la forêt ébouriffée - Compagnie Christian et François Ben Aïm

Transcription

la forêt ébouriffée - Compagnie Christian et François Ben Aïm
LA FORÊT ÉBOURIFFÉE
Dossier pédagogique
au 12.11.14
LA FORÊT ÉBOURIFFÉE
D’après le texte La forêt de Racine de Mélusine Thiry
Public : Dès 6 ans
Durée : 45mn
Chorégraphie et scénographie
Christian et François Ben Aïm
Interprétation
Grégoire Puren ou Lee Davern, Gill Viandier ou Vincent Delétang
Création vidéos
Mélusine Thiry
Composition musicale
Jean-Baptiste Sabiani
Sauf version instrumentale de Mourir à deux de Maël
Création lumières
Laurent Patissier
Création costumes
Dulcie Best
Régie vidéos et son
Luc Béril ou Sébastien Teulié
Régie lumières
Laurent Patissier ou Patrice Pépin
Interprète film
Aurélie Berland
Voix-off
Fanny Eidel – Biju-Duval, Christian Ben Aïm
Production : CFB 451
Coproductions : Espace 1789 à Saint-Ouen, CCN de Roubaix Nord-Pas de Calais - Carolyn Carlson, Le Théâtre
de Rungis
Soutiens : Atelier de Paris – Carolyn Carlson
Spectacle accueilli en résidence au Vélo Théâtre à Apt
Pièce créée dans le cadre de la résidence à l’Espace 1789 avec le soutien du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis.
NOTE D’INTENTION
Un jour en se réveillant, Racine se sentit différent. Une forêt avait poussé sur sa tête.
Pris de panique, il s’enfuit en courant.
Dans la rue, chaque fenêtre le regardait. Sa course déclencha un phénomène extraordinaire, partout où il
passait, le sol se recouvrait de terre, d’herbes, de fleurs et de fougères. Des arbres poussaient sur les toits, et les
racines transperçaient les murs. La nature entrait dans les maisons.
Elles étaient envahies de branches, de feuilles et d’écorces.
Entièrement recouvert, son village finit par disparaître totalement sous la forêt.
Extrait de La forêt de Racine de Mélusine Thiry
UNE CRÉATION JEUNE PUBLIC EN RÉSONNANCE AVEC UN PARCOURS
Dans le cadre de leur résidence à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, Christian et François Ben Aïm ont été invités à
créer une pièce jeune public. Répondre à une proposition extérieure est toujours un défi. S’approprier une idée,
un projet et se laisser surprendre par les nouvelles directions et univers qu’ils suscitent a souvent été une source
d’enrichissement et de découverte dans leur démarche de création.
Si la création d’une pièce jeune public est une première dans le travail des chorégraphes, plusieurs de leurs
créations ont été présentées en séances scolaires : Un homme en marche, Carcasses, un œil pour deux, You’re a
bird, now !, Valse en trois temps et L’Ogresse des archives et son chien.
La création de La forêt ébouriffée a été l’occasion de questionner plus spécifiquement différentes
caractéristiques de leur démarche, comme le mode de narration ou la place de l’abstraction, en mettant l’accent
sur l’impact sensible du corps et l’acte chorégraphique au service du récit.
CHRISTIAN & FRANÇOIS BEN AÏM ET MÉLUSINE THIRY : LA RENCONTRE DE DEUX IMAGINAIRES
© Mélusine Thiry
Lors de la mise en place de ce projet, c’est tout naturellement que les chorégraphes
ont proposé à l’auteur et illustratrice Mélusine Thiry, collaboratrice de la compagnie,
d’écrire une histoire qui serait le fil conducteur de leur pièce. Ainsi est né La forêt de
Racine, écrit et illustré par ses soins. Aujourd’hui coédité par la compagnie et l’auteur
cet ouvrage constitue le pendant littéraire de la pièce.
Illustration de La forêt de Racine
Pour ce projet, Mélusine Thiry a également créé l’ensemble des vidéos projetées.
Depuis 2007, elle collabore en tant que vidéaste sur différentes créations de la
compagnie (You’re a bird, now !, Résistance au droit, L’Ogresse des archives et son
chien), apportant à chaque fois sa touche onirique et sensible aux créations des
chorégraphes.
