l`établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours.

Transcription

l`établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours.
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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗
ANNEE 2004
N°
THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT
DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Médecine Générale
∗∗∗∗∗∗
Présentée et soutenue publiquement le
A CRETEIL (PARIS XII)
∗∗∗∗∗
Par ABALADA Isabelle
Née le 22 Août 1973 à Paris 15è
∗∗∗∗∗
TITRE :
Aperçu de l’institution hospitalière :
l’établissement
de Corbeil du moyen âge à nos jours.
DIRECTEUR DE THESE :
M. POUGES Claude
Signature du Directeur de thèse
REMERCIEMENTS :
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
Cachet de la bibliothèque universitaire
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Je voudrais tout d’abord remercier les témoins de ce récit qui, grâce à leurs souvenirs, ont
permis de faire revivre cette époque et d’obtenir de précieuses informations, avec toute ma
gratitude :
Monsieur BARON Georges, chef du service d’ORL de 1955 à 1987.
Monsieur BEAUFINE-DUCROCQ Henri, chef du service de biologie de 1973 à 1999.
Madame BELLOC Josiane, surveillante du service de réanimation de 1963 à 2004.
Monsieur BONAFE Lucien, créateur et chef du service de psychiatrie de 1971 à 1978.
Madame CHASSIN Nicole, infirmière en chirurgie puis aux urgences chirurgicales, arrivée
dans l’établissement dans les années 1962.
Monsieur COMBRISSON Roger, Maire de Corbeil de 1959 à 1992.
Madame CUISSARD Paulette, surveillante de la blanchisserie-lingerie de 1950 à 1989.
Monsieur GERARD Jean, gynécologue obstétricien de 1961 à 1994.
Madame SUTRE Simone, panseuse puis surveillante dans les années 1960 et au CTS à partir
de 1964.
Merci également à Monsieur NGUYEN Van Hau, chirurgien orthopédiste au sein de
l’établissement à partir de 1964, qui m’a gentiment consacré un peu de son temps pour
m’aider dans mes recherches.
Merci aussi à Monsieur LE BECHEC et Madame MORIN, directeurs du Centre Hospitalier
Sud Francilien, qui m’ont autorisé à consulter les registres de la commission administrative de
l’hôpital de Corbeil, au service des archives municipales de Corbeil-Essonnes et à la société
Historique de Corbeil et du Hurepoix.
Je tient également à remercier les secrétaires du SAMU 91, que nous avons si souvent
sollicitées.
Et bien évidement, merci à la personne sans qui cette thèse n’aurait pas vu le jour, Monsieur
Claude POUGES, anesthésiste-réanimateur, chef du SAMU 91 à Corbeil. Merci pour cette
merveilleuse idée que tu as eu et de tout le temps que tu as pris pour y travailler.
Et enfin, je voudrais rendre hommage à tout le personnel hospitalier sans qui cette formidable
aventure n’aurait jamais existé.
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TABLE DES MATIERES
Introduction…………………………………………………………... page 005
Première partie………………………………………………………...page 007
1) Bref historique de la ville de Corbeil…………………………………… page 008
2) Aperçu de l’histoire de l’hôpital de Corbeil……………………………... page 012
Deuxième partie……………………………………………………….page 028
3) L’évolution des pathologies rencontrées………………………………………. page 029
4) L’évolution des pratiques, techniques et spécialités médicales………………...page 040
5) L’expansion des bâtiments et de la capacité d’accueil………………………… page 067
6) L’évolution du concept de l’hôpital…………………………………………… page 093
A. De la maladrerie à l’Hôtel-Dieu…………………………………….. page 093
B. De l’Hôtel Dieu à l’hôpital hospice…………………………………. page 096
Malades, indigents, personnels : la vie dans l’hôpital hospice. page 096
L’hôpital et ses relations avec la prison ……………………...page 110
La religion omniprésente……………………………………. page 112
L’hôpital hospice, lieu d’accueil pour les orphelins………… page 113
L’hôpital et les militaires……………………………………. page 120
C. De l’hôpital hospice à l’hôpital moderne…………………………… page 124
7) La gestion de l’établissement au fil des années………………………………...page 131
A. La Commission Administrative………………………………………page 131
B. Le budget……………………………………………………………..page 137
8) L’évolution des métiers de l’hôpital……………………………………………page 152
A. Les médecins………………………………………………………... page 152
B. Les sœurs……………………………………………………………. page 166
C. Les infirmiers………………………………………………………... page 172
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D. Le receveur et l’économe…………………………………………… page 176
E. Panorama des différents métiers de l’hôpital……………………….. page 179
Conclusion…………………………………………………….page 191
Bibliographie……………………………………………….….page 194
Annexes
♦ Annexe 1 : engagement de sœurs de Saint Vincent de Paul………………………page 196
♦ Annexe 2 : règlement de 1823…………………………………………………….page 204
♦ Annexe 3 : règlement de 1890…………………………………………………….page 219
♦ Annexe 4 : statut de l’orphelinat…………………………………………………..page 235
Liste des illustrations
1. Statue des frères GALIGNANI……………………………………………………page 019
2. Traitement chirurgical des épanchements pleurétiques vers 1850………………. .page 050
3. Plan de l’hôpital hospice GALIGNANI…………………………………………. page 073
4. Hôpital hospice GALIGNANI : façade vue antérieure…………………………...page 076
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INTRODUCTION
Au commencement existait la maison d’hospitalité. L’hospitalité était un devoir individuel,
vis-à-vis des pèlerins, malheureux et voyageurs. Les premières « maisons des hôtes », domus
hospitalitis, étaient en fait des asiles ouverts par des bienfaiteurs dans leur propre demeure,
afin d’accomplir leur devoir envers Dieu. Puis, au moyen âge, le terme changea et devint
hospitalitis. L’hôpital est la traduction institutionnelle du principe de charité chrétienne au
début du VIè siècle. Chaque évêché avait son Hôtel Dieu. Tous les asiles pour vieillards, pour
enfants abandonnés, pour aveugles et toutes les léproseries dépendaient du clergé. Le but
essentiel de ces institutions était la diffusion de la foi, avec comme corollaire l’assistance aux
malades, considérée comme œuvre de compassion humaine et de pitié divine.
Puis, lors de la disparition de la lèpre, les maladreries furent réunies aux Hôtels Dieu.
En 1662, un édit de Louis XIV demande la création, dans chaque cité importante du royaume
de France, d’un Hôtel Dieu et d’un hospice pour y recevoir et y enfermer les pauvres, les
vieillards et les orphelins et accessoirement y garder les malades. Ceci contribua à la
multiplication des hôpitaux.
Le personnel de ces établissements était composé de frères et de sœurs des différentes
congrégations. Ils faisaient office de médecins et d’infirmières. Leur rôle était la prise en
charge, tant de la santé physique que spirituelle des patients. Les médecins de l’extérieur ou
les barbiers étaient seulement appelés pour les actes chirurgicaux et à titre de consultants,
payés à la visite.
Les recettes thérapeutiques de l’époque tenaient plus de la sorcellerie que du résultat d’une
véritable recherche médicale. Quant aux médicaments, jusqu’à l’ouverture de la première
apothicairerie en 1495, il s’agissait de tisanes, d’onguents ou de sirops achetés à l’épicerie.
Après la révolution, les hôpitaux sont nationalisés et la religion perd son pouvoir. Mais le
nombre de pauvres ne cesse de croître et l’Etat commence à s’endetter avec la gestion des
hôpitaux. Les pouvoirs publics se dégagent alors de cette situation en donnant aux
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municipalités la surveillance des hospices civils de leur arrondissement. Deux siècles plus
tard, le maire est toujours le président du conseil d’administration de l’hôpital.
A la fin du XVIIIè siècle, la médicalisation se met en place et l’hôpital s’ouvre peu à peu aux
malades payants. Il faut cependant attendre la loi du 21 décembre 1941 pour rompre avec
l’hospice et ouvrir l’hôpital à l’ensemble des citoyens, en faisant de l’activité de soins sa
mission prioritaire. Cette loi consacre juridiquement l’hôpital comme un établissement
sanitaire et social et pose les bases de l’institution moderne. Le pouvoir de gestion passe dans
les mains de l’Etat, avec la création d’un poste de directeur d’établissement nommé par le
Préfet puis par le Ministre de la Santé.
L’année 1958 marque une étape essentielle avec l’établissement de trois ordonnances et d’un
décret qui créent les centres hospitalo-universitaires et renforcent l’action de l’état au sein des
hôpitaux, en introduisant des représentants de la sécurité sociale au conseil d’administration.
Le nouveau concept de l’hôpital apparaît : il conjugue les fonctions de centre de soins avec
celles d’un centre d’enseignement et de recherche.
A partir des années soixante, le nombre des services spécialisés ne cesse d’augmenter, ainsi
que l’ampleur des plateaux techniques. C’est l’apparition de l’hôpital moderne, qui est une
« usine à soins » perfectionnée et performante.
Cette évolution de la structure hospitalière, l’établissement de Corbeil l’a également vécue.
En effet, au moyen âge, il existait une maladrerie et un Hôtel Dieu à Corbeil. Aujourd’hui, la
ville possède un grand centre hospitalier performant. A travers l’histoire de cet hôpital,
reconstituée à partir d’archives de l’époque, nous retracerons les grandes lignes du
développement de l’institution hospitalière. Après un bref rappel sur les origines de la ville,
nous évoquerons le développement de la médecine à travers l’expansion de son centre
hospitalier. Ensuite, nous examinerons les différentes déclinaisons du concept d’hôpital que
l’on a pu rencontrer au fil des années, pour terminer sur les profondes mutations qu’ont
vécues toutes les professions hospitalières. Bien entendu, cet exposé n’est qu’un aperçu de
cette formidable transformation que l’hôpital a dû affronter au fil des siècles.
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PREMIERE
PARTIE
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1) BREF HISTORIQUE DE LA VILLE DE CORBEIL
Les premières traces de vie à Corbeil et à Essonnes remontent au paléolithique, soit dix mille
ans avant Jésus-Christ, sur le site des Tarterêts. A cette époque la vallée de l’Essonne
constitue un abri idéal pour la population nomade. Puis au néolithique, le peuplement devient
plus dense, composé de cultivateurs, d’éleveurs et d’artisans semi-nomades.
La commune d’Essonnes ou Exona se développe à la période de domination romaine de la
grande Gaule car ceux-ci avaient besoin d’ouvriers pour construire des routes et des ponts. De
plus, les Romains font planter de la vigne et des céréales pour nourrir la cité et y font
pratiquer de l’élevage.
Au IIIe siècle, les invasions germaniques ont anéanti les bienfaits de la paix romaine et
provoqué ruines, misère et régression de la civilisation. Mais les rois mérovingiens
s’approprient le domaine d’Essonnes quelque temps plus tard, y installent un atelier monétaire
et en font un centre agricole et industriel important.
Sous les Carolingiens, la progression de cultures continue et cela contribue à la renaissance de
la région. L’église, seule institution qui ait résisté au flot destructeur des invasions, s’est
considérablement enrichie et est devenue une véritable puissance financière. L’Abbaye de
Saint-Denis reçoit le domaine d’Essonnes de Pépin le Bref en 765.
Vers l’an 900, peu de temps après la mort de Charlemagne, son empire est disloqué par des
partages successifs et mis à mal par des incursions normandes qui viennent du nord puis de
l’ouest. Un système de défense est élevé, au confluent de la Seine et de l’Essonnes, pour
empêcher ces dangereux pillards de dévaster l’arrière-pays. Ce « château fort » devient le
refuge des populations environnantes et constitue une bourgade commerçante qui prend le
nom de Corbeil.
En 911, le roi de France nomme un comte pour assurer l’administration de Corbeil et de ses
environs ; le premier dont on connaît le nom est le comte HAYMON en 946. Il fit construire
l’église Saint Spire et le prieuré Saint-Guénault. C’est autour de ces deux bâtiments que la
ville se développe.
A partir du XIe siècle, la ville fait partie du « plus grand vignoble d’occident ».
Corbeil est alors au cœur du domaine royal, les comtes y installent une administration, ils sont
secondés par un vicomte auquel est attribuée la seigneurie de Fontenay le Vicomte dont la
gestion financière et judiciaire est confiée à un prévôt.
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La région devient une des plus riches et des plus peuplées de France. Son rôle économique est
important, elle est un des ports dont dépend le ravitaillement de Paris. Au XIIe siècle, les
céréales de la Brie et de la Beauce, le vin, le bois, les matériaux de construction ainsi que les
produits des moulins à farine, à huile et à papier, descendent la Seine vers Paris en partant de
Corbeil sur les fameux bateaux corbillards. Les fruits et les fromages de nos campagnes sont
transportés par charrettes et la route connaît une circulation intense, qui entretient le bourg
d’Essonnes grâce à des relais et des auberges.
Louis VI fit édifier une nouvelle forteresse plus importante que l’ancienne qu’il
appelle « château royal » de Corbeil et qui devient une résidence royale, notamment pour les
reines veuves. C’est ainsi que la reine Ingeburge de Danemark, veuve de Philippe Auguste, fit
construire en 1233 le prieuré de Saint Jean de l’Isle.
Au XIIIe siècle, on vient en foule au pèlerinage et aux foires de Corbeil ; elle acquiert un
renom culturel important et des grandes écoles y fonctionnent. Cette prospérité profite moins
aux Corbeillois qu’aux Parisiens qui y possèdent des biens. Au fur et à mesure, la noblesse
locale disparaît au profit de la noblesse parisienne, les bourgeois achètent les fermes, les
industries et les vignobles.
Puis, les pillages de la guerre de cent ans, la peste et la guerre civile affaiblissent Corbeil et
Essonnes. Au début du XVè siècle, la population est réduite de moitié, les cultures sont
abandonnées et la très forte inflation accroît le misère générale. Heureusement, le pays se
relève rapidement de ses ruines grâce à la proximité de Paris. Les riches bourgeois reprennent
les terres laissées par leurs propriétaires et les exploitent directement. L’immigration reprend
de Paris et de Bretagne, ce qui permet de repeupler la ville. De plus la route royale qui
traverse Essonnes favorise également son expansion. Les auberges, hôtels, relais de poste et
industries jouent un rôle essentiel dans la vie de la Cité.
Sous Louis XII et surtout François 1er, la prospérité revient. Le commerce est important et
chaque petit bourg a son marché hebdomadaire et sa foire annuelle. De nombreux moulins
s’installent sur les bords de l’Essonne. Les guerres de religions mettent fin à cette brillante
Renaissance. A la fin de l’année 1590, tout le pays est dévasté. Quand Jean de la Barre,
premier historien de Corbeil, est chargé de la prévôté en 1607, il trouve un pays où certes la
culture a repris, mais qui est dépourvu d’activité et où la vie est chère. Au XVIIè siècle et
principalement au XVIIIè siècle, la vocation industrielle de Corbeil se dessine, avec
l’installation d’un atelier monétaire éphémère, de tanneries et d’une importante poudrerie. On
trouve également de grosses filatures de coton, le début des imprimeries, ainsi qu’un atelier de
monnayage et des « manufactures royales » où l’on travaille le fer, l’acier ou le fil de cuivre.
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Puis, la révolution bouleverse les traditions et les relations humaines et modifie profondément
les mentalités. On expulse les religieux, on ferme les églises et on rebaptise les villes et les
rues. Les cadres administratifs sont transformés, car Corbeil devient chef-lieu de canton et
d’arrondissement du département de Seine et Oise, dont la préfecture est Versailles, ce qui
provoque des mutations sociales, ainsi que des dévaluations. On assiste au passage des
grandes propriétés des mains du Clergé et de la Noblesse à celles de la bourgeoisie et bientôt
d’une nouvelle noblesse.
C’est au milieu du dix-neuvième siècle que la vie va vraiment changer dans les deux villes.
En effet, le dix-sept septembre 1840, le chemin de fer atteint Corbeil. Cela va énormément
faciliter le commerce, les échanges et les industries vont à nouveau prospérer. La métallurgie
s’implante à Corbeil et à Essonnes, la Seine est rendue navigable en toutes saisons. Cette
prospérité s’accompagne d’une montée brutale de la population et bien entendu d’un
développement important de la construction. Celle-ci n’est pas ralentie par la guerre de 1870
qui amène un flux assez conséquent d’Alsaciens et de Lorrains, Corbeil passe de 4 455 à
9 632 habitants et Essonnes de 3 612 à 9 374.
Au début du XXè siècle, le vaste espace dit « la prairie » qui va de la place du marché jusqu’à
Chantemerle est entièrement construit et la rue Féray devient l’artère principale entre Corbeil
et Essonnes. A cette époque, les conflits du travail se multiplient. Les ouvriers souhaitent de
meilleures conditions de travail et une modification des règlements devenus trop archaïques.
De 1904 à 1914, on assiste à une rude offensive gouvernementale dirigée contre le
syndicalisme.
Les inondations de 1910 puis la guerre de 1914-1918 contribuent aussi à l’affaiblissement des
deux villes. Pourtant, dès 1916, l’activité industrielle devient intense, surtout la métallurgie
pour les besoins du front. Après la guerre, la croissance démographique reprend, due en
particulier à l’arrivée de nombreux étrangers.
Les lois Sarraux et Loucheur, votées en 1928 pour améliorer la construction bon marché et
tenter d'
aménager la région favorisent l'
édification de petits pavillons de banlieue,
principalement sur les coteaux jusqu’alors voués à la vigne et aux bergers. Ainsi, en 1929,
sont construits avec l’aide de l’office départemental d’habitation, les deux immeubles en
brique rouge et les pavillons voisins de chaque côté de la rue du département à Essonnes.
Pendant la grande crise des années trente, la population diminue légèrement, les constructions
s’arrêtent, le chômage s’installe et la croissance semble arrêtée.
La guerre de 1939-1945 se traduit par l’occupation étrangère, les restrictions alimentaires et
les bombardements. La ville est libérée le 25 août 1945 par l’armée du général Patton.
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Au lendemain de la guerre, les reconstructions d’infrastructures ferroviaires, routières et
portuaires anéanties passe au premier plan.
En 1946, le préfet demande aux maires des deux communes de travailler sur un projet de
fusion. A cette époque, la superficie de Corbeil est de 208 hectares et elle totalise 10 966
habitants, celle d’Essonnes est de 899 hectares et on y compte 10 032 habitants. Le 9 Août
1951, c’est chose faite et Corbeil et Essonnes ne font plus qu’une ville : Corbeil-Essonnes.
Les constructions commencent sur Essonnes, où les terrains de culture disparaissent
rapidement : création de pavillons puis d’une cité d’urgence à Montconseil en 1956, suivis
d’immeubles collectifs à partir de 1957 de tours en 1965 ; quelques années plus tard c’est un
vaste ensemble à l’Ermitage. Des logements sont construits dans le quartier des Tarterêts dès
1963, puis un grand ensemble y prend place dans les années soixante-dix, tandis qu’une zone
pavillonnaire est installée aux Coquibus. A l’ouest de la ville, ce sont d’abord les « Allées de
l’Essonne » qui voient le jour, puis la « Nacelle » à partir de 1970 et en 1984, la prairie
comprise entre les moulins de Robinson et d’Angoulême. Le dix juillet 1964, création du
département de l’Essonne et choix d’Evry petit bourg comme chef-lieu. Les transferts des
administrations et des services qui en découlent vont alors entraîner un déclin progressif.
Celui-ci sera aggravé par la crise à partir de 1974. Le potentiel économique diminue
fortement, la population stagne aux alentours de 38 000 habitants et le développement
topographique est ralenti. La ville finit par reprendre son expansion démographique et
économique dans le courant des années 1990, malgré les restructurations qui ont affecté de
nombreuses industries entre temps. La ville finit par reprendre son expansion démographique
et économique dans le courant des années 1990, malgré les restructurations qui ont affecté de
nombreuses industries entre temps.
A noter dans les grandes avancées d’équipements sociaux et médicaux : la création du centre
de PMI en 1959, l’ouverture de la crèche en 1964 et celle du centre de santé en 1966. L’année
1985 verra la construction du nouveau centre hospitalier, baptisé « Gilles de Corbeil ».
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2) APERCU DE L’HISTOIRE DE L’HOPITAL DE CORBEIL
Il est évident que les mutations subies par les villes de Corbeil et d’Essonnes vont avoir un
retentissement direct sur l’évolution des structures de soins qui ont pu exister à ces époques.
En effet, au IVe siècle, lorsque les premiers établissements charitables sont créés, ils ne
répondent en rien à nos hôpitaux modernes. Il faut distinguer, à cette époque deux sortes
d’établissements : il existe d’une part des « Maisons Dieu » ou « Hôtels-Dieu » (dont nous
verrons les fonctions un peu plus loin) et d’autre part des « maladreries ». Ces deux structures
se sont réunies à la disparition de la lèpre en 1604.
Les asiles d’origine religieuse servant d’abri aux pèlerins et aux malades atteints de
pathologies ayant un caractère contagieux ou épidémique portent le nom de léproserie,
maladrerie ou lazaret, du nom de leur patron Saint-Lazare. Au Moyen âge, tout centre habité
devait avoir sa léproserie. Elles sont situées à l’extérieur de la ville et autant que faire se peut
sur une éminence et au bord d’un chemin. Celle de Corbeil est située à l’extrémité du chemin
ermitage, qui fait suite à la rue Saint Spire. Pour subvenir à leurs besoins, le roi Louis VI
donne le droit aux lépreux de prendre chaque jour une quantité de bois représentant la charge
d’un cheval dans la forêt de Rougeau, mais cela devint source de difficultés entre les malades
et les Templiers, à qui appartient un des bois. En 1263, ce droit d’usage se transforma donc en
une rente de soixante livres prélevée sur la recette de la prévôté de Corbeil. Les lépreux
touchent également la dîme du pain, du vin et de toutes les denrées que le roi et la reine ou
leur fils, Philippe, consomment pendant leur séjour en ville ou dans les dépendances. Ils
gardent également les écuelles que la famille royale a utilisées. De plus, une aumône annuelle
de cent sous est versée. Enfin, ils possèdent quatre boulangers francs, ont un droit sur un
moulin et reçoivent des profits sur la foire Saint Michel, qui se tient devant la porte des
lépreux.
Les « maladreries ont un statut très particulier. Les ladres sont morts au monde - certains
rituels prévoient même une messe des morts lors du départ du ladre, parfois un simulacre
d’inhumation dans une fosse - et vivent en communauté comme des moines, selon des règles
sévères imposées par le statut de l’établissement »1.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 13.
14
L’entrée des malades dans l’asile est célébrée par un office des morts, comme nous venons de
le voir. Ils sont revêtus d’un costume particulier et sont conduits processionnellement à la
maladrerie. Ils ne peuvent en sortir qu’à des jours fixes.
Les lépreux doivent porter des gants ainsi qu’un capuchon sur la figure et ils ont des cliquettes
chargées d’annoncer leur passage. Dans beaucoup de pays, ils ne peuvent pas se marier ; si la
femme est lépreuse, on les sépare pour qu’il n’y ait pas d’enfant lépreux.
L’administration des maladreries est assurée par quatre frères et quatre sœurs dont l’une, la
prieuresse, est chargée d’exercer l’autorité sur les autres et de rendre des comptes sur les legs
et profits. Deux personnes sont désignées pour porter les morts en terre ; en contrepartie, elles
reçoivent deux cents francs par mois.
La lèpre disparaît en 1604 et on assiste alors à la fermeture des maladreries. A ce moment,
leurs biens sont transférés dans les Hôtels-Dieu avoisinants. Ceux de la léproserie de Corbeil
sont transférés à l’Hôtel-Dieu. Les quelques maisons qui n’ont pas été données seront habitées
par les ermites et cela deviendra l’ermitage Saint-Lazare.
Les Hôtels-Dieu s’appelaient avant des Maisons Dieu et ce sont les ancêtres de nos hôpitaux
modernes. Ils se multiplièrent en Europe vers le IXe siècle puis, à la suite des croisades, leur
nombre augmente en France grâce aux Ordres Hospitaliers et sous l’impulsion des souverains.
« Leur organisation matérielle est cependant modeste. Les hôpitaux sont en effet davantage
destinés à servir de dépôt de malades que d’établissements adaptés aux exigences médicales et
à l’hygiène. Ce sont en fait des asiles ouverts par des bienfaiteurs, dans leur propre demeure,
pour y recevoir les pèlerins, les voyageurs et les malheureux. Ils étaient très nombreux (en
particulier les petits, d’une capacité de trois à dix lits) et fleurissaient un peu partout, tant à
Paris qu’en Province »1. Chaque malade est l’objet « autant de soins spirituels que de soins
temporels, car l’âme doit être soignée au même titre, sinon plus, que le corps : les médecins
n’apparaissent qu’épisodiquement dans les hôpitaux, tandis que les aumôniers y sont à
demeure »2. La description type d’un Hôtel-Dieu comprend : « la salle commune, souvent
appelée Hospitalitas par les malades, qui sert le plus souvent de chapelle. Les patients y
vivent dans la plus étroite promiscuité, dormant à deux, plus rarement à trois, dans le même
lit. Il en résulte une contagion importante, et l’on mourait plus dans les hôpitaux qu’on y
guérissait »3.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 25.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 5.
3
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p.25.
2
15
Ils sont en général situés près d’un fleuve, pour pouvoir y faire la lessive, pour le transport des
vivres et l’évacuation des ordures ; dans le centre ville et proche des cathédrales pour être près
des religieux.
Peu de documents nous permettent de dater l’origine de l’Hôtel-Dieu de Corbeil, mais les
premiers documents retrouvés remontent au XIè siècle. A cette époque, l’administration
appartenait au pouvoir ecclésiastique, par l’intermédiaire des différents évêques de Paris ou de
leurs délégués et ce jusqu’en 1796. « L’évêque est le protecteur et le gardien du bien des
pauvres, donc des biens hospitaliers : lui-même ou son adjoint visiteront et surveilleront les
maisons charitables. (…) Deux exceptions à cette règle quasi absolue du contrôle épiscopal :
les établissements fondés par les rois, sur lesquels le Grand Aumônier royal aura la haute
main, et les établissements fondés par des communautés d’habitants, où l’administration
municipale veille elle-même à la bonne marche, financière et disciplinaire, des hôpitaux. (…)
La direction effective est assurée par un économe »1. Puis, après la révolution,
l’administration passera aux mains des autorités municipales.
L’Hôtel-Dieu est une fondation charitable qui ne subsiste que grâce aux dons, privilèges ou
autres attributions qui lui sont concédées par les rois, les reines et les pouvoirs
ecclésiastiques. « La plus large partie des finances hospitalières provient habituellement des
immeubles possédés par les établissements charitables. (…) Les évêques exigeaient, lors de
toute fondation d’hôpital, la constitution d’une dot immobilière, cette dot consistant soit en
terres cultivables, soit en bâtiments d’habitation ; les terres cultivables étaient soit exploitées
directement soit données à bail, moyennant une rétribution en nature ou en argent. (…)
L’exploitation directe des domaines ruraux assure souvent le vin, le blé, le bois nécessaires à
la vie de l’hôpital »2.
L’établissement de Corbeil est situé en face de l’église Notre Dame, sur la place du marché. A
la suite des bâtiments, on trouve un assez grand jardin dans lequel se situe un vivier pour la
conserve du poisson. Ce vivier s’alimente par la rivière de la Boucherie par un petit canal.
Au-delà des bâtiments, on aperçoit la chapelle puis le cimetière (cette chapelle a 48 pieds de
long et 12 de large). La prison et le tribunal se situant de l’autre coté de l’Hôtel-Dieu, les
sœurs sont chargées de la nourriture des prisonniers.
1
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.14.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 16-18.
16
On peut remarquer qu’alors, autour de l’église Saint Spire, se trouve le cœur de la ville de
Corbeil. En 1790, l’Hôtel-Dieu compte quatorze lits de malades répartis de façon égale entre
les hommes et les femmes. Malheureusement, ces quatorze lits deviennent vite insuffisants
dans les temps d’épidémie et on y supplée à l’aide de bottes de pailles. A l’époque, le
personnel comprend un directeur, quatre frères et quatre sœurs, soit neuf personnes.
Les sœurs sont des chanoinesses jusqu’en 1762, puis ensuite elles sont relayées par les sœurs
de Saint Vincent de Paul. La loi du 19 février 1790 qui abolit les ordres religieux, puis celle
du 18 août 1792 qui supprime les congrégations, vont contribuer au départ des sœurs dans
certaines structures de soins. En effet, les anciennes religieuses attachées aux hôpitaux
peuvent rester, mais à condition qu’elles quittent leur costume pour revêtir des vêtements
laïques. Les sœurs de l’ordre de Saint Augustin qui occupent, depuis 1639, le prieuré Saint
Jean, situé en face de l’Hôtels-Dieu, refusent le « serment révolutionnaire qui doit être prêté
par toutes les religieuses hospitalières ; celles qui ne se soumettraient pas à cette mesure
seront exclues des places qu’elles occupent, regardées comme suspectes et traitées comme
telles »1, et ce fut chose faite en 1793. Les bâtiments servent alors de caserne de gendarmerie.
En 1797, l’ensemble des bâtiments de l’Hôtel-Dieu tombe en ruine et il est alors transféré
dans l’ancien couvent des sœurs Saint Augustines. Désormais (en fait depuis la loi du 7
octobre 1796), «les administrations municipales ont la surveillance immédiate de tous les
établissements hospitaliers situés dans leur ressort administratif. Pour exercer leurs pouvoirs,
les municipalités désigneront une commission composée de cinq citoyens du canton »2. Les
locaux vétustes sont démolis, ainsi que la prison et le tribunal. L’officialisation de l’attribution
de ces nouveaux bâtiments à l’Hôtel-Dieu est effectuée par un décret signé le 26 août 1805.
Au tout début, l’établissement est baptisé la « maison de l’humanité » puis rapidement il
prend le nom d’hôpital.
Dans le Dictionnaire des sciences médicales, rédigé par un collège de médecins et de
chirurgiens, on peut lire dans l’article « Hôpital » : « l’hospice diffère essentiellement de
l’hôpital en ce que celui-ci doit être, d’une manière exclusive réservé pour les malades
auxquels sont actuellement nécessaires les secours de l’art de guérir et que l’hospice est
1
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 35.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.38.
17
destiné, soit à des individus en santé, soit à ceux dont les infirmités sont chroniques et telles
que les tentatives de traitement leur seraient inutiles et quelquefois dangereuses »1.
En 1807, l’établissement de Corbeil comprend seize lits : neuf pour les hommes et sept pour
les femmes. Les sœurs qui y travaillent prennent alors le nom de citoyenne et la supérieure
devient la première officière. Une sœur supplémentaire est recrutée pour s’occuper de l’école
gratuite des filles, elle est rémunérée cent cinquante francs par l’administration et ses autres
dépenses sont prises en charge par la ville. L’hôpital reçoit également de la ville mille francs
par an. Son rôle essentiel en temps de paix est toujours de servir de refuge aux malheureux
mais, en temps de guerre et notamment durant celle de 1814, il devient un véritable hôpital
militaire chargé d’accueillir les blessés d’armes. Un an plus tard, ce sont les troupes alliées
qui exigent que leurs malades soient soignés dans l’établissement. De plus, l’administration
de la guerre arrête qu’il soit établi cent lits sédentaires dans les locaux de l’hôpital.
En 1820, la poudrerie explose et l’établissement doit faire face à de gros dégâts matériels et à
une nouvelle affluence de victimes. Au fil des années, les capacités d’accueil de l’hôpital
augmentent progressivement. C’est ainsi qu’en 1822, on compte vingt lits avec quatorze
hospitalisations par jour au prix de un franc la journée et à partir de 1824, on passe à trente
sept lits. Les locaux deviennent rapidement exigus, c’est pourquoi seize lits supplémentaires
sont établis en 1826 dans une prolongation de l’aile droite du bâtiment. Cette nouvelle
structure va permettre la création de chambres individuelles, ce qui procurera un nouveau
confort aux malades et des rétributions plus importantes pour l’hôpital. Toujours dans le
dessein de satisfaire les patients et d’améliorer les conditions de traitement, une salle de bains
de vapeurs est construite au rez-de-chaussée.
Lors des épidémies, l’hôpital doit réquisitionner certains de ses bâtiments afin de faire face à
l’affluence de victimes. C’est ce qui a lieu en 1832, avec l’arrivée du choléra. Les salles du
rez-de-chaussée et du premier étage de l’aile gauche sont alors entièrement consacrées à
l’accueil et au traitement des cholériques ; il sera également engagé de nombreux frais pour
l’obtention de matériel supplémentaire (notamment des couvertures et des couchettes).
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoires et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p.130.
18
Le trente juin 1838, une loi sur les aliénés est votée. Elle stipule que chaque établissement de
soin doit avoir un local adapté pour recevoir ces malades jusqu’à ce qu’une place en milieu
spécialisé leur soit trouvée. Ceci implique donc de nouvelles dépenses pour l’hôpital.
Quelques mois plus tard, les administrateurs de l’établissement émettent l’idée de faire
construire un hospice de vieillards destiné à secourir la classe indigente de Corbeil.
Cette succursale de l’hôpital sera située dans une grande maison contiguë à l’hôpital et
s’appellera l’hospice. Il sera composé de trois corps de bâtiment dont deux ailes. Au rez-dechaussée, deux salles communes et au premier étage, deux dortoirs de douze lits chacun. A
l’extérieur, on trouvera deux promenoirs, chacun en face de chaque salle, se prolongeant
jusqu’à la rivière d’Etampes qui borde le jardin derrière les bâtiments. L’intendance sera
assurée par l’hôpital qui lui-même sera indemnisé par le bureau de bienfaisance, dont les
revenus seront accrus par le travail supplémentaire fourni par les vieillards de l’établissement.
En effet, des ateliers de travail, proportionnés aux forces et aux capacités des hommes, seront
mis en place dans chacun des chauffoirs et le produit de leurs travaux, déduction faite d’un
petit prélèvement pour leur besoins quotidiens, tournera au profit de l’établissement.
L’administration de l’hospice sera placée aux mains de l’économat et la surveillance confiée
aux soins de deux sœurs de la charité. L’hospice de Corbeil ouvre en 1840.
Au cours des années suivantes, de nombreuses améliorations vont avoir lieu. C’est ainsi
qu’en 1848 une crèche, c’est-à-dire un établissement public de bienfaisance, est créé. Puis un
an plus tard, c’est un cabinet de consultations gratuites qui voit le jour, une salle pour les
interventions chirurgicales en 1852 et un local pour entreposer les corps décédés et les
autopsier en 1853. Bien évidemment tous ces changements sont accompagnés d’un
accroissement du nombre de patients aigus dans l’année. On passe ainsi de 250 malades en
1852 à 331 en 1856.
Petit à petit, les bâtiments deviennent trop étroits et trop vétustes. Il faudrait un endroit plus
aéré, plus spacieux et situé plus loin des habitations. Afin de financer ce nouveau projet, il a
été question de loterie de souscription publique et de dons volontaires. Et justement, des
donateurs bienveillants font leur apparition. Les frères Antoine et William GALIGNANI,
propriétaires d’une résidence d’été à Etiolles, offrent 25 000 francs à la ville de Corbeil pour
la construction d’un nouvel hôpital. Ils donnent également 500 francs en prime à l’architecte
qui en fera le meilleur plan.
19
Le dix février 1864, l’acquisition d’un terrain appartenant au comte POTOKI, situé au lieu-dit
« le tertre renard », permet à la commission administrative de posséder un emplacement très
bien situé pour la construction du nouvel établissement. La première pierre est posée le
premier août 1864 et l’hôpital hospice GALIGNANI, du nom de ses généreux donateurs, est
achevé le sept novembre 1866.
Le total des sommes nécessaires à l’acquisition du terrain et à l’édification des constructions
s’élève à 418 671 francs. L’hôpital a versé 80 467 francs (dont 50 000 francs provenaient de
la vente de l’ancien Hôtel-Dieu) et 338 204 francs ont été donnés par les frères GALIGNANI.
Il est certain que sans leur générosité, le nouvel établissement n’aurait jamais vu le jour ; c’est
pourquoi il est indispensable de s’arrêter un peu sur l’histoire de ces deux hommes hors du
commun.
Issus d’une famille italienne, Jean Antoine et William GALIGNANI sont nés à Londres, le
premier le treize octobre 1796 et le second le dix mars 1798. La famille est venue se fixer à
Paris en 1800, où leur père a établi une librairie anglaise et a créé une revue très importante :
c’est en 1814 qu’il fonde le « Galignani’s messenger ». A sa mort en 1821, le journal passe
aux mains de ses fils, qui lui donnent une plus grande expansion et une immense fortune
récompense leur labeur. Vers 1827, ils acquièrent à Etiolles une magnifique propriété.
Dès lors, ils participent généreusement à la restauration de l’église et de la mairie, des écoles
sont rebâties et l’enseignement est donné gratuitement. Monsieur William GALIGNANI en
devient le maire en 1844 et obtient la légion d’honneur. Les deux frères participent à la
fondation de la caisse d’épargne, destinée à donner à la population ouvrière le moyen
d’accumuler des économies et par suite d’acquérir un peu de bien être pour leur vieillesse.
En 1862, ils versent 500 000 francs (au total) pour la construction du nouvel hôpital hospice
de Corbeil. Les habitants, transportés de reconnaissance, commandent par l’intermédiaire du
maire à l’illustre peintre Robert FLEURY, une toile traçant les traits de ces donateurs. Ce
tableau est placé le jour de l’inauguration dans la salle des délibérations et peut encore être
observé de nos jours à l’entrée du bâtiment principal.
Ensuite, ils participent à la hauteur de 176 226 francs à la construction et à l’achat du terrain
d’une école de filles, d’un asile pour les enfants en bas âge et d’une maison pour les
maîtresses. En 1866, Antoine GALIGNANI est fait chevalier de la légion d’honneur. Il
décède le trente septembre 1873 à l’âge de soixante-dix-sept ans.
20
Il lègue 60 000 francs à l’hôpital-hospice, à condition qu’un lit perpétuel soit crée en faveur
de la commune de Soisy sous Etiolles. Un service funèbre est célébré chaque année afin
d’honorer sa mémoire.
William, en souvenir de son frère, lègue par testament à l’Assistance Publique de Paris, les
sommes nécessaires pour construire et entretenir un établissement, auquel il a prescrit de
donner le nom de maison de retraite des frères GALIGNANI. Cet établissement doit contenir
cent lits, dont cinquante affectés gratuitement aux imprimeurs, éditeurs et savants.
En 1875, William GALIGNANI assure financièrement la construction d’un orphelinat, d’un
ouvroir et d’une école gratuite publique de filles. Il reçoit en 1876 la dignité d’officier de la
légion d’honneur par le président de la république. La rue en face de l’école de filles devient
rue des frères GALIGNANI et plus tard il y aura également une place baptisée GALIGNANI.
Le onze décembre 1882, Monsieur William GALIGNANI décède. Il lègue 240 000 francs en
faveur de l’hospice et de l’orphelinat.
Un monument les représentant ensemble, étudiant les plans de l’hôpital hospice, est édifié le
douze août 1888 et trône sur la place GALIGNANI.
M
STATUE DES FRERES GALIGNANI
(Illustration n°1)
21
Nous voyons donc bien que l’histoire de la ville de Corbeil et celle de l’hôpital-hospice sont
étroitement rattachées à la vie de ces deux hommes.
A cette époque, « sous le nom d’hôpital, il faut entendre des établissements destinés au
traitement gratuit des indigents atteints de maladies aiguës, tandis qu’on réservera celui
d’hospices aux asiles où sont recueillis les aliénés, les vieillards, les enfants abandonnés
etc… »1. Dès l’ouverture de l’établissement, celui-ci fonctionne très bien. Il comprend quatrevingts lits : quarante pour les hommes et quarante pour les femmes.
Mais rapidement des extensions s’avèrent nécessaires et en 1870 on établit une salle de quatre
lits au sous-sol pour isoler les malades de la petite vérole puis en 1873, on construit un
bâtiment neuf affecté au traitement de maladies épidémiques appelé « le chalet ». Une galerie
vitrée est élaborée devant ces locaux, grâce à William GALIGNANI, afin que les malades
contagieux puissent se promener. L’année 1876 voit le petit bâtiment des maladies
épidémiques affecté aux femmes en couche. Il accueillera les femmes des localités n’ayant
pas d’hôpitaux hospices, au prix de deux francs la journée. Jusqu’à présent, seules les localités
de Pontoise, Etampes et Versailles étaient organisées pour recevoir les femmes en couche,
c’est-à-dire qu’elles étaient les seules à posséder une maternité. Quant à l’ancienne salle des
morts, elle reçoit à présent les bains de vapeurs. Une nouvelle salle des morts, réservée à
entreposer les corps et à faire les autopsies, est édifiée à l’extérieur.
Les mutations de l’hôpital sont importantes et en 1878, le ministre de l’intérieur désire faire
figurer les plans graphiques accompagnés de photographies de l’hôpital à l’exposition
universelle. En 1882, la décision est prise par le conseil d’administration d’agrandir les
bâtiments en faisant des chambres dans les combles de l’hospice et en augmentant la surface
des dortoirs de l’orphelinat qui a été construit vers 1876-1877.
A cette époque l’hôpital hospice est donc constitué de :
Un corps de logis principal dont la façade antérieure regarde le nord. Celui-ci forme un
double T couché.
Une chapelle qui se détache en saillie sur la façade postérieure.
un rez-de-chaussée comprenant tous les services généraux (cuisine, pharmacie, service de
bains, bureaux, salle de la commission).
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 130
22
Un premier étage affecté aux pensionnaires hommes d’un côté et femmes de l’autre, avec
la lingerie au milieu.
Les ailes latérales sont réservées aux malades au rez-de-chaussée et aux vieillards au
premier étage. Les femmes d’un côté et les hommes de l’autre.
Un dortoir au deuxième étage de l’hospice.
Les conditions de traitement pour les malades s’améliorent aussi. En 1886, chaque hôpital de
chef-lieu a une voiture ambulance destinée au transport des blessés. Sur l’avis télégraphique
du médecin traitant, on envoie la voiture immédiatement dans la commune du domicile du
blessé. De plus, en cas d’urgence et toujours sur demande du médecin traitant, tout indigent a
le droit d’être admis à l’hôpital.
Sept ans plus tard, l’hôpital de Corbeil est le seul établissement hospitalier important de la
région. Il comporte 101 lits, puis voit rapidement cette capacité augmenter à cent quarantedeux, afin d’être en mesure d’accueillir les malades des quarante-deux communes
avoisinantes. Ceci est rendu possible par une construction nouvelle faisant face à la route
nationale, édifiée grâce à une subvention allouée par le ministre de l’intérieur
En 1898, on assiste à la création d’une salle de douche, dans les locaux de l’hospice, destinée
à procurer des douches chaudes ou froides aux indigents de la ville de façon gratuite et aux
habitants de Corbeil pour la somme de 1,95 francs la journée. Les malades de l’établissement
y auraient également accès, moyennant le prix demandé.
Plusieurs années plus tard les améliorations techniques permettent d’avoir un local
d’hydrothérapie avec bains et douches.
Dans les bâtiments annexes, on trouve la salle d’opération, le dépôt mortuaire, la chambre de
désinfection, la maternité et la salle de séchoir. « Le chalet » initialement destiné aux maladies
épidémiques devient le bâtiment des incurables en 1908. On voit aussi apparaître le chauffage
central, en partie financé par la ville de Corbeil. Dorénavant, l’évacuation des eaux usées se
fera au moyen d’une canalisation rejoignant l’égout de la ville.
« L’hôpital a cessé d’être un centre d’hébergement accessoirement destiné aux soins, pour
devenir un lieu de traitement exclusif de la maladie. Par contre, sa vocation reste par
23
définition tournée vers la prise en charge de la pauvreté et de l’indigence »1. En cette fin de
XIXe siècle et début du XXè, l’hôpital va s’ouvrir plus largement sur l’extérieur, grâce à
l’arrivée de la médecine scientifique.
En 1909, on assiste à la création de deux salles de dix lits dans les combles des asiles pour
vieillards et d’un pavillon spécial dans l’ancienne grange pour y placer les varioleux et les
contagieux. La pièce qui normalement doit accueillir les personnes d’un niveau social élevé
sera désormais laissée vacante, au cas où l’une d’entre-elle serait amenée à avoir un accident.
Dorénavant les salles seront réparties comme suit :
♦ hommes :
Rez-de-chaussée : les blessés et les fiévreux.
1er étage : les fiévreux et les tuberculeux.
2è étage : la nouvelle est affectée aux vieillards pensionnaires et aux blessés.
♦ femmes :
Rez-de-chaussée : les vieilles femmes et les blessées.
1er étage : les malades et les vieilles femmes.
2è étage : la nouvelle salle pour les vieilles femmes.
Quant à la maternité, elle est au deuxième étage et comprend deux chambres.
En 1922, des boxes d’isolement pour les patients diphtériques sont installés en salle de
médecine homme.
D’après le rapport du ministre de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance, il faudrait
installer des cabanons pour les aliénés de passage, vingt lits de plus pour les vieillards et une
salle de radiographie avec ses dépendances, afin d’améliorer les conditions d’accueil des
patients. Ces modifications seront effectuées en arrière des bâtiments anciens, entre la
chapelle et la grange. De plus, le service des tuberculeuses du second étage se voit agrandi de
quatre salles supplémentaires, aménagées spécialement pour cette pathologie contagieuse.
Puis en 1925, le service des tuberculeuses est transféré dans la nouvelle lingerie.
C’est en 1929, que le Conseil Général demande à l’établissement s’il serait possible de
procéder à l’ouverture de 81 lits de médecine et de chirurgie et 32 lits de tuberculeux. Cela
sera chose faite quelques années plus tard.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 130
24
Ces transformations comprennent :
♦ L’agrandissement de l’aile droite.
♦ Des transformations des locaux désaffectés en salle de malade.
♦ La création de nouvelles salles d’opérations et de radiologie.
♦ L’installation d’un pavillon d’interne.
♦ L’ouverture d’un pavillon pour vieillards et celui d’un autre pour les tuberculeux.
L’idée de la construction d’un service complet de chirurgie et de maternité, ainsi que d’un
logement pour le directeur et l’économe, est discutée au conseil de la commission
administrative de l’année 1930. Les internes s’installent dans leur nouveau pavillon en 1932.
La chirurgie et la maternité ouvrent en 1934.
Jusqu’à présent il n’existait aucune structure d’accueil spécifique pour les enfants. Ils étaient
hospitalisés au beau milieu des adultes et ce, quelle que soit leur pathologie. A partir de 1942,
un service provisoire est mis en place pour pallier à ce manque. Il est situé dans la nouvelle
salle construite au dessus de la chaufferie. Les travaux concernant le service des enfants sont
interrompus suite à la guerre.
Par la suite, les années 1950 voient l’ouverture d’un centre de protection maternelle et
infantile et la réalisation des travaux de rénovation du chalet, consacré désormais aux
vieillards (35 places) et aux aliénés (5 places), avec ajout d’un 2ème étage accueillant 14
chambres pour les infirmières.
En 1961, l’hôpital-hospice GALIGNANI obtient son classement comme Centre Hospitalier et
prend le nom de Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes.
Depuis avril 1959 et jusqu’en 1992, la Commission Administrative est présidée par le
nouveau Maire de Corbeil-Essonnes, Monsieur Roger COMBRISSON, qui s’intéresse de très
près à la vie de l’établissement, convaincu de l’enjeu majeur qu’il représente pour sa ville.
25
Il est rapidement persuadé que le Centre Hospitalier ne peut plus progresser dans ses locaux
de 1867 et que son emprise foncière ne permet pas d’extension significative, d’autant que le
financement de ce projet d’extension, antérieur à son arrivée, est refusé par les tutelles en
1960 et 1961.
Dès 1962, le maire met donc systématiquement à l’ordre du jour de chaque réunion de la
commission administrative le projet de construction d’un bâtiment neuf sur un nouveau
terrain, qui est rapidement choisi : un vaste ensemble de 23 hectares, à 800 mètres au sud de
l’hôpital hospice, le long de la même voie.
La commission administrative fait étudier parallèlement le programme lits de ce projet, dans
l’hypothèse de la desserte d’une population supérieure à 200 000 habitants à l’horizon 1975.
En juillet 1963 naît une première polémique avec le sous préfet de Seine et Oise de Corbeil,
qui s’interroge sur le choix du terrain, évoque d’autres lieux dans des communes limitrophes
et l’utilité de constituer un syndicat intercommunal avant de faire un choix définitif. La
commission administrative maintient son point de vue, reprenant tous les avantages de ce lieu
et demande la déclaration d’utilité publique du projet. Celle-ci est promulguée par arrêté
préfectoral en décembre 1963 et permet de procéder rapidement aux premières transactions et
aux expropriations nécessaires pour acquérir progressivement la totalité du terrain pressenti.
Le projet de reconstruction est étudié dans un climat d’enthousiasme, mais aussi de querelles
et de rivalités politiques locales, exacerbées par la perspective des transferts des structures
administratives vers la future préfecture de l’Essonne. Il comporte un très important
programme de 1 120 lits somatiques (dont près de 1 000 lits de type M.C.O.) et 300 lits
psychiatriques (largement souhaités par le ministère de la santé), qui est approuvé par les
autorités de tutelle en octobre 1965 mais restera sans suite.
Parallèlement, sont construits ou aménagés :
♦ Un pavillon d’internat de 13 chambres pour les médecins,
♦ Une école d’infirmières d’une capacité de 150 places, avec un hébergement pour 80
élèves,
♦ Une extension du centre de transfusion sanguine,
26
♦ Un préfabriqué de 96 lits pour les patients chroniques,
♦ Le service de pédiatrie qui se trouvait en souffrance depuis la guerre,
♦ Ainsi qu’un bloc central de consultations externes.
Au cours de la fin des années 1960 et du début des années 1970, on voit l’ouverture de
nouvelles structures, qui concrétisent le renforcement de l’activité médicale à plein temps :
♦ Le service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) en 1968)
♦ Le service de réanimation en 1969,
♦ L’individualisation des activités de chirurgie : viscérale, orthopédique et traumatologique,
spécialités d’ORL, stomatologie et ophtalmologie,
♦ Le service de cardiologie (1975), avec une unité de soins intensifs cardiologiques,
♦ L’unité d’accueil centralisé des urgences,
♦ Le Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) départemental en 1976, regroupé en 1977
dans un bâtiment neuf avec le service de réanimation polyvalente,
♦ Le services de rhumatologie,
♦ Le service de réadaptation fonctionnelle,
♦ L’unité de toxicologie clinique.
Parallèlement, sous l’impulsion du docteur BONAFE, nouveau chef de service de psychiatrie,
l’établissement ouvre des centres médico-psychologiques et d’autres unités « dans la cité »,
coordonnées avec l’hôpital général, mais sans création de lits psychiatriques spécialisés.
Les années 70 sont marquées par la décision de construire un Centre Hospitalier dans la ville
nouvelle d’Evry, envisagée d’abord comme un transfert de l’établissement avec extension
d’activité, puis comme une complémentarité. En septembre 1979, le préfet publie le
programme qui répartit les disciplines médicales et les capacités d’hospitalisation en
Médecine, Chirurgie, Obstétrique et Pédiatrie entre les établissements de Corbeil et d’Evry
(respectivement 437 et 414 lits).
