Hypercholestérolémie Familiale, Parole aux association de
Transcription
Hypercholestérolémie Familiale, Parole aux association de
journal de la ligue cardiologique belge 7 L’ Hypercholestérolémie Familiale Parole aux associations L’ Hypercholestérolémie Familiale, une maladie potentiellement mortelle, sous diagnostiquée et sous traitée qui mérite d’avoir son association et son programme de dépistage. Docteur Olivier Descamps et Madame Nicole Kajjaj (infirmière). Clinique de prévention cardiovasculaire (Hôpital de Jolimont), Centre de Recherche Médicale de Jolimont et Association de Patients pour l’Hypercholestérolémie Familiale (www.belchol.be). L’hypercholestérolémie familiale (HF) est une maladie génétique relativement fréquente, qui touche au moins 1 personne sur 400, soit plus de 25.000 personnes en Belgique. Elle s’accompagne d’un taux de cholestérol sévèrement élevé (souvent supérieur à 300 mg/dl) et donc, d’un risque dramatiquement précoce d’infarctus du coeur et d’accident vasculaire cérébral. Tant que l’HF reste sous-diagnostiquée et sous-traitée, des familles entières continueront de souffrir inutilement d’une morbidité et mortalité prématurée par maladie cardiaque. Avec des moyens très efficaces et tout à fait abordables pour assurer le diagnostic et le traitement de l’HF, ce cycle de décès précoces pourrait être définitivement arrêté ! Comment mieux venir à bout de l’HF ? En principe, un simple dosage de cholestérol (avant 20 ans) suffirait à dépister la maladie et la prescription dès l’adolescence (parfois avant) de traitements efficaces et facilement accessibles éviterait beaucoup de drames. La plus grosse difficulté reste néanmoins l’information à diffuser au sein de la famille. Celle-ci demande en effet d’abord qu’un diagnostic précis et clair soit établi chez un des membres de la famille, et ensuite que cette information soit diffusée au sein de la famille. Or d’après notre expérience, ces deux aspects ont été jusqu’ici assez négligés en Belgique. C’est la raison pour laquelle a été mis en route une « association de patients » et un projet de « dépistage en cascade » (ou « cascade screening »). < Association de patients L’association de patients s’est donné plusieurs objectifs résumés par le slogan « CHOL »: • Conseiller les malades • Harmoniser le dépistage et le suivi des familles • Oeuvrer à de meilleures conditions de vie • Livrer une information claire au public et aux soignants Le site web (www.belchol.be) fournit des conseils et informations à destination des patients et des médecins. Une histoire familiale parmi beaucoup d’autres… L’harmonisation du dépistage passe par la mise en Le fléau de l’hypercholestérolémie familiale a touché place d’un programme de « dépistage en cascade » Lindsay et sa famille. Son père Pierre est mort soudainement alors qu’il n’avait que 36 ans, probablement (voir ci-dessous). Un tel programme de dépistage de l’HF rejoint les objectifs de l’association, et est la pred’un infarctus du myocarde. A l’époque, on ne s’était mière étape d’un vaste projet pour la reconnaissance, pas inquiété pour la santé de la petite fille alors âgée de 10 ans. Pourtant, ce décès précoce dû à une maladie le dépistage, et le traitement de l’HF. cardiaque qui se répétait de génération en Parallèlement, une large campagne génération aurait dû faire songer à l’exisd’information vers le public et les protence d’une maladie génétique susceptible Vous avez un taux fessionnels de santé est en préparation d’être transmise. Dans la famille de Lindde cholestérol via différents supports (brochures, say, on pensait que le fait de souffrir d’une > 300 mg/dl? articles, réunions...). maladie du cœur dès la trentaine était une Programme de « screening en cascade» fatalité. Son but est de dépister tous les memLindsay a une hypercholestérolémie fabres d’une famille, à partir d’un des Un test miliale, la même mutation génétique qui membres chez qui le diagnostic a déjà Une réponse a tué son père et son grand père avant été confirmé. L’appellation « cascade » Tout simplement! l’âge de 60 ans. Les personnes souffrant fait référence au fait que, à partir d’ud’HF développent des taux dangereusene personne dont le diagnostic a été ment élevés de « mauvais cholestérol » formellement établi, on peut retrouver (« LDL-cholestérol ») dès la toute petite d’autres membres de la famille qui Un parent a eu enfance. Toute personne dont le père ou la seraient susceptibles de présenter la un infarctus mère souffre de cette condition a 50% de même maladie. Ainsi, de parent en paavant 55 ans? risques de la développer aussi. rent, on peut facilement retrouver et Cette histoire montre l’intérêt d’une meildépister cette maladie chez des parents leure conscientisation de cette maladie de plus en plus éloignés. parmi les professionnels de santé et le public ainsi que En effet, comme il s’agit d’une maladie « autosomiale l’importance d’un dépistage familial. dominante », la transmission se fait de parents à enMéconnaissance de l’hypercholestérolémie familiale fants, avec une probabilité de 50 %. en Belgique. Un tel programme se réalise actuellement dans le Malgré les taux très élevés de cholestérol depuis la Hainaut et dans le Brabant pour les familles qui le naissance, l’HF reste silencieuse et asymptomatique souhaitent. Concrètement, le patient connu pour avoir pendant des années avant de se révéler par un événeune hypercholestérolémie familiale est contacté par le ment grave (infarctus, AVC, décès ...). Une personne af- médecin