actions à la bourse des valeurs ;
•
la préservation et le développement du service universel sur l’ensemble du territoire selon des
modalités qui restent à déterminer par le Gouvernement, notamment en matière de participation
financière des opérateurs de ce service.
Le calendrier de libéralisation adopté dans cette optique est rappelé ci-dessous :
Tableau 3 : Calendrier de libéralisation des télécommunications adopté en 2000
Date de
Mesure
Commentaire
réalisation
Libéralisation des services à valeur ajoutée
Août 2000
Octroi d’une ou de deux licences VSAT
Décembre 2001 Appel d’offres lancé, licences
devraient être octroyées en
décembre 2002
Octroi d’une ou deux licences d’opérateurs de Décembre 2002 Recrutement en cours des
téléphonie rurale
conseillers pour cette
transaction
Octroi d’une ou de deux licences de téléphonie Décembre 2003 Recrutement en cours du
interurbaine et internationale
conseiller financier pour ces
transactions
Octroi de la troisième licence GSM
Décembre 2003 Recrutement en cours des
conseillers pour cette la
transaction
Octroi d’une licence de boucle locale radio
Décembre 2004 Recrutement en cours des
conseillers financiers pour ces
transactions
Ouverture
totale
du
marché
des Décembre 2004
télécommunications
Source : MPT (2000).
La Loi 2000-2003 portant réglementation générale des postes et télécommunications a été adoptée au
Parlement en août 2000, et promulguée peu après par le Président de la République. Elle consacre :
•
•
la séparation des activités de la poste et des télécommunications ;
la constitution d’une société de droit privé, Algérie Telecom, pour l’exploitation du service public
des télécommunications préalablement géré par le Ministère ;
21
•
•
•
•
la création d’un Établissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) pour
l’exploitation du service public de la poste (Algérie Poste) ;
la création d’une Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications indépendante (ARPT) ;
l’ouverture du marché des télécommunications à la concurrence selon trois régimes de services :
régime de licences, régime des autorisations et régime de simples déclarations ;
la libéralisation progressive du marché postal.
Cette loi a été complétée par de nombreux textes d’application, notamment : (i) décret n°01-109 du 3 mai
2001 portant désignation des membres du conseil de l’ARPT ; (ii) décret n°01-123 du 9 mai 2001 relatif au
régime d’exploitation applicable à chaque type de réseau, y compris radioélectriques et aux différents
services de télécommunication ; (iii) décret n° 01-124 du 9 mai 2001 portant définition de la procédure
applicable à l’adjudication par appel à la concurrence pour l’octroi des licences en matière de
télécommunications ; (iv) décret n°01-417 du 20 décembre 2001 portant autorisation à titre de régularisation
pour l’établissement et/ou l’exploitation de réseaux publics de télécommunications, y compris
radioélectriques autres que GSM, et la fourniture de services de télécommunications par Algérie Telecom
SA. D’autres textes importants sont en cours d’adoption, notamment en ce qui concerne la réglementation
de l’interconnexion, la concurrence, le service universel, l’accès aux ressources rares (numérotation,
fréquences, partage des infrastructures) et la résolution des conflits.
Dans ce schéma, le Ministère conserve toujours deux de ses quatre missions, à savoir : la réglementation
et la politique sectorielle. Dans le futur, ces deux rôles devraient être transférés à d’autres institutions et le
Ministère transformé en une unité spéciale du Bureau du Président. Le Parlement devrait alors promulguer
la réglementation. La politique sectorielle serait exécutée par l’unité spéciale. L’Autorité de Régulation de la
Poste et des Télécommunications est constituée par la Loi 2000-2003 comme une autorité indépendante qui
jouit d’une large autonomie financière 41 et de décision. Son conseil est constitué de sept membres, tous
nommés et révocables par décret du Président de la République. Les décisions de l’Autorité peuvent faire
l’objet d’un appel auprès des tribunaux administratifs, mais cet appel n’est pas suspensif. Ses principales
missions sont de :
•
•
•
•
•
•
•
veiller à l’existence d’une concurrence effective et loyale sur les marchés postal et des
télécommunications,
veiller à fournir le partage des infrastructures de télécommunications,
planifier, gérer, assigner et contrôler l’utilisation des fréquences,
établir un plan national de numérotation,
approuver les offres de référence d’interconnexion,
octroyer les autorisations d’exploitation et agréer les équipements,
arbitrer les litiges entre opérateurs et utilisateurs.
Le plan de développement de l’ARPT prévoit un effectif de 167 personnes, réparties entre cinq directions et seize
départements. En septembre 2002, l’ARPT n’était pas encore opérationnelle. Bien qu’ayant recruté ses
principaux directeurs de service, l’Autorité n’avait pas encore pourvu à de nombreux postes. Le nouveau
cadre juridique et réglementaire s’articule autour de nombreuses nouvelles institutions : (i) l’Autorité de
Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) ; (ii) l’Agence Nationale des Fréquences (sous la
tutelle du MPT) récemment constituée pour gérer le spectre de fréquences 42 ; (iii) et la Commission
Afin d’assurer son indépendance, la loi prévoit qu’elle puisse s’autofinancer, par le biais de prestation de services
spécialisés à des tiers, d’un pourcentage sur la vente des licences d’exploitation et d’une redevance versée par les
opérateurs. La ressource principale est constituée par la redevance sur l’assignation des fréquences. À titre
d’exemple, les deux licences GSM représentent chacune 70 canaux. Chaque canal coûte dix millions de dinars. Au
total, le produit de ces deux licences est de 1,4 milliard de dinars (soit 17 millions de dollars US).
42 L’ANF n’est pas encore opérationnelle. Le décret de sa création lui donne la responsabilité de gérer l’entièreté des
ressources du spectre, y compris les fréquences utilisées par les services de sécurité. Mais les responsabilités se
41
22
nationale des points hauts 43 qui gère l‘accès aux tours, pylônes et autres infrastructures de transmission radio
par les opérateurs de télécommunications et les militaires. Une réduction du nombre d’intervenants pourrait
s’avérer judicieuse pour éviter des problèmes de coordination, et probablement des conflits de compétence,
et nuire au développement harmonieux du secteur. Il semble également souhaitable de renforcer
l’indépendance de l’ARPT afin de la mettre à l’abri des pressions politiques. Ceci pourrait se faire par une
modification des modalités de désignation et de révocation des membres de son conseil (limitation de
mandats, irrévocabilité pendant la durée du mandat à l’exception de fautes graves prouvées, etc.). Enfin, une
relecture de la loi 2000-03 a permis d’identifier de nombreux points imprécis en ce qui concerne la
répartition des attributions et compétences entre le Ministère et l’ARPT.
Figure 9 : Carte sectorielle en 2002
Algérie - Secteur des Télécommunications – 03/2002
Politique
Sectorielle
Ministère des Postes et
Télécommunications
Autorité de Régulation
des Postes et Télécommunications
Fournisseurs des
services Internet
Djaweb - 50% AT, 50 % AP
Djezzy -Orascom
100% Gouv.
Mobilis -100% AT
Algérie
Télécom
(AT)
Services
mobiles
Agence Nationale
des Fréquences
Réglementation
Opérations
International
Kiosques
MultiServices
Réseaux
privés
Longue
Distance
Local
VSA
Public des Services de Télécommunications
Fourniture
de services
Source : Banque mondiale, 2002.
3
INITIATIVES POUR LA MISE EN PLACE D’UNE SOCIETE DE L’INFORMATION
Un Comité de Pilotage chargé d’élaborer un état des lieux exhaustif sur le développement de la société de
l’information en Algérie a été constitué le 9 mai 2001 par le gouvernement. Composé d’une trentaine de
personnes, représentants des ministères, organismes publics, enseignants, et Fournisseurs de Services
Internet (FSI), ce Comité de Pilotage a rédigé et remis au gouvernement un rapport sur les enjeux et les
conditions préalables à l’édification d’une société de l’information en Algérie.
43
chevauchent, puisque selon les décrets, L’ARPT gère aussi la bande de fréquence pour les applications
commerciales, (mais n’a pas d’autorité sur les autres bandes de fréquence).
Commission interministérielle qui peut inclure des représentants des opérateurs et qui assure la coordination de
l’accès et de l’utilisation des tours, pylônes et autres infrastructures pour transmission radio ( « points hauts »), qui
sont considérés sites stratégiques de défense nationale.
23
Achevé en octobre 2001, le rapport définit succinctement l’offre en matière de TIC. Il analyse les carences
et les insuffisances réglementaires, bancaires, fiscales et économiques qui entravent aujourd’hui l’initiative
privée comme publique et, partant, l’émergence d’une véritable société de l’information. Le Comité de
Pilotage a également formulé une série de recommandations dont les principales sont les suivantes :
•
•
•
•
•
•
promouvoir l’utilisation des TIC dans l’enseignement,
mettre en place le cadre réglementaire et les structures institutionnelles nécessaires à la diffusion et à
l’appropriation des TIC ;
adopter des mesures incitatives en vue du développement de la demande et de l’utilisation des
ordinateurs personnels et d’Internet. (Abolir les droits de douane et taxes sur les ordinateurs et
produits multimédia),
inciter Algérie Telecom à proposer des tarifs spéciaux pour les internautes ;
finaliser la restructuration du secteur financier et bancaire, avec notamment la création
d’instruments de prêt adaptés aux nouvelles technologies,
mettre en œuvre des programmes spécifiques pour aider les administrations et les services du
Gouvernement à devenir des utilisateurs modèles des TIC.
En termes de méthode d’action, le rapport propose de poursuivre et d’affiner l’approche initiée par le
Comité de Pilotage. Il recommande de constituer des groupes de travail 44 formellement chargés d’étudier la
situation actuelle et de présenter des propositions pour la préparation et la mise en œuvre du Programme
pour une Société de l’Information. Ces propositions devraient être validées au cours d’une conférence
nationale, associant tous les acteurs importants de la société civile, du secteur privé, du Gouvernement et
des bailleurs de fonds.
Le processus de décision a été ralenti en 2001 à cause de questions de prérogatives entre les ministères. Les
recommandations présentées par le Comité de Pilotage ne furent pas adoptées et il n’y eut pas de suite à la
création de groupes de travail. La lourdeur de la procédure, qui vise à élargir le débat à un maximum
d’acteurs de la société algérienne, a contribué à ce ralentissement. L’incapacité à multiplier l’élan des
réformes est un problème-clé dans les processus politiques algériens, et est déterminée par les rigidités des
processus décisionnels. Cette question devrait être envisagée comme une préco ndition à l’adoption des TIC.
A l’issue du remaniement ministériel intervenu en juin 2002, le Ministère des Postes et Télécommunications
a été rebaptisé Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication
(MPTIC). Le nouveau ministère devrait donc rapidement commencer à définir la politique gouvernementale pour le secteur
TIC et s’atteler à harmoniser et compléter la législation et les réglementations existantes.
4
LES OPERATEURS ET FOURNISSEURS DE SERVICES DE TELECOMMUNICATIONS
La présente section analyse l’offre TIC existante en Algérie. Les acteurs sectoriels exploitants de réseaux
publics ou fournisseurs de services sont passés en revue de manière à faire ressortir leurs faiblesses et atouts
en vue de développer une société de l’information.
44
Ces groupes de travail sont au nombre de huit : système éducatif et TIC, cadre législatif et réglementaire, santé
publique et TIC, industrie et services de TIC, fourniture de services en ligne, utilisation des TIC au niveau national,
TIC et développement des activités des PME/PMI, infrastructures de connectivité.
24
4.1
Algérie Telecom – un démarrage difficile
Officiellement constituée en mars 2001, Algérie Telecom n’est toujours pas entièrement opérationnelle, en
dépit de la désignation en avril 2002 de son Conseil d’administration et de son Directeur général 45. Les
retards observés dans la désignation de ses dirigeants, et par la suite dans le démarrage effectif de ses
opérations, sont révélateurs des paradoxes et contradictions qu’affronte le Gouvernement algérien pour
mettre en œuvre ses réformes structurelles.
Ces infrastructures consistent en un réseau de téléphonie publique commuté (RTPC), deux réseaux de
téléphonie mobile dont un numérique dans la norme GSM, un réseau public de transmission de données
(DZ-PAC) et une plate-forme Internet dont la gestion est confiée à Djaweb, filiale commune d’Algérie
Telecom et d’Algérie Poste. Par ailleurs, Algérie Telecom exploite pour le compte de tiers (Sonatrach,
Banque d’Algérie, etc.) des liaisons de transmission à fibre optique et dispose en contrepartie du droit
d’utiliser 50 % de cette capacité pour ses besoins propres.
4.1.1
La téléphonie fixe
Le réseau de téléphonie fixe couvre l’ensemble du territoire algérien. Il utilise une gamme étendue de
technologies :
•
•
•
•
•
•
un réseau général comprenant : (i) 10.700 km de câbles en fibre optique (récemment étendu à
14.000 km) ; (ii) 22.200 km de faisceaux hertziens numériques,
un réseau de transmission par satellite composé de trois stations terriennes internationales (deux
pour Intelsat et une pour Arabsat) et de 46 stations DOMSAT,
un réseau rural composé de 136 stations mères permettant de raccorder 1.400 localités (46),
le taux de numérisation est d’environ 85 % pour les réseaux de transmission et 100 % pour la
commutation (voir encadré),
1,88 million de lignes principales étaient en service au 31 décembre 2001 contre une capacité
installée de 2,8 millions,
5.000 cabines publiques directement gérées par Algérie Telecom et 11.60047 exploitées par des
promoteurs privés sous l’appellation de « kiosques multiservices » 48.
A ces supports nationaux, s’ajoutent des supports internationaux permettant de relier l’Algérie au reste du
monde, à savoir : les câbles terrestres à fibre optique avec le Maroc et la Libye (140 mégabits/seconde), la
Tunisie (622 mégabits/seconde), ainsi qu’un câble sous-marin49 avec la France (565 mégabits/seconde).
Récemment mis en exploitation, le nouveau câble sous-marin en fibre optique Alger-Palma50 a permis
d’augmenter la capacité de transmission de 2,5 à 10 gigabits par seconde au niveau des pôles principaux
d’Alger, d’Oran et de Constantine.
Longtemps freiné en raison d’une conjoncture financière défavorable, l’effort d’investissement en matière
de télécommunications est à nouveau à la hausse depuis 1995-96: moins de 6 milliards de dinars en 1996,
Également Président du Conseil d’administration.
Au cours de l’année 2001, le MPT a procédé pour le compte d’Algérie Telecom au lancement de l’appel d’offre pour
l’extension de 164 réseaux ruraux de radio WLL pour couvrir 2200 localités et desservir 120.000 abonnés.
47 Ce chiffre était de 1670 en 1996.
48 Ce qui représente à peu près 36.000 lignes principales au total.
49 Appartenant à un consortium de 60 opérateurs de télécommunications incluant Algérie Telecom, un câble SEA-MEWE2 connecte l’Europe à l’Asie du Sud-Est et a des points d’ancrage en Algérie, Egypte, et en Inde. Sa largeur de
bande est de 2,560 Mbits/s.
50 ALPAL-2. Le câble sous-marin Alger-Palma de Majorque de 312 km connectant l’Algérie à l’Espagne utilise la toute
dernière technologie (Dense Wave Division Multiplexing Technology). Sa largeur totale de bande est de 160 Gbits/s
et sa construction a coûté 16,6 millions €, dont 50 % couverts par Algérie Telecom.
45
46
25
14 milliards de dinars en 1999 et 19 milliards en 2000. Grâce au déploiement de ces moyens financiers, le
taux de croissance du réseau s’est maintenu à un niveau moyen d’environ 12 % par an.
Encadré 6 : La place des équipementiers étrangers
Le suédois Ericsson est l’opérateur dominant en matière de téléphonie. Grâce à son partenariat exclusif avec l’État
algérien depuis le début des années 70, cette entreprise a fourni 95 % de l’équipement de téléphonie fixe installé par
Algérie Telecom. Elle possède également une part de 35 % dans Sitel, une usine basée à Tlemcen qui fabrique le
système commutatoire Axe. Le reste du capital de l’entreprise est détenu par des entreprises publiques (ENTC 20 %,
Homelet 20 %, Sonatite 15 %, BCEA 10 %), et sa capacité de production est passée de 150.000 à 300.000 lignes
principales en 2000, et pourrait facilement atteindre les 600.000 unités. Bien qu’Ericsson ait été pendant longtemps le
seul fournisseur d’équipement, aujourd’hui d’autres entreprises essayent de s’introduire sur le marché. Ceci est le cas
pour Alcatel, qui est cependant le fournisseur pour les réseaux publics de transmission de données DZPAC. Alcatel a
aussi gagné 50 % de l’appel d’offres lancé par Orascom Telecom Algérie, le second opérateur GSM de réseau privé.
L’entreprise allemande Siemens a gagné l’autre moitié de l’offre. La position dominante historique de Ericsson sur le
marché algérien ne pose pas de risque à la compétitivité de l’environnement tant que le processus d’appel d’offres est
conduit de manière juste et transparente.
Djaweb, fournisseur public de service Internet lancé au début 2002 par le MPT, a choisi la compagnie américaine
Lucent pour sa plate-forme. Bull (France) est également présent sur le marché, principalement en tant que fournisseur
d’ordinateurs et d’équipement de réseaux d’ordinateurs. L’entreprise a aussi livré 70 guichets automatiques à SATIM,
un consortium établi par les banques publiques locales en vue d’installer et d’opérer un système bancaire électronique.
D’autres compagnies explorant les opportunités de marché sont : les chinois Huawei et ZTE, le canadien Nortel, et
l’américain Motorola.
Jusqu’en décembre 2003, la téléphonie fixe restera sous l’exclusivité d’Algérie Telecom. L’opérateur public
devra rapidement se mobiliser pour être en mesure de faire face au développement de la concurrence. En
particulier, Algérie Telecom devra initier de nouvelles compétences en contrôle de gestion, analyse de marché, marketing,
commercial, contrôle de la qualité, et placer la satisfaction du client au centre de ses priorités. Pour faciliter ce changement
radical, il est envisagé d’ouvrir une partie du capital d’Algérie Telecom aux investisseurs étrangers. L’ouverture du capital
représente un enjeu majeur pour la société, à la fois pour accroître ses capacités d’investissement, mais aussi pour bénéficier de
savoir-faire technologique et de gestion.
4.1.2
La téléphonie mobile
Les services de communications mobiles sont disponibles en Algérie depuis la mise en service en 1991 d’un
réseau cellulaire analogique NMT. Un réseau GSM a été mis en service en 1997 et raccordait 106.000
abonnés en 2002. Les services de communication mobile sont en passe d’être commercialisés par une filiale
à 100 % (Mobilis). Algérie Telecom appartient de plus au consortium Thuraya, qui fournit des
communications GMPCS dans le monde entier. En moins d’un an d’opération, le service Thuraya opéré en
Algérie par Algérie Telecom a connecté 4.000 clients. Par comparaison avec la banque de 66.000 clients du
consortium dans le monde, la croissance du marché algérien semble avoir été formidable51.
Dans la perspective de préparer l’opérateur à la libéralisation du marché, le MPT (agissant pour le compte
d’Algérie Telecom) avait lancé un appel d’offres en 2001 pour l’acquisition de 500.000 lignes
supplémentaires. Six entreprises y ont répondu : Motorola (États-Unis), Siemens (Allemagne), Alcatel
(France), Ericsson (Suède), Huawei Technologies (Chine) et Zhongxing Télécom (Chine). En phase de présélection, les deux sociétés chinoises ont été écartées pour « insuffisance de références » 52. Alcatel a remis la
Tarifs de Thuraya : a) coût d’un appareil téléphonique : 82.000 DA, b) frais de mise en route : 25.000 DA, c)
abonnement mensuel : 1.000 DA, et d) coûts des communications de 40 DA/mn pour les appels nationaux à un
autre client Thuraya, à 56 DA/mn pour un appel national au réseau fixe.
52 Ce qui a valu une protestation officielle de Huawei auprès de la Présidence de la République algérienne.
51
26
proposition financière la plus faible, 75 millions €, contre 121 millions € pour Motorola, 184 millions € pour
Siemens et 193 millions € pour Ericsson53.
4.1.3
La transmission de données et les lignes louées
Algérie Telecom exploite un réseau public de transmission de données (DZPAC) de technologie X.25. Au
31 décembre 2001, ce réseau comptait 4.460 abonnés (1960 abonnés au 31 décembre 2000). Cependant, le
nombre de demandes insatisfaites reste élevé et est estimé à 2.000-2.500. Selon la loi, la fourniture de
services publics de transmission de données est ouverte à la concurrence, mais l’exclusivité d’Algérie
Telecom sur la boucle locale la rend impossible. Pour développer des solutions de réseaux d’entreprise, et
soutenir la modernisation des systèmes de communication des entreprises en Algérie, il faudrait accélérer
l’ouverture de la boucle locale. Actuellement, les principaux FSI opèrent leurs réseaux d’infrastructure, mais
la loi leur interdit de connecter les abonnés. Permettre la connexion des abonnés commerciaux par le biais
de systèmes sans fil pourrait certainement soutenir le Programme de Société de l’Information envisagé par
le Gouvernement algérien.
Algérie Telecom fournit aussi une large gamme de lignes louées à des utilisateurs commerciaux et
gouvernementaux. Selon la Loi 2000-03, la fourniture de lignes louées est ouverte à la concurrence, bien que
seuls les opérateurs officiellement titulaires d’une licence puissent l’offrir. En 2002, seul Orascom Telecom
Algérie avait le droit de vendre sa capacité inutilisée à des tiers. Les officiels considèrent actuellement des
options juridiques pour promouvoir la fourniture de lignes louées par d’autres opérateurs tels que Sonelgaz
et TDA.
Services Internet (Djaweb)
C’est au début de l’année 2002 qu’Algérie Telecom a mis en place sa propre plate-forme Internet.
Auparavant, les principaux fournisseurs de service Internet devaient se connecter au réseau mondial grâce à
des liaisons VSAT offrant un débit d’accès relativement limité. La plate-forme dispose d’une capacité de
raccordements de 100.000 abonnés et permet la gestion d’environ 10.000 accès simultanés par RTC. Elle
permet également des raccordements par le biais de liaisons spécialisées. Les 48 wilayas du pays sont
desservis par des points de présence reliés par des liaisons de 8 Mbit/s aux trois nœuds régionaux de
Constantine, Oran et Alger. La plate-forme Internet nationale est reliée via une liaison internationale de 34
Mbits/s.