L’autre fait marquant de ces années est l’autorisation finalement accordée à Corbeil, suite à
l’alternance politique de 1981, de construire sur le terrain réservé au sud, un établissement
neuf respectant la programmation de 1979.
Pendant toute cette période, l’hôpital de Corbeil poursuit le renforcement et la diversification
de ses activités, avec l’ouverture de nouveaux services d’hospitalisation spécialisés : gastroentérologie, dermatologie, neurologie et endocrino-diabétologie.
27
L’hôpital « Louise Michel » d’Evry, distant de 10 kilomètres, est inauguré en 1982, avec le
transfert des activités de pédiatrie et d’endocrino-diabétologie de Corbeil, conformément au
programme de 1979.
Le nouvel hôpital de Corbeil, baptisé « Gilles de Corbeil » en hommage à un médecin et poète
du moyen age, suit de près en Septembre 1985. A cette occasion, les patients sont transférés
entre les 2 bâtiments, avec le concours d’un convoi sanitaire militaire et du SMUR pour les
malades du service de réanimation.
Au niveau de l’ancien site, des transformations sont effectuées en quelques années : le rez-dechaussée et le premier étage du bâtiment principal sont restaurés pour accueillir la gériatrie et
les soins de longue durée, la nouvelle « Maison d’Accueil GALIGNANI » est construite
devant ce bâtiment et accueille les pensionnaires de la maison de retraite de la rue
Champlouis, les bâtiments de chirurgie et de réanimation sont rasés, ainsi que les préfabriqués
de cardiologie et de gériatrie, puis le bâtiment de pneumologie est restauré pour accueillir
l’unité clinique de psychiatrie « Vivaldi ».
Le succès de « Gilles de Corbeil » est immédiat, car en plus d’un plateau technique désormais
de premier ordre, enrichi de services de médecine nucléaire et de radiothérapie haute énergie,
il bénéficie d’une assise ancienne et d’un réseau de correspondants fidèles. Son activité
constamment croissante sera soutenue par une politique d’investissement et de diversification
d’activité (hématologie, SIDA, imagerie interventionnelle, urologie, cancérologie lourde,
développement de très nombreuses consultations externes), ainsi que par la construction de
nouvelles unités psychiatriques de secteur. Cette politique volontariste aggravera
malheureusement un déficit budgétaire déjà ancien.
Dès l’ouverture, la compétition entre les deux établissements sera féroce, la notion de rivalité
l’emportant le plus souvent sur celle de complémentarité et débouchant sur de nombreux
doublons, au grand dam des tutelles impuissantes à contenir les initiatives locales.
En 1998, le Centre Hospitalier de Corbeil absorbe l’établissement de rééducation « Albert
Calmette » à Yerres. Cependant, s’est déjà imposée l’évidence de l’impossibilité, pour les
deux établissements de taille moyenne que sont les hôpitaux de Corbeil et d’Evry, de garantir
jour et nuit sur chaque site toute la palette des activités médicales modernes, compte tenu du
coût croissant des pratiques et de la démographie déclinante des professions de santé.
28
Le 1er Janvier 1999, après 15 années de concurrence acharnée et de longues négociations,
menées depuis 1995 sous l’impulsion du corps médical, les deux établissements procèdent à
une fusion juridique, sous le nom de « Centre Hospitalier Sud Francilien », qui regroupe pas
moins de 26 sites de soins au total.
Malgré l’accord médical préalable, qui ne sera jamais appliqué, le partage rationnel de
l’activité entre les 2 sites principaux d’Evry et de Corbeil se fait dans les plus grandes
difficultés et n’est pas achevé cinq ans plus tard, alors que cette thèse se termine.
Une perspective nouvelle est cependant apparue depuis 2003, avec le projet de construction
d’un bâtiment unique sur un terrain limitrophe aux deux communes, permettant ainsi un
regroupement efficace de l’ensemble de l’offre de soins aigus et de suite, avec des liens
affirmés entre l’établissement et le pôle de recherche en génomique implanté à proximité.
Ce nouveau projet, soutenu très fermement par le Président du Conseil d’Administration et
Maire de Corbeil Essonnes, Monsieur Serge DASSAULT, est né dans la polémique comme le
précédent. Il pose de nombreuses questions non résolues à ce jour, mais paraît être le seul à
garantir la taille indispensable pour le fonctionnement optimal du site hospitalier généraliste
de soins de haut niveau que réclame ce secteur en pleine expansion démographique.
29
DEUXIEME
PARTIE
30
3) L’ÉVOLUTION DES PATHOLOGIES RENCONTREES
Dans un rapport évoquant la vie à l’hôpital, la commission de Breteuil écrit en 1788 : « Il
règne dans presque tous les départements de l’hôpital, une maladie particulière du genre des
fièvres putrides et malignes, qu’on ne retrouve pas dans la ville avec les mêmes symptômes.
Fièvre que l’on peut appeler fièvre de l’hôpital, elle se manifeste peu de temps après l’arrivée
du malade »1. Cette fièvre est la conséquence de la promiscuité qui existe dans les salles
d’hospitalisation. En effet, les malades sont plusieurs par lit et les salles contiennent
beaucoup trop de lits. Les morts sont mêlés avec les vivants, dans des salles où les passages
sont étroits, où l’air croupit, faute de pouvoir se renouveler, et où la lumière ne pénètre plus
que faiblement et chargée de vapeurs humides. « La chaleur qui règne à l’intérieur des lits est
propice à la contagion, d’autant que l’aération des salles est mauvaise. Les escaliers, toujours
étroits, font office de cheminée d’aspiration, entraînant les miasmes vers les étages supérieurs
où ils se concentrent. Ils servent bien souvent de conduit d’évacuation pour les eaux usées
comme à la Pitié (…). Les convalescents sont mêlés dans les mêmes salles avec les mourants
et les morts. A l’hôtel-Dieu de Paris, on a vu des convalescents obligés de traverser la salle
où sont les petites véroles pour accéder à leur salle au troisième étage ; la salle des fous est
contiguë à celles des malheureux qui ont souffert les plus cruelles opérations et ne peuvent
espérer un peu de repos dans le voisinage de ces insensés, dont les cris frénétiques se font
entendre jour et nuit »2.
Une invasion de choléra décime la capitale en 1832. L’hôpital de Corbeil se voit dans
l’obligation de réserver un local pour les malades contagieux afin de les séparer des autres
patients. La salle du rez-de-chaussée du corps des logis où sont les hommes et celle de ce
même bâtiment où sont situées les femmes répondent à toutes les conditions pour accueillir
des malades épidémiques, puisqu’elles sont bien aérées et situées loin des habitations.
De plus, les bains de vapeurs y sont proches ainsi que les fumigations, ce qui permet de les
traiter sans avoir à les faire passer dans tous les bâtiments.
1
2
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 76.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. P. 76-77.
31
Du matériel supplémentaire s’avère également nécessaire pour faire face à l’affluence des
malades et donc cela engendre des coûts supplémentaires.
Les malades « ordinaires » sont réunis dans les salles de la première et deuxième aile droite
du bâtiment et éventuellement dans l’école des enfants.
A cette époque, l’espérance de vie moyenne est inférieure à 40 ans et l’incidence des
pathologies de l’enfance et de l’adulte jeune est importante.
Voici une liste des « principales maladies rencontrées à l’hôpital :
Chez l’adulte
•
Les maladies respiratoires, au premier rang desquelles on retrouve la phtisie, la
pneumonie, mais aussi d’autres affections à tropisme respiratoire et leurs complications
(grippe et angine).
•
Les maladies éruptives au premier rang desquelles la variole (à l’état endémique et qui
verra une nette régression après l’instauration de la vaccination en 1796) et le typhus.
•
Les syndromes diarrhéiques (dysenteries et typhoïde).
•
D’autres
pathologies
comme
que
les
cardiopathies,
l’apoplexie,
le
cancer
(particulièrement celui de l’utérus), les rhumatismes, le scorbut, l’intoxication par le
plomb ou saturnisme, très fréquent à l’époque.
•
Les épidémies de choléra et de diphtérie.
•
Les néphrites.
•
Le paludisme, la syphilis.
•
Les affections chirurgicales abdominales, leurs complications et la redoutable péritonite
puerpérale.
Chez l’enfant
•
En plus des affections déjà décrites chez l’adulte, il faut citer la méningite et les
redoutables complications des maladies de l’enfant (coqueluche, rougeole, scarlatine
etc.) »1.
En 1853, l’établissement accueille trente et un patients militaires et deux cent cinquante huit
malades civils.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.99.
32
Parmi les pathologies des militaires on retrouve des grandes fatigues, des plaies dues aux
chaussures et des maladies chroniques.
Les patients sont répartis en catégories selon leur pathologie : dans la première catégorie on
retrouve douze patients civils qui présentent des indispositions ne méritant même pas le nom
de maladie, dans la seconde catégorie on dénombre soixante patients relevant de la chirurgie
dont trente trois admis pour des accidents ( vingt six hommes et sept femmes), et enfin dans la
dernière catégorie on compte les malades ayant des pathologies appartenant au service
médical proprement dit, ils sont au nombre de cent soixante dix sept. En ce qui concerne les
cas chirurgicaux, vingt sept étaient du domaine du pansement : plaies, ulcères , contusions,
brûlures, foulures, efforts musculaires etc ….
Et les autres cas étaient opératoires comme par exemple des tumeurs, des polypes, des
cancers, des hernies, des fistules , des gangrènes, des blessures avec des éclats de mine ou des
instruments tranchants, des plaies par écrasement etc …
Une deuxième épidémie de choléra sévit en juillet 1854. Dans le rapport médical de Monsieur
LIONET, nous trouvons une description de toutes les principales pathologies que les
médecins ont pu rencontrer au cours de l’année passée.
« Le service médical compte cent soixante dix neuf patients cette année-là, parmi lesquels on
retrouve des pathologies qui n’ont pas posé de problème comme les maladies éruptives, les
angines, les bronchites, l’asthme et les embarras gastriques. On a pu constater également un
grand nombre de malades atteints de fièvres intermittentes qui sont dues en partie aux
militaires qui reviennent d’Afrique. Les rhumatismes sont en grand nombre pour les mêmes
raisons mais aussi à cause de la proximité de nos deux rivières. Les phtisiques ont été
nombreux, soulagés comme nous l’avons vu précédemment par l’huile de foie de morue et
l’iodure de potassium. La plupart des phtisiques sont étrangers à la localité de Corbeil et l’air
un peu humide que l’on trouve chez nous prédispose à un développement de la phtisie
pulmonaire. Ceux qui arrivent avec une phtisie confirmée y prolongent leur existence plus
longtemps que dans les localités où l’air est plus sec et vif. La pathologie la plus
communément rencontrée que ce soit à la campagne ou à la ville, c’est sans conteste la fièvre
typhoïde.
Trente neuf cas de cette maladie ont été traités cette année à l’hôpital, trente et un homme et
huit femmes. Trois personnes ont succombé : un homme et deux femmes.
33
Les malades atteints de fièvre typhoïde sont divisés en trois catégories suivant leur gravité et
la durée de leur séjour : moins de trente jours d’hospitalisation on compte vingt deux patients,
onze personnes sont restées de trente à cinquante jours et neuf de cinquante à quatre-vingt-dix
jours. Ces chiffres s’entendent sans compter la durée de la maladie avant l’entrée à l’hôpital
bien évidemment.
Les cas des patients de la première catégorie furent relativement bénins. Voici comment nous
expliquons ceci : presque tous les malades sortaient de mauvaises conditions d’hygiène et
quelques jours après leur soustraction à l’influence morbide qui pesait sur eux, l’amélioration
se déclarait presque immédiatement. Ce qui vient à l’appui de cette interprétation est que nous
avons vu deux fois cette année des jeunes gens presque guéris après huit jours de traitement,
sortir de l’hôpital et y rentrer quelques jours après la même maladie complètement confirmée
et qui a « parcouru toutes ses périodes ».
En général, la durée de la maladie a été d’autant plus courte que l’entrée à l’hôpital a été près
du début, ce qui nous autorise à tirer cette conclusion que le traitement à domicile est moins
efficace que celui fait dans les établissements de charité quand ceux-ci jouissent de conditions
hygiéniques désirables.(…) Les onze cas de la deuxième catégorie ne peuvent laisser le doute
dans l’esprit de personne et à plus forte raison les neuf cas de la troisième catégorie parmi
lesquels les trois personnes qui ont succombé.
Le premier avait dix neuf ans et avait été soigné pendant dix huit jours à domicile. Il n’est
mort qu’après soixante six jours de traitement à l’hôpital soit au quatre vingt quatrième jour
de la maladie.
Madame D., âgée de cinquante neuf ans, traitée déjà à l’hôpital pour une pneumonie fut prise
de fièvre typhoïde en rentrant dans la mansarde d’où elle n’est descendue que lorsqu’on a
désespéré de ses jour. Apportée presque mourante, elle lutta encore neuf jours contre l’agonie.
L’autopsie à confirmé le diagnostic.
Le troisième malade décédé, est la femme L., âgée de vingt quatre ans, douée d’une
constitution athlétique, mère de deux enfants, éprouvée par de violents chagrins et des
privations, elle était traitée à domicile depuis vingt-deux jours quand elle nous fut envoyée.
La maladie a conservé une forme adynamique jusqu’à la mort qui a eu lieu à la suite d’un
phlegmon diffus du bras droit, le cinquante-quatrième jour de son admission, soit le soixanteseizième de la maladie. Un symptôme insolite avait persisté pendant toute la durée de la
maladie, c’était des vomissements opiniâtres. L’autopsie nous a montré que le système
vasculaire est quasiment vide de sang.(…) Tous les viscères parenchymateux sont atrophiés,
l’estomac porte les traces d’une violente inflammation.
34
De plus, presque tous les malades des deux dernières catégories (qui sont au nombre de dix
sept) ont présenté des symptômes ataxiques très alarmants et des escarres bien inquiétants
d’une profondeur effrayante. Une de ces malades qui est sortie avant d’être complètement
guérie et que j’ai vu dans sa famille encore deux mois après sa sortie, n’a cessé de crier nuit et
jour pendant un mois à tel point qu’on fût obligé de la mettre dans une chambre particulière ».
Le fort taux de guérison des fièvres typhoïdes cette année est du à l’utilisation d’une nouvelle
substance associée au traitement habituel : le sulfate de quinine.
Toujours sur le plan médical, les médecins ont rencontré des cas de convulsions de l’enfant et
de méningite. D’un point de vue chirurgical, en 1853, les chirurgiens ont pu observer des cas
de hernies étranglées ou non ; des traumatismes divers comme des sections de tendon et des
fractures et arrachements de membres ; des abcès ; des gangrènes et des hémorragies
cérébrales entre autres.
L’année suivante, Monsieur LIONET fait remarquer que de nombreux patients sont atteints
de maladie chronique. Ils sont paralysés à un tel point que l’on est obligé de les faire boire et
manger, « qu’ils évacuent sous eux », tombent du lit sans pouvoir se relever et qu’il a fallu les
reléguer dans une chambre seule afin d’éviter que le repos des autres malades ne soit troublé.
Donc dorénavant les malades reconnus incurables ne seront pas gardés à l’hôpital pour des
raisons d’insuffisances de locaux et de moyens financiers.
Ce sort est réservé aux patients atteints de cancer en 1860 car ils sont reconnus incurables et
ne réclamant aucun traitement spécial.
Le rapport médical de 1858 relate les différentes épidémies rencontrées cette année-là. Nous
remarquons que les maladies des voies aériennes prédominent les mois humides de l’année
alors que celles des voies digestives et des fièvres typhoïdes sont vers la fin de la saison
chaude. Vers fin juillet, les fièvres typhoïdes réapparaissent jusqu’au mois de novembre et
quelquefois plus tard. Les villages des environs sont indemnes de cette épidémie car la
principale cause est la mauvaise construction de nos égouts et la dessiccation des bancs de la
Seine. De grands projets d’assainissement sont en cours d’exécution par la ville ainsi que des
projets de barrages sur la Seine qui refouleraient les eaux de nos égouts et en diminueraient
les émanations fétides. Ceci devrait avoir pour conséquence une diminution des cas de fièvres
typhoïdes et une amélioration des conditions d’hygiène.
35
Malgré cela, cette année est marquée par une baisse du nombre de malades atteints de fièvre
typhoïde, par contre, les fièvres typhoïdes sont plus meurtrières et notamment en ville par
rapport à celles hospitalisées.
Autre pathologie rencontrée : les angines, qui touchent surtout le jeune enfant et donc
l’hôpital s’en est à peine ressenti. En ce qui concerne les cas de chirurgie, les médecins ont eu
à traiter deux cas d’amputations de membre supérieur dues à des accidents et suivies de
guérison ; des phlegmons, des brûlures, des ulcères, des écrasements, des entorses et des
fractures. Les panaris sont également fréquents dans le service et ils peuvent être graves allant
jusqu’à la perte de la phalange par manque d’énergie du traitement quand l’abcès est profond.
Il y a eu aussi quelques cas de tumeur intestinale.
En 1859, les pathologies rencontrées sont sensiblement identiques. Les cas d’angines de
l’enfant se font de plus en plus fréquents voire épidémiques cette année là et on a eu sept cas
chez des adultes de l’hôpital. Des névralgies sciatiques font leur apparition. Toujours des
épidémies de fièvres typhoïdes dont quelques-unes ont été compliquées de délire,
ballonnement et pneumonie. Elles ont duré longtemps mais ont guéri en grand nombre.
Il y a également eu de nombreux cas de fièvres intermittentes, des dysenteries et embarras
gastriques durant les mois d’été, des rhumatismes en hiver et des affections des voies
respiratoires ainsi que des affections organiques du cœur et de l’estomac. Les vomitifs et les
purgatifs salins ont été très utiles dans le traitement. Le sulfate de quinine a permis
l’amélioration de dix-neuf patients atteints de fièvres intermittentes et il a même aidé à la
guérison d’une tumeur de la rate en la faisant diminuer de volume puis disparaître
complètement au bout de dix-sept jours de traitement. Quatre malades sont décédés de fièvres
typhoïdes.
Au total en 1859, on a eu à déplorer trente-huit décès répartis comme suit :
1) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans la tête :
un cas de méningite
un cas de ramollissement cérébral
trois hémorragies cérébrales
2) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans le thorax :
deux pneumonies
cinq catarrhes pulmonaires chez des personnes âgées
36
un asthme
quatre phtisies pulmonaires
trois hypertrophies cardiaques dont deux avec altération des valvules
3) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans l’abdomen :
un iléus
une péritonite
un catarrhe vésical
deux dysenteries
trois cancers de l’estomac
4) décès dépendant de maladies ayant leurs sièges dans les os :
des fractures comminutives des jambes avec plaies
des fractures de la colonne vertébrale
deux fractures du col du fémur chez des vieilles femmes
La mortalité moyenne pour les hôpitaux de Paris est d’un décès pour onze malades et la durée
moyenne de séjour est de vingt-quatre jours. En ce qui concerne Corbeil, la mortalité est de un
patient sur huit. Cette différence tient au fait que les hôpitaux parisiens reçoivent les
incurables que l’on ne garde pas dans les hôpitaux périphériques.
Les cas rencontrés en 1860 en chirurgie sont des fractures diverses, des luxations, des plaies
traumatiques, des contusions, des brûlures graves, des rétrécissements de l’uretère, des
cancers opérés et guéris, des hernies étranglées elles aussi opérées et guéries, un kyste
volumineux, une hydarthrose du genou, des ulcères variqueux, des anthrax et des panaris ainsi
qu’une tumeur blanche du genou.
En ce qui concerne les cas de médecine, les affections rhumatismales sont toujours d’actualité
ainsi que la phtisie pulmonaire, par contre il est à noter des attaques d’apoplexie, des cirrhoses
et des affections du cœur.
Cette année-là, il n’y a pas eu beaucoup de cas de fièvres typhoïdes et intermittentes, ce qui
est probablement dus aux nouvelles conditions d’hygiène sur la ville, et peu d’affections des
voies digestives.
37
On retient également la présence de trois cancéreux non susceptibles d’être opérés. Il y a eu
trente malades en moins par rapport à l’année dernière, mais la mortalité est plus élevée due
au nombre plus grand de malades incurables. Neuf personnes sont décédées de phtisie
pulmonaire, cinq d’attaque d’apoplexie, un d’hypertrophie cardiaque et un autre patient est
décédé d’une cirrhose qui ne guérissait jamais. Quinze vieillards sont également morts, ils
étaient âgés de plus de soixante-treize ans.
Au fur et à mesure des années, les pathologies rencontrées évoluent peu. Cette année, il n’y a
pas eu d’épidémie.
Les cas les plus fréquemment retrouvés sont, en ce qui concerne la chirurgie :
-
les contusions
-
les plaies
-
les panaris
-
les fractures
-
les cancers
-
les ulcères variqueux
-
les hernies
Pour ce qui est des cas de médecine :
- les fièvres continues, typhoïde et intermittentes
- les rhumatismes
- la variole
- les pneumonies
- les phtisies pulmonaires
Au total cela fait trente-cinq décès pour l’année 1860. La durée moyenne de séjour des
patients est de 24,5 jours. Le taux d’admission des incurables est en baisse. On a eu également
à déplorer beaucoup d’accidents du travail dus aux travaux effectués sur le chemin de fer.
En 1861, on compte dix-sept patients incurables qui sont décédés. Six atteints de phtisie
pulmonaire, cinq de cancers, deux d’une méningite chronique, deux encore d’hypertrophies
pulmonaires et enfin deux autres patients incurables, d’une cirrhose. De plus, il y a eu quinze
décès d’autres patients.
38
Deux patients atteints d’entérite, un d’apoplexie cérébrale, quatre de pneumonie, quatre de
fièvre typhoïde, un de péritonite, un autre d’une amputation de jambe, un d’endocardite et
enfin le dernier décès était du au charbon.
A cette époque, les épileptiques sont placés dans les asiles ou les dépôts de mendicité (1863),
puis en 1879 ils seront admis dans le service des incurables.
Une épidémie de fièvre puerpérale qui a lieu en 1867 fait modifier les conditions
d’hospitalisation des femmes en couches comme nous avons pu le voir dans le chapitre
précédent.
Les trois fléaux sanitaires majeurs de l’époque sont la variole, la diphtérie et la syphilis. Un
médecin de l’hôpital de Lyon remarque que l’on enregistre le même taux de mortalité pour
ces affections que si elles étaient traitées en ville. « Les causes invoquées pour cela sont :
La responsabilité des parents : les enfants sont conduits trop tard chez le médecin ; les
enfants admis sont souvent dans un état de misère physiologique et de malpropreté
considérable ; les préjugés vis-à-vis des maladies sont nombreux et persistants (parasites
utiles à la santé, bienfaits de la râche…) ; une fois leur état de santé amélioré, les parents
les laissent trop longtemps à l’hôpital ; la fréquence du rachitisme, de la scrofulose, de la
pâleur et de la maigreur traduisent cette faiblesse constitutionnelle qui se généralise.
Les locaux de l’hôpital sont pour beaucoup d’entre eux insalubres et ne permettent pas
d’assurer un réel isolement. Les enfants hospitalisés restent au lit, ce qui est nuisible (stase
sanguine à la partie postérieure des deux poumons, d’où la gêne respiratoire et celle
provoquée par l’hématose avec intoxication lente de l’organisme par l’acide carbonique
du sang mal oxygéné). En 1868, le docteur Jean-Antoine Socquet propose des séances de
gymnastique avec des exercices journaliers simples mais exécutés avec méthodes pour les
enfants hospitalisés.
Les durées de séjours sont anormalement prolongées dans le milieu hospitalier, soit du fait
de la maladie, soit du fait des conditions mêmes du milieu dans lequel vit l’enfant ; d’où la
demande émanant des médecins de la construction d’hôpitaux de convalescence et
d’établissements héliomarins.
En ce qui concerne les nouveau-nés et les nourrissons, sont incriminées aussi la promiscuité
anormale entre enfants sains et enfants malades, la syphilis, l’absence d’allaitement maternel
39
et l’insuffisance du nombre des nourrices……..surtout à l’époque des moissons et des
vendanges »1.
En 1870, plusieurs cas de petite vérole font leur apparition, ils sont mis en isolement. Ensuite,
en 1879, quelques malades atteints de lèpre sont admis à l’hôpital de Corbeil ; ils seront
également mis en isolement. En 1882, ce sont deux enfants de l’orphelinat qui sont touchés
par la coqueluche et doivent être hospitalisés.
Toujours dans les maladies épidémiques, on note une épidémie de rougeole en septembre
1887 et l’on remarque « qu’il y a souvent association entre la rougeole et la diphtérie et
confusion entre le vrai croup diphtérique et le faux croup annonciateur de la rougeole »2, un
cas de choléra en 1892 est constaté à l’hôpital et beaucoup de malades de la commune
d’Essonnes atteints de fièvre typhoïde font leur entrée dans l’établissement. En 1894, la
décision est prise de vacciner tout patient entrant à l’hôpital de façon gratuite devant la
survenue de quelques cas de variole dans l’établissement ainsi qu’à l’orphelinat.
Une salle d’isolement au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment sera réservée aux malades
phtisiques hommes à partir de 1903. On comptera entre les deux guerres près de 100 malades
soignés pour tuberculose pulmonaire dans le bâtiment du « chalet », aménagé selon les
préceptes des sanatoriums. La régression de l’endémie ne sera nette qu’à la fin des années 50,
réorientant l’activité du service vers la pathologie respiratoire chronique et cancéreuse.
Plus on avance dans les années et plus les épidémies de variole se multiplient, avec
notamment une en 1905 à Evry petit bourg et la création de deux salles d’isolement de huit
lits chacune en 1908, dans le hangar servant de remise pour les récoltes, pour faire face à une
autre vague d’infection.
En 1911, les fractures du col du fémur sont traitées par immobilisation et massages mais au
bout de deux mois passé dans l’établissement, on est obligé de les renvoyer chez eux, car
l’incapacité restante n’évoluera plus. Les malades ayant eu une fracture du col fémoral
doivent être considérés comme invalides ne nécessitant plus de soins médicaux. L’hôpital ne
garde pas les patients qui ont besoin de repos, car il manque de place.
1
2
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon, op. cit. p. 103-104.
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon, op. cit. p. 101.
40
Le Préfet de Seine et Oise dans son rapport de 1913 note qu’il n’existe pas assez de salles
d’isolement pour les malades contagieux. Par exemple, des cas de scarlatine sont hospitalisés
en chambre mansardée.
A partir du 21 mars 1919, une grande épidémie de variole sévit. Celle-ci s’est propagée suite à
l’admission d’une femme contaminée envoyée à l’hôpital par la commune de Soisy en Brie.
La propagation est due au manque de salle d’isolement au sein de l’hôpital hospice
GALIGNANI. On a recensé 13 cas de variole, six hommes et sept femmes. Nous avons eu a
déplorer trois décès, trois hommes.
De 1947 à 1951 beaucoup d’enfants décèdent suite à des mastoïdites. Il faut attendre 1980
pour voir les pathologies ORL en nette régression.
Les années 50, avec l’expansion économique, les reconstructions d’après guerre, et le
développement rapide des transports, voient une augmentation de la traumatologie routière,
qui devient un problème sanitaire d’ampleur nationale. L’hôpital de Corbeil reçoit
régulièrement des afflux de blessés, jusqu’à 15 en une seule nuit, ce qui génère une forte
activité opératoire et assure un recrutement régulier aux services chirurgicaux, qui sont de
garde en alternance chaque semaine et assurent chacun la prise en charge de la chirurgie
viscérale et osseuse. La mortalité est importante ; quelques patients présentant un hématome
extra-dural seront sauvés par trépanation, le pronostic des traumatismes thoracique est
globalement très sévère, les techniques de ventilation artificielle prolongée étant balbutiantes.
41
4) L’EVOLUTION DES PRATIQUES, TECHNIQUES ET
SPECIALITES MEDICALES
Nous allons pouvoir constater que les techniques et les spécialités médicales ont évolué en
même temps que les établissements de soins se sont développés.
Dans les hôtels-Dieu du XIVè siècle « les malades sont couchés sur des paillasses et des
matelas posés à même le sol. Puis apparaissent les « chaaliz » ou châlits, faits d’un cadre en
bois monté sur pieds et comportant un chevet. Le fond du châlit est tendu de cordes croisées
pour les pauvres et de sangles pour les riches. Cet ensemble supporte la paillasse et le matelas,
assurant ainsi une meilleure protection contre le froid et l’humidité »1. En ce qui concerne
l’alimentation, « les repas sont servis dans des écuelles en bois ou en étain ; une cuillère,
également en bois ou en étain et un gobelet en terre complètent la vaisselle usuelle. (…) Le
vin, dont on reconnaît les vertus stimulantes, est servi copieusement sans égard à la nature de
la pathologie dont souffre le malade. Le pain, de bonne qualité, accompagne tous les repas, de
même que les légumes verts servis en potage. Un pain blanc spécial était cuit pour les « griefs
malades » (malades graves).(…)La cuisine emploie largement le sel, le beurre, le saindoux,
l’huile de noix ou d’olive et des épices. Toute cette nourriture, assez variée pour l’époque, est
distribuée en trois repas journaliers, relativement équilibrés en quantité. Sur le plan qualitatif
par contre ce régime est très riche, notamment en graisses animales et en viande. On conçoit
donc que les hôpitaux aient obtenu de bons résultats relatifs, si on compare cette richesse
alimentaire à la pauvreté généralisée de la population. Dans ces conditions, la guérison du mal
de Saint-Antoine était en effet souvent obtenue2 »3.
Nous remarquons que dès le moyen-âge l’alimentation fait partie du traitement des patients et
contribue à leur guérison. Par contre les conditions de séjour sont très succinctes.
Au fur et à mesure que les années passent, des découvertes médicales améliorent sans cesse le
quotidien du malade et du médecin.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.30.
Appelé aussi « feu de Saint-Antoine », il s’agissait d’une artérite gangreneuse atrocement douloureuse
provoquée par l’intoxication à l’ergot de seigle qui parasitait le blé lors des disettes et des périodes humides.
3
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.31-32.
2
42
En 1789, P.J. MACQUER obtient « des sondes en gomme souple destinées à l’intubation
trachéale et aux sondages urinaires en dissolvant du caoutchouc dans l’éther.
La même année le célèbre aéronaute Pilâtre de Rozier invente le masque respiratoire destiné
aux blessés et au secours des personnes en manque d’air.(…) Dominique Larrey et J.P.
Desgranges mettent au point la technique de réanimation par intubation, respiration assistée et
massage cardiaque »1. Mais toutes ces avancées ne seront pas exploitées immédiatement, il
faudra attendre 1860 pour que les chirurgiens prennent en compte la douleur et ne pensent
plus « qu’éviter la douleur est une chimère (…). Instrument tranchant et douleur en médecine
opératoire sont deux mots dont il faut toujours adopter l’association »2. « Paradoxalement, des
recettes ancestrales dignes de la meilleure sorcellerie, telle que le vin de cloporte, le bouillon
de grenouille, le concentré d’yeux d’écrevisse, le jus de vipère ou de tortue et l’extrait de
corne de cerf » sont inscrites au côté des nouvelles techniques dans le codex et ce jusqu’en
1884.
« Au XIXè siècle, la chirurgie bénéficie successivement de trois découvertes fondamentales :
l’anesthésie, l’antisepsie et l’asepsie.(…) Mais les chirurgiens ignorent l’asepsie. Ils opèrent
en tenue de ville, au milieu de spectateurs et d’aides, les mains non lavées, avec des
instruments simplement rincés et non stériles. Jusqu’aux environs de 1870, ils consacrent
beaucoup de temps aux pansements fastidieux et utilisent la « charpie », souvent
confectionnée par les malades, à partir de vieux linges des hôpitaux. L’importance des
suppurations et de la mortalité qui en résulte explique la prudence des chirurgiens »3.
Les premières archives concernant les détails de l’organisation et de la vie quotidienne à
l’hôpital de Corbeil remontent au début du XIXè siècle. A cette époque, les conditions
d’hygiène sont très restreintes. Les douches sont administrées les lundi, mercredi et vendredi
de neuf heures à trois heures du soir en hiver et de sept heure à quatre heures du soir en été.
Les bains de vapeurs, eux, sont accessibles les mardi, jeudi et samedi.
Quant aux bains simples, ils ne sont administrés qu’aux pensionnaires de l’hospice, aux
indigents de la ville et aux personnes prenant des douches. Ceux-ci paieront 1 franc de plus
pour un bain simple en sus de la douche.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.71.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 72.
3
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 98.
2
43
Les indigents qui ont besoin de prendre des bains doivent être adressés par les membres du
bureau de bienfaisance ou par les dames de charité à Monsieur le médecin traitant de
l’hospice, qui délivre alors un certificat d’admission s’il le juge nécessaire. Bien entendu ces
bains médicamenteux, bains simples, douches et fumigations nécessitent l’achat d’appareils et
d’ustensiles spécifiques.
En ce qui concerne le lavage du linge, il se fait dans le bras de rivière qui longe l’hôpital. Il
faudra attendre 1840 pour qu’un lavoir ainsi qu’une buanderie soient reconstruits sur les murs
latéraux longeant la rivière d’Etampes. C’est également cette année-là que le préfet veut
fournir des médicaments et tisanes aux détenus malades de l’infirmerie de la maison d’arrêt.
Ceci nous permet de faire un point sur les médicaments utilisés à l’époque, au travers d’un
extrait du texte des délibérations du conseil d’administration de 1840.
TARIF DES MEDICAMENTS-TISANES A FOURNIR PAR L’HOSPICE CIVIL
DE CORBEIL POUR LE SERVICE DE LA MAISON D’ARRET
1) eau d’orge simple miellée
0,25 franc le litre
2) eau d’orge nitrée
0,25 franc le litre
3) eau de riz avec sirop ou glucose
0,25 franc le litre
4) cérat de Gallien*
0,15 franc 30 grammes
5) tisane pectorale sucrée
0,25 franc le litre
6) farine de lin*
0,70 le kilogramme
7) farine de moutarde*
0,65 les 500 grammes
8) infusion tilleul suisse
0,25 le litre
9) limonade au citron
0,45 le litre
10) tisane de chiendent et réglisse
0,15 le litre
11) manue en sorte
0,60 pour soixante grammes
12) lotion calmante
0,80 une seule
13) sulfate de quinine
0,15 un décigramme
14) eau de Seltz
0, 25 le litre
15) huile de ricin
0,60 soixante grammes
16) vésicatoires de cinq pouces*
0, 35 l’un
17) quinina rouge en poudre
1 franc trente grammes
18) un colire*
0,60 l’un
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19) infusion d’armoise
0,25 le litre
20) sangsues
0,35 l’une
21) potion purgative
0, 1 franc l’une ou 0,40 franc soixante
grammes
22) potion pectorale
1 franc l’une
23) pommade de citrine*
0,60 franc soixante trois grammes
24) nitrate de potasse
0,20 franc le gramme
25) emplâtre d’yachylum gommé
0,30 franc l’un ( sur toile de 20cm)
26) liniment camphré et opiacé ou laudanisé
1 franc l’un
27) antimoine de potasse (émétique)
0,001 franc le centigramme
28) ipécacuana en poudre
0,40 le gramme
29) eau de vie allemande
0,20 dix grammes
30) teinture de colchique
0,10 centimes le gramme
31) potion ou lochs calmante, avec ou sans éther, avec ou sans préparation opiacée ou digitée,
avec ou sans kermin
0,80 franc cent vingt cinq –cent trente gr
32) collyre avec addition de cinq dg de nitrate d’argent *
1 franc
33) acétate de plomb*
0, 15 franc trente grammes
34) onguent napolitain double*
0,50 franc trente grammes
35) emplâtre devigo de 20 cm
0, 50 franc trente grammes
36) laudanum*
0,10 franc un gramme
*médicaments à usage externe
En 1844, une nouvelle méthode dite hémostatique apparaît. Elle semble présenter un moyen
curatif fort simple, peu coûteux et facile à pratiquer. Cette année-là, « à Vienne, Semmelweiss
pense que l’origine de l’infection puerpérale dans les maternités est la conséquence de la
contagion ; il constate que la mortalité est plus élevée dans les salles où il y a des étudiants
pratiquant aussi les autopsies. Il impose à ceux-ci le lavage des mains au chlorure de chaux.
Ceci déclenche une certaine hostilité de la part de ses collègues et les mesures d’hygiène
restent ignorées. (…) Pasteur, chimiste et non médecin, écrit à propos des chirurgiens : si
j’avais l’honneur d’être chirurgien, pénétré comme je suis des dangers auxquels exposent les
germes répandus à la surface de tous les objets, particulièrement dans les hôpitaux, non
seulement je ne me servirais que d’instruments d’une propreté parfaite, mais, après avoir
nettoyé mes mains avec le plus grand soin et les avoirs soumises à un flambage rapide, je
n’emploierais que de la charpie, des bandelettes, des éponges préalablement exposées dans un
45
air porté à la température de 130° à 150°, je n’emploierais jamais qu’une eau qui aurait subi la
température de 110° à 125° »1.
Le régime alimentaire des patients représente également une technique thérapeutique, il est
uniquement délivré sur prescription des médecins.
En janvier 1850, les différents types de régimes alimentaires sont les suivants :
♦ la diète absolue : aucun aliment
♦ la diète simple : . de 1 à 4 bouillons gras
. de 1 à 4 portions de lait
. de 1 à 4 portions de vin
♦ potage et soupe : bouillon soit au gras, soit au lait
•
potage : bouillon, 30gr de riz + 30gr de vermicelle + 30gr de semoule
•
soupe : bouillon + pain blanc
•
bouillie : lait + farine
♦ aliments solides :
1) malades à une portion :
pain blanc
vin ou lait
potage ou soupe au gras ou au lait
volaille ou poisson frais ou œufs
légumes de saison ou pomme cuite ou gelée de groseille
2) malades à deux portions :
pain blanc
vin ou lait
viande rôtie
1
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.99.
46
légumes de saison ou œufs ou pomme cuite ou pruneaux
3) malades à trois portions :
pain blanc
vin ou lait
viande bouillie ou désossée
légumes frais ou pommes de terre ou légumes secs en purée
ou pruneaux ou œufs
4) malades à quatre portions :
pain blanc
vin ou lait
2 soupes grasses
viande bouillie désossée
légumes secs en purée ou pommes de terre ou légumes frais
5) malades à cinq portions :
pain blanc
vin ou lait
2 soupes grasses
viande bouillie désossée
légumes secs en purée ou légumes frais ou pommes de terre
Le régime alimentaire est un des éléments importants du traitement médical. Les patients
« restent à la diète tant que la visite n’est pas passée et que le patron n’a pas donné ses
ordres »1.
Au cours de l’année 1853, un rapport de Monsieur LIONET, directeur et chirurgien de
l’hôpital, nous donne des informations sur le traitement des hernies étranglées, des
traumatismes et autres fractures.
Parmi les dix cas de hernie étranglée qu’il a rencontrés durant ses quatre années d’exercices à
l’hôpital, il n’en n’a opéré qu’une et avec succès. Les autres ont guéri par le procédé qu’il a
décrit dans une brochure publiée en 1847.
Voici ce qu’il explique :
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 152.
47
« Je fais placer le malade sur un plan très incliné, la tête en bas, je compose ordinairement ce
plan incliné avec deux chaises renversées placées l’une à côté de l’autre et recouverte d’un
simple matelas.
J’essaie dans cette position les différentes manœuvres de réduction pendant quelques minutes,
en me gardant bien d’insister longtemps, surtout si la hernie est très dure et douloureuse.
Je place auprès du malade une personne chargée de fomenter la tumeur avec des flanelles
trempées dans de l’eau très chaude et renouvelée toutes les deux ou trois minutes jusqu’à mon
retour.
Si je prévois une longue absence, je fais alterner ce moyen avec des cataplasmes émollients.
Lorsque je revois le malade après six, huit et même douze heures, je trouve la tumeur moins
tendue, moins douloureuse et presque toujours la réduction devient possible, quelquefois elle
s’opère même toute seule.
Cette position bien, que gênante, est généralement bien supportée, elle calme les coliques,
arrête ou modère les vomissements et ralentit constamment la marche des accidents.
Dans les cas les plus optimaux, je fais composer les cataplasmes avec de la farine de seigle,
du saindoux et de la boue de meule de rémouleur mais ce procédé n’a pas la même efficacité
dans les hernies ventrales, soit à cause de l’anneau fibreux soit parce qu’il fait sous la main
avec la tumeur.
Sur trois cas que j’ai rencontrés en ville, une seule hernie a pu être réduite, un cas opéré après
a été mortel, un autre pour lequel on a refusé obstinément l’opération a eu le même test que le
premier jour de l’étranglement.
Tel est le traitement simple, facile et presque toujours efficace auquel nous devons l’avantage
d’opérer si peu de hernies dans cet hôpital.
Il serait désirable, dans l’intérêt des malades, qu’il fut plus connu mais il n’a pas la même
efficacité pour les hernies de la ligne blanche que pour celles des orifices naturels ».
Parmi les traumatismes dont il a eu à s’occuper cette année là, on trouve une blessure par une
faux qui a complètement coupé le tendon extenseur du pied puis la moitié du tibia. Son
traitement a consisté en une extension serrée du pied sur la jambe au moyen d’une boîte
munie de bandes. Cette méthode a permis une guérison quasi complète hormis un peu de
flexibilité. De plus, les usines environnantes sont également pourvoyeuses de nombreux
accidents graves, notamment fractures, arrachement de membres, plaies par déchirure ou par
écrasement dans des engrenages. Ces dernières, d’après Monsieur LIONET, exigent une
certaine habitude.
48
« Il est urgent dans les accidents de ce genre de bien rendre compte des organes lésés avant de
procéder au premier pansement. Si les désordres sont trop profonds, c’est le moment de faire
la part du feu, sinon on est exposé plus tard à faire le sacrifice plus grand et même à
compromettre l’existence du blessé. Les mariniers ont l’habitude de verser de la térébenthine
pure sur toutes les blessures, cette pratique est mauvaise pour les plaies régulières comme
celles des instruments tranchants mais elle peut être très utile dans les plaies par déchirure ou
écrasement ». Des essais concluant sur les même plaies ont également été faits avec la paume
de commandeur et la teinture d’iode.
En ce qui concerne les fractures et notamment les fractures de côtes incomplètes, le traitement
consiste à exercer une forte pression sur les côtes pour réduire la fracture et soulager le patient
presque instantanément. Cette manœuvre a d’ailleurs valu à Monsieur LIONET de devenir
membre de la société de chirurgie. Mais, malgré cette reconnaissance la méthode est peu
employée par ses confrères.
Son équipe a eu à pratiquer huit amputations cette année, dont une du pouce et une de
« l’indicateur », par suites d’abcès sous-aponévrotiques qui n’avaient pas été débridés ;
l’auriculaire quoique mutilé a pu être conservé et forme un crochet très utile. Un autre cas leur
a permis de faire une autoplastie très réussie : « une portion de l’indicateur était tombée en
gangrène par suite de la déchirure d’un nerf de la sensibilité, la cicatrice qui succédait à cette
perte de substance ne jouissant d’aucune sensibilité, rendant l’opéré très maladroit ». Ils ont
alors disséqué la partie insensible et ramené un lambeau de la première phalange. Le patient a
retrouvé sa sensibilité et la sensation du toucher à l’endroit lésé.
Parmi les autres amputations, notons une amputation du bras, pratiquée chez une femme de
soixante-dix-sept ans, entrée avec tout l’avant-bras envahi par la gangrène à la suite d’une
piqûre de clou dans la paume de la main, ainsi qu’une amputation de la cuisse à son tiers
supérieur chez un adulte ayant une suppuration provenant d’une «carie» du genou qui avait
fusé jusqu’au voisinage de l’articulation coxo-fémorale. Les deux derniers cas d’amputations
que Monsieur LIONET et son équipe ont eu à traiter se sont soldés par des échecs. Mais, en
opérant, ils n’ont fait que répondre à la demande des malheureux patients qui désiraient « le
soulagement ou la mort ». En effet, le premier était un homme avec une carie du fémur
survenue à la suite d’une chute dont l’intensité des douleurs et la suppuration le rendaient fou.
49
Il sollicitait depuis longtemps l’amputation pour le soulager en espérant que la suppuration
n’atteigne pas la capsule coxo-fémorale. Malheureusement ce ne fut pas le cas, la tête du
fémur ainsi que l’os coxal étaient cariés et le chirurgien a été dans l’obligation de pratiquer
une désarticulation de la cuisse pour obtenir un soulagement complet.
Le second patient, ayant succombé à son amputation, était un homme vigoureux, atteint de
gangrène spontanée, infecté par l’odeur repoussante du membre en décomposition. Il voulait
en être débarrassé à tout prix et ce fut chose faite. Il a même pu retourner dans sa famille où il
a succombé à une hydropisie qui a été la conséquence de l’oblitération des artères. D’après le
docteur LIONET « il est d’usage de ne pas opérer dans ces circonstances, de crainte de
compromettre la chirurgie mais avec le bénéfice de la merveilleuse découverte moderne, il est
des cas où c’est un véritable acte d’humanité de tenter l’impossible, surtout lorsque le malade
a la certitude de courir cette faible chance, non seulement sans souffrir mais encore en y
trouvant un soulagement à ses tortures ».
Parmi les malades atteints de fièvre typhoïde, beaucoup de ceux qui ont effectué un séjour très
long à l’hôpital (de 30 à 90 jours) ont présenté des symptômes ataxiques alarmants et des
escarres d’une profondeur effrayante. Dans ces cas les plus graves, le traitement a consisté en
une administration de sulfate de quinine associé aux traitements habituels.
« La strychnine et le sulfate de quinine ont la propriété d’augmenter la constructivité du
cerveau tandis que l’éther, le chloroforme, l’opium et la plupart des narcotiques accrus, ont la
propriété inverse, c’est à dire qu’ils congestionnent le cerveau ». Monsieur LIONET a
« administré le sulfate de quinine, à la dose de 50 à 60 cg contre le délire de la fièvre ataxique,
et presque toujours il a été suivi d’un calme que l’on n’obtient pas avec les autres
médicaments ». De même pour les patients atteints de méningite pour lesquels il a donné le
sulfate de quinine à la dose de 50 cg deux fois par jour, il n’en a perdu qu’un sur les quatre. Il
a été « démontré que le sulfate de quinine racornit la rate bien promptement, pourquoi ne
contracterait-il pas , en vertu de la même propriété, les vaisseaux de l’encéphale, ceux des
articulations dans les rhumatismes, ceux des viscères parenchymateux comme les poumons et
le foie ». On a employé par deux fois ce médicament dans l’hémorragie cérébrale avec une
apparente amélioration et trois fois avec succès dans les convulsions de l’enfant.
Notons qu’un grand nombre de malades ont été vus en consultation pour des cas de maladie
des yeux. Ceux-ci ont été traités avec succès par cautérisation extérieure des paupières.
50
Toujours dans les années 1850, dans les hôpitaux parisiens, les médecins « arrosent les plaies
avec du perchlorure de fer et enlèvent tout ce qui est dévitalisé avec des pinces. Ils coupent ce
qui paraît mort avec des ciseaux. Ils mettent ensuite un gros gâteau de charpie imprégné de
poudre de quinquina et font un bandage peu serré humidifié avec de l’eau tiède. Ils donnent au
patient un peu d’opium pour la douleur et le laissent au régime gras complet »1.
En ce qui concerne la fièvre et la toux, pour en venir à bout les médecins utilisent « des
cataplasmes ayant une odeur de farine de lin chaude et de moutarde tout à la foie âcre,
doucereuse et écœurante »2.
C’est en 1855 que Monsieur GROS invente le premier appareil mécanique pour lever les
malades sans les toucher.
Ceci est une avancée très importante en ce qui concerne d’une part, les conditions de travail
du personnel soignant car ils ont moins d’efforts physiques à fournir et d’autre part, les
malades qui sont douloureux car ils sont moins manipulés.
Un compte-rendu médical de l’activité de 1858 nous permet d’avoir un aperçu de quelques
techniques de soins.
Par exemple pour soigner les panaris, les chirurgiens font une incision jusqu’à l’os sur un
trajet accessible au bistouri, il s’écoule alors des gouttelettes de pus et la douleur cesse comme
par enchantement. La plaie se répare ensuite d’elle-même en quelques jours.
Un jour, un jeune homme est arrivé de la commune de Viry pour une colique hépatique, il se
plaignait de ténesmes et de pesanteur sur le siège. Les médecins découvrent une tumeur
grosse comme un œuf et très irrégulière. Celle-ci était entrée puis ressortie et le faisait
beaucoup souffrir.
Le médecin lui conseille de faire des efforts d’expulsion pour voir si cette tumeur ressort, et
effectivement elle est apparue et contenait une anse intestinale et du mésentère. Les médecins
prennent la décision d’extirper cette tumeur. Ils font une excision avec précaution puis
suturent de façon partielle pour circonscrire la totalité de la lésion afin d’étrangler chaque
partie circonscrite avec les fils et à ne laisser aucun point sans ligature. Ensuite la tumeur bien
ficelée est rentrée dans la cavité intestinale à environ vingt-cinq centimètres de profondeur.
Huit jours plus tard, expulsion des fils et de la tumeur. La composition celluleuse de celle-ci
fait s’orienter les médecins vers un cancer mais l’âge du sujet est plus en faveur d’un polype.
1
2
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit., p.157.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit., p. 160.
51
Au travers de la gravure suivante, située page 118 de l’ouvrage de J.M. GALMICHE, nous
pouvons observer la technique de ponction des épanchements pleuraux vers 1850-1870.
(Illustration n°2)
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL
DES ÉPANCHEMENTS PLEURÉTIQUES
PAR INCISION ET PAR PONCTION VERS 1850-1870.
Quelle que soit la méthode opératoire choisie le chirurgien opère toujours
à mains nues et en costume de ville, le plus souvent au lit du malade.
Les instruments, bistouri, trépan perforé,
trocart et seringue ne sont évidement pas stérilisés.
52
Toujours concernant les cas de chirurgie, « les appareils de plâtre » permettent la
consolidation des fractures et de quelques entorses.
Différentes situations rencontrées permettent de comprendre quelle est l’importance de ce
traitement dans la pratique quotidienne. En effet, un aliéné soigné à l’hôpital pour une fracture
complète de jambe n’arrivait pas à guérir parce qu’il bougeait tout le temps malgré la
camisole ; le médecin qui le soignait s’est alors souvenu du système de plâtre qui avait été
autrefois utilisé par un de ses confrères. Ceci à permis au patient de consolider sa fracture sans
séquelles. Les autres appareils ont de nombreux inconvénients. Ils exercent une pression trop
irrégulière ou trop intense, ils ne permettent pas de surveiller les accidents qui peuvent se
produire, de plus, dans les fractures de la jambe ou du talon ils donnent une consolidation
vicieuse. On peut également ajouter qu’en cas de fracture du péroné avec déplacement, les
appareils ordinaires, attelle de Dupuytren y compris, ne donnent pas de bons résultats et en
plus ils sont incommodes. Dans les fractures de cuisse, ils permettent une consolidation mais
avec raccourcissement du membre inférieur, ce problème à pu se résoudre grâce
à
l’utilisation du plâtre. Les appareils qui enveloppent complètement le membre ne garantissent
absolument rien et quand on enlève l’appareil on constate souvent des difformités. Quand on
utilise le plâtre et que l’on recouvre la moitié du membre, on peut encore le surveiller.
