l`établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours.
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l`établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours.
2 UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗∗ ANNEE 2004 N° THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ∗∗∗∗∗∗ Présentée et soutenue publiquement le A CRETEIL (PARIS XII) ∗∗∗∗∗ Par ABALADA Isabelle Née le 22 Août 1973 à Paris 15è ∗∗∗∗∗ TITRE : Aperçu de l’institution hospitalière : l’établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours. DIRECTEUR DE THESE : M. POUGES Claude Signature du Directeur de thèse REMERCIEMENTS : LE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Cachet de la bibliothèque universitaire 3 Je voudrais tout d’abord remercier les témoins de ce récit qui, grâce à leurs souvenirs, ont permis de faire revivre cette époque et d’obtenir de précieuses informations, avec toute ma gratitude : Monsieur BARON Georges, chef du service d’ORL de 1955 à 1987. Monsieur BEAUFINE-DUCROCQ Henri, chef du service de biologie de 1973 à 1999. Madame BELLOC Josiane, surveillante du service de réanimation de 1963 à 2004. Monsieur BONAFE Lucien, créateur et chef du service de psychiatrie de 1971 à 1978. Madame CHASSIN Nicole, infirmière en chirurgie puis aux urgences chirurgicales, arrivée dans l’établissement dans les années 1962. Monsieur COMBRISSON Roger, Maire de Corbeil de 1959 à 1992. Madame CUISSARD Paulette, surveillante de la blanchisserie-lingerie de 1950 à 1989. Monsieur GERARD Jean, gynécologue obstétricien de 1961 à 1994. Madame SUTRE Simone, panseuse puis surveillante dans les années 1960 et au CTS à partir de 1964. Merci également à Monsieur NGUYEN Van Hau, chirurgien orthopédiste au sein de l’établissement à partir de 1964, qui m’a gentiment consacré un peu de son temps pour m’aider dans mes recherches. Merci aussi à Monsieur LE BECHEC et Madame MORIN, directeurs du Centre Hospitalier Sud Francilien, qui m’ont autorisé à consulter les registres de la commission administrative de l’hôpital de Corbeil, au service des archives municipales de Corbeil-Essonnes et à la société Historique de Corbeil et du Hurepoix. Je tient également à remercier les secrétaires du SAMU 91, que nous avons si souvent sollicitées. Et bien évidement, merci à la personne sans qui cette thèse n’aurait pas vu le jour, Monsieur Claude POUGES, anesthésiste-réanimateur, chef du SAMU 91 à Corbeil. Merci pour cette merveilleuse idée que tu as eu et de tout le temps que tu as pris pour y travailler. Et enfin, je voudrais rendre hommage à tout le personnel hospitalier sans qui cette formidable aventure n’aurait jamais existé. 4 TABLE DES MATIERES Introduction…………………………………………………………... page 005 Première partie………………………………………………………...page 007 1) Bref historique de la ville de Corbeil…………………………………… page 008 2) Aperçu de l’histoire de l’hôpital de Corbeil……………………………... page 012 Deuxième partie……………………………………………………….page 028 3) L’évolution des pathologies rencontrées………………………………………. page 029 4) L’évolution des pratiques, techniques et spécialités médicales………………...page 040 5) L’expansion des bâtiments et de la capacité d’accueil………………………… page 067 6) L’évolution du concept de l’hôpital…………………………………………… page 093 A. De la maladrerie à l’Hôtel-Dieu…………………………………….. page 093 B. De l’Hôtel Dieu à l’hôpital hospice…………………………………. page 096 Malades, indigents, personnels : la vie dans l’hôpital hospice. page 096 L’hôpital et ses relations avec la prison ……………………...page 110 La religion omniprésente……………………………………. page 112 L’hôpital hospice, lieu d’accueil pour les orphelins………… page 113 L’hôpital et les militaires……………………………………. page 120 C. De l’hôpital hospice à l’hôpital moderne…………………………… page 124 7) La gestion de l’établissement au fil des années………………………………...page 131 A. La Commission Administrative………………………………………page 131 B. Le budget……………………………………………………………..page 137 8) L’évolution des métiers de l’hôpital……………………………………………page 152 A. Les médecins………………………………………………………... page 152 B. Les sœurs……………………………………………………………. page 166 C. Les infirmiers………………………………………………………... page 172 5 D. Le receveur et l’économe…………………………………………… page 176 E. Panorama des différents métiers de l’hôpital……………………….. page 179 Conclusion…………………………………………………….page 191 Bibliographie……………………………………………….….page 194 Annexes ♦ Annexe 1 : engagement de sœurs de Saint Vincent de Paul………………………page 196 ♦ Annexe 2 : règlement de 1823…………………………………………………….page 204 ♦ Annexe 3 : règlement de 1890…………………………………………………….page 219 ♦ Annexe 4 : statut de l’orphelinat…………………………………………………..page 235 Liste des illustrations 1. Statue des frères GALIGNANI……………………………………………………page 019 2. Traitement chirurgical des épanchements pleurétiques vers 1850………………. .page 050 3. Plan de l’hôpital hospice GALIGNANI…………………………………………. page 073 4. Hôpital hospice GALIGNANI : façade vue antérieure…………………………...page 076 6 INTRODUCTION Au commencement existait la maison d’hospitalité. L’hospitalité était un devoir individuel, vis-à-vis des pèlerins, malheureux et voyageurs. Les premières « maisons des hôtes », domus hospitalitis, étaient en fait des asiles ouverts par des bienfaiteurs dans leur propre demeure, afin d’accomplir leur devoir envers Dieu. Puis, au moyen âge, le terme changea et devint hospitalitis. L’hôpital est la traduction institutionnelle du principe de charité chrétienne au début du VIè siècle. Chaque évêché avait son Hôtel Dieu. Tous les asiles pour vieillards, pour enfants abandonnés, pour aveugles et toutes les léproseries dépendaient du clergé. Le but essentiel de ces institutions était la diffusion de la foi, avec comme corollaire l’assistance aux malades, considérée comme œuvre de compassion humaine et de pitié divine. Puis, lors de la disparition de la lèpre, les maladreries furent réunies aux Hôtels Dieu. En 1662, un édit de Louis XIV demande la création, dans chaque cité importante du royaume de France, d’un Hôtel Dieu et d’un hospice pour y recevoir et y enfermer les pauvres, les vieillards et les orphelins et accessoirement y garder les malades. Ceci contribua à la multiplication des hôpitaux. Le personnel de ces établissements était composé de frères et de sœurs des différentes congrégations. Ils faisaient office de médecins et d’infirmières. Leur rôle était la prise en charge, tant de la santé physique que spirituelle des patients. Les médecins de l’extérieur ou les barbiers étaient seulement appelés pour les actes chirurgicaux et à titre de consultants, payés à la visite. Les recettes thérapeutiques de l’époque tenaient plus de la sorcellerie que du résultat d’une véritable recherche médicale. Quant aux médicaments, jusqu’à l’ouverture de la première apothicairerie en 1495, il s’agissait de tisanes, d’onguents ou de sirops achetés à l’épicerie. Après la révolution, les hôpitaux sont nationalisés et la religion perd son pouvoir. Mais le nombre de pauvres ne cesse de croître et l’Etat commence à s’endetter avec la gestion des hôpitaux. Les pouvoirs publics se dégagent alors de cette situation en donnant aux 7 municipalités la surveillance des hospices civils de leur arrondissement. Deux siècles plus tard, le maire est toujours le président du conseil d’administration de l’hôpital. A la fin du XVIIIè siècle, la médicalisation se met en place et l’hôpital s’ouvre peu à peu aux malades payants. Il faut cependant attendre la loi du 21 décembre 1941 pour rompre avec l’hospice et ouvrir l’hôpital à l’ensemble des citoyens, en faisant de l’activité de soins sa mission prioritaire. Cette loi consacre juridiquement l’hôpital comme un établissement sanitaire et social et pose les bases de l’institution moderne. Le pouvoir de gestion passe dans les mains de l’Etat, avec la création d’un poste de directeur d’établissement nommé par le Préfet puis par le Ministre de la Santé. L’année 1958 marque une étape essentielle avec l’établissement de trois ordonnances et d’un décret qui créent les centres hospitalo-universitaires et renforcent l’action de l’état au sein des hôpitaux, en introduisant des représentants de la sécurité sociale au conseil d’administration. Le nouveau concept de l’hôpital apparaît : il conjugue les fonctions de centre de soins avec celles d’un centre d’enseignement et de recherche. A partir des années soixante, le nombre des services spécialisés ne cesse d’augmenter, ainsi que l’ampleur des plateaux techniques. C’est l’apparition de l’hôpital moderne, qui est une « usine à soins » perfectionnée et performante. Cette évolution de la structure hospitalière, l’établissement de Corbeil l’a également vécue. En effet, au moyen âge, il existait une maladrerie et un Hôtel Dieu à Corbeil. Aujourd’hui, la ville possède un grand centre hospitalier performant. A travers l’histoire de cet hôpital, reconstituée à partir d’archives de l’époque, nous retracerons les grandes lignes du développement de l’institution hospitalière. Après un bref rappel sur les origines de la ville, nous évoquerons le développement de la médecine à travers l’expansion de son centre hospitalier. Ensuite, nous examinerons les différentes déclinaisons du concept d’hôpital que l’on a pu rencontrer au fil des années, pour terminer sur les profondes mutations qu’ont vécues toutes les professions hospitalières. Bien entendu, cet exposé n’est qu’un aperçu de cette formidable transformation que l’hôpital a dû affronter au fil des siècles. 8 PREMIERE PARTIE 9 1) BREF HISTORIQUE DE LA VILLE DE CORBEIL Les premières traces de vie à Corbeil et à Essonnes remontent au paléolithique, soit dix mille ans avant Jésus-Christ, sur le site des Tarterêts. A cette époque la vallée de l’Essonne constitue un abri idéal pour la population nomade. Puis au néolithique, le peuplement devient plus dense, composé de cultivateurs, d’éleveurs et d’artisans semi-nomades. La commune d’Essonnes ou Exona se développe à la période de domination romaine de la grande Gaule car ceux-ci avaient besoin d’ouvriers pour construire des routes et des ponts. De plus, les Romains font planter de la vigne et des céréales pour nourrir la cité et y font pratiquer de l’élevage. Au IIIe siècle, les invasions germaniques ont anéanti les bienfaits de la paix romaine et provoqué ruines, misère et régression de la civilisation. Mais les rois mérovingiens s’approprient le domaine d’Essonnes quelque temps plus tard, y installent un atelier monétaire et en font un centre agricole et industriel important. Sous les Carolingiens, la progression de cultures continue et cela contribue à la renaissance de la région. L’église, seule institution qui ait résisté au flot destructeur des invasions, s’est considérablement enrichie et est devenue une véritable puissance financière. L’Abbaye de Saint-Denis reçoit le domaine d’Essonnes de Pépin le Bref en 765. Vers l’an 900, peu de temps après la mort de Charlemagne, son empire est disloqué par des partages successifs et mis à mal par des incursions normandes qui viennent du nord puis de l’ouest. Un système de défense est élevé, au confluent de la Seine et de l’Essonnes, pour empêcher ces dangereux pillards de dévaster l’arrière-pays. Ce « château fort » devient le refuge des populations environnantes et constitue une bourgade commerçante qui prend le nom de Corbeil. En 911, le roi de France nomme un comte pour assurer l’administration de Corbeil et de ses environs ; le premier dont on connaît le nom est le comte HAYMON en 946. Il fit construire l’église Saint Spire et le prieuré Saint-Guénault. C’est autour de ces deux bâtiments que la ville se développe. A partir du XIe siècle, la ville fait partie du « plus grand vignoble d’occident ». Corbeil est alors au cœur du domaine royal, les comtes y installent une administration, ils sont secondés par un vicomte auquel est attribuée la seigneurie de Fontenay le Vicomte dont la gestion financière et judiciaire est confiée à un prévôt. 10 La région devient une des plus riches et des plus peuplées de France. Son rôle économique est important, elle est un des ports dont dépend le ravitaillement de Paris. Au XIIe siècle, les céréales de la Brie et de la Beauce, le vin, le bois, les matériaux de construction ainsi que les produits des moulins à farine, à huile et à papier, descendent la Seine vers Paris en partant de Corbeil sur les fameux bateaux corbillards. Les fruits et les fromages de nos campagnes sont transportés par charrettes et la route connaît une circulation intense, qui entretient le bourg d’Essonnes grâce à des relais et des auberges. Louis VI fit édifier une nouvelle forteresse plus importante que l’ancienne qu’il appelle « château royal » de Corbeil et qui devient une résidence royale, notamment pour les reines veuves. C’est ainsi que la reine Ingeburge de Danemark, veuve de Philippe Auguste, fit construire en 1233 le prieuré de Saint Jean de l’Isle. Au XIIIe siècle, on vient en foule au pèlerinage et aux foires de Corbeil ; elle acquiert un renom culturel important et des grandes écoles y fonctionnent. Cette prospérité profite moins aux Corbeillois qu’aux Parisiens qui y possèdent des biens. Au fur et à mesure, la noblesse locale disparaît au profit de la noblesse parisienne, les bourgeois achètent les fermes, les industries et les vignobles. Puis, les pillages de la guerre de cent ans, la peste et la guerre civile affaiblissent Corbeil et Essonnes. Au début du XVè siècle, la population est réduite de moitié, les cultures sont abandonnées et la très forte inflation accroît le misère générale. Heureusement, le pays se relève rapidement de ses ruines grâce à la proximité de Paris. Les riches bourgeois reprennent les terres laissées par leurs propriétaires et les exploitent directement. L’immigration reprend de Paris et de Bretagne, ce qui permet de repeupler la ville. De plus la route royale qui traverse Essonnes favorise également son expansion. Les auberges, hôtels, relais de poste et industries jouent un rôle essentiel dans la vie de la Cité. Sous Louis XII et surtout François 1er, la prospérité revient. Le commerce est important et chaque petit bourg a son marché hebdomadaire et sa foire annuelle. De nombreux moulins s’installent sur les bords de l’Essonne. Les guerres de religions mettent fin à cette brillante Renaissance. A la fin de l’année 1590, tout le pays est dévasté. Quand Jean de la Barre, premier historien de Corbeil, est chargé de la prévôté en 1607, il trouve un pays où certes la culture a repris, mais qui est dépourvu d’activité et où la vie est chère. Au XVIIè siècle et principalement au XVIIIè siècle, la vocation industrielle de Corbeil se dessine, avec l’installation d’un atelier monétaire éphémère, de tanneries et d’une importante poudrerie. On trouve également de grosses filatures de coton, le début des imprimeries, ainsi qu’un atelier de monnayage et des « manufactures royales » où l’on travaille le fer, l’acier ou le fil de cuivre. 11 Puis, la révolution bouleverse les traditions et les relations humaines et modifie profondément les mentalités. On expulse les religieux, on ferme les églises et on rebaptise les villes et les rues. Les cadres administratifs sont transformés, car Corbeil devient chef-lieu de canton et d’arrondissement du département de Seine et Oise, dont la préfecture est Versailles, ce qui provoque des mutations sociales, ainsi que des dévaluations. On assiste au passage des grandes propriétés des mains du Clergé et de la Noblesse à celles de la bourgeoisie et bientôt d’une nouvelle noblesse. C’est au milieu du dix-neuvième siècle que la vie va vraiment changer dans les deux villes. En effet, le dix-sept septembre 1840, le chemin de fer atteint Corbeil. Cela va énormément faciliter le commerce, les échanges et les industries vont à nouveau prospérer. La métallurgie s’implante à Corbeil et à Essonnes, la Seine est rendue navigable en toutes saisons. Cette prospérité s’accompagne d’une montée brutale de la population et bien entendu d’un développement important de la construction. Celle-ci n’est pas ralentie par la guerre de 1870 qui amène un flux assez conséquent d’Alsaciens et de Lorrains, Corbeil passe de 4 455 à 9 632 habitants et Essonnes de 3 612 à 9 374. Au début du XXè siècle, le vaste espace dit « la prairie » qui va de la place du marché jusqu’à Chantemerle est entièrement construit et la rue Féray devient l’artère principale entre Corbeil et Essonnes. A cette époque, les conflits du travail se multiplient. Les ouvriers souhaitent de meilleures conditions de travail et une modification des règlements devenus trop archaïques. De 1904 à 1914, on assiste à une rude offensive gouvernementale dirigée contre le syndicalisme. Les inondations de 1910 puis la guerre de 1914-1918 contribuent aussi à l’affaiblissement des deux villes. Pourtant, dès 1916, l’activité industrielle devient intense, surtout la métallurgie pour les besoins du front. Après la guerre, la croissance démographique reprend, due en particulier à l’arrivée de nombreux étrangers. Les lois Sarraux et Loucheur, votées en 1928 pour améliorer la construction bon marché et tenter d' aménager la région favorisent l' édification de petits pavillons de banlieue, principalement sur les coteaux jusqu’alors voués à la vigne et aux bergers. Ainsi, en 1929, sont construits avec l’aide de l’office départemental d’habitation, les deux immeubles en brique rouge et les pavillons voisins de chaque côté de la rue du département à Essonnes. Pendant la grande crise des années trente, la population diminue légèrement, les constructions s’arrêtent, le chômage s’installe et la croissance semble arrêtée. La guerre de 1939-1945 se traduit par l’occupation étrangère, les restrictions alimentaires et les bombardements. La ville est libérée le 25 août 1945 par l’armée du général Patton. 12 Au lendemain de la guerre, les reconstructions d’infrastructures ferroviaires, routières et portuaires anéanties passe au premier plan. En 1946, le préfet demande aux maires des deux communes de travailler sur un projet de fusion. A cette époque, la superficie de Corbeil est de 208 hectares et elle totalise 10 966 habitants, celle d’Essonnes est de 899 hectares et on y compte 10 032 habitants. Le 9 Août 1951, c’est chose faite et Corbeil et Essonnes ne font plus qu’une ville : Corbeil-Essonnes. Les constructions commencent sur Essonnes, où les terrains de culture disparaissent rapidement : création de pavillons puis d’une cité d’urgence à Montconseil en 1956, suivis d’immeubles collectifs à partir de 1957 de tours en 1965 ; quelques années plus tard c’est un vaste ensemble à l’Ermitage. Des logements sont construits dans le quartier des Tarterêts dès 1963, puis un grand ensemble y prend place dans les années soixante-dix, tandis qu’une zone pavillonnaire est installée aux Coquibus. A l’ouest de la ville, ce sont d’abord les « Allées de l’Essonne » qui voient le jour, puis la « Nacelle » à partir de 1970 et en 1984, la prairie comprise entre les moulins de Robinson et d’Angoulême. Le dix juillet 1964, création du département de l’Essonne et choix d’Evry petit bourg comme chef-lieu. Les transferts des administrations et des services qui en découlent vont alors entraîner un déclin progressif. Celui-ci sera aggravé par la crise à partir de 1974. Le potentiel économique diminue fortement, la population stagne aux alentours de 38 000 habitants et le développement topographique est ralenti. La ville finit par reprendre son expansion démographique et économique dans le courant des années 1990, malgré les restructurations qui ont affecté de nombreuses industries entre temps. La ville finit par reprendre son expansion démographique et économique dans le courant des années 1990, malgré les restructurations qui ont affecté de nombreuses industries entre temps. A noter dans les grandes avancées d’équipements sociaux et médicaux : la création du centre de PMI en 1959, l’ouverture de la crèche en 1964 et celle du centre de santé en 1966. L’année 1985 verra la construction du nouveau centre hospitalier, baptisé « Gilles de Corbeil ». 13 2) APERCU DE L’HISTOIRE DE L’HOPITAL DE CORBEIL Il est évident que les mutations subies par les villes de Corbeil et d’Essonnes vont avoir un retentissement direct sur l’évolution des structures de soins qui ont pu exister à ces époques. En effet, au IVe siècle, lorsque les premiers établissements charitables sont créés, ils ne répondent en rien à nos hôpitaux modernes. Il faut distinguer, à cette époque deux sortes d’établissements : il existe d’une part des « Maisons Dieu » ou « Hôtels-Dieu » (dont nous verrons les fonctions un peu plus loin) et d’autre part des « maladreries ». Ces deux structures se sont réunies à la disparition de la lèpre en 1604. Les asiles d’origine religieuse servant d’abri aux pèlerins et aux malades atteints de pathologies ayant un caractère contagieux ou épidémique portent le nom de léproserie, maladrerie ou lazaret, du nom de leur patron Saint-Lazare. Au Moyen âge, tout centre habité devait avoir sa léproserie. Elles sont situées à l’extérieur de la ville et autant que faire se peut sur une éminence et au bord d’un chemin. Celle de Corbeil est située à l’extrémité du chemin ermitage, qui fait suite à la rue Saint Spire. Pour subvenir à leurs besoins, le roi Louis VI donne le droit aux lépreux de prendre chaque jour une quantité de bois représentant la charge d’un cheval dans la forêt de Rougeau, mais cela devint source de difficultés entre les malades et les Templiers, à qui appartient un des bois. En 1263, ce droit d’usage se transforma donc en une rente de soixante livres prélevée sur la recette de la prévôté de Corbeil. Les lépreux touchent également la dîme du pain, du vin et de toutes les denrées que le roi et la reine ou leur fils, Philippe, consomment pendant leur séjour en ville ou dans les dépendances. Ils gardent également les écuelles que la famille royale a utilisées. De plus, une aumône annuelle de cent sous est versée. Enfin, ils possèdent quatre boulangers francs, ont un droit sur un moulin et reçoivent des profits sur la foire Saint Michel, qui se tient devant la porte des lépreux. Les « maladreries ont un statut très particulier. Les ladres sont morts au monde - certains rituels prévoient même une messe des morts lors du départ du ladre, parfois un simulacre d’inhumation dans une fosse - et vivent en communauté comme des moines, selon des règles sévères imposées par le statut de l’établissement »1. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 13. 14 L’entrée des malades dans l’asile est célébrée par un office des morts, comme nous venons de le voir. Ils sont revêtus d’un costume particulier et sont conduits processionnellement à la maladrerie. Ils ne peuvent en sortir qu’à des jours fixes. Les lépreux doivent porter des gants ainsi qu’un capuchon sur la figure et ils ont des cliquettes chargées d’annoncer leur passage. Dans beaucoup de pays, ils ne peuvent pas se marier ; si la femme est lépreuse, on les sépare pour qu’il n’y ait pas d’enfant lépreux. L’administration des maladreries est assurée par quatre frères et quatre sœurs dont l’une, la prieuresse, est chargée d’exercer l’autorité sur les autres et de rendre des comptes sur les legs et profits. Deux personnes sont désignées pour porter les morts en terre ; en contrepartie, elles reçoivent deux cents francs par mois. La lèpre disparaît en 1604 et on assiste alors à la fermeture des maladreries. A ce moment, leurs biens sont transférés dans les Hôtels-Dieu avoisinants. Ceux de la léproserie de Corbeil sont transférés à l’Hôtel-Dieu. Les quelques maisons qui n’ont pas été données seront habitées par les ermites et cela deviendra l’ermitage Saint-Lazare. Les Hôtels-Dieu s’appelaient avant des Maisons Dieu et ce sont les ancêtres de nos hôpitaux modernes. Ils se multiplièrent en Europe vers le IXe siècle puis, à la suite des croisades, leur nombre augmente en France grâce aux Ordres Hospitaliers et sous l’impulsion des souverains. « Leur organisation matérielle est cependant modeste. Les hôpitaux sont en effet davantage destinés à servir de dépôt de malades que d’établissements adaptés aux exigences médicales et à l’hygiène. Ce sont en fait des asiles ouverts par des bienfaiteurs, dans leur propre demeure, pour y recevoir les pèlerins, les voyageurs et les malheureux. Ils étaient très nombreux (en particulier les petits, d’une capacité de trois à dix lits) et fleurissaient un peu partout, tant à Paris qu’en Province »1. Chaque malade est l’objet « autant de soins spirituels que de soins temporels, car l’âme doit être soignée au même titre, sinon plus, que le corps : les médecins n’apparaissent qu’épisodiquement dans les hôpitaux, tandis que les aumôniers y sont à demeure »2. La description type d’un Hôtel-Dieu comprend : « la salle commune, souvent appelée Hospitalitas par les malades, qui sert le plus souvent de chapelle. Les patients y vivent dans la plus étroite promiscuité, dormant à deux, plus rarement à trois, dans le même lit. Il en résulte une contagion importante, et l’on mourait plus dans les hôpitaux qu’on y guérissait »3. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 25. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 5. 3 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p.25. 2 15 Ils sont en général situés près d’un fleuve, pour pouvoir y faire la lessive, pour le transport des vivres et l’évacuation des ordures ; dans le centre ville et proche des cathédrales pour être près des religieux. Peu de documents nous permettent de dater l’origine de l’Hôtel-Dieu de Corbeil, mais les premiers documents retrouvés remontent au XIè siècle. A cette époque, l’administration appartenait au pouvoir ecclésiastique, par l’intermédiaire des différents évêques de Paris ou de leurs délégués et ce jusqu’en 1796. « L’évêque est le protecteur et le gardien du bien des pauvres, donc des biens hospitaliers : lui-même ou son adjoint visiteront et surveilleront les maisons charitables. (…) Deux exceptions à cette règle quasi absolue du contrôle épiscopal : les établissements fondés par les rois, sur lesquels le Grand Aumônier royal aura la haute main, et les établissements fondés par des communautés d’habitants, où l’administration municipale veille elle-même à la bonne marche, financière et disciplinaire, des hôpitaux. (…) La direction effective est assurée par un économe »1. Puis, après la révolution, l’administration passera aux mains des autorités municipales. L’Hôtel-Dieu est une fondation charitable qui ne subsiste que grâce aux dons, privilèges ou autres attributions qui lui sont concédées par les rois, les reines et les pouvoirs ecclésiastiques. « La plus large partie des finances hospitalières provient habituellement des immeubles possédés par les établissements charitables. (…) Les évêques exigeaient, lors de toute fondation d’hôpital, la constitution d’une dot immobilière, cette dot consistant soit en terres cultivables, soit en bâtiments d’habitation ; les terres cultivables étaient soit exploitées directement soit données à bail, moyennant une rétribution en nature ou en argent. (…) L’exploitation directe des domaines ruraux assure souvent le vin, le blé, le bois nécessaires à la vie de l’hôpital »2. L’établissement de Corbeil est situé en face de l’église Notre Dame, sur la place du marché. A la suite des bâtiments, on trouve un assez grand jardin dans lequel se situe un vivier pour la conserve du poisson. Ce vivier s’alimente par la rivière de la Boucherie par un petit canal. Au-delà des bâtiments, on aperçoit la chapelle puis le cimetière (cette chapelle a 48 pieds de long et 12 de large). La prison et le tribunal se situant de l’autre coté de l’Hôtel-Dieu, les sœurs sont chargées de la nourriture des prisonniers. 1 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.14. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 16-18. 16 On peut remarquer qu’alors, autour de l’église Saint Spire, se trouve le cœur de la ville de Corbeil. En 1790, l’Hôtel-Dieu compte quatorze lits de malades répartis de façon égale entre les hommes et les femmes. Malheureusement, ces quatorze lits deviennent vite insuffisants dans les temps d’épidémie et on y supplée à l’aide de bottes de pailles. A l’époque, le personnel comprend un directeur, quatre frères et quatre sœurs, soit neuf personnes. Les sœurs sont des chanoinesses jusqu’en 1762, puis ensuite elles sont relayées par les sœurs de Saint Vincent de Paul. La loi du 19 février 1790 qui abolit les ordres religieux, puis celle du 18 août 1792 qui supprime les congrégations, vont contribuer au départ des sœurs dans certaines structures de soins. En effet, les anciennes religieuses attachées aux hôpitaux peuvent rester, mais à condition qu’elles quittent leur costume pour revêtir des vêtements laïques. Les sœurs de l’ordre de Saint Augustin qui occupent, depuis 1639, le prieuré Saint Jean, situé en face de l’Hôtels-Dieu, refusent le « serment révolutionnaire qui doit être prêté par toutes les religieuses hospitalières ; celles qui ne se soumettraient pas à cette mesure seront exclues des places qu’elles occupent, regardées comme suspectes et traitées comme telles »1, et ce fut chose faite en 1793. Les bâtiments servent alors de caserne de gendarmerie. En 1797, l’ensemble des bâtiments de l’Hôtel-Dieu tombe en ruine et il est alors transféré dans l’ancien couvent des sœurs Saint Augustines. Désormais (en fait depuis la loi du 7 octobre 1796), «les administrations municipales ont la surveillance immédiate de tous les établissements hospitaliers situés dans leur ressort administratif. Pour exercer leurs pouvoirs, les municipalités désigneront une commission composée de cinq citoyens du canton »2. Les locaux vétustes sont démolis, ainsi que la prison et le tribunal. L’officialisation de l’attribution de ces nouveaux bâtiments à l’Hôtel-Dieu est effectuée par un décret signé le 26 août 1805. Au tout début, l’établissement est baptisé la « maison de l’humanité » puis rapidement il prend le nom d’hôpital. Dans le Dictionnaire des sciences médicales, rédigé par un collège de médecins et de chirurgiens, on peut lire dans l’article « Hôpital » : « l’hospice diffère essentiellement de l’hôpital en ce que celui-ci doit être, d’une manière exclusive réservé pour les malades auxquels sont actuellement nécessaires les secours de l’art de guérir et que l’hospice est 1 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 35. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.38. 17 destiné, soit à des individus en santé, soit à ceux dont les infirmités sont chroniques et telles que les tentatives de traitement leur seraient inutiles et quelquefois dangereuses »1. En 1807, l’établissement de Corbeil comprend seize lits : neuf pour les hommes et sept pour les femmes. Les sœurs qui y travaillent prennent alors le nom de citoyenne et la supérieure devient la première officière. Une sœur supplémentaire est recrutée pour s’occuper de l’école gratuite des filles, elle est rémunérée cent cinquante francs par l’administration et ses autres dépenses sont prises en charge par la ville. L’hôpital reçoit également de la ville mille francs par an. Son rôle essentiel en temps de paix est toujours de servir de refuge aux malheureux mais, en temps de guerre et notamment durant celle de 1814, il devient un véritable hôpital militaire chargé d’accueillir les blessés d’armes. Un an plus tard, ce sont les troupes alliées qui exigent que leurs malades soient soignés dans l’établissement. De plus, l’administration de la guerre arrête qu’il soit établi cent lits sédentaires dans les locaux de l’hôpital. En 1820, la poudrerie explose et l’établissement doit faire face à de gros dégâts matériels et à une nouvelle affluence de victimes. Au fil des années, les capacités d’accueil de l’hôpital augmentent progressivement. C’est ainsi qu’en 1822, on compte vingt lits avec quatorze hospitalisations par jour au prix de un franc la journée et à partir de 1824, on passe à trente sept lits. Les locaux deviennent rapidement exigus, c’est pourquoi seize lits supplémentaires sont établis en 1826 dans une prolongation de l’aile droite du bâtiment. Cette nouvelle structure va permettre la création de chambres individuelles, ce qui procurera un nouveau confort aux malades et des rétributions plus importantes pour l’hôpital. Toujours dans le dessein de satisfaire les patients et d’améliorer les conditions de traitement, une salle de bains de vapeurs est construite au rez-de-chaussée. Lors des épidémies, l’hôpital doit réquisitionner certains de ses bâtiments afin de faire face à l’affluence de victimes. C’est ce qui a lieu en 1832, avec l’arrivée du choléra. Les salles du rez-de-chaussée et du premier étage de l’aile gauche sont alors entièrement consacrées à l’accueil et au traitement des cholériques ; il sera également engagé de nombreux frais pour l’obtention de matériel supplémentaire (notamment des couvertures et des couchettes). 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoires et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p.130. 18 Le trente juin 1838, une loi sur les aliénés est votée. Elle stipule que chaque établissement de soin doit avoir un local adapté pour recevoir ces malades jusqu’à ce qu’une place en milieu spécialisé leur soit trouvée. Ceci implique donc de nouvelles dépenses pour l’hôpital. Quelques mois plus tard, les administrateurs de l’établissement émettent l’idée de faire construire un hospice de vieillards destiné à secourir la classe indigente de Corbeil. Cette succursale de l’hôpital sera située dans une grande maison contiguë à l’hôpital et s’appellera l’hospice. Il sera composé de trois corps de bâtiment dont deux ailes. Au rez-dechaussée, deux salles communes et au premier étage, deux dortoirs de douze lits chacun. A l’extérieur, on trouvera deux promenoirs, chacun en face de chaque salle, se prolongeant jusqu’à la rivière d’Etampes qui borde le jardin derrière les bâtiments. L’intendance sera assurée par l’hôpital qui lui-même sera indemnisé par le bureau de bienfaisance, dont les revenus seront accrus par le travail supplémentaire fourni par les vieillards de l’établissement. En effet, des ateliers de travail, proportionnés aux forces et aux capacités des hommes, seront mis en place dans chacun des chauffoirs et le produit de leurs travaux, déduction faite d’un petit prélèvement pour leur besoins quotidiens, tournera au profit de l’établissement. L’administration de l’hospice sera placée aux mains de l’économat et la surveillance confiée aux soins de deux sœurs de la charité. L’hospice de Corbeil ouvre en 1840. Au cours des années suivantes, de nombreuses améliorations vont avoir lieu. C’est ainsi qu’en 1848 une crèche, c’est-à-dire un établissement public de bienfaisance, est créé. Puis un an plus tard, c’est un cabinet de consultations gratuites qui voit le jour, une salle pour les interventions chirurgicales en 1852 et un local pour entreposer les corps décédés et les autopsier en 1853. Bien évidemment tous ces changements sont accompagnés d’un accroissement du nombre de patients aigus dans l’année. On passe ainsi de 250 malades en 1852 à 331 en 1856. Petit à petit, les bâtiments deviennent trop étroits et trop vétustes. Il faudrait un endroit plus aéré, plus spacieux et situé plus loin des habitations. Afin de financer ce nouveau projet, il a été question de loterie de souscription publique et de dons volontaires. Et justement, des donateurs bienveillants font leur apparition. Les frères Antoine et William GALIGNANI, propriétaires d’une résidence d’été à Etiolles, offrent 25 000 francs à la ville de Corbeil pour la construction d’un nouvel hôpital. Ils donnent également 500 francs en prime à l’architecte qui en fera le meilleur plan. 19 Le dix février 1864, l’acquisition d’un terrain appartenant au comte POTOKI, situé au lieu-dit « le tertre renard », permet à la commission administrative de posséder un emplacement très bien situé pour la construction du nouvel établissement. La première pierre est posée le premier août 1864 et l’hôpital hospice GALIGNANI, du nom de ses généreux donateurs, est achevé le sept novembre 1866. Le total des sommes nécessaires à l’acquisition du terrain et à l’édification des constructions s’élève à 418 671 francs. L’hôpital a versé 80 467 francs (dont 50 000 francs provenaient de la vente de l’ancien Hôtel-Dieu) et 338 204 francs ont été donnés par les frères GALIGNANI. Il est certain que sans leur générosité, le nouvel établissement n’aurait jamais vu le jour ; c’est pourquoi il est indispensable de s’arrêter un peu sur l’histoire de ces deux hommes hors du commun. Issus d’une famille italienne, Jean Antoine et William GALIGNANI sont nés à Londres, le premier le treize octobre 1796 et le second le dix mars 1798. La famille est venue se fixer à Paris en 1800, où leur père a établi une librairie anglaise et a créé une revue très importante : c’est en 1814 qu’il fonde le « Galignani’s messenger ». A sa mort en 1821, le journal passe aux mains de ses fils, qui lui donnent une plus grande expansion et une immense fortune récompense leur labeur. Vers 1827, ils acquièrent à Etiolles une magnifique propriété. Dès lors, ils participent généreusement à la restauration de l’église et de la mairie, des écoles sont rebâties et l’enseignement est donné gratuitement. Monsieur William GALIGNANI en devient le maire en 1844 et obtient la légion d’honneur. Les deux frères participent à la fondation de la caisse d’épargne, destinée à donner à la population ouvrière le moyen d’accumuler des économies et par suite d’acquérir un peu de bien être pour leur vieillesse. En 1862, ils versent 500 000 francs (au total) pour la construction du nouvel hôpital hospice de Corbeil. Les habitants, transportés de reconnaissance, commandent par l’intermédiaire du maire à l’illustre peintre Robert FLEURY, une toile traçant les traits de ces donateurs. Ce tableau est placé le jour de l’inauguration dans la salle des délibérations et peut encore être observé de nos jours à l’entrée du bâtiment principal. Ensuite, ils participent à la hauteur de 176 226 francs à la construction et à l’achat du terrain d’une école de filles, d’un asile pour les enfants en bas âge et d’une maison pour les maîtresses. En 1866, Antoine GALIGNANI est fait chevalier de la légion d’honneur. Il décède le trente septembre 1873 à l’âge de soixante-dix-sept ans. 20 Il lègue 60 000 francs à l’hôpital-hospice, à condition qu’un lit perpétuel soit crée en faveur de la commune de Soisy sous Etiolles. Un service funèbre est célébré chaque année afin d’honorer sa mémoire. William, en souvenir de son frère, lègue par testament à l’Assistance Publique de Paris, les sommes nécessaires pour construire et entretenir un établissement, auquel il a prescrit de donner le nom de maison de retraite des frères GALIGNANI. Cet établissement doit contenir cent lits, dont cinquante affectés gratuitement aux imprimeurs, éditeurs et savants. En 1875, William GALIGNANI assure financièrement la construction d’un orphelinat, d’un ouvroir et d’une école gratuite publique de filles. Il reçoit en 1876 la dignité d’officier de la légion d’honneur par le président de la république. La rue en face de l’école de filles devient rue des frères GALIGNANI et plus tard il y aura également une place baptisée GALIGNANI. Le onze décembre 1882, Monsieur William GALIGNANI décède. Il lègue 240 000 francs en faveur de l’hospice et de l’orphelinat. Un monument les représentant ensemble, étudiant les plans de l’hôpital hospice, est édifié le douze août 1888 et trône sur la place GALIGNANI. M STATUE DES FRERES GALIGNANI (Illustration n°1) 21 Nous voyons donc bien que l’histoire de la ville de Corbeil et celle de l’hôpital-hospice sont étroitement rattachées à la vie de ces deux hommes. A cette époque, « sous le nom d’hôpital, il faut entendre des établissements destinés au traitement gratuit des indigents atteints de maladies aiguës, tandis qu’on réservera celui d’hospices aux asiles où sont recueillis les aliénés, les vieillards, les enfants abandonnés etc… »1. Dès l’ouverture de l’établissement, celui-ci fonctionne très bien. Il comprend quatrevingts lits : quarante pour les hommes et quarante pour les femmes. Mais rapidement des extensions s’avèrent nécessaires et en 1870 on établit une salle de quatre lits au sous-sol pour isoler les malades de la petite vérole puis en 1873, on construit un bâtiment neuf affecté au traitement de maladies épidémiques appelé « le chalet ». Une galerie vitrée est élaborée devant ces locaux, grâce à William GALIGNANI, afin que les malades contagieux puissent se promener. L’année 1876 voit le petit bâtiment des maladies épidémiques affecté aux femmes en couche. Il accueillera les femmes des localités n’ayant pas d’hôpitaux hospices, au prix de deux francs la journée. Jusqu’à présent, seules les localités de Pontoise, Etampes et Versailles étaient organisées pour recevoir les femmes en couche, c’est-à-dire qu’elles étaient les seules à posséder une maternité. Quant à l’ancienne salle des morts, elle reçoit à présent les bains de vapeurs. Une nouvelle salle des morts, réservée à entreposer les corps et à faire les autopsies, est édifiée à l’extérieur. Les mutations de l’hôpital sont importantes et en 1878, le ministre de l’intérieur désire faire figurer les plans graphiques accompagnés de photographies de l’hôpital à l’exposition universelle. En 1882, la décision est prise par le conseil d’administration d’agrandir les bâtiments en faisant des chambres dans les combles de l’hospice et en augmentant la surface des dortoirs de l’orphelinat qui a été construit vers 1876-1877. A cette époque l’hôpital hospice est donc constitué de : Un corps de logis principal dont la façade antérieure regarde le nord. Celui-ci forme un double T couché. Une chapelle qui se détache en saillie sur la façade postérieure. un rez-de-chaussée comprenant tous les services généraux (cuisine, pharmacie, service de bains, bureaux, salle de la commission). 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 130 22 Un premier étage affecté aux pensionnaires hommes d’un côté et femmes de l’autre, avec la lingerie au milieu. Les ailes latérales sont réservées aux malades au rez-de-chaussée et aux vieillards au premier étage. Les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Un dortoir au deuxième étage de l’hospice. Les conditions de traitement pour les malades s’améliorent aussi. En 1886, chaque hôpital de chef-lieu a une voiture ambulance destinée au transport des blessés. Sur l’avis télégraphique du médecin traitant, on envoie la voiture immédiatement dans la commune du domicile du blessé. De plus, en cas d’urgence et toujours sur demande du médecin traitant, tout indigent a le droit d’être admis à l’hôpital. Sept ans plus tard, l’hôpital de Corbeil est le seul établissement hospitalier important de la région. Il comporte 101 lits, puis voit rapidement cette capacité augmenter à cent quarantedeux, afin d’être en mesure d’accueillir les malades des quarante-deux communes avoisinantes. Ceci est rendu possible par une construction nouvelle faisant face à la route nationale, édifiée grâce à une subvention allouée par le ministre de l’intérieur En 1898, on assiste à la création d’une salle de douche, dans les locaux de l’hospice, destinée à procurer des douches chaudes ou froides aux indigents de la ville de façon gratuite et aux habitants de Corbeil pour la somme de 1,95 francs la journée. Les malades de l’établissement y auraient également accès, moyennant le prix demandé. Plusieurs années plus tard les améliorations techniques permettent d’avoir un local d’hydrothérapie avec bains et douches. Dans les bâtiments annexes, on trouve la salle d’opération, le dépôt mortuaire, la chambre de désinfection, la maternité et la salle de séchoir. « Le chalet » initialement destiné aux maladies épidémiques devient le bâtiment des incurables en 1908. On voit aussi apparaître le chauffage central, en partie financé par la ville de Corbeil. Dorénavant, l’évacuation des eaux usées se fera au moyen d’une canalisation rejoignant l’égout de la ville. « L’hôpital a cessé d’être un centre d’hébergement accessoirement destiné aux soins, pour devenir un lieu de traitement exclusif de la maladie. Par contre, sa vocation reste par 23 définition tournée vers la prise en charge de la pauvreté et de l’indigence »1. En cette fin de XIXe siècle et début du XXè, l’hôpital va s’ouvrir plus largement sur l’extérieur, grâce à l’arrivée de la médecine scientifique. En 1909, on assiste à la création de deux salles de dix lits dans les combles des asiles pour vieillards et d’un pavillon spécial dans l’ancienne grange pour y placer les varioleux et les contagieux. La pièce qui normalement doit accueillir les personnes d’un niveau social élevé sera désormais laissée vacante, au cas où l’une d’entre-elle serait amenée à avoir un accident. Dorénavant les salles seront réparties comme suit : ♦ hommes : Rez-de-chaussée : les blessés et les fiévreux. 1er étage : les fiévreux et les tuberculeux. 2è étage : la nouvelle est affectée aux vieillards pensionnaires et aux blessés. ♦ femmes : Rez-de-chaussée : les vieilles femmes et les blessées. 1er étage : les malades et les vieilles femmes. 2è étage : la nouvelle salle pour les vieilles femmes. Quant à la maternité, elle est au deuxième étage et comprend deux chambres. En 1922, des boxes d’isolement pour les patients diphtériques sont installés en salle de médecine homme. D’après le rapport du ministre de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance, il faudrait installer des cabanons pour les aliénés de passage, vingt lits de plus pour les vieillards et une salle de radiographie avec ses dépendances, afin d’améliorer les conditions d’accueil des patients. Ces modifications seront effectuées en arrière des bâtiments anciens, entre la chapelle et la grange. De plus, le service des tuberculeuses du second étage se voit agrandi de quatre salles supplémentaires, aménagées spécialement pour cette pathologie contagieuse. Puis en 1925, le service des tuberculeuses est transféré dans la nouvelle lingerie. C’est en 1929, que le Conseil Général demande à l’établissement s’il serait possible de procéder à l’ouverture de 81 lits de médecine et de chirurgie et 32 lits de tuberculeux. Cela sera chose faite quelques années plus tard. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 130 24 Ces transformations comprennent : ♦ L’agrandissement de l’aile droite. ♦ Des transformations des locaux désaffectés en salle de malade. ♦ La création de nouvelles salles d’opérations et de radiologie. ♦ L’installation d’un pavillon d’interne. ♦ L’ouverture d’un pavillon pour vieillards et celui d’un autre pour les tuberculeux. L’idée de la construction d’un service complet de chirurgie et de maternité, ainsi que d’un logement pour le directeur et l’économe, est discutée au conseil de la commission administrative de l’année 1930. Les internes s’installent dans leur nouveau pavillon en 1932. La chirurgie et la maternité ouvrent en 1934. Jusqu’à présent il n’existait aucune structure d’accueil spécifique pour les enfants. Ils étaient hospitalisés au beau milieu des adultes et ce, quelle que soit leur pathologie. A partir de 1942, un service provisoire est mis en place pour pallier à ce manque. Il est situé dans la nouvelle salle construite au dessus de la chaufferie. Les travaux concernant le service des enfants sont interrompus suite à la guerre. Par la suite, les années 1950 voient l’ouverture d’un centre de protection maternelle et infantile et la réalisation des travaux de rénovation du chalet, consacré désormais aux vieillards (35 places) et aux aliénés (5 places), avec ajout d’un 2ème étage accueillant 14 chambres pour les infirmières. En 1961, l’hôpital-hospice GALIGNANI obtient son classement comme Centre Hospitalier et prend le nom de Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes. Depuis avril 1959 et jusqu’en 1992, la Commission Administrative est présidée par le nouveau Maire de Corbeil-Essonnes, Monsieur Roger COMBRISSON, qui s’intéresse de très près à la vie de l’établissement, convaincu de l’enjeu majeur qu’il représente pour sa ville. 25 Il est rapidement persuadé que le Centre Hospitalier ne peut plus progresser dans ses locaux de 1867 et que son emprise foncière ne permet pas d’extension significative, d’autant que le financement de ce projet d’extension, antérieur à son arrivée, est refusé par les tutelles en 1960 et 1961. Dès 1962, le maire met donc systématiquement à l’ordre du jour de chaque réunion de la commission administrative le projet de construction d’un bâtiment neuf sur un nouveau terrain, qui est rapidement choisi : un vaste ensemble de 23 hectares, à 800 mètres au sud de l’hôpital hospice, le long de la même voie. La commission administrative fait étudier parallèlement le programme lits de ce projet, dans l’hypothèse de la desserte d’une population supérieure à 200 000 habitants à l’horizon 1975. En juillet 1963 naît une première polémique avec le sous préfet de Seine et Oise de Corbeil, qui s’interroge sur le choix du terrain, évoque d’autres lieux dans des communes limitrophes et l’utilité de constituer un syndicat intercommunal avant de faire un choix définitif. La commission administrative maintient son point de vue, reprenant tous les avantages de ce lieu et demande la déclaration d’utilité publique du projet. Celle-ci est promulguée par arrêté préfectoral en décembre 1963 et permet de procéder rapidement aux premières transactions et aux expropriations nécessaires pour acquérir progressivement la totalité du terrain pressenti. Le projet de reconstruction est étudié dans un climat d’enthousiasme, mais aussi de querelles et de rivalités politiques locales, exacerbées par la perspective des transferts des structures administratives vers la future préfecture de l’Essonne. Il comporte un très important programme de 1 120 lits somatiques (dont près de 1 000 lits de type M.C.O.) et 300 lits psychiatriques (largement souhaités par le ministère de la santé), qui est approuvé par les autorités de tutelle en octobre 1965 mais restera sans suite. Parallèlement, sont construits ou aménagés : ♦ Un pavillon d’internat de 13 chambres pour les médecins, ♦ Une école d’infirmières d’une capacité de 150 places, avec un hébergement pour 80 élèves, ♦ Une extension du centre de transfusion sanguine, 26 ♦ Un préfabriqué de 96 lits pour les patients chroniques, ♦ Le service de pédiatrie qui se trouvait en souffrance depuis la guerre, ♦ Ainsi qu’un bloc central de consultations externes. Au cours de la fin des années 1960 et du début des années 1970, on voit l’ouverture de nouvelles structures, qui concrétisent le renforcement de l’activité médicale à plein temps : ♦ Le service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) en 1968) ♦ Le service de réanimation en 1969, ♦ L’individualisation des activités de chirurgie : viscérale, orthopédique et traumatologique, spécialités d’ORL, stomatologie et ophtalmologie, ♦ Le service de cardiologie (1975), avec une unité de soins intensifs cardiologiques, ♦ L’unité d’accueil centralisé des urgences, ♦ Le Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) départemental en 1976, regroupé en 1977 dans un bâtiment neuf avec le service de réanimation polyvalente, ♦ Le services de rhumatologie, ♦ Le service de réadaptation fonctionnelle, ♦ L’unité de toxicologie clinique. Parallèlement, sous l’impulsion du docteur BONAFE, nouveau chef de service de psychiatrie, l’établissement ouvre des centres médico-psychologiques et d’autres unités « dans la cité », coordonnées avec l’hôpital général, mais sans création de lits psychiatriques spécialisés. Les années 70 sont marquées par la décision de construire un Centre Hospitalier dans la ville nouvelle d’Evry, envisagée d’abord comme un transfert de l’établissement avec extension d’activité, puis comme une complémentarité. En septembre 1979, le préfet publie le programme qui répartit les disciplines médicales et les capacités d’hospitalisation en Médecine, Chirurgie, Obstétrique et Pédiatrie entre les établissements de Corbeil et d’Evry (respectivement 437 et 414 lits). L’autre fait marquant de ces années est l’autorisation finalement accordée à Corbeil, suite à l’alternance politique de 1981, de construire sur le terrain réservé au sud, un établissement neuf respectant la programmation de 1979. Pendant toute cette période, l’hôpital de Corbeil poursuit le renforcement et la diversification de ses activités, avec l’ouverture de nouveaux services d’hospitalisation spécialisés : gastroentérologie, dermatologie, neurologie et endocrino-diabétologie. 