53
Cet appel d’offres vient d’être annulé par les autorités pour cause d’irrégularités diverses. Un nouvel appel d’offres a
été lancé par Algérie Telecom en octobre 2002 et gagné par Ericsson.
27
Figure 10 : La plate-forme Internet de Djaweb
Architecture du réseau Internet d’Algérie Telecom
8 Mbps
8 Mbps
14 sites
14 sites
ATM 34 Mbps
ALGER
ORAN
8 Mbps
8 Mbps
144 Mbps
ATM 34 Mbps
ATM 34 Mbps
Internet
8 Mbps
Constantine
8 Mbps
17 sites
Source : MPT, Rapport sur la Société de l‘Information en Algérie, 2001.
Un numéro d’appel, le « 1515 » permet de se connecter directement à Djaweb sans recourir à un
abonnement préalable (tarification spécifique). L’accès « anonyme »54 a d’ores et déjà rencontré un franc
succès, et semble avoir abaissé la barrière du coût de l’Internet pour certains abonnés.
4.2
Orascom Telecom Algérie
En juillet 2001, une licence GSM a été attribuée a Orascom Telecom Algérie (OTA) pour un montant de
737 millions de dollars US payable en deux versements dont le premier est intervenu le 24 août 2001, tandis
que le second est attendu en décembre 2003. La banque d’affaires, BNP-Paribas, a assisté le Gouvernement
pour la préparation et l’organisation de la transaction. Entre le moment où les premières estimations avaient été
faites et la date d’attribution, la chute brutale du marché des télécommunications et les difficultés croissantes
d’opérateurs engagés dans de lourds investissements relatifs à l’acquisition des licences UMTS en Europe, ont
rendu la proposition du Gouvernement algérien moins attrayante. En fin de compte, sur les trois opérateurs
pré-sélectionnés (Orascom Telecom, Orange et le consortium Telefonica-Portugal Telecom-Moveis), seuls
deux ont remis une offre. L’ouverture des plis a révélé une différence importante entre les deux offres : 737
millions de dollars US pour Orascom, contre 422 millions de dollars US pour Orange. La stratégie « panafricaine » du groupe est aujourd’hui remise en cause (des filiales en Afrique sub-saharienne sont en vente),
et ses difficultés financières grandissantes hypothèquent son développement y compris en Algérie. Ce qui
compromet sa stratégie de devenir le plus important opérateur en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Orascom Telecom Algérie (OTA) a été constituée dans la foulée de l’appel d’offre. Le capital de la société a
54
Sans identifiant et sans mot de passe mais pouvant facilement s’interfacer avec l’annuaire des abonnés, selon les dires
mêmes des dirigeants de Djaweb.
28
été porté début 2002 de 382 à 412 millions de dollars US, et il serait prévu de l’augmenter de nouveau à 510
millions de dollars US au début 200355.
La société-mère égyptienne (Orascom Telecom Holding) contrôle 53 % du capital d’OTA, 43 % sont
détenus par un consortium (ORATEL)56 réunissant des investisseurs institutionnels sous régionaux et des
investisseurs institutionnels algériens, enfin le groupe algérien Cevital (spécialisé dans l’agroalimentaire)
contrôle les 3,4 % restants. Cevital envisagerait de porter sa participation à 10 %, ce qui lui permettrait de
siéger au conseil d’administration de l’opérateur.
Le cahier des charges imposé à Orascom Telecom Algérie est très volontariste. OTA souhaite atteindre
500.000 abonnés au terme de la première année d’exploitation et couvrir les 12 wilayas les plus peuplées (12
août 2002). Au terme de la quatrième année, OTA devrait couvrir la totalité des communes de plus de 2.000
habitants, les axes routiers majeurs, les aéroports, les ports et les zones économiques et touristiques.
Au 30 novembre 2002, OTA avait raccordé environ 280.000 abonnés, et son service commercial était
disponible dans 16 localités (Alger, Constantine, Oran, etc.), couvrant partiellement le territoire de wilayas
importantes. Les difficultés financières aiguës que traverse la société-mère (Orascom Telecom Holding) et
les remous autour de l’attribution de la licence durant l’été 2002 ne laissent pas bien augurer du futur57.
5
LES AUTRES OPERATEURS POTENTIELS
De nombreux projets visant à déployer des infrastructures de télécommunications sont en gestation. Ils
émanent pour la plupart des grandes entreprises d’utilité publique. Celles-ci souhaitent consolider et
développer les infrastructures mises en place pour leurs besoins propres pour pallier aux insuffisances qui
caractérisent l’offre publique de télécommunications. En partenariat avec l’opérateur public, la Sonatrach
(hydrocarbure), la Sonelgaz (électricité et gaz), TDA (Télédiffusion Algérienne), Air Algérie, ENNA
(Entreprise Nationale de Navigation Aérienne), SNTF (Transport ferroviaire), et ANA (Agence Nationale
des Autoroutes) ont déployé d’importantes artères de transmission en fibre optique ou en faisceaux
hertziens. Au 31 décembre 2001, ces entreprises d’utilité publique totalisaient env iron 6.000 km de câbles en
fibre optique. À ces grandes entreprises s’ajoutent trois ministères (Défense nationale, Santé et Formation
professionnelle) dont les réseaux sont en restructuration.
Dans une entrevue récente publiée par IT Mag No. 1, (Alger, 29 octobre 2002), Lionel Coussi annonçait que AIT
(American Insurance Group) allait devenir actionnaire de OTA avec une contribution totale estimée à 40 millions de
dollars US.
56 Oratel International Inc. est contrôlé par huit actionnaires : Orascom Telecom Holding (15,8 %), Naguib Onsi
Sawiris (24,3 %), Jordan Mobile Telecom Services (24,3 %), Palestinian Commercial Services (18,2 %), Palestinian
Pension Fund (6,1 %), La Luxembourgeoise General Mediterranean Holding (7,3 %), Sheikh A. R. El Jereissy
(1,2 %), and Sheikh A. Sharbatly (2,7 %).
57 L’investissement total d’OTA en 2002 était estimé à 550 millions de dollars US, principalement en fonds propres. En
2003, la compagnie espère trouver des financements auprès des banques locales à la hauteur de ses besoins
d’investissements, estimés à 1,3 milliard de dollars US, y compris le coût de la licence.
55
29
Encadré 7 : Le réseau de télécommunications de Sonatrach
Avec 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 130 000 employés, Sonatrach, le géant pétrolier algérien, première
société africaine et 12ème au niveau mondial, n’avait pas le choix. Face aux insuffisances de l’opérateur public, la
société a commencé à bâtir son réseau interne de télécommunications en 1990. Car les pannes, trop fréquentes et qui
pouvaient interrompre le fonctionnement d’un pipe-line pendant deux semaine, coûtaient trop chers. Grâce à cet
investissement, qui ne représente pas plus de 2 % du coût d’un gazoduc, la compagnie dispose aujourd’hui de câbles à
fibre optique, de 50.000 lignes privées et de 7.000 adresses Internet. Elle est par ailleurs sur le point de mettre en place
plusieurs Intranets, répartis selon les métiers (amont, aval, transport, associés…) et envisage de les relier entre eux. Un
projet complexe, dont il s’agit de définir le périmètre exact en termes d’accessibilité, et qui devrait être achevé en 2004.
Pour le moment, la société ne compte pas faire passer l’ensemble de son réseau en Extranet, mais y songe pour les
entreprises qui appartiennent à son environnement direct (prestataires de services, banques, assurances, sociétés de
transport…). En attendant, pour la maintenance de son réseau, elle fait de plus en plus appel à la sous-traitance.
5.1
Télédiffusion d’Algérie
TDA n’utilise que la moitié de la capacité de transmission dont elle dispose pour la diffusion de la chaîne
nationale de télévision et des quatre stations radio. Elle loue une partie de sa capacité à un opérateur
néerlandais, pour le compte de chaînes de télévision installées dans le Golfe persique. TDA souhaiterait
utiliser la capacité résiduelle pour accueillir de nouveaux opérateurs. TDA est à l’affût de nouvelles
initiatives dans le domaine de l’audiovisuel (chaînes privées, radios locales privées) et de la téléphonie. C’est
dans cette optique que TDA a proposé de fournir des liaisons spécialisées (34 Mbps) à OTA et à certains
fournisseurs de service Internet, ce qui a été refusé par le régulateur.
Le réseau de TDA est composé de 7.200 km de faisceaux hertziens desservant le nord du pays tandis que
100 stations VSAT (dont 50 sont opérées par Algérie Telecom) permettent de desservir le reste du pays.
Actuellement TDA dispose de trois points de présence (POPs) à Alger, Oran et Constantine 58, qui lui
permettent de fournir des liaisons radio spécialisées à 2 Mbps, et dispose d’une bande passante
internationale pour écouler le trafic Internet de 8 Mps pour le trafic entrant et de 2 Mbps pour le trafic
sortant.
5.2
Algérie Poste
Le réseau postal comprend 3.310 guichets dont 1.000 sont connectés à travers le réseau MEGAPAC 59. La
poste algérienne est ainsi la seule institution financière du pays capable d’offrir des services de paiement en
temps réel sur la quasi-totalité du territoire. Les services financiers postaux génèrent plus de la moitié des
revenus postaux et représentent environ 75 % des activités des bureaux de poste. La poste gère également 5
millions de comptes CCP (compte chèque postal) et 3,2 millions de comptes d’épargne pour le compte de la
Caisse nationale d’Épargne et de Prévoyance.
Au niveau international, les principales mutations du secteur postal sont induites par une plus grande
intégration des technologies de l’information et de la communication et une plus grande libéralisation du
marché. Ces tendances ont transformé le service postal traditionnel aussi bien au niveau du courrier que des
services financiers. L’Algérie est également touchée par ces transformations. Les principaux services de
messagerie internationaux (DHL, Federal Express) et les compétiteurs locaux sont déjà en train de gagner
des parts de marché là où l’opérateur historique offre un service de faible qualité, ou ne parvient pas à
répondre à la demande.
58
59
Ces derniers devraient être de l’ordre d’une dizaine à très court terme.
Réseau de communication privé du MPTIC.
30
Le tableau ci-dessous illustre la croissance modeste des recettes postales en Algérie au cours des dix
dernières années. Les perspectives de développement de l’activité postale passent donc par une amélioration
substantielle de l’offre pour susciter une croissance de la demande.
Tableau 4 : Chiffre d'affaires postal , 1990-1999
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
Activités postales 377,2 420,2 941,9 1100 983
1152,5 1762,1 1622,8 1704,3 1668,6
Services financiers
1097,1 1829,6 2122,7 2562,4 2882,5 3100,2 4571,4 5230,4 6369,4 7177,5
postaux
Source : MPT (2001).
Le programme de relance 2001-2004 a ainsi assigné 83 millions de dollars US pour améliorer les
infrastructures postales de manière à renforcer la compétitivité d’Algérie Poste. La nouvelle stratégie de
l’entreprise publique Algérie Poste repose sur une meilleure utilisation des TIC pour améliorer la qualité des
prestations offertes au public.
Le potentiel de croissance des activités de courrier et colis peut être réalisé si des investissements
significatifs sont consentis pour développer les infrastructures et la capacité opérationnelle. L’opérateur
dispose de deux principaux atouts : la capillarité de son réseau de collecte qui lui permet de toucher toutes
les populations y compris celles implantées dans les zones rurales, le portefeuille de sa clientèle utilisant les
CCP.
Algérie Poste pourrait ainsi devenir un des principaux vecteurs pour la diffusion des TIC 60, et notamment
pour la dissémination des points d’accès à Internet 61. Ceci contribuerait à résorber le fossé numérique,
notamment vis-à-vis des communautés rurales, et permettrait à terme l’accès à de nombreux services
gouvernementaux62.
6
LES FOURNISSEURS DE SERVICES INTERNET
Inexistant il y a dix ans, balbutiant et réservé à quelques centres de recherches il y a cinq ans, Internet est en
passe de gagner sa place en Algérie. Certains n’hésitent pas à comparer l’impact d’Internet aujourd’hui au
phénomène des antennes paraboliques à la fin des années 80, lorsque ces antennes sont entrées
clandestinement dans tous les foyers algériens, contribuant à ouvrir la société algérienne sur le monde
extérieur. En 1995, Président Zeroual décide de doter la Présidence de la République algérienne d’un site
Internet, et le Gouvernement publie pour la première fois la loi de finances en ligne. Ces deux évènements
ont contribué au développement de l’utilisation d’Internet.
Avec une densité de 13 internautes pour 1000 habitants, l’Algérie accuse un important retard par rapport
aux pays développés, mais aussi par rapport à des pays voisins comme le Maroc ou la Tunisie. On estime le
nombre d’internautes63 légèrement des connexions se font par le biais des cybercafés dont le nombre est lui
estimé entre 2.300 et 2.400 en mars 2002. Le nombre d’abonnés signalés par les FSI opérationnels est
estimé à environ 60.000 abonnés. Le nombre de sites Internet a augmenté (environ 2.000 en mars 2002) et
l’Algérie dispose maintenant d’environ dix portails.
Développement de plate-formes performantes en matière de logistique pour la livraison du courrier et des colis.
Opération « Internet pour tous », une adresse e-mail pour tous les citoyens.
62 Offre de services sécurisés de paiement électronique pouvant contribuer à limiter l’envergure de la masse monétaire
en circulation sous forme de billets de banque et juguler le développement du secteur informel.
63 Il s’agit du nombre d’utilisateurs d’Internet, et non du nombre d’abonnés à un FSI.
60
61
31
Au début de l’année 2002, la Commission d’agrément des FSI répertoriait 74 fournisseurs de services
Internet, dont seuls une dizaine étaient opérationnels. Plusieurs opérateurs ont sous-estimé l’investissement
et les compétences techniques nécessaires au démarrage d’une activité de FSI. D’autres se sont contentés de
demander l’agrément pour ne pas manquer une opportunité. Enfin, une dernière catégorie se contente de
proposer un service de cybercafés malgré leur statut de FSI64.
Le marché s’annonce prometteur avec des perspectives évaluées à plus d’un million d’internautes fin 2002.
L’infrastructure s’étoffe, avec la mise en service début 2002 d’une plate-forme IP lancée par Algérie
Telecom. Algericom, un fournisseur privé basé à Oran projette également de monter son propre backbone
national et annonce la mise en place d’une plate-forme en mesure d’accueillir 500.000 abonnés. De même,
Télédiffusion d’Algérie a engagé le développement de son propre réseau d’accès à Internet en 2002.
Toutes ces initiatives visent à capter une demande potentielle jugée importante, mais qui reste encore non
satisfaite en raison du coût du matériel et des services de téléphonie, qui est élevé par rapport aux ressources
des ménages algériens65.
Encadré 8 : Djaweb, une concurrence déloyale ?
Outre les difficultés de constitution d’Algérie Telecom, un autre sujet illustre les contradictions de l’État, face à la
dérégulation du secteur des télécommunications. Trois ans après les premiers fournisseurs privés, le MPT lança au
début janvier 2002, son propre service d’accès à Internet. Baptisé Djaweb, ce réseau fonctionne grâce à trois POP
(Alger, Constantine, Oran) et permet l’accès à Internet depuis l’ensemble du territoire, avec 10.000 connexions
simultanées possibles. La connexion se fait sans abonnement, grâce à un numéro simplifié à quatre chiffres, le 15-15.
Djaweb a pour vocation de permettre l’accès au plus grand nombre, notamment dans les zones non couvertes par les
fournisseurs privés. Mais le coût du service reste élevé : 2,04 dinars la minute, soit de 20 à 30 % plus cher que les
autres. Le ministère a anticipé la hausse future du coût des communications téléphoniques locales. La connexion par le
15-15 suscite des protestations véhémentes, chez les FSI agréés, qui n’hésitent pas à parler de « concurrence déloyale »
et réclament, eux aussi, l’obtention d’une numérotation simplifiée 66. D’autres déclarent que « Djaweb n’apporte aucune
valeur ajoutée en terme de services » et pensent que les consommateurs iront au moins cher. Arrivé tard sur le marché,
Djaweb saura-t-il convaincre ? Les ambitions de ses promoteurs sont à peine voilées : faire de Djaweb l’équivalent
pour Algérie Telecom de ce que Wanadoo est à France Telecom.
6.1
Le CERIST
Le Centre de Recherches sur l’Information scientifique et technique (CERIST) fut le premier organisme (et
longtemps le seul FSI) habilité à proposer l’accès à Internet. Fondé en mars 1986, et placé sous la tutelle du
ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le CERIST est un établissement public à caractère
scientifique et technique. Son activité FSI a démarré en 1993 avec seulement huit lignes spécialisées de
faibles débits. À ce jour, le CERIST reste le premier fournisseur d’accès avec 18.000 abonnés actifs.
Son infrastructure comprend une liaison d’accès de 20 Mbits/s vers les USA, plus de 80 points d’accès
répartis sur tout le territoire national, environ 2.000 lignes téléphoniques RTC et 40 lignes spécialisées
(64 kbits/s) pour la connexion de ses abonnés.
Compte tenu de son statut, la direction du CERIST s’interroge sur le devenir de son activité FSI, estimant qu’à présent elle
devrait laisser au secteur privé le soin de poursuivre le développement de l’Internet, et se recentrer sur son métier principal.
L’activité Internet pourrait donc être filialisée et éventuellement privatisée.
La commission d’agrément des FSI a volontairement élargi le champ d’application du décret, afin de ne pas « brider »
les initiatives individuelles. Les candidats se multiplient pour proposer l’accès au réseau, mais peu se préoccupent
aujourd’hui de proposer une offre originale d’informations, de services, ou d’échanges commerciaux.
65 Environ 150 000 dinars tout compris pour accéder à Internet (1.870 dollars US, 2.130 €).
66 L’ARPT (le regulateur local) a récemment octroyé aux FSI concurrents des numéros abrégés similaires, assurant ainsi
l’égalité des conditions de jeu.
64
32
6.2
EEPAD-WANADOO
Née en 1992, l’EEPAD est jusqu’en 1995, un institut de formation continue et de formation par
correspondance. Son promoteur, M. Nouar Harzallah, est un ancien haut-fonctionnaire du Ministère de la
Formation professionnelle. À partir de 1995, l’EEPAD se lance dans l’utilisation des nouvelles technologies
de l’information (vidéoconférence) pour ses prestations de formation. C’est ainsi qu’elle participe en 1996 et
en 1997 aux premières expériences de télé-médecine conduites entre le CHU d’Alger et les hôpitaux Necker
et Cochin à Paris.
En 1998 l’entreprise obtient un agrément de FSI et installe son premier point de présence (POP) à Annaba.
En mars 2001, l’EEPAD signe un contrat de franchise avec l’opérateur français Wanadoo, pour créer
Wanadoo-Algérie. Le contrat de franchise est d’abord conclu pour dix-huit mois. Par la suite, les deux
parties conviennent de constituer une filiale commune dont 25 % du capital est détenu par Wanadoo.
Au niveau de la formation, l’EEPAD a lancé en 2001 une opération baptisée « 50.000 heures pour les
écoles ». Sous la forme de bons d’accès gratuit à Internet distribués dans les écoles, cette opération a connu
un grand succès 67. L’entreprise veut mettre en œuvre une plate-forme d’éducation à distance et espère
connecter de 100.000 à 200.000 abonnés. Elle espère aussi capitaliser sur le développement du commerce
électronique, même si l’absence d’un cadre réglementaire adéquat ne permet pas encore les paiements en
ligne. L’EEPAD emploie 73 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 150 millions de dinars, dont les
ressources proviennent à 60 % de ses abonnés Internet.
Encadré 9 : EEPAD-Wanadoo, le plus grand FSI privé algérien
Avec 18.000 abonnés et un tarif moyen de 30 dinars de l’heure, EEPAD-Wanadoo est actuellement le premier FSI
algérien, à égalité avec le CERIST. Il est le seul aujourd’hui à pouvoir proposer un accès à presque tous les internautes
du pays, avec sept plates-formes installées ou en cours d’installation dans tout le pays. Sa clientèle est constituée à 60 %
d’entreprises (moitié privé, moitié public) et à 40 % de particuliers. Le PDG de l’EEPAD annonce 400.000 connexions
par mois (dont 54 % en France) et un million de pages vues. La société interconnecte également 50 entreprises entre
elles par le biais de lignes spécialisées. Elle mène par ailleurs deux projets avec deux banques (une banque privée,
l’autre publique), pour connecter entre elles les agences sous la forme d’Intranets sécurisés. Parmi les autres
innovations, la société a également lan cé une carte pré-payée, baptisée Cartanet, dont les tarifs commencent à 500
dinars. Trois formules sont possibles : standard, plus ou gold. Vendue dans les kiosques multiservices et les cybercafés, la carte permet de naviguer sur Internet, de disposer d’une adresse e-mail simple ou vocale et même de
construire des pages personnelles.
6.3
GECOS
La société Gecos a été crée en 1994 pour commercialiser et installer les équipements informatiques. En
1997, elle est rejointe par son actuel président du directoire, Younes Grar, qui a quitté son poste de
chercheur au Centre de Développement des Technologies Avancées (CDTA) où il était chargé du projet
Internet. Profitant du vide juridique autour d’Internet, la société lance la commercialisation des
abonnements Internet auprès de quelques opérateurs économiques privés. Une dizaine de quotidiens privés
tentent l’aventure avec Gecos. La prestation est quasi-gratuite, l’objectif est de « changer les mentalités » et
de se faire connaître. En septembre 1997, la société ouvre le premier cybercafé algérien à Alger. Le second
cybercafé ouvrira un an plus tard. Ce sera un succès immédiat, malgré des tarifs élevés (250 dinars de l’heure
et beaucoup de difficultés techniques).
67
Le déploiement à grande échelle de cette opération dépendra des conclusions des pourparlers engagés avec le
ministère de l’éducation.
33
La libéralisation d’Internet en 1998 permet à Gecos de devenir le premier FSI privé à obtenir un agrément.
