Zebrock au Bahut

Transcription

Zebrock au Bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 1
édition 2003-2004
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 2
sommaire
2003-2004
« Ce document sera votre compagnon tout au long
du parcours ZEBROCK AU BAHUT 2003-2004.
Nous espérons qu’il vous donnera le goût de la chanson
francophone et vous encouragera à en découvrir de
nouvelles facettes ».
Le livret de l’opération ZEBROCK au BAHUT est publié par L’association CHROMA,
Animations et ressources pour le réseau des musiques actuelles en Seine Saint-Denis.
Président : Pierre QUAY-THEVENON
Direction : Edgard GARCIA
Assistante de direction : Hélène BIHAN
Conférences : Edgard GARCIA & Patrick WINZELLE
Coordination : Gaëlle CALLIER ([email protected])
Professeur relais : Vincent SOYEZ (Académie de Créteil)
RÉALISATION DU LIVRET
Rédaction : Hervé RESSE ([email protected])
Illustrations : Xavier COYERE ([email protected])
Maquette : Frédéric COYERE ([email protected])
Conception éditoriale : HERVE RESSE CONSEIL ([email protected])
Conception graphique : DGC ([email protected])
Impression : Cité Impression
2 Sommaire.Vous y êtes !
3 Zebrock au Bahut ?
4 -5 Entrée des artistes : quelques photos.
6 Présentation du thème 2003-2004
« Un monde meilleur ! »
7 24 chansons à découvrir : la liste !
8-31 Textes des chansons,
présentation des interprètes.
ZEBROCK au BAHUT est réalisé en partenariat avec
le Conseil général de la Seine Saint-Denis.
Il reçoit le soutien de la DRAC Ile-de-France, du Conseil régional d’Ile-de-France,
du Fonds d’Action de la Sacem et l’appui de l’Académie de Créteil.
32 Encore quelques vers…
33 Retour aux origines du son : du rouleau au MP3.
34-38 Un peu d’histoire : des années 50 à nos jours.
39 Qu’avez-vous à faire ?
40-41 Chroniques et parodies : quelques conseils.
Le Fonds d’Action Sacem est fier et heureux d'apporter son soutien à Zebrock au Bahut.
"Colporter" ainsi la chanson française de génération en génération est certainement la
plus belle mission que puisse réaliser le Fonds d'Action de la Société des Auteurs,
Compositeurs et Editeurs de Musique. En effet, le répertoire que protège la SACEM est
fait en grande partie de ces chansons qui enchantent et enchanteront toujours notre
mémoire. En chacune des opérations qu'il soutient, le Fonds d'Action SACEM rappelle
le rôle essentiel du droit d'auteur qui constitue le salaire des auteurs et compositeurs :
promouvoir le patrimoine comme la création musicale c'est aussi reconnaître le droit
d'auteur qui en génère la vitalité.
Fonds d'Action SACEM 30, rue Ballu 75009 Paris
tél. 01 47 15 48 90 / fax 01 47 15 48 95 mail : [email protected]
ZEBROCK CHROMA
31, Boulevard Gambetta - 93130 Noisy Le Sec
Tél. : 01 55 89 00 60 - Fax : 01 55 89 00 61
Couriel : [email protected] - Site : www.zebrock.net
42 Dico musical abrégé.
43 Affaires de styles :
un tour d’horizon des styles musicaux.
44-45 C’est quoi, une chanson ? Une partition ?
46 Les bibliothèques et médiathèques
de Seine Saint-Denis.
47 Mieux connaître Zebrock.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 3
é ditorial
?
ZEBROCK
AU
BAHUT
?
T
U
H
A
B
U
A
K
C
O
R
B
E
Z
epuis plus de dix ans, ZEBROCK AU BAHUT
s’adresse aux élèves de collèges et lycées
professionnels de Seine Saint-Denis. Cette année,
c’est vous et votre classe qui êtes invités à y
participer. A plusieurs reprises, durant l’année
scolaire, nous allons partir ensemble et avec vos professeurs
à la découverte de la chanson française.
D
Qu’elles soient modernes ou traditionnelles, d’aujourd’hui
ou plus anciennes, les chansons nous aident à comprendre le
monde où nous vivons. Nous sommes convaincus qu’elles
nous enrichissent.
Chaque année ZEBROCK AU BAHUT propose un
parcours de découverte à partir d’un thème et d’une
vingtaine de chansons pour l’illustrer. Nous ne prenons pas
forcément des artistes que vous connaissez parfaitement. Les
uns commencent leur carrière, d’autres sont universellement
connus. Certains ont disparu.
Faiseurs de rock, rap, folk, ou artisans de la chanson
traditionnelle, ils ont tous quelque chose à dire et, à notre
avis, ils le disent bien. Leurs mots sonnent juste, leur poésie
tient la route, leurs vers savent faire passer l’émotion. Leurs
musiques sont lentes ou rapides, mélodieuses ou
dissonantes ; certaines dans l’R du temps, d’autres pas du
tout. Dans des registres fort différents, elles savent toutes
épouser les textes pour les mettre en valeur. C’est pourquoi
nous voulons vous les faire connaître.
Durant l’année,
● vous entendrez une conférence sur la chanson.
● vous assisterez au travail d’un groupe de musiciens
professionnels. Vous pourrez dialoguer avec eux et vous les
retrouverez en concert.
● des rendez-vous auront lieu dans votre classe avec les
professeurs participants à l’opération.
● Ils vous proposeront de travailler en équipes. Les meilleurs
travaux seront récompensés par des lots remis à la fin de
l’année.
Alors, à vos stylos, à vos ciseaux ! Faites preuve de
créativité ! Et bonne rentrée musicale !!!
zebrock au bahut - 3
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
18:10
Page 4
quelques ph otos
quelques ph otos
entrée des artistes
E
n 14 ans, il s’en est passé des choses ! Plus de 10 000 élèves ont assisté
à des conférences, visité des lieux musicaux et rencontré des dizaines
d’artistes ! Autant vous le dire, notre album photo est É-NOR-ME !
Pour vous donner une petite idée de ce qui s’est déjà passé et de ce que
vous allez vivre, nous avons sélectionné quelques clichés.
© PHOTOS : WILLY VAINQUEUR, CHROMA
SAUF THOMAS PITIOT : PHOTO SERGIO BRAVO
Peut-être y reconnaîtrez-vous un frère, une soeur, un ou une amie…
C’est à votre tour maintenant de
participer à cette aventure !
Au fil des ans :
Pigalle, Little Bob, les Innocents, Patrick Verbeke, Love Bizarre, Les Wampas,
Princess Erika, L’Orchestre National de Barbès, Mad in Paris, Mellowman,
Massilia Sound System, Zebda, Seba, Le Maximum Kouette, Kent,
Sanseverino, Les Ogres de Barback,Thomas Pitiot, Clarika, Céline
Caussimon, Le Bérurier Noir...
4 - zebrock au bahut
Serez-vous l’élève captivée de cette photo
en haut à gauche ? Ferez-vous découvrir
vos talents à vos camarades et aux artistes
que vous allez rencontrer ? Formerez-vous
un groupe de choristes improvisé ? Vous
laisserez-vous envahir par une irrésistible
envie de danser lors du concert final ? A
moins que ce ne soient vos professeurs ?
Nous sommes impatients de le savoir !
zebrock au bahut - 5
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 6
thème 2003-2004
un monde meilleur !
« T’as beau pas être beau, monde cinglé,
J’t’ai dans la peau, et j’t’aime, t’aime, t’aime… »
n deux phrases, tout est résumé ! Merci donc à Louis
Chedid, brillant metteur en rimes et par ailleurs papa du
jeune M. Oui, pour quelques millénaires encore, avant que
les technologies nous permettent d’aller semer la même
pagaille en d’autres galaxies, le Monde, c’est ainsi, demeure
notre cour de récréation, notre stade, notre demeure, notre village,
notre champ de batailles… Et ce jardin secret où s’épanouissent
avec des bonheurs variables nos petits mondes intimes, intérieurs,
nos rêves, fantasmes et ambitions indicibles.
Le Monde : tout ce qui nous bouleverse, nous heurte, nous
passionne, nous scandalise, nous interpelle, nous désarçonne. Mais
parlons-nous du Monde tel qu’il est ? Ou tel que nous le
voudrions ? N’est-il pas, d’abord et avant tout, mon petit univers à
moi ? « S’enfuir dans un village, pour en faire le centre du monde… »
proposait Jules Renard, qui savait tout de l’homme et de ses
faiblesses.
E
Merveille ou Enfer ?
Le Monde offre parfois des moments de grâce et de bonheur ; un
soir de fête à deux, ou deux cent mille, on se regarde comme frères
et sœurs, ou comme des amoureux ; seuls au monde ou rassemblés
avec des milliers d’autres par une passion commune : sport,
conviction, musique. Un simple mot le décrit alors : merveilleux.
Il y a aussi tous ces ailleurs, qui convoquent pour les yeux des
touristes éblouis des spectacles somptueux donnant aux cartes
postales de vraies allures de paradis : couchers de soleil mirifiques,
cascades vertigineuses, luxuriantes forêts tropicales. Dans ces
paysages-là n’apparaît jamais la misère humaine. Mais demandez
au photographe de faire un demi-tour sur lui-même... Et vous
verriez soudain les bidonvilles à la misère crasse, les mômes
dépenaillés tendant la main, les maladies qu’ailleurs on sait soigner
mais qui laissent ici les familles écrasées sous un deuil permanent.
Tant de pays visités chaque soir à la télé, quand La Mort s’invite à
nos tables.Voici les interminables chroniques de l’injustice, des
guerres et pouvoirs, des combats pour la liberté, quand chacun, en
son âme et conscience, croit discerner précisément où se situent le
Bien et le Mal. Eternelle question, en son temps résolue par le
philosophe Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les autres »…
Réel ou Virtuel ?
Le monde est donc tout cela : ce qui nous enivre et nous donne la
joie de vivre, l’envie de nous battre, donner notre avis et le faire
partager. Pour transformer, rectifier, améliorer, tout ce qui peut ou
devrait l’être. Sauf qu’il s’agit aussi, parfois, de profiter,
d’empocher, d’arnaquer, rouler, niquer notre voisin, notre
prochain, nos contemporains. Car le monde n’est rien d’autre que
6 - zebrock au bahut
ce que les hommes en font. Comme pile et face sur nos pièces
d’un euro, le meilleur et le pire y sont toujours liés.
A moins que… semblable à l’univers virtuel du film Matrix, il ne
soit qu’une gigantesque tromperie cybernétique ? Inventé pour nous
leurrer par des machines, qui construiraient ainsi l’illusion de notre
liberté ? La vérité est-elle si différente ? Quand s’entrechoquent nos
rêves, nos espoirs, nos révoltes et le permanent spectacle de la
réalité, qu’est ce qui est vrai ? Juste ? Bon ?
Nous vivons dans un Monde fait d’ici et d’innombrables ailleurs...
Où tout le monde est à la fois “de chez lui” et “de chez les autres”.
De nos jours, grâce aux moyens de communication, les
populations du monde entier s’invitent et s’installent dans le
monde entier. Tout simplement parce qu’ici leur donne un peu
d’espoir et d’autres avenirs possibles… Tous, nous sommes donc
d’ici et d’ailleurs. Et ainsi, désormais, chez moi c’est partout. Et
tant pis pour les frileux, les grincheux, les arc-boutés sur des temps
anciens qui, quoi qu’ils pensent, ne reviendront pas.
« Le mot frontière est un mot borgne,
L’homme a deux yeux pour voir le monde »
annonçait voilà des années le poète Paul Eluard…
Le poète a toujours raison...
D’ailleurs, puisque nous y sommes ! Artiste, écrivain, rappeur,
chanteur d’hier ou aujourd’hui : qui mieux que le poète sait dire
cette infinie complexité de nos petits univers ? Voilà des siècles qu’il
y trouve d’inépuisables sources d’inspirations ! L’artiste a le regard
juste et précis, et cette connaissance subtile, infinie parfois, de
l’homme, de ses faiblesses, de ses secrets. Ses mots souvent
décrivent nos vies comme nous les ressentions…
Certains le font juste pour l’argent. D’autres ont cet intense besoin
de crier leur désespoir ou leur incompréhension, mais sans croire
un instant qu’ils pourraient modifier quoi que ce soit. D’autres le
font pour changer le monde.
Illusoire, disent les sceptiques ! Une chanson, un texte, un écrit ne
peuvent rien contre l’irrésistible « marche en avant » du temps, des
puissants, ou de l’argent.
« Les personnes qui ne donnent pas une seule chance à la musique de
changer le monde sont celles qui n'aiment pas la musique », rétorque le
chanteur Ben Harper, certain que les artistes ont non seulement
leur mot à dire, mais aussi leur rôle à jouer, pour que demain soit
un peu mieux qu’aujourd’hui.
