LES NOUVELLES METHODES THERAPEUTIQUES DU CANCER

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LES NOUVELLES METHODES THERAPEUTIQUES DU CANCER
J Maroc Urol 2010 ; 17 : 5-11
MISE
AU POINT
LES NOUVELLES METHODES THERAPEUTIQUES
DU CANCER DE PROSTATE HORMONORESISTANT
M. EL BAGHOULI, M. EL MOUZDAHIR, R. RABII, A. HEDDAT, F. MEZIANE
Service d’Urologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
RESUME
ABSTRACT
Le cancer de la prostate hormonorésistant correspond au
stade avancé de la maladie métastatique. Les mécanismes
de transition vers l’hormonorésistance sont intimement
intriqués. La compréhension des rôles et mécanismes des
voies biologiques impliquées dans la progression du cancer
de prostate devrait permettre de nouvelles approches
thérapeutiques rationnelles.
L’urologue, par sa connaissance globale de la maladie, reste
le maître d’oeuvre du traitement du malade hormonoindépendant. Toutefois, un traitement efficace des différentes
complications nécessite à l’évidence une équipe
multidisciplinaire incluant les oncologues, radiothérapeutes,
algologues et autres spécialités, qui peut donner au malade
ses meilleures chances de survie avec la meilleure qualité
de vie.
NEW APPROACHES IN HORMONE REFRACTORY
PROSTATE CANCER
The hormone refractory prostate cancer corresponds at the
advanced stage of the metastatic disease. The mechanisms
of transition towards hormone refractory are closely intricate.
The understanding of the roles and mechanisms of the
biological ways implied in the progression of the cancer of
prostate should allow rational therapeutic new approaches.
The urologist by his total knowledge of the disease remains
the project superintendent of the treatment of the hormonoindependent patient. However, an effective cure of the various
complications requires a multidisciplinary team obviously
including the oncologists, radiotherapists, algologists and
other specialities, which can give to the patient his best
chances of survival with best quality of life.
Mots clés : cancer de la prostate ; hormonorésistance ;
nouvelles approches thérapeutiques
Key words : prostate cancer ; hormone refractory ; new
approaches of treatment
Correspondance : Dr. M. EL BAGHOULI. 173, rue saint
laurent, Appt n°13, 09000 Casablanca, Maroc. E-mail :
[email protected]
L’HORMONORESISTANCE OU L’ECHAPEMENT
HORMONAL DU CANCER DE LA PROSTATE
INTRODUCTION
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent
chez l’homme, 80% des malades présentant un cancer
disséminé répondent au traitement hormonal. Cette
réponse est limitée dans le temps et la reprise de la
progression a généralement lieu entre 18 et 36 mois
après le début du traitement hormonal.
A. DEFINITION
L’hormonorésistance est définie par une augmentation
du taux de PSA, à deux ou trois reprises sur des dosages
successifs espacés d’au moins 15 jours, alors que le
taux de testostéronémie est à un taux de castration [1].
Les progrès en biologie moléculaire ont permis
d’améliorer la connaissance des mécanismes de
l’échappement hormonal dans l’adénocarcinome
prostatique. La découverte des systèmes des oncogènes
et des antioncogènes est en plein développement ainsi
que l’étude de l’équilibre prolifération/apoptose.
Une maladie évolutive est définie comme la progression
des lésions quantifiables, l'apparition d'au moins une
nouvelle lésion à la scintigraphie osseuse ou progression
biochimique associée à une augmentation du PSA, en
présence de taux plasmatiques de testostérone à des
niveaux de castration (< 50 ng/ml), d'au moins 25%.
L'évolution de la maladie doit se produire malgré un
arrêt du traitement par les bloqueurs des récepteurs
aux androgènes pendant quatre à six semaines [1].
Le but de ce travail est de faire une revue bibliographique
sur les nouvelles méthodes thérapeutiques du cancer
de prostate hormonorésistant.
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Les nouvelles méthodes thérapeutiques du cancer de prostate hormonorésistant
M. EL BAGHOULI et coll.
PRISE EN CHARGE DU CANCER DE PROSTATE
HORMONORESISTANT
B. MECANISMES DE L’HORMONORESISTANCE
1. Mécanismes cellulaires
L’hormonothérapie ne détruit que les cellules
androgénodépendantes. Elle n’a pas d’action sur
d’éventuels clones hormonorésistants pré-existants ni
sur les cellules souches ni sur les cellules neuroendocrines. L’hormonothérapie crée donc une pression
de sélection sur ces cellules androgéno-indépendantes
[2].