27 L’hôpital « Louise Michel » d’Evry, distant de 10 kilomètres, est inauguré en 1982, avec le transfert des activités de pédiatrie et d’endocrino-diabétologie de Corbeil, conformément au programme de 1979. Le nouvel hôpital de Corbeil, baptisé « Gilles de Corbeil » en hommage à un médecin et poète du moyen age, suit de près en Septembre 1985. A cette occasion, les patients sont transférés entre les 2 bâtiments, avec le concours d’un convoi sanitaire militaire et du SMUR pour les malades du service de réanimation. Au niveau de l’ancien site, des transformations sont effectuées en quelques années : le rez-dechaussée et le premier étage du bâtiment principal sont restaurés pour accueillir la gériatrie et les soins de longue durée, la nouvelle « Maison d’Accueil GALIGNANI » est construite devant ce bâtiment et accueille les pensionnaires de la maison de retraite de la rue Champlouis, les bâtiments de chirurgie et de réanimation sont rasés, ainsi que les préfabriqués de cardiologie et de gériatrie, puis le bâtiment de pneumologie est restauré pour accueillir l’unité clinique de psychiatrie « Vivaldi ». Le succès de « Gilles de Corbeil » est immédiat, car en plus d’un plateau technique désormais de premier ordre, enrichi de services de médecine nucléaire et de radiothérapie haute énergie, il bénéficie d’une assise ancienne et d’un réseau de correspondants fidèles. Son activité constamment croissante sera soutenue par une politique d’investissement et de diversification d’activité (hématologie, SIDA, imagerie interventionnelle, urologie, cancérologie lourde, développement de très nombreuses consultations externes), ainsi que par la construction de nouvelles unités psychiatriques de secteur. Cette politique volontariste aggravera malheureusement un déficit budgétaire déjà ancien. Dès l’ouverture, la compétition entre les deux établissements sera féroce, la notion de rivalité l’emportant le plus souvent sur celle de complémentarité et débouchant sur de nombreux doublons, au grand dam des tutelles impuissantes à contenir les initiatives locales. En 1998, le Centre Hospitalier de Corbeil absorbe l’établissement de rééducation « Albert Calmette » à Yerres. Cependant, s’est déjà imposée l’évidence de l’impossibilité, pour les deux établissements de taille moyenne que sont les hôpitaux de Corbeil et d’Evry, de garantir jour et nuit sur chaque site toute la palette des activités médicales modernes, compte tenu du coût croissant des pratiques et de la démographie déclinante des professions de santé. 28 Le 1er Janvier 1999, après 15 années de concurrence acharnée et de longues négociations, menées depuis 1995 sous l’impulsion du corps médical, les deux établissements procèdent à une fusion juridique, sous le nom de « Centre Hospitalier Sud Francilien », qui regroupe pas moins de 26 sites de soins au total. Malgré l’accord médical préalable, qui ne sera jamais appliqué, le partage rationnel de l’activité entre les 2 sites principaux d’Evry et de Corbeil se fait dans les plus grandes difficultés et n’est pas achevé cinq ans plus tard, alors que cette thèse se termine. Une perspective nouvelle est cependant apparue depuis 2003, avec le projet de construction d’un bâtiment unique sur un terrain limitrophe aux deux communes, permettant ainsi un regroupement efficace de l’ensemble de l’offre de soins aigus et de suite, avec des liens affirmés entre l’établissement et le pôle de recherche en génomique implanté à proximité. Ce nouveau projet, soutenu très fermement par le Président du Conseil d’Administration et Maire de Corbeil Essonnes, Monsieur Serge DASSAULT, est né dans la polémique comme le précédent. Il pose de nombreuses questions non résolues à ce jour, mais paraît être le seul à garantir la taille indispensable pour le fonctionnement optimal du site hospitalier généraliste de soins de haut niveau que réclame ce secteur en pleine expansion démographique. 29 DEUXIEME PARTIE 30 3) L’ÉVOLUTION DES PATHOLOGIES RENCONTREES Dans un rapport évoquant la vie à l’hôpital, la commission de Breteuil écrit en 1788 : « Il règne dans presque tous les départements de l’hôpital, une maladie particulière du genre des fièvres putrides et malignes, qu’on ne retrouve pas dans la ville avec les mêmes symptômes. Fièvre que l’on peut appeler fièvre de l’hôpital, elle se manifeste peu de temps après l’arrivée du malade »1. Cette fièvre est la conséquence de la promiscuité qui existe dans les salles d’hospitalisation. En effet, les malades sont plusieurs par lit et les salles contiennent beaucoup trop de lits. Les morts sont mêlés avec les vivants, dans des salles où les passages sont étroits, où l’air croupit, faute de pouvoir se renouveler, et où la lumière ne pénètre plus que faiblement et chargée de vapeurs humides. « La chaleur qui règne à l’intérieur des lits est propice à la contagion, d’autant que l’aération des salles est mauvaise. Les escaliers, toujours étroits, font office de cheminée d’aspiration, entraînant les miasmes vers les étages supérieurs où ils se concentrent. Ils servent bien souvent de conduit d’évacuation pour les eaux usées comme à la Pitié (…). Les convalescents sont mêlés dans les mêmes salles avec les mourants et les morts. A l’hôtel-Dieu de Paris, on a vu des convalescents obligés de traverser la salle où sont les petites véroles pour accéder à leur salle au troisième étage ; la salle des fous est contiguë à celles des malheureux qui ont souffert les plus cruelles opérations et ne peuvent espérer un peu de repos dans le voisinage de ces insensés, dont les cris frénétiques se font entendre jour et nuit »2. Une invasion de choléra décime la capitale en 1832. L’hôpital de Corbeil se voit dans l’obligation de réserver un local pour les malades contagieux afin de les séparer des autres patients. La salle du rez-de-chaussée du corps des logis où sont les hommes et celle de ce même bâtiment où sont situées les femmes répondent à toutes les conditions pour accueillir des malades épidémiques, puisqu’elles sont bien aérées et situées loin des habitations. De plus, les bains de vapeurs y sont proches ainsi que les fumigations, ce qui permet de les traiter sans avoir à les faire passer dans tous les bâtiments. 1 2 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 76. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. P. 76-77. 31 Du matériel supplémentaire s’avère également nécessaire pour faire face à l’affluence des malades et donc cela engendre des coûts supplémentaires. Les malades « ordinaires » sont réunis dans les salles de la première et deuxième aile droite du bâtiment et éventuellement dans l’école des enfants. A cette époque, l’espérance de vie moyenne est inférieure à 40 ans et l’incidence des pathologies de l’enfance et de l’adulte jeune est importante. Voici une liste des « principales maladies rencontrées à l’hôpital : Chez l’adulte • Les maladies respiratoires, au premier rang desquelles on retrouve la phtisie, la pneumonie, mais aussi d’autres affections à tropisme respiratoire et leurs complications (grippe et angine). • Les maladies éruptives au premier rang desquelles la variole (à l’état endémique et qui verra une nette régression après l’instauration de la vaccination en 1796) et le typhus. • Les syndromes diarrhéiques (dysenteries et typhoïde). • D’autres pathologies comme que les cardiopathies, l’apoplexie, le cancer (particulièrement celui de l’utérus), les rhumatismes, le scorbut, l’intoxication par le plomb ou saturnisme, très fréquent à l’époque. • Les épidémies de choléra et de diphtérie. • Les néphrites. • Le paludisme, la syphilis. • Les affections chirurgicales abdominales, leurs complications et la redoutable péritonite puerpérale. Chez l’enfant • En plus des affections déjà décrites chez l’adulte, il faut citer la méningite et les redoutables complications des maladies de l’enfant (coqueluche, rougeole, scarlatine etc.) »1. En 1853, l’établissement accueille trente et un patients militaires et deux cent cinquante huit malades civils. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.99. 32 Parmi les pathologies des militaires on retrouve des grandes fatigues, des plaies dues aux chaussures et des maladies chroniques. Les patients sont répartis en catégories selon leur pathologie : dans la première catégorie on retrouve douze patients civils qui présentent des indispositions ne méritant même pas le nom de maladie, dans la seconde catégorie on dénombre soixante patients relevant de la chirurgie dont trente trois admis pour des accidents ( vingt six hommes et sept femmes), et enfin dans la dernière catégorie on compte les malades ayant des pathologies appartenant au service médical proprement dit, ils sont au nombre de cent soixante dix sept. En ce qui concerne les cas chirurgicaux, vingt sept étaient du domaine du pansement : plaies, ulcères , contusions, brûlures, foulures, efforts musculaires etc …. Et les autres cas étaient opératoires comme par exemple des tumeurs, des polypes, des cancers, des hernies, des fistules , des gangrènes, des blessures avec des éclats de mine ou des instruments tranchants, des plaies par écrasement etc … Une deuxième épidémie de choléra sévit en juillet 1854. Dans le rapport médical de Monsieur LIONET, nous trouvons une description de toutes les principales pathologies que les médecins ont pu rencontrer au cours de l’année passée. « Le service médical compte cent soixante dix neuf patients cette année-là, parmi lesquels on retrouve des pathologies qui n’ont pas posé de problème comme les maladies éruptives, les angines, les bronchites, l’asthme et les embarras gastriques. On a pu constater également un grand nombre de malades atteints de fièvres intermittentes qui sont dues en partie aux militaires qui reviennent d’Afrique. Les rhumatismes sont en grand nombre pour les mêmes raisons mais aussi à cause de la proximité de nos deux rivières. Les phtisiques ont été nombreux, soulagés comme nous l’avons vu précédemment par l’huile de foie de morue et l’iodure de potassium. La plupart des phtisiques sont étrangers à la localité de Corbeil et l’air un peu humide que l’on trouve chez nous prédispose à un développement de la phtisie pulmonaire. Ceux qui arrivent avec une phtisie confirmée y prolongent leur existence plus longtemps que dans les localités où l’air est plus sec et vif. La pathologie la plus communément rencontrée que ce soit à la campagne ou à la ville, c’est sans conteste la fièvre typhoïde. Trente neuf cas de cette maladie ont été traités cette année à l’hôpital, trente et un homme et huit femmes. Trois personnes ont succombé : un homme et deux femmes. 33 Les malades atteints de fièvre typhoïde sont divisés en trois catégories suivant leur gravité et la durée de leur séjour : moins de trente jours d’hospitalisation on compte vingt deux patients, onze personnes sont restées de trente à cinquante jours et neuf de cinquante à quatre-vingt-dix jours. Ces chiffres s’entendent sans compter la durée de la maladie avant l’entrée à l’hôpital bien évidemment. Les cas des patients de la première catégorie furent relativement bénins. Voici comment nous expliquons ceci : presque tous les malades sortaient de mauvaises conditions d’hygiène et quelques jours après leur soustraction à l’influence morbide qui pesait sur eux, l’amélioration se déclarait presque immédiatement. Ce qui vient à l’appui de cette interprétation est que nous avons vu deux fois cette année des jeunes gens presque guéris après huit jours de traitement, sortir de l’hôpital et y rentrer quelques jours après la même maladie complètement confirmée et qui a « parcouru toutes ses périodes ». En général, la durée de la maladie a été d’autant plus courte que l’entrée à l’hôpital a été près du début, ce qui nous autorise à tirer cette conclusion que le traitement à domicile est moins efficace que celui fait dans les établissements de charité quand ceux-ci jouissent de conditions hygiéniques désirables.(…) Les onze cas de la deuxième catégorie ne peuvent laisser le doute dans l’esprit de personne et à plus forte raison les neuf cas de la troisième catégorie parmi lesquels les trois personnes qui ont succombé. Le premier avait dix neuf ans et avait été soigné pendant dix huit jours à domicile. Il n’est mort qu’après soixante six jours de traitement à l’hôpital soit au quatre vingt quatrième jour de la maladie. Madame D., âgée de cinquante neuf ans, traitée déjà à l’hôpital pour une pneumonie fut prise de fièvre typhoïde en rentrant dans la mansarde d’où elle n’est descendue que lorsqu’on a désespéré de ses jour. Apportée presque mourante, elle lutta encore neuf jours contre l’agonie. L’autopsie à confirmé le diagnostic. Le troisième malade décédé, est la femme L., âgée de vingt quatre ans, douée d’une constitution athlétique, mère de deux enfants, éprouvée par de violents chagrins et des privations, elle était traitée à domicile depuis vingt-deux jours quand elle nous fut envoyée. La maladie a conservé une forme adynamique jusqu’à la mort qui a eu lieu à la suite d’un phlegmon diffus du bras droit, le cinquante-quatrième jour de son admission, soit le soixanteseizième de la maladie. Un symptôme insolite avait persisté pendant toute la durée de la maladie, c’était des vomissements opiniâtres. L’autopsie nous a montré que le système vasculaire est quasiment vide de sang.(…) Tous les viscères parenchymateux sont atrophiés, l’estomac porte les traces d’une violente inflammation. 34 De plus, presque tous les malades des deux dernières catégories (qui sont au nombre de dix sept) ont présenté des symptômes ataxiques très alarmants et des escarres bien inquiétants d’une profondeur effrayante. Une de ces malades qui est sortie avant d’être complètement guérie et que j’ai vu dans sa famille encore deux mois après sa sortie, n’a cessé de crier nuit et jour pendant un mois à tel point qu’on fût obligé de la mettre dans une chambre particulière ». Le fort taux de guérison des fièvres typhoïdes cette année est du à l’utilisation d’une nouvelle substance associée au traitement habituel : le sulfate de quinine. Toujours sur le plan médical, les médecins ont rencontré des cas de convulsions de l’enfant et de méningite. D’un point de vue chirurgical, en 1853, les chirurgiens ont pu observer des cas de hernies étranglées ou non ; des traumatismes divers comme des sections de tendon et des fractures et arrachements de membres ; des abcès ; des gangrènes et des hémorragies cérébrales entre autres. L’année suivante, Monsieur LIONET fait remarquer que de nombreux patients sont atteints de maladie chronique. Ils sont paralysés à un tel point que l’on est obligé de les faire boire et manger, « qu’ils évacuent sous eux », tombent du lit sans pouvoir se relever et qu’il a fallu les reléguer dans une chambre seule afin d’éviter que le repos des autres malades ne soit troublé. Donc dorénavant les malades reconnus incurables ne seront pas gardés à l’hôpital pour des raisons d’insuffisances de locaux et de moyens financiers. Ce sort est réservé aux patients atteints de cancer en 1860 car ils sont reconnus incurables et ne réclamant aucun traitement spécial. Le rapport médical de 1858 relate les différentes épidémies rencontrées cette année-là. Nous remarquons que les maladies des voies aériennes prédominent les mois humides de l’année alors que celles des voies digestives et des fièvres typhoïdes sont vers la fin de la saison chaude. Vers fin juillet, les fièvres typhoïdes réapparaissent jusqu’au mois de novembre et quelquefois plus tard. Les villages des environs sont indemnes de cette épidémie car la principale cause est la mauvaise construction de nos égouts et la dessiccation des bancs de la Seine. De grands projets d’assainissement sont en cours d’exécution par la ville ainsi que des projets de barrages sur la Seine qui refouleraient les eaux de nos égouts et en diminueraient les émanations fétides. Ceci devrait avoir pour conséquence une diminution des cas de fièvres typhoïdes et une amélioration des conditions d’hygiène. 35 Malgré cela, cette année est marquée par une baisse du nombre de malades atteints de fièvre typhoïde, par contre, les fièvres typhoïdes sont plus meurtrières et notamment en ville par rapport à celles hospitalisées. Autre pathologie rencontrée : les angines, qui touchent surtout le jeune enfant et donc l’hôpital s’en est à peine ressenti. En ce qui concerne les cas de chirurgie, les médecins ont eu à traiter deux cas d’amputations de membre supérieur dues à des accidents et suivies de guérison ; des phlegmons, des brûlures, des ulcères, des écrasements, des entorses et des fractures. Les panaris sont également fréquents dans le service et ils peuvent être graves allant jusqu’à la perte de la phalange par manque d’énergie du traitement quand l’abcès est profond. Il y a eu aussi quelques cas de tumeur intestinale. En 1859, les pathologies rencontrées sont sensiblement identiques. Les cas d’angines de l’enfant se font de plus en plus fréquents voire épidémiques cette année là et on a eu sept cas chez des adultes de l’hôpital. Des névralgies sciatiques font leur apparition. Toujours des épidémies de fièvres typhoïdes dont quelques-unes ont été compliquées de délire, ballonnement et pneumonie. Elles ont duré longtemps mais ont guéri en grand nombre. Il y a également eu de nombreux cas de fièvres intermittentes, des dysenteries et embarras gastriques durant les mois d’été, des rhumatismes en hiver et des affections des voies respiratoires ainsi que des affections organiques du cœur et de l’estomac. Les vomitifs et les purgatifs salins ont été très utiles dans le traitement. Le sulfate de quinine a permis l’amélioration de dix-neuf patients atteints de fièvres intermittentes et il a même aidé à la guérison d’une tumeur de la rate en la faisant diminuer de volume puis disparaître complètement au bout de dix-sept jours de traitement. Quatre malades sont décédés de fièvres typhoïdes. Au total en 1859, on a eu à déplorer trente-huit décès répartis comme suit : 1) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans la tête : un cas de méningite un cas de ramollissement cérébral trois hémorragies cérébrales 2) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans le thorax : deux pneumonies cinq catarrhes pulmonaires chez des personnes âgées 36 un asthme quatre phtisies pulmonaires trois hypertrophies cardiaques dont deux avec altération des valvules 3) décès dépendant de maladies ayant leur siège dans l’abdomen : un iléus une péritonite un catarrhe vésical deux dysenteries trois cancers de l’estomac 4) décès dépendant de maladies ayant leurs sièges dans les os : des fractures comminutives des jambes avec plaies des fractures de la colonne vertébrale deux fractures du col du fémur chez des vieilles femmes La mortalité moyenne pour les hôpitaux de Paris est d’un décès pour onze malades et la durée moyenne de séjour est de vingt-quatre jours. En ce qui concerne Corbeil, la mortalité est de un patient sur huit. Cette différence tient au fait que les hôpitaux parisiens reçoivent les incurables que l’on ne garde pas dans les hôpitaux périphériques. Les cas rencontrés en 1860 en chirurgie sont des fractures diverses, des luxations, des plaies traumatiques, des contusions, des brûlures graves, des rétrécissements de l’uretère, des cancers opérés et guéris, des hernies étranglées elles aussi opérées et guéries, un kyste volumineux, une hydarthrose du genou, des ulcères variqueux, des anthrax et des panaris ainsi qu’une tumeur blanche du genou. En ce qui concerne les cas de médecine, les affections rhumatismales sont toujours d’actualité ainsi que la phtisie pulmonaire, par contre il est à noter des attaques d’apoplexie, des cirrhoses et des affections du cœur. Cette année-là, il n’y a pas eu beaucoup de cas de fièvres typhoïdes et intermittentes, ce qui est probablement dus aux nouvelles conditions d’hygiène sur la ville, et peu d’affections des voies digestives. 37 On retient également la présence de trois cancéreux non susceptibles d’être opérés. Il y a eu trente malades en moins par rapport à l’année dernière, mais la mortalité est plus élevée due au nombre plus grand de malades incurables. Neuf personnes sont décédées de phtisie pulmonaire, cinq d’attaque d’apoplexie, un d’hypertrophie cardiaque et un autre patient est décédé d’une cirrhose qui ne guérissait jamais. Quinze vieillards sont également morts, ils étaient âgés de plus de soixante-treize ans. Au fur et à mesure des années, les pathologies rencontrées évoluent peu. Cette année, il n’y a pas eu d’épidémie. Les cas les plus fréquemment retrouvés sont, en ce qui concerne la chirurgie : - les contusions - les plaies - les panaris - les fractures - les cancers - les ulcères variqueux - les hernies Pour ce qui est des cas de médecine : - les fièvres continues, typhoïde et intermittentes - les rhumatismes - la variole - les pneumonies - les phtisies pulmonaires Au total cela fait trente-cinq décès pour l’année 1860. La durée moyenne de séjour des patients est de 24,5 jours. Le taux d’admission des incurables est en baisse. On a eu également à déplorer beaucoup d’accidents du travail dus aux travaux effectués sur le chemin de fer. En 1861, on compte dix-sept patients incurables qui sont décédés. Six atteints de phtisie pulmonaire, cinq de cancers, deux d’une méningite chronique, deux encore d’hypertrophies pulmonaires et enfin deux autres patients incurables, d’une cirrhose. De plus, il y a eu quinze décès d’autres patients. 38 Deux patients atteints d’entérite, un d’apoplexie cérébrale, quatre de pneumonie, quatre de fièvre typhoïde, un de péritonite, un autre d’une amputation de jambe, un d’endocardite et enfin le dernier décès était du au charbon. A cette époque, les épileptiques sont placés dans les asiles ou les dépôts de mendicité (1863), puis en 1879 ils seront admis dans le service des incurables. Une épidémie de fièvre puerpérale qui a lieu en 1867 fait modifier les conditions d’hospitalisation des femmes en couches comme nous avons pu le voir dans le chapitre précédent. Les trois fléaux sanitaires majeurs de l’époque sont la variole, la diphtérie et la syphilis. Un médecin de l’hôpital de Lyon remarque que l’on enregistre le même taux de mortalité pour ces affections que si elles étaient traitées en ville. « Les causes invoquées pour cela sont : La responsabilité des parents : les enfants sont conduits trop tard chez le médecin ; les enfants admis sont souvent dans un état de misère physiologique et de malpropreté considérable ; les préjugés vis-à-vis des maladies sont nombreux et persistants (parasites utiles à la santé, bienfaits de la râche…) ; une fois leur état de santé amélioré, les parents les laissent trop longtemps à l’hôpital ; la fréquence du rachitisme, de la scrofulose, de la pâleur et de la maigreur traduisent cette faiblesse constitutionnelle qui se généralise. Les locaux de l’hôpital sont pour beaucoup d’entre eux insalubres et ne permettent pas d’assurer un réel isolement. Les enfants hospitalisés restent au lit, ce qui est nuisible (stase sanguine à la partie postérieure des deux poumons, d’où la gêne respiratoire et celle provoquée par l’hématose avec intoxication lente de l’organisme par l’acide carbonique du sang mal oxygéné). En 1868, le docteur Jean-Antoine Socquet propose des séances de gymnastique avec des exercices journaliers simples mais exécutés avec méthodes pour les enfants hospitalisés. Les durées de séjours sont anormalement prolongées dans le milieu hospitalier, soit du fait de la maladie, soit du fait des conditions mêmes du milieu dans lequel vit l’enfant ; d’où la demande émanant des médecins de la construction d’hôpitaux de convalescence et d’établissements héliomarins. En ce qui concerne les nouveau-nés et les nourrissons, sont incriminées aussi la promiscuité anormale entre enfants sains et enfants malades, la syphilis, l’absence d’allaitement maternel 39 et l’insuffisance du nombre des nourrices……..surtout à l’époque des moissons et des vendanges »1. En 1870, plusieurs cas de petite vérole font leur apparition, ils sont mis en isolement. Ensuite, en 1879, quelques malades atteints de lèpre sont admis à l’hôpital de Corbeil ; ils seront également mis en isolement. En 1882, ce sont deux enfants de l’orphelinat qui sont touchés par la coqueluche et doivent être hospitalisés. Toujours dans les maladies épidémiques, on note une épidémie de rougeole en septembre 1887 et l’on remarque « qu’il y a souvent association entre la rougeole et la diphtérie et confusion entre le vrai croup diphtérique et le faux croup annonciateur de la rougeole »2, un cas de choléra en 1892 est constaté à l’hôpital et beaucoup de malades de la commune d’Essonnes atteints de fièvre typhoïde font leur entrée dans l’établissement. En 1894, la décision est prise de vacciner tout patient entrant à l’hôpital de façon gratuite devant la survenue de quelques cas de variole dans l’établissement ainsi qu’à l’orphelinat. Une salle d’isolement au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment sera réservée aux malades phtisiques hommes à partir de 1903. On comptera entre les deux guerres près de 100 malades soignés pour tuberculose pulmonaire dans le bâtiment du « chalet », aménagé selon les préceptes des sanatoriums. La régression de l’endémie ne sera nette qu’à la fin des années 50, réorientant l’activité du service vers la pathologie respiratoire chronique et cancéreuse. Plus on avance dans les années et plus les épidémies de variole se multiplient, avec notamment une en 1905 à Evry petit bourg et la création de deux salles d’isolement de huit lits chacune en 1908, dans le hangar servant de remise pour les récoltes, pour faire face à une autre vague d’infection. En 1911, les fractures du col du fémur sont traitées par immobilisation et massages mais au bout de deux mois passé dans l’établissement, on est obligé de les renvoyer chez eux, car l’incapacité restante n’évoluera plus. Les malades ayant eu une fracture du col fémoral doivent être considérés comme invalides ne nécessitant plus de soins médicaux. L’hôpital ne garde pas les patients qui ont besoin de repos, car il manque de place. 1 2 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon, op. cit. p. 103-104. GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon, op. cit. p. 101. 40 Le Préfet de Seine et Oise dans son rapport de 1913 note qu’il n’existe pas assez de salles d’isolement pour les malades contagieux. Par exemple, des cas de scarlatine sont hospitalisés en chambre mansardée. A partir du 21 mars 1919, une grande épidémie de variole sévit. Celle-ci s’est propagée suite à l’admission d’une femme contaminée envoyée à l’hôpital par la commune de Soisy en Brie. La propagation est due au manque de salle d’isolement au sein de l’hôpital hospice GALIGNANI. On a recensé 13 cas de variole, six hommes et sept femmes. Nous avons eu a déplorer trois décès, trois hommes. De 1947 à 1951 beaucoup d’enfants décèdent suite à des mastoïdites. Il faut attendre 1980 pour voir les pathologies ORL en nette régression. Les années 50, avec l’expansion économique, les reconstructions d’après guerre, et le développement rapide des transports, voient une augmentation de la traumatologie routière, qui devient un problème sanitaire d’ampleur nationale. L’hôpital de Corbeil reçoit régulièrement des afflux de blessés, jusqu’à 15 en une seule nuit, ce qui génère une forte activité opératoire et assure un recrutement régulier aux services chirurgicaux, qui sont de garde en alternance chaque semaine et assurent chacun la prise en charge de la chirurgie viscérale et osseuse. La mortalité est importante ; quelques patients présentant un hématome extra-dural seront sauvés par trépanation, le pronostic des traumatismes thoracique est globalement très sévère, les techniques de ventilation artificielle prolongée étant balbutiantes. 41 4) L’EVOLUTION DES PRATIQUES, TECHNIQUES ET SPECIALITES MEDICALES Nous allons pouvoir constater que les techniques et les spécialités médicales ont évolué en même temps que les établissements de soins se sont développés. Dans les hôtels-Dieu du XIVè siècle « les malades sont couchés sur des paillasses et des matelas posés à même le sol. Puis apparaissent les « chaaliz » ou châlits, faits d’un cadre en bois monté sur pieds et comportant un chevet. Le fond du châlit est tendu de cordes croisées pour les pauvres et de sangles pour les riches. Cet ensemble supporte la paillasse et le matelas, assurant ainsi une meilleure protection contre le froid et l’humidité »1. En ce qui concerne l’alimentation, « les repas sont servis dans des écuelles en bois ou en étain ; une cuillère, également en bois ou en étain et un gobelet en terre complètent la vaisselle usuelle. (…) Le vin, dont on reconnaît les vertus stimulantes, est servi copieusement sans égard à la nature de la pathologie dont souffre le malade. Le pain, de bonne qualité, accompagne tous les repas, de même que les légumes verts servis en potage. Un pain blanc spécial était cuit pour les « griefs malades » (malades graves).(…)La cuisine emploie largement le sel, le beurre, le saindoux, l’huile de noix ou d’olive et des épices. Toute cette nourriture, assez variée pour l’époque, est distribuée en trois repas journaliers, relativement équilibrés en quantité. Sur le plan qualitatif par contre ce régime est très riche, notamment en graisses animales et en viande. On conçoit donc que les hôpitaux aient obtenu de bons résultats relatifs, si on compare cette richesse alimentaire à la pauvreté généralisée de la population. Dans ces conditions, la guérison du mal de Saint-Antoine était en effet souvent obtenue2 »3. Nous remarquons que dès le moyen-âge l’alimentation fait partie du traitement des patients et contribue à leur guérison. Par contre les conditions de séjour sont très succinctes. Au fur et à mesure que les années passent, des découvertes médicales améliorent sans cesse le quotidien du malade et du médecin. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.30. Appelé aussi « feu de Saint-Antoine », il s’agissait d’une artérite gangreneuse atrocement douloureuse provoquée par l’intoxication à l’ergot de seigle qui parasitait le blé lors des disettes et des périodes humides. 3 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.31-32. 2 42 En 1789, P.J. MACQUER obtient « des sondes en gomme souple destinées à l’intubation trachéale et aux sondages urinaires en dissolvant du caoutchouc dans l’éther. La même année le célèbre aéronaute Pilâtre de Rozier invente le masque respiratoire destiné aux blessés et au secours des personnes en manque d’air.(…) Dominique Larrey et J.P. Desgranges mettent au point la technique de réanimation par intubation, respiration assistée et massage cardiaque »1. Mais toutes ces avancées ne seront pas exploitées immédiatement, il faudra attendre 1860 pour que les chirurgiens prennent en compte la douleur et ne pensent plus « qu’éviter la douleur est une chimère (…). Instrument tranchant et douleur en médecine opératoire sont deux mots dont il faut toujours adopter l’association »2. « Paradoxalement, des recettes ancestrales dignes de la meilleure sorcellerie, telle que le vin de cloporte, le bouillon de grenouille, le concentré d’yeux d’écrevisse, le jus de vipère ou de tortue et l’extrait de corne de cerf » sont inscrites au côté des nouvelles techniques dans le codex et ce jusqu’en 1884. « Au XIXè siècle, la chirurgie bénéficie successivement de trois découvertes fondamentales : l’anesthésie, l’antisepsie et l’asepsie.(…) Mais les chirurgiens ignorent l’asepsie. Ils opèrent en tenue de ville, au milieu de spectateurs et d’aides, les mains non lavées, avec des instruments simplement rincés et non stériles. Jusqu’aux environs de 1870, ils consacrent beaucoup de temps aux pansements fastidieux et utilisent la « charpie », souvent confectionnée par les malades, à partir de vieux linges des hôpitaux. L’importance des suppurations et de la mortalité qui en résulte explique la prudence des chirurgiens »3. Les premières archives concernant les détails de l’organisation et de la vie quotidienne à l’hôpital de Corbeil remontent au début du XIXè siècle. A cette époque, les conditions d’hygiène sont très restreintes. Les douches sont administrées les lundi, mercredi et vendredi de neuf heures à trois heures du soir en hiver et de sept heure à quatre heures du soir en été. Les bains de vapeurs, eux, sont accessibles les mardi, jeudi et samedi. Quant aux bains simples, ils ne sont administrés qu’aux pensionnaires de l’hospice, aux indigents de la ville et aux personnes prenant des douches. Ceux-ci paieront 1 franc de plus pour un bain simple en sus de la douche. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.71. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 72. 3 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 98. 2 43 Les indigents qui ont besoin de prendre des bains doivent être adressés par les membres du bureau de bienfaisance ou par les dames de charité à Monsieur le médecin traitant de l’hospice, qui délivre alors un certificat d’admission s’il le juge nécessaire. Bien entendu ces bains médicamenteux, bains simples, douches et fumigations nécessitent l’achat d’appareils et d’ustensiles spécifiques. En ce qui concerne le lavage du linge, il se fait dans le bras de rivière qui longe l’hôpital. Il faudra attendre 1840 pour qu’un lavoir ainsi qu’une buanderie soient reconstruits sur les murs latéraux longeant la rivière d’Etampes. C’est également cette année-là que le préfet veut fournir des médicaments et tisanes aux détenus malades de l’infirmerie de la maison d’arrêt. Ceci nous permet de faire un point sur les médicaments utilisés à l’époque, au travers d’un extrait du texte des délibérations du conseil d’administration de 1840. TARIF DES MEDICAMENTS-TISANES A FOURNIR PAR L’HOSPICE CIVIL DE CORBEIL POUR LE SERVICE DE LA MAISON D’ARRET 1) eau d’orge simple miellée 0,25 franc le litre 2) eau d’orge nitrée 0,25 franc le litre 3) eau de riz avec sirop ou glucose 0,25 franc le litre 4) cérat de Gallien* 0,15 franc 30 grammes 5) tisane pectorale sucrée 0,25 franc le litre 6) farine de lin* 0,70 le kilogramme 7) farine de moutarde* 0,65 les 500 grammes 8) infusion tilleul suisse 0,25 le litre 9) limonade au citron 0,45 le litre 10) tisane de chiendent et réglisse 0,15 le litre 11) manue en sorte 0,60 pour soixante grammes 12) lotion calmante 0,80 une seule 13) sulfate de quinine 0,15 un décigramme 14) eau de Seltz 0, 25 le litre 15) huile de ricin 0,60 soixante grammes 16) vésicatoires de cinq pouces* 0, 35 l’un 17) quinina rouge en poudre 1 franc trente grammes 18) un colire* 0,60 l’un 44 19) infusion d’armoise 0,25 le litre 20) sangsues 0,35 l’une 21) potion purgative 0, 1 franc l’une ou 0,40 franc soixante grammes 22) potion pectorale 1 franc l’une 23) pommade de citrine* 0,60 franc soixante trois grammes 24) nitrate de potasse 0,20 franc le gramme 25) emplâtre d’yachylum gommé 0,30 franc l’un ( sur toile de 20cm) 26) liniment camphré et opiacé ou laudanisé 1 franc l’un 27) antimoine de potasse (émétique) 0,001 franc le centigramme 28) ipécacuana en poudre 0,40 le gramme 29) eau de vie allemande 0,20 dix grammes 30) teinture de colchique 0,10 centimes le gramme 31) potion ou lochs calmante, avec ou sans éther, avec ou sans préparation opiacée ou digitée, avec ou sans kermin 0,80 franc cent vingt cinq –cent trente gr 32) collyre avec addition de cinq dg de nitrate d’argent * 1 franc 33) acétate de plomb* 0, 15 franc trente grammes 34) onguent napolitain double* 0,50 franc trente grammes 35) emplâtre devigo de 20 cm 0, 50 franc trente grammes 36) laudanum* 0,10 franc un gramme *médicaments à usage externe En 1844, une nouvelle méthode dite hémostatique apparaît. Elle semble présenter un moyen curatif fort simple, peu coûteux et facile à pratiquer. Cette année-là, « à Vienne, Semmelweiss pense que l’origine de l’infection puerpérale dans les maternités est la conséquence de la contagion ; il constate que la mortalité est plus élevée dans les salles où il y a des étudiants pratiquant aussi les autopsies. Il impose à ceux-ci le lavage des mains au chlorure de chaux. Ceci déclenche une certaine hostilité de la part de ses collègues et les mesures d’hygiène restent ignorées. (…) Pasteur, chimiste et non médecin, écrit à propos des chirurgiens : si j’avais l’honneur d’être chirurgien, pénétré comme je suis des dangers auxquels exposent les germes répandus à la surface de tous les objets, particulièrement dans les hôpitaux, non seulement je ne me servirais que d’instruments d’une propreté parfaite, mais, après avoir nettoyé mes mains avec le plus grand soin et les avoirs soumises à un flambage rapide, je n’emploierais que de la charpie, des bandelettes, des éponges préalablement exposées dans un 45 air porté à la température de 130° à 150°, je n’emploierais jamais qu’une eau qui aurait subi la température de 110° à 125° »1. Le régime alimentaire des patients représente également une technique thérapeutique, il est uniquement délivré sur prescription des médecins. En janvier 1850, les différents types de régimes alimentaires sont les suivants : ♦ la diète absolue : aucun aliment ♦ la diète simple : . de 1 à 4 bouillons gras . de 1 à 4 portions de lait . de 1 à 4 portions de vin ♦ potage et soupe : bouillon soit au gras, soit au lait • potage : bouillon, 30gr de riz + 30gr de vermicelle + 30gr de semoule • soupe : bouillon + pain blanc • bouillie : lait + farine ♦ aliments solides : 1) malades à une portion : pain blanc vin ou lait potage ou soupe au gras ou au lait volaille ou poisson frais ou œufs légumes de saison ou pomme cuite ou gelée de groseille 2) malades à deux portions : pain blanc vin ou lait viande rôtie 1 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.99. 46 légumes de saison ou œufs ou pomme cuite ou pruneaux 3) malades à trois portions : pain blanc vin ou lait viande bouillie ou désossée légumes frais ou pommes de terre ou légumes secs en purée ou pruneaux ou œufs 4) malades à quatre portions : pain blanc vin ou lait 2 soupes grasses viande bouillie désossée légumes secs en purée ou pommes de terre ou légumes frais 5) malades à cinq portions : pain blanc vin ou lait 2 soupes grasses viande bouillie désossée légumes secs en purée ou légumes frais ou pommes de terre Le régime alimentaire est un des éléments importants du traitement médical. Les patients « restent à la diète tant que la visite n’est pas passée et que le patron n’a pas donné ses ordres »1. Au cours de l’année 1853, un rapport de Monsieur LIONET, directeur et chirurgien de l’hôpital, nous donne des informations sur le traitement des hernies étranglées, des traumatismes et autres fractures. Parmi les dix cas de hernie étranglée qu’il a rencontrés durant ses quatre années d’exercices à l’hôpital, il n’en n’a opéré qu’une et avec succès. Les autres ont guéri par le procédé qu’il a décrit dans une brochure publiée en 1847. Voici ce qu’il explique : 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit. p. 152. 47 « Je fais placer le malade sur un plan très incliné, la tête en bas, je compose ordinairement ce plan incliné avec deux chaises renversées placées l’une à côté de l’autre et recouverte d’un simple matelas. J’essaie dans cette position les différentes manœuvres de réduction pendant quelques minutes, en me gardant bien d’insister longtemps, surtout si la hernie est très dure et douloureuse. Je place auprès du malade une personne chargée de fomenter la tumeur avec des flanelles trempées dans de l’eau très chaude et renouvelée toutes les deux ou trois minutes jusqu’à mon retour. Si je prévois une longue absence, je fais alterner ce moyen avec des cataplasmes émollients. Lorsque je revois le malade après six, huit et même douze heures, je trouve la tumeur moins tendue, moins douloureuse et presque toujours la réduction devient possible, quelquefois elle s’opère même toute seule. Cette position bien, que gênante, est généralement bien supportée, elle calme les coliques, arrête ou modère les vomissements et ralentit constamment la marche des accidents. Dans les cas les plus optimaux, je fais composer les cataplasmes avec de la farine de seigle, du saindoux et de la boue de meule de rémouleur mais ce procédé n’a pas la même efficacité dans les hernies ventrales, soit à cause de l’anneau fibreux soit parce qu’il fait sous la main avec la tumeur. Sur trois cas que j’ai rencontrés en ville, une seule hernie a pu être réduite, un cas opéré après a été mortel, un autre pour lequel on a refusé obstinément l’opération a eu le même test que le premier jour de l’étranglement. Tel est le traitement simple, facile et presque toujours efficace auquel nous devons l’avantage d’opérer si peu de hernies dans cet hôpital. Il serait désirable, dans l’intérêt des malades, qu’il fut plus connu mais il n’a pas la même efficacité pour les hernies de la ligne blanche que pour celles des orifices naturels ». Parmi les traumatismes dont il a eu à s’occuper cette année là, on trouve une blessure par une faux qui a complètement coupé le tendon extenseur du pied puis la moitié du tibia. Son traitement a consisté en une extension serrée du pied sur la jambe au moyen d’une boîte munie de bandes. Cette méthode a permis une guérison quasi complète hormis un peu de flexibilité. De plus, les usines environnantes sont également pourvoyeuses de nombreux accidents graves, notamment fractures, arrachement de membres, plaies par déchirure ou par écrasement dans des engrenages. Ces dernières, d’après Monsieur LIONET, exigent une certaine habitude. 48 « Il est urgent dans les accidents de ce genre de bien rendre compte des organes lésés avant de procéder au premier pansement. Si les désordres sont trop profonds, c’est le moment de faire la part du feu, sinon on est exposé plus tard à faire le sacrifice plus grand et même à compromettre l’existence du blessé. Les mariniers ont l’habitude de verser de la térébenthine pure sur toutes les blessures, cette pratique est mauvaise pour les plaies régulières comme celles des instruments tranchants mais elle peut être très utile dans les plaies par déchirure ou écrasement ». Des essais concluant sur les même plaies ont également été faits avec la paume de commandeur et la teinture d’iode. En ce qui concerne les fractures et notamment les fractures de côtes incomplètes, le traitement consiste à exercer une forte pression sur les côtes pour réduire la fracture et soulager le patient presque instantanément. Cette manœuvre a d’ailleurs valu à Monsieur LIONET de devenir membre de la société de chirurgie. Mais, malgré cette reconnaissance la méthode est peu employée par ses confrères. Son équipe a eu à pratiquer huit amputations cette année, dont une du pouce et une de « l’indicateur », par suites d’abcès sous-aponévrotiques qui n’avaient pas été débridés ; l’auriculaire quoique mutilé a pu être conservé et forme un crochet très utile. Un autre cas leur a permis de faire une autoplastie très réussie : « une portion de l’indicateur était tombée en gangrène par suite de la déchirure d’un nerf de la sensibilité, la cicatrice qui succédait à cette perte de substance ne jouissant d’aucune sensibilité, rendant l’opéré très maladroit ». Ils ont alors disséqué la partie insensible et ramené un lambeau de la première phalange. Le patient a retrouvé sa sensibilité et la sensation du toucher à l’endroit lésé. Parmi les autres amputations, notons une amputation du bras, pratiquée chez une femme de soixante-dix-sept ans, entrée avec tout l’avant-bras envahi par la gangrène à la suite d’une piqûre de clou dans la paume de la main, ainsi qu’une amputation de la cuisse à son tiers supérieur chez un adulte ayant une suppuration provenant d’une «carie» du genou qui avait fusé jusqu’au voisinage de l’articulation coxo-fémorale. Les deux derniers cas d’amputations que Monsieur LIONET et son équipe ont eu à traiter se sont soldés par des échecs. Mais, en opérant, ils n’ont fait que répondre à la demande des malheureux patients qui désiraient « le soulagement ou la mort ». En effet, le premier était un homme avec une carie du fémur survenue à la suite d’une chute dont l’intensité des douleurs et la suppuration le rendaient fou. 49 Il sollicitait depuis longtemps l’amputation pour le soulager en espérant que la suppuration n’atteigne pas la capsule coxo-fémorale. Malheureusement ce ne fut pas le cas, la tête du fémur ainsi que l’os coxal étaient cariés et le chirurgien a été dans l’obligation de pratiquer une désarticulation de la cuisse pour obtenir un soulagement complet. Le second patient, ayant succombé à son amputation, était un homme vigoureux, atteint de gangrène spontanée, infecté par l’odeur repoussante du membre en décomposition. Il voulait en être débarrassé à tout prix et ce fut chose faite. Il a même pu retourner dans sa famille où il a succombé à une hydropisie qui a été la conséquence de l’oblitération des artères. D’après le docteur LIONET « il est d’usage de ne pas opérer dans ces circonstances, de crainte de compromettre la chirurgie mais avec le bénéfice de la merveilleuse découverte moderne, il est des cas où c’est un véritable acte d’humanité de tenter l’impossible, surtout lorsque le malade a la certitude de courir cette faible chance, non seulement sans souffrir mais encore en y trouvant un soulagement à ses tortures ». Parmi les malades atteints de fièvre typhoïde, beaucoup de ceux qui ont effectué un séjour très long à l’hôpital (de 30 à 90 jours) ont présenté des symptômes ataxiques alarmants et des escarres d’une profondeur effrayante. Dans ces cas les plus graves, le traitement a consisté en une administration de sulfate de quinine associé aux traitements habituels. « La strychnine et le sulfate de quinine ont la propriété d’augmenter la constructivité du cerveau tandis que l’éther, le chloroforme, l’opium et la plupart des narcotiques accrus, ont la propriété inverse, c’est à dire qu’ils congestionnent le cerveau ». Monsieur LIONET a « administré le sulfate de quinine, à la dose de 50 à 60 cg contre le délire de la fièvre ataxique, et presque toujours il a été suivi d’un calme que l’on n’obtient pas avec les autres médicaments ». De même pour les patients atteints de méningite pour lesquels il a donné le sulfate de quinine à la dose de 50 cg deux fois par jour, il n’en a perdu qu’un sur les quatre. Il a été « démontré que le sulfate de quinine racornit la rate bien promptement, pourquoi ne contracterait-il pas , en vertu de la même propriété, les vaisseaux de l’encéphale, ceux des articulations dans les rhumatismes, ceux des viscères parenchymateux comme les poumons et le foie ». On a employé par deux fois ce médicament dans l’hémorragie cérébrale avec une apparente amélioration et trois fois avec succès dans les convulsions de l’enfant. Notons qu’un grand nombre de malades ont été vus en consultation pour des cas de maladie des yeux. Ceux-ci ont été traités avec succès par cautérisation extérieure des paupières. 50 Toujours dans les années 1850, dans les hôpitaux parisiens, les médecins « arrosent les plaies avec du perchlorure de fer et enlèvent tout ce qui est dévitalisé avec des pinces. Ils coupent ce qui paraît mort avec des ciseaux. Ils mettent ensuite un gros gâteau de charpie imprégné de poudre de quinquina et font un bandage peu serré humidifié avec de l’eau tiède. Ils donnent au patient un peu d’opium pour la douleur et le laissent au régime gras complet »1. En ce qui concerne la fièvre et la toux, pour en venir à bout les médecins utilisent « des cataplasmes ayant une odeur de farine de lin chaude et de moutarde tout à la foie âcre, doucereuse et écœurante »2. C’est en 1855 que Monsieur GROS invente le premier appareil mécanique pour lever les malades sans les toucher. Ceci est une avancée très importante en ce qui concerne d’une part, les conditions de travail du personnel soignant car ils ont moins d’efforts physiques à fournir et d’autre part, les malades qui sont douloureux car ils sont moins manipulés. Un compte-rendu médical de l’activité de 1858 nous permet d’avoir un aperçu de quelques techniques de soins. Par exemple pour soigner les panaris, les chirurgiens font une incision jusqu’à l’os sur un trajet accessible au bistouri, il s’écoule alors des gouttelettes de pus et la douleur cesse comme par enchantement. La plaie se répare ensuite d’elle-même en quelques jours. Un jour, un jeune homme est arrivé de la commune de Viry pour une colique hépatique, il se plaignait de ténesmes et de pesanteur sur le siège. Les médecins découvrent une tumeur grosse comme un œuf et très irrégulière. Celle-ci était entrée puis ressortie et le faisait beaucoup souffrir. Le médecin lui conseille de faire des efforts d’expulsion pour voir si cette tumeur ressort, et effectivement elle est apparue et contenait une anse intestinale et du mésentère. Les médecins prennent la décision d’extirper cette tumeur. Ils font une excision avec précaution puis suturent de façon partielle pour circonscrire la totalité de la lésion afin d’étrangler chaque partie circonscrite avec les fils et à ne laisser aucun point sans ligature. Ensuite la tumeur bien ficelée est rentrée dans la cavité intestinale à environ vingt-cinq centimètres de profondeur. Huit jours plus tard, expulsion des fils et de la tumeur. La composition celluleuse de celle-ci fait s’orienter les médecins vers un cancer mais l’âge du sujet est plus en faveur d’un polype. 1 2 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales, op. cit., p.157. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit., p. 160. 51 Au travers de la gravure suivante, située page 118 de l’ouvrage de J.M. GALMICHE, nous pouvons observer la technique de ponction des épanchements pleuraux vers 1850-1870. (Illustration n°2) LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES ÉPANCHEMENTS PLEURÉTIQUES PAR INCISION ET PAR PONCTION VERS 1850-1870. Quelle que soit la méthode opératoire choisie le chirurgien opère toujours à mains nues et en costume de ville, le plus souvent au lit du malade. Les instruments, bistouri, trépan perforé, trocart et seringue ne sont évidement pas stérilisés. 