Emission du mardi 6 et 13 mars 2007
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Emission du mardi 6 et 13 mars 2007
ECO ATTITUDE, une émission hebdomadaire sur l’environnement en Franche-Comté Radio BIP – le mardi à 18h30 – FM 96.9 – animée par le réseau Franche-Comté Nature Environnement. Emissions du mardi 6 et du 13 mars 2007 animées par Henri, animateur à Doubs nature environnement et Christine Relange, animatrice de Radio BIP ; retranscrites dans leur presque totalité. Enquête à l’association TRI, Traitement Recyclage Insertion pour l’emploi et l’environnement située à Quingey Pour cette première émission à T.R.I., Henri et Christine se sont retrouvés dans les bureaux de l’association afin de comprendre un peu mieux sa devise : « Comment mettre l’environnement au service de l’emploi et l’emploi au service de l’environnement ? ». Ils ont poursuivi leur enquête au dépôt-vente afin de vérifier sur le terrain ce qui leur avait été indiqué plus haut. http://www.recycleries-ressourceries.org/IMG/pdf/TRI.pdf Question à Roland Sage, président de l’association T.R.I., accompagné de Julie, agent de développement. Henri : Comment et pourquoi est née l’assosiation ? Roland Sage : Quand j’étais maire de ma commune on voulait fermer nos décharges « sauvages » et on voulait nous faire dépenser du fioul pour emmener des déchets à une décharge où le jus coulait dans la Loue ce qui n’était pas très écologique donc on s’est dit que si on voulait faire quelque chose il fallait que ce soit bénéfique pour l’environnement ; on a donc mis en place T.R.I. H : Effectivement le choix est vite fait entre une décharge où le jus s’écoule à plusieurs endroits et n’importe où et une décharge où seulement un écoulement est prévu ; comment avez-vous démaré votre activité ? R.S. : Le démarrage a été difficile. Notre démarche a été d’aller voir les maires puis l’association de lutte contre le gaspillage à Poligny qui fait de la récupération depuis 25 ans ; les maires ont trouvé ça intéressant mais la situation ne permettait pas de démarrer quelque chose sur Quingey. Ensuite, on a créé une association en 1995 de personnes qui avaient envie de s’impliquer pour l’environnement sur le canton. Créée en octobre 1994 elle n’a pu fonctionner qu’en 1997. On a trouvé un hangar à aménager sur Liesle, un site pour stocker, trier mais aussi pour organiser les premières ventes qui ont commencé début juin 1997. A ce moment là on n’avait que des bénévoles et un, puis 3 CES et en 1998 notre premier emploi jeune, Damien Faivre, aujourd’hui directeur de l’association. Christine : Depuis quand êtes-vous sur Quingey ? R.S. : Depuis automne 2004 mais il y a eu plusieurs étapes : sur Liesle on a démarré toute la partie récupération, une friperie dans l’ancienne fromagerie de Liesle ; ensuite reprise ou redémarrage de la blanchisserie Duval de Boisvillers, au départ prévue pour le centre de rééducation de Quingey mais dépassée par le travail et la complexité, la fondatrice a dû arrêter et c’est là qu’on nous a proposé de reprendre et réouvrir cette blanchisserie ; on a accepté en précisant qu’on ne connaissait rien à ce travail et c’est alors que Mireille Bourgin, la fondatrice a accepté d’être notre encadrante technique et responsable de la blanchisserie. Plus tard on a construit à Quingey et on a refait une blanchisserie plus grande aux normes d’aseptisation, avec une séparation des flux (linge sale et linge propre dans des locaux séparés) car on traite du linge hospitalier. On va encore l’agrandir car on a un marché avec les thermes de Salins, 50 tonnes en plus. Depuis 2004 on a regroupé tous nos bâtiments : il y a le chantier où arrive l’essentiel de ce que l’on récupère lors de nos tournées mensuelles dans les communes du canton et tous les deux ou trois mois dans d’autres communes. On récupère du papier, des choses qui ne servent plus à l’un mais pourront être revendues pour servir à d’autres. Il y a