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APPROCHE
SOCIOL OGIQUE
DES
FAMIL L ES
Tableau récapitulatif 1 : réalisé après la lecture de « Sociologie de la famille contemporaine », de F. de Singly : 2012
Sous l’Ancien
Régime
Nom
Caractéristiques
Famille
paternelle
Vers 1790
Début de la perte de la
légitimité de la famille
traditionnelle
Montée du sentiment de
l’enfance, de l’intimité
familiale et de l’amour dans
le mariage (-> la famille
conjugale devient modèle de
référence)
Juridiquement, incapacité
juridique totale de la femme
mariée
Fin XIXe et début XXe
Dès la mi-XXe
Fin XXe + XXIe
Des fois, famille nucléaire, mais aussi d’autres visages de la famille, en
raison de l’augmentation du concubinage, de la séparation conjugale,
« Famille moderne 1» =Famille relationnelle du divorce, des naissances hors mariage, etc.
Famille moderne 2
Appelée « famille conjugale » par Durkheim
PAS DE CONSENSUS sur la DEFINITION de la famille
Tout « bricolage » possible.
Homoparentalité ≠ obstacle à la définition de « bons parents », basée
sur les compétences
Sa composition: mari, femme et jeunes
Famille composée d’un homme, Espace privé où les membres
enfants, entourée des ascendants et des
d’une femme et de leurs enfants.
de la famille apprécient davandescendants. Primat accordé aux personnes, Mais autres modèles apparaissent.
tage d’être ensemble et de paraux liens personnels.
1966, en France : juridiquement, une tager une intimité, attentifs à la
femme mariée peut travailler à l’ex- qualité de leurs relations. TenPRIVATISATION + SOCIALISATION
térieur sans l’autorisation de son mari. sion entre amour et mariage.
En fait, sous la modernité 1, il y a dissociation
1970 : perte de l’exclusivité de Autonomie relative, la femme
de principes indissociables : liberté individuelle
étant assez souvent
l’autorité du mari.
et égalité au-delà des barrières de la
1975 : le choix du domicile conjugal dépendante économiquement
naissance, tout en les attribuant à l’un des
doit résulter d’un accord commun de son conjoint. Idée du travail
sexes et en les refusant à l’autre en vertu de
entre les époux et le mari n’a plus le gratuit de la femme à la maison.
sa naissance (genre) !
droit de contrôler la correspondance Rappel de C. Delphy : « La
de son épouse.
non-valeur de ce travail est
induite institutionnellement par
le contrat de mariage », contrat
par lequel l’homme s’approprie
la force de travail de son épouse.
Le travail salarié de la femme
modifie paradoxalement ce
rapport de production
domestique, mais entraîne la
double journée de la femme.
-Le travail salarié change
aussi la nature des liens qui
l’unissent à son partenaire,
1
Faits
Biens
Evolution
Montée et valorisation de l’individualisme et du
poids croisant de l’affectif dans les relations.
L’individualisation sociale est Transformations de l’ensemble du
à l’origine de cette perte de
fonctionnement de la société.
légitimité
Organe secondaire de l’Etat qui contrôle,
soutient, régule les relations des membres de
la famille par la médiation de normes.
Les liens qui dérivent des choses (biens
domestiques) priment ceux qui viennent des
personnes
Début du transfert de l’héritage économique
en capital scolaire
Entre 1855 et 1939 : 2 types de familles :
1. Importance du patrimoine et de la main d’œuvre
 type fécond, et personne de l’enfant négligée.
2. Diminution du nombre d’enfants par famille
et augmentation du nombre d’enfants scolarisés. La fortune du ménage repose essentiellement sur l’enfant et son avenir.
Séparation progressive de l’espace public et de
l’espace privé + augmentation du poids de l’affectif
dans la régulation des rapports interfamiliaux.
Nouvelle place accordée à l’enfant, suite à la
baisse de la mortalité infantile.
