Sia Partners_Insight_La rentabilité des investissements
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INSIGHT Sia Partners – Performance Financière – Février 2014 ET SI L’ARBITRAGE ENTRE LES INVESTISSEMENTS ÉTAIT LA CLE DE LA REUSSITE ? Toute aventure économique commence par un pari sur l’avenir. L’acte d’investir est fondateur, il engage sur de nombreuses années. Les projets réussis génèrent profits et pérennité alors que des actifs sous-utilisés se transforment en pièges à liquidités. Tout au long de la vie d’une entreprise, cet impératif d’évaluation puis d’arbitrage des investissements perdure. Il n’est pas rare d’entendre les porteurs de projets déplorer la frilosité des sponsors ou revendiquer le caractère « stratégique » d’un projet non rentable. Il est nécessaire de rappeler que les actionnaires ou les créanciers attendent une juste rémunération des sommes investies et qu’il n’est pas envisageable de déroger à cette règle fondamentale à l’exception de certains projets visant à appliquer la réglementaire ou à favoriser la qualité, la sécurité, l'environnement. L’application de ce principe mérite quelques bonnes pratiques à adapter au contexte de l’entreprise. Qu’est-ce qu’un investissement ? o Par le ROCE (Retour sur Capitaux Employés) • A quoi sert un investissement ? Par opposition aux dépenses opérationnelles qui visent à assurer l’exploitation à court terme, les investissements constituent des engagements de dépenses ayant pour objectif de renouveler, moderniser et / ou développer l’actif productif de l’entreprise. • Quels types de dépenses sont concernés ? A priori, sont exclues les dépenses de maintenance mais sont inclus les contrats à long terme tels que leasing, locations, baux immobiliers, ceci qu’ils soient matériels ou immatériels (SI, marques, brevets …) • S’agit-il d’une notion comptable ? Un investissement n’est pas systématiquement immobilisé. Les règles comptables permettent d’imputer les dépenses sur les postes du bilan et / ou du compte de résultat (OPEX / CAPEX) et de déterminer les modalités d’amortissement à appliquer. La pratique des tests de dépréciation qui découle des règles IFRS permet de réajuster les bilans comptables au plus près de la réalité économique. • Qu’est-ce qu’un projet d’investissement ? La gestion des investissements ne peut se pratiquer qu’à la maille d’un projet avec un début, une fin, des coûts et surtout… des gains. La visibilité d’un investissement se conçoit souvent sur un horizon pluriannuel borné par la durée de vie de l’actif. Comment se finance un investissement ? Les investissements sont financés par les capitaux employés qui peuvent revêtir principalement deux formes : 1. Les capitaux propres détenus par les actionnaires Théoriquement, ils financent a minima le besoin en fond de roulement et tout ou partie des actifs, à minima les actifs spécifiques des activités du cœur de métier. Ils représentent en général une ressource souple mais plus chère que la dette. On peut en déterminer la rémunération en appliquant diverses méthodes : www.sia-partners.com Résultat Net = Capitaux Employés = Résultat Net Besoin en Fonds de Roulement + Actif Net En pratique, il convient de retraiter la rentabilité des éléments exceptionnels et de lisser sur quatre à cinq exercices le résultat comptable pour retenir un indicateur tendanciel. En ce qui concerne les actifs, il est préférable de prendre en compte les valeurs du marché (par exemple pour l’immobilier) pour obtenir des résultats comparables avec des entreprises du secteur. o Par les standards que les marchés de capitaux appliquent sur une base sectorielle Ke = Rf + Bs (Rm-Rf) Ke : Rf : Βs : (Rm-Rf) : Coût des fonds propres Taux sans risque Bêta des fonds propres Prime de marché Le bêta des fonds propres capture le risque sectoriel ou d'activité (sensibilité du secteur de l’entreprise à la conjoncture économique, structure des coûts d’exploitation) et le risque financier lié à la taille et à la structure financière (gearing). La rémunération des capitaux propres intègre le prix qu’un investisseur devra payer pour compenser son risque. Il n’est pas rare, selon les secteurs que le rendement sur fonds propres soit supérieur à 15% après impôts. Page 1 INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE 2. Comment déterminer investissement ? Kd : Coût de la dette Rf : Taux sans risque Sp : Spread de la dette