A travers deux exemples, tirés du registre des délibérations de 1858 voyons quelles sont
concrètement les utilisations « des appareils de plâtre ».
Tout d’abord prenons le cas de ce jeune homme qui a eu « les deux cuisses fracturées et la
jambe écrasée de façon comminutive à un travers de main au-dessous des genoux avec
quelques centimètres de perte de substance. Les esquilles sont rentrées dans la chair et les
extrémités des os réséqués par la scie.
Les médecins réunissent par des points de sutures les parties molles, aussitôt après les
membres du blessé sont étendus en formant un V sur une couche de plâtre demi-solide. Une
seconde couche est placée au-dessus. Comme cela le plâtre enveloppe la totalité des membres
jusqu’au bassin, seuls les pieds sont libres à partir de la cheville jusqu’aux orteils. Au bout de
huit jours une ouverture est formée à la hauteur de la plaie au moyen de la scie à main et du
ciseau. Les bourgeons charnus qui se sont formés commencent à durcir, un liquide gélatineux
comble le vide fait par l’extraction des os et dès lors on peut espérer conserver un membre
dont le sacrifice semblait inévitable selon trois médecins. Les pansements ont duré trois mois.
53
Finalement le patient marche sans boiter et il n’a pas de membre plus court que l’autre. L’os
s’est reconstruit sans difformités, seule la peau se déchire facilement et est le siège d’un
eczéma ».
Parlons ensuite de cet homme de Soisy-sous-Etiolles qui avait une « fracture si près de
l’articulation que le médecin croyait à une fracture du col fémoral. On lui applique d’abord un
bandage pendant huit jours sans y toucher mais des œdèmes et des ecchymoses apparaissent
sur le membre. Alors, le membre est placé sur un chevalet de plâtre, c’est à dire deux
gouttières inclinées formant un angle presque droit à leur jonction et reposant sur une partie
solide pour représenter un triangle évidé en son milieu. La jambe de par son poids tire sur la
cuisse et sur le bassin du côté opposé . Cette extension rétablit la circulation sanguine et fait
disparaître l’œdème. Au bout de trente cinq jours l’homme se promène avec des béquilles. La
guérison est obtenue presque sans raccourcissement ». Chez les enfants les fractures de cuisse
se consolident sans raccourcissement. En cas de fractures avec une plaie, le traitement est le
même et on a l’avantage de surveiller la plaie. Parmi les sujets soumis à ce procédé, deux ont
présenté une petite difficulté : une saillie du fragment supérieur de l’os qui s’est arrangée en
appliquant un mouchoir en cravate sur celle-ci afin de la ramener vers le centre de la
gouttière. Le malade n’exprime presque aucune douleur pendant la durée du traitement.
Le plâtre s’utilise également en cas d’entorse grave, dans ces cas-là on applique cet appareil
comme pour les fractures de l’extrémité inférieure du péroné ou comme dans celles en V de
l’extrémité inférieure du tibia. La méthode consiste à lever le pied plus haut que le genou puis
prendre la jambe dans le plâtre jusqu’au-dessus de la malléole. Si les os sont bien mis bout à
bout, le périoste fait le travail de cicatrisation, il se gonfle et s’épaissit autour des fragments.
Par contre quand les os sont mal affrontés, il se forme une sécrétion plastique : le cal. S’il y a
beaucoup d’inflammation, il faut préférer le moule partiel à celui qui enveloppe complètement
le membre. On peut alors suivre la survenue d’incidents et apposer au besoin des émollients.
Un glaçage du membre est également préconisé.
En cette année 1858 deux hommes ont été traités à l’hôpital pour des désordres de
l’articulation du pied. Il s’agissait de fractures comminutives qui se sont rétablies sans
ankylose après quelques mois de traitement. Il est indispensable pour cela de faire « des
mouvements de la jointure de loin en loin afin de prévenir les adhérences ». Par contre, il ne
faut pas commencer cette manœuvre avant quinze ou vingt jours.
54
Ces différents exemples nous permettent d’établir une sorte de mode d’emploi du plâtre avec
ses avantages et ses inconvénients.
Tout d’abord pour bien utiliser cette méthode il faut :
1) réduire la fracture
2) placer le membre fracturé dans une feuille de carton sur une planche de l’appareil
3) raser les poils ou graisser de haut en bas pour les empêcher de se rebrousser et de se
prendre dans le plâtre
4) faire délayer du plâtre fin et si possible frais, en former une couche sur le plan de carton
ou de planche puis envelopper progressivement la totalité ou la moitié du membre suivant
l’espèce d’appareil que l’on veut exécuter. Pour faire l’appareil à couvercle, on peut à
l’instar des modeleurs le faire en entier et le diviser avec une ficelle avant que le plâtre ne
durcisse. L’appareil de cuisse doit être ébauché d’avance, c’est quand le membre est mis
dans les deux gouttières que le chirurgien complète les bords.
5) enlever avec précaution les aspérités des orifices de l’appareil, les évaser avec une lame
d’un couteau afin de prévenir les érosions qui pourraient se produire aux changements de
position
6) si l’on doit briser l’appareil complet, faire quelques traits de scie et écarter ensuite avec
des ciseaux. Ne pas utiliser le marteau, il donnerait des secousses dangereuses
7) placer toujours l’appareil de manière à ramener les fluides vers le bassin
8) laisser à l’air libre le membre malade
Maintenant pourquoi utiliser le plâtre plutôt que les anciennes méthodes ? Et bien tout
d’abord parce qu’il permet la libre circulation des fluides, donc un travail naturel afin de
réparer les tissus. Lorsque l’on recouvre le membre à la moitié, cela nous permet de le
surveiller. Avec un plâtre le malade peut être transporté sans inconvénient pour le membre
fracturé et sans provoquer de douleur vive (ceci est très intéressant pour les blessés de guerre).
C’est une économie de temps, de souffrance et de frais.
On peut changer l’appareil de lit ou de chambre. De plus, les patients peuvent marcher au
bout de cinquante ou soixante jours avec un danger moindre de rompre le cal qui s’est formé.
On évite ainsi la rigidité articulaire et la douleur au niveau de la partie fracturée. Enfin, il
existe un appareil composé d’une double ceinture passant dans le bassin et dans les cuisses à
laquelle le malade s’accroche lui-même. Une corde qui le soulève avec un bras de levier lui
permet de faire des mouvements à volonté et d’accomplir ses exigences naturelles.
55
Bien entendu les appareils de plâtre ont également leurs inconvénients.
Il existe un danger de gonflement et de développement de phlyctènes dues à une pression
immodérée, mais ce risque existe avec tous les systèmes. Si le plâtre est appliqué dès la
première heure de l’accident et que le membre a été maintenu en surélévation, le membre ne
gonfle quasiment pas. Si les manœuvres et la lenteur des secours font présumer une
inflammation violente ou bien s’il y a une plaie ou une fracture comminutive ou enfin si le cas
nécessite une résection osseuse, il faut placer le membre dans une gouttière de plâtre pour
permettre la mobilité. Point capital, le plâtre appliqué liquide se prête à tous les membres, à
toutes les positions. Dans la plupart des cas préférer l’utilisation de la gouttière.
Un an plus tard, de nombreuses épidémies font rage et notamment des épidémies de fièvre
typhoïde qui sont enrayées sans trop de difficultés grâce aux vomitifs : l’ipecarnantra
et les purgatifs salins. Dans les fièvres intermittentes, c’est le sulfate de quinine qui permet de
sauver les patients, de même pour une énorme tumeur de la rate qui a spectaculairement
diminué de volume . Mais de simples mesures sanitaires pourraient également réduire le
nombre des épidémies, il faudrait améliorer les égouts, les lieux d’aisance et faire poser des
tuyaux d’un diamètre plus grand pour éviter la propagation de l’odeur jusque dans les salles.
Les herbes surnageant la Seine devraient également être coupées, car quand il fait chaud et
sec elles dégagent une odeur marécageuse. Si on améliorait les bains communs et que l’on
construisait une salle d’opération située à l’écart des malades, cela réduirait aussi la
propagation des maladies épidémiques. Ces modifications verront le jour quelques années
plus tard.
En 1860, les médecins de l’hôpital de Corbeil se rendent compte de l’intérêt de l’eau froide
dans les mutilations de membre. En effet, ils irriguent la plaie de la main, d’un jeune homme
amputé de deux doigts à la suite d’une mutilation de la main, avec de l’eau froide pendant
vingt-quatre jours. A la fin de l’irrigation, ils aperçoivent une réduction des doigts presque
insignifiante.
De même, un homme ayant le pied écrasé dans un engrenage et adressé par un autre praticien,
refuse de se faire amputer. Il subit alors une irrigation de sa plaie pendant trente sept jours à la
suite desquels les escarres se séparent et font place au bourgeon charnu. Le patient ne perdra
que le gros orteil et la guérison complète sera obtenue au bout de quatre mois.
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Parlons également de cet adolescent qui a l’indicateur emporté avec écrasement des trois
métacarpiens, après irrigation de la plaie, il n’y a plus de traces d’inflammation.
Deux hommes brûlés au visage par l’explosion d’une mine ont des compresses d’eau froide
renouvelées toutes les cinq minutes, ce qui permet de réduire les lésions. L’un des deux
hommes a également une fracture comminutive des os de la jambe, un courant d’eau maintenu
pendant vingt trois jours et la pose d’un plâtre permet un succès complet. On ne retrouve ni
raccourcissement de membre ni déformation.
Un an plus tard, le chauffage tant attendu arrive enfin pour agrémenter les bains, comme cela,
tous les entrants ont droit à un bain, la baignoire est également commandée mais le service
des bains ne sera opérationnel que lorsque l’on pourra administrer des bains de vapeur.
En 1867, de nouvelles mesures sont prises pour les femmes en couches, car les décès sont trop
nombreux à cause de la fièvre puerpérale.
Monsieur HELLOT, médecin de l’hospice général de ROUEN établit les conditions suivantes
afin de réduire de moitié la mortalité :
1) les femmes en couches sont admises au dernier moment
2) les accouchements sont pratiqués en isolement
3) séparation des femmes en couches et de celles qui attendent l’accouchement
4) trois salles distinctes sont destinées à recevoir les femmes nouvellement accouchées, elles
seront toutes chauffées et bien ventilées de manière à laisser trente-six mètre cubes d’air
autour de la malade
5) quand une salle a été occupée par des malades , une deuxième série de femmes en couches
n’y entre qu’après avoir aéré au moins cinq jours et avoir enlevé tous les objets de literie
qui seront lessivés, blanchis et remis à neuf
6) chaque salle est laissée à tour de rôle inoccupée successivement
7) on place les femmes malades ou décédées dans une chambre séparée
Améliorer les conditions d’admission des patients, c’est également améliorer leur transport
jusqu’à l’hôpital, c’est pourquoi en 1886 le gouvernement fait la proposition d’attribuer à
chaque hôpital de chef lieu, une voiture d’ambulance destinée au transport des blessés. Un
traité serait passé entre les loueurs de la localité qui, sur avis télégraphique du médecin
traitant enverrait immédiatement la voiture dans la commune du domicile du blessé. Pour
faire face à cette dépense un crédit serait inscrit au budget du département.
57
La création de l’aide médicale gratuite va être une révolution pour tous les malades indigents,
elle va leur permettre l’accès aux soins de façon totalement gratuite, mais elle ne prend pas
encore en compte les marginaux et les sans domicile fixe. Ce sera chose faite, bien plus tard,
en 1999, avec l’apparition de la couverture médicale universelle.
Dans le même état d’esprit, en 1894, la vaccination à titre gratuit à l’hôpital va permettre à
beaucoup de gens de se protéger contre des maladies souvent mortelles. Toujours dans le
cadre de la vaccination gratuite, en 1900, les membres du personnel de l’orphelinat et de
l’hospice sont tous vaccinés ainsi que les enfants de plus de dix ans.
La population qui le désire peut se faire vacciner à l’hôpital et tous les enfants de l’orphelinat
sont vaccinés dès leur admission. De plus toutes les personnes le désirant peuvent utiliser
l’étuve à désinfection de façon à éviter la prolifération des microbes.
A cette époque, les médecins s’arrangent avec les pharmaciens de la ville pour qu’ils leurs
fournissent ce dont ils ont besoin.
En 1895, la décision est prise de chauffer les salles d’opération aux becs de gaz.
En 1898, de nombreux instruments de chirurgie sont transformés, la boîte d’amputation est
revue, on achète un bouilloire stérilisateur et des pinces du docteur PEAN. C’est également
cette année là que la loi concernant l’obligation pour les patrons d’assurer leurs ouvriers
contre les accidents du travail est votée.
C’est en 1904 que les premiers laboratoires de radiographies et de scopie sont installés dans
les hôpitaux de Seine et Oise mais le conseil d’administration de l’hôpital de Corbeil refuse
car il manque de ressources et un bâtiment pour loger les aliénés est plus urgent.
Le conseil d’administration demande en 1907 l’installation du téléphone avec des poteaux
électriques placés à l’intérieur de l’hôpital et il achète un an plus tard un appareil de
désinfection portatif au chloroforme pour deux cent cinquante francs.
En 1909, c’est un autre fait important qui est à souligner : l’acquisition pour mille deux cent
francs d’une ambulance attelée par un ou deux chevaux avec des roues munies de
pneumatiques. Le prix de la course est calculé selon le kilométrage effectué.
58
Cette voiture est entretenue par la société des ambulances automobiles. Au mois de juillet, la
commission acquiert un fauteuil brancard, au prix de 75 francs, afin de faciliter le transport
des blessés. Quelques mois plus tard, l’hôpital achète un petit chariot à trois roues pour le
transport des objets destinés aux pansements des blessés.
L’année d’après, le téléphone est installé dans le grand vestibule, près du bureau de
l’économe, pour faciliter le travail de celui-ci. La commission étudie également le projet de
remplacer le chauffage actuel par un chauffage central à la vapeur. Un projet concernant
l’évacuation des eaux ménagères et fluviales de l’établissement est aussi en cours
d’observation. De nombreux objets d’utilité courante sont achetés :
1 petite poissonnière pour stérilisation des instruments
1 pelvi support
3 bocaux en verre avec couvercle
12 urinoirs en verre
12 plaques en tôle pour feuille de température
90 plaques destinées à être placées en tête de lit pour recevoir les feuilles indiquant l’état
civil des malades
1 seau hygiénique avec intérieur en faïence
3 petites cuvettes en faïence pour laver les plaies
achats d’extincteurs
Les quatre tables de la salle d’opération sont recouvertes de plaques émaillées fin 1910.
En 1911, le nouveau mode d’alimentation en eau froide est branché directement sur les
conduites de la ville. L’établissement fait l’acquisition d’une poche en tissu caoutchoutée pour
faire des ballons d’oxygène dont l’emploi est très fréquent et achète un fourneau pour
incinérer les objets ayant servis pour les pansements. Des thermomètres sont placés en
différents endroits de l’hôpital pour vérifier la température des pièces suite à l’installation du
nouveau système de chauffage. Une nouvelle table d’opération est achetée l’année d’après.
De nombreux objets nécessaires au bon fonctionnement de la maternité et de la salle
d’opération sont acquis en 1913 :
Une seringue de LUER de 5 centimètres cubes et deux de 2 centimètres cubes
Une petite curette à lupus
59
6 pinces TERRIER
1 grande poissonnière
1 bock de 2 litres à injection
1 pilulier
1 grand mortier
1 paire de ciseaux démontables
1 stéthoscope
du fil stérilisé
1 thermomètre
1 plateau long
1 stylet
Achat également d’un fourneau destiné à la pharmacie.
En 1914, douze thermomètres américains à 2,75 francs sont commandés à l’agence francoanglaise de produits sanitaires. Un fourneau à gaz destiné à chauffer les fers à repasser de
l’orphelinat est acheté cette année-là également.
« Entre 1880 et 1920, les autoclaves à chaleur humide et à chaleur sèche, la suppression des
planchers de bois dans les salles d’opérations, la séparation entre salles aseptiques et
septiques, les gants, les sarraux, les masques, de nouvelles solutions antiseptiques, la
stérilisation des linges et instruments, font leur apparition non seulement dans les services
d’obstétrique et de chirurgie mais aussi dans les services de médecine infantile »1, ce qui
contribue grandement à la baisse de la mortalité dans les hôpitaux.
En 1919, l’établissement fait l’acquisition d’un appareil à distillé l’eau pour la salle
d’opération.
1923 est une date importante pour l’hôpital car l’installation de l’électricité va permettre
l’arrivée de nombreuses autres techniques qui en découlent. Notamment, cela va permettre la
création d’une salle de radiographie.
1
GILLY R. Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon de 1800-2000, op. cit. p.99.
60
Une blanchisserie mécanique améliore également les conditions de travail du personnel de la
lingerie.
Au mois d’avril 1925, le premier service de radiographie est inauguré. De nombreux achats
sont alors effectués :
♦ 1 meuble radiologique avec pupitre mobile de commande pour pénétration variable
♦ 1 châssis table universel pour examens et radiographies en position verticales et
horizontales
♦ 1 écran radioscopique 30 x 40
♦ 2 ampoules Coolidges radiateur
♦ 1 cassette porte écran 24 x 30
♦ 2 écrans renforçateurs 24 x 30
♦ 1 paire de gants anti-rayons X
♦ 1 paire de lunette
♦ 1 tablier protecteur grand modèle
♦ 2 cassettes porte film 30 x 40 et cassettes 18 x 24
♦ 2 écrans renforçateurs 30 x 40 et 2 écrans 18 x 24
Tout cela pour le prix de 18 000 francs, transport, pose et installation compris.
Cette même année 1925, la lumière électrique est installée à l’orphelinat.
Deux années plus tard, c’est un standard téléphonique reliant tous les services de
l’établissement qui est mis en place dans le bureau de l’économat. Un bienfaiteur fait don
d’un petit omnibus de six places à l’établissement. Puis l’hôpital fait l’acquisition d’une
glacière.
Une petite révolution a lieu en 1928 pour les salariés, il s’agit de l’obligation de prendre une
assurance sociale pour les travailleurs de l’industrie et du commerce dont le salaire est
inférieur à un plafond. Ceci permet enfin l’ouverture de l’hôpital à toutes les classes sociales
de la population.
61
En 1930, le service de la maternité peut enfin peser les nouveaux-nés régulièrement, car
l’hôpital achète un pèse bébé. La salle d’opération se dote d’un appareil moto-pompe et d’un
deuxième chariot pour le transport des malades.
De plus, afin que les personnes qui passent dans la rue ne puissent plus entrevoir les malades,
un écran est installé au niveau du portail et des fenêtres du service de chirurgie homme.
En 1931, l’hôpital fait l’achat d’un brancard roulant pour la maternité, d’un appareil élévateur
pour la chirurgie et d’une ambulance. Puis, l’année d’après, un nouveau poste téléphonique
est branché dans la salle de garde et des sonneries électriques d’appel sont placées dans
chaque chambre afin d’appeler l’interne de service la nuit. Afin d’améliorer l’hygiène dans les
salles, l’établissement achète un aspirateur électrique. Dorénavant, les rations de vin seront
directement conditionnées sous la forme d’un quart de litre pour chaque malade. La secrétaire
reçoit une machine à écrire afin de permettre l’élaboration des frais des indigents de façon
claire. Le cheval meurt en 1933, il ne sera pas remplacé, ce sera désormais une camionnette
qui se chargera des transports qu’effectuait le cheval.
En 1934, une entreprise de transport se propose d’assurer un service d’ambulance à l’hôpital
en fournissant une voiture d’ambulance et en effectuant les transports. L’entrepreneur
répondra à chaque appel pour assurer les besoins du service. Voici le tarif des transports :
•
malades ayant l’aide médicale gratuite : ce sera le prix fixé par la préfecture
•
malades payants : 2,50 francs par kilomètre parcouru, aller et retour, avec un minimum de
15 francs et pour les stations en attente une taxe de 10 francs par heure payable par
fraction de 15 minutes
Des sonnettes d’appel sont placées dans tous les couloirs pour permettre au médecin, d’avertir
l’infirmière surveillante du service, de son arrivée.
En 1936, les dames malades ont la possibilité de recourir au service d’une coiffeuse.
L’année d’après, l’établissement achète un stérilisateur électrique au prix de 295 francs. Un
deuxième appareil de stérilisation de type Poupinel et autoclave est acheté en 1938. Cette
année-là, des masques contre les gaz de combat sont commandés, au cas où l’établissement
serait attaqué. Le service de radiographie se dote d’une grille anti-diffusante afin de réaliser
des radios en position verticale. Puis, en 1939, achat d’une armoire glacière et de crachoirs.
62
L’hôpital fait également l’acquisition d’une machine qui stérilise et nettoie les crachoirs
contaminés dans le service des tuberculeux.
Le premier appareil de radiothérapie est acheté en 1940 et l’année d’après, la commission
commande un dosimètre de Hammet et une grille de lysholm 30x40 pour la radiologie.
Plus les années passent et plus les avancées techniques vont être impressionnantes. Dans la
deuxième moitié du vingtième siècle, les multiples découvertes vont considérablement
améliorer les conditions de traitement des patients. « La révolution thérapeutique se fait avec
la découverte des sulfamides en 1936 et la révolution biologique commence avec le concept
de biologie moléculaire qui apparaît vers 1950 »1.
C’est en 1946 qu’un service d’oto-rhino-laryngologie de quinze lits s’ouvre à l’hôpital de
Corbeil. En même temps le service de pédiatrie devient plus isolé avec la création de boxes
individuels, et en décembre un centre prénatal ouvre ses portes.
Deux ans après, l’hôpital fait l’acquisition de son premier électrocardiographe portatif ainsi
que d’un appareil de radiologie également portatif. Les négatoscopes muraux améliorent
encore les conditions de travail des médecins.
En 1949, dans les service des tuberculeux, on installe un système d’aspiration endocavitaire
afin d’améliorer leur respiration. L’hôpital fait l’acquisition du premier appareil d’anesthésie
en circuit fermé et le premier anesthésiste réanimateur fait sont entrée dans l’établissement
Des consultations externes de cardiologie et d’électrocardiographie sont inaugurées.
Les conditions de sécurité se développent aussi avec l’apparition de dosimètres en
radiothérapie, en 1950. Le laboratoire acquiert un photomètre. En ce qui concerne le linge des
patients, il est d’abord lavé à la main par les blanchisseuses puis mis dans une « barbotte »
électrique. Le linge est lavé dans le sous-sol et étendu dans le grenier du chalet.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.5.
63
En 1951, les consultations externes s’agrandissent encore avec l’apparition de celles d’ORL.
La prise en charge des bébés évolue aussi avec l’achat d’incubateurs.
Un an plus tard, on achète un autre appareil d’anesthésie à circuit fermé. Une consultation de
psychiatrie est créée afin de réorienter les malades mentaux vers des centres spécialisé le plus
rapidement possible. Corbeil devient un centre de traitement par l’ACTH et la cortisone.
Un spécialiste de la curiethérapie vient de Villejuif pour aider les médecins à créer un centre
de traitement au radium.
On voit également apparaître une PMI au sein de l’établissement.
Il y a également un projet de construction d’un service de neuropsychiatrie, qui attendra plus
de 10 années avant de voir le jour.
Les salles d’opération seront désormais alimentées en protoxyde d’azote pour l’anesthésie des
patients.
Vers la fin des années cinquante, le microscope voit le jour. Puis en 1962, c’est l’endoscopie
qui fait sa première apparition, avec la bronchoscopie rigide. Elle sera suivie par l’endoscopie
digestive.
Les prothèses vasculaires et orthopédiques sont également une grande avancée technologique
pour la chirurgie.
L’hématologie clinique devient une nouvelle spécialité. L’automatisation et la gestion
informatique des analyses biologiques sont très importantes pour le développement de cette
discipline. Les techniques de mesure utilisées sont l’immuno-analyse, la cytométrie de flux et
la biologie moléculaire.
En ce qui concerne la lutte contre le cancer, un centre de dépistage et de traitement ouvre ses
portes.
Les grossesses sont de mieux en mieux suivies. On rencontre beaucoup moins de drames liés
aux fausses couches.
64
Les césariennes sont de plus en plus nombreuses contrairement aux extractions instrumentales
qui diminuent. De plus, on commence à prendre en charge, sur le plan psychologique, les
femmes qui accouchent quand cela est nécessaire. Les premières consultations externes de
gynécologie-obstétrique ouvrent en 1966.
L’avancée la plus importante en obstétrique est l’utilisation de l’échographie à la fin des
années 70.
En 1985, dans le nouvel hôpital, ce sont la cœlioscopie, l’imagerie médicale à visée diagnostic
et les endoscopies, puis les techniques d’imagerie interventionnelle, notamment en pathologie
cardiaque et digestive, qui se développeront rapidement.
Le transport des malades hospitalisés pour des consultations en dehors de l’établissement
(surtout sur Paris et Versailles) induit des frais, ce qui amène plusieurs projets à la fin des
années 1950 :
•
En 1958, le projet de faire assurer ces transports par les pompiers de la ville de Corbeil,
concrétisé par un « contrat d’ambulance » en novembre 1959, est finalement refusé par le
préfet.
•
En 1960, la commision administrative vote le principe d’achat d’un véhicule « à double
usage de transport de malades et de camionette ».
•
C’est en 1964 qu’est finalement acquis un premier break avec brancard.
•
Un véritable service d’ambulances hospitalières se développe dans les années 1970,
faisant progressivement concurrence aux ambulances privées.
•
Ce service sera ensuite réduit, l’activité de transport devant se limiter strictement aux
besoins internes de l’établissement
•
Le SMUR de l’hôpital, qui s’est développé entre temps pour assurer la prise en charge
médicale des détresses vitales sur le secteur de l’hôpital, mais aussi les transferts inter
hospitaliers des malades en état critique, emploiera progressivement les ambulanciers au
cours des années 80.
65
La prise en charge des urgences, des malades et blessés en détresse vitale, qui semblait aller
de soi au sein de chaque service jusqu’à la deuxième guerre mondiale, fait l’objet d’un débat
récurrent à partir des années 1950, pendant lesquelles la nécessité d’une organisation
spécifique va revenir à intervalles réguliers, à l’occasion d’évènements collectifs ou
individuels :
-
Le 18 mars 1953, l’hôpital de Corbeil étant situé à proximité de voies à fort trafic (route
nationale 7 et bientôt l’autoroute A6, en construction) où la traumatologie routière cause
de nombreuses blessures graves, le directeur départemental de la santé demande la
création d’un service d’urgence de douze lits mobiles, séparés en deux sections, hommes
et femmes, en cas d’accidents de la route graves. Ce service comporterait des postes
d’oxygène fixes. L’hôpital continuera néanmoins pendant de nombreuses années à confier
l’accueil des malades et blessés aux internes et infirmières, très motivés mais fonctionnant
dans un « service de porte », de superficie minuscule et aux moyens très limités.
-
En Mai 1956, grand émoi suite à un épisode tragique : un malade se présente aux services
administratifs avec une lettre de son médecin demandant l’hospitalisation, puis repart en
apprenant qu’il devra payer un ticket modérateur (il habite la seine et Marne, à quelques
kilomètres de Corbeil) et décède tout près de l’hôpital… Aucune faute caractérisée ne sera
relevée, mais le principe d’un examen médical systématique est posé.
-
En septembre 1956, l’incidence croissante de la traumatologie routière est de nouveau
mise en avant. Il s’agit surtout d’évoquer la pénibilité du travail nocturne qui en résulte
pour les équipes chirurgicales et anesthésiques et la quasi-impossibilité pour ces dernières
de prendre leurs congés, en l’absence de remplaçants. Il est vrai que les effectifs de
l’époque sont encore très maigres : deux infirmières anesthésistes et un seul médecin
anesthésiste réanimateur (le docteur Metais)! D’ailleurs, faute de pouvoir remplacer ce
dernier pendant ses vacances, il sera stipulé, sur proposition du directeur de la santé, que
la responsabilité des anesthésie est assurée par les chirurgiens en son absence.
-
En 1957, une polémique se développe autour de la nomination d’un nouveau médecin, qui
habite Paris « à une heure minimum de trajet jusqu’à l’hôpital ». La commission
administrative « décline toute responsabilité sur le fonctionnement du service concerné ».
-
En mars et mai 1958, le préfet demande la création d’un « service chirurgical d’urgence »,
puis la création d’un service de garde assuré par les médecins titulaires, leur permettant de
se rendre sur place en 5 minutes sur appel de l’interne de garde.
-
Suite à cette demande, le corps médical et la commission administrative décident du
principe d’une double garde médicale permanente sur place, mais assurée par les seuls
66
internes… Cette double garde est mise en place en décembre 1958, l’effectif total des
internes de l’établissement étant passé à 10.
-
En juin 1961, le Dr Caby, chef du service de « chirurgie A » est nommé « chef de district
pour les secours ».
-
En octobre 1961, le Dr Goidin, chef du service de « chirurgie B » est le premier praticien
de l’établissement à demander son passage à plein temps hospitalier, dans le cadre du
nouveau statut des médecins hospitalier, publié en août 1961.
-
En juin 1962, un interne reçoit un blâme pour une prescription téléphonique sans examen
clinique du malade au cours d’une garde, dans le service de pneumologie.
-
En 1963, un deuxième service d’anesthésie réanimation est créé, lié au service de
chirurgie B. Le docteur Témélis en deviendra le chef de service à temps plein.
Dès lors, la diffusion des matériels et techniques de réanimation et l’exigence croissante de
sécurité vont modifier en profondeur l’organisation et les pratiques, au fur et à mesure que se
développe l’exercice médical hospitalier à temps plein et l’emprise des anesthésistes
réanimateurs sur la vie quotidienne de l’établissement :
-
En octobre 1964 est exposé le premier projet de lits de surveillance post-opératoire, qui
verront le jour 10 années plus tard dans le service de chirurgie A.
-
En septembre 1965, la circulaire ministérielle 640 recommande de « disposer d’un service
d’urgence équipé d’un matériel complet de réanimation pour la survie des malades et
blessés transportés à l’hôpital ». La commission médicale consultative et la commission
administrative estiment alors « (dans l’attente du nouvel hôpital…) qu’il convient plutôt
d’étudier une nouvelle organisation du service de porte en vue d’assurer un triage des
entrées dans de meilleures conditions, la réanimation des malades et blessés devant
continuer d’être assurée dans les services mêmes ».
-
En décembre 1965, le décret ministériel 1045 inscrit l’hôpital de Corbeil sur la « liste des
établissements devant se doter d’un service mobile d’urgence et de réanimation ».
-
Le SMUR est donc créé en décembre 1968, suivi d’un service de réanimation de 6 lits
l’année suivante, intégré au service d’anesthésie-réanimation, sous la direction du docteur
Témélis depuis le départ du docteur Métais.
Un médecin anesthésiste réanimateur est désormais présent toutes les nuits dans l’hôpital
et prend en charge les situations critiques. Le service de porte est placé sous la
responsabilité des anesthésistes réanimateurs.
67
-
En 1974 le SAMU départemental commence à fonctionner à Corbeil ; il est définitivement
officialisé en avril 1976 par décret préfectoral et intégré avec le SMUR au service
d’anesthésiologie. Un petit bâtiment, construit entre la chapelle, le service de radiologie et
la galerie du bâtiment principal, accueille à partir de 1977 la salle de régulation
téléphonique du SAMU et le service de réanimation polyvalente, qui permet la mise en
œuvre des techniques les plus modernes de l’époque, pour une capacité portée a 10 lits.
-
En 1978, après individualisation du service de cardiologie, une unité de soins intensifs
cardiologiques est ouverte.
-
Dans le nouvel hôpital « Gilles de Corbeil », 4 services dirigés par des anesthésistes
réanimateurs sont individualisés en 1988, après deux années de fonctionnement sur le
mode de la départementalisation. Il s’agit des services :
-
Anesthésiologie, avec une salle de réveil,
-
Réanimation polyvalente, d’une capacité de 12 lits, mais sans unité de soins continus,
-
Urgences médicochirurgicales, dont l’activité dépasse rapidement une moyenne de 60
patients pris en charge quotidiennement
-
SAMU-SMUR. Ce service fonctionne, comme celui des urgences, avec les médecins
issus de la nouvelle filière de médecine d’urgence et accueille le Centre 15 dès 1989,
avec le concours des médecins de ville, présents 24 heures sur 24 aux côtés des
médecins hospitaliers pour assurer la régulation téléphoniques des appels d’aide
médicale urgente, dont le nombre connaît une croissance exponentielle.
68
5) L’EXPANSION DES BATIMENTS ET DE LA CAPACITE
D’ACCUEIL
Pendant les périodes de guerre, l’hôpital devient un véritable hôpital militaire et il doit faire
face à l’affluence de blessés. Sa capacité est de cinquante-six lits en 1814 dont seize lits
fondés pour les malades de la ville et quarante pour ceux de communes voisines. Dans les
hôpitaux parisiens ne sont admis que les patients habitant dans le département de la Seine. En
1815, l’administration de la guerre exige qu’il soit établi cent lits sédentaires dans les locaux
de l’hôpital et les troupes alliées demandent que leurs blessés soient soignés dans
l’établissement.
Après cette période de guerre, le climat est plus calme et l’hôpital fonctionne bien, les
administrateurs envisagent même d’y agrandir les bâtiments. C’est ainsi qu’en 1826 le
bâtiment de droite est prolongé afin qu’il contienne seize lits de plus et pour permettre
l’instauration de chambres particulières qui rapporteraient plus de revenus à l’établissement.
Il est décidé, en septembre, que la pièce du rez-de-chaussée, dans le bâtiment central, soit
réservée aux bains de vapeur et une petite chambre du premier étage sera utilisée pour
accueillir les malades qui en sortent afin qu’ils se reposent.
Deux années plus tard quelques salles deviennent insalubres et des lits y pourrissent.
Pour faire face à l’épidémie de choléra qui sévit en 1832, il est fait l’acquisition de :
♦ 16 couchettes
♦ 20 matelas
♦ 20 grandes couvertures
♦ 20 paires de draps
♦ 30 couvertures moyennes
♦ 20 toiles à paillasse
♦ 20 taies de traversins
Cela pour la somme de 3 568 francs.
69
Tous les patients cholériques sont isolés dans la partie gauche des bâtiments au rez-dechaussée ainsi qu’au premier étage. Aucun autre malade que ceux habitant Corbeil ne sera
admis à l’hôpital, même en payant, s’il est atteint de choléra morbus.
En 1835, l’établissement vieillit, le linge est très usé et les lits sont en fer. L’établissement est
composé de trois corps de bâtiment dont 2 ailes avec une cour sur le devant et un jardin
derrière bordé par la rivière d’Etampes. Dans le bâtiment de l’aile gauche, on trouve une
grande salle susceptible de contenir 10 lits et que l’administration aimerait affecter aux
malades militaires. Le bâtiment en face renferme une salle au second étage comprenant 10
lits. Dans ce même corps de logis sont placés des bains médicamenteux. Le surplus des locaux
est affecté au logement des employés et aux services internes.
L’ancien hôpital qui devient vétuste ferme et l’hospice ouvre ses portes en 1840,
l’établissement prend alors le nom d’hôpital hospice. L’activité et donc les capacités d’accueil
des patients ne cessent d’augmenter. En 1853, on compte 258 patients civils et 31 militaires
soit 285 au total. La majorité sont des hommes (173), il n’y a eu que 85 femmes.
Le tableau 1 ci-joint, inscrit dans le registre des délibérations du conseil d’administration de
1858 nous indique l’âge des patients hospitalisés en fonction de leur sexe. Cela nous permet
d’observer que les femmes hospitalisées sont peu nombreuses et que parmi les hommes ce
sont surtout les célibataires de 21 à 30 ans qui sont présents à l’hôpital. Nous constatons
également que rares sont les personnes de plus de 81 ans.
70
TABLEAU 1
Classement des malades et pensionnaires par âge et par sexe sauf militaires et aliénés
Moins de 15 ans
Sur les 312
individus
reçus en
1856, tant à
l’hôpital qu’à
l’hospice,
159 avaient
leur domicile
à Corbeil. La
population de
cette ville
étant de 4907
habitants
hospitalisé un
individu sur
30,86 a été
hospitalisé
hommes
mariés
Femmes
mariées
hommes
femmes
totaux
9
9
18
1
25
7
33
9
76
De 15 à 20 ans
21 à 30ans
8
4
55
31 à 40 ans
18
6
26
41 à 50 ans
19
5
9
2
35
51 à 60 ans
29
6
7
2
44
61 à 65ans
7
1
3
66 à 70 ans
7
4
71 à 75 ans
2
5
76 à 80 ans
3
8
81 à 90 ans
1
9
1
94
49
135
50
11
1
12
Journaliers et
ouvriers de
ferme pour la
plupart des
patients de 21
à 65 ans
7
4
15
11
91 à 100 ans
totaux
Militaires
aliénés
total
34
312
19
331
Parmi les 331 malades admis dans l’établissement :
-
130 ont été l’objet d’admissions gratuites, soit comme indigents domiciliés à Corbeil soit
comme voyageurs indigents sans domicile
-
201 ont été admis en payant un prix de journée selon le règlement (159 ont acquitté les
frais de séjour soit par eux-mêmes ou ont été aidés soit par la commune de leur domicile
pour la somme de 6102,50 francs ; 42 restant à devoir à l’établissement 1734,15 francs)
Pour la somme restant due à l’hôpital, 506,40 francs devraient être recouverts sans problème
et 1227,75 avec plus de difficultés.
Un autre tableau situé dans le registre des délibérations de 1858 nous dresse un état des lieux
de la population hospitalière.
71
TABLEAU 2
Etat des lieux de l’occupation des lits en 1858
Adulte
Adulte garçon
fille
aliénés
homme femme
Mili-
Vieillar
Vieillar
taires
d
d femme
totaux
homme
Individus
11
5
1
1
206
57
8
9
18
1
2
175
37
8
8
21
7
1
7
26
1
5
305
2
44
présents au
01/10/1857
Entrées en
8
11
1858
Décès en 1858 21
Sorties en
8
9
1
246
1858
Individus
2
10
41
153
3 006
10 729
restant au
31/10/1858
Nbres de jours 4 460
2 053
309
276
323
149
8 110
6 750
6 750 12 542 12 542 12 542
8 110
10 138
250,50
32,58
1/6
1/7,52
présents
Prix moyen de 1 2542
la journée
D. M. S.
20,55
33,11
34,33
27,6
40,72
13,55
76,55
Mortalité
1/10
1/3,44
1/9
1/5
26,79
55,45
20,78
20,8
26,79
26,79
26,79
203,35
32,83
12,2
5,69
0,84
0,75
0,88
0,40
0,41
8,23
29,39
457,78
296,01 246,37 246,3 457,78 457,78 457,78
296
369,75
moyenne
Dépense du
traitement par
personne
Nbre de lits
occupés
Dépense
moyenne par
lit occupé
72
Avec ce tableau nous constatons que les deux catégories de population les plus présentes à
l’hôpital sont les hommes malades et les vieilles femmes. Ces dernières représentent le poste
de dépense le plus important en ce qui concerne le traitement et ce sont elles qui restent le
plus longtemps dans l’établissement.
Cette année-là (comme les autres années), beaucoup de communes restent débitrices par
rapport à l’hôpital de Corbeil car nombre de leurs malades n’avaient pas les ressources
suffisantes pour régler leurs dépenses d’hospitalisation.
Au travers du tableau 3 ci-dessous, nous pouvons voir exactement quelles sont les communes
débitrices envers l’hôpital de Corbeil.
TABLEAU 3
Nombre d’individus hospitalisés des autres communes et frais de séjour dus
Noms des
communes
débitrices
Nombre
d’individu
traités
Corbeil
Viry-Châtillon
St germain lès
Corbeil
Saintry
Essonnes
Villabé
Ballancourt
Auvernaux
Champceuil
Fontenay le
vicomte
Nainville
Ormoy
Dampierre
Savigny le temple
Seine et Oise
(détenus)
Totaux
25
1
1
1
2
1
1
1
3
1
Frais de
séjour
certains
368
31
43
Frais de
séjour
tombés en
non valeur
730
297,50
1
9
totaux
750
297,50
1
11
7
39
5
9
368
31
11
7
82
5
57
48
13,75
5
68,90
1734,15
1
1
1
1
1
64,40
57
48
13 ,75
5
4,50
42
506,40
1227,75
On remarque d’après ce tableau que les communes les plus débitrices sont Essonnes et ViryChâtillon ce qui s’explique par leur proximité.
73
En 1862, les bâtiments de l’hôpital hospice sont trop vétustes et trop incommodes. Il faut
reconstruire dans un endroit plus éloigné des habitations. Comme nous l’avons mentionné
dans la première partie de ce devoir ce sont les frères GALIGNANI qui permettent la
reconstruction du nouvel hôpital sur la parcelle de terre que le Comte de POTOCKI a accepté
de vendre à la commune de Corbeil. Cet établissement sera situé dans le quartier de la
dauphine sur la butte de Nagis au bout de la rue Saint Spire.
Deux ans plus tard, les travaux de l’hôpital hospice GALIGNANI débutent, ils s’achèvent en
1866. Huit salles sont destinées aux malades et aux pensionnaires, elles contiennent chacune
dix lits.
On met également des lits dans les cabanons de fous et six lits supplémentaires sont achetés
pour compléter les salles. Un numéro d’ordre est placé au-dessus de chaque lit, c’est le début
de la numérotation des lits.
Un étendoir est construit ainsi qu’un abri sous lequel on expose les corps avant leur transport
au cimetière afin de ne pas les laisser en plein air, les jours de mauvais temps. Pour subvenir à
ses besoins, l’établissement possède une basse-cour avec des poules, des cabanes à lapins et
des « toits » à porcs. Les prisonniers qui sont hospitalisés ont une chambre avec un grillage
aux fenêtres et des portes fermées à clés constamment, depuis 1866.
Après quatre années passées, une autre salle de quatre lits doit être ouverte du fait de
l’épidémie de petite vérole, elle se tient dans les sous-sols de l’établissement du côté de la
route de la dauphine. Avec cette salle bien isolée, on peut également traiter les malades de
l’hospice atteints de gale, ce qui évite de les transférer à Paris.
La fondation d’un lit est alors limitée à 99 ans.
74
L’HOPITAL HOSPICE GALIGNANI (illustration n°3)
75
L’hospitalisation des prisonniers reste un véritable problème notamment pour les plus
dangereux. En 1872, une salle entière est protégée par des barreaux aux fenêtres.
En 1873, il est décidé d’agrandir les bâtiments de l’hôpital-hospice car il devient étroit. Ces
constructions sont financées par les frères GALIGNANI.
Donc nous voyons apparaître :
•
1 bâtiment neuf destiné aux patients épidémiques appelé le « chalet » dont chaque
chambre est dotée d’un cabinet d’aisances et d’une baignoire mobile afin de baigner
chacun des patients sans les faire sortir de la chambre
•
1 vacherie avec poulailler et pigeonnier
•
1 trou à fermier
•
1 mur de clôture derrière l’hôpital
•
1 hangar construit pendant la guerre
Un an après, un autre bâtiment est construit à l’extérieur devant servir de salle des morts et de
salle d’autopsie. Une galerie vitrée est érigée devant le « chalet » pour permettre aux malades
de se promener sans sortir des bâtiments.
Afin de lutter contre les abandons d’enfant trop fréquents, les maternités ouvrent leurs portes
aux femmes des localités proches des communes qui n’ont pas d’hôpitaux hospices. En effet,
les femmes de Seine et Oise, qui résident dans les communes n’ayant pas de maternité, se
trouvent dans l’obligation à l’approche de leur délivrance de solliciter leur admission dans les
maternités de Paris où elles peuvent plus facilement y abandonner leur enfant. Seuls les
hôpitaux-hospices de Pontoise, Etampes et Versailles possèdent une maternité. Il est
nécessaire que ces services existent dans tous les chefs-lieux d’arrondissement et dans les
localités d’une certaine importance. En ce qui concerne les frais de séjour, un crédit est voté
par le conseil général. Il importe alors de fixer le prix de journée et de trouver un local séparé
pouvant servir à recevoir les femmes en couches. La décision est prise de réserver le petit
bâtiment des maladies épidémiques aux femmes venant accoucher pour le prix de deux francs
la journée. C’est donc la création de la MATERNITE. À cette époque et encore quelques
années plus tard, les hommes n’ont pas le droit d’entrer dans les chambres des femmes en
couches.
76
En 1876, un appareil portatif de bains de vapeur est installé dans l’ancienne salle des morts au
sous-sol de l’établissement.
Les admissions pour cette année ont été de :
6 hommes : 3 à 100 francs par mois, un à 1,50 f/jour et 2 à 2 f/jour
7 femmes : une à 100f/mois, 5 à 1,50 f/jour et une à 2,50 f/jour
Deux a ns plus tard les admissions augmentent encore, on compte :
17 hommes : 11 à 1,30 f/jour, un à 100/mois, 4 à 2 f/jour et un à 2,50 f/jour
7 femmes : 3 à 2 f/jour et 4 à 1,50 f/jour
Il y eu également 7 admissions gratuites.
Toujours en vue de gagner de l’espace, toutes les ressources sont utilisées pour augmenter le
nombre de lits. C’est ainsi qu’en 1882, des chambres sont établies dans les combles de
l’hospice et les dortoirs de l’orphelinat sont agrandis.
Cette année-là une description précise des bâtiments est inscrite dans le registre des
délibérations du conseil d’administration de l’hôpital :
« il est constitué : d’un corps de bâtiment principal datant de 1867 et d’annexes dont un
pavillon d’isolement pour malades contagieux qui est plus récent.
Le corps de logis principal dont la façade antérieure regarde le nord forme un double T
couché. La chapelle se détache en saillie sur la façade postérieure. Le corps de bâtiment n’a
que le rez-de-chaussée et le premier étage. La plupart des services généraux comme la
cuisine, la pharmacie, le service des bains, les bureaux et la salle de commission occupent le
rez-de-chaussée de la partie centrale. La lingerie est placée au premier étage entre les
chambres des pensionnaires affectées aux hommes et celles destinées aux femmes. Quant aux
malades et aux vieillards, ils occupent les ailes latérales. Les malades du rez-de-chaussée et
les vieillards au premier étage, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre ».
77
L’HOPITAL HOSPICE GALIGNANI : LA FACADE ANTERIEURE
(illustration n°4)
L’inspecteur général qui est venu enquêter sur les conditions d’admission des patients dans
l’établissement relève quelques irrégularités. Pour lui, « il y a à l’hospice de Corbeil plus de
lits et de places qu’il n’en est besoin pour la population habituelle de l’établissement. Il est
regrettable que les malades et les vieillards valides soient confondus, non seulement dans le
même corps de bâtiment mais souvent dans les même salles.
Il y a bien une salle du côté des femmes et deux du côté des hommes affectées aux malades
fiévreux et blessés, mais comme les salles sont insuffisantes, surtout celles des hommes, le
médecin est obligé à chaque instant de placer des convalescents et même des malades dans la
salle des vieillards. De là, une confusion regrettable qui provient de ce que l’administration
hospitalière préoccupée surtout de se procurer des ressources, augmente le nombre de places
affectées aux payants au détriment des malades indigents ». Il pense donc qu’il faut affecter
aux malades hommes trois salles au lieu de deux et comme ces salles ne font que 307 m3 de
capacité, qu’on y conserve huit lits au lieu de dix. Quant au pavillon d’isolement, lorsqu’il
n’est pas occupé par des malades contagieux, on y place les convalescents. Les salles de ce
pavillon contiennent d’après lui trop de lits. Dans les plus grandes, il devrait y avoir tout au
plus quatre lits au lieu de six et dans les plus petites, deux lits au lieu de trois.
78
Ces dispositions diminueront le nombre total de lits à affecter aux pensionnaires payants mais
Monsieur l’inspecteur pense que « s’il est rationnel pour les commissions administratives de
chercher à augmenter le nombre de leurs ressources, il l’est plus encore d’ouvrir largement les
portes des hospices aux malades, aux infirmes et aux vieillards indigents et de placer les uns
et les autres dans les meilleures conditions hygiéniques possibles ».
En ce qui concerne les autres structures des bâtiments, les cabinets d’aisance qui ouvrent sur
les vestibules d’entrée sont assez bien disposés, la ventilation cependant pourrait être mieux
assurée. Les salles sont chauffées à la vapeur et ventilées au moyen d’appareils à propulsion .
La cuisine est largement installée, quant à la pharmacie, elle est peu approvisionnée et sa
surface est insuffisante, mais on devrait quand même séparer en deux la pièce affectée à ce
service afin d’y placer le laboratoire d’un côté et la pharmacie de l’autre.
Et enfin, les trois cellules affectées aux aliénés sont passablement installées mais on y garde
les malades trop longtemps. L’inspecteur a trouvé notamment une femme atteinte de démence
compliquée de crises maniaques rénitentes, qui est à l’hospice depuis septembre 1882. On ne
connaît, il est vrai ni son nom ni son domicile mais ce n’est pas une raison pour la garder à
l’hospice.
Dans le tableau ci-après, nous avons un aperçu du lieu d’hospitalisation des patients en
fonction de leur pathologie.
79
TABLEAU 4
Répartition des patients en fonction de leur pathologie
lieu
type
étage
hauteur
Longueur
largeur
Capacité
lits
places
en m3
Blessés
RDC
4
9,6
8
307,2
10
8
RDC
4
9,6
8
307,2
10
8
1
4
9,6
8
307,2
10
8
hommes
Fiévreux
hommes
Bât.
Malades
Prin-
femmes
cipal
Vieillards
1
4
9,6
8
307,2
10
10
hommes
1
4
9,6
8
307,2
10
10
1
4
9,6
8
307,2
10
10
Vieillards
RDC
4
9,6
8
307,2
10
10
femmes
RDC
4
9,6
8
307,2
10
10
chambres
1
4
3,9
3,22
307,2
10
10
4chambres
1
4
3,9
3,22
50,2
6
6
Princi-
3 cellules
RDC
4
3,9
3,22
50,2
6
6
pal
d’aliénés
salle
RDC
4
4,7
6
50,2
3
3
salle
RDC
4
4,7
6
112
6
4
salle
RDC
4
4,7
6
112
6
4
Bât.
Pavillon
d’isole
ment
Avec ce tableau nous remarquons que les aliénés se retrouvent dans des pièces beaucoup plus
exiguës que les autres patients, puisqu’ils sont 6 dans une pièce de 50 m3 alors que les
malades sont au nombre de 8 dans 307 m3.
Voici les différents patients admis en 1883 et leur statut :
Malades :
hommes :
- 6 gratuits
- 28 pensionnaires
femmes :
- 11 pensionnaires
80
Vieillards :
hommes :
- 4 gratuits
- 15 pensionnaires
femmes :
- 7 gratuits
- 17 pensionnaires
Aliénés de passage : - 2 personnes
Total = 90 patients (population moyenne de l’établissement)
En 1885, le nombre d’aliénés détenus, hospitalisés à Corbeil devient trop important et
l’administration est obligée de les refuser . Ils seront donc remis en prison.
Un an plus tard, il est établi qu’en cas d’urgence et sur demande du médecin traitant tout
malade indigent sera admis à l’hôpital. Les frais avancés par le département seront recouvrés
par la commune si besoin en était.
L’agrandissement de l’établissement se poursuit petit à petit et c’est ainsi qu’en 1890 un
dortoir est établi au deuxième étage de l’hospice. De plus un séchoir sera organisé au grenier
de l’hospice et l’appareil de désinfection y sera placé pour traiter les objets des malades
contagieux.
