Biogéographie - Université Paris-Sud
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Les grandes régions biogéographiques Ecologie Biogéographie Marc Girondot, Université Paris Sud Les grandes régions biogéographiques ! Alexander von Humboldt (1769-1859) et Aimé Jacques Alexandre Goujaud, dit Bonpland (1773-1858) ! De 1799 à 1804, ils font une expédition en Amérique qui reste exemplaire pour la quantité de données rapportées. Une carte de la végétation est produite. Les grandes régions biogéographiques ! Thomas Henry Huxley (1825-1895) ! Exclu les Philippines en 1868 de la partie orientale de la ligne de Wallace principalement sur la base de la répartition des Megapodiidae: " Huxley, T. H. (1868) On the classification and distribution of the Alectoromorphae et Heteromorphae. Proceedings of the Zoological Society of London, 6, 249–319. Talégalle de Latham (Alectura lathami) ! Au milieu du 19ème siècle, les “voyageurs naturalistes” ont commencé un inventaire suffisamment complet pour que des tendances s’observent sur la répartition des espèces sur la terre. Les grandes régions biogéographiques ! Alfred Russel Wallace (1823-1913) ! Il fit tout d'abord des recherches sur le bassin fluvial de l'Amazone, puis dans l'archipel Malais où il identifia la ligne séparant la faune australienne de celle de l'Asie, qui fut appelée « ligne Wallace » en sa mémoire. Les grandes régions biogéographiques ! Charles 1882) Robert Darwin (1809– ! Au cours de son voyage sur le Beagle (1831-36), a l’intuition que les phénomènes de colonisation expliquent la répartition des espèces. Les grandes régions biogéographiques ! C’est un canevas obtenu sur la base de distributions d’espèces ou de groupes d’espèces communes sur de très grandes aires géographiques. ! Alphonse Pyrame de Candolle (1806-1893) ! Publie une Géographie botanique raisonné 1856. Fils d’Augustin Pyrame de Candolle qui a entrepris un livre recensant toutes les plantes connues à l’époque (58 975). ! Philip Bullidae (Gastropoda: Opisthobranchia) Lutley Sclater (1829-1913) ! Séparation du monde en 6 régions zoologiques dans un article des Proceedings of the Linnean Society Qu’est-ce qu’une région biogéographique ? La première hypothèse formulée fut celle de spéciation par dispersion à partir d’un centre d’origine. ! Ainsi, les frontières entre zones biogéographiques correspondraient à la présence de barrières pratiquement infranchissables. ! Après un franchissement, très improbable, il se produit une radiation de spéciation dans la nouvelle aire colonisée. ! Ligne de Wallace Les régions de Sclater 1858 D’où proviennent ces régions ? La première hypothèse formulée fut celle de spéciation par dispersion à partir d’un centre d’origine. ! Ainsi, les frontières entre zones biogéographiques correspondraient à la présence de barrières pratiquement infranchissables. ! Après un franchissement, très improbable, il se produit une radiation de spéciation dans la nouvelle aire colonisée. ! D’où proviennent ces régions ? Exemple de l’Amérique centrale Plutôt hospitalier !!!! Costa Rica ! Théorie proposée en 1915 par l’allemand Alfred Wegener qui était météorologue et non géologue dans une version révisée de son livre de 1912 «!Die Entstehung der Kontinente und Ozeane”." ! Le livre sera publié en anglais en 1924 «!The Origin of Continents and Oceans!»." Autre solution: Dérive des continents 1880-1930" ! Distribution des fossiles de mésosaures à la fin du carbonifère et au permien. ! Dépôt de roches à forte concentration métallique Les données utilisées par Wegener Les données utilisées par Wegener ! Qui sont les mésosaures ? Certes, l’animal, avec ses doigts palmés et sa longue queue aplatie, vit dans un milieu marin (ses ancêtres étaient terrestre). Mais ces caractéristiques ne sont pas suffisantes pour lui permettre de traverser l’océan Atlantique. Dans le cas contraire, on le retrouverait ailleurs qu’au Brésil et en Afrique australe. Les mésosaures ! La dérive des continents a été très combattue à telle point que Wegener lui-même finit par l’abandonner. ! Cette théorie finira quand même par être validée lorsque la tectonique des plaques sera comprise. ! L’ensemble des terres émergées est regroupé sous la forme d’un seul continent: la Pangée. ! téthys Vers 230-160 millions d’années, celle-ci se brise en 2 morceaux, la Laurasie au Nord et le Gondwana au Sud. ! Laurasie: Amérique du Nord, Eurasie ! Gondwana:Afrique, Amérique du Sud, Inde, Australie, Antarctique ! Dérive des continents et tectonique des plaques ! Le Gondwana va à son tour se disloquer en 5 fragments: ! Amérique du Sud, Afrique, Inde, Antarctique, Australie ! Et la Laurasie en 2 fragments ! Amérique du Nord, ! Eurasie Devenir du Gondwana et de la Laurasie Ouverture en 1914 du canal de Panamá Ces deux masses se déplacent dans la panthalassémie (océan). La Pangée ! L’Amérique du Sud et celle du Nord rentrent en collision et l’Amérique centrale se forme à partir de 30 millions d’années et continue de se former ! ! L’Océan Atlantique se sépare alors du Pacifique en plusieurs étapes. Suite de l’histoire Volcan Arénal Costa Rica février 2004 La Compagnie Universelle du canal maritime de Suez de Ferdinand de Lesseps construit le canal entre 1859 et 1869 sans avoir besoin d’écluses. 