A ce jour, il n’existe pas de traitement curatif du cancer
de prostate hormonorésistant (fig. 1, 2).
2. Mécanismes moléculaires
La plupart des mécanismes moléculaires impliquent
l’activation paradoxale du récepteur androgénique (RA)
en l’absence de concentrations physiologiques
d’androgènes sériques. Les autres court-circuitent la
voie du RA [2].
a. Mécanismes moléculaires impliquant l’activation
du RA
* Maintien de concentrations intracellulaires efficaces
de dihydrotestostérone (DHT).
Ces concentrations sont suffisantes pour activer le
RA. Les raisons du maintien de concentrations
intracellulaires efficaces de DHT sont la persistance
de la sécrétion cortico-surrénalienne et surtout
l’augmentation de la production intracrine par la
tumeur [2].
Fig. 1. Démarche thérapeutique vis-à-vis de la progression
biologique du cancer de la prostate [3]
AA : anti-androgène ; BA : blocage androgénique ; LHRH : luteinising
hormone-releasing hormone ; BAC : blocage androgénique complet
* Augmentation de la sensibilité du RA aux androgènes
résiduels.
Les tumeurs hormono-résistantes nécessitent pour leur
croissance 80% d’androgènes en moins que les tumeurs
hormonodépendantes.
Orchidectomie
b. Mécanismes moléculaires court-circuitant la voie
du RA
Analogue LH-RH
Associer un anti-androgène
BAC
* Activation des voies apoptotiques
L’apoptose est une mort cellulaire programmée, sous
l’influence de stimuli telles que la sénescence, les
altérations de l’ADN ou la diminution des facteurs de
croissance. Certaines molécules de la machinerie
apoptotique semblent impliquées dans la transition
vers l’hormono-résistance du cancer de la prostate.
Arrêt de l’anti-androgène
Diethylstilbestrol 1 mg
ou
Bicalutamide (150 mg)
Chimiothérapie
Estramustine
± corticoïdes
* Différenciation neuro-endocrine
Les cellules neuro-endocrines (NE) sont minoritaires
dans la prostate normale. Leur densité est en revanche
augmentée dans le cancer de la prostate hormonorésistant. Ces cellules sont insensibles à la radiothérapie
et aux traitements systémiques. La différenciation NE
du cancer de la prostate est un facteur de mauvais
pronostic [2].
Fig. 2. Modifications du traitement médical devant une
reprise évolutive biologique et/ou clinique [3]
BAC : bloc androgénique complet
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J Maroc Urol 2010 ; 17 : 5-11
A. HORMONOTHERAPIE PREMIERE LIGNE
Les options thérapeutiques pour le traitement de
première ligne sont : la castration chirurgicale, les
agonistes de la LH-RH, les anti-androgènes seuls, les
œstrogènes.
Première ligne d’hormonothérapie en échec
(augmentation du PSA)
Contrôle de la testostéronémie
Arrêt de l’anti-androgène
En cas d’hormonorésistance, continuer ou pas le
traitement hormonal de première ligne ?
Poursuite de l’augmentation du PSA
Devant une reprise évolutive biologique et/ou clinique
[3, 4] :
Asymptomatique
- Vérifier la bonne observance du traitement hormonal
et si nécessaire faire un dosage de la testostéronémie
pour s’assurer du taux de castration.
Symptomatique
Essai thérapeutique
- Modifications du traitement hormonal.
Envisager :
• Mitoxantrone + Hydrocortisone
• Radiothérapie métabolique
• Traitements locaux (radiothérapie
externe, chirurgie si risque de
fracture ou de compression)
Hormonothérapie
de 2ème ligne
1. Maintien de l’analogue de LH-RH
En l’absence d’étude prospective, il est recommandé
de poursuivre la castration par analogue de LH-RH, le
gain sur la survie semble cependant modeste. En
revanche, si la castration initiale était chirurgicale avec
une testostéronémie effondrée il n’y a pas lieu de
prescrire un analogue de LH-RH.
Fig. 3. Attitude pratique en phase d’hormonorésistance [5]
Tableau I. Taux de réponse thérapeutiques observés en deuxième
ligne avec les différentes molécules utilisés [4]
2. Arrêt temporaire de l’ant-iandrogène
Deuxième ligne
thérapeutique
Il apporte un bénéfice chez 30 à 40% des patients. En
effet, il a été observé qu’environ 20% des patients ont
une diminution du PSA, après arrêt de l’administration
des anti-androgènes (withdrawal syndrom : syndrome
de retrait des anti-androgènes). La durée moyenne de
réponse est de 4 mois.