Contraction de la famille à mesure que le
milieu social avec lequel chaque individu est
en relations immédiates, s’étend davantage.
Transformations de la famille et des relations
intrafamiliales car les individus qui composent
la famille changent de nature sociale.
Le féminisme marque la fin de la famille
moderne 1.
2
Augmentation du concubinage, du
divorce par consentement mutuel, de
la séparation conjugale, de la
cohabitation, des naissances hors
mariage.
Généralisation du transfert de
l’héritage économique en capital
scolaire : bénéficier des meilleures
conditions familiales pour obtenir des
diplômes = nouveau patrimoine
avec possibilité de ne pas
rester en couple pour d’autres
raisons que les exigences
amoureuses.
Partage des tâches en vue, et
pratiqué un peu. En évolution…
Espace sous surveillance : la
vie privée est contrôlée par
l’Etat, pour limiter le droit de
correction paternelle, par un
système préventif pour tous
les enfants grâce à des lois
d’hygiène sociale.
Centration sur les personnes,
sur les relations, sans que ne
soient supprimées les choses,
mais en en changeant le sens.
En 2002, création d’une haute
autorité indépendante, Le
« Défenseur des enfants » :
tout enfant peut dénoncer
directement ce qu’il estime
être de mauvais traitements
de ses parents.
L’émancipation des femmes,
la force de l’amour dans les
relations conjugales
supérieures à l’institution, la
revendication de
l’indépendance et de
l’autonomie individuelles, la
logique du marché proposant
des biens toujours plus
individualisés.
Tableau récapitulatif 2 : réalisé après la lecture de « Sociologie de la famille contemporaine », de F. de Singly : 2012
Tensions Définition
Première
tension
Deuxième
tension
Troisième
tension
Caractéristiques
Processus d’individualisation perçu comme a-social.
L’individu ne se définit pas seulement par son lien de filiation. Mise à distance des parents, de la parenté. Donc aussi affaiblissement de la surveillance parentale.
Eloignement du domicile conjugal de la maison des parents
Entre person- Election du conjoint (souvent du même niveau social) avec importance des caractéristiques personnelles dans le choix : corps, caractère, qualités, diplômes.
Choix du prénom de l’enfant par les parents biologiques, prénom qui est personnel et distinctif, montrant l’indépendance intergénérationnelle (lignées
nalisation et
socialisation maternelle ou paternelle)
Prénom = marqueur individuel, signalement conscient ou non, de la valeur que les parents souhaitent donner à leur progéniture. Centration sur l’enfant.
Repli de la famille conjugale sur elle-même.
Entente entre les conjoints établie sur l’équivalence sociale et la complémentarité sexuelle.
L’amour, figure des unions modernes, fut construit contre le mariage.
Entre
privatisation L’amour passion entre progressivement dans le mariage, au détriment du poids du patrimoine économique.
Entre 1910 et 1960, mariage et amour se renforcent.
et
normalisation Dès 1968, l’amour reprend ses droits et ses exigences  séparation rapidement envisagée lorsque les partenaires n’y trouvent plus leur compte, et
diffusion de la cohabitation et du concubinage. Déstabilisation de l’institution.
Un concurrent, le Pacte Civil de Solidarité (PaCS) <-> reconnaissance des couples homosexuels dès 1990 en divers pays d’Europe, comme reconnaissance
publique du couple.
Un mariage est souvent précédé d’une cohabitation ; rite sans passage.
Neutralité relative de l’Etat vis-à-vis des formes de la vie familiale.
A la fin des années 1970, introduction de la catégorie « Familles monoparentales », modèle bien distinct du modèle de référence de la famille classique.
Droit de l’enfant à ses DEUX parents : Convention relative aux droits de l’enfant. … Permanence du couple parental dans la loi  autorité parentale
conjointe. Idée de médiation familiale dans l’intérêt de l’enfant.
