ProductionsAnimales1997 Num3
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ProductionsAnimales1997 Num3
INRA Prod. Anim., 1997, 10 (3), 219-226 B. Sauveur INRA Direction des Politiques rŽgionales, 147, rue de lÕUniversitŽ, 75338 Paris Cedex 07 Les crit•res et facteurs de la qualitŽ des poulets Label Rouge Au moment o• lÕactualitŽ dŽmontre la nŽcessitŽ pour les viandes de bŽnŽficier dÕune tra•abilitŽ totale et de signes de qualitŽ largement reconnus, le mod•le du poulet Label Rouge dŽveloppŽ depuis 1965 se rŽv•le prŽmonitoire. Cet article analyse les raisons objectives de son succ•s. La production avicole conna”t depuis les annŽes 60 un dŽveloppement mondial tr•s important : elle a atteint environ 50 millions de tonnes en 1995 contre 10 millions en 1960 (Watt Publishing Co 1996) en sÕappuyant beaucoup sur une rationalisation et une uniformisation des conditions de production. La plupart des produits ainsi ŽlaborŽs ont des caractŽristiques proches les uns des autres, quÕil ne faut pas forcŽment interprŽter comme de qualitŽ infŽrieure. Ainsi, la rŽgularitŽ des RŽsumŽ En rŽaction ˆ certains reproches adressŽs au poulet standard, la France a dŽveloppŽ ˆ partir de 1965 une production de poulets de qualitŽ bien dŽfinie, dits Label Rouge, qui connaissent un large succ•s (76 millions de sujets en 1995). Cette production sÕappuie sur lÕexistence dÕorganismes certificateurs rŽgionaux, euxm•mes contr™lŽs par une structure nationale, et sur lÕexistence de cahiers des charges de plus en plus prŽcis, le tout complŽtŽ par un Žtiquetage tr•s rŽglementŽ. Les recherches conduites pour identifier les crit•res de diffŽrenciation des poulets utilisŽs par les consommateurs fran•ais montrent que ceux-ci sÕattachent prŽfŽrentiellement ˆ la texture de la viande, quÕils recherchent assez ferme, ainsi quÕˆ sa flaveur, voulue prononcŽe. DÕautres crit•res tels que la teneur en graisse ou le rendement en muscles des carcasses, la couleur de la peau et des plumes (quand elle est visible) sont aussi pris en considŽration. Lors de dŽgustations en aveugle, le poulet Label Rouge est tr•s gŽnŽralement reconnu et prŽfŽrŽ au poulet standard sur la base de ces crit•res. Les facteurs qui influencent le plus ces crit•res sont lÕ‰ge ˆ lÕabattage (surtout pour le poulet m‰le) et lÕorigine gŽnŽtique des animaux. La rŽglementation Label Rouge impose un ‰ge minimum de 81 jours et lÕutilisation exclusive de lignŽes ˆ croissance lente. LÕalimentation modifie surtout la vitesse de croissance et lÕengraissement de lÕanimal, mais peu la flaveur de la viande d•s lors que quelques mati•res spŽcifiques (farines animales par exemple) sont ŽcartŽes. LÕexistence dÕun parcours extŽrieur est indispensable ˆ lÕimage du produit mais agit peu sur son apprŽciation sensorielle. En ma”trisant ces facteurs, le Label Rouge satisfait cinq demandes essentielles du consommateur contemporain : une qualitŽ supŽrieure objectivement reconnue, une production de type traditionnel, la tra•abilitŽ du produit, lÕassurance de contr™les indŽpendants et un prix abordable. carcasses fournies ˆ la distribution, leur teneur croissante en muscles et rŽduite en graisse, lÕamŽlioration notable de leur Žtat microbiologique, jointes ˆ la diminution constante des prix, sont autant dÕaspects ˆ porter au crŽdit de lÕaviculture Ç intensive È. Il nÕen reste pas moins que certaines productions de volailles plus traditionnelles sont maintenues ou rŽinstallŽes ici ou lˆ, pour des raisons dÕailleurs variŽes qui ne rel•vent pas forcŽment de la volontŽ dÕŽlaborer un produit typŽ. Ainsi, la plupart des productions Ç villageoises È de poulets subsistant ˆ travers le monde donnent des produits traditionnels, mais peu typŽs les uns par rapport aux autres. A lÕinverse, des produits tr•s spŽcifiques comme le canard de Barbarie ou la pintade ont ŽtŽ dŽveloppŽs en France dans un contexte dÕaviculture intensive. LÕŽlaboration de produits typŽs, aujourdÕhui recherchŽe dans de nombreux secteurs, nÕest donc nullement incompatible avec le respect de r•gles clairement dŽfinies. LÕexemple des Labels Rouges avicoles fran•ais, reconnu internationalement comme la dŽmarche la plus ŽlaborŽe de production de volailles de qualitŽ (Groom 1990), mŽrite en cela dÕ•tre exposŽ. Seront successivement prŽsentŽs lÕorigine de cette production et ses spŽcificitŽs, puis, plus longuement, les crit•res de qualitŽ identifiŽs par les consommateurs et leurs facteurs de variation. 