aussi un atelier intermédiaire où l’on fait du nettoyage ou des petites réparations et enfin le magasin (friperie et bric à brac) ouvert deux fois par mois (premier et troisième samedi du mois) qui voit sa fréquentation augmenter à tel point qu’on envisage d’agrandir le local. Ce magasin est important car il permet de mettre dans le coup plein de bénévoles, ce qui est la richesse de l’activité. H. : Est-ce que vous êtes en lien avec d’autres associations comme celles qui touchent l’électroménager sur Besançon et Audincourt et qui font de la remise en état ? R.S. : On fait partie du PRADI (Pôle Régional d’Animation et de Développement de l’Insertion par l’économie) et on est en relation avec d’autres structures telle qu’ENVIE qui est une structure d’insertion travaillant plus sur le nord Franche-Comté dans l’électroménager, avec un magasin à Besançon, à Chalezeule, avec lequel nous avons des projets. C. : Alors que Quingey est une petite commune qui fait un peu plus de 800 habitants est-ce que l’on observe un dynamisme intercommunal avec des projets de réinsertion professionnelle des gens des alentours ? R.S. : Oui. Dès sa création, l’association avait pour but à la fois de régler des questions d’environnement et de créer des emplois ; le taux de chômage était important en 1994. L’important était ce lien entre environnement et emploi et même s’il y a beaucoup d’emplois créés on a tout de même, parmi ceux-ci, quelques emplois fixes qui permettent de créer de l’activité sur le canton. C. : Combien y a-t-il d’emplois fixes ? R.S. : Ca dépasse une vingtaine. On a cinquante fiches de paye, pas toutes pour des emplois à temps plein mais pour l’année 2005 c’est un peu plus de 30 payes équivalentes temps plein ; en 2006 on a du frôler les 38. C’est donc important dans un canton rural où beaucoup de gens travaillent sur Besançon. Aujourd’hui le lien avec la communauté de communes est important, on peut dire qu’on est les animateurs de développement local. C. : Est-ce qu’il y a un suivi pour les gens qui sortent d’un emploi précaire de chez vous ? R.S. : Pour les aider à se réinsérer on a une assistante sociale permanente ; elle les aide à insérer l’association, ensuite elle les rencontre tous les quinze jours puis prépare leur réinsertion future. Les résultats sont variables d’une année à l’autre mais bons en général. H : Est-ce que vous sensibilisez les gens qui travaillent chez vous aux problèmes environnementaux ? Julie, agent de développement : Cette année un module de formation pour nos salariés a été mis en place afin qu’il puissent avoir un certain bagage en repartant de chez nous ; on les sensibilise à la définition d’une association, à la nôtre en particulier ; il y a aussi une formation qui aborde la profession (comment rédiger un CV, comment fonctionne l’ANPE…) et un module assuré par les animatrices du pôle environnement sur les thèmes de la ressourcerie, de l’environnement, du développement durable, du tri sélectif… qui peuvent amener à des vocations, des idées neuves. H : En tant qu’association TRI vous devez être à la pointe au niveau du tri mais qu’en est-il des eaux usées notamment de celles de la blanchisserie, avez-vous une politique, des objectifs, des souhaits pour l’avenir ? R.S. : C’est vrai que quand on a fait faire cette blanchisserie on n’a pas vraiment pensé à ce problème là qui n’était pas dans nos objectifs premiers, l’objectif étant de créer des emplois féminins mais très vite on s’est posé la question de l’insertion d’une petite industrie dans le développement durable : les lessives sans phosphates n’existent pas au niveau industriel donc on a essayé de diminuer les quantités de lessive utilisées mais on a des objectifs de résultats correspondants aux programmes choisis ; si l’on ne passe le linge qu’une seule fois dans une machine alors il faudra mettre plus de lessive et on préferera quelquefois faire deux machines avec moins de lessive. Sur