52 Toujours concernant les cas de chirurgie, « les appareils de plâtre » permettent la consolidation des fractures et de quelques entorses. Différentes situations rencontrées permettent de comprendre quelle est l’importance de ce traitement dans la pratique quotidienne. En effet, un aliéné soigné à l’hôpital pour une fracture complète de jambe n’arrivait pas à guérir parce qu’il bougeait tout le temps malgré la camisole ; le médecin qui le soignait s’est alors souvenu du système de plâtre qui avait été autrefois utilisé par un de ses confrères. Ceci à permis au patient de consolider sa fracture sans séquelles. Les autres appareils ont de nombreux inconvénients. Ils exercent une pression trop irrégulière ou trop intense, ils ne permettent pas de surveiller les accidents qui peuvent se produire, de plus, dans les fractures de la jambe ou du talon ils donnent une consolidation vicieuse. On peut également ajouter qu’en cas de fracture du péroné avec déplacement, les appareils ordinaires, attelle de Dupuytren y compris, ne donnent pas de bons résultats et en plus ils sont incommodes. Dans les fractures de cuisse, ils permettent une consolidation mais avec raccourcissement du membre inférieur, ce problème à pu se résoudre grâce à l’utilisation du plâtre. Les appareils qui enveloppent complètement le membre ne garantissent absolument rien et quand on enlève l’appareil on constate souvent des difformités. Quand on utilise le plâtre et que l’on recouvre la moitié du membre, on peut encore le surveiller. A travers deux exemples, tirés du registre des délibérations de 1858 voyons quelles sont concrètement les utilisations « des appareils de plâtre ». Tout d’abord prenons le cas de ce jeune homme qui a eu « les deux cuisses fracturées et la jambe écrasée de façon comminutive à un travers de main au-dessous des genoux avec quelques centimètres de perte de substance. Les esquilles sont rentrées dans la chair et les extrémités des os réséqués par la scie. Les médecins réunissent par des points de sutures les parties molles, aussitôt après les membres du blessé sont étendus en formant un V sur une couche de plâtre demi-solide. Une seconde couche est placée au-dessus. Comme cela le plâtre enveloppe la totalité des membres jusqu’au bassin, seuls les pieds sont libres à partir de la cheville jusqu’aux orteils. Au bout de huit jours une ouverture est formée à la hauteur de la plaie au moyen de la scie à main et du ciseau. Les bourgeons charnus qui se sont formés commencent à durcir, un liquide gélatineux comble le vide fait par l’extraction des os et dès lors on peut espérer conserver un membre dont le sacrifice semblait inévitable selon trois médecins. Les pansements ont duré trois mois. 53 Finalement le patient marche sans boiter et il n’a pas de membre plus court que l’autre. L’os s’est reconstruit sans difformités, seule la peau se déchire facilement et est le siège d’un eczéma ». Parlons ensuite de cet homme de Soisy-sous-Etiolles qui avait une « fracture si près de l’articulation que le médecin croyait à une fracture du col fémoral. On lui applique d’abord un bandage pendant huit jours sans y toucher mais des œdèmes et des ecchymoses apparaissent sur le membre. Alors, le membre est placé sur un chevalet de plâtre, c’est à dire deux gouttières inclinées formant un angle presque droit à leur jonction et reposant sur une partie solide pour représenter un triangle évidé en son milieu. La jambe de par son poids tire sur la cuisse et sur le bassin du côté opposé . Cette extension rétablit la circulation sanguine et fait disparaître l’œdème. Au bout de trente cinq jours l’homme se promène avec des béquilles. La guérison est obtenue presque sans raccourcissement ». Chez les enfants les fractures de cuisse se consolident sans raccourcissement. En cas de fractures avec une plaie, le traitement est le même et on a l’avantage de surveiller la plaie. Parmi les sujets soumis à ce procédé, deux ont présenté une petite difficulté : une saillie du fragment supérieur de l’os qui s’est arrangée en appliquant un mouchoir en cravate sur celle-ci afin de la ramener vers le centre de la gouttière. Le malade n’exprime presque aucune douleur pendant la durée du traitement. Le plâtre s’utilise également en cas d’entorse grave, dans ces cas-là on applique cet appareil comme pour les fractures de l’extrémité inférieure du péroné ou comme dans celles en V de l’extrémité inférieure du tibia. La méthode consiste à lever le pied plus haut que le genou puis prendre la jambe dans le plâtre jusqu’au-dessus de la malléole. Si les os sont bien mis bout à bout, le périoste fait le travail de cicatrisation, il se gonfle et s’épaissit autour des fragments. Par contre quand les os sont mal affrontés, il se forme une sécrétion plastique : le cal. S’il y a beaucoup d’inflammation, il faut préférer le moule partiel à celui qui enveloppe complètement le membre. On peut alors suivre la survenue d’incidents et apposer au besoin des émollients. Un glaçage du membre est également préconisé. En cette année 1858 deux hommes ont été traités à l’hôpital pour des désordres de l’articulation du pied. Il s’agissait de fractures comminutives qui se sont rétablies sans ankylose après quelques mois de traitement. Il est indispensable pour cela de faire « des mouvements de la jointure de loin en loin afin de prévenir les adhérences ». Par contre, il ne faut pas commencer cette manœuvre avant quinze ou vingt jours. 54 Ces différents exemples nous permettent d’établir une sorte de mode d’emploi du plâtre avec ses avantages et ses inconvénients. Tout d’abord pour bien utiliser cette méthode il faut : 1) réduire la fracture 2) placer le membre fracturé dans une feuille de carton sur une planche de l’appareil 3) raser les poils ou graisser de haut en bas pour les empêcher de se rebrousser et de se prendre dans le plâtre 4) faire délayer du plâtre fin et si possible frais, en former une couche sur le plan de carton ou de planche puis envelopper progressivement la totalité ou la moitié du membre suivant l’espèce d’appareil que l’on veut exécuter. Pour faire l’appareil à couvercle, on peut à l’instar des modeleurs le faire en entier et le diviser avec une ficelle avant que le plâtre ne durcisse. L’appareil de cuisse doit être ébauché d’avance, c’est quand le membre est mis dans les deux gouttières que le chirurgien complète les bords. 5) enlever avec précaution les aspérités des orifices de l’appareil, les évaser avec une lame d’un couteau afin de prévenir les érosions qui pourraient se produire aux changements de position 6) si l’on doit briser l’appareil complet, faire quelques traits de scie et écarter ensuite avec des ciseaux. Ne pas utiliser le marteau, il donnerait des secousses dangereuses 7) placer toujours l’appareil de manière à ramener les fluides vers le bassin 8) laisser à l’air libre le membre malade Maintenant pourquoi utiliser le plâtre plutôt que les anciennes méthodes ? Et bien tout d’abord parce qu’il permet la libre circulation des fluides, donc un travail naturel afin de réparer les tissus. Lorsque l’on recouvre le membre à la moitié, cela nous permet de le surveiller. Avec un plâtre le malade peut être transporté sans inconvénient pour le membre fracturé et sans provoquer de douleur vive (ceci est très intéressant pour les blessés de guerre). C’est une économie de temps, de souffrance et de frais. On peut changer l’appareil de lit ou de chambre. De plus, les patients peuvent marcher au bout de cinquante ou soixante jours avec un danger moindre de rompre le cal qui s’est formé. On évite ainsi la rigidité articulaire et la douleur au niveau de la partie fracturée. Enfin, il existe un appareil composé d’une double ceinture passant dans le bassin et dans les cuisses à laquelle le malade s’accroche lui-même. Une corde qui le soulève avec un bras de levier lui permet de faire des mouvements à volonté et d’accomplir ses exigences naturelles. 55 Bien entendu les appareils de plâtre ont également leurs inconvénients. Il existe un danger de gonflement et de développement de phlyctènes dues à une pression immodérée, mais ce risque existe avec tous les systèmes. Si le plâtre est appliqué dès la première heure de l’accident et que le membre a été maintenu en surélévation, le membre ne gonfle quasiment pas. Si les manœuvres et la lenteur des secours font présumer une inflammation violente ou bien s’il y a une plaie ou une fracture comminutive ou enfin si le cas nécessite une résection osseuse, il faut placer le membre dans une gouttière de plâtre pour permettre la mobilité. Point capital, le plâtre appliqué liquide se prête à tous les membres, à toutes les positions. Dans la plupart des cas préférer l’utilisation de la gouttière. Un an plus tard, de nombreuses épidémies font rage et notamment des épidémies de fièvre typhoïde qui sont enrayées sans trop de difficultés grâce aux vomitifs : l’ipecarnantra et les purgatifs salins. Dans les fièvres intermittentes, c’est le sulfate de quinine qui permet de sauver les patients, de même pour une énorme tumeur de la rate qui a spectaculairement diminué de volume . Mais de simples mesures sanitaires pourraient également réduire le nombre des épidémies, il faudrait améliorer les égouts, les lieux d’aisance et faire poser des tuyaux d’un diamètre plus grand pour éviter la propagation de l’odeur jusque dans les salles. Les herbes surnageant la Seine devraient également être coupées, car quand il fait chaud et sec elles dégagent une odeur marécageuse. Si on améliorait les bains communs et que l’on construisait une salle d’opération située à l’écart des malades, cela réduirait aussi la propagation des maladies épidémiques. Ces modifications verront le jour quelques années plus tard. En 1860, les médecins de l’hôpital de Corbeil se rendent compte de l’intérêt de l’eau froide dans les mutilations de membre. En effet, ils irriguent la plaie de la main, d’un jeune homme amputé de deux doigts à la suite d’une mutilation de la main, avec de l’eau froide pendant vingt-quatre jours. A la fin de l’irrigation, ils aperçoivent une réduction des doigts presque insignifiante. De même, un homme ayant le pied écrasé dans un engrenage et adressé par un autre praticien, refuse de se faire amputer. Il subit alors une irrigation de sa plaie pendant trente sept jours à la suite desquels les escarres se séparent et font place au bourgeon charnu. Le patient ne perdra que le gros orteil et la guérison complète sera obtenue au bout de quatre mois. 56 Parlons également de cet adolescent qui a l’indicateur emporté avec écrasement des trois métacarpiens, après irrigation de la plaie, il n’y a plus de traces d’inflammation. Deux hommes brûlés au visage par l’explosion d’une mine ont des compresses d’eau froide renouvelées toutes les cinq minutes, ce qui permet de réduire les lésions. L’un des deux hommes a également une fracture comminutive des os de la jambe, un courant d’eau maintenu pendant vingt trois jours et la pose d’un plâtre permet un succès complet. On ne retrouve ni raccourcissement de membre ni déformation. Un an plus tard, le chauffage tant attendu arrive enfin pour agrémenter les bains, comme cela, tous les entrants ont droit à un bain, la baignoire est également commandée mais le service des bains ne sera opérationnel que lorsque l’on pourra administrer des bains de vapeur. En 1867, de nouvelles mesures sont prises pour les femmes en couches, car les décès sont trop nombreux à cause de la fièvre puerpérale. Monsieur HELLOT, médecin de l’hospice général de ROUEN établit les conditions suivantes afin de réduire de moitié la mortalité : 1) les femmes en couches sont admises au dernier moment 2) les accouchements sont pratiqués en isolement 3) séparation des femmes en couches et de celles qui attendent l’accouchement 4) trois salles distinctes sont destinées à recevoir les femmes nouvellement accouchées, elles seront toutes chauffées et bien ventilées de manière à laisser trente-six mètre cubes d’air autour de la malade 5) quand une salle a été occupée par des malades , une deuxième série de femmes en couches n’y entre qu’après avoir aéré au moins cinq jours et avoir enlevé tous les objets de literie qui seront lessivés, blanchis et remis à neuf 6) chaque salle est laissée à tour de rôle inoccupée successivement 7) on place les femmes malades ou décédées dans une chambre séparée Améliorer les conditions d’admission des patients, c’est également améliorer leur transport jusqu’à l’hôpital, c’est pourquoi en 1886 le gouvernement fait la proposition d’attribuer à chaque hôpital de chef lieu, une voiture d’ambulance destinée au transport des blessés. Un traité serait passé entre les loueurs de la localité qui, sur avis télégraphique du médecin traitant enverrait immédiatement la voiture dans la commune du domicile du blessé. Pour faire face à cette dépense un crédit serait inscrit au budget du département. 57 La création de l’aide médicale gratuite va être une révolution pour tous les malades indigents, elle va leur permettre l’accès aux soins de façon totalement gratuite, mais elle ne prend pas encore en compte les marginaux et les sans domicile fixe. Ce sera chose faite, bien plus tard, en 1999, avec l’apparition de la couverture médicale universelle. Dans le même état d’esprit, en 1894, la vaccination à titre gratuit à l’hôpital va permettre à beaucoup de gens de se protéger contre des maladies souvent mortelles. Toujours dans le cadre de la vaccination gratuite, en 1900, les membres du personnel de l’orphelinat et de l’hospice sont tous vaccinés ainsi que les enfants de plus de dix ans. La population qui le désire peut se faire vacciner à l’hôpital et tous les enfants de l’orphelinat sont vaccinés dès leur admission. De plus toutes les personnes le désirant peuvent utiliser l’étuve à désinfection de façon à éviter la prolifération des microbes. A cette époque, les médecins s’arrangent avec les pharmaciens de la ville pour qu’ils leurs fournissent ce dont ils ont besoin. En 1895, la décision est prise de chauffer les salles d’opération aux becs de gaz. En 1898, de nombreux instruments de chirurgie sont transformés, la boîte d’amputation est revue, on achète un bouilloire stérilisateur et des pinces du docteur PEAN. C’est également cette année là que la loi concernant l’obligation pour les patrons d’assurer leurs ouvriers contre les accidents du travail est votée. C’est en 1904 que les premiers laboratoires de radiographies et de scopie sont installés dans les hôpitaux de Seine et Oise mais le conseil d’administration de l’hôpital de Corbeil refuse car il manque de ressources et un bâtiment pour loger les aliénés est plus urgent. Le conseil d’administration demande en 1907 l’installation du téléphone avec des poteaux électriques placés à l’intérieur de l’hôpital et il achète un an plus tard un appareil de désinfection portatif au chloroforme pour deux cent cinquante francs. En 1909, c’est un autre fait important qui est à souligner : l’acquisition pour mille deux cent francs d’une ambulance attelée par un ou deux chevaux avec des roues munies de pneumatiques. Le prix de la course est calculé selon le kilométrage effectué. 58 Cette voiture est entretenue par la société des ambulances automobiles. Au mois de juillet, la commission acquiert un fauteuil brancard, au prix de 75 francs, afin de faciliter le transport des blessés. Quelques mois plus tard, l’hôpital achète un petit chariot à trois roues pour le transport des objets destinés aux pansements des blessés. L’année d’après, le téléphone est installé dans le grand vestibule, près du bureau de l’économe, pour faciliter le travail de celui-ci. La commission étudie également le projet de remplacer le chauffage actuel par un chauffage central à la vapeur. Un projet concernant l’évacuation des eaux ménagères et fluviales de l’établissement est aussi en cours d’observation. De nombreux objets d’utilité courante sont achetés : 1 petite poissonnière pour stérilisation des instruments 1 pelvi support 3 bocaux en verre avec couvercle 12 urinoirs en verre 12 plaques en tôle pour feuille de température 90 plaques destinées à être placées en tête de lit pour recevoir les feuilles indiquant l’état civil des malades 1 seau hygiénique avec intérieur en faïence 3 petites cuvettes en faïence pour laver les plaies achats d’extincteurs Les quatre tables de la salle d’opération sont recouvertes de plaques émaillées fin 1910. En 1911, le nouveau mode d’alimentation en eau froide est branché directement sur les conduites de la ville. L’établissement fait l’acquisition d’une poche en tissu caoutchoutée pour faire des ballons d’oxygène dont l’emploi est très fréquent et achète un fourneau pour incinérer les objets ayant servis pour les pansements. Des thermomètres sont placés en différents endroits de l’hôpital pour vérifier la température des pièces suite à l’installation du nouveau système de chauffage. Une nouvelle table d’opération est achetée l’année d’après. De nombreux objets nécessaires au bon fonctionnement de la maternité et de la salle d’opération sont acquis en 1913 : Une seringue de LUER de 5 centimètres cubes et deux de 2 centimètres cubes Une petite curette à lupus 59 6 pinces TERRIER 1 grande poissonnière 1 bock de 2 litres à injection 1 pilulier 1 grand mortier 1 paire de ciseaux démontables 1 stéthoscope du fil stérilisé 1 thermomètre 1 plateau long 1 stylet Achat également d’un fourneau destiné à la pharmacie. En 1914, douze thermomètres américains à 2,75 francs sont commandés à l’agence francoanglaise de produits sanitaires. Un fourneau à gaz destiné à chauffer les fers à repasser de l’orphelinat est acheté cette année-là également. « Entre 1880 et 1920, les autoclaves à chaleur humide et à chaleur sèche, la suppression des planchers de bois dans les salles d’opérations, la séparation entre salles aseptiques et septiques, les gants, les sarraux, les masques, de nouvelles solutions antiseptiques, la stérilisation des linges et instruments, font leur apparition non seulement dans les services d’obstétrique et de chirurgie mais aussi dans les services de médecine infantile »1, ce qui contribue grandement à la baisse de la mortalité dans les hôpitaux. En 1919, l’établissement fait l’acquisition d’un appareil à distillé l’eau pour la salle d’opération. 1923 est une date importante pour l’hôpital car l’installation de l’électricité va permettre l’arrivée de nombreuses autres techniques qui en découlent. Notamment, cela va permettre la création d’une salle de radiographie. 1 GILLY R. Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon de 1800-2000, op. cit. p.99. 60 Une blanchisserie mécanique améliore également les conditions de travail du personnel de la lingerie. Au mois d’avril 1925, le premier service de radiographie est inauguré. De nombreux achats sont alors effectués : ♦ 1 meuble radiologique avec pupitre mobile de commande pour pénétration variable ♦ 1 châssis table universel pour examens et radiographies en position verticales et horizontales ♦ 1 écran radioscopique 30 x 40 ♦ 2 ampoules Coolidges radiateur ♦ 1 cassette porte écran 24 x 30 ♦ 2 écrans renforçateurs 24 x 30 ♦ 1 paire de gants anti-rayons X ♦ 1 paire de lunette ♦ 1 tablier protecteur grand modèle ♦ 2 cassettes porte film 30 x 40 et cassettes 18 x 24 ♦ 2 écrans renforçateurs 30 x 40 et 2 écrans 18 x 24 Tout cela pour le prix de 18 000 francs, transport, pose et installation compris. Cette même année 1925, la lumière électrique est installée à l’orphelinat. Deux années plus tard, c’est un standard téléphonique reliant tous les services de l’établissement qui est mis en place dans le bureau de l’économat. Un bienfaiteur fait don d’un petit omnibus de six places à l’établissement. Puis l’hôpital fait l’acquisition d’une glacière. Une petite révolution a lieu en 1928 pour les salariés, il s’agit de l’obligation de prendre une assurance sociale pour les travailleurs de l’industrie et du commerce dont le salaire est inférieur à un plafond. Ceci permet enfin l’ouverture de l’hôpital à toutes les classes sociales de la population. 61 En 1930, le service de la maternité peut enfin peser les nouveaux-nés régulièrement, car l’hôpital achète un pèse bébé. La salle d’opération se dote d’un appareil moto-pompe et d’un deuxième chariot pour le transport des malades. De plus, afin que les personnes qui passent dans la rue ne puissent plus entrevoir les malades, un écran est installé au niveau du portail et des fenêtres du service de chirurgie homme. En 1931, l’hôpital fait l’achat d’un brancard roulant pour la maternité, d’un appareil élévateur pour la chirurgie et d’une ambulance. Puis, l’année d’après, un nouveau poste téléphonique est branché dans la salle de garde et des sonneries électriques d’appel sont placées dans chaque chambre afin d’appeler l’interne de service la nuit. Afin d’améliorer l’hygiène dans les salles, l’établissement achète un aspirateur électrique. Dorénavant, les rations de vin seront directement conditionnées sous la forme d’un quart de litre pour chaque malade. La secrétaire reçoit une machine à écrire afin de permettre l’élaboration des frais des indigents de façon claire. Le cheval meurt en 1933, il ne sera pas remplacé, ce sera désormais une camionnette qui se chargera des transports qu’effectuait le cheval. En 1934, une entreprise de transport se propose d’assurer un service d’ambulance à l’hôpital en fournissant une voiture d’ambulance et en effectuant les transports. L’entrepreneur répondra à chaque appel pour assurer les besoins du service. Voici le tarif des transports : • malades ayant l’aide médicale gratuite : ce sera le prix fixé par la préfecture • malades payants : 2,50 francs par kilomètre parcouru, aller et retour, avec un minimum de 15 francs et pour les stations en attente une taxe de 10 francs par heure payable par fraction de 15 minutes Des sonnettes d’appel sont placées dans tous les couloirs pour permettre au médecin, d’avertir l’infirmière surveillante du service, de son arrivée. En 1936, les dames malades ont la possibilité de recourir au service d’une coiffeuse. L’année d’après, l’établissement achète un stérilisateur électrique au prix de 295 francs. Un deuxième appareil de stérilisation de type Poupinel et autoclave est acheté en 1938. Cette année-là, des masques contre les gaz de combat sont commandés, au cas où l’établissement serait attaqué. Le service de radiographie se dote d’une grille anti-diffusante afin de réaliser des radios en position verticale. Puis, en 1939, achat d’une armoire glacière et de crachoirs. 62 L’hôpital fait également l’acquisition d’une machine qui stérilise et nettoie les crachoirs contaminés dans le service des tuberculeux. Le premier appareil de radiothérapie est acheté en 1940 et l’année d’après, la commission commande un dosimètre de Hammet et une grille de lysholm 30x40 pour la radiologie. Plus les années passent et plus les avancées techniques vont être impressionnantes. Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, les multiples découvertes vont considérablement améliorer les conditions de traitement des patients. « La révolution thérapeutique se fait avec la découverte des sulfamides en 1936 et la révolution biologique commence avec le concept de biologie moléculaire qui apparaît vers 1950 »1. C’est en 1946 qu’un service d’oto-rhino-laryngologie de quinze lits s’ouvre à l’hôpital de Corbeil. En même temps le service de pédiatrie devient plus isolé avec la création de boxes individuels, et en décembre un centre prénatal ouvre ses portes. Deux ans après, l’hôpital fait l’acquisition de son premier électrocardiographe portatif ainsi que d’un appareil de radiologie également portatif. Les négatoscopes muraux améliorent encore les conditions de travail des médecins. En 1949, dans les service des tuberculeux, on installe un système d’aspiration endocavitaire afin d’améliorer leur respiration. L’hôpital fait l’acquisition du premier appareil d’anesthésie en circuit fermé et le premier anesthésiste réanimateur fait sont entrée dans l’établissement Des consultations externes de cardiologie et d’électrocardiographie sont inaugurées. Les conditions de sécurité se développent aussi avec l’apparition de dosimètres en radiothérapie, en 1950. Le laboratoire acquiert un photomètre. En ce qui concerne le linge des patients, il est d’abord lavé à la main par les blanchisseuses puis mis dans une « barbotte » électrique. Le linge est lavé dans le sous-sol et étendu dans le grenier du chalet. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.5. 63 En 1951, les consultations externes s’agrandissent encore avec l’apparition de celles d’ORL. La prise en charge des bébés évolue aussi avec l’achat d’incubateurs. Un an plus tard, on achète un autre appareil d’anesthésie à circuit fermé. Une consultation de psychiatrie est créée afin de réorienter les malades mentaux vers des centres spécialisé le plus rapidement possible. Corbeil devient un centre de traitement par l’ACTH et la cortisone. Un spécialiste de la curiethérapie vient de Villejuif pour aider les médecins à créer un centre de traitement au radium. On voit également apparaître une PMI au sein de l’établissement. Il y a également un projet de construction d’un service de neuropsychiatrie, qui attendra plus de 10 années avant de voir le jour. Les salles d’opération seront désormais alimentées en protoxyde d’azote pour l’anesthésie des patients. Vers la fin des années cinquante, le microscope voit le jour. Puis en 1962, c’est l’endoscopie qui fait sa première apparition, avec la bronchoscopie rigide. Elle sera suivie par l’endoscopie digestive. Les prothèses vasculaires et orthopédiques sont également une grande avancée technologique pour la chirurgie. L’hématologie clinique devient une nouvelle spécialité. L’automatisation et la gestion informatique des analyses biologiques sont très importantes pour le développement de cette discipline. Les techniques de mesure utilisées sont l’immuno-analyse, la cytométrie de flux et la biologie moléculaire. En ce qui concerne la lutte contre le cancer, un centre de dépistage et de traitement ouvre ses portes. Les grossesses sont de mieux en mieux suivies. On rencontre beaucoup moins de drames liés aux fausses couches. 64 Les césariennes sont de plus en plus nombreuses contrairement aux extractions instrumentales qui diminuent. De plus, on commence à prendre en charge, sur le plan psychologique, les femmes qui accouchent quand cela est nécessaire. Les premières consultations externes de gynécologie-obstétrique ouvrent en 1966. L’avancée la plus importante en obstétrique est l’utilisation de l’échographie à la fin des années 70. En 1985, dans le nouvel hôpital, ce sont la cœlioscopie, l’imagerie médicale à visée diagnostic et les endoscopies, puis les techniques d’imagerie interventionnelle, notamment en pathologie cardiaque et digestive, qui se développeront rapidement. Le transport des malades hospitalisés pour des consultations en dehors de l’établissement (surtout sur Paris et Versailles) induit des frais, ce qui amène plusieurs projets à la fin des années 1950 : • En 1958, le projet de faire assurer ces transports par les pompiers de la ville de Corbeil, concrétisé par un « contrat d’ambulance » en novembre 1959, est finalement refusé par le préfet. • En 1960, la commision administrative vote le principe d’achat d’un véhicule « à double usage de transport de malades et de camionette ». • C’est en 1964 qu’est finalement acquis un premier break avec brancard. • Un véritable service d’ambulances hospitalières se développe dans les années 1970, faisant progressivement concurrence aux ambulances privées. • Ce service sera ensuite réduit, l’activité de transport devant se limiter strictement aux besoins internes de l’établissement • Le SMUR de l’hôpital, qui s’est développé entre temps pour assurer la prise en charge médicale des détresses vitales sur le secteur de l’hôpital, mais aussi les transferts inter hospitaliers des malades en état critique, emploiera progressivement les ambulanciers au cours des années 80. 65 La prise en charge des urgences, des malades et blessés en détresse vitale, qui semblait aller de soi au sein de chaque service jusqu’à la deuxième guerre mondiale, fait l’objet d’un débat récurrent à partir des années 1950, pendant lesquelles la nécessité d’une organisation spécifique va revenir à intervalles réguliers, à l’occasion d’évènements collectifs ou individuels : - Le 18 mars 1953, l’hôpital de Corbeil étant situé à proximité de voies à fort trafic (route nationale 7 et bientôt l’autoroute A6, en construction) où la traumatologie routière cause de nombreuses blessures graves, le directeur départemental de la santé demande la création d’un service d’urgence de douze lits mobiles, séparés en deux sections, hommes et femmes, en cas d’accidents de la route graves. Ce service comporterait des postes d’oxygène fixes. L’hôpital continuera néanmoins pendant de nombreuses années à confier l’accueil des malades et blessés aux internes et infirmières, très motivés mais fonctionnant dans un « service de porte », de superficie minuscule et aux moyens très limités. - En Mai 1956, grand émoi suite à un épisode tragique : un malade se présente aux services administratifs avec une lettre de son médecin demandant l’hospitalisation, puis repart en apprenant qu’il devra payer un ticket modérateur (il habite la seine et Marne, à quelques kilomètres de Corbeil) et décède tout près de l’hôpital… Aucune faute caractérisée ne sera relevée, mais le principe d’un examen médical systématique est posé. - En septembre 1956, l’incidence croissante de la traumatologie routière est de nouveau mise en avant. Il s’agit surtout d’évoquer la pénibilité du travail nocturne qui en résulte pour les équipes chirurgicales et anesthésiques et la quasi-impossibilité pour ces dernières de prendre leurs congés, en l’absence de remplaçants. Il est vrai que les effectifs de l’époque sont encore très maigres : deux infirmières anesthésistes et un seul médecin anesthésiste réanimateur (le docteur Metais)! D’ailleurs, faute de pouvoir remplacer ce dernier pendant ses vacances, il sera stipulé, sur proposition du directeur de la santé, que la responsabilité des anesthésie est assurée par les chirurgiens en son absence. - En 1957, une polémique se développe autour de la nomination d’un nouveau médecin, qui habite Paris « à une heure minimum de trajet jusqu’à l’hôpital ». La commission administrative « décline toute responsabilité sur le fonctionnement du service concerné ». - En mars et mai 1958, le préfet demande la création d’un « service chirurgical d’urgence », puis la création d’un service de garde assuré par les médecins titulaires, leur permettant de se rendre sur place en 5 minutes sur appel de l’interne de garde. - Suite à cette demande, le corps médical et la commission administrative décident du principe d’une double garde médicale permanente sur place, mais assurée par les seuls 66 internes… Cette double garde est mise en place en décembre 1958, l’effectif total des internes de l’établissement étant passé à 10. - En juin 1961, le Dr Caby, chef du service de « chirurgie A » est nommé « chef de district pour les secours ». - En octobre 1961, le Dr Goidin, chef du service de « chirurgie B » est le premier praticien de l’établissement à demander son passage à plein temps hospitalier, dans le cadre du nouveau statut des médecins hospitalier, publié en août 1961. - En juin 1962, un interne reçoit un blâme pour une prescription téléphonique sans examen clinique du malade au cours d’une garde, dans le service de pneumologie. - En 1963, un deuxième service d’anesthésie réanimation est créé, lié au service de chirurgie B. Le docteur Témélis en deviendra le chef de service à temps plein. Dès lors, la diffusion des matériels et techniques de réanimation et l’exigence croissante de sécurité vont modifier en profondeur l’organisation et les pratiques, au fur et à mesure que se développe l’exercice médical hospitalier à temps plein et l’emprise des anesthésistes réanimateurs sur la vie quotidienne de l’établissement : - En octobre 1964 est exposé le premier projet de lits de surveillance post-opératoire, qui verront le jour 10 années plus tard dans le service de chirurgie A. - En septembre 1965, la circulaire ministérielle 640 recommande de « disposer d’un service d’urgence équipé d’un matériel complet de réanimation pour la survie des malades et blessés transportés à l’hôpital ». La commission médicale consultative et la commission administrative estiment alors « (dans l’attente du nouvel hôpital…) qu’il convient plutôt d’étudier une nouvelle organisation du service de porte en vue d’assurer un triage des entrées dans de meilleures conditions, la réanimation des malades et blessés devant continuer d’être assurée dans les services mêmes ». - En décembre 1965, le décret ministériel 1045 inscrit l’hôpital de Corbeil sur la « liste des établissements devant se doter d’un service mobile d’urgence et de réanimation ». - Le SMUR est donc créé en décembre 1968, suivi d’un service de réanimation de 6 lits l’année suivante, intégré au service d’anesthésie-réanimation, sous la direction du docteur Témélis depuis le départ du docteur Métais. Un médecin anesthésiste réanimateur est désormais présent toutes les nuits dans l’hôpital et prend en charge les situations critiques. Le service de porte est placé sous la responsabilité des anesthésistes réanimateurs. 67 - En 1974 le SAMU départemental commence à fonctionner à Corbeil ; il est définitivement officialisé en avril 1976 par décret préfectoral et intégré avec le SMUR au service d’anesthésiologie. Un petit bâtiment, construit entre la chapelle, le service de radiologie et la galerie du bâtiment principal, accueille à partir de 1977 la salle de régulation téléphonique du SAMU et le service de réanimation polyvalente, qui permet la mise en œuvre des techniques les plus modernes de l’époque, pour une capacité portée a 10 lits. - En 1978, après individualisation du service de cardiologie, une unité de soins intensifs cardiologiques est ouverte. - Dans le nouvel hôpital « Gilles de Corbeil », 4 services dirigés par des anesthésistes réanimateurs sont individualisés en 1988, après deux années de fonctionnement sur le mode de la départementalisation. Il s’agit des services : - Anesthésiologie, avec une salle de réveil, - Réanimation polyvalente, d’une capacité de 12 lits, mais sans unité de soins continus, - Urgences médicochirurgicales, dont l’activité dépasse rapidement une moyenne de 60 patients pris en charge quotidiennement - SAMU-SMUR. Ce service fonctionne, comme celui des urgences, avec les médecins issus de la nouvelle filière de médecine d’urgence et accueille le Centre 15 dès 1989, avec le concours des médecins de ville, présents 24 heures sur 24 aux côtés des médecins hospitaliers pour assurer la régulation téléphoniques des appels d’aide médicale urgente, dont le nombre connaît une croissance exponentielle. 68 5) L’EXPANSION DES BATIMENTS ET DE LA CAPACITE D’ACCUEIL Pendant les périodes de guerre, l’hôpital devient un véritable hôpital militaire et il doit faire face à l’affluence de blessés. Sa capacité est de cinquante-six lits en 1814 dont seize lits fondés pour les malades de la ville et quarante pour ceux de communes voisines. Dans les hôpitaux parisiens ne sont admis que les patients habitant dans le département de la Seine. En 1815, l’administration de la guerre exige qu’il soit établi cent lits sédentaires dans les locaux de l’hôpital et les troupes alliées demandent que leurs blessés soient soignés dans l’établissement. Après cette période de guerre, le climat est plus calme et l’hôpital fonctionne bien, les administrateurs envisagent même d’y agrandir les bâtiments. C’est ainsi qu’en 1826 le bâtiment de droite est prolongé afin qu’il contienne seize lits de plus et pour permettre l’instauration de chambres particulières qui rapporteraient plus de revenus à l’établissement. Il est décidé, en septembre, que la pièce du rez-de-chaussée, dans le bâtiment central, soit réservée aux bains de vapeur et une petite chambre du premier étage sera utilisée pour accueillir les malades qui en sortent afin qu’ils se reposent. Deux années plus tard quelques salles deviennent insalubres et des lits y pourrissent. Pour faire face à l’épidémie de choléra qui sévit en 1832, il est fait l’acquisition de : ♦ 16 couchettes ♦ 20 matelas ♦ 20 grandes couvertures ♦ 20 paires de draps ♦ 30 couvertures moyennes ♦ 20 toiles à paillasse ♦ 20 taies de traversins Cela pour la somme de 3 568 francs. 69 Tous les patients cholériques sont isolés dans la partie gauche des bâtiments au rez-dechaussée ainsi qu’au premier étage. Aucun autre malade que ceux habitant Corbeil ne sera admis à l’hôpital, même en payant, s’il est atteint de choléra morbus. En 1835, l’établissement vieillit, le linge est très usé et les lits sont en fer. L’établissement est composé de trois corps de bâtiment dont 2 ailes avec une cour sur le devant et un jardin derrière bordé par la rivière d’Etampes. Dans le bâtiment de l’aile gauche, on trouve une grande salle susceptible de contenir 10 lits et que l’administration aimerait affecter aux malades militaires. Le bâtiment en face renferme une salle au second étage comprenant 10 lits. Dans ce même corps de logis sont placés des bains médicamenteux. Le surplus des locaux est affecté au logement des employés et aux services internes. L’ancien hôpital qui devient vétuste ferme et l’hospice ouvre ses portes en 1840, l’établissement prend alors le nom d’hôpital hospice. L’activité et donc les capacités d’accueil des patients ne cessent d’augmenter. En 1853, on compte 258 patients civils et 31 militaires soit 285 au total. La majorité sont des hommes (173), il n’y a eu que 85 femmes. Le tableau 1 ci-joint, inscrit dans le registre des délibérations du conseil d’administration de 1858 nous indique l’âge des patients hospitalisés en fonction de leur sexe. Cela nous permet d’observer que les femmes hospitalisées sont peu nombreuses et que parmi les hommes ce sont surtout les célibataires de 21 à 30 ans qui sont présents à l’hôpital. Nous constatons également que rares sont les personnes de plus de 81 ans. 70 TABLEAU 1 Classement des malades et pensionnaires par âge et par sexe sauf militaires et aliénés Moins de 15 ans Sur les 312 individus reçus en 1856, tant à l’hôpital qu’à l’hospice, 159 avaient leur domicile à Corbeil. La population de cette ville étant de 4907 habitants hospitalisé un individu sur 30,86 a été hospitalisé hommes mariés Femmes mariées hommes femmes totaux 9 9 18 1 25 7 33 9 76 De 15 à 20 ans 21 à 30ans 8 4 55 31 à 40 ans 18 6 26 41 à 50 ans 19 5 9 2 35 51 à 60 ans 29 6 7 2 44 61 à 65ans 7 1 3 66 à 70 ans 7 4 71 à 75 ans 2 5 76 à 80 ans 3 8 81 à 90 ans 1 9 1 94 49 135 50 11 1 12 Journaliers et ouvriers de ferme pour la plupart des patients de 21 à 65 ans 7 4 15 11 91 à 100 ans totaux Militaires aliénés total 34 312 19 331 Parmi les 331 malades admis dans l’établissement : - 130 ont été l’objet d’admissions gratuites, soit comme indigents domiciliés à Corbeil soit comme voyageurs indigents sans domicile - 201 ont été admis en payant un prix de journée selon le règlement (159 ont acquitté les frais de séjour soit par eux-mêmes ou ont été aidés soit par la commune de leur domicile pour la somme de 6102,50 francs ; 42 restant à devoir à l’établissement 1734,15 francs) Pour la somme restant due à l’hôpital, 506,40 francs devraient être recouverts sans problème et 1227,75 avec plus de difficultés. Un autre tableau situé dans le registre des délibérations de 1858 nous dresse un état des lieux de la population hospitalière. 71 TABLEAU 2 Etat des lieux de l’occupation des lits en 1858 Adulte Adulte garçon fille aliénés homme femme Mili- Vieillar Vieillar taires d d femme totaux homme Individus 11 5 1 1 206 57 8 9 18 1 2 175 37 8 8 21 7 1 7 26 1 5 305 2 44 présents au 01/10/1857 Entrées en 8 11 1858 Décès en 1858 21 Sorties en 8 9 1 246 1858 Individus 2 10 41 153 3 006 10 729 restant au 31/10/1858 Nbres de jours 4 460 2 053 309 276 323 149 8 110 6 750 6 750 12 542 12 542 12 542 8 110 10 138 250,50 32,58 1/6 1/7,52 présents Prix moyen de 1 2542 la journée D. M. S. 20,55 33,11 34,33 27,6 40,72 13,55 76,55 Mortalité 1/10 1/3,44 1/9 1/5 26,79 55,45 20,78 20,8 26,79 26,79 26,79 203,35 32,83 12,2 5,69 0,84 0,75 0,88 0,40 0,41 8,23 29,39 457,78 296,01 246,37 246,3 457,78 457,78 457,78 296 369,75 moyenne Dépense du traitement par personne Nbre de lits occupés Dépense moyenne par lit occupé 72 Avec ce tableau nous constatons que les deux catégories de population les plus présentes à l’hôpital sont les hommes malades et les vieilles femmes. Ces dernières représentent le poste de dépense le plus important en ce qui concerne le traitement et ce sont elles qui restent le plus longtemps dans l’établissement. Cette année-là (comme les autres années), beaucoup de communes restent débitrices par rapport à l’hôpital de Corbeil car nombre de leurs malades n’avaient pas les ressources suffisantes pour régler leurs dépenses d’hospitalisation. Au travers du tableau 3 ci-dessous, nous pouvons voir exactement quelles sont les communes débitrices envers l’hôpital de Corbeil. TABLEAU 3 Nombre d’individus hospitalisés des autres communes et frais de séjour dus Noms des communes débitrices Nombre d’individu traités Corbeil Viry-Châtillon St germain lès Corbeil Saintry Essonnes Villabé Ballancourt Auvernaux Champceuil Fontenay le vicomte Nainville Ormoy Dampierre Savigny le temple Seine et Oise (détenus) Totaux 25 1 1 1 2 1 1 1 3 1 Frais de séjour certains 368 31 43 Frais de séjour tombés en non valeur 730 297,50 1 9 totaux 750 297,50 1 11 7 39 5 9 368 31 11 7 82 5 57 48 13,75 5 68,90 1734,15 1 1 1 1 1 64,40 57 48 13 ,75 5 4,50 42 506,40 1227,75 On remarque d’après ce tableau que les communes les plus débitrices sont Essonnes et ViryChâtillon ce qui s’explique par leur proximité. 73 En 1862, les bâtiments de l’hôpital hospice sont trop vétustes et trop incommodes. Il faut reconstruire dans un endroit plus éloigné des habitations. Comme nous l’avons mentionné dans la première partie de ce devoir ce sont les frères GALIGNANI qui permettent la reconstruction du nouvel hôpital sur la parcelle de terre que le Comte de POTOCKI a accepté de vendre à la commune de Corbeil. Cet établissement sera situé dans le quartier de la dauphine sur la butte de Nagis au bout de la rue Saint Spire. Deux ans plus tard, les travaux de l’hôpital hospice GALIGNANI débutent, ils s’achèvent en 1866. Huit salles sont destinées aux malades et aux pensionnaires, elles contiennent chacune dix lits. On met également des lits dans les cabanons de fous et six lits supplémentaires sont achetés pour compléter les salles. Un numéro d’ordre est placé au-dessus de chaque lit, c’est le début de la numérotation des lits. Un étendoir est construit ainsi qu’un abri sous lequel on expose les corps avant leur transport au cimetière afin de ne pas les laisser en plein air, les jours de mauvais temps. Pour subvenir à ses besoins, l’établissement possède une basse-cour avec des poules, des cabanes à lapins et des « toits » à porcs. Les prisonniers qui sont hospitalisés ont une chambre avec un grillage aux fenêtres et des portes fermées à clés constamment, depuis 1866. Après quatre années passées, une autre salle de quatre lits doit être ouverte du fait de l’épidémie de petite vérole, elle se tient dans les sous-sols de l’établissement du côté de la route de la dauphine. Avec cette salle bien isolée, on peut également traiter les malades de l’hospice atteints de gale, ce qui évite de les transférer à Paris. La fondation d’un lit est alors limitée à 99 ans. 74 L’HOPITAL HOSPICE GALIGNANI (illustration n°3) 75 L’hospitalisation des prisonniers reste un véritable problème notamment pour les plus dangereux. En 1872, une salle entière est protégée par des barreaux aux fenêtres. En 1873, il est décidé d’agrandir les bâtiments de l’hôpital-hospice car il devient étroit. Ces constructions sont financées par les frères GALIGNANI. Donc nous voyons apparaître : • 1 bâtiment neuf destiné aux patients épidémiques appelé le « chalet » dont chaque chambre est dotée d’un cabinet d’aisances et d’une baignoire mobile afin de baigner chacun des patients sans les faire sortir de la chambre • 1 vacherie avec poulailler et pigeonnier • 1 trou à fermier • 1 mur de clôture derrière l’hôpital • 1 hangar construit pendant la guerre Un an après, un autre bâtiment est construit à l’extérieur devant servir de salle des morts et de salle d’autopsie. Une galerie vitrée est érigée devant le « chalet » pour permettre aux malades de se promener sans sortir des bâtiments. Afin de lutter contre les abandons d’enfant trop fréquents, les maternités ouvrent leurs portes aux femmes des localités proches des communes qui n’ont pas d’hôpitaux hospices. En effet, les femmes de Seine et Oise, qui résident dans les communes n’ayant pas de maternité, se trouvent dans l’obligation à l’approche de leur délivrance de solliciter leur admission dans les maternités de Paris où elles peuvent plus facilement y abandonner leur enfant. Seuls les hôpitaux-hospices de Pontoise, Etampes et Versailles possèdent une maternité. Il est nécessaire que ces services existent dans tous les chefs-lieux d’arrondissement et dans les localités d’une certaine importance. En ce qui concerne les frais de séjour, un crédit est voté par le conseil général. Il importe alors de fixer le prix de journée et de trouver un local séparé pouvant servir à recevoir les femmes en couches. La décision est prise de réserver le petit bâtiment des maladies épidémiques aux femmes venant accoucher pour le prix de deux francs la journée. C’est donc la création de la MATERNITE. À cette époque et encore quelques années plus tard, les hommes n’ont pas le droit d’entrer dans les chambres des femmes en couches. 76 En 1876, un appareil portatif de bains de vapeur est installé dans l’ancienne salle des morts au sous-sol de l’établissement. Les admissions pour cette année ont été de : 6 hommes : 3 à 100 francs par mois, un à 1,50 f/jour et 2 à 2 f/jour 7 femmes : une à 100f/mois, 5 à 1,50 f/jour et une à 2,50 f/jour Deux a ns plus tard les admissions augmentent encore, on compte : 17 hommes : 11 à 1,30 f/jour, un à 100/mois, 4 à 2 f/jour et un à 2,50 f/jour 7 femmes : 3 à 2 f/jour et 4 à 1,50 f/jour Il y eu également 7 admissions gratuites. Toujours en vue de gagner de l’espace, toutes les ressources sont utilisées pour augmenter le nombre de lits. C’est ainsi qu’en 1882, des chambres sont établies dans les combles de l’hospice et les dortoirs de l’orphelinat sont agrandis. Cette année-là une description précise des bâtiments est inscrite dans le registre des délibérations du conseil d’administration de l’hôpital : « il est constitué : d’un corps de bâtiment principal datant de 1867 et d’annexes dont un pavillon d’isolement pour malades contagieux qui est plus récent. Le corps de logis principal dont la façade antérieure regarde le nord forme un double T couché. La chapelle se détache en saillie sur la façade postérieure. Le corps de bâtiment n’a que le rez-de-chaussée et le premier étage. La plupart des services généraux comme la cuisine, la pharmacie, le service des bains, les bureaux et la salle de commission occupent le rez-de-chaussée de la partie centrale. La lingerie est placée au premier étage entre les chambres des pensionnaires affectées aux hommes et celles destinées aux femmes. Quant aux malades et aux vieillards, ils occupent les ailes latérales. Les malades du rez-de-chaussée et les vieillards au premier étage, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre ». 77 L’HOPITAL HOSPICE GALIGNANI : LA FACADE ANTERIEURE (illustration n°4) L’inspecteur général qui est venu enquêter sur les conditions d’admission des patients dans l’établissement relève quelques irrégularités. Pour lui, « il y a à l’hospice de Corbeil plus de lits et de places qu’il n’en est besoin pour la population habituelle de l’établissement. Il est regrettable que les malades et les vieillards valides soient confondus, non seulement dans le même corps de bâtiment mais souvent dans les même salles. Il y a bien une salle du côté des femmes et deux du côté des hommes affectées aux malades fiévreux et blessés, mais comme les salles sont insuffisantes, surtout celles des hommes, le médecin est obligé à chaque instant de placer des convalescents et même des malades dans la salle des vieillards. De là, une confusion regrettable qui provient de ce que l’administration hospitalière préoccupée surtout de se procurer des ressources, augmente le nombre de places affectées aux payants au détriment des malades indigents ». Il pense donc qu’il faut affecter aux malades hommes trois salles au lieu de deux et comme ces salles ne font que 307 m3 de capacité, qu’on y conserve huit lits au lieu de dix. Quant au pavillon d’isolement, lorsqu’il n’est pas occupé par des malades contagieux, on y place les convalescents. Les salles de ce pavillon contiennent d’après lui trop de lits. Dans les plus grandes, il devrait y avoir tout au plus quatre lits au lieu de six et dans les plus petites, deux lits au lieu de trois. 78 Ces dispositions diminueront le nombre total de lits à affecter aux pensionnaires payants mais Monsieur l’inspecteur pense que « s’il est rationnel pour les commissions administratives de chercher à augmenter le nombre de leurs ressources, il l’est plus encore d’ouvrir largement les portes des hospices aux malades, aux infirmes et aux vieillards indigents et de placer les uns et les autres dans les meilleures conditions hygiéniques possibles ». En ce qui concerne les autres structures des bâtiments, les cabinets d’aisance qui ouvrent sur les vestibules d’entrée sont assez bien disposés, la ventilation cependant pourrait être mieux assurée. Les salles sont chauffées à la vapeur et ventilées au moyen d’appareils à propulsion . La cuisine est largement installée, quant à la pharmacie, elle est peu approvisionnée et sa surface est insuffisante, mais on devrait quand même séparer en deux la pièce affectée à ce service afin d’y placer le laboratoire d’un côté et la pharmacie de l’autre. Et enfin, les trois cellules affectées aux aliénés sont passablement installées mais on y garde les malades trop longtemps. L’inspecteur a trouvé notamment une femme atteinte de démence compliquée de crises maniaques rénitentes, qui est à l’hospice depuis septembre 1882. On ne connaît, il est vrai ni son nom ni son domicile mais ce n’est pas une raison pour la garder à l’hospice. Dans le tableau ci-après, nous avons un aperçu du lieu d’hospitalisation des patients en fonction de leur pathologie. 79 TABLEAU 4 Répartition des patients en fonction de leur pathologie lieu type étage hauteur Longueur largeur Capacité lits places en m3 Blessés RDC 4 9,6 8 307,2 10 8 RDC 4 9,6 8 307,2 10 8 1 4 9,6 8 307,2 10 8 hommes Fiévreux hommes Bât. Malades Prin- femmes cipal Vieillards 1 4 9,6 8 307,2 10 10 hommes 1 4 9,6 8 307,2 10 10 1 4 9,6 8 307,2 10 10 Vieillards RDC 4 9,6 8 307,2 10 10 femmes RDC 4 9,6 8 307,2 10 10 chambres 1 4 3,9 3,22 307,2 10 10 4chambres 1 4 3,9 3,22 50,2 6 6 Princi- 3 cellules RDC 4 3,9 3,22 50,2 6 6 pal d’aliénés salle RDC 4 4,7 6 50,2 3 3 salle RDC 4 4,7 6 112 6 4 salle RDC 4 4,7 6 112 6 4 Bât. Pavillon d’isole ment Avec ce tableau nous remarquons que les aliénés se retrouvent dans des pièces beaucoup plus exiguës que les autres patients, puisqu’ils sont 6 dans une pièce de 50 m3 alors que les malades sont au nombre de 8 dans 307 m3. Voici les différents patients admis en 1883 et leur statut : Malades : hommes : - 6 gratuits - 28 pensionnaires femmes : - 11 pensionnaires 80 Vieillards : hommes : - 4 gratuits - 15 pensionnaires femmes : - 7 gratuits - 17 pensionnaires Aliénés de passage : - 2 personnes Total = 90 patients (population moyenne de l’établissement) En 1885, le nombre d’aliénés détenus, hospitalisés à Corbeil devient trop important et l’administration est obligée de les refuser . Ils seront donc remis en prison. Un an plus tard, il est établi qu’en cas d’urgence et sur demande du médecin traitant tout malade indigent sera admis à l’hôpital. Les frais avancés par le département seront recouvrés par la commune si besoin en était. L’agrandissement de l’établissement se poursuit petit à petit et c’est ainsi qu’en 1890 un dortoir est établi au deuxième étage de l’hospice. De plus un séchoir sera organisé au grenier de l’hospice et l’appareil de désinfection y sera placé pour traiter les objets des malades contagieux. Le compte-rendu du conseil d’administration de 1893 nous offre un aperçu de l’importance de l’hôpital de Corbeil à cette époque. « C’est le seul établissement hospitalier important dans l’arrondissement. Quarante deux communes sur les quatre vingt treize de l’arrondissement lui sont rattachées. Il est placé au milieu d’usines importantes occupant plus de 4500 ouvriers où des accidents se produisent trop souvent. En moyenne, il est procédé à 50 opérations par an. La maison comporte 101 lits dont, 88 lits en moyenne, ont été occupés sur les trois dernières années. La dépense moyenne de chaque lit était de 600 francs. Mais il ne reste aucun excédent pour pratiquer des travaux de rénovation. Le budget est déficitaire pour l’année dernière. Le déficit ne peut être comblé par la ville dont le budget est très limité. Les dépenses viennent surtout des communes avoisinantes notamment celle d’Essonnes qui n’a pas d’hôpital et une population aussi importante que Corbeil. 