Traitement antérieur Réponse sur le taux
(en plus de la castration) de PSA [IC 95%]
Bicalutamide 200 mg/j
B. HORMONOTHERAPIE DEUXIEME LIGNE
Après l’échec d’une première hormonothérapie, il
n’existe pas de recommandation concernant l’attitude
thérapeutique (fig. 3). Cependant, une deuxième ligne
d’hormonothérapie est généralement proposée si le
patient est asymptomatique, âgé et/ou présente des
comorbidités importantes associées. La deuxième ligne
d’hormonothérapie cible les 10% d’androgènes
circulants liés à la sécrétion surrénalienne, par blocage
du récepteur ou par inhibition directe de la sécrétion.
Elle peut agir uniquement chez les patients devenus
hormono-indépendants et non résistants. Il est nécessaire
à ce stade de poursuivre la castration chimique.
flutamide
38% [20-59%]
Flutamide 250 mg/j
néant
23% [np]
Prednisone 10 mg/j
AAP
12% [6-22%]
Hydrocortisone 40 mg/j
AAP
20% [7-39%]
Kétoconazole 600 à 1200 mg/j
AAP
60%* [47-76%]
Diéthylstilbestrol 3 mg/j
AAP
42%
Fosfestrol 100 mg/j
AAP
79% [66-92%]
Phosphate d'estramustine
AAP
19% [np]
AAP : antiandrogènes périphériques ; IC : intervalle de confiance ; np : non précisé
* La baisse du taux de prostate specific antigen (PSA) est plus importante sans pour autant
de répercussion sur la durée de réponse ou la survie.
C. CHIMIOTHERAPIE
Durant ces dernières années, l’utilisation de protocoles
moins toxiques ainsi que l’apparition de critères
d’évaluation plus pertinents ont modifié la place de la
chimiothérapie dans les cancers de la prostate
hormonorésistants (CPHR).
1. Les principaux agents cytoxiques
Le tableau I indique les taux de réponse observés en
deuxième ligne avec les molécules inhibant la
production d’androgènes surrénaliens (prednisone,
kétoconazole), bloquant les récepteurs aux androgènes
(bicalutamide, flutamide) ou ayant une action
antagoniste des androgènes (diéthylstilbestrol). Leur
action est résumée ci-après.
En cas d’échec de l’hormonothérapie, si l’état général
du patient le permet, on pourra proposer une
chimiothérapie. La première drogue ayant montré une
efficacité supérieure aux corticoïdes seuls est la
mitoxantrone.
a. La mitoxantrone (Novantrone®)
Est un composé de synthèse appartenant à la famille
des anthracénédiones, moins cardiotoxique que la
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Les nouvelles méthodes thérapeutiques du cancer de prostate hormonorésistant
M. EL BAGHOULI et coll.
randomisée de l’E.O.R.T.C. (European Organization for
Research and Treatment of Cancer) rapportée par Fossa
en 2001 mettait en évidence une amélioration de la
qualité de vie et des douleurs pour les patients sous
corticothérapie à faible dose (prédnisone 5 mg) par
rapport au traitement par agoniste de la LHRH seuls.
Une diminution du PSA était également notée dans 20
à 70% des cas [6].
doxorubicine. Les deux indications retenues en
oncologie sont le traitement de la leucémie aiguë
myéloïde et le cancer de prostate hormonorésistant.
Le traitement est globalement bien toléré, avec une
toxicité hématologique minime et une toxicité cardiaque
d'environ 4%. Ce traitement était resté jusqu'à présent
le traitement standard en cas d'atteinte métastatique
hormonorésistante. Cette étude a permis l'approbation
en 1996 par la Food and Drug Administration (FDA)
de l'utilisation de la mitoxantrone 12 mg/m2 toutes les
3 semaines en association avec la prednisone [5, 6].
E. THERAPEUTIQUES CIBLEES
Ces traitements sont en cours d'évaluation et aucun
n’a obtenu d'AMM dans le traitement du CPHR [8, 9].
b. L’estramustine de phosphate
Administré en monothérapie, des taux de réponse (PSA)
de 14 à 48% ont été rapportés. Une amélioration des
symptômes ainsi que de l’état général a également été
observée.