l’aspect énergétique il faut savoir qu’on a besoin d’énormément d’eau chaude ; en hiver elle est fournie par notre chaudière à plaquette de bois et on gagne au niveau du développement durable mais aussi au niveau du temps car c’est 20 mn en moins qu’avec électricité. Depuis cet été on a 17 m² de capteurs solaires sur le toit de la blanchisserie qui fournissent l’eau chaude en été. Aujourd’hui on va encore plus loin en faisant le bilan de nos dépenses en lessive, en carburant…pour analyser tout ça, faire un bilan carbone pour 2007 et identifier les points où l’on pourrait récupérer quelques tonnes. C : On remarque en venant que vos bâtiments ne sont pas traditionnels dans le sens où on voit beaucoup de structures en fer, des toits plats ; on devine que ça doit être plus difficile à chauffer, alors est-ce que lors de la construction des mesure n’ont pas été respectées ? R.S. : Quand on construit pour une association écologique comme la nôtre, on a des belles idées ; on voulait même construire le bâtiment en bois mais le budget se serait élevé d’un et demi. On a fait le choix d’un batiment fonctionnel, ce qui est très important, et on n’a pas abandonné le choix d’un chauffage renouvelable. De plus l’isolation est très bonne et le chantier est juste chauffé en hors gel. H. : Est-ce que vous pouvez donner une estimation de votre consommation de plaquette ? R.S. : On a dû changer plusieurs fois de fournisseur car la consommation n’était pas optimale et la chaudière ne fonctionnait pas bien. Les plaquettes sont donc plus tendres, elles prennent plus de volume mais le poid reste à peu près semblable. C. : Quant à l’éducation à l’environnement, avez-vous créé d’autres activités ? Julie : Depuis le printemps dernier le club environnement accueille des enfants en périscolaire le mercredi après-midi ; il existe aussi un travail de réflexion sur la poubelle et ce qu’elle implique en amont (moins de consommation) pour qu’elle diminue de taille ; ainsi on organise les animations autour de la ressourcerie, du réemploi des déchets pour les enfants mais aussi autour de la consommation plus responsable comme celle du commerce équitable. H. : Est-ce que vous faites aussi des animations de ce genre auprès des adultes ? J. : Ca parraît un peu difficile…mais les enfants sont un bon vecteur pour faire passer le message. Néanmoins ils ne sont pas oubliés lors des manifestations grand public ; on a aussi une commission citoyenne qui fonctionne avec des bénévoles et qui s’interroge sur ces questions (comment consommer mieux, comment s’organiser pour des commandes groupées, comment sensibiliser ?). H. : Pour en revenir aux eaux usées, partent-elles dans le réseau d’égouts ? R.S. : Oui car on n’avait pas assez de volume d’eaux usées pour faire notre propre station d’épuration ; la commune de Quingey est en train d’en réaliser une et nos rejets y seront traités. C. : Comment l’association est-elle financée ? R.S. : Dans l’association qui chapeaute tout, il y a le chantier qui est un lieu d’insertion économique où une grande partie des emplois sont aidés ; il y a aussi une autre partie qui est du domaine concurrentiel et fait partie d’une entreprise d’insetion où se trouve la blanchisserie (on a des appels d’offre, des marchés donc elle est en concurrence) avec des normes d’emplois aidés. On a encore un autre domaine, celui du complément de gardiennage de déchetterie du SYBERT, lui aussi soumis à la concurrence. Sur le plan financier nous sommes une entreprise donc nous tâchons d’équilibrer nos comptes ; on y arrive bien et on fait même des bénéfices ce qui est important pour la perrenité d’une entreprise. C’est l’association qui en bénéficie pour créer de l’emploi. On n’a pas d’actionnaires mais des membres qui paient une cotisation annuelle tout à fait modeste. Elle dépend aussi bien sûr des financements publics à travers des aides à l’emploi et parce qu’on est dans le cadre de