81 Malgré cela la nécessité d’agrandir l’établissement est bien présente car l’établissement doit pouvoir recevoir les malades des 42 communes avoisinantes ». Les administrateurs comptent sur les subventions du ministre de l’intérieur. Ils veulent agrandir les bâtiments en prolongeant le corps principal, qui fait face à la route nationale et qui est actuellement affecté aux hommes, par un bâtiment un peu plus large afin d’y ajouter deux cabinets d’aisances spéciaux dans l’angle de la saillie, mieux aérés que dans les autres salles. Il devra contenir une salle au rez-de-chaussée et une à l’étage supérieur de chacune dix lits comme les autres salles de la maison. Ces salles seraient chauffées par des poêles. Le bâtiment principal qui à la forme d’un double T est édifié sur un point formant une terrasse. Derrière se situe une cour plantée d’arbres et bordée au fond, par des bâtiments détachés à l’usage d’écurie, de remise, de porcherie, de vacherie, de poulailler et de grange. A gauche, à côté de la Seine, se trouve le chalet détaché pour les gâteux et les malades des deux sexes. Des transformations s’opèrent lors des épidémies, c’est pourquoi en 1896 une salle d’isolement est construite dans la nouvelle salle du rez-de-chaussée pour y soigner les malades atteints de fièvre typhoïde. En 1898, création d’un local dans l’hospice pouvant accueillir les indigents à titre gratuit afin qu’ils prennent une douche froide ou chaude et servant également aux habitants ainsi qu’aux malades au prix de 1,95fr la journée. Nous pouvons remarquer qu’il existe enfin une salle d’opération indépendante évitant le « spectacle » des interventions aux malades hospitalisés. En effet, « les opérations se faisaient au milieu de la salle elle-même ; les patients voyaient les préparatifs du supplice, ils entendaient les cris du supplicié ; celui qui devait l’être le lendemain avait devant lui le tableau de ses souffrances futures, et celui qui était passé par cette horrible épreuve, qu’on juge comme il doit être profondément remué par ces cris de douleur. Ces terreurs, ces émotions, il les reçoit au milieu des accidents de l’inflammation et au hasard de sa vie. (…). La salle d’opération où l’on trépane, où l’on taille, où l’on ampute des membres, contient également et ceux que l’on opère, et ceux qui doivent être amputés, et ceux qui le sont déjà »1. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.77. 82 Si le nombre de patients augmente toujours, 1236 admissions entre 1896 et 1898, le nombre d’interventions augmente lui aussi. C’est ainsi qu’entre 1891 et 1898 : 527 interventions chirurgicales ont été effectuées. Entre 1895 et 1898 ce sont 2557 pansements qui ont été fait par les sœurs au dispensaire. On peut également remarquer que 295 objets ont été désinfectés en 1900. Cette année-là on compte 84 malades et vieillards. A l’orphelinat sont pensionnaires 12 garçons et 37 filles. En 1909, les bâtiments annexes se composent d’une salle d’opération, d’un dépôt mortuaire, d’une chambre de désinfection, d’une maternité et d’un séchoir. Le chalet initialement destiné aux maladies épidémiques est devenu le bâtiment des incurables. L’administration souhaiterait établir une salle d’hydrothérapie contenant des bains et des bains-douches. D’autres propositions sont faites, notamment la création d’une galerie promenoir au rez-de-chaussée pour les fiévreux, et au premier étage pour les tuberculeux. Deux salles de dix lits chacune, dans les combles des asiles pour vieillards, pour y mettre des malades des deux sexes et un pavillon spécial avec deux salles dans l’ancienne grange pour y placer les varioleux et les contagieux. Ces projets coûteraient à l’établissements la somme de 58 400 francs à la charge de la ville de Corbeil. Pour l’instant, les deux salles du rez-de-chaussée sont affectées à la chirurgie et la salle Saint Rock du premier étage est réservée aux malades de médecine. L’effectif de l’établissement cette année-là est de 84 présents à l’hôpital-hospice et de 11 garçons et 32 filles à l’orphelinat. En 1911, la commande pour le mobilier destiné au bâtiment d’hydrothérapie est passée. Elle comprend, entre autre : 6 baignoires en fonte émaillées, montées sur pied avec robinets en cuivre 1 étuve chauffe linge, sur pieds, en tôle galvanisée avec serpentin de vapeur 1 boîte à sudation pour bains d’air chaud et pour bains de vapeur, en pitchpin, garnie de zinc intérieurement avec serpentin en cuivre et thermomètre 1 bain de siège à eau courante avec douche ascendante 1 lit de repos et de massage avec dossier à crémaillère 1 tribune de doucheur avec mitigeur et thermomètre 1 colonne de douche chaude et froide avec mitigeur à collier 83 6 bains de pieds en fer 6 bidets avec pieds en fer 1 poste d’eau chaude et d’eau froide Il est également décidé, cette année, de laisser la chambre destinée aux personnes occupant une certaine situation sociale, en parfait état de recevoir des malades au cas où un accident les obligerait à entrer à l’hôpital. Chose qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant. La commission adopte une nouvelle répartition des salles afin d’assurer un meilleur service aux patients. HOMMES Rez-de-chaussée : Salle Saint Rock, Saint Joseph, Saint Vincent pour les blessés. La galerie pour les fiévreux du premier étage. Premier étage : Salle Saint André pour les tuberculeux. Salle Saint Antoine et Saint Guillaume pour les fiévreux. Galerie pour les tuberculeux. Deuxième étage : Nouvelle salle pour les vieillards pensionnaires. Ancienne galerie du rez-de-chaussée pour les vieillards et les blessés. FEMMES Rez-de-chaussée : Salle Sainte Anne pour les vieilles femmes. Salle Sainte Geneviève pour les blessées. Premier étage : Salle Sainte Marguerite pour les malades. Salle Sainte Marie pour les vieilles femmes. Deuxième étage : Nouvelle salle pour les vieilles femmes. 84 En 1913, le rapport du Préfet relate les constatations faites par l’inspecteur général des services administratifs et affirme que l’établissement est médiocre, qu’il devrait être complété par un pavillon d’infectieux et par deux chambres pour les aliénés de passage. Il manque également le personnel compétent dans ce domaine, notamment des infirmières spéciales. Malheureusement ces transformations ne seront pas possibles par manque de moyens. A cette époque la maternité comprend deux chambres confortables et est située au deuxième étage de l’hôpital. L’année d’après, est votée la reconstruction du chalet et des cabanons car ils sont devenus trop petits. En 1918, trente lits sont mis à la disposition du service de santé des armées au prix de 4,25 francs. Des boxes d’isolement sont installés dans le service de médecine homme pour placer les patients atteints de diphtérie en 1922. De plus, sur les conseils du ministre de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance, il faudrait construire des cabanons pour les aliénés de passage, un service de vieillards de 20 lits et une salle de radiographie avec ses dépendances. Celles-ci seraient composées d’une salle pour les médecins, d’une chambre pour la sœur, d’une chambre d’infirmière et d’une salle d’attente. La commission administrative accepte cette proposition et réalise les travaux suivants : • 5 cabanons pour aliénés son installés à l’extrémité gauche de l’établissement • 4 water-closets dont 1 pour les aliénés, 1 pour le service et 2 pour les vieillards • 1 laverie • 1 tisanerie • 1 grand lavabo • 1 spacieux réfectoire • 1 longue galerie Le service des tuberculeuses du second étage, est aménagé de quatre salles supplémentaires. Ces salles communiquent entre-elles par de larges baies. Elles sont très bien éclairées et aérées par des fenêtres donnant sur les deux faces de l’établissement. 85 Chaque salle contient 20 lits. Un lavabo, des W.C., une tisanerie et une petite pièce pour l’infirmière y sont également installées. L’année 1925 voit se déplacer le service des tuberculeuses dans la nouvelle lingerie. Jusqu’à présent les femmes atteintes de tuberculose se trouvaient hospitalisées dans la salle commune rendant les conditions de contagiosités intolérables. En 1927, le nombre de malades hospitalisés descend rarement au dessous de cent vingt, d’où la nécessité de créer un nouveau bâtiment affecté aux vieillards et aux aliénés. Puis en 1929, le Conseil Général demande à l’établissement d’ouvrir 81 nouveaux lits de malades (médecine et chirurgie) et 32 lits de tuberculeux car la demande est trop importante pour assurer un service médical correct envers la population. Voici donc les nouvelles dispositions prisent par la commission administrative : ♦ Agrandissement de l’aile droite : au rez-de-chaussée création de 9 chambres d’opérés (ensemble de 11 lits) et au premier étage une salle de 18 lits pour les hommes. ♦ Transformation des anciens locaux désaffectés pour installer de nouvelles salles de malades (20 nouveaux lits). ♦ Les services généraux comprennent les locaux de sœurs qui logent actuellement à l’hospice. ♦ Création de nouvelles salles d’opération et de radiologie. ♦ Installation d’un pavillon d’interne pour 4 personnes. ♦ Ouverture d’un pavillon de vieillards de 26 lits. ♦ Création d’un pavillon de tuberculeux avec tous les services complet : cuisine, lingerie, radiologie, chauffage… Au total 64 lits hommes et femmes. Cet ensemble représente 170 nouveaux lits. En 1930, c’est un projet de construction d’un service complet de chirurgie, d’une maternité et d’un logement pour le directeur et l’économe que l’on étudie. La salle de couture des lingères est transformée en salle de malade du service médecine femme. Le service de la maternité s’en trouve réorganisée. 86 Dorénavant, les sages femmes devront faire une visite quotidienne à toutes les mamans et leurs bébés, une aide infirmière sera présente en permanence même la nuit pour procurer les soins nécessaires et une pesée journalière des nouveaux nés aura lieu avec notification également quotidienne de la température et du pouls. De plus, une contre-visite sera obligatoire à partir de maintenant. Une salle du premier étage sur la façade nord est transformée, en 1931, en salle pour les malades contagieux. Auparavant elle abritait des pensionnaires de l’hospice. Les internes peuvent enfin s’installer dans leur nouveau pavillon en 1932. Cette année-là, les journées d’hospitalisations sont en moyenne de 62, pour la chirurgie et la maternité, alors qu’en 1935 on passe à une moyenne de 92 journées. Le nombre d’intervention, lui, passe de 721 à 895. Le service de chirurgie et maternité ainsi que les nouveaux locaux réservés aux blessés et aux malades ouvrent leurs portes en 1934. En 1937, le plan de fonctionnement de la maternité est élaboré : 1. Il reçoit les femmes au moment de l’accouchement 2. Les femmes enceintes qui ont besoin de soins spéciaux ou d’une surveillance médicale 3. Les accouchées qui présentent de complications lors de leur suite de couche 4. Les accouchées nourrissant leur enfant dont l’état de santé nécessite des soins 5. Des nourrissons ayant besoin d’une surveillance particulière lors de leur admission, les entrants seront examinés par la sage femme en chef ou l’interne de service ou par l’interne de garde En cas de complication obstétricale ou chirurgicale, ce sera le chirurgien chef qui s’occupera du problème. La sage femme examine les accouchées et les nouveaux nés chaque matin et en rend compte au chirurgien en chef. Il visite les accouchées et leurs enfants si nécessaire, en dirigeant le traitement et l’alimentation du nourrisson. La consultation prénatale à lieu une fois par semaine, le jeudi à 10 heures du matin et elle est destinée aux femmes enceintes. Elles doivent venir au moins trois fois, c’est ce qui est prévu par leur carnet de grossesse. Il s’agit d’un examen médical complet réalisé par le chirurgien en chef, il comprend des analyses d’urines, un prélèvement sanguin en vue d’une réaction de Wassermann et plus ou moins des examens bactériologiques et/ou radiologiques. 87 Des fiches seront établies et conservées à l’hôpital puis complétées lors de l’accouchement. Des renseignements seront également portés sur le carnet de grossesse si cela s’avère nécessaire. C’est la sage femme qui pratiquera l’examen obstétrical. En 1940, les membres de la commission administrative émettent l’idée de la création d’un service de radiothérapie. Installation d’un appareil de douche à usage personnel pour les chirurgiens et de lavabos dans le bloc opératoire, en 1942. Comme les travaux d’agrandissement entrepris avant la guerre ont dus être interrompus, un service provisoire pour les enfants est mis en place dans la nouvelle salle construite au-dessus de la chaufferie. Elle sera reliée directement au service de médecine femme et un médecin assistant en sera personnellement chargé. Le bombardement de la gare de Corbeil, le 13 août 1944, fait de nombreux dégâts, notamment au niveau de l’orphelinat mais aussi au niveau des vitraux de la chapelle. Une porcherie est construite en 1945, elle élève 6 porcs. En 1946, l’administration a un projet d’ouverture de 60 lits de tuberculeux et de 40 nouveaux lits dans l’hospice. Les membres de la commission désireraient également agrandir le service des enfants de 15 à 30 lits. La population de l’hôpital, on compte 540 lits depuis 1942. 90 lits en chirurgie A 90 lits en chirurgie B 30 lits en maternité 85 lits de médecine 68 lits de sanatorium 36 lits de contagieux 5 lits d’aliénés 98 lits à l’hospice 8 lits pour les enfants en dépôt 30 lits pour les malades détenus 88 L’année d’après, un service d’ORL de 15 lits est créé. Une salle de 25 lits pour les vieilles femmes est installée dans l’ancienne lingerie. Le nombre total de lits s’élève à 559. Le service des tuberculeux est passé de 68 à 80 lits, à l’hospice il n’y a eu que 90 vieillards au lieu de 98. ♦ Le nombre de malades par jour est passé de 300 en 1945 à 410 en 1949 et même 507 en 1953. ♦ En ce qui concerne le nombre d’accouchements, il est passé de 231 en 1945 à 501 en 1949. ♦ Les opérations étaient au nombre de 1986 en 1949 et de 2 329 en 1950 , soit plus de 300 interventions supplémentaires en l’espace d’une année. ♦ Journées d’hospitalisation : - 1946 : 112 340 - 1949 : 147 760 - 1950 : 146 236 - 1951 : 152 865 - 1952 : 166 341 - 1953 : 184 966 Un centre de transfusion sanguine ouvre ses portes en 1949. Il doit fournir en sang et autres dérivés sanguins les hôpitaux de Corbeil, Villeneuve-SaintGeorges, Arpajon, Juvisy-sur-Orge et Etampes ainsi que les cliniques. Il est administré par un conseil d’administration dirigé par le Dr CABY. Régi par la loi de 1901, le Centre de Transfusion est un établissement privé situé au sein de l’hôpital, exploitant un terrain et des locaux en vertu d’un bail emphytéotique. Il est agrandi et devient Centre Départemental de Transfusion Sanguine de l’Essonnes en 1965. En 1979, le CDTS est délocalisé à Evry. Dans l’ancien bâtiment du CTS persisteront un accueil de donneurs de sang et une banque de produits sanguins pour les besoins de l’hôpital de Corbeil, jusqu’à l’ouverture du nouveau centre hospitalier en 1985. En 1952, les capacités augmentent encore au sein de l’établissement. On passe à 597 lits d’hospitalisation. chirurgie A : 85 lits chirurgie B : 85 lits médecine homme : 47 lits 89 médecine femme : 68 lits contagieux : 42 lits médecine enfant : 30 lits tuberculeux homme : 30 lits tuberculeux femme : 20 lits ORL : 17 lits vieillards homme : 35 lits vieillards femme : 83 lits maternité : 30 lits aliénés : 5 lits détenus : 20 lits Le service de vieillards femmes de l’établissement de Corbeil est agrandi par la création du service CHARCOT, qui contient 25 lits. Les infirmières ont obtenu la construction, par agrandissement du chalet, de dix puis 14 chambres qui leur sont réservées et seront mises en service en 1958. Les internes également obtiennent la construction de leur pavillon, comportant 13 chambres, qui sera finalement inauguré en 1963. La maison de retraite GALIGNANI s’est installée dans des bâtiments proches de l’orphelinat, rue Champlouis ; elle comporte 60 lits de vieillards. Vers 1960, deux nouvelles salles d’opération sont créées : la salle verte et la salle noire. Toutes deux sont munies de la climatisation. Le bloc opératoire se situe dans le bâtiment de chirurgie. Au rez-de-chaussée, se trouve le service A du Dr CABY. Le service de transfusion sanguine se trouve à l’extrémité de ce service. Au premier étage, on trouve le service B du Dr GOIDIN. Au deuxième étage se situe le bloc opératoire, la maternité du Dr BAUDRY et le laboratoire du Dr NABONNE. Le 05 Juin 1961, un arrêté reclasse l’hôpital-hospice en Centre Hospitalier. En 1963, la capacité totale de l’établissement est de 720 lits : 165 lits de médecine (médecine hommes : 45, médecine femmes : 30, Darblay : 56, Joson : 34) 90 80 lits de pneumo-phtisiologie (Léon Bernard hommes : 60, Léon Bernard femmes : 20) 30 lits de pédiatrie 10 places de prématurés 30 lits de maternité 187 lits de chirurgie (hommes A : 40, femmes A : 40, hommes B : 45, femmes B : 45, ORL : 15, ophtalmologie et stomatologie : 2) 198 lits d’hospice (chalet : 32, préfabriqué Charcot : 96, maison de retraite Champlouis : 70) « Service secours ex détenus » : 20 lits En 1964, l’établissement comprend de 450 à 470 lits de médecine et chirurgie. La durée d’hospitalisation est assez longue. De nouveaux services ouvrent leurs portes, c’est le cas de la stomatologie dirigé par le Dr VIROL. Un deuxième médecin anesthésiste vient compléter l’équipe existante, il s’agit du Dr TEMELIS, qui créera quelques années plus tard le service de réanimation et le SAMU. Chaque service de chirurgie est de garde à tour de rôle une semaine sur deux ; les urgences chirurgicales, à cette époque, arrivent directement dans le service de garde. Parfois les urgences « montent directement au bloc », où l’on trouve une salle septique et une salle de plâtre. L’école d’infirmière, indispensable pour garantir un recrutement régulier des soignants, fonctionne provisoirement depuis 1963 dans l’ancien bâtiment Charcot, avant de s’installer dans ses locaux définitifs, prévus pour 150 élèves. Peu après sera ouverte sur le même terrain une école de manipulateurs de radiologie. La prise en charge des malades psychiatriques se résumait depuis longtemps à des chambres d’isolement, des moyens de contention et des hospitalisations souvent définitives. Les tutelles demandent à de nombreuses reprises la création de lits spécialisés en grand nombre. C’est le début d’une longue controverse entre les psychiatres qui y sont favorables et les autres. Le service de psychiatrie voit finalement le jour au début des années 70. Sous la direction du docteur Bonafé, ce service développe sur un mode quasi-expérimental des structures légères de prise en charge des malades hors de l’hôpital (centres de consultations médicopsychologiques, centres de crise etc ...) tout en assurant une présence soutenue dans les services somatiques de l’établissement. 91 Les aliénés, eux, quittent enfin les chambres asilaires et les menottes, pour être pris en charge dans la cité ou bien hospitalisés de façon plus décente. On voit progressivement se développer la spécialisation des services. Pour la médecine : pneumologie, cardiologie, rhumatologie, dermatologie, gastro-entérologie, neurologie, pédiatrie, endocrino-diabétologie. Pour la chirurgie : l’orthopédie, la chirurgie digestive, l’urologie et la chirurgie vasculaire. Tout au long des années 60 et surtout 70, des consultations externes ouvrent progressivement pour toutes les spécialités cliniques, ainsi que pour la biologie et la radiologie. Ce développement est favorisé par l’ouverture d’un bloc centralisé de consultations externes, au sous-sol du bâtiment de chirurgie A. Le service de réanimation est créé en 1969, au sein du service d’anesthésie réanimation et permet désormais de garder les patients en situation de défaillance des fonctions vitales. Le service d’urgence voit enfin le jour dans les années soixante-dix. Par contre le service de phtisiologie, lui, disparaît au profit d’un service de pneumologie orienté vers la prise en charge des broncho-pneumopathies chroniques et de la pathologie tumorale thoracique. Parmi les nouveaux services qui se sont ouverts, outre le service de réanimation, il faut citer le S.M.U.R. puis le S.A.M.U. en 1974, qui permettront la prise en charge des malades et blessés hors de l’hôpital, par des équipes médicales hospitalières. Les capacités d’accueil de l’établissement ne cessent de croître, et ce sera le cas jusqu’à l’ouverture de l’hôpital d’Evry. Mais il est devenu illusoire de poursuivre le développement de l’activité dans des bâtiments dont certains ont plus de 100 ans et « tombent en ruine ». C’est pourquoi, dès le début des années 60, sous l’impulsion du maire et président de la Commission Administrative, Roger Combrisson, est étudié un projet de reconstruction totale, d’abord sur le site Galignani, puis sur un nouveau terrain où l’école d’infirmière a été édifiée dans un premier temps. Après de nombreux rebondissements liés au développement de la ville nouvelle d’Evry, qui comporte un nouvel hôpital pour le début des années 80, le feu vert pour cette reconstruction est donné en 1981, 18 ans après l’approbation du premier programme-lits du futur Centre Hospitalier de Corbeil. 92 Le nouvel établissement hospitalier est inauguré en 1985. Lors des portes ouvertes, 12 000 habitants de Corbeil-Essonnes viennent visiter le nouvel hôpital. Il est composé de : L’hôpital Gilles de Corbeil. La maison de retraite GALIGNANI qui comprend 150 places. Des structures psychiatriques extra-hospitalières. Des écoles de formations, écoles d’infirmières et de manipulateurs en radiologie. Le SAMU 91. Un SMUR. Un centre de planification et d’éducation familiale. L’hôpital comprend 397 lits répartis de la façon suivante : • Médecine : - Médecine interne, endocrinologie, hématologie - Cardiologie et soins intensifs cardiologiques - Pneumologie - Gastro-entérologie - Rhumatologie - Neurologie - Dermatologie • Chirurgie : - chirurgie générale et viscérale - orthopédie - spécialités chirurgicales : ORL, ophtalmologie et stomatologie • Réanimation polyvalente Plus 37 lits de psychiatrie et un plateau technique performant comportant un laboratoire d’analyses médicales, un service de rééducation et réadaptation fonctionnelle, des services d’imagerie médicale (radio-diagnostic, médecine nucléaire) et un centre de radiothérapie haute énergie. 93 S’y ajoutent des consultations externes dans toutes les disciplines de l’établissement. Un dépôt de sang ouvre ses portes dans l’hôpital, puis en 1988, c’est la création d’un comité transfusionnel. Ce comité est composé de : Un médecin directeur du CTS Un médecin responsable du dépôt de l’hôpital Divers médecins chefs de service Des surveillants Des représentants de la direction de l’hôpital A son ouverture on compte 11 631 entrées et un total de 100 094 journées d’hospitalisation et en 1986, on compte 13 987 entrées et un total de 108 011 journées d’hospitalisation. Soit en un an presque 8 000 journées d’hospitalisation en plus et plus de 2 000 entrées. La durée moyenne de séjour est de 8,61 en 1985 et de 7,65 en 1986. Les consultations externes ont accueilli 75 593 personnes en 1985 et 98 574 l’année d’après. Devant cet afflux de patients, des lits d’hospitalisation de jour et un secteur d’hospitalisation de semaine. 94 6) EVOLUTION DU CONCEPT DE L’HOPITAL A) De la maladrerie à l’Hôtel-Dieu Comme nous l’avons vu précédemment, les premiers établissements charitables destinés à secourir les patients en détresse remontent au IVè siècle. A cette époque ce sont des asiles d’origine religieuse servant d’abri aux pèlerins et aux malades contagieux notamment les lépreux. Ces établissements portent le nom de maladrerie. Ils sont subventionnés par l’autorité royale et administrés par des religieux, frères et des sœurs. En 1604, la lèpre disparaît et les maladreries disparaissent avec elle. Les malades contagieux se retrouvent alors dans les Hôtels-Dieu. Ces établissements dateraient du XIè siècle au moins. Malheureusement peu de documents nous permettent de savoir exactement quand ils ont été créés et quel est leur rôle précis. Leur administration relève du pouvoir ecclésiastique par l’intermédiaire des évêques et de leurs délégués et ce jusqu’en 1796. L’Hôtel-Dieu est une fondation charitable qui ne subsiste que grâce aux dons, privilèges et autres attributions qui lui sont concédés par la famille royale. L’établissement recueille, comme c’était le cas pour les maladreries, les malades épidémiques et les blessés. Comme celui de Corbeil se situe à proximité de la prison et du tribunal, les sœurs sont chargées d’apporter la nourriture aux prisonniers. Les religieuses sont des sœurs chanoinesses jusqu’en 1762 puis elles sont remplacées par les sœurs de la congrégation de Saint Vincent de Paul. Un acte d’engagement est alors passé entre Monseigneur Christophe de Beaumont, archevêque de Paris et les dignitaires de l’ordre de Saint Vincent de Paul. Cet acte règle les droits et les devoirs réciproques des parties contractantes. Trois copies ont été faites, deux sur parchemin dont une se trouve dans les archives de l’archevêché et l’autre dans la maison mère des sœurs de Saint Vincent de Paul. La troisième, sur papier, est destinée aux sœurs de Corbeil. En voici les grandes lignes ( une copie de l’acte original se trouve en annexe n°1) : 95 Les sœurs Supérieure et officières doivent tenir trois filles de leur communauté dans l’Hôtel-Dieu au moins, pour y servir et soulager les pauvres malades. Leur nombre augmentera proportionnellement au nombre de malades. Elles sont payées 200 livres pour leur accommodement personnel et 240 livres par an pour leur entretien d’habits et de linge. A savoir 80 livres chacune par an, payable d’avance, de six mois en six mois à compter de leur jour d’arrivée à l’Hôtel-Dieu. Les filles sont sous la direction de Monsieur DUCLOS père, demeurant à Corbeil, préposé à cet effet par Monseigneur l’Archevêque de Paris. Aucune autre fille ne servira à leurs côtés les pauvres malades. Elles pourront tout de même se faire aider dans des conditions extraordinaires mais par des personnes sûres et bien connues. Les filles ne sont pas obligées de soigner les filles de mauvaise vie, les personnes qui sont atteintes du mal procédant de l’impureté ni les personnes riches. Elles ne soignent pas non plus les femmes dans leur accouchement qui ne doivent pas être reçues à l’Hôtel-Dieu. Elles ne vont pas en ville s’occuper des malades. Le chapelain n’est ni logé, nourri ou blanchi dans l’Hôtel-Dieu. Il ne peut rentrer que par la porte commune. Il n’y a aucune inspection sur le temps de travail des filles ni sur leur conduite. Les filles de la charité sont tenues de préparer les médicaments des malades et de faire elles-mêmes les sirops et tisanes. A cet effet, il leur sera fourni l’argent nécessaire pour l’achat de drogues, dont elles rendront compte au receveur tous les mois. Elles sont logées dans des appartements séparés et meublés convenablement. Aucun domestique n’y aura accès. Elles sont nourries et blanchies. C’est à dire qu’elles reçoivent tout leur linge de l’HôtelDieu, draps, serviettes, torchons, tabliers, essuie-mains et nappes. Personne ne pourra leur faire changer la couleur ni la forme de leur habit. Les sœurs ne rendent pas compte de l’usage qu’elles font de leur argent sauf si besoin est, à leur supérieure de Paris. Quand elles tombent malades, elles sont soignées comme des membres de la maison. Si elles deviennent infirmes ou inaptes au travail, après douze ans de travail, elles ne peuvent être renvoyées que si la sœur supérieure juge bon de les rappeler. Si ce n’est pas le cas l’Hôtel-Dieu devra les garder et subvenir à leurs besoins. Pour les suppléer, les administrateurs de l’établissement devront faire appel à d’autre sœurs de la congrégation. 96 Les sœurs ne rendent compte de leur service et de leur administration qu’à Monseigneur l’Archevêque ou à son préposé. Elles recevront l’argent nécessaire à l’achat des menues provisions dont elles rendront compte au receveur tous les mois. Celui-ci le présentera alors à l’Archevêque. La sœur supérieure reçoit les mandements pour admettre les pauvres malades à l’HôtelDieu. Elle ne les recevra ou les congédiera que par ordre. Elle tient également le registre des pauvres qu’elle garde. Lors du décès d’une des filles, le corps restera dans l’infirmerie jusqu’à son transfert dans l’église. Le corps de la défunte sera suivi par les autres filles, chacune avec un cierge à la main. Après la célébration d’une messe haute et de deux messes basses, le corps sera inhumé dans la chapelle ou dans le cimetière de l’Hôtel-Dieu, le tout sans aucune rétribution de la part des autres sœurs . En ce qui concerne le spirituel, les filles sont soumises à l’Archevêque de Paris et restent sous la conduite et dépendance du seigneur, supérieur général de la congrégation de la mission . Celui-ci pourra les confesser et les visiter, leur donner son avis sur l’observance de leurs règles et l’acquis de leurs obligations envers Dieu et son prochain. Les filles ont l’entière liberté de vivre sous l’obéissance de leur supérieure à Paris, des officières de la communauté et de celle d’entre elles qui aura la conduite des autres. Elles peuvent respecter les règlements et exercices spirituels que leur institut impose. En cas de mécontentement réciproque des deux parties ou de non observance des revenus des sœurs pour quelque raison que ce soit, il sera permis à la communauté de retirer ses filles et on leur laissera emporter les linges, habits et livres à leur usage. Avant le départ des trois sœurs à l’Hôtel-Dieu, il sera fourni à la supérieure de Paris l’argent nécessaire pour l’accommodement personnel des filles et pour chacune, un étui de six lancettes, un autre garni d’instruments de chirurgie, les livres à leur usage et pour la pharmacie, les frais de voyages. Il sera payé la somme de 600 livres, par la sœur économe, pour leur accommodement personnel. En 1797, les bâtiments de l’Hôtel-Dieu tombent en ruine, ils sont alors transférés dans l’ancien couvent des sœurs Saint Augustines situé en face. Ce nouvel établissement restera nommé Hôtel -Dieu pendant quelques années puis deviendra l’hôpital. 97 B) de l’Hôtel-Dieu à l’hôpital-hospice Malades, indigents, personnels : la vie dans l’hôpital-hospice Comme la loi de 1790 a aboli les ordres religieux et que celle de 1792 met fin aux congrégations, les sœurs soignantes sont désormais des citoyennes et la sœur supérieure devient la première officière. L’hôpital possède une école gratuite de filles dont s’occupe une sœur supplémentaire. L’hôpital doit en permanence faire face aux évènements extérieurs susceptibles de modifier ces conditions de fonctionnement. Il doit s’adapter lors des guerres, des épidémies ou bien des accidents de travail comme l’explosion de la poudrerie en 1820 qui amena un flot de victimes très important. Dans le règlement intérieur de 1823 nous pouvons voir quels sont les malades pouvant être admis ou non : « Chapitre III, article 11 : Tous les malades sont reçus et traités dans l’Hôtel-Dieu de Corbeil, à l’exception des incurables ; des individus atteints de maladies contagieuses, telles que la petite vérole, la gale et autres de cette nature ; des femmes enceintes ou en couches ; des aliénés et des épileptiques et des personnes affectées du virus vénérien. Article 12 : Si pendant le séjour d’un malade il se déclare une maladie de ce genre, la supérieure en instruira aussitôt le médecin qui veillera à ce que le malade soit placé dans un lieu séparé des autres, pour éviter la contagion . Il sera dirigé par les soins de la commission administrative sur un hospice de la capitale ou rendu à sa famille qui en sera immédiatement avertie. Article 14 : Lorsqu’un marin se présentera pour être admis, il sera envoyé à la mairie et son mandat d’admission ne lui sera remis que sur la vue d’un bon émané de M. le Maire ou de l’un de ses adjoints ». « Les établissements hospitaliers se ferment pratiquement à ceux qui n’habitent pas la commune malgré les principes formels posés par la loi du 24 vendémiaire an II qui énonce 98 que désormais peu importe l’origine du malade ; quelque soit son domicile, il devra être reçu dans l’hospice le plus voisin.(…) Dans tel hôpital, on ne veut pas soigner les syphilitiques ; dans un autre les teigneux et les psoriques ; dans un troisième on n’admet pas les femmes en couches »1. Les conditions d’admission de ces patients sont les suivantes : « Chapitre V, article 20 : les admissions des malades à l’hospice sont faites par l’un des deux membres de la commission administrative, désignés à cet effet. Ils doivent avoir égard à l’âge, la nature des infirmités, aux revenus et à l’état de population de l’hospice. Article 21 : les malades pauvres des deux sexes qui ne sont dans aucun des cas d’exception prévus par l’article 11, nés ou domiciliés depuis plus de six mois dans les villes et faubourgs de Corbeil, seront admis à l’hospice et y seront traités gratuitement. Article 22 : les malades indigents des communes du canton seront également reçus à l’hospice, en payant un franc, par chaque jour qu’ils y resteront. Cette rétribution sera d’un franc vingt-cinq centimes pour les malades des même communes, qui quoique indigents, auraient cependant quelques ressources. La disposition de cet article s’appliquera aux individus des deux sexes en état de domesticité à Corbeil, à moins qu’ils ne soient nés à Corbeil, auquel cas ils jouiront de la faculté accordée par l’article 21. Article 23 : la commission se réserve de prononcer l’admission des malades des autres cantons de l’arrondissement, aux même conditions, toutes les fois que les localités et les revenus de l’hospice le permettront. Article 24 : chaque malade de la commune de Corbeil, pour être admis devra être porteur : - D’un certificat du Maire ou de l’un de ses adjoints, constatant son nom, prénom, âge, sa profession et son domicile réel, son peu de ressources ou son indigence, à moins que l’administrateur ne l’en dispense. - D’un certificat du médecin de l’hospice spécifiant le genre de sa maladie et la nécessité de l’admission. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.41. 99 Article 25 : les malades des autres communes du canton ou de l’arrondissement de Corbeil, et les domestiques qui ne sont pas natifs de Corbeil, devront être porteurs des certificats prescrits par l’article précédent ; et ils devront en outre déposer entre les mains de madame la Supérieure, les fonds suffisants pour le paiement des indemnités ci-dessus fixées, pendant le temps présumé, pour leur rétablissement, sinon ils feront remise d’une obligation de pareille somme, émanant des Maires ou adjoints de leurs communes, ou de toutes autres personnes solvables, portant consentement de payer tous les droits jusqu’à la sortie du malade. Article 26 : l’administrateur chargé de l’admission, sur le vu des pièces, délivrera le mandat d’admission ; en cas de difficulté, il en réfèrera à M. le Maire, qui en sa qualité de Président de la commission, statuera provisoirement. La décision définitive reviendra à la commission administrative lors de son assemblée. Article 27 : porteur de son mandat d’admission, le malade se présentera à madame la Supérieure qui lui fera délivrer un bulletin portant ses noms, le jour de son entrée et le numéro de son lit. Le bulletin y demeurera suspendu. Défense sera faite à madame la Supérieure de ne recevoir aucun malade qui ne justifierait pas de l’accomplissement des formalités ci-dessus. Néanmoins, en cas d’accidents de force majeure, qui obligerait à la réception du malade, avant que lesdites formalités fussent remplies, il y sera pourvu dans les vingt-quatre heures au plus tard. Article 28 : il pourra être ordonné que préalablement à son admission dans la salle, la malade sera baigné ou seulement lavé. Article 29 : le renvoi du malade aura lieu sur l’ordre du médecin, et après dix jours de convalescence au plus ». Pour que l’établissement fonctionne correctement, les malades doivent répondre à certaines règles ainsi que les membres du personnel. Celles-ci sont énoncées dans le règlement intérieur de l’hôpital chapitre XIII (cf. annexe 2). La police intérieure de l’hospice relève de la commission administrative et de madame la Supérieure mais sous la surveillance de Monsieur le Maire et de Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement. Ils doivent veiller à l’exécution des règlements. Les malades ont l’interdiction de se réunir dans un même lit sous peine d’exclusion. Les convalescents ont l’interdiction de venir dans la cuisine pour y prendre de la nourriture. Ils ne doivent pas non plus cueillir des fruits et légumes dans le jardin ni soustraire des aliments aux autres patients. 100 Les parents ou amis des malades ne peuvent les visiter que si la permission en a été donnée par la Supérieure. Leur entrée dans l’hospice n’est autorisée que de midi à trois heures et jamais pendant les visites des médecins, les pansements ou les repas. En cas d’insultes envers les sœurs, l’entrée à l’hospice sera refusée. Toute insubordination de la part des malades et refus d’obéir aux ordres qui leurs sont données par la Supérieure, peuvent être punis. Quand c’est la première fois, ils sont privés de vin et la deuxième fois ils ne voient plus leur famille ou bien ils sont enfermés dans une salle où ils seront soignés. Tout outrage quelconque, voie de fait par les gestes ou menaces envers les sœurs hospitalières et les préposés de l’hospice, sont dénoncés par plainte de la sœur Supérieure à Monsieur le Procureur du Roi. Dans ces cas-là, les auteurs de ces manifestations peuvent être exclus de l’établissement. En 1827, le titre de maison de santé est associé à celui d’Hôtel-Dieu. Les Maires des autres communes de l’arrondissement en sont informés par des circulaires. Les conditions d’admission des patients changent peu au fil des années. En 1840, l’hôpital reçoit : • Les malades civils, hommes, femmes et enfants atteints de maladies aiguës ou blessés accidentellement. • Les malades militaires ou marins, les galeux, les teigneux, les vénériens, les épileptiques, les femmes enceintes ne sont pas reçus pour cause d’insuffisance de local et de ressources de l’établissement. Pour les militaires et les marins, des exceptions sont faites en fonction des demandes du ministère de l’Intérieur. • Les aliénés en vertu de la loi du 30 juin 1838. Les malades reconnus comme fous ont d’abord été enfermés dans des cachots sous l’Ancien Régime, ou bien recueillis dans des couvents quand « ils n’étaient pas brûlés comme sorcier ou abandonnés à la risée et aux injures. Ce n’est qu’au début du XVIIè siècle que l’on commença à s’occuper de ces infortunés en leur ouvrant un quartier réservé dans chaque hôpital »1. Mais ce n’est qu’à partir de 1798 avec PINEL que les aliénés furent séparés des autres malades et qu’ils furent pris en considération. PUSSIN, surveillant de Bicêtre, écrit au Ministre de 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.102. 101 l’Intérieur : « L’expérience m’a démontré et me démontre journellement que pour avancer la guérison de ces malheureux, il faut les traiter autant que faire se peut avec douceur, leur en imposer, mais pas les maltraiter, gagner leur confiance, combattre l’objet qui les a affectés, et leur faire envisager un avenir plus heureux. En un mot c’est principalement par les remèdes moraux que j’ai toujours combattu cette maladie, et si j’ai eu le bonheur d’obtenir quelques succès, c’est à eux que je dois les attribuer »1. • Les malades reconnus incurables seront expulsés. En l’espace de 20 ans, on remarque que la nature des patients admis dans l’établissement a changé. Les conditions d’admission se sont étendues et les malades contagieux notamment peuvent être enfin soignés dans leur arrondissement. Les indigents ne sont admis dans l’hôpital qu’après l’avis du médecin. Celui-ci doit tenir compte de l’âge, de la nature des infirmités, des revenus et des places disponibles dans l’établissement. L’admission n’est accordée que sur présentation du certificat du Maire attestant l’indigence du malade et d’un certificat d’un médecin de la localité précisant la nature de la maladie. Si le deuxième certificat n’est pas délivré par un médecin de l’établissement, l’état du malade sera revérifié au plus tard dans les 24 heures par celui-ci. Les malades des deux sexes nés à Corbeil ou domiciliés dans cette ville depuis plus d’un an pourront être admis gratuitement dans l’établissement. Pour tout malade qui restera plus d’un mois hospitalisé, le médecin devra adresser à la commission un rapport relatant les causes de cette situation. Il est possible également à cette époque de faire une fondation de lit. La fondation de lit est proposée par des personnes solvables qui désirent réserver un lit pour des malades indigents d’une ou plusieurs communes de l’arrondissement de Corbeil. En contre partie, ils assurent une rente sur l’état ou par voie hypothécaire un revenu annuel de 400 francs pour chaque lit fondé. Au moyen de cette prestation, l’hôpital se charge de fournir le mobilier nécessaire à chaque malade suivant l’usage de l’établissement. Il s’agit d’assurer à quelques personnes sans revenus une place dans cet établissement pour y vieillir sans soucis. Il existe également des règles pour les malades hospitalisés, si leur santé le permet, ils se lèvent à 9 heures du matin et sont tenus de se coucher à la nuit close. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.107. 102 Les parents et amis des patients ne sont autorisés à les visiter que deux fois par semaine, les jeudis et dimanches de midi à trois heures. Il est interdit aux visiteurs d’introduire des comestibles ou des liquides dans l’établissement. Tout infirmier ou servant qui serait pris sur le fait de ce délit sera immédiatement renvoyé. Si une personne qui est en convalescence s’absente, sans permission de l’administrateur, de l’hôpital il ne pourra plus y rentrer sauf attribution d’une nouvelle admission. Les employés et les sœurs hospitalières ne peuvent quitter l’établissement que lors de leurs congés délivré par l’administrateur de service. Toute insubordination de la part des malades ou refus d’obéir aux ordres sera d’abord réprimandé par la privation de vin puis par l’interdiction de voir leur famille et ensuite par le renvoi (comme en 1820). Les administrateurs de l’hôpital émettent l’idée de la création d’un hospice pour vieillards destiné à secourir la classe indigente de Corbeil. L’établissement est propriétaire d’une grande maison contiguë au bâtiment principal, il y sera créé une succursale de l’hôpital : l’hospice. Au rez-de-chaussée, il y aura deux salles communes séparées par un parloir ou vestibule où seront placés des escaliers. Au premier étage, on trouvera deux dortoirs entièrement séparés pouvant contenir chacun douze lits au moins. A l’extérieur, en face de chaque salle il y aura deux cours ou promenoirs se prolongeant jusqu’à la rivière sur laquelle seraient établis deux cabinets d’aisance. La soupe, le pain, le linge de corps et la literie seraient fournis par l’hôpital. Il sera indemnisé de la partie alimentaire par le bureau de bienfaisance dont les revenus seront accrus par le travail des vieillards qui seront reçus dans l’établissement. Dix ans plus tard, les conditions d’admission des indigents se précisent encore un peu plus. Les malades de la ville qui remplissent les conditions fixées par le règlement sont admis sur présentation à l’administrateur du service quand ils sont inscrits au bureau de bienfaisance ou si leur indigence a été constatée par un membre du bureau de bienfaisance de leur quartier. Les indigents « étrangers » ne sont reçus par l’administrateur qu’après avoir prouvé leur identité auprès du commissaire de police. Il faut que celui-ci leur ait délivré un certificat à cet effet. Les malades dirigés sur l’hôpital, sur la réquisition de Monsieur le Sous Préfet doivent entrer sur l’autorisation de Monsieur le Maire. 103 Il est à noter également que les malades indigents des communes du canton de Corbeil, présents dans les bureaux de bienfaisance de ces communes pour y être traités à leurs frais, peuvent être reçus à l’hôpital en payant une rétribution de 1fr/jour. Cette rétribution est de 1,25fr/jour pour les autres malades des même communes. Quand la moitié des lits de l’hôpital est vacante, seul un quart de ces lits peuvent être occupé par des malades des autres cantons de l’arrondissement de Corbeil, du département de Seine et Oise ou d’autres départements. Leur prix de journée est de 1,25 francs. Et enfin, les indigents voyageurs sont admis à l’hospice s’ils ont en leur possession un billet d’admission délivré par l’administrateur sur l’attestation du commissaire de police. Cette attestation doit assurer que le malade est porteur de papiers en règle indiquant son domicile habituel et son lieu de naissance. La commission peut à tout moment suspendre ces admissions si l’état de la population l’exige. C’est également cette année là que l’interdiction de fumer est donnée aux malades et aux visiteurs dans les salles d’hospitalisation. Dans un extrait des mémoires de Valentin FOUGERES1 celui-ci nous dit que « les sorties à l’extérieur ne peuvent se faire que sur autorisation et muni d’un billet signé du patron. Les jours de visite sont le jeudi et le dimanche de une heure de l’après-midi jusqu’au souper ». (…) « Les visites se font au parloir où une sœur peut surveiller ce qui s’y passe et ce qui s’y dit ». (…) « Il est interdit de se faire amener du vin ou de l’alcool. Il est enfin défendu d’aller dans le promenoir des femmes ou d’entretenir la moindre relation avec elles. Les patients doivent être polis, vêtus convenablement et obéir à tous les ordres qui sont donnés par le personnel. Des punitions particulières sont prévues pour chaque type d’infraction ». Chaque colis donné par la famille « fait l’objet d’une fouille méticuleuse à l’entrée »2. Le rapport de Monsieur LIONET de 1853 nous rappelle la difficile situation des aliénés. Par suite de lenteurs administratives, ils séjournent minimum huit jours et plusieurs sont même restés dans des cabanons un ou deux mois avant d’être transféré dans l’établissement où ils doivent recevoir les soins. 1 2 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.159. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.162. 104 « Un maçon a même démoli une cloison avec son écuelle et un malheureux atteint de monomanie religieuse a été trouvé par les gendarmes agenouillé devant une croix faisant un jeûne de quarante jours. Il est mort de faim et de mutilation ». Quelques modifications des conditions d’admission ont lieu en 1854. Les malades incurables de Corbeil ou ceux n’ayant pas de domicile seront admis moyennant le prix de 1fr/jour payé par le service de bienfaisance ou à défaut par la caisse municipale. Si des malades sont reconnus incurables pendant leur séjour à l’hôpital, ils seront exclus à moins que le service de bienfaisance exprime l’engagement de les entretenir à l’hospice. Quand un malade se présente à l’hôpital, l’administrateur de service appelé à signer le billet d’entrée doit constater sur le billet, d’après les renseignements verbaux qui lui sont donnés, la commune dans laquelle la maladie s’est déclarée ou la blessure s’est faite. L’économe de l’hôpital avise immédiatement par écrit le Maire de cette commune de l’entrée du malade à l’hôpital. Il lui annonce, qu’au terme de la loi du 7 août 1851, à compter du jour d’admission, sa commune est redevable de ses frais de séjour à raison d’un prix de journée fixé par le règlement. A défaut de paiement de ces frais, le receveur de l’établissement devra poursuivre la commune débitrice par les voies de droit. Une note officielle lui sera envoyée pour l’en aviser. En ce qui concerne la visite des morts par leur famille, la situation est un peu compliquée. Les recherches anatomiques faites sur les corps dans une salle proche du lieu où sont déposés les cadavres, peuvent choquer que les familles. L’autorisation des familles à visiter le cadavre d’une personne décédée doit être abandonné à la sagesse et à la prudence de madame la Supérieure des sœurs de l’hôpital. En 1856, le bureau de bienfaisance demande à l’hôpital une sœur de Saint Vincent de Paul afin d’effectuer des visites à domicile pour les convalescents et les infirmes. Elle prendrait également sous sa direction la maison de refuge des vieillards et elle appellerait les ressources de la charité publique pour fournir aux indigents malades des dons en nature tels que des vêtements, literie et objets mobiliers. Les fonctions de l’hospice s’en trouveraient allégées. 105 Les malades ayant des maladies contagieuses et des maladies vénériennes, ont longtemps été refusés dans l’hôpital probablement par peur de la contamination et parce que l’on ne connaît pas bien ces maladies. De même les malades à faibles ressources ne sont pas toujours hospitalisés, malgré une loi établie en 1851, qui précisait que « lorsqu’un individu privé de ressources tombe malade dans une commune, aucune condition de domicile ne peut être exigée pour son admission à l’hôpital existant dans la commune »1 n’étaient pas toujours hospitalisés. C’est encore le cas en 1875 où une patiente vénérienne n’est pas admise, soit disant, par « manque d’organisation ». Toujours dans un but charitable, sous la direction du médecin chef, des consultations gratuites sont mises en place, pour assurer les soins et les pansements des malades externes. Ce type de consultation existe également chez les trois médecins installés dans la ville. Le bureau de bienfaisance permet lui aussi de distribuer aux malades indigents des médicaments, des aliments et des bains. En 1888, l’entrée de l’hospice est refusée aux enfants accompagnant des malades qui doivent y séjourner. C’est en 1890 qu’un nouveau règlement intérieur est édité. (Cf. annexe 3) Il comporte quelques changements par rapport aux règlements antérieurs. Notamment en ce qui concerne le personnel médical. Maintenant, parmi les médecins on trouve un médecin en chef et un médecin adjoint, tous deux exerçant la chirurgie et résidant à Corbeil. Comme il y a eu création d’un service de maternité il y a aussi des sages femmes qui procèdent aux accouchements sous la direction du médecin, le nombre de sœurs de la congrégation de Saint Vincent de Paul est passé de 5 à 11. Les infirmiers ne sont qu’au nombre de deux à la place d’un, ainsi que les femmes de services qui sont actuellement six au lieu d’une en 1840. Ils sont sous la direction de la sœur supérieure. Une boite aux lettres accessible à tous sera installée dans l’hôpital hospice et la levée sera faite chaque jour. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.47. 