1. Inhibiteurs du récepteur de “l'epidermal growth
factor”
L’epidermal growth factor receptor (récepteur à l'EGF:
EGFR) est impliqué dans la croissance cellulaire, la
différenciation, la mobilité des cellules tumorales et
l’angiogenèse. Ce récepteur transmembranaire subit
une modification conformationnelle après fixation du
ligand et dimérisation.
Cependant, trois études randomisées évaluant
l’estramustine dans le traitement du cancer de prostate
hormonorésistant, la première contre placebo, une
autre contre le flutamide, et la troisième contre
l’association méthotrexate-cisplatine, n’ont montré
aucun bénéfice de l’estramustine en termes de palliation
ou de survie [1].
La surexpression d’EGFR dans le CPHR serait associée
à un pronostic péjoratif. De plus, lors de la phase
métastatique diffuse, il existe une modification de la
sécrétion paracrine pour un mode autocrine du
transforming growth factor (TGF) alpha, un des ligands
d’EGFR, ayant pour conséquence une activation plus
importante du récepteur. Donc, le blocage de ce
récepteur semble être une thérapie ciblée de choix.
c. Les Vinca-Alkaloïdes
- La vinorelbine (Navelbine®), en monothérapie, a
permis dans deux essais de phase II d’entraîner une
réponse biologique dans 39% et 32% des cas [1, 2].
- La vinblastine : des taux de réponse modeste en terme
de diminution du PSA ont été obtenus avec la
vinblastine donnée en monothérapie. En association
avec l’estramustine, les résultats semblent meilleurs
puisque 40 à 54% des patients présentent une
diminution significative du PSA [1].
2. Inhibiteurs de l'angiogenèse
L’angiogenèse est un processus complexe, étroitement
régulé, nécessaire pour la croissance et le potentiel
métastatique des tumeurs. Les petites tumeurs, de moins
de 2 millimètres, sont généralement considérées
capables de maintenir leurs besoins alimentaires par
diffusion, toutefois toute autre croissance exige
l'induction d’une néo-vascularisation et l'invasion des
capillaires des vaisseaux environnants.
d. Les Texanes
- Le docetaxel, en monothérapie à la dose de 75 mg/m2,
a donné des taux de réponse biologique de 38% et
46% dans deux essais. Les taux de réponse rapportés
des associations docetaxel, estramustine et
dexamethasone ont été globalement supérieurs. Cette
supériorité en terme de réponse biologique de
l’association avec le phosphate d’estramustine vient
d’être confirmée dans une étude de phase II randomisée
[6, 7].
Le VEGF est une glycoprotéine intervenant dans la
stimulation de l’angiogenèse. Des travaux récents ont
montré que le taux de VEGF circulant pourrait être un
marqueur de progression du cancer de prostate, et un
facteur pronostique indépendant de la survie.
3. Epothilones
Constituent une nouvelle classe d’agents tubulinepolymérisant, qui suppriment la dynamique des
microtubules semblable aux mécanismes des taxanes,
mais sont moins susceptibles à la P-glycoprotéine qui
induit l’efflux de la drogue (une des protéines principales
impliquées dans le développement des phénotypes de
MDR = drug-resistance mechanisms).
- Le paclitaxel : comme docetaxel, le paclitaxel a été
largement étudié comme agent cytotoxique seul et en
association. Les toxicités associées au paclitaxel incluent
la neutropénie, la neuropathie, et l’arthralgie/myalgie.
D. PLACE DE LA CORTICOTHERAPIE
Ils sont généralement 5-25 fois plus efficaces que le
paclitaxel dans l’inhibition de la croissance des cellules
en culture [9].
L’utilisation des corticoïdes dans le cancer de la prostate
hormonorésistant est une pratique courante. L’étude
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4. Les petites molécules inhibitrices de la transduction
du signal
cytokines immunosuppressives ou incapacité des
lymphocytes T à entraîner une réponse immunitaire
efficace par exemple). L'utilisation d'un vaccin aurait
pour but non pas de prévenir l'apparition d'un cancer
mais de supprimer cette “tolérance”. Un essai de phase
II étudiant l'APC8015 (utilisant des cellules présentatrices
de l'antigène [CPA] activées d'un patient, mises en
incubation avec une protéine de fusion entre la prostatic
acid phosphatase [PAP] et une petite molécule se liant
spécifiquement à la surface des CPA, a montré un
bénéfice en termes de progression (+ 6 mois) et de
qualité de vie (moins de douleurs) par rapport au groupe
contrôle dans le sous-groupe des patients ayant un
score de Gleason inférieur ou égal à 7, mais pas en
cas de Gleason supérieur. De même, la réponse
lymphocytaire T est sept fois plus importante dans le
groupe “Gleason inférieur ou égal à 7”. Une étude de
phase III (nommée D9902B) est actuellement en cours
[11].
