partie Perspectives - Syndicat Intercommunautaire Ouest

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partie Perspectives - Syndicat Intercommunautaire Ouest
« PERSPECTIVES
POUR L’OUEST CORNOUAILLE ».
- Synthèse et enjeux :
- « L’environnement » : Pierre PLOUZENNEC, Vice-Président de la Communauté de communes du Haut
Pays Bigouden ;
- « Le territoire et ses habitants » : Gaby LE GUELLEC, Maire de Pouldergat, Vice Président de la
Communauté de communes de Douarnenez, en charge du logement ;
- «L’agriculture » : André SERGENT, Vice - Président de la Chambre d’Agriculture du Finistère, agriculteur
à Beuzec-Cap- Sizun ;
- « La pêche » : Hélène TANGUY, Députée - Maire du Guilvinec ;
- « Le tourisme » : Annick LE LOCH, 1ère Vice-Présidente du Conseil général du Finistère, Présidente du
Comité départemental du tourisme (CDT) ;
- « Les entreprises » : Bernard LE GALL, Maire de Mahalon, Président de la Communauté de Communes du
Cap Sizun.
- Perspectives :
- « Le SCOT : un outil de planification et d’équilibre » :
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- « L’avenir de l’ouest Cornouaille en Europe » :
Ambroise GUELLEC, Maire de Pouldreuzic, Député européen.
- « L’Etat et le SCOT de l’ouest Cornouaille » :
Fabien SUDRY, Secrétaire général de la Préfecture du Finistère.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 205
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
L’ENVIRONNEMENT ».
Pierre PLOUZENNEC, Vice-Président de la Communauté de communes du Haut Pays Bigouden.
INTRODUCTION
L’atelier environnement s’est déroulé le 13 mai à Pont-Croix. Cinq intervenants se sont succédés à cet atelier,
plus un sixième, non négligeable, qui a apporté un certain lien et une certaine lumière sur les débats : Monsieur
Jean-Claude Pierre de « Nature et culture ». Les cinq thématiques abordées durant cet atelier ne sont pas
exhaustives de la thématique de l’environnement.
Par ailleurs, la problématique de l’environnement a été abordée dans tous les ateliers de ce colloque, de
l’agriculture au tourisme en passant par l’industrie et le logement.
La thématique a été organisée essentiellement autour d’un terme galvaudé : le développement durable.
Par le terme durable, il faut entendre soutenable, qui fixe un cadre sur le long terme dans lequel le
développement offre encore des perspectives pour les générations futures et pour l’ensemble de nos activités. Il
s’agit essentiellement de la déclinaison des engagements internationaux (accords de Rio et protocole de Kyoto)
qui se finalisent sur nos collectivités locales par l’élaboration des agendas 21 : établir le développement
économique des grands équilibres de la planète. Pour nos régions, le but essentiel est de préserver la ressource en
eau, la biodiversité, la qualité des sols, sans toutefois omettre la dimension sociale qui est indispensable à la
pérennité de notre schéma de développement. Si notre développement sait associer l’environnement, les
équilibres sociaux et le moteur qu’est le développement économique, un développement équilibré sera
vraisemblablement atteint.
Il s’agit, enfin, dans le cadre de ces grands engagements internationaux, de grandes directives. Ces dernières
peuvent être déclinées localement à travers nos orientations et notre politique, en agissant toujours pour les
générations futures.
Le premier point, présenté par M. Martin, chef du service « Prospective » de la Direction Départementale
de l’Equipement, définissait le cadre juridique qui s’applique à l’environnement. Souvent ressenti comme
une contrainte par les élus, le cadre juridique est une composante intégrée à l’environnement de façon plus
globale. Il vise à protéger essentiellement la faune, la flore, les eaux, l’atmosphère et les espaces.
Ce développement a accompagné les procédures de décentralisation. Auparavant, les autorisations préfectorales
suffisaient : les collectivités se contentaient de l’accord du Préfet. Aujourd’hui, il s’agit de développer un schéma
particulier et d’élaborer un projet de développement local à partir du dialogue que nous aurons instauré dans un
cadre défini plus largement au niveau national.
Notre territoire apparaît comme un territoire extrêmement riche à travers ces milieux naturels encore préservés,
notamment sur les franges littorales.
Notre projet, dans le cadre juridique, vise à préserver l’ouest Cornouaille mais également à le développer.
Cette composante du développement est trop souvent ignorée et minorée. Les principaux axes du projet sont les
suivants :
- gérer la pression touristique et la pression de l’urbanisation, pressions de mêmes types car d’origine
anthropique ;
- gérer la prévention des risques ;
- gérer l’exploitation des ressources naturelles, en liaison directe avec notre activité économique
(agriculture/pêche) ;
- gérer, dans les domaines de l’habitat notamment, la préservation des ressources et les conséquences néfastes de
l’utilisation de l’énergie sur notre environnement.
La pression humaine nous renvoie à un double constat : positif et négatif. L’urbanisation dénote un
dynamisme du territoire mais crée, dans le même temps, une pression que nous devons nous efforcer, dans notre
projet, de rendre compatible avec la pérennité de notre environnement. Les différentes composantes à prendre en
compte sont :
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 206
- la gestion du risque ;
- les incidences sur la consommation d’eau ;
- les incidences sur les déplacements.
- La gestion du risque
En matière de gestion du risque, l’état du littoral apparaît digne d’attention. Notre territoire possède 305
kilomètres de littoral, toujours à l’état naturel à 70 %.
Sommairement, notre littoral est globalement préservé. La situation par rapport à l’érosion s’est plutôt moins
dégradée lors des 10 dernières années mais nous sommes tout à fait incapables de dire si cette évolution est due à
une agressivité moindre du climat ou si elle est réellement liée à l’impact de l’intervention humaine dans le cadre
d’opérations de protection du littoral.
Un autre facteur environnemental important concerne l’état de l’eau en général dans notre région, tant l’eau
douce que l’eau d’alimentation ou les eaux de baignade. L’augmentation de la sensibilité à la qualité de l’eau
est plutôt liée à une évolution de la sensibilité des populations à cette problématique qu’à une dégradation
effective de la qualité de l’eau. Aujourd’hui, on constate une amélioration objective de cette qualité, aussi bien
sur la qualité piscicole des cours d’eau que sur la qualité des eaux de consommation. Globalement, concernant
les eaux littorales, la situation est moins alarmante que dans d’autres régions. Ceci est également dû au fait que
notre littoral est brassé par des courants assez forts.
Toutefois, il existe un retard par rapport aux objectifs fixés par la loi, notamment la directive cadre sur les
nitrates. Même si la situation actuelle n’est pas satisfaisante, elle devrait sérieusement s’améliorer.
Malgré ce constat, il est nécessaire de décliner des axes de priorité dans l’utilisation de l’eau sur notre territoire.
La fragilité de la ressource en eau dans notre territoire est davantage d’ordre quantitatif que qualitatif. Il
est donc important, pour les collectivités publiques entre autres, de faire des efforts sur les économies d’eau,
notamment concernant les rendements de réseaux. Aujourd’hui, un réseau à 80 % de rendement est considéré
comme un réseau performant. Il reste donc encore des marges de progrès. Les politiques d’habitat doivent,
sans doute, se tourner vers des orientations favorisant les installations domestiques économes mais aussi
vers une sensibilisation des usagers (pour l’eau comme pour d’autres domaines).
D’autres mesures sont à prendre pour la protection de la ressource. L’une d’entre elles concerne l’utilisation
mesurée et raisonnée des nitrates et des pesticides. Cette prise de conscience se rapporte aussi bien à l’emploi
agricole qu’aux emplois domestiques privés, non quantifiés et, bien souvent, beaucoup plus dommageables que
les emplois agricoles.
Il faut également poursuivre les efforts en assainissement individuel et collectif.
A titre d’exemple sur la compatibilité entre le développement, la préservation et le cadre législatif, citons le
modèle de réhabilitation réussie qu’est celui de la Pointe du Raz. Un partenariat entre les collectivités, les
associations, la population et l’ensemble des institutionnels y compris le mécénat privé, moyennant un
financement de 10 millions d’euros, a permis de restaurer un site qui était dans un état de quasi-irréversibilité.
Aujourd’hui, on voit le succès de cette volonté de développement, grâce à la préservation d’un site générant des
retombées économiques dans l’arrière pays.
En corrélation avec l’élaboration du SCOT, un schéma de développement éolien est en cours d’élaboration
pour notre territoire. Ce schéma s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux par rapport à la
préservation de l’atmosphère et à la gestion des grands équilibres écologiques mondiaux. Dans notre territoire,
la déclinaison locale de cette politique, définit la volonté d’aboutir à une production d’énergie
renouvelable équivalente à 20 % de la consommation des ménages.
Cette démarche fait face à plusieurs paramètres :
- les notions de rendement éolien sur notre territoire ;
la compatibilité avec l’occupation humaine de ces territoires ;
la compatibilité avec l’impact sur la faune, la flore ;
l’impact visuel sur la qualité des paysages.
Cette superposition de contraintes aboutit à une carte, provisoire à l’heure actuelle, de schémas souhaitables de
répartition des éoliennes.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 207
En synthèse
L’état de l’environnement dans l’ouest Cornouaille est encore un atout pour notre région, à savoir qu’il est
suffisamment préservé pour qu’il soit considéré comme un facteur de développement. C’est aujourd’hui,
alors que l’environnement est encore préservé, qu’il faut mettre en place des mesures de protection. Par
la suite, il sera trop tard. La préservation, voire l’amélioration du cadre environnemental de notre région, est un
axe porteur de développement qui nécessite l’implication de tous les acteurs.
Les actions les plus efficaces ne sont pas essentiellement des mesures de grande envergure qui mettront une
dizaine d’années à se mettre en place. En fait, les mesures d’économie de la ressource telle que l’espace, l’eau et
la gestion des déchets, qui concernent l’ensemble des comportements individuels (problème non abordé pour des
questions de temps dans le débat), sont souvent les moins onéreux et les plus efficaces.
L’autre élément qui s’est dégagé est le suivant : une attitude uniquement défensive ou protectrice de
l’environnement, sans vision de développement, prive une partie des acteurs économiques du territoire de
perspective d’avenir. Il faut donc apprécier l’environnement dans une perspective dynamique avec un réel
projet pour l’avenir. Pour parvenir à ce projet, les collectivités peuvent et doivent être les acteurs de la démarche,
notamment par des politiques d’incitation et de pédagogie vis-à-vis de la population (explications rationnelles
et objectives de la problématique). Pour exemple, la gestion des déchets, et le tri sélectif en particulier,
apparaissent impossible sans l’adhésion de la population.
Enfin, on peut certifier que la défense de l’environnement s’inscrit dans une démarche globale répondant à
une exigence sociale : le gaspillage d’énergies et de ressources pénalise en premier lieu, les populations les plus
défavorisées. A ce titre, citons l’exemple de la démarche de la ville de Lorient qui a accru son parc de logements
en l’espace de 10 ans de plus de 50 %, en réduisant la consommation d’eau de pratiquement 700 %. Cette
démarche d’économie d’eau, qui a été étendue au logement locatif et à la population occupant ces logements, a
notamment permis d’éviter la création d’un barrage très coûteux sur la rivière du Scorff. La preuve donc qu’une
politique d’économie est susceptible de ménager énormément la ressource et va de pair avec l’économie de
moyens.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 208
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
LE TERRITOIRE ET SES HABITANTS ».
Gaby LE GUELLEC, Maire de Pouldergat, Vice Président de la Communauté de communes de
Douarnenez, en charge du logement.
Cet atelier, très riche, a été soutenu par des ambitions fortes autour des questions fondamentales au
niveau du SCOT. L’ouest Cornouaille, comme tous les territoires littoraux, possède une attractivité qui va aller
en s’amplifiant. Dans ce cadre, il s’agissait, durant l’atelier, d’observer l’occupation actuelle du territoire, de
connaître les dynamiques démographiques, le profil des habitants et de leur parc de logements. Il s’agissait
également d’identifier les pressions qui s’exercent dans le domaine résidentiel et d’analyser leurs conséquences.
Il s’est agit aussi de présenter les outils de maîtrise de ces phénomènes dans le cadre du SCOT.
I – LES CONSTATS
1/ Une démographie inquiétante
Nous avons d’abord analysé l’évolution de la population. L’ouest Cornouaille a perdu des habitants entre
1990 et 1999. Elle en avait déjà perdu entre 1982 et 1990. Toutefois, la situation n’est pas mauvaise partout. La
population du Cap Sizun diminue alors que celle du Pays Bigouden Sud augmente, essentiellement dans les
communes desservies par la deux fois deux voies. On notera également que les pôles de Douarnenez et du Pays
Bigouden Sud regroupent les deux tiers de la population de l’ouest Cornouaille.
Nous avons également étudié le solde migratoire. Celui-ci confirme les écarts entre les pays. Il y a plus de
départs que d’arrivées dans le Cap Sizun et le Pays de Douarnnez. Le Pays Bigouden est, quant à lui,
globalement attractif. C’est donc une démographie inquiétante, réalité déjà soulignée lors du colloque de 1992.
L’indice de vieillissement reflète une véritable fragilité démographique. C’est un déséquilibre qui s’installe
entre une population âgée importante et des jeunes peu nombreux. Ce déséquilibre est encore amplifié dans les
secteurs en déficit démographique et a des répercussions fortes sur le fonctionnement du territoire. Il faut loger
les personnes âgées, leur adapter des logements, préparer leur départ vers des structures spécialisées, les soigner,
les aider ou encore créer des services à la personne. Le vieillissement de la population est ainsi un enjeu fort à
prendre en compte. Le maintien des personnes âgées doit être assuré mais la venue des jeunes doit aussi
être encouragée grâce à des logements adaptés.
2/ Le profil social des habitants
Nous avons aussi un territoire où le profil social des habitants est plutôt modeste, comparé au reste du
Finistère : moins de diplômés et de cadres, des revenus globalement moins élevés et davantage d’emplois
précaires. Ce profil social doit être pris en compte face à la spéculation foncière et immobilière. Les habitants de
l’ouest Cornouaille sont en concurrence avec des ménages aux revenus supérieurs. La structure du parc de
logements est peu adaptée aux besoins et aux moyens de la population. De fait, le parc de logements possède
des caractéristiques relativement défavorables.
3/ Le parc de logements
La part de résidences secondaires est supérieure à la moyenne du département et cela se répercute sur le
marché. Ce sont autant de logements qui sortent de l’offre globale. La part des résidences secondaires est, bien
sûr, une des conséquences de l’attractivité de notre territoire. En 2003, le quart des 50 000 logements construits
sur le littoral français l’ont été en Bretagne. Sur ces 12 500 logements, la moitié était des résidences secondaires.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 209
Nous avons un parc de logements essentiellement individuel, c’est à dire équipé de petits logements. Ce parc
répond difficilement à la demande des petits ménages mais également à celle des personnes âgées, surtout
si ces logements individuels ont plusieurs étages, sont isolés ou éloignés des centres bourgs. L’offre de
logements collectifs est faible et se concentre dans trois pôles principaux : Douarnenez, Pont-l’Abbé et
Audierne. Nous avons beaucoup de propriétaires occupants et donc un secteur locatif très confidentiel. Cela
n’est pas sans poser problèmes pour l’accès des jeunes ménages ou des ménages modestes.
Un autre problème réside la faiblesse du locatif HLM. Il se trouve largement concentré à Douarnenez, zone
dans laquelle se focalise largement la pression sociale du nord-ouest Cornouaille. Le parc y est vieillissant et de
moins en moins adapté à la demande.
Ainsi, le parc de logements de l’ouest Cornouaille n’est plus adapté à l’accueil des jeunes ménages, des
ménages modestes et des ménages mobiles (saisonniers et cadres). Il ne permet pas de réaliser un parcours
résidentiel dans de bonnes conditions.