THÉMATIQUES
Après L’Ogresse des archives et son chien, pièce entre
cirque, danse et musique live pour 9 interprètes autour des contes de fées, Christian et François Ben Aïm
poursuivent leur exploration des contes et histoires,
propices au déploiement de leur imaginaire singulier.
© Estelle Brugerolles
Dans La forêt ébouriffée, il est question de Racine, un petit
garçon pas comme les autres, dont personne n’a remarqué
la forêt qui a poussée sur sa tête. Fuyant sa grand-mère
inquiétante et ses camarades railleurs, il court s’y réfugier.
C’est alors le début d’une course effrénée, provoquant
une extraordinaire série de métamorphoses. Aidé dans ses
péripéties par sa fidèle amie Meï, il va peu à peu grandir et apprendre à surmonter ses peurs pour mieux aller à la rencontre
de lui-même et des autres.
A travers ce cheminement initiatique, les chorégraphes dépeignent avec grâce et douceur l’univers de l’enfance,
la difficulté et le plaisir de grandir.
Lieu de repli et d’abandon, du danger et du merveilleux, la forêt nourrit depuis la nuit des temps les imaginaires.
Elle devient pour Racine un lieu ambivalent qu’il va devoir découvrir et apprivoiser pour mieux grandir et se
connaître.
L’IMAGE COMME PROLONGEMENT POÉTIQUE DU CORPS DANSÉ
Ce dispositif scénographique crée une sensation de
profondeur entre l’image et les corps en mouvement, qui
sème le trouble entre rêve et réalité. Le spectateur est
ainsi embarqué dans un voyage poétique, un monde singulier
où les êtres imaginés par le petit garçon, l’environnement
fantastique, et les corps dansés ne composent qu’un seul et
même univers.
© Patrick Berger
Projetées sur deux tulles couvrant la totalité de l’ouverture
scénique, les vidéos créées par Mélusine Thiry occupent une
place prépondérante dans ce nouveau projet et sont, tout au
long de la pièce, une fenêtre sur l’imaginaire foisonnant du
petit garçon.
Les chorégraphes développent dans cette pièce une forme de narration tout en plaçant la dimension sensible
du corps dansant au cœur de l’expérience du spectateur. La danse rend compte des différents états émotionnels
et sensations de Racine, par incarnation ou transposition, et invite les jeunes spectateurs, par identification ou
empathie physique, à partager le périple du jeune garçon.
EXPOSITION AUTOUR DES FORÊTS
Afin de poursuivre cet étonnant voyage après la représentation, Mélusine Thiry a également réalisé une
exposition de mobiles lumineux : Autour des forêts.
A mi-chemin entre le livre et la pièce, on y découvre des univers d’ombres et de lumières habités par des
silhouettes en mouvement, inspirés d’événements du livre et de la pièce. Explorant les transparences des
supports, les apparitions/disparitions, les superpositions et les transformations d’ombres projetées, les images
créées sont animées par des mobiles fixés sur des moteurs rotatifs. Cette exposition peut être présentée dans
les médiathèques ou les théâtres.
AUTOUR DE LA CRÉATION
Dans ce projet, plusieurs thématiques liées aux contes peuvent être abordées par des modes d’expression différents à travers l’exploration de plusieurs disciplines artistiques.
D’une manière générale il s’agit d’envisager et d’explorer la narration, le récit par le biais de l’expression du
corps avant tout et grâce à des moyens plastiques, qui ne se focalisent pas sur la parole et la langue, afin justement de mettre à jour une autre « parole ».
Ces rencontres et ateliers sont à organiser en lien avec la présentation de la pièce. Ce lien permet de créer un
parcours constructif, de préparer et sensibiliser le public à la réception de la pièce.
Ces propositions peuvent être réalisées telles que présentées ci-dessous, mais peuvent être également adaptées au contexte et au public.
Ces interventions sont réalisées par des personnes de la compagnie, selon leur disponibilité.

RENCONTRES
> RENCONTRE AVEC L’EQUIPE ARTISTIQUE
La rencontre avec un ou plusieurs interprètes de la pièce permettra au public de discuter des différentes composantes de l’œuvre, d’évoquer ses inspirations ainsi que le processus de création.
Cette rencontre est à imaginer à différentes occasions en lien avec les lieux.