250 immigrants lessepsiens ont été dénombrés en Méditerranée Le sigan margerite, poisson herbivore Siganus stellatus Réouverture de la liaison récente Comparaison avec le canal de Suez Synthèse Structure des plaques tectoniques Structure des plaques tectoniques La situation actuelle La limite Afrotropicale-Paléarctique est plus basse que la limite des plaques (la Méditerranée) Climats en Afrique actuellement Limite Afrotropicale-Paléarctique La limite Afrotropicale-Paléarctique est plus basse que la limite des plaques (la Méditerranée) car le Sahara a constitué secondairement une barrière depuis 6000 ans environ. Exemple de faunes associées Subclass Archosauria! Order Crocodylia! Suborder Eusuchia! ! L’absence de crocodiliens actuellement en antarctique s’explique aisément en raison du climat (voir plus loin dans le cours). Il est par ailleurs très difficile d’y trouver des fossiles en raison de l’épaisseur de glace qui recouvre tout. ! L’absence en Eurasie est récente puisque des fossiles de crocodiliens sont connus en France. Conclusion La description d’un crocodilien en Normandie sur la base d’un fragment d’os par Georges Cuvier (1769-1832) est parfois considéré comme la naissance de l’Anatomie Comparée. L’absence en Eurasie ! L’Eurasie a subit durant le quaternaire une série de modifications climatiques qui ont profondément modifié la structure de la faune et de la flore. Retour aux régions biogéographiques ! Des tentatives pour découper secondairement ces régions ont été faites, mais la généralité de ces sous-régions est souvent restreinte à un groupe d’organisme. Découpages successifs ! Il y a 313 espèces de tortues décrites séparées en deux grands groupes – La phylogénie peut-elle aider à retrouver la dérive des continents ? Les pleurodires Les cryptodires Exemple des chéloniens… Biogéographie actuelle des pleurodires Phylogénie et systématique des Pleurodires " "Famille Chelidae " " "Austro-American Sideneck Turtles " "Super famille Pelomedusoidea" " "Famille Pelomedusidae" " " "Afro-American Sideneck Turtles" " "Famille Podocnemididae " " " "Madagascan Big-headed & " Sous-ordre Pleurodira" " " "American Sideneck River Turtles" Distribution des Chelidae ! Austro-American Sideneck Turtles" Distribution des Podocnemididae Madagascan Big-headed & " " " "American Sideneck River Turtles" Distribution des Pelomedusidae ! Afro-American Sideneck Turtles" ! Les faunes actuelles peuvent ne représenter qu’une partie de l’histoire car il est possible que des formes aient existé ailleurs mais aient disparu. Apport des fossiles Crétacé - Secondaire 65 millions Hamadachelys escuilliei" Chelonia - Pleurodira - Podocnemididae ! d’années Madagascan Big-headed & " " " "American Sideneck River Turtles" ! Tong, H. et Buffetaut, E. 1996. A new genus and species of pleurodiran turtle from the Cretaceous of southern Morocco. N. Jb. Geol. Paläont. Abh., 199, 1, 133-150 " ! En réalité, les pleurodires étaient présents sur toute la Pangée mais ont été exclues de la Laurasie par un nouveau groupe de tortues apparu en Chine et qui s’est dispersé dans toute la Laurasie: les Emydidae, dont fait partie la Cistude d’Europe présente en France. Conclusion Eocène - Tertiaire 37 à 49 millions d’années Papoulemys laurenti" Chelonia - Pleurodira - Podocnemididae! ! Tong, H. 1998. Pleurodiran turtles from the Eocene of Saint-Papoul (Aude, southern France). Oryctos, 1, 45-53. " ! La température, au même type que l’hygrométrie, explique une grande proportion de la répartition actuelle des espèces. Candolle, Alphonse Pyrame, de. 1855. Géographie botanique raisonnée. Masson, Paris, France. L’effet de la température sur la répartition des espèces Les isothermes ! Température ! Unité de mesure USI en K (Kelvin) et non °K ! " °C Celsius accepté aussi " °F Farhenheit ou °R Rankine ! La chaleur correspond au transfert de l’énergie cinétique d’un corps vers un autre ou d’une source d’énergie vers un corps. ! L’unité USI de la chaleur est le Joule de symbole J Définitions Lignes fictives au niveau de la surface de même température Les isothermes permettent de définir des surfaces isothermes Les