l’insertion, elles obtient aussi des d’aides conséquentes pour la construction des bâtiments. Visite des locaux Questions à Frédéric, responsable du dépôt Frédéric : Je travaille au dépôt-vente où arrivent les déchets récupérés chez les gens ; on fait une facture si ça part en déchetterie sinon on n’en fait pas si on garde et vend le produit. Si on n’arrive pas à vendre alors il part en déchetterie au bout de quelques mois. H. : Y a-t-il une remise en état de certains produits mis en vente ? F. : Non, on fait juste des essais pour voir si les choses fonctionnent ; pour une chose vendue qui arrête de fonctionner au bout d’un mois chez l’acheteur, on lui rembourse. H. : Combien d’heures de travail par mois représente cette activité ? F. : C’est difficile à dire car tous ne font pas le même nombre d’heures de travail par semaine ; parmi les 4 qui travaillent, certains font 20h, d’autres 26h et d’autres 30h ; de plus les journées ne sont pas les mêmes car les collectes se font à la demande ? Notre semaine est du lundi au vendredi. On fait du ramassage de cartons, de papier pour les communautés de commune. Le papier est trié quand il arrive au dépôt car on y trouve des indésirables comme le plastique ou du cartonnage. Hors canton, on ne fera que des ramassages d’encombrant. Dans notre canton, on a fait le choix de rammasser ses déhets là dans des sacs plutôt que dans des bacs ; ça permet de passer moins souvent chez l’habitant car les bacs, eux, sont souvent ramassés. H. : Je vois que ces sacs sont transparents, pourquoi ? F. : Ca permet de voir ce que l’on ramasse et si le sac est sale on dépose un mot de refus. H : Triez-vous le papier blanc des autres papiers ? F : Non, on ne l’a jamais fait car on n’a pas assez de volume. Ca part en pâte à cartonnette après être passé dans des bains. C. : Combien de tonnes récupérez-vous ? F. : 20 tonnes de papier par mois en moyenne pour 8000 habitants dans le canton Nous sommes différents de la ressourcerie mais si dans le cadre pôle environnement on leur vient en aide pour des remplacements ou pour aller chercher un encombrant chez quelqu’un Il y a deux journées de vente en plus dans l’année en juin et en décembre pour essayer de liquider les invendus… des soldes en quelque sorte ! C. : Combien y a-t-il de postes de travail effectif ici ? F. : 14-15 postes ; les heures et les contrats sont différents. On ne parle pas d’emplois précaires mais d’emplois d’aide à la réinsertion ; ils sont aussi salariés mais tenus de chercher du travail durant cette insertion. Moi je suis salarié, un des tout premier puisque j’ai commencé en 1998 et je fais l’encadrement, j’organise le travail. H. : Je vois dans le fond des palettes d’orange, ce n’est pas du recyclage ça ?! F. : Non, il y a aussi un pôle de dépôt ; ce sont des apports volontaires de gens qui ne savent pas s’ils doivent emmener leurs déchets en déchetterie ou au recyclage alors ils les apportent ici et on voit ça. On est vraiment la référence au niveau recyclage pour les gens ; on est maintenant appelé pour des déménagements et des vides grenier ; on est connu jusqu’à EcoleValentin, Franois, Ornans. C’est beaucoup d’activité à tel point qu’on est obligé de freiner. H. : Il y aurait donc moyen d’aller jusqu’à Besançon ? F. : J’évite d’aller sur Besançon pour faire des vides-greniers car il y a des gens dont c’est le métier, on ne veut pas concurencer. En plus, ça nous fait des charges supplémentaires, il faut emmener en déchetterie et on ne sait pas trop ce qu’on va trouver sauf si vraiment il y a une demande particulière ou des gens qu’on connaît mais il faut qu’on retombe sur nos pieds alors on demande une participation aux frais. Autrement il y a Emmaus. Question à Joël qui s’occupe des livres, des disques ; il les trie, les classe et les met en magasin pour la vente. C. : Y a-t-il beaucoup de genres ? J. : Oui énormément, avec des BD, des magazines, des livres d’histoire, des policiers