Le compte-rendu du conseil d’administration de 1893 nous offre un aperçu de l’importance de
l’hôpital de Corbeil à cette époque. « C’est le seul établissement hospitalier important dans
l’arrondissement. Quarante deux communes sur les quatre vingt treize de l’arrondissement lui
sont rattachées. Il est placé au milieu d’usines importantes occupant plus de 4500 ouvriers où
des accidents se produisent trop souvent. En moyenne, il est procédé à 50 opérations par an.
La maison comporte 101 lits dont, 88 lits en moyenne, ont été occupés sur les trois dernières
années. La dépense moyenne de chaque lit était de 600 francs. Mais il ne reste aucun excédent
pour pratiquer des travaux de rénovation. Le budget est déficitaire pour l’année dernière. Le
déficit ne peut être comblé par la ville dont le budget est très limité. Les dépenses viennent
surtout des communes avoisinantes notamment celle d’Essonnes qui n’a pas d’hôpital et une
population aussi importante que Corbeil.
81
Malgré cela la nécessité d’agrandir l’établissement est bien présente car l’établissement doit
pouvoir recevoir les malades des 42 communes avoisinantes ».
Les administrateurs comptent sur les subventions du ministre de l’intérieur. Ils veulent
agrandir les bâtiments en prolongeant le corps principal, qui fait face à la route nationale et
qui est actuellement affecté aux hommes, par un bâtiment un peu plus large afin d’y ajouter
deux cabinets d’aisances spéciaux dans l’angle de la saillie, mieux aérés que dans les autres
salles. Il devra contenir une salle au rez-de-chaussée et une à l’étage supérieur de chacune dix
lits comme les autres salles de la maison. Ces salles seraient chauffées par des poêles. Le
bâtiment principal qui à la forme d’un double T est édifié sur un point formant une terrasse.
Derrière se situe une cour plantée d’arbres et bordée au fond, par des bâtiments détachés à
l’usage d’écurie, de remise, de porcherie, de vacherie, de poulailler et de grange. A gauche, à
côté de la Seine, se trouve le chalet détaché pour les gâteux et les malades des deux sexes.
Des transformations s’opèrent lors des épidémies, c’est pourquoi en 1896 une salle
d’isolement est construite dans la nouvelle salle du rez-de-chaussée pour y soigner les
malades atteints de fièvre typhoïde.
En 1898, création d’un local dans l’hospice pouvant accueillir les indigents à titre gratuit afin
qu’ils prennent une douche froide ou chaude et servant également aux habitants ainsi qu’aux
malades au prix de 1,95fr la journée.
Nous pouvons remarquer qu’il existe enfin une salle d’opération indépendante évitant le
« spectacle » des interventions aux malades hospitalisés. En effet, « les opérations se faisaient
au milieu de la salle elle-même ; les patients voyaient les préparatifs du supplice, ils
entendaient les cris du supplicié ; celui qui devait l’être le lendemain avait devant lui le
tableau de ses souffrances futures, et celui qui était passé par cette horrible épreuve, qu’on
juge comme il doit être profondément remué par ces cris de douleur. Ces terreurs, ces
émotions, il les reçoit au milieu des accidents de l’inflammation et au hasard de sa vie. (…).
La salle d’opération où l’on trépane, où l’on taille, où l’on ampute des membres, contient
également et ceux que l’on opère, et ceux qui doivent être amputés, et ceux qui le sont déjà »1.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.77.
82
Si le nombre de patients augmente toujours, 1236 admissions entre 1896 et 1898, le nombre
d’interventions augmente lui aussi. C’est ainsi qu’entre 1891 et 1898 : 527 interventions
chirurgicales ont été effectuées. Entre 1895 et 1898 ce sont 2557 pansements qui ont été fait
par les sœurs au dispensaire. On peut également remarquer que 295 objets ont été désinfectés
en 1900. Cette année-là on compte 84 malades et vieillards. A l’orphelinat sont pensionnaires
12 garçons et 37 filles.
En 1909, les bâtiments annexes se composent d’une salle d’opération, d’un dépôt mortuaire,
d’une chambre de désinfection, d’une maternité et d’un séchoir. Le chalet initialement destiné
aux maladies épidémiques est devenu le bâtiment des incurables.
L’administration souhaiterait établir une salle d’hydrothérapie contenant des bains et des
bains-douches. D’autres propositions sont faites, notamment la création d’une galerie
promenoir au rez-de-chaussée pour les fiévreux, et au premier étage pour les tuberculeux.
Deux salles de dix lits chacune, dans les combles des asiles pour vieillards, pour y mettre des
malades des deux sexes et un pavillon spécial avec deux salles dans l’ancienne grange pour y
placer les varioleux et les contagieux.
Ces projets coûteraient à l’établissements la somme de 58 400 francs à la charge de la ville de
Corbeil.
Pour l’instant, les deux salles du rez-de-chaussée sont affectées à la chirurgie et la salle Saint
Rock du premier étage est réservée aux malades de médecine.
L’effectif de l’établissement cette année-là est de 84 présents à l’hôpital-hospice et de 11
garçons et 32 filles à l’orphelinat.
En 1911, la commande pour le mobilier destiné au bâtiment d’hydrothérapie est passée. Elle
comprend, entre autre :
6 baignoires en fonte émaillées, montées sur pied avec robinets en cuivre
1 étuve chauffe linge, sur pieds, en tôle galvanisée avec serpentin de vapeur
1 boîte à sudation pour bains d’air chaud et pour bains de vapeur, en pitchpin, garnie de
zinc intérieurement avec serpentin en cuivre et thermomètre
1 bain de siège à eau courante avec douche ascendante
1 lit de repos et de massage avec dossier à crémaillère
1 tribune de doucheur avec mitigeur et thermomètre
1 colonne de douche chaude et froide avec mitigeur à collier
83
6 bains de pieds en fer
6 bidets avec pieds en fer
1 poste d’eau chaude et d’eau froide
Il est également décidé, cette année, de laisser la chambre destinée aux personnes occupant
une certaine situation sociale, en parfait état de recevoir des malades au cas où un accident les
obligerait à entrer à l’hôpital. Chose qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant.
La commission adopte une nouvelle répartition des salles afin d’assurer un meilleur service
aux patients.
HOMMES
Rez-de-chaussée :
Salle Saint Rock, Saint Joseph, Saint Vincent pour les blessés.
La galerie pour les fiévreux du premier étage.
Premier étage :
Salle Saint André pour les tuberculeux.
Salle Saint Antoine et Saint Guillaume pour les fiévreux.
Galerie pour les tuberculeux.
Deuxième étage :
Nouvelle salle pour les vieillards pensionnaires.
Ancienne galerie du rez-de-chaussée pour les vieillards et les blessés.
FEMMES
Rez-de-chaussée :
Salle Sainte Anne pour les vieilles femmes.
Salle Sainte Geneviève pour les blessées.
Premier étage :
Salle Sainte Marguerite pour les malades.
Salle Sainte Marie pour les vieilles femmes.
Deuxième étage :
Nouvelle salle pour les vieilles femmes.
84
En 1913, le rapport du Préfet relate les constatations faites par l’inspecteur général des
services administratifs et affirme que l’établissement est médiocre, qu’il devrait être complété
par un pavillon d’infectieux et par deux chambres pour les aliénés de passage. Il manque
également le personnel compétent dans ce domaine, notamment des infirmières spéciales.
Malheureusement ces transformations ne seront pas possibles par manque de moyens.
A cette époque la maternité comprend deux chambres confortables et est située au deuxième
étage de l’hôpital.
L’année d’après, est votée la reconstruction du chalet et des cabanons car ils sont devenus
trop petits.
En 1918, trente lits sont mis à la disposition du service de santé des armées au prix de 4,25
francs.
Des boxes d’isolement sont installés dans le service de médecine homme pour placer les
patients atteints de diphtérie en 1922. De plus, sur les conseils du ministre de l’hygiène, de
l’assistance et de la prévoyance, il faudrait construire des cabanons pour les aliénés de
passage, un service de vieillards de 20 lits et une salle de radiographie avec ses dépendances.
Celles-ci seraient composées d’une salle pour les médecins, d’une chambre pour la sœur,
d’une chambre d’infirmière et d’une salle d’attente. La commission administrative accepte
cette proposition et réalise les travaux suivants :
•
5 cabanons pour aliénés son installés à l’extrémité gauche de l’établissement
•
4 water-closets dont 1 pour les aliénés, 1 pour le service et 2 pour les vieillards
•
1 laverie
•
1 tisanerie
•
1 grand lavabo
•
1 spacieux réfectoire
•
1 longue galerie
Le service des tuberculeuses du second étage, est aménagé de quatre salles supplémentaires.
Ces salles communiquent entre-elles par de larges baies. Elles sont très bien éclairées et
aérées par des fenêtres donnant sur les deux faces de l’établissement.
85
Chaque salle contient 20 lits. Un lavabo, des W.C., une tisanerie et une petite pièce pour
l’infirmière y sont également installées.
L’année 1925 voit se déplacer le service des tuberculeuses dans la nouvelle lingerie. Jusqu’à
présent les femmes atteintes de tuberculose se trouvaient hospitalisées dans la salle commune
rendant les conditions de contagiosités intolérables.
En 1927, le nombre de malades hospitalisés descend rarement au dessous de cent vingt, d’où
la nécessité de créer un nouveau bâtiment affecté aux vieillards et aux aliénés.
Puis en 1929, le Conseil Général demande à l’établissement d’ouvrir 81 nouveaux lits de
malades (médecine et chirurgie) et 32 lits de tuberculeux car la demande est trop importante
pour assurer un service médical correct envers la population. Voici donc les nouvelles
dispositions prisent par la commission administrative :
♦ Agrandissement de l’aile droite : au rez-de-chaussée création de 9 chambres d’opérés
(ensemble de 11 lits) et au premier étage une salle de 18 lits pour les hommes.
♦ Transformation des anciens locaux désaffectés pour installer de nouvelles salles de
malades (20 nouveaux lits).
♦ Les services généraux comprennent les locaux de sœurs qui logent actuellement à
l’hospice.
♦ Création de nouvelles salles d’opération et de radiologie.
♦ Installation d’un pavillon d’interne pour 4 personnes.
♦ Ouverture d’un pavillon de vieillards de 26 lits.
♦ Création d’un pavillon de tuberculeux avec tous les services complet : cuisine, lingerie,
radiologie, chauffage… Au total 64 lits hommes et femmes.
Cet ensemble représente 170 nouveaux lits.
En 1930, c’est un projet de construction d’un service complet de chirurgie, d’une maternité et
d’un logement pour le directeur et l’économe que l’on étudie. La salle de couture des lingères
est transformée en salle de malade du service médecine femme. Le service de la maternité
s’en trouve réorganisée.
86
Dorénavant, les sages femmes devront faire une visite quotidienne à toutes les mamans et
leurs bébés, une aide infirmière sera présente en permanence même la nuit pour procurer les
soins nécessaires et une pesée journalière des nouveaux nés aura lieu avec notification
également quotidienne de la température et du pouls. De plus, une contre-visite sera
obligatoire à partir de maintenant.
Une salle du premier étage sur la façade nord est transformée, en 1931, en salle pour les
malades contagieux. Auparavant elle abritait des pensionnaires de l’hospice.
Les internes peuvent enfin s’installer dans leur nouveau pavillon en 1932. Cette année-là, les
journées d’hospitalisations sont en moyenne de 62, pour la chirurgie et la maternité, alors
qu’en 1935 on passe à une moyenne de 92 journées. Le nombre d’intervention, lui, passe de
721 à 895.
Le service de chirurgie et maternité ainsi que les nouveaux locaux réservés aux blessés et aux
malades ouvrent leurs portes en 1934.
En 1937, le plan de fonctionnement de la maternité est élaboré :
1. Il reçoit les femmes au moment de l’accouchement
2. Les femmes enceintes qui ont besoin de soins spéciaux ou d’une surveillance médicale
3. Les accouchées qui présentent de complications lors de leur suite de couche
4. Les accouchées nourrissant leur enfant dont l’état de santé nécessite des soins
5. Des nourrissons ayant besoin d’une surveillance particulière lors de leur admission, les
entrants seront examinés par la sage femme en chef ou l’interne de service ou par l’interne
de garde
En cas de complication obstétricale ou chirurgicale, ce sera le chirurgien chef qui s’occupera
du problème. La sage femme examine les accouchées et les nouveaux nés chaque matin et en
rend compte au chirurgien en chef. Il visite les accouchées et leurs enfants si nécessaire, en
dirigeant le traitement et l’alimentation du nourrisson. La consultation prénatale à lieu une
fois par semaine, le jeudi à 10 heures du matin et elle est destinée aux femmes enceintes. Elles
doivent venir au moins trois fois, c’est ce qui est prévu par leur carnet de grossesse. Il s’agit
d’un examen médical complet réalisé par le chirurgien en chef, il comprend des analyses
d’urines, un prélèvement sanguin en vue d’une réaction de Wassermann et plus ou moins des
examens bactériologiques et/ou radiologiques.
87
Des fiches seront établies et conservées à l’hôpital puis complétées lors de l’accouchement.
Des renseignements seront également portés sur le carnet de grossesse si cela s’avère
nécessaire. C’est la sage femme qui pratiquera l’examen obstétrical.
En 1940, les membres de la commission administrative émettent l’idée de la création d’un
service de radiothérapie.
Installation d’un appareil de douche à usage personnel pour les chirurgiens et de lavabos dans
le bloc opératoire, en 1942. Comme les travaux d’agrandissement entrepris avant la guerre ont
dus être interrompus, un service provisoire pour les enfants est mis en place dans la nouvelle
salle construite au-dessus de la chaufferie. Elle sera reliée directement au service de médecine
femme et un médecin assistant en sera personnellement chargé.
Le bombardement de la gare de Corbeil, le 13 août 1944, fait de nombreux dégâts, notamment
au niveau de l’orphelinat mais aussi au niveau des vitraux de la chapelle.
Une porcherie est construite en 1945, elle élève 6 porcs.
En 1946, l’administration a un projet d’ouverture de 60 lits de tuberculeux et de 40 nouveaux
lits dans l’hospice.
Les membres de la commission désireraient également agrandir le service des enfants de 15 à
30 lits. La population de l’hôpital, on compte 540 lits depuis 1942.
90 lits en chirurgie A
90 lits en chirurgie B
30 lits en maternité
85 lits de médecine
68 lits de sanatorium
36 lits de contagieux
5 lits d’aliénés
98 lits à l’hospice
8 lits pour les enfants en dépôt
30 lits pour les malades détenus
88
L’année d’après, un service d’ORL de 15 lits est créé. Une salle de 25 lits pour les vieilles
femmes est installée dans l’ancienne lingerie. Le nombre total de lits s’élève à 559. Le service
des tuberculeux est passé de 68 à 80 lits, à l’hospice il n’y a eu que 90 vieillards au lieu de 98.
♦ Le nombre de malades par jour est passé de 300 en 1945 à 410 en 1949 et même 507 en
1953.
♦ En ce qui concerne le nombre d’accouchements, il est passé de 231 en 1945 à 501 en
1949.
♦ Les opérations étaient au nombre de 1986 en 1949 et de 2 329 en 1950 , soit plus de 300
interventions supplémentaires en l’espace d’une année.
♦ Journées d’hospitalisation :
-
1946 : 112 340
-
1949 : 147 760
-
1950 : 146 236
-
1951 : 152 865
-
1952 : 166 341
-
1953 : 184 966
Un centre de transfusion sanguine ouvre ses portes en 1949.
Il doit fournir en sang et autres dérivés sanguins les hôpitaux de Corbeil, Villeneuve-SaintGeorges, Arpajon, Juvisy-sur-Orge et Etampes ainsi que les cliniques. Il est administré par un
conseil d’administration dirigé par le Dr CABY. Régi par la loi de 1901, le Centre de
Transfusion est un établissement privé situé au sein de l’hôpital, exploitant un terrain et des
locaux en vertu d’un bail emphytéotique. Il est agrandi et devient Centre Départemental de
Transfusion Sanguine de l’Essonnes en 1965. En 1979, le CDTS est délocalisé à Evry. Dans
l’ancien bâtiment du CTS persisteront un accueil de donneurs de sang et une banque de
produits sanguins pour les besoins de l’hôpital de Corbeil, jusqu’à l’ouverture du nouveau
centre hospitalier en 1985.
En 1952, les capacités augmentent encore au sein de l’établissement. On passe à 597 lits
d’hospitalisation.
chirurgie A : 85 lits
chirurgie B : 85 lits
médecine homme : 47 lits
89
médecine femme : 68 lits
contagieux : 42 lits
médecine enfant : 30 lits
tuberculeux homme : 30 lits
tuberculeux femme : 20 lits
ORL : 17 lits
vieillards homme : 35 lits
vieillards femme : 83 lits
maternité : 30 lits
aliénés : 5 lits
détenus : 20 lits
Le service de vieillards femmes de l’établissement de Corbeil est agrandi par la création du
service CHARCOT, qui contient 25 lits. Les infirmières ont obtenu la construction, par
agrandissement du chalet, de dix puis 14 chambres qui leur sont réservées et seront mises en
service en 1958. Les internes également obtiennent la construction de leur pavillon,
comportant 13 chambres, qui sera finalement inauguré en 1963.
La maison de retraite GALIGNANI s’est installée dans des bâtiments proches de l’orphelinat,
rue Champlouis ; elle comporte 60 lits de vieillards.
Vers 1960, deux nouvelles salles d’opération sont créées : la salle verte et la salle noire.
Toutes deux sont munies de la climatisation. Le bloc opératoire se situe dans le bâtiment de
chirurgie.
Au rez-de-chaussée, se trouve le service A du Dr CABY. Le service de transfusion
sanguine se trouve à l’extrémité de ce service.
Au premier étage, on trouve le service B du Dr GOIDIN.
Au deuxième étage se situe le bloc opératoire, la maternité du Dr BAUDRY et le
laboratoire du Dr NABONNE.
Le 05 Juin 1961, un arrêté reclasse l’hôpital-hospice en Centre Hospitalier.
En 1963, la capacité totale de l’établissement est de 720 lits :
165 lits de médecine (médecine hommes : 45, médecine femmes : 30, Darblay : 56,
Joson : 34)
90
80 lits de pneumo-phtisiologie (Léon Bernard hommes : 60, Léon Bernard femmes : 20)
30 lits de pédiatrie
10 places de prématurés
30 lits de maternité
187 lits de chirurgie (hommes A : 40, femmes A : 40, hommes B : 45, femmes B : 45,
ORL : 15, ophtalmologie et stomatologie : 2)
198 lits d’hospice (chalet : 32, préfabriqué Charcot : 96, maison de retraite Champlouis :
70)
« Service secours ex détenus » : 20 lits
En 1964, l’établissement comprend de 450 à 470 lits de médecine et chirurgie. La durée
d’hospitalisation est assez longue.
De nouveaux services ouvrent leurs portes, c’est le cas de la stomatologie dirigé par le Dr
VIROL. Un deuxième médecin anesthésiste vient compléter l’équipe existante, il s’agit du Dr
TEMELIS, qui créera quelques années plus tard le service de réanimation et le SAMU.
Chaque service de chirurgie est de garde à tour de rôle une semaine sur deux ; les urgences
chirurgicales, à cette époque, arrivent directement dans le service de garde. Parfois les
urgences « montent directement au bloc », où l’on trouve une salle septique et une salle de
plâtre.
L’école d’infirmière, indispensable pour garantir un recrutement régulier des soignants,
fonctionne provisoirement depuis 1963 dans l’ancien bâtiment Charcot, avant de s’installer
dans ses locaux définitifs, prévus pour 150 élèves. Peu après sera ouverte sur le même terrain
une école de manipulateurs de radiologie.
La prise en charge des malades psychiatriques se résumait depuis longtemps à des chambres
d’isolement, des moyens de contention et des hospitalisations souvent définitives. Les tutelles
demandent à de nombreuses reprises la création de lits spécialisés en grand nombre. C’est le
début d’une longue controverse entre les psychiatres qui y sont favorables et les autres. Le
service de psychiatrie voit finalement le jour au début des années 70. Sous la direction du
docteur Bonafé, ce service développe sur un mode quasi-expérimental des structures légères
de prise en charge des malades hors de l’hôpital (centres de consultations médicopsychologiques, centres de crise etc ...) tout en assurant une présence soutenue dans les
services somatiques de l’établissement.
91
Les aliénés, eux, quittent enfin les chambres asilaires et les menottes, pour être pris en charge
dans la cité ou bien hospitalisés de façon plus décente.
On voit progressivement se développer la spécialisation des services. Pour la médecine :
pneumologie, cardiologie, rhumatologie, dermatologie, gastro-entérologie, neurologie,
pédiatrie, endocrino-diabétologie. Pour la chirurgie : l’orthopédie, la chirurgie digestive,
l’urologie et la chirurgie vasculaire.
Tout au long des années 60 et surtout 70, des consultations externes ouvrent progressivement
pour toutes les spécialités cliniques, ainsi que pour la biologie et la radiologie. Ce
développement est favorisé par l’ouverture d’un bloc centralisé de consultations externes, au
sous-sol du bâtiment de chirurgie A.
Le service de réanimation est créé en 1969, au sein du service d’anesthésie réanimation et
permet désormais de garder les patients en situation de défaillance des fonctions vitales.
Le service d’urgence voit enfin le jour dans les années soixante-dix. Par contre le service de
phtisiologie, lui, disparaît au profit d’un service de pneumologie orienté vers la prise en
charge des broncho-pneumopathies chroniques et de la pathologie tumorale thoracique.
Parmi les nouveaux services qui se sont ouverts, outre le service de réanimation, il faut citer le
S.M.U.R. puis le S.A.M.U. en 1974, qui permettront la prise en charge des malades et blessés
hors de l’hôpital, par des équipes médicales hospitalières.
Les capacités d’accueil de l’établissement ne cessent de croître, et ce sera le cas jusqu’à
l’ouverture de l’hôpital d’Evry.
Mais il est devenu illusoire de poursuivre le développement de l’activité dans des bâtiments
dont certains ont plus de 100 ans et « tombent en ruine ». C’est pourquoi, dès le début des
années 60, sous l’impulsion du maire et président de la Commission Administrative, Roger
Combrisson, est étudié un projet de reconstruction totale, d’abord sur le site Galignani, puis
sur un nouveau terrain où l’école d’infirmière a été édifiée dans un premier temps. Après de
nombreux rebondissements liés au développement de la ville nouvelle d’Evry, qui comporte
un nouvel hôpital pour le début des années 80, le feu vert pour cette reconstruction est donné
en 1981, 18 ans après l’approbation du premier programme-lits du futur Centre Hospitalier de
Corbeil.
92
Le nouvel établissement hospitalier est inauguré en 1985. Lors des portes ouvertes, 12 000
habitants de Corbeil-Essonnes viennent visiter le nouvel hôpital.
Il est composé de :
L’hôpital Gilles de Corbeil.
La maison de retraite GALIGNANI qui comprend 150 places.
Des structures psychiatriques extra-hospitalières.
Des écoles de formations, écoles d’infirmières et de manipulateurs en radiologie.
Le SAMU 91.
Un SMUR.
Un centre de planification et d’éducation familiale.
L’hôpital comprend 397 lits répartis de la façon suivante :
•
Médecine :
-
Médecine interne, endocrinologie, hématologie
-
Cardiologie et soins intensifs cardiologiques
-
Pneumologie
-
Gastro-entérologie
-
Rhumatologie
-
Neurologie
-
Dermatologie
•
Chirurgie :
-
chirurgie générale et viscérale
-
orthopédie
-
spécialités chirurgicales : ORL, ophtalmologie et stomatologie
•
Réanimation polyvalente
Plus 37 lits de psychiatrie et un plateau technique performant comportant un laboratoire
d’analyses médicales, un service de rééducation et réadaptation fonctionnelle, des services
d’imagerie médicale (radio-diagnostic, médecine nucléaire) et un centre de radiothérapie
haute énergie.
93
S’y ajoutent des consultations externes dans toutes les disciplines de l’établissement.
Un dépôt de sang ouvre ses portes dans l’hôpital, puis en 1988, c’est la création d’un comité
transfusionnel.
Ce comité est composé de :
Un médecin directeur du CTS
Un médecin responsable du dépôt de l’hôpital
Divers médecins chefs de service
Des surveillants
Des représentants de la direction de l’hôpital
A son ouverture on compte 11 631 entrées et un total de 100 094 journées d’hospitalisation et
en 1986, on compte 13 987 entrées et un total de 108 011 journées d’hospitalisation.
Soit en un an presque 8 000 journées d’hospitalisation en plus et plus de 2 000 entrées. La
durée moyenne de séjour est de 8,61 en 1985 et de 7,65 en 1986. Les consultations externes
ont accueilli 75 593 personnes en 1985 et 98 574 l’année d’après. Devant cet afflux de
patients, des lits d’hospitalisation de jour et un secteur d’hospitalisation de semaine.
94
6) EVOLUTION DU CONCEPT DE L’HOPITAL
A) De la maladrerie à l’Hôtel-Dieu
Comme nous l’avons vu précédemment, les premiers établissements charitables destinés à
secourir les patients en détresse remontent au IVè siècle. A cette époque ce sont des asiles
d’origine religieuse servant d’abri aux pèlerins et aux malades contagieux notamment les
lépreux. Ces établissements portent le nom de maladrerie. Ils sont subventionnés par l’autorité
royale et administrés par des religieux, frères et des sœurs.
En 1604, la lèpre disparaît et les maladreries disparaissent avec elle. Les malades contagieux
se retrouvent alors dans les Hôtels-Dieu.
Ces établissements dateraient du XIè siècle au moins. Malheureusement peu de documents
nous permettent de savoir exactement quand ils ont été créés et quel est leur rôle précis. Leur
administration relève du pouvoir ecclésiastique par l’intermédiaire des évêques et de leurs
délégués et ce jusqu’en 1796. L’Hôtel-Dieu est une fondation charitable qui ne subsiste que
grâce aux dons, privilèges et autres attributions qui lui sont concédés par la famille royale.
L’établissement recueille, comme c’était le cas pour les maladreries, les malades épidémiques
et les blessés. Comme celui de Corbeil se situe à proximité de la prison et du tribunal, les
sœurs sont chargées d’apporter la nourriture aux prisonniers. Les religieuses sont des sœurs
chanoinesses jusqu’en 1762 puis elles sont remplacées par les sœurs de la congrégation de
Saint Vincent de Paul. Un acte d’engagement est alors passé entre Monseigneur Christophe de
Beaumont, archevêque de Paris et les dignitaires de l’ordre de Saint Vincent de Paul. Cet acte
règle les droits et les devoirs réciproques des parties contractantes. Trois copies ont été faites,
deux sur parchemin dont une se trouve dans les archives de l’archevêché et l’autre dans la
maison mère des sœurs de Saint Vincent de Paul. La troisième, sur papier, est destinée aux
sœurs de Corbeil.
En voici les grandes lignes ( une copie de l’acte original se trouve en annexe n°1) :
95
Les sœurs Supérieure et officières doivent tenir trois filles de leur communauté dans
l’Hôtel-Dieu au moins, pour y servir et soulager les pauvres malades. Leur nombre
augmentera proportionnellement au nombre de malades.
Elles sont payées 200 livres pour leur accommodement personnel et 240 livres par an pour
leur entretien d’habits et de linge. A savoir 80 livres chacune par an, payable d’avance, de
six mois en six mois à compter de leur jour d’arrivée à l’Hôtel-Dieu.
Les filles sont sous la direction de Monsieur DUCLOS père, demeurant à Corbeil, préposé
à cet effet par Monseigneur l’Archevêque de Paris.
Aucune autre fille ne servira à leurs côtés les pauvres malades. Elles pourront tout de
même se faire aider dans des conditions extraordinaires mais par des personnes sûres et
bien connues.
Les filles ne sont pas obligées de soigner les filles de mauvaise vie, les personnes qui sont
atteintes du mal procédant de l’impureté ni les personnes riches. Elles ne soignent pas non
plus les femmes dans leur accouchement qui ne doivent pas être reçues à l’Hôtel-Dieu.
Elles ne vont pas en ville s’occuper des malades.
Le chapelain n’est ni logé, nourri ou blanchi dans l’Hôtel-Dieu. Il ne peut rentrer que par
la porte commune.
Il n’y a aucune inspection sur le temps de travail des filles ni sur leur conduite.
Les filles de la charité sont tenues de préparer les médicaments des malades et de faire
elles-mêmes les sirops et tisanes. A cet effet, il leur sera fourni l’argent nécessaire pour
l’achat de drogues, dont elles rendront compte au receveur tous les mois.
Elles sont logées dans des appartements séparés et meublés convenablement. Aucun
domestique n’y aura accès.
Elles sont nourries et blanchies. C’est à dire qu’elles reçoivent tout leur linge de l’HôtelDieu, draps, serviettes, torchons, tabliers, essuie-mains et nappes.
Personne ne pourra leur faire changer la couleur ni la forme de leur habit.
Les sœurs ne rendent pas compte de l’usage qu’elles font de leur argent sauf si besoin est,
à leur supérieure de Paris.
Quand elles tombent malades, elles sont soignées comme des membres de la maison.
Si elles deviennent infirmes ou inaptes au travail, après douze ans de travail, elles ne
peuvent être renvoyées que si la sœur supérieure juge bon de les rappeler. Si ce n’est pas
le cas l’Hôtel-Dieu devra les garder et subvenir à leurs besoins. Pour les suppléer, les
administrateurs de l’établissement devront faire appel à d’autre sœurs de la congrégation.
96
Les sœurs ne rendent compte de leur service et de leur administration qu’à Monseigneur
l’Archevêque ou à son préposé.
Elles recevront l’argent nécessaire à l’achat des menues provisions dont elles rendront
compte au receveur tous les mois. Celui-ci le présentera alors à l’Archevêque.
La sœur supérieure reçoit les mandements pour admettre les pauvres malades à l’HôtelDieu. Elle ne les recevra ou les congédiera que par ordre. Elle tient également le registre
des pauvres qu’elle garde.
Lors du décès d’une des filles, le corps restera dans l’infirmerie jusqu’à son transfert dans
l’église. Le corps de la défunte sera suivi par les autres filles, chacune avec un cierge à la
main. Après la célébration d’une messe haute et de deux messes basses, le corps sera
inhumé dans la chapelle ou dans le cimetière de l’Hôtel-Dieu, le tout sans aucune
rétribution de la part des autres sœurs .
En ce qui concerne le spirituel, les filles sont soumises à l’Archevêque de Paris et restent
sous la conduite et dépendance du seigneur, supérieur général de la congrégation de la
mission . Celui-ci pourra les confesser et les visiter, leur donner son avis sur l’observance
de leurs règles et l’acquis de leurs obligations envers Dieu et son prochain.
Les filles ont l’entière liberté de vivre sous l’obéissance de leur supérieure à Paris, des
officières de la communauté et de celle d’entre elles qui aura la conduite des autres. Elles
peuvent respecter les règlements et exercices spirituels que leur institut impose.
En cas de mécontentement réciproque des deux parties ou de non observance des revenus
des sœurs pour quelque raison que ce soit, il sera permis à la communauté de retirer ses
filles et on leur laissera emporter les linges, habits et livres à leur usage.
Avant le départ des trois sœurs à l’Hôtel-Dieu, il sera fourni à la supérieure de Paris
l’argent nécessaire pour l’accommodement personnel des filles et pour chacune, un étui de
six lancettes, un autre garni d’instruments de chirurgie, les livres à leur usage et pour la
pharmacie, les frais de voyages. Il sera payé la somme de 600 livres, par la sœur économe,
pour leur accommodement personnel.
En 1797, les bâtiments de l’Hôtel-Dieu tombent en ruine, ils sont alors transférés dans
l’ancien couvent des sœurs Saint Augustines situé en face. Ce nouvel établissement restera
nommé Hôtel -Dieu pendant quelques années puis deviendra l’hôpital.
97
B) de l’Hôtel-Dieu à l’hôpital-hospice
Malades, indigents, personnels : la vie dans l’hôpital-hospice
Comme la loi de 1790 a aboli les ordres religieux et que celle de 1792 met fin aux
congrégations, les sœurs soignantes sont désormais des citoyennes et la sœur supérieure
devient la première officière. L’hôpital possède une école gratuite de filles dont s’occupe une
sœur supplémentaire.
L’hôpital doit en permanence faire face aux évènements extérieurs susceptibles de modifier
ces conditions de fonctionnement. Il doit s’adapter lors des guerres, des épidémies ou bien des
accidents de travail comme l’explosion de la poudrerie en 1820 qui amena un flot de victimes
très important.
Dans le règlement intérieur de 1823 nous pouvons voir quels sont les malades pouvant être
admis ou non :
« Chapitre III, article 11 : Tous les malades sont reçus et traités dans l’Hôtel-Dieu de
Corbeil, à l’exception des incurables ; des individus atteints de maladies contagieuses,
telles que la petite vérole, la gale et autres de cette nature ; des femmes enceintes ou en
couches ; des aliénés et des épileptiques et des personnes affectées du virus vénérien.
Article 12 : Si pendant le séjour d’un malade il se déclare une maladie de ce genre, la
supérieure en instruira aussitôt le médecin qui veillera à ce que le malade soit placé dans
un lieu séparé des autres, pour éviter la contagion . Il sera dirigé par les soins de la
commission administrative sur un hospice de la capitale ou rendu à sa famille qui en sera
immédiatement avertie.
Article 14 : Lorsqu’un marin se présentera pour être admis, il sera envoyé à la mairie et
son mandat d’admission ne lui sera remis que sur la vue d’un bon émané de M. le Maire
ou de l’un de ses adjoints ».
« Les établissements hospitaliers se ferment pratiquement à ceux qui n’habitent pas la
commune malgré les principes formels posés par la loi du 24 vendémiaire an II qui énonce
98
que désormais peu importe l’origine du malade ; quelque soit son domicile, il devra être reçu
dans l’hospice le plus voisin.(…)
Dans tel hôpital, on ne veut pas soigner les syphilitiques ; dans un autre les teigneux et les
psoriques ; dans un troisième on n’admet pas les femmes en couches »1.
Les conditions d’admission de ces patients sont les suivantes :
« Chapitre V, article 20 : les admissions des malades à l’hospice sont faites par l’un des
deux membres de la commission administrative, désignés à cet effet. Ils doivent avoir
égard à l’âge, la nature des infirmités, aux revenus et à l’état de population de l’hospice.
Article 21 : les malades pauvres des deux sexes qui ne sont dans aucun des cas
d’exception prévus par l’article 11, nés ou domiciliés depuis plus de six mois dans les
villes et faubourgs de Corbeil, seront admis à l’hospice et y seront traités gratuitement.
Article 22 : les malades indigents des communes du canton seront également reçus à
l’hospice, en payant un franc, par chaque jour qu’ils y resteront. Cette rétribution sera
d’un franc vingt-cinq centimes pour les malades des même communes, qui quoique
indigents, auraient cependant quelques ressources.
La disposition de cet article s’appliquera aux individus des deux sexes en état de
domesticité à Corbeil, à moins qu’ils ne soient nés à Corbeil, auquel cas ils jouiront de la
faculté accordée par l’article 21.
Article 23 : la commission se réserve de prononcer l’admission des malades des autres
cantons de l’arrondissement, aux même conditions, toutes les fois que les localités et les
revenus de l’hospice le permettront.
Article 24 : chaque malade de la commune de Corbeil, pour être admis devra être porteur :
-
D’un certificat du Maire ou de l’un de ses adjoints, constatant son nom, prénom, âge, sa
profession et son domicile réel, son peu de ressources ou son indigence, à moins que
l’administrateur ne l’en dispense.
-
D’un certificat du médecin de l’hospice spécifiant le genre de sa maladie et la nécessité de
l’admission.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.41.
99
Article 25 : les malades des autres communes du canton ou de l’arrondissement de
Corbeil, et les domestiques qui ne sont pas natifs de Corbeil, devront être porteurs des
certificats prescrits par l’article précédent ; et ils devront en outre déposer entre les mains
de madame la Supérieure, les fonds suffisants pour le paiement des indemnités ci-dessus
fixées, pendant le temps présumé, pour leur rétablissement, sinon ils feront remise d’une
obligation de pareille somme, émanant des Maires ou adjoints de leurs communes, ou de
toutes autres personnes solvables, portant consentement de payer tous les droits jusqu’à la
sortie du malade.
Article 26 : l’administrateur chargé de l’admission, sur le vu des pièces, délivrera le
mandat d’admission ; en cas de difficulté, il en réfèrera à M. le Maire, qui en sa qualité de
Président de la commission, statuera provisoirement.
La décision définitive reviendra à la commission administrative lors de son assemblée.
Article 27 : porteur de son mandat d’admission, le malade se présentera à madame la
Supérieure qui lui fera délivrer un bulletin portant ses noms, le jour de son entrée et le
numéro de son lit. Le bulletin y demeurera suspendu.
Défense sera faite à madame la Supérieure de ne recevoir aucun malade qui ne justifierait
pas de l’accomplissement des formalités ci-dessus. Néanmoins, en cas d’accidents de
force majeure, qui obligerait à la réception du malade, avant que lesdites formalités
fussent remplies, il y sera pourvu dans les vingt-quatre heures au plus tard.
Article 28 : il pourra être ordonné que préalablement à son admission dans la salle, la
malade sera baigné ou seulement lavé.
Article 29 : le renvoi du malade aura lieu sur l’ordre du médecin, et après dix jours de
convalescence au plus ».
Pour que l’établissement fonctionne correctement, les malades doivent répondre à certaines
règles ainsi que les membres du personnel. Celles-ci sont énoncées dans le règlement intérieur
de l’hôpital chapitre XIII (cf. annexe 2).
La police intérieure de l’hospice relève de la commission administrative et de madame la
Supérieure mais sous la surveillance de Monsieur le Maire et de Monsieur le Sous-Préfet de
l’arrondissement. Ils doivent veiller à l’exécution des règlements. Les malades ont
l’interdiction de se réunir dans un même lit sous peine d’exclusion. Les convalescents ont
l’interdiction de venir dans la cuisine pour y prendre de la nourriture. Ils ne doivent pas non
plus cueillir des fruits et légumes dans le jardin ni soustraire des aliments aux autres patients.
100
Les parents ou amis des malades ne peuvent les visiter que si la permission en a été donnée
par la Supérieure.
Leur entrée dans l’hospice n’est autorisée que de midi à trois heures et jamais pendant les
visites des médecins, les pansements ou les repas. En cas d’insultes envers les sœurs, l’entrée
à l’hospice sera refusée. Toute insubordination de la part des malades et refus d’obéir aux
ordres qui leurs sont données par la Supérieure, peuvent être punis.
Quand c’est la première fois, ils sont privés de vin et la deuxième fois ils ne voient plus leur
famille ou bien ils sont enfermés dans une salle où ils seront soignés. Tout outrage
quelconque, voie de fait par les gestes ou menaces envers les sœurs hospitalières et les
préposés de l’hospice, sont dénoncés par plainte de la sœur Supérieure à Monsieur le
Procureur du Roi. Dans ces cas-là, les auteurs de ces manifestations peuvent être exclus de
l’établissement.
En 1827, le titre de maison de santé est associé à celui d’Hôtel-Dieu. Les Maires des autres
communes de l’arrondissement en sont informés par des circulaires.
Les conditions d’admission des patients changent peu au fil des années. En 1840, l’hôpital
reçoit :
•
Les malades civils, hommes, femmes et enfants atteints de maladies aiguës ou blessés
accidentellement.
•
Les malades militaires ou marins, les galeux, les teigneux, les vénériens, les épileptiques,
les femmes enceintes ne sont pas reçus pour cause d’insuffisance de local et de ressources
de l’établissement. Pour les militaires et les marins, des exceptions sont faites en fonction
des demandes du ministère de l’Intérieur.
•
Les aliénés en vertu de la loi du 30 juin 1838. Les malades reconnus comme fous ont
d’abord été enfermés dans des cachots sous l’Ancien Régime, ou bien recueillis dans des
couvents quand « ils n’étaient pas brûlés comme sorcier ou abandonnés à la risée et aux
injures. Ce n’est qu’au début du XVIIè siècle que l’on commença à s’occuper de ces
infortunés en leur ouvrant un quartier réservé dans chaque hôpital »1. Mais ce n’est qu’à
partir de 1798 avec PINEL que les aliénés furent séparés des autres malades et qu’ils
furent pris en considération. PUSSIN, surveillant de Bicêtre, écrit au Ministre de
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.102.
101
l’Intérieur : « L’expérience m’a démontré et me démontre journellement que pour avancer
la guérison de ces malheureux, il faut les traiter autant que faire se peut avec douceur, leur
en imposer, mais pas les maltraiter, gagner leur confiance, combattre l’objet qui les a
affectés, et leur faire envisager un avenir plus heureux. En un mot c’est principalement par
les remèdes moraux que j’ai toujours combattu cette maladie, et si j’ai eu le bonheur
d’obtenir quelques succès, c’est à eux que je dois les attribuer »1.
•
Les malades reconnus incurables seront expulsés.
En l’espace de 20 ans, on remarque que la nature des patients admis dans l’établissement a
changé. Les conditions d’admission se sont étendues et les malades contagieux notamment
peuvent être enfin soignés dans leur arrondissement.
Les indigents ne sont admis dans l’hôpital qu’après l’avis du médecin. Celui-ci doit tenir
compte de l’âge, de la nature des infirmités, des revenus et des places disponibles dans
l’établissement. L’admission n’est accordée que sur présentation du certificat du Maire
attestant l’indigence du malade et d’un certificat d’un médecin de la localité précisant la
nature de la maladie. Si le deuxième certificat n’est pas délivré par un médecin de
l’établissement, l’état du malade sera revérifié au plus tard dans les 24 heures par celui-ci.
Les malades des deux sexes nés à Corbeil ou domiciliés dans cette ville depuis plus d’un an
pourront être admis gratuitement dans l’établissement. Pour tout malade qui restera plus d’un
mois hospitalisé, le médecin devra adresser à la commission un rapport relatant les causes de
cette situation.
Il est possible également à cette époque de faire une fondation de lit. La fondation de lit est
proposée par des personnes solvables qui désirent réserver un lit pour des malades indigents
d’une ou plusieurs communes de l’arrondissement de Corbeil. En contre partie, ils assurent
une rente sur l’état ou par voie hypothécaire un revenu annuel de 400 francs pour chaque lit
fondé.
Au moyen de cette prestation, l’hôpital se charge de fournir le mobilier nécessaire à chaque
malade suivant l’usage de l’établissement. Il s’agit d’assurer à quelques personnes sans
revenus une place dans cet établissement pour y vieillir sans soucis.
Il existe également des règles pour les malades hospitalisés, si leur santé le permet, ils se
lèvent à 9 heures du matin et sont tenus de se coucher à la nuit close.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.107.
102
Les parents et amis des patients ne sont autorisés à les visiter que deux fois par semaine, les
jeudis et dimanches de midi à trois heures.
Il est interdit aux visiteurs d’introduire des comestibles ou des liquides dans l’établissement.
Tout infirmier ou servant qui serait pris sur le fait de ce délit sera immédiatement renvoyé.
Si une personne qui est en convalescence s’absente, sans permission de l’administrateur, de
l’hôpital il ne pourra plus y rentrer sauf attribution d’une nouvelle admission. Les employés et
les sœurs hospitalières ne peuvent quitter l’établissement que lors de leurs congés délivré par
l’administrateur de service.
Toute insubordination de la part des malades ou refus d’obéir aux ordres sera d’abord
réprimandé par la privation de vin puis par l’interdiction de voir leur famille et ensuite par le
renvoi (comme en 1820).
Les administrateurs de l’hôpital émettent l’idée de la création d’un hospice pour vieillards
destiné à secourir la classe indigente de Corbeil. L’établissement est propriétaire d’une grande
maison contiguë au bâtiment principal, il y sera créé une succursale de l’hôpital : l’hospice.
Au rez-de-chaussée, il y aura deux salles communes séparées par un parloir ou vestibule où
seront placés des escaliers. Au premier étage, on trouvera deux dortoirs entièrement séparés
pouvant contenir chacun douze lits au moins. A l’extérieur, en face de chaque salle il y aura
deux cours ou promenoirs se prolongeant jusqu’à la rivière sur laquelle seraient établis deux
cabinets d’aisance. La soupe, le pain, le linge de corps et la literie seraient fournis par
l’hôpital. Il sera indemnisé de la partie alimentaire par le bureau de bienfaisance dont les
revenus seront accrus par le travail des vieillards qui seront reçus dans l’établissement.
Dix ans plus tard, les conditions d’admission des indigents se précisent encore un peu plus.
Les malades de la ville qui remplissent les conditions fixées par le règlement sont admis sur
présentation à l’administrateur du service quand ils sont inscrits au bureau de bienfaisance ou
si leur indigence a été constatée par un membre du bureau de bienfaisance de leur quartier.
Les indigents « étrangers » ne sont reçus par l’administrateur qu’après avoir prouvé leur
identité auprès du commissaire de police. Il faut que celui-ci leur ait délivré un certificat à cet
effet. Les malades dirigés sur l’hôpital, sur la réquisition de Monsieur le Sous Préfet doivent
entrer sur l’autorisation de Monsieur le Maire.
103
Il est à noter également que les malades indigents des communes du canton de Corbeil,
présents dans les bureaux de bienfaisance de ces communes pour y être traités à leurs frais,
peuvent être reçus à l’hôpital en payant une rétribution de 1fr/jour. Cette rétribution est de
1,25fr/jour pour les autres malades des même communes. Quand la moitié des lits de l’hôpital
est vacante, seul un quart de ces lits peuvent être occupé par des malades des autres cantons
de l’arrondissement de Corbeil, du département de Seine et Oise ou d’autres départements.
Leur prix de journée est de 1,25 francs. Et enfin, les indigents voyageurs sont admis à
l’hospice s’ils ont en leur possession un billet d’admission délivré par l’administrateur sur
l’attestation du commissaire de police.
Cette attestation doit assurer que le malade est porteur de papiers en règle indiquant son
domicile habituel et son lieu de naissance. La commission peut à tout moment suspendre ces
admissions si l’état de la population l’exige.
C’est également cette année là que l’interdiction de fumer est donnée aux malades et aux
visiteurs dans les salles d’hospitalisation.
Dans un extrait des mémoires de Valentin FOUGERES1 celui-ci nous dit que « les sorties à
l’extérieur ne peuvent se faire que sur autorisation et muni d’un billet signé du patron. Les
jours de visite sont le jeudi et le dimanche de une heure de l’après-midi jusqu’au souper ».
(…) « Les visites se font au parloir où une sœur peut surveiller ce qui s’y passe et ce qui s’y
dit ». (…) « Il est interdit de se faire amener du vin ou de l’alcool. Il est enfin défendu d’aller
dans le promenoir des femmes ou d’entretenir la moindre relation avec elles.
Les patients doivent être polis, vêtus convenablement et obéir à tous les ordres qui sont
donnés par le personnel. Des punitions particulières sont prévues pour chaque type
d’infraction ». Chaque colis donné par la famille « fait l’objet d’une fouille méticuleuse à
l’entrée »2.
Le rapport de Monsieur LIONET de 1853 nous rappelle la difficile situation des aliénés. Par
suite de lenteurs administratives, ils séjournent minimum huit jours et plusieurs sont même
restés dans des cabanons un ou deux mois avant d’être transféré dans l’établissement où ils
doivent recevoir les soins.
1
2
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.159.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.162.
104
« Un maçon a même démoli une cloison avec son écuelle et un malheureux atteint de
monomanie religieuse a été trouvé par les gendarmes agenouillé devant une croix faisant un
jeûne de quarante jours. Il est mort de faim et de mutilation ».
Quelques modifications des conditions d’admission ont lieu en 1854. Les malades incurables
de Corbeil ou ceux n’ayant pas de domicile seront admis moyennant le prix de 1fr/jour payé
par le service de bienfaisance ou à défaut par la caisse municipale. Si des malades sont
reconnus incurables pendant leur séjour à l’hôpital, ils seront exclus à moins que le service de
bienfaisance exprime l’engagement de les entretenir à l’hospice.
Quand un malade se présente à l’hôpital, l’administrateur de service appelé à signer le billet
d’entrée doit constater sur le billet, d’après les renseignements verbaux qui lui sont donnés, la
commune dans laquelle la maladie s’est déclarée ou la blessure s’est faite. L’économe de
l’hôpital avise immédiatement par écrit le Maire de cette commune de l’entrée du malade à
l’hôpital. Il lui annonce, qu’au terme de la loi du 7 août 1851, à compter du jour d’admission,
sa commune est redevable de ses frais de séjour à raison d’un prix de journée fixé par le
règlement. A défaut de paiement de ces frais, le receveur de l’établissement devra poursuivre
la commune débitrice par les voies de droit. Une note officielle lui sera envoyée pour l’en
aviser.
En ce qui concerne la visite des morts par leur famille, la situation est un peu compliquée. Les
recherches anatomiques faites sur les corps dans une salle proche du lieu où sont déposés les
cadavres, peuvent choquer que les familles.
L’autorisation des familles à visiter le cadavre d’une personne décédée doit être abandonné à
la sagesse et à la prudence de madame la Supérieure des sœurs de l’hôpital.
En 1856, le bureau de bienfaisance demande à l’hôpital une sœur de Saint Vincent de Paul
afin d’effectuer des visites à domicile pour les convalescents et les infirmes.
Elle prendrait également sous sa direction la maison de refuge des vieillards et elle appellerait
les ressources de la charité publique pour fournir aux indigents malades des dons en nature
tels que des vêtements, literie et objets mobiliers. Les fonctions de l’hospice s’en trouveraient
allégées.
105
Les malades ayant des maladies contagieuses et des maladies vénériennes, ont longtemps été
refusés dans l’hôpital probablement par peur de la contamination et parce que l’on ne connaît
pas bien ces maladies.
De même les malades à faibles ressources ne sont pas toujours hospitalisés, malgré une loi
établie en 1851, qui précisait que « lorsqu’un individu privé de ressources tombe malade dans
une commune, aucune condition de domicile ne peut être exigée pour son admission à
l’hôpital existant dans la commune »1 n’étaient pas toujours hospitalisés. C’est encore le cas
en 1875 où une patiente vénérienne n’est pas admise, soit disant, par « manque
d’organisation ».
Toujours dans un but charitable, sous la direction du médecin chef, des consultations gratuites
sont mises en place, pour assurer les soins et les pansements des malades externes. Ce type de
consultation existe également chez les trois médecins installés dans la ville. Le bureau de
bienfaisance permet lui aussi de distribuer aux malades indigents des médicaments, des
aliments et des bains.
En 1888, l’entrée de l’hospice est refusée aux enfants accompagnant des malades qui doivent
y séjourner.
C’est en 1890 qu’un nouveau règlement intérieur est édité. (Cf. annexe 3) Il comporte
quelques changements par rapport aux règlements antérieurs. Notamment en ce qui concerne
le personnel médical. Maintenant, parmi les médecins on trouve un médecin en chef et un
médecin adjoint, tous deux exerçant la chirurgie et résidant à Corbeil. Comme il y a eu
création d’un service de maternité il y a aussi des sages femmes qui procèdent aux
accouchements sous la direction du médecin, le nombre de sœurs de la congrégation de Saint
Vincent de Paul est passé de 5 à 11.