106 En 1899, pour faciliter la correspondance des pensionnaires indigents, un budget de 25 francs leur sera alloué dans le budget de l’hôpital. Chose nouvelle également, les archives de l’hôpital seront conservées par le secrétaire et l’économe. Dans l’établissement il n’y a qu’une petite pharmacie usuelle composée des substances et des plantes les plus ordinaires pour la préparation des médicaments qui peuvent être confiés à l’expérience des sœurs. Les médicaments rares ou demandant une préparation spéciale sont fournis par un pharmacien en dehors de l’établissement. Il est expressément interdit de vendre ou de donner des remèdes ou médicaments. Durant ces cinquante années passées il y a eu également des modifications concernant les types de patients admis dans l’établissement. En effet, en cette année 1890 on accepte encore les malades civils ; hommes, femmes ou enfants atteints de maladies aiguës ou chroniques ainsi que les blessés accidentels ; mais on reçoit également les galeux et les vénériens des deux sexes ainsi que les femmes arrivées au terme de leur grossesse. Les aliénés sont gardés provisoirement conformément à la loi du 30 juin 1838. Par contre, les épileptiques et les teigneux ne sont toujours pas admis sauf si on leur trouve un endroit convenable ce qui est rarement le cas. Quant à l’hospice, il reçoit les vieillards âgés de 70 ans et les incurables ayant un domicile de cinq ans dans la ville à titre gratuit. Il accueille également les vieillards valides ou incurables à titre de pensionnaires. Les enfants des familles indigentes ne seront pas reçus dans l’hospice. Les indigents, qui jouissent d’un revenu quelconque mais insuffisant pour pouvoir se passer des secours de la charité publique, sont tenus de faire l’abandon de ce revenu au profit de l’hospice. Lorsque l’état d’indigence ou d’infirmité qui avait motivé l’admission gratuite des vieillards ou des incurables viendra à cesser, ces derniers ne seront maintenus dans l’établissement que s’ils paient à l’avance la pension réglementaire et indemnisent l’hospice des dépenses qu’ils auront occasionnées antérieurement. Les vieillards valides et les incurables qui voudront payer une pension pourront être admis dans l’hospice par la commission administrative à titre de pensionnaires. Le tarif sera augmenté de cinquante centimes par jour pour les personnes étrangères à l’arrondissement. 107 Les gâteux paieront un supplément spécial de cinquante centimes par jour. Pour les pensionnaires admis en chambre, le prix sera fixé de gré à gré. Les personnes des deux sexes reçues à l’hôpital ou à l’hospice restent entièrement séparées. La fondation de lits est toujours d’actualité, elle est proposée par une ou plusieurs personnes en faveur de malades ou de vieillards indigents assurant à l’établissement la prospérité. La rente sur l’état est de 3% d’un capital représentant 550 francs de rente pour chaque lit. Les fondations sont limitées à une durée de 75 ans à l’expiration de laquelle elles sont éteintes et l’établissement est libre de disposer du capital. Les malades, dans la mesure du possible, doivent se présenter pour être admis de 8 heures du matin à 8 heures du soir en été et de 8 heures du matin à 4 heures du soir en hiver. Le travail est obligatoire dans l’hospice. Il consiste en cultures de jardin, qui sont exploités par l’établissement sous la surveillance d’une sœur, balayage des cours, soins intérieurs et extérieurs de la maison, ouvrage à l’aiguille pour concourir à l’entretien de la lingerie et tout le vestiaire de la population de l’hôpital-hospice. En ce qui concerne la discipline, les malades ne se lèvent pas le matin sans l’avis du médecin. Le soir ils doivent être couchés à 6h30 pour la distribution des médicaments de nuit. Les habitants de l’hospice changent de linge tous les dimanches, les draps de lit sont renouvelés tous les mois. Les parents ou amis des malades ou vieillards ne seront admis à les visiter que les dimanches, les jeudis et les jours fériés de midi à trois heures. Il est interdit aux visiteurs d’introduire des comestibles ou des liquides sans autorisation. Les vieillards admis à l’hôpital ne pourront sortir que les dimanches et les mercredis aprèsmidi. Ils devront être rentrés à 4h30 du soir sous peine d’être privés de sortie pendant un mois. Les pensionnaires en chambre pourront sortir tous les jours de midi à 4h30. Toute autre sortie devra faire l’objet d’une autorisation de la part de l’économe ou de madame la Supérieure avec le visa de l’économe. Il est défendu aux vieillards de l’établissement de mendier sous peine d’être privés de sortie pendant un à trois mois. En cas de récidive le contrevenant sera renvoyé de l’hospice. 108 L’habitude de l’ivresse pourra être une cause de renvoi pour les vieillards et les incurables. Toutes discussions politiques ou religieuses sont interdites. L’hôpital-hospice devient également un lieu de formation et de détente avec la création d’une bibliothèque. Elle est fondée à l’intérieur de l’établissement, est composée des meilleurs auteurs anciens et modernes et elle comporte des ouvrages de sciences et des arts ainsi que de bonnes littératures. Les ouvrages ne seront admis qu’après avoir été lus par un membre de la commission qui en fera un rapport. La bibliothèque est surveillée par madame la Supérieure qui en a la clé et qui et fera la délivrance des volumes à trois heures. Elle est chargée de surveiller le retour des livres. La rentrée et la sortie des livres sont constatées sur un registre tenu à cet effet. Il sera établi un catalogue des ouvrages composant la bibliothèque. Il est régulièrement procédé à un inventaire et au recollement des volumes. Un changement très important pour le fonctionnement de l’hôpital intervient en 1892. A cette date, en effet, le conseil général décide la création d’un service départemental d’hospitalisation renouvelable tous les cinq ans. Il est établi, dans le département, des circonscriptions hospitalières comprenant chacune un des hôpitaux actuel et un certain nombre de communes voisines qui auraient le droit d’y envoyer leurs malades et blessés nécessiteux. Le conseil départemental a inscrit au budget un crédit de 50 000 francs en vue de la création, à partir du 1er janvier 1893, d’un service d’hospitalisation en faveur des malades atteints d’affections aiguës et des blessés nécessiteux des communes dépourvues d’hôpitaux. Voici quels sont les engagements pris par le département : Garantie est donnée aux hôpitaux pour le recouvrement des frais de séjour des malades et blessés envoyés par les communes ayant adhéré au nouveau service départemental. Le concours financier, dont la quotité varie de 40 à 90 % suivant la population des communes, pour le paiement des frais de séjour desdits malades et blessés. Le règlement et le mandatement desdites dépenses dans le mois qui suivra l’expiration de chaque trimestre. La substitution du département aux communes en ce qui concerne la liquidation et le mandatement des dépenses. Enfin, la participation par une équitable subvention dans les dépenses qui résulteraient de l’exécution des travaux d’agrandissement et d’aménagement reconnus nécessaires pour ajuster le fonctionnement du nouveau service départemental. 109 Le prix de journée d’un adulte et d’un enfant est fixé à 2 francs par jour. Ce traité sera renouvelé cinq ans après, c’est à dire en 1902, car son application a permis bien des soulagements à l’hôpital. En 1899, un contrôleur principal de l’assistance médicale gratuite est chargé par le Ministre de l’intérieur de vérifier l’état d’hygiène des salles d’hospitalisation. Le résultat de cette enquête aboutit au fait que les salles sont propres et que l’air pur y règne. Un incident se produit en 1903 dans l’établissement, un enfant de dix mois décède d’une entérite aiguë. Il avait été hospitalisé de force en maternité puis rendu à la mère et ré hospitalisé mais sans soins appropriés car aucun service n’est organisé pour recevoir les enfants. Les malades du premier âge doivent être envoyés soit au domicile de personnes désignées par les autorités locales, soit à l’hôpital de Versailles aménagé pour recevoir les enfants. Mais celui-ci refuse de recevoir les enfants de Corbeil car il se dit trop éloigné. Il s’avère donc nécessaire d’aménager un service dans l’hôpital. Le financement se ferait par prélèvement sur les fonds du pari mutuel. En ce qui concerne le concept architectural de l’hôpital, au début du siècle l’hôpital, « en général », est une structure pavillonnaire reliée par des galeries aériennes. Chaque pavillon est aussi autonome que possible. « L’idéal à réaliser : 1. Que tous les services soient autonomes ; chacun d’eux étant en quelque sorte un petit hôpital relié aux services généraux. 2. Que tous les bâtiments destinés à l’hospitalisation des malades soient édifiés par pavillons isolés, à simple rez-de-chaussée. Les pavillons, largement aérés et autant que possible placées à 20 mètres de distance au moins les uns des autres, devront être bâtis en murs pleins, sans aucun luxe, mais avec toutes les exigences de l’hygiène.(…) Toutes les salles communes auront comme annexe indispensable une grande pièce de réfectoire et, pendant le jour, de salle de convalescents. Dans les services de chirurgie, les dispositions prévues devront assurer la séparation complète des malades septiques et aseptiques »1. 110 Chaque service doit avoir au minimum : 1. Un laboratoire de recherche avec une chambre noire de reprographie. 2. Un cabinet pour chef de service. 3. Un vestiaire labo pour les étudiants, placé à l’entrée du service. 4. Un cabinet pour la surveillante. 5. Des chambres en nombre suffisant pour le logement du personnel. 6. Une grande office. 7. Une lingerie. 8. Un cabinet de débarras. 9. Une salle de cours, pour les cliniques et les facultés. Au total l’établissement de Corbeil, lui, se compose de : 10 lits pour convalescents des deux sexes 15 pour les gâteux et les personnes atteintes de maladie épidémique ou contagieuse 2 chambres pour les femmes en couches 1 chambre pour les prisonniers malades 3 cabanons pour les aliénés furieux la chapelle plusieurs chambres particulières destinées aux vieillards une salle de bains avec robinet d’eau chaude et froide toujours en pression cabinet pour bains de vapeur des chambres d’opération évitant les opérations au milieu des malades et devant eux une salle d’autopsie un lavoir pourvu d’eau chaude et froide un séchoir fermé bâti l’an dernier au moyen de rentes une étuve à désinfection une machine à vapeur pour le chauffage de la maison l’aspiration et la distribution de l’eau de la Seine Une loi votée le 14 juillet 1905 oblige les établissements de soins à secourir les vieillards, infirmes et indigents. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation des hôpitaux, op. cit. p. 180-181. 111 Il sera réservé, pour cela, six lits au maximum dans l’hôpital, au prix de 2,25 francs la journée. En 1908, les malades psychiatriques sont isolés dans une salle qui est fermée à clé pour éviter la communication avec les fiévreux qui se trouvent en face. En 1911, les lois concernant les aliénés se mettent en place plus difficilement, les établissements sont encore réticents à les recevoir. Ils ne sont reçus que provisoirement et sur arrêté de séquestration. Les aliénés de passage sont nombreux, ils séjournent une dizaine de jours dans un sous-sol avant d’être envoyés dans un centre spécialisé. Ils sont surveillés par un hospitalier employé aux services généraux qui a son lit dressé dans le couloir. Les hospitalisés, quand ils ont fait des travaux supplémentaires, sont récompensés par la sœur Supérieure sous forme de paquet de cigarettes. Elle est amenée à en distribuer jusqu’à cent paquets par an. Ceux-ci lui sont donnés par l’économe en personne. En 1918, un atelier de broderie s’ouvre au sein de l’établissement. En 1925, les incurables ne doivent plus être gardés à l’hôpital lorsque leur incurabilité est reconnue. La commission constate la nécessité pour le département de créer des asiles pour cette catégorie d’individus. Petit à petit les droits des patients, les techniques médicales et les conditions d’amission vont transformer la vie hospitalière. Les structures annexes de l’hôpital vont disparaître progressivement, comme l’orphelinat et l’hospice. C’est le passage à l’hôpital moderne. L’hôpital et ses relations avec la prison Depuis la création de l’Hôtel-Dieu, ancêtre de l’hôpital hospice, la prison a toujours été très près des bâtiments de l’établissement de soins. Depuis ce temps, les sœurs hospitalières se chargent soit de la nourriture des détenus soit de leurs soins. D’où l’importance de cette relation étroite qui n’est pas toujours facile à gérer pour les membres du conseil d’administration. 112 Le service des détenus de la prison départementale est toujours assuré par les sœurs de l’établissement en 1839. Le Ministre de l’Intérieur désire même leur instaurer un service gras tous les dimanches et les jours des quatre grandes fêtes de l’année ainsi que le jour de la fête du Roi. En tout cela ferait cinquante sept services. Ils seraient composés de : • Le matin : une ration de soupe et cinq décilitres de bouillon gras provenant de la cuisson de la viande de bœuf en y ajoutant des légumes frais, du sel et du poivre. • Le soir : de la viande qui aurait servi à faire la soupe du matin et des pommes de terre . Une ration de quatre décilitres pour chacun. L’hôpital fournit maintenant les médicaments aux détenus de la prison, en plus des repas. En 1850, le Sous Préfet oblige l’établissement à accueillir un homme de la maison d’arrêt dans ses locaux sur réquisition. L’hôpital est responsable s’il s’évade. Une chambre spéciale est affectée, en 1870, comme annexe de la prison, au deuxième étage de l’établissement pour les détenus malades. Cette chambre très sécurisée possède des barreaux aux fenêtres et une serrure très solide. Elle est transférée au premier étage en 1911, à côté du service des hommes. En 1916, une loi sur la protection des mineurs, oblige l’hôpital à recevoir les enfants de moins de treize ans attendant leur jugement, et ce jusqu’à la prononciation du verdict et donc de la certitude de leur avenir. En 1943, deux chambres de sûreté sont réservées aux détenus dans le service de chirurgie et deux autres dans le service de médecine. Elles également utilisées de temps en temps pour les malades mentaux agités. Deux chambres supplémentaires sont aménagées en chirurgie et deux autres dans la petite salle du pavillon des vieillards car le nombre de détenus devient de plus en plus important. A cause de cette augmentation du nombre des détenus, les services de police demandent à la commission administrative de créer un quartier spécial pour les détenus dans des chambres isolées. Elles seront installées dans le service Paul DARBLAY. Puis, après la guerre, au fur et à mesure que les années passent, le nombre de détenus hospitalisés diminue fortement. Ils ne sont plus que 20 en 1952. 113 La religion omniprésente De l’Hôtel-Dieu à l’hôpital-hospice il y a toujours eu une chapelle rattachée aux bâtiments ainsi que des messes qui y étaient célébrées. Le prêtre fait office dans la chapelle et auprès des malades qui le réclament. « Les plus grands hôtels-Dieu, possèdent plusieurs chapelles dans lesquelles on place assez souvent les tombes des bienfaiteurs et où l’on célèbre les services funèbres stipulés dans leurs testaments . (…) De plus, il faut également qu’ils se trouvent près des cathédrales, afin que l’évêque et les chanoines puissent les contrôler aisément. (…) Ces exigences imposent que les hôtels-Dieu soient généralement en pleine ville, ce qui permet aux malades et aux pauvres d’accéder assez facilement. Mais cette localisation n’est pas sans inconvénients : l’aération extérieure des salles est souvent compromise par les édifices et constructions qui s’accumulent alors dans le voisinage »1. L’aumônier de l’hospice est le vicaire de la paroi Saint Spire en 1849. « Les prêtres sont désignés pour accomplir l’exercice du culte religieux dans les chapelles des hospices, les préfets autorisant leur présence à condition qu’ils en fassent d’avance la déclaration à la municipalité. (…) Les traitements des chapelains et les frais de culte ne pouvaient être fixés que par les préfets, avec approbation du Ministre de l’Intérieur lui-même. (…) Dans les établissements, il est désormais possible de baptiser, de célébrer le culte des morts ; parfois même le curé de la paroisse se plaint de l’aumônier de l’hôpital qu’il accuse de concurrence »2. C’est en 1875 que la chapelle de l’établissement se ferme aux gens de l’extérieur pour la messe de minuit. En 1890, le service religieux est fait par un prêtre de la paroisse, son traitement est fixé par la commission. Il dit une messe tous les jours non fériés, à 7 heures du matin et célèbre la messe de minuit ainsi que les messes anniversaires des bienfaiteurs de l’établissement notamment messieurs GALIGNANI. Il donne des secours spirituels aux malades et aux indigents lorsque ceux-ci réclament son ministère. 1 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.18-19. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.49-50. 114 Aucune pression ne doit être exercée sur les malades ni sur aucun autre habitant de la maison hospitalière au sujet des exercices religieux et des sacrements. Aucune exhortation ne pourra être faite à haute voix dans les salles. Le prêtre exécute les prescriptions concernant les règlements diocésains relatifs aux enterrements. Ces enterrements doivent avoir lieu suivant le désir de la famille du défunt à défaut des dépositaires de ce dernier. Les corps des personnes décédées dans l’établissement sont accompagnés jusqu’à leur sépulture par un ministre du culte auquel appartient la personne décédée. Aucune cérémonie relative à l’enterrement n’a lieu dans l’intérieur de l’établissement. Si une personne appartenant à la religion protestante demande les secours d’un ministre de cette religion, ou vient à décéder dans la maison, avis sera donné de suite au pasteur par l’intermédiaire du concierge du temple protestant. Tout le quinsuel provenant de l’exercice du culte au profit de l’établissement entre dans la caisse du receveur. Pendant la guerre 1914-1918, la messe est prononcée à 7 heures du matin et c’est le curé de Corbeil qui officie, aidé d’autres prêtres de bonne volonté car l’aumônier de l’établissement est décédé. En 1918, toute femme qui accouche à l’hôpital doit dire si elle désire que son enfant soit ou non baptisé à l’hospice. « Actuellement, le service des cultes est assuré dans les hôpitaux et hospices de façon à ce que ceux d’entre les malades qui en manifestent le désir, soit à leur entrée, soit au cours de leur hospitalisation, puissent participer au culte auquel ils appartiennent : les ministres des différents cultes ont accès des malades en traitement, sur leur demande. Les prières publiques sont toutefois interdites dans les salles, afin de respecter au maximum les croyances de chacun »1. l’hôpital-hospice lieu d’accueil pour les orphelins C’est en 1875 que pour la première fois, les membres du conseil d’administration émettent l’idée de construire un orphelinat rattaché à l’hôpital. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.50. 115 Monsieur William GALIGNANI se propose de financer ce bâtiment à la condition que cet orphelinat comprenne un ouvroir et une école congréganiste de filles, gratuite pour les jeunes de la ville. A cette époque il n’existe des écoles congréganistes que pour les garçons à côté des écoles laïques. Il est établi qu’il accueillera 25 garçons et 25 filles, il sera financé par Monsieur GALIGNANI, par une subvention annuelle de la ville et de l’hôpital-hospice ainsi que par une autre subvention du bureau de bienfaisance. L’orphelinat entre en fonctionnement en 1879. Son statut est détaillé dans le compte rendu des délibérations du conseil d’administration de 1877.(Cf. annexe 4.) En ce qui concerne son administration, il s’agit d’un établissement public dirigé par des sœurs et qui comprend : un orphelinat proprement dit, un ouvroir ou atelier d’apprentissage et une école congréganiste gratuite de filles. L’ORPHELINAT Il est créé comme annexe de l’hôpital-hospice de la commune de Corbeil et est administré par sa commission. Les dames de la charité de la ville ainsi que les dames de l’ouvroir surveillent cet établissement. C’est la commission qui désigne quels seront les médecins de l’hôpital affectés à l’orphelinat. Ils procèdent à la visite d’entrée des orphelins. L’un d’eux visitera l’établissement au moins une fois par semaine et consignera son passage dans un registre ad hoc. Il sera également amené à se rendre à l’orphelinat sur la demande de la sœur supérieure. En ce qui concerne les enfants malades, ils sont, si leur cas le permet, traités à l’infirmerie de l’orphelinat sinon ils sont amenés à l’hôpital. Ils seront soignés gracieusement. C’est également la commission qui prononce l’admission des enfants. Documents à fournir pour l’admission des orphelins : - extraits d’actes de naissance et de baptême (pour les catholiques seulement) - actes de décès de ses pères et mères - certificat du médecin de l’hôpital attestant des vaccins de l’enfant, qu’il jouit de ses facultés intellectuelles, qu’il n’est atteint d’aucune maladie contagieuse ni d’aucune infirmité le rendant impropre à exercer une activité professionnelle 116 - un engagement souscrit par les parents et protecteurs ou par les communes du domicile acceptant le paiement de la pension tous les trois mois par avance et le paiement du trousseau Les admissions se font dans l’ordre suivant : orphelin de père et de mère, orphelin de mère puis orphelin de père. Toutes les pièces fournies pour la demande d’admission sont conservées dans un dossier portant le numéro donné à l’enfant sur le registre des matricules. Les notes et les remarques des sœurs y sont également conservées. Dès qu’une admission a été prononcée et régularisée, l’enfant est inscrit sur un registre matricule tenu à cet effet par le receveur économe de l’hospice. Ce document contient ses noms, prénoms, la date et le lieu de sa naissance, les noms de ses parents et leur domicile, l’indication de son état de santé d’après le certificat du médecin ainsi que la date et le motif de son admission. Une colonne est également réservée pour indiquer les dates et motifs de sortie. Le personnel se compose de quatre sœurs dont une supérieure, un homme et une femme de service. L’établissement compte cinquante places sauf extension possible de vingt-cinq pour chaque sexe. Il reçoit des enfants des deux sexes à partir de l’âge de 6 ans. Les garçons y resteront jusqu’après leur première communion, c’est à dire jusqu’à 12 ans environ. Les filles y restent jusqu’à 18 ans. La commission peut, néanmoins, suivant les circonstances, admettre un enfant avant l’âge de 6 ans ou modifier son âge de sortie. Pour être admis, les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un des deux. Ils doivent être nés à Corbeil ou de parents habitant la ville ou l’arrondissement. Si jamais ils étaient originaires d’une autre ville mais qu’ils soient abandonnés à Corbeil, Soisy ou Etiolles, la commission aurait alors tout pouvoir d’appréciation. De même, elle peut admettre des orphelins étrangers dans des cas très exceptionnels si les alliés habitaient Corbeil. Les enfants peuvent être renvoyés pour faute grave par la commission. Ils sont remis à leurs parents ou protecteurs, au besoin ils sont mis à la disposition des autorités. Ceux qui sont renvoyés ne peuvent être réadmis. L’orphelinat conserve alors la pension versée pour le trimestre commencé. Par contre il lui est délivré un demi trousseau le jour de sa sortie. L’admission des enfants pauvres, orphelins ou abandonnés originaires des communes de Corbeil, Soisy ou Etiolles, est gratuite. Ces admissions sont réglées en fonction des ressources de l’établissement. 117 Les enfants venant de Soisy ne peuvent être qu’au nombre de trois et ceux d’Etiolles au nombre de deux. Les autres enfants payent une pension de 240 francs par an, soit 20 francs par mois payable d’avance. Ce tarif peut être modifié en plus ou en moins par la commission avec l’approbation de l’autorité supérieure. Le trousseau des enfants pour leur admission est réglé par la commission et quoiqu’il en soit, à leur sortie l’établissement leur en fournit un. Le trousseau d’entrée sera donné par la charité publique pour un montant de 50 francs. Les enfants suivent les exercices religieux de la paroisse. Les garçons vont à l’école communale des frères de la doctrine chrétienne où ils sont conduits et ramenés soit par un frère ou par l’homme de service attaché à l’établissement. A leur sortie, si leur conduite a été satisfaisante, la commission avec le concours de la société de patronage de l’établissement, s’arrangera pour les placer en apprentissage où ils pourront être suivis, par des membres de la commission ou par des membres souscripteurs de la société de patronage. Les filles reçoivent gratuitement l’instruction primaire à l’intérieur de l’orphelinat par les soins des sœurs de la maison. Les filles de la ville peuvent également être admises à suivre gratuitement la classe. A partir de l’âge de douze ans, l’instruction devient accessoire, elle est limitée à une heure par jour. En dehors des classes, les sœurs occupent les filles à de petits travaux manuels appropriés à leur âge. L’OUVROIR ♦ Les enfants y apprennent à coudre, raccommoder, repasser et blanchir. Les sœurs donnent également des notions de ménage, de tenue de maison de façon à ce qu’à leur sortie les filles puissent devenir femmes de chambre ou filles de service. ♦ L’ouvroir pourra se diviser en deux sections suivant l’âge et les aptitudes de chacun des élèves et selon les exigence et les facilités de service. ♦ Les enfants de la ville pourront être admis à l’ouvroir de 11 à 15 ans. Ils devront payer une rétribution de trois francs par mois environ. ♦ Les filles de la ville sont admises à venir travailler à l’ouvroir pour y faire un apprentissage dans les divers travaux qui y sont pratiqués. Elles doivent entrer et sortir aux heures fixées. Si elles désirent déjeuner ici, elles doivent apporter leur aliments. 118 Il est nécessaire qu’elles respectent le règlement intérieur et la discipline prescrite par la sœur supérieure. ♦ Les filles de l’orphelinat ne paient plus de rétribution à partir de 11 ans. A cet age leur travail ou le produit de leur travail est acquis à l’établissement et leur est alors rétribué selon son importance. ♦ A partir de 15 ans, les orphelines reçoivent un salaire proportionnel à leur travail. Cette somme est déposée à la caisse d’épargne pour être capitalisée et leur constituer un petit pécule à leur sortie. Cette rétribution peut être augmentée du produit des bons points qu’elles ont gagnés jusqu’à l’âge de 15 ans. Une injonction de la cour des comptes de 1901 va faire que dorénavant 1/3 du produit du travail des enfants devra être placé à la caisse d’épargne. ♦ La commission et les dames patronnesses de l’ouvroir se chargent, à leur sortie, de leur trouver une place avantageuse. ♦ En cas de problème après leur sortie, les filles peuvent retrouver un asile temporaire dans la maison si la commission l’accepte. Elles pourront y travailler jusqu’à l’âge de 18 ans sans qu’il leur soit demandé aucune rétribution. Si, par hasard, les filles exprimaient le désir de rester dans la maison après cet âge, c’est la commission qui fixerait les conditions et les clauses. ♦ Pour le développement de l’ouvroir, des maîtresses salariées peuvent être prises à la maison pour exécuter des travaux de blanchissage, repassage ou pour confectionner des objets pour l’extérieur. Tout ce que nous venons de voir concerne le fonctionnement interne de l’orphelinat et de l’ouvroir, mais bien entendu tout cela est régi par des règles scrupuleuses que doivent respecter les enfants. Profil d’une journée type : En été • Lever à 5h15. • A 6h prière. • Après la prière, ménage dans la maison en silence pour les enfants désignés. En ce qui concerne les autres enfants, ils restent à l’ouvroir ou à la classe. • A 7h, déjeuner. 119 • 7h15 récréation pour les petites filles tandis que les grandes terminent le ménage. • 8h rentrée générale et études. • A 9h classe. • Le travail manuel se fait à 11h. • 12h dîner et récréation. • A 1h30, rentrée à l’ouvroir, travail manuel. • Le goûter est à 4h. • A 4h30 rentrée et reprise du travail. • Le souper est servi à 7h puis récréation. • Les enfants font leur prière à 8h puis se couchent. En hiver • Lever à 6h15. • Etude avant le déjeuner. • 12h : déjeuner. • Ménage jusqu’à 8h30. • Le reste de la journée se déroulera ensuite comme en été. Pour les filles venant de la ville, leur entrée se fera à 8h en été et à 8h30 en hiver. Elles prennent leur repas à 12h chez elles ou bien à l’ouvroir, et ce jusqu’à 1h30. Le soir elles sortent à 7h en été et 5h en hiver. En ce qui concerne la discipline, les enfants doivent également respecter les règles : Les heures de lever et de coucher des enfants ainsi que celles des repas et de la classe sont annoncées par le son de la cloche actionnée par l’une des sœurs de la maison. La tenue des orphelins est uniforme, elle doit être décente et convenable. Les cheveux des enfants doivent être coupés tous les mois. Les enfants doivent garder une attitude respectueuse et recueillie pendant les offices et les prières. Ils se tiennent debout et découverts lorsque les personnes de l’œuvre ou les sœurs leur adressent la parole. Le silence est imposé au dortoir, au lavabo, à la salle d’étude, au réfectoire et au lieu d’aisance. 120 Lorsqu’ils se déplacent en commun en dehors de l’établissement, ils doivent marcher avec calme sans cri ni tumulte et former des rangs en se tenant la main deux par deux. Pendant les récréations, les jeux dangereux pouvant dégrader les vêtements sont interdits. Il est défendu de troquer, vendre ou acheter des objets leur appartenant. Les enfants peuvent recevoir de la visite de leur parents ou de leur protecteur, au parloir, aux heures de récréations, le dimanche et les jours de fêtes après les offices. Les visites ne peuvent pas durer plus d’une demi heure. Les comestibles et objets de toute nature, donnés par les visiteurs, doivent être remis à la supérieure qui les délivrent en temps voulu. En cas de non respect de ces règles, la supérieure est amenée à donner des punitions en fonction de la gravité de la faute commise ; allant de la privation de récréation à la plainte portée à la commission voire le renvoi de l’orphelinat. Un maximum trente cinq élèves de l’extérieur peuvent fréquenter l’école. En 1883, le nombre d’élèves de la ville admis à l’école monte à 50, plus 25 élèves de l’orphelinat soit 75 en tout. Un an plus tard, ce sont 80 élèves qui se trouvent à l’école et les sœurs sont au nombre de six. Petit à petit l’orphelinat prend de l’ampleur. En 1886, ce sont 115 élèves qui étudient dans l’établissement. On a ouvert deux classes maintenant : une de 65 élèves et une de 50. De plus, l’orphelinat compte 30 filles et 7 garçons orphelins. Ce nombre ne cesse d’augmenter, il y a 38 filles et 13 garçons en 1893. Cette école est dirigée par une sœur directrice. Une nouvelle école congréganiste est créée, elle est occupée par 140 enfants payant mensuellement 2 francs. Les enfants de l’orphelinat se répartissent en : 49 orphelins dont 30 admis gratuitement, 7 qui paient une partie de la pension et 12 la pension entière. Les trente enfants indigents se répartissent ainsi : - 26 originaires de Corbeil - 2 venant de Soisy sous Etiolles - 2 venant d’Etiolles Au fil des années le prix d’admission des enfants va évoluer avec l’inflation. C’est pourquoi en 1902, le tarif passe à 20 francs par mois, plus le prix du trousseau. 121 Ce prix passera à 420 francs par an soit 35 francs par mois en 1905. A cette époque l’effectif de l’orphelinat est de 7 garçons et de 36 filles. L’école de frères, située au sein de l’orphelinat a été remplacée par une école libre depuis que cette dernière a fermé. Ce sont les garçons qui vont y étudier au lieu d’aller à l’école communale comme le souhaitait Monsieur GALIGNANI. Depuis sa création l’orphelinat subsiste grâce à : ♦ La subvention de l’hôpital hospice qui est de 1500 francs par an ♦ La subvention du bureau de bienfaisance de 1000 francs par an ♦ La subvention de la ville de Corbeil de 1500 francs Mais l’orphelinat, malgré cela, perd de l’argent depuis de nombreuses années. L’hôpital ne peut pas continuer à éponger ses dettes car sa situation financière (comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents) n’est pas des plus florissantes. En 1927, les sœurs de Saint Vincent de Paul se proposent de gérer seules l’orphelinat afin de décharger l’hôpital. Le bail est signé avec les sœurs en 1932. Peu à peu l’orphelinat va être remplacé par la maison de retraite GALIGNANI. Ce sera chose faite vers 1954. l’hôpital et les militaires Pendant la guerre de 1814, l’établissement devient un véritable hôpital militaire. Il est chargé d’accueillir les blessés d’armes ainsi que les malades des troupes alliées. Le règlement intérieur de 1820 nous dit dans son article 13 que les militaires, gens de mer et autres personnes de passage auront le droit à des soins momentanés. Pour cela, ils seront reçus suivant les arrêtés du gouvernement et conformément aux lois. En fait, moins l’hôpital recevra de patients militaires et mieux ce sera car il engage une dépense importante qui n’est souvent pas remboursée. 122 Vingt ans plus tard, l’accueil des patients militaires est encore évitée au maximum. Le règlement intérieur précise bien que les malades militaires ne seront pas admis à l’hôpital sauf exception et notamment si le ministère de l’Intérieur le demande. Pendant la guerre de 1870, des allemands sont également soignés à l’hôpital. Une plainte est déposée par le ministère de la guerre en 1872, car certains militaires en traitement dans les hospices civils sont gardés après leur guérison pour y travailler. En 1880, il sera enfin établi une véritable réglementation sur l’admission des patients militaires. Cette convention est signée par le gouvernement militaire de Paris et le conseil d’administration de l’hospice de Corbeil, elle concerne le traitement des patients militaires ainsi que le paiement des journées d’hospitalisation. L’hospice s’engage à recevoir les militaires malades de passage ou évacués ainsi que les autres catégories de malades déterminées par le règlement sur le service de santé des armées, quelque soit la nature de leur maladie. Toutefois cette obligation est limitée aux ressources de l’établissement. Ces malades seront traités du mieux qu’il est possible afin que la qualité de leurs soins se rapprochent de celle des soins des hospices des villes de garnison. Ils seront soignés par des médecins civils de l’hôpital-hospice. Les malades militaires seront soignés avec le même matériel que les patients civils. Le changement du linge de corps et de la literie se fera chaque fois que la nécessité s’en fera sentir. Les militaires sont soumis au règlement intérieur, à la surveillance et aux contrôles pratiqués dans les services des hôpitaux militaires. L’hospice s’engage à fournir les appareils prothétiques ordinaires qui pourront être achetés dans la localité. Ils lui seront remboursés au prix indiqué sur la facture. Ils ne seront délivrés au patient qu’après avoir accompli toutes les formalités concernant ce sujet. L’administration de la guerre fournira à la commission tous les registres et imprimés nécessaires pour l’établissement des comptes. Les dépenses de reliures régulièrement autorisées par le contrôle local seront remboursées à l’hospice au titre de dépenses diverses. 123 Les paiements auront lieu par trimestre, au moyen de mandats délivrés par l’intendance militaire dans les conditions réglementaires, au nom du receveur de l’hospice. En ce qui concerne les tarifs des journées d’hospitalisation, elles varient en fonction du grade du patient : - Soldats et caporaux : 1 franc 50 - Sous-officiers : 2 francs - Officiers : 3 francs - Officiers supérieurs : 5 francs Il sera payé une somme de 75 centimes pour les sous-officiers et les soldats sortant exceptionnellement de l’hospice après avoir reçu le repas du matin. Les frais de sépulture seront également intégralement remboursés par le ministère de la guerre. Là aussi leur tarif varie en fonction du grade du militaire : - Soldats et caporaux : 22 francs - Sous officiers : 44,40 francs dont deux francs pour une croix - Officiers : 58 francs dont 4 francs pour une croix - Officiers supérieurs : 111,50 francs Voici comment se répartit cette dépense : TABLEAU 5 Tarif du remboursement des frais de sépultures en francs Catégorie Service suaire cercueil fosse Transport Croix cimetière tombale total décédée religieux soldats gratuit 2 9 3 6 Caporaux 16,90 3 9 3 10,50 5 47,50 28,50 3 9 3 10,50 15 69 officiers 57 4 30 3 13,50 30 137,50 Officiers 102 5 50 3 15 30 205 20 6è classe Sousofficiers supérieurs 124 Les patients civils vont avoir vent de ce traité signé avec les militaires et en 1900 le prix de journée des civils devra être aligné sur celui pratiqué pour les militaires. Pendant la guerre 1914-1918, le prix de journée des hospitalisations des militaires augmente. Il passe à 3 francs pour les soldats, caporaux et sous-officiers, à 4 francs pour les officiers et à 5 francs pour les officiers supérieurs. De plus, l’établissement fait payer le prix des douches 5 centimes par homme et il ne lui sera pas fourni de linge. Le comité américain fait don à l’hôpital de linge et d’objets de pansements. Le nombre de soldats soignés dans l’établissement n’est pas très important, par contre on compte de nombreux réfugiés étrangers, notamment belges. Sur 150 personnes hospitalisées en 1916, le nombre de militaires et de mobilisés était de 20 environ. Toujours en 1916, une circulaire demande au président de la commission de bien vouloir mettre de côté tout ce qui pourrait contenir du coton afin d’alimenter le service des poudres. En 1921, le prix de la journée d’hospitalisation pour les militaires est de 6,50 francs pour les caporaux et les soldats, de 6,70 francs pour les sous-officiers et de 10,90 francs pour les officiers de sous grades. Pendant la guerre de 1939-1945, un pavillon des tuberculeux est affecté aux malades militaires mais ils sont traités par le chirurgien de l’établissement car ils ne sont pas assez nombreux pour faire venir un médecin militaire, d’après le service de santé des armées. En effet, cette salle ne contient que 50 lits. En 1940, l’établissement demande à monsieur le Préfet l’évacuation du nouveau pavillon des tuberculeux actuellement occupé par des troupes allemandes. Cette demande est justifiée par le fait que le déficit de l’hôpital s’agrandit. En effet, les modalités d’emprunt ont débutées suite à la construction de ce nouveau bâtiment mais les allemands ne payent pas de prix de journée c’est donc un manque à gagner pour l’établissement. Un an plus tard, ce bâtiment est enfin évacué. Les prisonniers allemands qui sont traités pour des soins chirurgicaux sont placés dans une salle spécialement aménagée au rez-de-chaussée du bâtiment des vieillards, par mesure de sécurité. Une affiche est collée sur les planches qui recouvrent leur fenêtres à mi-hauteur, où est inscrit : « par respect pour les morts de Buchenwald et d’Oradour-sur-Glane et des victimes des assassins nazis, il est formellement interdit de parler aux prisonniers et de donner quoique se soit aux prisonniers allemands qui sont traités conformément à la convention de Genève ». 125 En 1949, le prix de journée pour les militaires est toujours modéré. Pour les caporaux et les soldats, une journée d’hospitalisation en médecine revient à 552 francs et en chirurgie à 608 francs. Pour les sous-officiers, la journée en médecine est de 607 francs et en chirurgie de 657 francs. En ce qui concerne les officiers subalternes, en médecine ils payent 865 francs et en chirurgie 936 francs et enfin pour les officiers supérieurs, la journée en médecine est au prix de 899 francs et dans le service de chirurgie de 975 francs. Ces mêmes tarifs sont appliqués aux membres de leur famille non assurés sociaux. C) de l’hôpital hospice à l’hôpital moderne Au début du vingtième siècle, l’hôpital hospice GALIGNANI, va peu à peu amorcer sa mutation vers l’hôpital moderne. Il va commencer par améliorer les conditions d’accueil des patients et ensuite grâce aux différentes lois qui vont être établies par le gouvernement le « malade objet de droit va devenir sujet de droit ». Les conditions d’admissions des patients s’améliorent donc doucement et c’est ainsi qu’en 1931 est mis à la disposition des malades et des visiteurs un cahier de réclamations, et ce, dans chaque service. De plus, en 1933, les heures de visites aux malades sont élargies. Dorénavant, leurs familles peuvent venir les voir de 13 heures à 14 heures tous les jours, sauf le dimanche, de 13 heures à 15 heures. A partir de 1935, ce sera de 12h30 à 13h30 et les jeudi, dimanche et jours de fêtes de 12h30 à 15 heures. En 1938, des mesures sont prises en vue d’une défense passive de l’hôpital car la situation diplomatique devient de plus en plus critique. Tout d’abord, aménagement des caves en vue de la protection contre les bombes explosives ainsi que des greniers avec constitution d’un stock de sable pour la défense contre l’incendie. Des précautions sont prises par le service de la pharmacie, contre les gaz toxiques, conformément aux instructions de la circulaire préfectorale. L’établissement procède à l’achat de pioches et de pelles pour creuser des tranchées, des abris à l’extérieur et pour dégager les issues des caves. 126 Une salle d’opération de secours est organisée dans la salle des plâtres. En effet, celle-ci est muni de volets opaques qui la rende invisible de l’extérieur. Des mesures particulières concernant le statut de l’hôpital sont prises par la commission supérieure départementale des hôpitaux en 1939 : • Le classement des hôpitaux • La réorganisation des circonscriptions hospitalières • Le statut du personnel médical avec de nouvelles conditions d’admission des malades payants L’hôpital décide de fixer à 15% le montant du prélèvement au bénéfice de l’établissement sur les honoraires médicaux et chirurgicaux. Celui-ci sera payés par tous les malades, assurés sociaux ou non assurés, en sus du prix de journée. La loi du 29 juillet 1939 institue un nouveau régime de prime à la naissance pour tous les travailleurs ainsi que des allocations familiales. Ces établissements doivent être obligatoirement affiliés au fond national de compensation. Le fond est destiné à répartir entre les collectivités les charges résultant des primes à la naissance et des allocations familiales qu’elles sont tenues de verser à leur personnel. Ce n’est qu’à partir de 1950 que les visites des patients sont autorisées deux fois par jour, de 13 heures à 15 heures et de 18 heures à 20 heures. Les heures des repas, elles aussi évoluent. Les repas sont à 7 heures pour le petit déjeuner, 11 heures pour le déjeuner et 5 heures du soir pour le dîner, ceci pour les adultes. La seule chose qui change pour les enfants, c’est le petit déjeuner qui est à 7h30. En ce qui concerne les heures de lever et de coucher, il existe également une règle : ♦ 7 heures pour le lever et coucher à l’entrée de la nuit, pour les valides ♦ 7 heures en hiver et 6 heures en été pour le lever des vieillards et incurables avec un coucher à 8 heures du soir ♦ pour les enfants, lever à 7 heures en été et 8 heures en hiver et coucher à 8 heures en été et 7 heures en hiver Au cours de ces années, les malades psychiatriques sont placés dans des structures spécialisées en dehors de l’hôpital. « Le nombre de malades mentaux a augmenté dans des 127 proportions considérables et les doctrines médicales ont évolué : on s’efforce de créer des hôpitaux psychiatriques complets et ouverts, en supprimant dans l’architecture tout esprit carcéral »1. « Une circulaire du 5 décembre 1958 sur l’humanisation des hôpitaux insiste sur 5 points : 1. les visites 2. la présence d’un membre de la famille auprès des hospitalisés 3. les effets personnels du malade 4. les horaires de lever et de coucher ainsi que des repas 5. l’accueil des malades et des visiteurs »2 Mais ces règles ne sont appliquées que par une minorité d’établissements. En 1970, les horaires du lever et du coucher des patients sont abolis. Le déjeuner est désormais servi à 12h30 et le dîner à 19 heures. Le 5 juin 1961, l’hopital hospice Galignani est classé dans la catégorie des Centres Hospitaliers dits de « 2ème catégorie-1er groupe » et prend le nom de Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes. Il va connaître une mutation rapide et profonde de son organisation, de son activité et de ses effectifs au cours des 20 années qui suivent. Cette période est marquée par : • Le développement de l’exercice médical à plein temps, qui ira s’accélérant pendant la décennie de 1970. • L’ouverture de nouvelles activités et spécialités médicales : SMUR, réanimation, chirurgie spécialisée, techniques d’imagerie, cardiologie, endocrinologie, neurologie, gastroentérologie, rhumatologie, dermatologie, soins intensifs cardiologiques. • Le fonctionnement médical 24 heures sur 24, autorisant une prise en charge efficace de la plupart des situations d’urgence. 1 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.65. CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p. 94. 128 • Le développement de l’activité de consultations externes. • Le développement de la psychiatrie de secteur, dans des structures extra-hospitalières. A la fin des années 1970, le centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes a une organisation et un potentiel d’hôpital moderne, dans des locaux de 120 ans arrivés à l’extrême limite de leur potentiel, éparpillés dans trois pavillons principaux (médecine et spécialités, chirurgie, pneumologie) et des bâtiments pré-fabriqués (cardiologie, neurologie, pédiatrie). Les conditions d’admission des malades évoluent de plus en plus. Comme la charte de 1958 n’est pas suivi, « en 1974, est publiée une charte du malade hospitalisé, qui doit être remise aux malades lors de leur admission en même temps qu’un livret d’accueil : cette charte constitue une déclaration solennelle des droits du malade et notamment de son droit absolu au respect de sa dignité et de sa personnalité »1. Voici les principales idées du décret du 14 janvier 1974 qui établi les droits inaliénables du patient : 1. la liberté de pensée 2. le droit d’aller et venir qui peut cependant être limité pour des raisons médicales 3. le droit à l’intimité 4. le droit à l’anonymat 5. le droit à la réclamation A partir de la deuxième moitié du XXè siècle, l’hôpital français devient un hôpital bloc, une usine à soins. Il comprend uniquement des chambres à deux lits ou individuelles. Les chambres de plus de deux lits sont très rares, elles se trouvent, pour la plupart, dans les services de réanimation qui nécessitent une surveillance étroite. La part réservée à l’hospitalisation n’est plus que de 50%, le reste de la surface est destiné au plateau technique. Alors que l’hôtellerie occupait 80% au début du siècle, de nos jours elle n’en occupe que la moitié. Au fil des années, les services spécialisés augmentent aux dépens des lits de vieillards non malades. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.75. 129 Inauguré en septembre 1985, « Gilles de Corbeil » est un hôpital dérivé du modèle « Fontenoy » en vogue dans les années 70, construit sur un terrain à grand dégagement et bénéficiant d’un point de vue en surplomb sur une boucle de la Seine. D’une surface de 36 000 mètres carrés de planchers, il adopte la forme générale d’une croix et se développe sur huit niveaux, dont deux sont pour partie en sous-sol, du fait de la déclivité du terrain. L’hospitalisation est concentrée sur les quatre niveaux supérieurs. Chaque niveau comporte quatre ailes, chacune étant orientée vers un des quatre points cardinaux et organisée autour d’un patio intérieur. Chaque aile correspond à une capacité de trente lits, disposés dans des chambres de un ou deux lits, toutes équipées de sanitaires avec douche, certaines d’entre elles permettant de passer d’une configuration à l’autre, grâce à des cloisons coulissantes. Le couloir de desserte des chambres donne également sur le patio, ce qui le rend très lumineux, au prix d’une augmentation des déplacements du personnel. Les décorations intérieures sont conçues avec des touches de couleurs vives sur fond blanc. La partie centrale est occupée par le bloc des ascenseurs et l’orientation dans le bâtiment est facile. Le plateau technique est regroupé pour l’essentiel au premier sous-sol, ou l’on rencontre successivement le SAMU, les urgences avec un secteur de déchocage, la radiothérapie, l’imagerie diagnostique et interventionnelle, le bloc opératoire et le service de réanimation polyvalente. Cette concentration facilite grandement l’accueil des urgences en général et surtout l’exploration et la prise en charge multidisciplinaire des détresses vitales d’origine médicale ou traumatique. Les consultations externes sont regroupées au rez-de-chaussée, à proximité du hall d’accueil général. Trois exceptions, pour les consultations d’obstétrique, de biologie et de radiologie, qui bénéficient toutes d’un circuit d’accès réservé, par l’extérieur du bâtiment. Il en est de même pour les patients pris en charge par le service de radiothérapie. 130 L’organisation en services de spécialités a été conservée, mais l’architecture ne constitue pas un obstacle au fonctionnement collégial et multidisciplinaire, les déplacements entre les différentes unités étant très faciles. Au total, ce bâtiment offre une grande efficacité et un réel confort d’utilisation, qui se sont traduits par un succès immédiat et confirmé. De nouvelles disciplines et de nouvelles pratiques se développent rapidement : diabétologie, hématologie, hôpital de jour, hospitalisation de semaine, coronarographie interventionnelle. Au chapitre des défauts, on peut citer la quasi-impossibilité de procéder à une extension des surfaces du bâtiment et des embouteillages chroniques, du fait d’un plan de circulation des véhicules de visiteurs mal conçu et d’une insuffisance en places de parking pour l’affluence. En 1995, « une circulaire précise les droits des malades et exige qu’ils soient affichés et remis en mains propres à chaque patient lors de son entrée dans l’hôpital. Cette charte est résumée ainsi : 1. Le service public hospitalier est accessible à tous et en particulier aux personnes les plus démunies Il est adapté aux personnes handicapées. 2. Les établissements de santé garantissent la qualité des traitements des soins et de l’accueil. Ils sont attentifs au soulagement de la douleur. 3. L’information donnée au patient doit être accessible et loyale. Le patient participe aux choix thérapeutiques qui le concernent. 4. Un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient. 5. Un consentement spécifique est prévu, notamment pour les patients participant à une recherche biomédicale, pour le don et l’utilisation des éléments et produits du corps humain, et pour les actes de dépistage. 6. Le patient hospitalisé peut, à tout moment, quitter l’établissement, sauf exceptions prévues par la loi, après avoir été informé des risques qu’il encourt. 7. La personne hospitalisée est traitée avec égards. Ses croyances sont respectées. Son intimité doit être préservée ainsi que sa tranquillité. 8. Le respect de la vie privée est garanti à tout patient hospitalisé ainsi que la confidentialité des informations personnelles, médicales et sociales qui le concerne. 9. Le patient à accès aux informations contenues dans son dossier, notamment d’ordre médical, par l’intermédiaire d’un praticien qu’il choisit librement. 131 10. Le patient hospitalisé exprime ses observations sur les soins et l’accueil, et dispose du droit de demander réparation des préjudices qu’il estimerait avoir subis »1. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : la mutation de l’hôpital, op. cit. p.95. 