et même des livres anciens ; sinon on a aussi des vinyles, des CD, DVD et cassettes. Ca se vend assez bien mais les gens viennent moins ; il y a pourtant toujours des collectionneurs. C. : Et pour les enfants ? J : Il y a un rayon spécial à côté des jouets à la friperie. S. : Ca fait longtemps que vous êtes là ? J. : Deux mois ; j’étais au chômage jusqu’au jour où j’ai décidé de remonter la pente ; c’est une étape. Question à Myriam et Françoise à la friperie C. : Qu’est ce qu’on y fait ? Myriam : On trie des habits, des sacs, des jouets, des livres enfin tout ce qu’il y a dans les cartons que les gens nous donnent. On regarde si les habits n’ont pas de trous, de taches et s’ils sont en bon état. Ils pourront alors partir à la vente où s’ils sont trop abîmés, à la poubelle. C. : Est-ce que vous récupérez le vieux tissu ? M. : Pour faire des chiffons et quelquefois nous récupérons les tissus ou les vêtements anciens. C. : Que triez-vous d’autre ? Françoise : la mercerie : les sacs, les chaussures, les jouets. C. : Un travail minutieux ! Vous êtes là depuis longtemps ? F. : Depuis octobre et je retravaille grâce à ça. C. : Comment se passe la vente ? F. : Les produits sont étiquetés avant vente. C. : Qui décide des prix ? F : Le comité de direction et on met les prix sur les cintres pour pouvoir les modifier. C. : Combien êtes-vous à travailler ? F. : 5, la responsable et 4 autres personnes sous contrat d’avenir (24h) ; on travaille par roulements. Je suis contente de travailler là ; on ne fait pas toujours la même chose ; c’est revalorisant. C. : Ces vêtement ont finalement une deuxième vie ici ! Dommage que ça n’existe pas beaucoup, sinon à Quingey ? F. : Oh si c’est répendu maintenant ; il y en a une à Lons, une à Arbois, une à Dole… C. : Comment se passe la collecte ? F. : Les gens amènent leurs objets, les mettent en collecte avec le papier ou les apportent à la déchetterie. A la blanchisserie… Henri : Bonjour, à quel niveau de la blanchisserie sommes-nous ? E, une employée: On est dans salle de tri où le linge sale arrive ; il est répertorié par clients et mis en machine suivant la catégorie de linge, et une fois lavé il arrive dans la zone propre; le linge propre et le linge sale ne se croisent jamais. Christine : combien y a t-il de machines ? E.: Une de 13,5kg, une de 47kg et une de 69kg. C. : Le linge ne se croise pas, c’est parce que vous travaillez pour le milieu hospitalier ? E.: Oui, on est tenu aux normes européennes d’hygiène en milieu hospitalier mais c’est aussi des conditions d’hygiène pour tous nos clients. C. : Les conditions de travail ne sont pas trop difficiles ? E.: Il faut apprendre à supporter la chaleur. C. : Faites-vous du nettoyage à sec ? E.: Non car c’est quelque chose à part ; nous faisons, nous, de la blanchisserie à eau. C. : Combien êtes-vous ? E.: Une douzaine ; je suis l’encadrante, responsable. C. : Vous vous plaisez ? E. : Oh oui car j’aime mon travail proprement dit et en plus l’aspect social me plaît soit permettre à quelqu’un de travailler ou lui donner l’envie d’une formation. Questions à Elyse Bertot, assistante sociale Christine : Bonjour ; il y a beaucoup d’emplois précaires ici, vous servez de coordinatrice ; comment cela se passe t-il avec gens ? Elyse : Je suis chargée du recrutement sur les différents secteurs de l’association que ce soit la blanchisserie, le gardiennage de déchetterie, la friperie ou le bric à brac. Après le recrutement je m’occupe du suivi social des gens en insertion ; je les rencontre tous les quinze jours et les aide pour la partie administrative (recherche de logement, de formation) et pour la partie emploi avec la mise en place en interne d’une formation au sein de l’association pour tous les salariés, avec un approfondissement des connaissances de l’association et un approfondissement des structures liées à emploi (ANPE, ASSEDIC, INTERIM). On y travaille les techniques de recherche de