RAPPORT D ` INTERVENTION Tapisserie au point XIX° Dossier

RAPPORT D‘ INTERVENTION
Tapisserie aupointXIX°
Dossier 135287
Mairie de Grigny
2009
Description
Auteur : Madame Canapville
Date : 1886-1897.
Lieu de présentation : Grigny, Eglise paroissiale.
Vues générales endroit et envers avant traitement
Caractéristiques techniques
Dimensions
Mesurées en atelier, après restauration.
Dimensions maximales : 5,30 m x 2,00 m
Matériaux
Canevas en fibres cellulosiques.
Tissage en laine (retors S).
Technique d’exécution
Demi-point de croix sur canevas façonné.
- Canevas façonné : tissé à fils réunis deux par deux.
- Demi-point de croix : « Lorsque le brin est trop gros par rapport au canevas, pour faire le point de
croix complet, on ramène le fil de droite à gauche sur toute la ligne que doivent occuper les points, et
l’on fait par-dessus ce fil le demi-point de croix. Ce genre de point est généralement employé pour
l’achèvement des tapisseries échantillonnées ».
Thérèse de Dillmont, Encyclopédie des ouvrages de dames, DMC – Armand Colin, 1884 (éd.
consultée : 1993), p. 215.
Ici, le demi-point a sans doute été également utilisé pour une plus grande rapidité d’exécution, étant
donné l’ampleur de l’ensemble.
On remarque que les chairs des personnages et certains détails (cheveux notamment) sont tissés
beaucoup plus finement, en dédoublant le canevas.
16 point /cm2 environ pour la majorité de la tapisserie, et 49 points au cm2 environ pour les parties
les plus fines.
Etat de conservation
OBSERVATIONS
Constat d’état effectué sur place lors de l’établissement du devis :
L'ensemble de ces tapisseries sont accrochées et encadrées par des boiseries très abîmées. Elles sont
très sales et de nombreuses parties sont mitées.
Etat général
Bon état général.
Salissures : un encrassement extrêmement important de suif, gras, ainsi que des taches noires.
Ruptures d’intégrité : Trous de mites dans le tissage en laine (le canevas, en coton, est préservé),
principalement situés sur les bords. Dans ces zones la laine « bouloche » sous l’effet de l’attaque
des insectes kératinophages.
Ruptures d’intégrité : quelques déchirures et fragilités du canevas dans ces zones.
Déformations
Notamment au niveau des coutures d’assemblage des canevas.
Doublage et mode d’accrochage
Les tapisseries ne sont pas doublées ; elles sont clouées sous des boiseries.
Altérations chromatiques
Décoloration générale ; on peut observer les coloris d’origine dans les zones qui étaient protégées par
les boiseries.
Démarcation dans les coloris
DIAGNOSTIC
-
-
La poussière est un élément nocif à la conservation des tapisseries, car elle accentue la
déshydratation des fibres et constitue un milieu propice au développement d’infestations
biologiques.
Le système d’accrochage par clous risque de provoquer des déformations et donc des fragilités
localisées ainsi que des dégradations dans le tissage.
Les attaques de mites se sont concentrées sur les bords car ces zones étaient protégées par les
boiseries : la chaleur, l’obscurité et le confinement sont des conditions propices à leur
développement.
PRONOSTIC
.
autour des trous de mites, les laines risquent de s’effilocher et les trous de s’agrandir, car le
tissage n’est pas stoppé.
L’encrassement accélère le vieillissement.
Traitement
Dépose de la tapisserie
Un échafaudage a été monté autour de l’autel pour accéder jusqu’en haut de la tapisserie.
Puis la tapisserie a été décrochée progressivement, depuis le bas jusqu’en haut et descendue à l’aide de
cordes.
Transport aller et retour de la tapisserie
Le transport de la tapisserie dans nos ateliers, a été effectué dans un camion banalisé, sous alarme,
sécurisé par un système GPS, qui permet de le localiser en permanence et éventuellement de
l’immobiliser en cas de vol.
Analyses et tests
Prélèvements de fibres pour analyses (tests de tenue des couleurs et des fibres en vue du nettoyage ;
tests sur les salissures).
Il a été noté un dégorgement du colorant rouge, mais pas suffisant pour empêcher le nettoyage aqueux,
grâce à l’aspiration.
Dépoussiérage
Avant de procéder au nettoyage proprement dit, il convient d’éliminer le maximum de poussières
superficielles de la surface de la tapisserie par une aspiration contrôlée avec un appareil à puissance
variable et à haute filtration. La tapisserie a été mise au sol pour éviter les manipulations.
Nettoyage
La tapisserie a été nettoyée dans notre laboratoire . Cela permet de limiter les risques encourus lors du
nettoyage, en particulier la déformation voire la rupture des fibres de laine (humides, elles se dilatent
et perdent de leur résistance physique : les molécules se déplacent et glissent les unes sur les autres).
La tapisserie a été déroulée sur le tamis avant traitement et n’a plus été manipulée avant la fin du
séchage. Les risques de dégradation occasionnés par des frottements ou manipulations pendant que la
tapisserie est mouillée ont ainsi été minimisés.