DECOUVERTE DES METIERS
Des rencontres peuvent être organisées avec des membres de l’équipe pour faire découvrir aux enfants différents métiers du spectacle vivant : régisseur général, créateur lumière, interprètes
Public souhaité : Tout public
Durée : 1h à 2h
Intervenants : créateur lumière, composition musique, danseur, chorégraphes

ATELIERS OMBRES ET ILLUSTRATION
Cet atelier d’art plastique, adapté aux 6-10 ans, est idéalement construit sur un mode progressif en trois
séances : après un temps de sensibilisation à sa technique, l’intervenant conduit des activités de réalisation qui
permettent d’envisager une valorisation du résultat. Cet atelier permet de découvrir à travers une activité créative les thématiques et l’univers de la pièce.
1er ETAPE / 1h30
Découpage : Des formes, silhouettes, éléments de décors, etc. seront découpés dans des papiers de différentes
natures.
Table lumineuse : Les découpages seront disposés sur une table lumineuse ou contre les vitres ; les enfants
découvriront alors l’effet de la lumière au travers de chacun des papiers : jeu d’ombre, de transparence, de
superposition, etc ;
2ème ETAPE / 1h30
Composition et photographie : Les éléments découpés et placés sur la table lumineuse composeront des
scènes, des paysages, etc. qui seront photographiées. Ici, deux options :
- chaque élève (ou groupe d’élèves) traite à son envie le sujet proposé en début d’atelier, produisant au final un
ensemble d’images indépendantes les unes des autres ;
- un nombre donné d’images créées par petits groupes, à partir du thème proposé en début d’atelier, sont
reliées entre elles par un scénario préalablement défini (par l’intervenant ou les enfants) afin de composer un
ensemble cohérent.
3ème ETAPE / 1h30
Tirage et assemblage : Les photographie seront tirées sur papier le résultat formera une suite de planches ressemblant à un story-board ou « scénarimage » de film d’animation ;
Il sera possible alors :
-de les coller sur une grande planche ou sur un mur pour découvrir l’histoire en un seul regard
- ou de les coudre entre elles afin de créer un unique et authentique livre illustré
Cette dernière étape (mise au mur ou reliure) peut donner lieu à un travail d’écriture par un ajout du texte audessous de chaque image.
Age des participants : entre 6 et 10 ans
Nombre de participants : entre 10 et 15
Durée : 4h30

ATELIERS OMBRES ET VIDEO
Il s’agira au cours de cet atelier de créer des « scénettes animées », des objets/installations en lien avec la pièce
de la compagnie CFB 451. Pour cela, ces scénettes s’inspireront de l’univers des contes pour imaginer les objets/
personnages et les décors/supports de projection.
L’intervenant expérimentera avec les participants à travers différentes installations l’animation de la source
lumineuse (différents emplacements, gélatine etc.) puis de l’objet/silhouette projetée (silhouette découpée
staique, en mouvement, etc.) et enfin du support de projection avec des moteurs rotatifs (support durs, tissus,
statiques ou en mouvements, etc.)
Enjeux :
-Travail sur l’écriture de courts texte ou scénettes
- Création plastique des accessoires, décors, personnages, animaux etc..
- Travail de projection d’ombres et de mise en espace de ces « personnages » dans la création des scénettes
-Les scénettes sont filmées et montées par Mélusine Thiry
Des stages de danse pourront être proposés aux participants afin de compléter ces atelier d’art plastique par
une première approche de l’expression chorégraphique.
Age des participants : entre 6 et 10 ans
Nombre de participants : entre 10 et 15
Durée : 8h
ATELIER CHORÉGRAPHIQUE POUR ENFANT
Des stages chorégraphiques peuvent être menés par un danseur de la compagnie avec des groupes d’enfants,
juste pour eux, juste pour le plaisir de danser, de mettre son corps en mouvement en prenant conscience de
l’espace.
Participants : enfants de 6 à 12 ans
Nombre de participants : 12
Durée : 2h
ATELIERS PARENT/ENFANT
Ces ateliers sont menés par un interprète de la compagnie. Par l’intermédiaire de la danse, l’enfant sera amené
à découvrir son corps, à développer ses perceptions et à maitriser les différentes énergies (tensions, relâchement, équilibres…). Un travail sur l’espace et sur le mouvement du corps dans l’espace aura pour but de permettre aux enfants d’acquérir une confiance en soi, de travailler le rapport aux autres, et à soi. Cet atelier sera
l’occasion pour le parent de passer un moment privilégié de découverte et d’éveil avec son enfant.