Peuvent bloquer spécifiquement des voies cellulaires
de signalisation impliquées dans la croissance et
l’apoptose.
a. Antagonistes du récepteur A de l’endothéline I (ET-A)
Les endothélines sont des peptides produits par les
cellules endothéliales et épithéliales des tissus telle que
la prostate.
L’endothéline-1 se lie au récepteur A d’endothéline,
et vraisemblablement la voie de signalisation
endothéliale est prédominante dans le cancer de
prostate. Les patients avec CPHR métastatique ont une
plus grande expression d’endothéline-1 en comparaison
avec l'épithélium prostatique normal et celui du cancer
de prostate localisé. L’endothéline-1 a des effets sur
les vaisseaux (constriction), sur la prolifération
(stimulation in vitro de la prolifération des cellules
tumorales prostatiques), sur la synthèse de la matrice
ainsi qu’un effet anti-apoptotique.
7. Thérapie visant les nucléotides
Les oligonucleotides Antisenses (ASOs) offrent une
approche pour régler des gènes impliqués dans la
progression du cancer, particulièrement ceux qui ne
sont pas sensibles à la petite molécule d’inhibition ou
d’anticorps.
b. Inhibiteur de la tyrosine kinase
Imatinib (Gleevec, Novartis Pharmaceuticals, East
Hanover, NJ) : est un agent qui empêche l'activité de
tyrosine kinase, du récepteur plaquette-dérivé de facteur
de croissance (PDGF-R).
Les ASOs sont des molécules ADN-like chimiquement
modifiées, 17 à 22 nucléotides de longueur. Ils sont
conçus être complémentaires à l’ARN messager d’un
gène choisi, pour empêcher spécifiquement son
expression [12].
5. Réinduction de l'hormonosensibilité
On estime que toute séquence d'au moins 13 bases
dans l’ARN et 17 bases dans l’ADN est représentée
seulement une fois dans le génome humain. Ainsi, la
spécificité implicite mène théoriquement, dans la
conception d’ASOs, à la réduction de la toxicité à
distance de la cible. Les défis demeurent pour optimiser
l'exposition de tissu, la prise cellulaire et la
démonstration du mécanisme de l'activité antitumorale.
Le manque de succès de l'ASOs de première génération
G3139 et ISIS3521 dans des épreuves randomisées
récentes de phase III dans le cancer de poumon, la
leucémie, le myélome, et le mélanome a atténué
l'enthousiasme pour la thérapeutique d’ASOs.
Les cellules cancéreuses prostatiques produisent des
facteurs de croissance stimulant les ostéoblastes et
donc l’ostéoproduction.
L’IGF1 (production systémique et locale) aurait un effet
protecteur sur les cellules cancéreuses des métastases
osseuses. Les ostéoblastes et osteoblast-derivated growth
factors (ODGF) comme IGF1 inhibent l'apoptose
chimio-induite et favorisent la production de tumeurs
chimiorésistantes in vitro.
La somatostatine et ses analogues peuvent supprimer
la production d’IGF1 hépatique. Les glucocorticoïdes
peuvent diminuer la production des ODGF comme
IGF1 et TGFß, ainsi que leur biodisponibilité en réduisant
l’expression de l’activateur du plasminogène urokinaselike dérivé des cellules cancéreuses prostatiques qui
hydrolyse localement les IGF-BP. Ainsi, l’association
d'analogues de la somatostatine et de corticoïdes
pourrait réinduire l'hormonosensibilité [10].
F. TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES
La qualité de vie est l’élément essentiel à prendre en
compte et donc la prise en charge des symptômes non
urologiques fait partie intégrante du traitement. Cela
permet une prolongation de la survie. L’urologue
s’associe aux autres spécialistes pour cette prise en
charge typiquement multidisciplinaire. Lorsque le
cancer de la prostate progresse, la localisation
métastatique la plus fréquente est la localisation osseuse.