- Le marché
Notre territoire subit l’attractivité littorale mais également l’influence du pôle quimpérois. Cette influence
explique qu’un certain nombre de communes, facilement accessibles et disposant du foncier nécessaire, ont
un niveau de construction non négligeable sur la période récente. Se pose alors le problème du niveau élevé
d’équipements, souvent exigé par de nouveaux arrivants, tels que les garderies, les écoles de musique, les
centres de loisirs, etc… La question de la consommation foncière intervient également. Les maisons, aux terrains
conséquents représentent la majeure partie des logements construits.
Les informations données par les notaires permettent de situer l’ouest Cornouaille dans le marché
finistérien : 126 900 euros, en moyenne, pour une maison de plus de 5 ans. C’est moins que dans le secteur
de Quimper mais supérieur à la moyenne du Finistère. En revanche, les prix sont en plus forte augmentation dans
l’ouest Cornouaille qu’à Quimper. L’étude des DIA (Déclaration d’Intention d’Aliéner) permet d’observer les
écarts entre les communes. Ils sont importants, de 1 à 2 entre Combrit et Audierne pour une maison de plus de 10
ans.
4/ Les déplacements
Le secteur subit l’influence du pôle de Quimper. La carte isochrone met en valeur le territoire à moins de 20
minutes de Quimper et permet de situer les limites des espaces rapidement accessibles, donc susceptibles
d’accueillir des ménages travaillant à Quimper. Les limites de ces espaces se sont largement étendues dans le
Pays Bigouden avec la deux fois deux voies. Dans les années 1990, la croissance du nombre de
déplacements, pour travailler ou consommer, s’est confirmée partout dans l’ouest Cornouaille.
Les liens entre les multiplications des déplacements, la périurbanisation et la construction de nouvelles
infrastructures, ont été présentés.
Les constructions se font en périphérie des villes ce qui entraîne des déplacements plus longs, souvent en voiture
et occasionne une augmentation du trafic routier. Ce mode de vie impose la nécessité pour les ménages de
posséder deux voitures et ne favorise pas l’utilisation des transports en commun. Il faut donc construire de
nouvelles infrastructures, de nouvelles routes et des échangeurs afin d’améliorer la mobilité. On se trouve donc
devant cercle vicieux contraire au développement durable.
L’essentiel des conséquences de la pression foncière sur le littoral ou en périphérie a été évoqué. Ainsi,
schématiquement, on peut affirmer que l’attractivité littorale, ajoutée à la périurbanisation, a trois conséquences
au moins : la pression foncière, la pression immobilière et l’arrivée de nouveaux ménages.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 210
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3(5,85%$1,6$7,21
Pression
foncière
Pression
immobilière
Consommation foncière
Risque de mitage
Hausse des prix
Recul de l’agriculture Recul du locatif
Hausse des prix
Ségrégation
Nouveaux
ménages
Nouveaux
services
Mobilité
accrue
Nouveaux
rapports
au territoire.
sociale et
générationnelle
30
Source : AOCP – Juin 05.
Pour ces 3 domaines, les enjeux sont les suivants :
- pour la pression foncière : un épuisement du foncier disponible, un recul de l’agriculture avec des risques de
mitage et des hausses de prix ;
- la pression immobilière : la pression immobilière rend difficile la construction de logements sociaux ou le
maintien de logements locatifs à l’année. Elle entraîne une ségrégation sociale et générationnelle ;
- l’arrivée de nouveaux ménages : le prix du logement étant plus favorable en zone rétro littorale, les jeunes
ménages modestes ont tendance à s’y reporter. A l’inverse, de nouveaux ménages plutôt âgés et fortunés
s’installent dans la bande littorale modifiant l’équilibre démographique et sociologique de la population. Ces
modifications bouleversent le rapport au territoire et les besoins des populations. Globalement, ces ménages
s’intègrent. Cependant, certains ménages qui reviennent au pays en retraite, souhaitent un territoire qui n’évolue
pas alors que les jeunes ménages qui travaillent à l’extérieur ont besoin de services, notamment dans le domaine
de la petite enfance ou du périscolaire. Ils exigent un niveau d’équipements que les communes de petites tailles
ont du mal à assurer. Les élus se retrouvent alors face à une situation complexe où il faut gérer des besoins
contradictoires. En face de ces dysfonctionnements, des outils de maîtrise peuvent être mobilisés.
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FONCIER
HABITAT
DEPLACEMENT
Schéma de
déplacements
- Réserves foncières
- Droit de préemption
- Constructions
économes d’espace
Programme
Local de
l’Habitat
EQUIPEMENTS
Mutualisation
de l’offre
S C O T
31
Source : AOCP – Juin 05.
Ces derniers peuvent encore être mobilisés dans l’ouest Cornouaille, contrairement à des secteurs où des
dysfonctionnements sont installés, ceux de Lorient ou de Vannes, par exemple. Ces outils demandent volonté et
courage politique mais aussi des ressources financières. Ces outils se déclinent dans le SCOT ou dans les PLU.
Nous pouvons agir sur le foncier, sur l’habitat, sur les déplacements et les équipements.
Sur le foncier, en se constituant des réserves foncières, en faisant valoir des droits de péremption, en procédant à
des construction économes d’espace. Au niveau de l’habitat, par la mise en place de PLH, par la construction
maîtrisée de lotissements autour des bourgs. Au niveau de la mobilité, par des schémas de déplacements et au
niveau des équipements, par la mutualisation de l’offre. Ce sont tous ces éléments que l’on retrouvera au sein du
SCOT.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 211
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
L’AGRICULTURE »
André SERGENT, Vice Président de la Chambre d’Agriculture du Finistère, agriculteur à Beuzec –
Cap - Sizun.
Le débat sur le thème de l’agriculture a eu lieu à Pouldreuzic le 10 juin 2005.
Pour participer à ce débat, étaient présents Florence Crenn de la Direction Départementale de l’Agriculture et de
la Forêt, Gwenola Floch-Penn de la Chambre d’Agriculture et deux professionnels, René Jaouen, éleveur à
Plonéour-Lanvern (production laitière et avicole) et Jean-Yves Landriau, éleveur à Plogoff (production et vente
directe de fromages de chèvres).
La session était animée par Nicolas Fouquet, Vice Président de la Communauté de communes du Pays Bigouden
Sud.
1- Le portrait de l’agriculture et de ses évolutions.
L’agriculture occupe 53 % du territoire de l’ouest Cornouaille, représentant ainsi 36 000 hectares. Ce taux
est légèrement inférieur à celui du département qui est de 59 %. Le fait remarquable, à l’échelle de notre
territoire, est l’inégale répartition du foncier agricole. D’un côté, il existe une agriculture devenue résiduelle, sur
le littoral, essentiellement dans le Pays Bigouden Sud où le foncier agricole ne représente plus que de 20 à 40 %
de la Surface Agricole Utile. D’un autre côté, l’agriculture reste très dominante dans des communes rurales de
Plogastel Saint Germain à Beuzec Cap Sizun (73 % de la SAU).
L’évolution des surfaces agricoles a tendance à fluctuer selon les secteurs. D’une manière générale, on note
une diminution de 1,6 % (soit environ 1 970 hectares) de la surface agricole dans le Pays de Cornouaille, avec
notamment une diminution forte dans les pays de Quimperlé (- 880 hectares) et de l’ouest Cornouaille (- 590
hectares).
Les différences d’une commune à l’autre sont parfois assez difficiles à expliquer, il est donc préférable
d’observer le phénomène dans sa globalité.
Le renouvellement des exploitations agricoles en Finistère de 1976 à 2004
Pour faire valoir ce foncier agricole, il est nécessaire d’avoir des hommes et des femmes qui y travaillent : on
parle alors du renouvellement des exploitations agricoles. On s’aperçoit que 2 cantons de notre territoire, ceux
de Plogastel Saint Germain et de Pont-Croix, maintiennent tout de même une politique de renouvellement
et une dynamique d’installation. A l’opposé, cette dynamique a disparu dans le secteur Sud Cornouaille et peut
paraître inquiétant.
L’âge des agriculteurs de l’ouest Cornouaille en 2005
Les exploitants agricoles du territoire concerné ont un profil d’âge quasiment identique à celui de la moyenne
finistérienne. Nous sommes face à une génération relativement jeune. Par contre, en se projetant dans l’avenir,
dans une perspective à 15 ans, la force vive des 40/54 ans va encore être divisée par deux. Cette situation
future, préoccupante, ne sera réelle que si le nombre d’installations de jeunes ne compense pas les départs des
plus anciens.
Cependant, il apparaît évident que le nombre d’exploitations va encore diminuer et il ne faut pas uniquement y
voir le côté négatif. En effet, socialement parlant, les agriculteurs aspirent aujourd’hui au repos et, comme tout le
monde, désirent pouvoir bénéficier de temps de pause (vacances, week-ends…). C’est pourquoi, sur des
structures plus importantes, le temps de présence de l’agriculteur évolue : les agriculteurs ne deviennent plus
indispensables et peuvent se faire remplacer plus rapidement.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 212
- Des atouts : une redistribution de la production laitière
Dans les années qui viennent, beaucoup d’exploitations laitières, production principale de notre secteur,
viendront à disparaître. Toutefois, ce constat peut devenir opportunité. En effet, il y aura donc 16 millions de
litres de quotas laitiers libérés d’ici 5 ans, ce qui représente un volume considérable. Pour les agriculteurs, il
s’agit à la fois, d’un enjeu économique et d’une opportunité territoriale pour conforter, voire agrandir, les
exploitations existantes, mais également pour permettre l’installation de jeunes.
- Les productions agricoles.
Les exploitations agricoles, toutes confondues, sont au nombre de 924 dans l’ouest Cornouaille (source :
recensement agricole de 2000). Ces exploitations représentent 1 451 emplois à temps plein, faisant vivre 3 290
personnes à l’intérieur même des exploitations agricoles. En valeur ajoutée, ces chiffres représentent 69 millions
d’euros sur cet espace de 36 000 hectares.
Les activités agricoles recensées sont les suivantes :
- la production laitière, activité largement dominante ;
- la polyculture de l’élevage ;
- les grandes cultures, en nombre limité.
Un élément caractéristique des exploitations dans notre territoire, est la Surface Agricole Utile par exploitation
(cf dernière colonne du tableau). On remarque que, globalement, ces exploitations ont une assise foncière plus
importante que celles de la moyenne du département, a contrario de ce qui se passe dans le nord du
département.
Les tableaux suivants présentent le poids comparé des différentes productions agricoles
L'Ouest Cornouaille
nombre d'exploitations
population familiale
nbre d'emplois générés (en ETP)
valeur ajoutée (MBS)
surface agricole cultivée en ha
SAU/exploitation (ha/exp)
Lait
porc
volaille
grandes
cultures
horticulture
TOTAL
SCOT
369
1 402
605
22 M€
15900
43
47
212
103
6,8 M€
2176
46
14
62
48
2,3 M€
483
34
22
64
24
2,5 M€
720
33
19
43
57
12,2 M€
374
20
924
3 286
1 451
69 M€
35 140
38
S A U c u l t i v ée p a r a c t i v i t é
Emp l oi s génér és ( e n ET P ) p a r
15900
25 000 000 €
15 0 0 0
605
400
103
200
48
24
57
volaile
gr an des
hor t icult ur e
9000
15 0 0 0 0 0 0 €
6000
10 0 0 0 0 0 0 €
2176
483
3000
720
374
gr an des
hor t c
i ult ur e
Lait
por c
12 250 000
€
6 807 000 €
2 540 000 €
2 305 000 €
5 000 000 €
0 €
0
0
22 000 000
€
20 000 000 €
12 0 0 0
600
20 328
822, 8 M€
398 000
35
Va l e ur a j out ée pa r a c t i v i t é a gr i c ol e
act ivit é
800
Finistère
Lait
cult ur es
por c
volae
li
cult ur es
Lait
por c
volaile
gr an des
hor t icult ur e
cult ur es
Source : DDAF du Finistère (Recensement Agricole 2000)
Il faut noter qu’il s’agit des chiffres de la valeur ajoutée liée à l’exploitation seule. Le travail en aval, à savoir
tout ce qui concerne le tissu alimentaire, ne rentre pas en compte.
Il est important de posséder quelques notions : 1 euro, en valeur ajoutée, équivaut à 3 euros en chiffre
d’affaire. C’est-à-dire que les 69 millions en valeur ajoutée du total des productions (cf. tableau) représentent
environ 200 millions de chiffre d’affaire, qui eux-mêmes peuvent être assimilés à 10 PME (Petites et Moyennes
Entreprises) de 110 personnes.
Ces 200 millions de chiffre d’affaire doivent être comparés avec les 150 millions de chiffre d’affaire du
secteur de la pêche (source : Direction Départementale de l’Agriculture).
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 213
Les effets de la réforme de la Politique Agricole Commune sur les entreprises agricoles et
agroalimentaires
Aujourd’hui, la vie agricole est rythmée par la PAC que les agriculteurs pensent davantage subir que maîtriser.
Les maîtres mots sont donc : anticiper et s’adapter.
La PAC se base sur 4 principes :
- la baisse des prix de soutien ;
- la mise en place des aides directes ;
- le découplage de ces aides directes ;
- l’éco-conditionnalité.
La mise en place des aides directes est prévue pour 2006. Derrière cette forme d’aide directe, est mis en place un
principe de découplage. Le découplage signifie que les aides ne seront pas allouées en fonction de l’acte de
produire de l’année mais par rapport à l’historique de production de l’exploitation référencée sur les années
2000, 2001 et 2002 (en établissant une moyenne des 3 années).
Pour pouvoir prétendre à l’intégralité de ces aides, l’exploitation devra répondre à 19 directives, un certain
nombre d’entre elles ayant trait à l’environnement.
La mise en place de ce système va engendrer, pour les exploitations, une inévitablement baisse de la marge
brute mais surtout une plus grande variabilité de la marge. Ce système va certainement entraîner une
assimilation de l’activité agricole à la notion d’entreprise car, demain, l’acte de produire ne se fera qu’avec des
exploitations très compétitives.
Suite à cette réforme de la PAC, l’agriculteur est en droit de se poser des questions, notamment sur les
conséquences en termes de gestion. Aujourd’hui, il dispose de quelques pistes de réflexion.
La première piste est la baisse des charges. En effet, même si beaucoup d’efforts ont été fournis par les
agriculteurs, dans ce domaine, il existe encore des marges de manœuvre possibles.
L’augmentation de la taille de l’exploitation est une autre piste avec optimisation des structures.
La troisième éventualité est le changement de production ou plutôt la spécialisation. Il existe énormément
d’exploitations mixtes, c'est-à-dire gérées par des producteurs qui cumulent 1, 2 voire 3 productions. Ceux-ci
tenteront de se spécialiser vers une seule activité et d’y être compétitifs.
Enfin, une dernière alternative est de dégager une marge de sécurité nouvelle par le biais d’une diversification.
Cette option ne peut pas être négligée dans le secteur géographique de l’ouest Cornouaille qui comprend de
considérables atouts.
II – LES OPPORTUNITES DE DEVELOPPEMENT.
- Les espaces naturels : une opportunité pour l’avenir.
Le territoire de l’ouest Cornouaille possède des espaces naturels d’une grande richesse. En effet, il existe 2
sites19 Natura 2000 disposés sur 3520 ha répartis du Cap Sizun à la baie d’Audierne en passant par l’île de Sein.
Cette zone renferme 10 % de la SAU de la vingtaine de communes concernées.
Près de 440 petites exploitations familiales de la zone littorale et rétro-littorale, aujourd’hui économiquement
fragilisées, ont un rôle à jouer dans l’entretien de ces espaces, pour deux raisons :
- assurer un complément de revenu en tant que diversification d’activités ;
- permettre le bon maintien écologique des milieux.
La vente directe : une possibilité de diversification.
En termes de diversification, notons la spécificité de la vente directe qui est une piste intéressante. L’offre est
déjà existante dans l’ouest Cornouaille où elle est d’ailleurs deux fois plus importante que dans le département
finistérien.
Cependant, il faut savoir que l’on assiste à un recul des marchés au profit, notamment, des hard discounts, en
plein développement.