1 / Origine du poulet fermier Label Rouge 1.1 / Les labels agricoles Apr•s la deuxi•me guerre mondiale, la France manifeste une forte volontŽ dÕamŽlio- 220 / B. SAUVEUR rer la qualitŽ de ses produits agricoles, notamment dans une perspective dÕexportation ; la nŽcessitŽ dÕoffrir une garantie de cette qualitŽ supŽrieure se fait vite jour et aboutit ˆ lÕŽlaboration des labels agricoles. La loi fran•aise du 5 aožt 1960 dŽfinit le label agricole comme Ç une marque collective qui sÕapplique aux produits agricoles, attestant que ceux qui en bŽnŽficient poss•dent un ensemble de qualitŽs et de caractŽristiques spŽcifiques È. LÕhomologation implique lÕexistence obligatoire : - dÕun organisme certificateur indŽpendant ; - dÕun cahier des charges dŽfinissant les caractŽristiques spŽcifiques du produit ; - de contr™les sÕŽtalant de la production ˆ la consommation ; - dÕune Žtiquette prŽcise. Le dŽcret du 13 janvier 1965 dŽfinit les lignes directrices prŽcises de cette action certificatrice et la commission nationale des labels est crŽŽe en 1966 : elle Žtudie les dossiers prŽsentŽs par les organismes certificateurs et donne un avis motivŽ au ministre de lÕagriculture qui homologue ou non le produit concernŽ. 1.2 / CrŽation des Labels Rouges avicoles Le poulet Label Rouge doit rŽpondre ˆ des crit•res strictement contr™lŽs, notamment le gŽnotype, la durŽe dÕŽlevage et la composition des aliments. Au dŽbut des annŽes 60, lÕaviculture intensive conna”t en France une croissance rapide et les produits tendent ˆ se banaliser : gr‰ce aux progr•s obtenus sur leur vitesse de croissance, les poulets sont abattus de plus en plus jeunes (dÕabord ˆ 8 puis ˆ 7 semaines) et sont lÕobjet de critiques de la part des consommateurs : gožt jugŽ fade, parfois dŽsagrŽable, manque de tenue apr•s cuisson se traduisant par une sŽparation trop facile de la viande et des os (Gandemer et Kim 1993). Une volontŽ se fait jour de dŽvelopper une production diffŽrente qui, tout en Žtant rationalisŽe et organisŽe, fournirait des poulets ayant des caractŽristiques plus proches de celles des volailles traditionnelles, ˆ utiliser dans des occasions festives. Des syndicats rŽgionaux de dŽfense de producteurs avicoles prŽ-existent et vont •tre les premiers obtenteurs de Labels Rouges agricoles. Il sÕagit en particulier de ceux concernant le poulet jaune des Landes (premier Label Rouge le 13 janvier 1965), le poulet blanc de LouŽ (en 1966), puis bien dÕautres. Tableau 1. Caractéristiques technico-économiques moyennes des poulets et pintades standard et Label Rouge en 1995 (Koehl 1996). Standard Age ˆ lÕabattage (j) Poids vif (kg) Indice de consommation MortalitŽ (%) Cožt de production (F/kg) 42,1 1,91 1,90 5,1 4,88 Poulet Label Rouge 84 2,17 3,00 2,5 8,55 91 2,24 3,30 8,95 Pintade Standard Label Rouge 79 1,60 2,89 5,9 9,20 INRA Productions Animales, juillet 1997 99 1,87 3,81 5,9 11,60 En 1967, un dŽcret sur lÕŽtiquetage rŽserve aux seules productions sous label la possibilitŽ de porter des mentions valorisantes (‰ge ˆ lÕabattage, parcours...). Il sÕappliquera jusquÕˆ la mise en place de la certification europŽenne en 1992 et contribuera beaucoup ˆ la valorisation des labels en grandes surfaces. Le Synalaf (Syndicat National des Labels Avicoles de France) est crŽŽ en 1969. 2 / SpŽcificitŽs des poulets produits sous Label Rouge (dŽsignŽs dans la suite par poulets Label) D•s lÕorigine, et de fa•on tout ˆ fait prŽmonitoire de la part de ses concepteurs, le poulet Label doit rŽpondre ˆ cinq spŽcificitŽs strictement contr™lŽes dont les caractŽristiques chiffrŽes Žvolueront au fil des r•glements ; celles indiquŽes ici sont les plus rŽcentes (1996) : - utilisation de lignŽes spŽcifiques ˆ croissance lente ; - alimentation sans graisse ajoutŽe jusquÕˆ 4 semaines dÕ‰ge puis teneur en graisse totale limitŽe ˆ 5 %. LÕaliment distribuŽ apr•s 28 jours dÕ‰ge doit contenir 75 % de cŽrŽales et issues de