Jeanne Benameur - Centre du Livre et de la Lecture, Poitou
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Jeanne Benameur - Centre du Livre et de la Lecture, Poitou
23e Prix du livre en Poitou-Charentes Jeanne Benameur Ce livret hors commerce est offert à l’occasion de la remise du 23e Prix du livre en Poitou-Charentes à Jeanne Benameur, pour son roman Laver les ombres (éditions Actes Sud). Le Prix du livre en Poitou-Charentes bénéficie, pour la treizième année consécutive, du mécénat de PGA et de son président Pierre Guénant. Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes 34 place Charles VII – BP 80424 – 86011 Poitiers Cedex Tél. : 05 49 88 33 60 – Fax : 05 49 88 80 04 [email protected] – www.livre-poitoucharentes.org © DR Le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes est principalement financé par le Conseil régional et la Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes. Laver les ombres ( éditions Actes Sud ) Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes 23e Prix du livre en Poitou-Charentes Le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes a attribué son 23e Prix du livre à Jeanne Benameur pour son roman Laver les ombres paru aux éditions Actes Sud. Les membres du jury, présidé par Olivier Cazenave, l’ont élu (8 voix sur 14 au dernier tour) parmi une soixantaine d’ouvrages d’écrivains de la région, publiés à compte d’éditeur dans l’année précédente. Lors de la dernière délibération, huit autres titres étaient encore en compétition : En belle terre noire, d’Odile Caradec, éd. En Forêt Traques, de Frédérique Clémençon, éd. de l’Olivier Au milieu d’Amman, de David Dumortier, éd. Al Manar Zone, de Mathias Enard, éd. Actes Sud L’Homme qui m’aimait tout bas, d’Éric Fottorino, éd. Gallimard L’Inaperçu, de Sylvie Germain, éd. Albin Michel Daoren, de Claude Margat, éd. La Différence Zozo, chômeur éperdu, de Bertrand Redonnet, éd. Le Temps qu’il fait Ce Prix récompense chaque année un auteur de création, originaire de la région, ou vivant ou travaillant en Poitou-Charentes. Il bénéficie pour la treizième année consécutive du mécénat de PGA et de son Président Pierre Guénant. 1 ❦ Écrire est ma seule façon d’accepter de vivre Une poignée de main ferme, un sourire franc. Un beau visage aux yeux rieurs, un rien mutins, qui disent ses origines et dans lequel, si on s’y attarde, on voit l’océan. Celui qui s’aventure jusqu’à La Rochelle, où Jeanne Benameur a été accueillie à l’âge de cinq ans et où elle vit toujours. L’océan « à la fois fascinant et terrifiant. C’est mon élément. Par l’horizon qu’il ouvre ». © DR Atmosphère étouffante – Avec l’écriture, l’océan n’a cessé d’élargir l’horizon, de creuser des espaces en elle. Car Jeanne Benameur vient d’« une famille à la langue tue, où on ne disait pas les choses ». Née en Algérie en 1952 d’un père tunisien gardien de prison – « mort alors que j’avais dix-neuf ans, il reste pour moi une énigme » – et d’une mère italienne, elle a grandi dans la langue française. De l’arabe, la langue de son père, « j’ai gardé le rythme, la scansion dans mon écriture » ; avec l’italien, la langue de sa mère, langue de l’enfance, « j’entretiens un rapport étrange ». (…) Très vite, la cadette – elle a un frère et deux sœurs – apprend à regarder et à écouter : « Ne comprenant pas l’arabe, je guettais les visages, je repérais les intonations pour essayer de savoir ce qui se disait. J’interprétais les silences : agressifs ou tristes, ils m’en disaient beaucoup ». L ’école, porte de sortie – À La Rochelle, où la famille a fui chassée par la guerre d’Algérie, « j’ai passé beaucoup de temps à regarder pour savoir ce qu’il fallait faire ». Ses premiers souvenirs de cet exil forcé, « très violent » : « Du gris. Tout le temps, partout ». Pour fuir la grisaille, l’école : « Ce fut une chance extraordinaire. Je ne l’ai pas laissée passer ». Peu importe l’ennui éprouvé à la maternelle – « ma mère m’avait déjà appris à lire et à écrire » –, 2 3 ❦ Écrire est ma seule façon d’accepter de vivre Une poignée de main ferme, un sourire franc. Un beau visage aux yeux rieurs, un rien mutins, qui disent ses origines et dans lequel, si on s’y attarde, on voit l’océan. Celui qui s’aventure jusqu’à La Rochelle, où Jeanne Benameur a été accueillie à l’âge de cinq ans et où elle vit toujours. L’océan « à la fois fascinant et terrifiant. C’est mon élément. Par l’horizon qu’il ouvre ». © DR Atmosphère étouffante – Avec l’écriture, l’océan n’a cessé d’élargir l’horizon, de creuser des espaces en elle. Car Jeanne Benameur vient d’« une famille à la langue tue, où on ne disait pas les choses ». Née en Algérie en 1952 d’un père tunisien gardien de prison – « mort alors que j’avais dix-neuf ans, il reste pour moi une énigme » – et d’une mère italienne, elle a grandi dans la langue française. De l’arabe, la langue de son père, « j’ai gardé le rythme, la scansion dans mon écriture » ; avec l’italien, la langue de sa mère, langue de l’enfance, « j’entretiens un rapport étrange ». (…) Très vite, la cadette – elle a un frère et deux sœurs – apprend à regarder et à écouter : « Ne comprenant pas l’arabe, je guettais les visages, je repérais les intonations pour essayer de savoir ce qui se disait. J’interprétais les silences : agressifs ou tristes, ils m’en disaient beaucoup ». L ’école, porte de sortie – À La Rochelle, où la famille a fui chassée par la guerre d’Algérie, « j’ai passé beaucoup de temps à regarder pour savoir ce qu’il fallait faire ». Ses premiers souvenirs de cet exil forcé, « très violent » : « Du gris. Tout le temps, partout ». Pour fuir la grisaille, l’école : « Ce fut une chance extraordinaire. Je ne l’ai pas laissée passer ». Peu importe l’ennui éprouvé à la maternelle – « ma mère m’avait déjà appris à lire et à écrire » –, 2 3 elle fut « une porte de sortie. Le lieu du parler clair, des règles, en opposition à ce que je vivais en famille. Elle m’a structurée et offert une liberté que j’ai saisie ». Des professeurs passionnés ont stimulé son goût pour la langue. « Petite, j’écrivais des contes et des poèmes. Et je lisais beaucoup : des livres de contes anciens, des livres illustrés de la bibliothèque de la prison où travaillait mon père, des ouvrages de la bibliothèque municipale ; mais aussi des journaux illustrés et les romans-photos de ma mère ». « C’est dans les livres que j’ai pu vivre d’abord. Sans peur », « je me suis apprivoisée dans les livres », avoue-t-elle dans Comme on respire. Aujourd’hui encore, « la liberté me vient très souvent par les mots ». À l’adolescence, Jeanne Benameur fréquente le Conservatoire d’art dramatique de La Rochelle : « J’y ai découvert une autre façon d’aborder les textes : ils avaient soudain du corps. Et une voix immense : Racine, à travers Phèdre. Je prenais conscience que d’autres vivaient les mêmes tempêtes que moi ». « Enfin ce que j’éprouvais était là, vécu par d’autres, écrit », reconnaît-elle dans Comme on respire. À 17 ans, son bac en poche, elle quitte sa famille. À 21 ans, elle est diplômée de l’enseignement secondaire. Elle sera professeur de lettres de 1974 à 2000 avec une interruption dans les années 1990 pour travailler à la