TDM à faisceau conique (CBCT) en orthodontie
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TDM à faisceau conique (CBCT) en orthodontie
I opinion _ CBCT TDM à faisceau conique (CBCT) en orthodontie Auteurs_ Prof. Giampietro Farronato, Dr Francesca Bellincioni, Dr Margherita Colombo, Dr Daniela Falzone, Dr Salvadori Sara, Dr Gaia Passaler & Dr Gianfranco Santamaria, Italie _Céphalométrie 3D _les erreurs des systèmes de mesure résultant des ma- Fig. 1 Le diagnostic orthodontique vise à identifier les modifications dentoalvéolaires, squelettiques et fonctionnelles du complexe maxillo-facial. Le diagnostic et le plan de traitement reposent sur une combinaison de modèles d’études, d’images intra-buccales et extrabuccales et de radioFig. 2 graphies consistant habituellement en radiograFig. 1_Le i-CAT classique, phies panoramiques et céphalométriques. un système d’imagerie dentaire à faisceau conique en 3 dimensions (Imaging Sciences International). Fig. 2_Rendu et repères céphalométriques en 3D. Tableau I_Dose de rayonnement efficace (rayonnement de fond 8 µSv/jour). Méthode L’analyse céphalométrique joue un rôle majeur dans le diagnostic et le plan de traitement. Généralement, cette analyse fait intervenir trois projections différentes de rayons X : téléradiographie latéro-latérale, téléradiographie postéro-antérieure et projection axiale. Toutefois, les radiographies conventionnelles demeurent limitées, en raison de leur représentation bidimensionnelle des structures tridimensionnelles. Le système habituel, qui analyse séparément chacune des trois dimensions, est insuffisant compte tenu de la survenue fréquente de modifications dento-faciales dans l’espace tridimensionnel. L’analyse céphalométrique conventionnelle présente donc des limites, qui sont : _les erreurs de projection radiographique, donnant lieu à des agrandissements et des distorsions ; Paramètres de balayage en kV Dose en µSv Analyse céphalométrique Téléradiographie latéro-latérale Téléradiographie postéro-antérieure TDM multibarrettes CBCT CBCT 20 I CaD/CaM 4_ 2012 69 / 15 mA / 14.1 s 80 80 120 / 400 mA / 0.5 s 120 / 5 mA / 20 s 120 / 5 mA / 10 s 50 30 40 2370 110 60 nipulations de l’opérateur ; _les erreurs d’identification des repères céphalométriques dues à la superposition des structures anatomiques ; et _l’incapacité d’évaluer les trois dimensions du complexe cranio-facial.1 L’introduction récente de la tomodensitométrie à faisceau conique, abrégée CBCT (de l’anglais « Cone Beam Computerized Tomography »), associée à l’informatique, a permis l’intégration de cette nouvelle méthodologie dans différents domaines de la dentisterie, notamment l’orthodontie, où son utilisation est concluante (Fig. 1).2 L’utilisation de la CBCT apporte une visualisation réaliste de la morphologie tridimensionnelle des structures squelettiques crâniennes. Lors de l’examen, le patient est exposé à des niveaux de rayonnement similaires à ceux d’une analyse céphalométrique conventionnelle et la dose utilisée est jusqu’à 20 fois inférieure à celle d’une TDM multibarrettes (Tableau 1).3 Le service d’orthodontie de l’université de Milan applique à l’analyse céphalométrique, une nouvelle méthodologie faisant intervenir les trois dimensions. Cette méthode, qui offre un moyen simple, efficace et reproductible, de réduire les erreurs dues aux manipulations de l’opérateur,4 repose sur l’identification de 18 points (10 médians et 8 latéraux), dont chacun est identifié sur une coupe TDM de tissu dur, puis vérifiée sur les deux coupes TDM restantes. Une vérification supplémentaire est ensuite réalisée sur le rendu volumétrique généré par le logiciel d’imagerie médicale SimPlant OMS (Materialise Dental). Les 18 points caractérisent 36 mesures dans les plans sagittaux, verticaux et transversaux (Fig. 2). À l’université de Milan, 44 patients présentant un schéma de classe I squelettique normodivergent, ont été sélectionnés à partir d’un panel de 500 balayages CBCT. Le diagnostic céphalométrique du schéma de classe I squelettique normodivergent, a été établi à l’école de Milan. Les