Les infirmiers ne sont qu’au nombre de deux à la place d’un, ainsi que les femmes de services
qui sont actuellement six au lieu d’une en 1840. Ils sont sous la direction de la sœur
supérieure.
Une boite aux lettres accessible à tous sera installée dans l’hôpital hospice et la levée sera
faite chaque jour.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.47.
106
En 1899, pour faciliter la correspondance des pensionnaires indigents, un budget de 25 francs
leur sera alloué dans le budget de l’hôpital. Chose nouvelle également, les archives de
l’hôpital seront conservées par le secrétaire et l’économe.
Dans l’établissement il n’y a qu’une petite pharmacie usuelle composée des substances et des
plantes les plus ordinaires pour la préparation des médicaments qui peuvent être confiés à
l’expérience des sœurs.
Les médicaments rares ou demandant une préparation spéciale sont fournis par un
pharmacien en dehors de l’établissement. Il est expressément interdit de vendre ou de donner
des remèdes ou médicaments.
Durant ces cinquante années passées il y a eu également des modifications concernant les
types de patients admis dans l’établissement. En effet, en cette année 1890 on accepte encore
les malades civils ; hommes, femmes ou enfants atteints de maladies aiguës ou chroniques
ainsi que les blessés accidentels ; mais on reçoit également les galeux et les vénériens des
deux sexes ainsi que les femmes arrivées au terme de leur grossesse. Les aliénés sont gardés
provisoirement conformément à la loi du 30 juin 1838. Par contre, les épileptiques et les
teigneux ne sont toujours pas admis sauf si on leur trouve un endroit convenable ce qui est
rarement le cas.
Quant à l’hospice, il reçoit les vieillards âgés de 70 ans et les incurables ayant un domicile de
cinq ans dans la ville à titre gratuit. Il accueille également les vieillards valides ou incurables à
titre de pensionnaires.
Les enfants des familles indigentes ne seront pas reçus dans l’hospice. Les indigents, qui
jouissent d’un revenu quelconque mais insuffisant pour pouvoir se passer des secours de la
charité publique, sont tenus de faire l’abandon de ce revenu au profit de l’hospice. Lorsque
l’état d’indigence ou d’infirmité qui avait motivé l’admission gratuite des vieillards ou des
incurables viendra à cesser, ces derniers ne seront maintenus dans l’établissement que s’ils
paient à l’avance la pension réglementaire et indemnisent l’hospice des dépenses qu’ils auront
occasionnées antérieurement. Les vieillards valides et les incurables qui voudront payer une
pension pourront être admis dans l’hospice par la commission administrative à titre de
pensionnaires. Le tarif sera augmenté de cinquante centimes par jour pour les personnes
étrangères à l’arrondissement.
107
Les gâteux paieront un supplément spécial de cinquante centimes par jour. Pour les
pensionnaires admis en chambre, le prix sera fixé de gré à gré.
Les personnes des deux sexes reçues à l’hôpital ou à l’hospice restent entièrement séparées.
La fondation de lits est toujours d’actualité, elle est proposée par une ou plusieurs personnes
en faveur de malades ou de vieillards indigents assurant à l’établissement la prospérité.
La rente sur l’état est de 3% d’un capital représentant 550 francs de rente pour chaque lit.
Les fondations sont limitées à une durée de 75 ans à l’expiration de laquelle elles sont éteintes
et l’établissement est libre de disposer du capital.
Les malades, dans la mesure du possible, doivent se présenter pour être admis de 8 heures du
matin à 8 heures du soir en été et de 8 heures du matin à 4 heures du soir en hiver.
Le travail est obligatoire dans l’hospice. Il consiste en cultures de jardin, qui sont exploités
par l’établissement sous la surveillance d’une sœur, balayage des cours, soins intérieurs et
extérieurs de la maison, ouvrage à l’aiguille pour concourir à l’entretien de la lingerie et tout
le vestiaire de la population de l’hôpital-hospice.
En ce qui concerne la discipline, les malades ne se lèvent pas le matin sans l’avis du médecin.
Le soir ils doivent être couchés à 6h30 pour la distribution des médicaments de nuit.
Les habitants de l’hospice changent de linge tous les dimanches, les draps de lit sont
renouvelés tous les mois.
Les parents ou amis des malades ou vieillards ne seront admis à les visiter que les dimanches,
les jeudis et les jours fériés de midi à trois heures. Il est interdit aux visiteurs d’introduire des
comestibles ou des liquides sans autorisation.
Les vieillards admis à l’hôpital ne pourront sortir que les dimanches et les mercredis aprèsmidi. Ils devront être rentrés à 4h30 du soir sous peine d’être privés de sortie pendant un mois.
Les pensionnaires en chambre pourront sortir tous les jours de midi à 4h30. Toute autre sortie
devra faire l’objet d’une autorisation de la part de l’économe ou de madame la Supérieure
avec le visa de l’économe.
Il est défendu aux vieillards de l’établissement de mendier sous peine d’être privés de sortie
pendant un à trois mois. En cas de récidive le contrevenant sera renvoyé de l’hospice.
108
L’habitude de l’ivresse pourra être une cause de renvoi pour les vieillards et les incurables.
Toutes discussions politiques ou religieuses sont interdites.
L’hôpital-hospice devient également un lieu de formation et de détente avec la création d’une
bibliothèque. Elle est fondée à l’intérieur de l’établissement, est composée des meilleurs
auteurs anciens et modernes et elle comporte des ouvrages de sciences et des arts ainsi que de
bonnes littératures. Les ouvrages ne seront admis qu’après avoir été lus par un membre de la
commission qui en fera un rapport. La bibliothèque est surveillée par madame la Supérieure
qui en a la clé et qui et fera la délivrance des volumes à trois heures.
Elle est chargée de surveiller le retour des livres. La rentrée et la sortie des livres sont
constatées sur un registre tenu à cet effet. Il sera établi un catalogue des ouvrages composant
la bibliothèque. Il est régulièrement procédé à un inventaire et au recollement des volumes.
Un changement très important pour le fonctionnement de l’hôpital intervient en 1892. A cette
date, en effet, le conseil général décide la création d’un service départemental
d’hospitalisation renouvelable tous les cinq ans. Il est établi, dans le département, des
circonscriptions hospitalières comprenant chacune un des hôpitaux actuel et un certain
nombre de communes voisines qui auraient le droit d’y envoyer leurs malades et blessés
nécessiteux. Le conseil départemental a inscrit au budget un crédit de 50 000 francs en vue de
la création, à partir du 1er janvier 1893, d’un service d’hospitalisation en faveur des malades
atteints d’affections aiguës et des blessés nécessiteux des communes dépourvues d’hôpitaux.
Voici quels sont les engagements pris par le département :
Garantie est donnée aux hôpitaux pour le recouvrement des frais de séjour des malades et
blessés envoyés par les communes ayant adhéré au nouveau service départemental.
Le concours financier, dont la quotité varie de 40 à 90 % suivant la population des
communes, pour le paiement des frais de séjour desdits malades et blessés.
Le règlement et le mandatement desdites dépenses dans le mois qui suivra l’expiration de
chaque trimestre.
La substitution du département aux communes en ce qui concerne la liquidation et le
mandatement des dépenses.
Enfin, la participation par une équitable subvention dans les dépenses qui résulteraient de
l’exécution des travaux d’agrandissement et d’aménagement reconnus nécessaires pour
ajuster le fonctionnement du nouveau service départemental.
109
Le prix de journée d’un adulte et d’un enfant est fixé à 2 francs par jour.
Ce traité sera renouvelé cinq ans après, c’est à dire en 1902, car son application a permis bien
des soulagements à l’hôpital.
En 1899, un contrôleur principal de l’assistance médicale gratuite est chargé par le Ministre
de l’intérieur de vérifier l’état d’hygiène des salles d’hospitalisation. Le résultat de cette
enquête aboutit au fait que les salles sont propres et que l’air pur y règne.
Un incident se produit en 1903 dans l’établissement, un enfant de dix mois décède d’une
entérite aiguë. Il avait été hospitalisé de force en maternité puis rendu à la mère et ré
hospitalisé mais sans soins appropriés car aucun service n’est organisé pour recevoir les
enfants. Les malades du premier âge doivent être envoyés soit au domicile de personnes
désignées par les autorités locales, soit à l’hôpital de Versailles aménagé pour recevoir les
enfants. Mais celui-ci refuse de recevoir les enfants de Corbeil car il se dit trop éloigné. Il
s’avère donc nécessaire d’aménager un service dans l’hôpital. Le financement se ferait par
prélèvement sur les fonds du pari mutuel.
En ce qui concerne le concept architectural de l’hôpital, au début du siècle l’hôpital, « en
général », est une structure pavillonnaire reliée par des galeries aériennes. Chaque pavillon est
aussi autonome que possible.
« L’idéal à réaliser :
1. Que tous les services soient autonomes ; chacun d’eux étant en quelque sorte un petit
hôpital relié aux services généraux.
2. Que tous les bâtiments destinés à l’hospitalisation des malades soient édifiés par pavillons
isolés, à simple rez-de-chaussée.
Les pavillons, largement aérés et autant que possible placées à 20 mètres de distance au moins
les uns des autres, devront être bâtis en murs pleins, sans aucun luxe, mais avec toutes les
exigences de l’hygiène.(…) Toutes les salles communes auront comme annexe indispensable
une grande pièce de réfectoire et, pendant le jour, de salle de convalescents. Dans les services
de chirurgie, les dispositions prévues devront assurer la séparation complète des malades
septiques et aseptiques »1.
110
Chaque service doit avoir au minimum :
1. Un laboratoire de recherche avec une chambre noire de reprographie.
2. Un cabinet pour chef de service.
3. Un vestiaire labo pour les étudiants, placé à l’entrée du service.
4. Un cabinet pour la surveillante.
5. Des chambres en nombre suffisant pour le logement du personnel.
6. Une grande office.
7. Une lingerie.
8. Un cabinet de débarras.
9. Une salle de cours, pour les cliniques et les facultés.
Au total l’établissement de Corbeil, lui, se compose de :
10 lits pour convalescents des deux sexes
15 pour les gâteux et les personnes atteintes de maladie épidémique ou contagieuse
2 chambres pour les femmes en couches
1 chambre pour les prisonniers malades
3 cabanons pour les aliénés furieux
la chapelle
plusieurs chambres particulières destinées aux vieillards
une salle de bains avec robinet d’eau chaude et froide toujours en pression
cabinet pour bains de vapeur
des chambres d’opération évitant les opérations au milieu des malades et devant eux
une salle d’autopsie
un lavoir pourvu d’eau chaude et froide
un séchoir fermé bâti l’an dernier au moyen de rentes
une étuve à désinfection
une machine à vapeur pour le chauffage de la maison
l’aspiration et la distribution de l’eau de la Seine
Une loi votée le 14 juillet 1905 oblige les établissements de soins à secourir les vieillards,
infirmes et indigents.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation des hôpitaux, op. cit. p. 180-181.
111
Il sera réservé, pour cela, six lits au maximum dans l’hôpital, au prix de 2,25 francs la
journée.
En 1908, les malades psychiatriques sont isolés dans une salle qui est fermée à clé pour éviter
la communication avec les fiévreux qui se trouvent en face.
En 1911, les lois concernant les aliénés se mettent en place plus difficilement, les
établissements sont encore réticents à les recevoir. Ils ne sont reçus que provisoirement et sur
arrêté de séquestration. Les aliénés de passage sont nombreux, ils séjournent une dizaine de
jours dans un sous-sol avant d’être envoyés dans un centre spécialisé. Ils sont surveillés par
un hospitalier employé aux services généraux qui a son lit dressé dans le couloir.
Les hospitalisés, quand ils ont fait des travaux supplémentaires, sont récompensés par la sœur
Supérieure sous forme de paquet de cigarettes. Elle est amenée à en distribuer jusqu’à cent
paquets par an. Ceux-ci lui sont donnés par l’économe en personne.
En 1918, un atelier de broderie s’ouvre au sein de l’établissement.
En 1925, les incurables ne doivent plus être gardés à l’hôpital lorsque leur incurabilité est
reconnue. La commission constate la nécessité pour le département de créer des asiles pour
cette catégorie d’individus.
Petit à petit les droits des patients, les techniques médicales et les conditions d’amission vont
transformer la vie hospitalière. Les structures annexes de l’hôpital vont disparaître
progressivement, comme l’orphelinat et l’hospice. C’est le passage à l’hôpital moderne.
L’hôpital et ses relations avec la prison
Depuis la création de l’Hôtel-Dieu, ancêtre de l’hôpital hospice, la prison a toujours été très
près des bâtiments de l’établissement de soins. Depuis ce temps, les sœurs hospitalières se
chargent soit de la nourriture des détenus soit de leurs soins. D’où l’importance de cette
relation étroite qui n’est pas toujours facile à gérer pour les membres du conseil
d’administration.
112
Le service des détenus de la prison départementale est toujours assuré par les sœurs de
l’établissement en 1839. Le Ministre de l’Intérieur désire même leur instaurer un service gras
tous les dimanches et les jours des quatre grandes fêtes de l’année ainsi que le jour de la fête
du Roi. En tout cela ferait cinquante sept services. Ils seraient composés de :
•
Le matin : une ration de soupe et cinq décilitres de bouillon gras provenant de la cuisson
de la viande de bœuf en y ajoutant des légumes frais, du sel et du poivre.
•
Le soir : de la viande qui aurait servi à faire la soupe du matin et des pommes de terre .
Une ration de quatre décilitres pour chacun.
L’hôpital fournit maintenant les médicaments aux détenus de la prison, en plus des repas.
En 1850, le Sous Préfet oblige l’établissement à accueillir un homme de la maison d’arrêt
dans ses locaux sur réquisition. L’hôpital est responsable s’il s’évade.
Une chambre spéciale est affectée, en 1870, comme annexe de la prison, au deuxième étage
de l’établissement pour les détenus malades. Cette chambre très sécurisée possède des
barreaux aux fenêtres et une serrure très solide. Elle est transférée au premier étage en 1911, à
côté du service des hommes.
En 1916, une loi sur la protection des mineurs, oblige l’hôpital à recevoir les enfants de moins
de treize ans attendant leur jugement, et ce jusqu’à la prononciation du verdict et donc de la
certitude de leur avenir.
En 1943, deux chambres de sûreté sont réservées aux détenus dans le service de chirurgie et
deux autres dans le service de médecine. Elles également utilisées de temps en temps pour les
malades mentaux agités. Deux chambres supplémentaires sont aménagées en chirurgie et
deux autres dans la petite salle du pavillon des vieillards car le nombre de détenus devient de
plus en plus important. A cause de cette augmentation du nombre des détenus, les services de
police demandent à la commission administrative de créer un quartier spécial pour les détenus
dans des chambres isolées. Elles seront installées dans le service Paul DARBLAY.
Puis, après la guerre, au fur et à mesure que les années passent, le nombre de détenus
hospitalisés diminue fortement. Ils ne sont plus que 20 en 1952.
113
La religion omniprésente
De l’Hôtel-Dieu à l’hôpital-hospice il y a toujours eu une chapelle rattachée aux bâtiments
ainsi que des messes qui y étaient célébrées. Le prêtre fait office dans la chapelle et auprès
des malades qui le réclament. « Les plus grands hôtels-Dieu, possèdent plusieurs chapelles
dans lesquelles on place assez souvent les tombes des bienfaiteurs et où l’on célèbre les
services funèbres stipulés dans leurs testaments . (…) De plus, il faut également qu’ils se
trouvent près des cathédrales, afin que l’évêque et les chanoines puissent les contrôler
aisément. (…) Ces exigences imposent que les hôtels-Dieu soient généralement en pleine
ville, ce qui permet aux malades et aux pauvres d’accéder assez facilement. Mais cette
localisation n’est pas sans inconvénients : l’aération extérieure des salles est souvent
compromise par les édifices et constructions qui s’accumulent alors dans le voisinage »1.
L’aumônier de l’hospice est le vicaire de la paroi Saint Spire en 1849. « Les prêtres sont
désignés pour accomplir l’exercice du culte religieux dans les chapelles des hospices, les
préfets autorisant leur présence à condition qu’ils en fassent d’avance la déclaration à la
municipalité. (…) Les traitements des chapelains et les frais de culte ne pouvaient être fixés
que par les préfets, avec approbation du Ministre de l’Intérieur lui-même. (…) Dans les
établissements, il est désormais possible de baptiser, de célébrer le culte des morts ; parfois
même le curé de la paroisse se plaint de l’aumônier de l’hôpital qu’il accuse de
concurrence »2.
C’est en 1875 que la chapelle de l’établissement se ferme aux gens de l’extérieur pour la
messe de minuit.
En 1890, le service religieux est fait par un prêtre de la paroisse, son traitement est fixé par la
commission. Il dit une messe tous les jours non fériés, à 7 heures du matin et célèbre la messe
de minuit ainsi que les messes anniversaires des bienfaiteurs de l’établissement notamment
messieurs GALIGNANI. Il donne des secours spirituels aux malades et aux indigents lorsque
ceux-ci réclament son ministère.
1
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.18-19.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.49-50.
114
Aucune pression ne doit être exercée sur les malades ni sur aucun autre habitant de la maison
hospitalière au sujet des exercices religieux et des sacrements. Aucune exhortation ne pourra
être faite à haute voix dans les salles. Le prêtre exécute les prescriptions concernant les
règlements diocésains relatifs aux enterrements. Ces enterrements doivent avoir lieu suivant le
désir de la famille du défunt à défaut des dépositaires de ce dernier. Les corps des personnes
décédées dans l’établissement sont accompagnés jusqu’à leur sépulture par un ministre du
culte auquel appartient la personne décédée. Aucune cérémonie relative à l’enterrement n’a
lieu dans l’intérieur de l’établissement. Si une personne appartenant à la religion protestante
demande les secours d’un ministre de cette religion, ou vient à décéder dans la maison, avis
sera donné de suite au pasteur par l’intermédiaire du concierge du temple protestant.
Tout le quinsuel provenant de l’exercice du culte au profit de l’établissement entre dans la
caisse du receveur.
Pendant la guerre 1914-1918, la messe est prononcée à 7 heures du matin et c’est le curé de
Corbeil qui officie, aidé d’autres prêtres de bonne volonté car l’aumônier de l’établissement
est décédé.
En 1918, toute femme qui accouche à l’hôpital doit dire si elle désire que son enfant soit ou
non baptisé à l’hospice.
« Actuellement, le service des cultes est assuré dans les hôpitaux et hospices de façon à ce que
ceux d’entre les malades qui en manifestent le désir, soit à leur entrée, soit au cours de leur
hospitalisation, puissent participer au culte auquel ils appartiennent : les ministres des
différents cultes ont accès des malades en traitement, sur leur demande. Les prières publiques
sont toutefois interdites dans les salles, afin de respecter au maximum les croyances de
chacun »1.
l’hôpital-hospice lieu d’accueil pour les orphelins
C’est en 1875 que pour la première fois, les membres du conseil d’administration émettent
l’idée de construire un orphelinat rattaché à l’hôpital.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.50.
115
Monsieur William GALIGNANI se propose de financer ce bâtiment à la condition que cet
orphelinat comprenne un ouvroir et une école congréganiste de filles, gratuite pour les jeunes
de la ville. A cette époque il n’existe des écoles congréganistes que pour les garçons à côté
des écoles laïques. Il est établi qu’il accueillera 25 garçons et 25 filles, il sera financé par
Monsieur GALIGNANI, par une subvention annuelle de la ville et de l’hôpital-hospice ainsi
que par une autre subvention du bureau de bienfaisance. L’orphelinat entre en fonctionnement
en 1879. Son statut est détaillé dans le compte rendu des délibérations du conseil
d’administration de 1877.(Cf. annexe 4.)
En ce qui concerne son administration, il s’agit d’un établissement public dirigé par des sœurs
et qui comprend : un orphelinat proprement dit, un ouvroir ou atelier d’apprentissage et une
école congréganiste gratuite de filles.
L’ORPHELINAT
Il est créé comme annexe de l’hôpital-hospice de la commune de Corbeil et est administré
par sa commission.
Les dames de la charité de la ville ainsi que les dames de l’ouvroir surveillent cet
établissement.
C’est la commission qui désigne quels seront les médecins de l’hôpital affectés à
l’orphelinat. Ils procèdent à la visite d’entrée des orphelins. L’un d’eux visitera
l’établissement au moins une fois par semaine et consignera son passage dans un registre
ad hoc. Il sera également amené à se rendre à l’orphelinat sur la demande de la sœur
supérieure. En ce qui concerne les enfants malades, ils sont, si leur cas le permet, traités à
l’infirmerie de l’orphelinat sinon ils sont amenés à l’hôpital. Ils seront soignés
gracieusement.
C’est également la commission qui prononce l’admission des enfants.
Documents à fournir pour l’admission des orphelins :
-
extraits d’actes de naissance et de baptême (pour les catholiques seulement)
-
actes de décès de ses pères et mères
-
certificat du médecin de l’hôpital attestant des vaccins de l’enfant, qu’il jouit de
ses facultés intellectuelles, qu’il n’est atteint d’aucune maladie contagieuse ni
d’aucune infirmité le rendant impropre à exercer une activité professionnelle
116
- un engagement souscrit par les parents et protecteurs ou par les communes du
domicile acceptant le paiement de la pension tous les trois mois par avance et le
paiement du trousseau
Les admissions se font dans l’ordre suivant : orphelin de père et de mère, orphelin de mère
puis orphelin de père.
Toutes les pièces fournies pour la demande d’admission sont conservées dans un dossier
portant le numéro donné à l’enfant sur le registre des matricules. Les notes et les
remarques des sœurs y sont également conservées.
Dès qu’une admission a été prononcée et régularisée, l’enfant est inscrit sur un registre
matricule tenu à cet effet par le receveur économe de l’hospice. Ce document contient ses
noms, prénoms, la date et le lieu de sa naissance, les noms de ses parents et leur domicile,
l’indication de son état de santé d’après le certificat du médecin ainsi que la date et le
motif de son admission. Une colonne est également réservée pour indiquer les dates et
motifs de sortie.
Le personnel se compose de quatre sœurs dont une supérieure, un homme et une femme
de service.
L’établissement compte cinquante places sauf extension possible de vingt-cinq pour
chaque sexe. Il reçoit des enfants des deux sexes à partir de l’âge de 6 ans. Les garçons y
resteront jusqu’après leur première communion, c’est à dire jusqu’à 12 ans environ. Les
filles y restent jusqu’à 18 ans. La commission peut, néanmoins, suivant les circonstances,
admettre un enfant avant l’âge de 6 ans ou modifier son âge de sortie.
Pour être admis, les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un des deux.
Ils doivent être nés à Corbeil ou de parents habitant la ville ou l’arrondissement. Si jamais
ils étaient originaires d’une autre ville mais qu’ils soient abandonnés à Corbeil, Soisy ou
Etiolles, la commission aurait alors tout pouvoir d’appréciation. De même, elle peut
admettre des orphelins étrangers dans des cas très exceptionnels si les alliés habitaient
Corbeil.
Les enfants peuvent être renvoyés pour faute grave par la commission. Ils sont remis à
leurs parents ou protecteurs, au besoin ils sont mis à la disposition des autorités. Ceux qui
sont renvoyés ne peuvent être réadmis. L’orphelinat conserve alors la pension versée pour
le trimestre commencé. Par contre il lui est délivré un demi trousseau le jour de sa sortie.
L’admission des enfants pauvres, orphelins ou abandonnés originaires des communes de
Corbeil, Soisy ou Etiolles, est gratuite. Ces admissions sont réglées en fonction des
ressources de l’établissement.
117
Les enfants venant de Soisy ne peuvent être qu’au nombre de trois et ceux d’Etiolles au
nombre de deux. Les autres enfants payent une pension de 240 francs par an, soit 20
francs par mois payable d’avance. Ce tarif peut être modifié en plus ou en moins par la
commission avec l’approbation de l’autorité supérieure.
Le trousseau des enfants pour leur admission est réglé par la commission et quoiqu’il en
soit, à leur sortie l’établissement leur en fournit un. Le trousseau d’entrée sera donné par
la charité publique pour un montant de 50 francs.
Les enfants suivent les exercices religieux de la paroisse.
Les garçons vont à l’école communale des frères de la doctrine chrétienne où ils sont
conduits et ramenés soit par un frère ou par l’homme de service attaché à l’établissement.
A leur sortie, si leur conduite a été satisfaisante, la commission avec le concours de la
société de patronage de l’établissement, s’arrangera pour les placer en apprentissage où ils
pourront être suivis, par des membres de la commission ou par des membres souscripteurs
de la société de patronage.
Les filles reçoivent gratuitement l’instruction primaire à l’intérieur de l’orphelinat par les
soins des sœurs de la maison. Les filles de la ville peuvent également être admises à suivre
gratuitement la classe. A partir de l’âge de douze ans, l’instruction devient accessoire, elle
est limitée à une heure par jour.
En dehors des classes, les sœurs occupent les filles à de petits travaux manuels appropriés
à leur âge.
L’OUVROIR
♦ Les enfants y apprennent à coudre, raccommoder, repasser et blanchir. Les sœurs donnent
également des notions de ménage, de tenue de maison de façon à ce qu’à leur sortie les
filles puissent devenir femmes de chambre ou filles de service.
♦ L’ouvroir pourra se diviser en deux sections suivant l’âge et les aptitudes de chacun des
élèves et selon les exigence et les facilités de service.
♦ Les enfants de la ville pourront être admis à l’ouvroir de 11 à 15 ans. Ils devront payer une
rétribution de trois francs par mois environ.
♦ Les filles de la ville sont admises à venir travailler à l’ouvroir pour y faire un
apprentissage dans les divers travaux qui y sont pratiqués. Elles doivent entrer et sortir aux
heures fixées. Si elles désirent déjeuner ici, elles doivent apporter leur aliments.
118
Il est nécessaire qu’elles respectent le règlement intérieur et la discipline prescrite par la
sœur supérieure.
♦ Les filles de l’orphelinat ne paient plus de rétribution à partir de 11 ans. A cet age leur
travail ou le produit de leur travail est acquis à l’établissement et leur est alors rétribué
selon son importance.
♦ A partir de 15 ans, les orphelines reçoivent un salaire proportionnel à leur travail. Cette
somme est déposée à la caisse d’épargne pour être capitalisée et leur constituer un petit
pécule à leur sortie.
Cette rétribution peut être augmentée du produit des bons points qu’elles ont gagnés jusqu’à
l’âge de 15 ans. Une injonction de la cour des comptes de 1901 va faire que dorénavant 1/3 du
produit du travail des enfants devra être placé à la caisse d’épargne.
♦ La commission et les dames patronnesses de l’ouvroir se chargent, à leur sortie, de leur
trouver une place avantageuse.
♦ En cas de problème après leur sortie, les filles peuvent retrouver un asile temporaire dans
la maison si la commission l’accepte. Elles pourront y travailler jusqu’à l’âge de 18 ans
sans qu’il leur soit demandé aucune rétribution. Si, par hasard, les filles exprimaient le
désir de rester dans la maison après cet âge, c’est la commission qui fixerait les conditions
et les clauses.
♦ Pour le développement de l’ouvroir, des maîtresses salariées peuvent être prises à la
maison pour exécuter des travaux de blanchissage, repassage ou pour confectionner des
objets pour l’extérieur.
Tout ce que nous venons de voir concerne le fonctionnement interne de l’orphelinat et de
l’ouvroir, mais bien entendu tout cela est régi par des règles scrupuleuses que doivent
respecter les enfants.
Profil d’une journée type :
En été
•
Lever à 5h15.
•
A 6h prière.
•
Après la prière, ménage dans la maison en silence pour les enfants désignés. En ce qui
concerne les autres enfants, ils restent à l’ouvroir ou à la classe.
•
A 7h, déjeuner.
119
•
7h15 récréation pour les petites filles tandis que les grandes terminent le ménage.
•
8h rentrée générale et études.
•
A 9h classe.
•
Le travail manuel se fait à 11h.
•
12h dîner et récréation.
•
A 1h30, rentrée à l’ouvroir, travail manuel.
•
Le goûter est à 4h.
•
A 4h30 rentrée et reprise du travail.
•
Le souper est servi à 7h puis récréation.
•
Les enfants font leur prière à 8h puis se couchent.
En hiver
•
Lever à 6h15.
•
Etude avant le déjeuner.
•
12h : déjeuner.
•
Ménage jusqu’à 8h30.
•
Le reste de la journée se déroulera ensuite comme en été.
Pour les filles venant de la ville, leur entrée se fera à 8h en été et à 8h30 en hiver. Elles
prennent leur repas à 12h chez elles ou bien à l’ouvroir, et ce jusqu’à 1h30. Le soir elles
sortent à 7h en été et 5h en hiver.
En ce qui concerne la discipline, les enfants doivent également respecter les règles :
Les heures de lever et de coucher des enfants ainsi que celles des repas et de la classe sont
annoncées par le son de la cloche actionnée par l’une des sœurs de la maison.
La tenue des orphelins est uniforme, elle doit être décente et convenable.
Les cheveux des enfants doivent être coupés tous les mois.
Les enfants doivent garder une attitude respectueuse et recueillie pendant les offices et les
prières.
Ils se tiennent debout et découverts lorsque les personnes de l’œuvre ou les sœurs leur
adressent la parole.
Le silence est imposé au dortoir, au lavabo, à la salle d’étude, au réfectoire et au lieu
d’aisance.
120
Lorsqu’ils se déplacent en commun en dehors de l’établissement, ils doivent marcher avec
calme sans cri ni tumulte et former des rangs en se tenant la main deux par deux.
Pendant les récréations, les jeux dangereux pouvant dégrader les vêtements sont interdits.
Il est défendu de troquer, vendre ou acheter des objets leur appartenant.
Les enfants peuvent recevoir de la visite de leur parents ou de leur protecteur, au parloir,
aux heures de récréations, le dimanche et les jours de fêtes après les offices. Les visites ne
peuvent pas durer plus d’une demi heure.
Les comestibles et objets de toute nature, donnés par les visiteurs, doivent être remis à la
supérieure qui les délivrent en temps voulu.
En cas de non respect de ces règles, la supérieure est amenée à donner des punitions en
fonction de la gravité de la faute commise ; allant de la privation de récréation à la plainte
portée à la commission voire le renvoi de l’orphelinat.
Un maximum trente cinq élèves de l’extérieur peuvent fréquenter l’école.
En 1883, le nombre d’élèves de la ville admis à l’école monte à 50, plus 25 élèves de
l’orphelinat soit 75 en tout. Un an plus tard, ce sont 80 élèves qui se trouvent à l’école et les
sœurs sont au nombre de six. Petit à petit l’orphelinat prend de l’ampleur. En 1886, ce sont
115 élèves qui étudient dans l’établissement.
On a ouvert deux classes maintenant : une de 65 élèves et une de 50. De plus, l’orphelinat
compte 30 filles et 7 garçons orphelins. Ce nombre ne cesse d’augmenter, il y a 38 filles et 13
garçons en 1893. Cette école est dirigée par une sœur directrice.
Une nouvelle école congréganiste est créée, elle est occupée par 140 enfants payant
mensuellement 2 francs.
Les enfants de l’orphelinat se répartissent en : 49 orphelins dont 30 admis gratuitement, 7 qui
paient une partie de la pension et 12 la pension entière. Les trente enfants indigents se
répartissent ainsi :
-
26 originaires de Corbeil
-
2 venant de Soisy sous Etiolles
-
2 venant d’Etiolles
Au fil des années le prix d’admission des enfants va évoluer avec l’inflation. C’est pourquoi
en 1902, le tarif passe à 20 francs par mois, plus le prix du trousseau.
121
Ce prix passera à 420 francs par an soit 35 francs par mois en 1905. A cette époque l’effectif
de l’orphelinat est de 7 garçons et de 36 filles.
L’école de frères, située au sein de l’orphelinat a été remplacée par une école libre depuis que
cette dernière a fermé. Ce sont les garçons qui vont y étudier au lieu d’aller à l’école
communale comme le souhaitait Monsieur GALIGNANI.
Depuis sa création l’orphelinat subsiste grâce à :
♦ La subvention de l’hôpital hospice qui est de 1500 francs par an
♦ La subvention du bureau de bienfaisance de 1000 francs par an
♦ La subvention de la ville de Corbeil de 1500 francs
Mais l’orphelinat, malgré cela, perd de l’argent depuis de nombreuses années. L’hôpital ne
peut pas continuer à éponger ses dettes car sa situation financière (comme nous l’avons vu
dans les chapitres précédents) n’est pas des plus florissantes. En 1927, les sœurs de Saint
Vincent de Paul se proposent de gérer seules l’orphelinat afin de décharger l’hôpital. Le bail
est signé avec les sœurs en 1932.
Peu à peu l’orphelinat va être remplacé par la maison de retraite GALIGNANI. Ce sera chose
faite vers 1954.
l’hôpital et les militaires
Pendant la guerre de 1814, l’établissement devient un véritable hôpital militaire. Il est chargé
d’accueillir les blessés d’armes ainsi que les malades des troupes alliées.
Le règlement intérieur de 1820 nous dit dans son article 13 que les militaires, gens de mer et
autres personnes de passage auront le droit à des soins momentanés. Pour cela, ils seront reçus
suivant les arrêtés du gouvernement et conformément aux lois.
En fait, moins l’hôpital recevra de patients militaires et mieux ce sera car il engage une
dépense importante qui n’est souvent pas remboursée.
122
Vingt ans plus tard, l’accueil des patients militaires est encore évitée au maximum. Le
règlement intérieur précise bien que les malades militaires ne seront pas admis à l’hôpital sauf
exception et notamment si le ministère de l’Intérieur le demande.
Pendant la guerre de 1870, des allemands sont également soignés à l’hôpital. Une plainte est
déposée par le ministère de la guerre en 1872, car certains militaires en traitement dans les
hospices civils sont gardés après leur guérison pour y travailler.
En 1880, il sera enfin établi une véritable réglementation sur l’admission des patients
militaires. Cette convention est signée par le gouvernement militaire de Paris et le conseil
d’administration de l’hospice de Corbeil, elle concerne le traitement des patients militaires
ainsi que le paiement des journées d’hospitalisation.
L’hospice s’engage à recevoir les militaires malades de passage ou évacués ainsi que les
autres catégories de malades déterminées par le règlement sur le service de santé des
armées, quelque soit la nature de leur maladie.
Toutefois cette obligation est limitée aux ressources de l’établissement.
Ces malades seront traités du mieux qu’il est possible afin que la qualité de leurs soins se
rapprochent de celle des soins des hospices des villes de garnison.
Ils seront soignés par des médecins civils de l’hôpital-hospice. Les malades militaires
seront soignés avec le même matériel que les patients civils.
Le changement du linge de corps et de la literie se fera chaque fois que la nécessité s’en
fera sentir.
Les militaires sont soumis au règlement intérieur, à la surveillance et aux contrôles
pratiqués dans les services des hôpitaux militaires.
L’hospice s’engage à fournir les appareils prothétiques ordinaires qui pourront être
achetés dans la localité. Ils lui seront remboursés au prix indiqué sur la facture. Ils ne
seront délivrés au patient qu’après avoir accompli toutes les formalités concernant ce
sujet.
L’administration de la guerre fournira à la commission tous les registres et imprimés
nécessaires pour l’établissement des comptes.
Les dépenses de reliures régulièrement autorisées par le contrôle local seront remboursées
à l’hospice au titre de dépenses diverses.
123
Les paiements auront lieu par trimestre, au moyen de mandats délivrés par l’intendance
militaire dans les conditions réglementaires, au nom du receveur de l’hospice.
En ce qui concerne les tarifs des journées d’hospitalisation, elles varient en fonction du grade
du patient :
-
Soldats et caporaux : 1 franc 50
-
Sous-officiers : 2 francs
-
Officiers : 3 francs
-
Officiers supérieurs : 5 francs
Il sera payé une somme de 75 centimes pour les sous-officiers et les soldats sortant
exceptionnellement de l’hospice après avoir reçu le repas du matin.
Les frais de sépulture seront également intégralement remboursés par le ministère de la
guerre. Là aussi leur tarif varie en fonction du grade du militaire :
-
Soldats et caporaux : 22 francs
-
Sous officiers : 44,40 francs dont deux francs pour une croix
-
Officiers : 58 francs dont 4 francs pour une croix
-
Officiers supérieurs : 111,50 francs
Voici comment se répartit cette dépense :
TABLEAU 5
Tarif du remboursement des frais de sépultures en francs
Catégorie
Service
suaire
cercueil
fosse
Transport
Croix
cimetière
tombale
total
décédée
religieux
soldats
gratuit
2
9
3
6
Caporaux
16,90
3
9
3
10,50
5
47,50
28,50
3
9
3
10,50
15
69
officiers
57
4
30
3
13,50
30
137,50
Officiers
102
5
50
3
15
30
205
20
6è classe
Sousofficiers
supérieurs
124
Les patients civils vont avoir vent de ce traité signé avec les militaires et en 1900 le prix de
journée des civils devra être aligné sur celui pratiqué pour les militaires.
Pendant la guerre 1914-1918, le prix de journée des hospitalisations des militaires augmente.
Il passe à 3 francs pour les soldats, caporaux et sous-officiers, à 4 francs pour les officiers et à
5 francs pour les officiers supérieurs. De plus, l’établissement fait payer le prix des douches 5
centimes par homme et il ne lui sera pas fourni de linge. Le comité américain fait don à
l’hôpital de linge et d’objets de pansements.
Le nombre de soldats soignés dans l’établissement n’est pas très important, par contre on
compte de nombreux réfugiés étrangers, notamment belges. Sur 150 personnes hospitalisées
en 1916, le nombre de militaires et de mobilisés était de 20 environ.
Toujours en 1916, une circulaire demande au président de la commission de bien vouloir
mettre de côté tout ce qui pourrait contenir du coton afin d’alimenter le service des poudres.
En 1921, le prix de la journée d’hospitalisation pour les militaires est de 6,50 francs pour les
caporaux et les soldats, de 6,70 francs pour les sous-officiers et de 10,90 francs pour les
officiers de sous grades.
Pendant la guerre de 1939-1945, un pavillon des tuberculeux est affecté aux malades
militaires mais ils sont traités par le chirurgien de l’établissement car ils ne sont pas assez
nombreux pour faire venir un médecin militaire, d’après le service de santé des armées. En
effet, cette salle ne contient que 50 lits. En 1940, l’établissement demande à monsieur le
Préfet l’évacuation du nouveau pavillon des tuberculeux actuellement occupé par des troupes
allemandes. Cette demande est justifiée par le fait que le déficit de l’hôpital s’agrandit. En
effet, les modalités d’emprunt ont débutées suite à la construction de ce nouveau bâtiment
mais les allemands ne payent pas de prix de journée c’est donc un manque à gagner pour
l’établissement. Un an plus tard, ce bâtiment est enfin évacué. Les prisonniers allemands qui
sont traités pour des soins chirurgicaux sont placés dans une salle spécialement aménagée au
rez-de-chaussée du bâtiment des vieillards, par mesure de sécurité. Une affiche est collée sur
les planches qui recouvrent leur fenêtres à mi-hauteur, où est inscrit : « par respect pour les
morts de Buchenwald et d’Oradour-sur-Glane et des victimes des assassins nazis, il est
formellement interdit de parler aux prisonniers et de donner quoique se soit aux prisonniers
allemands qui sont traités conformément à la convention de Genève ».
125
En 1949, le prix de journée pour les militaires est toujours modéré. Pour les caporaux et les
soldats, une journée d’hospitalisation en médecine revient à 552 francs et en chirurgie à 608
francs. Pour les sous-officiers, la journée en médecine est de 607 francs et en chirurgie de 657
francs. En ce qui concerne les officiers subalternes, en médecine ils payent 865 francs et en
chirurgie 936 francs et enfin pour les officiers supérieurs, la journée en médecine est au prix
de 899 francs et dans le service de chirurgie de 975 francs. Ces mêmes tarifs sont appliqués
aux membres de leur famille non assurés sociaux.
C) de l’hôpital hospice à l’hôpital moderne
Au début du vingtième siècle, l’hôpital hospice GALIGNANI, va peu à peu amorcer sa
mutation vers l’hôpital moderne. Il va commencer par améliorer les conditions d’accueil des
patients et ensuite grâce aux différentes lois qui vont être établies par le gouvernement le
« malade objet de droit va devenir sujet de droit ».
Les conditions d’admissions des patients s’améliorent donc doucement et c’est ainsi qu’en
1931 est mis à la disposition des malades et des visiteurs un cahier de réclamations, et ce,
dans chaque service. De plus, en 1933, les heures de visites aux malades sont élargies.
Dorénavant, leurs familles peuvent venir les voir de 13 heures à 14 heures tous les jours, sauf
le dimanche, de 13 heures à 15 heures. A partir de 1935, ce sera de 12h30 à 13h30 et les jeudi,
dimanche et jours de fêtes de 12h30 à 15 heures.
En 1938, des mesures sont prises en vue d’une défense passive de l’hôpital car la situation
diplomatique devient de plus en plus critique. Tout d’abord, aménagement des caves en vue
de la protection contre les bombes explosives ainsi que des greniers avec constitution d’un
stock de sable pour la défense contre l’incendie. Des précautions sont prises par le service de
la pharmacie, contre les gaz toxiques, conformément aux instructions de la circulaire
préfectorale. L’établissement procède à l’achat de pioches et de pelles pour creuser des
tranchées, des abris à l’extérieur et pour dégager les issues des caves.
126
Une salle d’opération de secours est organisée dans la salle des plâtres. En effet, celle-ci est
muni de volets opaques qui la rende invisible de l’extérieur.
Des mesures particulières concernant le statut de l’hôpital sont prises par la commission
supérieure départementale des hôpitaux en 1939 :
•
Le classement des hôpitaux
•
La réorganisation des circonscriptions hospitalières
•
Le statut du personnel médical avec de nouvelles conditions d’admission des malades
payants
L’hôpital décide de fixer à 15% le montant du prélèvement au bénéfice de l’établissement sur
les honoraires médicaux et chirurgicaux. Celui-ci sera payés par tous les malades, assurés
sociaux ou non assurés, en sus du prix de journée.
La loi du 29 juillet 1939 institue un nouveau régime de prime à la naissance pour tous les
travailleurs ainsi que des allocations familiales. Ces établissements doivent être
obligatoirement affiliés au fond national de compensation. Le fond est destiné à répartir entre
les collectivités les charges résultant des primes à la naissance et des allocations familiales
qu’elles sont tenues de verser à leur personnel.
Ce n’est qu’à partir de 1950 que les visites des patients sont autorisées deux fois par jour, de
13 heures à 15 heures et de 18 heures à 20 heures. Les heures des repas, elles aussi évoluent.
Les repas sont à 7 heures pour le petit déjeuner, 11 heures pour le déjeuner et 5 heures du soir
pour le dîner, ceci pour les adultes. La seule chose qui change pour les enfants, c’est le petit
déjeuner qui est à 7h30. En ce qui concerne les heures de lever et de coucher, il existe
également une règle :
♦ 7 heures pour le lever et coucher à l’entrée de la nuit, pour les valides
♦ 7 heures en hiver et 6 heures en été pour le lever des vieillards et incurables avec un
coucher à 8 heures du soir
♦ pour les enfants, lever à 7 heures en été et 8 heures en hiver et coucher à 8 heures en été et
7 heures en hiver
Au cours de ces années, les malades psychiatriques sont placés dans des structures
spécialisées en dehors de l’hôpital. « Le nombre de malades mentaux a augmenté dans des
127
proportions considérables et les doctrines médicales ont évolué : on s’efforce de créer des
hôpitaux psychiatriques complets et ouverts, en supprimant dans l’architecture tout esprit
carcéral »1.
« Une circulaire du 5 décembre 1958 sur l’humanisation des hôpitaux insiste sur 5 points :
1. les visites
2. la présence d’un membre de la famille auprès des hospitalisés
3. les effets personnels du malade
4. les horaires de lever et de coucher ainsi que des repas
5. l’accueil des malades et des visiteurs »2
Mais ces règles ne sont appliquées que par une minorité d’établissements.
En 1970, les horaires du lever et du coucher des patients sont abolis. Le déjeuner est
désormais servi à 12h30 et le dîner à 19 heures.
Le 5 juin 1961, l’hopital hospice Galignani est classé dans la catégorie des Centres
Hospitaliers dits de « 2ème catégorie-1er groupe » et prend le nom de Centre Hospitalier de
Corbeil-Essonnes.
Il va connaître une mutation rapide et profonde de son organisation, de son activité et de ses
effectifs au cours des 20 années qui suivent.
Cette période est marquée par :
•
Le développement de l’exercice médical à plein temps, qui ira s’accélérant pendant la
décennie de 1970.
•
L’ouverture de nouvelles activités et spécialités médicales : SMUR, réanimation, chirurgie
spécialisée, techniques d’imagerie, cardiologie, endocrinologie, neurologie, gastroentérologie, rhumatologie, dermatologie, soins intensifs cardiologiques.
•
Le fonctionnement médical 24 heures sur 24, autorisant une prise en charge efficace de la
plupart des situations d’urgence.
1
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.65.
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p. 94.
128
•
Le développement de l’activité de consultations externes.
•
Le développement de la psychiatrie de secteur, dans des structures extra-hospitalières.
A la fin des années 1970, le centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes a une organisation et un
potentiel d’hôpital moderne, dans des locaux de 120 ans arrivés à l’extrême limite de leur
potentiel, éparpillés dans trois pavillons principaux (médecine et spécialités, chirurgie,
pneumologie) et des bâtiments pré-fabriqués (cardiologie, neurologie, pédiatrie).
Les conditions d’admission des malades évoluent de plus en plus. Comme la charte de 1958
n’est pas suivi, « en 1974, est publiée une charte du malade hospitalisé, qui doit être remise
aux malades lors de leur admission en même temps qu’un livret d’accueil : cette charte
constitue une déclaration solennelle des droits du malade et notamment de son droit absolu au
respect de sa dignité et de sa personnalité »1.
Voici les principales idées du décret du 14 janvier 1974 qui établi les droits inaliénables du
patient :
1. la liberté de pensée
2. le droit d’aller et venir qui peut cependant être limité pour des raisons médicales
3. le droit à l’intimité
4. le droit à l’anonymat
5. le droit à la réclamation
A partir de la deuxième moitié du XXè siècle, l’hôpital français devient un hôpital bloc, une
usine à soins. Il comprend uniquement des chambres à deux lits ou individuelles. Les
chambres de plus de deux lits sont très rares, elles se trouvent, pour la plupart, dans les
services de réanimation qui nécessitent une surveillance étroite. La part réservée à
l’hospitalisation n’est plus que de 50%, le reste de la surface est destiné au plateau technique.
Alors que l’hôtellerie occupait 80% au début du siècle, de nos jours elle n’en occupe que la
moitié.
Au fil des années, les services spécialisés augmentent aux dépens des lits de vieillards non
malades.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.75.
129
Inauguré en septembre 1985, « Gilles de Corbeil » est un hôpital dérivé du modèle
« Fontenoy » en vogue dans les années 70, construit sur un terrain à grand dégagement et
bénéficiant d’un point de vue en surplomb sur une boucle de la Seine.
D’une surface de 36 000 mètres carrés de planchers, il adopte la forme générale d’une croix et
se développe sur huit niveaux, dont deux sont pour partie en sous-sol, du fait de la déclivité
du terrain. L’hospitalisation est concentrée sur les quatre niveaux supérieurs.
Chaque niveau comporte quatre ailes, chacune étant orientée vers un des quatre points
cardinaux et organisée autour d’un patio intérieur. Chaque aile correspond à une capacité de
trente lits, disposés dans des chambres de un ou deux lits, toutes équipées de sanitaires avec
douche, certaines d’entre elles permettant de passer d’une configuration à l’autre, grâce à des
cloisons coulissantes.
Le couloir de desserte des chambres donne également sur le patio, ce qui le rend très
lumineux, au prix d’une augmentation des déplacements du personnel. Les décorations
intérieures sont conçues avec des touches de couleurs vives sur fond blanc.
La partie centrale est occupée par le bloc des ascenseurs et l’orientation dans le bâtiment est
facile. Le plateau technique est regroupé pour l’essentiel au premier sous-sol, ou l’on
rencontre successivement le SAMU, les urgences avec un secteur de déchocage, la
radiothérapie, l’imagerie diagnostique et interventionnelle, le bloc opératoire et le service de
réanimation polyvalente. Cette concentration facilite grandement l’accueil des urgences en
général et surtout l’exploration et la prise en charge multidisciplinaire des détresses vitales
d’origine médicale ou traumatique.
Les consultations externes sont regroupées au rez-de-chaussée, à proximité du hall d’accueil
général. Trois exceptions, pour les consultations d’obstétrique, de biologie et de radiologie,
qui bénéficient toutes d’un circuit d’accès réservé, par l’extérieur du bâtiment. Il en est de
même pour les patients pris en charge par le service de radiothérapie.
130
L’organisation en services de spécialités a été conservée, mais l’architecture ne constitue pas
un obstacle au fonctionnement collégial et multidisciplinaire, les déplacements entre les
différentes unités étant très faciles.
Au total, ce bâtiment offre une grande efficacité et un réel confort d’utilisation, qui se sont
traduits par un succès immédiat et confirmé. De nouvelles disciplines et de nouvelles
pratiques se développent rapidement : diabétologie, hématologie, hôpital de jour,
hospitalisation de semaine, coronarographie interventionnelle.
Au chapitre des défauts, on peut citer la quasi-impossibilité de procéder à une extension des
surfaces du bâtiment et des embouteillages chroniques, du fait d’un plan de circulation des
véhicules de visiteurs mal conçu et d’une insuffisance en places de parking pour l’affluence.
En 1995, « une circulaire précise les droits des malades et exige qu’ils soient affichés et
remis en mains propres à chaque patient lors de son entrée dans l’hôpital. Cette charte est
résumée ainsi :
1. Le service public hospitalier est accessible à tous et en particulier aux personnes les plus
démunies Il est adapté aux personnes handicapées.
2. Les établissements de santé garantissent la qualité des traitements des soins et de l’accueil.
Ils sont attentifs au soulagement de la douleur.
3. L’information donnée au patient doit être accessible et loyale. Le patient participe aux
choix thérapeutiques qui le concernent.
4. Un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient.
5. Un consentement spécifique est prévu, notamment pour les patients participant à une
recherche biomédicale, pour le don et l’utilisation des éléments et produits du corps
humain, et pour les actes de dépistage.
6. Le patient hospitalisé peut, à tout moment, quitter l’établissement, sauf exceptions prévues
par la loi, après avoir été informé des risques qu’il encourt.
7. La personne hospitalisée est traitée avec égards. Ses croyances sont respectées. Son
intimité doit être préservée ainsi que sa tranquillité.
8. Le respect de la vie privée est garanti à tout patient hospitalisé ainsi que la confidentialité
des informations personnelles, médicales et sociales qui le concerne.
9. Le patient à accès aux informations contenues dans son dossier, notamment d’ordre
médical, par l’intermédiaire d’un praticien qu’il choisit librement.
131
10. Le patient hospitalisé exprime ses observations sur les soins et l’accueil, et dispose du
droit de demander réparation des préjudices qu’il estimerait avoir subis »1.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : la mutation de l’hôpital, op. cit. p.95.
