L`accès à la justice pour les migrants sans-papiers: nouveau
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L`accès à la justice pour les migrants sans-papiers: nouveau
L’accès à la justice pour les migrants sans-papiers: nouveau rapport de PICUM expliquant comment introduire des recours auprès des instances juridiques Paulina* est une femme migrante sans-papiers originaire du Chili qui est venue en Belgique il y a plusieurs années de cela, afin de travailler en tant qu’employée de maison auprès d’une famille de diplomates ayant la même nationalité qu’elle. Pendant deux ans, elle a travaillé plus de 14 heures par jour, sept jours sur sept, pour un salaire mensuel de 300 euros, en étant hébergée au sous-sol où ses employeurs stockaient les poubelles avec sans aucune permission de sortir de la maison. Paulina décida de s’enfuir mais elle avait peur de dénoncer l’exploitation dont elle était victime, par peur d’être expulsée. Pendant tout ce temps, elle est donc restée sans-papiers. La situation à laquelle Pauline fut confrontée est un exemple parmi tant d’autres d’exploitation par le travail des migrants sans-papiers en Europe, qui ne disposent très rarement d’un accès à la justice. « Lorsque nous examinons l’accès à la justice, l’attention devrait porter avant tout sur le crime plutôt que sur le statut de la victime » a insisté Jean Lambert, députée européenne du Groupe des Verts/ Alliance Libre européenne. Le nouveau rapport de PICUM, Le recours à des stratégies juridiques pour faire respecter les droits fondamentaux des migrants sans-papiers, fournit une aide pour les défenseurs des migrants sans-papiers afin d’introduire des recours auprès des instances juridiques nationales et internationales. Le rapport est un guide pratique sur les mécanismes existant au sein de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe ainsi que les Nations-Unies que les défenseurs peuvent utiliser pour faire respecter les droits fondamentaux des migrants sans-papiers et pour combattre l’impunité. Le rapport est le fruit des discussions s’étant tenues entre les représentants des instances de surveillance des droits, experts juridiques ainsi que les prestataires de services de première ligne lors de l’atelier annuel de PICUM de 2012. Le Rapporteur Spécial des Nations-Unies sur les droits de l’homme des migrants, François Crépeau, a souligné le besoin essentiel de restreindre le partage d’informations entre les prestataires de service et les autorités en charge des contrôles d’immigration : « L’accès à la justice est crucial. Il faut que les voix des migrants soient écoutées par les institutions. De bonnes pratiques existent, parmi elles, les pare-feu. Les services publics, tels que la police, les prestataires de soins de santé, les inspecteurs du travail, les enseignants et les administrateurs, devraient être en mesure de mener leurs missions, sans aucune interférence et sans devoir être soumis aux autorités d’immigration ». L’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) a développé des lignes directrices pour les Etats membres de l’UE afin de permettre aux migrants sans-papiers de signaler des crimes et d’avoir accès à la justice sans avoir peur d’être appréhendés. Ces lignes directrices suggèrent de donner la possibilité de signaler un crime à la police anonymement et de séparer le statut migratoire des victimes de celui des personnes possédant leur permis de résidence si ces dernières sont les auteurs de ce crime. Deux directives de l’Union européenne offrent également des voies pour les migrants sanspapiers d’accéder à la justice. L’article de 6 de la directive « Sanctions » (Directive 2009/52/EC) et qui établit des « règles minimales à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en situation de séjour irrégulier », permet aux migrants sanspapiers d’introduire des recours contre les impayés de leur employeur. La Directive « Victimes » (2012/29/EU), établit quant à elle des « règles minimales pour les droits, le soutien et la protection des victimes de la criminalité ». Adoptée en octobre 2012, elle doit être transposée par les Etats membres avant 2015 et a pour but de renforcer les droits de toutes les victimes et de leurs familles, sans aucune distinction du statut de résidence, tel que mentionné dans l’article 1 de la directive. Les défis demeurent aux niveaux national, régional et local afin de s’assurer que des mesures pratiques sont mises en place afin de permettre aux migrants sans-papiers de effectivement déposer plainte s’ils ont été victimes d’abus ou d’exploitation. Les cadres juridiques nationaux des Etats membres n’évaluent pas souvent et suffisamment si les migrants sans-papiers victimes de la criminalité ont un accès garanti à la justice et aux services de soutien aux victimes. Le rapport fournit des exemples concrets pour constituer un dossier et explique la manière de mener des actions aux niveaux national et européen, dont la collecte de preuve d’exploitation ainsi que la manière de déposer plainte. Il fournit également des exemples pour former les ONG afin d’introduire des recours devant les tribunaux. ### *Prénom modifié Pour consulter le rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux sur l’impact sur les droits fondamentaux des pratiques visant à détecter ou à dénoncer des migrants en situation irrégulière, cliquez ici. A propos de PICUM PICUM – la Plate-forme Internationale pour la Coopération sur les Sans-Papiers, est une organisation non-gouvernementale (ONG) qui promeut le respect des droits humains des migrants sans-papiers en Europe. PICUM établit un lien direct entre le niveau local, au sein duquel l’expérience des migrants sans-papiers est la plus visible, et le niveau européen, dans lequel les politiques les concernant sont élaborées. PICUM apporte régulièrement son expertise et ses recommandations aux institutions et décideurs politiques des Nations Unies, du Conseil de l’Europe et au niveau européen. Depuis 2009, PICUM s’est vu attribuée un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe. Contact Media: Elisabeth Schmidt-Hieber Chargée de Communication +32 2 210 1780 [email protected]