cŽrŽales ; les farines animales et activateurs de croissance en sont exclus. En outre, la qualitŽ de toutes les mati•res premi•res est strictement contr™lŽe ; - durŽe dÕŽlevage Žgale au minimum ˆ 81 jours (elle nÕa jamais ŽtŽ rŽduite), soit pratiquement le double de celle du poulet standard ; - espace dÕŽlevage large (11 poulets maximum par m2 de b‰timent) avec un parcours extŽrieur de 2 m2/sujet offert au plus tard ˆ 6 semaines dÕ‰ge. La notion dÕŽlevage en libertŽ, introduite ultŽrieurement, suppose que la surface de parcours offerte est illimitŽe. Une variante sans parcours extŽrieur est encore autorisŽe, mais ne reprŽsente plus que 4 % des poulets Label produits. Elle ne donne droit ni ˆ lÕappellation Ç poulet fermier È, ni ˆ une indication rŽgionale. La taille m•me des Žlevages est limitŽe, chaque Žleveur ne pouvant disposer de plus de quatre b‰timents de 400 m2. Aucun b‰timent de la m•me exploitation ne doit •tre utilisŽ pour produire des volailles non labellisŽes ; - taux de dŽclassement sŽv•re et prŽcautions supplŽmentaires de conditionnement (refroidissement des carcasses par trempage interdit). Ces spŽcificitŽs de base sont complŽtŽes par un grand nombre dÕarticles rŽglementaires portant sur lÕagrŽment sanitaire des fournisseurs dÕanimaux, les mati•res premi•res et additifs utilisŽs, les b‰timents dÕŽlevage, les parcours, les conditions de transport et dÕabattage, etc. Tout ceci entra”ne Žvidemment une augmentation notable du cožt de production, qui est aujourdÕhui pr•s de deux fois plus ŽlevŽ que celui du poulet standard (tableau 1). LÕŽtiquette portŽe par le produit final reprend les informations principales et prŽ- Les poulets Label Rouge / cise une date limite de consommation (9 jours au frais apr•s abattage) ainsi que lÕorganisme certificateur de la production. Elle comporte Žgalement un numŽro qui reprend celui portŽ par lÕanimal et permet la tra•abilitŽ totale du produit. Une indication rŽgionale est enfin prŽsente dans la majoritŽ des cas. Tableau 2. Décompte des différences significatives au seuil de 5 % apparues lors de la comparaison de poulets standard et Label (sur un total de 11 comparaisons entre morceaux préalablement découpés) (Sauvageot 1984). Morceau Crit•re Odeur Gožt Consistance JutositŽ Texture 3 / Crit•res de qualitŽ des volailles Label Rouge Les spŽcificitŽs rappelŽes ci-dessus ont ŽtŽ voulues par les initiateurs du projet afin de Ç fournir un animal pub•re, cÕest-ˆ-dire proche de la maturitŽ sexuelle, ˆ chair ferme, couvert mais pas trop gras, ˆ peau fine, ayant le gožt de poulet... È. Ces crit•res sont-ils judicieux ? Sont-ils ceux retenus par les consommateurs ? Ceux-ci reconnaissent-ils aux poulets Label une qualitŽ supŽrieure ? Des rŽponses assez prŽcises ˆ ces questions ont ŽtŽ apportŽes expŽrimentalement au fil du temps. Les premiers travaux mŽthodologiques rŽalisŽs (Lassaut et al 1984) ont montrŽ que la texture de la viande et les crit•res organoleptiques permettent la diffŽrenciation Ç en aveugle È sur des morceaux dŽcoupŽs entre poulets standard et Label (tableau 2) ; la cuisse se rŽv•le beaucoup plus discriminante que le blanc, la peau ne permettant pas, contrairement ˆ toute attente, une diffŽrenciation. Le r™le majeur jouŽ par les propriŽtŽs mŽcaniques de la viande dans lÕapprŽciation de la qualitŽ du poulet a ŽtŽ confirmŽ ultŽrieurement ˆ plusieurs reprises. Ainsi, dans lÕŽtude de Dumont et Delpech (1988) rŽalisŽe sur des carcasses enti•res, les caract•res de tendretŽ, consistance, jutositŽ, sont ceux qui diffŽrencient le mieux les deux types dÕanimaux en attribuant au poulet Label la note hŽdonique la plus ŽlevŽe. Culioli et al (1990) explicitent cette diffŽrence en montrant que la rŽsistance mŽcanique des muscles apr•s cuisson est plus ŽlevŽe de 20 ˆ 25 % chez les poulets Label et que le collag•ne des muscles tend effectivement ˆ •tre plus soluble chez les animaux standard. Lors des tests de dŽgustation, la viande des poulets Label est jugŽe comme ayant une tendretŽ et une jutositŽ plus faibles (P < 0,001) que celles des poulets standard, surtout dans le cas des femelles. Ainsi, dans toutes les expŽriences conduites, une certaine fermetŽ de la