19
Un site supplémentaire a été défini en 2006.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 214
Le tourisme et les services à la ferme sont également un excellent moyen de diversification. A noter tout de
même qu’au commencement, les gîtes ruraux étaient essentiellement portés par les agriculteurs. Aujourd’hui 80
% des gîtes ruraux ne sont plus la propriété des agriculteurs.
Dans la diversification, il faut citer les productions non alimentaires : le colza pour le biocarburant, la biomasse
pour la métallisation.
Concernant le colza diester, sachant que la pêche, activité dominante de l’ouest Cornouaille, est un gros
consommateur de fioul lourd, pourquoi ne pas envisager des échanges pêche/agriculture par le biais des
biocarburants ?
Pour poursuivre sur les biocarburants, il existe des projets sur les couples bois/énergie et nutrition/santé (lin et
oméga 3).
- La reconquête de la qualité de l’eau : un objectif à brève échéance.
Dans le domaine de l’agriculture, le thème de la qualité de l’eau ou plutôt, de la reconquête de la qualité de l’eau,
est bien souvent abordé.
L’enjeu est le suivant :
- une obligation de moyen : la résorption des excédents azotés ;
- une obligation de résultat : atteindre des normes de qualité d’eau brute inférieure à 50 mgl.
Dans le cadre de l’opération Bretagne Eau Pure, le territoire de l’ouest Cornouaille englobe 3 bassins versants
principaux, celui de la rivière de Pont-l’Abbé, de la rivière du Ris et celui de la rivière du Goyen.
Le territoire en question comprend 3 cantons classés en Zones d’Excédents Structurels : Pont-Croix,
Douarnenez et Plogastel Saint Germain. Ce classement signifie que dans les communes des cantons cités, existe
un excédent d’azote d’origine organique. La pression y est de 180 à 197 Kg/ha pour une norme évaluée à 170
Kg/ha. De ce fait, un certain nombre d’exploitations et d’exploitants devront résorber l’azote excédentaire. Les
communes de ces cantons y travaillent pour que, d’ici à la fin de l’année 2006, le problème de l’azote
excédentaire soit réglé dans le territoire ouest Cornouaille.
Même si, aujourd’hui, la reconquête de la qualité de l’eau semble en bonne voie, notamment grâce aux
expériences des bassins versants, il faut pérenniser les actions et les efforts entrepris, notamment par le biais des
Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux.
- Un pari : réussir le partage des usages du sol.
Au-delà de toutes les thématiques abordées, se trouve un défi à relever : le partage de l’usage des sols. En
effet, on se rend compte, qu’ici et là, le foncier est de plus en plus soumis à des pressions de différents types.
Pour le territoire de l’ouest Cornouaille, ces pressions sont principalement d’origines touristiques. Il devient
donc nécessaire de mettre en place une politique forte de maîtrise du foncier afin de limiter la spéculation
foncière et d’en assurer un partage harmonieux. Il est également intéressant de concevoir une charte en
collaboration avec l’ensemble des collectivités afin d’avoir une vue et une gestion équilibrée de l’ensemble
de l’espace rural : les intérêts des uns divergeant des aspirations des autres, et même chez les agriculteurs entre
eux…
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 215
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
LA PECHE »
Hélène TANGUY, Députée - Maire du Guilvinec.
Je voudrais tout d’abord féliciter Jean-René Couliou, maître de conférences à l’UBO et président du Conseil de
Développement du Pays de Quimper, pour le travail tout à fait intéressant réalisé pour l’atelier « pêche » à
Pouldreuzic. Les tableaux que l’on va vous présenter ne sont qu’un bref aperçu du travail exposé durant cet
atelier. Ils ont le mérite de nous donner des chiffres très précis, illustrant tout à fait l’activité de la pêche. Je
voudrais encore le féliciter pour cette aide à la réflexion dont nous allons disposer désormais.
J’en profite aussi d’ailleurs pour remercier toute l’équipe de l’AOCP qui a organisé ces différentes réunions et
notamment celle d’aujourd’hui. Je crois que nous sommes en train d’emmagasiner une matière tout à fait
fondamentale pour penser notre avenir.
Cet atelier « pêche » fut riche d’éléments mais également riche des témoignages des professionnels. Il y avait
évidemment peu de marins en exercice à cet atelier puisqu’il s’est déroulé à une date, une heure et un lieu moins
évident pour ceux qui sont en mer. En revanche, je pense que cette absence n’était pas préjudiciable à notre
réflexion puisque l’on sait que les instances de dialogues existent, en continuum, dans la profession halieutique.
Aujourd’hui, notre intérêt est surtout, à nous, acteurs de l’ouest Cornouaille, de mesurer le poids de la pêche
dans notre économie, dans notre vie quotidienne et surtout de voir quelle est cette réalité en ce début de siècle.
Au-delà du travail remarquable qui a été mené à l’initiative de l’AOCP, il est nécessaire de positionner notre
territoire dans la Cornouaille et dans la Bretagne, afin de construire un projet fédérateur et mobilisateur. Cet
objectif est appuyé par la masse que représente la pêche en Bretagne.
Cette mise en dynamique est le véritable sujet d’actualité pour une filière halieutique puissante, les chiffres le
prouvent.
Mon intervention se déroulera en 2 étapes :
- une présentation synthétique des principaux tableaux de l’économie « pêche » ;
- et un commentaire « bilan et enjeux », illustré des témoignages des 3 professionnels qui étaient présents à
l’atelier consacré à la pêche : Gilles BERNARD, secrétaire du Comité Local des Pêches d’Audierne ; Pierrick
JONCOUR, armateur, mareyeur, poissonnier, ancien patron ; et Scarlette LE CORRE, marin-pêcheur et
transformateur de produits.
1ERE PARTIE : PRESENTATION SYNTHETIQUE DE « L’ECONOMIE PECHE ».
- Le potentiel humain.
J’ai souhaité aborder les chiffres de la pêche par un élément fondamental et prioritaire : les chiffres des emplois
de marins pêcheurs.
La pêche est riche, en premier lieu, de son potentiel humain. Ce constat est important car, au vu des différentes
zones de pêche en France, il est quasiment impossible de greffer une activité de pêche dans un lieu qui n’a, dans
ce domaine, aucune tradition. Conséquence de ce postulat, il faut faire extrêmement attention à ce que les
transmissions se poursuivent de génération en génération. L’évolution du port de Lorient est très pertinente au
regard de ces critères. On sait que lorsqu’il y a eu une rupture dans l’engagement des hommes vis à vis de ce
métier, on ne peut pas facilement revenir en arrière.
Le territoire de l’ouest Cornouaille représente 47 % des effectifs de marins pêcheurs du Finistère, estimés à 3
500 personnes environ. Ces chiffres datent de 2003, ils sont donc à revoir à la baisse aujourd’hui. Cela représente
un quart des marins pêcheurs de Bretagne. Les emplois de l’activité sont répartis sur tous les types de pêche,
avec une faible représentativité sur la petite pêche mais une part notable et prépondérante de la pêche au large.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 216
Plusieurs constantes apparaissent : une faible mobilité géographique des marins et une moyenne d’âge
préoccupante, notamment en ce qui concerne la relève du métier.
Ce chiffre de 3 500 marins pêcheurs marque un recul significatif et incontestable depuis 1992, même si l’ouest
Cornouaille résiste mieux que l’ensemble des bassins halieutiques connus. En parallèle, il faut toujours avoir en
tête que la pêche ne se mesure pas uniquement sur les emplois embarqués. Vous me permettrez de faire ici cette
remarque personnelle : les quantités et les valeurs ont augmenté et il existe, inéluctablement, une meilleure
capacité à capter la ressource avec un nombre plus faible d’emplois qui génèrent, par définition, un nombre
d’emplois induits plus grand. Je plaide, pour ma part, pour que nous puissions disposer, à l’avenir, de chiffres
plus révélateurs d’une filière et non d’une segmentation aussi serrée que celle des postes embarqués avec un flou
relativement artistique, sur les postes à terre.
L’avenir, pour beaucoup, passe par le recrutement au lycée professionnel maritime du Guilvinec. C’est un
recrutement finistérien très concentré sur les zones de pêche du sud. Il faut y rajouter tous les emplois qui
émanent de stages de formation par réorientation dans la vie professionnelle. Ils sont moins connus mais
relativement notables à côté de ceux qui arrivent par le biais de la formation initiale.
Après des baisses qui nous ont alertés pendant très longtemps, le recrutement au lycée professionnel maritime du
Guilvinec est aujourd’hui relativement stabilisé. Recrutement d’autant plus stabilisé que, dès la rentrée
prochaine, ce Bac pro, que nous avons tous attendu et dont l’opportunité a été défendue depuis si longtemps, sera
ouvert. Je pense que cette formation de niveau 4 devrait conforter l’attractivité du lycée maritime.
- Les navires comme outils.
Après avoir parlé des hommes, parlons de leurs outils : les navires.
La concentration des navires de pêche se situe bien évidemment à l’ouest de la France et plus particulièrement en
Bretagne. Dans le quartier maritime du Guilvinec, l’âge moyen des navires est élevé : 52 % des bateaux ont plus
de 20 ans. Certes, dans les mois qui viennent, cette moyenne va très légèrement baisser grâce à l’influence du
plan 2004 qui nous permet d’avoir le bonheur de voir quelques nouveaux bateaux être mis à l’eau. Toutefois,
cela ne changera pas fondamentalement la donne.
La flottille a connu une érosion assez notable en termes de puissance. Cependant, cette érosion s’est nettement
ralentie à partir de 1995 et reste inférieure à celle que l’on a connue de 1988 à 1995. Les gens ont souvent
tendance à analyser l’immédiat en oubliant le passé.
La baisse du nombre d’unités de navires est souvent mise en avant et, malgré la bonne résistance du port du
Guilvinec, il est vrai que le nombre de navires a nettement diminué. Ce chiffre est globalement constant depuis
20 ans sur les unités de plus de 16 mètres qui sont aux nombre de 150 sur le quartier concerné. Je me permets
cette remarque car ces unités de plus de 16 mètres, par leur quantité d’apports, fondent la capacité de production
de ce secteur halieutique.
- Les apports.
Les apports sont la base de l’activité industrielle issue de la pêche, génératrice d’emplois induits en grand
nombre. Il est souvent dit qu’un emploi en mer est associé à 4, 5 ou 6 emplois à terre. Je crois qu’il serait temps,
aujourd’hui, d’avoir un chiffre assez précis à ce sujet. La Bretagne représente 43 % des tonnages français.
L’ouest Cornouaille, à elle seule, représente 17 % du tonnage débarqué en France.
Le même comparatif, au niveau de la valeur, fait passer la Bretagne à 50 % et l’ouest Cornouaille, légèrement
au-dessus de 19 %. Ces valeurs sont en progression et donnent au quartier maritime du Guilvinec une meilleure
position par rapport à ses concurrents de la façade française. Ainsi, le port du Guilvinec est le troisième port
français depuis peu.
Les apports sont également en hausse (cf tonnage pêché) et les tonnages des cabillauds, raies, merlans et autres
sardines sont en augmentation sensible et ne sont qu’un exemple de l’ensemble du tonnage apporté sur le
quartier maritime.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 217
- Les résultats.
Ces apports génèrent bien évidemment des chiffres d’affaires. Les ventes sont en augmentation depuis 1993,
dans tous les types de pêche. Toutes les sortes de pêche ont vu leur chiffre d’affaire en augmentation, partout
supérieur à l’avant 1990. Cela signifie que les ventes actuelles sont supérieures à celles des années 1990.
Mais il faut toutefois signaler, en corollaire de cette relative bonne nouvelle, que les excédents bruts
d’exploitation (équivalent très rapidement aux bénéfices) sont très largement « plombés » par le prix du gasoil.
- Conclusion.
Il faut signaler la bonne tenue de la pêche de 1992 à 2004. Ainsi, l’ouest Cornouaille a vu ses chiffres (en
tonnage ou en la valeur) augmenter, respectivement de 4,53 % et de plus de 7,76 %.
Cela signifie que nous avons continué à bien pêcher et à encore plus pêcher mais aussi à vendre mieux ce que
l’on a pêché. Il faut cependant regarder les évolutions sur la côte nord de la Bretagne, qui connaît des
augmentations en tonnage et en valeur, encore supérieures en pourcentage.
Je me permettrai, pour terminer à propos de ces éléments statistiques, de citer l’un des témoignages d’une des
invités, celui de Scarlette Le Corre « Souvent nous connaissons une crise de confiance face à l’avenir mais
pourtant cette impression n’est pas vécue sur la côte nord qui connaît un fort développement dans des
conditions économiques et réglementaires identiques aux nôtres ».
2EME PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION.
Pour analyser la situation, il est intéressant de reprendre le bilan établi lors du colloque de 1992. De ces journées
de l’ouest Cornouaille en 1992, nous pouvons retenir cinq remarques sur la pêche. Nous étions alors à la veille
d’une crise et restaient en mémoire les années précédentes qui s’étaient bien passées. Ces dernières nous
permettaient de dire que nous étions sur un bilan flatteur en termes de résultats et de maintien de la capacité
productive.
-
les stratégies de pêche étaient alors bien ancrées dans ce secteur ;
en matière de quantité, la conscience d’une érosion des apports et des moyens de production était
rentrée dans les mœurs et les esprits ;
en matière de qualité, on notait la nécessité d’un encadrement plus rigoureux de la production et d’une
ouverture sur les horizons commerciaux ;
on parlait du partage entre une atonie dans notre attitude et les premiers réflexes de défense, qu’on a vu,
bien sûr, prendre beaucoup d’importance dans les mois qui ont suivi ;
mais aussi la certitude qu’il y avait des pistes pour relever des défis.
C’était en 1992 et ces éléments peuvent être repris en compte aujourd’hui.
- Les enjeux.
Sur ces éléments relevés en 1992, on soulignait un certain nombre d’enjeux. J’en ai, pour ma part, retenu sept qui
m’ont paru pertinents à reconsidérer à la lumière de l’histoire.
- penser la politique des pêches en termes d’aménagement du territoire afin d’adapter les ports de pêche,
criées, pesées, ventes directes… Ce fut fait et d’autres investissements sont budgétés ;
- moderniser la qualité d’hygiène, la sécurité, la sélectivité et renouveler les flottilles en renforçant leur
polyvalence. Sur la première partie, un énorme travail a été réalisé. Sur la flottille, en revanche, il existe
d’énormes difficultés financières, notamment en termes d’autorisation de subventions pour renouveler
les flottilles au niveau espéré ;
- valoriser les produits pour tenir compte de l’éloignement des pêcheries et du marché, ainsi que chercher
à valoriser les co-produits des algues. C’était une orientation forte en 1992 et je crois pouvoir dire qu’il
y a encore beaucoup à faire ;
- développer la formation professionnelle : ce travail a été bien fait et continu à l’être ;
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 218
-
-
définir la région en tant que région dépendante des pêches afin d’obtenir des aides européennes,
notamment du FEDER. En effet, le FEDER a largement aidé les acteurs publics dans ce secteur ;
réorienter l’épargne locale vers la pêche au lieu de laisser glisser les profits de la pêche vers les circuits
financiers généraux, les placements immobiliers et autres. C’est un point sur lequel il va encore falloir
travailler ;
définir un projet pour les pêches bigoudènes et plus globalement pour le Pays Bigouden, dans sa filière
halieutique. Il y a toujours à construire lorsqu’il s’agit de prospective.
Ces enjeux, qui datent des rencontres de 1992, sont, en partie, toujours d’actualité.
En 2005, quels sont les contraintes et les atouts ?
- Les contraintes.
Les contraintes à prendre en compte sont au nombre de huit :
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-
les pesanteurs réglementaires fondées sur des données scientifiques qui ne sont pas toujours
totalement fiables, notamment concernant l’âge de maturité du merlu, et souvent décidées au niveau
européen sous l’influence de réseaux écologiques parfois hostiles à l’activité pêche ;
des coûts d’exploitation difficiles à comprimer et une montée du poste carburant pourtant déjà détaxé.