Pour cette édition 2003-2004 de Zebrock au Bahut, nous avons
choisi 24 titres écrits dans ces cinquante dernières années. Le
choix fut difficile. La chanson française offre tellement de talents.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 7
la liste
hansons
2424cchansons
E
R
I
A
F
S
U
O
V
S
N
O
L
U
O
que
nous
voulons
vous faire
V
S
U
O
N
E
QU
découvrir
E
D COUVRIR
Années 50 & 60
Dario Moreno : Si tu vas à Rio (1958) page 8
Léo Ferré : L'Affiche rouge (1959) page 9
Enrico Macias : l'île du Rhône (1963) page 10
Barbara : Gottingen (1965) page 11
Claude Nougaro : Bidonville (1966) page 12
Serge Reggiani : La Java des bombes atomiques (1967) page 13
Charles Aznavour : Emmenez-moi (1967) page 14
Jean Ferrat : Ma France (1969) page 15
Michel Delpech : Wight is Wight (1969) page 16
Années 70 & 80
Pierre Perret : Lily (1978) page 17
Renaud : Chanson pour Pierrot (1979) page 18
Maxime Le Forestier : Les jours meilleurs (1983) page 19
Téléphone : Un autre monde (1984) page 20
Carte de séjour : Douce France (1986) page 21
Sapho : La petite fille veut le monde (1987) page 22
Chihuahua : ! (1989) page 23
Années 90 & 2000
NTM : Le monde de demain (1990) page 24
Alain Souchon : Foule sentimentale (1993) page 25
Noir Désir : L'homme pressé (1996) page 26
M : Monde virtuel (1999) page 27
Jeanne Cherhal : Un trait danger (2002) page 28
Tiken Jah Fakoly : Françafrique (2002) page 29
Mickey 3D : Respire (2002) page 30
Le Maximum Kouette : Machine world (2002) page 31
zebrock au bahut - 7
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 8
les années 50
Si tu vas à Rio (1958)
Samba, cocotiers, Cariocas joyeux, le Corcovado
et son sublime panorama, l’immense baie de
Copacabana… Tous les clichés d’un Brésil de
rêve et de vacances sont là. Ne manquent que
les gamins des favellas. Le touriste en croise
pourtant, parfois, qui s’approchent timidement
des terrasses de cafés et vous demandent s’ils
peuvent terminer dans votre assiette les petites
saucisses grillées, délicieuses, qu’on sert à
l’heure de l’apéritif.
Si tu vas à Rio
N'oublie pas de monter là-haut
Dans un petit village
Caché sous les fleurs sauvages
Sur le versant d'un côteau
C'est à Madureira
Tu verras les cariocas
Sortir des maisonnettes
Pour s'en aller à la fête
A la fête des sambas
Et tu verras grimpant le long des collines
Des filles à la taille fine
Avancer à petits pas
Et les fanfares
Dans ce joyeux tintamarre
Emmener le flot bizarre
Des écoles de sambas
Qui préparent le bal
Et s'en vont pour le Carnaval
Répéter la cadence
De la plus folle des danses
Celle de Madureira.
Et tu verras grimpant le long des collines
Des filles à la taille fine
Avancer à petits pas
Et les fanfares
Dans ce joyeux tintamarre
Emmener le flot bizarre
Des écoles de sambas
Si tu vas à Rio
N'oublie pas de monter là-haut
Dans un petit village
Caché sous les fleurs sauvages
Sur le versant d'un côteau.
Si tu vas à Rio
Si tu vas à Rio
Si tu vas à Rio
Madureira Chorou : Paroles originales et musique : Carvalhinho et Monteiro Julio
Adaptation française : Jean Broussole
Ed : Ediçoes Euterpe Ltda, Rio de Janeiro, Brésil
© Editions La Bougie
© Editions Musicales Patricia et Société d’Éditions Musicales Internationales (S.E.M.I.)
5, rue Lincoln 75008 Paris
8 - zebrock au bahut
Dario Moreno
On pourrait d’un revers balayer
Dario Moreno. Ne symbolise-t-il
pas la chanson pacotille et superficielle des années 50 ? Opérette, joie
de vivre, ambiance de fête, il est
vrai qu’on ne trouve guère de messages dans ses succès, mais un univers un peu factice, une réalité de
cartes postales. Tout ce que déteste-
ront en coeur, les jeunes rockers et
les chanteurs de la rive gauche.
N’empêche. Dario était sympa,
exubérant, excentrique, l’écouter
donnait la pêche : mambo, cha-chacha, et musiques or ientales…
Vivrait-il aujourd’hui, qu’il serait à
coup sûr une idole des nuits parisiennes.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 9
les années 50
Léo Ferré
Timide et sans le sou, Ferré débute dans
les années cinquante, fou de poésie et de
symphonie classique. Insatiable créateur,
tous les styles musicaux l’inspireront :
tango, jazz, mélodies populaires, rock. A
mesure que grandit sa notoriété, il en use
pour parler plus fort : « il cause et il
gueule, comme un chien ». Léo s’impose
alors comme l’influence majeure de toute
la génération de 68. Il invente le pop
français, dirige de grands orchestres, écrit
de longs poèmes épiques et des chansons
éternelles (Avec Le Temps, Ni Dieu Ni
Maître, La The Nana) avant de disparaître en 1993 à 77 ans.
L’Affiche rouge, Poème de Louis Aragon (1959)
L’Arménien Manouchian et ses camarades sont tombés au peloton d’exécution. Ils
n’étaient pas Français, mais mouraient pour la France… c'est-à-dire pour la Liberté et
pour que les autres, tous les autres, gardent le droit de vivre. Aragon donne à ce poème
une force universelle avec ce vers admirable « je meurs sans haine en moi pour le peuple
allemand ». Ferré gratifie ce poème bouleversant d’une musique qui ne l’est pas moins.
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie Adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erévan
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Poème : Louis Aragon. Musique : Léo Ferré
© 1959 by Louis Aragon et Léo Ferré
© 1959 Assigned to Les Nouvelles Editions MÉRIDIAN - Paris
zebrock au bahut - 9
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 10
les années 60
l’île du Rhône (1963)
Trouver un chez-soi. Planter des rêves de vies meilleures et voir pousser les arbres. Dans chaque être
transplanté, émigré, existe probablement cette même énergie pour reconstruire, ce même besoin vital de
s’enraciner et de ne pas céder aux difficultés innombrables. Survivre, pour vivre. Et pour comprendre au
bout du compte qu’il n’y a nulle part de vrai paradis, sinon dans nos rêves d’avenirs meilleurs…
On s'en allait, chassés par le cyclone
Et sur la route on nous avait jetés
Mais quand on fut près de l'île du Rhône
On a compris qu'on était arrivés
On a compris qu'on était arrivés
L'île du Rhône semblait nous attendre
L'île sauvage douce à l'homme oublié
On a percé sa glaise humide et tendre
Pour y planter nos tentes et nos pommiers
Pour y planter nos tentes et nos pommiers
Etes-vous fous nous disait le village
Connaissez-vous le Rhône de chez nous
L'avez-vous vu quand il est par l'orage
Gros de la Saône et qu'il pleut sur le Ventoux
L'avez-vous vu dans ses grandes colères
Plus dangereux qu'un archange brutal
Tous les cent ans, la chose est légendaire
Quatre ou cinq fois il nous fait bien du mal
On a gardé les amarres à nos barques
Car si le Rhône nous donne encore vingt ans
Chaque matin, chaque heure est un miracle
Le sirocco n'en laissait pas autant
Le sirocco n'en laissait pas autant
Que c'était bon d'arracher les broussailles
Nos mains faisaient reculer la forêt
Quand notre terre nous ouvrait ses entrailles
Que c'était bon d'y planter nos pommiers
Que c'était bon d'y planter nos pommiers
Enrico Macias
Enrico Macias incar ne en
tous points le chanteur populaire, digne et de qualité. Il
chante les choses simples de
la vie, les ritournelles et sait
aussi payer de sa personne,
notamment pour défendre sa
conception de l’amitié entre
les peuples. Nombreux sont
ceux qui l’ignorent, il est
10 - zebrock au bahut
aussi un guitariste hors pair
dans le style arabo-andalou.
Ce talent lui vaut aujourd’hui la considération de
publics qui ne lui étaient pas,
au dépar t, farouchement
acquis. Cela vient peut-être
un peu tard. Gageons qu’il
en sourit.
Regardez-la, c'est notre île cantique
C'est un poème, un bouquet de couleurs
C'est notre terre et c'est notre Amérique
L'eau de ses bords fait le tour de nos coeurs
L'eau de ses bords fait le tour de nos coeurs
Car tous ces jours où l'on courbait l'échine
Pour préparer le sol de nos pommiers
On avait tant, tant besoin de racines
Que c'est aussi nos vies qu'on a plantées
Que c'est aussi nos vies qu'on a plantées.
Paroles : A.Huruguen
Musique : E.Marouani, E.Macias
© Warner Chappell Music France
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 11
les années 60
Barbara
« Un seul être vous manque et tout est
dépeuplé ». Depuis ce soir de 1997 où s’en
allait Barbara, la chanson française désespère de retrouver une inter prète aussi
majestueuse, irréelle et vibrante. Il y avait
dans cette femme tant d’humanité à fleur
de peau, dans sa voix tant de souffrance
contenue et peut-être un rien de troublante
folie… Comme interprète, auteur, compositeur, son alchimie demeure inaccessible. La
différence entre talent et génie, peut-être.
Gottingen (1965)
Hier ennemis, désormais frères européens… Mais qu’adviendrait-il si par malheur,
demain ?... Pour saisir la force et la beauté de cette chanson, il faut se replacer dans
le contexte des années 60. Vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale
venait l’heure des réconciliations entre Allemands et Français. Cela ne signifiait
nullement l’oubli des guerres passées et des ultimes horreurs. Mais, oui. Dans la
petite ville de Gottingen, des gens vivent et ce sont de braves gens.
Bien sûr, ce n'est pas la Seine,
Ce n'est pas le bois de Vincennes,
Mais c'est bien joli tout de même,
A Gottingen, à Gottingen.
Bien sûr nous, nous avons la Seine
Et puis notre bois de Vincennes,
Mais Dieu que les roses sont belles
A Gottingen, à Gottingen.
Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent,
Mais l'amour y fleurit quand même,
A Gottingen, à Gottingen.
Nous, nous avons nos matins blêmes
Et l'âme grise de Verlaine,
Eux c'est la mélancolie même,
A Gottingen, à Gottingen.
Ils savent mieux que nous, je pense,
L'histoire de nos rois de France,
Herman, Peter, Helga et Hans,
A Gottingen.
Quand ils ne savent rien nous dire,
Ils restent là à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même,
Les enfants blonds de Gottingen.
Et que personne ne s'offense,
Mais les contes de notre enfance,
"Il était une fois" commence
A Gottingen.
Et tant pis pour ceux qui s'étonnent
Et que les autres me pardonnent,
Mais les enfants ce sont les mêmes,
A Paris ou à Gottingen.
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime,
A Gottingen, à Gottingen.
Et lorsque sonnerait l'alarme,
S'il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme
Pour Gottingen, pour Gottingen.
Mais c'est bien joli tout de même,
A Gottingen, à Gottingen.
Et lorsque sonnerait l'alarme,
S'il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme
Pour Gottingen, pour Gottingen.
Paroles et Musique: Barbara
© Les Éditions Métropolitaines
O faites que jamais ne revienne
zebrock au bahut - 11
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 12
les années 60
Claude Nougaro
Le précurseur ! Trente ans avant
l’ère du rap ce Toulousain invente
l’ar t de la r ime qui frappe . Il
mélangeait jazz et java quand les
Négresses Vertes et autres Garçons
Bouchers n’étaient pas nés. Le premier il flaire la magie de la bossanova. Le premier il ose les rythmes
africains, créant une World Music à
la française bien avant Lavilliers.
On finirait par oublier tout ce qu’il
a insufflé de liberté et d’insolence
dans la chanson française. Nougaro
est ce guide initié qui devine et
indique chaque fois les bonnes
routes. Par quoi il égale un
Gainsbourg, l’excès médiatique en
moins.
Bidonville (1966)
Cette chanson, adaptation d’un chef-d’oeuvre brésilien signé Baden Powell et Vinicius de
Moraes, est l’exacte opposée de celle de Dario Moreno proposée page 8. Elle vous fait
découvrir l’envers de la carte postale, là où les touristes ne vont pas, là où la pauvreté
colle aux guenilles, là où demain ne vaudra guère plus qu’aujourd’hui. Pourtant, si peu
que l’on possède, on est toujours ensemble : « J’ai cinq doigts moi aussi, on peut se croire
égaux ». Ce rien de fraternité, c’est quand même et déjà un début.
Regarde là, ma ville.
Elle s'appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville.
Vivre là-dedans, c'est coton.
Les filles qui ont la peau douce
La vendent pour manger.
Dans les chambres, l'herbe pousse.
Pour y dormir, faut se pousser.
Les gosses jouent, mais le ballon,
C'est une boîte de sardines, Bidon.
Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.
12 - zebrock au bahut
Regarde là, ma ville.
Elle s'appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville.
Me tailler d'ici, à quoi bon ?
Pourquoi veux-tu que je me perde
Dans tes cités ? A quoi ça sert ?
Je verrais toujours de la merde,
Même dans le bleu de la mer.
Je dormirais sur des millions,
Je reverrais toujours, toujours Bidon.
Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.
Serre-moi la main, camarade.
Je te dis : "Au revoir".
Je te dis : "A bientôt".
Bientôt, bientôt,
On pourra se parler, camarade.
Bientôt, bientôt,
On pourra s'embrasser, camarade.
Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades.
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade.
Bientôt, bientôt,
Je t'attends, je t'attends, camarade.
Berimbau : Paroles et musique : Ray Gilbert / Vinicius De
Moraes / Baden Powell
Adaptation : Claude Nougaro.
© Ipanema Music Corp
Avec l’aimable autorisation Rondor Music
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 13
les années 60
Serge Reggiani
Ce fils d’immigré « rital » se fait
d’abord connaître au cinéma,
notamment dans « Casque d’Or »
aux côtés de Simone Signoret. A
la fin des années 60, on découvre
qu’il n’a pas qu’une présence. Il
est « aussi » une Voix. Sachant
faire vivre les beaux textes comme
personne, cet interprète poignant,
souvent proche de Brel par la
théâtralité, connaît alors une
seconde carrière. Qu’il chante, et
soudain prennent vie les espoirs,
passions, douleurs des petites gens.