viande des poulets Label est jugŽe positivement par les dŽgusta- 221 Peau Blanc Cuisse 2 3 0 1 4 5 1 3 4 9 9 8 5 8 teurs, m•me si, comme le notent Dumont et Delpech (1988), cette apprŽciation est sans doute fonction de leurs habitudes alimentaires et pourrait •tre diffŽrente dans un autre pays. La composition corporelle du poulet est un autre crit•re important de discrimination. La premi•re Žtude de Ricard (1984) montre dŽjˆ que, ˆ ‰ge Žgal, le poulet Label se caractŽrise par un rendement en muscles de la carcasse plus ŽlevŽ de 2 ˆ 4 points et une teneur en gras abdominal plus faible que le poulet standard (tableau 3). Le poulet Label Žtant cependant abattu plus vieux, sa teneur en gras abdominal ˆ 12 semaines appara”t Žgale ˆ celle du poulet standard de 8 semaines. Des Žtudes plus rŽcentes (Culioli et al 1990, Gandemer et Kim 1993) confirment la supŽrioritŽ du rendement en viande du poulet Label (+ 3 points pour le blanc et pour la cuisse ; tableau 4) et Žtablissent de fa•on certaine la rŽduction dÕengraissement, comprise entre 15 et 35 %. Selon Culioli et al (1990), cette rŽduction porte sur lÕensemble des territoires abdominal, sous-cutanŽ et intramusculaire. Ces Žtudes montrent Žgalement chez le poulet Label, comparŽ au standard : - une plus grande richesse en pigments des muscles des cuisses (Culioli et al 1990) ; - une teneur en acides gras plus faible pour les mono-insaturŽs et plus ŽlevŽe pour les poly-insaturŽs, sans diffŽrence pour les acides saturŽs (Culioli et al 1994) ; - une rŽduction des pertes ˆ la cuisson atteignant pr•s de 10 % (tableau 5), mais aussi une oxydation plus forte des lipides (Gandemer et Kim 1993) ; - une rŽduction de la part de la peau (surtout sur les muscles du brŽchet) et de celle des os, permettant une forte augmentation de Tableau 3. Comparaison de poulets mâles standard (Std) et Label Rouge (LR) pour leur composition corporelle (Ricard 1984). Age (semaines) Type de poulet Poids vif (g) Gras abdominal (% poids vif) Rendement de carcasse ŽviscŽrŽe (% poids vif) Rendement en muscles (% carcasse ŽviscŽrŽe) 8 10 12 Std LR Std LR Std LR 2 009 2,23 61,7 45,3 1 258* 1,39* 61,5* 47,6* 2 825 2,98 65,1 47,1 1 844* 2,09* 64,4* 48,3* 3 467 3,45 66,1 47,4 2 392* 2,33* 65,5* 49,9* * Valeur significativement diffŽrente de celle du poulet standard au m•me ‰ge. INRA Productions Animales, juillet 1997 Les diffŽrences de qualitŽ de la viande entre poulets standard et Label portent surtout sur la tendretŽ et la jutositŽ. 222 / B. SAUVEUR Tableau 4. Caractéristiques de poulets standard (Std) et Label Rouge (LR) observées au niveau d’un magasin de détail (Gandemer et Kim 1993). Morceau Type de poulet Std Blanc LR Std Cuisse LR Std Peau LR Viande (% carcasse) Viande (% morceau) Os (% morceau) Peau (% morceau) Lipides totaux (%) 18,3 75,9 24,1 1,0 21,3* 86,7* 13,3* 0,7* 9,8 67,3 20,0 12,7 5,5 12,8* 72,1* 17,5* 10,5* 2,9* 53,0 34,4* * Valeur significativement diffŽrente de celle du poulet standard au m•me ‰ge. Tableau 5. Pertes à la cuisson de différents morceaux de poulets de type standard (Std) et Label Rouge (LR) (d’après Gandemer et Kim 1993). Morceau Type de poulet Std Blanc LR Std Cuisse LR Std Peau LR Pertes totales (%) Eau (%) Lipides totaux (%)(1) -35 -36 +1,1 -25 -23 +1,0 -26 -29 +2,8 -18 -22 +2,7 -60 -30 -34 -39 -24 -18 Les valeurs positives sont dues au fait que, dans le blanc et la cuisse, les pertes de lipides sont proportionnellement plus faibles que les pertes dÕeau. (1) la part de viande de chaque morceau (cf. tableau 4). DÕautres caract•res diffŽrencient encore les deux types de poulets, le plus Žvident Žtant la couleur du plumage et des pattes, liŽe au croisement utilisŽ (cf. paragraphe suivant). LÕŽtat de prŽsentation de la carcasse (griffures, ampoules au brŽchet) est plus surveillŽ dans le circuit Label Rouge o• le taux de dŽclassement est important. Enfin, la prŽsence dÕune date limite de consommation est une garantie de fra”cheur offerte par la rŽglementation des Labels Rouges. 