De nos jours, cet élément est d’autant plus criant malgré les aides ouvertes par l’Etat en matière de
fonds de compensation. Il y a sûrement beaucoup à faire pour que le poste combustible fasse l’objet
d’innovations, y compris avec le monde agricole ;
un problème de relève, toujours et constant : il n’y aura pas de pêche s’il n’y a pas d’hommes à
embarquer ;
la question du renouvellement et de la modernisation de la flottille. Il faut peut-être se poser la
question de nouveaux opérateurs ;
une plus grande mobilité interportuaire des acteurs et des navires. Les armements peuvent
déménager des bateaux d’un quai à un autre très rapidement créant une rupture économique. C’est
également l’arrivée de bateaux extérieurs, d’Irlande, de la Cornouaille anglaise, et pourquoi pas
d’Espagne demain, qui viennent vendre dans notre ouest Cornouaille et conforte notre place de marché ;
une sphère commerciale plus ouverte et plus pressante. Le poids du consommateur est de plus en
plus prégnant dans la logique économique. Il s’agit d’intégrer les importations au sein de la logique
stratégique et de les comparer avec le poids des exportations ;
des producteurs moins libres et plus encadrés à la recherche de marge de manœuvre ;
le coût de l’éloignement des consommateurs et les infrastructures routières à améliorer. Notre
territoire se trouve excentré quand on doit expédier un produit ultra-frais.
- Les atouts.
Nous pouvons fonder notre projet collectif sur quelques atouts :
- une flottille encore significative, positionnée sur des métiers d’une grande diversité dont certains encore
très lucratifs et très attractifs ;
- des moyens de production souvent amortis. Même âgés de 20 ans, nos bateaux sont amortis ou en
situation financière moins délicate que ce que l’on a connu ;
- des hommes, forts d’une tradition et d’un savoir - faire, confortés par des moyens de formation adaptés
et modernes ;
- une volonté de discours commun en Cornouaille et c’est une évolution depuis 1992 ;
- une plus grande responsabilité des acteurs dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la sélectivité ou de
la qualité ;
- des outils portuaires et un équipement commercial, réalisés ou en cours, de dimension et de niveau très
satisfaisant pour les besoins des usagers. Il suffit de constater les nombreux investissements en cours
dans nos ports de pêche ;
- un mareyage mieux organisé et structuré afin de réduire les coûts. Il y a eu des fermetures d’entreprises
de mareyage mais globalement leur force est restée importante voire peut-être plus importante (nous
n’avons pas de chiffre à ce sujet) ;
- un progrès dans le sens d’une normalisation des façons de faire dans les différents ports ;
- une flottille de camions frigorifiques importante et de qualité pour les besoins des opérateurs portuaires,
c’est un élément essentiel ;
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 219
-
enfin, point fondamental, une demande du consommateur qui continue à augmenter. La production
nationale est d’environ 800 000 tonnes et nous importons 900 000 tonnes, c’est dire la marge existante,
en termes de clientèle. Il est plus aisé de produire et de savoir vendre que de créer un client. Or, ce
client existe. C’est une part de marché qu’il faut encore faire grandir.
- Les enjeux.
Je voudrais rappeler les enjeux en neuf points, à l’aide des citations des professionnels présents lors de l’atelier
« pêche ».
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travailler sur le niveau de la ressource et de l’accès aux pêcheries. C’est une tâche qui,
malheureusement, ne dépend pas de nous : c’est celle de nos représentants au niveau européen ;
mieux comprendre et mieux intégrer, au niveau plus local, la notion du marché. Gilles Bernard a fait,
dans ce domaine, une remarquable prestation en insistant sur la connaissance et les différentes
segmentations de ce marché, cela va de la restauration collective hors foyer à celle festive, en famille ou
en restaurant, sur du produit haut de gamme ;
valoriser encore plus le produit pêché. 40 % du poids pêché n’est pas consommé au niveau alimentaire
et est simplement jeté. Nous possédons un potentiel énorme à mettre en valeur : « Valoriser tout ce qui
remonte de nos filets ou d’un chalut » selon Scarlette Le Corre. Dans ce domaine, il existe encore une
grande marge de capacité ;
améliorer l’image du métier pour renforcer son attractivité. Je citerais, une fois de plus, Scarlette Le
Corre : « Je connais des jeunes qui en veulent et ont foi en l’avenir. C’est avec eux qu’il faut que nous
soyons. Ne les décevons pas ». Gilles Bernard, quant à lui, nous mettait en garde sur la façon de
communiquer négativement sur un métier où l’effectif se réduit considérablement dès que l’on casse
son image, mettant ainsi la filière en péril ;
conforter l’investissement et l’exploitation par appel de capitaux locaux. Il n’y aura plus de
subventions européennes telles que nous avons pu les connaître. La priorité est claire : aider les jeunes à
investir, à trouver les capitaux nécessaires, et cela, pour tous les types de pêche.
s’adapter aux cadres et aux contraintes politiques ;
donner plus de cohérence à la filière. Le poids de la pêche ne se résume par au nombre de marins
pêcheurs, c’est une industrie globale. Dans ce domaine il y a vraiment des choses à faire. On sait que
l’agriculture a mené cette révolution depuis longtemps. L’agriculture ne se conçoit pas sans l’agroalimentaire. Il est donc nécessaire de réfléchir davantage sur la pêche, la première transformation et tout
ce qui peut être une deuxième, voire une troisième transformation. Gilles Bernard résume ceci de la
sorte : « travailler en territoire, associer élus, chercheurs, professionnels pour travailler en filière » ;
acquérir les moyens d’information et de veille pour anticiper les évolutions, notamment celles du
marché. Pour travailler en filière, il faut savoir anticiper. La visibilité sur l’avenir est un critère
fortement demandé par les marins pêcheurs. Il est devenu essentiel de savoir évoluer en fonction de la
demande. Jusqu’à présent, nous étions bien trop souvent en position de suivi par rapport aux
événements ;
savoir communiquer au grand public face au lobby écologiste, suivant l’expression de Scarlette Le
Corre « ne pas faire passer le dauphin avant l’homme ». Il va falloir mettre les moyens nécessaires afin
de gommer certaines idées établies, notamment celles qui consistent à faire l’amalgame entre un marin
pêcheur et un prédateur.
- Conclusion.
Il faut connaître ses faiblesses et ses contraintes. Nous savons que la ressource n’est pas inépuisable, cependant,
il faut reconnaître la puissance et le réel dynamisme des acteurs aujourd’hui. Il est nécessaire de bâtir une
véritable stratégie qui sache incorporer toutes les innovations, de l’économie de carburant aux utilisations
pharmaceutiques les plus poussées de la matière première débarquée. Dans ce domaine, nous sommes encore
néophytes. Sans oublier la force du label, de l’image et le poids de l’exportation … En somme, toutes les
diversifications. C’est en jouant sur tous les tableaux que l’emploi sera conservé dans la filière halieutique.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 220
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
LE TOURISME »
Annick LE LOCH, 1ère Vice-présidente du Conseil général du Finistère, Présidente du Comité
départemental du tourisme (CDT).
« Je souhaite tout d’abord remercier les intervenants de l’atelier :
- les professionnels qui nous ont fait part de leur expérience et de leurs points de vue : Jacky Duquenne,
Gérant d’un camping à Douarnenez et Guy Diquelou, hôtelier à Sainte-Marine.
- Lionel Prigent, maître de conférence à l’université de Bretagne Occidentale ;
- Chantal Kerriou, directrice adjointe du CDT,
- Pourquoi intégrer le tourisme dans la réflexion sur un ScoT ?
Tout d’abord, parce que le tourisme est, par nature, territorial. Il s’appuie, en effet, sur des sites, des
paysages, des lieux, des activités et des hommes. Ensuite, parce que le tourisme est une activité économique
à part entière, génératrice d’emplois même si certains d’entre eux sont saisonniers. Dans l’ouest Cornouaille, il
y a environ 1300 emplois directs à l’année et jusqu’à 3 600 emplois en saison d’été.
Par conséquent, intégrer le tourisme dans la réflexion sur le SCOT de l’ouest Cornouaille est à mon sens
une nécessité, d’autant plus que le tourisme est au confluant de plusieurs secteurs à savoir celui des
transports, des déplacements, de la pêche, de l’agriculture, des services et de l’artisanat, d’où la nécessaire prise
en compte de l’activité tourisme dans toutes ses dimensions.
1 / Un rappel de quelques chiffres clés
L’ouest Cornouaille compte près de 89 700 lits touristiques classés et 95 384 lits si l’on compte les non
classés. Ce chiffre de 89 700 lits correspond à 21% de la capacité d’hébergement du Finistère. Il s’agit donc un
volume important mais constitué tout particulièrement de lits non marchands.
Il faut le souligner, dans ce territoire, il y a de très nombreuses résidences secondaires qui représentent 68 %
de notre capacité d’accueil. Ce chiffre est supérieur à celui du Finistère (62 % des hébergements du Finistère
sont des lits en résidences secondaires).
La part du secteur marchand dans l’Ouest Cornouaille représente 32 % des lits : parc marchand composé de 70
campings, 44 hôtels classés et 530 locations de vacances.
Il a été pointé, lors de l’atelier, la difficulté d’évaluer les retombées économiques du tourisme. M. Prigent, maître
de conférence à l’UBO20, l’a bien rappelé : on connaît les retombées économiques directes mais bien peu les
retombées indirectes. Cependant, on constate partout que là où la fréquentation touristique est importante, le
développement économique du territoire l’est aussi.
Appréhender ce que représente le tourisme dans le territoire de l’Ouest Cornouaille, c’est aussi évoquer les
relations entre tourisme et habitants. A cet égard, le taux de fonction touristique est un indicateur important. Il
s’agit du rapport entre le nombre de lits touristiques classés et le nombre d’habitants. Le taux moyen de
fonction touristique des communes de l’ouest Cornouaille se situe à 103 %, il est le double de celui du
Finistère mais il est bien inférieur à ceux de Bénodet ou de Fouesnant. A Bénodet, la capacité d’accueil est 5
fois supérieure à celle de la population. Cependant, quelques communes ont des taux très élevés comme l’Ile
Tudy, dans le pays Bigouden, qui peut accueillir 10 fois plus de touristes que sa population résidente.
Le tourisme dans l’ouest Cornouaille, c’est aussi une offre en matière de sites (nombreux), d’équipements
culturels et de loisirs (en grand nombre) et des réponses à de nombreux segments de clientèle, notamment dans
les domaines de la randonnée, du nautisme, de la plaisance,ou encore de la thalassothérapie, …
20
Université de Bretagne Occidentale.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 221
Les principales activités de la clientèle française, lorsqu’elle vient dans notre département, et donc aussi
dans l’ouest Cornouaille, sont centrées sur la détente. La clientèle vient ici pour se « balader », pratiquer la
randonnée et ces activités se situent bien devant les activités de la plage ou les activités culturelles.
Autres éléments importants :
- la densité de l’offre, largement concentrée dans le pays bigouden sud mais une offre qui reste présente dans
toutes les communes du territoire ;
- la saisonnalité de l’activité touristique. Si l’on observe les courbes de fréquentation de ces dernières années,
il y a une certaine évolution : les pics de fréquentation du mois d’août ne sont plus aussi élevés. En revanche, il y
a, au niveau des week-ends de l’avant et de l’arrière saison, une fréquentation plus importante.
Autre fait marquant : l’impact de l’événementiel, comme en témoignent les pics de fréquentation qui
correspondent aux rassemblements maritimes de Brest et Douarnenez, ou encore au festival des Vieilles charrues
à Carhaix. Lors de l’atelier tourisme, M. Duquenne a bien précisé le lien qu’il y avait entre son activité et les
rassemblements maritimes de Douarnenez. C’est une baie très active au niveau du nautisme. Il y a de grands
rassemblements et manifestations qui sont portés par la collectivité et organisés par les associations. L’activité de
l’établissement de M. Duquenne s’en ressent très directement et positivement.
2/ Les atouts et les faiblesses.
Je suis assez d’accord avec M. le Secrétaire général de Préfecture quand il dit qu’il n’aime pas le mot
« faiblesse » et qu’il faut sans doute relativiser : ces faiblesses pourraient, en effet, demain devenir des atouts.
- Les atouts actuels de l’ouest Cornouaille sont les suivants :
- la diversité des paysages, et des littoraux. Nous avons, en effet, des espaces littoraux, des espaces maritimes
de grande qualité ;
- une offre de randonnées qui permet de découvrir des paysages de qualité ;
- des activités nautiques et une spécificité particulière : les sports de glisse (tout le monde connaît le spot de
la Torche). Il y a également un peu de thalassothérapie (sans doute, y a-t-il moyen de développer cette activité) ;
- des liens étroits, c’est une particularité qui a été pointée, entre le tourisme et les autres activités
économiques. Je crois que c’est une richesse et qu’il faut essayer de la conserver, notamment dans le domaine
de la pêche. S’il y autant de monde sur les quais c’est parce qu’il y a d’abord une activité économique
importante, qui suscite beaucoup de curiosité et d’intérêt de la part des visiteurs.
- des manifestations culturelles en très grand nombre. Elles ont été listées lors de l’atelier.
- Quelques faiblesses cependant :
- nous sommes éloignés des bassins émetteurs de clientèle. Les grands marchés potentiels et émetteurs de
clientèles pour la Bretagne, le Finistère, de l’ouest Cornouaille sont situés dans le bassin parisien et dans l’Ouest
de la France, …
- la saisonnalité est marquée, encore plus ici qu’ailleurs ;
- le rapport qualité - prix. Il faut y faire attention : aujourd’hui nous sommes dans un système plus
concurrentiel. L’offre est considérable, il y a des propositions très attractives en dehors de notre territoire. Il faut
être très vigilant et attentif à la prestation que l’on propose à nos touristes ;
- la pluie ! C’est peut être tout à fait relatif mais on a sans doute trop souvent essayé de gommer notre climat
alors qu’il faut, selon moi, adopter un langage de vérité et afficher cette image qui est la nôtre, qui est appréciée,
même si elle n’est pas celle d’un tourisme balnéaire ou d’un ciel bleu ;
- enfin, il peut y avoir un décalage entre l’image perçue et l’image vécue et donc un risque de non satisfaction
des touristes si l’on ne propose pas assez de clés d’interprétation des paysages, du patrimoine et de notre culture.
D’où l’intérêt d’informer et de faire comprendre aux gens qui visitent le territoire, la richesse de ce territoire et
son identité.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 222
3/ Les opportunités et les menaces
Quelles sont les opportunités ?
- un potentiel touristique incontestable ;
- un vrai bassin touristique, je crois qu’il est important de le souligner, avec une vie économique qui existe en
dehors du tourisme. Le tourisme ne doit pas être une mono activité.
- probablement moins d’inégalités territoriales, moins de ségrégation qu’ailleurs : il y a ici une vraie mixité
et une capacité d’accueil de toutes les populations, quels que soient leurs revenus. Je crois que c’est une richesse
qu’il faut conserver ;
- Internet : nous sommes loin des bassins émetteurs mais cet outil, qui révolutionne la distribution des produits
touristiques, est également pour nous, une vraie opportunité de développement. Il faut donc intégrer ces
nouveaux réseaux virtuels, innover, développer notre créativité. Je crois d’ailleurs que cela fait partie des
particularités de ce territoire : il y a ici de vrais entrepreneurs dans le domaine touristique. On en a entendu un ce
matin, Monsieur Guy Diquelou, qui s’est lancé il y a une dizaine d’années dans une véritable aventure hôtelière :
il s’est beaucoup investi pour développer son établissement, tant en investissant dans la décoration, l’ambiance,
l’accueil pour séduire et fidéliser sa clientèle. Aujourd’hui, il a un outil performant, dont il est fier je crois, et qui
permet à son entreprise d’employer 10 salariés, grâce à une fréquentation à l’année et non plus saisonnière.
Quelles sont les menaces qui cependant pèsent sur le tourisme ?
- la spéculation foncière et la pression immobilière.