Bien que les métastases osseuses du cancer de la
prostate aient une forte activité ostéoblastique comme
6. Immunothérapie active (vaccinations)
Le déficit de réponse immunitaire face à la présence
d'une tumeur chez des patients en majorité
immunocompétents, pourrait témoigner d'un certain
degré de “tolérance immunitaire”, dépendant de
différents mécanismes (sécrétion par la tumeur de
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Les nouvelles méthodes thérapeutiques du cancer de prostate hormonorésistant
M. EL BAGHOULI et coll.
C. THERAPIE GENIQUE
Cette technique consiste en l’introduction dans une
cellule cible, d’un matériel génétique constitué d’un
gène sous la dépendance d’une séquence de régulation.
Le gène est introduit soit directement sous forme d’ADN
nu, soit grâce à un vecteur dans le génome duquel il
est généralement inséré. L’expression de ce gène
modifiera les propriétés fonctionnelles de la cellule
appelée alors cellules transduites. Cette expression,
soit restaurera une fonction perdue ou altérée, soit lui
fera acquérir une fonction nouvelle. Plusieurs voies
d’administration in vivo ont été testées, la meilleure
rentabilité étant obtenue par injection intra-prostatique
directe [14].
en témoigne l'aspect radiologique hyperdense des
lésions, il existe également une activité ostéoclastique
importante. Les biphosphonates, analogues des
pyrophosphates, empêchent la destruction osseuse
dans près de 80% des patients ayant une forme avancée
de la maladie. Il existe plusieurs biphosphonates
disponibles comme le clodronate, le pamidronate ou
l'acide zolédronique. L'acide zolédronique a démontré
son efficacité dans la prévention des complications
osseuses dans une étude randomisée de phase III.
Les douleurs peuvent êtres calmées par divers moyens
à savoir les antalgiques, la chirurgie et la radiothérapie
externe ou métabolique. D’autres complications peuvent
être rencontrées qu’il faut savoir les gérer en cas de
cancer de la prostate hormonorésistant, essentiellement
les troubles obstructives urinaires, les oedèmes des
membres inférieurs et les différentes complications
métaboliques et hématologiques.
CONCLUSION
Le cancer de prostate hormonorésistant correspond à
une situation clinique grave où les symptômes sont
souvent importants et la survie faible. Les mécanismes
intimes du processus d’hormonorésistance sont toujours
à l’étude. Le choix du traitement se fait essentiellement
en fonction de l'état général du patient. En effet, cette
maladie touche des patients âgés qui ne sont pas
toujours capables de supporter un traitement agressif.
Chez le sujet plus jeune, on n'hésitera pas à débuter
rapidement une chimiothérapie et à privilégier
l'inclusion dans les essais thérapeutiques.
VOIES DE RECHERCHE
A. THERAPIE D’INHIBITION DE LA PROLIFERATION
ET DE METASTASE
La régulation moléculaire qui contrôle le cycle cellulaire
est le “cyclin-dependant-kinase” qui résulte de l’arrêt
de cycle cellulaire avec prolifération de cellules
tumorales qui font l’objet d’essais cliniques. L’un de
ces inhibiteurs est « genestin », une substance naturelle
se trouvant dans le soja qui a été la base de nutrition
dans les essais, la plupart des données épidémiologiques
et les résultats de laboratoires sont en faveur d’actions
diététiques (régime non gras, prise de sopptréine,
vitamine E, prise de sélénium) [13].
Une seconde phase essentielle par la régression tumorale
est la capacité des cellules cancéreuses de casser la
matrice extra-cellulaire avec des enzymes protéases
qui envahissent le tissu et établissent de nouveaux
vaisseaux sanguins. En plus, la néovascularisation, ou
bien l’angiogenèse, est critique dans la croissance
tumorale et sa métastase. Ceci généralement achève
une production locale des molécules qui sont les
proangiogéniques.
Des perspectives nouvelles sont offertes avec les
thérapies ciblées. Les résultats de nombreuses études
de phases II et III en cours actuellement devraient
apporter des résultats majeurs dans les prochaines
années.
REFERENCES
B. INDUCTION DIRECTE ET SELECTIVE DE
L’APOPTOSE
Au niveau cellulaire, l’hormonorésistance traduit une
incapacité d’enclencher le processus d’apoptose induit
par la suppression androgénique. Les étapes clefs de
l’apoptose varient suivant le type cellulaire et le stimulus
inducteur, mais le processus comprend un stade
commun terminal, irréversible, d’exécution létale. Le
développement d’agents susceptibles d’induire
spécifiquement l’activation de cette phase d’exécution
dans les cellules prostatiques suscite un intérêt croissant
parmi les chercheurs [13].
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