132
7) LA GESTION DE L’ETABLISSEMENT AU FIL DES ANNEES
A) La Commission Administrative
« Un régime uniforme pour tous les hôpitaux est institué par la loi du 16 vendémiaire an V (7
octobre 1796) : les administrations municipales ont désormais la surveillance immédiate de
tous les établissements hospitaliers situés dans le ressort administratif. Pour exercer
effectivement leurs pouvoirs, les municipalités désigneront une commission composée de cinq
citoyens du canton »1.
En 1823, la commission administrative se compose donc de cinq membres. Deux de ces
membres, sont chargés de l’admission des malades et de la surveillance intérieure, un
troisième se charge de la surveillance du mobilier et des autres biens de l’hospice, ainsi que de
leur entretien. Le quatrième membre, appelée ordonnateur s’occupe de l’examen général de la
comptabilité et de l’exécution des budgets de chaque année et la cinquième, est chargé de
l’approbation des mémoires produits par les fournisseurs, de la vérification des comptes
généraux et particuliers ainsi que de la surveillance des paiements et du secrétaire.
Monsieur le Maire préside la commission qui se réunit chaque premier lundi du mois. « Il
paraît juste de reconnaître comme membres nés de l’administration des hospices, les maires
des lieux où ils sont situés ; ils doivent en avoir la présidence et en cas de partage, leur voix
doit être prépondérante »2. Les sous-préfets et le préfet jouent également un rôle important
dans l’administration hospitalière. «Tous les plus grands actes de la gestion hospitalière
(aliénation, réquisitions, baux à long terme, grosses réparations ou constructions nouvelles)
doivent avoir l’accord du pouvoir central »3. La commission a pour rôle également de
désigner son secrétaire aux premières séances de janvier et de juillet.
Lors de ces réunions, elle s’occupe de la police intérieure de l’hôpital, de l’entretien des
bâtiments et du mobilier, des feuilles de mouvement qui lui sont présentées par les sœurs
hospitalières et enfin de tous les projets relatifs à l’administration.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.38.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 45.
3
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.46.
2
133
Lors des premières séances de janvier, d’avril, juillet et octobre de chaque année, elle examine
le compte du receveur, l’arrête définitivement avec le conseil de Charité et dresse le budget
qui doit être présenté au conseil Municipal. Elle présente également le rapport moral de
l’établissement.
La commission fournit donc tous les registres nécessaires à la sœur Supérieure et au receveur
pour bien tenir leur comptes. Toutes les délibérations sont consignées par le secrétaire sur un
registre spécifique, conservé aux archives après avoir été signé par tous les administrateurs.
L’administrateur chargé de la surveillance des bâtiments doit les visiter régulièrement et
établir un rapport sur leur état destiné à la commission. Celle-ci prend alors les mesures
nécessaires à leur entretien et vote chaque année le budget correspondant au montant des
travaux. La commission dresse également l’inventaire des effets mobiliers appartenant à
l’établissement et vote le remplacement des matériels défectueux L’administrateur doit
également s’occuper de l’entretien des extérieurs et notamment veiller à ce que les arbres
soient bien coupés près de la salle Saint-Vincent, de façon à ce que les malades aient
suffisamment d’ombre et qu’ils aient une « promenade saine ».
Enfin, la commission veille au bon respect du règlement intérieur, sous la surveillance de
Monsieur le Maire et celle de Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement.
En 1840, les attributions des membres de la commission n’ont guère évolué. A tour de rôle,
un membre de la commission est chargé, pendant un mois, de surveiller quotidiennement les
parties du service intérieur. Il pourvoit aux imprévus et en rend compte à la commission dans
sa première réunion . Si l’administrateur de service reconnaît qu’il y a abus dans le retard de
sortie d’un patient, il pourra en référer à la commission, même si le médecin n’a pas délivré le
bon de sortie.
La commission fait tenir par ses employés un registre de ses délibérations, un registre copié
de lettres, sommaire des propriétés et des rentes appartenant à l’hôpital, un registre matricule
de la population constatant jour par jour les entrées et les sorties, un registre destiné à
constater les dépôts et les rentrées des effets mobiliers. Ces différents livres sont cotés et
paraphés par le vice-président de la commission administrative.
La commission administrative a sous ses ordres les employés et agents de service qui
travaillent dans l’établissement.
Elle peut, si l’usage s’en avère nécessaire, faire appel à des individus salariés de façon
exceptionnelle.
134
« La loi de 1879 porte le nombre de membres de la commission administrative à sept :
♦ le Maire président
♦ deux conseillers municipaux élus par le conseil municipal
♦ quatre autres membres nommés par le Préfet »1
Le règlement intérieur change peu au fil des années mais devient plus précis. Le rapport du
conseil d’administration de 1890, nous livre le nouveau règlement. Quelques modifications
concernant l’administration sont à noter. Dorénavant la commission se réunit à 9h30 du matin
dans l’établissement confié à ses soins.
D’après l’article 5 de ce règlement :
La commission administrative a sous ses ordres les employés et agents de service dont la
nomenclature suit :
Un secrétaire
Un receveur réunissant les fonctions d’économe
Un médecin chef exerçant la chirurgie (résidant à Corbeil)
Un médecin adjoint exerçant la chirurgie (résidant à Corbeil)
Une sage femme
Des sœurs hospitalières de la congrégation de Saint Vincent de Paul actuellement au
nombre de onze, dont une a le titre de supérieure et en remplit les fonctions
Un aumônier
Des infirmiers actuellement au nombre de deux
Des femmes de services actuellement au nombre de six
Article 8 : La commission à chaque fois qu’elle le juge nécessaire, peut vérifier les écritures
en la caisse du receveur.
Article 9 : Le secrétaire est nommé par la commission administrative. Il est attaché aux
travaux de la commission, il prépare la correspondance, tient le registre des délibérations et
tous les autres registres du service administratif. Il dresse les états mensuels et trimestriels, il
prépare l’expédition des ordonnances de dépenses.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.38.
135
Article 10 : Le receveur est nommé par le Préfet, l’économe est nommé par la commission
administrative, les fonctions de receveur et d’économe peuvent être cumulées. Ce cumul
existe de fait depuis longtemps dans l’établissement pour l’application de la circulaire de
Monsieur le Ministre Secrétaire d’Etat de l’Intérieur du 20 septembre 1836.
Article 11 : Le receveur économe assiste à toutes les séances sans prendre part aux votes. Il
tient pour la gestion des deux comptabilités en deniers et en matières les livres, enregistre les
registres prescris par les instructions.
A travers les extraits des règlements intérieurs successifs, nous constatons que
l’administration a les pleins pouvoirs au sein de l’établissement. C’est elle qui autorise toute
entrée ou sortie d’un malade, décide de l’obtention de tel ou tel matériel, recrute et dirige tous
les employés. Même le personnel médical est entièrement sous son autorité. Rien n’est fait
dans l’hôpital sans son approbation, tant au niveau du personnel que du matériel.
En 1917, les services de l’établissement sont divisés en cinq parties, dont chacune est
surveillée par un membre de la commission administrative en vue d’affiner les contrôles et de
clarifier la répartition des compétences :
1. Première partie : potagers, jardins, vergers, terres de cultures et cours.
2. Deuxième partie : chauffage, éclairage, eau, gaz, bain et lessive.
3. Troisième partie : travaux et réparations d’entretien aux bâtiments et clôtures.
4. Quatrième partie : nourriture, approvisionnement, basse-cour, et communs.
5. Cinquième partie : mobilier, lingerie, salle d’opération, pharmacie et service intérieur.
A partir de 1929, on voit apparaître deux délégués du Conseil Municipal dans les fonctions
d’administrateurs de l’hôpital. L’organisation hospitalière se voit également modifiée.
Et en 1930, un directeur est nommé par le Préfet car l’établissement s’est beaucoup agrandit.
Ce sera lui désormais qui dirigera la commission administrative.
En 1932, la commission décide avec les autres hôpitaux du département de créer une union
hospitalière de Seine et Oise. Cette union regroupe les commissions administratives de tous
les hôpitaux du département et semble nécessaire car :
Le rôle social des hôpitaux est de plus en plus important
136
Les questions administratives sont de plus en plus nombreuses et complexes et exigent un
examen des plus attentifs
Il y a utilité de créer un organe de liaison pour resserrer les liens existant entre les
différents centres hospitaliers afin de rechercher en commun les moyens de défendre leurs
intérêts et d’étendre l’action de l’assistance hospitalière
A partir de 1938, la commission applique de nouvelles règles qui sont dues au transport de
l’administration au niveau départemental :
Le directeur est proposé par la commission administrative à l’agrément du préfet
Les médecins, chirurgiens, et spécialistes sont également proposé par la commission mais
leur candidature doit être ratifiée par le Préfet
Le choix des internes est fait par une commission présidée par le Préfet
Le personnel est nommé par la commission administrative, leur effectif et leur répartition
est fixé par un règlement extérieur délibéré sous 2 mois par la commission et approuvé par
le Préfet
Aucune dépense extraordinaire ne sera engagée sans qu’elle soit autorisée par le Préfet
Petit à petit, l’installation des directeurs (dans les établissements de soins), « dont les
pouvoirs vont se substituer à ceux du président de la commission administrative, va transférer
la direction des hôpitaux et hospices des communes à l’état »1. Ses pouvoirs vont se renforcer
au fur et à mesure des années pour finalement effacer totalement ceux du Maire président. Au
final, en 1970, le maire président est dépossédé de son rôle de représentant légal de
l’établissement.
En 1939, la commission admet un membre du personnel médical au sein du conseil
d’administration, l’heure des réunions est fixée à 15h30.
A partir du vote de la loi du 21 décembre 1941 sur les hôpitaux, la commission administrative
sera composée de :
1 directeur nommé par le Préfet
2 membres, présentés sur une liste par le Conseil Municipal et qui seront définitivement
choisis par le préfet
1 médecin désigné par le conseil départemental de l’ordre
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.41.
137
1 représentant des caisses d’assurance sociale désigné par le président du conseil
d’administration de l’union régionale des caisses
2 autres membres choisis par le Préfet et proposés par la commission
Les membres de la commission administrative sont nommés pour trois ans au lieu de quatre
jusqu’à présent, mais ils peuvent être renommés à la fin de leur « mandat »
La loi prévoit un directeur dans tous les établissements comportant plus de 200 lits, il est
nommé par le préfet après concours. Il est chargé des décisions de la commission
administrative et assure la direction des services. De plus il nomme le personnel administratif,
hospitalier et secondaire à l’exclusion du receveur. Quant aux membres du personnel médical,
ils sont tous nommés par le préfet sur proposition du directeur régional de la santé et choisis
sur une liste d’aptitude à la suite d’un concours sur titres ou sur épreuves.
En 1943, il est créé une commission chargée d’examiner toutes les questions d’entretien,
d’hygiène et de salubrité que soulève le fonctionnement des services hospitaliers et de
proposer éventuellement l’exécution de travaux indispensables. Cette commission est
instaurée sur proposition du corps médical.
L’heure des réunions de la commission passent de 15h30 à 10 heures du matin puis, elle
devient mensuelle à 20 heures en 1945.
La commission médicale consultative émet ses premiers vœux :
1. Création d’un service d’ORL car :
les patients de cette spécialité sont éparpillés dans les services de chirurgie déjà
surchargés
ils ont besoins d’une surveillance particulière et d’une personne qualifiée
il existe un service d’ORL dans tous les hôpitaux de quelque importance
la technique est différente en chirurgie générale et en spécialité
il est impossible de surcharger le pavillon opératoire
2. Organisation d’un bloc opératoire isolé pour l’ORL, l’ophtalmologie et la stomatologie
qui comprendrait : une salle d’examen, une salle d’intervention et une salle pour les
malades.
3. Création d’un service de contagieux. Il était déjà prévu dans le pavillon « le Chalet » et
temporairement occupé par les rapatriés et les prisonniers allemands
4. Organisation du personnel par la commission administrative mais en tenant compte des
avis des chefs de service et du personnel infirmier
138
5. La commission consultative désirerait également donner son avis sur les notes de services,
les certificats des internes et des infirmières
6. La nomination urgente d’une surveillante générale pour les services de chirurgie afin de
faciliter l’organisation du travail et de coordonner les différentes équipes
7. Faire appliquer le coefficient des malades de première catégorie soit k=40
« Depuis le XIXè siècle, il est apparu nécessaire d’adjoindre à la commission administrative
des médecins et, depuis 1945, des délégués de la sécurité sociale qui participe de plus en plus
au financement des hôpitaux.(…) Les lois de 1970 et de 1991 ont modifié la dénomination et
la composition de la commission administrative : elle s’appelle désormais conseil
d’administration et, si nous en croyons le décret 92-371 du 1er avril 1992, ce conseil a été
sensiblement élargi. (…) Le nombre des membres est porté de 16 à 23 dans les centres
hospitaliers non centres hospitalo-universitaires, de 25 à 32 dans les centres hospitaliers
universitaires, de 9 à 19 membres dans les hôpitaux locaux.(…) On notera l’arrivée de deux
nouveaux membres de droit dans ces conseils : le vice-président de la commission médicale
d’établissement et un représentant de la commission du service des soins infirmiers. Le
président du conseil d’administration est le Maire dans les établissements communaux, le
président du conseil général dans les établissements départementaux »1.
B) Le budget
En 1814 il existe peu d’établissements de soins dans l’arrondissement. Les communes
limitrophes qui font hospitaliser leurs malades à Corbeil sont redevables de 400 francs par an
comme rente foncière et paient 1,50 francs par jour et par malade admis à l’hôpital.
Un an plus tard apparaît la fondation de lit, c’est à dire la réservation d’un lit à l’hôpital au
bénéfice de malades indigents par versement d’une rente à l’état.
Cette fondation est contractée pour une durée de soixante ans et si la personne indigente
décède, on cherche un administré de la même commune pour la remplacer.
Les revenus de l’établissement, en 1817, se répartissent comme suit :
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.77.
139
1 franc pour chaque jour de séjour
2 francs pour une sépulture
30 centimes par jour pour les hospices des villes où les denrées de première nécessité sont
au plus haut prix
40 centimes accordés à l’hospice pour le souper des détenus et 70 centimes pour la
journée de chaque malade prisonnier
la dépense des journées des militaires est en totalité à la charge de la masse de tous les
hospices et donc une source de dépenses
L’hôpital fournit les draps à la gendarmerie et à la maison d’arrêt.
Les conditions de paiement et les règles de tenue des registres de comptabilité sont regroupées
dans un extrait des délibérations des membres du conseil d’administration de 1819 :
Art 1 : La supérieure continuera de recevoir les recettes de journées des malades civils
tous les mois auprès du trésorier après avoir été ordonnancées. Toute autre recette sera
faite par le trésorier directement.
Art 2 : La supérieure sera chargée de ne payer que les menus de comestibles. Elle sera
donc remboursée tous les mois après avoir été ordonnancée.
Art 3 : Elle configurera les recettes et dépenses sur le registre à ce destiné.
Art 4 : A l’égard des dépenses de pain, vin, viande et fournitures de l’épicier ; elles seront
acquittées directement par le trésorier.
Art 5 : Quant aux dépenses relatives au traitement des médecins, pharmaciens,
chirurgiens, gages des employés et servants ; elles seront acquittées de même par le
trésorier après avoir été ordonnancées et après l’observation des formalités exigées par la
loi.
Art 6 : L’ordonnateur aura soin de chaque ordonnance qu’il délivrera.
Cette année, c’est Monsieur PETIT qui est nommé trésorier, charge pour laquelle il reçoit un
traitement de 400 francs.
Avec la construction des douches et des bain , une autre source de revenus apparaît :
Douches :
2,50fr ¼ d’heure à ½ heure
Bain de vapeur :
2,50fr
Bains médicamenteux :
1,50fr
140
Fond de bain :
1,25fr
Peignoir :
1,20fr
Serviette :
1,10fr
Comme l’établissement se doit de recevoir les patients des communes limitrophes, il doit
s’assurer de leur solvabilité afin de garantir ses. Ainsi, en 1827, de nouvelles règles
apparaissent, propres à assurer le règlement des frais aux établissements. A compter de cette
date, aucun malade autre que ceux qui ont le droit d’être admis gratuitement, ne sera reçu sous
quelque prétexte que ce soit, s’il n’a pas préalablement versé à l’administrateur un mois
d’avance, à raison de 1,25 francs par jour. S’il ne peut s’acquitter de cette somme, il devra
présenter une obligation de payer, souscrite en sa faveur, par un propriétaire solvable de
l’arrondissement. L’administrateur devra en faire mention sur le billet d’admission. En cas de
sortie ou de décès avant la fin du premier mois, il sera acquis à l’établissement le prix de huit
jours, même si le malade y a séjourné moins de temps. Au-delà des huit jours, on retiendra la
somme calculée au prorata de la durée exacte du séjour, l’excédent étant rendu au sortant ou à
ses héritiers, si la demande en est faite dans les six mois suivant la sortie ou le décès. Ce délai
expiré, les excédents reviendront irrévocablement à l’hospice.
En 1830, les détenus aliénés sont traités à l’hospice moyennant un prix de journée de 1,25
francs, payé sur les fonds du département. Ce prix de séjour comprend les bains ou douches
pris par les patients aliénés détenus. Les établissements fourniront les aliments et les
médicaments prescrits par le médecin.
Au fur et à mesure des années, les patients militaires deviennent plus nombreux dans les
finances de l’établissement. L’hospice a reçu en 1834, mille vingt huit militaires malades. En
1835, le ministère de la guerre demande que les militaires soient placés dans une salle séparée
des fiévreux et des autres malades.
Pour accéder à cette demande, le conseil d’administration réclame une allocation de 4 000
francs au ministre de la guerre.
Les ressources de l’hospice se composent des revenus fixes et des revenus ponctuels.
Les revenus fixes, composés des fermages d’immeubles et des intérêts de fonds placés, sont
évalués à 11 419 francs. Les revenus ponctuels comprennent les journées des malades
militaires et civils, les soupes des détenus et les subventions de la commune.
141
Lorsque des dépenses imprévues viennent grever les ressources de l’établissement comme par
exemple lors de l’épidémie du choléra, il faut s’adapter et créer de nouvelles recettes. On tente
alors de revaloriser la fondation de lit en baissant son prix à 400 francs au lieu de 500, comme
le décrit l’article 10 du règlement intérieur de l’hôpital : « la commission acceptera la
fondation de lits qui lui seront proposés par une ou plusieurs personnes en faveur des malades
indigents d’une ou plusieurs communes de l’arrondissement de Corbeil en assurant en rente
sur l’état ou par voie hypothécaire un revenu de 400 francs par an pour chaque lit. Au moyen
de cette prestation, l’hôpital se chargera de fournir le mobilier nécessaire à chaque malade
suivant l’usage de l’établissement et sauf exceptions ».
En 1838, le prix de journée des aliénés augmente à 1,50 franc. Les soupes servies à la maison
d’arrêt rapportent 36 centimes par ration et il y a 33 individus à nourrir.
A travers un extrait des délibérations du conseil d’administration de 1840, nous voyons
comment était constitué le budget de l’hôpital.
BUDGET DE L’EXERCICE DE 1840
Titre I : recettes
Chapitre 1 : recettes ordinaires
Art 1 : loyer des maisons
510
Art 2 : fermage ou argent des biens ruraux
3980
Art 4 : rente sur l’état
1444
Art 5 : rente sur particuliers
47
Art 9 : gains des fonds placés au trésor
100
Art 10 : fonds alloués sur l’octroi
900
Art 13 : journées militaires
700
Art 22 : journées des malades civils
1800
Art 23 : soupers fournis aux détenus
1400
Art 24 : intérêts de prix d’immeubles
1100
Total recettes ordinaires
= 11981
142
Titre II : dépenses
Chapitre 2 : dépenses ordinaires
Art 1 : traitement du médecin en chef
Art 2 : traitement des employés de l’administration
300
1050
Art 3 : gage des préposés et servants
300
Art 4 : réparation et entretien des bâtiments
400
Art 5 : entretien du jardin
200
Art 6 : entretien du mobilier et ustensiles
200
Art 7 :dépenses du coucher
300
Art 8 : linge et habillement
800
Art 9 : pain
2000
Art 10 : viande
1500
Art 11 : vin
600
Art 12 : comestibles
1300
Art 13 : menus objets de consommation
150
Art 14 : blanchissage
250
Art 15 : chauffage
1000
Art 16 : éclairage
150
Art 17 : dépenses de pharmacie
150
Art 19 : entretien et réparation des propriétés
200
Art 23 : frais de bureau
180
Art 24 : dépenses imprévues
300
Art 25 : remises du receveur
400
Art 26 : cotisations pour assurance des valeurs
mobilières et immobilières
40.63
Total des dépenses ordinaires = 11920.63
Nous constatons que le budget ne permet pas la survenue d’évènements extraordinaires qui
pourraient vite le déséquilibrer.
Dans ces conditions il est difficile de faire face aux dépenses imprévues et d’améliorer le
confort des patients. « Jusqu’au XIXè siècle les maigres ressources qui ont été dispensées aux
hôpitaux pendant les trois derniers siècles de l’ancien régime et pendant la révolution leur
143
permettent à peine de faire face aux besoins journaliers, et il ne peut alors, pas être question
d’entreprendre des innovations architecturales »1.
En 1844, certains détenus malades sont traités à l’infirmerie de la prison pour un franc et
d’autres sont gardés à l’hospice pour 1,25 francs. Ce prix est le même pour les indigents de
Corbeil et des autres cantons. Le prix de journée est fixé par le préfet. Pour les malades
ordinaires qui ne sont pas de la commune de Corbeil, il est également de 1,25 fr/jour. Par
contre, les habitants de Corbeil ne payent que 1 fr/jour.
La commission recherche tous les moyens pour augmenter ses revenus afin de réaliser les
travaux qui permettraient un meilleur accueil des patients. C’est pourquoi en 1859, ils aliènent
les biens ruraux pour les transformer en rente.
Avec le tableau 6 suivant, nous pouvons évaluer l’importance de ces biens ruraux et les
ressources qu’ils suscitaient à l’établissement.
TABLEAU 6
Nombre et contenance des pièces de terres, du prix et de l’expiration des baux des biens
ruraux possédés par l’hôpital de Corbeil
communes
St-pierre-duPéray
Essonnes
Corbeil
Longpont
Athis-mons
CoudrayMonceaux
Montgeron
Villeneuve
saint Georges
Crosne
MoissyCramayel
Lieusaint
1
Nombre de
pièces
1
contenance
1hc,26,54
Prix de
fermage
105
7
1
1
1
1
18hc,51,78
0hc,77,08
0hc,80,60
0hc,54,92
4hc,29,23
1481,55
59,45
40
80
390
11/09/1860
11/09/1861
10
1
7hc,32,34
0hc,34,19
695
41
11/09/1865
3
16
0hc,40,80
10hc,93,99
341
1338,30
1
0hc,87,41
82,30
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.54.
Expiration des observations
baux
11/09/1859
11/09/1862
11/09/1863
11/09/1863
Seine et Oise
Seine et
Marne
144
Les revenus qu’apportent les biens ruraux sont une des ressources les plus importantes de
l’hôpital. Les communes qui rapportent le plus à l’établissement sont les communes
d’Essonnes et de Moissy-Cramayel.
Les femmes indigentes logées au bureau de bienfaisance payent ce qu’elles peuvent et, cette
année, elles ont pu donner un loyer de 360 francs.
Puis en 1862, les administrateurs demandent l’autorisation au préfet d’augmenter le prix de
journée des malades du canton à 1,50 fr/jour au lieu de 1,20 fr/jour afin de mieux faire face
aux dépenses. Celui-ci accepte 1,25 fr/jour mais pas plus. Le prix ne passera à 1,50 fr/jour
qu’en 1863 pour les incurables et les indigents des communes dans lesquelles il n’existe pas
d’établissement hospitalier. Le prix de journée des militaires est de 1 fr/jour. La fondation
d’un lit passe alors à 550 francs avec une rente à 3%.
C’est à cette époque qu’apparaissent les bienfaiteurs de l’hôpital hospice, les frères
GALIGNANI.
Grâce à ces deux hommes, non seulement les corbeillois vont avoir un nouvel hôpital mais ils
auront également un orphelinat, une école gratuite publique de filles et un asile pour les
enfants en bas âge. Ils feront de nombreuses donations pour assurer les travaux dans
l’établissement. En contre partie, l’administration hospitalière doit reconnaître le droit gratuit
à 1200 journées de malades ou infirmes réparties sur trois ans consécutifs au profit des
communes de Soisy sous Etiolles et d’Etiolles (900 pour Soisy et 300 pour Etiolles).
La construction du nouvel hôpital permet d’augmenter les ressources tout en améliorant les
conditions de séjour pour les malades et de travail pour les employés. Les chambres
particulières ont un prix de journée bien plus élevé : 2,50 fr/jour ou 750 francs par an pour
quelqu’un qui voudrait s’y fixer à l’année. Le prix payé par un militaire continue à augmenter
au fil des années :il doit maintenant le prix de 1,50 fr/jour.
Un hangar et des dépendances sont construites grâce aux fonds des frères GALIGNANI, et
l’hôpital acquiert également une voiture à âne pour aller au marché et d’autres petits
transports.
145
En 1870, est établi un fond commun regroupant les communes intéressées, destiné au
paiement des journées des malades indigents.
Après la guerre, l’hôpital est en déficit de 8 000 francs. En effet, les journées des militaires
allemands et français prisonniers traités gratuitement pendant le premier semestre ont été de
9 000. Ces journées gratuites ont fait diminuer le nombre de journées payantes, de plus, les
denrées étaient relativement chères.
Dans les quatre derniers mois de l’année 1870, il y a eu une perte de 15 000 journées du fait
de l’occupation allemande. L’administration de l’hôpital demande donc une indemnisation
auprès du ministre de la guerre.
En décembre 1873, suite au décès d’Antoine GALIGNANI, un lit est réservé annuellement et
à perpétuité, au bénéfice de la commune de Soisy sous Etiolles, car tel était son souhait.
Un an plus tard, le prix de journée pour les étrangers de l’arrondissement passe à 2 fr/jour
ainsi que pour les incurables et les vieillards voulant être admis à l’hospice.
Monsieur William GALIGNANI finance la construction d’un orphelinat en 1876 et lui verse
pour ce faire une rente annuelle de 2.500 francs.
Les pensionnaires désignés gâteux par le médecin de l’hôpital paieront un prix de journée de
50 centimes par jour.
En 1886, un contrat est passé entre la ville et l’établissement: la ville chauffe gratuitement
l’hôpital à plus de quinze degré, en retour l’hôpital prête ses appareils de chauffage à la
commune et l’alimente en eau par des machines élévatoires des eaux de Seine.
A partir de 1901, les blessés qui subissent une intervention chirurgicale suite à un accident en
milieu industriel paient le prix de 2 francs par jour auxquels s’ajoute le prix de l’intervention
chirurgicale. A partir de 1903, la journée d’hospitalisation des malades non indigents et celle
consécutive à un accident du travail passent à 3 francs par jour.
Le prix a payer pour un certificat médical d’accident de travail est de 5 francs. En ce qui
concerne les cabanons pour aliénés, la pension doit être faite désormais à l’année pour un prix
de 700 francs.
146
De graves inondations ont endommagé l’orphelinat et les abords de l’hôpital en 1910. Une
allocation de 116,80 francs est allouée en dédommagement, pour réparation de l’entourage de
l’hospice, et de 3200 francs en faveur de l’orphelinat pour la réfection du calorifère. Cette
aide financière est versée par le service inondation de la ville de Corbeil.
En 1911, le prix de journée est de 3,50 francs pour les malades, pensionnaires et blessés
n’étant pas de la commune ou du département. La fondation d’un lit se monte alors à 3500
francs. Une autre source de revenus est obtenue par les récoltes de céréales. Treize sacs de 60
kilogrammes de blé ont été vendus aux grands moulins, au prix de 29 francs les 120
kilogrammes. La paille est rentrée dans la grange afin de servir d’alimentation pour les
animaux et l’avoine a fourni 35 sacs de 50 kilogrammes pour servir à la nourriture du cheval.
Les prunes du jardin permettent de faire des confitures.
Afin de réaliser des travaux de rénovations, devenus indispensables, la commission
administrative demande à Monsieur le Préfet l’autorisation de contracter un prêt auprès de la
caisse d’épargne, de 25 000 francs au taux de 3,50 francs amortissable en 15 ans par anuités
de 2 170 francs, avec faculté de remboursement par anticipation sans indemnités.
Deux ans plus tard, l’établissement ouvre sa cuve à désinfections, aux personnes n’habitant
pas la ville. Voici les tarifs des objets à désinfecter envoyés par les non indigents n’habitant
pas Corbeil :
•
Matelas : 1,50 francs
•
Lit de plume : 1,50 francs
•
Oreiller : 0,50 franc
•
Traversin : 0,50 franc
•
Dessus de lit ou couverture : 0,25 franc
•
Paquet de vêtements : 1 franc
Pour obtenir la gratuité de la désinfection, il faut produire un certificat attestant que les objets
séjournaient dans une maison où un malade atteint d’affection contagieuse vivait.
147
En 1920, le droit d’entrée dans la salle d’opération est fixé à 50 francs hors frais de médecin.
La journée d’hospitalisation coûte cinq francs au maximum pour les accidenté du travail. En
ce qui concerne le transport des malades, il est de cinq francs pour les patients qui résident à
Corbeil et de dix francs pour les communes alentours comme Saint Germain les Corbeils,
Essonnes, Saint Pierre du Péray, Saintry et Etiolles.
Le prix de journée pour les vieillards, en 1924, est de 10 francs. Le tarif des accidentés du
travail sera applicable :
♦ aux accidentés du travail non en traitement à l’hôpital mais venant y faire des radios
♦ aux personnes payantes à l’exception des accidentés du travail traités à l’hôpital
♦ aux personnes non indigentes venant faire une radio
♦ aux personnes envoyées sur réquisition des communes sans hospitalisation
En 1925, la Mairie de Corbeil demande à la commission de l’hôpital de bien vouloir lui louer
une partie de son terrain pour y créer un stade municipal. Après avoir pris l’avis des différents
membres ainsi que celui des médecins, les conditions d’acceptation sont fixées :
♦ le prix de la location sera de 18 000 francs par an sur un bail de 25 ans correspondant à la
suppression de la récolte fruitière ( 2000 francs par an) à la destruction des arbres à
essence et à la reconstruction de la cabane du jardinier
♦ l’hôpital peut à tout moment annuler le bail s’il en a besoin, en respectant tout de même
un certain délai
Mais un des médecins mais en garde la commission sur cette cession d’une portion de terrain.
En effet, il affirme que l’activité de l’établissement ne va faire que croître et que bientôt les
locaux seront trop exigu, alors qu’il
sera trop tard pour récupérer le terrain. De plus,
l’installation d’un stade de sport sous les fenêtres des patients risque de perturber leur
tranquillité alors qu’ils ont besoin de repos.
En 1926, une souscription publique est ouverte afin de financer le nouveau bâtiment pour les
aliénés et les vieillards. Un nouveau moyen de récupérer de l’argent a été trouvé en vendant
les bouteilles vides laissées par les malades dans les services. La commission s’est aperçu que
le coût d’une intervention chirurgicale s’élève à 75 francs minimum par patients, or ce prix
devrait être à la charge de ceux-ci.
148
Donc à partir de cette année, les malades payants, devant subir une intervention chirurgicale
seront dans l’obligation de payer 100 francs en plus du tarif journalier comme « droit d’entrée
en salle d’opération ».
La dette de l’hôpital, en 1927, se situe au alentours de 200 000 francs. L’inspecteur
départemental de l’assistance de Seine et Oise essaie d’en énumérer les causes dans son
rapport :
♦ L’hôpital doit entretenir 20 malades, vieillards ou infirmes pauvres gratuitement au titre
des lits de fondation qui ont été souscrits pour bien trop longtemps.
♦ L’établissement procure à ses malades de Corbeil des soins pour une valeur supérieure à
ses revenus disponibles.
♦ Chaque année, l’hôpital se trouve contraint de combler le déficit de l’orphelinat.
Afin d’équilibrer les comptes, l’établissement est obligé d’emprunter à la caisse des dépôts et
consignations la somme de 300 000 francs à un taux de 8,15% sur trente ans. En ce qui
concerne l’orphelinat, il faudrait changer son mode de fonctionnement, le rendre indépendant
ou le fermer.
En 1929, le prix de journée en chirurgie est de 25 francs en médecine il est de 17 francs et
pour un vieillards, un incurable ou un infirme de 8,50 francs.
Avec la mise en place de l’assurance sociale tous les hôpitaux de Seine et Oise éprouvent des
difficultés pour être remboursés des frais d’hospitalisation.
En 1941, le prix de journée pour les malades qui bénéficient de la loi d’assistance est de :
Hospice : 28,10 francs
Médecine : 57,90 francs
Chirurgie : 62,80 francs
Pour les malades payants cette somme est majorée de 15% en salle commune et de 50% en
chambre particulière. Ce qui fait :
30 francs pour les vieillards et les incurables
65 francs pour une journée en médecine
73 francs pour une journée en salle commune de chirurgie
80 en chirurgie en chambre particulière
149
Le tarif des consultations de spécialité, en 1942, est de k=18 pour une simple consultation et
de k=15 pour des soins externes et des actes de spécialité. Le prix des transports en
ambulance est modifié. Celui-ci est de 5 francs par kilomètre parcouru avec un minimum de
20 francs par transport pour les bénéficiaires de l’assistance ou les collectivités responsables
du transport. Les distances sont calculés de la mairie de résidence à la mairie de Corbeil. En
ce qui concerne les malades ou les blessés transportés à leurs frais ou à la charge des sociétés
ou compagnies d’assurances responsables, le prix est de 6 francs par kilomètre parcouru avec
un minimum de 30 francs par transport.
Après avoir été remplacé par la bière, le vin devenu trop cher pendant la guerre sera
temporairement changé pour du cidre. Il en est de même pour l’essence qui est hors de prix.
Les véhicules de l’hôpital sont donc transformés pour fonctionner au gaz de ville.
Le prix de journée pour les vieillards et les malades assistés est en 1946 de :
160 francs à l’hospice
350 francs en médecine
370 francs en chirurgie
Le tarif de séjour et de traitement des malades, des blessés et des pensionnaires payants est
de :
160 francs pour un hospitalisé en 3è catégorie de l’hospice
385 francs en 3è catégorie du service de médecine
405 francs en 2è catégorie du service de médecine
455 francs en 1ère catégorie service de médecine
407 francs en 3è catégorie de chirurgie
425 francs en 2ème catégorie de chirurgie
481 francs en 1ère catégorie de chirurgie
En 1949, le coût des médicaments est un problème, notamment en ce qui concerne la
streptomycine qui revient à 400 francs par jour ainsi que la pénicilline très employée et
relativement chère.
En 1950, les prix ont quasiment doublé. Pour les assistés une journée d’hospitalisation à
l’hospice coûte 475 francs, en médecine 993 francs et en chirurgie 1123 francs.
150
Pour les malades payants les prix ont également augmenté :
475 francs en 3è catégorie à l’hospice
1062 francs en 3è catégorie de médecine
1110 francs en 2è catégorie de médecine
1255 en 1ère catégorie de médecine
1205 francs en 3è catégorie de chirurgie
1260 francs en 2è catégorie de chirurgie
1424 francs en 1ère catégorie de chirurgie
1205 francs en 3è catégorie de maternité
1260 en 2è catégorie de maternité
1424 francs en 1ère catégorie de maternité
« L’établissement du budget et son exécution courante seront profondément modifiés par les
réformes intervenant à partir des ordonnances des 11 et 30 Décembre 1958, qui ont fondé
l’essentiel du système hospitalier actuel »1.
« Jusqu’en 1958, la commission administrative assurait seule la gestion de l’établissement
hospitalier ; ainsi, c’est l’un de ses membres (l’ordonnateur) qui signait toutes les pièces de
recettes et de dépenses et non pas le directeur de l’hôpital. Depuis 1958, les pouvoirs de
gestion immédiate sont passés au directeur, le conseil d’administration ayant une compétence
fixée par la loi : il vote la répartition du budget global, décide des acquisitions, des
aliénations, des emprunts, fixe le règlement intérieur, statue sur les créations, suppressions,
transformations des structures médicales et définit la politique générale de l’établissement »2.
De plus, « la nouvelle tarification apparue en 1982 avec le programme de médicalisation de
ses systèmes d’informatisation pénalise les durées de séjour et encourage les rotations rapides
de malades en multipliant les actes techniques »3.
La création du nouvel hôpital en 1985 n’améliore pas les problèmes budgétaires d’un
établissement qui connaît depuis longtemps une augmentation importante de son activité et de
ses coûts, tant au niveau du personnel que de ses équipements et des consommables.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.60.
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.78.
3
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.29.
2
151
Voici un aperçu du budget du centre hospitalier, de 1987, en fonction des secteurs d’activité :
hôpital général :
268 631 236
maison de retraite :
14 443 500
psychiatrie :
51 692 136
écoles :
7 114 511
SAMU :
3 381 591
SMUR :
5 583 464
Centre de planification :
TOTAL
=
543 633
351 390 071 francs
Au travers du tableau 7 nous pouvons voir l’état budgétaire du centre hospitalier de 1980 à
1986.
TABLEAU 7
Balance budgétaire de 1980 à 1986
année
Recettes
dépenses
Résultat de
l’exercice
1980
22 403 564,36
26 698 311,93
- 4 291 750,57
1981
27 548 067,97
26 606 886,17
+ 941 181,80
1982
54 633 899,63
46 774 465,16
+7 859 430,47
1983
97 685 581,65
95 666 296,92
+2 019 284,73
1984
92 161 131,31
95 257 066,75
-3 095 935,44
1985
103 501 298,29
102 091 265,25
+1 410 033,04
1986
77 957 166,89
79 524 332,96
-1 567 166,07
Ce tableau montre qu’il reste peu de place pour les progrès technologiques sauf en cas de
subventions ou d’emprunts.
Le tableau 8 montre l’évolution de l’activité pour les établissements de l’Ile de France.
152
TABLEAU 8
Evolution en pourcentage des journées et des entrées réalisées dans les établissement de l’île
de France entre fin 09/1985 et fin 09/1986
ETABLISSEMENT
JOURNEES
ENTREES
C.H. M. JACQUET (Melun)
0,96
5,48
C.H.G. de Meaux
1,34
4,78
C.H. Mantes la jolie
-1,15
6,36
C.H. Poissy
0,18
12,34
C.H.G. St Germain en Laye
3,47
6,81
C.H. Versailles
0,05
3,12
C.H. Corbeil Essonnes
13,31
21,72
C.H. de Longjumeau
0,43
- 1,29
C.H. Evry
0,01
9,19
C.H.I. Montfermeil
1,79
7,12
C.H.I. Montreuil
-0,64
1,52
C.H.G. Saint Denis
-1,50
-0,33
C.H.G. Aulnay sous Bois
6,62
9,91
C.H.I Créteil
-6,12
-5,31
C.H. Villeneuve saint
-2,91
-2,31
C.H. Argenteuil
2,49
6,31
C.H Gonesse
1,43
2,96
C.H.G Pontoise
4,23
7,51
Total
1,08
4,72
Georges
Ce tableau nous permet de voir que l’hôpital de Corbeil est celui qui a la plus forte évolution
de son activité. La diversification de cette activité va se poursuivre pendant les dix années
suivantes, au prix d’un endettement très lourd.
153
8) L’EVOLUTION DES METIERS DE L’HOPITAL
A) Les médecins
Bien entendu, dès la création des établissements de soins et de charité, les médecins y ont joué
un grand rôle. « Aux XIIè et XIIIè siècles, il n’y a pas de médecins ni de chirurgiens attachés
à demeure aux établissements hospitaliers : quand le besoin s’en fait sentir, on appelle un
médecin de la ville ou un « barbier » qui sera payé à la visite. Ce n’est qu’au XIVè siècle que
l’on voit apparaître médecins et chirurgiens dans les grands hôpitaux »1. Au début, ils étaient
en nombre restreint puis, au fur et à mesure des années, ils sont devenus de plus en plus
nombreux. Ils étaient entièrement sous la direction de la commission administrative et peu à
peu ils sont devenus plus autonomes. Leur fonction au sein de l’établissement s’est précisée et
l’évolution des techniques leur a donné d’énormes possibilités.
Un ouvrage de la société historique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix daté de 1902 nous
révèle les noms des tous premiers chirurgiens de l’Hôtel-Dieu. Ils étaient alors nommés par
l’archevêque de Paris qui était chargé de la direction de l’établissement. Le premier chirurgien
aurait été Monsieur Jean-Charles GIRAUD, en 1775. Il était chirurgien major dans les troupes
armées avant de venir exercer à l’Hôtel-Dieu. Sa famille était originaire de Corbeil, il y
mourut à l’âge de 53 ans. Sa rétribution en 1775 était de 54 livres. Son successeur fut
Monsieur Jean-Louis DUCLOS, chirurgien en 1780. Il a reçu la somme de 48 livres pour sa
fonction de médecin chirurgien cette année-là.. Puis ce fut au tour de Monsieur Jean-Pierre
PETIT d’être nommé médecin de l’Hôtel-Dieu. L’établissement était alors administré par son
beau-père Monsieur Edouard MATHEZ.Il exerça le rôle de médecin adjoint pendant plusieurs
années avant d’être nommé médecin titulaire de l’établissement. Monsieur PETIT y exerça
son activité de 1781 à1789.
« Jusqu’en 1790, le médecin obtenait son titre de docteur en médecine dans une faculté après
avoir suivi un enseignement principalement théorique ; de retour dans sa ville où il s’installait,
il devait être « agrégé » au Collège des médecins de la ville. Ce titre non universitaire lui
donnait le droit d’exercer et d’enseigner au sein du Collège »1.
1
1
IMBERT J. Les hôpitaux en France, op. cit. p.12.
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.88.
154
En ce qui concerne les chirurgiens, subordonné au médecin sous l’Ancien Régime, il voit son
prestige progressivement rehaussé. « A l’origine, « le garçon chirurgien », enseigné par un
maître chirurgien, pouvait devenir chirurgien « gagnant maîtrise » pour exercer de plein droit
en ville, après six années de travail à l’hôpital. En 1788, le concours du majorat fut créé et le
lauréat prenait le titre de chirurgien major. Après sa nomination, il exerçait douze ans : deux
années à Paris auprès des maîtres réputés, quatre années d’aide major et six années de
majorat »2.
Après 1790, un grand bouleversement vient modifier les habitudes ; ce n’est plus
l’archevêque de Paris qui s’occupe de l’administration de l’établissement, mais la
municipalité. De plus, la distinction entre médecin et chirurgien est abolie par la loi de
ventôse an XIII. En effet, en 1794, le titre de docteur en médecine est délivré aussi bien au
médecin qu’au chirurgien.
Quelques temps plus tard, la commission nomme Monsieur Edouard PETIT, fils de Monsieur
Jean-Pierre PETIT, médecin adjoint de l’hospice à titre gratuit. Son rôle est d’assurer les soins
en l’absence du médecin titulaire. Lui aussi est passé jeune officier de santé dans les armées
avant de venir exercer à Corbeil. Puis, en 1805, Edouard PETIT est nommé comme médecin
de l’établissement ; le père et le fils exerceront tous les deux dans l’Hôtel-Dieu, le père
comme chirurgien et le fils en tant que médecin (puisque lorsqu’il a eu son diplôme, la
différenciation ne se faisait plus, les nouveaux diplômés étaient tous des médecins). Monsieur
Jean-Pierre PETIT décède en 1825 et laisse donc son fils seul responsable de l’exercice de la
médecine dans l’établissement. Il a exercé son activité pendant 43 ans pour la somme de 100
livres par an. Il a reçu en 1783 la médaille d’or de l’académie Royale de chirurgie. A côté de
sa fonction de chirurgien, il était conseiller municipal et adjoint au maire de la ville de
Corbeil. Son fils a suivi ses traces, puisqu’il a été également conseiller municipal de 1825 à
1848 et il fut nommé maire de la ville en 1848.
Les premiers documents concernant le rôle des médecins à l’intérieur de l’hôpital remontent
en 1823, lorsque celui-ci s’appelait encore Hôtel-Dieu. A cette époque il n’y a qu’un seul
médecin dans l’établissement et c’est un chirurgien, comme nous avons pu le constater.
2
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 88.
155
Il ne peut être choisi que parmi les docteurs reçus suivant les formes anciennes ou celles
prescrites par la loi du 19 ventôse an II.
Il reçoit une indemnité annuelle de 300 francs.
Il est exempté du droit de patente et n’est pas sujet à mutation sauf dans les cas exprimés
par la loi.
Le médecin est nommé par le préfet, sur la présentation de trois candidats choisis par la
commission administrative.
Il ne peut être créé aucune autre place de médecin ou chirurgien au sein de l’hospice sans
l’accord du ministre.
En cas d’absence du médecin titulaire, il est tenu de se faire remplacer par un docteur de
son grade, agréé par la commission administrative.
S’il meurt ou s’il se démet de son titre, la commission pourvoit provisoirement à la
continuation du service, conformément à l’article 46 de l’instruction ministérielle du 29
ventôse an 6. A cet effet, elle désigne un médecin pour faire le service de l’hospice, elle
en avisera Monsieur le Maire sans délai.
Le médecin est chargé de la visite préalable à l’admission des patients. Il fait au moins une
visite par jour, avant neuf heures du matin, et si, durant sa visite quelqu’un trouble l’ordre,
il ordonnera son expulsion de la salle. La visite du médecin est annoncée, chaque malade
doit garder le silence et les étrangers, s’il en existe dans la salle, sont tenus de se retirer.
Le médecin est assisté de la sœur Supérieure ou d’une des sœurs hospitalières déléguée
par elle. Il pourra même au besoin demander l’assistance du pharmacien.
Deux cahiers de visite sont tenus. L’un pour les jours pairs et l’autre pour les jours
impairs, de manière à ce que la cahier de la visite de la veille puisse être présenté à la
visite du jour. Ces cahiers comportent huit colonnes contenant : la première, le numéro de
lit ; la seconde, les noms des malades ; la troisième, la durée de séjour à l’hôpital ; la
quatrième, la prescription des aliments ; la cinquième, la prescription du vin ; la sixième,
la prescription des remèdes chirurgicaux ; la septième, la prescription des remèdes
internes ; et la huitième, intitulée colonne d’observation, indiquera le jour et l’heure de la
mort ou de la sortie des malades.
Le médecin doit également écrire ou faire écrire l’ordonnance concernant chaque malade.
Il doit signer la feuille journalière de visite, elle est datée et remise à madame la
Supérieure pour surveiller l’exécution de l’ordonnance.
156
Le médecin et la sœur Supérieure veillent, simultanément, au chauffage et à l’éclairage
des salles ; il sera placé des thermomètres dans chacune d’elles afin que le degré de
chaleur soit observé.
Ils veillent également à ce que les salles soient convenablement aérées afin de prévenir la
contagion.
Si malgré ces précautions, les malades devaient quand même attraper une maladie
contagieuse, la Supérieure en avisera aussitôt le médecin qui veillera à ce que le malade
soit placé dans un lieu isolé des autres. De plus il sera dirigé, par les soins de la
commission administrative, sur un hospice de la capitale ou rendu à sa famille qui en sera
immédiatement avertie.
Les administrateurs, le médecin et la Supérieure surveillent la nature et la qualité des
comestibles fournis à l’hospice. S’ils en trouvaient des défectueux, ils en avertiraient
aussitôt la commission.
Le médecin doit également avertir la commission s’il constate des atteintes aux bonnes
mœurs ou à l’ordre.
Si des négligences sont commises par le médecin, l’administrateur de service est tenu d’en
informer la commission administrative.
Quand de grandes opérations chirurgicales sont nécessaires, elles sont effectuées non pas
dans la salle commune mais, autant que possible, dans une salle séparée.
Dans les cas graves, le médecin peut et doit faire appel à d’autres collègues pour
déterminer le traitement ou l’opération à faire. Le résultat est porté sur un cahier de visite
qui est signé par les consultants.
Au fil des années, le rôle du médecin au sein de l’hôpital hospice se précise. Comme nous
venons de le voir, « n’étant plus de simples consultants occasionnels appelés auprès des
malades à la demande des religieuses, les médecins commencèrent à organiser leur vie
hospitalière avec le cérémonial des visites, la surveillance des traitements, les interventions,
les pansements, les autopsies, la création de dossiers de malades et, enfin, les cours payants
aux étudiants qui devinrent internes. Les médecins demeuraient cependant des praticiens à
temps partiel, consacrant une partie de leur pratique à l’exercice de ville. Ce système
fonctionna jusqu’en 1970 environ »1. En 1840, les médecins et chirurgiens font leur visite
tous les jours avant neuf heures du matin. « Pendant toute la durée de la visite il règne un
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.97.
157
silence absolu à peine interrompu par quelques raclements de gorge »2. « Le patron est habillé
en tenue de ville avec chemise et cravate. Par-dessus un immense tablier pendu au cou et noué
dans le dos, il porte un second tablier serré à la taille qui traîne presque sur le sol »3. Ils
inscrivent sur un registre spécial leurs prescriptions et le régime alimentaire de chaque
malade. A la fin de leur visite, ils signent le registre.
Ils doivent consigner, sur un registre tenu ad hoc, leurs observations sur les individus traités
dans l’hôpital. Le médecin doit également déclarer à la commission administrative et
constater sur le registre, l’entrée en convalescence de chaque malade et la durée probable de
cette convalescence. L’administrateur de service ordonne la sortie immédiate des malades dès
que le médecin déclare que c’est possible. Si un abus dans le retard est constaté par
l’administrateur de service, il en informe la commission qui pourra prendre les mesures
nécessaires. Concernant les chirurgiens, notamment ceux des hospices de Lyon, « outre
l’obligation du célibat (maintenu jusqu’en 1848) et du résidanat à l’intérieur même de
l’hôpital, ils ont la charge de l’enseignement des élèves chirurgiens et sages-femmes »4.
Le docteur LIONET est remplacé dans son rôle de médecin en chef par le docteur LABAT en
1859.
En 1870, la guerre et l’affluence de blessés amènent l’établissement à nommer deux médecins
adjoints pour seconder le médecin chef qui est débordé.
Les médecins sont réprimandés par la commission s’ils ne font pas leur visite à l’heure fixée.
Avec l’ouverture de l’orphelinat en 1877, le rôle du médecin va encore être modifié. C’est la
commission qui désigne les médecins qui devront s’occuper de l’orphelinat. Ils procèdent à
l’examen des enfants dont l’admission est demandée et délivrent les certificats d’aptitude
physique. L’un d’eux visite l’établissement au moins une fois par semaine et consigne son
passage sur un registre tenu ad hoc. L’autre se rend à l’orphelinat toutes les fois que la
Supérieure le signale au médecin chef.
En cas d’indisposition ou de maladie, le médecin donne les premiers soins aux enfants qu’il
fait passer à l’infirmerie où ils sont soignés par une sœur de la maison.
2
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.157.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.156.
4
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.89.
3
158
Les médecins consignent leurs prescriptions sur un registre spécial de visite avec leurs
observations sur l’hygiène générale de la maison et le régime alimentaire.
Le médecin en chef de l’hôpital de Corbeil est le docteur SURBLED de 1862 à 1878. Il est
également Maire de la ville, comme la plupart des médecins de l’établissement l’ont été. Il est
ensuite remplacé par le docteur BOUCHER.
Il sera fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1907 et recevra la médaille d’or de la ville de
Corbeil.
