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 PHRASES DE VIE
Stéphane
Phrases de vie
Poésie
Editions Persée
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© Editions Persée, 2015
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Editions Persée – 38 Parc du Golf – 13 856 Aix-en-Provence
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REMERCIEMENTS
Merci à Florence d’avoir accepté de me donner une de ses œuvres
pour la photo de couverture.
Ma sœur a aussi accepté d’être ma relectrice. Pour mieux connaitre
son travail, elle vous donne rendez-vous sur son site. : http://www.fguillemot.odexpo.com
Merci à Patricia d’avoir accepté la lourde tâche de me relire, et de
corriger mes fautes d’orthographe.
Pour Julia, Noémie et Thomas, mes enfants. Merci de leur sourire et de leur soutien. Merci pour leur talent de se moquer de moi.
Grâce à eux, je sais garder mes rêves de mes 20 ans. Merci de leur
tendresse. Avec tout mon amour.
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I – LA FESSÉE
J
’ai été bon l’école jusqu’à ma première cinquième. Cette annéelà je préfère les copains qui écoutent le Rock. Je découvre le
plaisir d’être ensemble à draguer les filles au « Monoprix » du Mans.
Je n’ai plus le temps, plus d’envies pour les devoirs scolaires.
Cette année-là mon père est souvent absent. Pour aider ma mère
dans l’éducation des enfants, il instaure un code de vie. Des règles qui
codifient les punitions aux infractions commises pendant la semaine.
Par exemple cinq minutes de retard valent un coup de ceinture. Je
me rappelle mieux de celle-ci, car c’est celle qui m’a valu de recevoir
le plus de coups. Bien sûr impolitesse et mauvaises notes étaient aussi
sanctionnées par des coups de ceinture. Nous comptions nous-même
le nombre de coups à recevoir, nous devions en tenir le compte, et ma
mère validait. Ah oui pardon ces règles n’étaient que pour les garçons,
mon frère et moi.
Parfois quand le nombre de coups à recevoir était trop élevé, j’essayais de négocier avec ma mère, pour en oublier ou les arrondir à
l’inférieur.
Pour une raison que j’ignore, l’exécution des peines se fait soit
le samedi soir après le diner soit le dimanche après la messe et le
déjeuner. Est-ce pour rajouter au sadisme ? Mon père était-il trop
fatigué le vendredi soir ? Ou est-ce que l’attente de la fessée renforce
la punition ?
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En début d’année j’avais espoir qu’une bonne soirée le vendredi
soir, qu’un Week-End passé dans la bonne humeur ferait oublier à
mon père la fessée. C’est de là que j’ai appris à faire le clown, à être
le plus drôle possible, à argumenter pour essayer de distraire mon
père, ou au moins à lui donner des remords, pour qu’il tape moins,
ou moins fort. Surtout que d’après ma mère cela lui faisait autant de
peine qu’à nous. Mais c’était pour notre bien n’est-ce pas ??
Mais pendant le repas je ne pensais qu’aux coups à recevoir sur
mon cul nu. Mais pourquoi rajouter à la fessée un mauvais repas. ?
Arrivé au dessert le visage du père se ferme. Mes pitreries cessent.
Il ouvre la séance. Il commence par les notes quand le bulletin scolaire est arrivé. Il continue par les retards : 2 heures, 24 coups. Je
suis en retards tous les jeudis, l’équivalent du mercredi aujourd’hui
pour les scolaires, et souvent le samedi soir. Les autres jours je rentre
directement à la maison après les cours. Mais mon père avait instauré les mêmes horaires d’étude que les pensionnaires de mon école.
Comment être à l’heure quand on passe une super après-midi entre
copains, qui eux n’ont pas ce genre d’impératif. ?
Même aujourd’hui je me demande pourquoi je préférais ma
liberté, plutôt que l’obéissance. Pourquoi je ne faisais rien pour éviter
de trente à cent vingt coups de ceinture (c’est mon maximum) par
semaine ? Cela a duré une année scolaire ou presque. Jusqu’au jour
où je me suis retourné, je lui ai arraché la ceinture des mains. Mon
père en est resté stupéfié. Il est sorti de la chambre en courant et en
claquant la porte. Mes parents décident alors de m’envoyer en pension. J’apprends l’indépendance, même pas obligé de rentrer dans la
famille les fins de semaines.
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II – CAUCHEMAR
J’ai mis mes tripes sur une assiette
Et je les ai regardées avec mes yeux
Et j’ai vu un truc tout pourri
J’ai voulu gerber – mais tout était déjà sur la table
Alors j’ai pleuré – je suis un salaud.
J’ai voulu voir mon cœur
J’ai eu du mal à le trouver
Dans la masse noire des poumons
Petits, rouges, durs, fripés, veinés, piqués
Je n’ai pas de cœur – je suis un salaud.