Mais, les velléités d’indépendance affichées de Younes Grar, ses prises de position tranchées et une audience
certaine dans les médias provoquent des blocages. C’est le cas lorsque Gecos annonce son intention
d’acquérir sa propre station d’émission réception. En mars 2000, le matériel est bloqué plusieurs semaines à
l’aéroport. Le scénario se reproduit en novembre 2001, lorsque la société souhaite implanter une deuxième
station VSAT pour la connexion avec le Canada. Grâce à ces investissements, Gecos est l’un des rares FSI
disposant de ses propres infrastructures d’accès à l’international.
Actuellement, Gecos déclare avoir 10.000 abonnés, dont 3.000 entreprises, et possède 200 cybercafés. La
société assure la connexion Internet de 12 ministères. Elle est opérationnelle dans les quatre plus grandes
villes du pays, couvre 14 wilayas, et s’étend régulièrement. Outre des services d’accès à Internet, la société
propose également la conception de sites Internet et des services de formation. Le capital social de Gecos
est de 25 millions de dinars dont 30 % contrôlés par les groupes Ababou Electronics et Gemed. En 2001, la
société a réalisé un chiffre d’affaires de 80 millions de dinars, et un taux de rentabilité de l’ordre de 10 %.
6.4
BMGI
BMGI International fut l’un des pionniers d’Internet en Algérie. Sa stratégie consistait à développer des
services de contenu et non pas à vendre des accès à Internet. Initialement un bureau d’études dans le
domaine de l’informatique, BMGI s’est intéressé à l’Internet en 1995. Cette année-là, l’entreprise décroche
un contrat de conception des sites de Holdmec68. Dans la foulée, elle enchaîne avec la conception des sites
Internet de Saidal69. Elle obtient l’agrément de FSI en 1998.
En 1999, BMGI crée un site Internet publiant les appels d’offres. Ce site est baptisé : www.business-dz.com.
En 2000, l’activité portail est lancée 70. Pour financer son activité, BMGI intensifie son offre de formation et
propose les premières sessions de formation sur la conception et la maintenance de sites Internet (web
master), ainsi que des séminaires d’apprentissage sur une utilisation efficace d’Internet par les cadres. Elle
réalise un chiffre d’affaires de 12 millions de dinars, emploie une quinzaine de permanents et travaille
également avec deux sociétés de services d’ingénierie informatique (SSII).
7
LES DISTRIBUTEURS D’ORDINATEURS ET PRESTATAIRES DE SERVICES
INFORMATIQUES
Aucune statistique globale et officielle n’existe sur le parc informatique en Algérie. Le Rapport 2001 sur la
société de l’information cite deux sources : la revue Arabies qui estimait en 2001 le stocks d’ordinateurs en
Algérie à 600.000 et les services des douanes qui estimaient quant à eux que 300.000 ordinateurs étaient
importés chaque année en Algérie.
Cette absence de chiffres illustre la faible informatisation de l’économie algérienne. L’administration et les
entreprises algériennes n’ont pas encore amorcé l’informatisation de leurs procédures et gestion. Plusieurs
acteurs du secteur soulignent par ailleurs que l’utilisation de l’ordinateur est encore trop souvent
réduite au traitement de texte. La quasi-inexistence des réseaux locaux dans les entreprises et dans les
administrations montre par ailleurs que l’outil informatique n’est pas encore intégré comme un facteur de
productivité et d’accélération du développement économique. L’absence d’une réflexion ou d’une politique
nationale en matière d’informatisation de l’État, et les remaniements de celui-ci, expliqueraient
probablement la situation actuelle. Diffuser l’utilisation du courrier électronique (e-mail) dans les
administrations serait un premier pas vers une culture de partage de la connaissance, permettant d’améliorer
leur efficacité.
Holding publique du secteur de l’industrie mécanique, qui regroupe 40 entreprises et emploie 36.000 personnes.
Holding des entreprises publiques dans le domaine de la pharmacie.
70 Mais toutes ces activités sont peu rentables, faute de ressources procurées par le web.
68
69
34
7.1
Les principales entreprises publiques
Depuis la dissolution du Commissariat national à l’informatique, en 1975, le secteur de l’informatique a été
restructuré en plusieurs branches, sous la forme d’entreprises publiques. Les principales entreprises
publiques restées actives dans ce secteur sont :
ENIE (L’Entreprise Nationale de l’Industrie Électronique) : cette société est spécialisée dans la
fabrication de produits électroniques grand public (téléviseurs, magnétoscopes, chaînes hi-fi, composants
actifs et passifs). Elle possède conjointement avec l’ENSI, Alfatron, une filiale spécialisée dans l’assemblage
de micro-ordinateurs et l’installation de réseaux d’entreprises. Alfatron est une société au capital social de 39
millions de dinars. Elle dispose d’une unité de fabrication à Oran qui peut fabriquer jusqu’à 50.000
ordinateurs par an. Elle emploie 50 personnes, dont 30 ingénieurs. Certifiée par Microsoft pour l’installation
de réseaux informatiques et par Intel pour l’intégration des micro-processeurs dans les ordinateurs, elle a vu
son chiffre d’affaires augmenter de 70 millions de dinars en 1986 à 350 millions de dinars en 2000.
ENSI (Entreprise Nationale de Systèmes Informatiques) : l’ENSI est une entreprise publique à
caractère économique, dotée d’un capital social de 92,5 millions de dinars. Elle a été transformée en société
par actions en 1988 et fait partie des sociétés qui pourraient être privatisées. Elle est spécialisée en matière
d’études et conseils en entreprises, de développement de logiciels, d’assemblage d’ordinateurs (voir ENIE),
de conception et de maintenance des réseaux informatiques, de formation. L’ENSI commercialise
également les accès à Internet par satellite.
CETIC : créé en 1976, le Centre des Techniques de l’Information et de la Communication est devenue
société par actions en 1983. Elle fait également partie des entreprises privatisables. Le capital social du
CETIC est de 4,7 millions de dinars détenu à 100 % par l’État 71. Le CETIC mène des activités de SSII, de
conseil en organisation et d’audit. La société bénéficie d’un partenariat étroit avec Bull et est le sous traitant
local du cabinet Pricewaterhouse Coopers (PwC). À terme, une prise de participation de PwC dans le capital
du CETIC est envisagée. Le CETIC emploie 100 personnes en permanence et travaille également avec un
réseau de 250 consultants indépendants. Son chiffre d’affaires pour l’année 2000 s’est élevé à 311 millions
de dinars et le résultat d’exploitation a été de 21 millions de dinars.
7.2
Les principales entreprises privées
Bien qu’il n’existe pas de statistiques globales permettant une analyse de la structure du secteur privé dans le
domaine de l’informatique, on assiste depuis quelques années à une prolifération de marques nouvelles et à
la création de nombreuses petites société privées. Celles-ci se consacrent principalement à la distribution du
matériel et de logiciels, et fournissent quelques prestations dans le domaine du conseil, de la maintenance et
de la formation informatique. L’assemblage d’ordinateurs constitue également une activité en forte
croissance. Comme pour de nombreuses initiatives de ce type en Algérie, les promoteurs ne mènent pas
systématiquement d’étude de marché, estimant que l’offre existante ne satisfait pas la demande. King Line
Computers appartient à cette catégorie. L’entreprise a une capacité de production de 300 machines par
mois, et a établi un réseau de distribution bien organisé.
D’une manière générale, la plupart des entreprises du secteur sont de simples représentants de fabricants
étrangers. Les partenariats, notamment industriels, sont rares. Le marché de l’informatique donne le
sentiment d’une certaine confusion : les incompatibilités entre matériels sont fréquentes. Dans le domaine
des logiciels, la piraterie constitue le principal problème. Microsoft Algérie estime que près de 95 % des
logiciels utilisés dans le pays sont piratés. Pour combattre ce phénomène, Microsoft souhaite développer un
71
La direction a proposé une ouverture progressive du capital aux salariés, aux cadres et aux consultants extérieurs,
sans succès pour le moment.
35
partenariat avec les autorités algériennes. Ce partenariat serait articulé autour de prestations d’assistance à
l’informatisation et à la formation du personnel, ainsi que l’intensification des contrôles sur le respect de la
législation en matière de propriété intellectuelle par les autorités.
Dans cette perspective, Microsoft a aussi signé une convention avec le Ministère de la Formation
professionnelle, et est en train d’en négocier une seconde avec le Ministère de l’Éducation nationale. Dans le
prolongement de cette stratégie, Microsoft a soutenu la constitution d’une association des éditeurs et
développeurs de logiciels pour mieux juguler le développement de la piraterie.
Encadré 10 : ALBM ou comment contourner les difficultés locales
Algerian Business Machines, créée en 1995, est une SARL algérienne au capital de 500 millions de dinars. Elle a pris la
succession de l’ancien bureau IBM, qui avait quitté le pays au début des années 90 à cause de la situation d’insécurité.
D’abord concessionnaire quasi-exclusif de la compagnie américaine, ALBM est devenue «business-partner» trois ans
plus tard. Intervenant à la fois dans l’informatique et dans les télécommunications, la société a deux activités
principales en plus de la vente de PC, logiciels et services (elle commercialise les applications de gestion IBM et s’est
également lancée dans l’ERP) et réseaux de télécommunications (certification Cisco et installation de PABX). Ses
clients sont à 80 % dans le secteur public : banques, assurances, industrie, administrations…), mais de plus en plus
aussi elle travaille pour des sociétés internationales qui s’implantent dans le pays (Coca-Cola, Aventis…). Les clients du
secteur privé algérien sont encore rares.
Pour co ntourner la législation algérienne qui ne permet pas aux entreprises de disposer de comptes en devises, ce qui
complique donc leur capacité de répondre à des appels d’offre internationaux, ALBM a conçu un système unique dans
le pays. Elle a constitué une société off-shore avec IBM Europe, qui répond aux appels d’offre à la place d’ALBM.
Cette branche fournit l’essentiel du chiffre d’affaires, soit environ, 6,5 millions €, sous la forme de fournitures
d’équipement. La branche algérienne, elle, réalise un chiffre d’affaires de 200 millions de dinars. Le capital d’ALBM est
détenu à 48 % par son PDG, à 16 % par différents particuliers et à 36 % par les salariés. ALBM emploie 30 personnes,
dont 20 pour le service au client.
Au total, le secteur des services informatiques apparaît comme un marché émergent et peu structuré. En
dehors des quelques sociétés publiques, constituées dans les années 70 après la dissolution du commissariat
à l’informatique, la structure de ce marché se caractérise par quelques dizaines de petites entreprises. Ces
sociétés ne sont pas encore spécialisées mais pourraient s’adapter facilement à la demande des clients.
En conclusion, pour que l’Algérie puisse faire face à l’augmentation de la demande nationale d’infrastructure informatique qui
résultera de la privatisation et restructuration du secteur, il faudrait consolider son industrie. Ceci peut être accompli à travers la
privatisation des entités manufacturières existantes (ENIE, CETIC, SITEL, etc.), parallèlement à des efforts pour attirer les
multinationales étrangères pour établir des usines locales et des bureaux dans le pays. Seule une combinaison de ces deux
approches permettrait au pays d’éviter de coûteux imports massifs de produits TI dans le futur.
8
8.1
LES INTERVENANTS DANS LES MEDIAS DE L’INFORMATION
La presse écrite
Depuis la libération de la presse en 1990, de nouvelles publications sont apparues. Toutes les tendances et
opinions sont aujourd’hui représentées. En 2002, on recensait 184 publications représentant un tirage
quotidien estimé à 1.700.000 exemplaires. La liberté d’opinion exprimée, volontiers polémique vis-à-vis du
Gouvernement, est d’ailleurs frappante
36
Encadré 11 : Les quotidiens, pionniers d’Internet
Ils furent les premiers dans la société civile à investir dans Internet. Sous l’impulsion du président du directoire de
Gecos, Younes Grar, les quotidiens n’ont pas tardé à saisir l’opportunité de l’outil : « sortir » leur édition malgré les
aléas (grève panne de papier, censure)… et montrer leur savoir-faire au reste du monde. Le premier à se mettre en
ligne fut El Watan, rapidement suivi par les autres titres importants. Aujourd’hui, les quotidiens sont très présents sur
le net algérien. Une quinzaine de titres ont leur site, où l’on peut lire gratuitement l’édition du jour et accéder aux
archives. Et les portails ont tous des liens avec l’ensemble des sites de la presse, ou font une sélection d’articles par
thèmes. Dans leur sommaire, de plus en plus de titres développent à présent des pages spécialisées sur le multimédia.
Les fournisseurs de services Internet y trouvent une tribune essentielle à leurs préoccupations ou à leurs
revendications. Certains sujets, comme l’attribution de la seconde licence GSM, occupent une place importante et
contribuent à animer les débats dans la population autour de la société de l’information.
La presse francophone est dominée par quelques journaux quotidiens importants :
•
•
•
•
•
•
El Moudjahid (la voix informée et autorisée du pouvoir),
El Watan (100.000 exemplaires, propriété collective de journalistes issus d’El Moudjahid),
Liberté (150.000 exemplaires, libéral et plutôt proche des milieux d’affaires),
Le Matin (90.000 exemplaires, quotidien d’Alger, la voix d’une partie de l’opposition),
Le Quotidien d’Oran (40.000 exemplaires, de qualité, a rapidement dépassé sa zone d’influence
pour devenir quotidien national),
La Tribune (réputé proche des réformateurs du FLN).
El Khabar est le premier quotidien de langue arabe. Il est tiré à 400.000 exemplaires, de ton indépendant et
très lu. À ces titres s’ajoutent les dépêches produites par l’agence de presse publique l’APS et, depuis peu,
celles d’une agence privée AAI. Si, depuis l’élection du Président Abdelaziz Bouteflika, aucun journaliste n’a
été emprisonné, la loi sur la presse demeure restrictive pour la liberté d’expression des journalistes. Celle-ci
prévoit des «délits de presse » passibles de peines de prison pour « écrits diffamatoires », « insultes » ou
« outrages » envers le Chef de l’État, ou diffusion d’informations « fausses », « alarmistes » ou de nature « à
porter atteinte à la sûreté de l’État »72.
8.2
La télévision et la radio
ENTV, entreprise d’État, est chargée de produire et de réaliser les programmes de la chaîne de télévision
Canal Algérie dont 70 % sont en français et 30 % en langue arabe. Placée sous le monopole de l’État, cette
chaîne est diffusée par Télédiffusion d’Algérie sur l’ensemble du territoire.
Bien qu’il n’y ait pas de mesure scientifique de l’audience, il est évident que la télévision publique souffre de
la concurrence des chaînes transmettant par satellites. 73 % des ménages disposent d’un téléviseur, et la
plupart est également équipée d’une antenne parabolique permettant de capter des centaines de chaînes à
travers des bouquets satellitaires européens et arabes 73. Un marché semi-clandestin de vente de terminaux et
de cartes pirates s’est mis en place depuis deux décennies et se développe rapidement. Au début de l’année
2002, l’achat d’une carte pirate coûtait 2 à 3.000 dinars, contre 40.000 dinars quatre ans plus tôt. Le
rechargement mensuel de la carte coûte entre 130 et 150 dinars. La piraterie est endémique dans ce secteur
et devrait être jugulée. Les recommandations finales suggèrent de moderniser la réglementation et de
renforcer les ressources associées à son application.
72
73
Cette loi doit être révisée depuis trois ans, mais la discussion du nouveau texte est sans cesse repoussée.
Dans son édition du 20 novembre 2002, le quotidien Le Soir déclarait : « L’Algérie a importé durant les neufs
premiers mois de 2002 l’équivalent de 122 million de dollars US en équipement satellite TV, dont l’Allemagne a
fourni 40 millions de dollars US, la France 17 millions, et les USA 33 millions de dollars ».
37
Comme la télévision, la radio est sous le monopole de l’État. Le pays compte quatre stations nationales dont
une en Arabe, une en Français, une en Tamazight (la langue berbère) et une quatrième station, Bejaia, qui
mélange toutes ces langues et diffuse de la musique sur un format plutôt orienté vers la jeunesse.
La revue sectorielle conduite dans ce chapitre permet de situer la nature et l’ampleur des enjeux auxquels
l’Algérie doit faire face pour réussir le développement d’un secteur TIC. L’offre des télécommunications est
globalement insatisfaisante et la demande non satisfaite reste importante. La société et l’économie
algériennes n’ont pas encore amorcé leur informatisation, ce qui risque de ralentir la transition vers une
société de l’information.
38
CHAPITRE 3 : ATOUTS ET DÉFIS
L’Algérie bénéficie de nombreux atouts qui, bien valorisés, lui permettraient une transition rapide vers une
économie de l’information. Cependant, l’histoire récente du pays montre que les difficultés à surmonter sont
importantes. Le présent chapitre présente les initiatives engagées pour encourager l’utilisation des TIC,
passe en revue les atouts dont dispose l’Algérie pour promouvoir un secteur TIC et souligne les différents
obstacles que le pays devra surmonter pour réussir sa transformation en société de l’information.
1
LES INITIATIVES DE DEVELOPPEMENT DES TIC
Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, cite souvent dans ses discours l’importance
stratégique du secteur des TIC dans la politique de modernisation et de développement économique de
l’Algérie. Le 31 décembre 2001, il a par exemple souligné « l’importance des enjeux de la bataille
technologique » à laquelle l’Algérie doit faire face, ce qui implique de « reconstruire progressivement la
société de l’information ».
Plusieurs ministères sont particulièrement impliqués dans l’essor des TIC. Le Ministre de la
Communication, M. Mohamed Abbou, a ainsi rappelé en janvier 2002 l’urgence de « généraliser l’utilisation
des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans divers domaines comme celui de
l’administration publique ».
Encadré 12 : Le réseau Santé Algérie
Lancé en janvier 1999, le réseau Santé Algérie a d’abord été un simple site, avant de devenir un véritable Intranet à
partir de janvier 2002. En cours de développement, il visait à connecter entre eux en 2002 les 13 Centres Hospitaliers
Universitaires du pays (CHU), 15 établissements hospitaliers secondaires (sur 32) et 10 organismes spécialisés sous
tutelle. Piloté par l’Agence nationale de documentation en santé (ANDS), Santé Algérie s’appuie sur une plate-forme
réseau, une dizaine de serveurs (authentification et accès distant, messageries avec interface Internet, systèmes
d’information et bases de données…), une liaison fibre optique avec un support de 34 Mbits/s et 512 liaisons RTC.
Cet Intranet permettra de mettre en connexion les réseaux internes aux établissements hospitaliers. Il cherchera aussi à
promouvoir toutes les fonctions de partage de l’information : connexion à des bases de données centrales et à des
ressources documentaires, messagerie intra et inter-établissements, forums de discussion, élaboration et alimentation
des portails Internet par établissements, formation des utilisateurs… Parmi les projets en cours ou en voie de l’être,
trois directions sont prises : la télé-assistance (aide au diagnostic, aide à l’interprétation des explorations médicales, aide
à la thérapeutique), la veille épidémiologique et le téléenseignement (projet de formation sur la transfusion sanguine).
En matière de télé-médecine, une première expérience concluante a eu lieu entre le 17 et le 19 février 2002 entre
l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille et le CHU de Bab El Oued, avec notamment la transmission d’imagerie
médicale. L’expérience devrait être renouvelée en avril, lors d’un congrès international sur les urgences, et en juin avec
la diffusion en direct, dans un amphithéâtre, d’une opération de neurochirurgie. L’ANDS est par ailleurs le point focal
en Algérie de l’initiative Eumedis en télé-médecine, baptisée Emispher. C’est un projet qui vise à établir, par le biais
d’Internet, un réseau permanent d’établissements hospitaliers et de centres de santé primaire dans le bassin
méditerranéen.
Le Ministre de la Santé et de la Population utilise un autre moyen pour promouvoir l’usage de l’Internet
dans son administration. Il envoie tous ses mémos et répond aux correspondances de ses collègues et de
son personnel par e-mail, et participe directement à un forum de discussions sur le site
www.Algériesanté.dz.
Les Ministères de la Formation professionnelle, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche se sont engagés dans d’importants projets promouvant l’utilisation des TIC. Si l’importance
39
de ces initiatives n’est plus à démontrer, il reste que de nombreuses modalités pratiques pour une intégration
efficace des TIC dans ces branches professionnelles n’ont pas été examinées.
1.1
Les TIC dans l’enseignement supérieur
La stratégie du Gouvernement pour améliorer la diffusion des TIC dans le système d’éducation supérieure
es basée sur trois axes : moderniser l’administration de l’éducation supérieure, promouvoir l’utilisation des
TIC comme soutien à la recherche, et faire des TIC un domaine de recherche indépendant.
Il existe d’excellentes raisons pour les deux premières stratégies de diffusion TIC et leur développement à
travers le secteur de l’éducation supérieure. Les efforts pour moderniser l’administration de l’éducation
auront d’importants bénéfices. Il est prouvé qu’il s’agit là d’un moyen viable d’introduire la culture TIC dans
le secteur à long terme, en plus d’une efficacité améliorée. De plus, la promotion de la connectivité et
l’utilisation de l’informatique dans la recherche et l’apprentissage en éducation supérieure constituent une
approche prometteuse. Ce niveau du système d’éducation est celui qui bénéficiera le plus de l’introduction
des nouvelles technologies, en particulier parce qu’il fournira à terme relativement court l’opportunité
d’exploiter et de contribuer à la recherche et l’apprentissage au niveau global.
Encadré 13 : Les espoirs vers une université virtuelle
Parmi les projets de société de l’information que pilote le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche,
celui du télé-enseignement occupe une place déterminante. En raison de la taille du pays, de régions peu habitées et
mal desservies en services publics, ce concept apparaît en effet stratégique pour mieux diffuser le savoir sur l’ensemble
du territoire. Le projet d’université virtuelle est donc mené par l’Université de la Formation continue, une structure
créée en 1990 et qui accueille près de 50 000 étudiants chaque année. Destinée aux jeunes qui n’ont pas dépassé le
baccalauréat et qui souhaitent obtenir des diplômes de type bac + 3 par le biais de cours du soir, l’UFC pratique déjà
l’enseignement à distance par voie postale depuis trois ans. Elle utilise déjà les TIC dans la diffusion de ses
enseignements, par le biais de son site Internet. Elle est par ailleurs le point focal en Algérie du projet Avicenne de la
Commission européenne, qui vise à connecter des établissements des deux côtés de la Méditerranée, pour des
enseignements à distance par vidéoconférence et, bientôt, par Internet. Mais le projet n’a pas encore abouti en Algérie,
en raison d’une infrastructure téléphonique insuffisante, d’un cadre juridique qui reste à définir, mais aussi d’un projet
pédagogique qui n’est pas encore finalisé.
1.2
Les TIC dans l’enseignement primaire et secondaire
Les 17.000 écoles primaires, 6.000 collèges et 1.300 lycées algériens sont encore peu équipés en ordinateurs,
et ne sont pas encore connectés à l’Internet. Pour la plupart d’entre eux, l’équipement informatique se limite
à un, voire quelques ordinateurs qui servent à la gestion quotidienne des établissements. C’est la raison pour
laquelle les autorités souhaitent accélérer l’introduction de l’informatique et d’Internet dans les écoles et les
lycées. Mais cette introduction devrait aller de pair avec la formation des enseignants à l’utilisation de ces
outils, et reposer sur le développement progressif d’outils pédagogiques spécifiques.
« Tarbianet » vise à promouvoir les TIC dans le secteur de l’éducation à travers une triple action.
Premièrement, il entraîne la modernisation de l’administration du secteur. Ensuite, il se focalise sur
l’éducation à distance. Enfin, il cherche à diffuser les TIC à l’école. Cette dernière initiative consiste en trois
étapes : 1) équiper les écoles avec des ordinateurs et un accès à Internet, 2) former les enseignants à
l’utilisation des TIC pour des besoins pédagogiques, 3) développer le contenu éducatif.
40
Encadré 14 : Des enseignants à convaincre
Considérant la moyenne d’âge du corps enseignant (la moitié des enseignants sont âgés de plus de quarante ans), le
Ministère de l’Éducation nationale s’attend à quelques difficultés pour faire admettre l’arrivée de l’ordinateur dans les
établissements scolaires. Selon le secrétariat général, les professeurs recrutés il y a plus de vingt ans ont un bagage
culturel plutôt faible et, pour la plupart, l’usage de l’informatique leur est totalement étranger. Un gros effort de
formation devra donc être déployé, avec l’appui des sociétés chargées de la distribution des postes, et aussi celui des
wilayas, qui sont prêtes pour certaines à s’y associer. La wilaya d’Alger, par exemple, a déjà commencé en 2000 à
équiper une cinquantaine d’établissements scolaires et à former des « enseignants-relais », intéressés par l’informatique
et susceptibles de sensibiliser leurs collègues. Autre initiative, celle de l’Éducation nationale qui prépare déjà ses futures
troupes aux TIC : depuis 2000, les écoles normales supérieures, qui forment les professeurs de l’enseignement
secondaire, doivent obligatoirement organiser un module de formation aux nouvelles technologies de l’information et
de la communication
Dans le cadre du programme de relance économique, un plan de financement de 3 milliards de dinars, étalé
sur la période 2002-2004, devrait permettre de parvenir à l’équipement de tous les lycées du pays. Ce
programme prévoit l’installation de 20 à 30 postes par établissements, cinq postes pour les bibliothèques.
L’attribution de ces moyens ira en priorité aux établissements scolaires obtenant les meilleurs résultats au
baccalauréat74. À cet effet, le ministère de l’éducation nationale a engagé en 2002, des négociations avec
deux distributeurs locaux (Alfatron et King Line Computer) pour la fourniture des matériels, la formation
des utilisateurs et la maintena nce des systèmes qui seront ainsi installés. Dans le même ordre d’idée, le
Ministère de l’Éducation a engagé le déploiement d’un réseau Intranet pour relier les services centraux du
ministère aux 48 directions des wilayas. À charge ensuite, pour chacune des directions, d’établir la
connexion avec les lycées.
Il existe cependant trois obstacles fondamentaux, qui se recoupent dans une certaine mesure, à
l’introduction des TIC dans le secteur de l’éducation primaire. En tout premier lieu, la création d’une base
de capital humain plus réceptif aux TIC ne dépend pas de la présence ou de l’absence d’ordinateurs, mais
d’abord de la qualité générale de l’instruction. Si l’enseignement est de faible qualité, il conviendrait
d’envisager son amélioration. Il y a peu de preuves que l’introduction de l’ordinateur dans un
environnement d’enseignement peu efficace puisse améliorer les résultats pédagogiques (mais il existe des
preuves du contraire). Des étudiants mieux préparés constitueront une meilleure base de ressources
humaines en phase avec une économie basée sur la connaissance, que des étudiants pauvrement préparés
ayant eu l’occasion de voir des ordinateurs dans leurs écoles.
Ensuite, utiliser le nombre des ordinateurs comme indicateur des progrès envers les TIC est trompeur et
peut engendrer des investissements très élevés avec un fort risque de maigres retours. Des objectifs
uniquement quantitatifs—tels que 20 ordinateurs par école pour l’ensemble du pays—éclipsent les
questions-clés au sujet de leur utilisation et de leur maintenance. Les Algériens prévoient d’installer ces
ordinateurs en premier lieu dans les meilleures écoles. Ces excellentes écoles ont-elles besoin d’une telle
subvention ? D’un autre côté, ces écoles peuvent avoir le meilleur capital humain avec des enseignants
qualifiés et motivés, ce qui augmenterait les possibilités de diffusion et d’utilisation efficace des TIC.
Troisièmement, le coût de l’entretien des infrastructures et du dépassement des barrières institutionnelles est
généralement sous-estimé dans le secteur de l’éducation. L’absence d’arrangements institutionnels
appropriés, d’infrastructure et de capacité à fournir les soutiens techniques est une contrainte clé et coûteuse
pour l’utilisation efficace de l’ordinateur et de l’accès Internet à l’école. L’expérience algérienne de
« l'université virtuelle » est restée limitée en raison du manque d’infrastructure et d’un cadre réglementaire
approprié. De tels problèmes ne seront pas faciles à résoudre dans les écoles primaires et secondaires.
Enfin, le Ministère de l’Éducation a engagé des pourparlers avec la société Microsoft Algérie pour la
fourniture des logiciels et des prestations de formation75. Dans ce programme, la formation des enseignants
et des élèves consistera d’abord en une initiation au fonctionnement et à l’utilisation de l’ordinateur, puis,
74
75
Déjà, en 2001, une opération-pilote a permis d’équiper 150 d’entre eux.
Microsoft propose un forfait de 75 dollars par machine pour ces services.
41
dans un deuxième temps, en l’intégration de l’utilisation des outils informatiques dans la démarche
pédagogique. Une fois que les lycées seront équipés, le ministère compte prolonger l’initiative dans les
collèges, puis dans les écoles primaires. Ce plan d’équipement devra être achevé en 2010.
1.3
Les TIC dans la formation professionnelle
Avec 800 établissements, 937 spécialités enseignées et 4.200 stagiaires formés chaque année, le Ministère de
la Formation professionnelle dispose d’un vaste réseau d’établissements sur l’ensemble du territoire algérien.
Afin d’améliorer la coordination, la gestion et surtout l’échange des informations pédagogiques entre tous
ses établissements, le ministère a engagé la mise en place d’un réseau Intranet.
Baptisé « Intransitif », ce réseau comptera près de 1.000 points d’accès, avec un accès hiérarchisé et contrôlé.
Les capacités de transmission (liaisons louées) et les accès IP seront loués auprès de Djaweb, filiale
commune d’Algérie Poste et d’Algérie Telecom. L’Intranet permettra de véhiculer des programmes de
formation, des informations statistiques ainsi que l’orientation des stagiaires assistée par ordinateur. Le
Ministère a signé en juillet 2001 une convention de partenariat avec Microsoft Algérie pour l’acquisition de
logiciels.
1.4
Les TIC dans la recherche et le développement
Dans le domaine des TIC, on compte une cinquantaine de laboratoires rattachés aux universités ou à
d’autres établissements spécialisés. L’organisme le plus impliqué reste le CERIST. Il dispose de plusieurs
laboratoires : intelligence artificielle, base de données relationnelles, systèmes d’information, recherche et
développement en information scientifique et technique (IST), collecte, traitement et diffusion de
l’Information Scientifique et Technologique, réseaux et serveurs d’information, service audiovisuel et
multimédia. Il emploie 263 personnes, dont 87 chercheurs.
Le Centre de Développement des Techniques Avancées (CDTA), fondé en 1988, est chargé d’effectuer des
travaux de recherche scientifique, de développement technologique et de valorisation dans différents
domaines. Les activités du CDTA ont permis de mettre au point plusieurs innovations technologiques 76. Le
CDTA emploie 245 personnes, dont une majorité de chercheurs.
En ce qui concerne la valorisation des produits de la recherche, deux agences ont été mises en place par les
autorités. L’Agence Nationale du Développement de la Recherche Universitaire (ANDRU) est un
organisme public qui a pour mission d’élaborer, d’initier et d’évaluer les programmes de recherche annuels
et pluriannuels. Elle doit également assurer la valorisation des résultats de la recherche. Elle est secondée
dans sa mission par l’Agence Nationale de Valorisation de la Recherche et des Développements
Technologiques (ANVREDET). Cette dernière met en œuvre la stratégie nationale du développement
technologique et organise la mise en place d’observatoires et de réseaux de diffusion de la technologie.
Concerné depuis longtemps par les questions TIC, le Ministre de l’Éducation Supérieure et de la Recherche
a obtenu pour la période 2001-2004, dans le cadre du programme de relance économique, une enveloppe
budgétaire substantielle pour la promotion des TIC dans le secteur. Cette enveloppe de 6,4 milliards de
dinars se répartit entre six actions prioritaires :
•
•
•
•
•
76
développement de la télé-médecine : 1,1 milliard de dinars,
réseau national pour la réalisation de logiciels : 0,5 milliard de dinars,
équipement des laboratoires pour produire des circuits intégrés : 0,25 milliard de dinars,
vulgarisation de l’enseignement à distance : 1,35 milliard de dinars,
installation de réseaux Intranet et achat de matériels informatiques : 2,4 milliards de dinars,
Développement d’un micro-ordinateur adapté à l’environnement algérien, système d’affichage télévisuel, réseaux
informatiques, robots planaire à quatre axes, système d’acquisition et de traitement d’images, système expert pour le
diagnostic des maladies respiratoires…
42
•
construction d’un centre de production de circuits intégrés : 2 milliards de dinars.
La multiplication des initiatives montre l’intérêt que portent les autorités algériennes au développement de
l’usage des TIC d’une manière générale, et d’Internet en particulier. Le secteur des TIC en Algérie est
aujourd’hui animé par quelques milliers de personnes, privées et publiques. Par leur action de promotion, ou
de « veille technologique » et les débats qu’ils animent dans les médias, ils participent à la diffusion auprès
du grand public du concept de société de l’information. C’est ainsi que de nombreux colloques, séminaires,
salons et conférences de presse se sont multipliés à Alger depuis trois ans77. Certains quotidiens, comme El
Watan ou La Tribune publient quotidiennement une à deux pages sur le secteur du multimédia. L’agence de
presse (APS) diffuse également de nombreuses dépêches sur le sujet.
Outre ces actions de promotion, le CERIST a identifié au début de l’année 2001, plus d’une centaine de
projets de type TIC. De nombreux secteurs économiques sont concernés : agriculture, transports, industrie,
éducation et formation, santé, commerce, culture, tourisme. Mais, cet enthousiasme est relativement mal
canalisé, ce qui ne permet pas de maximiser les synergies entre les différentes initiatives. Il est à espérer
qu’une véritable dynamique pourra maintenant émerger avec la réorganisation du ministère des postes et
télécommunications en ministère de la poste et des technologies de l’information et de la communication.
L’on espère également que des programmes de coopération en partenariat avec des académies de l’OCDE
aideront à promouvoir et à avancer l’agenda de recherche.
2
LES ATOUTS DE L’A LGERIE POUR REUSSIR SA TRANSFORMATION
Cette section analyse succinctement les principaux atouts dont dispose l’Algérie pour développer un secteur
TIC plus robuste. Nous en avons retenu trois : a) une importante demande solvable de consommation TIC,
b) l’émergence d’un secteur privé, encore très fragmenté, dans le domaine des TIC, c) la rente pétrolière. Il
convient de préciser que pour la plupart, ces éléments favorables ne pourront devenir des atouts pour le
développement des TIC qu’avec une volonté politique plus affirmée.
2.1
Demande potentielle (solvable) non satisfaite
Comme cela a été indiqué dans les précédents chapitres, la demande potentielle pour la consommation des
biens et services TIC reste largement insatisfaite en Algérie. L’existence d’importantes listes d’attente en
matière de services téléphoniques (700.000 exprimés pour le téléphone fixe et 500.000 pour la téléphonie
mobile) montre l’ampleur de la situation. De même, l’explosion du nombre d’internautes en moins de trois
années (150.000 en 1999, 400.000 fin 2001, et probablement 1.000.000 à fin 2002) montre une autre
dimension de l’ampleur de la demande potentielle. Le succès des cybercafés, malgré une tarification de la
connexion peu compétitive (entre 50 et 100 DA/heure) montre un réel intérêt de la population. L’Internet
est perçu, selon de nombreux observateurs, comme un élément important d’ouverture sur le monde
extérieur, au même titre que le fut l’arrivée de l’antenne parabolique TV une décennie plus tôt.
Le public algérien réclame de nouveaux services et de nouvelles formes de médias. Cette évolution a bien
été identifiée par Orascom Telecom Algérie lorsqu’il a testé son produit auprès de « focus groups ». Ceci a
été également le cas de la carte pré-payée lancée par Eepad-Wanadoo, dont plus de 10.000 unités ont été
vendues en quinze jours.
Du côté des entreprises et des administrations, la situation n’est pas meilleure. Malgré l’absence
d’information détaillées sur l’équipement des entreprises et des services administratifs en outils de
communication moderne, les besoins sont probablement immenses. Pour preuve, très peu d’entreprises
algériennes disposent de réseaux locaux informatiques et rares sont celles qui disposent déjà d’Intranet. Pour
celles qui disposent d’une connexion Internet, celle-ci reste le privilège de quelques dirigeants et
responsables. L’administration algérienne n’a pas encore commencé son informatisation. Certes, quelques
77
Le Cerist a ainsi identifié une soixantaine d’actions de promotion entre 1999 et 2000. Ces manifestations sont de plus
en plus relayées par la presse nationale.
43
projets sont en cours de réalisation : amélioration de la gestion budgétaire, mise en place d’un système de
compensation bancaire et de télécompensation. Dans leur ensemble, les ministères et leurs extensions
territoriales ne bénéficient pas encore de procédures de gestion informatisée, ni d’utilisation généralisée du
courrier électronique.
La modernisation des administrations publiques nécessitera l’informatisation et la mise en réseaux de leurs
bureaux, ce qui simplifiera les procédures et donnera une meilleure visibilité aux décideurs et gestionnaires
de l’administration publique. Équiper les administrations avec des réseaux locaux, des réseaux de large
couverture et des Intranets permettra d’offrir progressivement des services de gouvernement en ligne, et le
Gouvernement sera en mesure de faire de considérables économies sur son budget et d’améliorer la qualité
de ses services. Cependant, il faudrait éviter d’avoir systématiquement recours à des solutions clé en mains.
Au contraire, une stratégie d’externalisation devrait être conçue, dont le profil et les lignes directrices
devraient être définies dès que possible.
Un processus de modernisation du système administratif devrait reposer autant que possible sur
l’externalisation de certaines fonctions à des fournisseurs de services nationaux et internationaux. Ceci
entraînerait : a) l’externalisation du risque d’obsolescence technologique, b) la transformation des dépenses
de capital en dépenses opérationnelles pour l’administration, c) le soutien au développement de fournisseurs
compétitifs nationaux dans ce domaine, d) la mise au point d’un contenu local en arabe et en français.
Pour les entreprises algériennes, l’enjeu consistera à intégrer l’informatique et Internet dans leurs stratégies
de développement et d’amélioration de la compétitivité. Pour accélérer ces mutations, un certain nombre de
dispositifs incitatifs pourraient être mis en œuvre par les pouvoirs publics, à savoir : (i) faciliter la formation
et le recyclage des personnels à travers des mécanismes de type « fonds à coûts partagés » ; et (ii) éliminer les
tarifs douaniers sur le matériel informatique et de télécommunications importé par les entreprises pour
moderniser leur système d’information et de communication.
2.3
Émergence d’un secteur TIC privé
Les dernières informations recueillies 78 indiquent qu’une importante grappe industrielle TIC est en train
d’émerger en Algérie, avec un important potentiel de croissance alimenté par la libéralisation économique et
les efforts de revitalisation. Les industriels interviewés en Algérie sont optimistes quant à la croissance du
secteur TIC. Ils signalent un important marché en train de se développer dans le pays, avec des commandes
pour la mise en œuvre de projets TIC de plus en plus larges, et une croissance projetée importante pour les
cinq prochaines années. Il existe une demande croissante pour les équipements et services TIC tels que les
installations de réseaux, intégration de systèmes et développement d’applications personnalisées, en
particulier pour les systèmes basés sur l’Internet et les applications en réseau.
Pour 2002, l’offre TIC traitée a été de 1,4 milliard79 de dollars US selon le Rapport ICF déjà mentionné. Les
plus grands segments identifiés produisant des revenus sont : ordinateurs, équipements et services de
télécommunications, électronique et ses composants. Les plus petits sont : progiciels, fourniture de service
Internet, services TI intégrés. Le secteur privé est représenté par de petites entreprises locales et de grandes
marques internationales, les premières se concentrant sur la fourniture de services Internet et TI, et les
secondes impliquées principalement dans l’équipement et les services de télécommunications. Soustraire les
revenus générés par les produits et appareils électroniques fournit une évaluation du marché TIC à environ
700 millions de dollars US en 2002, ce qui est cohérent avec l’évaluation de croissance des résultats de notre
simulation de marché du Chapitre 4.
Les entreprises privées travaillant dans le segment de l’équipement d’ordinateur sont divisés en deux
groupes principaux : les grossistes important et distribuant les grandes marques internationales, et les
78
79
ICF Consulting Group, Algeria ICT Cluster : Inventory and Assessment Report, février 2003.
Ce chiffre est cité par ICF Consulting Group. Il diffère de celui de la simulation de marché du Chapitre 4 pour trois
raisons : a) la définition du secteur TIC adoptée par ICF inclut « électronique et composants », b) l’année de
référence était 2002, c) les évaluations de marché sont basées sur une méthodologie différente.
44
assembleurs locaux d’ordinateurs « clones » Les revenus estimés pour ce segment représentent une
moyenne de 200 millions de dollars US en 2002. Les grossistes comptent sur un large éventail de partenaires
en distribution de détail, parmi lesquels beaucoup de petites entreprises. Les importateurs de systèmes et
périphéraux de marque sont en majorité de petites entreprises familiales. Les fournisseurs de marques
internationales comme IBM, Compaq, HP, Dell, NEC commercialisent entre 100 et 120.000 systèmes par
an, pour une valeur au détail d’environ 60 à 70 millions de dollars US. Les clones assemblés localement
représentent environ 70 % des ventes totales d’ordinateurs, qui se montent à 200.000 par an. Le nombre
d’assembleurs privés locaux est estimé à 10-15, chacun détenant 5 à 10 % du marché80.
La participation en équipements et services de télécommunications reste limitée aux multinationales et
grandes entreprises publiques. Ceci résulte de la stratégie de substitution des importations du pays (ISI)
adoptée dans les années 60 et 70. La ISI visait à créer une base industrielle nationale pour réduire la
dépendance aux importations à haute valeur ajoutée produites par des pays plus développés.
Économiquement, le résultat fut inefficace. L’industrie nationale finit par fournir le marché national à des
coûts plus hauts que ceux des matériels importés de fournisseurs internationaux. Ces coûts furent assumés
grâce aux ressources publiques.
Aujourd’hui, les acteurs privés internationaux 81 fournissent la majeure partie du marché local, à travers leurs
propres bureaux ou bien des partenaires locaux. OTA se distingue comme le premier fournisseur de mobile
du secteur privé. De plus, de plus petites entreprises privées telles que les FSI commencent à faire de petits
investissements dans l’équipement de télécommunications, tels que el s produits de mise en réseaux et
communication par satellite de Cisco.
L’électronique et ses composants représentent un segment de 200 millions de dollars US, où le secteur privé
local est représenté par 25 fabricants/distributeurs dans le pays82. Les principaux producteurs de ce type
d’équipement sont ENIE et ENIEM, deux entreprises publiques.
Les segments plus petits de progiciels, FSI et services TI représentent une part mineure du secteur TIC,
avec des revenus annuels estimés à 50 millions de dollars US. Ce sont les segments où le secteur privé local
est le plus actif et où un certain nombre d’entreprises nationales développent leurs activités 83.
La présence d’entreprises privées locales a augmenté au cours des trois dernières années mais demeure
fragmentée, avec de petites et moyennes entreprises familiales qui peuvent à peine soutenir la concurrence
des grands acteurs internationaux ou des entreprises publiques. De ce fait, la croissance des entreprises
privées locale demeure limitée aux petits segments générateurs de revenus du secteur TIC.
2.4
Rente pétrolière
Les revenus provenant de l’exploitation des importantes réserves en hydrocarbure dont dispose l’Algérie
pourraient faciliter la mise en œuvre du programme de développement de la société de l’information. C’est
probablement dans cette optique que le Gouvernement a décidé la réalisation du projet de parc
technologique d’Alger (Cyberpark Sidi Abdallah). Bien que les contours de ce projet soient encore en cours
de définition, il importe de ne pas baser une stratégie de développement des TIC exclusivement sur les pouvoirs publics. Il
serait par exemple plus efficace qu’une fois le parc technologique aménagé par les autorités, sa gestion
Le principal acteur privé algérien de l’industrie d’assemblage est King Line Computers, d’autres plus petites sont
Microland et Perax. Pour les activités de vente en gros et de distribution, les acteurs principaux sont ALBM (IBM)
et PC Compo (HP, Compaq).
