sommaire - Musées nationaux des Alpes Maritimes
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sommaire communiqué p. 2 press release p. 4 comunicato p. 6 cartels développés des œuvres présentées dans l’exposition p. 8 visuels disponibles pour la presse p. 15 communiqué D'UNE CHOUETTE L'AUTRE Picasso et les oiseaux de nuit 2 juillet - 19 septembre 2016 vernissage samedi 2 juillet 2016 à 11h Musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, Vallauris Exposition organisée par les musées nationaux du XXe siècle des AlpesMaritimes avec le soutien du Musée national Picasso - Paris Les figures animales occupent une place de choix dans l’œuvre de Pablo Picasso (18811973). Représentations naturalistes ou symboliques, elles constituent un bestiaire fascinant et protéiforme au sein duquel les oiseaux nocturnes – chouettes et hiboux – apparaissent de manière privilégiée. Si la première occurrence de ce motif date de 1899 dans la gravure El Zurdo, c’est surtout à partir de 1946, lorsque l’artiste s’installe dans le château Grimaldi d’Antibes, que le sujet devient récurrent, et ce, jusqu’à la fin de sa vie. En effet, à l’occasion d’une visite du sculpteur et photographe Michel Sima au château, celui-ci recueille une petite chouette blessée et la confie à Picasso. Baptisée Ubu, elle lui tient compagnie dans l’atelier et sert de modèle pour de nombreuses œuvres peintes, dessinées, gravées, mais aussi des céramiques et des sculptures. Le regard perçant du rapace comme son activité nocturne fascinent Picasso. De plus, l’animal est chargé d’une symbolique forte depuis l’Antiquité, période à laquelle s’intéresse particulièrement Picasso lors de son retour sur les rivages méditerranéens après la Seconde Guerre mondiale. Picasso attribue à ce nouveau sujet de représentation une signification ambivalente. S’il prend place au milieu des faunes et des nymphes au cœur de paysages arcadiens pour évoquer la déesse de la sagesse Athéna, il révèle parfois des aspects plus maléfiques, d’avantage liés à la symbolique médiévale du hibou, oiseau de mauvais augure. Les nombreux carnets de croquis de la peinture monumentale La Guerre et la Paix de la chapelle de Vallauris, révèlent ainsi que la petite chouette de La Paix, aujourd’hui discrètement perchée sur la tête d’un enfant, se substitue au gigantesque Hibou de la mort initialement dispensateur des maux de l’humanité dans La Guerre. L’exposition propose ainsi une incursion dans ce sujet de prédilection de Picasso, avec la présentation de quinze céramiques et sculptures réalisées à Vallauris dans l’atelier Madoura et l’atelier du Fournas, mises en regard d’une exploration documentaire de ses nombreux dessins et tableaux sur le sujet. Denise Colomb, Pablo Picasso dans l’escalier des Grands-Augustins, Paris, 1952 © Ministère de la Culture et de la Communication – Médiathèque du Patrimoine. Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb. © Succession Picasso, 2016 2 Cette exposition bénéficie des prêts exceptionnels de pièces du musée national PicassoParis, du musée Magnelli, musée de la céramique de Vallauris, de la Cité de la Céramique - Sèvres, du musée Picasso d’Antibes ainsi que de collectionneurs privés. Elle se déroulera en même temps que la Biennale Internationale de la Céramique Contemporaine de Vallauris. ----------------------------------------------------------------commissaires Anne Dopffer, conservateur général du patrimoine, directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes Johanne Lindskog, conservatrice du patrimoine au musée national Marc Chagall -------------------------------------------------------------------Musée national Pablo Picasso La Guerre et la Paix Place de la Libération 06220 Vallauris Tél. +33 (0)4 93 64 71 83 www. musee-picasso-vallauris.fr Ouverture Tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h15 et de 14h à 17h et tous les