Maison du geste et de l’image, où elle s’occupera du secteur écriture. Quelque chose qui passait par les ateliers d’écriture, découverts en 1980 au contact d’Elisabeth Bing. Jeanne Benameur y expérimente une écriture vivante à travers des textes collectifs et des ateliers résidentiels : « C’était un lieu d’ouverture très fort à la littérature. Je suis entrée autrement dans les textes ». Elle se forme à l’animation d’ateliers. Puis développe sa propre méthode, qui laisse place au silence : « Les participants ne lisent leurs textes à haute voix qu’au bout de quelques séances, car le scripteur n’est pas l’auteur. Passer de l’un à l’autre suppose un cheminement très obscur, silencieux avec soi-même. Il s’agit de prendre distance d’avec son texte pour trouver son souffle dans l’écriture ». Écrire c’est « refaire alliance avec son silence intime », précise-t-elle dans Comme on respire. « Voyez-vous, les mots ne servent qu’à ça. Creuser une place pour le silence. » Très vite, Jeanne Benameur propose des ateliers à ses élèves : à Mauzé-sur-le-Mignon, puis à Courbevoie. À Paris, elle en anime pour des chômeurs et, à la demande d’institutions, « pour des milieux en hiatus avec la langue », persuadée que celle-ci « crée des liens, se donne et nous accueille » : « La langue ne vous demandera jamais votre carte d’identité. Elle est là, disponible, dans la bouche de ceux qui vous parlent », constate-t-elle dans Comme on respire. Certaine, pour l’avoir expérimenté, que « celui qui sait trouver asile dans une langue a trouvé un pays où être chez soi. Il en est l’habitant. Personne ne vous expulsera jamais d’une langue ». La langue, asile sûr – Jeanne Benameur enseigne huit ans à Mauzé-sur-le-Mignon, près de La Rochelle. Puis elle décide d’aller vivre à Paris avec son fils de trois ans. Elle est professeur à Courbevoie, en banlieue, au collège Alfred de Vigny, puis au collège des Renardières, passant d’un milieu bourgeois à un milieu populaire, avec des élèves issus pour la plupart de l’immigration. « C’était un choix. Je voulais tenter de nouvelles expériences et intégrer une équipe ardente. J’allais aussi chercher quelque chose. » L ’écriture, travail de l’être – À la suite de ruptures affectives, Jeanne Benameur fait une psychanalyse. « C’était pour voir clair en moi. J’ai réalisé là un travail extraordinaire. » Qui fait de son écriture un creusement de l’être, le lieu d’une exploration de soi lucide et sans complaisance : « Écrire, c’est être présent de tout son être dans l’opaque », écrit-elle dans Comme on respire. Il s’agit d’« accepter l’inconnu qui m’attend à l’intérieur de moi-même ». 4 5 elle fut « une porte de sortie. Le lieu du parler clair, des règles, en opposition à ce que je vivais en famille. Elle m’a structurée et offert une liberté que j’ai saisie ». Des professeurs passionnés ont stimulé son goût pour la langue. « Petite, j’écrivais des contes et des poèmes. Et je lisais beaucoup : des livres de contes anciens, des livres illustrés de la bibliothèque de la prison où travaillait mon père, des ouvrages de la bibliothèque municipale ; mais aussi des journaux illustrés et les romans-photos de ma mère ». « C’est dans les livres que j’ai pu vivre d’abord. Sans peur », « je me suis apprivoisée dans les livres », avoue-t-elle dans Comme on respire. Aujourd’hui encore, « la liberté me vient très souvent par les mots ». À l’adolescence, Jeanne Benameur fréquente le Conservatoire d’art dramatique de La Rochelle : « J’y ai découvert une autre façon d’aborder les textes : ils avaient soudain du corps. Et une voix immense : Racine, à travers Phèdre. Je prenais conscience que d’autres vivaient les mêmes tempêtes que moi ». « Enfin ce que j’éprouvais était là, vécu par d’autres, écrit », reconnaît-elle dans Comme on respire. À 17 ans, son bac en poche, elle quitte sa famille. À 21 ans, elle est diplômée de l’enseignement secondaire. Elle sera professeur de lettres de 1974 à 2000 avec une interruption dans les années 1990 pour travailler à la Maison du geste et de l’image, où elle s’occupera du secteur écriture. Quelque chose qui passait par les ateliers d’écriture, découverts en 1980 au contact d’Elisabeth Bing. Jeanne Benameur y expérimente une écriture vivante à travers des textes collectifs et des ateliers résidentiels : « C’était un lieu d’ouverture très fort à la littérature. Je suis entrée autrement dans les textes ». Elle se forme à l’animation d’ateliers. Puis développe sa propre méthode, qui laisse place au silence : « Les participants ne lisent leurs textes à haute voix qu’au bout de quelques séances, car le scripteur n’est pas l’auteur. Passer de l’un à l’autre suppose un cheminement très obscur, silencieux avec soi-même. Il s’agit de prendre distance d’avec son texte pour trouver son souffle dans l’écriture ». Écrire c’est « refaire alliance avec son silence intime », précise-t-elle dans Comme on respire. « Voyez-vous, les mots ne servent qu’à ça. Creuser une place pour le silence. » Très vite, Jeanne Benameur propose des ateliers à ses élèves : à Mauzé-sur-le-Mignon, puis à Courbevoie. À Paris, elle en anime pour des chômeurs et, à la demande d’institutions, « pour des milieux en hiatus avec la langue », persuadée que celle-ci « crée des liens, se donne et nous accueille » : « La langue ne vous demandera jamais votre carte d’identité. Elle est là, disponible, dans la bouche de ceux qui vous parlent », constate-t-elle dans Comme on respire. Certaine, pour l’avoir expérimenté, que « celui qui sait trouver asile dans une langue a trouvé un pays où être chez soi. Il en est l’habitant. Personne ne vous expulsera jamais d’une langue ». La langue, asile sûr – Jeanne Benameur enseigne huit ans à Mauzé-sur-le-Mignon, près de La Rochelle. Puis elle décide d’aller vivre à Paris avec son fils de trois ans. Elle est professeur à Courbevoie, en banlieue, au collège Alfred de Vigny, puis au collège des Renardières, passant d’un milieu bourgeois à un milieu populaire, avec des élèves issus pour la plupart de l’immigration. « C’était un choix. Je voulais tenter de nouvelles expériences et intégrer une équipe ardente. J’allais aussi chercher quelque chose. » L ’écriture, travail de l’être – À la suite de ruptures affectives, Jeanne Benameur fait une psychanalyse. « C’était pour voir clair en moi. J’ai réalisé là un travail extraordinaire. » Qui fait de son écriture un creusement de l’être, le lieu d’une exploration de soi lucide et sans complaisance : « Écrire, c’est être présent de tout son être dans l’opaque », écrit-elle dans Comme on respire. Il s’agit d’« accepter l’inconnu qui m’attend à l’intérieur de moi-même ». 