Le CMPC peut être utilisé non seulement pour l’évaluation financière d’une entreprise mais également comme critère d’investissement. En effet, il permet de s’assurer qu’un projet est créateur de valeur, c’est-à-dire qu’il génère des revenus supérieurs au coût moyen de ses ressources. Il permet de comparer, du point de vue d’un investisseur, les rentabilités associées à des projets distincts, par l’application d’une méthode objective. Plusieurs critères permettent d’évaluer la rentabilité d’un investissement et de comparer les projets entre eux pour mieux les arbitrer: • Rentabilité économique du projet La dette Elle est destinée à couvrir la partie liquide et générique des actifs (par exemple l’immobilier) et prend en compte un niveau de risque et de spécificité plus faible. Bien que limitée, la dette constitue a priori une ressource bon marché du fait notamment de la déductibilité des intérêts de l’impôt sur les sociétés. Kd = Rf + Sp 2. Le Coût Moyen Pondéré du Capital rémunère les fonds propres et les intérêts de la dette. Il est exprimé sous forme de taux et est calculé comme la moyenne pondérée du coût des fonds propres et de la dette financière après impôts. = 1 E+D ! CMPC: Coût Moyen Pondéré de Capitaux E: Fonds Propres D: Dettes Ke : Coût des fonds propres Kd : Coût de la dette Le coût du capital reflète la valeur du temps et la compensation de rendement pour le risque accepté. De nombreuses directions financières différencient les typologies d’investissement en fonction des niveaux de risque. En effet, la rémunération des actionnaires et des créanciers dépend du risque qu’ils prennent. Exemple de typologie simple En théorie, le CMPC est calculé à partir de valeurs de marché, qui sont donc très volatiles. Mais il existe souvent un décalage de temps important entre l’élaboration et la réalisation du projet. Il est donc préférable d’utiliser des références de marché de moyen terme qui intègrent les tendances de long terme plutôt que des valeurs instantanées. www.sia-partners.com 0 la rentabilité d’un % La Valeur Actualisée Nette (VAN) mesure les bénéfices futurs escomptés et donc la création de valeur. Un euro d’aujourd’hui valant moins qu’un euro de demain et la nécessaire rétribution des investisseurs impose d’actualiser les flux de trésorerie pour en ramener la valeur totale à une valeur actuelle (méthode de l’actualisation des flux de trésorerie ou des discounted cash flows DCF). • Durée de retour sur Investissement (ROI) Le ROI mesure le temps nécessaire pour que la somme des flux positifs compense les flux négatifs et que le projet commence à générer du cash. En pratique, plus l’actif est spécifique et sa durée de vie courte, plus le ROI devra être rapide. Page 2 INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE Quel contrôle des investissements ? Au-delà des processus de pilotage (PMT et budget) qui assurent la maîtrise des enveloppes, les arbitrages entre les investissements sont établis sur la base de business plans ou dossiers d’investissement. Si les indicateurs décrits dans le chapitre précédent sont connus, ils doivent s’accompagner de quelques bonnes pratiques pour que la réalisation d’un business plan ne tourne pas à l’exercice de style: • Le taux de rendement interne (TRI) Il correspond au taux de rendement qui permet à la VAN d’être nulle. Tous les projets dont le TRI est inférieur au taux d’actualisation tireront la rentabilité de l’entreprise vers le bas. Il est à noter que deux projets peuvent avoir le même TRI alors qu'ils n'ont pas le même VAN. Inversement, deux projets peuvent avoir la même VAN mais des TRI différents. Le TRI permet donc de savoir si un investissement est créateur de valeur (TRI > Taux d'actualisation) mais ne permet pas de savoir combien de valeur est créée. Le TRI ne permet donc pas l'intercomparaison des projets. Comment piloter les investissements ? Les processus d’engagement et de suivi des investissements nécessitent d’être adaptés pour répondre à une logique de gestion de portefeuille projet. En effet, la consolidation du portefeuille de projets facilite les choix d’investissement et permet un suivi de la performance globale des investissements de l’entreprise sur l’ensemble du cycle de vie des projets. Cette consolidation fournit une vision pluriannuelle des projets. La gestion à moyen / long terme du portefeuille trouve son application naturelle