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FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS MYCOLOGIQUES DE L’OUEST Histoire de la mycologie dans l’ouest Bulletin hors-série N° 1 - Octobre 2009- Édité avec le soutien de la fondation LANGLOIS Les sessions mycologiques de 1907 et 1908 à Rennes, Paimpont, Laval, Brest, Saint-Pol de Léon, Landerneau... Lespremièresrencontresmycologiques dansl’OuestdelaFrance Lesjournéesmycologiquesde1908doivent-ellesêtreconsidéréescommelespremières rencontresmycologiquesdansl’Ouest,commelesuggèreletitreducompterenduparudans laRevueBretonnedeBotaniquepureetappliquée?Pasvraiment,doit-onrépondre.L’année précédentes’étaitdérouléeunemanifestationsuscitéeparlaSociétémycologiquedeFrance, mêmesiellen’eutpasl’audienceespéréeauprèsdesesmembres. SessiondelaSociétémycologiquedeFranceenBretagne (20octobreau1ernovembre1907) Unesessionbienmalpartie Al’initiativedeFernandGUÉGUEN,alorssecrétairegénéraldelaSociétéMycologiquede France, une session avait été programmée en Bretagne en 1907. Aucune rencontre mycologique importante n’avait eu lieu jusqu’à ce jour dans l’Ouest. Fernand GUÉGUEN, breton d’origine, avait concocté un programme attrayant, destiné à faire découvrir les richessesfongiquesdelarégionetpermettantd’apprécierenmêmetempslesparticularités culturelles de la Bretagne. Malheureusement, Fernand GUÉGUEN au dernier moment ne pouvait prendre part à cette session, et, constatant le peu d’inscriptions, avait cru devoir annulercesjournées.Maiscelles-cisedéroulèrentmalgrétout,commeonvaleconstater. . Lesjournéesmycologiques Le programme établit par Fernand GUÉGUEN comportait des excursions sur un vaste territoire, cinq départements du Grand Ouest (Ille-et-Vilaine, Mayenne, Finistère, Morbihan, Loire-Inférieure), programme nécessitant de nombreux trajets en train. De quoi peut-être rebuter beaucoup de membres de la Société Mycologique de France. De plus, la météo du moment, pluvieuse nous dit-on, n’était pas un atout favorable. Mais malgré cela, un certain nombredemycologuesavaientdécidédetenterl’aventureets’étaientdoncdonnerrendezvous,persuadésquelasessionauraitbienlieu.TelétaitlecasdesPoitevins,DUPAIN,SACHÉ etSOUCHÉ.Voicidonclerapportdecesjournées. - 20 octobre: excursion à Cesson (Ille-et-Vilaine), sur la route de Rennes à Vitré et une autre à Port-Brillet (Mayenne). Le dimanche soir à Rennes, les Poitevins, qui avaient fait l’excursion de Cesson, retrouvent quelques participants de celle de Port-Brillet, dirigée par RIPERT et SAVOURÉ. «Ils nous apprennent – raconte SOUCHÉ [Bull. Soc. Bot. Deux-Sèvres 1907:325]–quepersonnen’étaitvenudeParis;quelesmycologuesdeLavaleteux(entout unequarantaine)ontétédésemparés…etmécontents».LesrécoltesramenéesàlaFaculté des Sciences de Rennes furent déterminées le lendemain par les Rennais DANIEL, RIPERT, SAVOURÉ,etlesPoitevinsDUPAIN,SACHÉetSOUCHÉ. -le21étaientexpédiésàlaSMFlesdeuxtélégrammessuivants,signésDUPAIN,SACHÉ, SOUCHÉ: 1: au Secrétaire général[GUÉGUEN]: «Stupéfaits absence. Télégraphions P… Vous attendons sans faute demain, mardi, Morlaix. Répondez immédiatement, Hôtel Bretagne [Morlaix]» 2:auTrésorier[PELTEREAU]:«VousattendonsdemainàMorlaixsansfaute» Cesdeuxtélégrammesamènentlesréponsessuivantesdesintéressés: - de GUÉGUEN: «Deviez adresser adhésions. Session supprimée car trois adhésions seulement.Comptezpassurmoi». - de PELTEREAU: «Secrétaire n’ayant eu que trois adhésions a décommandé Session. Impossibleallervousrejoindre» Et un troisième message, inespéré: «Annulez dépêches G?? [GUÉGUEN] et autres. Rejoignons mardi en groupe Hôtel Bozellec à Morlaix». Signé LEDIEU [d’Amiens], BOUÉ [de Paris],délégués.LaSociétémycologiquedeFranceétaitdoncànouveaupartieprenante. -22octobre:excursionauparcdeKerneguez,prèsdeMorlaix(Finistère)etarrivéede LEDIEUetBOUÉ,lesquelssontporteurd’unelettreduprésidentdelaSMF,LouisMANGIN,les délégants,ainsiquelesPoitevins,pourcontinuerla«SessiondeBretagne». -23octobre:excursionàSaint-Pol-de-LéonetàRoscoff(Finistère),avecherborisationet visitesculturelles,notammentdechapelles.LorsdelavisitedelacathédraledeSaint-Pol-deLéon,«nousavonslagrandesatisfactiond’yvoirarriverunenocedecampagne.Lescostumes sontréellementjolis»[SOUCHÉ]. - 24 octobre: excursion au Huelgoat (Finistère), avec visite du Chaos, de la Roche branlante, etc. Abondante récolte de champignons qui alimentera en grande partie l’exposition de Morlaix. Le soir, les participants ont le plaisir d’accueillir René MAIRE, venu spécialementdeNancy. -25octobre:excursiondanslesboisdePennelé,prèsdeMorlaix(Finistère)etdansles boisduchâteaudeLesquiffiou,prèsdeMorlaix.Récoltesabondantes,souslapluie. - 26 octobre: excursion dans les bois de Kerozar et de Kerangar, à 3 km de Morlaix. LEDIEUetMAIRErestentàMorlaixpourpréparerl’exposition. -27octobre:expositiondeMorlaix,àlasalledel’Hôtel-de-Ville.Beausuccèsauprèsdu public qui circule autour d’une longue table où sont présentés environ 225 espèces.Acette occasion, le Docteur CHENANTAIS adresse quelques-unes de ses aquarelles où «le champignon semble vraiment vivre, et qui sont certainement les plus belles de toutes les icônesmycologiquesexistantes»[MAIREinBSMF1908:XXXVI]. -28octobre:Aprèsavoirprisletrainà6hdumatin,séanceàLanderneau(Finistère)où estconstituélebureaudelasession: -Président:V.DUPAIN -Vice-présidents:J.CHENANTAISetC.MÉNIER -Secrétaires:LEDIEUetR.MAIRE. Il y est voté des remerciements à F. GUÉGUEN «pour l’établissement de son excellent programme». C’estégalementlorsdecetteséancequeJ.-B.SOUCHÉsuggèrequelasessionàParisne setiennequetouslestroisans.Cetteidéeserad’abordrejetéel’annéesuivanteparleConseil de la SMF (dominé par des Parisiens), puis à nouveau débattue à l’initiative de René MAIRE plaidantlacausedelaProvinceetenfinentérinéeaprèsrésultatduréférendumorganiséle2 décembre1909. Al’issuedelaréunionquin’auraduréqu’unedemi-heure,lesparticipantsreprennentle trainetarriventdanslamatinéeàQuimperlé(Finistère),jourdelafoire,etcroisentànouveau une noce. L’après-midi est consacrée à une herborisation en forêt de Toulfouen, au sud de Quimperlé. Ils y trouvent Lepiota georginae, une première découverte pour la France, et de nombreusesautresespèces.IlsdormentlesoiràAuray. -29octobre:pluietorrentielle.VisitedusitemégalithiquedeCarnacetdesonmusée.Ils en profitent pour herboriser sur le site et découvrent une autre espèce nouvelle pour la France, selon René MAIRE, Marasmius epodius. De nouveau, ils assistent devant l’église de Carnac à une noce. Les membres de la session eurent, paraît-il, du mal à s’arracher «à ce spectacle original» [MAIRE, ibidem]. «Nous sommes très agréablement surpris de voir une noce de campagne dansant une ronde rythmée, au son du biniou et de la bombarde. Les toilettessontdetoutebeauté.ACarnac,commeàQuimperlé,commeàSaint-Pol-deLéon,pas uncri;lesassistantscausentàmi-voix»[SOUCHÉ].ArrivéeàNantes(Loire-Atlantique)dansla soiréeoùlesaccueilleCharlesMÉNIER. - 30 octobre: excursion dans les dunes d’Escoublac – La Baule, sous la direction de CHENANTAIS et MÉNIER. PELTEREAU rejoint à cette occasion les congressistes. Les Poitevins sontrepartischezeuxdumatin. - 31 octobre: excursion au Jardin colonial de Nantes, jardin créé à l’initiative de C. MÉNIER,avecvisitedesserresetherborisationdansleparc. - 1er novembre: séance de clôture, à l’occasion de laquelle CHENANTAIS présente de nouvelles aquarelles (qui ont le même succès qu’à Morlaix) et MÉNIER également des aquarellesetdesphotographies. LalistedesespècestrouvéeslorsdecettesessionestàconsulterdansleBulletindela Société Mycologique de France XXIV: XXV-LXI (1908). Avec celles déjà signalées, plusieurs espèces rares ou nouvelles furent découvertes, dont Lepiota menieri, Hebeloma anthracophilum,Agaricusxanthodermavar.lepiotoides. Unesessionquienappelleuneautre Ces journées mycologiques, mal engagées au départ, ont finalement étaient sauvées grâceàladéterminationdesPoitevins,BaptisteSOUCHÉentête.«Puisquetousceuxquinous ont convoqués se dérobent, nous continuerons notre voyage, et nous ferons la Session au nom et pour le compte de la Société régionale de Botanique» s’engageaient-ils lorsqu’ils apprirentlasuspensiondelasessionparlaSociétémycologiquedeFrance.Danslecompterendu publié dans le Bulletin de la SMF (1908), le mycologue nancéenRené MAIRE souligne que«grâceauzèleetàl’activitédeMMLEDIEU,BOUÉetSOUCHÉ,déléguésparM.MANGIN, présidentdelaSociétémycologique,l’organisationdelasessionfutreprise»Bienquecette sessionfutplacéesouslepatronagedelaSMF,ellenerassemblaquedouzedesesmembres (*).Maisellesuscital’envie,auprèsdequelques-unsdesesparticipantsrégionaux,d’organiser denouvellesjournéesmycologiquesdansl’Ouest.Etc’estainsiquefurentprogramméescelles quisedéroulèrenten1908. (*)MM.BARBIER(pharmacienàMorlaix),BOUÉ(Paris),CHENANTAIS(Nantes),DUPAIN (Pharmacien à la Mothe-Saint-Heray), GEFFROY (de Kerhuon, pharmacien de la marine en retraite), LEDIEU (Amiens), MAIRE (Nancy), MÉNIER (Nantes), PELTEREAU (Vendôme), PHILIPPE (de Morlaix, receveur des finances), SACHÉ (pharmacien à Melle), SOUCHÉ (Pamproux). Bibliographie -DUPAINV.,SACHÉ,SOUCHÉB.-1908-SessionmycologiqueenBretagne.Bulletindela Société régionale de Botanique (anciennement Bulletin de la Société Botanique des DeuxSèvres)1907:321-352. - MAIRE R. -1908- Rapport sur les excursions et expositions organisées par la Société MycologiquedeFrance,enOctobre1907(SessiongénéraledeBretagne).Bull.Soc.Mycol.Fr. XXIV:XXV-LVI. 1908 Lapremièresessionmycologiquedel’Ouest LesuccèscroissantdesexpositionsmycologiquesorganiséesparlaSociétéBretonnede Botanique nous avait engagés, dès 1907, à étendre notre programme habituel, limité tout d’abordauxchampignonsdel’Ille-et-Vilaine. Notre Société et la Société Mayenne-Sciences, d’un commun accord, avaient invité la «Société mycologique de France», qui tenait sa session annuelle à Morlaix, à s’arrêter à RennespourexploreravecnouslaricheforêtdePort-Brillet(Mayenne),situéeauxconfinsdes départementsdelaMayenneetdel’Ille-et-Vilaine. Par suite des pluies persistantes, la Société mycologique de France dut, au dernier moment, remettre son voyage à Morlaix; sa session normale de 1907 n’eut pas lieu de la façonprévueauprogramme.Seuls,quelquesmembresintrépides,MM.Souché,présidentde laSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,DupainetPeltereauvinrentquandmêmeàRenneset sansselaisserarrêterparlemauvaistemps,résolurentd’explorerlaBretagne,quandmême, et,autantquepossibleensuivantleprogrammeprimitivementétabli.Lasciencemycologique bretonnenepeutqu’êtrereconnaissanteàcesvaillants;laSociétébretonnedeBotaniquefut heureuse de leur adresser le témoignage de son admiration et de prendre part à quelquesunesdeleursexcursions. L’herborisation projetée de Port-Brillet se fit donc malgré la déception causée par l’absence de nos distingués confrères parisiens dont nous nous proposions de mettre les lumières à une large et précieuse contribution. Cette herborisation fut charmante, non seulementparcequ’ellepermitàbeaucoupdenossociétairesRennaisetLavalloisdemieuxse connaître et s’apprécier, mais aussi parce que la pluie fit trêve et permit de faire une abondanterécoltedechampignonscomestibles,indifférentsouvénéneux. Unedoubleexpositiondecesespèceseutlieusimultanément:1°àLaval,parlessoinsde Mayenne-Sciences qui en a publié le compte rendu dans son Bulletin; 2° à Rennes, dans le localhabituel,àlaFacultédesSciences.MM.Souché,DupainetPeltereaunousaidèrenttrès aimablement dans le classement et la détermination des espèces, travail long et minutieux pourlequelleursconnaissancesspécialesfurentdesplusutiles. Frappé des résultats heureux de cette collaboration au point de vue de la science mycologiquegénéralecommedelavulgarisationetdel’intérêtquenostravauxavaientéveillé cheznosconcitoyens,M.Souché,quiestunhabileorganisateur,eutl’intuitiondesservices quepourraientrendredanslarégiondel’Ouestdesemblablesexpositionsannuelles,oùles Sociétésscientifiquesgrouperaientleurseffortsenvuedemieuxfaireconnaîtrenosrichesses et les moyens de les utiliser. De notre conversation d’alors naquit le projet d’organiser à Rennes ce groupement, qui permettrait de faire chaque année des excursions et des expositionsaumomentleplusfavorableàlarécoltedeschampignons. Malgré toutes difficultés inhérentes aux organisations de ce genre et que rencontrent fatalementceuxquicherchentàfaireœuvrenouvelle,celle-cidevaitaboutir.Toutefoiscefut seulement au mois de septembre 1908 que la conversation fut reprise entre M. Souché et nous,etque,d’uncommunaccord,nousdécidâmesd’agir. M. Ch. Oberthür, président de la Société des Amis de l’Université, de la Chambre de Commerce et de la Société Scientifique et Médicale de l’Ouest, voulut bien accepter la présidence du Comité d’organisation. C’est grâce à son dévouement, à sa bonne grâce, à sa cordialité charmante, que nous avons rencontré partout des encouragements précieux, que nosexcursionsontétésipleinesd’entrainetsisuivies,quelasessionmycologiquedel’Ouest aétéunvéritablesuccèsetapudéfinitivementêtrefondée.Qu’ilveuillebiennouspermettre deluitémoignertoutenotresincèregratitudeetluiassurerquesinousavonsétéheureuxet fiersdelevoirnousaccorderainsisonprécieuxconcours,ilpeutaussicomptersurlenôtre. * * * Organisationdelasession L’organisation de la session n’était pas une mince besogne et, en l’acceptant, M. Ch. Oberthürsavaitqu’ilauraitfortàfairedansuntempstroprestreint.Cefutpourluiuneraison d’allerplusvite;sonactivitéetsaconnaissancedesorganisationsdecegenreluipermirentde réussirlàoùd’autresauraientinfailliblementéchoué. Sursademande,MM.Sagebien,préfetd’Ille-et-Vilaine;Laronze,recteurdel’Académie; Janvier,mairedeRennes,voulurentbienaccepterlaprésidenced’honneurdenotreSession mycologique.Ellenepouvaits’ouvrirsousdemeilleursauspices. IlfitappelàtouslesPrésidentsdesSociétésscientifiquesdelarégionenvuedegrouper tous les efforts et de donner à nos premières assises mycologiques une base d’autant plus solide qu’elle serait plus étendue. L’époque des vacances et la date trop rapprochée de la SessionprojetéenepermirentpasàtouteslesSociétésinvitéesdeprendreuneparteffective ànostravaux,maistoutesnouspromirentleurcollaborationàpartirde1909.D’autresnous apportèrentunconcoursimmédiatprécieux,tantdanslapérioded’organisationquependant la Session même, en prenant une part active à la publicité, à nos excursions et nos travaux. Parmi les personnes qui ont ainsi acquis des droits à notre gratitude, il me faut citer MM. SouchéetBellivier,delaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres;Labbé,DrPéneletetCorfec,de Mayenne-Sciences;GeorgesBouvet,delaSociétéscientifiqued’Angers;Gentil,présidentde la Société des Sciences Naturelles de Cherbourg; Allanic, de la Société d’Horticulture de Brest; Dr Picquenard, à Qimper. Dr Sauvage, à Lorient; Gadeceau, à Nantes; Dr Camus, de Plouigneau(Finistère);Belin,àErquy;Blin,àNantes,etc.,etc. Une mention spéciale est due à la presse en général (1), à la Presse régionale et en particulier à la Presse rennaise qui, sans distinction de parti, nous ont apporté un concours aussibienveillantquedésintéressé. Toutes ces bonnes volontés réunies, jointes aux efforts de membres dévoués de notre Société, parmi lesquels il faut citer MM. le capitaine Ripert, Dr de la Plesse, Houlbert, René Oberthür,CommandantsdeBourayneetGeorget,Perret,Vuillet,DrSavouré,Seyot,Toutain, Dr Ramé, Bonhomme, de Vitré, Delamaison, etc., ont leur part dans le succès de l’œuvre commune;ellespeuventêtrefièresdesrésultatsobtenus. * * * (1)Citons,parmilesjournauxparisiensquiontinséréaimablementnotreprogramme,le Petit Journal, qui a d’ailleurs, comme on sait, contribué à vulgariser en France l’étude des champignonscomestiblesetvénéneux. Programmedelasession Le programme de la Session Mycologique était bien varié et susceptible de plaire à l’hommedescienceetàl’amateur.Nouslereproduisonsiciàtitrededocument: Jeudi 1er octobre 1908. – Séance d’ouverture à neuf heures du matin et réception des Congressistesàlasalledel’HôteldeVille.L’après-midi,excursionàlaForêtdeRennes. Vendredi2octobre.–ExcursionàlaForêtdeHaute-Sève. Samedi3octobre.–ExcursionàlaForêtdePaimpont. Dimanche4octobre.–Ouverturedel’Expositionmycologiqueàneufheuresdumatin,au Palais de la Faculté des Sciences, P.C.N. – A dix heures et demie du matin, conférencepromenadeparM.Souché,présidentdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,surlesespèces deChampignonscomestiblesetvénéneuxfigurantàl’Exposition. Lundi5octobre.–ExcursiondanslaForêtdeConcise,prèsdeLaval,dirigéeparM.Labbé, présidentdelaSociété«Mayenne-Sciences». Mardi6octobre.–ExcursionàBourg-des-ComptesetPléchâtel. Mercredi7octobre.–ExpositiondesrécoltesdechampignonsfaitesàLavaletàBourgdes-Comptes.–Conférence-promenadeàdixheuresdumatinparM.L.Daniel,professeurde BotaniqueappliquéeàlaFacultédesSciences. L’après-midi, à trois heures, conférence par M. le Dr E. Bodin, professeur à l’Ecole de Médecine et de Pharmacie, sur le rôle des champignons en pathologie humaine. A la suite, séancedeclôture. Nous verrons par la suite de ce compte rendu comment: ce programme fut rempli à l’entière satisfaction de tous. Pourtant nous fûmes loin d’être favorisé par les circonstances climatologiquesdumoment. A la suite des pluies répétées des dernières semaines de septembre, succédant à une périodedechaleur,uneabondantepousséedechampignons,parmilesquelsdenombreuses espèces comestibles s’était effectuée dans tous les bois. Dans une visite préliminaire faite avec M. Ch. Oberthür à la forêt de Paimpont, nous avions trouvé une quantité considérable d’espèces et cette végétation prometteuse nous faisait espérer que, pendant notre session nousaurionsàlafoislaquantitéetlaqualité,c’est-à-direcequ’ilfallaitpoursatisfaireàlafois lemycologueetlemycophage. Les espérances les mieux établies ne sont pas toujours réalisées, et les nôtres furent quelques peu déçues. La pluie cessât au début d’octobre et fit place à un temps superbe, charmantpourlespromenadesd’automne,maistropsecpourpermettreauxchampignonsde pousseràl’aise. Les récoltes s’en ressentirent, malgré le zèle de collecteurs infatigables et leur connaissance des lieux. Cependant ils surent faire des cueillettes suffisantes pour satisfaire notre gourmandise aux déjeuners d’excursion et pour assurer le succès de nos deux expositionssuccessives. * * * Séanced’ouverture A l’heure fixée par le programme eut lieu la séance d’ouverture et la réception des Congressistes. CetteséanceétaitprésidéeparM.CharlesOberthür,présidentdelaSessionmycologique deRennes,lequelétaitassistédeMM.Daniel,professeuràlaFacultédesSciences,secrétaire, etVuillet,préparateuràlastationentomologiquedelaFacultédesSciences,trésorier. ParmilescongressistessetrouvaientM.Labbé,deLaval,présidentdeMayenne-Sciences etplusieursmembresdecetteSociété;M.Blin,deNantes,etd’autresdéléguésétrangers; MM.legénéralMarcille,Moreau,doyendelaFacultédesSciences;MM.Dottin,Laurent, adjointsauMaire;LenormandetHoulbert,professeursàl’EcoledeMédecine;Commandant Georget,CommandantdeBourayne;CapitaineRipert;Marc,directeurduJardindesPlantes, etc. M.Oberthürsouhaitadanslestermessuivantslabienvenueauxmycologistes. Mesdames,Messieurs, Nousvousremercionsd’avoirbienvouluvousrendreànotreinvitationpourl’ouverture delaSessionmycologiquedel’Ouest. Votreprésenceici,MesdamesetMessieurs,estpournousunprécieuxencouragement. Tout d’abord, nous poursuivons un but scientifique. Il s’agit d’étudier ensemble les diversesespècesdechampignonsquisedéveloppentdansnosbois,deconnaîtreleslocalités, que préfère chaque espèce et de réunir des matériaux, en vue de dresser l’inventaire de touteslesespècesdechampignonsdenotrerégion. Nous avons aussi l’intention de rendre à nos concitoyens un service pratique, en leur apprenantàdistinguerleschampignonscomestiblesdeschampignonsvénéneux. Combiendepromeneurspassentdédaigneux;àcôtéd’espècesexcellentes,parcequ’ils enignorentlemérite. Pourtantlarecherchedeschampignonsdonnelieuàdesexcursionspleinesd’attraits.De plus,larécolted’espècescomestiblesfournitàlatableunmetsnouveau,généralementtrès apprécié. Mesdames et Messieurs, voici maintenant les premiers jours de l’automne avec leur charmesidoux. Puisse le soleil rester notre fidèle compagnon dans toutes les promenades auxquelles nousvousconvions. Nousnoussommesefforcés,mestrèsdévouéscollègues,MM.Lucien,DanieletVuillet, et moi-même, de pourvoir à l’organisation des moyens de transport et des repas pour les différentesexcursionsquifigurentànotreprogramme. Malgré toute notre volonté de vous satisfaire amplement, nous vous réclamons, MesdamesetMessieurs,votreplusbienveillanteindulgence. Pourrendreplusfacilel’exploration,delaforêtdePaimpont,nousenavons,ilyatrois jours,parcouruleslignesoùleschampignonsabondent. Il en est certainement de même à la forêt de Haute-Sève, où nous nous rendrons vendredi,etàlaforêtdeRennes,quiseral’objetdenotrepremièrevisiteaujourd’huimême. APaimpont,nousétionscharmésparlespaysagesvariésquis’offraientànosyeux.Près desForges,lesfutaiesseréfléchissaientdélicieusementdanslemiroirdeseaux,etçàetlà,sur leshauteursd’oùl’ondécouvredevasteshorizons,lesajoncsmarins(Ulexnanus),aumilieu desrocherscouvertsdelichens,mêlaienttrèsagréablementleursfleursd’orauxtigesroses ou violacées des quatre espèces de bruyères (Erica ciliaris, tetralix, cinerea et Calluna vulgaris). Mesdames et Messieurs, les curieux de la nature, dans les champs et dans les bois, ne jouissentpasseulementdesatisfactionsscientifiquesetartistiquestrèshautes.Ilsontencore unautreavantage. Unis par un même sentiment et par la conformité des goûts, ils ne tardent guère à s’appréciermutuellement,às’estimeretàs’affectionnerlesunslesautres. Quelle que soit la spécialité à laquelle on se soit adonné dans les sciences naturelles, l’étudedelaNatureatoujoursleprivilègedefairenaîtrelesamitiésfidèlesdontlecommerce estsiréconfortantetsiprécieux. Laviesetrouveainsiembellieetennoblie.Tousceuxquisesontvouésàl’étudedela Nature y ont trouvé le remède à bien des mécomptes, la compensation de bien des déceptionsetl’apaisementàbiendesdouleurs. Arrachons-nous donc, si vous le voulez bien, pendant quelques heures, aux soucis ordinaires de chaque jour, et, en compagnie des maîtres si savants et si expérimentés que nousconnaissonstous,allonsexplorer,avantquelesprochainsfrimasnejonchentlesolde feuillesmortes,lesforêtsdeRennes,dePaimpontetdeConcise,leslandesrocheusesetles sitesagrestesdeBourg-des-ComptesetdePléchâtel. Entre temps, Mesdames et Messieurs, nous profiterons ensemble des conférences qui serontfaitespournousàlaFacultédesSciencesdimancheparM.Souché,mercrediparMM. DanieletEugèneBodin. Permettez-nousmaintenant,pourrendreplusfacileslesquestionsdetransportsetdes repas de vous demander de vouloir bien nous faire connaître vos intentions, d’abord pour Haute-Sèvevendredi,puispourPaimpontsamedi. M. Lucien Daniel, secrétaire de la Session mycologique, et M. André Vuillet, trésorier, auront l’obligeance de vous fournir tous les renseignements particuliers que vous pourriez désireretderecueillirvosadhésions,commevouslejugerezàpropos. Enterminant,j’accomplisleplusagréableetleplusjustedesdevoirsquiestd’exprimer ennotrenomàtous,laplusvivegratitudeàM.lePréfet,àM.leRecteurdel’Académie,àM. le Maire de Rennes, qui nous a permis de mettre la Session mycologique sous leur haut patronageetquiontbienvouluaccepterd’êtrenosprésidentsd’honneur. Lorsque les applaudissements eurent cessé, M. Daniel, secrétaire de la Session, donna desrenseignementssurlapartiematérielledesexcursions,lesheuresdudépartetduretour. Il fit part des réductions très aimablement consenties aux Congressistes par la Compagnie de l’Ouest et la Compagnie des Tramways à vapeur d’Ille-et-Vilaine. La Société bretonnedeBotaniqueestheureusedesaisircetteoccasionpourremercierMM.Roger,chef de division à la gare de l’Ouest et Guittet, directeur des Tramways, pour leur constante bienveillanceàsonégard. * * * ExcursionàlaForêtdeRennes(Mi-Forêt) L’excursiondeMi-Forêtestl’unedesplusfaciles.Entempsconvenable,elleesttoujours fructueuse,carlesessencesd’arbresysontvariéesainsiquelanaturedusoletl’humidité.Le trajet classique de Mi-Forêt à Fouillard par la ligne des eaux (1) est suivi par le mycologue comme par les professionnels de la cueillette qui viennent vendre leurs récoltes à Rennes. C’est dire qu’on y trouve à la fois en grand nombre les espèces comestibles, les espèces communesetlesespècesraresdontunesuffitàpayerlafatiguedunaturaliste. Les excursionnistes étaient très nombreux. Citons parmi les membres de la Session mycologique, MM. Labbé et Docteur Pénélet, des Mayenne-Sciences; Lefas, député de Fougères;JulesGlatigny,Blin,deNantes,Bost,etc.,etdenombreusesdamesqu’untrajetun peulongn’avaitpaseffrayées. ——————— (1)Onsaitque,lesconduitesamenantl’eaupotableàRennespassentautraversdela forêtdeRennes. Larécoltefut,cettepremièrejournée,oùl’humiditédespluiesprécédentesn’avaitpas encoredisparu,assezabondante,sansêtretoutefoiscequenousaurionspuespérer.Voicila listedesespècesrécoltées: Amanitamuscaria,citrina,mappa,pantherina,rubescens,spissa,vaginata. Lepiotaamiantina. Armillariamellea,mucida. Tricholomacolumbetta,rutilans,saponaceum,aggregatum,sejunctum,acerbum. Mycenagalericulata,pura,galopus. Collybiabutyracea,maculata,grammocephala,dryophila,tuberosa,fusipes,radicata. Laccarialaccataetsesdiversesvariétés. Clitocybeinfundibuliformis. Marasmiusurens,epiphyllus,rotula. Omphaliafibula,umbellifera Cantharelluscibarius. Lactariussubdulcis,pallidus,theiogalus,vellereus,controversus,piperatus,deliciosus,uvidus, blennius. Russulacyanoxantha,fragilis,lepida,virescens,emetica,nigricans,adusta,queletii. Claudopusvariabilis. Entolomanidorosum,lividum. Clitopilusorcella. Pholiotaaurea,radicosa,caperata,mutabilis. Cortinariuscinnamomeus,violaceus,anomalus,alboviolaceus,hæmatochelis,elatior. Gomphidiusroseus. Hebelomacrustuliniforme. Flammulalenta. Strophariaæruginosa. Psalliotaarvensis,sylvatica. Coprinusmicaceus,atramentarius,picaceus,plicatilis,comatus. Hypholomafasciculare,hydrophilum,sublateritium,lacrymabundum. Paxillusinvolutus. Polyporusversicolor,applanatus,betulinus,acanthoïdes. Trametespini. Boletus scaber, et ses variétés, aurantiacus, luteus, duriusculus, Boletus erythropus, edulis, æreus,flavus,luteus,variegatus,calopus,chrysentheron,bovinus. Hydnumrepandum,imbricatum,zonatum. Clavariabyssiseda,cinerea. Thelephoraterrestris. Stereumpurpureum,hirsutum. Phalluscaninusenabondance. Pezizaaurantia,onotica. * * * ExcursionàlaForêtdeHaute-Sève LaforêtdeHaute-Sève,auxsitessivariésetsipittoresques,esttroppeuconnue;elle présentepourlebotanisteunintérêtparticulierencesensqu’ellerenfermeunlambeaude calcaire riche en plantes rares. C’est là qu’en effet se trouvent avec un tapis très étendu d’Isopyrum thalictroïdes, Paris quadrifolia, Helleborus, viridis, Neottia nidus avis, et autresraretés.LeMuguets’yrencontreaussiengrandeabondanceendiverspoints. Les tranchées creusées dans certaines parties de la forêt voisines du hameau de la Tressardièreoffrentenoutreunevégétationdeplantesherbacéespoussantsouslesfutaieset très remarquables par la longueur des entrenœuds et la forme anormale des feuilles qui caractérisentlesplantesvivantdanslalumièreatténuée. Dans ce coin relativement humide s’agite, au moment des beaux jours, un monde bourdonnantd’insectes,quiferaitlebonheurdel’entomologiste,maisquiestunpeuagaçant pourl’amateurdeplantes. L’excursion, du fait du calcaire, est intéressante même pour le mycologue qui peut espérerytrouvercertainesespècescalcicoles.D’unautrecôté,laforêttoucheàl’étangetaux landes d’Ouée, où poussent certaines formes de champignons particulières aux prairies et à noslandestourbeusesdel’Ouest. Pour mieux explorer la forêt, les excursionnistes se partagèrent en deux groupes. Le premier,sousladirectionducapitaineRipert,partitdèslematin,descenditàGosné,visitala lande d’Ouée et la partie voisine de la forêt pour venir retrouver le deuxième groupe à la Tressardière où un excellent déjeuner avait été préparé; le menu ci-contre, où les champignonsrécoltéstinrentunebonneplace,entémoigneéloquemment. Acedéjeuner,lesmembresdelaSessionMycologiquefurentagréablementsurprisde recevoir chacun un menu dessiné d’une façon très artistique par M. le Dr Savouré, chef des travaux à la Faculté des Sciences. C’est lui qui dessina également les menus des autres excursions.Nousleprionsdebienvouloiragréerlesremerciementsdetouspouravoirainsi contribuéausuccèsdenosherborisations. Le retour à Gosné se fit par une soirée splendide, trop belle au gré du mycologue, quelque peu déçu par le petit nombre des espèces récoltées ce jour-là dans une station particulièrement riche. C’est que la forêt de Haute-Sève offre cette particularité de se desséchervitesurtoutsurleshauteurs,cequiempêcheleschampignonsdedurersilapluie cessebrusquement. Voicilesprincipalesespècesrécoltéesdanscettejournée: Amanitamuscaria,rubescens,citrina,mappa,pantherina. Lepiotaprocera,amiantina. Armillariamellea. Tricholomacolumbetta,saponaceum,striatum,russula,acerbum. Collybiabutyracea,fusipes,dryophila. Laccarialaccata. Lactariusdeliciosus,controversus,theiogalus. Russulacyanoxantha,emetica,fragilis. Cantharelluscibarius. Panusstypticus. Entolomanidorosum,sericeum. Clitopilusorcella. Cortinariuselatior,collinitus,anomalus. Hebelomecrustuliniformis. Hypholomafasciculare,lacrymabundum,hydrophilum. Paxillusinvolutus. Inocybegeophila. Polyporusversicolor,schweinitzi. Boletusedulis,scaber,aurantiacus,luteus. Hydnumrepandum. Sparassiscrispa. Clavariacinerea,formosa. Craterelluscornucopioïdes. Phalluscaninus. Pezizaæruginosa. * * * ExcursionàlaforêtdePaimpont La forêt de Paimpont, où vécurent, d’après la légende, la fée Viviane et l’enchanteur Merlin,estbienconnuedecertainsRennais,maisellemériteàtouségardsdel’êtredetous noscompatriotesetdestouristesétrangers. Les étangs, entourés d’arbres de haute futaie, ont grande allure, et la vallée où coule l’Affnemanquecertespasdepittoresque. Toute la région voisine est d’ailleurs fort remarquable et la route que nous avons parcourue avec M. Ch. Oberthür, par Saint-Thurial, Monterfil, Paimpont et les confins du Morbihan,auncachetdegrandeuretdesauvagerieparticuliers.Onestsurprisqu’ellenesoit pasplusconnuedesétrangersquivontsouventfortloinvisiterdessitesquinevalentpasles collinesdeschisterouge,àvégétationsispéciale,deSaint-Thurial,Monterfil,Coëtquidan,et surtout les hauteurs où se dresse le moulin de Rollo. De ce point, on voit, paraît-il, l’Océan quand le temps est clair. Le panorama y est très étendu; même par un temps légèrement couvert. L’ontrouverasûrementdanscetterégion,trèspeuexploréeencore,des raretésdans toutes les branches de la botanique. N’est-ce pas là que se sont localisées Ranunculus nodiflorus,Gladiolusillyricus,Trigonellaornithopioïdes,etc. Il est fort probable que les Cryptogames fourniront aux spécialistes un contingent sérieux d’espèces intéressantes et je ne saurais trop les engager à faire des collines et des valléesdeSaint-Thurial,Monterfiletautreslocalitésvoisinesuneexplorationméthodique et prolongée.Ilsneperdrontnileurtemps,nileurpeines. CequifrappeenarrivantdanslaforêtdePaimpont,c’estlavivacitéetlapuretédel’air qu’onyrespire.C’estunesensationquirappellesousplusd’unpointcellequel’onéprouveen approchant de la mer. Plélan et les environs doivent à cet air pur de voir chaque année les Rennais,parmilesquelsnotresympathiqueconfrèreM.EdouardAubrée,s’installerdansleur régionpourypasseragréablementlesmoisdel’été. L’excursiondePaimpont,dirigéeparM.Ch.Oberthürquiconnaîtadmirablementcette région(1),futsanscontreditlaplusintéressantedetoutes.Al’arrivéedutramway,àPlélan, desvoituresattendaientnotrecaravaneetlaconduisirentàlacantinedesforgesdePaimpont où devait avoir lieu le déjeuner. Dès l’arrivée, les excursionnistes se fractionnèrent en plusieursgroupes.Lesunsexplorèrentlesenvironsdesétangs,lesautrespoussèrentplusloin. ——————— (1)M.Ch.Oberthüraétépendant33ans,mairedeMonterfil. Larécoltefutbonne.Lesespècescomestiblesquieurentleshonneursdelatablefurent lesChanterelles,leCollybiafusipes etlaTrompettedesMorts.Ilfautavouerquesilesdeux premierschampignonseurentunsuccèsméritéprèsdesexcursionnistes,onn’ensauraitdire autantdelaTrompettedesMorts.Cetteespèceestcependantbonne,malgrésonaspectpeu engageant et son nom funèbre; mais elle avait été mal arrangée et l’on sait quel rôle importantjouedanslaqualitéd’unplatdechampignonslafaçondelesapprêter.LeLactaire délicieuxquiméritelargementsonnompréparéàlapolonaise,commenousleserviten1905 M.deKierniowsky(1),estplutôtdésagréableapprêtéd’uneautremanière. Ledéjeunern’enfutpasmoinsplantureuxetlesexcellentsvinsqu’avaitgénéreusement apportésnotrePrésidentfurentappréciésàtoutleurmérite. M.Ch.Oberthür,audessert,dansunecharmantecauserie,nousdittoutleplaisirqu’il éprouvaitàsetrouveraumilieudenousparcettebellejournéed’automne,combienilétait agréableetreposantdefairedel’histoirenaturelleentregenspartageantlesmêmesgoûts.Et il montra tout l’intérêt que présenteraient des excursions étendues, non pas seulement à la botanique,maisàl’entomologieparexemple,cesdeuxsciencespouvantmarcherdepairet serendredemutuelsservices.Ilterminaparuncomplimentméritéauxdamesprésentesqui avaientbienvoulupartagernostravauxetavaientcontribuéausuccèsdenotrepetitefêtede famille. M.DanielfitensuiteressortirquelaSociétébretonnedeBotaniqueétaittoutacquiseà l’idéedegrouperlesbonnesvolontésentomologiquesetbotaniques,maisqu’unseulhomme lui paraissait capable de réaliser ce groupement en lui faisant rendre le maximum d’effets utilesàlasciencerennaise.CethommeétaitM.Ch.Oberthür.Aussiproposa-t-ilauxmembres présentsdebienvouloirl’élirecommeprésidentdelaSociétébretonnedeBotanique,cequi futfaitparacclamation.M.Ch.Oberthürvoulutbienacceptercettefonction,cedonttousnos Sociétairesluisaurontgréetseféliciteront. Il n’est si bonne société qui ne se quitte, dit le proverbe. Nous nous arrachâmes aux délicesdelatablepourrecommencernospérégrinationsdanslaforêt.Etnosrécoltesfurent encorebonnes,étantdonnéeslesconditionsclimatologiquesdéfavorables;ellesauraientété meilleuresencoresinousn’avionspasétélimitésparletemps. Envoicilaliste: Amanitamuscaria,pantherina,rubescens,citrina,mappa,vaginata,junquillea. Lepiotapudica,amiantina. Armillariamellea,mucida. Tricholomarutilans,sulfureum,chrysentheron,columbetta,striatum,sejunctum,saponaceum, terreum,acerbum,aggregatum. Collybia erythropus, dryophila, butyracea, grammocephala, conigena, fusipes, radicata, tuberosa. Laccarialaccataetsesvariétésproximaetamethystina. Clitocybenebularis,infundibuliformis,viridis. Mycenagalericulata,pura. Hygrophorusvirgineus,psittacinus,obrusseus,coccineus. Cantharelluscibarius,aurantiacus,tubæformis. Lactariuscontroversus,piperatus,pallidus,torminosus,sudulcis,azonites,deliciosus,blennius, uvidus,plumbeus. Russulacyanoxantha,adusta,delica,lepida,emetica,queletii,virescens,nigricans. Marasmiusoreades,rotula,pilosus,ramealis,urens. Panusstypticus. Pluteuscervinus. Entolomasericeum. Clitopilusprunulus. Claudopusvariabilis. Leptoniachalybeum. Ecciliacarneoalba. Pholiotaradicosa,squammosa,aurea,caperata. Cortinarius purpurascens, collinitus, elatior, anomalus, alboviolaceus, hæmatochelis, hinnuleus,sublanatus,cinnamomeus,miltinus. Inocybegeophila,rimosa. Hebelomacrustuliniformis. Tubariafurfuracea. Strophariaæruginosa,coronilla. Hypholomahydrophilum,sublateritium,fasciculare,lacrymabundum. Psilocybesemilanceata. Panaeolusfimiputris,papilionaceus,campanulatus. Coprinusmicaceus. Lenzitesflaccida. Daedaleaquercina,unicolor,biennis. Trametesgibbosa. Polyporusperennis,versicolor,amorphus,adustus,applanatus,rubriporus,nigricans,hispidus, intybaceus. Boletusluteus,edulis,scaberetsesvariétés,luridus,pachypus,bovinus. Hydnumrepandum. Clavariarugosa,cristata,byssiseda,cinerea,acroporphyreo,vermicularis,fusiformis,inequalis. Craterelluscornucopioïdes. Stereumhirsutum,purpureum. Lycoperdongemmatum,excipuliforme. Bovistaplumbea. Xylariahypoxylon. * * * Expositiondudimanche4octobre Grâceaudévouementdesmembresdelasessionetdediverssociétairesparmilesquels MM.RenéOberthür,CapitaineRipert,DidierDelaunay,delaPlesse,Seyot,etc.,nouspûmes, ledimanche4octobre,présenteraupublicuneexpositionsuffisanted’espèces. M.Moreau,doyendelaFacultédesSciences,avaitmisaimablementànotredisposition la salle des manipulations du P.C.N., qui, merveilleusement éclairée, est tout indiquée pour uneexpositiondecegenre. Des supports en bois, garnis de pointes, permettaient de placer facilement les divers échantillons d’un même champignon à divers âges et d’en faire ensuite le classement. Ces supports, qui sont faits au laboratoire de Botanique appliquée, sont des plus commodes et nouslesrecommandonsauxmycologuespourleursexpositions.Nousenavonscrééplusieurs types: pour les grosses et les petites espèces; pour les espèces qui poussent verticalement surlesoloulesboisetpourcellesquisontappliquéeshorizontalementsurlestroncscomme certainsPolypores. Des piquets, placés de distance en distance sur les tables de la salle, portent à leur sommet les étiquettes des familles ou des genres, de façon à ce que la classification apparaissedesuiteàl’œilduvisiteur. Les espèces comestibles et les espèces vénéneuses avec lesquelles on peut les confondresontprésentéesennombreuxéchantillons. LetravaildelaclassificationfutfaitparMM.Souché,Bellivier,Houlbert,Seyot,Daniel, et l’exposition put ouvrir à l’heure dite. A dix heures et demie, M. Souché, président de la SociétébotaniquedesDeux-Sèvres,pritlaparoleetdansunepromenade-causerie,ilfit,avec une simplicité charmante, connaître au public nombreux qui se pressait pour l’écouter les principales espèces de champignons comestibles et vénéneux. Il insista sur les dangers que présentelaconsommationdecertainesespècescommelesAmanitesetmitlesmycophages en garde contre les procédés empiriques en usage pour reconnaître les bons et les mauvais champignons:pièced’argent,etc. DevifsapplaudissementssaluèrentlafindelaconférencedeM.Souché,àlafoissavant etvulgarisateurintéressant,quin’avaitpashésitéàsurmonterlesfatiguesd’unlongvoyageet d’herborisationsrépétéespourfaireplaisiràsesauditeursetvulgariserpoureuxdesnotions arides.Illefitd’ailleursavecuntalentauquelnoussommesheureuxderendrehommage. Ajoutons que les étiquettes avaient été écrites par M. le Dr Savouré, chef des travaux pratiques de Zoologie, dont la belle écriture fut aussi appréciée que ses talents d’artiste à proposdesmenuscomposésspécialementpournosherborisations. Ilfautsignalerencoreuneinnovationintéressante: LeLyonRépublicain nousavaitadressédebeauxtableauxencouleurreprésentantles principalesespècesdechampignonscomestiblesetvénéneux. M. Malbrand, libraire à Rennes, exposait aussi des traités et des atlas qui eurent beaucoupdesuccèsprèsdesvisiteurs. Un nombreux public se pressa pendant toute la journée du dimanche devant les espèces exposées et commenta les déterminations en prenant des notes ou en demandant desrenseignementsàceuxdessociétairesquisetenaientàceteffetenpermanencedansla salle. On pouvait une fois de plus faire la remarque que la science mycologique n’intéresse pas seulement, comme on pourrait le croire, le public rennais fortuné ou instruit. Très nombreuxsontlesouvriersdenotrevillequiprofitentdeleurreposhebdomadairepouraller àlacampagnecueillirunenourrituresaine,agréableetpaschère,toutenprenantlegrandair quileurestsinécessaireaprèsunesemainedelabeuràl’atelier.Etnousavonsétéheureuxde constater;danscetteexpositioncommeànosexpositionsdesannéesprécédentes,quedes travailleursdetoutesprofessionssepressaientautourdesespècescomestiblesetvénéneuses etétaientlespremiersàposerdesquestionsauProfesseurouauxSociétairessurtelleoutelle espèce comestible qu’ils n’auraient pas osé jusqu’ici récolter. Le laboratoire de botanique appliquée est ouvert à tous ceux qui ont besoin d’une vérification ou d’une détermination gratuites; ils sont certains d’y trouver bon accueil; beaucoup le savent et en ont pris le cheminchaqueannéeaumomentdelasaisonpropiceàlacueillettedesespècescomestibles. * * * ExcursiondeLaval Le lundi 5 octobre eut lieu l’excursion de Laval. Les excursionnistes de Rennes et des Deux-Sèvres furent reçus à la gare par le président et une délégation de «MayenneSciences». IlseurentleplaisirdetrouveràlagareMM.l’abbéHy,professeuràl’Institutcatholique d’Angers,etBouvet,conservateurdel’herbierLlyod,deuxferventsbotanistesdontlestravaux surlafloreangevinesontbienconnus. IlsserendirentdirectementauMuséumd’Histoirenaturelleoùilsfurentcordialement accueillisparletrèsaimableConservateurduMusée,M.Œhlert,membrecorrespondantde l’Institut, revenu de voyage exprès pour cette occasion. Ils purent admirer les belles collections zoologiques et paléontologiques et consulter en même temps la collection de champignons en terre cuite qui figure au milieu des richesses que M. Œhlert a ramassées pourlaplupart(1). A 11 heures, eut lieu le déjeuner à l’hôtel du Dauphin, où les menus du Dr Savouré eurentunlégitimesuccès. Audessert,destoastsfurentportés: 1° Par M. Labbé, président de Mayenne-Sciences, qui très aimablement souhaita la bienvenue aux membres des diverses Sociétés présentes et émit le vœu de voir se fonder bientôt une Fédération des Sociétés de province dans le but de favoriser des réunions régionales. 2° Par M. Houlbert, qui excusa MM. Oberthür et Daniel, retenus à Rennes par l’organisationdel’expositionfinale. 3°ParM.Souché,présidentdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,quiexcusaMM. Maire,Peltereau,etc.,retenusàl’étrangerpardestravauximportants. ——————— (1)C’estàM.Œhlert,undenossavantsfrançaislesplusdistingués,quel’ondoit,entreautres travaux, les connaissances géologiques actuelles sur le département de la Mayenne qu’il a exploréentoussens. A midi et demi eut lieu le départ pour Pont-Alain (forêt de Concise) dans de grands breaksd’excursion.Parmilesmembresde«Mayenne-Sciences»,citonsM.Labbé,président etMadame;M.Masseron,vice-président;M.Méchin,secrétaire,avecunedizained’élèves de1resciencesduLycée;DrL.Angot;DretMmePénelet;M.Lacoulonche;desinstituteurs auxquelsM.LeBalle,letrèsaimableinspecteurd’académiedelaMayenne,avaitdonnécongé pour la circonstance, etc. En tout, il y avait une soixantaine de personnes, joli chiffre qui montre la vitalité de «Mayenne-Sciences» et l’intérêt que les Lavallois portent aujourd’hui auxchampignons. Au Pont-Alain les excursionnistes étaient attendus par M. le Comte de Montferré, propriétairedesbois,quimitàleurdispositiondesgardesetdesplansdelaforêtdeConcise. Ils se dispersèrent en trois groupes qui explorèrent méthodiquement celle-ci. Et à quatre heures, les trois groupes étaient réunis à un carrefour où M. de Montferré, entouré de sa familleetdequelquesamisleuroffritlechampagne. Le président et les membres de la session mycologique, très touchés de la délicate attentiondeM.leComtedeMontferré,luiadressentleursmeilleursremerciements. LeretouràLavalsefitenvoitureetlesmembresrennaisdelasessionpurentprendrele trainde5heuresavecuneabondantemoissond’espècesdontvoicilaliste: Amanitamuscaria,citrina,rubescens. Lepiotaprocera,amiantina. Armillariamellea. Tricholomarutilans,album,striatum,saponaceum,cartilaginum. Collybiafusipes,dryophila,butyracea. Laccarialaccataetamethystina. Clitocybeinfundibuliformis. Hygrophoruscoccineus,niveus. Cantharelluscibarius,aurantiacus. Lactariuscontroversus,piperatus,torminosus,rufus,theiogalus,uvidus,plumbeus. Russulaadusta,lepida,emetica,queletii,foetens,virescens,cyanoxantha. Marasmiusurens,rotula. Clitopilusprunulus. Octojugavariabilis. Cortinariuselatior,hæmatochelis,miltinus. Hebelomacrustuliniforme. Paxillusinvolutus. Hypholomafasciculare,sublateritium. Panaeoluspapilionaceus. Coprinusmicaceus. Lenzitesflaccida. Polyporusacanthoïdes,versicolor. Boletusflavus,luteus,edulis,scaber,æreus. Hydnumrepandum,fragile,floriforme. Phallusimpudicus. Cyathushirsutus. Pezizaonotica. Ajoutons que M. Corfec et divers membres lavallois de «Mayenne-Sciences», avaient de leur côté, dans le bois de Gresse, près de la Chapelle-Anthenaise, cueilli pour notre expositiondeRenneslesespècessuivantes,quifurentunappointprécieuxànosrécoltes: Lepiotaamiantina. Armillariamellea. Tricholomasulfureum,album,terreum. Collybiadryophila,butyracea,radicata. Clitocybeinfundibuliforrmis,gymnopodia. Mycenapura. Hygrophorusconicus,psittacinus. Cantharellusaurantiacus,cibarius,carbonarius. Lactariuscontroversus,torminosus,rufus,theiogalus,uvidus. Russulaemetica,rosea,queletii,cyanoxantha. Marasmiusrotula. Clitopilusprunulus. Octojogavariabilis. Cortinariuselatior,miltinus. Hebelomacrustuliniformis,longicandus. Paxillusinvolutus. Psalliotaarvensis. Strophariaæruginosa. Hypholomafasciculare,sublateritium. Lenzitesflaccida. Daedaleaunicolor. Polyporussquamosus,versicolor,lucidus,acanthoïdes. Boletusscaber,erythropus,chrysenteron. Hydnumrepandum,fragile,floriforme,velutinum. Stereumhirsutum,cristulatum. Craterelluscornucopioïdes. ExcursionàBourg-les-ComptesetPléchâtel Chaqueannée,nousavonsl’habituded’herboriserdeuxfoisàBourg-des-Comptesetà Pléchâtel,auprintempsetàl’automne,etnousnerevenonsjamaislesmainsvides. C’estquelesbordsdelaVilaineetlescollinesquibordentcetterivièresontrichesen plantesrares,ainsiqu’onenpeutjugerparlescomptesrendusdenosherborisationsde1906 et1907. Sinossociétairessontfamiliarisésaveccesrégionsetlesrevoienttoujoursavecplaisir, cefutunevéritabledécouvertepourlesbotanistesétrangersquiignoraientcettepetiteSuisse situéeauxportesdeRennes. Hélas! notre excursion du matin ne fut pas fructueuse. Les collines et les prairies bordant la Vilaine près de la gare de Bourg-des-Comptes ne nous fournirent aucun champignoncomestibleenquantitéconvenable.Pourlapremièrefois,lemenududéjeuner ne contint pas de champignons! Il n’en fut pas moins apprécié des congressistes dont la promenadeavaitaiguisél’appétit. L’après-midi, les mycologues explorèrent les bois de la Molière. Un petit nombre d’espècescommunesyfurentrecueillies;aucunen’estdigned’êtrenotéeici. Mais cette déception mycologique fut largement compensée par le plaisir qu’éprouvèrent nos Congressistes en apercevant le magnifique panorama qui se déroula à leursyeuxdusommetdelaMolièreetdeshauteursdePléchâtel.Lepaysageétaitrenduplus beau encore par les teintes d’automne qu’avaient revêtues les bois environnants. Et les botanistesétrangersnenouscachèrentpasleuradmirationpourcessitesremarquablesnon seulementparleursbeautésnaturelles,maisencoreparlescréationsdel’homme.Lesjardins delaMolièreetdelaFiolaissont,eneffet,dusàLeNôtre;c’estdirel’intérêtqu’ilspeuvent présenter. Un soleil radieux brilla pendant toute la soirée; chacun revint à la gare avec nos modestescueillettes,enchantédesajournée. * * * Expositiondumercredi7octobre Une deuxième et dernière exposition des espèces récoltées à la forêt de Concise et à Bourg-des-ComptesprécédaitlaclôturedelaSessionmycologiquedel’Ouest. Les récoltes, sans être abondantes, étaient cependant meilleures qu’on eût pu le supposeraprèshuitjoursdesécheresse.Descollecteurszélés,MmeRouault,MM.Houlbert,de laPlesse,DidierDelaunay,Bossard,etc.,nousavaientenoutreapportédesespècesplusou moins rares comme Clathrus cancellatus en superbes exemplaires, Psalliota sylvatica, Boletuscalopus,Clavariapistillaris,Cyathusvernicosus,etc. Maiscequinouspermitdecompléternosvides,cefurentlesenvoisdeMM.Dupain, pharmacienàlaMotte-Saint-Héray,etBarbier,delaFacultédesSciencesdeDijon,àquinous adressonsnosmeilleursremerciements. M.Dupainnousavaitexpédiéles55espècessuivantes: Amanitaspissa. Tricholomaalbum,equestre,ustale,columbetta,acerbum. Collybiasemitalis,grammocephala. Clitocybeviridis. Hygrophorussubradiatus. Omphaliaumbellifera. Cantharellussinuosus. Lactariusazonites,mitissimus,quietus,pallidus,vietus,zonarius. Russula adusta, violacea, amœna, graminicolor, fellea, fragilis, fallax, depallens, sardonia, vesca,pectinata,lepidavar.alba. Marasmiuscandidus,gelidus. Pholiotaradicosa. Cortinariusimpennis,variicolor,glaucopus,hinnuleus,fulmineus,cinnamomeus. Inocybeasterospora,geophilaetsavar.lilacina. Paxillusinvolutus. Boletusaurantiacus,var.pâlevenantsouslepeupliertremble,castaneus. Hydnumimbricatum. Clavariapistillaris,acroporphyrea. Phallusimpudicus. Lycoperdonexcipuliforme,gemmatum,piriforme. M.Barbieravaitexpédiéles20espècessuivantes: Tricholomasaponaceum,pessundatum. Amanitacitrina. Armillariamellea. Clitocybesuaveolens,gymnopodia. Lactariusinsulsus,violaceus,azonites. Pleurotuseryngii. Pholiotaradicosa,mutabilis. Cortinariuscalochrous,porphyropus,cucullatus. Paxillusinvolutus. Polyporusapplanatus. Pezizaaurantia,etc. A cette deuxième exposition figurait comme à la première, la splendide collection de ChampignonspathogènesprésentéeparleDr E.Bodin,lespécialisterennaisbienconnudes maladies de la peau. Des photographies figuraient les mycoses les plus caractéristiques recueilliesdanssonserviceàl’Hôtel-DieudeRennes. Cette collection, vraiment remarquable, fut le clou de nos deux expositions. M. le Dr Bodinavaitbienvouluenoutrecommenterlesdocumentsqu’ilprésentaitainsiaupublic,etil lefitdansunebrillanteimprovisation,oùilsutallierlaclarté,lefondsetlaforme,montrant ainsiques’ilestunmaîtredansl’artdeguérir,ill’estégalementdansl’artdifficiledelaparole. Ilabienvoulucedontnousnesaurionstropleremercier,rédigersaconférence,cequi nouspermetdelareproduirein-extenso.Elleintéresseraànouveauceuxquil’ontentendue etapplaudie; ceux qui n’ont pu y assister pourront juger de l’originalité des aperçus qu’elle contientetdeshorizonsnouveauxqu’elleévoquepourlechercheur. * * * Aperçusurl’étatactueldelaMycologieparasitairemédicale LasessionmycologiqueorganiséeàRennesetdueàl’heureuseinitiativedelaSociété bretonne de Botanique m’a permis de présenter au public des échantillons des principaux parasitescryptogamiquesdel’hommeavecdesphotographiesdeslésionsqu’ilsdéterminent. J’en suis doublement satisfait, car nulle occasion ne pouvait être meilleure pour faire connaîtrecommeelleleméritelamycologieparasitairemédicaleetaussipourrapprocherles unsdesautresdesmédecinsetdesmycologuesdeprofession. A l’heure actuelle l’étude des champignons parasites est devenue une branche importantedessciencesmédicales,soulevantdesproblèmesdélicatsetnombreuxqu’ilserait téméraired’abordersansconnaissancesspécialesetvoilàpourquoijevoudraisl’unionlaplus étroiteentrelamycologiepureetlaparasitologiemédicale.Pourenmontrerl’utilité,jecois qu’il suffira d’un aperçu rapide sur l’évolution de la mycologie parasitaire et sur son état actuel;jechercheraiàlaprésentericiaussisuccinctementetaussiclairementquepossible. * * * D’abord il n’est pas sans intérêt de rappeler que parmi les parasites végétaux de l’homme, ce sont les champignons qui ont été découverts les premiers, et c’est ainsi qu’en médecinelamycologieestlapremièreendate,devançantetprécédantlabactériologiedont le magnifique essor a fortement retenu l’attention du monde savant, mais qui ne doit cependantpasfaireoubliersasœurainée. Néedanslapremièremoitiédusiècledernier,enterrefrançaise,àParismême,celle-ci débutait par la découverte de champignons dans deux teignes humaines, le favus et la trichophytie,parGrubyquidémontraitégalementl’existenced’uncryptogamemicroscopique dansuneautreaffectioncommunechezl’enfant,lemuguet.Maissinoussavonsaujourd’hui quel hommage il convient de rendre à ce savant affirmant le premier le rôle spécifique de végétaux microscopiques dans la genèse d’affections de l’homme, combien ce début était modesteetcommeildevaitparaîtred’ordresecondaireàtousceuxquinesaventpass’élever au-dessusdufaitparticulierpourendégagerlanotiongénéraleetplusélevéequ’ilcomporte. Quoiqu’ilensoit,lesdécouvertesdeGrubyde1839à1844,lesrecherchesdeCharles Robin sur le champignon du muguet quelques années plus tard semblaient alors de simples curiositésscientifiques,etcelas’expliqueaisémentquandonsongeauxmoyensrudimentaires et imparfaits que ces hommes éminents possédaient alors. Munis de microscopes suffisants pourvoirleparasitedansseslésions,illeurmanquaitlatechniquepermettantdel’isoler,de le cultiver artificiellement et de faire par l’inoculation expérimentale la preuve définitive de sonactionpathogène.Cettetechnique,lemerveilleuxgéniedePasteurnousladonnait15ans plustard,dotantlasciencedel’outilfécondauquelnousdevonstantderichesses. IlestduresteassezremarquabledenoterquelapremièremaladieétudiéeparPasteur futprécisémentunemaladieàchampignons:lamuscardineduveràsoie. Avecl’èrepastoriennelamycologieparasitaireentredansunephasenouvelle:l’undes premiers Duclaux eut l’idée d’appliquer à la culture des champignons parasitaires les méthodes de son illustre maître et, avec Mégnin il cultiva le champignon d’une teigne de la poule. C’estlepointdedépartd’unesériederecherchesquisesontmultipliéesentouspays dans les dernières années du XIXe siècle et qui ont fait de la mycologie parasitaire l’une des brancheslesplusintéressantesdelamédecine. Français, Anglais, Allemands, Italiens, Américains rivalisent alors, publiant d’incessants et importants travaux dont la liste complète formerait à elle seule presque un ouvrage. Citerai-jeicidesnoms?Jenel’osedanslacraintequemamémoirenesoitinfidèle,puisne serait-cepasfaireunebibliographietoutàfaithorsdepropos,car,encettevued’ensemble quejeveuxvousprésenter,c’estl’édificequiimporteetnonpaslesouvriersquil’élevèrent. Or, tel qu’il est, cet édifice de la mycologie parasitaire humaine offre déjà de solides fondementsetdesligneshardiesnettementtracées.Onpouvaitlepenserd’ailleurs,puisque c’estàlaméthodeexpérimentaleetàlatechniquepastoriennequenousendevonslesassises fondamentales. * * * Un premier fait nous y frappera immédiatement, le nombre des affections humaines causées par des champignons. Avec Gruby on avait reconnu la nature cryptogamique des teignes faveuses et trichophytique, quelques années après, en 1856, Eichstedt décrivait le champignon parasite d’une autre maladie cutanée, le Pityriasis versicolor, et un peu plus tardBurchardttrouvaitaussiuncryptogamemicroscopiquedansleslésionsd’unedermatose plusfréquentequel’onnepense,l’érythrasma. A ces diverses dermatomycoses il faut joindre les teignes exotiques, les caratés de Colombie, le tokelau, dont les parasites ont été étudiés par P. Manson, Tribondeau, Jeanselme,MontoyayFlorez.Onyajouteraencorelapiedra,caractériséepardesnodosités surlespoils,etdontBeigel,Behrend,Unna,Vuilleminontmontréslanaturecryptogamique. Mais il ne s’agit jusqu’ici que d’affections de la peau et ce n’est pas seulement au tégumentexternedel’hommeques’attaquentleschampignons.Voicieneffetl’actinomycose qui atteint la peau et les tissus sous jacents et qui peut envahir les viscères. Les belles recherchesdeBollingeretHarzdeIsraël,deBostrom,dePoncet,nousenontfaitconnaîtrele parasite, l’Oospora bovis, rangé par Sauvageau et Radais dans un groupe spécial de Mucédinées. Trèsvoisindecechampignon,l’Oospora maduraeétudiéparVincent,détermineune affectionquel’onobserveencertainesdenoscolonies,lepieddeMadura. Voilà maintenant d’autres champignons, l’Aspergillus fumigatus, le Rhizo-mucor parasiticus qui s’attaquent aux viscères les plus importants, aux poumons, et qui occasionnentencesorganesdeslésionstuberculiformesressemblantdetrèsprèsàcellesque créentlesBacillesdeKoch.Onnotealorschezlesmaladesdessymptômessimulantàtelpoint latuberculoseordinairequelesclinicienslesplusexpérimentéspeuvents’ytromperetquele diagnosticresteraitensuspenssil’onn’avaitdesméthodesderecherchecapablesdedéceler leparasitedanslescrachats.Cesontdespseudo-tuberculosesquenousontfaitconnaîtreles travauxdeLichthem,deChantemesse,deVidal,deRénon,deLucetetCostantin. Etcen’estpastout,carilestencore,etenplusdumuguetsifréquentdel’enfance,des anginesavecexsudatsblanchâtres,pseudo-membraneux,presquediphtéroïdes,quisontdus à des levures. Il est même des néoplasmes, des tumeurs, dans lesquelles on a également trouvédeslevures,ainsiqu’entémoignentlesobservationsdeCurtis. Dernièrement enfin De Beurmann et Gougerot ont décrit une nouvelle mycose, la sporotrichose,paraissantassezfréquenteetdontleslésionsontétéprisesjusqu’icipourdes manifestations gommeuses de tuberculose ou de syphilis. Evidemment, je n’ai pas la prétention d’indiquer en cette rapide énumération tous les cas et toutes les lésions qui relèventduparasitismecryptogamique,jem’entiensauxfaitsprincipaux,auxaffectionsbien définies. Ils suffisent pour montrer le rôle important des champignons dans la pathologie humaineoùnousvoyonscesvégétauxs’attaquerauxtissusprofondsetauxviscèrescomme aux couches cutanées superficielles et déterminer des maladies aussi variées que les affectionsbactériennes. * * * Déjà entendue puisqu’elle comporte de nombreuses espèces nosologiques, la mycologie parasitaire se complique dès que l’on aborde l’étude des parasites avec la techniquepastoriennedesculturespures. Au début, en effet, on avait pensé que chaque mycose était due à une espèce cryptogamique invariable et bien déterminée, cela tenait à l’imperfection des méthodes de recherche qui ne permettaient alors pas autre chose que l’examen du parasite dans les lésions. Avec l’isolement des champignons en cultures pures l’étude morphologique et biologiquedesparasitesestdevenuepossibleetunvastechamps’estouvertauxtravailleurs. Larécoltedesfaitsintéressantss’yestmontréerapidementfructueuse. Dès les premières recherches, un fait capital est apparu, la pluralité des espèces parasitairesdanschaquemycose,etpourcertainesdecesaffectionslacorrespondancetrès nettedel’espèceparasitaireàlaformecliniquedelamaladie.Prenonsparexemplelateigne trichophytique: elle revêt divers aspects cliniques et à chacune des principales variétés objectives de trichophytie chez l’homme correspond une espèce particulière de Trichophyton,chacundecesparasitesdéterminantsurlapeauhumainedeslésionsquisont différentes les unes des autres au point de vue clinique. Ainsi la trichophytie vulgaire de l’enfant,sifréquentedansnosécolessetraduitpardeplacardssecsetsquameuxauniveau desquels les cheveux sont cassés au ras de la peau, reconnaît ordinairement comme agent causalleTrichophyton crateriforme,tandisquelestrichophytiesdelabarberevêtantchez l’hommel’alluredelésionsvégétantesetsuppuréessontduesàdesespècesparasitairestrès différentes,leplussouventauTrychophytongypseum. J’ai pris cet exemple à dessein, car c’est pour les trichophyties que ces faits ont été démontrés pour la première fois, d’ailleurs la démonstration de cette pluralité parasitaire pour chaque mycose n’a pas été admise d’emblée et sans discussion. Comme tout fait nouveau,elleaeusespartisansetsesadversaires,etcen’estqu’aprèsuncertaintempsque la réalité de ces faits est passée dans le domaine classique. Beaucoup ont travaillé à cette œuvreparmilesquelsilfautciteraupremierrangdeuxnoms,celuideUnnadeHambourgqui futl’undeschercheursdelapremièreheureetceluideSabouraudquiest,certainement,le savantayantaujourd’huipousséleplusloinl’étudedesparasitesdesdermatoses. Et bien, pour d’autres affections, pour le favus, pour les teignes exotiques, pour les sporotrichoses,lapluralitédesespècesparasitairesestaussiàl’heureactuelleunfaitacquis etl’onpeutdirequechacunedecesmaladiescomprendunevéritablefloredechampignons variésdontnousconnaissonsdéjàuncertainnombre.Ilestprobablequedenouvellesétudes nousenferontdécouvrirencored’autres,différentesdecellesquisontdécritesaujourd’hui. * * * Intéressantenlui-même,puisqu’ilnousmontrequeleschosessontpluscomplexesque nouslepensions,lefaitdelapluralitédesespècesparasitairesaconduitnaturellementaune autrenotion. Sil’oncherche,enétudiantlesdiversesespècescryptogamiquesisolésdeplusieurscas d’une mycose, les caractères et l’origine de ces espèces, on s’aperçoit que les unes sont proprement humaines et qu’elles ne se rencontrent que chez l’homme, comme certains champignonsdesteignestrichophytiques,leTrichophytoncraterium,parexemple,auquelje faisaisallusionprécédemment.D’autres,aucontraire,nesetrouventchezl’hommequed’une manière accidentelle et leurs hôtes habituels sont des animaux. D’où une distinction importante, fort bien mise en relief par Sabouraud dès ses premières recherches sur les tichophyties, et qu’il convient d’établir entre les parasites d’un même groupe; les uns sont des espèces humaines, les autres sont des espèces animales. Cela donne l’explication de certains cas en apparence très obscurs que l’on ne savait autrefois comment interpréter. Combien de fois par exemple ne trouve-t-on pas de malades porteurs de lésions teigneuses sans qu’il soit possible de relever de contagion par une autre personne malade? Fréquemment ces cas se produisent dans un milieu où les habitudes de propreté sont de règles et dans lequel une affection cutanée de cette nature paraît au premier abord impossible.Maisquel’onpoursuivel’enquêteavecsoin,etl’onverraqu’ilyaeucontactavec desanimauxporteursdelésionscutanées:chiens,chats,oiseau,cheval,etc…Quelquefoisles chosessontassezcompliquées;ainsij’ailesouvenird’unefilletteatteintedeteignefaveuse etpourlaquellel’enquêteétiologiqueétaitrestéetotalementnégative:or,jetrouvaidansla maison, grâce à un domestique, des souris faviques, et j’eus, par la culture comparée des parasitesextraitsdeslésionsdelamaladeetdecellesdessouris,lapreuvedel’identitédeces parasitesetparsuitedel’originemuridiennedecetteteignehumaine. Ceciestàcoupsûrintéressantetc’estaussitrèsimportantaupointdevuepratique,car déterminerainsil’originedesparasites,n’est-cepastracerlaprophylaxiedesmaladiesqu’ils occasionnent. Dans ce sens l’étude des espèces cryptogamiques parasitaires a conduit encore à une autre notion plus complexe, celle de l’origine saprophytique des mycoses en certaines circonstances. Qu’est-ce que cette origine saprophytique? Ordinairement le parasite d’une maladie provient d’un cas antérieur de cette affection, soit humain, soit animal: le parasite change d’hôte dans la même espèce, ou passe d’une espèce à l’autre et ses conditions générales d’existence restent en somme les mêmes, il ne cesse pas d’être parasite. Dans le cas de l’originesaprophytique,ilenvatoutautrement,etcen’estplusd’uncasantérieurhumainou animalqueprovientlechampignon;ilvientalorsdelanatureoùilsetrouvesurdesmatières inertesousurdesvégétauxvivantsensaprophyte.C’estàlasuitedecirconstancesfortuites quecechampignonsaprophytesetrouveamenéàvivredansunorganismevivant,humainou animaletqu’ilpassealorsdelaviesaprophytiqueàlavieparasitaire.Pourquelquesmycoses cette origine saprophytique est aujourd’hui bien établie en certains cas. Le champignon de l’actinomycose, l’Oospora bovis, vit ordinairement sur des céréales et c’est de là qu’il s’inoculeàl’hommeouàl’animaletc’estpourcelaquecetteaffectionestsifréquentechezle bœuf au niveau des mâchoires et se rencontre surtout chez les personnes vivant à la campagneetquiontcoutumedemettrefréquemmentdescéréalesoudesherbesdansleur bouche.Mêmesfaitspourl’aspergillosedueauxpoussièresprovenantdesdiversesgrainessur lesquellesvégètehabituellementl’Aspergillus fumigatus.J’ajouteraiqueSabouraudetmoi nous avons montré également la possibilité de cette origine saprophytique pour certaines teignesanimales. On saisit immédiatement l’importance de ces faits qui complètent l’histoire des mycoseshumainesetanimalesetdontl’intérêtdépasseleslimitesdecegroupedemaladies etoffreuneportéeplusgranded’ordregénéral. Nous touchons ici, en effet, à l’une des questions les plus passionnantes des sciences médicales, celle de l’origine des maladies en général, et c’est ainsi que l’étude de quelques espècescryptogamiquesparasitaireconduitnaturellementauxsujetsphilosophiqueslesplus élevés. * * * D’ailleurs, ce n’est pas la seule question de cet ordre à laquelle nous amènent ces recherches.Pourpeuquel’onpoursuive,onenvoitsurgiruneautreforttroublante:celledu polymorphisme des champignons, qui pose le problème de la réalité des espèces dans ce mondedeschampignonsinférieurs. Lescryptogamesparasitesdel’hommenenoussontconnusactuellementquesousleur formeimparfaitedeMucédinées,cesontdesfungiimperfectiquenousclassonsd’aprèsleur morphologie et d’après l’aspect de leurs cultures sur les milieux artificiels: pour chaque espèce et pour un milieu déterminé, cet aspect est constant et permet à un observateur exercé de faire la diagnose à la simple inspection de la culture. Ainsi le Trichophyton crateriformedelatondantedel’enfant,donnesurlagélosepeptoniséeà1%etmaltoséeà3 %,uneculturejaunepoudreusedontlapartiecentraleestdépriméeenformedegodet,d’où lenomdecratériformequeSabouraudluiajustementassigné.D’autrepart,leTrichophyton gypseum isolé d’une teigne suppurée de la barbe, cultivé sur le même milieu peptonisé et maltosé,donnerauneculturetrèsdifférenteavecunepetitehouppededuvetcentralettout autour une zone blanche, plâtreuse, portant de fins et élégants rayons périphériques. Et toujourssurlagélosepeptoniséeetmaltoséecesdeuxespècesaurontcetaspectquipermet de les distinguer aisément. Mais il arrive que, dans certaines conditions, on voit au bout de quelques temps naître en un point quelconque de ces cultures des formes nouvelles qui ressemblent à un fin duvet de couleur blanche. On dit alors que les cultures se pléomorphisentet,sil’onreprenddélicatementuneparcelledecesduvetsblancsnéssurles cultures plâtreuses des Trichophyton et qu’on en fasse un ensemencement sur un milieu approprié, on obtient une nouvelle culture uniformément blanche, duveteuse, absolument comparableàunecouched’ouateétendueàlasurfacedumilieuetquidiffèretotalementde lapremièreculturedontelleestissue.Danscertainesconditionsilestaiséd’obtenirainsides formes duveteuses avec les cultures ordinaires des Trichophyton, mais une fois la forme duveteuse isolée, il est impossible, du moins par les moyens que nous possédons actuellement,dereveniràlaformepremièredontdérivelacultureduveteuse. Telestleschémadupolymorphismedeschampignonsdesteignes.Cesontlàdesfaits bien connus en mycologie où l’on sait qu’une même espèce peut revêtir plusieurs formes différentes; je n’en citerai pour exemples que les recherches de Boulanger sur le Sporotrichum vellereum, et celle de Matruchot sur l’Helicosporium lumbricoides et l’Œdocephalumroseum. Maisilsetrouveque,pourdiversesespècesdechampignonsdesteignesbiendistinctes surunmêmemilieuartificiel,lesformesnouvellesduveteusesquedonnentceschampignons offrentunaspectetunemorphologietellementsemblablesquel’onconfondraitsûrementces formes les unes avec les autres si l’on n’avait la notion de leur origine, et cela pose un problèmedélicat. S’agit-il ici vraiment d’espèces différentes pouvant être communes, ou du moins très analogues pour plusieurs espèces? Ou bien les champignons que nous isolons des diverses teignes humaines ne sont-il que des formes dérivant d’une souche commune et qui se sont différenciéesparsuitedesconditionsdiversesdanslesquellesellesontvécu,commetendrait àlefairesupposerlepléomorphismedeplusieursespècesvoisinesaboutissantàdesformes plussimples,paraissantidentiques? Remarquonsqueceproblèmen’estqu’uncasparticulierdeceluiquiseposepourun certain nombre de Mucédinées et dont la solution, fort éloignée encore, fait entrevoir une simplification très grande de tout ce groupe. Et cela n’est-il pas une conséquence de la faiblessedenotreespritquinepeutd’embléesaisirl’organisationgénéraledeschosesetqui doitcommencerparuntravaild’analyseavantdepasserauxsynthèses? Il est vrai que cette question si intéressante est pour le moment d’ordre scientifique pur; aussi n’insisterai-je pas plus longuement et reviendrai-je à une partie plus médicale du sujet. * * * Nous venons de voir les champignons parasites dans leurs cultures artificielles, nous avons appris, grâce à ces cultures, à en distinguer les espèces et à en connaître la biologie; voyons-les maintenant aux prises avec leurs hôtes dans l’organisme vivant, et demandonsnouscommentilsaltèrentcetorganisme;cherchonsenunmotlemécanismedesmycoses. En divers cas, par exemple dans les teignes tondantes de l’enfant dans le Pityriasis versicolor, dans l’érythrasma, la genèse de la maladie paraît bien être uniquement mécanique: le champignon végétant dans les poils ou dans les couches épidermiques superficielles y produit des éléments qui infiltrent les cellules de l’organisme et les traumatisent en les dissociant plus ou moins. Il s’en suit que les poils envahis deviennent fragilesetsebrisent,quelacouchesuperficielledelapeautombeensquamesplusoumoins abondantes.Celan’ariendecompliquéetilnes’agitensommequededésordreslocauxdus àunmécanismetrèssimple.Iln’enestdéjàplusdemêmeavecd’autresteignes,notamment aveccellesquidéterminentlasuppurationdufolliculepileuxetl’inflammationprofondedes couches avoisinantes. Il n’en est plus de même surtout avec les mycoses viscérales, avec l’actinomycoseetaveclespseudo-tuberculoses. On trouve bien dans ces mycoses des désordres locaux dus au développement du champignon,maisilyaautrechoseencoreetleparasitesembleagiralorsenunezoneplus étendue que celle où il se développe, comme en font foi les lésions inflammatoires périphériques. Ici les réactions de l’organisme sont parfois très vives; elles peuvent être brutales et aboutir à la mortification des éléments cellulaires, donnant de véritables abcès: ellespeuventaussiseproduiresurunmodedifférentetprendrel’alluredutubercule,caril est certain qu’entre le tubercule dû au bacille de Koch et les tubercules d’actinomycose et d’aspergillose,iln’yapasdedifférencesessentiellesdumoinsaupointdevueanatomique. Par là les mycoses se rapprochent des maladies à bactéries dont elles paraissaient au premier abord s’éloigner eu regard à leur mécanisme et comme les maladies bactériennes nous les voyons revêtir en certains cas le type des réactions suppurées ou tuberculiformes. L’analogieaveclesaffectionsbactériennesnes’arrêted’ailleurspaslà.Onsaitcombiensont importantslesproduitstoxiquesélaborésparlesbactériesetquelrôlecespoisonsoutoxines jouentdanslagenèsedemaladiesbactériennes.Jerappelleraiseulementàcesujet,quedans la diphtérie, dans le tétanos, dans le choléra, les bacilles restent localisés dans les fausses membranes, les plaies, ou l’intestin, sans envahir l’organisme et que ce sont les toxines sécrétées par ces bacilles qui passent dans les humeurs, occasionnent les symptômes générauxdecesmaladiesetdéterminentunevéritableintoxicationdel’organisme. Or,jusqu’àcedernièresannées,onpensaitqu’iln’yavaitpasinterventiondeproduits toxiques dans les maladies mycosiques et cela paraissait établir une différence nettement tranchée entre les affections bactériennes et les mycoses. Voici que les recherches récentes sontvenuesdémontrerqueleschampignonsparasitesélaborenteuxaussidespoisonsactifs commelestoxinesbactériennes,complexescommeelles,dontlerôleestencoremalconnu maisdontlaréaliténesauraitfaireaucundouteàl’heureactuelle. C’est ainsi que Roger et Concetti ont découvert dans les cultures de champignon du muguetdespoisonsquiprennentprobablementpartàlagenèsedecertainsaccidentsetqui peuvent conduire à la vaccination chez l’animal du moins. Dernièrement, Céni et Besta en Italie,Gauthieretmoiici,nousavonstrouvédanslesculturesdel’Aspergillusfumigatus,un poison dont l’action convulsivante est extrêmement violente chez le lapin et chez divers animaux. Quel est exactement ce poison, à quelle famille de composés chimiques appartient-il, quel est son rôle dans la pseudo-tuberculose aspergillaire et que pourra-t-on retirer de son étude? Autant de ques-tions auxquelles il est impossible de répondre pour le moment, mais cela importe peu; le fait de la production de substances toxiques par certains champignonsparasitesestdémontré. Dansunordredefaitstrèsvoisin,nedoit-onpassignalerenfinlarécentedécouvertede WidaletAbramiquiontmontrélapropriétéagglutinantedusérumdesmaladesatteintsde sporotrichose pour les émulsions de spores de Sporotrichum et qui ont pu utiliser cette propriété d’une manière très élégante pour le diagnostic de la maladie. On fait ainsi le sérodiagnostic de la sporotrichose exactement comme on pratique la diagnose de la fièvre typhoïdeenagglutinantlebacilled’Elberthparlesérumdumaladetyphique.N’est-cepaslà une analogie de plus entre les maladies bactériennes et les affections à champignons, montrantquedanslesunescommedanslesautres,iln’yapasqueleparasiteàinterveniret qu’ilfautaussitenircomptedesproduitsdélicats,toxiquesounon,qu’ilélabore. Evidemment, toutes ces questions sont encore très obscures et elles apparaissent si complexesqu’ellesneserontprobablementpasrésoluesdesitôt.Maisn’est-cepasunpoint important que de les poser nettement et n’est-ce pas un progrès appréciable que d’ouvrir ainsiunevoienouvelleauxrecherchesmycologiques? Quel’onreprennemaintenantdansunevued’ensembledesconquêtesdelamycologie parasitaire et l’on verra qu’elles forment une œuvre vraiment imposante, dont les résultats sontdèsaujourd’huinombreuxetremarquables,tantdansledomainedelasciencepureque dans celui de la pratique médicale. Du reste, l’un et l’autre se relient intimement et c’est toujoursparlaconnaissanceexactedelabiologiedesparasitesquel’onaboutitauxnotions d’ordre pratique de la prophylaxie et de traitement. La mycologie parasitaire ne fait pas exceptionàcetterègle. Ce serait sortir du cadre de cet exposé que de m’étendre longuement sur un pareil sujet,maisjedoisrappelerquenousdevonsàcesrecherchesdemycologie,dontj’aidonné tout à l’heure un rapide aperçu, de savoir d’où viennent et comment se propagent les mycoses et par suite d’en établir une prophylaxie rationnelle et efficace. Nous leur devons encoredesméthodesdetraitementbaséessurlespropriétésdesparasites,leurmanièrede secomportervis-à-visdesagentschimiquesetsurlemécanismedesmycoses,parexemple,le traitementdel’actinomycoseetsurtoutdelasporotrichoseparl’ioduredepotassium,quiagit d’unemanièresirapideetsipuissantesurleslésionsdecesmycosesetsuffitordinairement pourenassurerlaguérison. Ilfautajouterlamerveilleuseméthodedetraitementdesteignesdel’enfance,autrefois silonguesetsidifficilesàguériretquel’onfaitactuellementdisparaîtreenquelquessemaines sansdouleuretd’unefaçonquasimathématique,grâceàlaradiothérapiesimagistralement appliquéeetréglementéeenFranceparSabouraud. Voilà des résultats qui se passent de commentaires et qui montrent combien sont importantes les études de mycologie parasitaire et combien ces études peuvent être fécondes.Ellessontardues,ilestvrai,etparfoisd’unecomplexitéextrême,maiscenesont paslà,jepense,desraisonscapablesdefairereculerlestravailleurs.Qu’ilss’unissent,etse prêtentunmutuelappui!Quelesmycologuesetlesmédecinss’aidentlesunslesautres;ce quiestdéjàacquisestunsûrgarantdecequelesrecherchesfuturespeuventleurdonner. * * * Nousnousreprocherionsdeterminercecompterendudéjàlongsansparlerdesbelles photographiesencouleurquenotreaimableethabileconfrèreM.Lenormand,professeurà l’EcoledeMédecine,abienvoulufairedesprincipalesespècesdechampignonsfigurantaux deuxexpositions. Ces photographies sont destinées à former le fond d’une collection en vue de l’Enseignement,pourlescoursdebotaniqueappliquée.Ceseraenoutreunesorted’Herbier delaFloremycologiquedel’Ouest,lepremierdecegenre.Onvoitdesuitelesservicesqu’il pourra rendre à l’amateur et à celui qui rédigera plus tard la flore mycologique de l’Ouest comme à ceux qui voudront, par des conférences avec projections, vulgariser la mycologie pratique. M.Lenormandaparfaitementréussicespremièresphotographies,etnoustenonsàlui exprimer sincèrement notre gratitude au nom de la Société bretonne de Botanique et du Laboratoire de Botanique appliquée. Dans quelques années, cette collection complétée sera suffisantepourrépondreàtouslesbesoins. Voicilalistedesespècesainsiphotographiéesencouleuren1908. Amanitacitrina,typeetsavariétéblanche,pantherina(1) Lepiotaprocera. Armillariamellea. Collybiagrammocephala,maculata,fusipes,radicata. Laccarialaccata,var.proxima. Tricholomacolumbetta,rutilans,saponaceum,colossum. Lactariustheiogalus,uvidus,deliciosus,controversus,piperatus. Russulacyanoxantha,queletii,nigricans,delica,adusta,emetica. Cantharellustubæformis. Marasmiusoreades,urens. NyctalisparasiticasurRussuladelica. Pholiotaaurea. Cortinariushæmatochelis. Gomphidiusglutinosus. Inocybeasterospora. Hypholomasublateritium. Psalliotasylvatica,flavescens. Boletusscaber,typeetsavar.pâlesousleshêtres,aurantiacus,æreus,edulis. Polyporusgiganteus,betulinus,versicolor,lucidus. Fistulinahepatica. Craterelluscornucopioïdes. Phalluscaninus. Clathruscancellatus. Lycoperdonexcipuliforme. Bovistagigantea. Sclerodermaverrucosum. Pezizaonotica. Helvellalacunosa. ——————— (1)LavéritableOronge(Amanitacæsarea)aététrouvéecetteannéedanslaforêtde Rennes, au cours de l’été. Il y en avait trois exemplaires. On sait que ce champignon est particulièrementrareaunorddelaLoire. * * * Clôturedelasessionmycologique Immédiatement après la conférence du Dr Bodin, quand eurent cessé les applaudissementsdupublicchoisiquiyavaitassisté,M.Ch.Oberthürpritunedernièrefoisla parole. Après avoir remercié chaleureusement les conférenciers et toutes les personnes qui avaientcontribuéausuccèsdel’œuvrecommune,ilconstataquecelle-ciétaitnéeviableet quelaSessionmycologiquedel’Ouestpouvaitêtreconsidéréecommedéfinitivementfondée. Revenant sur une idée qui lui est chère, il exprima le désir de voir se faire à Rennes d’autresréunionsanalogues,seplaçantàlafoissurleterrainbotaniqueetentomologique.Et à ce dernier point de vue, il fit ressortir, avec sa haute autorité dans la matière, combien la faune entomologique armoricaine est encore mal connue dans certains départements de la Bretagneetcombienilyadedécouvertesintéressantesàfairedanscettebranchepourceux quivoudraients’endonnerlapeine. M. Ch. Oberthür fut très applaudi, bien qu’il eût oublié de faire ressortir la part si considérable qui lui revenait légitimement dans le succès commun pour en reporter modestementtoutleméritesursescollaborateurs. Les désirs de notre Président ne sauraient manquer de se réaliser. Nous pouvons annoncer à nos lecteurs que, entrant résolument dans la voie qu’il a tracée, la Société bretonnedeBotaniquevaorganiser,pourledimancheetlelundidelaPentecôte1909,une Expositiond’Orchidéesetdeplantesraresindigènesayantunevaleurornementale,bienque négligéesjusqu’iciparleshorticulteursetlesamateurs. M.RenéOberthür,depuislongtempspassémaîtredanslaculturedesOrchidées,abien voulunouspromettresonconcours,cequiestsynonymedesuccès. Nousfaisonsdèsmaintenantappel(1)auxpersonnesquivoudrontbiennousexpédier desplantesvivantes,enmottes,pourcetteexpositionquinesauraitmanquerd’intéresserle public nombreux des amateurs de la belle nature, comme tous ceux qui, à un titre quelconque,s’intéressentàlabotaniqueetàsesapplications. LucienDANIEL. SecrétairedelaSessionmycologiquedel’Ouest. ——————— (1)Lespersonnesquivoudrontbiennousadresserainsidesplantesvivantesenfleurs pourl’expositiondelaPentecôtesontpriéesdes’inscrireleplustôtpossibleauLaboratoire deBotaniqueappliquéeàlaFacultédesSciencesdeRennes. Journéesmycologiquesde1908: quelquesbiographiesdemycologuesparticipants Nousavonsrassembléquelquesbiographiesdemycologuesquiontparticipéréellement auxjournéesou,dumoins,ontœuvréàlabonneorganisationdelasession(voirp.32et33). Tous n’ont pas laissé une trace durable dans l’histoire de la mycologie française, aussi trouverons-nousdesbiographiesd’importancevariable. ALLANICE.: PharmacienàBrest(Finistère),membredelaSociétéd’HorticulturedeBrest. BELLIVIERJules(-1960): Pharmacien à Parthenay (Deux-Sèvres). Membre de la SMF en 1904 et de la Société Botanique des Deux-Sèvres en 1901. A la fois botaniste et mycologue. Il participe régulièrement aux excursions organisées par la Société Botanique des Deux-Sèvres, souvent en compagnie de Baptiste SOUCHÉ et de Victor DUPAIN. Président d’honneur de la session SMFdeParis,en1951.Décèdeàl’âgede85ans. BODINEugène(1868-1931): Eugène BODIN naît à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 18 février 1868. Son père est directeur d’unefabriqued’instrumentsagricoles,laplusimportantedel’OuestdelaFrance.Aprèsdes études de médecine dans sa ville natale se concluant par l’internat à l’Hôtel-Dieu, Eugène BODIN est reçu interne des Hôpitaux de Paris (1891). A l’hôpital Saint-Louis, il étudie sous l’autorité de BESNIER l’anatomie pathologique et la microbiologie des affections dermatologiques.Ilcomplètesaformationcliniquepardescoursdemicrobiologieprofessés par ROUX et DUCLAUX à l’Institut Pasteur. Il coopère alors avec SABOURAUD à l’étude des teignes. En 1896, Eugène BODIN est de retour à Rennes et occupe un poste de professeur suppléantàl’Ecoledemédecineetdepharmacie,chargédel’enseignementdel’hygiène,dela bactériologieetdeladermato-vénérologie.Ilesttitulariséen1900danslachaired’anatomie pathologique.Ilcréeàl’Hôtel-Dieulacliniquededermatologieetsyphiligraphie.Ilassumeen même temps la direction de l’institut de bactériologie, le Service départemental de bactériologieetleBureaud’hygiènedelavilledeRennes. Sespremierstravauxsontdominéspardesétudessurlesmycosesaffectantlesanimaux, dont le cheval, mais également celles parasitant l’Homme. Il s’intéresse par la suite aux maladiesinfectieuses,enparticulierlatyphoïde. Lors de la première session mycologique de l’Ouest (1908), BODIN présente une collectiondephotographiesdemycoses.Illacomplèteparunexposésurl’état,durantcette période,delamycologieparasitairemédicale. Eugène BODIN décède le 29 mai 1931, deux ans après Louise (1877-1929), née BERTHAUT,épouséeendeuxièmenoceen1897(ou1898).Parisienned’origine,LouiseBODIN estunepersonnalitéoriginalepourl’époque.Féministe,pacifisteetécrivain,c’estunefemme engagée politiquement, militant au parti socialiste avant de rejoindre les idées de l’Internationale communiste. Ces contradicteurs la surnommeront «La Bolchévique aux bijoux».LesépouxBODINaurontdeuxfilles.L’une,Marie-LouiseCHEVREL(1901-1971)sera professeur d’anatomie pathologique et présidente de l’association française des femmes médecins.BODINavaitétémembredelaSociétéMycologiquedeFranceàpartirde1900. BOUVETGeorges(1850-1929): Conservateurdel’herbierLLOYDàl’ArboretumGastonAllardd’Angers(Maine-et-Loire), succédanten1903àAlbertGAILLARD.Ilreprendàpartirde1906leprinciped’uneexposition mycologiqueannuelleàAngers. CORBIÈRELouis(1850-1941): FrançoisMatthieuLouisCORBIÈREnaîtle10mai1850,àChampsecret(Orne),villageen borduredelaforêtd’Andaineoùsonpèreestgardeforestier.Douépourlesétudes,lejeune CORBIÈRE est encouragé par son instituteur à poursuivre dans la voie de l’enseignement. Il s’inscritdoncàl’Ecolenormaled’instituteursd’Alençon(Orne).Aucoursdesonpassagedans cette ville, il fait la connaissance d’éminents naturalistes (Michel-Jacques LETELLIER, Casimir GILLET, Henri BEAUDOUIN) et participe aux herborisations. Diplômé à 19 ans, en étant premier de sa promotion, CORBIÈRE est nommé à Argentan (Orne) en 1869, après un court séjour au collège de la ville voisine de Séez. En relation avec MORIERE, professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de Caen, CORBIÈRE se fait remarquer par ses connaissances. Le professeur l’amène à passer une licence en sciences naturelles (il avait auparavant passé une licence ès Lettres). En 1882, CORBIÈRE est nommé professeur de Sciences naturelles au Collège municipal de Cherbourg (Manche) (devenu plus tard Lycée), établissementauquelilresteattachéjusqu’àsaretraite,éveillantauxdisciplinesnaturalistes plusieurs générations d’élèves. Certains parmi eux lui doivent l’accomplissement d’une carrière professionnelle dans une discipline naturaliste. Tel est le cas d’Auguste CHEVALIER, éminentbotaniste,avecquiilentretientdesrapportssuivis,ouduzoologisteFélixMESNIL. Louis CORBIÈRE, très tôt, adhère à plusieurs sociétés savantes. Membre de la Société LinnéennedeNormandiedepuis1878–ilenseralePrésidenten1916-ilestaussimembre trèsactifdelarenomméesociétélocale,laSociétédesSciencesNaturellesetMathématiques deCherbourg,dontildevientleSecrétaireperpétuelen1903aprèsenavoirétéSecrétaireen 1895; il est ensuite nommé Directeur perpétuel en 1920. CORBIÈRE occupe également les fonctionsdeDirecteurduMuséemunicipald’Histoirenaturelleetd’Ethnographie.Cherbourg luidoitlaréfectiondesserrestropicalesduParcLiais. Louis CORBIÈRE se fait d’abord remarqué par ses connaissances phanérogamiques. Ses nombreuses herborisations et les fructueux contacts qu’il entretient avec les botanistes normandsaboutissentàlapublicationd’uneremarquablesynthèse,saluéecommemodèlede floresrégionales[HEIM]:laNouvelleFloredeNormandie(1893),laquelleserasuiviededeux suppléments. Pour l’ensemble de son œuvre phanérogamique, il reçoit le prix NOURY en 1932.L’éclectismedeCORBIÈREs’exprimepard’autrestravauxdegrandevaleurscientifique et traitant de diverses disciplines naturalistes. Le fruit de ses recherches bryologiques est exposédanslesMuscinéesdudépartementdelaManche(1889).Pourceremarquabletravail, l’AcadémiedesSciencesluidécerneleprixTHOREen1893. LouisCORBIÈREabordelamycologieforttardivement–à67ans–maisilfaitpreuved’un réel enthousiasme pour cette discipline jusqu’alors un peu négligée dans son département. Lestravauxmycologiquesoccupent,pendantles20dernièresannéesdesavie,l’essentielde ses loisirs naturalistes. Sillonnant les alentours de Cherbourg, les dunes de Vauville et de Biville, quelquefois accompagné du bryologue POTIER de la VARDE, de DEGUERNE, du commandant GUINIER qu’il a amené à la mycologie, ou de MALENCON et HEIM, CORBIERE consigne scrupuleusement ses récoltes. Il est aussi en relation avec d’autres spécialistes, comme les abbés BRESADOLA et GRELET. Il réunit ses notes sur les Basidiomycètes en un catalogue qui est publié dans les Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Mathématiques de Cherbourg (1924-29). 1217 espèces sont décrites ou discutées. La deuxièmepartieducatalogue,consacréeauxAscomycètes,estdiffuséeàtitreposthumepar lessoinsdeRogerHEIMen1951.CORBIÈREpubliepeud’articlesmycologiquesendehorsdes Mémoires de la Société cherbourgeoise. On lui doit cependant un «Catalogue des MyxomycètesdelaManche»pourlesTravauxcryptogamiquesdédiésàLouisMangin(1931) etunarticlesurunrareBolet,leBoletussphaerocephalus,parudansleBulletindelaSociété MycologiquedeFrance,sociétédontilfaitpartiedepuis1919. ChevalierdelaLégiond’Honneuren1923,honorépardenombreuxprix,LouisCORBIÈRE décèdeàCherbourgle3janvier1941,laissantlesouvenird’unhommesimple,àl’espritvifet d’unegrandecourtoisie.IlavaiteuladouleurdeperdresonfilsaînélorsdelaGrandeGuerre, àCharleroi. CORFECPierre(1870-1947) PierreCORFECnaîten1870.Ilexercelemétierdepréparateurdanslapharmacied’Emile LABBÉàLaval(Mayenne).Verslacinquantaine,ilchanged’orientationprofessionnellepourse dirigerversl’horticulture.CORFECsepassionnetrèstôtpourlaMycologie.Ilpubliedès1903 uneNomenclaturedeschampignonsrécoltésauxenvironsdeLaval,fruitdesesherborisations durant les années 1899 à 1902. En 1905, il adhère à la Société Mycologique de France (il y publieradeuxarticles).Avecsonpatron-égalementpassionnéparleschampignons-etdont ilestl’amietlecomplice,ilfondeen1906lasociétéMayenne-Sciences.EmileLABBÉenestle premier président. CORFEC écrit de nombreux articles pour le bulletin de la société, sur les espèces rares ou nouvelles pour le département, mais surtout, en l’espace d’une quarante d’années, il y publie une Flore mycologique de la Mayenne, avec le soutien de nombreux naturalistes [cf BMS 1940-41: 96]. En dehors des champignons, il s’intéresse également aux LichensetauxCloportidesterrestres. PierreCORFECdisparaîtàLavalle18mai1947.En1946,ildirigeaitencoreuneexcursion mycologiquedeMayenne-Sciences. DANIELLucien(1856-1940): LucienDANIELnaîtle1ernovembre1856àlafermedesesparents,aulieu-ditLaDorée, communedeLandivy(Mayenne).Romain,sonpère,exercesurl’avenirprofessionneldeson filsunegrandeinfluence.Illuiinculquelesbasesdel’agricultureetluitransmetsonsensinné del’observation.Aprèslaguerrede1870,LucienDANIELprendpartdurantcinqannéesàtous lestravauxd’agriculturequ’exigel’exploitationdudomainefamilial.Attiréparl’enseignement, il rentre à l’Ecole normale de Laval, où il reçoit ses premières notions d’horticulture et d’arboriculture. Diplômé, il enseigne d’abord comme professeur de Sciences naturelles au CollègedeChâteau-Gontieràpartirde1881,avantd’êtrenomméenoctobre1895auLycée de Rennes. Entre temps il avait passé une thèse sous la direction de Gaston BONNIER, La StructureetlaPhysiologiedesBractéesdel’involucredesComposées(1890).En1901,DANIEL estappeléàlaFacultédesSciencespourenseignerlaBotaniqueappliquée(*).En1905,ilcrée laSociétébretonnedeBotanique,àlaquelleilassocieunbulletinl’annéesuivante,laRevue bretonnedeBotaniquepureetappliquée.Correspondantdel’Institut,ilterminesacarrièreà la Faculté des Sciences de Rennes comme professeur honoraire de Botanique appliquée. A l’occasiondeson80eanniversaire,l’UniversitédeRennesl’honoreenluirendantunhommage regroupant 35 mémoires originaux écrits par ses collègues, anciens élèves ou amis. Les MélangesdédiésauProfesseurL.DANIELsontpubliésen1936. LucienDANIELdécèdele26décembre1940.Ilavaiteuunfilsunique,Jean,Docteurès Sciencesnaturellesàtitreposthume,tuéenChampagnele24septembre1915etauquelétait réservé un brillant avenir. Il avait publié, dans la Revue bretonne de Botanique pure et appliquée,quelquesarticlessurleschampignonsdanslesenvironsd’Erquy(Côtes-d’Armor). L’œuvrescientifiquedeLucienDANIELnecomptepasmoinsde350publications,surdes sujets très variés, cependant dominés par la botanique, et l’horticulture en particulier. Il dresse des listes de végétaux rencontrés lors d’herborisations dans la Mayenne, puis dans l’Ille-et-Vilaine lorsqu’il est nommé dans ce département. DANIEL se passionne pour la pomologie dès 1890 en créant un verger où il entame ses premières expérimentations, notammentsurlesgreffes,maisaussisespremiersessaissurlescidres(dontquelques-unsse feront en collaboration avec le botaniste-mycologue Léon DUFOUR). Mais ce sont ses nombreuses recherches sur le greffage qui lui valent une grande notoriété. Certains voient alors en lui le «Fondateur de l’Horticulture scientifique» [POPESCO in Mélanges …]. Le résumédesestravauxestpubliéenquatrevolumesdansuneœuvreconsidérable,Etudessur la greffe (1927-1930). La plupart de ses résultats font autorité, même si certains font à l’époque débat comme celui concernant la transmission de caractères génétiques après greffage (**). «Toute sa vie, L. DANIEL ne cessa d’affirmer l’action du milieu sur la forme spécifique,l’héréditédescaractèresacquisetlapossibilitéd’unefusionasexuelledescellules, comparableàlafusionsexuelleobtenueparhybridation»[DAVYdeVIRVILLE]. L’attirancedeLucienDANIELpourlaMycologieestprécoce.AvantdequitterlaMayenne oùilvécutpendantenvironquaranteannées,ilpublieen1892(Bull.Soc.Et.Sc.Angers1891) une importante liste de Basidiomycètes de ce département, augmentant de plus de 300 espècesl’inventaireétabliparsesprédécesseurs(DESPORTES,DUCLAUX,CRIÉ,HOULBERT).Il yajouteunecentained’espècesdansquatresupplémentsparusentre1892et1896(inBull. Soc.Sc.etméd.Ouest).Ilsignaleégalementdanssespublicationslalocalitédeprèsde150 Ascomycètes et Champignons inférieurs. Lorsqu’il s’installe en Bretagne, DANIEL continue à pratiquerlaMycologie,enorganisantdessortiesetdesexpositionsàlaFacultédesSciences. QuelquesarticlessontpubliéssurdesdécouvertesautourdeRennesoudanslesenvironsde Erquy où il dispose d’une résidence secondaire. En 1907, lors de la session plus ou moins avortédelaSociétéMycologiquedeFranceàRennes,LucienDANIELfaitlaconnaissancedu petit groupe de Poitevins dont font partie Victor DUPAIN et Bernard SOUCHÉ. Ensemble, ils projettent une rencontre mycologique d’envergure l’année suivante. Celle-ci, la première sessionmycologiquedel’Ouest,alieuenoctobre1908etsedéroulesurdeuxdépartements: l’Ille-et-VilaineetlaMayenne.Sousl’impulsiondeDANIEL,secrétairedelasession,etgrâceà la participation de mycologues régionaux éminents, cette manifestation rencontre un grand succès.Sil’œuvremycologiquedeLucienDANIELestsurtoutinventorialeettaxinomique,elle est également marquée par ses recherches sur l’hybridation des végétaux. Il suppose ainsi qu’il existe des «formes de passages», comme par exemple entre Amanita rubescens et Amanitapantherina. DUPAINVictor(1857-1940): Victor DUPAIN naît le 15 septembre 1857 à la Mothe-Saint-Héray, village des DeuxSèvres.Ilpassed’abordsapetitescolaritédanssonvillagenatal,avantd’intégrerlecollègede RomRiom???.Sesrésultatsscolairesl’autorisentàsuivredesétudesdepharmacieàPoitiers, puisàParis.Diplôméle27septembre1884,ilrevients’installeràlaMothe-Saint-Hérayoùil