4 5 Pour Jeanne Benameur, « l’écriture naît d’une émotion forte, d’un bouleversement intérieur suscité par une nouvelle, une rencontre, un paysage, un geste. Cela peut me demander des années de rumination intérieure ». Elle en parle comme d’« un travail de tout l’être. J’aime être travaillée par les textes. C’est une transformation, une révolution intérieure : des choses se mettent en route, j’ouvre des espaces en moi et cela change ma façon de voir le monde, rend ma vie plus ample ». Chez elle, « l’écriture puise dans les couches les plus profondes de l’être ». Sur les traces en particulier de Jean Racine, Gustave Flaubert, Virginia Woolf, Carson Mac Cullers, Erri De Luca et Charles Juliet. Comme eux, « j’écris parce que je ne sais pas vivre autrement ». Jeanne Benameur a beaucoup écrit pour les adolescents. Des récits qui n’éludent pas les grands thèmes que sont la vie, l’amour et la mort. Car « l’adolescence est un moment fondateur où on voit le monde avec un œil neuf, où on pressent sa complexité, sa profondeur, mais aussi où on perçoit son étroitesse, où on entre dans la sexualité et donc dans la mort ». É crire pour participer – « C’est un moment où on a besoin de textes, car la littérature questionne tout cela». Plus narratifs, ces récits font appel à l’imaginaire «qui est puissance de transformation ». Aujourd’hui, Jeanne Benameur se consacre à l’écriture : « C’est ma colonne vertébrale ». Sa façon d’être au monde : « Quand j’écris, je participe ». Et si « écrire requiert ma liberté d’être humain et la fonde », c’est dans la conscience que cet acte « n’accomplit rien » et que celle qui tient la plume n’est « rien d’autre que cette femme qui arpente et tente l’incertain ». Geneviève de Simone-Cornet, hebdomadaire familial chrétien Écho Magazine, 26 novembre 2009 6 ❦ Bibliographie Romans Laver les ombres, Actes Sud, 2008 Présent ?, Denoël 2006 ; Folio/Gallimard, 2008 Les Reliques, Denoël, 2005 Les Mains libres, Denoël, 2004 ; Folio/Gallimard, 2006 Ça t’apprendra à vivre, Le Seuil, 1998 ; Denoël, 2003 ; Babel/Actes Sud Junior, 2007 Un jour mes princes sont venus, Denoël, 2001 Les Demeurées, Denoël 2001 ; Folio/Gallimard, 2002 La Peine perdue, P. Olivier, 1991 (épuisé) Livres jeunesse Le Ramadan de la parole, Actes Sud Junior, 2007 Une heure, une vie, Thierry Magnier, 2006 Prince de naissance, attentif de nature (illus. Kathy Couprie), Thierry Magnier, 2004 Valentine remède, Thierry Magnier, 2002 La Boutique jaune, Thierry Magnier, 2002 Le Petit Être (illus. Nathalie Novi), Thierry Magnier, 2000 Travaille, travaillons, travaillez, Hachette jeunesse, 2001 Si même les arbres meurent, Thierry Magnier, 2000 Edouard et Julie : c’est pour la vie, Thierry Magnier, 1999 Quitte ta mère, Thierry Magnier, 2003 Une histoire de peau et autres nouvelles, Hachette jeunesse, 1997, (épuisé) Pourquoi pas moi ?, Hachette jeunesse, 1997 (épuisé) ; Le livre de poche jeunesse, 2008 7 Pour Jeanne Benameur, « l’écriture naît d’une émotion forte, d’un bouleversement intérieur suscité par une nouvelle, une rencontre, un paysage, un geste. Cela peut me demander des années de rumination intérieure ». Elle en parle comme d’« un travail de tout l’être. J’aime être travaillée par les textes. C’est une transformation, une révolution intérieure : des choses se mettent en route, j’ouvre des espaces en moi et cela change ma façon de voir le monde, rend ma vie plus ample ». Chez elle, « l’écriture puise dans les couches les plus profondes de l’être ». Sur les traces en particulier de Jean Racine, Gustave Flaubert, Virginia Woolf, Carson Mac Cullers, Erri De Luca et Charles Juliet. Comme eux, « j’écris parce que je ne sais pas vivre autrement ». Jeanne Benameur a beaucoup écrit pour les adolescents. Des récits qui n’éludent pas les grands thèmes que sont la vie, l’amour et la mort. Car « l’adolescence est un moment fondateur où on voit le monde avec un œil neuf, où on pressent sa complexité, sa profondeur, mais aussi où on perçoit son étroitesse, où on entre dans la sexualité et donc dans la mort ». É crire pour participer – « C’est un moment où on a besoin de textes, car la littérature questionne tout cela». Plus narratifs, ces récits font appel à l’imaginaire «qui est puissance de transformation ». Aujourd’hui, Jeanne Benameur se consacre à l’écriture : « C’est ma colonne vertébrale ». Sa façon d’être au monde : « Quand j’écris, je participe ». Et si « écrire requiert ma liberté d’être humain et la fonde », c’est dans la conscience que cet acte « n’accomplit rien » et que celle qui tient la plume n’est « rien d’autre que cette femme qui arpente et tente l’incertain ». Geneviève de Simone-Cornet, hebdomadaire familial chrétien Écho Magazine, 26 novembre 2009 6 ❦ Bibliographie Romans Laver les ombres, Actes Sud, 2008 Présent ?, Denoël 2006 ; Folio/Gallimard, 2008 Les Reliques, Denoël, 2005 Les Mains libres, Denoël, 2004 ; Folio/Gallimard, 2006 Ça t’apprendra à vivre, Le Seuil, 1998 ; Denoël, 2003 ; Babel/Actes Sud Junior, 2007 Un jour mes princes sont venus, Denoël, 2001 Les Demeurées, Denoël 2001 ; Folio/Gallimard, 2002 La Peine perdue, P. Olivier, 1991 (épuisé) Livres jeunesse Le Ramadan de la parole, Actes Sud Junior, 2007 Une heure, une vie, Thierry Magnier, 2006 Prince de naissance, attentif de nature (illus. Kathy Couprie), Thierry Magnier, 2004 Valentine remède, Thierry Magnier, 2002 La Boutique jaune, Thierry Magnier, 2002 Le Petit Être (illus. Nathalie Novi), Thierry Magnier, 2000 Travaille, travaillons, travaillez, Hachette jeunesse, 2001 Si même les arbres meurent, Thierry Magnier, 2000 Edouard et Julie : c’est pour la vie, Thierry Magnier, 1999 Quitte ta mère, Thierry Magnier, 2003 Une histoire de peau et autres nouvelles, Hachette jeunesse, 1997, (épuisé) Pourquoi pas moi ?, Hachette jeunesse, 1997 (épuisé) ; Le livre de poche jeunesse, 2008 7 Adil, cœur de rebelle, Flammarion Castor Poche, 1994 – 1999 (épuisé) Samira des Quatre-Routes, Flammarion Castor Poche, 1999 Essai Et si la joie était là, La Martinière, 2001 (épuisé) Textes poétiques Une maison pour toujours, in Petites agonies urbaines (collectif), Le Bec en l’air, 2006 Marthe et Marie (peinture Anne Slacik), L’Entretoise, 2000 Comme on respire, Thierry Magnier, 2003 Naissance de l’oubli, Guy Chambelland, 1989 Beaux-arts : Photographies Passagers, la tour bleue d’Etouvie (photos de Gaël Clariana, Mickaël Troivaux, Stephan Zaubitzer), Le Bec en l’air, 2007 8 ❦ Jeanne Benameur, les silences au plus juste Les mots comme réserve secrète. Où s’accomplir. Prendre force. « L’air qui entoure chaque mot, c’est le silence réfléchi de celui qui écrit. J’ai confiance. Quand il y a un mur de livres dans une pièce je me sens à l’abri. Plus sûre que derrière n’importe quelle porte blindée. » Cet aveu, qui vaut acte de foi, Jeanne Benameur l’a livré dans un texte bref qui tient autant de la confidence intime de l’écrivain au travail que du manifeste littéraire. Titré sans ambiguïté Comme on respire. Pour cette femme lumineuse (…) le livre est une porte ouverte sur le monde. Puisque c’est par la lecture et l’écriture seules qu’elle invente son chemin. Moins singulier que personnel, tant l’origine y est au centre. Comme le creuset d’un monde où le mot ne fait que donner des contours aux silences qui nous habitent. « J’ai entendu la musique de mon père. J’ai entendu la musique de ma mère. C’étaient musiques étrangères l’une à l’autre. Ils se mêlent en moi. C’est cela être la fille de. Je suis leur fille./ Je marche./ Exilés tous les deux. Et juchés sur les mots, cherchant petite place où vivre. J’avance./ J’habite mieux le vent que les maisons./ J’ai appris à habiter le souffle qui sortait de ma bouche./ Cela s’appelle habiter une langue. C’est mon asile sûr. Celui où je me sens vêtue. » Une couverture en somme comme celle qui protège doublement le lecteur des mots et les mots écrits de leur lecture. Gage d’un havre unique, bruissant et inaudible : si l’on s’immerge dans le silence des livres comme dans un puits, on y pénètre aussi comme dans un jardin. 