Et Regg iani nous bouleverse,
immanquablement .
La Java des bombes atomiques (1967)
Boris Vian fut l’auteur de cette chanson. Comme Brassens et Gainsbourg, il reste
un fabuleux vaccin contre la connerie. En pleine guerre froide, tandis que Russes
et Américains menacent de pulvériser la planète, il vous racontait son histoire à
dormir debout et mettait les rieurs de son côté, faisant à La Mort un joli pied de
nez… dont elle se vengerait bientôt. Se pose tout de même une question restée sans
réponse : faut-il entendre « mon oncle, un fameux bricoleur », ou… « infâme
bricoleur »?
Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C'était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s'enfermait tout' la journée
Au fond d'son atelier
Pour fair' des expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en trans'
En nous racontant tout
Pour fabriquer une bombe " A "
Mes enfants croyez-moi
C'est vraiment de la tarte
La question du détonateur
S'résout en un quart d'heur'
C'est de cell's qu'on écarte
En c'qui concerne la bombe " H "
C'est pas beaucoup plus vach'
Mais un' chos' me tourmente
C'est qu'cell's de ma fabrication
N'ont qu'un rayon d'action
De trois mètres cinquante
Y a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans
J'y retourne immédiat'ment
Il a bossé pendant des jours
Tâchant avec amour
D'améliorer l'modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il avalait d'un coup
Sa soupe au vermicelle
On voyait à son air féroce
Qu'il tombait sur un os
Mais on n'osait rien dire
Et pis un soir pendant l'repas
V'là tonton qui soupir'
Et qui nous fait comm' ça
A mesur' que je deviens vieux
Je m'en aperçois mieux
J'ai le cerveau qui flanche
Soyons sérieux disons le mot
C'est même plus un cerveau
C'est comm' de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j'essaye d'augmenter
La portée de ma bombe
Et je n'me suis pas rendu compt'
Que la seul' chos' qui compt'
C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe
Y a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans,
J'y retourne immédiat'ment
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n'est plus resté
Tonton devant ce résultat
Ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au Tribunal on l'a traîné
Et devant les jurés
Le voilà qui bafouille
Messieurs c'est un hasard affreux
Mais je jur' devant Dieu
Q’en mon âme et conscience
En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D'avoir servi la France
On était dans l'embarras
Alors on l'condamna
Et puis on l'amnistia
Et l'pays reconnaissant
L'élut immédiat'ment
Chef du gouvernement
Paroles : Boris Vian
Musique : Alan Graiger
© Warner Chappell Music France
zebrock au bahut - 13
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 14
les années 60
Charles Aznavour
Résumer « sér ieusement », en
quelques lignes, 50 ans de carrière
de Monsieur Charles ? Chanteur
universellement respecté, il est aussi
un immense acteur. Voix ?
Incomparable ... Inter prète ?
Magique ! Il est ce Monstre de
swing et ce Prince de sensibilité, tour
à tour tendre, ironique, généreux,
dramatique. En somme, Aznavour
est notre Sinatra à nous, à moins
que ce ne soit le contraire… Et puis,
toutes ces chansons, magnifiquement
écrites, finement ciselées... Que cet
homme vive 100 ans et plus.
Emmenez-moi (1967)
« Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil »… Bien sûr,
Aznavour sait bien comme tout cela est faux, il connaît trop bien le
monde pour le croire un instant. Mais qui n’a eu l’envie, un jour, de
plaquer tout ce qui lui collait aux basques. Et jusqu’à son aimable
confort de petit bourgeois, voire de prolétaire en pays industriel ? Pour
aller chercher un « ailleurs » qui serait plus riche de sens et de valeurs
que tous les « ici » où nous vivons nos pauvres vies ?
Vers les docks où le poids et l'ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateaux
Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciels bleus
De mirages
Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nus
Sur les plages
Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord
Refrain :
Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil
Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre à la main
Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève
14 - zebrock au bahut
Où je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve
Quand les bars ferment, que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le port
Refrain
Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerai dans
La soute à charbon
Prenant la route qui mène
A mes rêves d'enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n'est important
Que de vivre
Où les filles alanguies
Vous ravissent le cœur
En tressant m'a-t-on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent
Je fuirai laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le cœur libéré
En chantant très fort
Refrain
Paroles et musique : Charles Aznavour
© Éditions Musicales Djanik
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 15
les années 60
Ma France (1969)
Cette chanson-là fut interdite sur les ondes, en un temps où la liberté
d’expression était dans notre pays assez sérieusement coincée aux
entournures… Ceux qui voulaient la faire taire en firent donc un symbole,
prouvant que l’autorité ne va pas toujours sans bêtise. Ferrat chante sa France,
que n’aiment pas toujours les puissants. France qui ne dit pas toujours « oui »,
ne courbe pas toujours l’échine. France d’Hugo, de Jaurès, des mineurs…
Ecoutez la chanson, elle vaut mieux que toute explication…
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit « Qu’on la fusille »
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d’Eluard s’envolent des colombes
Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu’il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n’en plus faire qu’une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l’histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche
A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu’elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l’avenir serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
Paroles et musique de Jean Ferrat
© 1969 Productions Alleluia
10, rue Saint-Florentin -75001 Paris
Jean Ferrat
Auteur de ses propres chansons, il
connaît des succès innombrables. On lui
doit aussi de mettre les poètes en
musique, et d’abord Louis Aragon, dont
il fut un ami. Homme de conviction
proche des idées communistes, il symbolise entre tous le chanteur engagé, ne
marchandant jamais ses révoltes. C’est
ainsi qu’au bout du compte il obtient la
considération et le respect de tous, qu’ils
partagent ou non ses idées. Depuis longtemps éloigné du « show-biz », Jean
Ferrat ne revient « en télés » que tous les
dix ans. Et chaque fois, c’est la même
chose, on constate que tous les autres
autour de lui vieillissent. Et pas lui.
zebrock au bahut - 15
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 16
les années 60
Michel Delpech
Une gueule d’ange. Un goût
prononcé pour les douces
mélodies « pop » des années
60. Une capacité à plaire au
public le plus large… Tout
pourrait cataloguer Delpech
au rayon des chanteurs de
char me, qu’on croit sans
profondeur ni relief. Ce serait
oublier qu’il est un chroniqueur juste et habile de la
société française et de ses
évolutions. Sensible ne veut
pas dire niais. Ses mélodies
sont de celles qu’on n’oublie
pas et qui se fredonnent toujours avec bonheur. Comme
Voulzy, ce tendre n’est
jamais mielleux. Prenant de
l’âge il s’est fait plus discret.
Ses disques récents méritent
pour tant une oreille plus
qu’attentive.
Wight is Wight (1969)
En pleine vague du flower-power, on célébrait la non violence, l’amour et la musique. Ce fut Woodstock aux USA et, en
Europe, le festival de l’Ile de Wight. Deux marées humaines de chevelus venus écouter en paix tous les grands noms de la
pop-music anglo-saxonne. Les chanteurs français brillaient par leur absence, même si Johnny se déguisait en hippie. Ce fut
Delpech qui fit passer le message au grand public français, qui n’avait sans doute pas tout saisi. « Wight is Wight ». Pour
dire que quelque chose était VRAIMENT en train de changer …
Refrain :
Wight is Wight
Dylan is Dylan
Wight is Wight
Viva Donovan
C'est comme un soleil
Dans le gris du ciel
Wight is Wight
Hippie, hippie, ...pie
Hippie hippie
Hippie hippie
Ils sont arrivés dans l'île nue
Sans un bagage et les pieds nus
Comme un cyclone inattendu
Comme une fleur avant la saison
Comme une pluie de papillons
A laquelle on n’a jamais cru
Refrain
Toi qui as voulu t'emprisonner
As-tu le droit de condamner
Celui qui cherche à s'évader
Chacun mène sa vie comme il veut
Tu ne peux plus baisser les yeux
Car aussi vrai que tu es né
Refrain
Paroles et Musique: Michel Delpech, R.Vincent
© Universal Music Publishing
16 - zebrock au bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 17
les annés 70
Lily (1978)
Parce qu’il n’était guère coutumier des coups de gueule et des prises de position
tapageuses, Perret sut avec ce titre frapper juste et précis. Ainsi donc, le rigolo
de service savait aussi trouver les mots qui font mal et dire avec pertinence la vie
quotidienne, la bêtise quotidienne, l’injustice quotidienne ? Si la fin en happy
end est délicieusement naïve, on peut aussi se dire qu’il faut un début à tout.
Pour que le monde change, encore faut-il que des gens décident à montrer le
chemin…
On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris
Elle croyait qu'on était égaux Lily
Au pays de Voltaire et d'Hugo Lily
Mais pour Debussy en revanche
Il faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo
Elle aimait tant la liberté Lily
Elle rêvait de fraternité Lily
Un hôtelier rue Secrétan
Lui a précisé en arrivant
Qu'on ne recevait que des Blancs
Elle a déchargé des cageots Lily
Elle s'est tapé les sales boulots Lily
Elle crie pour vendre des choux-fleurs
Dans la rue ses frères de couleur
L'accompagnent au marteau-piqueur
Et quand on l'appelait Blanche-Neige Lily
Elle se laissait plus prendre au piège Lily
Elle trouvait ça très amusant
Même s'il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents
Elle aima un beau blond frisé Lily
Qui était tout prêt à l'épouser Lily
Mais la belle-famille lui dit nous
Ne sommes pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous
Elle a essayé l'Amérique Lily
Ce grand pays démocratique Lily
Elle aurait pas cru sans le voir
Que la couleur du désespoir
Là-bas aussi ce fut le noir
Mais dans un meeting à Memphis Lily
Elle a vu Angela Davis Lily
Qui lui dit viens ma petite sœur
En s'unissant on a moins peur
Des loups qui guettent le trappeur
Et c'est pour conjurer sa peur Lily
Qu'elle lève aussi un poing rageur Lily
Au milieu de tous ces gugus
Qui foutent le feu aux autobus
Interdits aux gens de couleur
Mais dans ton combat quotidien Lily
Tu connaîtras un type bien Lily
Et l'enfant qui naîtra un jour
Aura la couleur de l'amour
Contre laquelle on ne peut rien
On la trouvait plutôt jolie Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.
Paroles et Musique : Pierre Perret
© Avec l’aimable autorisation des Éditions Adèle
Pierre Perret
Pour énerver Pierre Perret, lui
dire qu’il est un paradoxe
vivant : tout à la fois auteur de
chansons tendres, douces et sensibles, et de tubes « franchouillards » comme le Zizi ou
les Colonies de Vacances.
Depuis le temps qu’on le lui
dit, il s’échine à expliquer
qu’un homme n’est jamais
d’un seul bloc ! Qu’il peut
aimer la rigolade, les bonnes
bouffes entre copains et la poésie la plus délicate. Qu’il peut
savourer les grands textes de la
langue française et vénérer
l’argot des métiers, auquel notre
homme a consacré un dictionnaire considérable. Perret, c’est
en somme un Rabelais de notre
temps, aussi bon vivant qu’il
est cultivé. Souhaitons que ce
compliment ne lui déplaise pas.
zebrock au bahut - 17
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 18
les années 70
Renaud
Renaud dans le paysage des années 70
arriva telle une bénédiction. Il fallait
bien, tout de même, que quelqu’un prenne à rebrousse-poil le confor misme
dominant de l’époque ! Ce fut lui, faux
loubard à la gouaille moqueuse, vrai
Poulbot chantant, mi rock, mi rétro…
Renaud a su dire comme personne la
banlieue, sa poésie, ses misères, ses petites
crapuleries et l’injustice sociale qui s’y
développait. Après un sérieux passage à
vide, le voici revenu en 2002, un peu
bouffi, pas mal vieilli. Il avait dit sa
peur de ne plus savoir écrire. Mais le
talent c’est comme le vélo. Quand on a
su faire, on n’oublie jamais vraiment.
Chanson pour Pierrot (1979)
On dit qu’ un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
L’inverse est aussi vrai. Une présence peut suffire à illuminer
votre vie, votre monde et donner sens à votre existence. Un
ami, un frère, l’amour d’une vie, ou d’une nuit, un enfant
désiré… Renaud imagine un fils, qui deviendrait son
meilleur pote. Une autre et belle façon, toute personnelle,
d’évoquer l’Utopie.
T'es pas né dans la rue
T'es pas né dans l' ruisseau
T'es pas un enfant perdu
Pas un enfant d' salaud,
Vu qu' t'es né dans ma tête
Et qu' tu vis dans ma peau
J'ai construit ta planète
Au fond de mon cerveau.
Refrain :
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau,
Mon copain tu m' tiens chaud.
Pierrot.
Depuis l' temps que j' te rêve,
Depuis l' temps que j' t'invente,
De pas te voir j'en crève
Et j' te sens dans mon ventre.
Le jour où tu t’ramènes,
J'arrête de boire : promis,
Au moins toute une semaine,
Ce s'ra dur, mais tant pis.
Dans un coin de ma tête
Y a déjà ton trousseau :
Un jean, une mobylette
Une paire de Santiago.
T'iras pas à l'école,
J' t'apprendrai les gros mots.
On jouera au football,
On ira au bistrot.
Refrain
Refrain
Qu' tu sois fils de princesse,
Ou qu' tu sois fils de rien,
Tu s'ras fils de tendresse,
Tu s'ras pas orphelin.
Mais j' connais pas ta mère :
Je la cherche en vain.
Je connais qu' la misère
D'être tout seul sur le ch'min.
Tu t' lav'ras pas les pognes
Avant d' venir à table.