Les quantités d’eau utilisées sont réduites, car elle est nébulisée par une rampe qui se déplace, et
aspirée simultanément par une rampe inférieure : cette aspiration évite à la tapisserie d'être gorgée
d'eau et permet ainsi de réduire les risques de dégorgement des colorants ; et au cas où cela se
produirait quand même, leur migration serait verticale donc inoffensive). Un détergent nonionique
(Detertex HL et Triton X-114) a été employé, très efficace dans l’élimination des matières grasses.
Phases du nettoyage :
DEPOUSSIERAGE REVERS
LAVAGE (DETERTEX HL)
ESSORAGE
PULVERISATION SUPERIEURE
RINCAGE INFERIEUR
ESSORAGE
SECHAGE PAR SOUFFLAGE
La première phase consiste en une aspiration basse pression effectuée par le revers de l’œuvre,
permettant d'en éliminer la poussière superficielle.
Le rinçage inférieur permet de bien hydrater la tapisserie sur les deux faces, et d’assouplir les laines.
L’essorage n’est qu’une aspiration inférieure plus forte, permettant d’éliminer un maximum d’eau.
Le séchage par soufflage consiste en un séchage progressif par aspiration inférieure (basse pression) et
léger soufflage d'une rampe d'air à température ambiante par le dessus.
Détail de l’installation
Détails avant et après nettoyage
Conservation-restauration
Les trous ont été restaurés par retissage à l’identique à l’aide d’un fil de laine, en plaçant des pièces de
canevas en coton par-dessous lorsque le canevas d’origine était trop dégradé. Les motifs n’ont pas
posé de difficulté d’interprétation, d’autant que les poncifs étaient souvent encore visibles.
Les coutures fragiles ou défaites ont été refaites à l’aide d’un fil de coton.
Détails avant et après interventions
Détails avant et après interventions
Détail avant et après intervention
Doublage
La tapisserie est doublée avec une toile en coton décatie qui la protége de la poussière, à l’aide de
lignes verticales de bagués placées en quinconce. La toile est laissée débordante sur les côtés pour
permettre la repose.
Vue d’ensemble avant et après restauration
Conseils de stockage
Une tapisserie doit être transportée et stockée sur un rouleau. Le sens d’enroulement est très
important.
Le doublure doit être contre le rouleau, c’est-à-dire que l’endroit de la tapisserie est visible une fois la
pièce roulée (cela permet que, s’il doit y avoir formation de plis, cela se fasse sur la doublure et non
sur le tissage).
Pour éviter l’écrasement et la déformation du tissage, la tapisserie doit être roulée dans le sens des
chaînes.
Le diamètre du rouleau doit être au minimum de 15 cm et de préférence plus large. On peut utiliser des
tubes de carton, du PVC, mais à condition qu’une « barrière » (type film polyester) soit mise autour
pour éviter toute interaction physico-chimique entre la tapisserie et son support.
Une housse de protection doit être mise autour de la tapisserie et attachée par des liens, des bandes
auto-agrippantes. Cette housse doit être en tissu débouilli/décati non teint. Une étiquette extérieure est
recommandée pour une identification rapide et aisée.
Conseils de conservation
Les principaux agents de dégradation d’un textile sont la lumière, les variations et excès d’humidité,
les poussières, les insectes et rongeurs.
Une inspection régulière est essentielle : vérifier et déranger les parasites est un moyen préventif de
conservation qui aide à éviter une infestation éventuelle.
La propreté (absence de poussières, de plantes…) dans les locaux et sur les objets textiles contribue
également à la bonne conservation des œuvres.
Nous sommes à votre disposition pour étudier et anticiper les risques de dégradation dans un lieu, un
local, et pour envisager les solutions possibles permettant une conservation optimale de vos œuvres ou
collections.
LUMIERE
Les recommandations officielles préconisent un éclairement ne dépassant pas 15 000 luxH/an (soit 50
à 55 Lux, pendant trois mois, une fois tous les trois ans). Il est conseillé de suivre les principes
suivants :
o Limiter au maximum la durée d’exposition et ne pas éclairer en l’absence de visiteur
o proscrire les éclairages halogènes
o si la lumière extérieure est trop intense, la pose de filtres anti U-V , de stores ou de
rideaux est conseillée
TEMPERATURES ET DEGRES D’HYGROMETRIE
Les recommandations officielles préconisent de 18 à 20°C et une humidité relative stable comprise
entre 40 et 60 %. Certains aménagements peuvent être réalisés pour atteindre les conditions ci-dessus :
déshumidificateur, thermostat, isolation…
Si l’environnement idéal ne peut pas être recrée, il est important d’éviter les variations de température
et d’hygrométrie. Ne pas placer la tapisserie à proximité d’une cheminée ou d’un appareil de
chauffage.
DOSSIER CHEVALIER CONSERVATION : 135287 ESTAMPIN 39492
PARIS-OUEST
6 , 8, rue Lépine Marcel
92700 Colombes
Tél. : 33 (0)1 47 88 41 41
Fax : 33 (0)1 47 88 64 52
E-Mail : [email protected]
http://www.chevalier-conservation.com
PARIS-EST
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