9 Adil, cœur de rebelle, Flammarion Castor Poche, 1994 – 1999 (épuisé) Samira des Quatre-Routes, Flammarion Castor Poche, 1999 Essai Et si la joie était là, La Martinière, 2001 (épuisé) Textes poétiques Une maison pour toujours, in Petites agonies urbaines (collectif), Le Bec en l’air, 2006 Marthe et Marie (peinture Anne Slacik), L’Entretoise, 2000 Comme on respire, Thierry Magnier, 2003 Naissance de l’oubli, Guy Chambelland, 1989 Beaux-arts : Photographies Passagers, la tour bleue d’Etouvie (photos de Gaël Clariana, Mickaël Troivaux, Stephan Zaubitzer), Le Bec en l’air, 2007 8 ❦ Jeanne Benameur, les silences au plus juste Les mots comme réserve secrète. Où s’accomplir. Prendre force. « L’air qui entoure chaque mot, c’est le silence réfléchi de celui qui écrit. J’ai confiance. Quand il y a un mur de livres dans une pièce je me sens à l’abri. Plus sûre que derrière n’importe quelle porte blindée. » Cet aveu, qui vaut acte de foi, Jeanne Benameur l’a livré dans un texte bref qui tient autant de la confidence intime de l’écrivain au travail que du manifeste littéraire. Titré sans ambiguïté Comme on respire. Pour cette femme lumineuse (…) le livre est une porte ouverte sur le monde. Puisque c’est par la lecture et l’écriture seules qu’elle invente son chemin. Moins singulier que personnel, tant l’origine y est au centre. Comme le creuset d’un monde où le mot ne fait que donner des contours aux silences qui nous habitent. « J’ai entendu la musique de mon père. J’ai entendu la musique de ma mère. C’étaient musiques étrangères l’une à l’autre. Ils se mêlent en moi. C’est cela être la fille de. Je suis leur fille./ Je marche./ Exilés tous les deux. Et juchés sur les mots, cherchant petite place où vivre. J’avance./ J’habite mieux le vent que les maisons./ J’ai appris à habiter le souffle qui sortait de ma bouche./ Cela s’appelle habiter une langue. C’est mon asile sûr. Celui où je me sens vêtue. » Une couverture en somme comme celle qui protège doublement le lecteur des mots et les mots écrits de leur lecture. Gage d’un havre unique, bruissant et inaudible : si l’on s’immerge dans le silence des livres comme dans un puits, on y pénètre aussi comme dans un jardin. 9 C’est ce qu’elle répète avec une inlassable foi au fil de ses rencontres avec les lecteurs, jeunes ou non (…) Jeanne Benameur écoute, interroge, s’applique à apprendre des autres bien plus qu’à promouvoir son travail. À des jeunes qui confessent ne pas avoir lu ses textes, elle ne craint pas de répondre, heureuse de cette limite aux prescriptions scolaires : « Votre liberté de lecteur est la garantie de ma liberté d’écrivain. » Communier sur l’émotion – Et pour être libre, Jeanne, elle l’est. Sitôt qu’elle travaille. Nécessairement libre sinon comment rencontrer hors du silence de la lecture ce public qu’elle ne ménage pas, faisant reformuler une question trop floue, préciser le vocabulaire ; non pour rejouer au prof qu’elle fut naguère – le désir de partage et de transmission prit cette voie avant que l’écriture n’annexe tout –, mais pour mettre la langue de l’échange au diapason de celle de son écriture, stricte, nue, sans fioritures ni joliesses. Pour plonger à l’essentiel. L’éthique. Dans le fond, Jeanne semble ne s’intéresser qu’au silence. « Ce qui m’importe, ce sont les blancs. » Donner forme au silence, en trouver la juste traduction, c’est le seul moyen de communier sur l’émotion, la source de toute son inspiration. Pour ne pas s’égarer, elle écrit le matin. Tôt. « Au sortir du sommeil ». Quand aucune voix ne vous trouble. À l’heure des commencements. « Le point d’infans, c’est là que ça se passe. Ce temps archaïque d’avant le langage. » Avant le mot, la vibration, l’onde. Ce qui littéralement émeut. Met en mouvement. Le mot chez Jeanne Benameur ne fait que fixer le contour de ce qui vibre. Et jamais sans doute le chemin ne fut aussi direct entre l’écrivain et son lecteur qu’avec Les Mains libres (Denoël), rencontre aiguë de deux innocences exclues dialoguant par la voix des gestes, la lecture des mots des autres, qui donnent à voir le monde par son reflet. Quinze livres en douze ans. La plupart répertoriés en jeunesse. Parce qu’au plus près de ce fameux point mutique de l’infans ? 10 Jeanne a certes écrit très tôt. Et conservé ces états d’une écriture première dont elle ne se sert pas mais qu’elle retrouve au hasard des déménagements. Entre deux voyages, quand elle se résout à suspendre la retraite nécessaire à la création, pour témoigner d’une œuvre sans se mettre en scène – « on s’intéresse bien trop à la personne » –, elle fait ses cartons, sur le point de quitter Montreuil pour Saint-Valéry et la baie de Somme et, comme certaine de ses héroïnes, s’étonne du discours tacite des reliques qui vous entourent : « Les objets disent. Leur fragilité ou leur robustesse, leur couleur, leur usure, renseignent mieux que toutes les confidences. Un déménagement est une mise à nu. » Nul risque qu’elle n’exhume ces manuscrits, nouvelles, pièces de théâtre ou poèmes, ou ne les réemploie aujourd’hui. C’est là comme un état primordial dont la conscience suffit à lui rappeler sa voie. « C’est comme si j’avais murmuré dans le noir. Une parole intime et cachée qu’on n’entend pas. Qu’on ne relit pas. Dont le cheminement souterrain surprend sans qu’on puisse le contrôler. » Pour un mois encore, avant un nécessaire retrait, elle sillonne la France, ses manuscrits sous le bras. Deux en cours, l’un en jeunesse (Une heure, une vie), l’autre pour les « grands » (Les Reliques), chacun sur un support différent, adapté à son projet. Grand cahier ou simple carnet, mais toujours avec une plage libre équivalente à celle du texte. Pour les ratures, les reprises, le travail d’atelier en somme. Préciser, élaguer, sertir. Afin de livrer au plus net la juste voix des silences. Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des livres, 13 mai 2004 11 C’est ce qu’elle répète avec une inlassable foi au fil de ses rencontres avec les lecteurs, jeunes ou non (…) Jeanne Benameur écoute, interroge, s’applique à apprendre des autres bien plus qu’à promouvoir son travail. À des jeunes qui confessent ne pas avoir lu ses textes, elle ne craint pas de répondre, heureuse de cette limite aux prescriptions scolaires : « Votre liberté de lecteur est la garantie de ma liberté d’écrivain. » Communier sur l’émotion – Et pour être libre, Jeanne, elle l’est. Sitôt qu’elle travaille. Nécessairement libre sinon comment rencontrer hors du silence de la lecture ce public qu’elle ne ménage pas, faisant reformuler une question trop floue, préciser le vocabulaire ; non pour rejouer au prof qu’elle fut naguère – le désir de partage et de transmission prit cette voie avant que l’écriture n’annexe tout –, mais pour mettre la langue de l’échange au diapason de celle de son écriture, stricte, nue, sans fioritures ni joliesses. Pour plonger à l’essentiel. L’éthique. Dans le fond, Jeanne semble ne s’intéresser qu’au silence. « Ce qui m’importe, ce sont les blancs. » Donner forme au silence, en trouver la juste traduction, c’est le seul moyen de communier sur l’émotion, la source de toute son inspiration. Pour ne pas s’égarer, elle écrit le matin. Tôt. « Au sortir du sommeil ». Quand aucune voix ne vous trouble. À l’heure des commencements. « Le point d’infans, c’est là que ça se passe. Ce temps archaïque d’avant le langage. » Avant le mot, la vibration, l’onde. Ce qui littéralement émeut. Met en mouvement. Le mot chez Jeanne Benameur ne fait que fixer le contour de ce qui vibre. Et jamais sans doute le chemin ne fut aussi direct entre l’écrivain et son lecteur qu’avec Les Mains libres (Denoël), rencontre aiguë de deux innocences exclues dialoguant par la voix des gestes, la lecture des mots des autres, qui donnent à voir le monde par son reflet. Quinze livres en douze ans. La plupart répertoriés en jeunesse. Parce qu’au plus près de ce fameux point mutique de l’infans ? 10 Jeanne a certes écrit très tôt. Et conservé ces états d’une écriture première dont elle ne se sert pas mais qu’elle retrouve au hasard des déménagements. Entre deux voyages, quand elle se résout à suspendre la retraite nécessaire à la création, pour témoigner d’une œuvre sans se mettre en scène – « on s’intéresse bien trop à la personne » –, elle fait ses cartons, sur le point de quitter Montreuil pour Saint-Valéry et la baie de Somme et, comme certaine de ses héroïnes, s’étonne du discours tacite des reliques qui vous entourent : « Les objets disent. Leur fragilité ou leur robustesse, leur couleur, leur usure, renseignent mieux que toutes les confidences. Un déménagement est une mise à nu. » Nul risque qu’elle n’exhume ces manuscrits, nouvelles, pièces de théâtre ou poèmes, ou ne les réemploie aujourd’hui. C’est là comme un état primordial dont la conscience suffit à lui rappeler sa voie. « C’est comme si j’avais murmuré dans le noir. Une parole intime et cachée qu’on n’entend pas. Qu’on ne relit pas. Dont le cheminement souterrain surprend sans qu’on puisse le contrôler. » Pour un mois encore, avant un nécessaire retrait, elle sillonne la France, ses manuscrits sous le bras. Deux en cours, l’un en jeunesse (Une heure, une vie), l’autre pour les « grands » (Les Reliques), chacun sur un support différent, adapté à son projet. Grand cahier ou simple carnet, mais toujours avec une plage libre équivalente à celle du texte. Pour les ratures, les reprises, le travail d’atelier en somme. Préciser, élaguer, sertir. Afin de livrer au plus net la juste voix des silences. Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des livres, 13 mai 2004 11 ❦ ❦ Extrait de Laver les ombres À propos de Laver les ombres Apprendre à trébucher. Intégrer le faux pas. En faire sa danse. Apprendre la marche imparfaite de tous ceux qui ont dans le corps un poids qui se déplace et les entraîne. Sans qu’ils y puissent rien. Et danser avec ça. Tous. Des semblables. Qui tentent de rétablir l’équilibre. À chaque pas. Entravés, empêtrés dans les vies et les histoires qui s’agrippent, déséquilibrent. Elle fait partie maintenant de ceux qui articulent leurs pas comme on parle après être resté trop longtemps silencieux. Avec peine. La seule grâce possible. Partageable. © Actes Sud 12 La phrase est courte, l’écriture dépouillée, le rythme vif. C’est de Lea qu’il est question. Lea qui prépare le spectacle qu’elle donnera pour les dix ans de sa Compagnie. Lea qui aime, mais qu’une sorte d’intranquillité mine. Comme une fêlure par où elle est parfois aspirée, et qui lui a fait quitter tous les hommes qu’elle a aimés. Quelque chose comme une malédiction, une sorte de vacillation de l’identité, un point d’affolement soudain qui rend impossible l’existence de l’autre. C’est pour ça qu’elle danse, pour « altérer le vide », enchaîner peut-être aussi des mouvements qui ne seraient que les signes obscurs d’une langue secrète qui s’écrirait à son insu ? Et voici qu’en pleine tempête, elle part voir sa mère, qui a quelque chose à lui dire. Cette nuit-là, elle va savoir, découvrir la vérité sur son origine. On comprend alors pourquoi Lea ne porte ni gants ni bagues, « rien entre l’air et les mains ». Pourquoi elle ne désire pas d’enfant et ne sait jamais vraiment où être, pourquoi sa vie se déroule sous le signe de l’entre-deux. Entre soi et soi, dit et non-dit, peur et révolte. Entre le français du père et la langue interdite de la mère, l’italien dont, enfant, elle n’avait pas les mots mais la vibration. « Dans tout le corps. Et elle dansait. » Une mère devenue l’esclave de l’homme pour lequel elle avait tout quitté, et qui trois ans durant, « dans une grande maison faite pour le plaisir des hommes », vendit son corps. Un homme aimé et haï, qu’elle épousera… Laver les ombres, en photographie, c’est mettre en lumière un 13 ❦ ❦ Extrait de Laver les ombres À propos de Laver les ombres Apprendre à trébucher. Intégrer le faux pas. En faire sa danse. Apprendre la marche imparfaite de tous ceux qui ont dans le corps un poids qui se déplace et les entraîne. Sans qu’ils y puissent rien. Et danser avec ça. Tous. Des semblables. Qui tentent de rétablir l’équilibre. À chaque pas. Entravés, empêtrés dans les vies et les histoires qui s’agrippent, déséquilibrent. Elle fait partie maintenant de ceux qui articulent leurs pas comme on parle après être resté trop longtemps silencieux. Avec peine. La seule grâce possible. Partageable. © Actes Sud 12 La phrase est courte, l’écriture dépouillée, le rythme vif. C’est de Lea qu’il est question. Lea qui prépare le spectacle qu’elle donnera pour les dix ans de sa Compagnie. Lea qui aime, mais qu’une sorte d’intranquillité mine. Comme une fêlure par où elle est parfois aspirée, et qui lui a fait quitter tous les hommes qu’elle a aimés. Quelque chose comme une malédiction, une sorte de vacillation de l’identité, un point d’affolement soudain qui rend impossible l’existence de l’autre. C’est pour ça qu’elle danse, pour « altérer le vide », enchaîner peut-être aussi des mouvements qui ne seraient que les signes obscurs d’une langue secrète qui s’écrirait à son insu ? Et voici qu’en pleine tempête, elle part voir sa mère, qui a quelque chose à lui dire. Cette nuit-là, elle va savoir, découvrir la vérité sur son origine. On comprend alors pourquoi Lea ne porte ni gants ni bagues, « rien entre l’air et les mains ». Pourquoi elle ne désire pas d’enfant et ne sait jamais vraiment où être, pourquoi sa vie se déroule sous le signe de l’entre-deux. Entre soi et soi, dit et non-dit, peur et révolte. Entre le français du père et la langue interdite de la mère, l’italien dont, enfant, elle n’avait pas les mots mais la vibration. « Dans tout le corps. Et elle dansait. » Une mère devenue l’esclave de l’homme pour lequel elle avait tout quitté, et qui trois ans durant, « dans une grande maison faite pour le plaisir des hommes », vendit son corps. Un homme aimé et haï, qu’elle épousera… Laver les ombres, en photographie, c’est mettre en lumière un 13 visage pour en faire le portrait. C’est