Et tu m' trait'ras d'ivrogne
Quand j' piquerai ton cartable.
J' t'apprendrai mes chansons
Tu les trouveras débiles.
T'auras p't' être bien raison
Mais j' s'rai vexé quand même.
Allez viens mon Pierrot,
Tu s'ras l' chef de ma bande.
J' te r'filerai mon couteau,
J' t'apprendrai la truande.
Allez viens mon copain,
J' t'ai trouvé une maman :
Tous les trois ça s'ra bien
Allez viens, je t'attends.
Refrain
Refrain
Paroles et Musique: Renaud Séchan
© Mino Music.
18 - zebrock au bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 19
les années 80
Maxime Le Forestier
Au-delà de ses grandes qualités d’auteur et
d’interprète, Le Forestier symbolisa longtemps
le baba cool indécrottablement gentil, jusque
dans ses plus virulentes révoltes. Ayant connu
la gloire avec des refrains devenus immortels, il
s’offre un sérieux coup de pompe au début des
années 80, alors même qu’il ose avec courage
remettre en question son statut d’icône cool. Les
années 90 seront celles du renouveau. Plus personne ne se demande aujourd’hui si Maxime
est ceci ou cela. Auteur et compositeur toujours
pertinent, cet humaniste est le digne successeur
de son maître et ami Brassens. Un monument,
donc ; en bien vivant.
Les jours meilleurs (1983)
Quinze années ayant passé depuis Delpech et Wight is Wight (voir page 16),
Le Forestier évoque avec un rien d’amertume les rêves de fraternité qui s’en
sont allés, la victoire de la guerre et du fric, sur les utopies chantées par
Dylan (The times they are a changin’) ou les groupes pop de l’ère
psychédélique. En 1983, l’ambiance il faut s’en souvenir était plutôt
crispée: sur fond d’angoisse à la guerre nucléaire, l’air du temps n’en
menait pas large.
A courir du Pacifique à l'Inde, on voulait quoi.
Refrain :
On voyait partout des sardines
Alignées dans de l'huile de moteur
Fallait donc qu'on couse à nos jeans
Des fils de couleur.
On était né sur des ruines
The times were changin’
On pouvait planter des fleurs
On voulait juste des jours meilleurs.
Juste des jours meilleurs.
J'entends les mélodies grises
Et toutes ces voix qui disent
Ils viendront plus
J'entends les fontaines de pleurs.
J'entends gémir les choeurs
Des si j'avais su
Si j'avais pu
Des si j'avais eu moins peur.
J'entends grossir les ventres
Et fumer les cigares.
Ça fait la différence entre
Ancien adolescent et futur vieillard.
J'en ai trouvé qui rôdent
Au fond des nuits chaudes
Au fond d'un lit
Du tropique à l'équateur.
J'entends grossir les flingues
Et fumer les mémoires
Pendant qu'une bande de dingues,
Au fond d’leurs idées peuvent arrêter l'histoire.
J'en ai trouvé qui passent
Au travers de moi
Un ouragan qui casse
Un gros pan d'habitudes et puis qui s'en va.
Refrain
J'ai l'impression d'voir une cible
Émerger du brouillard
D'avoir pensé l'impossible
Et dans un soupir du temps l'apercevoir
J'en ai trouvé qui s'amènent
Ils s'envolent, ils t'emmènent
Et tu t'en vas
Tiré par trente-six planeurs.
Même si j’vois encore des sardines
Alignées dans d’ l'huile de moteur,
Il m’reste un couplet d'Imagine
Ils m'emmènent ailleurs...
…Juste des jours meilleurs.
Paroles : Maxime Le Forestier
Musique : Maxime Le Forestier et Jean-Pierre Sabar
© 1983 by Éditions Coïncidences - 1, rue de Stockholm - 75008 Paris
zebrock au bahut - 19
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 20
les années 80
Téléphone
Les riffs d’Aubert, les envolées de
Bertignac, la rythmique de Corinne
et Kolinka, cette thérapie phonique en
aura décoincé plus d’un. Dix années
durant, Téléphone a symbolisé l’existence – longtemps attendue – d’un
véritable rock en français, au sens le
plus « guitaristique » du terme. Avec
tout ce qu’un groupe peut vraiment
vous offrir : le son et l’adrénaline,
l’audace et la pose, l’insolence juvénile. Ils eurent le courage d’ar rêter
avant la lassitude, mais va savoir !
Un jour peut-être…
Un autre monde (1984)
Titre de l’un des meilleurs albums du groupe, paru au sommet de leur
carrière, cette chanson s’est imposée comme un imparable classique.
Mieux, un emblème joyeux, et néanmoins gorgé de sens, d’espoir, de
rage positive. Que celui qui n’a jamais hurlé le refrain en chœur, un
soir de fête, nous jette la première pierre. Aujourd’hui, elle est un
moment clef des concerts énergétiques de J.-L. Aubert.
Je rêvais d'un autre monde
Où la terre serait ronde
Où la lune serait blonde
Et la vie serait féconde
Je rêvais d'une autre terre
Qui resterait un mystère
Une terre moins terre à terre
Oui je voulais tout foutre en l'air
Oui je rêvais de notre monde
Et la terre est bien ronde
Et la lune est si blonde
Ce soir dansent les ombres du monde
Je dormais à poings fermés
Je ne voyais plus en pied
Je rêvais réalité
Ma réalité
Je marchais les yeux fermés
Je ne voyais plus mes pieds
Je rêvais réalité
Ma réalité m'a alité
A la rêver immobile
Elle m'a trouvé bien futile
Mais quand bouger l'a faite tourner
Ma réalité m'a pardonné
Et dansent les ombres du monde…
Paroles : J.-L. Aubert
Musique :Téléphone
© Universal Music Publishing France
20 - zebrock au bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 21
les annés 80
Douce France (1986)
Charles Trenet n’était pas, paix à son âme, un forcené de l’esprit de résistance.
Pourtant, il écrit ces vers durant l’occupation allemande. Voyez l’ambiguïté : cette
France, c’est celle de son enfance… celle d’avant le joug nazi. Finalement, ce sont les
reubeus de Carte de Séjour qui, quarante années plus tard, offriront à cet air
magnifique sa vraie dimension universelle. Sur les images jaunies des souvenirs se
mêlent de belles nappes d’oud. Et c’est alors la France de l’accueil, de l’ouverture à
l’autre, qui ressort magnifiée… La chanson révèle ainsi le sens caché qu’elle gardait
en elle, et dont son auteur n’eut peut-être jamais la moindre idée…
Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j'étais écolier
Sur le chemin de l'école
Je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles
Vieilles chansons d'autrefois
Refrain :
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon cœur !
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur
Oui je t'aime
Et je te donne ce poème
Oui je t'aime
Dans la joie ou la douleur
J'ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d'autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison.
Refrain
Paroles et Musique : Charles Trenet.
© 1943 by Éditions Salabert
Carte de séjour
Issu des banlieues lyonnaises, Carte de
Séjour invente au début des années 80 un
mélange audacieux et inédit : énergie punk,
passion pour la musique soul et les sonorités
nord-africaines. L’explosion du raï n’est pas
loin. Le public « branché » de l’époque leur
réserve un bon accueil. Puis en pleine mon-
tée de l’extrême droite, leur éblouissante
reprise du « Douce France » de Trenet suscite l’admiration. Depuis, outre une carrière
soliste bien remplie, Rachid Taha, chanteur
au charisme rare, est devenu l’un des piliers
de l’aventure « 1,2,3 Soleils ».
zebrock au bahut - 21
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 22
les années 80
Sapho
Elle semble de ces artistes qui
n’ont que deux idées en tête:
goûter à tout, insatiablement, et
se mettre en danger, inlassablement. Chanteuse, dessinatrice,
romancière, Sapho passe du
rock à l’opéra contemporain et
fit de la World Music bien
avant la mode. Elle ne s’interdit pas, dans des salles confidentielles, de réciter des poèmes
de Baudelaire ou Rilke. Dans
un monde normal, elle serait
cette diva rock dont on guette
la moindre illumination, une
icône pareille ne se refusant
pas. On est donc surpris de ne
pas l’avoir (la voir) plus souvent, mais il faut dire qu’elle
voyage énormément, curieuse et
toujours avide du monde.
La petite fille veut le monde (1987)
Entre poids des traditions, qui souvent signifient « fais comme ta mère et
ferme-la », et cette aspiration à vivre sa vie “en vrai”, au cœur du Monde
d’aujourd’hui, et pas celui d’il y a cinq cents ans, cette petite fille n’a certes
pas la voie facile. Ce titre pourrait faire un bel hymne festif pour les jeunes
femmes d’ici et d’ailleurs, vous savez, celles qui prétendent à n’être « Ni putes,
Ni Soumises »…
Elle revient avec de la viande
Et des récits très luxueux
La senora est un peu folle
Elle fait rien elle dessine un peu
Refrain
La petite fille veut le monde
Mais son avenir est tout tracé
On prépare un mari pour elle
Une maison pour l’encercler
Car les filles elles sont très libres
Mais on les regarde de travers
Elles ont que leurs fesses pour vivre
Elles n’ont plus ni père ni mère
La petite fille veut le monde
Elle regarde la senora
Elle qui a l’air de l’avoir le monde
Elle est née ailleurs, c’est pour ça
Lui il ira voir les filles
Et puis boira du Mescal
Elle préparera les quezadilles
Et puis ce qu’il mange en général
Leurs familles ne veulent plus d’elles
Elles rient des hommes dans les bars
Mais personne personne qui les aime
C’est une autre misère noire
La petite fille veut le monde
Son avenir est-il tout tracé ?
On prépare une maison pour elle
Où son temps sera encerclé
Refrain :
O la petite fille veut le monde
O c’est trop
O la petite fille veut le monde
O c’est trop
Refrain
Refrain
22 - zebrock au bahut
La petite fille veut le monde
Mais son avenir est tout tracé
Sa mère va faire des ménages
Chez des touristes français
Paroles et musique : Ebeguy Danielle
© EMI Songs France SARL
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 23
les années 80
Chihuahua
Dans une période agitée et riche
de promesses, d’où sortiront Mano
Neg ra, Garçons Bouchers et
autres Nég resses Ver tes, les
Chihuahua s’offrent un joli titre
de gloire. Leur guitariste tente par
la suite et réussira une carrière en
solo, sous le nom de Mano Solo,
précisément. Interprète mal dans
son corps et son âme, il lance à la
face du public des textes violents
et désespérés. Son groupe se reforme en 1996, enregistre un album
sous le nom des Frères Misère.
Depuis Mano Solo est revenu
avec un album plus apaisé.
! (1989)
Nous sommes en l’an de grâce 1989, Bicentenaire de la Révolution Française et incidemment
période faste du rock indépendant. Jaillit l’idée pas saugrenue d’offrir un sang neuf à la Déclaration
des Droits de l’Homme et du Citoyen, qu’accompagneront pour la circonstance des riffs de guitares
fières et indomptées. Les Chihuahua s’y collent, contents de rappeler qu’un temps fut inscrit dans la
Constitution le droit à l’insurrection… Roboratif. Qu’en pense la police ?
Tous les êtres humains naissent libres
Et égaux en dignité et en droits
Ils sont doués de raison et de conscience
Et doivent agir les uns envers les autres
Dans un esprit de fraternité
Fraternité
Egalité
Quand un gouvernement viole
Les libertés et les droits de l’homme,
La résistance sous toutes ses formes
Est le plus sacré des droits…
Tout homme a le droit de se fixer en
Tous lieux et de se déplacer librement…
Tout mariage ne peut être conclu qu’avec
Le libre et plein consentement des futurs
époux…
Liberté
Insurrection !
Tout individu a droit à la vie, à la liberté
Et à la sûreté de sa personne
Nul ne sera tenu en esclavage
Ni en servitude
Fraternité
Tout individu a droit à la liberté
D’opinion et d’expression
Le droit de défiler librement sur la voie publique
Et le droit de réunion sont garantis à tous…
Ces droits fondamentaux étant bafoués
De par le monde, nous appelons à la
Vigilance populaire et à la mobilisation.
Liberté
Insurrection !
Nul ne saurait, en raison de son sexe
Son âge, sa couleur, sa religion, ses opinions
Etre placé en situation d’infériorité…
Extrait de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1793
Egalité
Nul ne sera soumis à la torture
Ni à des peines ou traitements cruels
Inhumains ou dégradants
Nul ne peut être arbitrairement
Arrêté, détenu ou exilé…
zebrock au bahut - 23
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 24
les années 90
Le monde de demain (1990)
Ce ne sont pas les cités ou ses habitants qui ont inventé la Loi de la
Jungle. Même si c’est là qu’elle sévit aussi, parfois. « Le rouage est
bien huilé, Le système bien ancré »… Avec ce pamphlet, polémique
et virulent, donc excessif et sans concession, Shen & Starr
choisissent des mots qui font mal. Ça grince et ça fâche. Ils
transmettent la même rage qu’avant eux Dylan, Les Who, les Sex
Pistols. Rap, rock, au-delà des étiquettes et des forces de frappe,
une même intention, dénoncer les rouages de l’oppression.
NTM
Ceux par qui la déferlante rap s’est imposée au nord,
IAM se réservant le sud. Le duo de bad boys dès ses
débuts trouve les tempos, place les mots, leur donne la
force : poids, vitesse et percussion. Il y en avait
d’autres, avec eux, mais aucun doute : ILS ont inventé
le rap en français. Tant de mômes leur doivent la toute
première envie d’essayer. Le goût de s’y risquer, prendre
le micro, se lancer. Et pour certains, au bout du compte
la satisfaction intense d’y être arrivés.
Pur produit de cette infamie
Appelée la banlieue de Paris
Depuis tout jeune je gravite avec le but unique
D'imposer ma présence
Trop paresseux pour travailler
Trop fier pour faire la charité
Oui je préfère la facilité
Considérant que le boulot
M'amènera plus vite au bout du rouleau
Alors réfléchissez : Combien sont dans mon cas
Aux abords de vos toits
Et si cela est comme ça
C'est que depuis trop longtemps
Des gens tournent le dos
Aux problèmes cruciaux
Aux problèmes sociaux
Qui asphyxient la jeunesse
Qui résident aux abords
Au Sud, à l'Est, à l'Ouest, au Nord
Ne vous étonnez pas
Si quotidiennement l'expansion de la violence
est telle
Car certains se sentent seulement concernés
Lorsque leurs proches se font assassiner...
Est-ce ceci la liberté-égalité-fraternité ?
J'en ai bien peur
Le monde de demain
Quoi qu'il advienne nous appartient
La puissance est dans nos mains
Alors écoute ce refrain...
Quelle chance, quelle chance
D'habiter la France
Dommage que tant de gens fassent preuve
d'incompétence
Dans l'insouciance générale
Les fléaux s'installent - normal
Dans mon quartier la violence devient un acte
trop banal
Alors va faire un tour dans les banlieues
Regarde ta jeunesse dans les yeux
Toi qui commandes en haut lieu
Mon appel est sérieux
Non ne prend pas ça comme un jeu
Car les jeunes changent
Voilà ce qui dérange
Plus question de rester passif en attendant que
ça s'arrange
Je ne suis pas un leader
Simplement le haut-parleur
24 - zebrock au bahut
D'une génération révoltée
Prête à tout ébranler
Même le système
Qui nous
pousse à l'extrême
xxxxxxxxx
Mais NTM Suprême ne lâchera pas les rênes
Epaulé par toute la jeunesse défavorisée
Seule vérité engagée:
Le droit à l'égalité
Le voilà de nouveau prêt à re-déclencher
Une vulgaire guerre civile
Et non militaire
Y en a marre des promesses
On va tout foutre en l'air
Le monde de demain
Quoi qu'il advienne nous appartient
La puissance est dans nos mains
Alors écoute ce refrain...
Je ne te demande pas de comprendre
Mais de résoudre
Les problèmes qui habitent
La banlieue qui s'agite
Toujours plus vite
Sans limite
Admet qu'il y a un point critique
A ne pas dépasser
En tant qu'informateur
Je me sens obligé de dévoiler la vérité
Car le silence ne sera plus jamais
Plus jamais toléré
Oh oui c'est triste à dire
Mais tu n'as pas compris
Pourquoi les jeunes de mon quartier vivent
dans cet état d'esprit
La délinquance avance
Et tout ceci a un sens
Car la violence coule dans les veines
De celui qui a la haine
OK je reprends les rênes
Pour faire évoluer ton esprit
Pri-prisonnier d'un système
Où les règles ne sont pas les mêmes
Suivant ta classe - Yeah
Suivant ton style - Oui
Suivant ta face suivant ta race
Le rouage est bien huilé
Le système bien ancré
OK mais n'oublie jamais que je suis armé
De paroles pour m'imposer
M'opposer
M'interposer - processus enclenché
Je balance ma vérité
Le monde de demain
Quoi qu'il advienne nous appartient
La puissance est dans nos mains
Alors écoute ce refrain...
Paroles et musique : Gaye M. / Lopes B. / Loyer F. / Morville D.
© Jobete Music Co Inc / 20th Century Music Corp
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 25
les années 90
Alain Souchon
Il a su jouer d’une apparence
plutôt sage pour faire passer,
en douceur, des messages
clairs et souvent bien sentis. A
l’origine de quelques chefsd’œuvre romantiques sur
l’adolescence ou la difficulté
d’être, il est entré dans la
maturité sans que cela se voie.
Puis d’un coup, et sans doute
grâce à ce titre, on a réalisé
que cet homme-là était devenu, avec son air de ne pas y
toucher, un auteur contemporain par mi les plus importants. Ses chansons, immédiatement ou à la longue, s’installent dans votre univers,
pour le gratifier, merci, d’un
petit surcroît de lumière.
Foule sentimentale (1993)
« Il faut voir comme on nous parle »… Comme à des veaux, des
consommateurs, qui toujours et encore doivent contribuer, consommer,
continuer. Clients qu’il faut fidéliser. Mais de nos « soifs d’idéal », de nos
aspirations à remplir notre vie d’autre chose que « de choses » à manger,
enfiler, tripoter, qui se soucie ? Il n’y avait qu’un Souchon pour exprimer
cette solitude de chacun de nous, comptabilisés dans les « panels
consommateurs » des sociétés de marketing. Le public s’y est reconnu, qui a
fait de ce titre un phénoménal succès. Bien sûr, ça n’a rien changé quant au
fond. Au moins la chanson existe-t-elle. La fredonner meuble l’attente,
quand nous nous retrouvons en 57e position, à la queue d’une quelconque
caisse n°15.
Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités d'choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires car
Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Il se dégage
De ces cartons d'emballage
Des gens lavés, hors d'usage
Et tristes et sans aucun avantage
On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né
Pour des cons alors qu'on est
Des
Foules sentimentales
Avec soif d'idéal
Attirées par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
On nous Claudia Schiffer
On nous Paul-Loup Sulitzer
Oh le mal qu'on peut nous faire
Et qui ravagea la moukère
Du ciel dévale
Un désir qui nous emballe
Pour demain nos enfants pâles
Un mieux, un rêve, un cheval
Foule sentimentale
On a soif d'idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle
Paroles et musique: Alain Souchon
© by BMG Music Publishing France
zebrock au bahut - 25
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 26
les années 90
L’homme pressé (1996)
Juste avant l’euphorie de « la bulle spéculative des Nouvelles Technologies », Noir
Désir dressait le portrait robot d’un de ces golden boys, roi des rois, porteur de
drapeau d’un monde nouveau… qui, 7 ans plus tard, a bien triste mine.
Deux possibilités : « L’homme pressé » a souvent perdu toutes ses billes et peut-être la
boule avec. Parfois, il a bâti une fortune immense... sur le dos des gogos.
J'suis un mannequin glacé
Avec un teint de soleil
Ravalé, Homme pressé
Mes conneries proférées
Sont le destin du monde
Je n'ai pas le temps je file
Ma carrière est en jeu
Je suis l'homme médiatique
Je suis plus que politique
Je vais vite très vite
J'suis une comète humaine universelle
Je traverse le temps
Je suis une référence
Je suis omniprésent
Je deviens omniscient
J'ai envahi le monde
Que je ne connais pas
Peu importe j'en parle
Peu importe je sais
J'ai les hommes à mes pieds
Huit milliards potentiels
De crétins asservis
A part certains de mes amis
Du même monde que moi
Vous n'imaginez pas
Ce qu'ils sont gais
Noir Désir
Quelle différence y a-t-il entre
Noir Désir et mille g roupes
rock-punk autoproduits, qui font
3 petits tours sur nos platines…
et s’en vont sans qu’on les ait
remarqués ? La maîtrise musicale, instrumentale et collective,
où s’est forgée leur unité. Un
chanteur charismatique. Une
exigence dans chaque détail, une
aptitude à gérer avec brio les
aléas d’une carrière. L’audace
de savoir se remettre en cause.
Et la fougue indomptable, qui
ne s’exprime réellement que sur
scène, là où nul ne peut longtemps tricher.
26 - zebrock au bahut
Qui veut de moi
Et des miettes de mon cerveau
Qui veut entrer
Dans la toile de mon réseau
Militant quotidien
De l'inhumanité
Des profits immédiats
Des faveurs des médias
Moi je suis riche très riche
J’fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y'en a qui peuvent payer
J'connais le tout Paris
Et puis le reste aussi
Mes connaissances uniques
Et leurs femmes que je...
Fréquente évidemment
Les cordons de la bourse
Se relâchent pour moi
Il n'y a plus de secrets
Je suis le Roi des rois
Explosé l'audimat
Pulvérisée l'audience
Et qu'est-ce que vous croyez
C'est ma voie c'est ma chance
J'adore les émissions
A la télévision
Pas le temps d'regarder
Mais c'est moi qui les fais
On crache la nourriture
A ces yeux affamés
Vous voyez qu'ils demandent
Nous les savons avides
De notre pourriture
Mieux que d'la confiture
A des cochons
Qui veut de moi
Et des miettes de mon cerveau
Qui veut entrer
Dans la toile de mon réseau
Vous savez que je suis:
Un homme pressé (x 3)
Je suis
Un homme pressé (x 3)
Je suis un militant quotidien
De l'inhumanité
Et puis des profits immédiats
Et puis des faveurs des médias
Moi je suis riche très riche
J’fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y'en a qui peuvent payer
Et puis je traverse le temps
Je suis devenu omniprésent
Je suis une super référence
Je peux toujours ram'ner ma science
Moi je vais vite très vite
Ma carrière est en jeu
Je suis l'homme médiatique
Moi je suis plus que politique
Car je suis un homme pressé
Un homme pressé (x 5)
Je suis un militant quotidien
De l'inhumanité
Et puis des profits immédiats
Et puis des faveurs des médias
Moi je suis riche très riche
J’fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y'en a qui peuvent payer
Love Love Love
Dit-on en Amérique
Lioubov
Russie ex-soviétique
Amour
Aux quatre coins de France
Paroles : Bertrand Cantat - Musique : Noir Désir
© 1996 Universal Music Publishing et ND Musique
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 27
les années 90
M
Il a le funk dans le sang, le sens des
mots qui claquent, de l’humour à
revendre. A la guitare il s’aligne dans la
catégorie virtuose. Ses passages sur
scène sont réputés. Ce Chedid a tous les
dons en plus de quelques parentés inattaquables (son père Louis, chanteur, et
sa g rand-mère Andrée, écr ivaine).
« M » n’est donc en rien maudit. Un
bonheur n’ar r ivant jamais seul, il
semble de surcroît d’une modestie bien
réelle, décourageant ainsi jusqu’aux
plus grincheux. Ce type est là pour
longtemps, fort probablement.
Mais je n'sais pas si
Tu finiras
Par te détendre
Dans ta tête
C'est la fête des nerfs
Moi qui vis
Dans un monde
Virtuel
Moi qui vis
Dans un monde
Virtuel
monde virtuel (1999)
Voilà. Fin du deuxième millénaire.
Chanson incompréhensible pour
quiconque reviendrait sur Terre après
trente années passées sur Mars ou dans
un sarcophage. Virtuel le Monde.
Matrix, pas loin… Bientôt nous ferons
l’amour par diodes interposées et nous
voyagerons jusqu’aux antipodes, sans
quitter notre salle à manger. Bon ben
alors… qu’est-ce qu’on fait ? Chiche
qu’on le tente ?
Mais comment faire
Comment lui dire
Comment lui faire voir
Ma planète artificielle
Mais comment faire
Comment lui dire
Comment lui faire croire
Que je changerais le bleu du ciel
Je vis
Dans un monde
Virtuel
Je sais bien que
Tu finiras
Par te détendre
Toi qui préfères les pieds sur terre
Explorateurs, exploratrices
De la troisième dimension
N'ayez pas peur
Si je me glisse
Dans votre imagination
Je vis
Dans un monde
Virtuel
Explorateurs, exploratrices
De la troisième dimension
N'ayez pas peur
Si je me glisse
Dans votre imagination
Votre imagination
Votre imagination
Imagination...
Paroles et Musique: M (Matthieu Chedid)
© 1999 Universal Music Publishing
© 2003 Universal Music Publishing et Labo Éditions
zebrock au bahut - 27
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 28
les années 2000
Un trait danger (2002)
Bel exercice de style et d’écriture. Toutes ces phrases sans sens, qu’il nous faut avaler du
matin au soir, pour que notre présence dans le monde se déroule sans trop de heurts,
sans hiatus, sans anicroches. Tant de messages, ordres, injonctions, rappels à l’ordre,
qui nous sont assénés… Jeanne Cherhal reprend l’affaire après Souchon (voir page 25).
En dix ans, il est vrai que ça ne s’est guère arrangé…
Pour modifier votre annonce d’accueil, tapez un
Assurez-vous de ne rien oublier dans le train
Vous avez sélectionné Sans plomb 98
Retournez ce dossier à l’agence au plus vite
Refrain :
Un trait danger deux traits sécurité
Veuillez taper votre code d’accès
Écoutez-le le monde vous parle
Les toilettes sont strictement réservées à la clientèle
Veuillez s’il vous plaît ne rien déposer près de nos poubelles
Munissez-vous de votre moyen de paiement habituel
Patientez une hôtesse d’accueil va prendre votre appel
Refrain
Vos possibilités de retrait sont épuisées
La maison ne fait pas crédit merci de vous tirer
Votre formulaire s’est perdu nous devons raccrocher
Prière de vous montrer sympathique avec l’huissier
Veuillez ne pas salir le pont sous lequel vous dormez
Les trottoirs ne sont pas des lieux pour la mendicité
Gardez vos dents qui tombent car elles vont être recyclées
Merci de mourir en silence et de vous enterrer vous-mêmes
Danger Sécurité Votre code d’accès Ecoutez-le le monde vous parle
(2002) Paroles et musique : Jeanne Cherhal
© Avec l’aimable autorisation de Jeanne Cherhal
Refrain
La vente d’alcool est interdite aux mineurs
Défense de fumer dans l’enceinte du lycée
Les enfants de moins de six ans doivent être accompagnés
L’abus de jeux vidéos provoque l’arrêt du cœur
Jeanne Cherhal
Si sur une scène, vous croisez deux couettes et un
piano, aucun doute : vous êtes en train d’écouter
Jeanne Cherhal. Elle est Nantaise et n’a pas 25
ans. Elle cisèle de vrais textes et cherche à créer son
propre univers artistique. Elle y mettra le temps qu’il
faudra, tout dépendra de vos oreilles et de votre
envie d’écouter « autre chose ». Mais quand tant de
chanteuses formatées, beuglantes, hyper protéinées,
auront connu la gloire éphémère, les succès Kleenex,
et auront décroché... Jeanne Cherhal, on en prend le
pari, sera toujours là.