Pluriparentalité : º l’enfant peut être situé au milieu d’un réseau parental comprenant ses parents d’origine, les nouveaux conjoints respectifs de ses parents,
les anciens conjoints éventuels de son ou de ses beaux-parents.
º Autres possibilités de construction familiale : familles homoparentales, insémination artificielle, procréations médicalement assistées,
familles adoptives, familles d’accueil …
º Parenté reproductive, parenté productive : jusqu’où est-il nécessaire de nommer « parent » l’individu qui participe à la reproduction ?
Débat ouvert / parenté biologique.
Un couple « liquide » : association entre amour et institution rompue, mais association entre la logique de l’amour et la logique de l’individualisation. Divorce
Entre
et séparation font partie de l’horizon probable de l’union.
fragilité et
Pendant la 2e période de la famille moderne, augmentation de l’instabilité conjugale.
ancrage
Dévalorisation de la pérennité du mariage.
Union libre, surtout contractuelle, incluant la possibilité de la séparation comme un événement probable.
La vie commune peut impliquer notamment une coordination des rythmes temporels des deux partenaires, Anticipation du divorce : plus l’adhésion à un
système de valeurs dans lequel l’individu doit être soutenu par une institution fermée, par des rôles assez rigides et moins le couple est fragile. Inversement,
un projet « moderniste » paraît nettement associé à un taux de séparation plus élevé. Bon nombre de couples de la seconde modernité recherchent non la solidité en
3
Rappel :
Rappel :
Troisième Entre
tension
fragilité et
ancrage
Quatrième
tension
Entre
reproduction
soi de leur couple, mais les satisfactions psychologiques tirées de la vie à deux (valorisation d’éléments autres que la stabilité du couple).
Le coût de la séparation conjugale : l’instabilité conjugale a des effets différents selon les sexes. Plus grande altération du placement professionnel des
capitaux sociaux et culturels des femmes que le rendement des richesses masculines. Inégalité masquée par le fait du partage des revenus entre conjoints,
par l’accès pour les femmes à un niveau ou à un style de vie équivalent à celui de leur partenaire ; c’est au moment de la séparation que le coût de la vie
conjugale est payé, que la dévaluation relative devient perceptible. La femme peut beaucoup plus difficilement échapper à la dépendance matrimoniale,
devant re-vivre avec un autre homme pour avoir des chances d’occuper une position équivalente à sa valeur dans l’espace social.
Le coût pour les mères : le divorce provoque un appauvrissement pour la majorité des femmes  pauvreté des familles monoparentales. Les mères
gardent plus fréquemment les enfants que les pères, par volonté per-sonnelle et par décision de justice. Elles les élèvent dans des conditions économiques
inférieures à la période de la vie commune. L’apport financier des pères séparés n’est en rien un équivalent de leur apport antérieur lorsque la famille était
réunie. A noter que ce sont les femmes qui demandent nettement plus souvent que les hommes la séparation tout en sachant le coût d’une telle décision,
parce qu’elles sont converties à la représentation d’une union satisfaisante en termes relationnels. Elles préfèrent vivre avec moins et mieux sans leur mari,
qu’avec plus et moins bien avec leur partenaire. Le processus d’individualisation affecte l’ensemble des groupes.
Le coût pour les pères : sous la seconde modernité, après un divorce, les hommes sont plus indépendants financièrement. Mais les conséquences
psychologiques ne sont pas exclues : éloignement de leurs enfants, fragilité des liens entre père et enfants. Un plus faible investissement est parfois
l’expression d’un désengagement antérieur.
Le coût pour les enfants : un rôle trop grand de la mère, sa proximité trop grande, et la privation du père  effets sur l’identité de l’enfant. La démission des pères,
séparés ou non, est une constante pour expliquer les problèmes de socialisation de la jeunesse : manque d’autorité. Un manque scolaire : selon l’étude
d’Archambault, les jeunes dont les parents étaient divorcés quand ils avaient 18 ans, sont moins diplômés que les jeunes dont les parents étaient encore ensemble.