ceux de Lea et de sa mère que Jeanne Benameur éclaire ici. En portant une attention spéciale aux gestes, à ces témoins silencieux de notre réalité intérieure. En n’écrivant pas son texte, mais en le dansant, sur fond de tempête et d’éléments déchaînés, et à l’ombre de l’angle aveugle des destinées, de celles qui condamnent à « Apprendre à trébucher. Intégrer le faux pas. En faire sa danse ». Richard Blin, Le Matricule des anges, octobre 2008 14 ❦ Danser la langue L’œuvre de Jeanne Benameur explore et interroge sans relâche la question de l’Autre. Chacun de ses récits met en scène des personnages déracinés, étrangers au monde qui les entoure, soit parce qu’ils sont d’une autre langue, d’une autre culture, soit parce qu’étrangers à eux-mêmes ils se sont d’eux-mêmes mis en marge. Dans tous les cas, la seule solution possible au désenclavement est l’altérité contenue dans la rencontre, par l’échange lent, apprivoisé de la transmission et du langage. Dans Laver les ombres, il ne s’agit plus d’une exclusion sociale. La question de l’Autre est tournée cette fois vers l’intimité : Jeanne Benameur explore l’étrangeté réciproque de l’âme et du corps à travers deux femmes, mère et fille. La mère, Romilda, prostituée pendant la guerre par l’homme qu’elle aime et dont elle aura Lea, garde enfoui en elle le secret terrible du passé et de l’image monstrueuse du père. Lea, chorégraphe, tente par les métamorphoses du corps dansé d’apprivoiser le silence dans lequel elle est tenue. Le secret est un démon forclos qu’il faut charmer par les rites et les cercles de la danse. Danser c’est enchaîner le vide, sculpter le silence de la mère. Surtout, contre le corps vendu, horizontal de la mère soumise, immobilisée aux assauts des hommes, Lea oppose la maîtrise absolue du sien, la pureté des lignes toujours mobiles, corps façonné par l’exigence de l’art, lui aussi offert aux regards étrangers du public, mais toujours mobile, inaccessible, en ligne de fuite. Dans ce ballet du verbe celé et du corps dressé, comment donner sa place au plaisir, à l’amour ? L’histoire va commencer comme ça : le jour où l’amant, qui est peintre, place Lea en situation de modèle. Pour la première fois immobilisée, nue, en posture d’objet, 15 visage pour en faire le portrait. C’est ceux de Lea et de sa mère que Jeanne Benameur éclaire ici. En portant une attention spéciale aux gestes, à ces témoins silencieux de notre réalité intérieure. En n’écrivant pas son texte, mais en le dansant, sur fond de tempête et d’éléments déchaînés, et à l’ombre de l’angle aveugle des destinées, de celles qui condamnent à « Apprendre à trébucher. Intégrer le faux pas. En faire sa danse ». Richard Blin, Le Matricule des anges, octobre 2008 14 ❦ Danser la langue L’œuvre de Jeanne Benameur explore et interroge sans relâche la question de l’Autre. Chacun de ses récits met en scène des personnages déracinés, étrangers au monde qui les entoure, soit parce qu’ils sont d’une autre langue, d’une autre culture, soit parce qu’étrangers à eux-mêmes ils se sont d’eux-mêmes mis en marge. Dans tous les cas, la seule solution possible au désenclavement est l’altérité contenue dans la rencontre, par l’échange lent, apprivoisé de la transmission et du langage. Dans Laver les ombres, il ne s’agit plus d’une exclusion sociale. La question de l’Autre est tournée cette fois vers l’intimité : Jeanne Benameur explore l’étrangeté réciproque de l’âme et du corps à travers deux femmes, mère et fille. La mère, Romilda, prostituée pendant la guerre par l’homme qu’elle aime et dont elle aura Lea, garde enfoui en elle le secret terrible du passé et de l’image monstrueuse du père. Lea, chorégraphe, tente par les métamorphoses du corps dansé d’apprivoiser le silence dans lequel elle est tenue. Le secret est un démon forclos qu’il faut charmer par les rites et les cercles de la danse. Danser c’est enchaîner le vide, sculpter le silence de la mère. Surtout, contre le corps vendu, horizontal de la mère soumise, immobilisée aux assauts des hommes, Lea oppose la maîtrise absolue du sien, la pureté des lignes toujours mobiles, corps façonné par l’exigence de l’art, lui aussi offert aux regards étrangers du public, mais toujours mobile, inaccessible, en ligne de fuite. Dans ce ballet du verbe celé et du corps dressé, comment donner sa place au plaisir, à l’amour ? L’histoire va commencer comme ça : le jour où l’amant, qui est peintre, place Lea en situation de modèle. Pour la première fois immobilisée, nue, en posture d’objet, 15 expatriée des caresses de son amant et de la fuite du passé par la danse, elle craque. Elle va trouver sa mère qui avoue alors l’imprononçable secret. Au-delà des corps, du temps, Jeanne Benameur nous rappelle que seul le langage peut délivrer. Le récit prend la forme d’une geste épurée, s’écrit dans une langue fragmentaire qui puise sa poésie aux sources de l’oralité. Le lecteur, comme les personnages, doit se faire migrant, doit tisser des liens entre les tableaux évoqués, nourrir de sa propre histoire les images ébauchées pour construire le sens et toucher la profondeur implicite de l’écriture. La langue de Jeanne Benameur est comme toujours magnifique, entre le dit et le silence ; elle rend hommage une fois encore aux mères, au berceau de l’identité et de la langue. Amélie Rouher, Le Magazine des livres, déc. 2008 - jan. 2009 ❦ À propos de Les Demeurées Voici un roman qui laisse pantois, bouleversé, ému. Coup de maître mais pas coup d’essai puisque l’auteur a déjà derrière elle une œuvre d’écrivain où parmi les romans pour la jeunesse il faut citer le très beau Ça t’apprendra à vivre (Le Seuil). Les Demeurées sont La Varienne (on devine d’où vient son nom), idiote du village qu’un ivrogne un jour enfanta, et Luce le fruit de cet amour très éphémère. La mère et la fille n’échangent pas de parole dans la petite maison où elles vivent recluses. Jusqu’au jour où Luce doit aller à l’école. Le monde que leurs deux solitudes avaient fondé menace alors de se fissurer devant l’insistance avec laquelle l’institutrice passionnée tente d’aider Luce à acquérir le langage. Face à l’extérieur, jugé menaçant, la fille et la mère vont découvrir ce que c’est que l’amour, un amour originel, instinctif, mystique. Il ne faut pas en dire plus. Le roman avance dans une tétanie de silence, dur et tendu vers ce mystère bouleversant que les mots livrent quand, pour la première fois, on les comprend. Et vers ce mystère innommable qu’est l’amour quand il peut se passer du monde. Thierry Guichard, Le Matricule des anges, janvier-mars 2000 16 17 expatriée des caresses de son amant et de la fuite du passé par la danse, elle craque. Elle va trouver sa mère qui avoue alors l’imprononçable secret. Au-delà des corps, du temps, Jeanne Benameur nous rappelle que seul le langage peut délivrer. Le récit prend la forme d’une geste épurée, s’écrit dans une langue fragmentaire qui puise sa poésie aux sources de l’oralité. Le lecteur, comme les personnages, doit se faire migrant, doit tisser des liens entre les tableaux évoqués, nourrir de sa propre histoire les images ébauchées pour construire le sens et toucher la profondeur implicite de