l’emploi en partenariat avec une autre structure d’insertion basée à Dole, « Laisez-vous faire », qui vient travailler 4 demi journées. On travaille aussi avec eux sur un module qui s’appelle « Citoyenneté et Environnement » avec des éducatrices à l’environnement et on termine par une visite en entreprise. C. : Du fait que le milieu est plus petit qu’une entreprise d’insertion en ville, vous devez être plus proche des gens, mieux les connaître et être plus efficace ? E. : Je ne sais si c’est plus efficace mais c’est différent ; on prend plus en compte les problèmes personnels. Pour moi c’est plus enrichissant ; je vois directement les gens travailler. C. : Pour les problèmes financiers, de santé et de logement, est-ce que c’est plus facile pour eux du fait qu’ils soient déjà « insérés » ? E. : Pour tous ces problèmes, c’est un travail de partenariat car bien sûr je ne sais pas tout faire : avec l’assistante sociale du secteur de quingey, avec ADS (Association Domicile Service) basée à Valdahon mais qui intervient sur Quingey, avec INTERMED basée à besançon et le CODES de besançon qui travaille sur les suivis de santé, mais aussi avec la mission locale de Besançon qui vient faire une permanences à Quingey, avec une assistante sociale qui travaille sur SICU et l’ARIS cap emploi dans le cadre des travailleurs handicapés. C. : Les gens sont donc bien suivis, j’imagine que ça évite les dérapages ? E. : On essaie mais je ne veux pas trop m’avancer ; c’est vrai qu’on voit très peu de gens sans domicile sur secteur rural. Tous les partenaires se rencontrent une fois toutes les six semaines ; ceci permet de faire le point afin de proposer des parcours cohérents. C. : Est ce que vous faites un suivi après ? E. : Moi non mais on essaye de passer le relai aux assistantes sociales du secteur géographique où se trouvent les gens. C. : Savez-vous si beaucoup de gens ont trouvé un travail fixe après ? E. : C’est très difficile pour eux de s’échapper de l’emploi précaire car il y a déjà peu d’emplois et en plus ces gens ne sont pas mobiles ; on a quelques cas de gens qui rentrent travailler dans une entreprise d’insertion, à 35h, ce qui est plus intéressant. En 6 ans, une personne a été embauchée à PSP (anciennement Guy Degrenne) sur un poste d’ouvrier d’entretien, en CDI direct ; quelquefois on a des offres ASH (Actualités Sociales Hebdo) mais dans le cadre d’accompagnement à l’emploi. Le problème c’est vraiment la mobilité ; en plus il n’y a ni bus ni train… C. : Avez-vous autre chose à rajouter ? E. : Oui, le problème de l’illettrisme. En 2006, a été mise en place une action de lutte contre l’illettrisme en partenariat avec un organisme de formation basé à Besançon : le CRIF. Pour que les choses soient adaptées dans un secteur rural on a mis en place un accompagnement individuel par des bénévoles ; c’est 6 bénévoles formés par une formatrice du CRIF qui oriente les « apprenants » vers un des six bénévoles. C’est ouvert à toute personne qui réside sur le secteur de Quingey. C. : Où à lieu cet accompagnement ? E. : En fonction de la localisation des gens, on peut louer une salle sur la commune ou si les gens peuvent se déplacer, ce sera dans une salle de la Communauté de Communes de Quingey ou encore éventuellement à T.R.I. C. : Y a-t-il beaucoup de personnes ? E. : Il y a 4 « apprenants » pour l’instant, tous des gens de T.R.I. mais ça commence à s’ouvrir. Cependant l’illettrisme n’est pas facile à détecter et ce n’est pas évident pour les gens qui sont dans cette situation de se faire connaître. Christine va rencontrer les enfants du Club Nature, Gaël, Matisse, Erwan, Eliot, Nicolas Camille et Pauline qui viennent le mercredi après-midi. C. : Qu’avez-vous fait aujourd’hui ? Gaël : On est allé dans nature, on a vu… un serpent ! Eliot : C’était une couleuvre, elle était blessée à la tête et à la queue ; c’est une buse qui l’avait attrapée puis relâchée. C. : Qu’avez-vous observé