mêmes patients ont ensuite été analysés en céphalométrie tridimensionnelle. Les résultats ont per- CAF0412_20-23_Farronato 13.12.12 16:20 Seite 2 opinion _ CBCT mis de déterminer une plage normale de valeurs pour chaque mesure (Tableau 2). GoSx – Me = 77,46 mm ± 2 GoDx – Me = 77,35 mm ± 2,03 CdSx – GoSx = 51,49 mm ± 3,69 La technique tridimensionnelle repousse les limites de l’analyse bidimensionnelle à de nombreux égards : CdDx – GoDx = 52,18 mm ± 3,48 S – GoSx = 80,05 mm ± 2,4 S – GoDx = 80,15 mm ± 2,37 ANS PNS ^ GoSx Me = 41,12° ± 0,81 _représentation efficace, sans distorsion, de la morphologie tridimensionnelle réelle des structures crâniennes, permettant d’éviter les erreurs de projection et d’identification ; _réduction des erreurs dues aux manipulations de l’opérateur, découlant de la réalisation automatique des mesures ; _simplicité et reproductibilité de l’identification des repères à l’aide de structures anatomiques réelles, sans superposition ou problèmes de construction géométrique ; _possibilité de réaliser l’analyse céphalométrique dans les trois dimensions ; et _possibilité d’analyser les modifications dento-squelettiques dans les trois dimensions, afin de déterminer le traitement approprié. ANS PNS ^ GoDx Me = 41,12° ± 0,9 S N ^ GoSx Me = 46,21° ± 1,11 S N ^ GoDx Me = 45,94° ± 1,24 CdSx GoSx Me = 118,88° ± 2,58 CdDx GoDx Me = 118,83 ± 2,51 CdSx GoSx N = 54,31° ± 1,22 CdDx GoDx N = 54,3° ± 1,2 N GoSx Me = 65,64° ± 0,98 N GoDx Me = 65,58° ± 1,09 PNS – A = 44,82 mm ± 1,1 S – N = 65,3 mm ± 1,35 N – Me = 106,33 mm ± 2,8 N – ANS = 47,92 mm ± 1,33 ANS – Me = 59,49 mm ± 1,62 S N A = 80,66° ± 0,89 S N B = 78,24° ± 0,93 A N B = 2,62° ± 0,31 Ba S N = 130,03° ± 1,76 _Plan orthodontico-chirurgical turée, qui génèrent une image tridimensionnelle capturée par une caméra. En procédant ainsi, le logiciel détermine un nuage de points dont il définit les coordonnées et crée finalement l’image tridimensionnelle (Fig. 3).5 L’introduction des techniques d’imagerie en trois dimensions a révolutionné la phase de planification du traitement orthodontico-chirurgical. L’utilisation de l’ordinateur, concurremment avec le logiciel dédié, ouvre la voie à un mode opératoire rapide, précis et normalisé. La planification tridimensionnelle virtuelle implique les points suivants : Le modèle dentaire numérique est alors combiné avec le balayage CBCT, qui permet une analyse très détaillée de la base osseuse (par balayage CBCT) et de la structure dentaire (par balayage du modèle). L’examen CBCT ne fournit pas assez de données sur la représentation détaillée des dents, nécessaires pour élaborer le modèle orthodontique (Fig. 4).6 _balayage CBCT ; _empreinte de haute définition ; _repère d’alignement référentiel ; _modèle numérique par balayage ; et _interface CBCT de modèle numérique. Une cire spécifique permettant un enregistrement occlusal à trois points de contact, appelé guide radiologique, a été conçue pour obtenir une superposition convenable. Le guide radiologique doit être appliqué sur les dents, lors de la prise d’empreintes de haute définition. Élaboré en cire Moyco (une cire extrêmement dure), il est constitué d’un arc support et de trois billes en verre calcique. Ce matériau est utilisé dans les modèles pour ses propriétés radio-opaques. La cire est appliquée chez le patient pendant le balayage CBCT, puis est placée entre les arcades du modèle durant la lecture optique (Fig. 5). La planification virtuelle permet la visualisation de l’objectif du traitement chirurgical virtuel et l’obtention du modèle orthodontique virtuel. Les empreintes de haute définition sont réalisées en polysiloxane de vinyle, qui garantit une grande précision des détails et est adapté à la technique dite « en double coulée ». Les modèles élaborés au moyen de cette technique, sont nécessaires pour réaliser un balayage adéquat et ils nécessitent l’utilisation d’un modèle intégral et d’éléments dentaires individuels choisis à partir d’un second modèle. Les balayages d’éléments dentaires uniques permettent l’analyse correcte des points de contact. La