l’écriture. La langue de Jeanne Benameur est comme toujours magnifique, entre le dit et le silence ; elle rend hommage une fois encore aux mères, au berceau de l’identité et de la langue. Amélie Rouher, Le Magazine des livres, déc. 2008 - jan. 2009 ❦ À propos de Les Demeurées Voici un roman qui laisse pantois, bouleversé, ému. Coup de maître mais pas coup d’essai puisque l’auteur a déjà derrière elle une œuvre d’écrivain où parmi les romans pour la jeunesse il faut citer le très beau Ça t’apprendra à vivre (Le Seuil). Les Demeurées sont La Varienne (on devine d’où vient son nom), idiote du village qu’un ivrogne un jour enfanta, et Luce le fruit de cet amour très éphémère. La mère et la fille n’échangent pas de parole dans la petite maison où elles vivent recluses. Jusqu’au jour où Luce doit aller à l’école. Le monde que leurs deux solitudes avaient fondé menace alors de se fissurer devant l’insistance avec laquelle l’institutrice passionnée tente d’aider Luce à acquérir le langage. Face à l’extérieur, jugé menaçant, la fille et la mère vont découvrir ce que c’est que l’amour, un amour originel, instinctif, mystique. Il ne faut pas en dire plus. Le roman avance dans une tétanie de silence, dur et tendu vers ce mystère bouleversant que les mots livrent quand, pour la première fois, on les comprend. Et vers ce mystère innommable qu’est l’amour quand il peut se passer du monde. Thierry Guichard, Le Matricule des anges, janvier-mars 2000 16 17 ❦ Entretiens de Jean-Baptiste Coursaud avec Jeanne Benameur © DR 18 Apprendre. Avec les livres. Les livres ont été ma bouée de sauvetage. Ce qui m’agace beaucoup en ce moment, c’est quand on nous dit : « Il faut que les enfants comprennent qu’un écrivain, ça peut être vivant, aujourd’hui. » Pendant longtemps, j’ai répondu : « Oui, sûrement, c’est important. » Puis après je me dis : « Mais attends, qu’est-ce que ça veut dire ? » Moi quand j’étais petite, j’ai eu des amis qui étaient des écrivains morts. Qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’ils soient morts ou vivants ?! Leurs écrits sont vivants, c’est ça qui importe ! Qu’est-ce que c’est cette espèce d’enfermement dans le corps présent ? Mon écriture n’est pas liée à mon être vivant ! J’espère bien, et c’est une vraie espérance, que les gens continueront à me lire quand je serai morte, mais mes textes sont toujours vivants ! Quand je lis Cummings, il est vivant pour moi ! C’est le principe de la télé-réalité : il faut être là ; voilà ton livre ici, et toi, tu dois être là. C’est ridicule ! Un texte, c’est vivant ! Je me suis rendu compte que, petite, j’ai rencontré des gens très vivants. Racine a été quelqu’un d’immensément vivant, qui m’a permis, moi, de vivre énormément de choses. Ai-je besoin, avais-je besoin de rencontrer Racine ? C’est le texte qui est vivant. Et la littérature, c’est le texte. 19 ❦ Entretiens de Jean-Baptiste Coursaud avec Jeanne Benameur © DR 18 Apprendre. Avec les livres. Les livres ont été ma bouée de sauvetage. Ce qui m’agace beaucoup en ce moment, c’est quand on nous dit : « Il faut que les enfants comprennent qu’un écrivain, ça peut être vivant, aujourd’hui. » Pendant longtemps, j’ai répondu : « Oui, sûrement, c’est important. » Puis après je me dis : « Mais attends, qu’est-ce que ça veut dire ? » Moi quand j’étais petite, j’ai eu des amis qui étaient des écrivains morts. Qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’ils soient morts ou vivants ?! Leurs écrits sont vivants, c’est ça qui importe ! Qu’est-ce que c’est cette espèce d’enfermement dans le corps présent ? Mon écriture n’est pas liée à mon être vivant ! J’espère bien, et c’est une vraie espérance, que les gens continueront à me lire quand je serai morte, mais mes textes sont toujours vivants ! Quand je lis Cummings, il est vivant pour moi ! C’est le principe de la télé-réalité : il faut être là ; voilà ton livre ici, et toi, tu dois être là. C’est ridicule ! Un texte, c’est vivant ! Je me suis rendu compte que, petite, j’ai rencontré des gens très vivants. Racine a été quelqu’un d’immensément vivant, qui m’a permis, moi, de vivre énormément de choses. Ai-je besoin, avais-je besoin de rencontrer Racine ? C’est le texte qui est vivant. Et la littérature, c’est le texte. 19 ❦ Extrait (suite) Écoute : « Les mondes meilleurs naissent, ça ne se fabrique pas. Et leur anniversaire est celui des individus. Prions chaque jour pour les individus ; jamais pour les mondes. “ Qui veut le bien des autres ”, s’écrie le poète et peintre William Blake, “ doit les traiter comme des cas particuliers. ” Et sans doute nombre d’entre vous ont souvent entendu ce vers empli de compassion, mais je parierais que vous n’êtes pas trois à pouvoir citer le vers qui le suit : “ Le bien général est le prétexte des gredins, des hypocrites et des flatteurs. ” » (Cummings). Le bien général, ce sont les foules. C’est… Comment dire ? (Silence.) J’ai envie vraiment de dire : il y a eu un temps où, chez moi, s’est manifestée l’envie d’être « en foule ». C’était en 1969, 1970. Il y avait cette sensation de vouloir un monde meilleur tous ensemble, au même moment : c’est la foule. Je me suis éloignée de cette foule parce que je me suis rendu compte que j’avais immensément besoin de solitude, et parce que je pense vraiment que la seule crise intéressante pour moi est intérieure, c’est la seule qui mène à un changement profond. il y a, pour moi encore une fois, une révolution intérieure profonde, permanente et totale avec l’écriture. Avec l’écriture et la lecture. Voilà pourquoi je suis quelqu’un qui écrit, une femme qui écrit, et que je me déplace pour ça, pour envoyer ce souffle de la lecture, parce que je crois qu’on n’est pas obligé d’écrire quand on lit. Quand je lis, cette révolution a lieu parce qu’un autre auteur la génère en moi. C’est la seule chose qui peut me faire me déplacer vers des groupes. Je crois profondément que la lecture et l’écriture sont les formes les plus justes pour un être humain : parce qu’on est seul avec elles et qu’en même temps on est avec l’autre, parce que quand on lit on est avec l’autre. Qu’il soit vivant ou mort, on n’en a rien à foutre ! On est dans quelque 20 chose d’essentiel, qui peut permettre de changer, de transformer ; ça aide à transformer la vie, à la rendre transformable. Il n’y a rien de pire que des vies qui se figent. Le sang de Saint-Janvier, c’est tout ça. Pour moi, l’écriture et la lecture, c’est ça : une révolution permanente. C’est la seule, la seule à laquelle je crois. Le reste, je n’y crois pas. Je peux voter, je peux faire tout ce qu’on veut politiquement, mais je ne crois pas une seconde que de profonds changements peuvent venir de là. Je crois simplement qu’on peut éviter des choses épouvantables, et dans ce cas ne nous en privons pas. Mais je ne crois pas que les révolutions profondes, intérieures, se fassent à ce niveau, socialement ; ce n’est pas le but. Elles permettent tout au mieux de réguler les rapports humains, sociaux. Ce qui m’intéresse nettement plus, c’est de permettre à chaque être humain de vivre paisiblement. Parce que la vie est intéressante seulement si on y va vraiment. © Éditions Thierry