132 7) LA GESTION DE L’ETABLISSEMENT AU FIL DES ANNEES A) La Commission Administrative « Un régime uniforme pour tous les hôpitaux est institué par la loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796) : les administrations municipales ont désormais la surveillance immédiate de tous les établissements hospitaliers situés dans le ressort administratif. Pour exercer effectivement leurs pouvoirs, les municipalités désigneront une commission composée de cinq citoyens du canton »1. En 1823, la commission administrative se compose donc de cinq membres. Deux de ces membres, sont chargés de l’admission des malades et de la surveillance intérieure, un troisième se charge de la surveillance du mobilier et des autres biens de l’hospice, ainsi que de leur entretien. Le quatrième membre, appelée ordonnateur s’occupe de l’examen général de la comptabilité et de l’exécution des budgets de chaque année et la cinquième, est chargé de l’approbation des mémoires produits par les fournisseurs, de la vérification des comptes généraux et particuliers ainsi que de la surveillance des paiements et du secrétaire. Monsieur le Maire préside la commission qui se réunit chaque premier lundi du mois. « Il paraît juste de reconnaître comme membres nés de l’administration des hospices, les maires des lieux où ils sont situés ; ils doivent en avoir la présidence et en cas de partage, leur voix doit être prépondérante »2. Les sous-préfets et le préfet jouent également un rôle important dans l’administration hospitalière. «Tous les plus grands actes de la gestion hospitalière (aliénation, réquisitions, baux à long terme, grosses réparations ou constructions nouvelles) doivent avoir l’accord du pouvoir central »3. La commission a pour rôle également de désigner son secrétaire aux premières séances de janvier et de juillet. Lors de ces réunions, elle s’occupe de la police intérieure de l’hôpital, de l’entretien des bâtiments et du mobilier, des feuilles de mouvement qui lui sont présentées par les sœurs hospitalières et enfin de tous les projets relatifs à l’administration. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.38. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p. 45. 3 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.46. 2 133 Lors des premières séances de janvier, d’avril, juillet et octobre de chaque année, elle examine le compte du receveur, l’arrête définitivement avec le conseil de Charité et dresse le budget qui doit être présenté au conseil Municipal. Elle présente également le rapport moral de l’établissement. La commission fournit donc tous les registres nécessaires à la sœur Supérieure et au receveur pour bien tenir leur comptes. Toutes les délibérations sont consignées par le secrétaire sur un registre spécifique, conservé aux archives après avoir été signé par tous les administrateurs. L’administrateur chargé de la surveillance des bâtiments doit les visiter régulièrement et établir un rapport sur leur état destiné à la commission. Celle-ci prend alors les mesures nécessaires à leur entretien et vote chaque année le budget correspondant au montant des travaux. La commission dresse également l’inventaire des effets mobiliers appartenant à l’établissement et vote le remplacement des matériels défectueux L’administrateur doit également s’occuper de l’entretien des extérieurs et notamment veiller à ce que les arbres soient bien coupés près de la salle Saint-Vincent, de façon à ce que les malades aient suffisamment d’ombre et qu’ils aient une « promenade saine ». Enfin, la commission veille au bon respect du règlement intérieur, sous la surveillance de Monsieur le Maire et celle de Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement. En 1840, les attributions des membres de la commission n’ont guère évolué. A tour de rôle, un membre de la commission est chargé, pendant un mois, de surveiller quotidiennement les parties du service intérieur. Il pourvoit aux imprévus et en rend compte à la commission dans sa première réunion . Si l’administrateur de service reconnaît qu’il y a abus dans le retard de sortie d’un patient, il pourra en référer à la commission, même si le médecin n’a pas délivré le bon de sortie. La commission fait tenir par ses employés un registre de ses délibérations, un registre copié de lettres, sommaire des propriétés et des rentes appartenant à l’hôpital, un registre matricule de la population constatant jour par jour les entrées et les sorties, un registre destiné à constater les dépôts et les rentrées des effets mobiliers. Ces différents livres sont cotés et paraphés par le vice-président de la commission administrative. La commission administrative a sous ses ordres les employés et agents de service qui travaillent dans l’établissement. Elle peut, si l’usage s’en avère nécessaire, faire appel à des individus salariés de façon exceptionnelle. 134 « La loi de 1879 porte le nombre de membres de la commission administrative à sept : ♦ le Maire président ♦ deux conseillers municipaux élus par le conseil municipal ♦ quatre autres membres nommés par le Préfet »1 Le règlement intérieur change peu au fil des années mais devient plus précis. Le rapport du conseil d’administration de 1890, nous livre le nouveau règlement. Quelques modifications concernant l’administration sont à noter. Dorénavant la commission se réunit à 9h30 du matin dans l’établissement confié à ses soins. D’après l’article 5 de ce règlement : La commission administrative a sous ses ordres les employés et agents de service dont la nomenclature suit : Un secrétaire Un receveur réunissant les fonctions d’économe Un médecin chef exerçant la chirurgie (résidant à Corbeil) Un médecin adjoint exerçant la chirurgie (résidant à Corbeil) Une sage femme Des sœurs hospitalières de la congrégation de Saint Vincent de Paul actuellement au nombre de onze, dont une a le titre de supérieure et en remplit les fonctions Un aumônier Des infirmiers actuellement au nombre de deux Des femmes de services actuellement au nombre de six Article 8 : La commission à chaque fois qu’elle le juge nécessaire, peut vérifier les écritures en la caisse du receveur. Article 9 : Le secrétaire est nommé par la commission administrative. Il est attaché aux travaux de la commission, il prépare la correspondance, tient le registre des délibérations et tous les autres registres du service administratif. Il dresse les états mensuels et trimestriels, il prépare l’expédition des ordonnances de dépenses. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.38. 135 Article 10 : Le receveur est nommé par le Préfet, l’économe est nommé par la commission administrative, les fonctions de receveur et d’économe peuvent être cumulées. Ce cumul existe de fait depuis longtemps dans l’établissement pour l’application de la circulaire de Monsieur le Ministre Secrétaire d’Etat de l’Intérieur du 20 septembre 1836. Article 11 : Le receveur économe assiste à toutes les séances sans prendre part aux votes. Il tient pour la gestion des deux comptabilités en deniers et en matières les livres, enregistre les registres prescris par les instructions. A travers les extraits des règlements intérieurs successifs, nous constatons que l’administration a les pleins pouvoirs au sein de l’établissement. C’est elle qui autorise toute entrée ou sortie d’un malade, décide de l’obtention de tel ou tel matériel, recrute et dirige tous les employés. Même le personnel médical est entièrement sous son autorité. Rien n’est fait dans l’hôpital sans son approbation, tant au niveau du personnel que du matériel. En 1917, les services de l’établissement sont divisés en cinq parties, dont chacune est surveillée par un membre de la commission administrative en vue d’affiner les contrôles et de clarifier la répartition des compétences : 1. Première partie : potagers, jardins, vergers, terres de cultures et cours. 2. Deuxième partie : chauffage, éclairage, eau, gaz, bain et lessive. 3. Troisième partie : travaux et réparations d’entretien aux bâtiments et clôtures. 4. Quatrième partie : nourriture, approvisionnement, basse-cour, et communs. 5. Cinquième partie : mobilier, lingerie, salle d’opération, pharmacie et service intérieur. A partir de 1929, on voit apparaître deux délégués du Conseil Municipal dans les fonctions d’administrateurs de l’hôpital. L’organisation hospitalière se voit également modifiée. Et en 1930, un directeur est nommé par le Préfet car l’établissement s’est beaucoup agrandit. Ce sera lui désormais qui dirigera la commission administrative. En 1932, la commission décide avec les autres hôpitaux du département de créer une union hospitalière de Seine et Oise. Cette union regroupe les commissions administratives de tous les hôpitaux du département et semble nécessaire car : Le rôle social des hôpitaux est de plus en plus important 136 Les questions administratives sont de plus en plus nombreuses et complexes et exigent un examen des plus attentifs Il y a utilité de créer un organe de liaison pour resserrer les liens existant entre les différents centres hospitaliers afin de rechercher en commun les moyens de défendre leurs intérêts et d’étendre l’action de l’assistance hospitalière A partir de 1938, la commission applique de nouvelles règles qui sont dues au transport de l’administration au niveau départemental : Le directeur est proposé par la commission administrative à l’agrément du préfet Les médecins, chirurgiens, et spécialistes sont également proposé par la commission mais leur candidature doit être ratifiée par le Préfet Le choix des internes est fait par une commission présidée par le Préfet Le personnel est nommé par la commission administrative, leur effectif et leur répartition est fixé par un règlement extérieur délibéré sous 2 mois par la commission et approuvé par le Préfet Aucune dépense extraordinaire ne sera engagée sans qu’elle soit autorisée par le Préfet Petit à petit, l’installation des directeurs (dans les établissements de soins), « dont les pouvoirs vont se substituer à ceux du président de la commission administrative, va transférer la direction des hôpitaux et hospices des communes à l’état »1. Ses pouvoirs vont se renforcer au fur et à mesure des années pour finalement effacer totalement ceux du Maire président. Au final, en 1970, le maire président est dépossédé de son rôle de représentant légal de l’établissement. En 1939, la commission admet un membre du personnel médical au sein du conseil d’administration, l’heure des réunions est fixée à 15h30. A partir du vote de la loi du 21 décembre 1941 sur les hôpitaux, la commission administrative sera composée de : 1 directeur nommé par le Préfet 2 membres, présentés sur une liste par le Conseil Municipal et qui seront définitivement choisis par le préfet 1 médecin désigné par le conseil départemental de l’ordre 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.41. 137 1 représentant des caisses d’assurance sociale désigné par le président du conseil d’administration de l’union régionale des caisses 2 autres membres choisis par le Préfet et proposés par la commission Les membres de la commission administrative sont nommés pour trois ans au lieu de quatre jusqu’à présent, mais ils peuvent être renommés à la fin de leur « mandat » La loi prévoit un directeur dans tous les établissements comportant plus de 200 lits, il est nommé par le préfet après concours. Il est chargé des décisions de la commission administrative et assure la direction des services. De plus il nomme le personnel administratif, hospitalier et secondaire à l’exclusion du receveur. Quant aux membres du personnel médical, ils sont tous nommés par le préfet sur proposition du directeur régional de la santé et choisis sur une liste d’aptitude à la suite d’un concours sur titres ou sur épreuves. En 1943, il est créé une commission chargée d’examiner toutes les questions d’entretien, d’hygiène et de salubrité que soulève le fonctionnement des services hospitaliers et de proposer éventuellement l’exécution de travaux indispensables. Cette commission est instaurée sur proposition du corps médical. L’heure des réunions de la commission passent de 15h30 à 10 heures du matin puis, elle devient mensuelle à 20 heures en 1945. La commission médicale consultative émet ses premiers vœux : 1. Création d’un service d’ORL car : les patients de cette spécialité sont éparpillés dans les services de chirurgie déjà surchargés ils ont besoins d’une surveillance particulière et d’une personne qualifiée il existe un service d’ORL dans tous les hôpitaux de quelque importance la technique est différente en chirurgie générale et en spécialité il est impossible de surcharger le pavillon opératoire 2. Organisation d’un bloc opératoire isolé pour l’ORL, l’ophtalmologie et la stomatologie qui comprendrait : une salle d’examen, une salle d’intervention et une salle pour les malades. 3. Création d’un service de contagieux. Il était déjà prévu dans le pavillon « le Chalet » et temporairement occupé par les rapatriés et les prisonniers allemands 4. Organisation du personnel par la commission administrative mais en tenant compte des avis des chefs de service et du personnel infirmier 138 5. La commission consultative désirerait également donner son avis sur les notes de services, les certificats des internes et des infirmières 6. La nomination urgente d’une surveillante générale pour les services de chirurgie afin de faciliter l’organisation du travail et de coordonner les différentes équipes 7. Faire appliquer le coefficient des malades de première catégorie soit k=40 « Depuis le XIXè siècle, il est apparu nécessaire d’adjoindre à la commission administrative des médecins et, depuis 1945, des délégués de la sécurité sociale qui participe de plus en plus au financement des hôpitaux.(…) Les lois de 1970 et de 1991 ont modifié la dénomination et la composition de la commission administrative : elle s’appelle désormais conseil d’administration et, si nous en croyons le décret 92-371 du 1er avril 1992, ce conseil a été sensiblement élargi. (…) Le nombre des membres est porté de 16 à 23 dans les centres hospitaliers non centres hospitalo-universitaires, de 25 à 32 dans les centres hospitaliers universitaires, de 9 à 19 membres dans les hôpitaux locaux.(…) On notera l’arrivée de deux nouveaux membres de droit dans ces conseils : le vice-président de la commission médicale d’établissement et un représentant de la commission du service des soins infirmiers. Le président du conseil d’administration est le Maire dans les établissements communaux, le président du conseil général dans les établissements départementaux »1. B) Le budget En 1814 il existe peu d’établissements de soins dans l’arrondissement. Les communes limitrophes qui font hospitaliser leurs malades à Corbeil sont redevables de 400 francs par an comme rente foncière et paient 1,50 francs par jour et par malade admis à l’hôpital. Un an plus tard apparaît la fondation de lit, c’est à dire la réservation d’un lit à l’hôpital au bénéfice de malades indigents par versement d’une rente à l’état. Cette fondation est contractée pour une durée de soixante ans et si la personne indigente décède, on cherche un administré de la même commune pour la remplacer. Les revenus de l’établissement, en 1817, se répartissent comme suit : 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.77. 139 1 franc pour chaque jour de séjour 2 francs pour une sépulture 30 centimes par jour pour les hospices des villes où les denrées de première nécessité sont au plus haut prix 40 centimes accordés à l’hospice pour le souper des détenus et 70 centimes pour la journée de chaque malade prisonnier la dépense des journées des militaires est en totalité à la charge de la masse de tous les hospices et donc une source de dépenses L’hôpital fournit les draps à la gendarmerie et à la maison d’arrêt. Les conditions de paiement et les règles de tenue des registres de comptabilité sont regroupées dans un extrait des délibérations des membres du conseil d’administration de 1819 : Art 1 : La supérieure continuera de recevoir les recettes de journées des malades civils tous les mois auprès du trésorier après avoir été ordonnancées. Toute autre recette sera faite par le trésorier directement. Art 2 : La supérieure sera chargée de ne payer que les menus de comestibles. Elle sera donc remboursée tous les mois après avoir été ordonnancée. Art 3 : Elle configurera les recettes et dépenses sur le registre à ce destiné. Art 4 : A l’égard des dépenses de pain, vin, viande et fournitures de l’épicier ; elles seront acquittées directement par le trésorier. Art 5 : Quant aux dépenses relatives au traitement des médecins, pharmaciens, chirurgiens, gages des employés et servants ; elles seront acquittées de même par le trésorier après avoir été ordonnancées et après l’observation des formalités exigées par la loi. Art 6 : L’ordonnateur aura soin de chaque ordonnance qu’il délivrera. Cette année, c’est Monsieur PETIT qui est nommé trésorier, charge pour laquelle il reçoit un traitement de 400 francs. Avec la construction des douches et des bain , une autre source de revenus apparaît : Douches : 2,50fr ¼ d’heure à ½ heure Bain de vapeur : 2,50fr Bains médicamenteux : 1,50fr 140 Fond de bain : 1,25fr Peignoir : 1,20fr Serviette : 1,10fr Comme l’établissement se doit de recevoir les patients des communes limitrophes, il doit s’assurer de leur solvabilité afin de garantir ses. Ainsi, en 1827, de nouvelles règles apparaissent, propres à assurer le règlement des frais aux établissements. A compter de cette date, aucun malade autre que ceux qui ont le droit d’être admis gratuitement, ne sera reçu sous quelque prétexte que ce soit, s’il n’a pas préalablement versé à l’administrateur un mois d’avance, à raison de 1,25 francs par jour. S’il ne peut s’acquitter de cette somme, il devra présenter une obligation de payer, souscrite en sa faveur, par un propriétaire solvable de l’arrondissement. L’administrateur devra en faire mention sur le billet d’admission. En cas de sortie ou de décès avant la fin du premier mois, il sera acquis à l’établissement le prix de huit jours, même si le malade y a séjourné moins de temps. Au-delà des huit jours, on retiendra la somme calculée au prorata de la durée exacte du séjour, l’excédent étant rendu au sortant ou à ses héritiers, si la demande en est faite dans les six mois suivant la sortie ou le décès. Ce délai expiré, les excédents reviendront irrévocablement à l’hospice. En 1830, les détenus aliénés sont traités à l’hospice moyennant un prix de journée de 1,25 francs, payé sur les fonds du département. Ce prix de séjour comprend les bains ou douches pris par les patients aliénés détenus. Les établissements fourniront les aliments et les médicaments prescrits par le médecin. Au fur et à mesure des années, les patients militaires deviennent plus nombreux dans les finances de l’établissement. L’hospice a reçu en 1834, mille vingt huit militaires malades. En 1835, le ministère de la guerre demande que les militaires soient placés dans une salle séparée des fiévreux et des autres malades. Pour accéder à cette demande, le conseil d’administration réclame une allocation de 4 000 francs au ministre de la guerre. Les ressources de l’hospice se composent des revenus fixes et des revenus ponctuels. Les revenus fixes, composés des fermages d’immeubles et des intérêts de fonds placés, sont évalués à 11 419 francs. Les revenus ponctuels comprennent les journées des malades militaires et civils, les soupes des détenus et les subventions de la commune. 141 Lorsque des dépenses imprévues viennent grever les ressources de l’établissement comme par exemple lors de l’épidémie du choléra, il faut s’adapter et créer de nouvelles recettes. On tente alors de revaloriser la fondation de lit en baissant son prix à 400 francs au lieu de 500, comme le décrit l’article 10 du règlement intérieur de l’hôpital : « la commission acceptera la fondation de lits qui lui seront proposés par une ou plusieurs personnes en faveur des malades indigents d’une ou plusieurs communes de l’arrondissement de Corbeil en assurant en rente sur l’état ou par voie hypothécaire un revenu de 400 francs par an pour chaque lit. Au moyen de cette prestation, l’hôpital se chargera de fournir le mobilier nécessaire à chaque malade suivant l’usage de l’établissement et sauf exceptions ». En 1838, le prix de journée des aliénés augmente à 1,50 franc. Les soupes servies à la maison d’arrêt rapportent 36 centimes par ration et il y a 33 individus à nourrir. A travers un extrait des délibérations du conseil d’administration de 1840, nous voyons comment était constitué le budget de l’hôpital. BUDGET DE L’EXERCICE DE 1840 Titre I : recettes Chapitre 1 : recettes ordinaires Art 1 : loyer des maisons 510 Art 2 : fermage ou argent des biens ruraux 3980 Art 4 : rente sur l’état 1444 Art 5 : rente sur particuliers 47 Art 9 : gains des fonds placés au trésor 100 Art 10 : fonds alloués sur l’octroi 900 Art 13 : journées militaires 700 Art 22 : journées des malades civils 1800 Art 23 : soupers fournis aux détenus 1400 Art 24 : intérêts de prix d’immeubles 1100 Total recettes ordinaires = 11981 142 Titre II : dépenses Chapitre 2 : dépenses ordinaires Art 1 : traitement du médecin en chef Art 2 : traitement des employés de l’administration 300 1050 Art 3 : gage des préposés et servants 300 Art 4 : réparation et entretien des bâtiments 400 Art 5 : entretien du jardin 200 Art 6 : entretien du mobilier et ustensiles 200 Art 7 :dépenses du coucher 300 Art 8 : linge et habillement 800 Art 9 : pain 2000 Art 10 : viande 1500 Art 11 : vin 600 Art 12 : comestibles 1300 Art 13 : menus objets de consommation 150 Art 14 : blanchissage 250 Art 15 : chauffage 1000 Art 16 : éclairage 150 Art 17 : dépenses de pharmacie 150 Art 19 : entretien et réparation des propriétés 200 Art 23 : frais de bureau 180 Art 24 : dépenses imprévues 300 Art 25 : remises du receveur 400 Art 26 : cotisations pour assurance des valeurs mobilières et immobilières 40.63 Total des dépenses ordinaires = 11920.63 Nous constatons que le budget ne permet pas la survenue d’évènements extraordinaires qui pourraient vite le déséquilibrer. Dans ces conditions il est difficile de faire face aux dépenses imprévues et d’améliorer le confort des patients. « Jusqu’au XIXè siècle les maigres ressources qui ont été dispensées aux hôpitaux pendant les trois derniers siècles de l’ancien régime et pendant la révolution leur 143 permettent à peine de faire face aux besoins journaliers, et il ne peut alors, pas être question d’entreprendre des innovations architecturales »1. En 1844, certains détenus malades sont traités à l’infirmerie de la prison pour un franc et d’autres sont gardés à l’hospice pour 1,25 francs. Ce prix est le même pour les indigents de Corbeil et des autres cantons. Le prix de journée est fixé par le préfet. Pour les malades ordinaires qui ne sont pas de la commune de Corbeil, il est également de 1,25 fr/jour. Par contre, les habitants de Corbeil ne payent que 1 fr/jour. La commission recherche tous les moyens pour augmenter ses revenus afin de réaliser les travaux qui permettraient un meilleur accueil des patients. C’est pourquoi en 1859, ils aliènent les biens ruraux pour les transformer en rente. Avec le tableau 6 suivant, nous pouvons évaluer l’importance de ces biens ruraux et les ressources qu’ils suscitaient à l’établissement. TABLEAU 6 Nombre et contenance des pièces de terres, du prix et de l’expiration des baux des biens ruraux possédés par l’hôpital de Corbeil communes St-pierre-duPéray Essonnes Corbeil Longpont Athis-mons CoudrayMonceaux Montgeron Villeneuve saint Georges Crosne MoissyCramayel Lieusaint 1 Nombre de pièces 1 contenance 1hc,26,54 Prix de fermage 105 7 1 1 1 1 18hc,51,78 0hc,77,08 0hc,80,60 0hc,54,92 4hc,29,23 1481,55 59,45 40 80 390 11/09/1860 11/09/1861 10 1 7hc,32,34 0hc,34,19 695 41 11/09/1865 3 16 0hc,40,80 10hc,93,99 341 1338,30 1 0hc,87,41 82,30 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.54. Expiration des observations baux 11/09/1859 11/09/1862 11/09/1863 11/09/1863 Seine et Oise Seine et Marne 144 Les revenus qu’apportent les biens ruraux sont une des ressources les plus importantes de l’hôpital. Les communes qui rapportent le plus à l’établissement sont les communes d’Essonnes et de Moissy-Cramayel. Les femmes indigentes logées au bureau de bienfaisance payent ce qu’elles peuvent et, cette année, elles ont pu donner un loyer de 360 francs. Puis en 1862, les administrateurs demandent l’autorisation au préfet d’augmenter le prix de journée des malades du canton à 1,50 fr/jour au lieu de 1,20 fr/jour afin de mieux faire face aux dépenses. Celui-ci accepte 1,25 fr/jour mais pas plus. Le prix ne passera à 1,50 fr/jour qu’en 1863 pour les incurables et les indigents des communes dans lesquelles il n’existe pas d’établissement hospitalier. Le prix de journée des militaires est de 1 fr/jour. La fondation d’un lit passe alors à 550 francs avec une rente à 3%. C’est à cette époque qu’apparaissent les bienfaiteurs de l’hôpital hospice, les frères GALIGNANI. Grâce à ces deux hommes, non seulement les corbeillois vont avoir un nouvel hôpital mais ils auront également un orphelinat, une école gratuite publique de filles et un asile pour les enfants en bas âge. Ils feront de nombreuses donations pour assurer les travaux dans l’établissement. En contre partie, l’administration hospitalière doit reconnaître le droit gratuit à 1200 journées de malades ou infirmes réparties sur trois ans consécutifs au profit des communes de Soisy sous Etiolles et d’Etiolles (900 pour Soisy et 300 pour Etiolles). La construction du nouvel hôpital permet d’augmenter les ressources tout en améliorant les conditions de séjour pour les malades et de travail pour les employés. Les chambres particulières ont un prix de journée bien plus élevé : 2,50 fr/jour ou 750 francs par an pour quelqu’un qui voudrait s’y fixer à l’année. Le prix payé par un militaire continue à augmenter au fil des années :il doit maintenant le prix de 1,50 fr/jour. Un hangar et des dépendances sont construites grâce aux fonds des frères GALIGNANI, et l’hôpital acquiert également une voiture à âne pour aller au marché et d’autres petits transports. 145 En 1870, est établi un fond commun regroupant les communes intéressées, destiné au paiement des journées des malades indigents. Après la guerre, l’hôpital est en déficit de 8 000 francs. En effet, les journées des militaires allemands et français prisonniers traités gratuitement pendant le premier semestre ont été de 9 000. Ces journées gratuites ont fait diminuer le nombre de journées payantes, de plus, les denrées étaient relativement chères. Dans les quatre derniers mois de l’année 1870, il y a eu une perte de 15 000 journées du fait de l’occupation allemande. L’administration de l’hôpital demande donc une indemnisation auprès du ministre de la guerre. En décembre 1873, suite au décès d’Antoine GALIGNANI, un lit est réservé annuellement et à perpétuité, au bénéfice de la commune de Soisy sous Etiolles, car tel était son souhait. Un an plus tard, le prix de journée pour les étrangers de l’arrondissement passe à 2 fr/jour ainsi que pour les incurables et les vieillards voulant être admis à l’hospice. Monsieur William GALIGNANI finance la construction d’un orphelinat en 1876 et lui verse pour ce faire une rente annuelle de 2.500 francs. Les pensionnaires désignés gâteux par le médecin de l’hôpital paieront un prix de journée de 50 centimes par jour. En 1886, un contrat est passé entre la ville et l’établissement: la ville chauffe gratuitement l’hôpital à plus de quinze degré, en retour l’hôpital prête ses appareils de chauffage à la commune et l’alimente en eau par des machines élévatoires des eaux de Seine. A partir de 1901, les blessés qui subissent une intervention chirurgicale suite à un accident en milieu industriel paient le prix de 2 francs par jour auxquels s’ajoute le prix de l’intervention chirurgicale. A partir de 1903, la journée d’hospitalisation des malades non indigents et celle consécutive à un accident du travail passent à 3 francs par jour. Le prix a payer pour un certificat médical d’accident de travail est de 5 francs. En ce qui concerne les cabanons pour aliénés, la pension doit être faite désormais à l’année pour un prix de 700 francs. 146 De graves inondations ont endommagé l’orphelinat et les abords de l’hôpital en 1910. Une allocation de 116,80 francs est allouée en dédommagement, pour réparation de l’entourage de l’hospice, et de 3200 francs en faveur de l’orphelinat pour la réfection du calorifère. Cette aide financière est versée par le service inondation de la ville de Corbeil. En 1911, le prix de journée est de 3,50 francs pour les malades, pensionnaires et blessés n’étant pas de la commune ou du département. La fondation d’un lit se monte alors à 3500 francs. Une autre source de revenus est obtenue par les récoltes de céréales. Treize sacs de 60 kilogrammes de blé ont été vendus aux grands moulins, au prix de 29 francs les 120 kilogrammes. La paille est rentrée dans la grange afin de servir d’alimentation pour les animaux et l’avoine a fourni 35 sacs de 50 kilogrammes pour servir à la nourriture du cheval. Les prunes du jardin permettent de faire des confitures. Afin de réaliser des travaux de rénovations, devenus indispensables, la commission administrative demande à Monsieur le Préfet l’autorisation de contracter un prêt auprès de la caisse d’épargne, de 25 000 francs au taux de 3,50 francs amortissable en 15 ans par anuités de 2 170 francs, avec faculté de remboursement par anticipation sans indemnités. Deux ans plus tard, l’établissement ouvre sa cuve à désinfections, aux personnes n’habitant pas la ville. Voici les tarifs des objets à désinfecter envoyés par les non indigents n’habitant pas Corbeil : • Matelas : 1,50 francs • Lit de plume : 1,50 francs • Oreiller : 0,50 franc • Traversin : 0,50 franc • Dessus de lit ou couverture : 0,25 franc • Paquet de vêtements : 1 franc Pour obtenir la gratuité de la désinfection, il faut produire un certificat attestant que les objets séjournaient dans une maison où un malade atteint d’affection contagieuse vivait. 147 En 1920, le droit d’entrée dans la salle d’opération est fixé à 50 francs hors frais de médecin. La journée d’hospitalisation coûte cinq francs au maximum pour les accidenté du travail. En ce qui concerne le transport des malades, il est de cinq francs pour les patients qui résident à Corbeil et de dix francs pour les communes alentours comme Saint Germain les Corbeils, Essonnes, Saint Pierre du Péray, Saintry et Etiolles. Le prix de journée pour les vieillards, en 1924, est de 10 francs. Le tarif des accidentés du travail sera applicable : ♦ aux accidentés du travail non en traitement à l’hôpital mais venant y faire des radios ♦ aux personnes payantes à l’exception des accidentés du travail traités à l’hôpital ♦ aux personnes non indigentes venant faire une radio ♦ aux personnes envoyées sur réquisition des communes sans hospitalisation En 1925, la Mairie de Corbeil demande à la commission de l’hôpital de bien vouloir lui louer une partie de son terrain pour y créer un stade municipal. Après avoir pris l’avis des différents membres ainsi que celui des médecins, les conditions d’acceptation sont fixées : ♦ le prix de la location sera de 18 000 francs par an sur un bail de 25 ans correspondant à la suppression de la récolte fruitière ( 2000 francs par an) à la destruction des arbres à essence et à la reconstruction de la cabane du jardinier ♦ l’hôpital peut à tout moment annuler le bail s’il en a besoin, en respectant tout de même un certain délai Mais un des médecins mais en garde la commission sur cette cession d’une portion de terrain. En effet, il affirme que l’activité de l’établissement ne va faire que croître et que bientôt les locaux seront trop exigu, alors qu’il sera trop tard pour récupérer le terrain. De plus, l’installation d’un stade de sport sous les fenêtres des patients risque de perturber leur tranquillité alors qu’ils ont besoin de repos. En 1926, une souscription publique est ouverte afin de financer le nouveau bâtiment pour les aliénés et les vieillards. Un nouveau moyen de récupérer de l’argent a été trouvé en vendant les bouteilles vides laissées par les malades dans les services. La commission s’est aperçu que le coût d’une intervention chirurgicale s’élève à 75 francs minimum par patients, or ce prix devrait être à la charge de ceux-ci. 148 Donc à partir de cette année, les malades payants, devant subir une intervention chirurgicale seront dans l’obligation de payer 100 francs en plus du tarif journalier comme « droit d’entrée en salle d’opération ». La dette de l’hôpital, en 1927, se situe au alentours de 200 000 francs. L’inspecteur départemental de l’assistance de Seine et Oise essaie d’en énumérer les causes dans son rapport : ♦ L’hôpital doit entretenir 20 malades, vieillards ou infirmes pauvres gratuitement au titre des lits de fondation qui ont été souscrits pour bien trop longtemps. ♦ L’établissement procure à ses malades de Corbeil des soins pour une valeur supérieure à ses revenus disponibles. ♦ Chaque année, l’hôpital se trouve contraint de combler le déficit de l’orphelinat. Afin d’équilibrer les comptes, l’établissement est obligé d’emprunter à la caisse des dépôts et consignations la somme de 300 000 francs à un taux de 8,15% sur trente ans. En ce qui concerne l’orphelinat, il faudrait changer son mode de fonctionnement, le rendre indépendant ou le fermer. En 1929, le prix de journée en chirurgie est de 25 francs en médecine il est de 17 francs et pour un vieillards, un incurable ou un infirme de 8,50 francs. Avec la mise en place de l’assurance sociale tous les hôpitaux de Seine et Oise éprouvent des difficultés pour être remboursés des frais d’hospitalisation. En 1941, le prix de journée pour les malades qui bénéficient de la loi d’assistance est de : Hospice : 28,10 francs Médecine : 57,90 francs Chirurgie : 62,80 francs Pour les malades payants cette somme est majorée de 15% en salle commune et de 50% en chambre particulière. Ce qui fait : 30 francs pour les vieillards et les incurables 65 francs pour une journée en médecine 73 francs pour une journée en salle commune de chirurgie 80 en chirurgie en chambre particulière 149 Le tarif des consultations de spécialité, en 1942, est de k=18 pour une simple consultation et de k=15 pour des soins externes et des actes de spécialité. Le prix des transports en ambulance est modifié. Celui-ci est de 5 francs par kilomètre parcouru avec un minimum de 20 francs par transport pour les bénéficiaires de l’assistance ou les collectivités responsables du transport. Les distances sont calculés de la mairie de résidence à la mairie de Corbeil. En ce qui concerne les malades ou les blessés transportés à leurs frais ou à la charge des sociétés ou compagnies d’assurances responsables, le prix est de 6 francs par kilomètre parcouru avec un minimum de 30 francs par transport. Après avoir été remplacé par la bière, le vin devenu trop cher pendant la guerre sera temporairement changé pour du cidre. Il en est de même pour l’essence qui est hors de prix. Les véhicules de l’hôpital sont donc transformés pour fonctionner au gaz de ville. Le prix de journée pour les vieillards et les malades assistés est en 1946 de : 160 francs à l’hospice 350 francs en médecine 370 francs en chirurgie Le tarif de séjour et de traitement des malades, des blessés et des pensionnaires payants est de : 160 francs pour un hospitalisé en 3è catégorie de l’hospice 385 francs en 3è catégorie du service de médecine 405 francs en 2è catégorie du service de médecine 455 francs en 1ère catégorie service de médecine 407 francs en 3è catégorie de chirurgie 425 francs en 2ème catégorie de chirurgie 481 francs en 1ère catégorie de chirurgie En 1949, le coût des médicaments est un problème, notamment en ce qui concerne la streptomycine qui revient à 400 francs par jour ainsi que la pénicilline très employée et relativement chère. En 1950, les prix ont quasiment doublé. Pour les assistés une journée d’hospitalisation à l’hospice coûte 475 francs, en médecine 993 francs et en chirurgie 1123 francs. 150 Pour les malades payants les prix ont également augmenté : 475 francs en 3è catégorie à l’hospice 1062 francs en 3è catégorie de médecine 1110 francs en 2è catégorie de médecine 1255 en 1ère catégorie de médecine 1205 francs en 3è catégorie de chirurgie 1260 francs en 2è catégorie de chirurgie 1424 francs en 1ère catégorie de chirurgie 1205 francs en 3è catégorie de maternité 1260 en 2è catégorie de maternité 1424 francs en 1ère catégorie de maternité « L’établissement du budget et son exécution courante seront profondément modifiés par les réformes intervenant à partir des ordonnances des 11 et 30 Décembre 1958, qui ont fondé l’essentiel du système hospitalier actuel »1. « Jusqu’en 1958, la commission administrative assurait seule la gestion de l’établissement hospitalier ; ainsi, c’est l’un de ses membres (l’ordonnateur) qui signait toutes les pièces de recettes et de dépenses et non pas le directeur de l’hôpital. Depuis 1958, les pouvoirs de gestion immédiate sont passés au directeur, le conseil d’administration ayant une compétence fixée par la loi : il vote la répartition du budget global, décide des acquisitions, des aliénations, des emprunts, fixe le règlement intérieur, statue sur les créations, suppressions, transformations des structures médicales et définit la politique générale de l’établissement »2. De plus, « la nouvelle tarification apparue en 1982 avec le programme de médicalisation de ses systèmes d’informatisation pénalise les durées de séjour et encourage les rotations rapides de malades en multipliant les actes techniques »3. La création du nouvel hôpital en 1985 n’améliore pas les problèmes budgétaires d’un établissement qui connaît depuis longtemps une augmentation importante de son activité et de ses coûts, tant au niveau du personnel que de ses équipements et des consommables. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.60. IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.78. 3 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.29. 2 151 Voici un aperçu du budget du centre hospitalier, de 1987, en fonction des secteurs d’activité : hôpital général : 268 631 236 maison de retraite : 14 443 500 psychiatrie : 51 692 136 écoles : 7 114 511 SAMU : 3 381 591 SMUR : 5 583 464 Centre de planification : TOTAL = 543 633 351 390 071 francs Au travers du tableau 7 nous pouvons voir l’état budgétaire du centre hospitalier de 1980 à 1986. TABLEAU 7 Balance budgétaire de 1980 à 1986 année Recettes dépenses Résultat de l’exercice 1980 22 403 564,36 26 698 311,93 - 4 291 750,57 1981 27 548 067,97 26 606 886,17 + 941 181,80 1982 54 633 899,63 46 774 465,16 +7 859 430,47 1983 97 685 581,65 95 666 296,92 +2 019 284,73 1984 92 161 131,31 95 257 066,75 -3 095 935,44 1985 103 501 298,29 102 091 265,25 +1 410 033,04 1986 77 957 166,89 79 524 332,96 -1 567 166,07 Ce tableau montre qu’il reste peu de place pour les progrès technologiques sauf en cas de subventions ou d’emprunts. Le tableau 8 montre l’évolution de l’activité pour les établissements de l’Ile de France. 152 TABLEAU 8 Evolution en pourcentage des journées et des entrées réalisées dans les établissement de l’île de France entre fin 09/1985 et fin 09/1986 ETABLISSEMENT JOURNEES ENTREES C.H. M. JACQUET (Melun) 0,96 5,48 C.H.G. de Meaux 1,34 4,78 C.H. Mantes la jolie -1,15 6,36 C.H. Poissy 0,18 12,34 C.H.G. St Germain en Laye 3,47 6,81 C.H. Versailles 0,05 3,12 C.H. Corbeil Essonnes 13,31 21,72 C.H. de Longjumeau 0,43 - 1,29 C.H. Evry 0,01 9,19 C.H.I. Montfermeil 1,79 7,12 C.H.I. Montreuil -0,64 1,52 C.H.G. Saint Denis -1,50 -0,33 C.H.G. Aulnay sous Bois 6,62 9,91 C.H.I Créteil -6,12 -5,31 C.H. Villeneuve saint -2,91 -2,31 C.H. Argenteuil 2,49 6,31 C.H Gonesse 1,43 2,96 C.H.G Pontoise 4,23 7,51 Total 1,08 4,72 Georges Ce tableau nous permet de voir que l’hôpital de Corbeil est celui qui a la plus forte évolution de son activité. La diversification de cette activité va se poursuivre pendant les dix années suivantes, au prix d’un endettement très lourd. 153 8) L’EVOLUTION DES METIERS DE L’HOPITAL A) Les médecins Bien entendu, dès la création des établissements de soins et de charité, les médecins y ont joué un grand rôle. « Aux XIIè et XIIIè siècles, il n’y a pas de médecins ni de chirurgiens attachés à demeure aux établissements hospitaliers : quand le besoin s’en fait sentir, on appelle un médecin de la ville ou un « barbier » qui sera payé à la visite. Ce n’est qu’au XIVè siècle que l’on voit apparaître médecins et chirurgiens dans les grands hôpitaux »1. Au début, ils étaient en nombre restreint puis, au fur et à mesure des années, ils sont devenus de plus en plus nombreux. Ils étaient entièrement sous la direction de la commission administrative et peu à peu ils sont devenus plus autonomes. Leur fonction au sein de l’établissement s’est précisée et l’évolution des techniques leur a donné d’énormes possibilités. Un ouvrage de la société historique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix daté de 1902 nous révèle les noms des tous premiers chirurgiens de l’Hôtel-Dieu. Ils étaient alors nommés par l’archevêque de Paris qui était chargé de la direction de l’établissement. Le premier chirurgien aurait été Monsieur Jean-Charles GIRAUD, en 1775. Il était chirurgien major dans les troupes armées avant de venir exercer à l’Hôtel-Dieu. Sa famille était originaire de Corbeil, il y mourut à l’âge de 53 ans. Sa rétribution en 1775 était de 54 livres. Son successeur fut Monsieur Jean-Louis DUCLOS, chirurgien en 1780. Il a reçu la somme de 48 livres pour sa fonction de médecin chirurgien cette année-là.. Puis ce fut au tour de Monsieur Jean-Pierre PETIT d’être nommé médecin de l’Hôtel-Dieu. L’établissement était alors administré par son beau-père Monsieur Edouard MATHEZ.Il exerça le rôle de médecin adjoint pendant plusieurs années avant d’être nommé médecin titulaire de l’établissement. Monsieur PETIT y exerça son activité de 1781 à1789. « Jusqu’en 1790, le médecin obtenait son titre de docteur en médecine dans une faculté après avoir suivi un enseignement principalement théorique ; de retour dans sa ville où il s’installait, il devait être « agrégé » au Collège des médecins de la ville. Ce titre non universitaire lui donnait le droit d’exercer et d’enseigner au sein du Collège »1. 1 1 IMBERT J. Les hôpitaux en France, op. cit. p.12. GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.88. 154 En ce qui concerne les chirurgiens, subordonné au médecin sous l’Ancien Régime, il voit son prestige progressivement rehaussé. « A l’origine, « le garçon chirurgien », enseigné par un maître chirurgien, pouvait devenir chirurgien « gagnant maîtrise » pour exercer de plein droit en ville, après six années de travail à l’hôpital. En 1788, le concours du majorat fut créé et le lauréat prenait le titre de chirurgien major. Après sa nomination, il exerçait douze ans : deux années à Paris auprès des maîtres réputés, quatre années d’aide major et six années de majorat »2. Après 1790, un grand bouleversement vient modifier les habitudes ; ce n’est plus l’archevêque de Paris qui s’occupe de l’administration de l’établissement, mais la municipalité. De plus, la distinction entre médecin et chirurgien est abolie par la loi de ventôse an XIII. En effet, en 1794, le titre de docteur en médecine est délivré aussi bien au médecin qu’au chirurgien. Quelques temps plus tard, la commission nomme Monsieur Edouard PETIT, fils de Monsieur Jean-Pierre PETIT, médecin adjoint de l’hospice à titre gratuit. Son rôle est d’assurer les soins en l’absence du médecin titulaire. Lui aussi est passé jeune officier de santé dans les armées avant de venir exercer à Corbeil. Puis, en 1805, Edouard PETIT est nommé comme médecin de l’établissement ; le père et le fils exerceront tous les deux dans l’Hôtel-Dieu, le père comme chirurgien et le fils en tant que médecin (puisque lorsqu’il a eu son diplôme, la différenciation ne se faisait plus, les nouveaux diplômés étaient tous des médecins). Monsieur Jean-Pierre PETIT décède en 1825 et laisse donc son fils seul responsable de l’exercice de la médecine dans l’établissement. Il a exercé son activité pendant 43 ans pour la somme de 100 livres par an. Il a reçu en 1783 la médaille d’or de l’académie Royale de chirurgie. A côté de sa fonction de chirurgien, il était conseiller municipal et adjoint au maire de la ville de Corbeil. Son fils a suivi ses traces, puisqu’il a été également conseiller municipal de 1825 à 1848 et il fut nommé maire de la ville en 1848. Les premiers documents concernant le rôle des médecins à l’intérieur de l’hôpital remontent en 1823, lorsque celui-ci s’appelait encore Hôtel-Dieu. A cette époque il n’y a qu’un seul médecin dans l’établissement et c’est un chirurgien, comme nous avons pu le constater. 2 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 88. 155 Il ne peut être choisi que parmi les docteurs reçus suivant les formes anciennes ou celles prescrites par la loi du 19 ventôse an II. Il reçoit une indemnité annuelle de 300 francs. Il est exempté du droit de patente et n’est pas sujet à mutation sauf dans les cas exprimés par la loi. Le médecin est nommé par le préfet, sur la présentation de trois candidats choisis par la commission administrative. Il ne peut être créé aucune autre place de médecin ou chirurgien au sein de l’hospice sans l’accord du ministre. En cas d’absence du médecin titulaire, il est tenu de se faire remplacer par un docteur de son grade, agréé par la commission administrative. S’il meurt ou s’il se démet de son titre, la commission pourvoit provisoirement à la continuation du service, conformément à l’article 46 de l’instruction ministérielle du 29 ventôse an 6. A cet effet, elle désigne un médecin pour faire le service de l’hospice, elle en avisera Monsieur le Maire sans délai. Le médecin est chargé de la visite préalable à l’admission des patients. Il fait au moins une visite par jour, avant neuf heures du matin, et si, durant sa visite quelqu’un trouble l’ordre, il ordonnera son expulsion de la salle. La visite du médecin est annoncée, chaque malade doit garder le silence et les étrangers, s’il en existe dans la salle, sont tenus de se retirer. Le médecin est assisté de la sœur Supérieure ou d’une des sœurs hospitalières déléguée par elle. Il pourra même au besoin demander l’assistance du pharmacien. Deux cahiers de visite sont tenus. L’un pour les jours pairs et l’autre pour les jours impairs, de manière à ce que la cahier de la visite de la veille puisse être présenté à la visite du jour. Ces cahiers comportent huit colonnes contenant : la première, le numéro de lit ; la seconde, les noms des malades ; la troisième, la durée de séjour à l’hôpital ; la quatrième, la prescription des aliments ; la cinquième, la prescription du vin ; la sixième, la prescription des remèdes chirurgicaux ; la septième, la prescription des remèdes internes ; et la huitième, intitulée colonne d’observation, indiquera le jour et l’heure de la mort ou de la sortie des malades. Le médecin doit également écrire ou faire écrire l’ordonnance concernant chaque malade. Il doit signer la feuille journalière de visite, elle est datée et remise à madame la Supérieure pour surveiller l’exécution de l’ordonnance. 156 Le médecin et la sœur Supérieure veillent, simultanément, au chauffage et à l’éclairage des salles ; il sera placé des thermomètres dans chacune d’elles afin que le degré de chaleur soit observé. Ils veillent également à ce que les salles soient convenablement aérées afin de prévenir la contagion. Si malgré ces précautions, les malades devaient quand même attraper une maladie contagieuse, la Supérieure en avisera aussitôt le médecin qui veillera à ce que le malade soit placé dans un lieu isolé des autres. De plus il sera dirigé, par les soins de la commission administrative, sur un hospice de la capitale ou rendu à sa famille qui en sera immédiatement avertie. Les administrateurs, le médecin et la Supérieure surveillent la nature et la qualité des comestibles fournis à l’hospice. S’ils en trouvaient des défectueux, ils en avertiraient aussitôt la commission. Le médecin doit également avertir la commission s’il constate des atteintes aux bonnes mœurs ou à l’ordre. Si des négligences sont commises par le médecin, l’administrateur de service est tenu d’en informer la commission administrative. Quand de grandes opérations chirurgicales sont nécessaires, elles sont effectuées non pas dans la salle commune mais, autant que possible, dans une salle séparée. Dans les cas graves, le médecin peut et doit faire appel à d’autres collègues pour déterminer le traitement ou l’opération à faire. Le résultat est porté sur un cahier de visite qui est signé par les consultants. Au fil des années, le rôle du médecin au sein de l’hôpital hospice se précise. Comme nous venons de le voir, « n’étant plus de simples consultants occasionnels appelés auprès des malades à la demande des religieuses, les médecins commencèrent à organiser leur vie hospitalière avec le cérémonial des visites, la surveillance des traitements, les interventions, les pansements, les autopsies, la création de dossiers de malades et, enfin, les cours payants aux étudiants qui devinrent internes. Les médecins demeuraient cependant des praticiens à temps partiel, consacrant une partie de leur pratique à l’exercice de ville. Ce système fonctionna jusqu’en 1970 environ »1. En 1840, les médecins et chirurgiens font leur visite tous les jours avant neuf heures du matin. « Pendant toute la durée de la visite il règne un 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.97. 157 silence absolu à peine interrompu par quelques raclements de gorge »2. « Le patron est habillé en tenue de ville avec chemise et cravate. Par-dessus un immense tablier pendu au cou et noué dans le dos, il porte un second tablier serré à la taille qui traîne presque sur le sol »3. Ils inscrivent sur un registre spécial leurs prescriptions et le régime alimentaire de chaque malade. A la fin de leur visite, ils signent le registre. Ils doivent consigner, sur un registre tenu ad hoc, leurs observations sur les individus traités dans l’hôpital. Le médecin doit également déclarer à la commission administrative et constater sur le registre, l’entrée en convalescence de chaque malade et la durée probable de cette convalescence. L’administrateur de service ordonne la sortie immédiate des malades dès que le médecin déclare que c’est possible. Si un abus dans le retard est constaté par l’administrateur de service, il en informe la commission qui pourra prendre les mesures nécessaires. Concernant les chirurgiens, notamment ceux des hospices de Lyon, « outre l’obligation du célibat (maintenu jusqu’en 1848) et du résidanat à l’intérieur même de l’hôpital, ils ont la charge de l’enseignement des élèves chirurgiens et sages-femmes »4. Le docteur LIONET est remplacé dans son rôle de médecin en chef par le docteur LABAT en 1859. En 1870, la guerre et l’affluence de blessés amènent l’établissement à nommer deux médecins adjoints pour seconder le médecin chef qui est débordé. Les médecins sont réprimandés par la commission s’ils ne font pas leur visite à l’heure fixée. Avec l’ouverture de l’orphelinat en 1877, le rôle du médecin va encore être modifié. C’est la commission qui désigne les médecins qui devront s’occuper de l’orphelinat. Ils procèdent à l’examen des enfants dont l’admission est demandée et délivrent les certificats d’aptitude physique. L’un d’eux visite l’établissement au moins une fois par semaine et consigne son passage sur un registre tenu ad hoc. L’autre se rend à l’orphelinat toutes les fois que la Supérieure le signale au médecin chef. En cas d’indisposition ou de maladie, le médecin donne les premiers soins aux enfants qu’il fait passer à l’infirmerie où ils sont soignés par une sœur de la maison. 2 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.157. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.156. 4 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p.89. 