J’ai voulu voir l’intérieur de ma tête,
Le voir avec mes tripes, avec mon cœur
Mais j’étais aveugle – je ne suis qu’un cerveau
Qu’une machine pensante – je suis un salaud.
Alors j’ai dégueulé pour dérégler la machine.
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III – CLAQUE À LA SMAK
Coucher dans le hamac
Avec un cognac
J’attends ma smak
En bouffant un big-mack
Voilà qu’il se ramène le macaque
Dans sa caisse, une Cadillac
Bien planquée repose ma smak
Pour le banquer, je prépare mes Marks
Dans la cuillère se dilue la smak
Que l’aiguille de métal avale clash
Dans ma veine je la plante Clac
Et c’est le flash épouvantoriaque
À la radio c’est l’heure de Fit-Back
Et moi planant dans mon hamac
Je joue à en faire un kayac
Et je me prends vraiment une bonne claque
Un bonne claque à la smak.
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IV – J’ATTENDS DEMAIN
Un verre de bière à la main
Le cul sur le trottoir
La tête dans le soleil
J’attends la cuite qui me conduira jusqu’à demain.
La stéréo déverse un flot de décibels
Sur la piste des flots multicolores d’électricité
Les lasers qui mitraillent
Et moi qui danse comme un fou – j’attends demain.
Dans le brouhaha des convers.
Dans ce troquet où le vin coule à flot
J’entends vaguement ce que bave le rouge à lèvre
Du décolleté d’en face qui m’emmènera jusqu’à demain.
Sur le tapis indien, dans la chambre de bonne
Allongé dans les nuages, une musique dans la tête
Un concert d’odeurs sur les bruits de la ville
Le joint se consume qui me fait attendre Demain.
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V – LES COUTEAUX DE LA VILLE
Il y a des couteaux qui traînent dans les rues de Paris
Et moi je cherche de la poudre à glisser dans mes veines.
Dans les rues de Belleville on veut te faire passer
du crépi de mur pour du « Brown »
Tu te shootes dans le noir protecteur d’une cage d’escalier,
Tu crèves et tes copains te vengent.
Il y a des couteaux qui trainent dans les rues de Paris
Et moi je cherche de la poudre à glisser dans mes veines.
Galérant la nuit je vois le sac d’une vielle s’envoler,
Et la vielle tomber. Un coup de « Santiag » lui déchire le ventre.
Et le sac qui démarre à 50 km/h sur une 49.9 chourée.
Il y a des couteaux qui trainent dans les rues de Paris
Et moi je cherche de la poudre à glisser dans mes veines.
L’arabe marche tranquille dans les rues.
Beaucoup de soucis le préoccupent.
La vie à Paris n’est pas facile quand on est un « bicot ».
Une lumière bleue – des portières qui claquent,
Les flics l’entrainent – Simple contrôle de police.
... / ...
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Il y a des couteaux qui trainent dans les rues de Paris
Et moi je cherche de la poudre à glisser dans mes veines.
Passant devant le commissariat de bon matin,
je vois en sortir une dizaine de mecs.
Tous jeunes ou basanés, la gueule franchement amochée.
Suspects ? Juste un contrôle de police.
Il y a des couteux qui trainent dans les rues de Paris
Et moi je cherche de la poudre pour tout faire sauter.
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VI – LINDA
Quand j’arrive chez elle
Déjà le soleil est au zénith
Je la trouve en petite culotte
Une chemise rose au ras des fesses
Pieds nus et décolleté jusqu’au nombril
Repeignant le cadre de ses fenêtres en rouge.
Sur la table son verre de « Dry Martini »
Et une bouteille de Whisky
Je me sers un verre
Regarde par en dessous ces jambes nues
Son slip aux ombres prometteuses
Stoppe mon regard – juste à la limite du sexe.
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VII – LA FILLE QUE J’AIMAIS
La fille que j’aimais est blanche.
Elle vend très cher sa volupté.
Dans la rue ou chez le particulier,
Il m’est arrivé de courir toute la nuit derrière elle.
Sur les lieux qu’elle a marqués de son empreinte de fer.
Je l’ai arrachée dans des rues
À la poésie douteuse
À de pauvres mecs, le visage marqué par trop d’amour d’elle
Maigres et durs au regard fou.
Ne te marres pas, tu peux tomber toi aussi dans son piège.
Car la fille que j’aimais te prend corps et âme.
Si elle te quitte tu auras froid jusqu’aux os.
Dans ta folie amoureuse, tu ne penseras qu’à la rejoindre.
Et le cimetière ne te fait pas peur.
Si c’est là qu’elle t’a donné rencard.
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