Magnier 21 ❦ Extrait (suite) Écoute : « Les mondes meilleurs naissent, ça ne se fabrique pas. Et leur anniversaire est celui des individus. Prions chaque jour pour les individus ; jamais pour les mondes. “ Qui veut le bien des autres ”, s’écrie le poète et peintre William Blake, “ doit les traiter comme des cas particuliers. ” Et sans doute nombre d’entre vous ont souvent entendu ce vers empli de compassion, mais je parierais que vous n’êtes pas trois à pouvoir citer le vers qui le suit : “ Le bien général est le prétexte des gredins, des hypocrites et des flatteurs. ” » (Cummings). Le bien général, ce sont les foules. C’est… Comment dire ? (Silence.) J’ai envie vraiment de dire : il y a eu un temps où, chez moi, s’est manifestée l’envie d’être « en foule ». C’était en 1969, 1970. Il y avait cette sensation de vouloir un monde meilleur tous ensemble, au même moment : c’est la foule. Je me suis éloignée de cette foule parce que je me suis rendu compte que j’avais immensément besoin de solitude, et parce que je pense vraiment que la seule crise intéressante pour moi est intérieure, c’est la seule qui mène à un changement profond. il y a, pour moi encore une fois, une révolution intérieure profonde, permanente et totale avec l’écriture. Avec l’écriture et la lecture. Voilà pourquoi je suis quelqu’un qui écrit, une femme qui écrit, et que je me déplace pour ça, pour envoyer ce souffle de la lecture, parce que je crois qu’on n’est pas obligé d’écrire quand on lit. Quand je lis, cette révolution a lieu parce qu’un autre auteur la génère en moi. C’est la seule chose qui peut me faire me déplacer vers des groupes. Je crois profondément que la lecture et l’écriture sont les formes les plus justes pour un être humain : parce qu’on est seul avec elles et qu’en même temps on est avec l’autre, parce que quand on lit on est avec l’autre. Qu’il soit vivant ou mort, on n’en a rien à foutre ! On est dans quelque 20 chose d’essentiel, qui peut permettre de changer, de transformer ; ça aide à transformer la vie, à la rendre transformable. Il n’y a rien de pire que des vies qui se figent. Le sang de Saint-Janvier, c’est tout ça. Pour moi, l’écriture et la lecture, c’est ça : une révolution permanente. C’est la seule, la seule à laquelle je crois. Le reste, je n’y crois pas. Je peux voter, je peux faire tout ce qu’on veut politiquement, mais je ne crois pas une seconde que de profonds changements peuvent venir de là. Je crois simplement qu’on peut éviter des choses épouvantables, et dans ce cas ne nous en privons pas. Mais je ne crois pas que les révolutions profondes, intérieures, se fassent à ce niveau, socialement ; ce n’est pas le but. Elles permettent tout au mieux de réguler les rapports humains, sociaux. Ce qui m’intéresse nettement plus, c’est de permettre à chaque être humain de vivre paisiblement. Parce que la vie est intéressante seulement si on y va vraiment. © Éditions Thierry Magnier 21 SOMMAIRE ❦ Remerciements à Écho magazine, Le Magazine des livres, Le Matricule des anges, Le Monde des livres, éd. Actes Sud, éd. Thierry Magnier. 22 Jeanne Benameur – 23e Prix du livre en Poitou-Charentes 1 Écrire est ma seule façon d’accepter de vivre 3 Bibliographie 7 Jeanne Benameur, les silences au plus juste 9 Extrait de Laver les ombres 12 À propos de Laver les ombres 13 Danser la langue 15 À propos de Les Demeurées 17 Entretiens de J.-B. Coursaud avec J. Benameur (extraits) 19 Remerciements 22 23 SOMMAIRE ❦ Remerciements à Écho magazine, Le Magazine des livres, Le Matricule des anges, Le Monde des livres, éd. Actes Sud, éd. Thierry Magnier. 22 Jeanne Benameur – 23e Prix du livre en Poitou-Charentes 1 Écrire est ma seule façon d’accepter de vivre 3 Bibliographie 7 Jeanne Benameur, les silences au plus juste 9 Extrait de Laver les ombres 12 À propos de Laver les ombres 13 Danser la langue 15 À propos de Les Demeurées 17 Entretiens de J.-B. Coursaud avec J. Benameur (extraits) 19 Remerciements 22 23 Le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes En 2008, l’Office du livre et l’agence ABCD ont fusionné pour donner naissance au Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes qui reçoit le double soutien du Conseil régional et de la DRAC (ministère de la Culture et de la Communication), et des appuis complémentaires d’autres collectivités territoriales (villes, départements) et de partenaires privés (PGA, … ). Dans cette nouvelle phase de développement, l’association continue de définir ses missions en concertation avec la Région et l’État, afin de contribuer à mettre en œuvre les politiques publiques, dans les domaines de l’économie du livre, de la vie littéraire, de la lecture publique et du patrimoine. Le Centre du livre et de la lecture organise chaque année en octobre, en étroite collaboration avec de nombreux partenaires de la chaîne du livre, le festival régional itinérant Passeurs de monde(s). Il attribue annuellement à un auteur lié à la région le Prix du livre en PoitouCharentes (grâce au mécénat de Pierre Guénant) et, depuis 2005, il décerne également le Prix de l’édition en Poitou-Charentes. Enfin, il organise en alternance dans les lycées de la région (avec le soutien du Conseil régional) les concours Jeunes lecteurs critiques et Fabriquez un poème, pour sensibiliser les jeunes à la lecture des littératures contemporaines. Afin de mieux informer sur ses activités et sur la vie des livres en PoitouCharentes, le Centre du livre propose plusieurs outils de communication aux professionnels et au grand public : • son site internet www.livre-poitoucharentes.org : centre de ressources offrant des annuaires (auteurs, libraires, éditeurs, manifestations...), des actualités, l’agenda des rendez-vous autour du livre en région, des documents audiovisuels, des formations, etc. • sa lettre électronique mensuelle : prioritairement destinée aux professionnels et accessible sur simple inscription sur le site. • la Minute de poésie hebdomadaire : pour recevoir, chaque semaine à son adresse électronique, le poème d’un écrivain lié au Poitou-Charentes ou publié par un éditeur de la région. Inscription en ligne sur le site. Président : Olivier Cazenave Directrice : Sylviane Sambor Assistantes : Nathalie Bâcle, Solène Gantheil, Virginie Gomez, Emmanuelle Lavoix, Sylvia Loiseau/Muriel Langlois et Régine Perrin 24 23e Prix du livre en Poitou-Charentes Jeanne Benameur Ce livret hors commerce est offert à l’occasion de la remise du 23e Prix du livre en Poitou-Charentes à Jeanne Benameur, pour son roman Laver les ombres (éditions Actes Sud). Le Prix du livre en Poitou-Charentes bénéficie, pour la treizième année consécutive, du mécénat de PGA et de son président Pierre Guénant. Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes 34 place Charles VII – BP 80424 – 86011 Poitiers Cedex Tél. : 05 49 88 33 60 – Fax : 05 49 88 80 04 [email protected] – www.livre-poitoucharentes.org © DR Le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes est principalement financé par le Conseil régional et la Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes. Laver les ombres ( éditions Actes Sud ) Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes