L`homme qui a réussi à briser le ronron des Cercles

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L`homme qui a réussi à briser le ronron des Cercles
Dossier
L’homme qui a réussi
à briser le ronron des Cercles
P André
Van Hecke
a “dynamité” le paysage
des cercles d’affaires.
P Cet
ex­associé de
Stéphan Jourdain aurait­il
trouvé la bonne recette ?
Ironie de l’histoire, André Van
Hecke a entamé son parcours au…
Cercle de Lorraine ! Stéphan Jourdain,
qui régnait alors sur le Château
Fond’roy, à Uccle, lui avait confié l’ex­
ploitation du Lorraine à partir de
D.R.
A
lors que l’orage gronde au­des­
sus du Cercle de Lorraine, place
Poelaert à Bruxelles, d’autres
cercles d’affaires tournent à plein ré­
gime… Et s’il y a quelqu’un qui pour­
rait bien tirer profit de la guerre
ouverte entre Stéphan Jourdain et
Baudouin Velge (au point de mettre
en péril l’image et l’avenir du cercle
fondé à Uccle, en 1998, par M. Jour­
dain), c’est sans aucun doute André
Van Hecke.
M. Van Hecke, pour la petite his­
toire, fut l’une des personnalités in­
contournables du paysage audiovi­
suel francophone belge durant les
années 1980 et 1990. Considéré
comme le “père” de l’audimétrie
belge, il aura surtout alimenté le
groupe RTL –d’abord à Bruxelles, en­
suite à Paris– en juteuses recettes pu­
blicitaires. En 2002, il décida toute­
fois de clôturer ce chapitre pour se
lancer dans l’univers huppé et feutré
des cercles d’affaires. Une grosse dé­
cennie plus tard, son bilan à de quoi
faire pâlir d’envie, et de jalousie, ses
(rares) concurrents : ce fin gourmet
volubile qui fêtera, l’an prochain, son
septantième anniversaire, est en effet
devenu le véritable homme fort du
business des cercles d’affaires en Wal­
lonie et à Bruxelles (en ayant déjà en
œil sur la Flandre…).
André Van Hecke, 69 ans, est devenu l’homme fort des cercles d’affaires en Belgique.
2002. L’aventure –qui ne fut pas de
tout repos quand on connaît le carac­
tère trempé des deux partenaires–
durera trois ans. Entre­temps, le duo
avait aussi eu la bonne idée de créer
un cercle à Namur, sis au Château Mé­
lot. Il ne fallut
toutefois pas at­
tendre
long­
temps pour que
Stéphan Jourdain
– après y avoir in­
jecté plusieurs
millions d’euros
dans l’aménage­
ment du Mélot –
quitte la capitale
wallonne et laisse
les commandes du Cercle de Wallo­
nie au seul André Van Hecke. Nous
sommes en décembre 2006 et les
deux hommes d’affaires seront dé­
sormais des concurrents.
Les choses vont prendre un tour
plutôt inattendu. S’appuyant sur
Exözt, société spécialisée dans le cate­
ring événementiel (dans laquelle il est
associé au groupe français Coser), An­
dré Van Hecke va se lancer dans une
stratégie d’ex­
pansion du busi­
ness des cercles.
“Je suis avant tout
un développeur
de projets et un
homme de mar­
keting”,
dit­il.
“Mais,
croyez­
moi ou pas, je ne
savais pas à l’épo­
que que j’allais
me retrouver quelques années plus tard
à la tête de l’exploitation des trois plate­
formes du Cercle de Wallonie et, depuis
peu, du Cercle Chapel”.
“Si on intègre
le Cercle Chapel
et les trois plateformes
du Cercle de Wallonie,
on organise 4 à 5
activités par jour !”
2015
Après Namur en 2004, André Van
Hecke dénichera deux autres sites
emblématiques pour étendre le ré­
seau et le savoir­faire “CW” : d’abord
le site du Val Saint­Lambert, en 2010;
ensuite, à l’automne 2014, le château
de Belœil. “S’ils sont tous fréquentés en
majorité par des patrons de PME (qui
composent plus de 95 % du tissu éco­
nomique wallon, NdlR), ils ont chacun
leur ambiance : classique à Namur, ami­
cal à Liège, convivial à Belœil”, résume
André Van Hecke. Last but not least,
notre homme s’est embarqué dans
l’aventure du Cercle Chapel à Water­
loo, en partenariat avec Bernard de
Launoit, président exécutif de la pres­
tigieuse Chapelle musicale Reine Eli­
sabeth. Là aussi, c’est Exözt qui assure
en exclusivité l’exploitation du cercle
(restauration, événements, conféren­
ces, activités privées, etc.).
Là où d’autres cercles d’affaires pei­
nent à financer leurs activités, la fré­
nésie affichée par André Van Hecke
peut surprendre. Sa “recette” repose
sur quelques ingrédients incontour­
nables : des lieux “emblématiques, do­
tés d’une âme, bien situés et très bien
équipés, où les membres sont fiers de se
rendre”; une “symbiose” entre les acti­
vités organisées par le cercle et celles
mises sur pied par les membres à titre
privé; une animation permanente (“si
on intègre le Chapel et le Cercle de Wal­
lonie, on organise 4 à 5 activités par
jour”); une cuisine de qualité (“nos dif­
férents restos ont 14/20 au Gault et
Millau”); et une énergie de tous les
instants…
Mais il en est encore un qui expli­
que sans doute que la “machine” peut
tourner : les deux tiers des revenus
d’Exözt (plus de 6 millions d’euros
cette année) sont issus du catering
d’événements n’ayant rien à voir avec
le Cercle de Wallonie et le Chapel !
“En fait, c’est ça qui permet à nos cercles
de vivre”, concède André Van Hecke.
Et c’est sans doute la raison aussi pour
laquelle d’autres cercles tirent le dia­
ble par la queue…
Pierre-François Lovens
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La Libre Entreprise - samedi 10 octobre 2015