Public souhaité : jeunes enfants de 6-10 ans
Durée : 2h
Intervenant : danseur de la compagnie, selon disponibilité

ATELIER CHOREGRAPHIQUES EN MILIEU SCOLAIRE
Un ou plusieurs ateliers chorégraphiques peuvent être menés par la compagnie au sein de classes du primaire
ou secondaire. Un atelier ponctuel sera l’occasion de proposer aux élèves une première approche de la danse
contemporaine adapté à l’âge des élèves. Si plusieurs ateliers sont menés, un travail plus en profondeur pourra
être effectué : mettre en jeu la créativité des élèves, appréhender les différentes qualités du mouvement, découvrir le travail de la compagnie à travers la présentation d’extraits de spectacles, et éventuellement travailler
sur une courte forme qui serait présentée à la fin des ateliers.
Ces ateliers sont également une occasion pour l’intervenant de donner pistes de lecture sur la pièce La Forêt
ébouriffée.
Public souhaité : Public scolaire
Durée : de 2h à 20h
Intervenant : danseur de la compagnie, selon disponibilité

ATELIERS CHORÉGRAPHIQUES POUR LES ENSEIGNANTS
Des ateliers peuvent être organisés pour les professeurs en formation ou les enseignants souhaitant questionner les liens entre arts et pédagogie.
Public souhaité : enseignants
Durée : à déterminer
Intervenant : danseur de la compagnie, selon disponibilité
DÉMARCHE
Interview avec Yann Dissez, au Triangle à Rennes, scène conventionnée Plateau pour la danse – janvier 2007
Comment êtes-vous venus à la danse ?
Nous avons d’abord fait beaucoup de sport étant jeunes, puis la danse a été pour nous une sorte de carrefour,
qui a rassemblé des intérêts différents.
Nous avons ressenti la nécessité de dire des choses avec le corps, comme si le corps était inévitablement l’élément avec lequel nous nous exprimons. Le corps est le premier support de notre personne, il porte l’individu,
son identité. Pour nous, toute expression se doit de passer par cet élément incontournable qu’est le corps. Il
y avait aussi la nécessité d’un engagement physique, de l’expression du corps et l’envie d’être dans un rapport
artistique vivant. La danse contemporaine s’est imposée comme le médium qui a rassemblé toutes ces envies,
toutes ces attirances-là.
Nous envisageons le corps, non seulement comme un outil plastique, mais également dans sa dimension humaine. Il parle d’un individu, même si nous n’allons pas forcément raconter la vie de cet individu-là. La première
chose que l’on voit d’un corps, c’est « à qui il appartient ». Dans notre travail nous nous intéressons à cette donnée identitaire que véhicule le corps.
Vous parlez pour votre travail artistique de « danse-théâtre », qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Nous parlons de danse théâtre, car nous ne nous interdisons pas l’utilisation de la parole, le texte et les mots
peuvent participer au spectacle de danse, c’est-à-dire à un spectacle où l’élément premier reste le corps et sa
prise de l’espace et du temps. Ces termes portent aussi l’idée que l’on travaille autour d’une chorégraphie de la
narration : dans nos spectacles, nous n’hésitons pas à poser le fait que l’on va raconter quelque chose, rapporter
des faits, les exposer, parler d’un temps qui n’est pas forcément le temps de la représentation où vous êtes là
en face de nous. C’est en cela qu’il y a une dimension théâtrale : il y a quelque chose qui est rapporté.
« Danse-théâtre » vient aussi du fait que nous aimons bien nous inspirer d’œuvres dramatiques ou littéraires. Il
y a dans nos thèmes et sources d’inspiration cette dimension littéraire qui est assez importante et oriente nos
spectacles dans un certain style. C’est particulièrement manifeste dans nos deux dernières créations, mais c’est
quelque chose qui nous a toujours nourri.
Bien souvent, ce sont des textes poétiques qui ont été à l’origine de nos pièces. Ce qui nous intéresse dans la
poésie ce sont les images : des images fortes ou des images qui choquent l’entendement, qui donnent à voir
des mondes fantastiques, imaginaires : ça c’est inspirant pour le corps, ça nous permet de recréer des mondes
physiques, de comportements, des gestuelles étonnantes.
Ce qui nous intéresse dans le théâtre, ce sont les constructions dramaturgiques, les événements : comment
une pièce s’échafaude, sur une chronologie d’événements et comment on peut rendre compte de cette chronologie, de cette série d’événements de manière scénique, en utilisant les différents moyens que nous avons à
notre disposition.