1ère explication : l’existence de la séparation ne déstabiliserait pas la hiérarchie sociale des chances scolaires, elle la modulerait. Après la séparation, l’enfant
change de trajectoire sociale, qui se cale sur les mouvements de la trajectoire familiale. 2e explication : ce ne serait pas le divorce qui produit en soi un certain
handicap scolaire pour la génération des enfants, ce sont les FACTEURS chez les pères et mères qui mènent à la séparation. 3e explication : le divorce serait
source d’une double déstabilisation, celle des conditions de socialisation et celle de l’identité de l’enfant elle-même. En tout cas, la séparation peut entraîner une
réorientation. Pour la réussite, le montant des investissements nécessaires, même dans les familles les mieux dotées culturellement, et de plus en plus élevé.
Le maintien d’un ancrage familial dans l’identité personnelle: 1990: re-discussion / possibilité d’accoucher sous X, complet anonymat. Un débat a été ouvert
quant à la revendication au droit aux origines.
Le terme « modernité liquide » est trompeur car il ne désigne que la distance que prend l’individu vis-à-vis de ses liens, de son passé, occultant que cette
fluidité n’interdit pas l’expression d’une solidité identitaire. Faire sa généalogie peut offrir à l’individu une certaine consistance. Rechercher ses racines, c’est
chercher à asseoir son identité personnelle.
Les usages de la mémoire et du souvenir : une des tensions de la modernité se noue autour de l’héritage. On distingue deux types de liens : la filiation
identitaire (mémoire dense, reconnue par le groupe de parenté) et la filiation eschatologique (apprivoisement de la mort).
La parenté comme ressource pour la construction de soi : la force et l’utilité du réseau familial peuvent soutenir le processus d’individualisation de l’individu :
aide de subsistance, pour s’assurer le cours de la vie normale et aide de promotion qui vise à l’amélioration du statut.
La parenté comme pourvoyeuse de capital social : aide d’un membre de la famille à trouver un emploi.
Le respect de l’autonomie : principe le plus important lié au sentiment de ne pas vivre l’ingérence ou au sentiment de ne pas être exploité… Réseau de
solidarité correspondant au réseau d’affinités.
Le devoir d’aimer : l’amour et l’affection n’entraînent pas un chaos généralisé. Ils circulent en respectant quelques règles de priorité : la centration entre
conjoints, la relation entre parents et enfants, la relation entre frères et sœurs.
Selon l’idéal des sociétés individualistes, les familles offrent un cadre pour que chacun puisse devenir et rester lui-même, grâce à l’aide personnalisée de
proches et à une ambiance permettant de pouvoir créer son monde personnel. Les proches doivent pouvoir écouter et conseiller, éventuellement contredire
4
sociale et
identité
personnelle
Cinquième
tension
Entre
construction d’un
monde commun et individualisation
et critiquer. Le conjoint et le parent sont alors comme des coachs <-> travail interactif. Ils sont donc des personnes décisives dans la construction de
l’identité de l’individu.
Cependant fournir les conditions qui permettront de trouver l’équilibre entre protection et autonomie de son enfant est difficile. Recherche permanente de
l’intérêt de l’enfant sans que celui des parents ne soit mis à mal.
La contribution à la reproduction sociale : les enfants doivent au moins conserver la position occupée à la génération précédente, et si possible l’améliorer.
Le capital économique a laissé place au capital scolaire. La famille moderne forme couple avec l’institution scolaire. Analogie entre héritage économique et
héritage culturel.
La famille transformée par la scolarisation : Entre 1855 et 1939, la famille se transforme profondément dans la mesure où elle modifie ses relations internes
avec l’enfant. TOURNANT HISTORIQUE venant des formes de l’éducation. Auparavant toute éducation se faisait par apprentissage direct (apprendre les
manières ; pas de place pour l’école). Avec l’école, l’enfant entre dans une longue période de socialisation avec d’autres pairs, et cette socialisation est associée au
maintien d’une relation de dépendance avec ses parents. Ariès appelle cette centration sur les personnes « sentiment de famille » et « sentiment de l’enfance ».
