PORTRAIT> Da Fonseca, le relayeur argentin - TFC online

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PORTRAIT> Da Fonseca, le relayeur argentin
(18-09-2002) - Soumis par Sylvain CHANTAL pour France Football - Dernière mise à jour : ()
Dix ans après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, Omar DA FONSECA, attaquant au TFC de 1988 à 1990, réside
toujours en France, où il est devenu agent, servant de relais aux Sud-Américains qui rêvent de faire carrière en Europe.
"Je ne fais pas ce métier par passion. Professionnellement, j'ai déjà vécu ma première mort, lorsque j'ai arrêté de
jouer, il y a dix ans." Omar Da Fonseca, l'ancien joueur du Paris SG, de Monaco et de Toulouse, champion de France à
deux reprises, en 1986 et 1988, parle sans états d'âme de la nouvelle carrière qu'il a embrassée en 1994. A la tête
d'Image Sport Conseil Développement (ISCD), l'Argentin qui aura quarante-trois ans le mois prochain, s'occupe
désormais de faire venir en Europe des joueurs sud-américains. "Il y a vingt ans, j'étais dans le cas typique du gars qui
galérait, qui gagnait peu ou qui n'était tout simplement pas payé. Alors , comme je connais beaucoup de monde,
j'essaie maintenant de donner un coup de main. Mais attention, je ne suis pas philanthrope ! Je n'ai aucun scrupule à
gagner de l'argent."
Titulaire d'une licence d'agent depuis octobre 1996, Da Fonseca a inscrit à son tableau de chasse quelques joueurs
expérimentés, tels le Paraguayen José-Luis Chilavert, le Chilien Pedro Reyes ou les Argentins Lucas Bernardi et
Esteban Fuertes. Si la réussite sportive n'a pas été au rendez-vous pour tous, ces joueurs ont engrangé de
confortables revenus sur le Vieux Continent. "Aucun joueur ne peut dire : "Da Fonseca m'a arnaqué." C'est ma
satisfaction. Chilavert, par exemple, ne m'a pas attendu pour être Chilavert en revanche, c'est grâce à moi qu'il a gagné
beaucoup, beaucoup d'argent." Et l'ancien étudiant en économie de citer à titre d'exemple les sommes de diverses
transactions...
LES CONSEILS DE BIANCHI ET PIAZZA
A l'instar de sa carrière de footballeur, au cours de laquelle il a connu "des hauts et des très bas", Da Fonseca a
découvert que le métier d'agent comportait son lot de désillusions. Par exemple quand Reyes, empêtré dans une
histoire de faux passeport, quitte Auxerre en plein mois de décembre 2000, sans aviser personne, en laissant son
appartement en plan ("Celui-là, il m'a mis dans la merde. Heureusement que je m'entends bien avec Guy Roux..."). Ou
quand Bernardi passe de l'OM à Monaco, en juillet 2001, sans le prévenir, alors qu'il avait signé un document, avant de
rejoindre la Canebière, le désignant comme son représentant en Europe. Ou encore quand un attaquant international
français oublie l'aide apportée en 1995...
"Il y a toujours quelqu'un qui vous donne un coup de main, un entraîneur qui vous repère. Il ne faut pas renier ces
étapes. C'est pourtant ce que font beaucoup de joueurs. Bien sûr, ils ont travaillé pour en arriver là, mais ils croient qu'ils
sont parvenus par hasard à Paris ou à Monaco, plutôt qu'à Guingamp ou au Havre ! Parfois, je suis déçu. Je suis peut-être
trop exigeant sur la reconnaissance et la mémoire."
Vingt ans après son arrivée à Tours, Da Fonseca se souvient encore des recommandations avisées de Carlos Bianchi et
d'Oswaldo Piazza, revenus au pays après avoir triomphé en France. "Une carrière ne tient à rien, Moi, je fais une bonne
saison à Velez Sarsfield et un club colombien, Independiente Medellin me propose 100 000 dollars pour que je signe.