dans les plans à moyen terme (ou plans stratégiques). A ce stade, il s’agit de recenser les opportunités et de les qualifier (renouvellement, expansion, technologie …) de manière à cadrer les besoins avec les capacités et les horizons de financement. Quand faire un dossier d’investissement ? A priori, à la suite d’une étude de cadrage ou d’une étude préalable. Le timing imposé se situe à partir du moment où les éléments du business plan sont connus avec suffisamment de certitude et la somme des dépenses engagées ne dépasse pas 10% de la totalité des dépenses sur la durée du projet. • Qui doit le faire ? Le principe de responsabilité prévaut. Le dossier d’investissement doit être réalisé par l’entité opérationnelle qui va engager les dépenses. Cette entité sera responsable de l’atteinte des objectifs de gains. Dans le cas des projets transverses, la gouvernance avec les coresponsables du dossier d’investissement doit être clairement établie et décrite dans le dossier. La consolidation du portefeuille de projets implique conjointement opérationnels et financiers. Dans ce contexte, les contrôleurs de gestion des entités opérationnelles ont un rôle essentiel à jouer. D’une part, ils sont les garants de la qualité des informations de reporting, d’autre part, ils ont vocation à fournir aux chefs de projets les analyses et les conseils utiles sur l’optimisation de la performance. • • A partir de quel montant ? En théorie, chaque euro dépensé doit pouvoir être justifié. En pratique, la réalisation d’un dossier d’investissement et du Business plan associé sont des exercices qui peuvent s’avérer complexes à réaliser, à analyser et à valider. L’exécution et le pilotage des projets donne une visibilité à court / moyen terme sur les profils de dépenses et permettent le pilotage budgétaire des investissements. En période de contrainte, l’investissement représente un levier d’ajustement conséquent qu’il convient de pouvoir activer pour maitriser le cash. Par conséquent, un pareto des 20% des dossiers qui représentent 80% des budgets investis donnera le seuil à partir duquel un business plan et le calcul des indicateurs VAN, ROI, TRI deviennent obligatoires. www.sia-partners.com Page 3 INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE Que comptabiliser dans les gains liés à l’investissement? • La marge générée par l’activité complémentaire • les ressources internes et externes économisées valorisées en réduction d’ETP pleins • Les coûts futurs évités (pénalités, risques …) En théorie, tous les gains sont monétisables et peuvent être ramenés à des euros. En pratique, il est parfois plus simple d’exprimer ces gains sous forme d’indicateurs opérationnels existants ou facilement implémentables de manière à simplifier le contrôle à postériori de leur réalisation: ex: productivité, indices de satisfaction client. Les gains qualitatifs sont une dernière catégorie de gains non mesurables qu’il conviendra à minima de décrire et d’argumenter. Que comptabiliser dans les dépenses liées à l’investissement? • Les montants investis • Les coûts associés: transformation des processus, des organisations, des systèmes d’information • Les coûts de conduite du changement • Les coûts non récurrents de démarrage/déploiement • Les coûts de fonctionnement induits Le périmètre des coûts se limite trop souvent au premier point. C’est une des raisons principales des dépassements et des difficultés de suivi des enveloppes. Que faire en cas de dépassement ? Les bonnes pratiques consistent à : • Eviter d’engager un investissement sans engagement sous forme de business plan • Revoir le dossier d’investissement en cas de modification de périmètre ou de dépassement des coûts supérieur à 10% Au-delà de l’arbitrage entre les projets, le pilotage des investissements passe par la mise en place d’un dispositif de suivi des investissements lisible par les différents niveaux de management permettant de : • Sécuriser et optimiser les budgets d’investissements et la trésorerie • Sécuriser l’atteinte des cibles du projet (qualité, coûts, gains, délais) • Maintenir l’alignement stratégique et la performance financière des projets • Bénéficier de retours d’expériences Vincent VIGNE Senior Manager - Performance Financière (33) 06 28 56 55 32 [email protected] Blog : http://www.linkedin.com/groups/Sia-Partners-Fonction-Finance-5138971? www.sia-partners.com Page 4