Un radeau à chenilles pour le nettoyage

Transcription

Un radeau à chenilles pour le nettoyage
Comment ça marche ?
Le Truxor se déplace dans l’eau
comme sur le sol. Il peut grimper
des dévers d’au moins 35°.
Suite à la présentation
en septembre 2006 d’un
appareil amphibie pour le
nettoyage des plans d’eau
et des espaces naturels
sensibles, la société
Innovations et Paysage
commence à enregistrer
des commandes. La
SMAE, une entreprise
de l’Essonne spécialisée
dans l’entretien des plans
d’eau et des rivières, vient
justement de s’équiper.
L’engin est venu travailler
sur l’un des étangs
à Vert-le-Petit (91).
Le Truxor
Un radeau à chenilles
pour le nettoyage
TEXTE ET PHOTOS : LUC SECONDA
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Chenilles et pontons étanches
Drôle de machine que ce
Truxor qui ressemble autant
à un radeau qu’à une barque
d’ostréiculteur. Construit en
aluminium et en acier galvanisé,
l’engin se déplace sur le sol
comme sur l’eau à l’aide de
deux chenilles latérales munies
de palettes en plastique et
entraînées par des moteurs
hydrauliques.
Ces chenilles sont enroulées
autour de deux pontons
étanches qui servent de flotteurs
à l’engin lorsqu’il travaille sur
les eaux. Sur le pont, entre les
deux longues chenilles, la cellule
motrice et le poste de conduite
se déplacent d’avant en arrière,
de façon à modifier l’équilibre
de l’appareil selon les besoins.
Animé par un moteur diesel
Lombardini de 27 ch, le Truxor
peut avancer au rythme de 0 à
80 m/min. D’une longueur de
4,70 m et d’une largeur de
2,06 m, il pèse à vide 1 300 kg.
La cellule composée du poste
de conduite et du moteur se
déplace sur des rails de façon à
modifier l’équilibre de l’engin.
Par une vitesse différentielle
des chenilles, l’engin modifie sa
trajectoire, sur l’eau comme sur terre,
et par inversion de la rotation d’une
chenille par rapport à l’autre, il peut
même tourner sur place !
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Comment ça marche ?
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Patrick Foltz, directeur de l’entreprise
SMAE basée à Grigny, dans l’Essonne,
et spécialisée dans l’entretien
des cours et plans d’eau, a passé
commande d’un Truxor.
Aussi à l’aise sur l’eau que sur terre
Pour les besoins des professionnels, le Truxor
possède un attelage trois points sur lequel
viennent se monter différents outils pour couper,
ramasser, creuser, pomper… L’attelage est
prévu pour soulever 250 kg et l’animation des
outils est souvent issue du groupe hydraulique
de l’engin. Pour certains besoins comme
l’entraînement d’une pompe de dragage,
un moteur auxiliaire est utilisé (23 ch). Les
entreprises sont attirées par cet appareil pour
ses capacités de travail dans l’eau, mais aussi
sur les berges. Le Truxor exerce une très faible
pression au sol (90 g/m2) et peut donc se
déplacer sur des terrains très peu portants.
Au bord de l’étang de Vert-le-Petit, où un
visiteur imprudent peut facilement laisser ses
bottes, l’appareil a travaillé en toute aisance
et sans dégrader la structure du sol. Lors du
précédent nettoyage des berges, l’entreprise
SMAE, dirigée par Patrice Foltz, avait dû utiliser
de petits tracteurs agricoles se déplaçant sur
des plaques pour éviter les enlisements. Au vu
de ce que le Truxor est capable de réaliser,
Patrice Foltz ne regrette absolument pas sa
commande, surtout que cet ingénieur préconise
les techniques douces pour l’aménagement des
milieux sensibles.
La répartition du poids de l’appareil
sur une grande surface de contact au sol
permet au Truxor de se déplacer sur des sols
sensibles sans les dégrader.
Deux pontons
étanches en
aluminium
permettent à
l’appareil de
flotter. Un système
de pompage est
prévu au cas où
un ponton perdrait
son étanchéité.
Cette barre de
coupe de 2 m
avec ramasseur
recueille les
herbes fauchées
pour les
déposer ensuite
sur la berge.
3
Un grimpeur de berges
Le fait que le matériel puisse nettoyer les berges
en entrant dans les parcelles à partir des plans ou
des cours d’eau présente également un avantage
pour les entrepreneurs. « Il est parfois difficile
d’accéder aux berges en passant par les terrains
avoisinants, explique Patrice Foltz. Et le fait de
pouvoir accéder par l’eau est vraiment un atout. »
Au niveau du dénivelé, l’appareil est normalement
capable d’escalader une pente de 35°, mais le
démonstrateur, Yann Blondel, utilise une technique
affinée pour dépasser cette limite. « Pour accéder
à la berge, je recule ma cabine vers l’arrière du
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C’est un moteur
Lombardini de 27 ch
qui anime l’engin. Le
circuit hydraulique
est pourvu d’un
refroidisseur d’huile.
Truxor, explique-t-il. Plus
léger, le nez de l’appareil
grimpe facilement sur le
terrain. Ensuite, pour amplifier
l’adhérence des chenilles sur le sol, je transfère
ma cabine vers l’avant. Avec plus de poids sur les
chenilles, celles-ci m’aident alors à grimper sur la
berge. » Inutile d’ajouter que les commandes du
Truxor ne sont pas à mettre entre toutes les mains.
L’appareil se pilote à partir de deux leviers latéraux,
celui de droite pour les commandes liées à l’engin
et celui de gauche pour les mouvements de l’outil.
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De multiples outils
adaptables
L’équipement largement employé sur cet appareil est la
barre de coupe pour le faucardage. L’ensemble se compose
généralement d’une barre horizontale à sections (2 ou 4 m)
travaillant jusqu’à une profondeur de 70 cm sous l’eau. Elle
peut être complétée d’une barre de coupe verticale ou encore
d’un bac de ramassage. Certains utilisateurs coupent à
l’avant du Truxor et ramassent à l’arrière. « Le broyage de la
végétation est interdit dans certains plans d’eau, explique un
entrepreneur, d’où l’intérêt du fauchage et du ramassage. »
Avec le Truxor, les utilisateurs (une bonne centaine dans le
monde) ne sont pas soumis aux contraintes d’enroulement de
la végétation dans l’hélice traditionnelle
des bateaux à moteur. Autre outil
courant du Truxor : la fourche de
ramassage. Elle permet de nettoyer les
abords et de rassembler les herbes
coupées, feuilles, branchages et autres
détritus, végétaux ou pas, comme
parfois les bouteilles et les sacs en
plastique. Le constructeur propose
également l’attelage d’un bras de pelle
excavatrice. La mini-pelle amphibie
est un équipement qui intéresse
particulièrement Patrice Foltz pour ses
Les chenilles sont entraînées
chantiers d’aménagement des berges.
par un moteur hydraulique qui
Pour compléter la panoplie des outils
transmet le mouvement par une
disponibles, il existe également un
chaîne. Selon le constructeur,
grappin permettant d’extraire de l’eau
ce mécanisme ne souffre pas de
des bois ou des détritus encombrants.
travailler dans l’eau.
Enfin, une pompe de dragage
entraînée par un moteur auxiliaire peut également équiper
le Truxor. À propos de l’investissement, Philippe Marchand,
gérant de la société Innovations et Paysage, confirme le prix
hors taxes de 100 000 €, montant incluant les équipements.
Le râteau se place sur l’attelage trois points.
Ses deux parties latérales sont repliables.
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