L’intimité de la famille est progressivement préservée, signe de sa valorisation. L’organisation de l’espace familial reflète ce souci d’être entre soi.
L’enfant porteur du capital scolaire : la famille moderne ne se définit pas seulement par l’excroissance du sentiment familial, mais par les préoccupations
éducatives. L’enfant est objet d’affection et d’ambition.
Le capital dominant aujourd’hui est le capital scolaire, mais il ne supprime pas l’action des autres richesses. Le capital scolaire se combine aux autres
richesses détenues par les conjoints : beauté, origine sociale.
L’institution scolaire, qui a quasiment le monopole de la certification, assure la certification, les diplômes, etc.
Vu l’importance de l’école dans le mode de reproduction à composante scolaire, le suivi familial de la scolarité est une nécessité. La famille se mobilise et
dans la mesure du possible, paie des cours particuliers au besoin.
La reconnaissance d’identité personnelle : les parents ne créent pas leur enfant, mais souhaitent produire les meilleures conditions au développement de la
nature de leur enfant (épanouissement de ses potentialités) et ils s’y engagent. Ils doivent cependant veiller à apprendre à leur enfant à opérer le tri entre les
éléments essentiels de sa personnalité et les éléments accidentels.
La reconnaissance par le conjoint : l’écoute est primordiale. Le processus d’individualisation accompagnée par le conjoint ne se confond pas avec une
création ex nihilo.
Entre la reproduction de la famille et la production de soi : certes il y a la notion de transmission et d’héritage, mais celles-ci ne doivent pas masquer le
travail d’appropriation et de construction effectué par le jeune. Or, le processus d’individualisation ne parvient guère encore à déstabiliser le processus de
reproduction. Cependant, les contraintes sociales de l’individualisation rendent plus difficile l’héritage.
L’individu contemporain devrait être INDEPENDANT ET AUTONOME, ce qui requiert l’émancipation des liens décidés par des autorités. D’où la question :
jusqu’où l’amour est-il possible entre individus indépendants et autonomes ?
Entre revendication de l’indépendance et construction d’un monde commun conjugal :
- Des familles de classe : entre 1970 et 1990, la sociologie de la famille définit les individus par leurs appartenances de classe, de sexe, d’âge, les
dépossédant de leurs particularités. Les revendications de rester soi-même proviennent des membres des classes élevées. La famille ouvrière penchait du
côté de la fusion, la famille moyenne ou « supérieure » du côté de l’autonomie. Ainsi, en 1980, les valeurs de la modernité 2 sont davantage défendues par
les cadres moyens et supérieurs qui se reconnaissent dans un couple dit « associatif » où prédominent l’égalité et la négociation.
- En 1990, les différences sociales ont diminué et les normes de la modernité 2 se sont diffusées : la recherche de plus d’égalité conjugale est
devenue majoritaire. La conquête de la vie personnelle est devenue plus légitime, tout en restant difficile car elle peut être jugée comme menaçante
pour le partenaire, estimant qu’elle met en péril la vie privée familiale et conjugale. Apparaît un type de relation, appelé « relation pure » qui se
caractérise par le PRIMAT DE L’INTIMITE PERSONNELLE: l’entente conjugale repose sur l’accord entre les manières dont chaque conjoint pondère
sa vie personnelle par rapport à sa vie privée familiale. La relation se définit comme sexuellement et émotionnellement égalitaire, et son existence et
5
Rappel :
Rappel :
Cinquième
tension
Entre
construction d’un
monde commun et individualisation
sa durée dépendent des satisfactions ou des récompenses que la relation elle-même apporte. Elle sert à la construction de l’individu et à son
épanouissement personnel. Pas de dépendance à l’autre. La sexualité est déconnectée de la reproduction, et parfois de la fidélité. Tout se passe
comme si le principal accord entre partenaires portait sur le fait de ne pas être liés. Chacun doit combiner le dosage entre le degré d’indépendance
et la reconnaissance d’autres besoins, notamment la stabilité et la sécurité. Est apparu ainsi le principe d’individualisation (besoin d’indépendance
et d’autonomie, besoin de reconnaissance personnelle, besoin de sécurité, besoin d’ancrage) se répand, avec les contradictions qu’il renferme et les
multiples manières de pondérer ses 4 souhaits.