81 Ericsson, Rohde & Schwarz, Siemens, Alcatel, Motorola, Nortel, Huawei, ZTE, Zander et Schlumberger.
82 Le total des biens standards du marché des logiciels en Algérie est estimé à 5 millions de dollars US annuellement,
Microsoft comptant pour 80 % de ce total, et Géni Soft pour 80 % des logiciels achetés par le Gouvernement.
83 Deux entreprises établies localement, Géni Soft et Technosoft, commercialisent des logiciels « biens standards » de
marque, et un petit nombre de start-ups et d’individuels privés avancent à grands pas dans le développement de
logiciels. Pour les FSI, le Gouvernement a octroyé 67 licences privées depuis 1999, et il y a actuellement 10 à 15 FSI
opérationnels. Pour les services TI, les estimations sont de 20 à 25 petites entreprises privées ainsi qu’un nombre de
consultants indépendants. Néanmoins, quatre entreprises publiques en gèrent la majeure partie : CERIST, CETIC,
CNAT et ENSI.
80
45
puisse être déléguée totalement à un opérateur économique privé disposant de l’expérience et du savoir-faire
requis en matière de développement de telles structures. En d’autres termes, la rente pétrolière pourrait
préfinancer des actifs spécifiques facilitant l’amorçage des investissements privés dans le domaine du
développement des nouvelles technologies. Ceci pourrait se faire par le biais de contrats de gestion indexant
la rémunération du gestionnaire aux performances réalisées.
Cependant, on observe généralement que les pays qui sont dotés d’importantes ressources naturelles
éprouvent des difficultés à développer un secteur économique productif. La disponibilité de revenus des
hydrocarbures permet au secteur public d’engager d’importantes dépenses courantes indépendamment de la
véritable économie productive. L’Algérie connaît le même paradoxe, la disponibilité des revenus
hydrocarbures empêchant la mise en oeuvre de réformes critiques. En d’autres mots, si ses investissements
ne sont pas productifs, le pays court le risque de dilapider ses ressources et d’appauvrir les générations
futures.
3
LES PRINCIPAUX DEFIS
De nombreux obstacles devront toutefois être surmontés pour permettre la matérialisation d’une véritable
société de l’information en Algérie. Parmi les plus importants identifiés dans le Rapport du Comité de
Pilotage figurent :
3.1
Inexistence d’une stratégie de développement des TIC
Le constat est clairement établi dans le rapport du Comité de Pilotage sur la société de l’information : « …il
n’existe pas actuellement de stratégie claire et cohérente en la matière. Certes, une multitude de projets sont menés dans différents
secteurs depuis trois ans. Ministères, administrations, organismes publics, grandes entreprises publiques, sociétés privées, tous
ont des intentions affirmées pour améliorer l’équipement informatique, développer les réseaux, généraliser l’accès à l’Internet.
Mais il n’y a pas pour le moment d’inventaire précis et concret de ce qui existe, de ce qui est en cours de développement et de ce
qui va l’être prochainement. Témoin les réseaux d’entreprise : combien y en a-t-il, quelles sont les populations concernées, quel
est leur degré d’interconnexion avec des réseaux extérieurs ? »
De même, aucune étude de marché n’a été entreprise pour connaître le profil des 500.000 internautes
estimés : quel âge, quel profil socioculturel, quel usage d’Internet, quelles attentes de services ? Ce manque
d’information et de vision prospective présente le risque de multiplier les redondances, ou au contraire de
promouvoir des projets isolés et non compatibles les uns avec les autres. L’absence de réflexion sur l’usage
des TIC entraînera immanquablement des frustrations dans toutes les catégories socioprofessionnelles. Le
grand public se contentera probablement d’un accès ponctuel et récréatif à l’Internet dans les cybercafés s’il
n’est pas en mesure de s’équiper progressivement à domicile. Les entrepreneurs courent le risque de ne pas
capter les bénéfices attendus après avoir consenti d’importants investissements pour moderniser leur outil
informatique. Enfin, les décideurs politiques risquent d’être déçus par le très faible impact sur la croissance
et la diversification de l’économie algérienne de gros investissements publics dans le domaine des TIC .
3.2
Cadre réglementaire incomplet
Même si l’environnement d’affaires actuel est porteur d’initiatives individuelles et pourrait soutenir le
développement d’un secteur TIC dynamique, il est cependant clair que l’Algérie a besoin de réviser et de
rationaliser les législations ou réglementations existantes, et devrait promulguer rapidement les décrets
nécessaires au rapide développement d’un tel secteur.
Par exemple, les règles en matière de protection des consommateurs et de respect de l’ordre public peuvent
être transposées à Internet sans une adaptation particulière. De même, la loi protégeant la propriété
intellectuelle et établissant le droit d’auteur s’étend aux logiciels et aux programmes d’ordinateurs84. En
84
Comme dans les législations des pays développés, la reproduction ou l’adaptation d’un logiciel, sans autorisation de
son auteur, est permise pour une seule copie à des fins de sauvegarde.
46
revanche, dans la perspective de développer la société de l’information, des réglementations spécifiques
devront être adoptées85. En particulier, la question de la responsabilité du fournisseur d’accès, lorsqu’il
héberge des sites ou des propos contraires à la loi, devra être éclaircie en concertation entre l’État et le
secteur privé.
De même, la gestion actuelle des noms de domaine national (le suffixe « .dz ») présentent des insuffisances.
Selon les FSI privés, les attributions se font « au compte-goutte ». Le CERIST exige notamment que le site
soit hébergé en Algérie, ce qui incite les promoteurs algériens à enregistrer leurs sites sous des suffixes
internationaux (.com, .net). Le Gouvernement devrait aider l’industrie à réviser le processus actuel de
gestion des noms de domaine. Assurer l’efficacité et la transparence du processus d’allocation de ces noms
est très important aux acteurs industriels (en particulier afin d’éviter le « cyber-squatting »), qui souhaitent
aussi l’établissement d’une organisation indépendante non-gouvernementale qui pourrait se charger de cette
mission. Le CERIST, étant l’un des FSI concurrents, ne peut donc plus être chargé de cette importante
mission de « régulation du marché ».
3.3
Tissu économique peu favorable
Plusieurs insuffisances caractérisent encore le tissu économique en Algérie. Une analyse récente (Banque
mondiale, 2002) détaille en profondeur les principaux goulots d’étranglement caractérisant par exemple
l’environnement des affaires et le développement du secteur privé. Cette section reprend quelques uns des
principaux problèmes soulignés dans cette note, qui sont de nature à influencer durablement le
développement de la société d’information en Algérie.
Si le secteur des PME-PMI représente aujourd’hui 75 % du PIB hors secteur des hydrocarbures, il est
essentiellement constitué de micro-entreprises dont la majorité exerce dans le domaine de l’import-export et
des services. Il s’agit pour la plupart des sociétés en nom propre ou de SARL dont le capital appartient aux
membres d’une même famille. L’ouverture du capital à des investisseurs extérieurs ou aux salariés est encore
relativement rare. L’essentiel des investissements se fait sur fonds propres, ce qui limite les capacités de
développement des structures de production.
La création d’une entreprise demeure un exercice difficile en Algérie, malgré la mise en place d’agences
publiques chargées de faciliter le processus. Par exemple, l’Agence nationale pour le développement de
l’investissement (ANDI) autorise notamment des avantages fiscaux durant les premières années de vie de
l’entreprise 86. Mais les entrepreneurs se plaignent régulièrement des lourdeurs bureaucratiques87 et des
difficultés pour obtenir l’assistance nécessaire à la réalisation de leur projet, ainsi que des difficultés
rencontrées pour l’acquisition de biens fonciers.
L’accès à l’information commerciale est également cité comme un réel obstacle au développement des
entreprises. Les entreprises algériennes éprouvent des difficultés pour : (i) obtenir des statistiques fiables sur
la demande intérieure, (ii) obtenir des informations pertinentes sur les nouvelles technologies disponibles
sur le marché international, (iii) identifier des opportunités d’exportation pouvant être valorisées, (iv)
identifier des possibilités de partenariats et d’alliances avec des entreprises étrangères, et (v) obtenir une
information pertinente sur le cadre réglementaire et législatif encadrant leurs activités. Une utilisation accrue
et efficace des TIC par les acteurs industriels pourrait faciliter le flux de l’information et aider les entreprises
à améliorer leur fonctionnement.
85
86
87
Protection des données personnelles et de la vie privée, élargissement du concept de droits d’auteur »,
« reconnaissance légale de la signature électronique, règlements commerciaux spécifiques pour toutes les parties
impliquées dans des contrats sur Internet, ou mise en œuvre de procédures pénales à l’encontre des pratiques ou
contenus illégaux.
Exonération de l’impôt sur le bénéfice pendant cinq ans, réduction des charges sociales, suppression de la TVA,
exonération des taxes foncières, etc
En juin 2001, la publication de statistiques était significative : 43.000 dossiers étaient en attente à l’APSI (future
ANDI).
47
Le secteur bancaire algérien figure également parmi les « freins » au développement économique et, plus
spécifiquement, à l’essor d’une véritable économie de marché. Le marché bancaire reste dominé par les six
établissements publics, malgré la libéralisation intervenue au cours des années 90 88. Il n’existe pas de
système de compensation interbancaire en temps réel à l’échelle du pays, ce qui ralentit fortement la fluidité
des flux financiers 89. Bien qu’elles disposent de réserves financières importantes, les banques algériennes
prêtent essentiellement aux grandes entreprises nationales opérant dans le secteur industriel. En 1997, les
prêts au secteur privé ne représentaient que 4 % du PIB, contre 51 % en Tunisie.
Selon de nombreuses personnes rencontrées, la possibilité d’obtenir un prêt bancaire pour créer son
entreprise dans le secteur des TIC (conseil ou production en informatique, Internet…) est quasi-nulle, à
moins de disposer de garanties solides et de biens personnels à hypothéquer 90. Les possibilités de
financement, dans les secteurs de production de biens immatériels, sont d’autant plus limitées qu’il n’y a
qu’une seule société publique proposant des financements de type capital-risque (la Finalep). Une autre
société de financement, la Sofinance, est entrée en activité en 2001 mais cible essentiellement des secteurs
« sûrs » comme l’immobilier ou la construction électrique. Enfin, la Bourse d’Alger ne constitue pas une
source de financement91.
Les pratiques des Algériens en matière de moyens de paiement ne facilitent pas la modernisation de l’activité
bancaire92. Le chèque n’a jamais fonctionné, car les commerçants, confrontés à trop d’impayés, les refusent
systématiquement. Quant à la monétique, elle se limite à quelques centaines de cartes de retrait.
Encadré 15 : Les débuts timides de la carte bancaire
Une centaine à la Poste, deux cent cinquante à la Khalifa Bank, d’autres encore chez Al Baraka, la BADR, le CPA…
Les cartes de crédit font une timide apparition en Algérie. Pour le moment, sous la forme de simples cartes de retrait.
Certains affirment même que la plupart des titulaires, s’en servent une fois par mois… pour retirer l’intégralité de leur
salaire. Les deux établissements espèrent dans un deuxième temps, installer des terminaux de paiement chez les
commerçants. Mais, faute de compensation entre établissements bancaires et parfois même en l’absence de réseaux
informatiques entre les agences d’un même établissement bancaire, la monétique reste encore à l’état d’expérience
pilote. Un établissement public spécialisé dans le domaine, la Société d’automatisation des transactions interbancaires
et de monétique (SATIM) devait lancer un réseau monétique fin 2001, en association avec Visa International, mais le
projet a été retardé. Il prévoit l’équipement de 500 commerçants en terminaux électroniques, la distribution de 50.000
cartes et la transmission en temps réel des transferts financiers de compte à compte et de banque à banque. Une
dizaine de banques y seront associées. Algérie Poste a également l’intention d’installer des terminaux de paiement dans
différents points de vente.
Les banques privées (Citibank, Paribas, Société Générale, Arab Banking Corporation, Nantexis) ne sont pas
suffisamment capitalisées pour jouer ce rôle.
89 Des éléments du projet en cours de banque centrale et de système de payement figurent dans le « Project Appraisal
Document » du World Bank Financial System Infrastructure Modernization Project en Algérie, 25 juin 2001, Rapport No.
22475-AL.
90 Les principaux problèmes freinant les performances du secteur financiers, tels que perçus par les entrepreneurs,
sont : a) les crédits ne sont pas alloués sur la base des retours attendus mais plutôt sur les antécédents et les
garanties offertes, b) les nantissements exigés sont excessifs (2 ou 3 fois le montant du prêt), c) procédures
encombrantes et processus de décision centralisés des institutions bancaires, cd) manque d’équipements et de
systèmes informatisés dans les banques, e) le système de paiement très lent (jusqu’à trois semaines pour compenser
un chèque entre banques à Alger, f) les coûts du crédit trop élevés (environ 10 %) et le cycle d’approbation trop
bureaucratique.
91 La Bourse algérienne ne tient qu’une seule session d’échange de quatre titres par semaine, avec un volume total
moyen de transactions de moins de 0,5 million de dollars US. Trois de ces actions émanent d’entreprises étatiques
(Eriad Setif (traitement de boissons et alimentation), Saidal (produits chimiques), Hôtel El Aurassi (hôtellerie) et un
titre de crédit (obligations) de Sonatrach. Les bons du Trésor à long terme sont aussi échangés sur des marchés
primaires et secondaires, à des taux d’intérêt à court terme compétitifs, principalement entre compagnies
d’assurance. Le volume total des échanges est d’environ 350 millions de dollars US (équivalent à moins de 1 % du
PIB), comparé à l’Égypte 28,741 millions de dollars US - (36,8 % du PIB) ; au Maroc 10,899 millions USD (39,1 %
du PIB) ; à la Tunisie 2,828 millions USD (12,9 % du PIB) ; et à la Jordanie 4,943 millions USD (72,2 % du PIB).
92 Les billets et espèces en circulation représentent en moyenne 50 % de la masse monétaire.
88
48
3.4
Formation inadaptée dans le domaine des TIC
La formation dans le domaine des TIC se divise en trois filières : l’informatique, l’électronique et les
télécommunications. Elle se caractérise par : (a) une inadaptation des contenus de formation par rapport aux
besoins du marché, (b) un cloisonnement excessif des filières, (c) des capacités insuffisantes par rapport à la
demande en personnels qualifiés.
3.4.1
L’offre ne satisfait pas la demande
L’Algérie compte 14 établissements universitaires. Le plus prestigieux d’entre eux pour les filières
technologiques est l’Université de sciences et de technologie Houari Boumedienne, dite université de
« Bab Ezouar ». Elle enregistre chaque année, près de 6000 inscriptions dans la filière très prisée de
l’informatique, mais seulement 300 vont jusqu’au diplôme d’ingénieur et 700 se contentent du cycle court de
trois ans.
Pour l’année 1999-2000, le nombre de diplômés pour l’ensemble du pays se répartit comme suit :
Dans le cadre d’un cycle long :
•
•
•
informatique : 1.100 (26 établissements) ;
électronique : 900 (21 établissements) ;
télécommunications : 62 (2 établissements).
Dans le cadre d’un cycle court :
•
•
•
informatique : 8.800 (850 établissements) ;
électronique : 8.000 (720 établissements) ;
télécommunications : 75 (3 établissements).
Les carences semblent particulièrement flagrantes dans le domaine des télécommunications, si l’on songe au
besoin de cadres locaux que devrait générer la dérégulation du secteur et l’introduction de la concurrence
dans les segments de téléphonie fixe et mobile. De même, le nombre de diplômés en informatique est faible
au regard des besoins suscités par les changements en cours.
Enfin, la plupart des institutions de formation éprouvent des difficultés à recruter et à conserver des
enseignants-chercheurs. Chaque année, de nombreux enseignants et jeunes diplômés choisissent de partir à
l’étranger pour y exercer des emplois plus valorisés et mieux rémunérés.
3.4.2
Inadaptation des contenus de formation
Disposant d’une capacité d’accueil limitée, les différents instituts d’enseignement supérieur pratiquent une
sélection sévère à l’entrée. Par exemple, l’Institut National d’Informatique (INI) forme depuis trente ans des
ingénieurs d’état en informatique, avec des promotions de 250 à 300 étudiants par an (15 à 20 % des
étudiants entrant en première année ne vont pas jusqu’au diplôme). Les deux premières années sont
constituées d’un tronc commun pendant lesquelles les étudiants apprennent l’ensemble des langages
informatiques. Les deux années suivantes permettent de se spécialiser dans l’une des deux filières : systèmes
d’information (plutôt orienté conception et développement d’applications) ou systèmes informatiques
(plutôt orienté sur les systèmes d’exploitation et le matériel) 93. La cinquième année est consacrée au stage en
entreprise permettant à l’étudiant de rédiger un mémoire de fin d’études sur un projet en entreprise.
Par ailleurs, il n’existe pas actuellement en Algérie de filières de formation professionnelle dans le domaine
des TIC. La formation initiale constitue l’essentiel de l’offre, et il existe peu d’instituts de formation sur le
93
L’Internet est conçu comme un outil de travail, et n’est accessible qu’aux étudiants qu’à partir de la quatrième année.
La priorité est donnée à la formation scientifique. La gestion représente 10 à 14 % du volume de formation.
49
modèle des « National Information Institute of Technology » de l’Inde ayant permis à ce pays de développer
un pôle de compétence internationale dans le domaine du développement de logiciels.
3.4.3
Cloisonnement des filières de formation en TIC
L’enseignement supérieur dans le domaine des TIC est organisé autour des trois filières : informatique,
télécommunications et électronique. Les passerelles entre ces filières sont encore à construire, même si le
niveau de formation est plutôt jugé satisfaisant par les entreprises. L’absence de liens institutionnels entre les
établissements de formation et le monde de l’entreprise ne favorise guère la professionnalisation des
enseignements. Les informaticiens maîtrisent en général les langages et les différents systèmes
d’exploitation. Mais ils ont souvent une culture peu en rapport avec les attentes et les besoins des
entreprises algériennes.
3.5
Explosion de l’économie informelle et de la piraterie
L’économie « informelle » occupe une place prépondérante dans le fonctionnement de l’économie
algérienne. En raison d’un niveau de vie peu élevé et du fait que les biens manufacturés sont chers et en
majorité importés, la population a une inclination naturelle à se procurer de nombreux produits sur les
marchés parallèles alimentés par la contrebande et le piratage. Ce phénomène est particulièrement marqué
dans le domaine des TIC. Les fausses cartes d’abonnement aux chaînes et bouquets satellites TV peuvent
être achetées au vu et au su de tout le monde, parfois même dans les boutiques officiellement estampillées
par les opérateurs de télévision étrangers. Accessibles pour moins de 4.000 dinars, ces cartes «pirates »
permettent de capter absolument toutes les chaînes payantes, moyennant leur rechargement une fois par
mois.
Tous les produits multimédia sont la cible des pirates (disques laser, cd-rom, logiciels de jeu, cassettes vidéo,
DVD). Les logiciels professionnels n’échappent pas à ce fléau. Les dernières versions des logiciels ou
progiciels sont accessibles pour 2 % du prix de la version sous licence. Face à une telle différence d’offre, les
particuliers et les entreprises n’hésitent pas.
L’arsenal juridique existe, mais apparaît presque impossible à appliquer face à l’ampleur du phénomène.
L’Office national des Droits d’Auteur procède théoriquement à des contrôles, dans les commerces et les
entreprises, mais les poursuites judiciaires sont rarissimes. La motivation du Gouvernement ne semble pas
être effective, malgré les déclarations d’intention. L’enjeu est pourtant de taille. Le marché du multimédia
représenterait près de un milliard de dinars par an, et le manque à gagner pour l’État, sous forme de
taxes non perçues, est considérable.
3.6
Fuite des cerveaux
Certains n’hésitent pas à évoquer un véritable « drame national ». La fuite des cerveaux est un problème
particulièrement présent dans le domaine des TIC. Un pourcentage non négligeable des jeunes ingénieurs
formés en informatique, en électronique ou en télécommunications n’hésitent pas à quitter l’Algérie à la
première opportunité. C’est souvent à l’occasion d’un troisième cycle effectué à l’étranger, ou à l’issue d’un
stage dans une entreprise du pays d’accueil. C’est aussi lors de séminaires de formation ou de colloques
organisés en Algérie, par le biais de contacts avec des représentants de sociétés étrangères.
Même les principaux centres de formation ont modifié leur mode de fonctionnement en préférant favoriser
la formation à l’étranger de doctorants mariés à celle d’étudiants célibataires. Si l’expatriation en France est
moins systématique, en raison d’une politique d’immigration très restrictive, l’Allemagne et surtout le
Canada (en l’occurrence la province francophone du Québec) sont devenus des destinations de prédilection.
Au Canada, la population algérienne est estimée entre 30 et 40.000, soit deux fois plus qu’il y a dix ans. Les
pays du Golfe Persique restent également des lieux d’immigration importants.
Toutes les entreprises, tous les organismes rencontrés lors de cette étude, ont à déplorer plusieurs départs
parmi leurs meilleurs éléments. Pour conserver leurs ingénieurs, les dirigeants doivent adapter le niveau de
salaires. Dans le public, un ingénieur débutant commence à 18.000, voire 20.000 dinars par mois. Mais, dans
50
les entreprises les plus importantes comme la Sonatrach, le salaire peut débuter à 30.000 dinars et grimper à
50.000 dinars en dix ans, en plus d’avantages divers (prêts à taux préférentiels pour l’achat d’un logement).
D’autres, comme le CETIC, systématisent des formules incitatives permettant aux cadres d’atteindre en
moyenne 40 à 50.000 dinars de revenus. Les FSI, comme l’EEPAD, ont ouvert leur capital aux salariés.
Mais, de l’avis de tous, le meilleur moyen pour conserver un bon employé est de lui offrir des perspectives
intéressantes et valorisantes.
3.7
Coûts de l’accès aux TIC
La « démocratisation » de l’accès aux TIC apparaît comme l’un des principaux enjeux pour réussir le
développement du secteur TIC. Car, pour l’algérien moyen, le coût d’accès aux nouvelles technologies est
encore inabordable. Un équipement informatique standard coûte près de cinq fois le salaire mensuel
moyen94. Tout compris, l’accès domestique à Internet (équipement téléphonique et informatique,
abonnement, coût des communications…) est estimé par le Comité de Pilotage de la société de
l’information à 150.000 dinars. Le risque est grand, aujourd’hui, que le « fossé numérique » ne se creuse
entre une classe aisée, urbaine, dotée d’un fort pouvoir d’achat et susceptible d’acquérir des technologies
plus modernes (mobile, ordinateur domestique, accès Internet, carte de paiement…), et le reste de la
population, cantonnée à un usage collectif et épisodique des TIC (kiosques multiservices, cybercafés,
médiathèques). La société de l’information « à deux vitesses » risque également de devenir un souci pour le
secteur privé, avec d’un côté, des grandes sociétés nationales ou privées équipées de leur Intranet et de
l’autre des PME-PMI isolées.