lecture optique du modèle est effectuée par des scanners à lumière struc- I Tableau II_Plage normale de valeurs. Fig. 3_Modèle numérique. Fig. 4_Interface CBCT du modèle numérique. Fig. 3 Fig. 4 CAD/CAM 4_ 2012 I 21 CAF0412_20-23_Farronato 13.12.12 16:20 Seite 3 I opinion _ CBCT Fig. 5_Guide radiologique. Fig. 6_Rendu tridimensionnel et sélection des structures anatomiques. Fig. 5 Fig. 6 Il est à noter que l’épaisseur de la cire n’a aucune incidence significative sur la fiabilité du balayage à rayons X et par conséquent, sur les résultats de l’analyse céphalométrique. Le logiciel est en mesure de reconnaître la présence et le volume des billes lors du balayage CBCT et il les apparie à celles des surfaces correspondantes du modèle. C’est actuellement la seule méthode pour obtenir une superposition des images avec une marge d’erreur inférieure à 0,1 mm.7 Après l’acquisition des données, il est possible de réaliser différents types d’analyses avant l’acte chirurgical. Le logiciel dispose de puissants outils de segmentation, qui permettent la séparation de la mandibule du complexe maxillo-facial et l’obtention de deux images distinctes. Cette méthode est applicable au plan orthodonticochirurgical pour déterminer le mouvement de la base osseuse. Le clinicien peut sélectionner les tissus à déplacer, selon une procédure similaire au protocole manuel. Il peut, par exemple, définir les traits d’ostéotomie afin de simuler une avancée ou un recul de la mandibule, déterminant ainsi le décalage précis (en mm), nécessaire à la correction adéquate de la malocclusion (Fig. 6). Une fois la rectification squelettique terminée, il devient possible de créer un modèle orthodontique tridimensionnel et de visualiser la correction dentaire résultante qui doit être obtenue à la fin du traitement. Finalement, un nouveau décalage de la structure osseuse (et de l’arcade dentaire au moyen du modèle final) vers la position originale de malocclusion, permet d’obtenir le modèle à élaborer avant le traitement chirurgical. Les techniques CFAO offrent la possibilité de construire Fig. 7_Superposition maxillaire pré et post-traitement. Fig. 8_Superposition mandibulaire pré et post-traitement. 22 I CAD/CAM 4_ 2012 Fig. 7 des images successives sur ce modèle, afin de suivre les progrès vers le traitement orthodontique préchirurgical.8 La chirurgie virtuelle a un double objectif : le premier consiste à vérifier la faisabilité des déplacements prévus ; le second consiste à positionner le modèle dans les rapports indispensables à l’élaboration de l’attelle chirurgicale, qui sera utilisée pendant la chirurgie. La superposition des modèles numériques écourte la phase du plan de traitement étant donné qu’elle élimine le besoin d’un arc facial ou d’un articulateur. En fait, toutes les données peuvent être dérivées de la combinaison de l’examen CBCT et des balayages des modèles. Les études récentes s’attachent à l’amélioration du système, grâce au développement d’un tomodensitomètre intra-buccal autorisant la prise directe d’empreintes tridimensionnelles, sans recourir aux empreintes conventionnelles, lesquelles – quoique précises – sont sujettes à des erreurs de manipulation. 9,10 Les avantages offerts par l’utilisation du logiciel sont nombreux mais complexes, en raison de l’amélioration des techniques orthodontico-chirurgicales et de la garantie d’un résultat d’excellente qualité. En effet, comparée avec les techniques conventionnelles qui requièrent un opérateur et ouvrent ainsi la voie à des inexactitudes, la technique CFAO permet la normalisation des modes opératoires, doublée d’une facilité du contrôle de la qualité. _Création d’appareils multibrackets personnalisés La planification orthodontico-chirurgicale virtuelle offre la possibilité de créer un modèle orthodontique Fig. 8 opinion _ CBCT Fig. 9 numérique, après le décalage des bases osseuses vers leur position idéale. Le dernier logiciel de mouvement dentaire est en mesure d’exécuter la segmentation automatique d’éléments unitaires. L’opérateur peut obtenir une vue tridimensionnelle complète