28 - zebrock au bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 29
les années 2000
Tiken Jah Fakoly
Le grand public français le découvre en 2002
aux Victoires de la Musique. Mais cet
Ivoirien construit sa carrière depuis quelques
dix années déjà. Suivant les traces de
Burning Spear et Bob Marley, Tiken Jah
Fakoly considère le reggae comme une arme,
et pas seulement comme une musique de
danse. « Ma raison de chanter, c'est d'abord
mener des combats, parler à la place de ceux
qu'on ne laisse pas s'exprimer ».
Françafrique (2002)
Pour la France et l’Europe, l’artiste rappelle ici un message su et connu
de tous, mais que tous s’appliquent tout de même à ignorer : l’Afrique
continue de s’appauvrir, entre pillage permanent de ses matières
premières et luttes de clans savamment entretenues par le
néocolonialisme économique. La société, l’éducation sont en lambeaux ;
le commerce continue. Et comme ça jusqu’à quand ?
Réveillez-vous!
Refrain : (x2)
La politique France Africa
C'est du blaguer tuer
Blaguer tuer
La politique Amerique Africa
C'est du blaguer tuer
Blaguer tuer
Ils nous vendent des armes
Pendant que nous nous battons
Ils pillent nos richesses
Et se disent être surpris de voir l'Afrique toujours en guerre
Ils ont brûlé le Congo
Enflammé l'Angola
Ils ont ruiné le Gabon
Ils ont brûlé Kinshasa
Refrain (x2)
Ils cautionnent la dictature
Tout ça pour nous affamer
Ils pillent nos richesses
Pour nous enterrer vivants
Ils ont brûlé le Congo
Enflammé l'Angola
Ils ont brûlé Kinshasa
Ils ont brûlé le Rwanda
Refrain (x2)
Refrain (x2)
Blaguer tuer
Ils vont nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Toubabou vont nous blaguer tuer
Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer
Blaguer tuer Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer blaguer tuer
Réveillez-vous Blaguer tuer
Ils veulent nous blaguer tuer blaguer tuer
Réveillez-vous Blaguer tuer
Vigilance et résistance Blaguer tuer......
Réveillez-vous!
Blaguer tuer Babylone est très habile
Blaguer tuer vigilance et résistance
(*) O'ka Sierra Leone déniou boro tégué
Ka Libéria déniou mutilés
O'ka Angola déniou boro tégué
O'ka Sierra Leone déniou boro tégué
NOTE :Traduction(*):
Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone
Ceux du Libéria ont été mutilés
Ils ont amputé les enfants en Angola
Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone
Paroles et musique : Moussa Doumbia dit Tiken Jah Fakoly
Arrangements de Zakaria Mambouet et Kourouma Issa
© Sony ATV Music Publishing
zebrock au bahut - 29
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 30
les années 2000
Mickey 3D
Respire (2002)
« Tu vas pas mourir de rire » est le titre de leur dernier
album. « Respire » enfonce ce clou, regard noir porté
sur notre avenir et celui de cette planète… qui nous
inspire davantage le pire que le meilleur. Sortez vos
masques à gaz et respirez par les oreilles !
Approche-toi petit, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain
Au début y avait rien au début c'était bien
La nature avançait y avait pas de chemin
Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers
Des coups d'pieds dans la gueule pour se faire respecter
Des routes à sens unique il s'est mis à tracer
Les flèches dans la plaine se sont multipliées
Et tous les éléments se sont vus maîtrisés
En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée
C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière
On a même commencé à polluer le désert
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t'en as 2 tu passeras pour un con
Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça
T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains
Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient
30 - zebrock au bahut
Mélange rap et rock, attitude
« lo-fi »… traduire par « moins
c’est mieux », ou résumer par
l’adjectif «minimaliste »…
Depuis quelques années déjà,
Mickey et sa bande se sont rompus à la dure école des concerts,
notamment dans le sillage de
Louise Attaque, dont l’influence
est assez perceptible, puis de
Renaud, qui les apprécie. Ce trio
en 3D compte désor mais 3
albums à son actif et semble promis à une sérieuse notoriété,
dans la foulée d’un immense
tube écrit pour Indochine (« J’ai
demandé à la lune »).
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassins, ici bien incapables
De regarder les arbres sans se sentir coupables
A moitié défroqués, 100 pour cent misérables
Alors voilà petit, l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin
Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
Tu vas pas mourir de rire, et ça c'est rien de le dire
Il faut que tu respires (x4)
Paroles et musique : Mickael Furnon - Aurélien Joanin - Najah El Mahmoud
© LA Éditions
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 31
les années 2000
Machine world (2002)
Si vous avez comme projet de
planter votre existence, de
passer à côté du réel, mais ne
savez pas vraiment comment
vous y prendre… Ecoutez les
pertinentes recettes du
Maximum Kouette, ou l’art et
la manière de tout rater en
croyant tenir le secret du
bonheur. Machine World, tout
ce qu’on ne vous dit pas chez
TF1, M6, France-info. De la
vraie vie, quoi.
Le Maximum Kouette
Ce groupe mixte pulse le ska façon Specials
ou Selecter, icônes du genre. La chanteuse a
notamment cette énergie, cette générosité,
qu’on finit par se demander si ce n’est pas
elle qui pousse la r ythmique, plus que le
contraire. Deux albums à leur actif, le groupe
a entre temps joué le jeu de Zebrock au
Bahut, cuvée 2001. Les murs de quelques
scènes du département en tremblent encore.
Longue vie et toute notre amitié !
Dynamiser les troupes, rentrer dans le rang
Dépasser ses doutes, avoir un meilleur rendement
Promouvoir l'entreprise, faire recette et profit
Même si nous sommes en crise, se formater au produit
Donner tout son temps, éliminer le maillon faible
Etre le meilleur concurrent, toujours bien suivre les règles
Programmer sa vie, accumuler des bons points
Se mettre en appétit, pour mieux bouffer son voisin
Etablir un projet, avoir un plan de carrière
Placer ses interêts, ne jamais revenir en arrière
Se connecter au réseau, démagnétiser ses sentiments
Oublier sa libido et tout autre débordement
Se féliciter de sa réussite, ne jamais battre en retraite
Faire partie de l'élite et pourquoi pas de la jet-set
Avoir une bonne opinion de soi, garder un sourire niais
Sage obéissant de surcroît, en bon fonctionnaire parfait
Living in a machine world, living with a machine gun
No time to loose, no time for fun
Living in a machine world, living with a machine gun
No time to loose, no time for fun
Paroles et musique : Le Maximum Kouette
© Emma Productions
zebrock au bahut - 31
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:51
Page 32
e xtraits d e chansons
.
.
.
S
ENCORE
QUELQUES
VERS...
R
E
V
S
E
U
ORE QUELQ
ENC
Et pour faire bonne mesure, voici d’autres petits extraits,
quelques vers joliment tournés… Si le monde n’avait pas de
frontières, et si on laissait tourner la Planète dans le bon sens...
Va savoir si ça n’irait pas mieux ?
Etre né quelque part
pour celui qui est né
c’est toujours un hasard
(Maxime Le Forestier)
Ell' tourne et se nomme la terre
Ell' tourne et se fout d'nos misères
Ell' tourne un' java chimérique
Ell' tourne et c'est drôl' cette musique
(Léo Ferré)
Qu'importe le lieu, le jour et l'heure les larmes ont la même couleur
Sur les joues blanches ou noires de peau et que les hommes soient laids ou beaux
Tous les matins quand ils s'éveillent ils ont tous le même soleil
Et souffrent avec les mêmes mots
De San Diego oh oh à Chicago
(Catherine Le Forestier)
Ce s'rait chouette les Jeux Olympiques, L'émulation sur la cendrée,
Ce s'rait chouette les Jeux Olympiques Si, nom de Dieu, il n'y avait
Leurs p'tits drapeaux Leurs p'tits fanions Couleur kaki
Caca d'oie des frontières, Leurs p'tits drapeaux
Pour chaque nation Qui claquent au vent
D'une musique militaire.
(Henri Tachan)
Oh à des millions d'années lumière
Il n'y a rien de plus beau
Oh nulle part ailleurs dans l'univers
Rien de plus beau que la Terre
(L’Affaire Louis Trio)
Viens dans ce pays
Viens voir où j'ai grandi
Tu comprendras pourquoi la violence et la mort
Sont tatouées sur mes bras comme tout ce décor
(Bernard Lavilliers)
32 - zebrock au bahut
Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère, (…)
Les soldats seront troubadours,
… Mais nous nous serons morts, mon frère.
(Raymond Lévesque)
J'aime un pays qui a le PAF tout ramolli
Dans ce pays, il y a des chanteurs pour l'Arménie
Mais il y a surtout un paquet de béni-oui-oui
Et quand ça chie, on n'est pas beaucoup dans le maquis.
(Kent)
Quand on est mieux ici qu’ailleurs,
quand un ami sèche vos pleurs,
qu’elle est belle, la liberté
(Georges Brassens)
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 33
du rouleau au mp3
s
e
n
i
g
i
Retour
aux
origines
r
o
x
u
a
r
u
o
t
Re
Pour que chacun puisse s’éclater sans vergogne, dans sa chambre, en boîte, ou
sur le chemin du collège, brailler à tue-tête, gonfler ses voisins en poussant le
volume au maximum, la route fut longue et difficile… De l’invention à sa
diffusion dans le grand public, une longue période est souvent nécessaire.
Rewind, 1877. Pile poil un siècle avant les premiers hurlements de Johnny Rotten.
1877 : le poète français Charles Cros invente
le principe de l’enregistrement sonore.
1878 : le brevet du phonographe à rouleaux
est déposé par Edison.
1933 : vient l’heure du premier disque
stéréo, dont la diffusion ne commencera
que beaucoup plus tard, au début des
années 60.
1979 : le walkman.
1948 : magnétophone à bande magnétique.
1887 : Berliner invente le premier « disque »
et le Gramophone.
1979 : invention du disque compact plus
connu sous le nom de « CD » lancé 3 ans
plus tard.
1987 : la cassette DAT.
1946 : lancement du Microsillon
1990 : un Belge et un Anglais posent les
fondations de la révolution Internet.
(le fameux vinyle).
1955 : la diffusion FM date de 1933, mais
les premiers postes sont lancés dans les
années 50…
déboucheront sur la définition de la norme
ISO-MPEG Audio Layer-3, beaucoup plus
connue sous le diminutif de MP3.
1967 : invention du fameux système Dolby,
pour réduire le bruit.
1992 : le Mini-Disc.
1968 : la cassette audio est inventée en
1889 : on lance le premier juke-box !
1910 : la première radio.
1922 : le premier autoradio.
1991 : Début des recherches qui
1961 par Philips et lancée en 68. Ce sera la
fameuse mini K7.
1969 : Arpanet, ancêtre d’Internet.
1970 : la haute fidélité.
(sources : Internet, le livre des Inventions)
1993 : DCC (cassette digitale).
1998 : lancement du DVD.
2000 : les premiers lecteurs MP3.
PS : en conclusion, à présent, juste une
minute de silence. Pour Monsieur Charles
Cros, sans qui le monde serait, certes,
moins bruyant… mais aussi bigrement
moins attractif. Non ?
zebrock au bahut - 33
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 34
u n peu d ’ h istoi re
UN PEU D’HISTOIRE
LES ANNéES
50
De l’après-guerre à aujourd’hui, rapide tour d’horizon des
dernières décennies pour mieux comprendre les ambiances et les
modes qui ont accompagné les chansons que vous découvrez.
otre beau pays compte alors 3 000 téléviseurs... Pour ne
capter qu’une seule chaîne qui diffuse les programmes en
noir et blanc. La majorité des gens habite la campagne, ou
de petites villes de provinces. De grandes cités voient le
jour pour accueillir ceux qui viennent reconstruire le pays
dévasté par la guerre. Ils arrivent des provinces, mais aussi du
Portugal, d’Espagne, du Maghreb et d’ailleurs.
N
La France mène en Indochine une guerre coloniale qui
débouche en 1954 sur l’indépendance du Vietnam. La
même année, débutent en cette Algérie, qui est encore
“française”, des opérations de maintien de l’ordre. En
réalité, il s’agit d’une guerre… qui durera huit ans.
L’Abbé Pierre se mobilise (déjà) en faveur des “sans-logis”…
En 1957, six pays signent le Traité de Rome et créent la
Communauté Economique Européenne.
Après l’horreur du nazisme, le monde vit l’angoisse de la
“guerre froide”. Durant plus de trente ans, les deux superpuissances (URSS et ses alliés et face à eux les USA)
s’affrontent par services secrets interposés ou dans des
conflits localisés, aux quatre coins du globe.
La course à l’armement nucléaire est alors le sport préféré
des chefs d’Etats. De quoi inspirer à l’écrivain et chanteur
Boris Vian, maître absolu de l’humour grinçant, sa “Java
des bombes atomiques” (voir page 13). Sur un ton plus
grave, il signe aussi “Le déserteur”, pamphlet anti-militariste
qui sera interdit sur les radios nationales pendant plus de
trente ans ! De nombreux artistes dénoncent avec lui les
permanentes menaces de guerre qui pourrissent la vie
quotidienne. Cela dit, la chanson française n’aborde pas que
les sujets sérieux.