d’autre ? Matisse : Du caca de renard ! C : Comment venez-vous au club ? Gaël : Nos parents nous emmènent. C : Est ce que ça vous plait ? Les enfants : Oui ! (en cœur) C : Et les autres jours, qu’avez-vous fait ? Gaël : Des mangeoires pour les oiseaux ! Camille : On est allé aux champignons ! Matisse : On a fait une station météo. C : Comment ça se fabrique ? Eliot : On fait un pluviomètre pour mesurer la pluie, un anémomètre pour mesurer le vent, une girouette pour voir le sens du vent… C : Qu’est-ce que club vous apprend en rapport avec nature ? Gaël : A recycler des déchets. C. : Qu’est ce que tu peux faire avec ce que tu as dans ta poubelle ? Pauline : Des choses avec… des marionnettes, des jeux dans des boîtes de camembert, on a aussi fait des bandes de neige (rideaux avec du coton). C. : Est-ce que tu racontes tout ça à tes parents et que disent-ils ? Camille : On dit que c’était bien, on raconte tout ce qu’on a fait et puis mes parents me demandent si je veux encore y aller et je leur dis oui. Aussi il y a une scéance où on a trouvé des animaux et on les a mis dans des boîtes ; c’était des araignées, des mouches, des insectes, des petits moustiques. C. : Il y avait beaucoup d’insectes ? Pauline : On avait mis une couverture par terre et ceux qui venaient dessus, on les prenait dans les boîtes et à la fin de la séance on les a tous relâchés ! Questions à Carine et Fabienne, animatrices du Club Nature. C. : Quel est l’objectif du club ? Fabienne : Faire découvrir l’environnement qui est proche des enfants, leur apprendre à observer de facon ludique et sensorielle ; ils sont aussi là pour s’amuser. On aborde toutes les thématiques liées à environnement comme les champignons, l’observation d’un étang, d’une forêt ; on fait des jeux, à proximité, qui amènent à la découverte de la nature. Après les vacances on entamera un cycle sur l’eau avec des jeux, l’observation d’une flaque, d’un étang, des bords de la Loue et on essaye de faire d’eux des écocitoyens en leur expliquant les gestes à faire. C. : C’est important de s’occuper d’enfants ? F. : Oui, c’est bien car on leur apprend tôt à découvrir, on les sensibilise et les responsabilise. Ils peuvent maintenant se sentir concernés quand ils entendront parler de réchauffement de la planète. C. : En plus ça permet aussi d’avoir de vrais rapports avec la nature plutôt qu’en étant derrière une console de jeux !? F. : Bien sûr, en plus se sont des enfants qui aiment la nature et être dehors. C. : Vous aimeriez en avoir plus ? F. : Oui. Il y a d’ailleurs encore de la place pour s’inscrire. C. : Vous ne proposez le Club que pendant l’année scolaire ? F. : On est ouvert depuis mai et jusqu’à maintenant c’est le mercredi pendant les semaines de classe, mais on ouvrira la deuxième semaine des vacances de Pâques avec une visite d’un village chaque après-midi ; ce sera Arc-et-Senans. On découvrira donc l’environnement gris (les bâtiments) et la nature, le printemps et pourquoi pas aller découvrir un artisan, un artiste, un acteur du village, l’histoire ou la spécificité du village. C. : Vous avez formation spéciale ? F. : Un BEATEP en développement local. Carine : Un BAFA, une formation d’éco-interprète, et une autre de « Gens de pays » (guide et accompagnateurs de Franche-Comté). C. : Ce travail demande peu de temps, non ? F. : On intervient aussi au collège de Quingey le lundi après midi et le Pôle Environnement auquel on appartient au sein de T.R.I. intervient dans les écoles (cycle 3 : CM) sur le thème des déchets avec un cycle sur le tri sélectif. C. : C’est important car on n’a pas en Franche-Comté un système d’éducation à l’environnement ? F. : Il y a la Communauté de Communes du canton qui finance les écoles à une sensibilisation au niveau du tri sélectif, et ça marche bien car on prend le temps de leurs expliquer le pourquoi des choses ; on parle de consommation, de consommation citoyenne, celle du commerce équitable.