isothermes moyens permettent de définir les climats Exemple de répartition Mauremys leprosa Emys orbicularis Lignes d’iso-ensoleillement Aucune E. orbicularis E. orbicularis + M. leprosa ! Hibernation : rythme annuel ! Hivernation : rythme annuel ! Torpeur : rythme nycthéméral L’héliothermisme chez les chéloniens Température comme facteur de limitation de répartition ! Sténothermes: ne tolèrent qu’une faible gamme de températures ! Poissons tropicaux ! Eurythermes: températures tolèrent une grande gamme de ! Ex. : organismes intertidaux Tolérance au changement de température ! Ectotherme vs. endotherme ! La chaleur est-elle d’origine métabolique (thermogénèse) ou tirée principalement de l’environnement ! Hétérotherme ! Les différents organes répondent différemment. ! Ex. Nageoires de thon à 25°C " Ailes de bourdon, abeille ou sphinx à 30°C ! Température eccritique ! Preferendum thermique ! Attention, ce n’est pas l’optimum thermique qui est la température à laquelle une activité donnée est la plus importante. Arabidopsis thaliana 3-deoxy-D-mannooctulosonate 8-phosphate synthase Choix thermique Les modalités d’échange de chaleur ! Absorption solaire ! La chaleur absorbée dépend de la lumière disponible et de la couleur de l’animal. ! Si les écailles, plumes ou poils sont brillants, une partie de la lumière sera réfléchie. ! Possibilité de changer de couleur pour contrôler la température corporelle (polymorphisme, instantanément ou sur un rythme annuel). Thermorégulation chez les animaux ! Papillon ayant une large aire de répartition Les papillons du genre Colias sont des exemples excellents de mélanisation alpine en présentant des clines altitudinaux à la fois au niveau intra-spécifique et inter-spécifique. Effet de la couleur Le polymorphisme des Colias Ellers J, Boggs CL: Functional ecological implications of intraspecific differences in wing melanization in Colias butterflies. Biological Journal of the Linnean Society 2004, 82(1):79-87. Le poil de l’ours polaire éclairé en ultra-violet ne réémet aucune lumière d’où l’idée qu’il se comporte comme une fibre optique conduisant la lumière jusqu’à la peau de l’ours! ! Grojean, R. E., Sousa, J. A., and Henry, M. C., "Utilization of solar radiation by polar animals: an optical model for pelts", Appl. Opt. 19 , 339-46 (1980)." ! Tributsch, H., Goslowsky, H., Küppers, U., and Wetzel, H., "Light collection and solar sensing through the polar bear pelt", Sol. Energy Mater. 21 , 219-36 (1990). " Radiation infrarouge ! Tout corps qui n’est pas à 0 K émet des infrarouges. Le sens du flux dépend de la température de l’animal et des objets l’entourant. En fait, non… le poil de l’ours blanc ne laisse passer 1/1000ème de la lumière reçue! ! Koon, Daniel W., "Is Polar Bear Hair Fiber Optic?", Applied Optics, 37 , 3198-3200 (1998). " " Mais le poil de l’ours absorbe les UV ce qui est une propriété connue de la kératine." Le cas de l’ours polaire Convection ! Transfert de chaleur d’un objet à un fluide (air ou eau en général). ! Le flux net peut-être entrant ou sortant de l’animal. ! Le transfert augmente lorsqu’il y a du courant ou du vent. Mais le corps de l’animal plus ou moins chaud que le milieu crée lui-même un courant. ! L’efficacité du transfert dépend de la forme de l’animal et de la texture de sa surface. En général, une surface rugueuse limite l’effet de la convection en limitant les mouvements de liquide à proximité du corps. Le transfert de chaleur existe aussi entre individus et expliquerai l’existence de copulation multiple chez certains serpents à la sortie de l’hivernation. Quand la femelle de la couleuvre rayée Thamnophis sirtalis sort d’hivernation au Canada, elle produit une phéromone qui attire des centaines de serpents mâles dans le voisinage et se forme une « balle d’accouplement ». Conduction Conduction ! Transfert de chaleur entre deux corps, par contact, par exemple un animal dans son terrier Heterocephalus glaber (rat-taupe nu) • Lors de la respiration, l’animal expulse de l’air saturé en vapeur d’eau. A moins que l’air inhalé soit lui même saturé en eau, l’évaporation qui se produit dans le poumon fait perdre de la chaleur à l’animal. • Le halètement est une méthode très efficace pour perdre de la chaleur. ! L’évaporation peut aussi se produire au niveau de la peau. Par exemple, Templeton (1970) estime que 60% de l’eau est perdue chez un lézard par la peau et 40% par la respiration. Evaporation ! Beaucoup de réactions biochimiques dissipent une énorme quantité d’énergie sous la forme de chaleur. ! Certains organismes utilisent ce métabolisme pour générer de la chaleur et maintenir leur température corporelle plus élevée que celle du milieu. Métabolisme