Nous ne nous sommes jamais dit que, parce que nous faisons de la danse, il nous est impossible d’utiliser des
textes, de la musique, un décor ou une scénographie… Tout peut participer à créer l’événement, après, tout est
question de dosage. Nous aimons que les moyens que l’on utilise se frictionnent et viennent donner des sensations hétéroclites sur ce qui est dit, sur ce qui est fait sur le plateau.
La question de l’engagement, du corps engagé est au cœur de vos propos… y voyez-vous une forme d’engagement politique au sens étymologique du terme (engagement dans la cité) ?
La notion d’investissement physique est une notion importante pour nous : l’investissement physique entendu
comme l’investissement de la personne en rapport avec son corps lui-même. Il y a vraiment une dimension
émotionnelle, sensorielle et donc, engager son corps, c’est le mettre en mouvement dans toutes ses composantes, pas seulement esthétiques ou spatiaux temporelles, mais aussi ses composantes émotionnelles
ou identitaires. C’est pour cela que l’on parle d’engagement : ce n’est pas seulement l’énergie ou la force que
je vais mettre à bouger, c’est aussi ce que je m’autorise à faire résonner physiquement et qui vient toucher à
d’autres dimensions de ma personne.
Pour nous, s’engager politiquement ou s’engager dans une action c’est aussi s’engager selon les différents
paramètres de notre personne. S‘engager dans un groupe, dans une collectivité c’est rencontrer les gens, être
au courant de ce qui s’y fait, réagir… L’engagement passe aussi par la question « Comment je rencontre l’autre ?
». Le premier signe de l’engagement c’est : « Quel est le lien qui m’unit à l’autre ? », « Comment je crée du lien et
comment je l’actualise avec l’autre, avec la différence ? ».
Peut-être que s’engager c’est avant tout être dans un juste rapport à soi-même de manière à pouvoir être dans
un juste rapport à l’autre. C’est quelque chose qui n’est pas donné, qui est à renouveler, à ajuster constamment.
Notre engagement politique (comment je m’insère dans la collectivité, dans un lieu) est avant tout lié à la question « Comment je m’y insère en étant au plus près de moi-même et en même temps le plus disponible pour
être ouvert à ce qui m’entoure ? ».
Notre engagement est un engagement sensible à partir duquel nous pouvons envisager un engagement plus
philosophique ou plus politique, mais il s’agit avant tout de l’engagement de ce qui nous constitue primordialement, c’est à dire de notre corps, de nos émotions et de notre pensée. Nous avons du mal à distinguer entre ce
qui serait le corps comme outil plastique et des émotions ou une pensée séparées : le corps est un tout.
Les questions de l’autre, de l’individu, de l’identité occupent une place centrale dans votre travail ...
Oui ce sont des thématiques qui sont au coeur de notre travail, parce qu’elles rejoignent toute notre recherche
sur les questions de présence, de disponibilité du corps, sur le fait de comprendre comment le corps peut être
mis en jeu tout en rendant présentes les émotions et les sensations.
Notre préoccupation centrale est vraiment la question de la présence de l’identité : comment l’identité peut à
la fois apparaître et disparaître ? Ce que l’on cherche avec les interprètes c’est à ce qu’ils ne s’effacent pas, qu’ils
convoquent tous leurs moyens de manière à être les plus vivants possibles.
Les questions de l’autre, de l’individu, de l’identité sont au coeur de notre recherche purement physique, qui
consiste à tenter de comprendre comment l’émotion se transcrit physiquement, comment le corps donne à
voir des émotions. Quand on travaille avec des danseurs en stage, c’est avant tout sur ces questions là que l’on
insiste, que l’on cherche : « Est-ce que vous pouvez vous mettre d’avantage en jeu, apparaître plus vous-mêmes
physiquement, dans toutes vos composantes (émotion, sensation, pensée, corps) ? » Il s’agit d’accroître cet
investissement, cet engagement dans toutes ses directions, en conservant l’idée que plus je vais aller loin dans
cet investissement, plus je vais m’effacer en tant qu’individu, avec mon histoire personnelle : plus j’augmente
ma capacité à me mettre en jeu pleinement, plus je vais pouvoir parler d’autre chose que de moi-même.