demeurerajusqu’àsadisparition. Le pharmacien, surtout à cette époque, est très sollicité pour des avis touchant les sciencesnaturelles.Iln’estalorspasétonnantderencontrerdenombreuxreprésentantsde cette profession dans les sociétés naturalistes. Victor DUPAIN est un brillant exemple d’investissement.Sansdoutesensibilisédèssonplusjeuneâgeparl’environnementforestier de son village, comme ont pu l’être d’autres naturalistes contemporains locaux (SAUZÉ, O. RICHARD, de LOYNES), il est attiré par la botanique. Aussi le trouve-t-on tout naturellement parmi les membres fondateurs de la Société Botanique des Deux-Sèvres en 1888, société créée sous l’impulsion de Baptiste SOUCHÉ. Très vite, ses qualités d’animateur sont reconnues.DUPAINestdeplusenplusattiréparl’étudedeschampignons.En1893,iladhère à la Société Mycologique de France. L’année suivante, il publie son premier article dans le bulletin de la Société. DUPAIN a la chance d’être à proximité du bois du Fouilloux, véritable sanctuaire pour les champignons [il le célèbre dans un poème publié dans le Bull. Soc. Bot. Deux-Sèvres1927].Ilydécouvredenombreusesespèces,dontcertainessontnouvellespour la science, comme Russula seperina. Emile BOUDIER, son interlocuteur privilégié, avec René MAIRE,luidédieplusieurschampignons,dontunmagnifiqueBolet:Boletusdupainii.En1906, DUPAINaleprivilègederécolterdanssonjardinletrèsrareQueletiamirabilis. Ses connaissances, de plus en plus affirmées, sont mises à contribution lors des herborisations organisées par la Société botanique des Deux-Sèvres. Il anime ainsi de nombreuses sorties dans les Deux-Sèvres, mais également dans les départements voisins (Vienne,Charente-Maritime,Vendée,Indre).En1903,DUPAINestl’undesartisansdusuccès de la session de la SMF dans le Poitou. Ses qualités seront d’ailleurs reconnues quelques annéesplustardlorsqu’ilseradésignéàlaprésidencedelasessionSMFenBretagne(1908).A cetteoccasion,ladéfectiondesmycologuesparisiensseraatténuéeparl’investissementdela poignéedemycologuespoitevins,DUPAINetSOUCHÉentête. Lorsque,en1915,laSociétédesDeux-Sèvresperdsonprésident,BaptisteSOUCHÉ,bien peupariesursonavenir.DUPAINserapourtantleprincipalartisandesonrenouveauen1924. Soussaprésidence,lasociétéreprendsapublicationetsesactivités,dontdeplusnombreuses sorties mycologiques, avec bien souvent à leur tête le président. DUPAIN reste très actif jusqu’en1936,puissasantédécline.Ildémissionnedesesresponsabilitésprésidentiellesen 1939,remplacéparRALLET. Le 15 février 1940, Victor DUPAIN s’éteint à son domicile. Cet homme, «exempt d’ambition»,poèteàsesheures,bonbotaniste,auramarquédesonpassagel’histoiredela Société botanique des Deux-Sèvres, devenue sous sa présidence la Société Botanique du Centre-Ouest. Chacun garde de lui l’image d’un brillant mycologue, mais trop modeste pour laisserunevolumineusetraceécrite,refletdesesconnaissances. GADECEAUEmile(1845-1928): Plusconnucommebotaniste.DiscipledeJamesLLOYD. HOULBERTConstant(1857-1947): ConstantHOULBERTnaîtàVoutré(Mayenne),le19juillet1857.Sesétudesleconduisent à une licence ès sciences naturelles, puis à un doctorat ès sciences. D’abord professeur au Collège d’Evron (Mayenne), il est plus tard professeur d’Histoire naturelle à l’Ecole de Médecine et de pharmacie de Rennes, directeur de la Station entomologique près de la faculté des Sciences de Rennes. Conservateur du Musée d’Histoire naturelle de Rennes à partirde1931.CollègueetamideLucienDANIEL.D’abordbotaniste,ildeviendraavanttout entomologiste,spécialistedesColéoptèresetdesLépidoptères. IldécèdeàRennesle22décembre1947. HYFélix-Charles(1853-1918): Félix-CharlesHYnaîtle12mai1853àMouliherne,arrondissementdeBaugé(Maine-etLoire),d’unpèreinstituteur.HYétudieauCollègelibredeCombrée(Maine-et-Loire)oùilest initiéauxdisciplinesnaturalistesparl’abbéRAVAIN,unexcellentbotaniste.Aprèsunelicence passée à Rennes, Mgr FREPPEL, l’évêque d’Angers (et plus tard député), le sollicite pour occuper en 1877 la chaire de Botanique à la Faculté libre des Sciences de l’Université Catholiqued’Angersqu’ilvientdecréer.Toutestàorganiser(enseignement,jardinbotanique, etc).L’abbéHYvas’atteleràlatâcheavecenthousiasme.Passionnéparl’enseignement(ses étudiants le surnomment affectueusement «Erythrocephalus atropurpureus»), il occupe la chaire de Botanique pendant quarante ans. A partir de 1907, sa santé est affectée par plusieurs attaques de paralysie, lui occasionnant de lourdes difficultés pour herboriser. Il décèdeen1918. L’œuvrescientifiquedel’abbéHYestdense.Alafoishommedeterrainetdelaboratoire, sesvastesconnaissancess’exercentdansdenombreuxdomaines.Silabotaniqueoccupeune placeimportante,avecunecontributionnotableàl’inventairephanérogamiquedel’Anjouet destravauxsurlesCharacéesdontilprécisel’organisationetleurplacedanslaclassification, lacryptogamiead’abordlesfaveursdel’abbéHY.Trèstôt,ilsepassionnepourlesMousses. En1884,ilpasseunethèsededoctoratàlaFacultédesSciencesdeParis,aveccommesujet Recherches sur l’archégone et sur le développement du fruit des Muscinées. Puis l’abbé HY étudie le lichens et les algues d’eau douce. La Société Botanique de France, dont il est membre depuis 1882, lui confie plusieurs fois la charge de rédiger les comptes rendus des excursions lichénologiques. Il n’en oublie pas pour autant les champignons. L’abbé HY est d’ailleurs membre de la Société mycologique de France depuis 1887, tout comme il est membredelaSociétéd’EtudesScientifiquesd’Angersoùsesconnaissancessontrecherchées lorsdesexpositionsorganiséesàAngers.Ilconsacreàlamycologieplusieursétudes,avecune attention particulière pour la comestibilité. Son «Indications pratiques sur les champignons comestiblesdel’Anjou»publiéenplusieursarticlesdanslesMémoiresdelaSociéténationale d’Agriculture, Sciences et Arts d’Angers (1889, 1894 et 1895), est un véritable traité de mycologiepratique,avectableauxanalytiquesetsynoptiques.Danslemêmedomaine,onlui doitlaréhabilitationdel’Amanitagemmata[cfBSMF1909]. LABBÉEmile(1873-1927): Emile LABBÉ naît le 4 février 1873 à Laval, de père pharmacien. Après ses études pharmaceutiques à Paris, il passe sa thèse de doctorat en 1904. Dans celle-ci, Du rôle des microorganismes dans les phénomènes de digestion observés chez Drosera rotundifolia, il montre que la digestion des insectes est due à l’action d’un ferment sécrété par les feuilles «mais qui ne peut agir qu’à la faveur du milieu acide créé par la présence constante de microorganismes et, en particulier, de moisissures dans le liquide sécrété» [DAVY de VIRVILLE].Diplômé,LABBÉs’installedanssavillenataleoùsapharmaciedevientalorslelieu derendez-vousdesnaturalistesdelarégion.Sonpréparateur,PierreCORFEC,estd’ailleursle spécialistemayennaisdeschampignons.UntelentouragemotiveEmileLABBÉàcréeren1906 la société Mayenne-Sciences. A la présidence, il y impulse son dynamisme, en organisant de nombreuses excursions, des expositions mycologiques, dont la première en 1908 est un véritablesuccès.Lamêmeannée,ilparticipeàlasessionmycologiquedel’Ouesteninvitant lesparticipantsàexcursionnerdanslaMayenne.Laguerrevientinterromprelesactivitésdela société. Elles reprennent ensuite sous l’impulsion de son président. Emile LABBÉ disparaît début décembre 1927. Il était membre de nombreuses sociétés, tant professionnelles que naturalistes,dontlaSociétéMycologiquedeFrance(depuis1905). Ses publications mycologiques, bien que peu nombreuses, concourent cependant à l’inventairedeschampignonsdeMayenne.Ilestaussil’auteurd’uneintéressanteétudesurla RouilleblancheduChêne(1908). OBERTHÜRCharles(1845-1924): CharlesOBERTHÜRnaîtàRennesle14septembre1845etmeurtdanslamêmevillele1er juin 1924. Lithographe de formation, il succède à son père et prend la direction de l’imprimeriefamiliale(spécialiséedansl’impressiondecalendriersetdebilletsdeloterie).Son nom reste attaché à de nombreuses études sur les insectes, en particulier sur les Lépidoptères.Iln’estl’auteurd’aucunepublicationmycologique. PICQUENARDCharles-Armand(1872-1940): NéàQuimper(Finistère)le14mars1872,CharlesPICQUENARDpassetoutesajeunesse dans le Finistère. Il étudie la médecine à l’Ecole de Rennes, tout en suivant des cours à la Faculté des Sciences. Il termine ses études de médecine à Paris et obtient son diplôme en 1900avecsathèseLavégétationdelaBretagneétudiéedanssesrapportsavecl’atmosphère etaveclesol.Ilrevientalorss’installeràQuimper. L’œuvre scientifique de PICQUENARD montre son éclectisme. Bien qu’il ait abordé la Géologie, la Zoologie, l’Archéologie, la Botanique conserve une part prépondérante. Ses travauxsurlaflorevasculairebretonnesontnombreuxmaissacontributionàlaconnaissance desLichensdeBretagneestencoreplusimportante.PICQUENARDaététrèstôtattiréparla Lichénologie, correspondant avec les plus grands lichénologues de son époque (HARMAND, OLIVIER,HUEetmêmeNYLANDER).Plustard,ilherboriseraavecHenridesABBAYES,unautre spécialiste breton des Lichens. Quant aux autres Cryptogames, il les étudie également, mais dansunemoindremesure,lesChampignonsnereprésentantqu’unefaiblepartdesonactivité naturaliste.PICQUENARDs’éteintle3janvier1940.Illaisselesouvenird’unefigureoriginale, undesderniersreprésentantsdesnaturalistespolyvalents.Ilavaitétéunardentmilitantdela cause bretonne, défendant en particulier sa langue et sa culture. Une autre facette de sa personnalité s’était traduite par son engagement dans le scoutisme. Il fut Commissaire régional des Scouts de France. «Presque toujours il excursionnait en costume scout» [Des ABBAYES]. RIPERT: De Rennes (Ille-et-Vilaine). Capitaine en retraite. Membre de la Société de Botanique pureetappliquéeetdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres. SAVOURÉP.: Chef des travaux pratiques de Zoologie à la faculté des sciences de Rennes [Rev. Bret. Bot.1908].ParticipeàlapremièresessionmycologiquedeBretagne(1908).Sefaitremarquer parsestalentsd’illustrateurpourlaconfectiondesmenusdistribuéslorsdecettesession. SEYOTPierre(1876-1942): PierreSEYOTnaîtàChasné(Ille-et-Vilaine)le3mai1876.IlfaitsesétudesàRennes,en ayantenparticuliercommeprofesseurLucienDANIELpendantenvirondixans,puispoursuit sa formation à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy où il obtient son diplôme de pharmacienen1901.Toutenentreprenantdesétudesdemédecine,ilpasseen1908unthèse pourlegradedeDocteurèsSciencesnaturellesEtudesMorphologiquesetPhysiologiquessur leCerisier.Ilrevientsursaterrenatale,àRennes,d’abordcommeprofesseursuppléantpuis comme titulaire à l’Ecole de médecine et de pharmacie. Après la guerre – il était mobilisé comme médecin auxillaire – il est nommé en 1919 professeur d’Histoire naturelle à l’Ecole supérieuredeNancy.Ilyenseignel’hygiène,labotaniqueetlamycologie.Ilesttitulairedela chairejusqu’àsondécès,en1942. MembredelaSociétéMycologiquedeFranceen1921,SEYOTs’investitbeaucoupdans l’étude des champignons. L’ABC mycologique, son ouvrage d’initiation rencontre un grand succès. Dans ses cours, la mycologie occupe une part importante. Dès 1927, il apporte son soutienauxpremièresexpositionsmycologiquesorganiséesparlaSociétéd’Histoirenaturelle de Moselle. Il figure parmi les principaux organisateurs de la session de la SMF de NancyLunéville-Metz(1933).Ilenestd’ailleursleprésidentdésigné. SOUCHÉBaptiste(1846-1915): BaptisteSOUCHÉnaîtle6septembre1846,àLoubigné,parExoudin,prèsdelaMotheSaint-Héray (Deux-Sèvres). Après des études à l’Ecole normale de Courbevoie, il est nommé instituteur adjoint à Pamproux (Deux-Sèvres), puis titulaire à Loubigné, son village natal, et enfintitulairederetouràPamproux.InitiéàlabotaniqueparMAILLARDetSAUZÉ,sesproches voisins de la Mothe, auteurs de la Flore des Deux-Sèvres, il finit par céder à sa passion et démissionne de l’enseignement en 1879. En 1888, il fonde la Société Botanique des DeuxSèvres, mais n’en prend la présidence qu’en 1895. Sous son impulsion et grâce à son dynamisme, cette jeune société voit ses effectifs passer de 50 membres en 1889 à 366 en 1907,puisàprèsde600justeavantsadisparition.L’influencedelaSociétébotaniquedépasse largement le cadre des Deux-Sèvres. Son président «caresse même un projet de fédération entre les sociétés d’Histoire naturelle de province [BSMF 1908: XVI]. Sous le mandat de SOUCHÉ,lasociétédevientlasociétébotaniquefrançaiselaplusimportanteaprèslaSociété BotaniquedeFrance.Ladiffusiondesonbulletinannuelconcourtlargementàsapopularité. Malgré la charge qu’il s’est imposée au sein de la Société botanique, SOUCHÉ compose une FloreduHaut-Poitou. Bien que la phanérogamie domine l’ensemble de son œuvre, la mycologie n’en est pas pourautantabsente.Venutardàl’étudedeschampignons,ils’investitpleinementdansdes herborisationsetdesexpositions.IlestaucôtédeVictorDUPAINpourl’organisation,en1903 delasessiondelaSMFenPoitou.MembredelaSociétéMycologiquedeFrancedepuis1902, SOUCHÉadresserégulièrementàlaSociétédeschampignonsetcommenceàpublier,àpartir de1901,quelquesarticlesdansl’organedecettesociété.LaSMFreconnaîtsesconnaissances etsurtoutsondynamismeenlenommantvice-présidenten1908. Le 11 octobre 1915, Baptiste SOUCHÉ décède dans sa soixante-dixième année, à son domiciledePamproux.LaSociétéBotaniquedesDeux-Sèvresperdsonprincipalmoteur.Elle nes’enremettraqu’en1924,grâceàsonsuccesseur,VictorDUPAIN.