94
Environ 50,000 DA pour un ordinateur sans les accessoires.
51
CHAPITRE 4 : OPTIONS DE DÉVELOPPEMENT DES TIC
Au cours des dernières années, l’Algérie a engagé un certain nombre de réformes socio-économiques lui
permettant d’envisager l’accélération de sa transition vers une économie de l’information. Dans le domaine des
TIC, les autorités ont conçu et mis en œuvre une politique de modernisation et de libéralisation du secteur des
postes et télécommunications. En ce qui concerne le commerce extérieur, des mesures de libéralisation des
importations ont été prises dès le début des années 90. Elles devraient être complétées au cours des prochaines
années par l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne et par l’adhésion à l’Organisation
Mondiale du Commerce. D’autres importantes mesures dites de modernisation socio-économique sont envisagées
ou programmées par le Gouvernement. Cependant, malgré les réformes et les initiatives engagées pour accélérer la
transition vers une économie de marché, force est de constater que le secteur public représente toujours plus de
50 % du PIB, et que les revenus des hydrocarbures représentent 95 % des revenus d’exportation et 75 % des
recettes budgétaires de l’État. La question principale au cœur de la transition vers une économie de l’information
est d’abord celle de la diversification de l’économie et du renforcement de sa compétitivité internationale.
Promouvoir la compétitivité et la diversification de l’économie algérienne suppose l’émergence et le
développement de nouvelles sources de croissance.
L’enjeu est donc de susciter l’éclosion de nouvelles sources de revenus qui permettraient à l’État algérien de mieux
faire face aux fluctuations des cours internationaux du pétrole. La création de nouvelles entreprises est également
nécessaire pour générer de nouveaux emplois dans des secteurs jusqu'à maintenant insuffisamment exploités. La
diffusion massive et l’utilisation effective des TIC ne devraient pas cibler uniquement une industrie TIC 95, mais
aussi l’amélioration des performances des secteurs traditionnels, en les rendant plus compétitifs sur les marchés
internationaux et en améliorant leurs exportations. C’est là le principal paradigme autour duquel devrait se
construire la stratégie de développement des TIC.
La diffusion des TIC générera des besoins en services élargis et améliorés ainsi qu’en logiciels. Dans ces segments,
nous pouvons déjà observer un degré de développement du secteur privé composé de petites et moyennes
entreprises locales 96. Le secteur est encore fragmenté, mais il croît. En propulsant la diffusion des TIC dans
l’administration et dans les secteurs productifs de la société, l’État générera un élan suffisant pour la création de
nouvelles entreprises et pour la consolidation des commerces de service existants.
Encadré 16 : Les TIC dans la gestion du système de budget du Ministère des Finances
Le Ministère des Finances algérien a entrepris un projet (24 millions de dollars US) de modernisation de son système de
budget, avec l’assistance de la Banque mondiale. Une fois complété, ce projet représentera un atout majeur pour l’Algérie dans
son processus de transformation en société basée sur l’information. Le projet vise à standardiser les procédures de budget et
de comptabilité pour aligner la gestion des finances algériennes avec les pratiques de la communauté internationale. Il
comporte deux composants : la modernisation dus système de budget, qui comprend la restructuration des procédures de
dépenses, et la mise en œuvre de systèmes informatisés pour gérer ces processus. Ce qui implique qu’à moyen terme, le MdF
devra s’élargir et s’intégrer avec d’autres ministères techniques, un processus qui améliorera grandement l’efficacité et la
transparence des dépenses publiques du pays.
Actuellement, le projet a mis en route son premier composant. Lorsqu’il atteindra sa troisième phase, le projet générera une
vision définissante le cadre principal et les étapes successives pour l’informatisation du secteur public algérien. Un aspect vital
en sera l’intégration du MdF avec d’autres ministères. Dans ce processus, le Comité de Pilotage et le MPTIC auront un rôle
important à jouer en partageant leur expertise TIC et leur information sur le marché, pour optimiser l’interconnexion des
différents secteurs de l’administration publique.
Source : Service de la Banque mondiale.
95
96
La justification pour cette recommandation se trouve au Chapitre 1, « Perspectives internationales ».
Voir Chapitre 3 « Les atouts de l’Algérie pour réussir sa transformation ».
52
1
SOUTENIR LA COMPETITIVITE DE L’ECONOMIE
Le choix stratégique pour le développement des TIC doit se focaliser autour de leur diffusion et de leur utilisation
effective, ce qui accélérera les mutations souhaitées tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Cette
conclusion, partagée également par le Comité de Pilotage, part du constat que l’économie algérienne bénéficierait
d’avantage des transformations induites par une utilisation massive et efficace des TIC, que de l’émergence d’un
pôle de production dans ce secteur. La transformation de l’économie et de la société proviendra des effets induits
ou effets multiplicateurs 97 découlant d’une utilisation effective des TIC.
Promouvoir les TIC en Algérie ne devrait pas se limiter à une diffusion passive des ordinateurs ou d’Internet dans
les entreprises et administrations. Une telle situation déboucherait simplement sur une importation massive
d’équipements. Il s’agit plutôt de mettre en oeuvre des programmes favorisant l’intégration et l’appropriation des
TIC par les firmes et les administrations algériennes de manière à ce que celles-ci améliorent leurs processus et leur
capacité d’adaptation et deviennent plus efficaces.
Il y a trois raisons principales désignant l’administration publique comme le meilleur canal de diffusion des TIC.
Premièrement, le secteur public dispose des moyens institutionnels, financiers et humains d’entrer dans le
processus d’intensification de l’utilisation des TIC à un coût relativement bas, puisqu’il est déjà équipé de
nombreux ordinateurs dans les différents niveaux de ses gouvernements central et locaux. Cette infrastructure
n’est pas encore en réseau, mais certaines institutions se sont quand même déjà engagées dans le processus
d’intensification. Il faudrait maintenant concevoir un schéma pour y intégrer progressivement d’autres institutions.
Ce schéma devrait explicitement inclure des cibles et résultats basés sur les performances, puisque les TIC
permettent facilement les mesures d’impact et de résultats.
Deuxièmement, les employés du secteur public sont le segment de la population qui peut compter sur un revenu
stable. L’intensification de l’utilisation des TIC dans le secteur public exposera une large proportion de la
population aux bénéfices de ces technologies, et très vite les familles des employés publics viendront d’ellesmêmes à l’utilisation des TIC. Avec leurs revenus modestes mais stables, les employés publics sont donc la
population-cible de préférence.
Troisièmement, l’introduction des principes et pratiques de gouvernement en ligne pourrait être le facteur
catalysant d’un important changement culturel. L’administration en ligne permettrait une plus grande transparence
dans les processus de décision et renforcerait l’efficacité du système administratif à travers une meilleure
supervision de ses opérations. L’administration en ligne aiderait à bâtir les fondations d’un véritable changement
culturel dans la perception de l’État par les citoyens et les entrepreneurs. Le Gouvernement algérien devrait ainsi
lancer un éventail de projet-pilotes en vue non seulement de créer une conscience collective, mais aussi de donner
un signal irréversible de bon gouvernement.
Trois étapes pourraient caractériser cette mutation. La première serait de rendre disponibles en ligne les
procédures et les formulaires administratifs dont ont besoin les citoyens et les entreprises dans l’exercice normal
de leurs activités. La seconde pourrait être de permettre le dépôt électronique des requêtes et formulaires, même si
le service final escompté pourrait encore nécessiter des évaluations complémentaires ou des compléments
d’information avant la décision finale de l’administration. Enfin, la troisième étape permettrait la demande et la
délivrance électroniques de certains services offerts par l’administration.
Il va sans dire que l’impact social d’un tel programme restera limité tant que la connectivité des ménages et des
entreprises restera insuffisante. Des efforts devraient donc être engagés en vue de promouvoir la connectivité des
entreprises, des administrations et des ménages pour maximiser les retombées sociales de ce programme.
97
Ces effets se manifestent à travers des gains de productivité, la réduction des coûts de transaction et la création d’activités
nouvelles.
53
Dans le cas des services des impôts du Chili, l’utilisation des TIC a permis l’amélioration de la relation de service
entre l’administration fiscale et les contribuables (personnes physiques ou morales). Le fait de permettre aux
contribuables d’accéder en ligne à une information fiscale complète et fiable, puis le fait de leur avoir donné la
possibilité d’effectuer des transactions fiscales électroniques s’est traduit de part et d’autre par une redistribution
de gains de productivité. C’est cet effet multiplicateur qu’il convient de maximiser.
Encadré 17 : Exemple d’un projet réussi de gouvernance électronique : déclaration fiscale sur Internet
au Chili
L’administration chilienne des taxes, le Servicio de Impuestos Internos (SII), a donné la priorité au
développement d’un service en ligne de déclaration d’impôts, et est depuis devenue un modèle d’adoption et
d’appropriation d’Internet au Chili. De même qu’il s’est imposé comme le leader incontesté du processus de
modernisation du secteur public devenant ainsi qu’une référence pour d’autres institutions publiques. Cette
année, plus de la moitié des informations déclarées par les employeurs et un quart des déclarations
d’impôt sur le revenu du pays ont été effectuées en ligne.
Internet a permis au Gouvernement Chilien de rationaliser le processus de déclaration d’impôt, processus qui par
le passé était réputé très bureaucratique. La rationalisation a surtout consisté à réduire substantiellement les
risques de fraudes fiscales et d’erreurs par la fiabilisation des bases de données. Le coût de traitement a été
significativement réduit dans la mesure où il y a moins de personnes impliquées dans l’évaluation des
déclarations, et qu’il n’y a plus de transfert physique de documents fiscaux.
Le site Internet du SII assure deux fonctions clés : (i) permettre aux contribuables de communiquer avec
l’administration fiscale dans le cadre de leur déclaration d’impôt, (ii) mettre toute l’information sur la
réglementation fiscale à la portée des usagers de l’administration. Le système permet également aux utilisateurs de
consulter les informations personnelles se rapportant à leurs revenus fiscaux telles que fournies à l’administration
par des organismes tiers tels que les banques ou leur employeur et les autres entreprises. L’accès à cette
information confidentielle est protégé par un code personnel, et permet au contribuable de vérifier la fiabilité des
données contenues dans son dossier fiscal. En assurant une confidentialité totale à ces données fiscales, le SII
souhaitait bâtir une relation de confiance avec ses usagers.
Selon une étude réalisée en 2000, quelques 860.000 personnes avaient accès à Internet. Il était estimé que 85 %
de ce chiffre, soit quelques 734.000 sur les 2 millions de contribuables (individus ou entreprises) que
compte le Chili avaient utilisé ce système. Le site Internet du SII est ainsi devenu l’un des sites les plus
visités dans le pays. Les usagers institutionnels (employeurs, banques et autres entités) ont généré 57,5 % des
713,282 dossiers reçus en 2000, contre 4,2 % en 1998. Plus de 94,9 % des déclarations fiscales rendues par les
entreprises étaient faites électroniquement en 2000 contre 40,5 % en 1998. Le niveau d’acceptation par les
contribuables individuels a été un peu plus lent, avec seulement 25,7 % des déclarations rendues en ligne en 2000.
Ceci représente une augmentation de 523 % par rapport à 1999. Ce dernier chiffre s’explique également par le fait
que seule une faible proportion Chiliens déclarent leurs revenus ex post dans la mesure où dans la majorité des
cas, les impôts sont retenus à la source.
Source : Liselott Kana et Fernando Barraza, « Taxing Time for E-government », Observateur OCDE, juin 2001.
2
SOUTENIR LA DIVERSIFICATION DE L’ECONOMIE
Le secteur des hydrocarbures compte pour 30 % du PIB de l’Algérie, plus de 95 % des revenus d’exportation, et
75 % des revenus fiscaux, mais ne contribue directement à la création d’emploi qu’à 3 %98. Pour réduire le
chômage, la croissance devrait se baser sur la diversification des secteurs non-hydrocarbures, conduits par les
industries et services à labeur intensif capables de faire concurrence sur les marchés ouverts.
La diversification de l’économie sera d’autant plus difficile à réaliser que les entreprises algériennes n’y sont pas
préparées (actionnariat inadéquat, et non adoption des pratiques modernes de gestion). Les entreprises algériennes
ne disposent pas d’avantages concurrentiels spécifiques en dehors du domaine des hydrocarbures. Dans les
secteurs traditionnels (textiles, cuir et peaux, industries mécaniques, agro-industries, etc.), elles éprouvent des
98
Banque mondiale, A Medium–Term Macroeconomic Strategy for Algeria, 2002.
54
difficultés importantes à affronter la concurrence internationale. Le tourisme présente certes des potentiels
importants à valoriser, mais ceci n’a pas pu l’être compte tenu de la situation sécuritaire et de l’insuffisance des
infrastructures d’accueil.
Encadré 18 : Comment les TIC ont transformé
l’Irlande
Il y a juste une centaine d’années, l’Irlande souffrait l’un
des plus durables et sévères cas de pauvreté chronique
en Europe. Seuls 3,5 millions d’Irlandais vivent dans le
pays alors que 70 millions d’Irlandais ont émigré partout
dans le monde.
Dans les années 60 et 70, la stratégie de développement
économique fut modifiée. Au lieu de laisser ses
nationaux émigrés vers les pays où il y avait du travail,
l’Agence irlandaise de Développement (IDA) essaya
d’attirer d es investisseurs étrangers en Irlande. IDA
offrit des prêts et taxes préférentiels aux entreprises
industrielles s’installant à Shannon et Dublin. Cela
semblait être une stratégie raisonnable, mais cela ne
fonctionna pas. Les entreprises américaines et japonaises
préféraient installer leurs opérations européennes à
Glasgow, Wales, où ailleurs sur le continent.
Puis dans les années 90, les irlandais changèrent de
nouveau leur stratégie. Plutôt que de courtiser les
entreprises manufacturières, ils ciblèrent le segment des
services, reconnaissant l’énorme avantage concurrentiel
dont ils disposaient, à savoir : une population
travailleuse, intelligente et anglophone. En partie grâce à
leur adhésion à l’Union européenne, ils supprimèrent les
restrictions au commerce, à l’immigration, et
développèrent les réseaux de télécommunications, mais
sans imposer comment ces infrastructures devraient être
utilisées. Les compagnies américaines d’assurance
installèrent rapidement les opérations de traitement des
réclamations, afin de profiter des créneaux horaires
différents entre les USA et Dublin. Ce type de services
devint si populaires que 2.500 firmes américaines
transférèrent une partie de leurs opérations à Dublin.
Elles créèrent 250.000 emplois. En même temps, il
existe plus de 600 firmes irlandaises de logiciels, et
cinquante à soixante nouvelles entreprises qui démarrent
leurs activités chaque année.
Beaucoup pensent que ce remarquable changement est le
résultat des exonérations d’impôts et autres incitations.
En réalité, il a été atteint grâce à la remise à plat de la
stratégie de développement de l’industrie irlandaise pour
tirer parti du continent invisible. Les racines de la «re
conception »
remontent
à
1982,
lorsque
le
Gouvernement
engagea
Ira
Magaziner
pour
recommander une politique qui prit forme dans les
années suivantes lorsque le Gouvernement affina ses
idées et les mit en oeuvre.
Tandis que l’Europe se constituait en une seule région
avec une seule devise, l’Irlande devint un pôle
électronique pour le nouvel « Euroland », identifiable par
le Centre de services financiers de Dublin localisé dans
un complexe re-développé, Dockland ; ceci n’est pas un
centre de traitement bancaire comme à Londres, mais un
centre d’opérations d’arrière-guichet.
La croissance de l’économie irlandaise passa d’abord à 67 % au milieu des années 90, jusqu’au chiffre sans
précédent de 10,5 % en 1998. L’ Irlande a su rattraper
150 ans de retard de développement industriel pour
sauter dans une économie de réseau. Pour mieux faire
comprendre cette approche de pôle électronique, voici
les étapes entreprises par l’agence IDA du gouvernement
irlandais :
•
Déploiement d’un backbone Internet à haut débit
reliant l’île à plus de 24 villes européennes, les USA
et l’Asie, et permettant de réduire les coûts de
communications ;
•
Développement d’un parc technologique national
de 100 hectares et d’un campus sur le commerce
électronique à City West, avec une infrastructure de
télécommunications à haut débit ;
•
Mise en place d’une fiscalité incitative pour les
entreprises au taux de 12,5 % d’impôt sur les
sociétés ;
•
Introduction d’une législation pour assurer la
validité de la signature électronique.
Adapté de Kenichi Ohmae (2000), pp. 119-121.
En dépit de la libéralisation du commerce extérieur, les exportations algériennes en dehors du secteur des
hydrocarbures ne représentent pas plus de 10 % de la valeur des importations, et seulement 4 % du total des
exportations algériennes. La plupart des exports sont des produits de base (huile d’olive, poisson, sel, couscous,
pâtes, jus de fruits, et quelques textiles). En général, le manque d’exposition aux exigences des marchés étrangers
représente l’un des plus importants défis affrontés par les entreprises algériennes qui souhaitent se développer à
l’exportation. En effet, seules 21 entreprises algériennes étaient certifiées ISO 9000 en décembre 2001. Par ailleurs,
55
le coût de la main d’œuvre en Algérie reste peu compétitif par rapport à d’autres pays en transition. Ce qui entrave
encore davantage la compétitivité internationale des produits manufacturés en Algérie 99.
Encadré 19 : Vision de développement des TIC au Costa Rica – Bâtir un consensus politique
Le Costa Rica exporte plus de logiciels par habitant que tout autre pays d’Amérique Latine. Deux récentes décisions de l’entreprise Intel ont
contribué au développement de l’industrie nationale dans ce domaine. Premièrement, Intel décida d’investir dans un centre développement
de logiciels pour ses besoins et pour contribuer à la conception de semi-conducteurs, dépassant les limites d’une ancienne usine
d’assemblage et tests. Deuxièmement, à travers son fonds de capital-risque, Intel investit dans l’une des entreprises de logiciels les plus
prometteuses du pays. La présence de centres de recherche, de formation internationalement reconnus a renforcé ces activités.
Comment le Costa Rica a-t-il atteint un tel succès?
L’engagement de longue date du pays à développer son système éducatif fut un facteur critique. Mais les qualifications humaines, bien
qu’importantes, devaient être consolidées par d’autres facteurs. Après la crise économique au début des années 80, il devint clair que le pays
devait abandonner la substitution d’importation. Alors il misa sur la promotion des exportations (et augmenta son accès au marché
américain) à travers deux systèmes d’incitations fiscales.
• Un système de zones de franche permit aux entreprises d’importer tous leurs équipements et ressources exonérés d’impôts, et sans impôts
sur le revenu pendant huit ans. Ce système devint la clé pour attirer les multinationales de haute technologie.
• Pour aider les entreprises nationales à mieux s’orienter vers l’export, il leur fut donné un répit sur l’impôt sur le revenu, le droit d’importer
des équipements et fournitures exonérés d’impôts, et une subvention égale à 10 % de la valeur de leurs exportations. Cette subvention
devait compenser les exportateurs pour les carences des services publics tels que les ports, l’électricité et les télécommunications et pour les
coûts élevés des services financiers offerts par les banques et les assurances.
Vision de développement des TIC
Le nouveau modèle a été soutenu depuis le début par le Costa Rica Investment and Development Board (CINDE), une organisation privée
à but non lucratif fondée en 1983 par des entrepreneurs, et était soutenue par le Gouvernement puis financée par des dons. Son but en
général était de promouvoir le développement économique et d’attirer l’investissement étranger direct.
Au début des années 90, le CINDE réalisa que le pays allait perdant sa compétitivité dans les industries basées sur le travail non qualifié et
que l’Accord américain de Libre Échange (NAFTA) allait donner au Mexique un meilleur accès au marché américain. Il décida alors de
concentrer ses efforts pour attirer l’investissement seulement dans les secteurs pour lesquels le Costa Rica disposait d’avantages
concurrentiels. Il choisit l’électronique et les activités dérivées, industries croissant rapidement et qui requéraient une main d’œuvre qualifiée.
Pendant ce temps, Intel commençait à chercher un endroit pour une usine d’assemblages et tests de puces électroniques. Le CINDE fit
campagne pour le Costa Rica, et en 1996 Intel décida d’y installer son usine.
Le Costa Rica bénéficiait d’une bonne stabilité politique et sociale , d’un bas niveau de corruption, d’un niveau relativement libéral de
réglementations sur le commerce international et les flux de capitaux ; d’une force de travail relativement bien éduquée et techniquement
qualifiée mais peu chère avec un niveau d’anglais acceptable ; d’un environnement « pro-affaires » avec une attitude favorable envers
l’investissement direct étranger ; d’un bon ensemble d’incitations ; et d’une bonne localisation et logistique de transport.
•
•
•
Les efforts grandissants du pays pour attirer l’investissement direct étranger donna de la crédibilité au fait qu’il possédait les ressources
dont Intel avait besoin.
Une agence de promotion de l’investissement étranger dynamique, efficace et expérimentée (CINDE), avec des relations au
Gouvernement, arrangea des réunions fructueuses entre les dirigeants de Intel et les autorités publiques.
Le Gouvernement comprit l’importance d’un investissement Intel dans le pays. Le Président rencontra les dirigeants d’Intel et
encouragea le reste du Gouvernement à appuyer Intel.
Retombées de bénéfices
L’investissement Intel eu un fort impact sur la capacité du Costa Rica à attirer d’autres investissements directs étrangers et sur la
compétitivité générale des industries nécessitant des qualifications intensives. La réputation d’Intel pour sa rigoureuse sélection des sites
industriels incita d’autres entreprises à investir dans le pays.
