IRPI - Création d`une marque - peut
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IRPI - Création d`une marque - peut
INSTITUT DE RECHERCHE EN PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE HENRI-DESBOIS CREATION D'UNE MARQUE PEUT-ON DEDUIRE LES FRAIS DE RECHERCHE D'ANTERIORITES ? Avant de lancer un produit ou un service nouveau, toute entreprise devrait s’interroger sur le nom à lui donner. Cette phase d’identification est importante non seulement pour le consommateur afin qu’il puisse reconnaître le produit ou le service visé et faire son choix en connaissance de cause mais aussi pour l’entreprise afin de distinguer ses produits et services de ceux de ses concurrents. La marque est donc un vecteur de communication. Une fois que l’entreprise a sélectionné plusieurs noms de marques elle va se lancer dans des recherches d’antériorités afin de s’assurer de la disponibilité de la marque retenue. De telles recherches permettront de déterminer, au cours d’une période donnée si le signe choisi à titre de 1 marque est disponible de telle sorte qu’il ne vienne pas imiter ou contrefaire des droits antérieurs . Toute recherche d’antériorités nationale sérieuse doit s’effectuer dans deux registres tenus par l’INPI : celui du commerce et des sociétés et celui des marques. Les créateurs de marque ont de plus en plus de mal à concevoir des marques nouvelles, les registres de dépôt de l’INPI étant fortement encombrés. Selon les secteurs d’activités la part de créativité est faible. Ainsi dans le secteur informatique, il est courant de retrouver des vocables techniques. Il est rare que la recherche d’antériorités s’avère immédiatement négative. Il est parfois nécessaire d’effectuer plusieurs recherches d’antériorités avant de réussir à trouver une marque disponible. Quelque fois pour des raisons de marketing, de stratégie, le vocable disponible ne sera pas retenu. L’importance de la recherche et le manque de disponibilité des marques auront des conséquences sur le coût de cette démarche. Il est donc important pour l’entreprise de savoir si les frais engagés peuvent ou non être déduits. Le statut fiscal des frais de recherche d’antériorités tient compte de ces difficultés et opère une distinction selon que la recherche d’antériorités a été suivie ou non d’un dépôt de marque. 1ère hypothèse : recherche d’antériorités suivie d’un dépôt 2 Un arrêt du Conseil d’Etat en date du 31 janvier 1997 a fixé les règles de cette déductibilité et a retenu comme principe que la marque créée par l’entreprise constitue un élément de l’actif immobilisé 3 car satisfaisant aux trois conditions suivantes : pérennité suffisante (une marque est valable 10 ans), possibilité pour l’entreprise de céder ou concéder la marque à des tiers, rentrée régulière de profits grâce aux licences et concessions. 1 Sur les critères de validité de la marque, voir : Les marques de fabrique, de commerce ou de service, Documentation Pratique n°62, PUF 1998 2 CE, 31 janvier 1997, n° 158678, Sté Saint-Gobain Vitrage International 3 CE, 21 août 1996, n° 154488, SA Sife Dans ces conditions, l’inscription de la marque comme élément de l’actif immobilisé conduit nécessairement à l’évaluer conformément aux dispositions de l’article 38 quinquies de l’Annexe III du CGI. qui stipule que les immobilisations créées par l’entreprise doivent être inscrites à leur prix de revient. Par conséquent, il faut savoir que les frais de recherche d’antériorités de la marque grevant le prix de revient de la marque sont à inscrire au bilan de l’entreprise en immobilisation. Le même raisonnement vaut pour les frais de dépôt de la marque. 2ème hypothèse : recherche d’antériorités non suivie d’un dépôt La recherche d’antériorités n’est pas automatiquement suivie d’un dépôt. Le droit fiscal tient compte néanmoins des frais engagés par l’entreprise. Lorsque les résultats de la recherche d’antériorités ne permettent pas un dépôt de marque, les frais engagés seront à inscrire en charge de l’exercice au cours duquel ils ont été exposés. Ce raisonnement paraît logique puisqu’il n’y a pas création d’un élément immobilisable. 3ème hypothèse : défaut d’enregistrement Un autre cas est envisageable. L’entreprise, suite à un rapport de recherche favorable peut faire une demande de dépôt qui n’aboutira pas à un enregistrement en raison d’une opposition ou d’un rejet ou parce que l’entreprise aura négligé le paiement de la redevance. Le raisonnement précédent semble là aussi transposable: l’absence de création de marque impliquera que les frais de recherche d’antériorités et éventuellement ceux engagés lors du dépôt seront analysés comme charges. Récapitulatif de l’analyse fiscale des frais de recherche d’antériorités et des frais de dépôt d’une marque créée au sein de l’entreprise Recherche d’antériorités suivies d’un dépôt application de l’article 38 quinquies, annexe III du C.G.I. : les frais de recherche d’antériorités sont à inscrire au bilan de l’entreprise en immobilisation Recherche d’antériorités non suivies d’un dépôt Les frais de recherche d’antériorités sont à inscrire en charge de l’exercice au cours duquel ils ont été exposés application de l’article 38 quinquiès, annexe III du Frais de dépôt de marque aboutissant à un C.G.I. : les frais de dépôt de marque sont à enregistrement inscrire au bilan de l’entreprise en immobilisation Frais de dépôt de marque n’aboutissant pas à un Les frais de dépôt sont à inscrire en charge de enregistrement l’exercice au cours duquel ils ont été exposés . Marie-Gabrielle MERLIN Institut de Recherche en Propriété Intellectuelle Henri-Desbois Article publié dans l'Actualité réglementaire et économique de l'entreprise n° 54, novembre 1998