Il faut éviter, dans notre territoire, qu’il n’y ait qu’un tourisme exclusivement résidentiel et que le secteur non
marchand, déjà prépondérant, ne gagne encore du terrain ; une mixité est à rechercher entre secteur marchand et
non marchand ;
- les difficultés des transmissions d’entreprises : nous avons intérêt à conserver une hôtellerie indépendante de
qualité ;
- les problèmes environnementaux : une fréquentation importante génère des dégradations : à nous d’être
vigilants, de traiter les pollutions visuelles, physiques, et d’améliorer encore la qualité de l’eau. Enfin, évitons la
banalisation des paysages et à la perte d’authenticité : on a bien vu que si des visiteurs viennent dans l’ouest
Cornouaille, c’est parce qu’on y trouve encore des paysages de grande qualité ;
- Autre risque identifié : le vieillissement de l’offre marchande avec le risque d’inadéquation de cette offre
à la demande, et le non renouvellement des clientèles (risque de vieillissement, d’où la nécessité de rester
attractif pour des populations jeunes …)
5/ Les perspectives d’avenir
Le devenir du tourisme dans l’ouest Cornouaille est à imaginer. Il dépendra de notre capacité à le
développer. Il dépendra aussi des variations de la demande touristique d’où l’intérêt d’être, en permanence,
à l’écoute des consommateurs : les comportements se modifient très rapidement. Nous avons la chance d’avoir,
en Bretagne, un observatoire d’une grande efficacité, nous avons également intérêt à écouter tout le monde, les
professionnels bien entendu, mais aussi tous ceux qui sont, à un titre ou un autre, en prise avec l’activité
touristique.
Le devenir du tourisme dépendra également de la concurrence avec d’autres destinations, dont certaines
sont confrontées d’ailleurs aux mêmes problématiques que nous.
Trois facteurs auront également un impact fort :
- les transports : l’augmentation des courts séjours dépendra de la desserte, en 2010 ou 2015, du TGV
mais aussi des compagnies aériennes dites « low cost » qui viendront sur notre territoire,
- Internet, qui va révolutionner la distribution des produits et modifier les comportements d’achat ;
- la démographie et particulièrement le vieillissement de la population et les recompositions familiales.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 223
Le devenir du tourisme dans l’Ouest Cornouaille dépendra enfin du jeu des acteurs locaux.
Notre territoire est à la fois un bassin de vie et une destination touristique.
Il y a des collectivités territoriales qui aménagent l’espace, qui définissent des politiques, il y a des associations
du patrimoine qui organisent très souvent l’animation, il y a des entreprises touristiques qui accueillent et il y a
des organismes institutionnels comme les offices de tourisme, les pays touristiques, les chambres de commerce
et d’industrie, le Comité départemental du tourisme, .... Et, du jeu de tous ces acteurs dépendra aussi, sans doute,
le devenir du tourisme dans l’ouest Cornouaille.
En résumé, il est essentiel de trouver des équilibres entre le tourisme marchand et le tourisme non
marchand, entre l’économie résidentielle et l’économie touristique productive. Un des facteurs de réussite
de cette entreprise proviendra de la protection, de la valorisation des paysages et des sites, cela dépendra aussi de
notre capacité à maîtriser notre urbanisation et à arbitrer les conflits d’intérêt et d’usage.
Comment concilier développement touristique et développement des autres activités et conserver les
spécificités de l’ouest Cornouaille ?
Il faudra innover, créer de nouveaux produits, développer les services, investir, renouveler l’offre, autant
de principes que les professionnels et entreprises connaissent bien. Il faudra aussi stimuler la demande, contrer
les effets saisonniers (on s’y emploie) par des politiques de fidélisation, par le développement des marchés de
proximité : nous devons, à l’intérieur du Finistère, encore développer l’excursionnisme et enfin essayer de
conquérir des marchés étrangers.
Il faut pour cela continuer à sensibiliser tous les acteurs de notre territoire aux problématiques du
développement touristique et certainement impliquer davantage les habitants. »
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 224
« SYNTHESE ET ENJEUX POUR
LES ENTREPRISES »
Bernard LE GALL , Maire de Mahalon, Président de la Communauté de Communes du Cap Sizun
« Trois intervenants se sont succédés à l’atelier « Entreprises » :
- François Clément, directeur adjoint de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Quimper - Cornouaille ;
- Thierry SAUVIN, maître de conférence à l’Université de Bretagne Occidentale ;
- Jean-Jacques Hénaff, PDG des conserveries Henaff à Pouldreuzic ;
L’atelier fut animé par Louis - Gérard Prat, vice-président de la Communauté de commune du Pays Bigouden
sud.
Cet atelier s’est ouvert par un état des lieux de l’entreprise en ouest Cornouaille, diagnostic préparé par la
Chambre de Commerce et d’Industrie et présenté par François Clément.
- Les entreprises
L’analyse, faite à partir du Registre du Commerce et des Sociétés en 2005, ne donne qu’une vue partielle21 des
entreprises en ouest Cornouaille. Cependant, elle nous permet de cerner quelques éléments clés du poids des
entreprises dans notre territoire :
Les activités économiques y sont denses et leur répartition géographique relativement équilibrée avec
deux pôles majeurs : Douarnenez et Pont l’Abbé.
L’ouest Cornouaille n’est pas un désert économique avec ici et là quelques oasis de prospérité. Les chiffres le
prouvent : 3 000 entreprises sont inscrites au RCS en ouest Cornouaille, soit près du tiers des entreprises de la
Cornouaille.
- L’emploi
La répartition de l’emploi, privé et public, au dernier recensement général de la population de 1999, révèle une
situation moins favorable chez nous que dans le reste de la Cornouaille. Même si on compte 25 000 emplois
dans l’ouest Cornouaille en 1999 (soit un quart des emplois de l’ensemble de la Cornouaille), la densité
d’emplois y est nettement plus faible.
Les secteurs d’activité.
Le secteur du commerce, en 1999, apparaît comme le secteur dominant de l’ouest Cornouaille avec un taux
équivalent au reste de la Cornouaille.
Le secteur « hôtels – cafés - restaurants » est nettement plus important chez nous mais celui des services est en
retrait comparé à l’ensemble de la Cornouaille. Il pourrait s’agir d’une piste de travail pour l’avenir.
- Les revenus fiscaux.
Si l’on considère le revenu fiscal par unité de consommation, en 1999, on constate que la part des revenus des
retraites est nettement plus élevée dans l’ouest Cornouaille que dans la Cornouaille. Ce phénomène est
particulièrement amplifié dans le secteur du Cap Sizun et cela s’explique aisément par le fait que près de 40 %
de sa population a plus de 60 ans. Ce même taux, pour le Pays de Douarnenez et pour le Pays Bigouden, est
respectivement de 30 et 32 %. Pour le Finistère, il est de 25 %.
21
Les artisans, non-inscrits à ce registre, ainsi que les exploitations agricoles, ne sont pas pris en compte.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 225
Cependant, ce qui apparaît être un handicap, peut s’avérer être un atout à travers l’économie
résidentielle, notamment grâce au développement des services à la personne.
- L’évolution de l’emploi total.
Concernant l’évolution des emplois, entre 1990 et 1999, les chiffres parlent d’eux-mêmes : c’est l’expression
d’un territoire fragile. Nous assistons à une évolution défavorable qui se trouve être plus marquée dans les
territoires ruraux de l’ouest Cornouaille, tels le Haut Pays Bigouden (- 12 %) et le Cap Sizun (- 11 %). Cette
évolution négative est beaucoup moins sensible pour le Pays de Douarnenez et le Pays Bigouden Sud, où il
existe un quasi équilibre entre 1990 et 1999.
Cependant, il s’agit de tempérer ce constat inquiétant par un autre facteur, en l’occurrence la création
d’entreprises pour l’année 2004. En effet, ce dernier indicateur atteste de la vitalité des entreprises de notre
territoire. En effet, l’ouest Cornouaille a enregistré plus de créations que de radiations d’entreprises : 329 contre
242. Cette vitalité concerne l’ensemble du territoire ouest Cornouaille.
- L’évolution des flux domicile - travail entre 1990 et 1999.
L’analyse de l’évolution des flux domicile – travail fait apparaître deux éléments esentiels :
- une majorité d’actifs travaille hors de sa commune de résidence. Réalité que la majorité des élus doivent
prendre en compte ;
l’interdépendance des territoires est forte et nous révèle que la Cornouaille est notre bassin d’emplois.
En effet, 5 000 ouest Cornouaillais travaillent sur Quimper Agglomération, avec 10 actifs sortants de
l’ouest Cornouaille pour 3,5 entrants. Ce rapport est plus équilibré pour le Pays de Douarnenez, ce qui
peut s’expliquer par le tissu industriel de cette ville.
Sur cette problématique de déplacements et de transports, Monsieur Jean-Jacques Hénaff a exprimé deux
messages forts :
- Le premier concerne l’aéroport de Quimper, véritable cordon ombilical vital pour les entreprises de
l’ouest Cornouaille qu’il faut maintenir à tout prix ;
- le second message fort porte sur le transport des marchandises et, plus particulièrement, sur celui de
l’ultra frais. D’une manière générale, l’ultra frais est un atout fantastique pour notre territoire. Cependant, il
souffre du handicap majeur qu’est l’absence d’une logistique de transport efficace et adaptée. Pourquoi, dans ces
conditions, ne pourrait-on pas envisager la possibilité d’un TGV de l’ultra frais ? Le bilan est clair : l’avenir est à
imaginer et à construire rapidement. L’attractivité économique de l’ouest Cornouaille dépend largement de
l’accessibilité des hommes mais aussi des marchandises avec un enjeu tout particulier pour l’ultra frais.
- La pêche et le nautisme.
Deux secteurs d’activités méritent aussi d’être considérés avec attention : la pêche et le nautisme.
Le poids de la pêche et des industries connexes est indéniable en ouest Cornouaille avec un maillage
particulièrement dense chez nous. Il est important de souligner que les industries liées à la pêche ne se limitent
pas au littoral : des communes en retrait bénéficient également des retombées de cette activité.
Le secteur du nautisme, très développé à l’échelle de la Cornouaille, reste un secteur sous exploité dans
l’ouest Cornouaille, autant dans le domaine de la plaisance que dans les autres. C’est donc un enjeu majeur
pour ce territoire et un positionnement à trouver dans le futur pôle d’excellence nautique qui, espérons-le,
sera mis en œuvre à l’échelle de la Cornouaille.
- Les perspectives pour les entreprises.
Concernant les perspectives et les pistes de développement pour l’entreprise dans l’ouest Cornouaille, Monsieur
Thierry Sauvin, a rappelé que l’accélération du processus de mondialisation basé sur la libéralisation, la
déréglementation ou encore la privatisation, engendre une montée de l’incertitude économique et de la
concurrence pour l’entreprise, quelle que soit sa taille. Face à cet avenir incertain et à la nécessité impérative de
gestion de cette incertitude économique, les entreprises définissent de nouvelles stratégies qui se traduisent, entre
autres, par un recentrage sur leur métier de base et leur compétence, quitte à entreprendre des alliances.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 226
Ce changement se traduit également par une nouvelle relation de l’entreprise avec son territoire.
L’entreprise a, et aura besoin, de se territorialiser pour bénéficier des spécificités territoriales qui lui donneront
un avantage compétitif. Le bar de ligne de la pointe de Bretagne illustre bien ce propos car c’est un produit qui
tire son succès d’une identification forte au territoire dont il est issu.
Ce retour du territoire n’est pas une démarche de repli sur soi mais, bien au contraire, une démarche de
développement pour l’entreprise. Démarche qui s’appuie sur l’identité du territoire, sa géographie, ses valeurs,
sa culture, son image ou bien son imaginaire pour bénéficier d’un avantage sur le marché. Grâce à son identité,
forte et reconnue, et grâce à son réseau de proximité, le territoire de l’ouest Cornouaille dispose d’un
formidable levier de développement. Pour illustrer cette notion d’identification, Monsieur Jean-Jacques Hénaff
a évoqué André Malraux : « Le pire serait de ne ressembler à rien ». En aucun cas, cette citation ne peut être
appliquée à notre territoire qui dispose d’un capital identitaire extraordinaire.
- Conclusion
Ce besoin d’identification à un territoire doit s’accompagner, pour l’entreprise, d’une démarche qualité.
Les valeurs que véhicule l’entreprise doivent coller aux valeurs portées par le territoire. Et vice et versa. C’est en
définissant des relations de qualité et de confiance avec les acteurs du territoire qu’il est possible de créer une
dynamique de développement.
Finalement, de cet atelier centré sur les entreprises, il faut retenir les points suivants :
- un territoire fragilisé, les chiffres le montrent ;
- des signes de vitalité ;
- des potentialités sous-exploitées ;
- et un capital extraordinaire : l’identité et les hommes de l’ouest Cornouaille.
« Ne désespérons pas les acteurs », a alerté Monsieur Jean-Jacques Hénaff. La prise en compte de cette
dimension est un véritable enjeu d’avenir pour notre territoire et chacun devra en prendre la mesure. »
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 227
« LE SCOT :
UN OUTIL DE PLANIFICATION ET D’EQUILIBRE »
Ronan Le Délézir, Maître de conférences, Directeur de l’Institut Universitaire Professionnalisé (IUP)
« Aménagement maritime et littoral, local et régional » à l’Université de Bretagne Sud (UBS)22.
Tous les professionnels publics et privés de l’immobilier comme les élus locaux s’accordent pour dénoncer la
raréfaction et la hausse du prix des terrains à bâtir qui sévissent depuis quelques années : la construction de
logements se heurte à la rareté et surtout à la cherté des terrains.
On rappellera, en effet, que le prix du foncier représente entre 20 et 30 % du coût global d'une construction.
L'interaction entre les marchés foncier et immobilier se traduit par un cercle vicieux, l'accroissement de la
demande de logements entraînant un renchérissement du foncier, celui-ci nourrissant à son tour la cherté des
logements.
La volonté des maires, compétents en matière d'urbanisme, d'agir sur ce marché, se heurte à la complexité des
procédures d'urbanisme opérationnel et à la nécessité de trouver des moyens financiers suffisants. Il apparaît
donc aujourd'hui urgent de trouver des outils efficaces de régulation du marché foncier.
La conservation d’un territoire attractif nécessite le maintien d’une croissance et d’un dynamisme
démographique tout en tenant compte des capacités du territoire.
La réponse aux besoins d’habitat, d’emploi, d’équipements et services à la population est sous tendue par une
politique d’aménagement volontaire. La problématique foncière est alors au cœur de l’ambition de
développement d’un territoire comme celui de l’ouest Cornouaille.
Le développement et l’aménagement de l’ouest Cornouaille va dépendre de ce que le territoire est capable
d’accepter. Ainsi, les potentiels de développement s’apprécient à partir de deux critères :
- l’identification de nouveaux espaces d’urbanisation ;
- le potentiel de renouvellement et de densification du tissu existant.
Cette approche est d’autant plus nécessaire que votre espace littoral, siège d’une activité économique qui se
développe et se diversifie, est aujourd’hui très convoité. L’urbanisation y connaît une croissance particulièrement
importante, sous des formes parfois consommatrices d’espaces.
-Quatre grands principes doivent guider votre SCOT :
• la quantification et l'arbitrage sur les besoins de développement du territoire ; Il s’agit de maîtriser le
développement en définissant des objectifs socio-économiques favorisant la création d’emplois, la structuration
de filières d'excellence économiques, etc. Ce développement doit s'apprécier au regard du positionnement
géographique du territoire concerné et sa stratégie de développement (maillage, pôles d’équilibre…).
• la gestion de l'espace et les arbitrages sur son usage : définir un équilibre entre le développement urbain
nécessaire à la satisfaction des besoins et la préservation des espaces naturels et agricoles en respectant le
principe d’une gestion économe de l'espace. Pour les zones bâties, on s’attachera à optimiser leurs usages en
réhabilitant notamment les constructions existantes (remettre sur le marché des logements ou locaux vacants)
et/ou pour intensifier l'usage de l'espace, par la réutilisation de friches urbaines et de dents creuses.
• la définition de principes d'organisation de l'espace : les morphologies urbaines (organisation du bâti, des
rues), la localisation des fonctions urbaines (emploi, habitat, commerces, etc.) et des éléments structurants de
l'armature urbaine (polarités et centralités), l’organisation des déplacements.