jours de 10h à 12h45 et de 14h15 à 18h15 en juillet et août Tarifs Plein tarif : 5€, réduit 2,50€, groupes 2,50€ (à partir de 10 personnes) gratuité pour les moins de 26 ans (U.E) et pour tous le 1erdimanche du mois Billetterie commune avec le musée Magnelli, musée de la Céramique Accès Par l’autoroute, sortie Antibes, direction Vallauris Aéroport Nice Côte d’Azur à 20km puis bus Lignes d’Azur Express n°250 de l’aéroport jusqu‘à l’office de tourisme de Vallauris Bus Envibus n° 18 Cannes - Golfe-Juan Bus Envibus n°5 de la gare routière d’Antibes jusqu‘au centre de Vallauris Bus Lignes d’Azur n° 200 Nice-Cannes, arrêt Square Nabonnand à Golfe-Juan Gare SNCF de Golfe -Juan Contacts presse Hélène Fincker [email protected] T +33 (0)6 60 98 49 88 Françoise Borello [email protected] T +33 (0)4 93 53 75 73 T +33 (0)6 70 74 38 71 press release OWL TO OWLS Picasso and Nocturnal Birds 2 July - 19 September 2016 opening Saturday 2 July 2016 at 11am Musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, Vallauris Exhibition organised by the Musées Nationaux du XXe Siècle des Alpes-Maritimes with the support of the National Picasso Museum in Paris. Depictions of animals played a central role in the work of Pablo Picasso (1881-1973). Whether true to life or symbolic, they formed a fascinating and multi-faceted bestiary in which nocturnal birds, and particularly owls, take pride of place. This motif first emerged in the 1899 El Zurdo etching, but became a recurring theme from 1946 on, when the artist moved to the Château Grimaldi in Antibes, lasting until the end of his life. The sculptor and photographer Michel Sima rescued a little wounded owl during a trip to the castle, and entrusted it to Picasso. Christened Ubu, the bird kept the artist company in his studio, and served as a model for a number of paintings, drawings and etchings, as well as ceramic pieces and sculptures. The owl's piercing gaze and night-time activities fascinated Picasso, heightened by the strong symbolic value that owls have held since Antiquity, a period that was of particular interest to Picasso upon his return to the Mediterranean after World War II. Picasso gave this new subject an ever-shifting significance. Portrayed amidst the fauns and nymphs of Ancient Greece in a nod to the goddess of wisdom Athena, the artist sometimes depicted owls imbued with a more malevolent streak, in reference to the medieval tradition of owls as symbols of ill omens. The many sketchbooks for the monumental War and Peace painting in the Vallauris chapel reveal that the little owl from Peace, now discreetly perched on a child's head, replaced the gigantic Owl of Death initially depicted as the source of all humanity's evils in War. This exhibition is a journey into one of Picasso's favourite themes, showcasing fifteen ceramic pieces and sculptures made in Vallauris in the Madoura and Le Fournas studios, accompanied by texts and a series of drawings and paintings surrounding the theme. Denise Colomb, Pablo Picasso on the Grands-Augustins stairs, Paris, 1952. © Ministry for Culture and Communication - Médiathèque du Patrimoine heritage library, Dist. RMN-Grand Palais/Denise Colomb© Succession Picasso, 2016 4 The exhibition was made possible thanks to exceptional loans of works from the National Picasso Museum in Paris, the Musée Magnelli, the Vallauris ceramics museum, the Cité de la Céramique – Sèvres, and the Picasso Museum in Antibes, as well as from private collectors. This exhibition will take place alongside the International Biennale of Contemporary Ceramics in Vallauris. ----------------------------------------------------------------Curators Anne Dopffer, general curator of heritage and head of the Musées Nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes Johanne Lindskog, curator of heritage at the Musée National Marc Chagall -------------------------------------------------------------------Musée