4 / Facteurs de variation des crit•res qualitatifs du poulet Label Rouge Les principaux facteurs agissant sur la qualitŽ du poulet au sens large peuvent •tre classŽs en facteurs intrins•ques ˆ lÕanimal : ‰ge ˆ lÕabattage, gŽnotype et sexe, et facteurs extrins•ques : conditions dÕŽlevage, alimentation, conditions de transport et dÕabattage (Groom 1990). Concernant le poulet Label, ces facteurs ont fait lÕobjet de deux revues rŽcentes (Culioli et al 1994, RŽmignon et Culioli 1995). 4.1 / Effets de lÕ‰ge Les effets de lÕ‰ge, indŽpendamment du poids vif, sur les caractŽristiques organoleptiques du poulet et lÕapprŽciation du consommateur ont ŽtŽ ŽtudiŽes par Touraille et Ricard (1977) gr‰ce ˆ deux lignŽes ˆ croissance lente ou rapide dŽveloppŽes par Ricard. Ces auteurs ont clairement dŽmontrŽ que, ˆ poids Žgal (environ 1 500 g) des poulets m‰les ‰gŽs sont toujours prŽfŽrŽs ˆ des jeunes : la viande est moins tendre mais le gožt plus prononcŽ (figure 1). La conclusion est la m•me INRA Productions Animales, juillet 1997 lorsque des animaux de m•me souche sont comparŽs ˆ ‰ges diffŽrents, et donc ˆ poids diffŽrents. Les caractŽristiques organoleptiques du poulet (au moins pour le m‰le) ne sont donc pas liŽes au poids mais ˆ lÕ‰ge de lÕanimal, en relation directe avec le dŽveloppement testiculaire (figure 1). Ces rŽsultats ont ŽtŽ confirmŽs ˆ plusieurs reprises, notamment par Touraille et Ricard (1981) utilisant des jeunes coqs de 12 semaines triŽs sur la taille de leur cr•te : les animaux les plus prŽcoces ont une viande moins tendre mais prŽfŽrŽe par les dŽgustateurs, surtout pour les muscles des cuisses. Cet effet de lÕ‰ge est moins sensible lors de lÕapprŽciation de poulets femelles ‰gŽs de 8 ˆ 14 semaines (peu de variation de tendretŽ et de flaveur), sans doute parce que ce stade est trop ŽloignŽ de la maturitŽ sexuelle (Ricard et Touraille 1988) ; il nÕen va pas de m•me en effet chez la pintade o• la femelle peut •tre mature ˆ 12 semaines. LÕ‰ge minimum fixŽ par la rŽglementation Label Rouge (81 jours, soit 11,5 semaines) semble donc •tre un bon compromis : il est postŽrieur ˆ la pubertŽ, mais Žvite que la viande ne devienne trop ferme. En pratique, et selon les labels concernŽs, les ‰ges les plus frŽquents ˆ lÕabattage sont de 84 et 91 jours, soit 12 et 13 semaines. LÕabattage serait le plus tardif chez le poulet gris du Gers, ˆ lÕ‰ge de 15 semaines. 4.2 / Effets du gŽnotype LÕimportance de lÕ‰ge pour la qualitŽ du poulet Žtant reconnue primordiale, le choix des initiateurs du Label Rouge de nÕutiliser que des animaux ˆ croissance lente se rŽv•le Žvidemment tr•s important. Il serait en effet impossible aujourdÕhui dÕŽlever jusquÕˆ 12 semaines dÕ‰ge des poulets ˆ croissance rapide : leur poids et leur engraissement seraient excessifs, ils prŽsenteraient une forte Les poulets Label Rouge / mortalitŽ, des troubles locomoteurs, etc., m•me sÕils Žtaient soumis ˆ un rationnement alimentaire strict. CÕest ˆ L.P. Cochez de lÕINRA (Station expŽrimentale dÕAviculture du Magneraud) que lÕon doit lÕŽlaboration dans les annŽes 60, en collaboration avec quelques sŽlectionneurs privŽs, des premi•res lignŽes aboutissant aux croisements commerciaux destinŽs ˆ produire du poulet Label. La m•re de ces poulets, qui porte le g•ne de nanisme dw et rŽsulte dÕun savant mŽlange de lignŽes fran•aises et amŽricaines, a ŽtŽ le fruit dÕun travail de sŽlection particuli•rement ŽlaborŽ (voir les revues de Hubert 1983 et Sauveur 1997). Cette poule ainsi que celles sŽlectionnŽes ensuite (Boulay et de la Fouchardi•re 1993) prŽsentent, outre Figure 1. Effets de l’âge sur les caractéristiques organoleptiques de poulets mâles ; relation avec le développement testiculaire (d’après Touraille et Ricard 1977). Unités arbitraires Tendreté Jutosité Flaveur Acceptabilité globale 223 leurs caractŽristiques de croissance ralentie, des combinaisons rares des g•nes de coloration du plumage, leur permettant de transmettre ˆ leurs descendants les couleurs apportŽes par les g•nes paternels, quels quÕils soient (noir, rouge ou blanc). La pluralitŽ de leurs origines gŽnŽtiques garantit aussi des effets dÕhŽtŽrosis bŽnŽfiques sur les performances dÕŽclosion et de viabilitŽ de leurs descendants. Les coqs, quant ˆ eux, apportent, outre la coloration du plumage et de la peau, des caract•res prŽsents dans leurs lignŽes dÕorigine tels