En 1890, on retrouve encore quelques changements dans les attributions des médecins.
Celles-ci sont consignées dans le règlement de l’établissement. Les médecins sont nommés
par le Préfet sur la présentation de la commission. Ils doivent également toujours faire leur
visite tous les matins, à 8 heures en été et à 9 heures en hiver. Ils font aussi des visites
extraordinaires lorsque la commission le leur demande. En cas de maladie ou d’absence, c’est
le médecin adjoint qui prend sa place dans le service afin que celui-ci ne soit pas interrompu.
Comme dans les années précédentes, le médecin doit inscrire sur un registre spécial ses
prescriptions et le régime alimentaire de ses patients, à la fin de la visite. Une fois cette tâche
accomplie, il signe le cahier. Le registre tenu ad hoc existe toujours, il doit y faire un rapport
spécial pour les malades dont le séjour se prolonge au-delà de trois mois. Ce qui change, c’est
qu’il est appelé à émettre un avis sur les changements, grosses réparations ou constructions
qui sont dans l’intérêt des malades ou qui peuvent avoir des effets sur l’état sanitaire de
l’établissement hospitalier.A cette époque, lorsque le médecin en chef s’absente de son
domicile, il doit prévenir les médecins adjoints afin qu’ils prennent le relais en cas de besoin.
En ce qui concerne les chirurgiens, les horaires des pansements, des opérations et de la visite
des malades sont clairement précisés ; en 1901 on peut lire dans les archives des hospices de
Lyon : « médecins, chirurgiens et accoucheurs visitent les malades tous les jours avant 9
heures le matin (du 1er mars au 31 octobre) ; avant 9 heures 30 du 1er novembre à fin février
mais jamais avant 6 heures 30 du matin.
Le chef du service fait inscrire sur un cahier spécial ses prescriptions et le régime alimentaire
de chaque malade. Il consigne sur un registre spécial des observations individuelles sur les
personnes traitées dans le service »1.
159
Jusqu’à 1903, les médecins adjoints faisaient leur travail gracieusement. A partir de cette date
leur rétribution est de 100 francs pour trois mois de remplacement. Le médecin en chef, lui,
reçoit en 1905 la somme de 100 francs par mois pour ses services. En 1909, le traitement
annuel d’un médecin en chef est de 1000 francs et celui d’un adjoint de 500 francs. Le
médecin chirurgien en chef nommé est le docteur DUREY-COMTE, le second médecin est
choisi lors d’un concours ouvert à tous les médecins de Corbeil. Trois personnes se
présentent : un médecin avec douze ans d’expérience ; un autre qui expose ses titres et ses
travaux, il est ancien externe et interne des hôpitaux de Paris et enfin le dernier qui est
également ancien externe et interne des hôpitaux de Paris et qui a écrit un ouvrage sur
certaines questions chirurgicales. Ce sera finalement le deuxième qui sera choisi, il porte le
titre de médecin chirurgien affecté au service de la chirurgie. Lors de la cérémonie de leur
prise de poste, un discours est lu par le président de la commission administrative. Celui-ci
affirme que le métier de chirurgien des hôpitaux est un travail souvent chargé et demandant
une grande compétence à cause de la diversité des cas. L’ancien médecin chef chirurgien ( Dr
BOUCHER) devient médecin chef honoraire de l’hôpital-hospice.
Cette année-là, les secteurs de l’établissement se divisent, certains médecins sont affectés au
service médecine qui comprend : les malades, les fiévreux, les tuberculeux, les aliénés, les
vieillards et les gâteux.
Les autres médecins sont affectés au service chirurgie qui comprend les blessés, les opérations
de toute nature et les accouchements non faits par la sage femme.
Lorsque la visite n’est pas faite à heure fixe par les médecins, les membres du personnel ainsi
que les patients vont se plaindre à la commission. Celle-ci est obligée de rappeler aux
médecins que leur visite doit être faite entre 9 heures et 10 heures du matin.
Un poste de médecin adjoint, non rétribué, est créé en 1912. Un an plus tard, le médecin
vétérinaire qui travaillait dans l’établissement, décède.
Lors de la guerre 1914-1918, les médecins sont mobilisés et un ancien médecin à la retraite
prend alors les fonctions du médecin chef. Il reste médecin chef chirurgien pendant toute la
période de la guerre malgré le retour de celui à qui le poste est attribué, mais après la guerre il
devient médecin chef honoraire pour ses bons et loyaux services rendus.
1
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 89
160
En 1924, lors de l’ouverture du service de radiologie, un médecin radiologue fait son entrée
dans l’établissement. A cette époque, chaque médecin et chirurgien reçoit comme traitement
la somme de 2400 francs par an. Au mois de septembre 1925, le chirurgien demande à la
commission l’aide d’un interne devant le surcroît de travail qu’il rencontre. Celui-ci le
suppléera dans ses actes quotidiens et interviendra dans les cas d’ urgence. L’interne sera logé
à l’hôpital sans y être nourri. Peu à peu des emplois d’interne sont créés dans les hôpitaux
régionaux.
Le règlement de l’internat est modifié en 1931 suite à des plaintes du personnel. En voici les
grandes lignes :
Nomination : par la commission administrative sur présentation par le corps médical avant
que soit créé un concours départemental. La demande écrite doit être adressée à monsieur
le président de la commission administrative avec l’avis du corps médical et le certificat
de scolarité. Les internes doivent posséder au moins 8 inscriptions de doctorat.
Avantages : ils sont nourris et logés à l’hôpital et ils reçoivent 500 francs par mois pour
leur travail.
Durée des fonctions : 6 mois minimum. Cette durée peu être prolongée sur la demande de
l’interne en fonction de ses notes de service.
Fonction : ils assurent le service de garde à tour de rôle pendant 24 heures de 12 heures à
12 heures. Le nom de l’interne sera affiché chaque jour. Les internes de gardes se tiennent
dans le bureau des médecins ou dans leur chambre. S’il est amené à se déplacer dans
l’hôpital, il doit mentionner sur un tableau l’endroit où il est. Ils doivent assister à la visite
du médecin, aider aux opérations et accomplir sous la responsabilité des chefs de service
les actes de thérapeutique médicale et chirurgicale qui lui sont indiqués. Les internes
seront prévenus à chaque décès dans l’hôpital et devront en faire la constatation dans les
plus brefs délais. Ils devront pratiquer les examens de laboratoires nécessaires. L’interne
de garde devra examiner chaque entrant et prendre à son sujet les mesures nécessaires.
Avant de prendre ses fonctions, tout interne devra se présenter au directeur de l’hôpital et
à l’administrateur de service.
Sanctions : elles sont prises par le directeur, la commission administrative et/ou le corps
médical. La première sanction consiste en un simple avertissement par l’administrateur de
service, le chef de service ou le directeur, puis vient le blâme, la suppression totale ou
partielle de son « traitement » et enfin la révocation.
161
Absences : aucune absence sans motif ne sera tolérée. Pour les absences motivées,
l’interne devra assurer son remplacement. Toute absence légitime devra faire l’objet d’une
demande écrite visée par le chef de service et présentée au directeur. Cette note doit
indiquer le motif, la durée de l’absence et le nom du remplaçant.
En 1932, un quatrième poste d’interne est créé. Sur la demande du chirurgien, l’établissement
embauche un chirurgien assistant. Comme les internes sont amenés à traverser la cours
l’hôpital leur achète des « capotes ». Celles-ci sont encore utilisées de nos jours.
Un chirurgien adjoint est nommé en 1936. Il remplacera le chirurgien chef pendant ses congés
dont il lui fixera les dates. Il assurera la garde de 12 heures à 8 heures 1 semaine sur deux et
continuera à assurer les soins post-opératoires des malades qui aura opérés. Le chirurgien chef
assure la visite du matin de tous les malades dont il a la responsabilité. Cette visite est suivie
par les internes et le personnel. Donc, il faut que la visite du chirurgien adjoint se passe à un
autre moment. Il dispose des salles d’opération deux matinées par semaine. L’administration
de l’hôpital sur proposition du chirurgien chef désignera les salles ou chambres où seront
regroupés les malades du chirurgien adjoint. Le titre de chirurgien adjoint ne confère pas de
droit au poste de chirurgien chef, celui-ci n’étant pourvu qu’au concours. Les honoraires
médicaux qui proviennent de l’application de la loi sur les assurances sociales seront partagés
équitablement entre le chirurgien chef et le chirurgien adjoint.
En 1937, le concours de l’internat est mis en place. En voici les règles :
1. Il est ouvert aux étudiants en médecine ayant au moins 12 inscriptions.
2. La durée des fonctions est fixée à deux ans. Cette durée peut être prolongée à deux
reprises. Mais elle ne peut excéder 4 ans.
3. Tous les internes doivent assister à toutes les visites des médecins même le dimanche et
tous les jours fériés. L’interne de garde doit faire obligatoirement une contre-visite dans
les tous services.
4. La garde doit être assurée par deux internes de 12 heures à 8 heures : un interne de
médecine et un de chirurgie.
5. Si un interne part pour son service militaire, il peut être réintégré dans ses fonctions sauf
en cas d’avis contraire de son chef de service ou de la direction.
162
6. Les internes pourront être autorisés à effectuer des remplacements de médecin mais ils
doivent assurer en même temps leur service à l’hôpital. Si le remplacement est trop
éloigné, ils doivent se faire remplacer et ils ne doivent pas être absent plus de deux mois.
7. Le concours permet de désigner un nombre d’interne titulaire ainsi que les internes
remplaçants.
Un ophtalmologiste fait son entrée à l’hôpital en 1938. La consultation est fixée au prix de 20
francs pour les malades non assurés sociaux. Un radiologue adjoint est également nommé.
Désormais, tous les certificats médicaux concernant les malades admis dans le service de
chirurgie devront être présentés au chirurgien chef.
Rémunération des internes en 1944 :
1ère année : 5 900 francs
2ème année : 6 300 francs
3ème année : 6 900 francs
4ème année : 7 300 francs
5ème année : 7 800 francs
plus un supplément temporaire de traitement de 8 000 francs.
plus des indemnités représentative : (dans le cas où les avantages ne sont pas fournis en
nature)
- de logement : 2 880 francs
-
de nourriture : 6 000 francs
-
de vivres non fournies : 2 400 francs
plus le remboursement de la carte hebdomadaire de transport par chemin de fer entre Paris
et Corbeil
plus les allocations familiales et les allocations de salaire unique prévues par le code de la
famille, s’il y a lieu
Tout cela pour un interne recruté après le concours. Si l’interne n’a pas le concours et en
attendant les résultats de celui-ci, l’interne reçoit le même traitement qu’un élève de première
année.
Au mois de juin 1945, le règlement de l’internat est encore modifié :
1. Les internes sont agréés par les chefs de service et le directeur.
163
2. Ils entrent en fonction à une date fixe.
3. Ils sont en fonction dans le service désigné pendant un an.
4. Ils peuvent redoubler leur stage en accord avec le chef de service et le directeur.
5. Ils n’ont pas le droit de quitter le service pendant la période indiquée, sauf accord avec le
chef de service et après avoir amené un remplaçant agréé par le chef de service et le
directeur. En cas de force majeur, ils doivent prévenir dès que possible le service auquel
ils sont affectés et fournir les pièces justificatives.
6. En cas de faute entraînant une sanction, celle-ci sera proposée à la commission
administrative par la commission médicale de consultation.
7. Au cas où un renvoi est décidé, cette décision sera communiquée :
a) au secrétariat de la faculté de médecine
b) à toutes les commissions consultatives des hôpitaux de Seine et Oise
8. Tout départ non justifié et non autorisé par la commission médicale de consultation
entraîne une retenue d’un mois de traitement et la perte des droits sur les redevances des
assurances sociales.
9. Les certificats de stage doivent être contresignés par le chef de service. Ils seront fournis à
cette signature au cours d’une séance de la commission médicale de consultation.
Il est alloué aux internes, une part correspondant à 10% des honoraires médicaux et
chirurgicaux versés par les malades payants en sus des prix de journée.
A partir de 1946, les médecins ont l’obligation d’adhérer à une assurance responsabilité civile.
Le tarif de responsabilité est calculé sur les honoraires de la 3ème catégorie. Le temps de
travail est désormais fixé à 45 heures par semaine. Les honoraires seront désormais identiques
pour les trois catégories de patients. Il est basé sur le tarif appliqué au corps médical dans
l’assistance publique. En 1948 : le C vaut 100 francs, le PC vaut 63 francs et le K vaut 63
francs.
Honoraires des actes pratiqués en mars 1948 :
Honoraires de la 3ème catégorie : -
service de médecine 35% du C/j = 70 francs
-
service de chirurgie 35% du K
-
service de maternité 35 % du forfait d’accouchement
-
acte de laboratoire 20 % du tarif pharmaceutique
national
-
acte de radiologie 20% du K
164
Honoraires de la 2ème catégorie : -
majoration de 20% par rapport à la 3ème catégorie,
pour les médecins = 84 francs
Honoraires de la 1ère catégorie : - honoraire tarif de la ville moins 30%, pour les médecins
= 160 francs
En chirurgie A, les assurés sociaux en salle commune payent 125 francs, plus 30 francs
d’honoraires à partir du 21ème jour. Pour les assurés sociaux et payants situés dans les
chambres à trois lits (c’est à dire en 2ème catégorie), les honoraires sont de K 35 + 36 francs à
partir du 21ème jour et enfin, pour les assurés de la 1ère catégorie, c’est à dire en chambre
particulière, les médecins reçoivent 160 francs.
En chirurgie B, en salle commune les tarifs d’honoraires sont de 125 francs pour un acte dont
le K est inférieur à 50, sinon pour les autres actes le tarif est de 144 francs. En ce qui concerne
les chambres à trois lits, les honoraires sont de K 53 + 36 et en chambre individuelle, K 100 +
160.
Pour la maternité, le forfait accouchement simple en salle commune est de 1 960 francs et
pour un grossesse gémellaire de 2188 francs. Le prix se décompose en 980 francs pour le
chirurgien, 98 francs pour l’hôpital et 862 francs pour la sage femme (pour l’accouchement
simple). Ce tarif comprend les honoraires des 14 jours d’hospitalisation.
Au-delà de 14 jours d’hospitalisation, le prix est de 70 francs par jour si les femmes sont en
médecine ou de 30 francs par jour si elles sont en chirurgie. En chambre particulière,
l’accouchement simple coûte 4000 francs et le double revient à 5000 francs. Les femmes
payent 160 francs par jour, si leur temps d’hospitalisation se prolonge au-delà de 15 jours que
ce soit en médecine ou en chirurgie.
En 1950, les honoraires médicaux ont peu évolué. Ils sont de 122,50 francs pour une
hospitalisation en médecine 3ème catégorie, de 147 francs en 2ème catégorie et de 280 francs en
1ère catégorie. En chirurgie, les honoraires sont de K 63 et les honoraires médicaux de 52,50
francs si l’acte a un K<50 et de K 90 plus 52, 50 francs d’honoraires médicaux si l’acte a un
K>50. En 2ème catégorie le k est de 76 et les honoraires médicaux de 63 et en 1ère catégorie le
k est de 144 avec des honoraires médicaux de 280 francs.
Pour le service de maternité, le forfait en cas de grossesse simple est de 3150 francs plus
122,50 francs d’honoraires médicaux ou 52,50 pour le chirurgien. Pour une grossesse
165
gémellaire le forfait coûte 3500 francs. En 1ère catégorie, le forfait simple est de 7200 francs
avec 280 francs pour le médecin ou le chirurgien et de 8000 francs pour une grossesse
gémellaire.
Pour les actes de radiologie, la rémunération est de 20 % du K, pour les actes de laboratoire
le tarif correspond à 20 % du tarif pharmaceutique national et en ce qui concerne les soins
externes, la transfusion est à un honoraire de K63 , une consultation 175 francs et un PC 120.
La rémunération des médecins de l’hôpital repose donc sur un salaire assez modeste et sur des
honoraires qui sont liés à leur activité clinique et opératoire. Ces honoraires constituent une
« masse » qui est plafonnée annuellement et dont l’excédent est affecté en partie à
l’équipement des services, sur décision de la commission administrative. Chaque année
également, la partie plafonnée de cette masse est répartie parmi l’ensemble des praticiens.
Les externes de sixième année font leur apparition au sein de l’hôpital vers 1951-1953.
L’indemnité des internes est de 81 700 francs pour un interne de première année, de 91 200
pour un deuxième année, 100 700 francs par an pour un élève de troisième année et de 110
800 pour les internes de dernière année.
« La majorité des médecins et des chirurgiens professeurs, chefs de service et chefs de
clinique, n’exercent leur activité hospitalière que le matin, c’est à dire à mi-temps. Seuls les
internes exercent une activité à plein temps à l’hôpital »1.
A partir de 1958, la réforme de Michel Debré, premier ministre du gouvernement du général
De Gaulle, crée « les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) et consacre la liaison entre
l’hôpital et l’université, faisant de la triple mission d’enseignement, de soins, et de recherche
l’objet même des Centres Hospitaliers Universitaires ; elle définit le temps plein (médical)
comme moyen privilégié de mise en œuvre de ce mariage hospitalo-universitaire »2.
Au niveau des hôpitaux non universitaires, les conséquences de cette réforme apparaissent
dans les années suivantes. Elle est notamment suivie par la parution du décret du 24 août
1961, qui instaure le statut de médecin à plein temps des hôpitaux.
1
2
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 150-151.
GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 151.
166
Cette année-là, sont en poste dans l’établissement douze médecins titulaires, tous à temps
partiel : les docteurs BARON (oto-rhino-laryngologie), BAUDRY (obstétrique), BENOIT
(Ophtalmologie), CABY (Chirurgie), CHOFEL (Pneumo-phtisiologie), CIRILLI (Neuropsychiatrie et électro-encéphalographie), GOIDIN (chirurgie), METAIS (anesthésie
réanimation), NABONNE (biologie), TIXIER (médecine), VIROL (stomatologie) et
WACHTEL (radiologie).
Le premier médecin de l’établissement à demander le passage au temps plein hospitalier est le
docteur GOIDIN, chef de service en chirurgie B, en octobre 1961. D’autres suivent
progressivement, d’autant que l’arrêté ministériel du 28 mars 1962 impose que les services de
radiologie, de biologie et d’anesthésie-réanimation soient dorénavant dirigés par un chef de
service à temps plein.
Cependant, la majorité des médecins de l’hôpital GALIGNANI vont rester encore longtemps
avec un exercice à temps partiel. En 1963, seuls trois médecins sont à temps plein (2
chirurgiens et un anesthésiste réanimateur) sur un effectif de vingt-trois, hors internes. La
décennie 70 est marquée par l’expansion de la démographie médicale hospitalière qui
accompagne la spécialisation des services et par la prééminence progressive de l’exercice à
plein temps, en particulier dans les services d’anesthésie réanimation, de chirurgie,
d’obstétrique, de radiologie de pharmacie et de biologie.
Un médecin anesthésiste réanimateur est présent jour et nuit au sein de l’établissement depuis
l’ouverture du service de réanimation, en 1970. Cependant, ce sont encore les internes de
garde qui admettent les patients entrants dans les services de médecine ou de chirurgie et il en
sera de même jusqu’aux années 80, comme dans tous les hôpitaux de France.
Il faut dire que le maintien d’un service de garde par des médecins titulaires, surtout à temps
partiel, est extrêmement difficile, vu la maigreur des effectifs. C’est ainsi que trois médecins
assistants à temps partiel d’obstétrique assurent, entre 1964 et 1972, entre vingt et vingt-cinq
gardes mensuelles, en plus de leur activité en clinique privée.
Le statut des médecins des hôpitaux est encore modifié en 1974 et 1978, puis en 1984 et 1985
avec l’arrivée des statuts de praticiens hospitaliers à temps plein et à temps partiels. Ces
derniers instaurent une carrière en 13 échelons pour les médecins contre 4 auparavant, qui
étaient réservés aux seuls chefs de service, dont le statut était jusqu’alors différent de celui des
167
« médecins assistants » et « médecins adjoints » des hôpitaux. La « chefferie de service »
reste une fonction, mais a cessé d’être un grade et cette fonction doit dorénavant être
renouvelée tous les cinq ans.
B) Les sœurs
Les sœurs sont apparues dans les maisons Dieu dès leur création. « Là où un ou deux frères,
une ou deux sœurs suffisent à l’entretien de la maison, les obligations sont réduites au
minimum ; la vie du frère hospitalier ne se distingue pas de celle du bon chrétien si ce n’est
par le dévouement particulier qu’il apporte à l’exercice de sa charge. Au contraire dans les
établissements importants, les frères d’une part et les sœurs d’autre part forment dans chaque
hôpital une véritable congrégation, au sens canonique du terme »1. Leur rôle est multiple mais
toujours dans le but de secourir les plus malheureux, que ce soit les malades, les orphelins, les
détenus de la prison ou bien les militaires blessés au combat.
C’est notamment dans les premières années de fonctionnement de l’Hôtel-Dieu, qu’elles
eurent ces rôles multiples. Plus on évolue vers l’hôpital moderne, plus leur fonction se
restreint. Ceci explique pourquoi « aussi longtemps qu’elles purent exercer, les religieuses
s’opposèrent avec acharnement à la présence des médecins dans les hôpitaux. Les médecins
qui ne faisaient que de brefs passages journaliers dans les hôpitaux se mirent à y séjourner de
façon constante, supplantant les maîtresses des lieux. Le travail des sœurs s’en trouva donc
plus étroitement surveillé ce qui, compte tenu de leur formation était une bonne chose mais
qu’elles vivaient fort mal. Les sœurs distribuaient les médicaments au gré de leur conception
médicale, la nourriture à leurs protégés plus qu’à ceux qui en avaient réellement besoin, et
elles étaient systématiquement opposées à l’application de la règle un seul malade par lit, qui,
disaient-elles, leur faisait perdre des clients.
Le chirurgien Petit raconte que Desault fut obligé de : forcer les hospitalières à plus
d’humanité dans chacun de leurs gestes et à chaque instant de la vie des malades à
l’hôpital »1.
1
1
IMBERT J. Les hôpitaux en France, op. cit. p.15.
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.97.
168
Comme nous l’avons expliqué en première partie de ce travail, les sœurs qui œuvrent à
l’Hôtel-Dieu sont des sœurs chanoinesses jusqu’en 1762, puis elles sont relayées par les sœurs
de Saint Vincent de Paul, avec qui l’établissement signe un traité. (Cf. annexe 1).
« Les congrégations hospitalières ne sont pas entièrement libres : elles doivent alors rédiger
des statuts qui sont soumis à l’approbation gouvernementale, et dont les lignes générales sont
fixées par le ministre de l’Intérieur »2.
Cet acte d’engagement est passé entre Monseigneur Christophe de Beaumont, l’archevêque de
Paris et les membres de l’ordre de Saint Vincent de Paul. Les grandes lignes de ce traité ont
été exposées précédemment. Reprenons en quelques mots leur rôle principal : elles servent et
soulagent les pauvres malades de l’Hôtel-Dieu. Elles restent entièrement sous la direction de
l’archevêque de Paris. Elles ne sont pas tenues de soigner les filles de mauvaise vie, les
pensionnaires ou les femmes en couches. Leur rôle se cantonnera aux malades de
l’établissement et non aux malades qui se trouvent en ville. Par contre, elles doivent s’occuper
de préparer les médicaments et les tisanes, pour tout cela elles seront logées, nourries et
blanchies.
Bien évidemment, elles seront soignées lorsqu’elles tomberont malades, et si elles venaient à
décéder leur enterrement serait pris en charge par l’établissement.
Le règlement de 1823 nous précise encore un peu plus leur fonction au sein de
l’établissement.
Elles sont au nombre de quatre et touchent chacune un traitement de 150 francs net qui
leur est payé par le receveur.
Elles sont dirigées par l’une d’elles ayant le titre de Supérieure. Elles sont sous la
surveillance spirituelle de Monseigneur l’Evêque diocésain, et quant aux rapports
temporels, sous l’autorité de la commission administrative.
Elles sont tenues de se conformer aux règlements de l’établissement dont elles prennent
connaissance à leur entrée.
A cette époque, à l’entrée de chaque malade, la Supérieure ou la sœur hospitalière qui la
remplace, dresse un état exact des bijoux, effets mobiliers et papiers que possède la
malade. Puis, elle lui fournira une robe, des bonnets et autres vêtements de l’hospice.
Le service intérieur de l’établissement est également confié aux sœurs de la charité. Elles
doivent faire des visites fréquentes dans les salles pour veiller à son application.
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.51.
169
C’est aux sœurs hospitalières de surveiller, qu’en été, il soit mêlé du vinaigre dans l’eau
d’arrosage.
Elles surveillent également la propreté des meubles des malades et de leur tablette. Si des
punaises ou autres vermines se manifestaient dans l’une des salles, les malades seraient
transportés dans une autre afin de procéder à l’extirpation de tous les germes et d’en
préserver les malades et le mobilier.
Les sœurs doivent s’assurer que les linges sales, les bandes et autres objets de pansements
sont aussitôt mis dans l’eau afin d’éviter la corruption qui pourrait résulter de leur amas.
La sœur Supérieure veille à ce que les plombs, étains, cuivres et autres ustensiles
employés pour la cuisine, soient constamment propres et bien étamés.
Seules les sœurs donnent l’autorisation aux visiteurs de pénétrer dans l’établissement pour
aller voir les malades. En cas d’insulte, leur entrée sera refusée.
Tout outrage quelconque, insubordination de la part des malades envers les sœurs sera
gravement puni, allant même jusqu’au dépôt de plainte à la commission administrative si
cela le justifie.
La Supérieure peut être amenée à réclamer le service d’autres personnes lorsque l’activité
le justifiera.
C’est elle, encore, qui fixe le régime alimentaire des autres sœurs, ainsi que celui de la
servante cuisinière et des autres employés.
La sœur Supérieure ou une autre sœur hospitalière seconde toujours le médecin lors de ses
visites.
Tous les deux veillent au chauffage et à l’éclairage des salles.
Les sœurs aident aussi le médecin lors de ses interventions chirurgicales. Elles sont
chargées de préparer, un quart d’heure avant l’opération, les bandages, charpies et autres
appareils que le médecin leur aura réclamés. Pour satisfaire à ce devoir, la Supérieure,
veille régulièrement à ce que la pharmacie soit convenablement alimentée en bandages,
charpies et autres appareils simples afin de perdre le moins de temps possible.
Les sœurs ne peuvent s’absenter que si elles ont demandé leur congé et qu’il a été accordé
par la commission.
Elles sont chargées de faire la visite de la salle des morts aux membres de la famille. C’est
la Supérieure qui donne avis du décès d’une personne à l’officier d’état civil dans les
vingt-quatre heures.
En 1840, peu de choses ont changé pour les sœurs hospitalières.
170
Elles sont toujours chargées du service intérieur de l’établissement sous l’autorité de la
commission administrative. Elles soignent les malades et les indigents. Elles distribuent, après
les avoir reçus de l’économe, les vêtements, les aliments et tous les objets nécessaires au
service. Elles ne peuvent gérer aucun bien ni recevoir aucune partie des revenus de
l’administration hospitalière même lorsque ce sont des revenus en nature. La sœur Supérieure
peut être amenée à renvoyer un infirmier ou un servant mais pas sans l’avis du conseil
d’administration. Il est interdit à toutes personnes attachées au service hospitalier, de recevoir,
à quelque titre que ce soit, des dépôts d’argent. Ces dépôts seront directement remis au
receveur qui en dressera écriture et qui préviendra immédiatement la commission. En ce qui
concerne leur alimentation, les sœurs reçoivent une portion de pain blanc, deux portions de
viande et une portion de légume ou de poisson ainsi que 50 centilitres de vin et la même
quantité de bouillon.
« Le nombre de religieuses hospitalières, en 1847, dépasse 7 600 alors que celui des
infirmiers, infirmières et servantes laïques n’est que d’environ 4 000 »1.
En 1876, on compte onze sœurs hospitalières. Parmi celles-ci, deux sont employées aux
services extérieurs et quatre à la surveillance générale, aux services économiques et aux
services du culte.
Lorsqu’un an plus tard, l’hôpital hospice s’agrandit pour accueillir les orphelins et ouvrir une
école gratuite, les sœurs, elles aussi, voient leurs attributions s’élargir. En effet, elles seront
responsables de ces nouveaux établissements qui n’auraient pas pu fonctionner sans elles.
Comme nous l’avons vu précédemment, les sœurs sont au nombre de quatre à l’orphelinat,
dont une sœur Supérieure.
Elles ont pour mission d’enseigner aux jeunes filles les notions élémentaires pour bien
tenir une maison.
La Supérieure se charge de l’achat des comestibles et autres denrées alimentaires et à leur
préparation. Elle en surveille l’emploi et en fait la répartition à ses compagnes, aux
enfants et aux surveillants.
Elle préside également à la confection et à la distribution des vêtements, de la literie et du
linge ainsi qu’au blanchissage du linge et au maintien de la maison en parfait état de
propreté.
171
Les autres sœurs sont chargées de la tenue de l’école congréganiste, de la direction de
l’ouvroir, de la préparation des aliments et de la réparation et confection des vêtements.
Enfin, elles s’assureront de la propreté des enfants.
Comme pour l’hôpital, la sœur Supérieure est responsable de la police intérieure de
l’orphelinat sous la direction de la commission administrative.
C’est elle également, qui s’occupe des dépenses de la maison grâce à des avances faites
par le receveur de l’hôpital. Elle tient note, sur un registre tenu à cet effet, de ses recettes
et de l’emploi des choses achetées.
Elle remet chaque mois une note à la commission sur l’ensemble du service.
C’est encore la sœur Supérieure qui inflige les punitions aux orphelins qui n’ont pas
respecté les règles de la maison.
Elle a également un droit de regard sur les lettres reçues par un enfant ou envoyées par
celui-ci.
Le dimanche ou les jours fériés, elle est autorisée à organiser des sorties avec les enfants.
Même le régime alimentaire des sœurs est établi d’avance. Il existe deux types de menus,
le régime maigre et le gras.
•
régime maigre :
-
déjeuner : café au lait
-
dîner : potage maigre, poisson frais ou salé, légumes frais ou
secs, œufs, riz, salade
•
régime gras :
-
souper : idem
-
déjeuner : café au lait ou potage
- dîner : potage gras, viande bouillie ou en ragoût avec légumes
chauds au lard, légumes frais ou secs
-
souper : viande rôtie grillée ou en ragoût avec légumes
chauds au lard, légumes frais ou secs, riz, salade
Il existe une sœur, également, pour le bureau de bienfaisance. Elle est logée et nourrie dans
l’établissement. Elle se charge de s’occuper des pauvres.
Le règlement de 1890 nous permet de voir qu’en en presque cent ans d’exercice des sœurs, au
sein de l’hôpital il n’y pas eu beaucoup de modifications concernant leur statut.
1
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.51.
172
Les sœurs s’occupent toujours du service intérieur de l’établissement sous l’autorité de la
commission administrative.
Elles soignent les malades, les indigents et les vieillards.
Elles distribuent les médicaments aux malades.
Elles accompagnent le médecin lors des ses visites et se mettent à sa disposition pour
l’aider dans les traitements et soins qu’il donne, pour recevoir ses instructions et lui rendre
compte de la position du malade.
Elles distribuent les vêtements, les aliments et tout autre objet nécessaire au service.
Elles ne sont autorisées à gérer aucun des biens de l’établissement ni à recevoir aucune
partie des revenus de celui-ci.
Les conditions du traité établis en 1762 doivent être respectées.
La sœur Supérieure dirige les infirmiers et les servants. Par contre, elle ne peut les
admettre ou les renvoyer qu’après avis de la commission.
Il leur est interdit de recevoir des dépôts d’argent. Si elles en reçoivent, elles doivent les
remettre au receveur qui en passera écriture et préviendra automatiquement la
commission.
La sœur Supérieure est chargée de garder la clé de la seule porte ouverte de
l’établissement chaque soir.
Toute personne qui insultera la sœur Supérieure ou prononcera à son égard des propos
obscènes sera privé de sortie pendant deux mois, puis pendant trois mois s’il récidive.
Une sœur institutrice adjointe est envoyée par la congrégation de Saint Vincent de Paul, en
1896, devant le succès de l’école.
En 1950, c’est toujours la sœur Supérieure de la communauté des sœurs de Saint Vincent de
Paul qui dirige l’orphelinat. Par contre, l’administration fait appel à des sœurs de la charité de
Paris pour l’ouverture de la maison de retraite GALIGNANI, afin de s’occuper des vieillards
et de faire des visites à domicile.
En mars 1958 l’indemnité annuelle « de vestiaire » des sœurs est revalorisée à 78.000 francs.
Le nombre des sœurs va en se raréfiant tout au long de la décennie 1950. Alors qu’elles
représentaient 60 % du personnel hospitalier en 1900, elles ne sont plus que 7 en 1960. En
novembre 1961, c’est le départ définitif des sœurs, après respect d’un préavis conforme au
173
dernier contrat signé le 10 avril 1952 par l’établissement avec la Compagnie des filles de la
Charité de saint Vincent de Paul.
C) Les infirmiers
Les infirmiers sont restés peu nombreux au sein de l’établissement jusqu’en 1900 et leur rôle
a été très restreint pendant longtemps.
La première trace de la présence d’infirmier remonte en 1840, il n’y a alors, qu’un seul
infirmier dans l’hôpital hospice et son rôle n’est pas défini.
On apprend, dans le compte rendu des délibérations du conseil, qu’un autre poste d’infirmier
ou plutôt d’infirmière est créé pour la salle des femmes en 1850.
Quarante ans plus tard, leur nombre n’a pas changé. Ils ont ordre de se conformer au
règlement intérieur de l’établissement. Leur fonction n’est toujours pas détaillée, par contre
les règles qu’ils doivent respecter sont très clairement décrites.
Lorsqu’il leur est permis de sortir, ils doivent être rentrés pour quatre heures et demie
Il leur est interdit de faire pénétrer à l’intérieur de l’établissement des liqueurs
spiritueuses. Si une personne ne respecte pas cela, elle sera privée de sortie pendant trois
mois et la boisson sera saisie. Ils pourront éventuellement être renvoyés de
l’établissement.
Il est interdit aux infirmiers de boire ou de jouer avec les malades et les visiteurs.
« A partir de 1902, le ministre de l’Intérieur, Emile COMBES, va faire obligation que chaque
département construise une école d’infirmières. En 1922, un décret du 27 juin crée trois
brevets de capacité professionnelle : infirmière hospitalière, infirmière visiteuse de la
tuberculose et infirmière de l’enfance ; ces deux dernières catégories deviendront des
assistantes sociales en 1938 »1.
On apprend qu’en 1908, le gage d’un infirmier débutant est de 35 francs par mois et celui
d’un infirmier expérimenté de 50 francs par mois.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p. 31-32.
174
En 1918, l’établissement emploi un infirmier militaire qui a été envoyé par le service de santé
des armées.
En 1925, un infirmier du service de médecine reçoit un salaire mensuel de 115 francs mois
alors qu’un infirmier du service de chirurgie est payé 75 francs par mois. La sœur Supérieure
réclame une infirmière supplémentaire au service de la maternité ainsi que chez les veilles
femmes au second étage. En 1927, une autre infirmière est engagée dans le service de
chirurgie homme.
Dans les nouveaux bâtiments, il y a une infirmière surveillante générale diplômée et une
infirmière surveillante par groupe de 20 à 25 malades. Du personnel infirmier pour chaque
nouveau service est également recruté, à savoir : les salles d’opérations, la stérilisation, la
radiologie et la surveillance de nuit. Du personnel supplémentaire est aussi employé pour
assurer le roulement afin que chaque infirmière ait son repos hebdomadaire. Le traitement, en
cette année 1934, est de : 1000 francs pour la surveillante générale et 600 à 700 francs pour
les infirmières de service.
A partir de 1937, les élèves infirmiers de la Croix Rouge feront leur stage pratique à l’hôpital
de Corbeil.
En 1939, on compte deux infirmières en salle d’opération et un poste d’infirmière anesthésiste
est créé.
A partir de 1940, toutes les infirmières de l’hôpital de Corbeil possèdent le diplôme d’état
délivré par une école spéciale d’infirmière. Le diplôme d’équivalence délivré aux infirmières
pourvues d’autres titres ne semble pas offrir les même garanties.
C’est en 1943 qu’apparaît la première définition de l’infirmière : « Est considérée comme
exerçant la profession d’infirmier(e) toute personne qui donne habituellement, soit à domicile,
soit dans les services publics ou privés d’hospitalisation ou de consultation, les soins prescrits
ou conseillés par un médecin »1.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.32.
175
Vers 1950, il existe différents types d’infirmiers et infirmières. On compte des infirmières
diplômées d’état, d’autres qui sont autorisées, des infirmières principales et des infirmières
spécialisées notamment en anesthésie.
Le voile blanc porté par le personnel jusqu’à présent est remplacé par un bonnet blanc. La
distinction entre les différentes infirmières se fait grâce à la présence de galon :
La surveillante chef porte 3 galons bleus, 2 couleur or et 1 étoile
La surveillante porte 3 galon bleus et 1 galon or
L’infirmière diplômée d’état porte 1 galon bleu et un galon or
L’infirmière autorisée porte 1 galon bleu
Les infirmières anesthésistes sont très recherchées, les médecins de la spécialité étant encore
très rares. Leur effectif passe à 3 en 1956, puis 4 l’année suivante, soit deux pour chaque
service de chirurgie, sous la direction d’un seul médecin anesthésiste réanimateur. Lorsque ce
dernier prend ses vacances sans pouvoir se faire remplacer, ce qui n’est pas exceptionnel, la
responsabilité de l’anesthésie effectuée par l’infirmière est assurée par le chirurgien.
Le recrutement et le maintien en poste des infirmières posent problème, compte-tenu des
besoins croissants et de la dureté de la tache. Afin d’améliorer le recrutement, l’établissement
passe en 1958 un contrat avec l’école d’infirmière de Nantes : l’hôpital de Corbeil verse à
trois élèves une bourse de 9.000 francs mensuels, 10 mois par an pendant la durée de leurs
études, en échange d’une affectation dans l’établissement. Afin de faciliter leur logement,
quatorze chambres sont dédiées aux infirmières depuis la même année, à la suite de travaux
de construction d’un deuxième étage au niveau du bâtiment « le chalet ».
En 1961, l’effectif total des infirmières est de soixante-dix. L’hôpital recrute des infirmières et
des surveillantes, afin de pallier au départ des sœurs. Un certain nombre de rapatriées
d’Algérie rejoignent l’établissement dans les deux années qui suivent.
Le projet de création d’une école d’infirmiers sur le site de Corbeil se précise. Ce projet est
autorisé en avril 1963 et dès lors, les choses iront très vite, puisque l’école ouvre dès
l’automne, installée provisoirement dans les locaux de l’ancien pavillon Charcot.
176
Les élèves « sous contrat » bénéficient de la gratuité totale des études, de l’hébergement et des
repas, ainsi que d’une indemnité d’argent de poche de 30 Nouveaux francs par mois, qui passe
à quarante en deuxième année. En échange, elles doivent s’engager à servir l’hôpital après
obtention du diplôme, sous peine de remboursement des frais exposés.
En décembre 1963, l’effectif total de l’établissement est de cent dix-huit « infirmières et
techniciennes » : soixante-sept infirmières diplômées d’état, seize surveillantes, une
surveillante générale, une directrice d’école et trois monitrices, trois sages-femmes et vingtsept infirmières spécialisées incluant les infirmières anesthésistes, les kinésithérapeutes et
trois puéricultrices.
En janvier 1964, l’organisation du personnel soignant fait apparaître dix-huit « unités de
soins » :
Quatre de chirurgie (Hommes A, Femmes A, Hommes B, Femmes B)
Une de maternité
Une de bloc opératoire
Une de « veille chirurgicale »
Quatre de médecine (Médecine hommes, Médecine femmes, Darblay, Jozon)
Une de pédiatrie
Deux de pneumologie (Léon Bernard hommes, Léon Bernard femmes)
Une de « veille médecine »
Trois d’hospice.
Une école d’infirmières neuve est ensuite construite en 1965, sur les terrains nouvellement
achetés et qui accueilleront vingt années plus tard l’hôpital « Gilles de Corbeil ». Cette école
est prévue pour cent cinquante élèves, dont soixante-dix de deuxième année et comporte un
internat de quatre-vingt chambres.
Structurée autour d’un personnel pédagogique à temps plein, l’école bénéficie d’emblée d’une
grande implication du corps médical hospitalier pour l’enseignement des élèves et remplit très
rapidement ses objectifs, ce qui l’amènera à augmenter progressivement sa capacité.
A partir de 1970, la spécialisation des infirmières se poursuit avec le développement des
puéricultrices, des infirmières anesthésistes, des infirmières de bloc opératoire et des
177
infirmières de réanimation. Les effectifs iront en augmentant continuellement, pour dépasser
les trois cents dans le nouvel hôpital.
D) Le receveur et l’économe
Ces deux personnes ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’hôpital depuis sa
création. Bien souvent, ces deux fonctions ont été cumulées comme l’autorisait une circulaire
du ministre de l’Intérieur du 20 novembre 1836. Le receveur est nommé par le Préfet et
l’économe par la commission administrative.
Le receveur, en 1823, tient un livre de recettes et de dépenses. Il est chargé de payer les
employés de l’établissement.
Il rend compte, tous les trois mois, à la commission administrative des recettes générales de
l’hospice. Il est tenu de se conformer, dans sa gestion, aux ordonnances et règlements.
En 1840, le règlement stipule à son propos :
L’économe dresse un état exact, sur un registre tenu à cet effet, des bijoux, mobiliers,
papiers et autres objets personnels que pourrait détenir tout malade nouvellement admis.
Le receveur économe doit tenir les registres des deux comptabilités, conformément aux
instructions du 30 mai 1827 et 20 novembre 1836.
Il doit gérer en personne sa caisse et la tenir ouverte tous les mardis et vendredis de
chaque semaine, de 10 heure du matin à 4 heure du soir.
Il s’occupe de distribuer les revenus en deniers et s’occupe du paiement de toutes les
dépenses de l’établissement.
Les comptes qu’il rend, soit à la cour des comptes, soit au conseil de la préfecture, doivent
être préalablement soumis à l’examen de la commission administrative.
Il est chargé de l’emmagasinage et de la distribution des denrées alimentaires et autres
objets de consommation.
Chaque mois il remet à la commission un état de situation de son magasin.
178
Plus les années passent et plus le rôle du receveur économe devient important et précis. En
1890, la commission administrative est libre de vérifier les comptes du receveur, ainsi que sa
caisse, chaque fois qu’elle le juge nécessaire. Extrait du règlement de 1890 : (Cf. annexe 4)
Le receveur est chargé du recouvrement, de la perception et de l’encaissement de toutes
les sommes, tant en capitaux, qu’intérêts, arrérages, fermages des produits de toute nature
qui appartiennent ou sont dus à l’hospice.
Il est également chargé de toutes les sommes provenant des produits intérieurs de
l’établissement, et perçues provisoirement par l’économe.
Il recouvre les denrées provenant de rentes et fermages en nature ainsi que de leur
livraison entre les mains de l’économe.
Il prend en charge le dépôt de toutes les sommes qui se trouvent en possession des
personnes recueillies au moment de leur entrée dans l’hôpital hospice.
C’est également lui qui s’occupe du paiement de toutes les dépenses de l’établissement et
demeure responsable de tous les paiements effectués.
Il est tenu, sous sa responsabilité personnelle, de veiller à la conservation des immeubles,
droits, créances, privilèges et hypothèques de la maison hospitalière.
Il doit établir les poursuites nécessaires envers les débiteurs. Il doit avertir, en temps utile,
la commission de l’expiration des baux.
Le receveur remplit à l’égard des biens des enfants de l’hospice, les même fonctions que
pour les biens de l’hospice lui-même.
Il doit placer à la caisse d’épargne les capitaux appartenant aux enfants lorsque la somme
s’élève à 150 francs au moins. Il remplit les fonctions de curateur à l’égard des enfants
émancipés, sous la surveillance du service des tutelles. Le receveur est tenu de donner
connaissance à l’autorité supérieure, des biens délaissés par un enfant recueilli à l’hospice
et qui y serait décédé avant sa sortie, son émancipation ou sa majorité, et dont la
succession ne serait revendiquée par aucun héritier.
Il tient sa caisse ouverte tous les jours non fériés de 9 heures du matin à trois heures du
soir.
Tous les trois mois, il soumet à la commission un bordereau de situation des recettes et
des dépenses effectuées sur chaque article du budget.
Il se conforme à la loi pour l’établissement des comptes de fin d’année et de la gestion
pendant l’année financière. Ces comptes, appuyés de pièces justificatives, sont présentés à
la commission dans la séance réglementaire du mois de mai, et ensuite au conseil
179
municipal, pour y être approuvés. Le receveur tient les livres et registres prescrits par les
instructions ministérielles.
Le rôle d’économe, souvent cumulé avec celui de receveur, accroît les responsabilités :
L’économe assiste aux séances de la commission mais ne prend part à aucun vote.
Il veille à l’exécution rigoureuse de toutes les conditions imposées aux fournisseurs par les
cahiers des adjudications et par les marchés.
Il a la garde de la cave, des magasins de vivres, du bois, du charbon de terre et des
ustensiles de toutes espèces, soit neufs, soit réformés.
Il tient tous les registres et écritures prescrits par la loi, les instructions et les décisions de
la commission administrative.
Il réunit à ces fonctions principales, celles de préposé au mouvement de la population et
tient à cet effet un registre matricule. Il reçoit les billets d’admission des entrants et les
met en liasse pour être présentés à toute réquisition avec le registre qu’il doit tenir pour la
réception et la sortie des malades.
L’économe dresse les feuilles de consommation journalière, en pain, vin, et aliments
préparés à la cuisine pour les malades d’après le cahier de visite du médecin, et pour les
vieillards et les enfants, les employés et les gens de service, d’après le régime alimentaire.
Il forme un bulletin récapitulatif d’emploi des quantités de pain, vin, viande nécessaires
pour les consommations réunies portées aux feuilles de chaque jour.
Il délivre les denrées nécessaires à la consommation journalière, soit pour chaque jour,
soit par périodes de plusieurs jours pour les denrées qui en sont susceptibles.
Il surveille tous les services, notamment la tenue de la propreté et de la salubrité des
bâtiments, cours et promenoirs et signale les réparations à faire.
A l’occasion des visites de surveillance ci-dessus, l’économe adresse à la commission
assemblée, soit verbalement, soit par écrit, les observations qu’il juge nécessaires.
En cas d’urgence, il les adresse à l’administrateur de service ou à l’un de ses collègues.
Les comptes de l’économe sont remis avant le mois de mai de chaque année à la
commission administrative chargée de les apurer.
Il dresse l’inventaire général du mobilier de l’établissement, en fait le recollement tous les
ans, au mois de septembre, de concert avec deux membres de la commission.
Les archives sont confiées à la garde du secrétaire et de l’économe, conformément aux
règles administratives.
Le traitement annuel de receveur économe en 1909 est de 2 000 francs. Il est logé à ses frais
en dehors de l’hospice mais à proximité des deux établissements dont il a la charge. Le bureau
180
de l’économe, dit économat, est construit sur une partie du réfectoire des sœurs qui est
beaucoup trop grand. Il doit être ouvert tous les jours de huit heures du matin à six heures du
soir. Celui-ci sera construit sur une partie du réfectoire des sœurs qui est beaucoup trop grand.
L’économe ne peut s’absenter de son service sans autorisation de la commission.
Cette année-là, il remplit également les fonctions de secrétaire et le secrétaire en poste se
trouve donc remercié.
En 1922, le receveur possède un double des clefs de toutes les pièces de l’hôpital sauf des
appartements de la communauté des sœurs. C’est dire le rôle prépondérant qu’il a au sein de
l’établissement.
E) Panorama des différents métiers de l’hôpital
En 1823, parmi les métiers que l’on peut rencontrer dans l’établissement, nous trouvons une
servante cuisinière attachée à l’établissement, avec des appointements de 200 francs par an,
logée et nourrie. La culture des jardins est confiée à un jardinier. Un pharmacien est chargé de
fournir à l’hospice tous les médicaments prescrits par le médecin. Il ne peut être créé aucune
nouvelle place de pharmacien dans l’établissement sans l’accord du ministre. Dans des cas
d’urgences, le médecin pourra demander son assistance lors de ses visites. S’il commettait une
négligence, l’administrateur de service en réfèrerait immédiatement à la commission
administrative.
En 1835, le personnel administratif et médical se compose de :
•
5 sœurs hospitalières rétribuées 150 francs chacune, par an
•
1 médecin en chef, Monsieur PETIT père, rétribué 600 francs par an
•
1 médecin adjoint, Monsieur PETIT fils, rétribué 600francs par an
•
1 infirmier, payé 200 francs par an
•
1 trésorier rétribué 400 francs par an
•
1 portière payée 250 francs par an
•
1 jardinier rétribué 200 francs par an
•
1 cuisinière dont on ne connaît pas la rétribution
181
•
1 secrétaire attaché spécialement aux travaux de la commission. Il prépare la
correspondance, tient le registre des délibérations et tous les autres registres du service
administratif. Il dresse les états mensuels et trimestriels, il prépare l’expédition des
ordonnances de dépenses. De plus, il a la garde des papiers dont il est responsable.
Cinq ans plus tard, les membres du personnel ont peu évolué. Les effectifs des sœurs, des
médecins et de l’infirmier sont inchangés, le portier (qui est une femme) et le jardinier sont
toujours présents.
Le receveur tient également le rôle d’économe, les servants sont placés sous la direction de la
Supérieure, un poste de femme de service fait son apparition officiellement dans le compterendu des délibérations de la commission administrative.
De temps à autre, lorsque les circonstances l’exigent, la commission fait appel à des individus
salariés pour aider les membres du personnel dans leur travail. Les servants sont sous la
direction de la Supérieure.
Une « berceuse » chargée de fournir le blanchissage, la nourriture et le logement, exerce en
1848.
En 1876, un servant est employé aux exploitations et six servantes sont employées aux
services économiques et aux services du culte, dont cinq sont attachées à la surveillance
générale.
Dès l’ouverture de l’orphelinat, outre les sœurs, on recense un homme et une femme de
service. Ils emmènent les orphelins à l’école et vont les rechercher le soir.
En 1878, on compte treize sœurs dont trois sont affectées à l’orphelinat, un servant homme et
six servantes femmes.
Dans le règlement de 1890, on apprend que le personnel se compose de :
•
1 secrétaire dont les fonctions n’ont pas changé
•
1 receveur qui accomplit également les fonctions d’économe
•
1 médecin en chef qui exerce la chirurgie, qui réside à Corbeil
•
1 médecin adjoint qui exerce aussi la chirurgie et qui réside à Corbeil
•
1 sage femme qui procède aux accouchements sous la direction du médecin
•
11 sœurs hospitalières de la congrégation de Saint Vincent de Paul dont une Supérieure
182
•
1 aumônier
•
2 infirmiers
•
6 femmes de service
En 1898, se sont les lavandières qui s’occupent de la buanderie.
Quelques années plus tard, le statut du jardinier se modifie. Il reçoit 25 francs par mois au lieu
de 15 francs en 1903 et il est logé et nourri.