national Pablo Picasso La Guerre et la Paix Place de la Libération 06220 Vallauris Tél. +33 (0)4 93 64 71 83 www. musee-picasso-vallauris.fr Opening times July and August, every day from 10am to 12:45pm and 2:15pm to 6:15pm. September: every day except Tuesdays from 10 am to 12:15pm and from 2pm to 5pm Prices Full rate €5, reduced rate €2,50, group rate €2,50 (groups of 10 or more), free for under-26s (EU) and for all on the first Sunday of every month. Single ticket for the Musée Magnelli and the Musée de la Céramique Getting here Antibes motorway exit, heading to Vallauris Nice Côte d’Azur Airport just 20 km away take the express bus line 250 from the airport to the Vallauris tourism office Bus Envibus n°18 Cannes-Golfe-Juan Bus Envibus n°5 from Antibes bus station to Vallauris town centre Bus Lignes d’Azur n°200 Nice-Cannes, Square Nabonnand stop in Golfe-Juan Golfe-Juan SNCF train station Press Contacts Hélène Fincker [email protected] T +33 (0)6 60 98 49 88 Françoise Borello [email protected] T +33 (0)4 93 53 75 73 T +33 (0)6 70 74 38 71 5 comunicato D' UNA CIVETTA AD UN ALTRA Picasso e gli uccelli notturni 2 luglio - 19 settembre 2016 inaugurazione sabato 2 luglio 2016 alle 11h Musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix, Vallauris Mostra organizzata dai musei nazionali del XX secolo delle Alpi Marittime con il sostegno del Museo nazionale Picasso-Paris Le figure animali occupano un posto rilevante nell’opera di Pablo Picasso (1881-1973). Rappresentazioni naturaliste o simboliche, costituiscono un bestiario affascinante e proteiforme all’interno del quale gli uccelli notturni – gufi e civette – compaiono più frequentemente. La prima occorrenza di questo motivo risale al 1899 nell’incisione El Zurdo, ma è soprattutto dal 1946, quando l’artista si trasferisce nel castello Grimaldi d’Antibes, che il soggetto diventa ricorrente fino alla fine della sua vita. Durante una visita dello scultore e fotografo Michel Sima al castello, questi raccoglie una piccola civetta ferita e l’affida a Picasso. Battezzata Ubu, gli tiene compagnia nell’atelier e serve da modello per numerose opere dipinte, disegnate, incise, ma anche ceramiche e sculture. Lo sguardo penetrante del rapace e la sua attività notturna affascinano Picasso. Inoltre l’animale è carico di un forte simbolismo sin dall’Antichità, periodo al quale Picasso s’interessa in modo particolare una volta tornato sulle rive del mediterraneo dopo la Seconda guerra mondiale. Picasso attribuisce a questo nuovo soggetto di rappresentazione un significato ambivalente. Se spesso trova posto insieme a fauni e ninfe nel cuore di paesaggi arcadici per evocare la dea della saggezza Atena, talvolta rivela aspetti più malefici, legati alle valenze simboliche medievali del gufo, uccello di malaugurio. I numerosi schizzi preparatori dell’affresco monumentale La Guerra e la Pace della cappella di Vallauris, rivelano che la piccola civetta della Pace, oggi discretamente appoggiata sulla testa di un bambino, sostituisce il gigantesco Gufo della morte inizialmente dispensatore dei mali dell’umanità in La Guerra. Denise Colomb, Pablo Picasso sulla scala des Grands-Augustins, Paris, 1952. © Ministero della Cultura e della Comunicazione – Mediateca del Patrimonio, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb© Successione Picasso, 2016 6 La mostra propone un’incursione in questo soggetto di predilezione di Picasso, con la presentazione di quindici ceramiche e sculture realizzate a Vallauris nell’atelier Madoura e l’atelier del Fournas, affiancate da un’esplorazione documentaria dei suoi numerosi disegni e dipinti sul tema. Questa mostra usufruisce di prestiti eccezionali di pezzi del museo nazionale PicassoParis, del museo Magnelli, del museo della ceramica di Vallauris, della Città della porcellana – Sèvres, del museo Picasso d’Antibes