3 158 Les médecins consignent leurs prescriptions sur un registre spécial de visite avec leurs observations sur l’hygiène générale de la maison et le régime alimentaire. Le médecin en chef de l’hôpital de Corbeil est le docteur SURBLED de 1862 à 1878. Il est également Maire de la ville, comme la plupart des médecins de l’établissement l’ont été. Il est ensuite remplacé par le docteur BOUCHER. Il sera fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1907 et recevra la médaille d’or de la ville de Corbeil. En 1890, on retrouve encore quelques changements dans les attributions des médecins. Celles-ci sont consignées dans le règlement de l’établissement. Les médecins sont nommés par le Préfet sur la présentation de la commission. Ils doivent également toujours faire leur visite tous les matins, à 8 heures en été et à 9 heures en hiver. Ils font aussi des visites extraordinaires lorsque la commission le leur demande. En cas de maladie ou d’absence, c’est le médecin adjoint qui prend sa place dans le service afin que celui-ci ne soit pas interrompu. Comme dans les années précédentes, le médecin doit inscrire sur un registre spécial ses prescriptions et le régime alimentaire de ses patients, à la fin de la visite. Une fois cette tâche accomplie, il signe le cahier. Le registre tenu ad hoc existe toujours, il doit y faire un rapport spécial pour les malades dont le séjour se prolonge au-delà de trois mois. Ce qui change, c’est qu’il est appelé à émettre un avis sur les changements, grosses réparations ou constructions qui sont dans l’intérêt des malades ou qui peuvent avoir des effets sur l’état sanitaire de l’établissement hospitalier.A cette époque, lorsque le médecin en chef s’absente de son domicile, il doit prévenir les médecins adjoints afin qu’ils prennent le relais en cas de besoin. En ce qui concerne les chirurgiens, les horaires des pansements, des opérations et de la visite des malades sont clairement précisés ; en 1901 on peut lire dans les archives des hospices de Lyon : « médecins, chirurgiens et accoucheurs visitent les malades tous les jours avant 9 heures le matin (du 1er mars au 31 octobre) ; avant 9 heures 30 du 1er novembre à fin février mais jamais avant 6 heures 30 du matin. Le chef du service fait inscrire sur un cahier spécial ses prescriptions et le régime alimentaire de chaque malade. Il consigne sur un registre spécial des observations individuelles sur les personnes traitées dans le service »1. 159 Jusqu’à 1903, les médecins adjoints faisaient leur travail gracieusement. A partir de cette date leur rétribution est de 100 francs pour trois mois de remplacement. Le médecin en chef, lui, reçoit en 1905 la somme de 100 francs par mois pour ses services. En 1909, le traitement annuel d’un médecin en chef est de 1000 francs et celui d’un adjoint de 500 francs. Le médecin chirurgien en chef nommé est le docteur DUREY-COMTE, le second médecin est choisi lors d’un concours ouvert à tous les médecins de Corbeil. Trois personnes se présentent : un médecin avec douze ans d’expérience ; un autre qui expose ses titres et ses travaux, il est ancien externe et interne des hôpitaux de Paris et enfin le dernier qui est également ancien externe et interne des hôpitaux de Paris et qui a écrit un ouvrage sur certaines questions chirurgicales. Ce sera finalement le deuxième qui sera choisi, il porte le titre de médecin chirurgien affecté au service de la chirurgie. Lors de la cérémonie de leur prise de poste, un discours est lu par le président de la commission administrative. Celui-ci affirme que le métier de chirurgien des hôpitaux est un travail souvent chargé et demandant une grande compétence à cause de la diversité des cas. L’ancien médecin chef chirurgien ( Dr BOUCHER) devient médecin chef honoraire de l’hôpital-hospice. Cette année-là, les secteurs de l’établissement se divisent, certains médecins sont affectés au service médecine qui comprend : les malades, les fiévreux, les tuberculeux, les aliénés, les vieillards et les gâteux. Les autres médecins sont affectés au service chirurgie qui comprend les blessés, les opérations de toute nature et les accouchements non faits par la sage femme. Lorsque la visite n’est pas faite à heure fixe par les médecins, les membres du personnel ainsi que les patients vont se plaindre à la commission. Celle-ci est obligée de rappeler aux médecins que leur visite doit être faite entre 9 heures et 10 heures du matin. Un poste de médecin adjoint, non rétribué, est créé en 1912. Un an plus tard, le médecin vétérinaire qui travaillait dans l’établissement, décède. Lors de la guerre 1914-1918, les médecins sont mobilisés et un ancien médecin à la retraite prend alors les fonctions du médecin chef. Il reste médecin chef chirurgien pendant toute la période de la guerre malgré le retour de celui à qui le poste est attribué, mais après la guerre il devient médecin chef honoraire pour ses bons et loyaux services rendus. 1 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 89 160 En 1924, lors de l’ouverture du service de radiologie, un médecin radiologue fait son entrée dans l’établissement. A cette époque, chaque médecin et chirurgien reçoit comme traitement la somme de 2400 francs par an. Au mois de septembre 1925, le chirurgien demande à la commission l’aide d’un interne devant le surcroît de travail qu’il rencontre. Celui-ci le suppléera dans ses actes quotidiens et interviendra dans les cas d’ urgence. L’interne sera logé à l’hôpital sans y être nourri. Peu à peu des emplois d’interne sont créés dans les hôpitaux régionaux. Le règlement de l’internat est modifié en 1931 suite à des plaintes du personnel. En voici les grandes lignes : Nomination : par la commission administrative sur présentation par le corps médical avant que soit créé un concours départemental. La demande écrite doit être adressée à monsieur le président de la commission administrative avec l’avis du corps médical et le certificat de scolarité. Les internes doivent posséder au moins 8 inscriptions de doctorat. Avantages : ils sont nourris et logés à l’hôpital et ils reçoivent 500 francs par mois pour leur travail. Durée des fonctions : 6 mois minimum. Cette durée peu être prolongée sur la demande de l’interne en fonction de ses notes de service. Fonction : ils assurent le service de garde à tour de rôle pendant 24 heures de 12 heures à 12 heures. Le nom de l’interne sera affiché chaque jour. Les internes de gardes se tiennent dans le bureau des médecins ou dans leur chambre. S’il est amené à se déplacer dans l’hôpital, il doit mentionner sur un tableau l’endroit où il est. Ils doivent assister à la visite du médecin, aider aux opérations et accomplir sous la responsabilité des chefs de service les actes de thérapeutique médicale et chirurgicale qui lui sont indiqués. Les internes seront prévenus à chaque décès dans l’hôpital et devront en faire la constatation dans les plus brefs délais. Ils devront pratiquer les examens de laboratoires nécessaires. L’interne de garde devra examiner chaque entrant et prendre à son sujet les mesures nécessaires. Avant de prendre ses fonctions, tout interne devra se présenter au directeur de l’hôpital et à l’administrateur de service. Sanctions : elles sont prises par le directeur, la commission administrative et/ou le corps médical. La première sanction consiste en un simple avertissement par l’administrateur de service, le chef de service ou le directeur, puis vient le blâme, la suppression totale ou partielle de son « traitement » et enfin la révocation. 161 Absences : aucune absence sans motif ne sera tolérée. Pour les absences motivées, l’interne devra assurer son remplacement. Toute absence légitime devra faire l’objet d’une demande écrite visée par le chef de service et présentée au directeur. Cette note doit indiquer le motif, la durée de l’absence et le nom du remplaçant. En 1932, un quatrième poste d’interne est créé. Sur la demande du chirurgien, l’établissement embauche un chirurgien assistant. Comme les internes sont amenés à traverser la cours l’hôpital leur achète des « capotes ». Celles-ci sont encore utilisées de nos jours. Un chirurgien adjoint est nommé en 1936. Il remplacera le chirurgien chef pendant ses congés dont il lui fixera les dates. Il assurera la garde de 12 heures à 8 heures 1 semaine sur deux et continuera à assurer les soins post-opératoires des malades qui aura opérés. Le chirurgien chef assure la visite du matin de tous les malades dont il a la responsabilité. Cette visite est suivie par les internes et le personnel. Donc, il faut que la visite du chirurgien adjoint se passe à un autre moment. Il dispose des salles d’opération deux matinées par semaine. L’administration de l’hôpital sur proposition du chirurgien chef désignera les salles ou chambres où seront regroupés les malades du chirurgien adjoint. Le titre de chirurgien adjoint ne confère pas de droit au poste de chirurgien chef, celui-ci n’étant pourvu qu’au concours. Les honoraires médicaux qui proviennent de l’application de la loi sur les assurances sociales seront partagés équitablement entre le chirurgien chef et le chirurgien adjoint. En 1937, le concours de l’internat est mis en place. En voici les règles : 1. Il est ouvert aux étudiants en médecine ayant au moins 12 inscriptions. 2. La durée des fonctions est fixée à deux ans. Cette durée peut être prolongée à deux reprises. Mais elle ne peut excéder 4 ans. 3. Tous les internes doivent assister à toutes les visites des médecins même le dimanche et tous les jours fériés. L’interne de garde doit faire obligatoirement une contre-visite dans les tous services. 4. La garde doit être assurée par deux internes de 12 heures à 8 heures : un interne de médecine et un de chirurgie. 5. Si un interne part pour son service militaire, il peut être réintégré dans ses fonctions sauf en cas d’avis contraire de son chef de service ou de la direction. 162 6. Les internes pourront être autorisés à effectuer des remplacements de médecin mais ils doivent assurer en même temps leur service à l’hôpital. Si le remplacement est trop éloigné, ils doivent se faire remplacer et ils ne doivent pas être absent plus de deux mois. 7. Le concours permet de désigner un nombre d’interne titulaire ainsi que les internes remplaçants. Un ophtalmologiste fait son entrée à l’hôpital en 1938. La consultation est fixée au prix de 20 francs pour les malades non assurés sociaux. Un radiologue adjoint est également nommé. Désormais, tous les certificats médicaux concernant les malades admis dans le service de chirurgie devront être présentés au chirurgien chef. Rémunération des internes en 1944 : 1ère année : 5 900 francs 2ème année : 6 300 francs 3ème année : 6 900 francs 4ème année : 7 300 francs 5ème année : 7 800 francs plus un supplément temporaire de traitement de 8 000 francs. plus des indemnités représentative : (dans le cas où les avantages ne sont pas fournis en nature) - de logement : 2 880 francs - de nourriture : 6 000 francs - de vivres non fournies : 2 400 francs plus le remboursement de la carte hebdomadaire de transport par chemin de fer entre Paris et Corbeil plus les allocations familiales et les allocations de salaire unique prévues par le code de la famille, s’il y a lieu Tout cela pour un interne recruté après le concours. Si l’interne n’a pas le concours et en attendant les résultats de celui-ci, l’interne reçoit le même traitement qu’un élève de première année. Au mois de juin 1945, le règlement de l’internat est encore modifié : 1. Les internes sont agréés par les chefs de service et le directeur. 163 2. Ils entrent en fonction à une date fixe. 3. Ils sont en fonction dans le service désigné pendant un an. 4. Ils peuvent redoubler leur stage en accord avec le chef de service et le directeur. 5. Ils n’ont pas le droit de quitter le service pendant la période indiquée, sauf accord avec le chef de service et après avoir amené un remplaçant agréé par le chef de service et le directeur. En cas de force majeur, ils doivent prévenir dès que possible le service auquel ils sont affectés et fournir les pièces justificatives. 6. En cas de faute entraînant une sanction, celle-ci sera proposée à la commission administrative par la commission médicale de consultation. 7. Au cas où un renvoi est décidé, cette décision sera communiquée : a) au secrétariat de la faculté de médecine b) à toutes les commissions consultatives des hôpitaux de Seine et Oise 8. Tout départ non justifié et non autorisé par la commission médicale de consultation entraîne une retenue d’un mois de traitement et la perte des droits sur les redevances des assurances sociales. 9. Les certificats de stage doivent être contresignés par le chef de service. Ils seront fournis à cette signature au cours d’une séance de la commission médicale de consultation. Il est alloué aux internes, une part correspondant à 10% des honoraires médicaux et chirurgicaux versés par les malades payants en sus des prix de journée. A partir de 1946, les médecins ont l’obligation d’adhérer à une assurance responsabilité civile. Le tarif de responsabilité est calculé sur les honoraires de la 3ème catégorie. Le temps de travail est désormais fixé à 45 heures par semaine. Les honoraires seront désormais identiques pour les trois catégories de patients. Il est basé sur le tarif appliqué au corps médical dans l’assistance publique. En 1948 : le C vaut 100 francs, le PC vaut 63 francs et le K vaut 63 francs. Honoraires des actes pratiqués en mars 1948 : Honoraires de la 3ème catégorie : - service de médecine 35% du C/j = 70 francs - service de chirurgie 35% du K - service de maternité 35 % du forfait d’accouchement - acte de laboratoire 20 % du tarif pharmaceutique national - acte de radiologie 20% du K 164 Honoraires de la 2ème catégorie : - majoration de 20% par rapport à la 3ème catégorie, pour les médecins = 84 francs Honoraires de la 1ère catégorie : - honoraire tarif de la ville moins 30%, pour les médecins = 160 francs En chirurgie A, les assurés sociaux en salle commune payent 125 francs, plus 30 francs d’honoraires à partir du 21ème jour. Pour les assurés sociaux et payants situés dans les chambres à trois lits (c’est à dire en 2ème catégorie), les honoraires sont de K 35 + 36 francs à partir du 21ème jour et enfin, pour les assurés de la 1ère catégorie, c’est à dire en chambre particulière, les médecins reçoivent 160 francs. En chirurgie B, en salle commune les tarifs d’honoraires sont de 125 francs pour un acte dont le K est inférieur à 50, sinon pour les autres actes le tarif est de 144 francs. En ce qui concerne les chambres à trois lits, les honoraires sont de K 53 + 36 et en chambre individuelle, K 100 + 160. Pour la maternité, le forfait accouchement simple en salle commune est de 1 960 francs et pour un grossesse gémellaire de 2188 francs. Le prix se décompose en 980 francs pour le chirurgien, 98 francs pour l’hôpital et 862 francs pour la sage femme (pour l’accouchement simple). Ce tarif comprend les honoraires des 14 jours d’hospitalisation. Au-delà de 14 jours d’hospitalisation, le prix est de 70 francs par jour si les femmes sont en médecine ou de 30 francs par jour si elles sont en chirurgie. En chambre particulière, l’accouchement simple coûte 4000 francs et le double revient à 5000 francs. Les femmes payent 160 francs par jour, si leur temps d’hospitalisation se prolonge au-delà de 15 jours que ce soit en médecine ou en chirurgie. En 1950, les honoraires médicaux ont peu évolué. Ils sont de 122,50 francs pour une hospitalisation en médecine 3ème catégorie, de 147 francs en 2ème catégorie et de 280 francs en 1ère catégorie. En chirurgie, les honoraires sont de K 63 et les honoraires médicaux de 52,50 francs si l’acte a un K<50 et de K 90 plus 52, 50 francs d’honoraires médicaux si l’acte a un K>50. En 2ème catégorie le k est de 76 et les honoraires médicaux de 63 et en 1ère catégorie le k est de 144 avec des honoraires médicaux de 280 francs. Pour le service de maternité, le forfait en cas de grossesse simple est de 3150 francs plus 122,50 francs d’honoraires médicaux ou 52,50 pour le chirurgien. Pour une grossesse 165 gémellaire le forfait coûte 3500 francs. En 1ère catégorie, le forfait simple est de 7200 francs avec 280 francs pour le médecin ou le chirurgien et de 8000 francs pour une grossesse gémellaire. Pour les actes de radiologie, la rémunération est de 20 % du K, pour les actes de laboratoire le tarif correspond à 20 % du tarif pharmaceutique national et en ce qui concerne les soins externes, la transfusion est à un honoraire de K63 , une consultation 175 francs et un PC 120. La rémunération des médecins de l’hôpital repose donc sur un salaire assez modeste et sur des honoraires qui sont liés à leur activité clinique et opératoire. Ces honoraires constituent une « masse » qui est plafonnée annuellement et dont l’excédent est affecté en partie à l’équipement des services, sur décision de la commission administrative. Chaque année également, la partie plafonnée de cette masse est répartie parmi l’ensemble des praticiens. Les externes de sixième année font leur apparition au sein de l’hôpital vers 1951-1953. L’indemnité des internes est de 81 700 francs pour un interne de première année, de 91 200 pour un deuxième année, 100 700 francs par an pour un élève de troisième année et de 110 800 pour les internes de dernière année. « La majorité des médecins et des chirurgiens professeurs, chefs de service et chefs de clinique, n’exercent leur activité hospitalière que le matin, c’est à dire à mi-temps. Seuls les internes exercent une activité à plein temps à l’hôpital »1. A partir de 1958, la réforme de Michel Debré, premier ministre du gouvernement du général De Gaulle, crée « les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) et consacre la liaison entre l’hôpital et l’université, faisant de la triple mission d’enseignement, de soins, et de recherche l’objet même des Centres Hospitaliers Universitaires ; elle définit le temps plein (médical) comme moyen privilégié de mise en œuvre de ce mariage hospitalo-universitaire »2. Au niveau des hôpitaux non universitaires, les conséquences de cette réforme apparaissent dans les années suivantes. Elle est notamment suivie par la parution du décret du 24 août 1961, qui instaure le statut de médecin à plein temps des hôpitaux. 1 2 GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 150-151. GILLY R., Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000, op. cit. p. 151. 166 Cette année-là, sont en poste dans l’établissement douze médecins titulaires, tous à temps partiel : les docteurs BARON (oto-rhino-laryngologie), BAUDRY (obstétrique), BENOIT (Ophtalmologie), CABY (Chirurgie), CHOFEL (Pneumo-phtisiologie), CIRILLI (Neuropsychiatrie et électro-encéphalographie), GOIDIN (chirurgie), METAIS (anesthésie réanimation), NABONNE (biologie), TIXIER (médecine), VIROL (stomatologie) et WACHTEL (radiologie). Le premier médecin de l’établissement à demander le passage au temps plein hospitalier est le docteur GOIDIN, chef de service en chirurgie B, en octobre 1961. D’autres suivent progressivement, d’autant que l’arrêté ministériel du 28 mars 1962 impose que les services de radiologie, de biologie et d’anesthésie-réanimation soient dorénavant dirigés par un chef de service à temps plein. Cependant, la majorité des médecins de l’hôpital GALIGNANI vont rester encore longtemps avec un exercice à temps partiel. En 1963, seuls trois médecins sont à temps plein (2 chirurgiens et un anesthésiste réanimateur) sur un effectif de vingt-trois, hors internes. La décennie 70 est marquée par l’expansion de la démographie médicale hospitalière qui accompagne la spécialisation des services et par la prééminence progressive de l’exercice à plein temps, en particulier dans les services d’anesthésie réanimation, de chirurgie, d’obstétrique, de radiologie de pharmacie et de biologie. Un médecin anesthésiste réanimateur est présent jour et nuit au sein de l’établissement depuis l’ouverture du service de réanimation, en 1970. Cependant, ce sont encore les internes de garde qui admettent les patients entrants dans les services de médecine ou de chirurgie et il en sera de même jusqu’aux années 80, comme dans tous les hôpitaux de France. Il faut dire que le maintien d’un service de garde par des médecins titulaires, surtout à temps partiel, est extrêmement difficile, vu la maigreur des effectifs. C’est ainsi que trois médecins assistants à temps partiel d’obstétrique assurent, entre 1964 et 1972, entre vingt et vingt-cinq gardes mensuelles, en plus de leur activité en clinique privée. Le statut des médecins des hôpitaux est encore modifié en 1974 et 1978, puis en 1984 et 1985 avec l’arrivée des statuts de praticiens hospitaliers à temps plein et à temps partiels. Ces derniers instaurent une carrière en 13 échelons pour les médecins contre 4 auparavant, qui étaient réservés aux seuls chefs de service, dont le statut était jusqu’alors différent de celui des 167 « médecins assistants » et « médecins adjoints » des hôpitaux. La « chefferie de service » reste une fonction, mais a cessé d’être un grade et cette fonction doit dorénavant être renouvelée tous les cinq ans. B) Les sœurs Les sœurs sont apparues dans les maisons Dieu dès leur création. « Là où un ou deux frères, une ou deux sœurs suffisent à l’entretien de la maison, les obligations sont réduites au minimum ; la vie du frère hospitalier ne se distingue pas de celle du bon chrétien si ce n’est par le dévouement particulier qu’il apporte à l’exercice de sa charge. Au contraire dans les établissements importants, les frères d’une part et les sœurs d’autre part forment dans chaque hôpital une véritable congrégation, au sens canonique du terme »1. Leur rôle est multiple mais toujours dans le but de secourir les plus malheureux, que ce soit les malades, les orphelins, les détenus de la prison ou bien les militaires blessés au combat. C’est notamment dans les premières années de fonctionnement de l’Hôtel-Dieu, qu’elles eurent ces rôles multiples. Plus on évolue vers l’hôpital moderne, plus leur fonction se restreint. Ceci explique pourquoi « aussi longtemps qu’elles purent exercer, les religieuses s’opposèrent avec acharnement à la présence des médecins dans les hôpitaux. Les médecins qui ne faisaient que de brefs passages journaliers dans les hôpitaux se mirent à y séjourner de façon constante, supplantant les maîtresses des lieux. Le travail des sœurs s’en trouva donc plus étroitement surveillé ce qui, compte tenu de leur formation était une bonne chose mais qu’elles vivaient fort mal. Les sœurs distribuaient les médicaments au gré de leur conception médicale, la nourriture à leurs protégés plus qu’à ceux qui en avaient réellement besoin, et elles étaient systématiquement opposées à l’application de la règle un seul malade par lit, qui, disaient-elles, leur faisait perdre des clients. Le chirurgien Petit raconte que Desault fut obligé de : forcer les hospitalières à plus d’humanité dans chacun de leurs gestes et à chaque instant de la vie des malades à l’hôpital »1. 1 1 IMBERT J. Les hôpitaux en France, op. cit. p.15. GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p.97. 168 Comme nous l’avons expliqué en première partie de ce travail, les sœurs qui œuvrent à l’Hôtel-Dieu sont des sœurs chanoinesses jusqu’en 1762, puis elles sont relayées par les sœurs de Saint Vincent de Paul, avec qui l’établissement signe un traité. (Cf. annexe 1). « Les congrégations hospitalières ne sont pas entièrement libres : elles doivent alors rédiger des statuts qui sont soumis à l’approbation gouvernementale, et dont les lignes générales sont fixées par le ministre de l’Intérieur »2. Cet acte d’engagement est passé entre Monseigneur Christophe de Beaumont, l’archevêque de Paris et les membres de l’ordre de Saint Vincent de Paul. Les grandes lignes de ce traité ont été exposées précédemment. Reprenons en quelques mots leur rôle principal : elles servent et soulagent les pauvres malades de l’Hôtel-Dieu. Elles restent entièrement sous la direction de l’archevêque de Paris. Elles ne sont pas tenues de soigner les filles de mauvaise vie, les pensionnaires ou les femmes en couches. Leur rôle se cantonnera aux malades de l’établissement et non aux malades qui se trouvent en ville. Par contre, elles doivent s’occuper de préparer les médicaments et les tisanes, pour tout cela elles seront logées, nourries et blanchies. Bien évidemment, elles seront soignées lorsqu’elles tomberont malades, et si elles venaient à décéder leur enterrement serait pris en charge par l’établissement. Le règlement de 1823 nous précise encore un peu plus leur fonction au sein de l’établissement. Elles sont au nombre de quatre et touchent chacune un traitement de 150 francs net qui leur est payé par le receveur. Elles sont dirigées par l’une d’elles ayant le titre de Supérieure. Elles sont sous la surveillance spirituelle de Monseigneur l’Evêque diocésain, et quant aux rapports temporels, sous l’autorité de la commission administrative. Elles sont tenues de se conformer aux règlements de l’établissement dont elles prennent connaissance à leur entrée. A cette époque, à l’entrée de chaque malade, la Supérieure ou la sœur hospitalière qui la remplace, dresse un état exact des bijoux, effets mobiliers et papiers que possède la malade. Puis, elle lui fournira une robe, des bonnets et autres vêtements de l’hospice. Le service intérieur de l’établissement est également confié aux sœurs de la charité. Elles doivent faire des visites fréquentes dans les salles pour veiller à son application. 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.51. 169 C’est aux sœurs hospitalières de surveiller, qu’en été, il soit mêlé du vinaigre dans l’eau d’arrosage. Elles surveillent également la propreté des meubles des malades et de leur tablette. Si des punaises ou autres vermines se manifestaient dans l’une des salles, les malades seraient transportés dans une autre afin de procéder à l’extirpation de tous les germes et d’en préserver les malades et le mobilier. Les sœurs doivent s’assurer que les linges sales, les bandes et autres objets de pansements sont aussitôt mis dans l’eau afin d’éviter la corruption qui pourrait résulter de leur amas. La sœur Supérieure veille à ce que les plombs, étains, cuivres et autres ustensiles employés pour la cuisine, soient constamment propres et bien étamés. Seules les sœurs donnent l’autorisation aux visiteurs de pénétrer dans l’établissement pour aller voir les malades. En cas d’insulte, leur entrée sera refusée. Tout outrage quelconque, insubordination de la part des malades envers les sœurs sera gravement puni, allant même jusqu’au dépôt de plainte à la commission administrative si cela le justifie. La Supérieure peut être amenée à réclamer le service d’autres personnes lorsque l’activité le justifiera. C’est elle, encore, qui fixe le régime alimentaire des autres sœurs, ainsi que celui de la servante cuisinière et des autres employés. La sœur Supérieure ou une autre sœur hospitalière seconde toujours le médecin lors de ses visites. Tous les deux veillent au chauffage et à l’éclairage des salles. Les sœurs aident aussi le médecin lors de ses interventions chirurgicales. Elles sont chargées de préparer, un quart d’heure avant l’opération, les bandages, charpies et autres appareils que le médecin leur aura réclamés. Pour satisfaire à ce devoir, la Supérieure, veille régulièrement à ce que la pharmacie soit convenablement alimentée en bandages, charpies et autres appareils simples afin de perdre le moins de temps possible. Les sœurs ne peuvent s’absenter que si elles ont demandé leur congé et qu’il a été accordé par la commission. Elles sont chargées de faire la visite de la salle des morts aux membres de la famille. C’est la Supérieure qui donne avis du décès d’une personne à l’officier d’état civil dans les vingt-quatre heures. En 1840, peu de choses ont changé pour les sœurs hospitalières. 170 Elles sont toujours chargées du service intérieur de l’établissement sous l’autorité de la commission administrative. Elles soignent les malades et les indigents. Elles distribuent, après les avoir reçus de l’économe, les vêtements, les aliments et tous les objets nécessaires au service. Elles ne peuvent gérer aucun bien ni recevoir aucune partie des revenus de l’administration hospitalière même lorsque ce sont des revenus en nature. La sœur Supérieure peut être amenée à renvoyer un infirmier ou un servant mais pas sans l’avis du conseil d’administration. Il est interdit à toutes personnes attachées au service hospitalier, de recevoir, à quelque titre que ce soit, des dépôts d’argent. Ces dépôts seront directement remis au receveur qui en dressera écriture et qui préviendra immédiatement la commission. En ce qui concerne leur alimentation, les sœurs reçoivent une portion de pain blanc, deux portions de viande et une portion de légume ou de poisson ainsi que 50 centilitres de vin et la même quantité de bouillon. « Le nombre de religieuses hospitalières, en 1847, dépasse 7 600 alors que celui des infirmiers, infirmières et servantes laïques n’est que d’environ 4 000 »1. En 1876, on compte onze sœurs hospitalières. Parmi celles-ci, deux sont employées aux services extérieurs et quatre à la surveillance générale, aux services économiques et aux services du culte. Lorsqu’un an plus tard, l’hôpital hospice s’agrandit pour accueillir les orphelins et ouvrir une école gratuite, les sœurs, elles aussi, voient leurs attributions s’élargir. En effet, elles seront responsables de ces nouveaux établissements qui n’auraient pas pu fonctionner sans elles. Comme nous l’avons vu précédemment, les sœurs sont au nombre de quatre à l’orphelinat, dont une sœur Supérieure. Elles ont pour mission d’enseigner aux jeunes filles les notions élémentaires pour bien tenir une maison. La Supérieure se charge de l’achat des comestibles et autres denrées alimentaires et à leur préparation. Elle en surveille l’emploi et en fait la répartition à ses compagnes, aux enfants et aux surveillants. Elle préside également à la confection et à la distribution des vêtements, de la literie et du linge ainsi qu’au blanchissage du linge et au maintien de la maison en parfait état de propreté. 171 Les autres sœurs sont chargées de la tenue de l’école congréganiste, de la direction de l’ouvroir, de la préparation des aliments et de la réparation et confection des vêtements. Enfin, elles s’assureront de la propreté des enfants. Comme pour l’hôpital, la sœur Supérieure est responsable de la police intérieure de l’orphelinat sous la direction de la commission administrative. C’est elle également, qui s’occupe des dépenses de la maison grâce à des avances faites par le receveur de l’hôpital. Elle tient note, sur un registre tenu à cet effet, de ses recettes et de l’emploi des choses achetées. Elle remet chaque mois une note à la commission sur l’ensemble du service. C’est encore la sœur Supérieure qui inflige les punitions aux orphelins qui n’ont pas respecté les règles de la maison. Elle a également un droit de regard sur les lettres reçues par un enfant ou envoyées par celui-ci. Le dimanche ou les jours fériés, elle est autorisée à organiser des sorties avec les enfants. Même le régime alimentaire des sœurs est établi d’avance. Il existe deux types de menus, le régime maigre et le gras. • régime maigre : - déjeuner : café au lait - dîner : potage maigre, poisson frais ou salé, légumes frais ou secs, œufs, riz, salade • régime gras : - souper : idem - déjeuner : café au lait ou potage - dîner : potage gras, viande bouillie ou en ragoût avec légumes chauds au lard, légumes frais ou secs - souper : viande rôtie grillée ou en ragoût avec légumes chauds au lard, légumes frais ou secs, riz, salade Il existe une sœur, également, pour le bureau de bienfaisance. Elle est logée et nourrie dans l’établissement. Elle se charge de s’occuper des pauvres. Le règlement de 1890 nous permet de voir qu’en en presque cent ans d’exercice des sœurs, au sein de l’hôpital il n’y pas eu beaucoup de modifications concernant leur statut. 1 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.51. 172 Les sœurs s’occupent toujours du service intérieur de l’établissement sous l’autorité de la commission administrative. Elles soignent les malades, les indigents et les vieillards. Elles distribuent les médicaments aux malades. Elles accompagnent le médecin lors des ses visites et se mettent à sa disposition pour l’aider dans les traitements et soins qu’il donne, pour recevoir ses instructions et lui rendre compte de la position du malade. Elles distribuent les vêtements, les aliments et tout autre objet nécessaire au service. Elles ne sont autorisées à gérer aucun des biens de l’établissement ni à recevoir aucune partie des revenus de celui-ci. Les conditions du traité établis en 1762 doivent être respectées. La sœur Supérieure dirige les infirmiers et les servants. Par contre, elle ne peut les admettre ou les renvoyer qu’après avis de la commission. Il leur est interdit de recevoir des dépôts d’argent. Si elles en reçoivent, elles doivent les remettre au receveur qui en passera écriture et préviendra automatiquement la commission. La sœur Supérieure est chargée de garder la clé de la seule porte ouverte de l’établissement chaque soir. Toute personne qui insultera la sœur Supérieure ou prononcera à son égard des propos obscènes sera privé de sortie pendant deux mois, puis pendant trois mois s’il récidive. Une sœur institutrice adjointe est envoyée par la congrégation de Saint Vincent de Paul, en 1896, devant le succès de l’école. En 1950, c’est toujours la sœur Supérieure de la communauté des sœurs de Saint Vincent de Paul qui dirige l’orphelinat. Par contre, l’administration fait appel à des sœurs de la charité de Paris pour l’ouverture de la maison de retraite GALIGNANI, afin de s’occuper des vieillards et de faire des visites à domicile. En mars 1958 l’indemnité annuelle « de vestiaire » des sœurs est revalorisée à 78.000 francs. Le nombre des sœurs va en se raréfiant tout au long de la décennie 1950. Alors qu’elles représentaient 60 % du personnel hospitalier en 1900, elles ne sont plus que 7 en 1960. En novembre 1961, c’est le départ définitif des sœurs, après respect d’un préavis conforme au 173 dernier contrat signé le 10 avril 1952 par l’établissement avec la Compagnie des filles de la Charité de saint Vincent de Paul. C) Les infirmiers Les infirmiers sont restés peu nombreux au sein de l’établissement jusqu’en 1900 et leur rôle a été très restreint pendant longtemps. La première trace de la présence d’infirmier remonte en 1840, il n’y a alors, qu’un seul infirmier dans l’hôpital hospice et son rôle n’est pas défini. On apprend, dans le compte rendu des délibérations du conseil, qu’un autre poste d’infirmier ou plutôt d’infirmière est créé pour la salle des femmes en 1850. Quarante ans plus tard, leur nombre n’a pas changé. Ils ont ordre de se conformer au règlement intérieur de l’établissement. Leur fonction n’est toujours pas détaillée, par contre les règles qu’ils doivent respecter sont très clairement décrites. Lorsqu’il leur est permis de sortir, ils doivent être rentrés pour quatre heures et demie Il leur est interdit de faire pénétrer à l’intérieur de l’établissement des liqueurs spiritueuses. Si une personne ne respecte pas cela, elle sera privée de sortie pendant trois mois et la boisson sera saisie. Ils pourront éventuellement être renvoyés de l’établissement. Il est interdit aux infirmiers de boire ou de jouer avec les malades et les visiteurs. « A partir de 1902, le ministre de l’Intérieur, Emile COMBES, va faire obligation que chaque département construise une école d’infirmières. En 1922, un décret du 27 juin crée trois brevets de capacité professionnelle : infirmière hospitalière, infirmière visiteuse de la tuberculose et infirmière de l’enfance ; ces deux dernières catégories deviendront des assistantes sociales en 1938 »1. On apprend qu’en 1908, le gage d’un infirmier débutant est de 35 francs par mois et celui d’un infirmier expérimenté de 50 francs par mois. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p. 31-32. 174 En 1918, l’établissement emploi un infirmier militaire qui a été envoyé par le service de santé des armées. En 1925, un infirmier du service de médecine reçoit un salaire mensuel de 115 francs mois alors qu’un infirmier du service de chirurgie est payé 75 francs par mois. La sœur Supérieure réclame une infirmière supplémentaire au service de la maternité ainsi que chez les veilles femmes au second étage. En 1927, une autre infirmière est engagée dans le service de chirurgie homme. Dans les nouveaux bâtiments, il y a une infirmière surveillante générale diplômée et une infirmière surveillante par groupe de 20 à 25 malades. Du personnel infirmier pour chaque nouveau service est également recruté, à savoir : les salles d’opérations, la stérilisation, la radiologie et la surveillance de nuit. Du personnel supplémentaire est aussi employé pour assurer le roulement afin que chaque infirmière ait son repos hebdomadaire. Le traitement, en cette année 1934, est de : 1000 francs pour la surveillante générale et 600 à 700 francs pour les infirmières de service. A partir de 1937, les élèves infirmiers de la Croix Rouge feront leur stage pratique à l’hôpital de Corbeil. En 1939, on compte deux infirmières en salle d’opération et un poste d’infirmière anesthésiste est créé. A partir de 1940, toutes les infirmières de l’hôpital de Corbeil possèdent le diplôme d’état délivré par une école spéciale d’infirmière. Le diplôme d’équivalence délivré aux infirmières pourvues d’autres titres ne semble pas offrir les même garanties. C’est en 1943 qu’apparaît la première définition de l’infirmière : « Est considérée comme exerçant la profession d’infirmier(e) toute personne qui donne habituellement, soit à domicile, soit dans les services publics ou privés d’hospitalisation ou de consultation, les soins prescrits ou conseillés par un médecin »1. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.32. 175 Vers 1950, il existe différents types d’infirmiers et infirmières. On compte des infirmières diplômées d’état, d’autres qui sont autorisées, des infirmières principales et des infirmières spécialisées notamment en anesthésie. Le voile blanc porté par le personnel jusqu’à présent est remplacé par un bonnet blanc. La distinction entre les différentes infirmières se fait grâce à la présence de galon : La surveillante chef porte 3 galons bleus, 2 couleur or et 1 étoile La surveillante porte 3 galon bleus et 1 galon or L’infirmière diplômée d’état porte 1 galon bleu et un galon or L’infirmière autorisée porte 1 galon bleu Les infirmières anesthésistes sont très recherchées, les médecins de la spécialité étant encore très rares. Leur effectif passe à 3 en 1956, puis 4 l’année suivante, soit deux pour chaque service de chirurgie, sous la direction d’un seul médecin anesthésiste réanimateur. Lorsque ce dernier prend ses vacances sans pouvoir se faire remplacer, ce qui n’est pas exceptionnel, la responsabilité de l’anesthésie effectuée par l’infirmière est assurée par le chirurgien. Le recrutement et le maintien en poste des infirmières posent problème, compte-tenu des besoins croissants et de la dureté de la tache. Afin d’améliorer le recrutement, l’établissement passe en 1958 un contrat avec l’école d’infirmière de Nantes : l’hôpital de Corbeil verse à trois élèves une bourse de 9.000 francs mensuels, 10 mois par an pendant la durée de leurs études, en échange d’une affectation dans l’établissement. Afin de faciliter leur logement, quatorze chambres sont dédiées aux infirmières depuis la même année, à la suite de travaux de construction d’un deuxième étage au niveau du bâtiment « le chalet ». En 1961, l’effectif total des infirmières est de soixante-dix. L’hôpital recrute des infirmières et des surveillantes, afin de pallier au départ des sœurs. Un certain nombre de rapatriées d’Algérie rejoignent l’établissement dans les deux années qui suivent. Le projet de création d’une école d’infirmiers sur le site de Corbeil se précise. Ce projet est autorisé en avril 1963 et dès lors, les choses iront très vite, puisque l’école ouvre dès l’automne, installée provisoirement dans les locaux de l’ancien pavillon Charcot. 176 Les élèves « sous contrat » bénéficient de la gratuité totale des études, de l’hébergement et des repas, ainsi que d’une indemnité d’argent de poche de 30 Nouveaux francs par mois, qui passe à quarante en deuxième année. En échange, elles doivent s’engager à servir l’hôpital après obtention du diplôme, sous peine de remboursement des frais exposés. En décembre 1963, l’effectif total de l’établissement est de cent dix-huit « infirmières et techniciennes » : soixante-sept infirmières diplômées d’état, seize surveillantes, une surveillante générale, une directrice d’école et trois monitrices, trois sages-femmes et vingtsept infirmières spécialisées incluant les infirmières anesthésistes, les kinésithérapeutes et trois puéricultrices. En janvier 1964, l’organisation du personnel soignant fait apparaître dix-huit « unités de soins » : Quatre de chirurgie (Hommes A, Femmes A, Hommes B, Femmes B) Une de maternité Une de bloc opératoire Une de « veille chirurgicale » Quatre de médecine (Médecine hommes, Médecine femmes, Darblay, Jozon) Une de pédiatrie Deux de pneumologie (Léon Bernard hommes, Léon Bernard femmes) Une de « veille médecine » Trois d’hospice. Une école d’infirmières neuve est ensuite construite en 1965, sur les terrains nouvellement achetés et qui accueilleront vingt années plus tard l’hôpital « Gilles de Corbeil ». Cette école est prévue pour cent cinquante élèves, dont soixante-dix de deuxième année et comporte un internat de quatre-vingt chambres. Structurée autour d’un personnel pédagogique à temps plein, l’école bénéficie d’emblée d’une grande implication du corps médical hospitalier pour l’enseignement des élèves et remplit très rapidement ses objectifs, ce qui l’amènera à augmenter progressivement sa capacité. A partir de 1970, la spécialisation des infirmières se poursuit avec le développement des puéricultrices, des infirmières anesthésistes, des infirmières de bloc opératoire et des 177 infirmières de réanimation. Les effectifs iront en augmentant continuellement, pour dépasser les trois cents dans le nouvel hôpital. D) Le receveur et l’économe Ces deux personnes ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’hôpital depuis sa création. Bien souvent, ces deux fonctions ont été cumulées comme l’autorisait une circulaire du ministre de l’Intérieur du 20 novembre 1836. Le receveur est nommé par le Préfet et l’économe par la commission administrative. Le receveur, en 1823, tient un livre de recettes et de dépenses. Il est chargé de payer les employés de l’établissement. Il rend compte, tous les trois mois, à la commission administrative des recettes générales de l’hospice. Il est tenu de se conformer, dans sa gestion, aux ordonnances et règlements. En 1840, le règlement stipule à son propos : L’économe dresse un état exact, sur un registre tenu à cet effet, des bijoux, mobiliers, papiers et autres objets personnels que pourrait détenir tout malade nouvellement admis. Le receveur économe doit tenir les registres des deux comptabilités, conformément aux instructions du 30 mai 1827 et 20 novembre 1836. Il doit gérer en personne sa caisse et la tenir ouverte tous les mardis et vendredis de chaque semaine, de 10 heure du matin à 4 heure du soir. Il s’occupe de distribuer les revenus en deniers et s’occupe du paiement de toutes les dépenses de l’établissement. Les comptes qu’il rend, soit à la cour des comptes, soit au conseil de la préfecture, doivent être préalablement soumis à l’examen de la commission administrative. Il est chargé de l’emmagasinage et de la distribution des denrées alimentaires et autres objets de consommation. Chaque mois il remet à la commission un état de situation de son magasin. 178 Plus les années passent et plus le rôle du receveur économe devient important et précis. En 1890, la commission administrative est libre de vérifier les comptes du receveur, ainsi que sa caisse, chaque fois qu’elle le juge nécessaire. Extrait du règlement de 1890 : (Cf. annexe 4) Le receveur est chargé du recouvrement, de la perception et de l’encaissement de toutes les sommes, tant en capitaux, qu’intérêts, arrérages, fermages des produits de toute nature qui appartiennent ou sont dus à l’hospice. Il est également chargé de toutes les sommes provenant des produits intérieurs de l’établissement, et perçues provisoirement par l’économe. Il recouvre les denrées provenant de rentes et fermages en nature ainsi que de leur livraison entre les mains de l’économe. Il prend en charge le dépôt de toutes les sommes qui se trouvent en possession des personnes recueillies au moment de leur entrée dans l’hôpital hospice. C’est également lui qui s’occupe du paiement de toutes les dépenses de l’établissement et demeure responsable de tous les paiements effectués. Il est tenu, sous sa responsabilité personnelle, de veiller à la conservation des immeubles, droits, créances, privilèges et hypothèques de la maison hospitalière. Il doit établir les poursuites nécessaires envers les débiteurs. Il doit avertir, en temps utile, la commission de l’expiration des baux. Le receveur remplit à l’égard des biens des enfants de l’hospice, les même fonctions que pour les biens de l’hospice lui-même. Il doit placer à la caisse d’épargne les capitaux appartenant aux enfants lorsque la somme s’élève à 150 francs au moins. Il remplit les fonctions de curateur à l’égard des enfants émancipés, sous la surveillance du service des tutelles. Le receveur est tenu de donner connaissance à l’autorité supérieure, des biens délaissés par un enfant recueilli à l’hospice et qui y serait décédé avant sa sortie, son émancipation ou sa majorité, et dont la succession ne serait revendiquée par aucun héritier. Il tient sa caisse ouverte tous les jours non fériés de 9 heures du matin à trois heures du soir. Tous les trois mois, il soumet à la commission un bordereau de situation des recettes et des dépenses effectuées sur chaque article du budget. Il se conforme à la loi pour l’établissement des comptes de fin d’année et de la gestion pendant l’année financière. Ces comptes, appuyés de pièces justificatives, sont présentés à la commission dans la séance réglementaire du mois de mai, et ensuite au conseil 179 municipal, pour y être approuvés. Le receveur tient les livres et registres prescrits par les instructions ministérielles. Le rôle d’économe, souvent cumulé avec celui de receveur, accroît les responsabilités : L’économe assiste aux séances de la commission mais ne prend part à aucun vote. Il veille à l’exécution rigoureuse de toutes les conditions imposées aux fournisseurs par les cahiers des adjudications et par les marchés. Il a la garde de la cave, des magasins de vivres, du bois, du charbon de terre et des ustensiles de toutes espèces, soit neufs, soit réformés. Il tient tous les registres et écritures prescrits par la loi, les instructions et les décisions de la commission administrative. Il réunit à ces fonctions principales, celles de préposé au mouvement de la population et tient à cet effet un registre matricule. Il reçoit les billets d’admission des entrants et les met en liasse pour être présentés à toute réquisition avec le registre qu’il doit tenir pour la réception et la sortie des malades. L’économe dresse les feuilles de consommation journalière, en pain, vin, et aliments préparés à la cuisine pour les malades d’après le cahier de visite du médecin, et pour les vieillards et les enfants, les employés et les gens de service, d’après le régime alimentaire. Il forme un bulletin récapitulatif d’emploi des quantités de pain, vin, viande nécessaires pour les consommations réunies portées aux feuilles de chaque jour. Il délivre les denrées nécessaires à la consommation journalière, soit pour chaque jour, soit par périodes de plusieurs jours pour les denrées qui en sont susceptibles. Il surveille tous les services, notamment la tenue de la propreté et de la salubrité des bâtiments, cours et promenoirs et signale les réparations à faire. A l’occasion des visites de surveillance ci-dessus, l’économe adresse à la commission assemblée, soit verbalement, soit par écrit, les observations qu’il juge nécessaires. En cas d’urgence, il les adresse à l’administrateur de service ou à l’un de ses collègues. Les comptes de l’économe sont remis avant le mois de mai de chaque année à la commission administrative chargée de les apurer. Il dresse l’inventaire général du mobilier de l’établissement, en fait le recollement tous les ans, au mois de septembre, de concert avec deux membres de la commission. Les archives sont confiées à la garde du secrétaire et de l’économe, conformément aux règles administratives. Le traitement annuel de receveur économe en 1909 est de 2 000 francs. Il est logé à ses frais en dehors de l’hospice mais à proximité des deux établissements dont il a la charge. Le bureau 180 de l’économe, dit économat, est construit sur une partie du réfectoire des sœurs qui est beaucoup trop grand. Il doit être ouvert tous les jours de huit heures du matin à six heures du soir. Celui-ci sera construit sur une partie du réfectoire des sœurs qui est beaucoup trop grand. L’économe ne peut s’absenter de son service sans autorisation de la commission. Cette année-là, il remplit également les fonctions de secrétaire et le secrétaire en poste se trouve donc remercié. En 1922, le receveur possède un double des clefs de toutes les pièces de l’hôpital sauf des appartements de la communauté des sœurs. C’est dire le rôle prépondérant qu’il a au sein de l’établissement. E) Panorama des différents métiers de l’hôpital En 1823, parmi les métiers que l’on peut rencontrer dans l’établissement, nous trouvons une servante cuisinière attachée à l’établissement, avec des appointements de 200 francs par an, logée et nourrie. La culture des jardins est confiée à un jardinier. Un pharmacien est chargé de fournir à l’hospice tous les médicaments prescrits par le médecin. Il ne peut être créé aucune nouvelle place de pharmacien dans l’établissement sans l’accord du ministre. Dans des cas d’urgences, le médecin pourra demander son assistance lors de ses visites. S’il commettait une négligence, l’administrateur de service en réfèrerait immédiatement à la commission administrative. En 1835, le personnel administratif et médical se compose de : • 5 sœurs hospitalières rétribuées 150 francs chacune, par an • 1 médecin en chef, Monsieur PETIT père, rétribué 600 francs par an • 1 médecin adjoint, Monsieur PETIT fils, rétribué 600francs par an • 1 infirmier, payé 200 francs par an • 1 trésorier rétribué 400 francs par an • 1 portière payée 250 francs par an • 1 jardinier rétribué 200 francs par an • 1 cuisinière dont on ne connaît pas la rétribution 181 • 1 secrétaire attaché spécialement aux travaux de la commission. Il prépare la correspondance, tient le registre des délibérations et tous les autres registres du service administratif. Il dresse les états mensuels et trimestriels, il prépare l’expédition des ordonnances de dépenses. De plus, il a la garde des papiers dont il est responsable. Cinq ans plus tard, les membres du personnel ont peu évolué. Les effectifs des sœurs, des médecins et de l’infirmier sont inchangés, le portier (qui est une femme) et le jardinier sont toujours présents. Le receveur tient également le rôle d’économe, les servants sont placés sous la direction de la Supérieure, un poste de femme de service fait son apparition officiellement dans le compterendu des délibérations de la commission administrative. De temps à autre, lorsque les circonstances l’exigent, la commission fait appel à des individus salariés pour aider les membres du personnel dans leur travail. Les servants sont sous la direction de la Supérieure. Une « berceuse » chargée de fournir le blanchissage, la nourriture et le logement, exerce en 1848. En 1876, un servant est employé aux exploitations et six servantes sont employées aux services économiques et aux services du culte, dont cinq sont attachées à la surveillance générale. Dès l’ouverture de l’orphelinat, outre les sœurs, on recense un homme et une femme de service. Ils emmènent les orphelins à l’école et vont les rechercher le soir. En 1878, on compte treize sœurs dont trois sont affectées à l’orphelinat, un servant homme et six servantes femmes. Dans le règlement de 1890, on apprend que le personnel se compose de : • 1 secrétaire dont les fonctions n’ont pas changé • 1 receveur qui accomplit également les fonctions d’économe • 1 médecin en chef qui exerce la chirurgie, qui réside à Corbeil • 1 médecin adjoint qui exerce aussi la chirurgie et qui réside à Corbeil • 1 sage femme qui procède aux accouchements sous la direction du médecin • 11 sœurs hospitalières de la congrégation de Saint Vincent de Paul dont une Supérieure 182 • 1 aumônier • 2 infirmiers • 6 femmes de service En 1898, se sont les lavandières qui s’occupent de la buanderie. Quelques années plus tard, le statut du jardinier se modifie. Il reçoit 25 francs par mois au lieu de 15 francs en 1903 et il est logé et nourri. En ce début de siècle, « le nouveau règlement des hôpitaux entérine la distinction entre le personnel soignant et le personnel de ménage (les servants) »1 Un poste de concierge est donné à une femme de ménage en 1904 pour 600 francs par an. Les hommes sont chargés de la surveillance, des soins aux chevaux et autres animaux et, si besoin, font fonction d’aide infirmier. A cette époque, un receveur reçoit 2 185 francs par an de traitement. Une sage femme, Madame DUMERY, est médaillée d’honneur en 1907. Le jardinier reçoit 35 francs par mois en 1909. Le personnel a besoin d’une assurance contre les accidents du travail. Celle-ci est réglée par l’établissement. Le prix s’élève à 135 francs pour le ménage de concierges, les deux infirmiers, le jardinier et les cinq filles de service. La fille de service de l’orphelinat, elle, sera assurée pour 10 francs. Une sage femme est nommée pour remplacer madame DUMERY qui décède. Une sage femme suppléante est également nommée, elles sont rétribuées au prorata du nombre d’accouchements effectués. La personne responsable des radiateurs du nouveau système de chauffage est appelé un chauffeur. Un aide infirmier est recruté car l’infirmier a trop de travail. Il est choisi parmi les convalescents valides et sera payé 10 francs par mois. 1 CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.31. 