• la négociation des solidarités et des équilibres entre territoires.
La logique actuelle est généralement celle d'une planification qui découle de la somme des volontés
communales, sans qu'il y ait d'arbitrage ou d'expression des enjeux supra-communaux. Mais la régulation de
l'étalement urbain et la recherche de cohérences entre urbanisme et déplacements supposent des arbitrages entre
les volontés communales et l'émergence d'une vision globale à l'échelle de l'agglomération.
22
Ronan Le Délézir est intervenu à deux reprises dans les « Rencontres ». Ce texte, comme celui de la page 93,
n’est pas issu de l’enregistrement mais a été rédigé par l’intervenant lui-même pour limiter les répétitions.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 228
On pourrait, par exemple, imaginer de polariser le développement dans les secteurs bien desservis par les
transports collectifs, en contrepartie d'une limitation de la croissance des communes à l'écart des
dessertes. Un tel accord supposerait la mise en place de solidarités financières l'échelle des communautés de
communes ainsi que de politiques d'accompagnement (notamment en termes d'organisation des déplacements et
de maîtrise foncière).
-Qu'est-ce qu'un Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) ?
Le schéma de cohérence territoriale est un document d’urbanisme qui remplace le schéma directeur. A l’échelle
des agglomérations, voire des aires urbaines, il fixe pour les 10 années à venir des orientations générales en
matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Conçu dans une perspective de développement durable, ce
nouveau document s’inscrit dans le cadre d’une planification stratégique. Il détermine une stratégie globale
d’aménagement pour le territoire qui définit les grands équilibres de développement et met en cohérence
l’ensemble des politiques sectorielles (habitat, implantations commerciales, déplacements…), dont la protection
des espaces naturels.
Plus précisément, à partir d’un diagnostic et d’un projet d’aménagement et de développement durable (PADD), il
fixe « les orientations générales de l’organisation de l’espace et de la restructuration des espaces urbanisés et
déterminent les grands équilibres entre les espaces urbains et à urbaniser et les espaces naturels et agricoles ou
forestiers ».
A l’instar d’autres documents d’urbanisme, le SCOT doit respecter les principes généraux visés par les articles
L. 121-1 et L. 110 du code de l’urbanisme :
- le principe d’équilibre entre aménagement et protection dans le respect des objectifs de développement durable
- le principe de diversité des fonctions urbaines et de mixité sociale ;
- le principe de gestion économe des espaces (objectif de renouvellement urbain), de protection de
l’environnement et de prévention des risques, des pollutions et des nuisances.
- De quoi est-il constitué ?
A partir d’un diagnostic préalable, le SCOT a pour objet d’établir un projet d’aménagement et de développement
durable pour le territoire et de fixer ensuite les conditions de mise en œuvre de celui-ci. Aussi, le dossier de
SCOT comporte :
- un rapport de présentation ;
- un Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) ;
- un document d’orientations générales, assorti de documents graphiques.
•
Le rapport de présentation
Le rapport de présentation :
- expose le diagnostic ;
- décrit l’articulation du schéma avec les autres documents d’urbanisme et les plans et programmes
mentionnés à l’article L. 122-4 du code de l’environnement avec lesquels il doit être compatible ou qu’il doit
prendre en considération ;
- analyse l’état initial de l’environnement et les perspectives de son évolution en exposant, notamment, les
caractéristiques des zones susceptibles d’être touchées de manière notable par la mise en œuvre du schéma ;
- analyse les incidences notables prévisibles de la mise en œuvre du SCOT sur l’environnement et expose
les problèmes posés par l’adoption du schéma sur la protection des zones revêtant une importance particulière
pour l’environnement ;
- explique les choix retenus pour établir le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) et le
document d’orientations générales et, le cas échéant, les raisons pour lesquelles des projets alternatifs ont été
écartés, au regard notamment des objectifs de protection de l’environnement établis au niveau international,
communautaire ou national et les raisons qui justifient le choix opéré au regard des autres solutions envisagées ;
- présente les mesures envisagées pour éviter, réduire et si possible, compenser s’il y a lieu, les
conséquences dommageables de la mise en œuvre du schéma sur l’environnement et rappelle que le schéma
fera l’objet d’une analyse des résultats de son application, notamment en ce qui concerne l’environnement, au
plus tard à l’expiration d’un délai de 10 ans à compter de son approbation ;
- comprend un résumé non technique des éléments précédents et une description de la manière dont l’évaluation
a été effectuée ;
- précise, le cas échéant, les principales phases de réalisation envisagées.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 229
• Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD)
Depuis le décret n° 2004-531 du 9 juin 2004 pris en application du volet urbanisme de la loi Urbanisme et
Habitat du 2 juillet 2003, le PADD constitue une pièce autonome du dossier de SCOT.
Le « projet d’aménagement et de développement durable » constitue le projet politique retenu en matière
d’aménagement et d’urbanisme pour le territoire. Au vu du diagnostic, il fixe les objectifs des politiques
publiques d’urbanisme en matière d’habitat, de développement économique, de loisirs, de déplacements des
personnes et des marchandises, de stationnement des véhicules et de régulation du trafic automobile.
-Le document d’orientations générales
Le document d’orientations générales et les documents graphiques dont il est assorti regroupent les dispositions
prescriptives du schéma. Celles-ci sont opposables, notamment, à certains documents d’urbanisme (plan local
d’urbanisme, carte communale…), à certains documents de planification sectorielle (programme local de
l’habitat, plan de déplacement urbain, schéma de développement commercial), à certaines opérations
d’aménagement publiques ou privées (Z.A.C, lotissements…), à certaines autorisations…
Conformément à l’article R. 122-3 du code de l’urbanisme, le document d’orientations générales précise :
- les orientations générales de l’organisation de l’espace et de la restructuration des espaces urbanisés ;
- les espaces et sites naturels ou urbains à protéger dont il peut définir la localisation ou la délimitation ;
- les grands équilibres entre les espaces urbains et à urbaniser et les espaces naturels et agricoles ou forestiers ;
- les objectifs relatifs, notamment :
- à l’équilibre social de l’habitat et à la construction de logements sociaux ;
- à la cohérence entre l’urbanisation et la création de dessertes en transports collectifs ;
- à l’équipement commercial et artisanal, aux localisations préférentielles des commerces et aux
autres activités économiques ;
- à la protection des paysages, à la mise en valeur des entrées de ville ;
- à la prévention des risques.
- Les conditions permettant de favoriser le développement de l’urbanisation prioritaire dans les secteurs
desservis par les transports collectifs.
- Il peut, le cas échéant, subordonner l’ouverture à l’urbanisation de zones naturelles ou agricoles et les
extensions urbaines à la création de dessertes en transports collectifs et à l’utilisation préalable de terrains situés
en zone urbanisée et desservis par les équipements.
- Il peut définir les grands projets d’équipements et de services, en particulier de transports, nécessaires à la mise
en œuvre du schéma.
- Les documents graphiques
A la différence du schéma directeur, le SCOT ne comporte pas de carte de destination générale des sols.
Néanmoins, l’article R.122-3 précité permet au SCOT de délimiter, dans des documents graphiques, les espaces
et sites naturels ou urbains à protéger. Cette délimitation n’est pas obligatoire ; ils peuvent être désignés et
localisés dans le document d’orientations générales
Toutefois si une telle délimitation est effectuée dans le document graphique, la disposition impose alors un
degré de précision assez contraignant pour les communes qui se sont dotées d’un document d’urbanisme. Cette
situation aboutirait à une obligation de conformité des PLU au SCOT alors que l’article L111-1-1 du Code
de l’urbanisme n’impose qu’une obligation de compatibilité.
Pour le reste et en pratique, les documents graphiques auront à traduire les orientations et objectifs retenus dans
le document d’orientations générales du SCOT, comme par exemple les zones de localisation préférentielle des
commerces. Logiquement, les légendes devraient être formulées sous forme d’objectifs à atteindre. Le document
graphique peut renforcer le caractère opposable des dispositions prises dans le document d’orientations générales
en lui apportant une traduction géographique plus précise.
- Quelle est la durée de validité d’un SCOT ?
Pour éviter l’obsolescence du SCOT, le législateur a prévu un réexamen périodique de son contenu. Au plus tard
10 ans après son approbation ou sa révision, il faudra procéder à une analyse des résultats de son application,
notamment du point de vue de l’environnement, et délibérer sur son maintien en vigueur ou sur sa mise en
révision, sous peine de caducité.
Le territoire littoral et rural de l’ouest Cornouaille doit, plus que jamais, faire l'objet d'une approche
globale favorisant le traitement, dans une démarche unique, de ses parties terrestre et marine, la prise en
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 230
compte coordonnée de toutes les activités sectorielles, l'association au processus de décision de tous les
acteurs du territoire.
Une telle approche répond, d'une part, à l'objectif d'une ''Gestion Intégrée des Zones Côtières'' préconisée
par une recommandation européenne adoptée le 30 mai 2002 et, d'autre part, aux orientations retenues aussi bien
par le Comité Interministériel de la Mer les 29 avril 2003 et 16 février 2004 et par la Commission du Littoral du
Conseil national d'aménagement et le développement durable du territoire.
Il s’agit de préparer l’avenir du territoire de l’ouest Cornouaille, en définissant les moyens d’accueillir les
nouvelles populations tout en préservant la qualité de vie de votre territoire. Le SCOT doit être au service
d’un développement maîtrisé en respectant plus particulièrement les équilibres ville-campagne, l’
économie d’espace, la mixité sociale et d’activités (pêche, agriculture, IAA, tourisme…). En s’appuyant sur
ces trois grands principes, le SCOT décline les moyens de réaliser un urbanisme maîtrisé à l’échelle du
territoire.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 231
DEBAT
Michel MAZEAS de Douarnenez : « Il y a 40 ans, je sortais de la faculté de Rennes et j’avais le même
enthousiasme que vous. Depuis ce temps, j’ai élaboré au cours de huit mandats municipaux un SDAU, un POS,
nous sommes en train de faire un PLU et vous nous parlez de SCOT. Aujourd’hui, on nous dit que ce que nous
avons fait auparavant, les barres de HLM sur les hauteurs, les lotissements un peu partout… Ce n’est pas bon.
Croyez-vous vraiment que, dans trente ans, ce que vous proposez, les perspectives que vous ouvrez, ne seront
pas remises en cause ? »
Ronan LE DELEZIR, Maître de conférences à l’Université de Bretagne Sud : « C’est toujours la même
chose, il faut être honnête. Actuellement, nous sommes dans une société remplie d’enjeux, nous l’avons vu à
travers le vote européen. Il est toujours possible de se positionner pour ou contre, cependant, à un moment
donné, la question est de savoir si nous arrivons à passer des messages ensemble, à travailler sur des enjeux
communs en se projetant surtout sur l’avenir.
L’intercommunalité est une nouvelle façon de penser le territoire, c’est un nouveau mariage des communes.
Encore faut-il que les communes aient fait ensemble un projet de développement.
Au-delà de l’échelle communale, échelle de base où tout le monde se retrouve, la projection au niveau du bassin
de vie paraît difficilement concevable aujourd’hui. Le ministre prétend vouloir remettre en cause les
arrondissements mais il s’agit de territoires d’actions pour l’Etat et non de territoires de vie.
Lorsque sont menées des politiques sur les déchets ménagers, sur l’habitat ou le développement économique,
celles-ci portent essentiellement sur nos territoires de vie, à l’échelle intercommunale. Si l’on observe bien la
signalétique telle que « zone d’activités de la communauté de communes de… », on s’aperçoit qu’il nous est
demandé de nous identifier à ces territoires.
Il faut donc qu’il y ait des projets d’intercommunalité en pensant le futur du territoire : par exemple, travailler
aujourd’hui sur la petite enfance et se demander demain comment articuler les choses. Une agglomération du sud
de la Bretagne, pourtant toujours en tête des implantations économiques, n’a pas été choisie par une grosse
entreprise parce qu’elle n’offrait pas de services à la petite enfance. La question est de savoir s’il faut mettre de
la polyvalence dans les équipements pour pouvoir être en mesure d’être réactif par rapport aux populations qui
arrivent. Il y a quelques temps, j’étais en présence d’élus du nord Morbihan qui se demandaient comment réagir
pour répondre à cet enjeu. C’est tout l’enjeu de la stratégie d’implantation : bien souvent, cela ne se joue pas là
où on le croit. En effet, nous avons une qualité et un cadre de vie que nous n’allons pas renier. Beaucoup
d’entreprises viennent s’implanter autour du golfe du Morbihan pour le cadre. Il s’agit surtout de le conserver et
de ne pas la détruire. C’est ce qui s’est passé en Espagne avec la dégradation du littoral. Les Allemands qui
venaient massivement n’ont plus apprécié le cadre. C’est ainsi qu’aux Açores, les attentes des gens n’étant plus
les mêmes et la baisse de la fréquentation se faisant nettement sentir, toutes les barres et les tours le long du
littoral, sont en phase de destruction. On le voit, il est nécessaire d’anticiper. Cela touche également les tarifs
relatifs au tourisme : un jeune couple qui passe une semaine dans le Morbihan paiera 600 euros. Pour le même
tarif, il peut se rendre à Marrakech pendant deux semaines. C’est terrible à dire mais c’est le résultat de la
mondialisation.
Aujourd’hui, se projeter dans l’avenir, émettre des pistes de développement, relève peut-être de l’utopie.
Cependant, je crois que c’est aussi le rôle d’un élu de prévoir, même si ce n’est pas toujours évident et qu’il faut
un certain courage. Par moment, l’élu doit prendre des risques dans le but de donner une destinée à son territoire.
Dans ce contexte, le SCOT est intéressant. Cependant, il faut être honnête et dire que, dans de nombreux
territoires, le PLU a été vite fait, sans prendre en compte le SCOT à venir. C’est bien plus pratique. Par rapport à
la loi, il y avait déjà un problème mais c’est tout de même une première tentative ».
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 232
« L’AVENIR DE L’OUEST CORNOUAILLE EN EUROPE. »
Ambroise GUELLEC, Maire de Pouldreuzic, Député européen.
- Recentrer le débat du SCOT autour des enjeux de notre territoire.
Au cours de cette journée, un excellent travail a été fait par les différents groupes composant les ateliers qui se
sont succédés. Ceci est apparu notamment lorsque nous avons parlé du SCOT et plus particulièrement lors de la
prise de parole de Monsieur Ronan Le Délézir, dont je partage complètement les propos et à qui je regrette de ne
pas avoir fait appel lors de l’établissement de notre schéma régional d’aménagement et développement du
territoire.
Néanmoins, je dois avouer une certaine perplexité. Si nous élaborons le SCOT pour avoir un beau schéma de
bonnes intentions, nous serons tous satisfaits mais nous risquons de passer à côté du sujet principal qui, en ce qui
nous concerne est, sans doute, de continuer à exister. Cette problématique nous intéresse au plus haut point étant
donnée la situation de notre territoire à la limite de l’ultra périphéricité.
Un autre enjeu prépondérant repose sur la conciliation du développement et de la protection, voie délicate dans
laquelle nous nous sommes investis et qu’il faut poursuivre.
L’exemple de l’environnement montre toute l’ambiguïté du problème : certains se concentrent essentiellement
sur la protection de la faune et de la flore en négligeant plus ou moins les activités anthropiques. Une autre façon
de faire est de se baser sur l’environnement pour servir les activités des hommes et des femmes qui peuplent le
territoire. Il faut être clair et sincère : nous sommes sur ce territoire devant des dossiers d’une acuité particulière
que nous n’avons même pas évoqués aujourd’hui et cela me laisse perplexe.
Quelques observations pour illustrer ce propos :
- je me suis attelé à un PLU (Plan Local d’Urbanisme) dans ma commune alors que celle-ci possédait un POS
(Plan d’Occupation des Sols) d’une vingtaine d’années qui suffisait parfaitement. Le nouveau règlement
m’oblige aujourd’hui, je suis en train de faire du pastillage sur 150 hameaux à l’intérieur d’un territoire qui fait
moins de 2 000 hectares. Voilà à quoi la « techno-démarche » nous conduit dans notre pays. Et cela n’est pas
forcément différent du débat au niveau européen.