On parle de bonheur, d’amour, de beaux sentiments. Les
interprètes traditionnels (André Claveau est le chanteur
préféré de bien des dames) empruntent souvent les voies de
la ritournelle et de la mélopée romantique. L’opérette plaît
beaucoup, elle a ses stars comme Dario Moreno (voir
page 8) ou Luis Mariano.
La chanson réaliste, appréciée avant-guerre, a toujours ses
défenseurs. De grandes interprètes aux voix poignantes
(Edith Piaf, Patachou, Catherine Sauvage) savent les faire
vibrer. C’est souvent bien fait, mais ça reste assez sage.
De jeunes vedettes s’essaient aux rythmes mambo, cha-chacha, et autres styles afro-cubains. Ainsi le génial Jean
Constantin, injustement oublié aujourd’hui, félicité un soir
par le peintre Salvador Dali qui lui offre… une rente à vie !
Il est vrai qu’écrire « les pantoufles à papa », ou le « chat qui
regardait pousser le gazon », n’est pas donné à tout le
monde…
Yves Montand, Léo Ferré, Juliette Gréco, Charles
Aznavour, se plongent dans les délices du jazz. A Paris, les
caves de Saint-Germain-des-Prés accueillent alors les plus
grands américains, Louis Armstrong, Lionel Hampton, ou
ce jeune prodige de la trompette, artiste visionnaire entre
tous, Miles Davis… à l’origine de toutes les innovations
musicales majeures des quarante ans à venir. En plus, moins
de racisme qu’aux US, des salaires décents, l’accès à la sécu.
Ca compte aussi !
Aux US, l’année 55 voit l’apparition d’une nouvelle mode
qui déferle sur toute la planète, bouleverse, influence toutes
les musiques du monde et, au-delà, les cultures, les arts…
pour plus de cinquante ans ! L’arrivée du rock’n roll ? Un
séisme de magnitude incalculable…
Quelques dates
1950
1951
1953
1954
1955
Guerre des USA en Corée.
■ Jean Vilar crée le Théatre
National Populaire, le TNP.
■ Après les USA, l’URSS possède
à son tour la bombe “H”. Du
swing en perspective ?
■ Invention de la pilule
contraceptive.
■
Fin officielle de la ségrégation
raciale dans les écoles aux USA.
■
34 - zebrock au bahut
1956
1957
Indépendance du Maroc et de
la Tunisie.
■ Le traité de Rome. 6 pays
constituent la Communauté
Economique Européenne
également appelée “Europe des 6”:
Pays-Bas, Belgique, Luxembourg,
France, Allemagne, Italie.
■ L’URSS envoie le premier vaisseau
spatial Spoutnik dans l’espace. Les
USA répliquent peu après.
■
1958
■ Le Général de Gaulle revient
au pouvoir et fait voter par
référendum le passage à la Ve
République.
■ Invention du rayon Laser.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 35
u n peu d ’ h istoi re
LES ANNéES
60
Dans le monde occidental, les années 60 appartiennent
à la jeunesse triomphante. On glorifie la création tous
azimuts, on célèbre la liberté conquise et consommée.
u commencement, était Le King : déhanchements
suggestifs, timbre grave et chaud, cet Américain de
Memphis nommé Elvis Presley sera la première star
mondiale à s’adresser précisément aux adolescents et
aux jeunes adultes, beaucoup plus nombreux depuis la fin
de la Seconde Guerre mondiale.
A
À l’aube de 1962, arrive d’Angleterre un second séisme. De
Liverpool, port ouvrier du nord, surgissent “quatre garçons
dans le vent”, joyeux, sympathiques et turbulents qui, en
moins de deux ans, mettent le monde entier à leurs bottines.
Tous les garçons copient leurs attitudes et leurs façons de
s’habiller… Leurs cheveux mi-longs font chavirer les filles,
qui n’avaient jamais vu tant d’audace !
Mais l’essentiel est ailleurs, évidemment : ces quatre-là
composent, à la vitesse du son, des kyrielles de chansons
aussi nerveuses qu’incroyablement mélodiques, portées par
l’harmonie magique de leurs voix, idéalement placées pour
chanter ensemble. Soutenus dans leur irrésistible ascension
par l’essor de la télévision et de l’industrie du disque, Les
Beatles atteignent instantanément des niveaux de
popularité inconnus auparavant… Et jamais revus depuis.
Dans leur sillage, des dizaines, des centaines de groupes,
peintres, cinéastes, créateurs de mode, font exploser les
carcans artistiques, dans ce qui restera l’une des plus riches
décennies du XX e siècle, celle des années rock, pop,
psychédéliques. Bob Dylan, Les Rolling Stones, Les Who,
Janis Joplin, les Kinks… contribuent avec tant d’autres à
cette agitation musicale et esthétique sans précédent.
La plupart de ces héros condamnent impitoyablement la
guerre américaine au Vietnam, qui perturbe le monde
depuis 1964. La musique noire bouge, elle aussi.
Influencées par le militant radical Malcolm X., et par les
prêches du Pasteur Martin Luther King, les stars de la soul
music (Marvin Gaye, Sam Cooke, Sly Stone) s’engagent
pour l’égalité des droits civiques entre noirs et blancs.
Ca bouge partout. En France : 62, indépendance de
l’Algérie… 65, première élection au suffrage universel (De
Gaulle élu face à Mitterrand). En 68, le mois de mai voit
l’explosion d’un mouvement étudiant qui fait vaciller le
régime gaulliste. La grève générale des ouvriers bloque le
pays. Un an plus tard, De Gaulle démissionnera.
En France, les sixties ont démarré sous le signe du Yéyé. On
s’invente des noms américains, on adapte en français les
tubes anglo-saxons. Certains durent le temps d’un disque,
d’autres (Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan) sont
toujours là, quarante ans après.
L’un d’eux s’est de suite imposé au plus haut et n’en
redescendra jamais. Traversant toutes les modes, surfant sur
tous les styles, empruntant tous les rythmes sans jamais
décevoir les générations de fans, Johnny Hallyday, 60 ans
cette année, est un cas. Définitivement unique.
Autre grande tendance, la chanson à textes, servie par
quelques personnalités hors normes, interprètes et paroliers
d’immenses talents, inspirés par la poésie moderne. Ils ont
nom Barbara, Georges Brassens, Léo Ferré, Jacques
Brel, Jean Ferrat, Serge Gainsbourg, Claude Nougaro.
Vers 1966, on a inventé “la mini K7”, la première cassette
audio. Pour la version vidéo, il faudra attendre dix ans de
plus. Les premières TV diffusant en couleur coûtent une
fortune et il n’y a que deux chaînes. Une. Deux.
Quelques dates
1961
1962
1962
■ Youri Gagarine est le premier
homme envoyé dans l’espace ! La
course à la Lune est lancée.
■ Les accords d’Evian mettent fin
à la guerre d’Algérie. Le pays
accède à l’indépendance.
■ Grave crise à Cuba: on craint
un affrontement direct
USA/URSS.
1963
1964
1964
1966
■ Assassinat du Président
américain John Fitzgerald
Kennedy.
■ Une révolution dans la mode :
la mini-jupe !
■ Début de la guerre américaine
au Vietnam.
■ Chine, début de la Révolution
Culturelle du Président Mao.
1967
1968
1968
1969
■ Première greffe du cœur sur un
humain.
■ Assassinat du pasteur Martin
Luther King, défenseur des droits
des noirs américains.
■ Les chars soviétiques
envahissent Prague.
■ Neil Armstrong est le premier
homme à marcher sur la Lune.
zebrock au bahut - 35
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 36
u n peu d ’ h istoi re
LES ANNéES
70
Les années 70 s’ouvrent sur l’espoir d’un monde
meilleur, plus fraternel et pacifique, que pourraient
symboliser le festival de Woodstock, les mouvements
d’opposition à la guerre au Vietnam, très actifs dans la
plupart des pays occidentaux.
Mais aux années créatives, aux rêves de liberté, succède
une période plus dure et souvent violente.
politiques les plus divers, expriment sans détour leur rejet
des injustices et aussi du pouvoir en place. François
Béranger, Maxime Le Forestier, Renaud, Bernard
Lavilliers commencent de longues et belles carrières. La
plupart des médias les ignorent, ils existent par le bouche à
oreille, remplissent les salles, agitent les concerts des fêtes
politiques (Fête de l’Huma, du PSU, Fête Rouge…).
iolence de la crise économique, liée aux envolées des
prix du pétrole, qui sévit à partir de 1973.
Violence du chômage, qui s’installe pour longtemps
dans le vocabulaire quotidien et dans la vie des
familles. Violence des mouvements sociaux, des grèves
longues et douloureuses, des fermetures d’usines.
Pas de FM à cette époque ! Il n’y a que trois radios
officielles et trois chaînes de télévision. Toutes préfèrent
soutenir des artistes propres et bien coiffés, aux sourires
éclatants, scintillants dans leurs beaux costumes et chemises
à jabot. Ils ont pour noms Dave, Ringo, Mike Brant, C.
Jérôme, Sheila, Stone. Ce sont des artistes pour “minets” et
“minettes” qui débitent d’insipides chansons d’amour, aux
paroles souvent creuses. S’ils ne sont pas dénués de charme,
ils sont quand même un peu trop gentils, dans ce monde
qui a tant de soucis !
V
Violence aussi du terrorisme (Septembre Noir, Bande à
Baader, Brigades Rouges, Black Panthers) et des répressions
policières, qui aux USA, en France, en Allemagne, en Italie,
font l’actualité quotidienne.
Violence des coups d’Etat et des dictatures : Argentine, Chili,
Espagne, Brésil, Bolivie... les démocraties vacillent. Quand les
militaires prennent le pouvoir, les libertés s’éteignent.
Violence des répressions contre ceux qu’à l’Est on appelle
les “dissidents”. De Léonid Plioutch à Vaclav Havel (un fan
de rock occidental qui deviendra Président de la République
tchèque), ils dénoncent la dictature, l’enfermement,
l’absence de liberté d’expression.
Violence des conflits au Moyen-Orient, qui existaient avant,
mais vont s’amplifiant et ne s’arrêteront pas de si tôt…
John Lennon a quitté les Beatles pour se muer en virulent
propagandiste de la paix dans le monde.
La chanson française semble se casser en deux. Influencés par
Brassens ou Ferré, de nouveaux interprètes manient
volontiers l’insolence, soutiennent les mouvements
Car la crise s‘accentue. La jeune génération n’a pas connu
Woodstock, grandit souvent dans la frustration, la dèche, la
panade. Certains se tournent vers le hard-rock, salutaire
exutoire. Et bientôt déboulent les punks, aussi laids,
méchants, vulgaires, que les stars officielles sont sages et
bien habillées ! Message limpide : dans un « monde de
merde », les artistes peuvent-ils être jolis ?
Quand s’achève cette décennie, vous avez le choix entre les
rythmes trépidants de la disco - tout pour la fête - et le son
braillard des Sex Pistols et du Clash. Ceux là hurlent qu’il
n’y a pas de futur, sinon dans le chaos et l’anarchie… C’est
violent, sans concession, mais c’est aussi pour rire. Une
manière de dire qu’au fond, tout cela, la musique, la
rébellion, et le monde dans son ensemble, ce n’est que du
rock’n’roll. Donc, une vaste escroquerie…
Quelques dates
1972
1973
■ Invention du scanner médical.
1974
■ Coup d’Etat de Pinochet au
Chili. Le Président Allende est
assassiné, un certain 11
septembre.
■ Premiers pas d’Internet.
36 - zebrock au bahut
1975
1976
■ Invention de la carte à
mémoire.
■ Valéry Giscard d’Estaing est
Président de la République.
■ Libéralisation de l’avortement.
■ Droit de vote à 18 ans.
■ Fin de la guerre au Vietnam.
■ Mort de Mao Tsé Toung.
■ Premier tirage du Loto.
1978
1979
■ Le premier TGV.
■ Invention du CD, du walkman.
■ Le Shah d’Iran est renversé par
les ayatollahs conduits par
Khomeiny.
■ Premières élections
européennes.
■ L’URSS envahit l’Afghanistan.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 37
u n peu d ’ h istoi re
LES ANNéES
80
Parce qu’on se lasse de tout, même de critiquer, les
années 80 vont d’abord appartenir aux jeunes gens
chics et modernes, branchés sur les technologies
(musique électronique, cyber-culture, informatique),
qui célèbrent la modernité du monde capitaliste.
ar c’est ainsi, chaque génération doit prendre le contrepied de la précédente. Autre tendance : parce que la
société se mondialise, parce que les phénomènes de
migrations de populations s’accélèrent, les musiques et
cultures se métissent, se mélangent. Les artistes injectent
dans leurs créations des sonorités africaines, sudaméricaines, arabes, indiennes. Avec Bob Marley, le reggae
devient phénomène mondial. Le rap, dur, revendicatif,
chronique des impitoyables réalités sociales des grandes
villes US – appelons ça des ghettos –, prétend succéder au
disco, tellement superficiel.
C
Il souffle sur la France un air de liberté. L’autorisation des
radios FM favorise dans un premier temps la diversité des
genres. Mais rassurez-vous, ça ne dure pas ! La loi de la pub
remet bientôt de l’ordre dans ce joyeux foutoir. NRJ
survivra, se développera, deviendra un empire côté en
bourse. Carbone 14, Gilda, les petites radios associatives,
une à une, baisseront les bras…
L’ambiance n’est pas rose. Le formidable mélange des
cultures s’exprime sur fond de drames majeurs.