183 En 1912, c’est une aide lingère qui sera recrutée, dans un premier temps elle ne recevra pas de salaire, ce n’est qu’à partir de 1913 qu’elle sera payée 5 francs par mois. On note l’apparition d’un vaguemestre, personne destinée à distribuer le courrier aux malades de l’établissement. C’est l’hôpital qui en est civilement responsable. Il s’agit d’un pensionnaire de l’hospice dont le prix de journée est abaissé à 2 francs au lieu de 3,50 francs pour ce service rendu. Un coiffeur est également employé par l’établissement. Il prend 0,14 franc pour faire la barbe et 0,25 franc pour une coupe de cheveux. La loi du 23 avril 1919 fixe à 8 heures la durée quotidienne de travail pour les employés. C’est déjà le cas pour la plupart des personnes qui travaillent à l’hôpital de Corbeil. En effet, les deux femmes de cuisine travaillent de 5h à 11h et de 13h à 19 h, la veilleuse de nuit se repose la nuit, les deux lingères font 7h-11h et 13h-17h, les quatre laveuses travaillent 10 heures par jour en été et 9 heures par jour en hiver mais quatre jours par semaine et le jardinier fait 10 heures en été et 7 heures en hiver. Par contre, il s’avère que cette loi n’est pas applicable pour le concierge et le cocher car ils sont indispensables tout le temps. En 1924, un aide infirmier reçoit la somme de 60 francs par mois. L’aide infirmière qui se trouve dans le service de la chirurgie femme doit répondre aux besoins des patientes jour et nuit. Un aide jardinier est employé à l’orphelinat pour 2 francs par jour. Un an plus tard, l’horloger de l’hôpital qui avait la charge de remonter les pendules et horloges quitte sa fonction. Les sages femmes sont rétribuées 40 francs par accouchement. Les femmes de services sont payées 1,75 francs par heure. C’est l’infirmier du service des vieillards valides (second étage) qui est chargé de prévenir la sage femme lorsqu’un accouchement se prépare. Il reçoit 2 francs par voyage effectué. Le jardinier est remercié en novembre 1926, il est remplacé par une sœur. Une nouvelle infirmière est recrutée payée 200 francs par mois. Cette année là, la population de l’hôpital se compose entre autre de : ♦ 3 infirmières rétribuée, chacune, 425 francs par mois ♦ 1 jardinier (remercié à la fin de l’année) et un aide jardinier 184 ♦ 1 ménage concierge à 900 francs par mois ♦ 1 aide chauffeur à 25 francs par mois (pour les individus hospitalisés) ♦ 4 laveuses qui reçoivent 25 francs par jour ♦ 7 filles de salles à 400 francs par mois ♦ 1 femme de ménage à 90 francs par semaine ♦ 1 vaguemestre commissionnaire à 70 francs par an ♦ 1 économe à 1000 francs par mois ♦ 1 hospitalisé employé à des menus travaux d’entretien ♦ 1 veilleur de nuit Le choix des employés se fait par la sœur Supérieure mais les émoluments à attribuer à ce personnel ne sont fixés qu’après avis des médecins en fonction de leur compétences. En 1928, création d’un poste d’administrateur permanent devant l’ouverture de nouveaux et importants services. L’hôpital emploi, en 1929 : ♦ des sœurs payées 3 francs par jour ♦ des médecins à temps partiel, qui perçoivent un salaire ainsi que des honoraires en fonction de leur activité : un radiologue dont le salaire s’élève à 2.400 francs par an, un médecin chef et un chirurgien chef qui reçoivent chacun 6.000 francs par an ♦ un interne qui reçoit également 6000 francs par an ♦ un économe qui gagne 14 400 francs par an ♦ des infirmières ♦ une veilleuse de nuit ♦ une cuisinière ♦ des lingères ♦ une aide infirmière ♦ un cocher ♦ un chauffeur ♦ un concierge ♦ des femmes de journées ♦ des laveuses 185 En 1930, devant l’agrandissement de l’établissement, le Préfet prend la décision de nommer un directeur d’hôpital. Rémunéré 19 000 francs par an et titularisable après un an de stage, il perçoit également une indemnité de logement, dans l’attente de l’achèvement des travaux du pavillon qui lui est destiné. Les candidats au concours doivent avoir entre 30 et 50 ans, posséder une licence de droit ou un doctorat en médecine ou bien avoir dix années de pratique administrative dans les hôpitaux civils ou militaires. Cette nouvelle fonction s’accompagne de la création d’un secrétariat chargé du mouvement des malades, de la comptabilité des frais de séjour et de la correspondance. L’économat s’étend et assure désormais la comptabilité des approvisionnement gérés jusqu’alors par les sœurs. Le directeur établit, en 1932, un statut du personnel comportant les conditions de recrutement et d’avancement, une échelle de traitement et le bénéfice d’une retraite pour la vieillesse. En 1933, la congrégation des sœurs de Saint Vincent de Paul ne peut faire face à la demande de recruter d’autres sœurs pour les nouveaux bâtiments de l’hôpital. Il est donc fait appel à un personnel laïque qui comprend : une surveillante générale diplômée d’état et des infirmières diplômées elles aussi. En attendant l’arrivée de ce nouveau personnel, les employées présentes recevront des cours donnés aux infirmières habituellement. La sœurs qui s’occupait de la pharmacie, de la buanderie et de la lingerie est remplacée en ce qui concerne son activité pharmaceutique, par un pharmacien, car elle a trop de travail. Ce nouvel employé recevra la somme de 2000 francs par mois. En 1939, on voit la création d’un poste de commis à la recette spéciale de l’hôpital. A partir de 1940, la semaine de 40 heures est appliquée. En 1943, il y a l’ouverture d’un poste de chef de laboratoire indépendant du poste de pharmacien, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Un poste d’assistante sociale est également créé. 186 L’uniforme des infirmiers est composé d’une blouse bleue de l’assistance publique et les infirmières, elles, sont habillées avec une blouse blanche et un voile. Pendant l’occupation, le personnel de l’établissement de Corbeil est obligé de porter un brassard de la croix rouge pour circuler dans la ville et travailler à l’hôpital. Une pointeuse d’entrée et de sortie pour le personnel est installée dans le hall d’entrée de l’hôpital. Un contrôleur de ronde de nuit est chargé de surveiller le travail du personnel de nuit. En 1945, la sage femme qui exerce à l’hôpital depuis 15 ans, Madame PAPOINT, est augmentée. Elle recevra désormais 150 francs par accouchement au lieu de 75 francs. Cela faisait 15 ans qu’elle n’avait pas été augmentée. L’aumônier, quant à lui, reçoit la somme de 10 000 francs par an pour ses services, au lieu de 2 500 francs auparavant. Etat des lieux de la population de l’hôpital en 1946 : 12 membres du personnel administratif 20 soignants laïques 95 servants 39 personnes aux services généraux 11 soignants religieux 8 médecins et membres du laboratoire 1 sage femme 7 internes 1 aumônier 1 pharmacien En 1948, les soignants laïques passent à 22 et les servants sont au nombre de 103. Quelques années plus tard, les postes de servants se transforment en poste d’aide soignant. On crée 61 postes d’aide soignant. Hormis le personnel que l’on vient de citer, il existe d’autres métiers qui ont fait leur apparition petit à petit au sein de l’hôpital. Notamment on trouve : • des auxiliaires de bureau • des auxiliaires de service 187 • des personnels de bureau : - des rédacteurs principaux - des rédacteurs • des personnels administratif d’exécution : - des commis principaux - des commis - une sténo dactylo - une dactylo • du personnel des services généraux : - préposés - des chefs d’équipe d’ouvriers professionnels - des chefs d’équipe de surveillantes lingères - lingères de 1ère catégorie (couturiers, coupe, - lingères - lingères 3ème catégorie (ravaudeuses) - aides ouvriers professionnels confection) 2ème catégorie (repasseuses, lavandières) • du personnel soignant : manœuvres - surveillants généraux - chef surveillant - infirmières principales - infirmières diplômées d’état - infirmières autorisées - infirmières spécialisées - aides radiologistes des chauffeurs de chaudières des secrétaires médicales des garçons d’amphithéâtre A partir de 1950, la généralisation du salariat dans les établissements publics de santé se fait progressivement passant d’un personnel peu qualifié à un personnel hautement spécialisé. Un charcutier est employé dans l’établissement, qui élève encore des cochons pour subvenir à ses moyens. 188 On compte encore huit ravaudeuses et huit repasseuses dont les tâches seront simplifiées dès 1960 par l’acquisition des presses. D’autres métiers apparaissent, comme les employés des archives, de la reprographie et de la brûlerie ou bien encore les personnels chargés de la distribution des produits d’entretien. Le personnel de cette époque travaille dans une ambiance familiale, dont les survivants témoignent avec émotion. En 1963, l’effectif total (hors médecins) est passé à 403 personnes : L’effectif administratif est de trente personnes, o Un directeur et un économe, o Deux chefs de bureau, o Trois agents des cadres hospitaliers et deux agents principaux, o Sept commis, o Trois sténodactylos et cinq dactylos, o Cinq secrétaires médicales, o Un aumônier L’effectif des services généraux est de quatre-vingt sept, o Un sous économe, o Trois surveillants dont un surveillant chef, o Deux contremaîtres et cinq chefs d' équipe, o Quarante-quatre ouvriers, dont quatorze Ouvriers Professionnels de 2ème catégorie, six Ouvriers Professionnels de 1ère catégorie, dix-huit aides Ouvriers Professionnels et six manœuvres, o Vingt personnels de lingerie, dont deux chefs d' équipe, huit lingères de 1ère catégorie et dix lingères de 2ème catégorie, o Trois chauffeurs de chaudière, o Un agent et un garçon d' amphithéâtre, o Un agent de désinfection, deux conducteurs de voitures et quatre concierges. L’effectif soignant est de cent dix-huit personnes, o Soixante-sept Infirmières Diplômées d’Etat, o Seize surveillantes et une surveillante générale, o Une directrice d' école et trois monitrices, 189 o Vingt-sept infirmières spécialisées incluant les Infirmières Anesthésistes et les kinésithérapeutes, o Trois puéricultrices et trois sages-femmes. L’effectif des aides-soignantes est de quatre-vingt-dix-huit Les agents des Services Hospitaliers sont au nombre de soixante-dix Les médecins quant à eux sont au nombre de vingt-trois, internes non compris. Trois seulement de ces médecins exercent à plein-temps. En 1970, la circulaire du 18 Décembre recommande : « Dans les services d’hospitalisation (…) chaque médecin ou agent quelque soit son grade ou sa fonction, devrait porter sur sa blouse son nom et son titre, de façon que le malade puisse toujours distinguer les niveaux de responsabilité et s’adresser à la personne compétente »1. « En 1955, la profession d’infirmière représente presque toutes les catégories paramédicales au sein de l’établissement, désormais à partir de 1985, il y a près de 20 professions soignantes dont de nombreux personnels appelés médico-techniques »2. A partir de 1970 le directeur est nommé, non plus par la Préfet mais par le Ministre et relève de l’autorité de l’Etat. Avec l’arrivée du service de psychiatrie de nouvelles spécialités apparaissent également comme les psychologues cliniciens. En 1986, les employés du centre hospitalier sont répartis comme suit : hôpital : maison de retraite : SAMU : SMUR : Planning familial : 1 2 938 63 9 20,50 1,75 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. p.74. CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.32. 190 Ecole d’infirmières : 25 Ecole de manipulateurs radiologiques : Psychiatrie : 6 143,25 Le tableau suivant, tiré du livre de J.M. CLEMENT 1900-2000 : La mutation de l’hôpital (page 39), nous montre comment ont évolué les conditions de nomination du personnel hospitalier, de 1796 à la fin du XXe siècle. TABLEAU 9 La nomination des personnels hospitaliers de 1796 à la fin du XXè siècle 7 oct. 1796 Ord Loi 21dec. 1941 11dec. 1958 31 dec.1970 191 31oct. 1821 7 août 1851 Evêque diocésain sur aumôniers proposition de directeur directeur de Ministre des Ministre des Ministre de l’Intérieur sur finances Finances Finances Ministre Ministre 3 noms par la C.A. receveur Nomination par Secrétaire Ministre la d’Etat commission des l’Intérieur sur proposition de des 5 citoyens présentation la C.A. de la C.A. économe Nomination Concours par la C.A., ouvert par le chargé de la chargé de la révocation après préfet Santé Santé préfet Ministre Ministre accord du préfet Médecins - Préfet chirurgiens sur Nomination présentation par la chargé de la chargé de la de la C.A. (3 C.A.révocatio candidats) santé santé Ministre Ministre n après accord du préfet pharmacien Préfet sur Nomination présentation par la Préfet C.A. chargé de la chargé de la de la C.A. (3 révocation candidats) après Santé Santé accord du préfet Autre C.A. C.A. < 200 lits <200 lits C.A. directeur personnel directeur 200 lits Secrétaire de Com-mission la C.A. directeur de 5 citoyens C.A. C.A. > > 200 lits directeur Fonction supprimée préfet Préfet Ministre puis Ministre 192 CONCLUSION Nous pouvons constater qu’à travers l’exemple de Corbeil il nous est possible de retracer les grandes évolutions de la structure hospitalière en France. En effet, que ce soit la mutation des techniques médicales, la transformation architecturale ou encore l’évolution des professions hospitalières, l’hôpital de Corbeil, comme les autres hôpitaux français, a progressivement intégré tous ces changements. Nous sommes passés des maisons d’hospitalité réservées aux indigents, aux filles publiques et aux orphelins ; lieu de maladie et de mort, aux hôpitaux accueillant des malades à chaque étape de leur vie et qui en ressortent guéris. D’une structure pavillonnaire avec des plafonds très haut et des salles communes où étaient regroupés les patients, on arrive à l’hôpital bloc. Ces blocs furent d’abord verticaux, c’est le cas de l’hôpital de Créteil puis ensuite leur extension s’est faite de façon horizontale. L’hôpital de la fin du siècle est une usine à soins. Au XIXè siècle, « il s’agit avant tout d’atteindre un résultat spirituel en soignant les 1 infirmités corporelles » . Le malade infortuné n’a pas le choix, l’hôpital est le seul endroit où il peut bénéficier de soins gratuits. Le personnel y est bénévole et donc peu qualifié. Puis, au XXè siècle, les choses se transforment. Il faut donner à tous, et non plus aux indigents, des soins d’une qualité irréprochable, grâce à un équipement technique à la pointe du progrès et à un personnel médical et paramédical d’une compétence indiscutable. Les employés de l’hôpital deviennent donc tous des salariés formés. On passe d’une technique de soin individuelle à une pratique collégiale. « Au malade du début du siècle objet de droit se substitue le malade sujet de droit »2 avec passage de l’assisté à l’assuré (de l’aide médicale gratuite en 1893 à la couverture médicale universelle en 1999). 1 2 IMBERT J., Les hôpitaux en France, op. cit. P5. CLEMENT J.M., 1900-2000 : La mutation de l’hôpital, op. cit. p.23. 193 Par ailleurs, les capacités d’accueil concernant les malades chroniques ou atteints de troubles psychiatriques et les personnes âgées se sont considérablement améliorées tant sur le plan qualitatif que quantitatif. En fait, la notion de qualité d’accueil des malades ne s’est développée que récemment. Mais compte tenu des difficultés de financement des structures médicales et des frais de plus en plus lourds engendrés par la maladies et la thérapeutique, l’hôpital du futur devra subir d’autres mutations. « Il devra tout d’abord s’adapter à l’évolution des maladies car de nombreuses affections risquent de voir leur fréquence, leur gravité et leur traitement évoluer de façon significative »1. Les soins des personnes âgées qui deviennent dépendantes vont devoir se développer de plus en plus et parallèlement à cela, les progrès fait en procréation médicale et en thérapie génique permettent la guérison de nouvelles maladies. Alors, la question se pose, a-t-on trouvé cet hôpital du futur ? L’hôpital Européen George POMPIDOU est-il une réponse à toutes ces questions ? Tout d’abord, au niveau de sa structure, il est évident qu’il a subi de nombreuses transformations. C’est un ensemble de bâtiments de type « bloc-pavillon » ouvert sur l’extérieur, parsemé de multiples ruelles, de magasins et de patios. Il contient 90% de chambres individuelles. Une centaine de chambre possède une surface double afin de permettre l’hébergement d’un conjoint. Le plateau technique occupe à lui seul trois hectares et demi sur les douze que compte l’hôpital. En ce qui concerne les médecins, un seul d’entre eux est l’interlocuteur de la famille et du milieu médical, il est le référent. On remarque aussi que la notion de service disparaît. La plupart des lits sont indifférenciés. De plus, c’est le seul hôpital Européen. Il organise des échanges entre les spécialistes et les chercheurs des différents pays et majeur partie du personnel est polyglotte afin de permettre un meilleur accueil des étrangers. 1 GALMICHE J.M., Hygiène et médecine. Histoire et actualités des maladies nosocomiales, op. cit. p. 496. 194 Mais voilà, il faudra plusieurs années de fonctionnement pour dire si l’hôpital Européen George POMPIDOU répond à nos attentes actuelles. Il se passe souvent une vingtaine d’années antre l’élaboration d’un projet et sa réalisation. Bien souvent, lorsque la construction est terminée, l’établissement est déjà désuet. Ceci reprend la phrase de Julien GUADET qui disait : « l’hôpital parfait il y a vingt ans est arriéré aujourd’hui et l’hôpital parfait aujourd’hui sera arriéré dans vingt ans ». Comme le déficit de notre système de santé ne cesse d’augmenter, nous sommes en droit de nous demander à quoi ressemblera la médecine de demain ? Comment les soins et les établissements médicaux pourront-ils s’améliorer sachant que leur coût sera de plus en plus élevé ? A qui profiteront-ils selon le type de protection sociale qui aura cours d’ici une génération ? 195 BIBLIOGRAPHIE CLEMENT Jean-Marie, 1900-2000 : la mutation de l’hôpital. Bordeaux : Les Etudes hospitalières, 200 : 217. 2. GALMICHE Jean-Marie, Hygiène et médecine. Histoire et actualité des maladies nosocomiales. Paris : Editions Louis PARIENTE,1999 : 510. 3. GILLY Robert, Les enfants malades dans les hôpitaux. L’exemple de Lyon 1800-2000. Paris : Editions Louis PARIENTE, 2000 : 317. 4. IMBERT Jean, Les hôpitaux en France. Vendôme : Presses Universitaires de France, 1958 : 127. 1. Pour aller plus loin dans le domaine de l’histoire de la médecine hospitalière : 5. ACKERNECHT E.H., La médecine hospitalière à Paris (1794-1848). Paris : Payot, 1986. 6. ALBERT-ROULHAC G., Les vieux hôpitaux français . Le Val de Grâce, Lyon : Laboratoires Ciba, 1939. 7. BARIETY M., COURY C., Histoire de la médecine, Paris : Fayard, 1963. 8. 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Saint-Lazare, Lyon : Laboratoires Ciba, 1938. 196 27. ROCHAIX M., Essai sur l’évolution des questions hospitalières de la fin de l’ancien régime à nos jours, Fédération hospitalière de France : Imprimerie Delavaud, 1959. 28. ROUSSET J., Recueil de documents graphiques concernant l’histoire de la médecine de Lyon, Lyon : Editions J. Patissier. 29. SAUNIER A., La vie quotidienne dans les hôpitaux au Moyen-Age, Paris : Editions du Seuil, 84-9. 30. SOURNIA J.C., VIAL F., In : La médecine à Paris du 13è au 20è siècle, Paris : Hervas éditeur, 1984. 116-43. 31. SCHAERER M., La construction des hôpitaux modernes et leurs installations, Berne : M. SCHAERER S.A., 1930. 32. TENNESON A., Les religieuses Augustines de l’Hôtel-Dieu de paris du VIIè au XXè siècle, Paris, 1953. 33. TENON, Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris : imprimerie De Ph. D. Pierres, M.DCC ; LXXX VIII. 34. TOLLET C., Les hôpitaux modernes au XXè siècle, Paris : Chez l’auteur, 1894. 35. VALLERY-RADOT P., Sur les origines de quelques anciens hôpitaux parisiens, Presse médicale, 1943,XXXVI, 533-4. 36. VALLERY-RADOT P., Deux siècles d’histoire hospitalière, de Henri IV à Louis Philippe (1602-1836), Paris : Paul Dupont, 1948. 37. VALLERY-RADOT P., Un siècle d’histoire hospitalière, de Louis Philippe jusqu’à nos jours (1847-1949), Paris : Paul Dupont, 1948. 197 ENGAGEMENT DES SŒURS DE SAINT-VINCENT DE PAUL ANNEXE 1 198 199 200 201 202 203 204 205 REGLEMENT 1823 ANNEXE 2 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 REGLEMENT DE 1890 ANNEXE 3 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 STATUT DE L’ORPHELINAT ANNEXE 4 237 STATUT DE L’ORPHELINAT CREE A CORBEIL SOUS LA DENOMINATION D’ORPHELINAT GALIGNANI I ) ADMINISTRATION a) L’orphelinat GALIGNANI est un établissement public dirigé par des sœurs qui comprend un orphelinat proprement dit, un ouvroir ou atelier d’apprentissage, une école publique de filles gratuite et congréganiste. Il est crée comme annexe de l’hôpital hospice de la commune de Corbeil et administré par la commission du dit hôpital. b) Les dames de charité de la ville ainsi que les dames de l’ouvroir sont appelées à exercer une surveillance sur l’établissement. c) Ces dames sont chargées pendant une période de temps donné de surveiller l’orphelinat proprement dit d’un part et l’ouvroir dont il sera ci-après parlé d’autre part. d) La commission désigne le médecin de l’établissement. e) L’admission des enfants est prononcée par la commission sur la production de pièces dont le détail sera établit ultérieurement. II) PERSONNEL Le personnel se compose de 4 sœurs dont une supérieure, un homme et une femme de service. 238 III) ADMISSION L’établissement comprend 50 places, sauf extension possible, 25 pour chaque sexe, il reçoit des enfants des deux sexes à partir de l’âge de 6 ans. Les garçons y resteront jusqu’après leur première communion c’est à dire jusqu’à 12 ans environ et les filles jusqu’à 18 ans. Néanmoins, la commission peut, suivant les circonstances, quand elle le juge nécessaire, admettre un enfant avant l’âge de 6 ans ou avancer ou reculer l’âge de sortie. IV) CONDITIONS Les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un des deux, ils doivent être nés à Corbeil ou de parents habitant la ville ou l’arrondissement. S’ils étaient originaires d’autres lieux et abandonnés à Corbeil, Soisy et Etiolles, la commission à tout pouvoir d’appréciation, de même qu’elle peut admettre dans ces cas absolument exceptionnels des orphelins étrangers dont les alliés habiteraient Corbeil ou l’arrondissement. V) RENVOI Les enfants peuvent être renvoyés par la commission pour motif grave. VI) PRIX La gratuité est stipulée au profit des enfants pauvres, orphelins ou abandonnés appartenant aux communes de Corbeil, de Soisy et d’Etiolles où monsieur GALIGNANI a ses propriétés et où il habite depuis plus de 50 ans, qui seraient admis dans des conditions portées sur l’article 8 ci-dessus, c’est à dire chapitre IV), les autres enfants admis auraient à payer une pension annuelle de 240 francs soit 20 francs par mois payables d’avance. Les admissions gratuites prononcées par la commission sont réglées en tenant compte des ressources de l’établissement. 239 Ces admissions gratuites pour Soisy et Etiolles ne peuvent être supérieures pour Soisy à 3 et pour Etiolles à 2 à la fois. Le tarif d’admission peut être modifié en plus ou en moins par la commission avec l’approbation de l’autorité supérieure. VII) TROUSSEAU Les enfants auront à fournir dans tous les cas un trousseau dont les conditions seront réglées par la commission. Par contre, à la sortie, la maison leur en remet un. VIII) INSTRUCTIONS Les enfants suivent les exercices religieux de la paroisse auxquels ils seront conduits. Les garçons vont à l’école des frères où ils sont conduits et d’où ils sont ramenés soit par un frère, soit par l’homme de service attaché à l’établissement. A leur sortie, c’est à dire après leur première communion ; sans toutefois qu’ils puissent rester après 12 ans accomplis, si leur conduite a été satisfaisante, la commission avec le concours de la société de patronage de l’établissement qui pourra être créée, fait ses efforts pour les placer soit en condition soit en apprentissage. Ils pourront être suivis et surveiller en apprentissage tant par des membres de la commission que par des membres souscripteurs délégués de la dite société de patronage. Les filles reçoivent gratuitement l’instruction primaire dans l’intérieur de l’orphelinat par les soins des sœurs de la maison. Les filles de la ville sont également admises à suivre gratuitement les classes. En dehors des classes, les sœurs occupent les enfants de l’orphelinat à de petits travaux manuels appropriés à leur âge. A 12 ans, c’est à dire après la première communion, l’instruction primaire est sensée terminer et devient alors l’accessoire. A partir de cette époque, elles auront au moins une classe de 1 heure par jour. 240 IX) OUVROIR A l’ouvroir, les enfants apprennent à coudre, raccommoder, repasser et blanchir. Les sœurs leurs donnent également des notions de ménage, de tenue de maison de façon qu’on puisse en faire à leur sortie des femmes de chambre ou des filles de service. L’ouvroir pourra être divisé en deux sections suivant l’âge et les aptitudes des élèves et selon les exigences ou les facilités de service. X) ADMISSION A L’OUVROIR DES ENFANTS DE LA VILLE Les enfants de la ville pourront être admis à l’ouvroir de 11 à 15 ans, elles auront à payer une rétribution mensuelle de 3 francs par mois environ. A partir de cet âge, elles ne paient plus de rétribution, leur travail ou le produit de leur travail est acquis à l’établissement et leur est alors rétribué selon son importance. A partir de 15 ans également, les orphelines reçoivent un salaire proportionnel à leur travail, ce travail est déposé à la caisse d’épargne pour être capitalisé et leur constituer un pécule à la sortie de la maison. Cette rétribution du travail des orphelins peut s’augmenter pour elles du produit des bons points qu’elles ont gagnés jusqu’à l’âge où le travail leur est payé. XI) SORTIE A leur sortie, la commission et les dames patronnesses de l’ouvroir et de charité et les membres de la société de patronage s’efforcent de placer les orphelines d’une façon avantageuse. Si les jeunes filles, après leur sortie, éprouvaient des malheurs immérités dans le cas où elles auraient conservé des relations avec la maison, elles pourraient y trouver un asile temporaire, cette admission et sa durée seraient fixée par la commission. Dans ce cas, elles désireraient pendant ce séjour temporaire, travailler pour la maison sans qu’il leur soit dû aucune rétribution. Si arrivée à l’âge de 18 ans, la jeune fille manifestait le désir de rester dans la maison pour y rendre des services, la commission pourrait en déterminer et en régler les conditions et les clauses. 241 La commission administrative dressera un règlement intérieur concernant les congés, les sorties, les époques et heures de parloir, le costume, la durée des classes, le boire et le coucher, les heures de repas, de récréation, la forme et la valeur des récompenses etc… elle réglera également des indemnités qui seront dues aux gens de service, toutes les questions de tarif concernant l’ouvroir seront réglées par la commission ainsi que celles relatives à l’extension possible du personnel. Ces statuts lus, j’ajouterais, dit Monsieur SUSAUSON, ordonnateur, que monsieur GALIGNANI c’est aussi préoccupé de la manière dont marcherait l’établissement une fois crée, il a reconnu, comme vous avez pu le voir dans les statuts, que si la gratuité devait être acquise aux orphelins de la commune de Corbeil et des communes de Soisy et Etiolles, sur lesquelles il a ses propriétés et où il habite depuis 50 ans, sauf la fourniture d’un trousseau d’entrée de 50 francs environ qui serait le plus souvent fournis par la charité publique, les enfants des autres communes devraient fournir le trousseau d’entrée et payer une rétribution ne devant être moindre de 20 francs par mois que la gratuité de pourrait jamais être une charge trop lourde pour l’établissement. Attendu de la commission serait toujours juge des admissions et à même de les limiter suivant les ressources de l’établissement. MODIFICATION DU REGLEMENT DE L’ORPHELINAT GALIGNANI ADMINISTRATION Article 1 : L’orphelinat GALIGNANI de Corbeil est administré par la commission administrative de l’hôpital hospice GALIGNANI de Corbeil dont il forme une annexe. 242 ADMISSION Article 2 : L’admission des enfants dans l’établissement est subordonnée aux conditions établies par les statuts lesquels sont rappelés ici. L’établissement comprend 50 places, sauf extension possible, 25 pour chaque sexe. Il reçoit des enfants des deux sexes à partir de 6 ans. Les garçons y resteront jusqu’après leur première communion, c’est à dire jusqu’à 12 ans environ, les filles jusqu’à 18 ans, néanmoins, la commission peut, suivant les circonstances dont elle est juge, admettre avant l’âge de 6 ans et avancer ou reculer l’âge de la sortie. Les enfants doivent être orphelins de père et de mère ou de l’un d’eux, ils doivent être nés à Corbeil ou habitant la ville ou l’arrondissement. S’ils sont originaires d’autres lieux, abandonnés à Corbeil, Soisy ou Etiolles, la commission à tout pouvoir d’appréciation, de même qu’elle peut admettre dans des cas absolument exceptionnels des orphelins étrangers dont les alliés habiteraient Corbeil ou l’arrondissement. Ces demandes d’admissions sont adressées au président de la commission administrative directement. Elles doivent être accompagnées de : - Les extraits de naissance et de baptême de l’enfant, ce dernier pour les catholiques seulement. - Des actes de décès de ses père et mère. - Le certificat délivré par un des médecins de l’hôpital constatant que l’enfant a été vacciné, qu’il jouit de ses facultés intellectuelles, qu’il n’est atteint d’aucune affection contagieuse ni d’aucune infirmité le rendant impropre à exercer une profession. - D’un certificat établissant son état d’indigence délivré par le maire de sa commune et d’un autre certificat semblable délivré par le curé de sa paroisse ou le ministre de son culte. - D’un engagement souscrit par les parents et protecteurs ou par les communes de son domicile s’obligeant à payer le prix de la pension de 3 en 3 mois par avance et à verser le montant du trousseau fixé par le tarif ci-après. 243 Toutes ces pièces peuvent être sur papier libre, la demande et les pièces à l’appui sont renvoyées à la commission administrative qui après renseignements statue. Les admissions ont lieu dans l’ordre de préférence si après indiqué : orphelin de père et mère, orphelin de mère, orphelin de père. Article 3 : Dès qu’une admission a été prononcée et régularisée, l’enfant qui en est l’objet est inscrit sur un registre matricule tenu a doc par le receveur économe de l’hospice contenant dans des colonnes distinctes son nom, ses prénoms, la date et le lieu de sa naissance, les noms de ses parents et leur domicile, l’indication de son état de santé d’après le certificat du médecin, la date et le motif de son admission. Il est réservé une colonne pour indiquer les dates et les motifs de la sortie de l’enfant. Article 4 : Toutes les pièces fournies à l’appui de la demande d’admission et toutes autres relatives à l’enfant sont réunies dans un dossier portant le numéro d’ordre donné à l’enfant sur le registre matricule. On y joint ultérieurement les notes et renseignements de la sœur supérieure et toute pièce se rattachant spécialement à l’enfant. Les enfants, une fois admis, ne peuvent être renvoyés de l’orphelinat que sur une décision prise par la commission administrative. Article 5 : Les enfants renvoyés de l’orphelinat ne peuvent être réadmis. Ils sont rendus à leurs parents ou protecteurs, au besoin ils sont mis à la disposition de l’autorité. Le prix de la pension est acquis à l’orphelinat pour le trimestre commencé lorsqu’un élève payant est renvoyé de l’établissement mais il lui est délivré un demi trousseau le jour de sa sortie. Article 6 : L’éducation des enfants dans la maison, les soins à leurs donner et la surveillance permanente dont ils doivent être l’objet sont confiés à 4 sœurs de l’ordre de St Vincent de Paul ou d’un autre ordre dont une supérieure et 3 assistantes. Les sœurs dans l’accomplissement de leurs devoirs et dans leur rapport avec l’administration et les dames patronnesses de l’œuvre se conforment aux conventions souscrites avec madame la Supérieure Générale de leur ordre, au statut de l’ordre et au présent règlement. 244 De son côté l’administration est tenue de ne rien leur prescrire au-delà des conventions stipulées et des dépositions réglementaires. Article 7 : Les sœurs sont secondées dans leurs travaux par un surveillant à demeure et par une surveillante placée sous les ordres immédiats de la sœur supérieure. Ils sont nommés sur sa présentation par la commission administrative qui prononce également leur renvoi. La Supérieure préside à l’achat des comestibles et autres denrées alimentaires et à leur préparation, en surveillance l’emploi et en fait la répartition entre ses compagnes, les enfants, le surveillant et la surveillante. Elle préside également à la confection et à la distribution des effets d’habillement, de literie, de lingerie etc… au blanchissage du linge et au maintien de la maison et de ses dépendances en parfait état de propreté. Les sœurs assistances sont chargées spécialement : 1) De la tenue de l’école congréganiste qui fonctionnera dans l’établissement tant pour les orphelines de la maison que pour les jeunes filles de la ville qui viendraient y recevoir l’instruction primaire. 2) De la direction de l’ouvroir 3) De la préparation des aliments, de la confection de l’entretien, de la réparation des effets d’habillement et de lingerie. 4) Des soins de propreté à donner aux enfants. L’ordre et la police intérieure de l’établissement sont dans les attributions spéciales de la sœur Supérieure sous l’autorité de la commission administrative. Les dépenses courantes de l’établissement sont faites par la sœur Supérieure au moyen d’avances qui lui sont remises par le receveur de l’hôpital. Elle tient note sur un registre tenu à cet effet de ses recettes et dépenses et de l’emploi des choses achetées. Ses rapports avec le receveur sont exactement les mêmes que ceux qui existent actuellement entre la sœur supérieure de l’hôpital et le receveur. La sœur Supérieure remet chaque mois à la commission administrative une note sur l’ensemble du service. 245 Article 8 : L’orphelinat est appelé à recevoir 25 garçons orphelins. Ces enfants seront cantonnés dans des pièces à eux affectées dans la maison. Des mesures seront prises pour ces enfants n’aient pas de communication avec le reste de la maison et recevront l’instruction primaire à l’école communale tenue par les frères de la doctrine chrétienne et y passeront tout le temps que l’école sera ouverte. Dans leurs allers et venues de l’orphelinat à l’école et vis et versa, ils seront accompagnés par le surveillant. L’éducation religieuse leurs est donnée à la paroisse de la ville, en même temps qu’aux autres enfants de l’école avec lesquels ils marchent. Ils rentrent dans la maison les services manuels dont ils sont susceptibles pour la bonne tenue générale de la dite maison et spécialement des salles à eux affectées. Article 9 : Les filles pensionnaires de la maison placées sous la surveillance continue des sœurs reçoivent dans la maison l’instruction primaire. Le temps donné aux classes, études, récréations est exactement le même que dans les autres écoles communales de la ville. Sous la conduite des sœurs, elles vont à la paroisse recevoir l’éducation religieuse. Une fois leur première communion faite, elles sont employées d’une manière continue aux travaux manuels et utilisées à la cuisine, l’ouvroir, à la buanderie et à la salle de repassage de façon à se familiariser avec ces divers services et pouvoir d’abord produire pour la maison et ensuite pour elles. Les travaux manuels ne les empêcheront pas de suivre leurs devoirs religieux et de perfectionner leur éducation primaire. Dès leur entrée à l’établissement, les filles y rendent également les services manuels dont elles sont susceptibles pour la bonne tenue générale du dit établissement et spécialement des salles à elles affectées. Article 10 : Les médecins de l’hôpital sont chargés du service de santé de l’orphelinat, ils procèdent à l’examen des enfants dont l’admission est demandée et délivrent les certificats d’aptitude physique. L’un d’eux visite l’établissement au moins une fois par semaine et consigne son passage sur un registre a doc. L’un d’eux se rendra à l’orphelinat toutes les fois que la supérieure signalera au médecin en chef la nécessité de la visite. En cas d’indisposition ou de maladie, le médecin donne les 246 premiers soins aux enfants qu’il fait passer à l’infirmerie où ils sont soignés par une sœur de la maison. Si les symptômes présentent de la gravité et que le malade puisse supporter le transport, il est dirigé vers l’hôpital où il est reçu et traité gratuitement. S’il n’est pas transportable, il reste à l’infirmerie de l’orphelinat. Les orphelins qui viennent à succomber pendant leur séjour dans l’établissement sont enterrés au frais de l’œuvre. Le receveur de l’hôpital est chargé de faire la déclaration à l’officier de l’état civil. Les médecins consignent leurs prescriptions sur le registre spécial de visite avec leurs observations sur l’hygiène générale de la maison et le régime alimentaire. La sœur supérieure est chargée de l’exécution des prescriptions médicales ainsi que des petits pansements. Article 11 : Le régime alimentaire varie suivant les saisons et les circonstances ainsi que suivant les personnes. Les tableaux ci-après indiqueront le régime des sœurs, des enfants et les employés. Les orphelins font 4 repas par jour sauf les prescriptions des médecins qui pourraient modifier pour certains cas le régime commun. Le déjeuner, le dîner et le souper sont pris au réfectoire. Article 12 : Le lever et le coucher les orphelins, les heures de repas, d’études, de départ pour les classes et les récréations sont annoncées au son de la cloche par les soins de l’une des sœurs de la maison. La tenu des orphelins est uniforme, elle doit être descente et convenable, les vêtements doivent être soigneusement entretenus. Les cheveux des enfants doivent être coupés tous les mois. Les orphelins doivent garder une attitude respectueuse et recueillie pendant les prières et les offices. Ils se tiennent debout et découvert lorsque les sœurs et les personnes de l’œuvre leurs adressent la parole. Le silence leur est imposé au dortoir, au lavabo, à la salle d’études, au réfectoire et au lieu d’aisance. 247 Lorsqu’ils circulent en commun en dehors de l’établissement, ils doivent marcher avec calme, sans cri ni tumulte et formés par rang de deux, ils sont toujours accompagnés par un surveillant. Pendant les récréations, les jeux dangereux ou susceptibles de dégrader les vêtements sont interdits. Il est défendu aux orphelins de troquer, vendre ou acheter des objets à eux appartenant. Les lettres adressées aux orphelins et celles qu’ils demandent à écrire, sont soumises à la sœur supérieure. Les parents et les protecteurs des orphelins qui désirent les visiter sont admis au parloir aux heures de récréation et les dimanches et fêtes après les offices. Les visites ne peuvent se prolonger au-delà d’une demi-heure. Les comestibles et objets de toute nature, apportés par les parents ou les protecteurs doivent être remis à la sœur supérieure qui les délivrent en temps opportun. La sœur Supérieure chargée de la discipline dans l’établissement inflige aux orphelins les punitions suivantes, en raison de la gravité des fautes commises : 1) privation de récréation 2) mise à la table de pénitence avec soupe, pain et eau 3) privation aux promenades 4) réprimande avec affiche au parloir et au réfectoire 5) Plainte portée à la commission provocant soit une punition sévère soit le renvoi de l’orphelinat. Article 13 : Des jeunes filles de la ville sont admises à venir travailler à l’ouvroir pour y faire un apprentissage dans les divers travaux qui y seront exécutés, elles entreront dans la maison aux heures ci-après fixées. Elles peuvent y faire leur déjeuner à midi si elles le désirent mais avec des aliments par elles apportés. Elles devront se conformer à toute règle d’ordre et de discipline prescrite par la sœur supérieure. L’admission sera prononcée par la commission administrative sur une demande régulière adressée à la sœur supérieure par les parents des jeunes filles ou les jeunes filles elles-mêmes. La dite demande portant engagement de rester à la maison un an au moins. Le renvoi sera prononcé de même par la commission sur la demande de la sœur supérieure. 248 Pour le développement de l’ouvroir, des maîtresses salariées peuvent être prises à la maison pour se charger de confectionner des objets pour le dehors et d’exécuter des travaux de blanchissage, repasse et autres tâches pour le public. La comptabilité qui pourra en résulter sera tenue par la sœur supérieure sous le contrôle du receveur de l’hôpital. Article 14 : Pour les écritures et la comptabilité de l’orphelinat GALIGNANI on devra se conformer aux règles suivies par l’hôpital. Article 15 : En été à 5h15 lever, à 6 heures prière, après la prière les enfants désignés pour les différents ménages de la maison s’y rendent en silence, ceux qui ne sont pas employés restent à l’ouvroir ou à la classe. A 7 h déjeuner, à 7h15 récréation, pour les petites filles, les grandes terminent les ménages, à 8h rentrée générale et études, à 9 h classe, à 11h travail manuel, à 12h dîner et récréation, à 1h30 rentrée à l’ouvroir, travail manuel, à 4h goûter, à 4h30 rentrée et reprise du travail, à 7h souper et récréation, à 8 h prière et coucher. En hiver, les enfants se lèvent à 6h15, l’étude à lieu avant le déjeuner, après le déjeuner les filles dont les ménages jusqu’à 08h30. Les externes en apprentissage à l’ouvroir suivront le même ordre à l’exception de ce qui concerne le lever et le coucher. Elles devront être arrivées à l’ouvroir à 08 h en été et à 08h30 en hiver. Elles prendront leur repas à 12 h à l’orphelinat ou chez elles comme il a été dit ci-dessus. Elles devront rentrées à 1h30 et sortiront le soir à 7 h en été et à 5 h en hiver. Article 16 : Des sorties peuvent être autorisées par la sœur supérieure les dimanches et autres jours fériés. Toutes autres sorties devront être autorisées par la commission. Article 17 : Une pièce dans l’établissement est mise à la disposition des dames de charité et de l’ouvroir de la ville qui sont patronnesses de l’œuvre. 249 Article 18 : La sœur du bureau de bienfaisance , des pauvres, est logée et nourrie dans l’établissement. Il lui est affecté pour le service hospitalier une pièce servant de dispensaire et une autre à usage de vestiaire. Tarif n°1 : trousseau d’un orphelin : 8 chemises de toile 12 mouchoirs de poche 3 paires de bas de laine 3 paires de bas de coton 2 pantalons de toile 2 blousons de toile 6 serviettes de toilette 6 serviettes de table 3 bonnets de coton 3 cravates 1 veste en drap 1 pantalon de drap 2 casquettes 1 ceinture en cuir vernis noir 1 paire de bretelles 2 paires de souliers 1 paire de sabots 1 paire de chaussures total : 80 francs 250 trousseau d’une orpheline : 8 chemises 12 mouchoirs de poche 6 serviettes de table 6 serviettes de toilette 2 corsets 3 camisoles de nuit 4 bonnets de nuit 2 robes, 1 d’hiver, 1 d’été 2 jupons 2 jarrots 4 paires de bas de coton 4 paires de bas de laine 2 paires de brodequins ou bottines 1 paire de sabots 1 paire de chaussons total : 90 francs Tarif n°2 : Régime alimentaire varié -Table des sœurs : Régime gras Déjeuner : café au lait ou potage Dîner : potage gras, viande bouillie ou en ragoût avec légumes chaud au lard, légumes frais ou secs Souper : viande rôtie grillée ou en ragoût avec légume chaud au lard, légumes frais ou secs, riz, salage 251 Régime maigre Déjeuner : café au lait Dîner : potage maigre, poisson frais ou salé, légumes frais ou secs, œufs, riz, salade Souper : même composition Observation : un désert à chaque repas. -Table des surveillants : Régime gras Potage gras ou maigre au déjeuner et après comme les sœurs Régime maigre Potage maigre au déjeuner et après comme les sœurs. Seulement ils ont droits à 750 grammes de pain de 2ème qualité et 70cl de vin, on met à la marmite 500 grammes de viandes pour chaque surveillant les jours gras, ils n’ont pas droit au café au lait ni au dessert. Régime alimentaire varié pour les enfants : Lundi : Déjeuner : potage au gras Dîner : soupe grasse, viande bouillie Souper : chaud au lard, légumes secs préparés au lard ou pommes de terre Mardi : Déjeuner : potage au gras Dîner : soupe au choux et au lard, chaud au lard Souper : un bout de viande aux légumes Mercredi : Déjeuner : potage gras ou maigre Dîner : soupe grasse ou maigre, viande en ragoût aux légumes 252 Souper : légumes secs préparés au lard, ou pommes de terre au lard. Jeudi : Déjeuner : potage au gras Souper : soupe grasse, viande bouillie Souper : légumes frais ou secs Vendredi : Déjeuner : potage maigre Dîner : soupe maigre, légumes secs ou poisson frais ou salé Souper : œufs ou salade de légumes Samedi : Déjeuner : potage maigre Dîner : soupe maigre, légumes frais, œuf ou riz, un dessert. Souper : riz au lait ou au beurre, ou poisson ou légumes frais Dimanche : Déjeuner : potage au gras Dîner : soupe au gras, viande rôtie, un dessert Souper : ragoût de viandes. Observations : en carême, le potage est maigre le mercredi, en carême le dîner et le souper sont maigres. Chaque jour on distribue aux enfants 10cl de vin à leur dîner. Tarif n°3 Composition du régime alimentaire : 600 g de pain blanc de première qualité 600 g de pain blanc de deuxième qualité 600 g de pain de son 253 400 g de viande bouillie crue 400 g de viande rôtie crue 200 g de viande avec légumes 75 g de lard au chou 25 g de lard bouilli gras ou maigre 50cl de vin. Régime des sœurs 160 g de légumes frais cuits 300 g de pommes de terre 10 cl de légumes secs, riz 125 g de poisson frais 100 g de poisson salé 2 œufs 60 g de pruneaux 50 g de fromage 50 cl de vin A peine par personne et par jour 0 franc, 5 centimes. Régime des surveillants Pain blanc première qualité : 600 g Pain blanc deuxième qualité : 750 g Pain de son : 75 g Viande bouillie : 500 g Viande rôtie : 250 g Viande avec légumes : 200 g Lard au chou : 75 g Lard pour après : 25g Bouillon gras ou maigre : 50cl Légumes frais cuits : 160 g Pommes de terre : 300 g 254 Légumes crus : 10cl Poisson frais : 125 g Poisson salé : 100 g 2 œufs 60 g de pruneaux 50 g de fromage 70 cl de vin 0 franc, 05 centimes Régime des enfants 600 g de pain blanc première qualité 600 g de pain blanc deuxième qualité 50 g de pain de son viande bouillie : 200 g viande rôtie 150 g viande avec légumes : 125 g lard au chou : 75 g lard pour après : 20 g bouillon gras ou maigre : 50cl légumes frais cuits : 150 g pommes de terre : 250 g légumes secs, riz : 10cl poisson frais : 100 g poisson salé : 100g Nombre d’œuf : 1 et demi 50 g de pruneaux 50 g de fromage 10 cl de vin 0 franc et 05 centimes. Prix de la pension des orphelins : 20 francs par mois 255 Prix de l’apprentissage : 30 francs par mois de 12 ans à 15 ans. 256 ANNEE : 2004 Nom et prénom de l’auteur : ABALADA Isabelle DIRECTEUR DE THESE : POUGES Claude TITRE DE LA THESE : Aperçu de l’institution hospitalière : l’établissement de Corbeil du moyen âge à nos jours. Les origines de la ville de Corbeil remontent aux alentours de l’an 900. Au moyen âge, Corbeil possède deux structures d’accueil pour les pauvres et les malades, se sont la léproserie et l’Hôtel Dieu. Lorsque la lèpre disparaît, en 1604, les deux établissements sont réunis. Ce nouvel Hôtel Dieu est sous la tutelle du pouvoir ecclésiastique. Les malades ressortent rarement guéris, il s’agit plus d’un réconfort spirituel que physique. Après la révolution, l’autorité passe aux mains de la municipalité. Le Maire est président de la commission administrative. En 1797, l’Hôtel Dieu tombe en ruine, il est alors transféré dans l’ancien couvent des sœurs Sainte Augustine. Mais, les difficultés des Hôtels Dieu ne cessent de grandir car la population indigente augmente et les places pour les accueillir manquent. C’est une « guerre » sans fin avec le pouvoir administratif et le pouvoir de l’Etat pour avoir des subventions afin de répondre aux besoins. En 1840, un hospice est construit, contiguë à l’hôpital pour essayer de répondre à la demande croissante de la population. Au fur et à mesure des années, les locaux deviennent exiguës et les conditions d’hospitalisation trop archaïques. Les progrès de la médecine s’accélèrent et il faut moderniser les installations et le matériel. De généreux donateurs, les frères GALIGNANI, permettent la reconstruction d’un hôpital plus grand et mieux situé, ainsi que celle d’un orphelinat et d’une école publique. C’est la naissance de l’hôpital hospice GALIGNANI. Au cours des différentes guerres, l’hôpital de Corbeil est un véritable hôpital militaire. Il doit faire face à un afflux de victime. Ce qui est également le cas lors des épidémies. A partir de 1941, le poids du pouvoir de l’état dans la gestion hospitalière est de plus en plus important. Quant au personnel, les sœurs sont de plus en plus remplacées par un personnel médical et paramédical formé et salarié. En 1981, l’hôpital GALIGNANI ne répond plus aux attentes que l’on peut avoir pour un hôpital moderne malgré le développement de nombreuses spécialités médicales, en son sein. C’est le début de la construction du centre hospitalier Gilles de Corbeil. Il sera inauguré en 1985. MOTS-CLES : - Hôtel-Dieu (Corbeil, Essonnes) Histoire médecine Médiévale histoire Médecine moderne Hôpital histoire ADRESSE DE l’U.F.R. : 8, Rue du Général SARRAIL 94010 CRETEIL CEDEX 257