- durant cet atelier, nous avons parlé de la Pointe du Raz, programme réussi et ceux qui l’ont mené bien
satisfaits, mais c’est un projet qui est derrière nous. En revanche, personne n’a fait mention du projet de parc
marin et cette omission est surprenante. Je vous garantis que cela vaut largement la peine d’aller en profondeur
dans ce débat. J’ose espérer que dans la période à venir, nous allons évoquer ce projet. Je n’ai pas entendu parler,
excepté, parfois, à Bruxelles, des conséquences de cette invraisemblable et très longue démarche de NATURA
2000. A ma grande stupeur, alors qu’il nous est difficile de monter un budget européen, je constate que l’on veut
sanctuariser les moyens financiers pour NATURA 2000. Ce sont les seules finances qui figurent explicitement
dans le projet de perspectives budgétaires pour 2006-2013. Il n’y en a aucune autre. Vous comprendrez aisément
mon étonnement.
D’autres projets, en cours, sont actuellement en attente de réalisation du fait de la « judiciarisation » dans
laquelle nous sommes, non pas plongés, mais bien noyés. Il y a, par exemple, le cas d’une station d’épuration qui
attend d’être construite sur la côte sud du Pays Bigouden. C’est une énorme préoccupation sujet mais mon point
de vue sur ce dossier n’est, vous l’aurez bien compris, pas objectif.
Je crois réellement qu’il faudra que nous évoquions tous ces projets lors de l’établissement de notre SCOT, sinon
quel en serait le but. Ne refaisons pas les mêmes erreurs que dans le passé avec le Schéma de Mise en Valeur de
la Mer (SMVM). Si les universitaires, spécialisés dans les problèmes de géomorphologie littorale et maritime de
l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) y ont trouvé leur compte, ce programme fut un désastre de
planification spatial et territorial.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 233
Toujours en matière d’environnement, et par rapport à l’élaboration du SCOT, il est nécessaire d’évoquer
certaines productions valorisantes pour nos territoires. Je pense notamment à celles qui permettent de faire des
bulbes, même si, à mon grand regret, la production est vendue sur le marché d’Amsterdam par la suite.
Toutefois, il faut souligner que dans certains secteurs, nous avons pris, me semble-t-il, une excellente approche.
Le travail qui a été fait conjointement par la Direction départementale de l’Agriculture et par la Chambre
d’Agriculture, concernant l’agriculture et son évolution dans notre secteur, me paraît être d’une très grande
qualité et je voudrais les en féliciter.
Ces différents constats ou observation nous interpellent ; l’on pourrait y ajouter toute une série d’autres
domaines comme celui des biocarburants, le prix du baril de pétrole étant durablement à 60 $, voire plus, ou
encore, la nouvelle vocation des territoires non urbanisés. Les termes de la réflexion sont bien posés ; je me
permets d’insister,à l’adresse des responsables du SCOT, pour qu’ils avancent largement dans ce sens.
Un autre secteur essentiel, qui nous intéresse particulièrement, est celui de la pêche. Nous avons évoqué toute
une série d’éléments sur ce sujet mais il me semble que nous vivons sur des schémas guettés par l’obsolescence.
Le prix du carburant, tout comme celui d’un certain nombre de charges d’ailleurs, étant sans cesse en
augmentation, il est devenu urgent de s’attaquer au cœur même de la filière afin de savoir si tous les éléments en
sont vraiment justifiés. Monsieur Hénaff nous a fourni un bon exemple : celui des criées où les cagettes de
poissons sont piétinées. Cela n’est pas forcément excellent sur le plan sanitaire. Au-delà, il est temps de se poser
carrément la question : à quoi sert encore une criée ? Il y a sans doute la possibilité de gains de productivité, à
partir de questions aussi simples.
J’ajouterai que le secteur de la pêche est peuplé de professionnels extrêmement performants. Cependant, et c’est
un regret que je formule, le milieu devrait se trouver des leaders que l’on identifie davantage. Il y a quelques
jours, j’ai déjeuné dans un restaurant bruxellois qui proposait du bar de ligne au menu. Ce dernier venait tout
droit de cet ouest Cornouaille dans lequel nous sommes. Cela nous indique une évolution à suivre.
- L’ouest Cornouaille et l’Europe.
Nos trente dernières années ont été marquées par le fait que l’Europe a été constamment présente dans notre vie
de tous les jours au travers des différentes politiques intégrées de l’Union Européenne, alors Communauté
Européenne. Il faut se rappeler que, aussi bien dans l’ouest Cornouaille que sur le reste du territoire breton, c’est
bien le secteur de l’agro-alimentaire qui a réellement permis à la Bretagne d’être pratiquement ruban bleu de la
création d’emplois au cours de ces dernières décennies. Quant à la politique intégrée de la pêche, il faut bien se
l’avouer, nous en sommes totalement dépendants.
Concernant le développement régional, nous avons été « zonés » dans les crédits, dans les fonds structurels
européens depuis que nous avons pris l’habitude de faire ce genre d’exercice. Actuellement, je le vois dans ma
commune alors j’imagine que cela se passe également dans toutes les autres communes de l’ouest Cornouaille,
nous nous trouvons entourés d’une population européenne composée de Belges, d’Anglais, d’Allemands et
autres nationalités. Nous sommes à l’intérieur de l’Europe au quotidien. Les gens viennent, non seulement,
passer leurs vacances chez nous mais également y vivre. Il s’agit d’un phénomène qui ne fait que débuter et
s’explique assez facilement au vu du contraste de densité de population par exemple. De pays où la densité se
situe entre de 300 et 500 habitants au kilomètre carré, ils viennent vers un pays où ce même taux est 3 à 5 fois
moins important.
Je vais vous donner ma vision de la situation de l’ouest Cornouaille par rapport à l’Europe. J’étais récemment à
Bruxelles et j’ai entendu Monsieur Juncker nous rappeler comment le sommet de Bruxelles a été mis à terre. J’ai
également assisté au discours de Tony Blair dans lequel il expliquait comment il voyait les choses et ce qu’il
entendait faire, en soulignant, d’ailleurs, qu’il était hors de question de remettre en cause la Politique Agricole
Commune. Les médias français peuvent faire de l’ironie sur Monsieur Blair, néanmoins, son discours est d’une
solidité impressionnante. Pour preuve, le parlement européen avait décidé de lui réserver un accueil plus que
mitigé et il est ressorti sous les applaudissements, mérités d’ailleurs. Cela ne signifie pas que nous devions le
suivre dans tout ce qu’il dit. Ceci étant, si nous, Français, ne lui avions pas autant parlé du chèque britannique
constamment durant une année entière, peut-être n’aurait-il pas mijoté la riposte telle qu’elle nous est parvenue.
Nous pouvons imaginer les conséquences qui peuvent s’en suivre.
Ce qu’il faut savoir, pour être tout à fait conscient de la situation actuelle en Europe, c’est que nous sommes dans
une période où Tony Blair a été réélu 1er Ministre du Royaume-Uni, ce qui signifie qu’il est en poste pour un
certain temps. Notre allié traditionnel, l’Allemagne, représentée par Gerhard Schröder, va bientôt changer de
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 234
majorité. Celle qui va arriver au pouvoir s’appelle Angela Merkel et elle s’entend fort bien avec Tony Blair…Il y
a également Zappatero, sur qui la France comptait fermement lors du sommet de Bruxelles mais qui s’est,
finalement, clairement identifié dans le camp d’en face. Il convient que nous prenions ces évolutions en
considération, en notant que la France n’est pas (n’est plus ?) le nombril de l’Europe.
C’est pourquoi, lorsque l’on nous dit qu’il faut mettre la priorité sur ce qui est porteur en termes d’emploi, je ne
vois pas vraiment comment nous pourrions dire non. A l’heure actuelle, les emplois se créent dans le secteur des
services. Au niveau européen, cela se traduit par la fameuse directive services, qui est toujours d’actualité
puisqu’elle est le sujet essentiel concernant l’emploi et donc le chômage dans l’Union Européenne. Bien
entendu, il va en être question dans le futur et nous allons continuer à en parler de manière à faire en sorte que le
gisement d’emplois qui s’y trouve ne soit pas abandonné. De ce fait, nous ouvrirons au maximum les possibilités
de création d’emplois dans ce secteur sur l’ensemble du territoire de l’Union.
- La périphéricité de l’ouest Cornouaille.
Nous savons très bien qu’il existe un handicap dont nous ne sommes en aucun cas la cause, c’est celui de notre
périphéricité et donc la nécessité d’une accessibilité de notre territoire. Par rapport au reste de la Bretagne, notre
territoire ouest Cornouaille est pénalisé et la limite de cette périphéricité, comme l’a citée M. Hénaff, est la voie
expresse. Il apparaît donc plus important pour nous que pour le reste de la Bretagne, que nous gardions ce que
nous possédons, c’est à dire cet aéroport qui nous dessert. Dans ce sens, la libéralisation des services aériens,
tout comme des services portuaires d’ailleurs, doit être attentivement observée.
Concernant le dossier majeur du TGV, je suis particulièrement confiant et j’espère qu’il se réalisera dans les
temps. Annick Le Loch l’a rappelé, il y a le problème du financement car ce projet coûte extrêmement cher.
Cependant, il existe plusieurs façons de le financer, notamment par le biais européen. Nous avons pris des
précautions pour faire retenir l’accessibilité dans les sujets majeurs, afin d’obtenir à cette fin des crédits
européens sur les fonds structurels. A supposer qu’il nous en reste et c’est bien le cœur du problème. Chacun
aura peut-être remarqué qu’entre le nouveau Président du Conseil Européen, du moins celui qui le sera dans cinq
jours, et les nouveaux pays entrants dans l’Europe, que nous n’aurions peut-être pas dû accueillir si rapidement,
l’entente n’avait pas été franchement cordiale. Toutefois, il est facile d’imaginer que le premier va rendre
quelques services aux seconds, et notamment, faire en sorte que les fonds de cohésion dont ils ont besoin, et ils
en ont réellement besoin, soient supérieurs à ceux initialement prévus. Pour y arriver, la méthode est simple :
moins de fonds structurels pour les anciens pays de l’Union Européenne. Je suis intimement persuadé que ce
scénario va se réaliser. Néanmoins, il existe tout de même un plan stratégique national afin de pallier un éventuel
déficit et les régions pourront ainsi bénéficier de l’argent. Dans ce cas, et à supposer que nous ayons une part non
négligeable pour la région Bretagne, il faudra qu’elle serve prioritairement, non pas à financer une kyrielle de
projets, mais bien le ferroviaire. Et lorsque je dis cela, je ne pense pas au TGV flambant neuf qui va venir
jusqu’à Rennes, mais plutôt ce qui doit se passer à l’ouest de Rennes, de Rennes à Brest et de Rennes à Quimper.
Voilà ma suggestion pour un plan stratégique nous concernant.
- L’exception ouest Cornouaillaise.
Il y a bien d’autres choses dont j’aurais aimé vous parler au sujet des politiques européennes et sur la façon dont
cela se passe pour notre territoire ouest Cornouaille, mais le sujet est vaste et le temps qui m’est imparti arrive à
son terme. Simplement avant d’en terminer, je vais insister sur le fait que nous vivons dans un pays particulier.
Nous l’avions déjà abordé lors du précédent colloque de 1992. Il s’était dit alors de très belles choses à propos du
Pays Bigouden, notamment de la part de Pierre Jakès Hélias. Nous avions également évoqué le Cap Sizun, pays
que l’on ne peut confondre avec aucun autre, ou encore le Pays de Douarnenez, incomparable.
Les Pays de l’ouest Cornouaille possèdent une caractéristique commune extrêmement forte, celle de rassembler
environ 100 000 personnes à l’ouest de Quimper. Pour une personne extérieure à notre territoire particulier, à
savoir aussi reculé et en bord de mer, cette réalité est difficilement crédible de nos jours. Cette situation
géographique extrême et les conditions de vie au fil du temps, ont permis aux habitants qui occupent ce territoire
de se forger un tempérament quelque peu singulier. En 1836, Monsieur Cambry, écrivain voyageur à travers la
France, est passé un peu partout en Bretagne, et notamment dans l’ouest Cornouaille. Il notait au fur et à mesure
ses impressions quand il passait dans une région et à propos de notre territoire, il écrivait : « « Le grand chemin
d’Audierne à Douarnenez et de Douarnenez à Quimper est en bon état. Les traverses sont détestables. On désire
depuis longtemps une route qui communiquerait de Pont Croix à Pont l’Abbé. Elle serait peu coûteuse,
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 235
importante et n’aurait que 6 lieues de long ». A cette époque où les campagnes se chauffaient avec de la lande et
des genêts, il n’y avait pas de route entre Pont Croix et Douarnenez. Bien sûr, depuis, les choses ont évolué mais
cela ne date pas de si longtemps que cela, et nous sommes les dépositaires de notre histoire récente et plus
ancienne.
C’est pourquoi, pour conclure, je voudrais vous citer Pierre Jakès Hélias dans un discours qu’il avait prononcé à
la tribune en 1992. Certains s’en souviennent encore et il serait judicieux d’y repenser lorsque nous nous
pencherons sur le SCOT : « la plus dangereuse démission – il parlait pour les Bigoudens, mais nous pouvons
élargir son discours à l’ensemble de l’ouest Cornouaille – serait le reniement de nos traits de caractère les plus
essentiels et les plus reconnus. Ceux qui ont permis à nos ancêtres de survivre à des adversités séculaires, des
traits que résume le seul mot breton qui nous sert de devise « HEPKEN », c’est à dire nous-mêmes. Ni
meilleurs, ni pires mais nous-mêmes et c’est assez ». Ce qu’il disait est, à mon sens, essentiel. Il faudra se
souvenir que, lorsque nous analyserons la pression foncière, la préservation de l’agriculture ou le développement
des zones urbaines, notre territoire n’a jamais été un territoire de type urbain. C’est ce que voulait rappeler Pierre
Jakès Hélias. Dans la langue bretonne, il n’y a jamais eu de « ville » de Pont l’Abbé mais bien le « bourg » de
Pont l’Abbé, « bourc’h Pont’N Abad », bien que ce dernier soit reconnu de tous comme capitale. Cela est tout de
même significatif. De la même manière, excepté pour la ville de Douarnenez, l’habitat dispersé caractérise tout
notre territoire et cela représente une force extraordinaire. Il me semble que si l’on s’avisait de vouloir tirer un
trait sur cette spécificité, au nom d’une certaine tendance à vouloir stocker les gens dans des lotissements et
autres centres bourgs, ce serait là une lourde erreur. C’est le dernier conseil que je me permettrai de donner.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 236
« L’ETAT ET LE SCOT DE L’OUEST CORNOUAILLE ».
Fabien SUDRY, Secrétaire général de la Préfecture du Finistère.
-Introduction.
Je voudrais saluer le grand travail qui a été réalisé par l’AOCP. Pour procéder à un diagnostic du territoire, il
existe deux types de démarche. La première est de confier à un expert d’un cabinet d’étude, le soin
d’engager une réflexion et d’en tirer des conclusions. Cela peut-être d’ailleurs utile dans certains cas, loin de moi
d’éloigner l’intérêt de ce type de démarche. Cependant, il y a une deuxième démarche et je crois avoir compris
que c’est celle que vous avez choisie sur le territoire de l’ouest Cornouaille : engager une réflexion qui associe
l’ensemble des responsables du territoire, c'est-à-dire finalement la population tout entière du territoire. C’est
un travail sans doute plus difficile mais également plus riche et certainement plus porteur d’avenir sur les
conclusions que l’on peut en tirer.