de la relation dentoalvéolaire et par conséquent, modifier l’angulation et le torque, tout comme il peut pivoter et déplacer les éléments dentaires dans l’espace 3D afin de simuler le traitement orthodontique. Le logiciel, en affichant deux images superposées de couleurs différentes, représentant la situation initiale et la situation idéale, permet de visualiser instantanément les résultats du traitement orthodontique préchirurgical (Figs. 7 et 8). Le modèle numérique ainsi créé, contient toutes les données nécessaires à la réalisation d’une occlusion fonctionnelle. La première étape du processus de création d’un bracket personnalisé, est réalisable en technologie CFAO.11,12 Deux phases distinguent la technique : la phase de conception (CAO – Conception Assistée par Ordinateur) et la phase de fabrication (FAO – Fabrication Assistée par Ordinateur),13 exécutées par des ordinateurs qui envoient les instructions aux machines de fraisage, afin de créer le produit fini.6 Ces machines travaillent par soustraction (comme le fait par exemple, une fraise à commande numérique), ou par addition de matière-stéréolithographie (SLA), empreintes ou matériaux plastiques/composites tridimensionnels, frittage par laser (SLS) ou fusion par laser (SLF) de matériaux métalliques. Les facteurs de personnalisation des brackets dépendent de la base. La base est conçue par le logiciel CAO, qui la place au centre de la surface de la dent et permet ainsi de personnaliser le bracket (Figs. 9 & 10). La conception du bracket peut faire l’objet d’une personnalisation partielle ou totale. Dans le premier cas, la personnalisation porte sur le volume et la forme de la partie du bracket en relation à la surface dentaire, mais l’angle standard de la partie du bracket comportant les twins ne peut pas être modifié. En cas de personnalisation totale, il est également possible de modifier l’angle formé entre la base du bracket et la partie portant les twins. Cette solution est idéale, étant donné que les paramètres spatiaux des éléments dentaires sont susceptibles de différer selon les malocclusions. Fig. 10 I Fig. 11 La phase de conception étant terminée, les brackets sont prêts pour la fabrication par des machines à fraiser. Ces outils, qui usinent de très petits éléments, doivent fonctionner dans des environnements standardisés, en présence de conditions stables, afin de garantir une très grande précision tout en minimisant le risque d’erreurs. Par conséquent, plus la précision doit être élevée, plus la taille de la fraiseuse est importante. Il est également nécessaire de placer la machine dans un endroit dédié, équipé d’un revêtement de sol particulier, pourvu de dalles amortisseuses qui stabilisent la fraise et absorbent partiellement les vibrations. Figs. 9 & 10_Détails d’un bracket personnalisé. Fig. 11_Grille de micro-rétention située sur la base du bracket. Il est en outre nécessaire d’utiliser une fraise de dimension réduite (1 micron, soit 1 millième de millimètre approximativement). Étant donné que les plus petites fraises ont une profondeur maximale de coupe de 30 microns (3 centièmes de millimètre) par passe, trois ou quatre passes seront nécessaires pour usiner la grille de micro-rétention placée en regard de la dent (Fig. 11). Le progrès technologique que représente la CFAO, comme il vient d’être décrit, repose sur la conception numérique et le processus de fabrication automatisé.14 Ses principaux avantages sont un meilleur contrôle du cycle de production et une réduction significative des erreurs dues aux manipulations de l’opérateur, tout en permettant l’utilisation de matériaux sophistiqués, tels que le titane de grade 5, ce que les techniques conventionnelles n’autorisaient pas.15_ Note de la rédaction : une liste complète des références est disponible auprès de l’éditeur. Cet article est paru dans la version anglaise de CAD/CAM numéro 2/2012. _contact cad/cam Prof. Giampietro Farronato Institute for Clinical Orthodontics / Clinical Orthodontic Institute Via Commenda, 10 20122 Milan Italie [email protected] cad/cam 4_ 2012 I 23