que la finesse de la peau et du squelette (Hubert 1983) et une faible sensibilitŽ aux probl•mes locomoteurs (Sauveur 1976). Ils nÕont plus ˆ •tre sŽlectionnŽs pour une vitesse de croissance sans cesse plus ŽlevŽe et peuvent donc lÕ•tre sur des crit•res plus qualitatifs tels que conformation, rendement en muscles, rŽpartition des graisses, aspect de la peau, emplumement et facilitŽ de plumaison, etc. Une sŽlection directe sur les caract•res organoleptiques ne para”t pas rŽalisable du fait dÕune hŽritabilitŽ trop faible liŽe ˆ la variabilitŽ des tests. Ricard (1984) a bien montrŽ lÕeffet spŽcifique de lÕorigine gŽnŽtique sur le rendement en viande et lÕengraissement de poulets standard et Label comparŽs ˆ ‰ge Žgal (tableau 3). Des donnŽes similaires font malheureusement dŽfaut, ˆ notre connaissance, en ce qui concerne lÕŽvaluation sensorielle. Peu dÕeffets de g•nes spŽcifiques ont ŽtŽ dŽmontrŽs. Seuls ceux du g•ne Ç cou nu È (Na) sont assez bien ŽvaluŽs : outre la rŽduction de lÕemplumement, ce qui facilite la plumaison, ce g•ne induit une diminution de lÕengraissement de pr•s dÕun tiers (Boulay et de la Fouchardi•re 1993), mais ne para”t pas affecter la tendretŽ ou la jutositŽ de la viande (Bastiaens et al 1991). Il est aussi rŽputŽ •tre liŽ ˆ la prŽsence dÕune peau plus fine. 4.3 / Effets du sexe 8 10 12 Age (semaines) 14 16 Poids des testicules (% poids de carcasse) 0,8 0,6 A ‰ge Žgal, les poulets femelles montrent classiquement un engraissement plus ŽlevŽ que les m‰les. Ceci mis ˆ part, le sexe nÕa pas des effets aussi ŽlevŽs quÕon pourrait le penser sur les caractŽristiques organoleptiques. Selon Ricard et Touraille (1988), le muscle pectoral est jugŽ plus tendre chez les femelles avant 12 semaines et, surtout, la flaveur est plus ŽlevŽe chez le m‰le ˆ 14 semaines, mais pas avant. La viande du chapon (m‰le castrŽ) est rŽputŽe pour sa tendretŽ et son onctuositŽ. En pratique, la sŽparation des sexes nÕest pas de r•gle dans lÕŽlevages de poulets Label. 0,4 4.4 / Effets de lÕalimentation 0,2 0,0 8 10 12 Age (semaines) 14 16 LÕalimentation de poulets ˆ croissance lente pose au moins trois probl•mes principaux : ne pas favoriser une prise de poids trop rapide, Žviter lÕengraissement et limiter lÕindice de consommation. Une croissance initiale trop rapide entra”ne une dŽgradation de cet indice tandis quÕune croissance tardive trop rapide INRA Productions Animales, juillet 1997 LÕ‰ge ˆ lÕabattage est un facteur essentiel de la qualitŽ. A poids Žgal, les m‰les ‰gŽs sont toujours prŽfŽrŽs aux jeunes : la viande est moins tendre mais le gožt plus prononcŽ. 224 / B. SAUVEUR En 20 ans la production de poulets Label a ŽtŽ multipliŽe par dix. Elle reprŽsente aujourdÕhui 10 % du nombre de t•tes produites et 30 % de la consommation des mŽnages en poulets entiers. (compensatrice dÕune croissance initiale lente) favorise le dŽp™t de gras. Les travaux de Delpech (1982) ont montrŽ quÕune croissance rŽguli•re ˆ peine ralentie ˆ la fin Žtait optimale. Larbier et Leclercq (1992) et Leclercq (1993) ont Žtabli les recommandations, semaine par semaine, pour les valeurs de gain de poids, de consommation alimentaire et de besoins en nutriments essentiels (protŽines brutes, lysine, phosphore) du poulet Label, prenant en compte son Žlevage particulier. Ces recommandations, sans •tre absolues, permettent de bien raisonner la composition des rations et les volumes distribuŽs en fonction des saisons et de lÕapport de grains entiers (autorisŽ sur les parcours). Il nÕen reste pas moins que lÕalimentation du poulet de type fermier est cožteuse, lÕindice de consommation Žtant toujours au moins Žgal ˆ 3, contre moins de 2 avec le poulet standard (cf. tableau 1). Peu de travaux ont ŽtŽ effectuŽs pour Žvaluer lÕimpact de la concentration ŽnergŽtique de lÕaliment sur les caractŽristiques organoleptiques des poulets. Ricard et al (1986), distribuant ˆ des poulets Label deux aliments de concentration diffŽrente (3 150 vs 2 940 kcal dÕŽnergie mŽtabolisable/kg) nÕont observŽ de diffŽrences significatives que sur les notes de tendretŽ des filets et de flaveur des cuisses, respectivement augmentŽe et diminuŽe par lÕaliment le moins ŽnergŽtique. Des mati•res premi•res alimentaires spŽcifiques (farines animales, colza) peuvent en revanche altŽrer la flaveur de la viande. CÕest pourquoi les spŽcificitŽs dÕalimentation des poulets Label indiquŽes plus haut portent prŽcisŽment sur le choix des mati•res premi•res (imposŽes, comme les cŽrŽales, ou, au contraire, interdites) et non sur les teneurs en nutriments des aliments. 