Styles de vie commune aujourd’hui (2013):
- La « relation pure » : primat de l’intimité personnelle, (cf. ci-dessus) ;
- Idée de compatibilité possible entre fusion et autonomie : double respect de l’autonomie et du partage total dans le couple
- Autonomie mais refus de fusion
- Intimité conjugale, fusion, mais refus de l’autonomie
Entre processus d’individualisation de la femme et construction d’un monde commun :
- La vie conjugale, un lien de dépendance pour la femme : économiquement. Si elle travaille, risque de double journée. En progression : le partage des
tâches. A noter que le travail salarié de la femme transforme la nature des liens qui l’unissent à son mari : possibilité de ne pas rester en couple pour
d’autres raisons que les exigences amoureuses. Auj, 1/2 des hommes diplômés polytechnique obtiennent un salaire très élevé, contre 1/5 des
femmes ayant les mêmes diplômes…A noter que la valorisation directe des ressources masculines sur le marché du travail peut masquer en réalité
une mobilisation des deux conjoints, la femme se mettant au service de la réussite de son partenaire, entraînant une non-valorisation de la femme.
Les bénéfices d’une mobilisation conjugale sont distribués de manière très inégale, confirmant le schéma de l’appropriation maritale.
- Les deux formes d’autonomie féminine : une enquête quant à la distribution du travail domestique met en évidence deux types de couples :
o À visée égalitaire avec une zone commune plus large (femmes égalitaires) Où la zone de prépondérance féminine est grande (femmes
ménagères) ;
- Pour la recherche d’autonomie, on observe des types de stratégies différentes associées à des ressources différentes :
o par le désengagement des tâches ménagères et un travail salarié, avec renoncement ou non aux prises de décision ;
o par le renforcement et la supériorité culturelle (faire et décider dans la maison = ménagères-autonomes, contre faire et peu décider =
ménagères-dominées) /…/
- Un monde commun construit par la femme : la femme se désiste de certaines activités domestiques au nom du respect de l’autonomie du conjoint !
Tout se passe comme si malgré la territorialisation des hommes par les femmes, les premiers vivaient en invités, bénéficiant de l’hospitalité féminine.
Lorsque les enfants deviennent ados, les hommes réalisent qu’ils sont étrangers chez eux, n’ayant pas assumé de travail domestique et n’ayant pas
assuré de présence quotidienne et de proximité pour développer des liens de confiance avec leur progéniture. Ils ont vécu dans un monde commun
qu’ils ont peu construit.
- De nos jours, les gens reviennent à la vie à deux, ils sont poussés à rechercher le bonheur dans la vie amoureuse. Ils se trouvent donc confrontés à
un espace perçu comme privilégié pour les rapports entre les sexes. L’imaginaire amoureux célèbre la rencontre entre un homme et une femme.
D’un côté le genre est déclaré second dans l’identité, voire même peu légitime ; de l’autre, le même genre est construit comme un des éléments
centraux de la personne. La différence entre le « mauvais genre » (engendrant de l’inégalité) et le « bon genre » (soutenant l’identité personnelle),
est peu aisée. Le passage de l’un à l’autre reste fréquent, les hommes ne voulant pas trop participer à des tâches associées historiquement à du
féminin et les femmes acceptant malgré tout à continuer de les faire au nom de cette association. La fluidité des rôles sexués a augmenté un peu,
sans atteindre un degré élevé. La confusion des genres n’est pas au rendez-vous.
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