Intel a aussi contribué en formant sa propre force de travail et en soutenant les universités locales. L’Institut Technologique du Costa Rica
(ITCR) a gagné le statut de « Intel Associate » et propose plusieurs nouveaux programmes de diplômes.
La présence d’Intel a aussi accru les opportunités d’affaire dans le domaine de l’ingénierie et d’autres domaines techniques. À l’ITCR, les
inscriptions d’étudiants en ingénierie augmentèrent de 9,5 % en 1997 à 12,5 % en 2000.
99
Sur un total de six segments de fabrication analysés par une équipe de la Banque mondiale (A Medium–Term Macroeconomic
Strategy for Algeria, 2002), l’Algérie a le coût le plus élevé par unité de travail dans quatre segments (acier-machinerie,
produits chimique-caoutchouc-plastiques, cuir et chaussures et bois-papier-meubles) et un coût moyen pour les deux
autres segments (textiles-confection et alimentation-boisson-tabac).
56
Aujourd’hui le pays suit une stratégie qui semble jouir du fort soutien des promoteurs économiques : reconnaissance du besoin de libéraliser
les télécommunications, d’améliorer l’infrastructure à travers la participation du secteur privé, d’augmenter la protection des droits de
propriété intellectuelle et d’améliorer l’accès aux pays étrangers à travers les accords de libre échange avec des pays comme le Canada, le
Chili et le Mexique. Certaines réformes se sont heurtées à des résistances et ont suscité des réactions de désaccord – toutes faisant partie
d’une politique de débat dans une société pluraliste.
Source : Rodríguez-Claire 2001, PNUD (2001b).
Le secteur facilitera la création de nouvelles sources de croissance en dehors du secteur des hydrocarbures. Une
diffusion des TIC accélérera la transformation de l’économie en permettant aux secteurs de fabrication et de
services de mieux satisfaire la demande nationale et internationale.
Un tel processus pourrait donner le coup d’envoi au secteur TIC. En effet, ce secteur représente généralement
entre 4 et 8 % du PIB dans les pays les plus avancés où la transition vers une économie de l’information a été un
succès. En Algérie, les revenus du secteur TIC représentèrent approximativement 478 millions de dollars US en 2000,
soit l’équivalent de 0,8 % du PIB. Il s’agit là d’une grossière évaluation du marché, fournie pour illustrer le propos.
Elle provient des hypothèses suivantes :
•
•
•
•
Les revenus des services de télécommunications en 2002 se montaient à environ 300 millions de dollars US
(principalement le chiffre d’affaires d’Algérie Telecom pour ses revenus de services de télécommunications) ;
Le segment des télécommunications et équipement TI, qui est relativement bien développé et diversifié 100 en
Algérie, a généré un chiffre d’affaires estimé à 151 millions de dollars US. Pour obtenir ce chiffre, on a
supposé que les télécommunications et l’équipement TIC représentaient environ 35 % du chiffre d’affaires
généré par le secteur de fabrication d’appareils électroniques et de télécommunications, qui était de 32,327
millions de dinars ou 431 millions de dollars US en 2000. Cette estimation est très conservatrice et ne prend
pas en compte la consommation d’équipement TIC.
Le segment des logiciels est plus difficile à évaluer, en particulier à cause des proportions de la piraterie, qui
affecte 95 % des logiciels installés en Algérie, selon les estimations. Néanmoins, plusieurs acteurs du secteur
évaluent ce segment du marché à 20 millions de dollars US en 2000.
Le segment du service d’information est évalué à travers les activités des FSI. En 2000, seuls quelques FSI
étaient opérationnels (CERIST, GECOS, EEPAD et BMGI), et ont généré environ 5 millions de dollars US
de chiffre d’affaires.
Ce chiffre diffère de celui cité au Chapitre III par le groupe ICF Consulting pour la raison suivante. Notre
définition du marché TIC, qui est conforme à la définition de la Commission des Communautés européennes,
diffère de celle adoptée par ICF (la définition standard OCDE) en ce qu’elle exclut les « appareils et produits
électroniques », un segment qui représente plus de la moitié du secteur TIC total dans les projections d’ICF. Si l’on
soustrait les revenus générés par les appareils électroniques, notre projection pour 2002 devient cohérente avec
celle d’ICF.
La distribution des revenus présentée ci-dessous indique clairement que le secteur TIC en Algérie en est au tout
premier stage de son développement. L’équipement et les services de télécommunications représentent environ
95 % des revenus générés contre 75 % sur les marchés matures. L’un des objectifs du programme de société basée
sur l’information devrait donc être de rééquilibrer la structure du marché TIC, en développant les services
d’information et les produits logiciels.
100
CATEL produit des câbles de télécommunications (cuivre) et prévoit de lancer la production d’un câble de fibre optique.
ENTC fabrique des appareils téléphoniques PABX et fournit aussi des services de télécommunications et de maintenance
à des clients commerciaux. Sonatite fournit des services d’installation et de maintenance et reçoit souvent des contrats
d’Algérie Telecom pour installer de nouveaux commutateurs et systèmes de transmission publics. SITEL, société à
risques communs avec Ericsson et d’autres entreprises publiques, assemble des commutateurs digitaux AXE 10 et a fourni
95 % des échanges installés en Algérie. En ce qui concerne les TI, de nombreuses entreprises locales assemblent des
ordinateurs personnels (Alfatron, Kingline Computer, etc.).
57
•
•
•
•
Télécommunications ou services de télécommunications
Télécommunications et équipement TI
Services d’information
Produits logiciels
63 %
32 %
1%
4 %.
Une fois la libéralisation des télécommunications devenue effective, et avec une mise en œuvre réussie du
programme de société basée sur l’information, le secteur TIC s’élargira rapidement. Pour évaluer son envergure,
les suppositions suivantes ont été faites :
•
•
•
•
•
•
•
•
Taux de croissance démographique déclinant de 2,8 % en 2000 à 2,4 % en 2007 ;
Taux de croissance des lignes fixes en baisse : de 7 % en 2002 à 2 % en 2007, reflétant l’effet de
substitution du service fixe pour le mobile ;
Trois opérateurs mobiles (Algérie Telecom, Orascom Telecom Algérie, et GSM) opérationnels durant la
période, permettant l’augmentation de la concurrence des prix et une formidable diffusion du service ;
Baisse progressive du taux de croissance mobile de 150 % en 2003 à 40 % en moyenne en 2007 ;
Revenu moyen par ligne fixe augmentant de 150 dollars US en 2001 à 197 dollars US en 2007, reflétant le
rééquilibrage des tarifs d’Algérie Telecom ;
Baisse du revenu moyen par abonné mobile de 360 dollars US en 2001 à 237 dollars US en 2007, due à
l’augmentation de la concurrence ;
Taux de croissance moyenne du PIB de 3 % par an durant la période ;
Revenus des services de télécommunications baissant de 63 % en 2000 à 59 % en 2007 et de 32 % à de
29 % pour les équipements TI et de télécommunications, tandis que les revenus des produits logiciels
augmentent de 4 % à 8 % et ceux des services d’information de 1 % à 3 %.
3
RESULTAT DE LA SIMULATION DU MARCHE DES TIC
La télédensité mobile augmentera donc de 0,32 % en 2001 à 5,6 % en 2004 et à 13,6 % en 2007. De même, la
télédensité fixe augmentera légèrement de 6 % en 2001 à 6,8 % en 2007. L’amélioration des services aux abonnés
commerciaux (lignes louées et autres services commerciaux) sera le principal moteur de croissance des services de
lignes fixes.
Le nombre d’abonnés à la téléphonie fixe augmentera de 1,86 millions en 2001 à 2,41 millions en 2007. La base
d’abonnés au mobile passera de 100.000 en 2001 à 4,8 millions en 2007.
58
Figure 11 : Évaluation du marché des télécommunications en Algérie
8000000
7000000
Abes fixes_AT
6000000
s/tot Cell
5000000
Total
4000000
3000000
2000000
1000000
0
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
25.00%
Densite fixe
20.00%
Densite Mob
Densite Totale
15.00%
10.00%
7
5.00%
0.00%
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Source : Estimations des auteurs.
La distribution des revenus dans les différents segments du marché changera légèrement par comparaison avec les
chiffres de 2000 discutés plus haut. Les services de télécommunications déclineront de 63 % à 58,7 % des revenus
totaux. De même, le segment des équipements TI et de télécommunications baissera de 32 % à 30 %. Nous
anticipons également une croissance significative des revenus des services d’information et de produits logiciels,
qui représenteront respectivement 3,2 % et 8,8 % en 2007. De ce fait, les revenus du secteur TIC augmenteront de
505 millions de dollars US en 2001 à 2,745 millions de dollars US en 2007, dont 448 millions de dollars US de
revenus de service fixe.
Le poids du secteur TCI dans le PIB algérien 101 augmentera de 0,9 % en 2001 à 4,1 % en 2007 (voir graphique cidessous). Les services de télécommunications resteront le principal moteur de croissance pendant la période et
leur part dans le PIB atteindra 2,4 % en 2007 contre 0,6 % en 2001.
101
Croissance supposée de 3 % par an.
59
Figure 12 : Projection de revenus des télécommunications
Rev Fixe
1800.0
Rev_total
1600.0
RevCell Tot
1400.0
1200.0
1000.0
800.0
600.0
400.0
200.0
0.0
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Source : Estimations des auteurs
Finalement, il est estimé que les Algériens consommeront davantage de produits et services TIC. En moyenne, les
dépenses TIC par habitant augmenteront de 16 dollars US en 2001 à 78 dollars US en 2007.
60
CONCLUSIONS : DIRECTIVES POUR LE DÉVELOPPEMENT
DES TIC
Au cours des deux dernières années, plusieurs déclarations d’intention ont été faites quant au développement d’un
secteur TIC dynamique en Algérie, mais la capacité des gouvernants à mettre en œuvre les réformes en temps
voulu et de manière efficace semble être un problème en l’Algérie. En formulant les recommandations qui suivent,
nous avons essayé de tenir compte autant que possible de cette réalité. Nous avons notamment considéré, les trois
principaux points faibles de l’appareil de décision de l’État, à savoir :
•
•
•
l’absence d’un leadership politique permanent pro-réformateur ;
la présence et l’influence de groupes de pression extrêmement puissants ;
la faible capacité des institutions à piloter des réformes complexes et à les mettre en œuvre
efficacement.
Ce chapitre de conclusion présente un ensemble de lignes directrices que le Gouvernement pourrait mettre en
place dans le cadre de son agenda provisoire. Ces lignes directrices sont des mesures économiques et politiques
considérées nécessaires pour initier le processus de transition et de transformation en une société de l'information.
Elles résultent du diagnostic présenté dans les chapitres précédents et cherchent à représenter une plate-forme qui
permette au Gouvernement d’articuler une stratégie plus détaillée. Applications-phares et pilotes ne sont pas
explicitement revues ou discutées. Ceci devrait être fait par le Comité de Pilotage dans une seconde phase, après
que des analyses complémentaires et un large consensus aient conduit à l’adoption d’une stratégie.
RECOMMANDATION 1 : D EFINIR UNE STRATEGIE COHERENTE POUR LA SOCIETE DE
L’INFORMATION
1.1
Donner une structure de gestion et une légitimité politique au programme de société de
l’information en Algérie
La nomination d’un ministre de la poste et des TIC dans le Gouvernement constitué en juillet 2002 a permis un
début de clarification en ce qui concerne les attributions des ministères en matière de développement de la société
d’information. Il importe de consolider cette orientation en confirmant le rôle clé du nouveau ministère avec la
publication du décret l’organisant. Le projet doit être présenté par les plus hautes autorités comme une priorité
nationale, et devrait bénéficier d’une attention particulière de leur part pour assurer une mise en œuvre cohérente à
travers les secteurs et les politiques, ainsi que pour superviser la continuité de sa mise en œuvre. En plus des
déclarations des ministères déjà engagés dans la promotion de l’utilisation des TIC dans leurs départements, il est
important que le Gouvernement algérien conçoive une stratégie de communication institutionnelle sur les
avantages des TIC en Algérie.
Une action préliminaire à la définition de cette stratégie est de renforcer le Comité de Pilotage et de permettre la
mise en œuvre des recommandations de son Rapport d’octobre 2000. Une structure de gestion légitime et crédible
est vitale pour élaborer et mettre en œuvre le programme de société de l’information. La Direction sera
responsable de la finalisation du projet, du suivi de sa mise en œuvre, et de rendre compte des progrès réalisés et
des difficultés rencontrées.
1.2
Finaliser le programme de société de l’information
Le Comité de Pilotage pourrait organiser et superviser tous les travaux complémentaires pour transformer ses
recommandations en un Programme. Il pourrait aussi organiser des consultations avec l’administration, les
61
entreprises et la société civile, identifier les priorités de chaque secteur, et évaluer les perspectives de
développement pour chacun d’entre eux.
Les besoins d’information et de formation de la population doivent être explorés et évalués. Aucune étude n’a été
faite jusqu’à maintenant pour définir la perception et l’utilisation d’Internet par les Algériens. Le Comité de
Pilotage pourrait commander ces études pour mieux comprendre ces besoins en termes d’accès, de services
d’information, de contenu et de formation.
Avec une meilleure connaissance du marché, le Comité de Pilotage pourrait ensuite organiser le processus de
consultation pour valider le programme et son plan d’action. Le chef du Comité de Pilotage devrait être une
personnalité connue, capable de rapidement cristalliser le consensus autour des principaux objectifs du
programme.
1.3
Suivre les progrès technologiques internationaux et surveiller l’évolution nationale vers la
société basée sur l’information
Le Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication devrait développer une
capacité d’observation de la technologie et de l’information, lui permettant d’analyser les expériences nationales
intéressantes et d’évaluer celles qui pourraient être reproduites en Algérie. En même temps, le Comité de Pilotage
devrait définir un ensemble d’indicateurs statistiques pour surveiller et évaluer la mise en œuvre des projets liés aux
TIC. Par la suite, il pourrait élaborer une analyse quantitative de la relation entre l’augmentation de la diffusion et
de l’utilisation des TIC et les progrès réalisés vers la transformation en une société basée sur l’information. Ces
indicateurs pourraient être : a) développement de la demande d’accès et d’utilisation des TIC par les citoyens,
entreprises et administrations, b) l’offre TIC, c) la dynamique de concurrence à travers l’évolution des prix, la
qualité des services, et la variété des services disponibles, d) l’impact en termes de création d’emplois et d’activités
nouvelles.
Encadré 20 : Initiatives régionales TIC dans le monde arabe
Les politiques TIC du Gouvernement des Émirats Arabes Unis visent à encourager les investisseurs à installer
leurs entreprises dans l’Union et à soutenir le développement du commerce local. Un plan de développement
des TIC a été élaboré et adopté par les dirigeants politiques. Il est une référence régionale en matière de
développement TIC, avec des résultats concrets en termes de création de parcs technologiques, d’attraction
d’entreprises leaders dans le secteur TIC, et de mise en œuvre d’initiatives de gouvernement en ligne et
d’éducation à distance. L’avènement de Dubai Internet City et de Dubai Media City a attiré des acteurs de
classe internationale dans leur domaine respectif (par exemple, Microsoft et Oracle).
L’Égypte a aussi défini un plan de développement des TIC. En septembre 1999, le Gouvernement annonça que
le développement de l’industrie TIC était une priorité nationale. Ceci conduisit à la création d’un ministère
séparé pour la communication et les technologies de l’information. Un plan national de développement des
TIC sur trois ans fut ainsi préparé en étroite collaboration avec le secteur privé et les experts de l’industrie.
Avec près de 80 % de ses logiciels exportés vers le monde arabe, l’Égypte émerge lentement comme pôle
régional de développement de logiciels. Un plan de cinq ans pour promouvoir l’industrie du logiciel en Égypte
vise à élargir le marché existant, estimé à 50 millions de dollars US, à un marché de 2 milliards de dollars de US.
La Jordanie s’est aussi embarquée dans un plan ambitieux pour la pleine utilisation du potentiel des TIC pour
supporter le programme national de croissance économique. En 1999, le Roi Abdallah lança l’initiative REACH
pour stimuler le secteur TIC du pays et maximiser sa capacité à faire concurrence sur les marchés locaux,
régionaux et globaux. Cette initiative vise également la réalisation de l’accès universel à Internet dans les cinq
ans.
Source : D’après Soumitra Dutta et al., The Arab World Competitivess Report 2002-2003, World Economic Forum,
2003, pp. 186-207.
62
RECOMMANDATION 2 : COMPLETER LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE
2.1
Accélérer la libéralisation du secteur des télécommunications
Démocratiser l’accès au téléphone, à l’Internet et à l’ordinateur est une nécessité impérieuse pour la transition de
l’Algérie vers une société basée sur l’information. Le Gouvernement devrait donc accélérer la libéralisation du
secteur des télécommunications et mettre en place le calendrier de libéralisation adopté en 2000 de manière
opportune. Ce faisant, le Gouvernement devrait apporter une attention particulière à la promotion de la
concurrence basée sur l’infrastructure et donc permettre à des fournisseurs alternatifs (Sonatrach, Sonelgaz, TDA,
etc.) de vendre leur largeur de bande inutilisée.
2.2
Rendre l’ARPT complètement opérationnelle et assurer son indépendance
Rendre l’ARPT pleinement opérationnelle et renforcer son indépendance à travers la modification des procédures
de nomination et de renvoi des membres de son conseil d’administration est une priorité pour accélérer la
procédure de libéralisation. En effet, bien que l’ARPT jouisse d’une large autonomie financière et décisionnelle,
tous les membres de son conseil d’administration sont nommés et passibles de renvoi exclusivement par décret du
Président de la République. Cette ambiguïté affaiblit l’un des acteurs-clés du nouvel environnement TIC et devrait
être rectifiée immédiatement.
2.3
Ouvrir Algérie Telecom au capital privé
Ouvrir Algérie Telecom au capital privé est prévu pour 2004. L’opérateur public devra cependant adapter ses
capacités de gestion pour pouvoir affronter une concurrence féroce. AT aura aussi besoin de développer de
nouvelles qualifications de contrôle de gestion, analyse de marché, commercialisation, contrôle de qualité, ainsi
que de placer la satisfaction du client au centre de ses priorités. Pour faciliter ce changement radical, 20 à 30 % du
capital d’Algérie Telecom devrait être ouvert à des investisseurs stratégiques. Cette ouverture de capital représente
un enjeu majeur pour AT, à la fois pour augmenter sa capacité d’investissement et pour bénéficier de savoir-faire
en technologie et gestion.
2.4
Renforcer la législation en matière de propriété intellectuelle et juguler la piraterie
Renforcer la législation et son application est une nécessité. Bien qu’une nouvelle loi sur les activités du secteur des
postes et télécommunications ait été adoptée en août 2000, de nombreuses autres réglementations doivent encore
être modifiées ou créées pour permettre le développement du commerce électronique ou du gouvernement
électronique. Par exemple, le droit algérien actuel ne définit pas clairement le régime applicable à la propriété
intellectuelle dans le cas de la création sur Internet. Mais même si cette loi jette les fondations nécessaires au
développement des infrastructures d’information à travers une plus grande participation du secteur privé, la
piraterie des logiciels et des créations artistiques est endémique et freine l’émergence d’un secteur privé TIC dans
les logiciels, les services d’information et l’électronique grand public.
2.5
Créer un mécanisme de certification de qualité pour les fournisseurs de services TI
Des procédures de certification devraient être élaborées de manière à définir clairement un label de qualité pour
les différents prestataires, revendeurs et installateurs de matériels. Il est donc important qu’émergent des
organisations professionnelles capables de préparer des chartes de qualité et d’imposer des codes de bonne
conduite pour l’industrie. Leur présence contribuerait à l’augmentation rapide de la demande. Actuellement, et
depuis la dissolution du commissariat national à l’informatique, le secteur des technologies de l’information ne
dispose pas d’un corpus de règles communes ou de standards spécifiant la qualité de leurs services.
63
2.6
Promulguer les réglementations sur le cryptage et la sécurité des tr ansactions
électroniques
Le cadre réglementaire actuellement en vigueur dans le domaine des TIC ne couvre pas les questions relatives au
paiement électronique, à la signature électronique et à la sécurité des transactions électroniques. Les internautes
algériens ne bénéficient d’aucune protection juridique lorsqu’ils utilisent leurs cartes de crédit pour acheter en
ligne. L’Algérie ne dispose pas non plus de normes en matière de sécurité des réseaux et des données. La signature
électronique n’est pas encore légale, ce qui ne peut que freiner le développement du commerce électronique ou du
gouvernement en ligne.
2.7
Élargir à l’Internet les réglementations sur la protection des données personnelles et de
la vie privée
La réglementation en vigueur en ce qui concerne la protection des données personnelles et la vie privée des
consommateurs ne prend pas en compte les échanges sur Internet. Il est dès maintenant indispensable de mettre
cette législation à jour et d’élaborer des normes de certification de commerce électronique, qui permettront aux
consommateurs d’avoir confiance dans les transactions en ligne (e-mail, groupe de discussions et de faire des
achats en ligne).
RECOMMANDATION 3 : PROMOUVOIR L’USAGE DES TIC DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE,
LES ENTREPRISES ET LA SOCIETE
3.1
Promouvoir l’utilisation des TIC par l’administration
La création de systèmes Intrant dans l’administration publique permettra la rationalisation et l’informatisation des
procédures administratives et aidera à reconnecter les gouvernements (central et locaux) aux citoyens.
Actuellement, la plupart des institutions publiques algériennes n’ont pas d’Intranet ni de culture développée
d’utilisation de l’e-mail ou du partage de la connaissance, ce qui contribue au manque de transparence et à la
lenteur des décisions administratives. Intensifier l’utilisation des TIC dans l’administration publique est la meilleure
option stratégique pour générer de l’externalisation et diffuser leur usage parmi la population. Le Gouvernement
devrait encourager les ministères et les administrations décentralisées à offrir des informations pratiques en ligne.
Le concept de gouvernement en ligne devrait devenir une priorité pour les autorités algériennes, parce qu’il peut
canaliser les efforts engagés pour améliorer la performance des administrations et des organisations publiques. Les
quelques administrations ayant un site Internet ont des problèmes d’interruption d’accès ou de mise à jour de leur
site. Il n’est pas possible, jusqu’à maintenant, de télécharger des formulaires officiels, mais seulement des lois et
décrets publiés dans le Journal Officiel.