Cent mille ! Alors que je n'en avais jamais vu plus de deux ! Dans ma tête, c'était clair. Pourtant, sur les conseils de
Carlos et d'Oswaldo, qui terminaient leur carrière avec moi, j'ai préféré partir en Europe. Au début, c'était moins
intéressant financièrement, mais je savais que ça allait m'apporter autre chose."
Le contact s'établit donc avec l'agent Rafael Santos, à l'origine de la venue d'une trentaine de joueurs en France (dont
Bianchi et Piazza), et le jeune Omar débarque à Tours, qui évolue alors en D1. "J'ai appris plus tard que Rafael Santos
m'avait vendu trois fois plus que ce qu'il m'avait dit, mais je lui suis quand même reconnaissant de m'avoir emmené ici.
Grâce à lui, j'ai passé la moitié de ma vie en France. Quand ie vois ce qui se passe aujourd'hui dans mon pays, je me dis
que j'ai été gratifié par le "Barbu"."
Au dire de Da Fonseca, l'aspect humain est primordial lorsque, à son tour, il engage une relation avec un de ses futurs
clients. "La vie est une entreprise humaine. Je veux qu'avec le mec il y ait autre chose. Bien sûr qu'entre nous il y aura
des questions d'argent, mais je ne fais pas ce métier uniquement pour ça. Je suis d'ailleurs très radin. Je n'ai ni bijou, ni
belle voiture. A Monaco, alors que je gagnais très bien ma vie, je roulais en Golf Rabbit. Mon idéal, c'est que d'ici à dix
ans un des gars dont je m'occupe me désigne comme le parrain de son enfant."
SIX COUSINS A LA MAISON
Les relations sont forcément bonnes quand le joueur dont s'occupe Omar évolue dans un relatif anonymat et que les
sommes engagées sont ridicules, voire inexistantes. C'est le cas de Luis Ferrer, l'ancien défenseur du Paris FC, qui
jouait aux côtés d'Hernan Crespo au sein de la réserve de River Plate. "Luis, c'est mon troisième fils. Qu'est-ce que je ne
ferais pas pour lui !"
Avec de tels joueurs, Omar tente de soigner l'un des aspects les plus importants de sa mission : l'accompagnement. "Je
travaille beaucoup avec des jeunes qui évoluent dans les équipes réserves de grands clubs argentins. Là-bas, pour
jouer en réserve, il ne faut pas avoir les pieds carrés ! Mais si certains ont du talent, il faut que cela suive derrière au
niveau de l'adaptation. J'essaie donc de leur faire part de mon expérience." Et Omar de citer son exemple : "Quand je
suis arrivé ici, je ne parlais pas un mot de français. Je me souviendrai toujours du moment où j'ai débarqué à Orly. J'étais
avec un petit papier et je me demandais comment j allais faire. Maintenant, les jeunes bénéficient de tous les moyens
quand ils débarquent.
Aujourd'hui, Da Fonseca vit dans les environs de Paris, avec sa femme, une Chilienne rencontrée à Tours, leurs deux
enfants. Portugais du côté de son père et indien de la pampa profonde du côté de sa mère, il n'oublie pas ses origines.
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Tous les jours, il se connecte sur Internet pour écouter Radio Mitre et prendre le pouls de son pays en crise. "J'ai de la
famille en Argentine, mais beaucoup se sont expatriés. L'émigration s'effectue maintenant en sens inverse, avec
notamment des files d'attente impressionnantes devant les ambassades européennes. Tout le monde veut se barrer !
J'ai eu jusqu'à six cousins à la maison !" Da Fonseca avoue avoir été tenté de revenir au pays, comme l'ont fait ses
compatriotes Ramos, Piazza, Marcico, Bargas, Tarantini... Il est finalement resté dans l'Hexagone, même s'il traverse
l'Atlantique deux ou trois fois par an pour raisons professionnelles. "Même si j'y vais pour trois jours, je trouve toujours
le temps de faire un asado (NDLR : barbecue) avec mes amis d'enfance." Consultant télé pour Pathé Sport, Da
Fonseca ne perd pas non plus de vue le Championnat argentin, qu'il commente régulièrement. "Avec mon accent et
mes fautes de français, je ne compte pas y faire carrière. Mais ça me permet de garder un oeil sur les joueurs."
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