ou l’infirmière du CRMJ via un courrier ou par fectée ne se doute de rien, a un poids normal, un mode téléphone. Des explications lui sont fournies afin qu’il de vie normal et ne ressent aucun symptôme, jusqu’à donne de manière libre et éclairée son consentement ce que le drame survienne. Ce caractère « sournois » de participation au dépistage. S’il est d’accord, l’infirmide l’HF participe à sa difficulté à être diagnostiquée. ère rencontre alors le patient, et réalise avec lui l’arbre Mais ce n’est pas tout, c’est aussi une maladie à laquel- généalogique de sa famille. Puis, elle contacte les aule les professionnels de la santé ne pensent pas assez ! tres membres de la famille. Dès qu’une personne entre < journal de la ligue cardiologique belge 8 dans le programme, le médecin généraliste en est informé, afin d’assurer une meilleure prise en charge diagnostique et thérapeutique. Celui-ci peut aussi disposer de soutien via des supports d’informations ou méthodologiques. Un tel programme respecte bien sûr le libre choix pour la santé de chacun, tout en garantis- sant un accès éclairé aux informations indispensables pour prendre les meilleures décisions. Pour toute information, s’adresser au Docteur Descamps Olivier ou madame Nicole Kajjaj ([email protected]) ou téléphoner au 0472/459 809. || La Circulation extracorporelle (CEC) Technique Prof. Em. Pierre Block ... encore appelée machine coeur-poumon. La plupart des interventions chirurgicales sur le cœur se font encore à ce jour sur cœur arrêté et vidé de son sang, ce qui nécessite le recours à la CEC. Toutefois, un nombre grandissant d’opérations se pratique à présent sur cœur continuant à battre, et ne nécessitant donc plus de CEC. La CEC permet de préserver les fonctions vitales normalement assurées par le cœur et les poumons, notamment une oxygénation correcte des organes. Elle a pour principe de récupérer le sang veineux appauvri en oxygène, de l’enrichir en oxygène et de le réinjecter dans la circulation sanguine artérielle. L’appareil est constitué d’une pompe assurant la circulation du sang avec le débit souhaité, d’un système de filtrage permettant de débarrasser le sang veineux de l’anhydride carbonique et autres résidus du métabolisme (ensemble des réactions chimiques au sein des cellules), d’un oxygénateur à membrane enrichissant le sang en oxygène, de tuyaux et canules reliant les diverses parties de l’appareil entre elles, et avec le circuit sanguin, dont les canules placées dans l’oreillette droite ou les veines cave pour prélever le sang veineux arrivant au coeur et celle placée dans l’aorte ou l’artère fémorale pour ramener le sang oxygéné dans la circulation. Il comporte encore un régulateur de température. Pendant toute la durée de l’opération, le sang est rendu hypocoagulable par injection d’héparine. Préalablement à l’opération cardiaque proprement dite, on injecte une solution cardioplégique ayant pour but d’arrêter rapidement le cœur de battre et de diminuer la température du sang à 28- 32° (en cas de cardioplégie froide), afin de diminuer nettement les besoins en oxygène. Dans ce cas on réchauffe le sang en fin d’intervention, et le cœur se remet à battre (spontanément ou avec l’aide d’un choc électrique), puis l’on débranche l’appareil de la circulation sanguine. A noter que pendant l’opération, non seulement le cœur est à l’arrêt, mais également les poumons, dont les fonctions sont reprises par la machine cœur-poumon. || Figure : Représentation schématique de la CEC Questions – Réponses Prof. Em. D.L. CLEMENT J’ai 74 ans. Mon médecin m’a trouvé un pouls à 50/min. Est-ce anormal ? Devrais-je recevoir un pace-maker ? La prise du pouls renseigne sur le fréquence cardiaque. Au repos, il est normalement compris entre 60 et 70/min, quel que soit l’âge (sauf chez les jeunes enfants où il est plus rapide), contrairement à la fréquence cardiaque (FC) maximale à l’effort qui diminue chez les personnes âgées (on dit qu’elle est d’environ 220 /min. - âge). On parle de bradycardie (pouls lent), quand la FC est inférieure à 60 /min., de bradycardie prononcée si elle est inférieure à 50/min. et sévère si inférieure à 40/min. A noter que pendant le sommeil, la FC peut descendre jusque 40 et même 30/min, avec même des pauses pouvant atteindre 2,5 sec., sans que cela ne soit pathologique. En cas de pouls lent, on examinera si celui-ci s’accélère normalement à l’effort, disons chez la personne âgée, 100/min pour un effort relativement important (en fonction de l’âge et de l’intensité). En cas de pouls très lent et/ou s’accélérant de manière insuffisante à l’effort, on s’assurera qu’il n’y a pas de prise de médicaments bradycardisants (bétabloquant, cordarone, digoxine, certains antagonistes calciques,…) et l’on exclura une hypothyroïdie. Ces causes exclues, on demandera un électrocardiogramme (ECG) www.liguecardiologique.be pour exclure ou confirmer un trouble de la formation de l’influx électrique cardiaque au sein des oreillettes (maladie du sinus) ou de sa conduction des oreillettes aux ventricules (bloc auriculoventriculaire). Cet examen peut être complété par un enregistrement Holter (voir Cœur & Artères, édition juin 2010, « Enregistrement Holter ») (enregistrement continu de l’ECG pendant 24 h.) permettant de mettre éventuellement en évidence des anomalies transitoires, mais sévères, de l’activité électrique du cœur. C’est sur base de ces renseignements qu’on statuera sur l’indication de l’implantation d’un stimulateur cardiaque (pace-maker). ||