e di collezionisti privati. Si svolgerà allo stesso tempo della Biennale Internazionale della Ceramica Contemporanea di Vallauris. ----------------------------------------------------------------Commissari Anne Dopffer, conservatore generale del patrimonio, direttrice dei Musei Nazionali del XXe secolo delle Alpi-Marittime Johanne Lindskog, conservatore del patrimonio, Museo Nazionale Marc Chagall -------------------------------------------------------------------- Apertura Settembre: aperto tutti i giorni tranne il martedì dalle 10 alle 12.15 e dalle 14 alle 17. Luglio e agosto: aperto dalle 10 alle 12.45 e dalle 14.15 alle 18.15 tutti i giorni Accesso Dall’autostrada: uscita Antibes, direzione Vallauris Aeroporto Nice Côte d’Azur (a 20 Km): autobusLignes d’Azur Express n° 250 dall’aeroporto fino all’Ufficio del turismo di Vallauris Autobus Envibus n° 18 Cannes-Golfe-Juan Autobus Envibus n° 5 dall’autostazione di Antibes fino al centro di Vallauris Autobus Lignes d’Azur n° 200 Nice-Cannes, fermata Square Nabonnand a Golfe-Juan Stazione SNCF di Golfe-Juan Tariffe Biglietto intero 5€,Ridotto 2,50€ Gruppi 2,50€ (a partire da 10 persone) Gratuito per i cittadini dell’Unione europea di età inferiore a 26 anni e per tutti la prima domenica del mese. Biglietteria comune con il Museo Magnelli, Museo della Ceramica Contatti stampa Hélène Fincker [email protected] T +33 (0)6 60 98 49 88 Françoise Borello [email protected] T +33 (0)4 93 53 75 73 T +33 (0)6 70 74 38 71 Musée national Pablo Picasso La Guerre et la Paix Place de la Libération 06220 Vallauris Tél. +33 (0)4 93 64 71 83 www. musee-picasso-vallauris.fr 7 cartels développés des œuvres présentées Pablo Picasso Plat au hibou 1957 Plat espagnol en terre cuite rouge, engobes blanc et bleu, décor incisé Centre Pompidou, Musée national d'art moderne / Centre de Création Industrielle, Paris Plat hibou aux ailes déployées Au verso : frise de petits masques 1957 Plat espagnol en terre cuite rouge Collection particulière L'expérience de la céramique est l'occasion pour Picasso de renouer avec un héritage personnel et de revendiquer une identité culturelle méditerranéenne. A partir de 1957, Pablo Picasso se sert de plats espagnols comme support de représentations. Il demande ainsi à Suzanne et Georges Ramié, fondateurs de l'atelier Madoura à Vallauris, de créer pour lui un grand plat à aile large et à creux bombé, reprenant le modèle des plats hispano-mauresques sur lesquels sont souvent représentés des aigles héraldiques. Le motif fréquent de la chouette aux ailes déployées rappelle aussi les boucliers espagnols de la même époque, supposés terroriser l'assaillant par ses motifs effrayants. L'inscription des motifs aviaires dans l'arrondi des plats est aussi un héritage de la céramique islamique médiévale. La critique d'art Hélène Parmelin dira de ces pièces : "Les taureaux et les chouettes des plats espagnols sont des architectures de peinture. Chaque renflure, chaque bordure prête le flanc à un décuplement d'invention seul apte à résoudre le problème de la terre et de son éveil à la vie, par l'art et par le feu." ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Plat hibou mat 1955 Terre de faïence blanche, décor aux engobes gravés au couteau Edition Madoura, exemplaire éditeur Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Collection particulière Ce plat présente un grand hibou, dont le corps occupe le creux de la partie centrale. Les incisions ont été réalisées au couteau, à travers l'engobe, ce qui permet de faire apparaître le motif par le contraste entre la terre blanche sousjacente et l'engobe coloré foncé. Cet "exemplaire éditeur" a servi de modèle pour une édition en série, communément appelés les "éditions Picasso". Ces multiples, peints à la main par 8 les ateliers Madoura, étaient destinés à une diffusion plus large que les pièces uniques. On note ici l'humour avec lequel Picasso traite le motif. Perché sur sa branche, il présente au visiteur une mine maussade, les paupières tombantes de celui que l'on dérange au milieu de la nuit. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Chouette avec tête de faune 1947 - 1948 Terre de faïence blanche, décor gravé et peint aux engobes et aux oxydes sous couverte partielle Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Musée Picasso d’Antibes La forme de ce vase, avec son ample panse surmontée de deux anses symétriques et largement dégagées du bord de la panse, rappellent de manière lointaine les amphores antiques. Subsiste ainsi la mémoire de la fonctionnalité de l'objet. La chouette est ici évoquée par son bec et ses grands yeux sur le col, choix plastiques hérités de la tradition céramique chypriote. Les pattes sont figurées sur le pied du vase tandis que les deux anses évoquent des ailes. Cependant, les anses font aussi office de cornes pour le faune, dont le visage ample est figuré sur la panse du vase. A la fois tête et corps animal, l'objet joue sur la tradition millénaire et universelle d'utilisation d'un contenant comme métaphore du corps. Le vase devient alors une sculpture zoomorphe. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Grand vase orné de têtes et de deux chouettes 24 février 1961 Terre de faïence blanche, décor peint aux engobes Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Musée Picasso, Paris Ce grand vase est composé de cinq éléments tournés et assemblés, puis décorés aux engobes. Picasso déploie ici une palette colorée riche avec un engobe jaune qui illumine la pièce. Cet engobe est composé de terre délayée à l'eau et colorée avec un oxyde métallique de fer ; pour le bleu, la terre est mélangée à un oxyde métallique de cobalt ; pour le brun, à un oxyde métallique de manganèse. Pour décorer les formes céramiques, le peintre dispose d'une palette moins étendue de couleurs. Picasso joue sur des contrastes simples et forts, n'utilisant à chaque fois que quelques couleurs sans souci de réalisme. La technique de la peinture sur terre fascine l'artiste du fait de la révélation par le feu des tons voulus, mais aussi par la pérennité de la surface colorée. 9 Cette pièce était à l'origine destinée aux "éditions Picasso" mais l'artiste a finalement décidé de s'éloigner du modèle en réinventant un décor peint ; elle est ainsi devenue une pièce unique. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Grand vase oiseau : visage noir 1951 Terre de faïence blanche, décor aux engobes gravé au couteau Edition Madoura, exemplaire hors-commerce Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Collection particulière S'il rappelle de manière lointaine la forme des amphores antiques, ce type de vase évoque aussi le bojito espagnol, un vase à eau à large panse dont Picasso a gardé le souvenir de sa jeunesse en Espagne. Fort de ces influences, Picasso a inventé la forme de ce vase. Son travail commence toujours par des séries de dessins dans lesquels il décline la forme de l'objet. Jules Agard, le tourneur de Picasso à l'atelier Madoura de Vallauris en vérifiait ensuite la faisabilité technique. On retrouve sur cette pièce l'association de deux motifs antiques : le faune et la chouette, combinaison dont Picasso propose plusieurs variantes sur ce type de vase. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Hibou 1956 Tomette à bords arrondis en terre cuite rose peinte avec de la barbotine Collection particulière Les tomettes en terre rouge chamottée constituent le revêtement traditionnel des sols dans le Midi de la France. Dans les années 1950, Picasso en détourne un certain nombre, utilisant leur forme pour évoquer la silhouette d'une chouette. Le rapace est ici signifié par un nombre réduit de trait, évoquant l'essentiel de l’oiseau : son regard perçant, son bec, ses ailes, ses pattes. Au revers, la même simplification géométrique évoque de manière abstraite la queue et les ailes repliées du rapace. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Paire de chouettes 1958 Vases tournés, faïence blanche, décor aux engobes, intérieur sous couverte Édition Madoura Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Cité de la Céramique – Sèvres & Limoges Dépôt du Centre national des arts plastiques 10 La ville d'Antibes, où Picasso s'installe en 1946, inspire à l'artiste des visions d'une Antiquité rêvée. La céramique grecque pré-classique devient pour lui une inépuisable source d'inspiration. Il ne cherche pas à copier les pièces mais à en retrouver des caractéristiques formelles, telles qu'ici, le dessin noir légèrement souligné de blanc sur un fond de terre ocre, qui rappelle les vases grecs de la période archaïque qu'il a vu lors de ses nombreuses visites au musée du Louvre. Il décore des tessons et des pignates dans ce style, parfois ornées du motif de la chouette. Picasso réalise ainsi la synthèse d'un motif largement représenté dans l'Antiquité, la chouette attribut de la déesse Athéna et l'esthétique de cette même période, s'inscrivant délibérément dans l'héritage méditerranéen. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Vases chouette 1969 Terre de faïence blanche, décor à l'engobe gravé à la mirette, sous couverte partielle au pinceau Edition Madoura (réplique authentique), exemplaires 240/250 et 240/250 Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Musée Magnelli, musée de la Céramique, Vallauris Ces deux petits vases sont réalisés grâce à l'assemblage de trois éléments distincts, tournés en faïence blanche et profondément gravé à l'aide d'une mirette. Il s'agit de répliques authentiques, c'est-à-dire des reproductions fidèles de modèles fournis par Picasso, destinés à la vente à un public large, voire à une utilisation quotidienne. Ces deux petits "vases chouette" évoquent les traditionnelles cruches zoomorphes produites dans de nombreuses traditions céramiques à travers les âges, mais aussi les bibelots des intérieurs européens, révélant une influence des arts populaires. Ces deux pièces sont conçues comme le positif et le négatif l'une de l’autre : d'un côté, les engobes foncés occupent les parties gravées de la céramique, de l'autre, ils les laissent en réserve. Cette capacité à exploiter un volume et à lui donner sens par la couleur révèle la double approche de l'artiste, à la fois sculpteur et peintre lorsqu'il s'approprie les techniques ancestrales de la céramique. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Hibou 1950 Grès tourné chamotté, cuivre découpé, ciment Réalisé dans l'atelier du Fournas, Vallauris 11 Centre Pompidou, Musée national d'art moderne / Centre de Création Industrielle, Paris Cette sculpture miniature est issue de l'assemblage de deux éléments. La base, fragment en grès tourné pourrait provenir d'un bouchon de jarre retourné, d'un drageoir (présentoir à fruits secs), d'un épi de faîtage, d'un bougeoir ou encore d'une petite fontaine à oiseaux, ce qui expliquerait son association avec une forme aviaire. Le petit hibou qui y est perché est réalisé dans une feuille de cuivre découpée et légèrement pliée. Cette œuvre fait partie d'une série de petits animaux que Picasso réalise en 1950, selon une technique similaire : une petite chèvre, un oiseau picorant, des singes, d'autres hiboux ou encore un chien. Ce bestiaire minuscule précède le travail de Picasso sur les sculptures en tôle de plus grande taille qu'il réalise au début des années 1960, transposant dans un matériau pérenne les éphémères modèles en papiers découpés et pliés. Ce travail révèle la capacité de Picasso à donner du volume à une surface plane par son découpage et à lui insuffler la vie par des jeux d'ombres et d'assemblages, malgré la simplicité des matériaux employés. Lorsqu'il réside à Vallauris, Picasso réalise par ailleurs un ensemble de sculpturesassemblages, qui mêlent des objets divers à des pièces en céramique. Il réaffirme ainsi la transversalité des techniques, perceptible tout au long de son œuvre. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Pichet gothique décoré de trois hiboux 10 avril 1953 Terre blanche tournée et modelée, décor aux engobes, incisions Edition Madoura, exemplaire éditeur Réalisé à l'atelier Madoura, Vallauris Musée Picasso, Paris La forme de ce pichet dit "gothique" est caractéristique de la production prépicassienne de Suzanne Ramié, à l'atelier Madoura de Vallauris, qui elle-même s'inspire de formes traditionnelles de la poterie française. Picasso personnalise cette pièce en resserrant simplement les bords supérieurs de ce pichet en terre blanche. Ce modèle a ensuite été utilisé pour des "éditions Picasso", pour lesquelles le décor est reproduit à l'identique. Ce décor consiste en trois hiboux, dont la forme est dessinée par incisions puis rehaussée de rouge. Sur le col et le bec, le motif en lignes incurvées pourrait évoquer les ailes du rapace, déployées de part et d'autre de l'orifice sommital. Le caractère nocturne du hibou est ici rendu par la teinte noire et brune du pichet et les petites étoiles qui luisent au-dessus des oiseaux, deux motifs que Picasso associe fréquemment. ------------------------------------------------------------------------------------------- 12 Italie méridionale Skyphos à la chouette de type A 2nde moitié du Ve siècle av. J.-C. Terre cuite, figures rouges Produit à Athènes (Grèce) ou Tarente (Italie méridionale) Cité de la Céramique – Sèvres & Limoges Le caractère nocturne et le regard perçant de la chouette et du hibou en font depuis les temps les plus reculés un animal symbolique, dont la signification ambivalente peut-être de bon ou de mauvais augure. Dans l'Antiquité, le motif de la chouette est associé à l'une des déesses les plus importantes du Panthéon: Athéna, fille de Zeus, déesse de la sagesse et de la guerre. La ville d'Athènes le choisit alors comme motif emblématique, avec une dimension prophylactique. A partir du Vème siècle av. J.-C., des skyphoi (vases à boire) ornés sur chaque face d'une chouette encadrée de deux rameaux d'olivier sont produits en très grand nombre à Athènes. Associant la chouette, animal attribut de la déesse Athéna, à l'olivier qui lui fit gagner la tutelle de la région d'Athènes. Exportés dans tout le monde grec, ils sont imités au-delà des mers, en Etrurie et en Grande Grèce notamment. ------------------------------------------------------------------------------------------Hibou Grand Duc Environ 36.000 ans avant notre ère Dessin au doigt dans l'argile de la paroi Grotte Chauvet, Ardèche, France © Patrick Aventurier La plus ancienne représentation de rapace nocturne connue à ce jour provient de la grotte Chauvet et remonte à plus de 30.000 ans. Tracé au doigt, il s'agit d'un hibou représenté de dos, ailes repliées, tête tournée à 180°. Cette particularité anatomique a sans doute très tôt fasciné les hommes. Si, plus tard, c'est le regard perçant de cet animal qui frappe particulièrement les artistes, c'est ici son plumage qui est le plus détaillé. La tête est réduite à un cercle, au centre duquel un trait signifie le bec. Au sommet de la tête, deux traits évoquent les aigrettes – ces plumes sommitales qui différencient les hiboux des chouettes. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso La petite chouette 1951-1953 Plâtre original (outils, objets métalliques, clous, vis et plâtre) Réalisée dans l'atelier du Fournas, Vallauris Musée Picasso, Paris 13 La petite chouette de Picasso résulte de l'assemblage au plâtre d'outils en métal tels qu'une tête de bêche, une pince, des clous et des vis. La radiographie cicontre, réalisée par l'artiste Xavier Lucchesi révèle la manière dont Picasso a réalisé, tel qu'il est d'usage en sculpture, une âme de métal à l'aide de longs clous. Ils sont partiellement recouverts de plâtre. Cette technique offre à Picasso une grande rapidité dans l'exécution de l'œuvre, ce à quoi il attachait beaucoup d'importance, recherchant avant tout la simplicité dans ses réalisations. Cette pratique de l'assemblage est caractéristique du travail de sculpture que Picasso entreprend lorsqu'il réside à Vallauris : il avait pour habitude de récupérer systématiquement les objets de rebuts et de les accumuler dans son atelier du Fournas, jusqu'à ce que l'un d'entre eux lui inspire un calembour visuel : la tête de bêche est utilisée pour évoquer les deux ailes repliées d'un oiseau. On notera la seconde vie paradoxale donnée par Picasso à cet objet destiné à travailler la terre. On peut aussi voir dans cette pratique de l'assemblage une réminiscence des "fétiches" africains qui fascinent autant qu'ils effraient Picasso lors de ses visites au musée d'ethnographie du Trocadéro au début du XXème siècle. L'usage du clou en particulier rappelle les nkisi, objets protecteurs contre les mauvais esprits que le nganga, intercesseur, active en y plantant des clous. Les nkisi – coïncidence fortuite ? - sont réputés capables de voir l'invisible, à l'instar des rapaces nocturnes dont le regard perce les ténèbres. Deux tirages de cette œuvre ont été réalisés en 1952 en bronze à la cire perdue par la fonderie Claude Valsuani. ------------------------------------------------------------------------------------------Pablo Picasso Chouette 21 février 1953 Terre cuite blanche émaillée gris et noir Collection particulière Cette pièce a été réalisée à partir d’un original en plâtre. Moulé, ce modèle a permis la création de plusieurs épreuves très différentes. Ici, Picasso reproduit divers effets de plumages, par des lignes et de tâches en émaux gris et noir, dans une perspective relativement naturaliste. Picasso, qui a illustré L’histoire Naturelle de Buffon, était capable de reproduire de manière illusionniste les effets de plumages et de fourrure d’un bestiaire très vaste. Il privilégie cependant ici la posture d’un grand nombre de strigidés - espèce regroupant les chouettes et les hiboux - en observation, les ailes légèrement déployées, prêt à s’envoler. La tête tournée comme s’il était surpris, l’animal nous happe de son regard interrogateur. Six épreuves en bronze ont été réalisées par la fonderie Godard à partir de l’original en plâtre. 14 visuels disponibles pour la presse Denise Colomb, Pablo Picasso dans l’escalier des Grands-Augustins, Paris, 1952 © Ministère de la Culture et de la Communication – Médiathèque du Patrimoine Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb © Succession Picasso, 2016 Pablo Picasso, Chouette, terre cuite blanche émaillée gris et noir, 21 février 1953 © Collection particulière © Succession Picasso, 2016 Pablo Picasso, Hibou, tomette à bords arrondis en terre cuite rose peinte à la barbotine, 1956 © Collection particulière © Succession Picasso, 2016 15 Pablo Picasso, La petite chouette, plâtre original (outils, objets métalliques, clous, vis et plâtre), 1951 – 1953 © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Béatrice Hatala © Succession Picasso, 2016 Pablo Picasso, Vase chouette, terre de faïence blanche, décor à l’engobe gravé à la mirette sous couverte partielle au pinceau, Édition Madoura, tirage 240/250, 1969 © Image Art - Claude Germain, musée Magnelli, musée de la Céramique, Vallauris © Succession Picasso, 2016 Pablo Picasso, Grand vase oiseau : visage noir, terre de faïence blanche, décor aux engobes gravé au couteau, Édition Madoura, tirage hors-commerce, 1951 © Emmanuel Valentin, collection particulière Pablo Picasso, “La Paix” (détail) peinture sur isorel, 1952 © Musée national Pablo Picasso La Guerre et la Paix, Vallauris © Succession Picasso, 2016 16