La question de la relation à l’autre est aussi importante, elle se décline : relation à moi-même (« Je est un autre
»), relation à l’autre interprète avec qui je partage le plateau, relation au public…
Nous sommes dans une démarche où nous tenons compte du public, il y a dans nos spectacles une dimension
d’adresse et de connivence de plus en plus manifeste. Si dans nos premiers spectacles il y avait une exposition
franche, spontanée, immédiate de ce que l’on cherchait à exprimer, aujourd’hui ce qui est adressé l’est avec la
conscience d’être adressé : il y a une connivence souterraine qui est établie avec le public « Nous allons vivre
des émotions, vous raconter des trucs, mais nous ne sommes pas dupes de ce qui est en train de se jouer là ».
Nous cherchons malgré tout à avoir une distance. Notre rencontre va se faire dans cette connivence : quel rôle
vous, en tant que public, et nous, en tant qu’interprètes, nous allons tenir. Nous retrouvons la complicité de
l’illusion théâtrale.
CHRISTIAN ET FRANÇOIS BEN AÏM
Une compagnie
Les frères Ben Aïm, c’est tout cela à la fois : une vingtaine de créations qui
s’échelonnent sur quinze ans de collaboration en binôme, renforcées par des
complicités artistiques venues de tous horizons. Une histoire comme un sillon
à creuser, dans l’expertise d’un travail de terrain en lien avec les lieux et les
territoires. Ces trois dernières années, c’est près de 350 représentations qui leur
ont permis d’asseoir un vrai projet de compagnie.
© DR
Des chorégraphes-danseurs
Formés à la danse, au théâtre physique, et au cirque, ils commencent, chacun de
leur côté, un parcours d’interprète au Canada et en France. Leur réunion a ensuite
posé les bases de leur compagnie, qui fonctionne dans le duo-tandem fraternel :
la réflexion de l’un croise l’instinct de l’autre et vice versa, dans une confrontation
qui appelle à des projets artistiques en constante évolution.
© DR
Quelques pièces dans un parcours
En 1997, la pièce A l’abri du regard des hommes, avant d’aller mourir ailleurs est
un acte fondateur, une pièce hybride où danseurs et comédiens partageaient la
même énergie physique et brute. Suivront dans la même veine La Frontera ou Ne
vous fiez pas au titre, il peut encore changer, pour une danse non dénuée d’humour
et pleine de surprises. Parmi leurs pièces emblématiques, on retient également
le diptyque autour de l’univers de Bernard-Marie Koltès, Carcasses, un œil pour
deux et En plein cœur où le texte résonne dans une scénographie et une création
musicale sur-mesure. Dernièrement, L’Ogresse des archives et son chien joue pleinement le croisement entre les disciplines, tandis que Valse en trois temps flirte
avec le dépouillement. Sans oublier des œuvres in situ, comme le monumental
Mangrove Groove en Chine, ou le tout-terrain Karma dans le Nord-Pas-de-Calais.
Des lieux
Ce parcours est devenu possible au fil du temps grâce au compagnonnage et à la
fidélité de nombreux lieux, parmi lesquels des scènes conventionnées (Théâtre de
Vanves, Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France, Théâtre de La Madeleine
de Troyes où ils ont été artistes associés pendant six ans), des scènes nationales
(Mâcon, Aubusson), des Centres Chorégraphiques Nationaux (Roubaix, Orléans,
Créteil), l’Espace 1789 à Saint-Ouen.
L’ouverture. C’est ce qui caractérise le cheminement de la compagnie : des solos
intimes qui s’ouvrent vers des pièces d’envergure, une écriture physique qui
s’engage dans le croisement entre les arts, et des rencontres qui déterminent des
compagnonnages dans l’ancrage territorial comme à l’international. Au fil des
désirs, toujours renouvelés lorsqu’il s’agit de franchir les frontières, artistiques et
géographiques..
CONTACTS
Administratrice
Ambre Takei - [email protected]
Attaché à la communication et aux relations publiques
Thomas Courtot - [email protected]
CFB 451 - 53 Rue du Général Leclerc - 94270 Le Kremlin-Bicêtre - France
00 33 1 43 60 76 11
La compagnie est soutenue par la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide à
la compagnie chorégraphique conventionnée, par la Région Île-de-France au titre de la Permanence Artistique et Culturelle
et de l’Emploi tremplin, et par le Conseil Général du Val-de-Marne.
La compagnie est en résidence au Théâtre de Rungis (94).
©Photo couverture : Estelle Brugerolles