Je salue également la grande qualité des interventions et l’esprit de synthèse qui les a animé. J’ai également
remarqué la qualité des contributions apportées par un certain nombre d’institutions et d’organismes et j’ai noté
avec satisfaction que les différents ateliers organisés avaient été très suivis. Je me plais aussi à souligner la
contribution apportée par les services de l’Etat au travail de réflexion et de diagnostic du territoire. En effet, c’est
également le travail des services de l’Etat d’apporter leur point de vue. L’Etat est un acteur public qui joue un
rôle sur le territoire. Il possède des informations et je crois qu’il a une contribution à apporter auprès des
collectivités locales sur l’avenir des territoires. C’est ce que nous avons essayé de faire, et je salue à cet égard
Messieurs MARTIN, ARTUR et Madame LE CRENN, qui ont pris une part importante dans cette réflexion. J’en
profite pour dire que le Préfet du Finistère, souhaitant précisément que les services de l’Etat puissent s’impliquer
dans ces démarches sur l’aménagement du territoire, a institué un pôle de compétence interservices qui a été
confié à la Direction Départementale de l’Equipement mais qui associe plusieurs services de l’Etat. Son rôle est
de contribuer, sur des thèmes intéressants le développement du département, à alimenter ces réflexions sur
l’aménagement du territoire.
D’une manière sans doute un peu sélective et incomplète, j’en viens maintenant à quelques éléments que j’ai
noté, au fil des propos, comme pouvant esquisser les atouts et les difficultés ou les points de faiblesse. Je n’aime
pas employer le terme faiblesse lorsque l’on parle de territoire parce que l’histoire nous démontre, qu’en termes
d’aménagement du territoire, tout est réversible. Les véritables richesses proviennent des hommes et des femmes
qui font cet aménagement. Cela signifie que la notion de faiblesse est en réalité relative et très contingente.
- Les difficultés de l’ouest Cornouaille.
Concernant les difficultés, en étant schématique, j’ai noté un certain nombre de choses. Tout d’abord, nous
pouvons remarquer la poursuite d’une tendance à la baisse de la population du territoire. Cependant, celle-ci
est ralentie depuis la période précédente qui nous a été présentée durant cet atelier.
Dans le domaine de l’environnement, j’ai pointé certaines difficultés qui existent même si les choses
s’améliorent en termes de qualité de l’eau.
Dans le domaine économique, je retiens l’existence d’emplois précaires en nombre plus important que les
moyennes généralement observées.
Un parc de logements locatifs peu adapté et trop concentré. Une tendance, parfois sur certaines zones du
territoire, à une forme d’urbanisation que l’on pourrait qualifier de rampante et qui peut, effectivement, être
préoccupante. Je pense, d’ailleurs, qu’il ne faut pas faire de contresens sur ces sujets. Je fais partie de ceux qui
pensent que le développement et l’urbanisation peuvent être une chance pour un territoire. En revanche, le fait
de ne pas organiser, ni planifier et encore moins prévoir ce développement et cette urbanisation, peut être
problématique. Il existe quelques points de préoccupations dans l’ouest Cornouaille, tout comme dans
l’ensemble du littoral français et breton, par rapport à certaines formes de pression sur le littoral. Il serait
étonnant que l’ouest Cornouaille y échappe complètement.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 237
Egalement, une tendance à la pression liée au développement et à la desserte de l’agglomération de
Quimper. A cet égard, j’incite les communes de l’ouest Cornouaille qui n’ont pas engagé encore des démarches
de PLU, à conclure cet exercice le plus vite possible. Ce dernier est tout à fait complémentaire avec ce travail de
diagnostic et de réflexion, et peut déboucher sur une démarche de planification au niveau du territoire.
- Les atouts de l’ouest Cornouaille.
J’ai bien compris que le territoire avait des activités encore largement présentes, notamment liées à la
mer. La densité humaine reste très conséquente. Ces éléments représentent, à mon avis, des atouts très
importants. De plus, l’ouest Cornouaille possède un environnement de très grande qualité même s’il est fragile et
favorise, entre autre, le développement de l’attractivité touristique, et je n’insiste pas sur cette question.
Toutefois, il est important de souligner qu’il s’agit d’un phénomène assez nouveau et qui se développe sur
l’ensemble de l’ouest Cornouaille, offrant ainsi de réelles opportunités. Les villes, de tailles moyennes et petites,
présentent de fortes identités. Nous pouvons également apprécier des exemples réussis, combinant le
développement et la protection de l’environnement. Je pense, en particulier, à tout ce qui a été fait autour de
l’aménagement de la Pointe du Raz. Il s’est tissé un réseau de Petites et Moyennes Entreprises, notamment
artisanales, qui reste bien présent sur le territoire. Enfin, je constate également des perspectives d’activités en
termes de valorisation des produits de la mer en général, plutôt orientées d’ailleurs autour de la deuxième et de la
troisième transformation.
Ce travail constitue une excellente base pour aller plus en avant et, à partir de ce diagnostic, pouvoir faire
aboutir la démarche de Schéma de Cohérence Territoriale sur l’ouest Cornouaille. Faire des choix, les partager
collectivement et les inscrire dans la réalité juridique à travers le SCOT, schéma de planification. A ce sujet, il
me semble qu’il faut garder à l’esprit que l’ouest Cornouaille, c’est une évidence mais encore faut-il le dire,
est une partie de la Cornouaille et donc que son développement doit être conçu de manière coordonnée et
croisée avec la Cornouaille en général. Se pose un certain nombre de question concernant ce territoire de
l’Ouest Cornouaille, inséparable du développement de l’espace de la Cornouaille en général. Je pense, en
particulier, aux questions de déplacement, de santé, de service public, d’enseignement supérieur… Tout ces
aspects doivent sûrement être pensés à une échelle plus vaste et donc, à mon avis, il est intéressant, si la
démarche de SCOT se poursuit, de bien garder cela à l’esprit. Les services de l’Etat seront naturellement attentifs
à cette cohérence sur l’ensemble du bassin cornouaillais.
Après avoir entendu les exposés qui m’ont été présentés, un deuxième aspect me paraît important : la dimension
littorale et maritime. C’est un élément incontournable de l’ouest Cornouaille. Toujours dans la démarche du
SCOT, il serait, à mon sens, très utile d’exploiter les possibilités offertes par une disposition récente de la loi sur
les territoires ruraux, l’article 105 pour être précis. Ce dernier prévoit d’engager à travers le SCOT et sur la partie
littorale, des Schémas de Mise en Valeur de la Mer. Je crois que le territoire de l’ouest Cornouaille, par sa
situation et ses caractéristiques, se prête très bien à la mise en œuvre de ces dispositions. Ces SMVM, prévus à
l’origine dans le cadre de la loi littorale, n’ont été que trop peu mis en place. Il n’en existe que deux sur
l’ensemble du territoire national. La procédure étant complexe avec une approbation centrale, le législateur a
souhaité simplifier les choses et intégrer cette notion dans les démarches de SCOT pour les rendre plus faciles à
mettre en œuvre. Si le SCOT s’élabore, cette dimension pourrait être intéressante pourr le territoire de l’ouest
Cornouaille.
Conclusion.
Enfin, je terminerai par un propos que j’ai glissé dans le fil de mon intervention. Le SCOT peut, à mon avis,
sur la base de ce diagnostic, constituer une réelle opportunité pour affirmer des choix et les assumer
collectivement. Il est en mesure de créer un effort collectif pour mettre en évidence ces atouts, nombreux sur
l’ouest Cornouaille, et essayer progressivement de corriger les points de difficultés. Cela se fera en agissant de
manière la plus coordonnée possible pour, en définitif, faire apparaître la véritable richesse : les hommes et les
femmes qui composent le territoire.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 238
REMERCIEMENTS
Les « Rencontres de l’ouest Cornouaille » ont mis à contribution de nombreuses personnes.
Nous remercions tout particulièrement les intervenants, animateurs et rapporteurs, qui se sont les plus investis.
Les Elus, les services de l’Etat, du Conseil général, des Chambres consulaires et les universitaires,
particulièrement sollicités, ont été des soutiens précieux. Nous remercions enfin très chaleureusement tous ceux
qui, sans apparaître sous les feux de la rampe, sont intervenus à un moment donné dans la définition des sujets, le
choix des intervenants ou ont apporté leur soutien matériel. La liste des partenaires (que nous espérons la plus
fidèle possible) figure ici23.
- Thème « Environnement » :
- Pierre PLOUZENNEC : Maire de Plozevet, vice-président de la Communauté de communes (CC) du HPB ;
- Jean-Claude PIERRE : Secrétaire général association « Nature et culture » ;
- François Martin : DDE, Responsable service action territoriale sud et prospective, DDE 29 ;
- Alain ARTUR : Directeur adjoint DDAF 29 ;
- Alain HENAFF ET Bernard HALLEGOUËT : maîtres de conférences UBO ;
- Yann ROCHARD : « Energie et territoire Développement » ;
- Bruno CARIOU : Directeur du syndicat mixte de la pointe du Raz ;
- Ambroise GUELLEC : Président du Comité de bassin Loire - Bretagne ;
- André SERGENT : Vice président de la Chambre d’Agriculture ;
- Mme PHILIPPE : Responsable observatoire - Chambre d’Agriculture ;
- Mme HEBERT : CC du Pays Bigouden Sud ;
- Roger RIOU : Maire de Saint-Jean Trolimon ;
- José GOUYEN et Adrien LE MENACH : groupe estuaire, comité local des pêches du Guilvinec.
- Thème « Le territoire et ses habitants » :
- Philippe RANCHERE : Directeur de l’ADIL ;
- Gaby LE GUELLEC : Maire de Pouldergat, Vice-Président de la CC du Pays de Douarnenez ;
- J. M. LE BOULANGER : Maître de conférences à l’UBS ;
- Mme DOUVILLEZ : Responsable de territoire – Conseil général ;
- Jacques BRULARD : Responsable pôle observatoire, Conseil général du Finistère ;
- Pierre MOULART : Chef du service logement au Conseil général ;
- J. B. HUET : Directeur adjoint "Déplacements" - CG 29 ;
- Ronan LE DELEZIR : Maître de conférences à l’UBS ;
- M. LE PAPE : Mairie de Treguennec ;
- Daniel BOUER : Président de la Communauté de Communes du Pays de Douarnenez ;
- M. J L CARADEC : Maire de Peumerit et délégué communautaire sur le logement (HPB) ;
- Marie-Ange BUANIC : Adjointe à Loctudy ;
- M. GUILLOU : Responsable du service de l’habitat à la DDE 29 ;
- Serge RONDIER : Directeur OPAC de Cornouaille ;
- O. L’HELLGOUARC’H : Mission locale de Cornouaille - antenne de Pont L’Abbé ;
- Sandrine TOULERASTEL : Conseillère logement Conseil Général secteur Ouest Cornouaille ;
- Fabrice MOYON : Centre intercommunal d’action sociale - Cap Sizun ;
- Martine QUEFFELEC : Adjoint aux affaires sociales Penmarc ‘h ;
- Mme Marie-Lise KERLEROUX et Mme PUIL : CCAS de Douarnenez ;
- Jean Luc PEUZIAT : Douarnenez Habitat.
Thème « Agriculture » :
- M. LE BIANNIC : Directeur de la DDAF du Finistère ;
- Nicolas FOUQUET : Vice-Président de la Communauté de Communes du Pays Bigouden Sud ;
- Florence LE CRENN : Chargée de mission à la DDAF ;
- Daniel JAOUEN : agriculteur à Plonéour-Lanvern, Président du syndicat de l’élevage du Pays Bigouden ;
- André SERGENT : Vice Président à la Chambre d’Agriculture du Finistère ;
- Gwénola FLOCH-PENN : Observatoire Economique et Prospective de la Chambre d’Agriculture du Finistère ;
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Tout au long de l’organisation des rencontres, l’AOCP a accueilli comme observateurs et partenaires des
étudiants du master « Expression identitaire et tourisme culturel » de J.F. Simon à l’UBO.
AOCP - « Les rencontres de l’ouest Cornouaille » - 239
- Roger RIOU : Maire de Saint-Jean Trolimon, Trésorier AOCP ;
- Jean-Yves LANDRIAU : Association des Producteurs du Cap Sizun ;
- Patricia SAVINA : Présidente du Comité de Développement des Agriculteurs du Pays de Quimper ;
- Yannick CONNAN : Directeur adjoint DDEI – CG 29 ;
- Patrick TANGUY : Chambre d’Agriculture du Finistère ;
- M. LE ROY : Florimer. Plomeur.
- Thème « Pêche » :
- J. R. COULIOU : Maître de conférences – UBO ;
- G. BERNARD : Comité local des pêches d’Audierne ;
- Raynald TANTER : Conseiller général – Adjoint à la mairie de Penmarc’h ;
- Louis Gérard PRAT : Vice-Président CCPBS ;
- Pierrick JONCOUR : armateur, commission pêche de la CCI Quimper Cornouaille ;
- Hélène TANGUY : Député-Maire du Guilvinec ;
- Scarlette LE CORRE : marin pêcheur ;
- H. THOMAS : Directeur CCI Quimper Cornouaille ;
- Daniel BOUER : Président de la Communauté de Communes du Pays de Douarnenez ;
- Michel CANEVET : Président CCHPB ;
- M. CLAQUIN : Président du comité local des pêches Douarnenez ;
- Francis KLETZEL : Service des affaires économiques - Diretion des Affaires maritimes du Guilvinec ;
- Cyrille BODILIS : Pesca Cornouaille ;
- Yves GLEHEN : Maire de Treguennec ;
- Jacqueline DONVAL : Conseillère générale.
- Thème « Entreprises » :
- Jean Jacques HENAFF : PDG Henaff – Pouldreuzic ;
- Louis Gérard PRAT : Vice-Président de la CC du pays Bigouden sud ;
- Bernard LE GALL : Président de la CC du Cap Sizun ;
- François CLEMENT : CCI, directeur adjoint, responsable Prospective et développement ;
- Thierry SAUVIN : Maître de conférences à l’UBO ;
- Michel BOLLORE-POLLE et Nadine LE HIR : CCI Quimper Cornouaille ;
- Vincent GEMIN : CRCI, coordinateur régional qualiparc ;
- Françoise LAUVERNIER CRCI : Bretagne qualité parc – Chargée de mission Finistère ;
- Emmanuelle POTHAIN : Maison de l’emploi - CC Cap Sizun ;
- Christophe PODEVIN : Chargé de mission développement économique – CC Pays de Douarnenez ;
- Bruno HUBERT : Chargé de mission développement économique – CC HPB ;
- Yves GOUELO : responsable du développement économique – CCPBS.
- Thème « Tourisme » :
- Annick LE LOC’H : 1ère vice –présidente du Conseil général, Présidente du CDT 29 ;
- Jean-Marc BIRRER : directeur de la FRPAT ;
- Guy DIQUELOU : hôtelier à Combrit Sainte-Marine ;
- Jacky DUQUENNE : gérant de camping à Douarnenez ;
- Chantal KERRIOU : Directrice adjointe – CDT 29 ;
- Lionel PRIGENT : Maître de conférences à l’UBS ;
- André LE GOFF : centre nautique Ile Tudy ;
- Joëlle FURIC : Présidente commission tourisme AOCP ;
- Marie-Pierre RIVIERE et Nadine LE NIR : CCI Quimper Cornouaille ;
- Patrick NYS : Camping Kerlaz - Treguennec ;
- Serge VERVOITTE : Hôtel Le Goyen. Audierne ;
- Yvonne ROMAIN : Adjointe à Pont Croix ;
- Noel LE QUERE : hôtel Euromer, Ile Tudy.
Nous remercions les partenaires qui ont contribué au financement des « Rencontres » : l’Europe, par le biais du
programme Leader +, le Syndicat Intercommunautaire Ouest Cornouaille Aménagement mais aussi le Crédit
Mutuel de Bretagne, les hypermarchés Leclerc et la pépinière de M. Seigneur à Pont l’Abbé. Enfin, une mention
particulière à Isabelle TANNEAU pour l’organisation pratique des Rencontres et l’élaboration formelle des
documents, à Alexis GHEROLDI et Yann LE GALLIC qui ont assuré la transcription de plus de 20 heures
d’enregistrement.
Thierry MAVIC, Président de l’AOCP et Olga ANSELLEM, Directrice.
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