4.5 / Effets des conditions dÕŽlevage LÕune des images les plus fortes associŽes ˆ lÕŽlevage sous Label Rouge est celle du parcours extŽrieur (herbeux ou forestier) offert au poulet ; elle agit fortement sur les motivations de lÕacheteur ˆ la recherche dÕanimaux ŽlevŽs selon des mŽthodes traditionnelles. LÕexistence dÕun parcours trouve donc amplement lˆ sa justification. Du point de vue de lÕenvironnement, le parcours permet aussi un recyclage naturel des fientes. LÕacc•s ˆ un tel parcours modifie-t-il les caractŽristiques organoleptiques du poulet ? Dans leurs premiers essais, Lassaut et al (1984) rŽpondent nŽgativement. Ricard et al (1986) observent bien un effet du parcours sur la composition corporelle (diminution du gras abdominal et augmentation de la part des filets), mais, lˆ encore, pas de diffŽrences significatives lors de lÕŽvaluation sensorielle. Selon Deroanne et al (1983), la densitŽ des poulets au sol nÕexplique pas directement les diffŽrences physico-chimiques ou organoleptiques observŽes, mais peut Žvidemment agir INRA Productions Animales, juillet 1997 sur les caractŽristiques externes des carcasses. De ce point de vue, les expŽrimentations conduites ˆ lÕUCAAB (1993) permettent de prŽciser quÕune densitŽ trop ŽlevŽe en phase de dŽmarrage alt•re lÕemplumement ultŽrieur et doit donc •tre ŽvitŽe. La tempŽrature ambiante et les programmes dÕŽclairement peuvent •tre aussi impliquŽs. 4.6 / Effets des conditions de transport et dÕabattage La distance de transport des poulets Label jusquÕˆ lÕabattoir est limitŽe rŽglementairement ˆ 100 km (ou dŽlai de 2 h), afin de diminuer le stress ante mortem. RŽmignon et Culioli (1995) posent cependant la question de lÕeffet Žventuel de la densitŽ rŽduite dÕŽlevage qui pourrait accentuer la rŽponse au transport. Ce risque reste effectivement ˆ Žvaluer. 5 / DŽveloppement des volailles Label Rouge Les consommateurs fran•ais ont rŽpondu tr•s positivement ˆ lÕensemble des crit•res qualitatifs prŽsentŽs par le poulet Label, quÕil sÕagisse des crit•res objectifs dŽcrits ci-dessus (physico-chimiques et organoleptiques) ou dÕautres davantage liŽs ˆ lÕimage du produit. Il en est rŽsultŽ un dŽveloppement remarquable de cette production (figure 2) : concernant seulement 3 millions de poulets ˆ la fin des annŽes 60, elle atteignait 20 millions ˆ la fin des annŽes 70 et triplait encore pendant les annŽes 80. Elle a portŽ sur 76 millions de sujets en 1995 (source Synalaf). RapportŽ ˆ la production fran•aise totale de poulets, ce chiffre signifie que les poulets Label reprŽsentent aujourdÕhui pr•s de 10 % du nombre total de t•tes produites, mais 20 % de la consommation des mŽnages, 30 % de leur consommation de poulets entiers et plus de 40 % de ces m•mes poulets achetŽs en hypermarchŽs (sources Snia, Secodip, Itavi et Ofival). Le phŽnom•ne Label Rouge ne sÕest par ailleurs pas limitŽ au poulet, mais a concernŽ dÕautres esp•ces de volailles (tableau 6). On soulignera parmi celles-ci 7,6 millions de pintades (22 % de la production), 1,1 million de canards et surtout 1,3 million de chapons, autre production fran•aise de volaille tout ˆ fait typŽe. Depuis quelques annŽes, les Labels Rouges avicoles fran•ais ont ŽtŽ conduits ˆ faire conna”tre clairement leurs spŽcificitŽs vis-ˆvis des rŽglementations europŽennes mises en place pour la production de poulets Ç freerange È, dans la mesure o• ces derni•res sont moins contraignantes. Parall•lement, les organismes certificateurs impliquŽs depuis 30 ans dans le Label Rouge ont ˆ se mettre en conformitŽ avec la norme EN-NF 45011. Les poulets Label Rouge / 225 Figure 2. Evolution de la production française de volailles Label Rouge (source Synalaf). Millions de têtes 100 Total 80 Poulets 60 40 20 Pintades Autres 0 1960 1965 1970 1975 Conclusions