En ce début de siècle, « le nouveau règlement des hôpitaux entérine la distinction entre le
personnel soignant et le personnel de ménage (les servants) »1
Un poste de concierge est donné à une femme de ménage en 1904 pour 600 francs par an.
Les hommes sont chargés de la surveillance, des soins aux chevaux et autres animaux et, si
besoin, font fonction d’aide infirmier. A cette époque, un receveur reçoit 2 185 francs par an
de traitement.
Une sage femme, Madame DUMERY, est médaillée d’honneur en 1907.
Le jardinier reçoit 35 francs par mois en 1909. Le personnel a besoin d’une assurance contre
les accidents du travail. Celle-ci est réglée par l’établissement. Le prix s’élève à 135 francs
pour le ménage de concierges, les deux infirmiers, le jardinier et les cinq filles de service. La
fille de service de l’orphelinat, elle, sera assurée pour 10 francs.
Une sage femme est nommée pour remplacer madame DUMERY qui décède. Une sage
femme suppléante est également nommée, elles sont rétribuées au prorata du nombre
d’accouchements effectués.
La personne responsable des radiateurs du nouveau système de chauffage est appelé un
chauffeur.
Un aide infirmier est recruté car l’infirmier a trop de travail. Il est choisi parmi les
convalescents valides et sera payé 10 francs par mois.
1
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.31.
183
En 1912, c’est une aide lingère qui sera recrutée, dans un premier temps elle ne recevra pas de
salaire, ce n’est qu’à partir de 1913 qu’elle sera payée 5 francs par mois. On note l’apparition
d’un vaguemestre, personne destinée à distribuer le courrier aux malades de l’établissement.
C’est l’hôpital qui en est civilement responsable.
Il s’agit d’un pensionnaire de l’hospice dont le prix de journée est abaissé à 2 francs au lieu de
3,50 francs pour ce service rendu.
Un coiffeur est également employé par l’établissement. Il prend 0,14 franc pour faire la barbe
et 0,25 franc pour une coupe de cheveux.
La loi du 23 avril 1919 fixe à 8 heures la durée quotidienne de travail pour les employés.
C’est déjà le cas pour la plupart des personnes qui travaillent à l’hôpital de Corbeil. En effet,
les deux femmes de cuisine travaillent de 5h à 11h et de 13h à 19 h, la veilleuse de nuit se
repose la nuit, les deux lingères font 7h-11h et 13h-17h, les quatre laveuses travaillent 10
heures par jour en été et 9 heures par jour en hiver mais quatre jours par semaine et le
jardinier fait 10 heures en été et 7 heures en hiver. Par contre, il s’avère que cette loi n’est pas
applicable pour le concierge et le cocher car ils sont indispensables tout le temps.
En 1924, un aide infirmier reçoit la somme de 60 francs par mois.
L’aide infirmière qui se trouve dans le service de la chirurgie femme doit répondre aux
besoins des patientes jour et nuit. Un aide jardinier est employé à l’orphelinat pour 2 francs
par jour. Un an plus tard, l’horloger de l’hôpital qui avait la charge de remonter les pendules
et horloges quitte sa fonction. Les sages femmes sont rétribuées 40 francs par accouchement.
Les femmes de services sont payées 1,75 francs par heure. C’est l’infirmier du service des
vieillards valides (second étage) qui est chargé de prévenir la sage femme lorsqu’un
accouchement se prépare. Il reçoit 2 francs par voyage effectué.
Le jardinier est remercié en novembre 1926, il est remplacé par une sœur. Une nouvelle
infirmière est recrutée payée 200 francs par mois. Cette année là, la population de l’hôpital se
compose entre autre de :
♦ 3 infirmières rétribuée, chacune, 425 francs par mois
♦ 1 jardinier (remercié à la fin de l’année) et un aide jardinier
184
♦ 1 ménage concierge à 900 francs par mois
♦ 1 aide chauffeur à 25 francs par mois (pour les individus hospitalisés)
♦ 4 laveuses qui reçoivent 25 francs par jour
♦ 7 filles de salles à 400 francs par mois
♦ 1 femme de ménage à 90 francs par semaine
♦ 1 vaguemestre commissionnaire à 70 francs par an
♦ 1 économe à 1000 francs par mois
♦ 1 hospitalisé employé à des menus travaux d’entretien
♦ 1 veilleur de nuit
Le choix des employés se fait par la sœur Supérieure mais les émoluments à attribuer à ce
personnel ne sont fixés qu’après avis des médecins en fonction de leur compétences.
En 1928, création d’un poste d’administrateur permanent devant l’ouverture de nouveaux et
importants services.
L’hôpital emploi, en 1929 :
♦ des sœurs payées 3 francs par jour
♦ des médecins à temps partiel, qui perçoivent un salaire ainsi que des honoraires en
fonction de leur activité : un radiologue dont le salaire s’élève à 2.400 francs par an, un
médecin chef et un chirurgien chef qui reçoivent chacun 6.000 francs par an
♦ un interne qui reçoit également 6000 francs par an
♦ un économe qui gagne 14 400 francs par an
♦ des infirmières
♦ une veilleuse de nuit
♦ une cuisinière
♦ des lingères
♦ une aide infirmière
♦ un cocher
♦ un chauffeur
♦ un concierge
♦ des femmes de journées
♦ des laveuses
185
En 1930, devant l’agrandissement de l’établissement, le Préfet prend la décision de nommer
un directeur d’hôpital. Rémunéré 19 000 francs par an et titularisable après un an de stage, il
perçoit également une indemnité de logement, dans l’attente de l’achèvement des travaux du
pavillon qui lui est destiné. Les candidats au concours doivent avoir entre 30 et 50 ans,
posséder une licence de droit ou un doctorat en médecine ou bien avoir dix années de pratique
administrative dans les hôpitaux civils ou militaires.
Cette nouvelle fonction s’accompagne de la création d’un secrétariat chargé du mouvement
des malades, de la comptabilité des frais de séjour et de la correspondance. L’économat
s’étend et assure désormais la comptabilité des approvisionnement gérés jusqu’alors par les
sœurs.
Le directeur établit, en 1932, un statut du personnel comportant les conditions de recrutement
et d’avancement, une échelle de traitement et le bénéfice d’une retraite pour la vieillesse.
En 1933, la congrégation des sœurs de Saint Vincent de Paul ne peut faire face à la demande
de recruter d’autres sœurs pour les nouveaux bâtiments de l’hôpital. Il est donc fait appel à un
personnel laïque qui comprend : une surveillante générale diplômée d’état et des infirmières
diplômées elles aussi. En attendant l’arrivée de ce nouveau personnel, les employées
présentes recevront des cours donnés aux infirmières habituellement.
La sœurs qui s’occupait de la pharmacie, de la buanderie et de la lingerie est remplacée en ce
qui concerne son activité pharmaceutique, par un pharmacien, car elle a trop de travail. Ce
nouvel employé recevra la somme de 2000 francs par mois.
En 1939, on voit la création d’un poste de commis à la recette spéciale de l’hôpital.
A partir de 1940, la semaine de 40 heures est appliquée.
En 1943, il y a l’ouverture d’un poste de chef de laboratoire indépendant du poste de
pharmacien, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Un poste d’assistante sociale est
également créé.
186
L’uniforme des infirmiers est composé d’une blouse bleue de l’assistance publique et les
infirmières, elles, sont habillées avec une blouse blanche et un voile.
Pendant l’occupation, le personnel de l’établissement de Corbeil est obligé de porter un
brassard de la croix rouge pour circuler dans la ville et travailler à l’hôpital.
Une pointeuse d’entrée et de sortie pour le personnel est installée dans le hall d’entrée de
l’hôpital. Un contrôleur de ronde de nuit est chargé de surveiller le travail du personnel de
nuit.
En 1945, la sage femme qui exerce à l’hôpital depuis 15 ans, Madame PAPOINT, est
augmentée. Elle recevra désormais 150 francs par accouchement au lieu de 75 francs. Cela
faisait 15 ans qu’elle n’avait pas été augmentée. L’aumônier, quant à lui, reçoit la somme de
10 000 francs par an pour ses services, au lieu de 2 500 francs auparavant.
Etat des lieux de la population de l’hôpital en 1946 :
12 membres du personnel administratif
20 soignants laïques
95 servants
39 personnes aux services généraux
11 soignants religieux
8 médecins et membres du laboratoire
1 sage femme
7 internes
1 aumônier
1 pharmacien
En 1948, les soignants laïques passent à 22 et les servants sont au nombre de 103. Quelques
années plus tard, les postes de servants se transforment en poste d’aide soignant. On crée 61
postes d’aide soignant.
Hormis le personnel que l’on vient de citer, il existe d’autres métiers qui ont fait leur
apparition petit à petit au sein de l’hôpital. Notamment on trouve :
•
des auxiliaires de bureau
•
des auxiliaires de service
187
•
des personnels de bureau :
- des rédacteurs principaux
- des rédacteurs
•
des personnels administratif d’exécution :
- des commis principaux
- des commis
- une sténo dactylo
- une dactylo
•
du personnel des services généraux :
-
préposés
-
des chefs d’équipe d’ouvriers professionnels
-
des chefs d’équipe de surveillantes lingères
-
lingères de 1ère catégorie (couturiers, coupe,
-
lingères
-
lingères 3ème catégorie (ravaudeuses)
-
aides ouvriers professionnels
confection)
2ème
catégorie
(repasseuses,
lavandières)
•
du personnel soignant :
manœuvres
-
surveillants généraux
-
chef surveillant
-
infirmières principales
-
infirmières diplômées d’état
-
infirmières autorisées
-
infirmières spécialisées
-
aides radiologistes
des chauffeurs de chaudières
des secrétaires médicales
des garçons d’amphithéâtre
A partir de 1950, la généralisation du salariat dans les établissements publics de santé se fait
progressivement passant d’un personnel peu qualifié à un personnel hautement spécialisé.
Un charcutier est employé dans l’établissement, qui élève encore des cochons pour subvenir à
ses moyens.
188
On compte encore huit ravaudeuses et huit repasseuses dont les tâches seront simplifiées dès
1960 par l’acquisition des presses.
D’autres métiers apparaissent, comme les employés des archives, de la reprographie et de la
brûlerie ou bien encore les personnels chargés de la distribution des produits d’entretien.
Le personnel de cette époque travaille dans une ambiance familiale, dont les survivants
témoignent avec émotion.
En 1963, l’effectif total (hors médecins) est passé à 403 personnes :
L’effectif administratif est de trente personnes,
o Un directeur et un économe,
o Deux chefs de bureau,
o Trois agents des cadres hospitaliers et deux agents principaux,
o Sept commis,
o Trois sténodactylos et cinq dactylos,
o Cinq secrétaires médicales,
o Un aumônier
L’effectif des services généraux est de quatre-vingt sept,
o Un sous économe,
o Trois surveillants dont un surveillant chef,
o Deux contremaîtres et cinq chefs d'
équipe,
o Quarante-quatre ouvriers, dont quatorze Ouvriers Professionnels de 2ème
catégorie, six Ouvriers Professionnels de 1ère catégorie, dix-huit aides
Ouvriers Professionnels et six manœuvres,
o Vingt personnels de lingerie, dont deux chefs d'
équipe, huit lingères de 1ère
catégorie et dix lingères de 2ème catégorie,
o Trois chauffeurs de chaudière,
o Un agent et un garçon d'
amphithéâtre,
o Un agent de désinfection, deux conducteurs de voitures et quatre concierges.
L’effectif soignant est de cent dix-huit personnes,
o Soixante-sept Infirmières Diplômées d’Etat,
o Seize surveillantes et une surveillante générale,
o Une directrice d'
école et trois monitrices,
189
o Vingt-sept infirmières spécialisées incluant les Infirmières Anesthésistes et les
kinésithérapeutes,
o Trois puéricultrices et trois sages-femmes.
L’effectif des aides-soignantes est de quatre-vingt-dix-huit
Les agents des Services Hospitaliers sont au nombre de soixante-dix
Les médecins quant à eux sont au nombre de vingt-trois, internes non compris. Trois
seulement de ces médecins exercent à plein-temps.
En 1970, la circulaire du 18 Décembre recommande : « Dans les services d’hospitalisation
(…) chaque médecin ou agent quelque soit son grade ou sa fonction, devrait porter sur sa
blouse son nom et son titre, de façon que le malade puisse toujours distinguer les niveaux de
responsabilité et s’adresser à la personne compétente »1.
« En 1955, la profession d’infirmière représente presque toutes les catégories paramédicales
au sein de l’établissement, désormais à partir de 1985, il y a près de 20 professions soignantes
dont de nombreux personnels appelés médico-techniques »2.
A partir de 1970 le directeur est nommé, non plus par la Préfet mais par le Ministre et relève
de l’autorité de l’Etat.
Avec l’arrivée du service de psychiatrie de nouvelles spécialités apparaissent également
comme les psychologues cliniciens.
En 1986, les employés du centre hospitalier sont répartis comme suit :
hôpital :
maison de retraite :
SAMU :
SMUR :
Planning familial :
1
2
938
63
9
20,50
1,75
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.74.
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.32.
190
Ecole d’infirmières :
25
Ecole de manipulateurs radiologiques :
Psychiatrie :
6
143,25
Le tableau suivant, tiré du livre de J.M. CLEMENT 1900-2000 : La mutation de l’hôpital
(page 39), nous montre comment ont évolué les conditions de nomination du personnel
hospitalier, de 1796 à la fin du XXe siècle.
TABLEAU 9
La nomination des personnels hospitaliers de 1796 à la fin du XXè siècle
7 oct. 1796
Ord
Loi
21dec. 1941
11dec. 1958
31 dec.1970
191
31oct. 1821
7 août 1851
Evêque
diocésain sur
aumôniers
proposition de
directeur
directeur
de Ministre
des Ministre
des Ministre
de l’Intérieur sur finances
Finances
Finances
Ministre
Ministre
3 noms par la
C.A.
receveur
Nomination
par
Secrétaire
Ministre
la d’Etat
commission
des
l’Intérieur sur proposition de
des 5 citoyens présentation
la C.A.
de la C.A.
économe
Nomination
Concours
par la C.A., ouvert par le chargé de la chargé de la
révocation
après
préfet
Santé
Santé
préfet
Ministre
Ministre
accord
du préfet
Médecins
-
Préfet
chirurgiens
sur Nomination
présentation
par
la
chargé de la chargé de la
de la C.A. (3 C.A.révocatio
candidats)
santé
santé
Ministre
Ministre
n après accord
du préfet
pharmacien
Préfet
sur Nomination
présentation
par
la
Préfet
C.A.
chargé de la chargé de la
de la C.A. (3 révocation
candidats)
après
Santé
Santé
accord
du préfet
Autre
C.A.
C.A. < 200 lits <200 lits C.A. directeur
personnel
directeur
200 lits
Secrétaire de Com-mission
la C.A.
directeur
de 5 citoyens
C.A.
C.A.
> >
200
lits
directeur
Fonction
supprimée
préfet
Préfet
Ministre
puis Ministre
192
CONCLUSION
Nous pouvons constater qu’à travers l’exemple de Corbeil il nous est possible de retracer les
grandes évolutions de la structure hospitalière en France. En effet, que ce soit la mutation des
techniques médicales, la transformation architecturale ou encore l’évolution des professions
hospitalières, l’hôpital de Corbeil, comme les autres hôpitaux français, a progressivement
intégré tous ces changements. Nous sommes passés des maisons d’hospitalité réservées aux
indigents, aux filles publiques et aux orphelins ; lieu de maladie et de mort, aux hôpitaux
accueillant des malades à chaque étape de leur vie et qui en ressortent guéris. D’une structure
pavillonnaire avec des plafonds très haut et des salles communes où étaient regroupés les
patients, on arrive à l’hôpital bloc. Ces blocs furent d’abord verticaux, c’est le cas de l’hôpital
de Créteil puis ensuite leur extension s’est faite de façon horizontale. L’hôpital de la fin du
siècle est une usine à soins.
Au XIXè siècle, « il s’agit avant tout d’atteindre un résultat spirituel en soignant
les
1
infirmités corporelles » . Le malade infortuné n’a pas le choix, l’hôpital est le seul endroit où
il peut bénéficier de soins gratuits. Le personnel y est bénévole et donc peu qualifié. Puis, au
XXè siècle, les choses se transforment. Il faut donner à tous, et non plus aux indigents, des
soins d’une qualité irréprochable, grâce à un équipement technique à la pointe du progrès et à
un personnel médical et paramédical d’une compétence indiscutable. Les employés de
l’hôpital deviennent donc tous des salariés formés. On passe d’une technique de soin
individuelle à une pratique collégiale.
« Au malade du début du siècle objet de droit se substitue le malade sujet de droit »2 avec
passage de l’assisté à l’assuré (de l’aide médicale gratuite en 1893 à la couverture médicale
universelle en 1999).
1
2
IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. P5.
CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.23.
193
Par ailleurs, les capacités d’accueil concernant les malades chroniques ou atteints de troubles
psychiatriques et les personnes âgées se sont considérablement améliorées tant sur le plan
qualitatif que quantitatif. En fait, la notion de qualité d’accueil des malades ne s’est
développée que récemment.
Mais compte tenu des difficultés de financement des structures médicales et des frais de plus
en plus lourds engendrés par la maladies et la thérapeutique, l’hôpital du futur devra subir
d’autres mutations. « Il devra tout d’abord s’adapter à l’évolution des maladies car de
nombreuses affections risquent de voir leur fréquence, leur gravité et leur traitement évoluer
de façon significative »1. Les soins des personnes âgées qui deviennent dépendantes vont
devoir se développer de plus en plus et parallèlement à cela, les progrès fait en procréation
médicale et en thérapie génique permettent la guérison de nouvelles maladies.
Alors, la question se pose, a-t-on trouvé cet hôpital du futur ? L’hôpital Européen George
POMPIDOU est-il une réponse à toutes ces questions ?
Tout d’abord, au niveau de sa structure, il est évident qu’il a subi de nombreuses
transformations. C’est un ensemble de bâtiments de type « bloc-pavillon » ouvert sur
l’extérieur, parsemé de multiples ruelles, de magasins et de patios. Il contient 90% de
chambres individuelles. Une centaine de chambre possède une surface double afin de
permettre l’hébergement d’un conjoint. Le plateau technique occupe à lui seul trois hectares et
demi sur les douze que compte l’hôpital. En ce qui concerne les médecins, un seul d’entre eux
est l’interlocuteur de la famille et du milieu médical, il est le référent. On remarque aussi que
la notion de service disparaît. La plupart des lits sont indifférenciés. De plus, c’est le seul
hôpital Européen. Il organise des échanges entre les spécialistes et les chercheurs des
différents pays et majeur partie du personnel est polyglotte afin de permettre un meilleur
accueil des étrangers.
1
GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 496.
194
Mais voilà, il faudra plusieurs années de fonctionnement pour dire si l’hôpital Européen
George POMPIDOU répond à nos attentes actuelles.
Il se passe souvent une vingtaine d’années antre l’élaboration d’un projet et sa réalisation.
Bien souvent, lorsque la construction est terminée, l’établissement est déjà désuet. Ceci
reprend la phrase de Julien GUADET qui disait : « l’hôpital parfait il y a vingt ans est arriéré
aujourd’hui et l’hôpital parfait aujourd’hui sera arriéré dans vingt ans ».
Comme le déficit de notre système de santé ne cesse d’augmenter, nous sommes en droit de
nous demander à quoi ressemblera la médecine de demain ? Comment les soins et les
établissements médicaux pourront-ils s’améliorer sachant que leur coût sera de plus en plus
élevé ? A qui profiteront-ils selon le type de protection sociale qui aura cours d’ici une
génération ?
195
BIBLIOGRAPHIE
CLEMENT Jean-Marie, 1900-2000 : la mutation de l’hôpital. Bordeaux : Les Etudes
hospitalières, 200 : 217.
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Pour aller plus loin dans le domaine de l’histoire de la médecine hospitalière :
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11. CASTIGLIONI A., Histoire de la médecine, Paris : Payot, 1931.
12. DARMON P., La vie quotidienne du médecin parisien en 1900, Paris : Hachette, 1988.
13. DUMESNIL R., Histoire illustrée de la médecine, Paris : Plon, 1935.
14. DUVAL G., L’hôpital moderne 1920-1980, Monuments Historiques, 1981, N°114,59-64.
15. FAIVRE P., Isolement des contagieux dans les hôpitaux, Revue philanthropique, Paris,
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quart de siècle, Revue de l’AMIEC, 1985.
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Historiques, 1981, N°114, 53-8.
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32. TENNESON A., Les religieuses Augustines de l’Hôtel-Dieu de paris du VIIè au XXè
siècle, Paris, 1953.
33. TENON, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris : imprimerie De Ph. D. Pierres,
M.DCC ; LXXX VIII.
34. TOLLET C., Les hôpitaux modernes au XXè siècle, Paris : Chez l’auteur, 1894.
35. VALLERY-RADOT P., Sur les origines de quelques anciens hôpitaux parisiens, Presse
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36. VALLERY-RADOT P., Deux siècles d’histoire hospitalière, de Henri IV à Louis Philippe
(1602-1836), Paris : Paul Dupont, 1948.
37. VALLERY-RADOT P., Un siècle d’histoire hospitalière, de Louis Philippe jusqu’à nos
jours (1847-1949), Paris : Paul Dupont, 1948.
197
ENGAGEMENT DES
SŒURS DE
SAINT-VINCENT DE PAUL
ANNEXE 1
198
199
200
201
202
203
204
205
REGLEMENT 1823
ANNEXE 2
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
216
217
218
219
220
REGLEMENT DE 1890
ANNEXE 3
221
222
223
224
225
226
227
228
229
230
231
232
233
234
235
236
STATUT DE
L’ORPHELINAT
ANNEXE 4
237
STATUT DE L’ORPHELINAT CREE A CORBEIL
SOUS LA DENOMINATION D’ORPHELINAT
GALIGNANI
I ) ADMINISTRATION
a) L’orphelinat GALIGNANI est un établissement public dirigé par des sœurs qui comprend
un orphelinat proprement dit, un ouvroir ou atelier d’apprentissage, une école publique de
filles gratuite et congréganiste. Il est crée comme annexe de l’hôpital hospice de la commune
de Corbeil et administré par la commission du dit hôpital.
b) Les dames de charité de la ville ainsi que les dames de l’ouvroir sont appelées à exercer
une surveillance sur l’établissement.
c) Ces dames sont chargées pendant une période de temps donné de surveiller l’orphelinat
proprement dit d’un part et l’ouvroir dont il sera ci-après parlé d’autre part.
d) La commission désigne le médecin de l’établissement.
e) L’admission des enfants est prononcée par la commission sur la production de pièces dont
le détail sera établit ultérieurement.
II) PERSONNEL
Le personnel se compose de 4 sœurs dont une supérieure, un homme et une femme de service.
238
III) ADMISSION
L’établissement comprend 50 places, sauf extension possible, 25 pour chaque sexe, il reçoit
des enfants des deux sexes à partir de l’âge de 6 ans. Les garçons y resteront jusqu’après leur
première communion c’est à dire jusqu’à 12 ans environ et les filles jusqu’à 18 ans.
Néanmoins, la commission peut, suivant les circonstances, quand elle le juge nécessaire,
admettre un enfant avant l’âge de 6 ans ou avancer ou reculer l’âge de sortie.
IV) CONDITIONS
Les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un des deux, ils doivent être nés
à Corbeil ou de parents habitant la ville ou l’arrondissement.
S’ils étaient originaires d’autres lieux et abandonnés à Corbeil, Soisy et Etiolles, la
commission à tout pouvoir d’appréciation, de même qu’elle peut admettre dans ces cas
absolument exceptionnels des orphelins étrangers dont les alliés habiteraient Corbeil ou
l’arrondissement.
V) RENVOI
Les enfants peuvent être renvoyés par la commission pour motif grave.
VI) PRIX
La gratuité est stipulée au profit des enfants pauvres, orphelins ou abandonnés appartenant
aux communes de Corbeil, de Soisy et d’Etiolles où monsieur GALIGNANI a ses propriétés
et où il habite depuis plus de 50 ans, qui seraient admis dans des conditions portées sur
l’article 8 ci-dessus, c’est à dire chapitre IV), les autres enfants admis auraient à payer une
pension annuelle de 240 francs soit 20 francs par mois payables d’avance.
Les admissions gratuites prononcées par la commission sont réglées en tenant compte des
ressources de l’établissement.
239
Ces admissions gratuites pour Soisy et Etiolles ne peuvent être supérieures pour Soisy à 3 et
pour Etiolles à 2 à la fois. Le tarif d’admission peut être modifié en plus ou en moins par la
commission avec l’approbation de l’autorité supérieure.
VII) TROUSSEAU
Les enfants auront à fournir dans tous les cas un trousseau dont les conditions seront réglées
par la commission. Par contre, à la sortie, la maison leur en remet un.
VIII) INSTRUCTIONS
Les enfants suivent les exercices religieux de la paroisse auxquels ils seront conduits.
Les garçons vont à l’école des frères où ils sont conduits et d’où ils sont ramenés soit par un
frère, soit par l’homme de service attaché à l’établissement.
A leur sortie, c’est à dire après leur première communion ; sans toutefois qu’ils puissent rester
après 12 ans accomplis, si leur conduite a été satisfaisante, la commission avec le concours de
la société de patronage de l’établissement qui pourra être créée, fait ses efforts pour les placer
soit en condition soit en apprentissage.
Ils pourront être suivis et surveiller en apprentissage tant par des membres de la commission
que par des membres souscripteurs délégués de la dite société de patronage.
Les filles reçoivent gratuitement l’instruction primaire dans l’intérieur de l’orphelinat par les
soins des sœurs de la maison. Les filles de la ville sont également admises à suivre
gratuitement les classes. En dehors des classes, les sœurs occupent les enfants de l’orphelinat
à de petits travaux manuels appropriés à leur âge.
A 12 ans, c’est à dire après la première communion, l’instruction primaire est sensée terminer
et devient alors l’accessoire. A partir de cette époque, elles auront au moins une classe de 1
heure par jour.
240
IX) OUVROIR
A l’ouvroir, les enfants apprennent à coudre, raccommoder, repasser et blanchir. Les sœurs
leurs donnent également des notions de ménage, de tenue de maison de façon qu’on puisse en
faire à leur sortie des femmes de chambre ou des filles de service.
L’ouvroir pourra être divisé en deux sections suivant l’âge et les aptitudes des élèves et selon
les exigences ou les facilités de service.
X) ADMISSION A L’OUVROIR DES ENFANTS DE LA VILLE
Les enfants de la ville pourront être admis à l’ouvroir de 11 à 15 ans, elles auront à payer une
rétribution mensuelle de 3 francs par mois environ. A partir de cet âge, elles ne paient plus de
rétribution, leur travail ou le produit de leur travail est acquis à l’établissement et leur est alors
rétribué selon son importance.
A partir de 15 ans également, les orphelines reçoivent un salaire proportionnel à leur travail,
ce travail est déposé à la caisse d’épargne pour être capitalisé et leur constituer un pécule à la
sortie de la maison. Cette rétribution du travail des orphelins peut s’augmenter pour elles du
produit des bons points qu’elles ont gagnés jusqu’à l’âge où le travail leur est payé.
XI) SORTIE
A leur sortie, la commission et les dames patronnesses de l’ouvroir et de charité et les
membres de la société de patronage s’efforcent de placer les orphelines d’une façon
avantageuse. Si les jeunes filles, après leur sortie, éprouvaient des malheurs immérités dans le
cas où elles auraient conservé des relations avec la maison, elles pourraient y trouver un asile
temporaire, cette admission et sa durée seraient fixée par la commission. Dans ce cas, elles
désireraient pendant ce séjour temporaire, travailler pour la maison sans qu’il leur soit dû
aucune rétribution. Si arrivée à l’âge de 18 ans, la jeune fille manifestait le désir de rester dans
la maison pour y rendre des services, la commission pourrait en déterminer et en régler les
conditions et les clauses.
241
La commission administrative dressera un règlement intérieur concernant les congés, les
sorties, les époques et heures de parloir, le costume, la durée des classes, le boire et le
coucher, les heures de repas, de récréation, la forme et la valeur des récompenses etc…
elle réglera également des indemnités qui seront dues aux gens de service, toutes les questions
de tarif concernant l’ouvroir seront réglées par la commission ainsi que celles relatives à
l’extension possible du personnel. Ces statuts lus, j’ajouterais, dit Monsieur SUSAUSON,
ordonnateur, que monsieur GALIGNANI c’est aussi préoccupé de la manière dont marcherait
l’établissement une fois crée, il a reconnu, comme vous avez pu le voir dans les statuts, que si
la gratuité devait être acquise aux orphelins de la commune de Corbeil et des communes de
Soisy et Etiolles, sur lesquelles il a ses propriétés et où il habite depuis 50 ans, sauf la
fourniture d’un trousseau d’entrée de 50 francs environ qui serait le plus souvent fournis par
la charité publique, les enfants des autres communes devraient fournir le trousseau d’entrée et
payer une rétribution ne devant être moindre de 20 francs par mois que la gratuité de pourrait
jamais être une charge trop lourde pour l’établissement.
Attendu de la commission serait toujours juge des admissions et à même de les limiter suivant
les ressources de l’établissement.
MODIFICATION DU REGLEMENT DE L’ORPHELINAT
GALIGNANI
ADMINISTRATION
Article 1 :
L’orphelinat GALIGNANI de Corbeil est administré par la commission administrative de
l’hôpital hospice GALIGNANI de Corbeil dont il forme une annexe.
242
ADMISSION
Article 2 :
L’admission des enfants dans l’établissement est subordonnée aux conditions établies par les
statuts lesquels sont rappelés ici.
L’établissement comprend 50 places, sauf extension possible, 25 pour chaque sexe. Il reçoit
des enfants des deux sexes à partir de 6 ans. Les garçons y resteront jusqu’après leur première
communion, c’est à dire jusqu’à 12 ans environ, les filles jusqu’à 18 ans, néanmoins, la
commission peut, suivant les circonstances dont elle est juge, admettre avant l’âge de 6 ans et
avancer ou reculer l’âge de la sortie.
Les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un d’eux, ils
doivent être nés à Corbeil ou habitant la ville ou l’arrondissement.
S’ils sont originaires d’autres lieux, abandonnés à Corbeil, Soisy ou Etiolles, la commission à
tout pouvoir d’appréciation, de même qu’elle peut admettre dans des cas absolument
exceptionnels des orphelins étrangers dont les alliés habiteraient Corbeil ou l’arrondissement.
Ces demandes d’admissions sont adressées au président de la commission administrative
directement.
Elles doivent être accompagnées de :
-
Les extraits de naissance et de baptême de l’enfant, ce dernier pour les catholiques
seulement.
-
Des actes de décès de ses père et mère.
-
Le certificat délivré par un des médecins de l’hôpital constatant que l’enfant a été
vacciné, qu’il jouit de ses facultés intellectuelles, qu’il n’est atteint d’aucune affection
contagieuse ni d’aucune infirmité le rendant impropre à exercer une profession.
-
D’un certificat établissant son état d’indigence délivré par le maire de sa commune et
d’un autre certificat semblable délivré par le curé de sa paroisse ou le ministre de son
culte.
-
D’un engagement souscrit par les parents et protecteurs ou par les communes de son
domicile s’obligeant à payer le prix de la pension de 3 en 3 mois par avance et à verser le
montant du trousseau fixé par le tarif ci-après.
243
Toutes ces pièces peuvent être sur papier libre, la demande et les pièces à l’appui sont
renvoyées à la commission administrative qui après renseignements statue.
Les admissions ont lieu dans l’ordre de préférence si après indiqué : orphelin de père et mère,
orphelin de mère, orphelin de père.
Article 3 :
Dès qu’une admission a été prononcée et régularisée, l’enfant qui en est l’objet est inscrit sur
un registre matricule tenu a doc par le receveur économe de l’hospice contenant dans des
colonnes distinctes son nom, ses prénoms, la date et le lieu de sa naissance, les noms de ses
parents et leur domicile, l’indication de son état de santé d’après le certificat du médecin, la
date et le motif de son admission. Il est réservé une colonne pour indiquer les dates et les
motifs de la sortie de l’enfant.
Article 4 :
Toutes les pièces fournies à l’appui de la demande d’admission et toutes autres relatives à
l’enfant sont réunies dans un dossier portant le numéro d’ordre donné à l’enfant sur le registre
matricule. On y joint ultérieurement les notes et renseignements de la sœur supérieure et toute
pièce se rattachant spécialement à l’enfant.
Les enfants, une fois admis, ne peuvent être renvoyés de l’orphelinat que sur une décision
prise par la commission administrative.
Article 5 :
Les enfants renvoyés de l’orphelinat ne peuvent être réadmis. Ils sont rendus à leurs parents
ou protecteurs, au besoin ils sont mis à la disposition de l’autorité. Le prix de la pension est
acquis à l’orphelinat pour le trimestre commencé lorsqu’un élève payant est renvoyé de
l’établissement mais il lui est délivré un demi trousseau le jour de sa sortie.
Article 6 :
L’éducation des enfants dans la maison, les soins à leurs donner et la surveillance permanente
dont ils doivent être l’objet sont confiés à 4 sœurs de l’ordre de St Vincent de Paul ou d’un
autre ordre dont une supérieure et 3 assistantes.
Les sœurs dans l’accomplissement de leurs devoirs et dans leur rapport avec l’administration
et les dames patronnesses de l’œuvre se conforment aux conventions souscrites avec madame
la Supérieure Générale de leur ordre, au statut de l’ordre et au présent règlement.
244
De son côté l’administration est tenue de ne rien leur prescrire au-delà des conventions
stipulées et des dépositions réglementaires.
Article 7 :
Les sœurs sont secondées dans leurs travaux par un surveillant à demeure et par une
surveillante placée sous les ordres immédiats de la sœur supérieure. Ils sont nommés sur sa
présentation par la commission administrative qui prononce également leur renvoi.
La Supérieure préside à l’achat des comestibles et autres denrées alimentaires et à leur
préparation, en surveillance l’emploi et en fait la répartition entre ses compagnes, les enfants,
le surveillant et la surveillante. Elle préside également à la confection et à la distribution des
effets d’habillement, de literie, de lingerie etc… au blanchissage du linge et au maintien de la
maison et de ses dépendances en parfait état de propreté.
Les sœurs assistances sont chargées spécialement :
1) De la tenue de l’école congréganiste qui fonctionnera dans l’établissement tant pour les
orphelines de la maison que pour les jeunes filles de la ville qui viendraient y recevoir
l’instruction primaire.
2) De la direction de l’ouvroir
3) De la préparation des aliments, de la confection de l’entretien, de la réparation des effets
d’habillement et de lingerie.
4) Des soins de propreté à donner aux enfants.
L’ordre et la police intérieure de l’établissement sont dans les attributions spéciales de la sœur
Supérieure sous l’autorité de la commission administrative.
Les dépenses courantes de l’établissement sont faites par la sœur Supérieure au moyen
d’avances qui lui sont remises par le receveur de l’hôpital. Elle tient note sur un registre tenu
à cet effet de ses recettes et dépenses et de l’emploi des choses achetées.
Ses rapports avec le receveur sont exactement les mêmes que ceux qui existent actuellement
entre la sœur supérieure de l’hôpital et le receveur.
La sœur Supérieure remet chaque mois à la commission administrative une note sur
l’ensemble du service.
245
Article 8 :
L’orphelinat est appelé à recevoir 25 garçons orphelins. Ces enfants seront cantonnés dans des
pièces à eux affectées dans la maison.
Des mesures seront prises pour ces enfants n’aient pas de communication avec le reste de la
maison et recevront l’instruction primaire à l’école communale tenue par les frères de la
doctrine chrétienne et y passeront tout le temps que l’école sera ouverte.
Dans leurs allers et venues de l’orphelinat à l’école et vis et versa, ils seront accompagnés par
le surveillant. L’éducation religieuse leurs est donnée à la paroisse de la ville, en même temps
qu’aux autres enfants de l’école avec lesquels ils marchent.
Ils rentrent dans la maison les services manuels dont ils sont susceptibles pour la bonne tenue
générale de la dite maison et spécialement des salles à eux affectées.
Article 9 :
Les filles pensionnaires de la maison placées sous la surveillance continue des sœurs
reçoivent dans la maison l’instruction primaire. Le temps donné aux classes, études,
récréations est exactement le même que dans les autres écoles communales de la ville. Sous la
conduite des sœurs, elles vont à la paroisse recevoir l’éducation religieuse.
Une fois leur première communion faite, elles sont employées d’une manière continue aux
travaux manuels et utilisées à la cuisine, l’ouvroir, à la buanderie et à la salle de repassage de
façon à se familiariser avec ces divers services et pouvoir d’abord produire pour la maison et
ensuite pour elles.
Les travaux manuels ne les empêcheront pas de suivre leurs devoirs religieux et de
perfectionner leur éducation primaire.
Dès leur entrée à l’établissement, les filles y rendent également les services manuels dont elles
sont susceptibles pour la bonne tenue générale du dit établissement et spécialement des salles
à elles affectées.
Article 10 :
Les médecins de l’hôpital sont chargés du service de santé de l’orphelinat, ils procèdent à
l’examen des enfants dont l’admission est demandée et délivrent les certificats d’aptitude
physique. L’un d’eux visite l’établissement au moins une fois par semaine et consigne son
passage sur un registre a doc.
L’un d’eux se rendra à l’orphelinat toutes les fois que la supérieure signalera au médecin en
chef la nécessité de la visite. En cas d’indisposition ou de maladie, le médecin donne les
246
premiers soins aux enfants qu’il fait passer à l’infirmerie où ils sont soignés par une sœur de
la maison.
Si les symptômes présentent de la gravité et que le malade puisse supporter le transport, il est
dirigé vers l’hôpital où il est reçu et traité gratuitement. S’il n’est pas transportable, il reste à
l’infirmerie de l’orphelinat.
Les orphelins qui viennent à succomber pendant leur séjour dans l’établissement sont enterrés
au frais de l’œuvre.
Le receveur de l’hôpital est chargé de faire la déclaration à l’officier de l’état civil.
Les médecins consignent leurs prescriptions sur le registre spécial de visite avec leurs
observations sur l’hygiène générale de la maison et le régime alimentaire. La sœur supérieure
est chargée de l’exécution des prescriptions médicales ainsi que des petits pansements.
Article 11 :
Le régime alimentaire varie suivant les saisons et les circonstances ainsi que suivant les
personnes. Les tableaux ci-après indiqueront le régime des sœurs, des enfants et les employés.
Les orphelins font 4 repas par jour sauf les prescriptions des médecins qui pourraient modifier
pour certains cas le régime commun.
Le déjeuner, le dîner et le souper sont pris au réfectoire.
Article 12 :
Le lever et le coucher les orphelins, les heures de repas, d’études, de départ pour les classes et
les récréations sont annoncées au son de la cloche par les soins de l’une des sœurs de la
maison.
La tenu des orphelins est uniforme, elle doit être descente et convenable, les vêtements
doivent être soigneusement entretenus.
Les cheveux des enfants doivent être coupés tous les mois.
Les orphelins doivent garder une attitude respectueuse et recueillie pendant les prières et les
offices. Ils se tiennent debout et découvert lorsque les sœurs et les personnes de l’œuvre leurs
adressent la parole.
Le silence leur est imposé au dortoir, au lavabo, à la salle d’études, au réfectoire et au lieu
d’aisance.
247
Lorsqu’ils circulent en commun en dehors de l’établissement, ils doivent marcher avec calme,
sans cri ni tumulte et formés par rang de deux, ils sont toujours accompagnés par un
surveillant.
Pendant les récréations, les jeux dangereux ou susceptibles de dégrader les vêtements sont
interdits. Il est défendu aux orphelins de troquer, vendre ou acheter des objets à eux
appartenant. Les lettres adressées aux orphelins et celles qu’ils demandent à écrire, sont
soumises à la sœur supérieure.
Les parents et les protecteurs des orphelins qui désirent les visiter sont admis au parloir aux
heures de récréation et les dimanches et fêtes après les offices. Les visites ne peuvent se
prolonger au-delà d’une demi-heure.
Les comestibles et objets de toute nature, apportés par les parents ou les protecteurs doivent
être remis à la sœur supérieure qui les délivrent en temps opportun.
La sœur Supérieure chargée de la discipline dans l’établissement inflige aux orphelins les
punitions suivantes, en raison de la gravité des fautes commises :
1) privation de récréation
2) mise à la table de pénitence avec soupe, pain et eau
3) privation aux promenades
4) réprimande avec affiche au parloir et au réfectoire
5) Plainte portée à la commission provocant soit une punition sévère soit le renvoi de
l’orphelinat.
Article 13 :
Des jeunes filles de la ville sont admises à venir travailler à l’ouvroir pour y faire un
apprentissage dans les divers travaux qui y seront exécutés, elles entreront dans la maison aux
heures ci-après fixées. Elles peuvent y faire leur déjeuner à midi si elles le désirent mais avec
des aliments par elles apportés. Elles devront se conformer à toute règle d’ordre et de
discipline prescrite par la sœur supérieure.
L’admission sera prononcée par la commission administrative sur une demande régulière
adressée à la sœur supérieure par les parents des jeunes filles ou les jeunes filles elles-mêmes.
La dite demande portant engagement de rester à la maison un an au moins. Le renvoi sera
prononcé de même par la commission sur la demande de la sœur supérieure.
248
Pour le développement de l’ouvroir, des maîtresses salariées peuvent être prises à la maison
pour se charger de confectionner des objets pour le dehors et d’exécuter des travaux de
blanchissage, repasse et autres tâches pour le public.
La comptabilité qui pourra en résulter sera tenue par la sœur supérieure sous le contrôle du
receveur de l’hôpital.
Article 14 :
Pour les écritures et la comptabilité de l’orphelinat GALIGNANI on devra se conformer aux
règles suivies par l’hôpital.
Article 15 :
En été à 5h15 lever, à 6 heures prière, après la prière les enfants désignés pour les différents
ménages de la maison s’y rendent en silence, ceux qui ne sont pas employés restent à
l’ouvroir ou à la classe.
A 7 h déjeuner, à 7h15 récréation, pour les petites filles, les grandes terminent les ménages, à
8h rentrée générale et études, à 9 h classe, à 11h travail manuel, à 12h dîner et récréation, à
1h30 rentrée à l’ouvroir, travail manuel, à 4h goûter, à 4h30 rentrée et reprise du travail, à 7h
souper et récréation, à 8 h prière et coucher.
En hiver, les enfants se lèvent à 6h15, l’étude à lieu avant le déjeuner, après le déjeuner les
filles dont les ménages jusqu’à 08h30. Les externes en apprentissage à l’ouvroir suivront le
même ordre à l’exception de ce qui concerne le lever et le coucher. Elles devront être arrivées
à l’ouvroir à 08 h en été et à 08h30 en hiver. Elles prendront leur repas à 12 h à l’orphelinat
ou chez elles comme il a été dit ci-dessus. Elles devront rentrées à 1h30 et sortiront le soir à 7
h en été et à 5 h en hiver.
Article 16 :
Des sorties peuvent être autorisées par la sœur supérieure les dimanches et autres jours fériés.
Toutes autres sorties devront être autorisées par la commission.
Article 17 :
Une pièce dans l’établissement est mise à la disposition des dames de charité et de l’ouvroir
de la ville qui sont patronnesses de l’œuvre.
249
Article 18 :
La sœur du bureau de bienfaisance , des pauvres, est logée et nourrie dans l’établissement.
Il lui est affecté pour le service hospitalier une pièce servant de dispensaire et une autre à
usage de vestiaire.
Tarif n°1 :
trousseau d’un orphelin :
8 chemises de toile
12 mouchoirs de poche
3 paires de bas de laine
3 paires de bas de coton
2 pantalons de toile
2 blousons de toile
6 serviettes de toilette
6 serviettes de table
3 bonnets de coton
3 cravates
1 veste en drap
1 pantalon de drap
2 casquettes
1 ceinture en cuir vernis noir
1 paire de bretelles
2 paires de souliers
1 paire de sabots
1 paire de chaussures
total : 80 francs
250
trousseau d’une orpheline :
8 chemises
12 mouchoirs de poche
6 serviettes de table
6 serviettes de toilette
2 corsets
3 camisoles de nuit
4 bonnets de nuit
2 robes, 1 d’hiver, 1 d’été
2 jupons
2 jarrots
4 paires de bas de coton
4 paires de bas de laine
2 paires de brodequins ou bottines
1 paire de sabots
1 paire de chaussons
total : 90 francs
Tarif n°2 :
Régime alimentaire varié
-Table des sœurs :
Régime gras
Déjeuner : café au lait ou potage
Dîner : potage gras, viande bouillie ou en ragoût avec légumes chaud au lard, légumes frais ou
secs
Souper : viande rôtie grillée ou en ragoût avec légume chaud au lard, légumes frais ou secs,
riz, salage
251
Régime maigre
Déjeuner : café au lait
Dîner : potage maigre, poisson frais ou salé, légumes frais ou secs, œufs, riz, salade
Souper : même composition
Observation : un désert à chaque repas.
-Table des surveillants :
Régime gras
Potage gras ou maigre au déjeuner et après comme les sœurs
Régime maigre
Potage maigre au déjeuner et après comme les sœurs.
Seulement ils ont droits à 750 grammes de pain de 2ème qualité et 70cl de vin, on met à la
marmite 500 grammes de viandes pour chaque surveillant les jours gras, ils n’ont pas droit au
café au lait ni au dessert.
Régime alimentaire varié pour les enfants :
Lundi :
Déjeuner : potage au gras
Dîner : soupe grasse, viande bouillie
Souper : chaud au lard, légumes secs préparés au lard ou pommes de terre
Mardi :
Déjeuner : potage au gras
Dîner : soupe au choux et au lard, chaud au lard
Souper : un bout de viande aux légumes
Mercredi :
Déjeuner : potage gras ou maigre
Dîner : soupe grasse ou maigre, viande en ragoût aux légumes
252
Souper : légumes secs préparés au lard, ou pommes de terre au lard.
Jeudi :
Déjeuner : potage au gras
Souper : soupe grasse, viande bouillie
Souper : légumes frais ou secs
Vendredi :
Déjeuner : potage maigre
Dîner : soupe maigre, légumes secs ou poisson frais ou salé
Souper : œufs ou salade de légumes
Samedi :
Déjeuner : potage maigre
Dîner : soupe maigre, légumes frais, œuf ou riz, un dessert.
Souper : riz au lait ou au beurre, ou poisson ou légumes frais
Dimanche :
Déjeuner : potage au gras
Dîner : soupe au gras, viande rôtie, un dessert
Souper : ragoût de viandes.
Observations : en carême, le potage est maigre le mercredi, en carême le dîner et le souper
sont maigres.
Chaque jour on distribue aux enfants 10cl de vin à leur dîner.
Tarif n°3
Composition du régime alimentaire :
600 g de pain blanc de première qualité
600 g de pain blanc de deuxième qualité
600 g de pain de son
253
400 g de viande bouillie crue
400 g de viande rôtie crue
200 g de viande avec légumes
75 g de lard au chou
25 g de lard bouilli gras ou maigre
50cl de vin.
Régime des sœurs
160 g de légumes frais cuits
300 g de pommes de terre
10 cl de légumes secs, riz
125 g de poisson frais
100 g de poisson salé
2 œufs
60 g de pruneaux
50 g de fromage
50 cl de vin
A peine par personne et par jour 0 franc, 5 centimes.
Régime des surveillants
Pain blanc première qualité : 600 g
Pain blanc deuxième qualité : 750 g
Pain de son : 75 g
Viande bouillie : 500 g
Viande rôtie : 250 g
Viande avec légumes : 200 g
Lard au chou : 75 g
Lard pour après : 25g
Bouillon gras ou maigre : 50cl
Légumes frais cuits : 160 g
Pommes de terre : 300 g
254
Légumes crus : 10cl
Poisson frais : 125 g
Poisson salé : 100 g
2 œufs
60 g de pruneaux
50 g de fromage
70 cl de vin
0 franc, 05 centimes
Régime des enfants
600 g de pain blanc première qualité
600 g de pain blanc deuxième qualité
50 g de pain de son
viande bouillie : 200 g
viande rôtie 150 g
viande avec légumes : 125 g
lard au chou : 75 g
lard pour après : 20 g
bouillon gras ou maigre : 50cl
légumes frais cuits : 150 g
pommes de terre : 250 g
légumes secs, riz : 10cl
poisson frais : 100 g
poisson salé : 100g
Nombre d’œuf : 1 et demi
50 g de pruneaux
50 g de fromage
10 cl de vin
0 franc et 05 centimes.
Prix de la pension des orphelins : 20 francs par mois
255
Prix de l’apprentissage : 30 francs par mois de 12 ans à 15 ans.
256
ANNEE : 2004
Nom et prénom de l’auteur : ABALADA Isabelle
DIRECTEUR DE THESE : POUGES Claude
TITRE DE LA THESE : Aperçu de l’institution hospitalière : l’établissement de Corbeil du
moyen âge à nos jours.
Les origines de la ville de Corbeil remontent aux alentours de l’an 900. Au moyen âge, Corbeil possède deux
structures d’accueil pour les pauvres et les malades, se sont la léproserie et l’Hôtel Dieu. Lorsque la lèpre
disparaît, en 1604, les deux établissements sont réunis. Ce nouvel Hôtel Dieu est sous la tutelle du pouvoir
ecclésiastique. Les malades ressortent rarement guéris, il s’agit plus d’un réconfort spirituel que physique. Après
la révolution, l’autorité passe aux mains de la municipalité. Le Maire est président de la commission
administrative. En 1797, l’Hôtel Dieu tombe en ruine, il est alors transféré dans l’ancien couvent des sœurs
Sainte Augustine. Mais, les difficultés des Hôtels Dieu ne cessent de grandir car la population indigente
augmente et les places pour les accueillir manquent. C’est une « guerre » sans fin avec le pouvoir administratif et
le pouvoir de l’Etat pour avoir des subventions afin de répondre aux besoins. En 1840, un hospice est construit,
contiguë à l’hôpital pour essayer de répondre à la demande croissante de la population. Au fur et à mesure des
années, les locaux deviennent exiguës et les conditions d’hospitalisation trop archaïques. Les progrès de la
médecine s’accélèrent et il faut moderniser les installations et le matériel. De généreux donateurs, les frères
GALIGNANI, permettent la reconstruction d’un hôpital plus grand et mieux situé, ainsi que celle d’un orphelinat
et d’une école publique. C’est la naissance de l’hôpital hospice GALIGNANI. Au cours des différentes guerres,
l’hôpital de Corbeil est un véritable hôpital militaire. Il doit faire face à un afflux de victime. Ce qui est
également le cas lors des épidémies. A partir de 1941, le poids du pouvoir de l’état dans la gestion hospitalière
est de plus en plus important. Quant au personnel, les sœurs sont de plus en plus remplacées par un personnel
médical et paramédical formé et salarié. En 1981, l’hôpital GALIGNANI ne répond plus aux attentes que l’on
peut avoir pour un hôpital moderne malgré le développement de nombreuses spécialités médicales, en son sein.
C’est le début de la construction du centre hospitalier Gilles de Corbeil. Il sera inauguré en 1985.
MOTS-CLES :
-
Hôtel-Dieu (Corbeil, Essonnes)
Histoire médecine
Médiévale histoire
Médecine moderne
Hôpital histoire
ADRESSE DE l’U.F.R. : 8, Rue du Général SARRAIL
94010 CRETEIL CEDEX
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