3.2
Éliminer les droits de douane et mettre en place des incitations fiscales pour les
entreprises
Éliminer les droits de douane sur les ordinateurs et les équipements de télécommunications est nécessaire pour
diffuser les TIC parmi la population. Actuellement, les ordinateurs demeurent hors de portée économique de la
plupart des ménages algériens, bien que le Gouvernement ait réduit les droits de douane. Pour assurer à chaque
foyer l’accès et l’utilisation d’un ordinateur, le Gouvernement pourrait établir un programme spécifique, qui
pourrait être élaboré en collaboration avec le secteur bancaire et les employeurs. Le Gouvernement devrait
encourager les banques à offrir des crédits au consommateur à des taux préférentiels102 permettant l’acquisition
d’un ordinateur aux ménages algériens 103.
102
En 1998, le Gouvernement suédois a réformé le système d’impôts pour permettre aux employés d’acheter auprès de leurs
employeurs des ordinateurs exonérés d’impôts. En général l’employeur administre la formule, fournissant l’ordinateur à
son employé qui le paiera en 36 mois. Les paiements sont déduits du salaire brut. Tous les employés peuvent participer, y
64
Les PME devraient bénéficier de mécanismes incitatifs pour soutenir le développement de systèmes de
communication et de recherche et développement TIC 104. Ces incitations fiscales devraient être ciblées (fonds à
coûts partagés pour services de formation et consultation, contrats de recherche et développements octroyés sur
une base de concurrence), ou basées sur le marché (réduction d’impôts, schémas individuels…). Actuellement, très
peu d’entreprises, en particulier parmi les PME, disposent d’installations modernes d’information et de
communication. Pour celles dont c’est le cas, la modernisation des systèmes d’information existants reste sousdéveloppée. L’Algérie devrait aussi rechercher le soutien international (accord Euro-Mediterranéen) pour les
initiatives visant à la promotion du commerce et de l’investissement entre les membres PME de la région
méditerranéenne 105.
3.3
Multiplier les points d’accès à Internet sur tout le territoire
L’accès à Internet en Algérie est limité et doit être élargi. La généralisation des points d’accès doit être une priorité,
afin d’éviter el « fossé numérique ». Des incitations spécifiques pourraient être considérées pour canaliser les
investissements privés dans cette direction. Actuellement, à cause de la couverture insuffisante et de la faible
capacité du réseau public de télécommunications, l’accès à Internet reste difficile voire impossible en dehors des
grandes villes. L’offre est fragmentée et les fournisseurs sont souvent limités à quelques communautés ou à une
seule région. Grâce à la conception et à la mise en œuvre de schémas de subventions ciblées spécifiques, le
Gouvernement pourrait accélérer le déploiement des points de présence (POP) Internet par les FSI dans les
régions non économiquement viables.
La multiplication des offres d’accès et d’abonnements devrait contribuer à une diffusion partielle de l’accès
Internet en attendant que l’accès universel devienne une réalité. La mise en œuvre de numérotation non régionale
(sous la forme de numéros abrégés comme le 15-15 de Djaweb) devrait être étendue à tous les FSI contrôlant les
infrastructures régionales et nationales. De plus, l’ARPT pourrait considérer d’établir un tarif spécial Internet pour
permettre des connexions moins chères durant les heures creuses. Ce tarif pourrait être subventionné par un
fonds d’accès universel.
3.4
Favoriser les partenariats avec les sociétés étrangères
Les partenariats (association, acquisition de capital) entre sociétés étrangères et nationales sont rares. Ils présentent
pourtant l’avantage de faciliter le transfert de technologie et de savoir-faire. De même, il convient de permettre
aux sociétés algériennes de recourir plus aisément aux services de SSII étrangères, en réformant par exemple le
mode de rémunération des consultants étrangers.
compris ceux qui n’ont pas besoin d’une machine. Les banques fournirent le capital initial, prenant avantage d’une garantie
du Gouvernement. Le résultat fut que la Suède a connu la plus forte pénétration de l’ordinateur de toute l’Europe.
103 La Corée, par exemple, a lancé une formule de subvention des ordinateurs qui a permis à un million de ménages d’acheter
leur ordinateur pour moins de 900 dollars US.
104 UK Online for business est le modèle le plus réussi de réseau de soutien au commerce. Le programme est un partenariat
gouvernement–industrie qui soutient le commerce en faisant le meilleur usage des TIC. Aide et soutien sont fournis à
travers une variété de points de contacts : a) un réseau de 400 conseillers dans plus de 100 centres de contact dans tout le
pays, b) des portails Internet avec accès à des outils d’information et de planification de commerce électronique, c) des
centre d’appels et des lignes d’aide, et d) un programme de partenariat pour aider à répandre les bonnes pratiques parmi
les PME. Le réseau de soutien a été promotionné par une campagne de marketing dans les médias (TV, radio, presse
commerciale). Jusqu’à maintenant, le projet a réussi à amener plus de 1 million de PME en ligne.
105 www.smexchange.org est une organisation ciblant le partage de l’information et la construction de capacité parmi les
organisations intermédiaires d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
65
RECOMMANDATION 4 : D IFFUSER LES TIC DANS LES SECTEURS DE L’EDUCATION ET DE LA
RECHERCHE
4.1
Concevoir et initier des programmes de formation spécifiques en TIC
Des formations orientées vers les nouvelles professions créées par la révolution technologique devraient être
mises en place par l’État en coopération avec les associations professionnelles privées. Dans cette optique, des
partenariats public-privé devraient être encouragés et la réglementation en vigueur devrait être adaptée pour
faciliter l’augmentation de la participation privée dans le système éducatif algérien. Actuellement, le nombre
d’étudiants formés chaque année en informatique, électronique et télécommunications reste par trop inadapté
pour pouvoir soutenir l’émergence d’une société de l’information.
Une utilisation largement répandue des TIC dépendra de la diffusion efficace de la technologie à travers le système
d’éducation. Celle-ci devrait être accompagnée par une plus grande sensibilité publique au sujet des bénéfices
potentiels de la transition vers une société basée sur l’information. Elle devrait aussi être précédée par une réforme
en profondeur du système d’éducation, un recyclage des enseignants et un plan de diffusion bien conçu ciblant
premièrement l’éducation supérieure et ensuite les étudiants plus jeunes. Il est prouvé que l’adoption des TIC au
niveau supérieur génère les plus importantes retombées à la fois pour les étudiants et dans le domaine global de la
recherche et du développement. La promotion de la connectivité et de l’utilisation de l’informatique constitue des
approches prometteuses pour moderniser le capital humain et soutenir le développement d’une base d’entreprises
plus active.
La formation des enseignants est vitale pour une utilisation productive de l’infrastructure TIC et devrait être
établie en toute première priorité. Les enseignants, en particulier ceux des écoles primaires et secondaires, ne sont
pas préparés à l’utilisation et à l’intégration des TIC dans leurs programmes d’éducation. À moins qu’un effort de
formation à large échelle ne soit entrepris, le risque d’échec des programmes éducatifs Internet à l’école est grand.
Cependant, la formation par elle-même ne peut pas solutionner toutes les contraintes à la participation des
professeurs à la stratégie du Gouvernement. Des salaires plus bas que dans le reste de la région, un manque de
services de soutien et les conditions de travail souvent difficiles des enseignants sont souvent des contreindications auxquelles il faudrait remédier avant l’introduction des TIC.
4.2
Améliorer la connectivité des établissements scolaires et universitaires
Les autorités ont engagé un large programme de connectivité pour les écoles, les lycées et les universités dans le
cadre de leur programme de relance économique. Certes, la faible connectivité des établissements scolaires et
universitaires est un sérieux obstacle au développement de la société de l’information mais il importe que ces
importants investissements fassent partie d’une stratégie durable de long terme. Cette dernière devrait tenir
compte des coûts de maintenance et de la rapide obsolescence de la technologie.
Plutôt que de s’engager par contrats d’achat, les Ministères de l’Éducation nationale et de la Formation
professionnelle pourraient lancer des appels d’offres pour obtenir auprès de l’extérieur l’installation, la gestion,
l’entretien et le renouvellement réguliers d’un réseau d’ordinateurs et d’un accès Internet dans les écoles, les lycées,
les universités et les centres de recherche. Cela contribuerait à construire une passerelle entre les domaines de
l’éducation, de la recherche et des affaires. Cette interrelation pourrait être encore renforcée par des mécanismes
tels que : a) stages et la formation à l’école, b) co-financement de projets de recherche, c) création de plates-formes
d’incubation.
.
4.3
Encourager la recherche et l’innovation en TIC et les partenariats avec les universités étrangères
La recherche et l’innovation pourraient être soutenues afin de permettre le développement d’un secteur de haute
technologie pratiquement inexistant en Algérie. Il y a cependant un potentiel à exploiter dans les centres de
recherches, en particulier dans la production de logiciels. Ce soutien peut être apporté de trois manières. La
66
première est la création de pépinières d’entreprises de recherche et d’innovation à l’intérieur d’un cyber-parc. La
deuxième est d’encourager les entreprises à créer des programmes d’échanges et de stages d’été pour les étudiants
et les techniciens. La troisième est d’établir un mécanisme de dons spécifiques pour de telles entreprises..
4.4
Créer des événements festifs nationaux
Une campagne de communication pourrait être habilement complétée par la création d’événements à la fois festifs
et inter-actifs. Fête de l’Internet, concours des meilleurs sites Internet, concours du meilleur projet TIC pour les
étudiants et élèves avec probablement la création du prix du Président de la République. De tels événements
serviraient à sensibiliser le public aux bénéfices de la société de l’information.
67
RÉFÉRENCES
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Portails
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www.algeriainfo.com : portail de GECOS
www.allafrica.com
www.business.dz : site de BMGI
www.cirtaonline.com
www.edjazair.com
www.objectifAlgérie.com
www.wanadoo.dz : site de l’EEPAD
Sites de fournisseurs de services Internet
-
www.cerist.dz
www.djaweb.dz
www.gecos.net
www.wanadoo.dz
69
Sites de ministères, d’institutions politiques et d’administrations
-
http://membres/lycos.fr/mfdgep : Direction de la Prévision - Ministère des Finances
www.ands.dz : Ministère de la Santé et de la Population
www.apn.dz : Assemblée Populaire Nationale
www.cg.gov.dz : Premier Ministre
www.douanes.dz : Customs site
www.meducation.edu.dz : Ministère de l’Éducation Nationale
www.mesr.edu.dz : Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
www.mir-algeria.org : Ministère de l’Industrie et de la Restructuration
www.ons.dz : Office National des Statistiques
www.pmepmi-dz.com : Ministère des PME-PMI
www.postelecom.dz : Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication
www.promex.dz : Office de Promotion du Commerce Extérieur
Sites d’organismes publics
-
www.ands.dz : Agence Nationale pour la Documentation en Santé
www.cdta.dz : Centre de Développement des Technologies Avancées (CDTA)
www.cerist.dz : CERIST
www.tda.dz : Télédiffusion d’Algérie
Sites d’entreprises
-
www.cetic.dz : Centre des Technologies de l’Information et de la Communication
www.ensi.dz : Entreprise Nationale de Services Informatiques
www.khalifa.com : Khalifa Group
www.orascom.com : Orascom
Sites de la presse
-
www.aai.dz : Agence algérienne d’information
www.algeria-interface.com : Site d’Informations en Ligne Franco-Algérien
www.aps.dz : Algerian Press Service
www.elwatan.com : Quotidien El Watan
www.entv.dz : Télévision Nationale
www.latribune.com : Quotidien La Tribune
Sites d’ambassades
-
www.ambafrance.dz.org : site de l’Ambassade de France
70
RAPPORTS
-
Rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) sur les télécommunications en Afrique
(février 2002, accessible à www.itu.int)
-
Rapport Esis 2, de l’Observatoire européen de la société de l’information (accessible à www.esis-eu.org)
-
Rapport de l’Union européenne sur le Programme indicatif national algérien 2001-2004
71
ANNEXE : L’ALGÉRIE PAR RAPPORT AUX PAYS VOISINS
Le Chapitre 3 a permis d’identifier les insuffisances majeures auxquelles le pays devra remédier pour réussir sa
transition. Cette analyse est ici complétée par une analyse comparative de l’Algérie par rapport à un échantillon de
pays voisins.
Le chapitre commence par une description de la méthodologie suivie. Il présente ensuite un commentaire des
résultats obtenus et se termine par une évaluation de la situation actuelle dans le secteur algérien des TIC par
rapport à d’autres pays choisis de la région. Cette évaluation peut servir de base à la détermination du potentiel de
croissance du secteur en Algérie.
1
METHODOLOGIE
L’analyse comparative repose sur six variables de référence, à savoir :
•
•
•
•
•
•
distribution des services de téléphonie fixe (nombre de lignes fixes par 100 habitants)
distribution des services de téléphonie mobile (nombre d’abonnés au mobile par 100 habitants)
distribution des ordinateurs personnels (nombre de PC par 100 habitants)
distribution des serveurs Internet (nombre d’hébergeurs Internet par 100 habitants)
pourcentage d’étudiants dans une tranche d’âge donnée inscrits à l’université ou suivant une formation
dans l’enseignement supérieur
taux d’alphabétisation de la population.
L’échantillon de pays comprend la Jordanie, l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
Les deux premières variables permettent de cerner la performance du secteur des TIC, notamment par rapport à
capacité à satisfaire les besoins de connectivité de ’léconomie et de la société. Les deux variables suivantes
représentent le commerce que la diffusion des TIC peut générer. Les deux dernières variables permettent de
cerner l’état de préparation des ressources humaines aux mutations induites par l’Internet. Bien entendu, les
variables retenues ici ne constituent pas des conditions suffisantes pour l’émergence ou le développement de la
société de l’information. Elles permettent simplement de dégrossir le niveau de préparation de chacun des pays et
de les comparer.
Nous définissons ensuite un pays de référence par rapport auquel sont comparées les performances des pays de
notre échantillon. Les performances des pays de référence ont été déterminées en deux temps. En effet, sur
chacune des variables, nous identifions cinq pays ayant le même niveau de développement que l’Algérie et dont les
PIB appartiennent au même quintile. Puis, nous choisissons le pays du quintile présentant la performance la
meilleure. C’est cette valeur qui constitue la base de référence et est notée 100. La valeur relative de l’Algérie et des
autres pays de l’échantillon est obtenue en valeur relative par rapport à la base de référence ou comparateur.
L’analyse comparative permet donc de visualiser l’état de préparation des pays de la région pour basculer vers une
société de l’information. Les performances du pays de référence sont paramétrés à hauteur de 50 % des
performances réalisées par la moyenne des pays de l’OCDE. Le pays de référence est ensuite noté 100 sur chacune
des variables. Les pays de l’échantillon obtiennent un score relatif calculé au prorata de l’effort qui les sépare de la
performance réalisée par le pays de référence. Les données brutes sont reprises dans le tableau ci-dessous. Les
graphiques représentent les scores relatifs qu’obtiennent les pays par rapport au pays de référence.
72
Tableau 5 : Valeurs de référence pour l’évaluation de l’état de préparation aux TIC
Algérie Égypte Jordanie Maroc Tunisie
Lignes principales par 100 habitants
Abonnés au mobile par 100 habitants
Hébergeurs Internet par 10,000 habitants
Ordinateurs p ersonnels par 100 habitants
Inscriptions enseignement supérieur
Taux d’alphabétis./100 hab. (pop. > 15 ans)
6,04
0,32
0,21
0,71
14,92
66,7
10,3
4,33
0,28
1,55
38,84
55,3
12,74
14,39
4,20
3,28
19,48
89,7
3,92
15,68
0,81
1,31
9,34
48,9
10,89
4,01
0,20
2,37
17
71
Valeur de Pays de
Référence* Référence
15,50
20,40
6,80
6,97
25,81
93,50
Iran
Paraguay
Kazakhstan
Iran
Kazakhstan
Paraguay
* Parmi les pays appartenant au même quintile PIB que l’Algérie, celui ayant les meilleures performances sert de
point de comparaison pour chaque indicateur.
Sources : Pour les indicateurs TIC : UIT, World Telecommunications Indicators (mars 2002) ; Pour les indicateurs du PIB et du
taux d’éducation : Banque mondiale, World Development Indicators (juillet 2002).
2
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
Les cinq pays, à l’exception de la Jordanie, montrent un retard significatif dans le développement de
l’infrastructure d’information. Ceci, avec la diffusion limitée de l’ordinateur et de l’hébergement Internet, entrave
le commerce potentiel lié à l’usage de l’Internet. L’Algérie se classe dernière dans notre échantillon, bien que la
récente libéralisation du secteur des télécommunications aidera probablement le pays à rattraper ses voisins.
Cependant, il faut aussi noter que cette analyse ne montre pas encore les effets de la récente libéralisation du
secteur algérien des télécommunications et de l’introduction partielle de la concurrence dans le secteur mobile.
La Jordanie106 représente le meilleur résultat de notre échantillon et est donc un modèle pour les autres pays. De
même le Maroc montre une percée des mobiles, malgré une faible diffusion de l’Internet et du téléphone fixe. Le
nombre de serveurs hosts restent par ailleurs très faible. La Tunisie et l’Égypte ont un excellent positionnement
pour ce qui concerne les lignes fixes, mais traduisent un retard en ce qui concerne la diffusion du mobile et de
l’Internet. La Tunisie et l’Égypte montrent toutes les deux un déséquilibre dans le développement de leurs
télécommunications, avec une pénétration élevée de lignes fixes (respectivement 10,9 et 10,3 par 100 habitants) et
une faible connectivité mobile (4,01 et 4,3 %). Le Maroc107 montre aussi un déséquilibre dans ses
télécommunications, avec un fort taux de remplacement du fixe par le mobile (15,7 % de la population a un
abonnement mobile, et seulement 3,9 % ont une ligne fixe). Le nombre d’hébergeurs Internet et d’ordinateurs est
très bas pour tous les pays de l’échantillon, à l’exception de la Jordanie (4,2 hébergeurs pour 10.000 habitants et
3,28 ordinateurs pour 100 personnes). La Tunisie occupe la deuxième place avec 0,20 hébergeurs Internet et 2,37
ordinateurs. L’Algérie, comparée aux autres pays de l’échantillon, montre un retard significatif dans tous les
indicateurs.
L’agenda TIC de la Jordanie est fort, soutenu par le Roi Abdallah, et se concentre sur le développement des ressources
humaines. Cependant, le coût de l’accès reste relativement élevé par rapport au revenu per capita. Le prix moyen d’un
ordinateur reste inabordable pour la majorité de la population. La prolifération des cyber-cafés a contribué à améliorer
l’état de préparation aux TIC du pays. La pénétration Internet est en augmentation (4% en 2001) grâce à plusieurs
initiatives du gouvernement (accès dans les écoles et à travers les centres TI communautaires). Amman demeure le pivot
régional du développement de portail (par exemple, Maktoob, Arabia online, et Al Bawaba), et le site préféré par l’industrie
de contenu.
107 La faible infrastructure de télécommunications du Maroc freine sa croissance TIC. La télédensité fixe est en baisse depuis
quelques années, probablement à cause du remplacement par le téléphone mobile. Il en résulte que la pénétration Internet
reste aussi faible que 1.3% en 2001, et la pénétration de l’ordinateur est elle aussi très basse (1.3% en 2001). Cependant, le
Maroc a le meilleur environnement réglementaire de la région, et est en avance en termes de libéralisation de secteur
mobile.
106
73
Le véritable atout des pays considérés se trouve dans la jeunesse de leur population et dans le potentiel représenté
par le niveau d’éducation de celle-ci. Les taux d’alphabétisation et d’inscription à des études universitaires sont
relativement satisfaisants pour la plupart des pays, l’Égypte étant en première position pour les chiffres
d’inscriptions en éducation supérieure (38,8 % de cette tranche d’âge), suivie par la Jordanie, la Tunisie et l’Algérie
avec une moyenne de 17,2 %). En effet l’Égypte est le pays leader en termes de qualité de formation de son capital
humain, le haut standing de ses universités et la qualité de son éducation scientifique étant renommés dans toute la
région. Toutefois, des efforts significatifs sont encore à faire en ce qui concerne l’alphabétisation en Égypte ainsi
qu’au Maroc.
Une fois attaqué le problème du développement de l’infrastructure, et les programmes de formation mis à jour en
conséquence, la qualité du capital humain permettra une utilisation plus efficace des TIC par les pays de
l’échantillon. Cette analyse peut être utilisée comme une indication de la demande potentielle non satisfaite en
infrastructure TIC, et comme une mesure ou indicateur de l’impact potentiel que ces infrastructures pourraient
avoir. Les graphiques en diamant donnent une grossière indication du potentiellement fort effet multiplicateur, qui
aura lieu en Algérie, ainsi que dans d’autres pays, une fois que l’infrastructure et l’utilisation des TIC auront été
développées.
74
Figure 13 : Représentation graphique de l’état de préparation aux TIC des pays sélectionnés
telephone lines
Jordanie-2001
100
90
Tunisie-2001
82
telephone lines
100
80
96
Mobile phones
50
Gross adult literacy
90
80
70
60
70
70
60
Gross adult literacy
10
50
40
30
20
10
0
0
71
40
76
30
20
67
62
75
20
3
34
Gross tertiary enrolment
Gross tertiary enrolment
Mobile phones
Internet hosts
Internet hosts
47
Personal Computers
Personal Computers
Jordanie
Reference
Tunisie
Egypte-2001
telephone lines
Algérie-2001
100
90
80
70
71
telephone lines
100
90
80 66
70
60
5 0 39
40
Gross adult literacy
Reference
30
20
10
Mobile phones
60
Gross adult literacy
Mobile phones
50
59
40
30
0
2
20
3
10
21
0
10
4
58
Gross tertiary enrolment
Internet hosts
22
Gross tertiary enrolment
Personal Computers
Internet hosts
150
Personal Computers
Algerie
Reference
Egypte
Maroc-2001
telephone lines
100
90
80
70
60
50
40 25
30
20
10
0
Gross adult literacy
52
77
Mobile phones
12
36
19
Gross tertiary enrolment
Internet hosts
Personal Computers
Maroc
Reference
75
Reference