Le succ•s remportŽ en France par les volailles diffŽrenciŽes gr‰ce au Label Rouge est largement reconnu ˆ travers le monde et souvent citŽ en exemple. Il est donc intŽressant de tenter dÕen dŽgager en conclusion quelques lignes directrices essentielles. La politique de qualitŽ reprŽsentŽe par le Label Rouge a su fonder son organisation sur une vie associative exemplaire. La marque elle-m•me est une propriŽtŽ collective et, dans le domaine avicole au moins, lÕorganisme certificateur du label est lÕexpression du caract•re collectif et interprofessionnel de la fili•re. Il en regroupe tous les acteurs : accouveurs, Žleveurs, fabricants dÕaliments et abattoirs, au sein dÕune aire de production bien dŽterminŽe. La certification des conditions de production est assurŽe par les deux niveaux complŽmentaires que sont localement lÕorganisme certificateur et nationalement QualitŽFrance, organisme indŽpendant o• si•gent c™te ˆ c™te des reprŽsentants des professionnels et des consommateurs. Les Labels Rouges avicoles combinent les deux atouts complŽmentaires que sont : - lÕŽlaboration de produits prŽsentant rŽellement des qualitŽs supŽrieures et identifiables ; - lÕutilisation dÕun mode de production plus proche de syst•mes traditionnels, m•me si ceux-ci font lÕobjet dÕune rationalisation poussŽe. La tra•abilitŽ absolue du produit, garantie par lÕorganisation m•me de la fili•re et lÕattri- 1980 1985 1990 1995 bution des numŽros individuels, se rŽv•le •tre aujourdÕhui un argument primordial de vente des denrŽes animales. Il nÕest pas exagŽrŽ de dire que le poulet Label a Ç rŽconciliŽ le consommateur avec la volaille È et sÕest rŽvŽlŽ un ŽlŽment moteur de lÕensemble de la production avicole fran•aise. Peut-•tre une dŽmarche du m•me type pourrait-elle •tre appliquŽe dans dÕautres pays pour structurer la production de volailles traditionnelles et leur permettre de conserver leur juste place ˆ c™tŽ des volailles issues de la production la plus intensive. Article reprenant en partie une confŽrence donnŽe ˆ Badajos (Espagne) dans le cadre du symposium EAAPCIHEAM-FAO Ç Les fondements de la qualitŽ des produits typiques mŽditerranŽens dÕorigine animale È (septembre 1996). Tableau 6. Volailles produites sous Label Rouge en France en 1995 (source Synalaf). Poulets Pintades Canards fermiers Chapons fermiers Dindes fermi•res Poulardes fermi•res Oies fermi•res Cailles Chapons de pintade Poules fermi•res Total volailles dont dŽcoupŽes Nombre de labels Nombre dÕanimaux 97 23 5 25 25 15 5 3 6 2 75 900 000 7 600 000 1 100 000 1 300 000 730 000 211 000 44 000 1 030 000 18 000 111 000 206 88 000 000 5 200 000 INRA Productions Animales, juillet 1997 226 / B. SAUVEUR RŽfŽrences bibliographiques Bastiaens A., Deroanne C., Carletti G., Zayan R., 1991. Influence of age, strain and breeding method on the eating quality of broiler chickens. Proc. 37th Int. Cong. Meat Sci. Technol., Kulmbach, vol. 1, 3743. Boulay M., de la Fouchardi•re Y., 1993. 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When evaluation tests are conducted blindly, Label Rouge chickens are recognized and preferred to standard chickens on the basis of these criteria. Factors which play the main role for controlling these criteria are the age of the bird at slaughtering and its genetic background ; Label Rouge regulations impose the use of slowly growing INRA Productions Animales, juillet 1997 chickens kept up to 81 days minimum. Feeding mainly modifies the carcass fat content and feed efficiency but has little effect on meat flavour from the moment that some raw materials are suppressed (meat or fish meals). The presence of an open-air free range is essential to the product image but has little effect on sensory properties. Due to the guaranteed mastery of these factors, the Label Rouge organization satisfies five important requirements of the French present-day consumer, namely a superior and objectively accepted quality, a traditional way of production, traceability of the product, the insurance of independent controls and a fair price. Sauveur B., 1997. Les crit•res et facteurs de la qualitŽ des poulets Label Rouge. INRA Prod. Anim., 10 (3), 219-226.