D’épouvantables famines ruinent l’Afrique et notamment
l’Ethiopie. En 84, on parle d’un virus qui ferait de sérieux
dégâts chez les homosexuels. Bientôt identifié, le SIDA va
transformer pour longtemps les rapports humains et
amoureux, toutes générations et toutes orientations
sexuelles confondues…
À Tchernobyl, en Ukraine, l’explosion d’un réacteur de
centrale nucléaire vomit sur l’Europe son nuage radioactif.
Dix-sept ans après, on ne mesure toujours pas l’étendue
réelle des dégâts qu’il a fait, fait, et fera. Le monde va mal.
Impossible de rester indifférents.
Voici venir l’explosion du “Tous ensemble” : les stars
s’engagent pour des causes humanitaires. Cela démarre avec
Band Aid, un disque anglais pour l’Ethiopie, et se poursuit
avec Michael Jackson, convoquant une hallucinante
chorale de stars pour un disque d’anthologie (“We are the
World”)… Le phénomène devient mode d’expression à part
entière dans l’univers du show-biz. La France n’y échappe
pas, Coluche, Michel Berger, France Gall, Renaud, Daniel
Balavoine, Jean-Jacques Goldman, incarnent ce
mouvement. Aujourd’hui, quelle télé n’a pas son défilé
traditionnel de chanteurs concernés, venant tous ensemble
défendre telle bonne cause ou tels bons sentiments. Pour les
taquiner, l’humoriste Pierre Desproges propose d’inventer
« les Restos du Foie » qui viendraient en aide à ceux qui
mangent trop… Il meurt avant de mettre sa menace à
exécution…
Le thème de l’immigration redevient en cette période le
terrain d’expression favori de l’extrême-droite. En écho, se
développe, souvent avec l’aide des artistes, un discours antiraciste poussé par la générosité et la volonté de n’exclure
personne du jeu. C’est bien mais, là encore, il faut vérifier
que les bons sentiments ne masquent pas la vraie injustice,
qui est d’abord et toujours, d’origine sociale…
Le rap cesse d’être un phénomène marginal, il
s’internationalise. Dans les banlieues, les gamins ont grandi
au son des pionniers (Grand Master Flash, Public Enemy,
Afrika Bambaata) et rêvent évidemment de leur succéder. À
Saint-Denis, le posse du Suprême NTM montre la voie,
empruntée au sud par les Marseillais d’IAM.
Le rock est peu à peu, hélas, devenue une institution : les
rappeurs reprennent le flambeau de la provoc, de la diatribe,
des allures qui dérangent. Voici venir les nouveaux
méchants !
Le Mur de Berlin tombe. L’empire soviétique aussi.
La (première) guerre du Golfe débute.
Quelques dates
1980
1981
1982
■ Lancement du Minitel.
1984
■ Election de François Mitterrand,
abolition de la peine de mort.
■ Libéralisation des ondes FM.
Explosion des radios libres.
■ Massacre des Palestiniens dans
les camps de Sabra et Chatila.
1985
■ Naissance de Canal +,
première chaîne payante
française.
■ Découverte du virus VIH
responsable de l’épidémie du
sida.
■ Invention du CD-Rom.
1986
1988
1989
■ Mort de Coluche.
■ Réélection de François
Mitterrand face à Jacques Chirac.
■ Chute du Mur de Berlin. Le
tyran roumain Ceaucescu est renversé.
zebrock au bahut - 37
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 38
u n peu d ’ h istoi re
LES ANNéES
90-2000
ôté culture musicale, quelles sont les tendances les plus
fortes de ces dernières années ? Lorsqu’on évoque le
présent, on manque de recul, par définition. Difficile de
dire ce qui restera de l’époque actuelle et ce qui
s’évanouira sans laisser de traces...
D’un côté, l’explosion des mouvements techno, des rave - et
free - parties, de l’autre le triomphe du marketing télévisuel
(Pop stars, Star Academy, etc.).
Confirmant la prophétie du peintre Andy Warhol, des
amateurs sont propulsés “stars” en quinze minutes. Le
seront-ils toujours, quinze minutes plus tard ? L’avenir de
nos oreilles passera-t-il vraiment par Jean-Pascal, Jenifer,
Nolwenn Le Roy ? La mode des comédies musicales (Dix
Commandements, Notre Dame de Paris) propulse au
sommet des ventes des ritournelles souvent sirupeuses.
C
Comme toujours, les mouvements indépendants de tous
styles (indus, métal, trash, death) sont pour l’essentiel
ignorés des médias officiels. Ils construisent en sous-marins
des réseaux alternatifs souvent solides, riches de spectateurs
fidèles.
La réelle émergence d’une « culture Gay » a imprimé ses
critères. Elle s’est d’abord affirmée dans la mobilisation
contre le sida, puis autour de la revendication à des droits
nouveaux. Les arts ont toujours été nourris de l’influence
des créateurs homosexuels. Ils s’affichent et se revendiquent
désormais comme tels, imposant leurs codes à la mode dans
son ensemble.
Côté rap, ont émergé de nouvelles « stars » dont certaines
s’essaient au cinéma. On sent poindre une certaine et
prévisible récupération. Tout mode d’expression est un jour
soumis au risque de la banalisation, de la standardisation.
Les ventes de disques s’en ressentent… Où en est la relève ?
Un certain retour de la “chanson à textes” se manifeste au
début des années 2000. De jeunes artistes revendiquent très
précisément leur filiation avec ceux qu’ils écoutaient, enfants,
à la maison. Bénabar, Sanseverino sont-ils, dans la foulée
d’un Thomas Fersen, les héritiers de Brassens et Béranger ?
L’avenir est partout à la fois. Cherchons-le dans la rue, dans les
vitrines, sur les ondes, dans les petites et grandes salles de
concert. Dans les caves, studios de répétition, où s’inventent
aujourd’hui les sons de demain. Les meilleurs… et les pires !
Pour saisir les bonnes pistes, il faut aussi regarder ce qui se
passe dans le monde. L’extrême-droite progresse partout en
Europe, mais suscite aussi des réactions de grande ampleur.
La jeunesse va-t-elle redécouvrir les vertus de la politique ?
Quelle incidence cela aura-t-il sur l’esthétique et sur les
chansons à venir ?
Les fanatismes religieux prennent partout de l’importance.
La guerre, les guerres, reviennent à l’ordre du jour.
Côté musique, les stars de demain seront peut-être un
groupe israélo-palestinien… qui sait ?
C’est aussi vous qui choisirez…
Quelques dates
1990
1992
1994
1995
1997
■ Libération de Nelson Mandela,
après vingt-cinq ans
d’emprisonnement. Il deviendra
le premier Président de l’Afrique
du Sud sans apartheid.
■ Sommet de la terre à Rio de
Janeiro (Brésil) consacré à
l’environnement et au
développement.
■ Procès du sang contaminé : des
malades du sida poursuivent
l’Etat en justice.
■ Itzhak Rabin et Yasser Arafat
sont conjointement récompensés
par le Prix Nobel de la Paix !
■ Jacques Chirac devient
Président.
■ Itzhak Rabin est assassiné.
■ Les grandes grèves de l’hiver
expriment un profond
mécontentement social.
■ Génocide au Rwanda.
■ La gauche plurielle remporte
les élections législatives.
38 - zebrock au bahut
1998
■ Juillet, la France gagne pour la
première fois la Coupe du
Monde : délire, passions,
exagérations. Le foot devient la
nouvelle folie française.
1999/2000
■ Bug informatique ? Le ciel ou la
sonde Mir vont-ils nous tomber
sur la tête ? Voici les fausses peurs
de l’an 2000… et ses vraies
tempêtes.
2001
■ Le 11 septembre, attentats
contre les Twin Towers de NewYork et le Pentagone.
■ Le 21 septembre AZF :
catastrophe à Toulouse. La
sécurité des populations est-elle
assurée ?
2002
■ Le 1er janvier, marks, francs,
lires, pesetas ; ciao, so long, auf
wiedersehen. On paye en euros.
■ Mai, Le Pen au deuxième tour
des élections présidentielles…
2003
Emotion et manifestations
monstres dans les rues… Chirac
élu à plus de 80% des voix.
Sécurité, quand tu nous tiens…
La France a-t-elle encore toute sa
tête ?
■ Récession économique.
■ Opposition française au diktat
américain de George Bush. Guerre
en Irak, malgré l’opposition de
l’ONU. Chute de Saddam Hussein.
On est toujours à la recherche des
armes de destruction massives…
■ Nos retraites, nos emplois, nos
salaires : grèves et manifs colorent
le printemps social.
■ José Bové est fermement convié
à passer l’été à l’ombre…
■ Le Tour de France fête ses
100 ans. Coté thermomètre, l’été
s’annonce caniculaire. Annonce
d’un automne « chaud »?
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 39
a u t r ava i l !
?
E
R
I
A
F
A
S
U
O
V
QU’AVEZ-VOUS
A FAIRE ?
Z
E
V
A
’
U
Q
Nous vous demandons de réaliser par petits groupes :
Un travail écrit :
●
2 chroniques de chansons que vous choisissez dans le présent livret
● 1 parodie de chanson (vous prenez une troisième chanson dans le livret ou dans l’album de l’artiste
que vous allez rencontrer, que vous réécrivez avec humour et dérision)
Un travail libre :
Image, son, vidéo, travail plastique ou travail écrit… Ce travail doit être en lien avec le thème, ce que
vous avez vécu pendant Zebrock au Bahut et/ou avec l’univers de l’artiste que vous allez rencontrer.
Vous pouvez au choix :
●
Partir de vos chroniques et de votre parodie pour faire une émission radiophonique, télévisée, un
site internet, un CD-Rom, un journal, un livre.Vous pouvez les compléter de toutes vos expériences
vécues pendant l’opération.
●
Réaliser : un projet photographique
●
Concevoir : un spectacle ou jouer dedans
●
Écrire : une chanson (éventuellement travailler sur la composition et l'enregistrer).
●
Interpréter et enregistrer à l’aide de votre professeur de musique une (ou plusieurs) des chansons
du livret, de l’artiste rencontré ou votre parodie.
●
Dessiner : une pochette de disque, une affiche, un tract, un billet de concert, une fresque…
●
Chroniquer : une chanson que vous connaissez et qui aurait, selon vous, pu faire partie de notre
sélection (celle-ci peut être dans une autre langue à condition d'être traduite).
Etc, etc. Toutes les idées sont les bienvenues !
Plus votre travail sera personnel, fouillé et argumenté et plus vous serez susceptibles de faire partie des finalistes.
Car… disques, compilations et autres bonnes surprises vous attendent en fin de parcours !
zebrock au bahut - 39
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
18:11
Page 40
c o n s e i l s p r at i q u e s
c o n s e i l s p r at i q u e s
s
l
i
e
s
n
o
c
s
e
u
q
l
e
u
Q
Quelques conseils
la chronique
Chroniquer une
chanson ou écrire une
parodie, c’est vouloir
faire passer un point de
vue personnel auprès
du lecteur.
Mais pour que le
jugement du rédacteur
soit lui-même
intéressant et donne
l’envie de le lire, il faut
s’imposer quelques
exigences.
la parodie
• Soigner ses arguments
• Savoir s’engager
• Etre créatif
Autant que possible, s’interdire les
considérations faciles qui n’apportent pas
grand chose :
On peut exprimer ses propres émotions :
Tristesse, joie, rire, colère, sympathie ; au
contraire, agacement, malaise.
On peut mettre en évidence un sentiment
particulier par rapport à un vers précis de
la chanson ou par rapport à une
intonation de l’interprète.
On a tous les droits quand on est
critique ! On peut être gentil, de mauvaise
foi, sans pitié... On peut jouer avec les
mots, pour être drôle, sévère ou mesuré.
À une condition, toutefois : nos propos
doivent rester justifiables et n’être jamais
insultants. Car l’artiste, qu’il nous plaise
ou pas, que sa chanson nous convienne
ou non, demeure un individu à part
entière qui mérite notre considération,
qu’on ne peut diffamer, insulter, sans
risquer alors d’en venir, non pas aux
mains… mais au tribunal !
“J’aime, j’aime bien, j’aime pas“. On est
content de le savoir, mais au bout du
compte, on n’est pas plus avancé...
“C’est génial, c’est nul, c’est top”:
Pourquoi ? Qu’est-ce qui précisément
m’autorise à l’affirmer ?
• Interpeller le lecteur
“C’est pas de mon temps“ ! Et alors ? Les
belles chansons restent belles des années
après : sinon, elles seraient forcément
«pourries» demain.
On peut, comme disent les journalistes,
partir à la recherche d’un « angle ». Par
exemple :
Comparer deux chansons qui parlent du
même thème ou deux chansons d’un
même auteur sur un sujet voisin.
• Etre précis
Ne parler que du texte et le décortiquer.
Que l’on aime ou déteste la chanson,
essayons de trouver des éléments précis
sur lesquels nous pourrons nous appuyer :
Le sujet est-il banal, sans intérêt ? Ou au
contraire surprenant, audacieux ?
Les rimes sont-elles faciles, déjà
entendues mille fois ? Ou originales ?
La mélodie est-elle insipide ou copiée sur
une autre ? Prenante, émouvante, simple
mais belle ?
Ou au contraire, s’intéresser à la musique
(mélodie, arrangement, orchestration) et
aux musiciens (le talent qu’ils démontrent
à l’occasion d’un solo, par exemple).
Il peut aussi être intéressant d’aborder le
sujet d’une chanson en la situant dans
l’époque où elle a été écrite.
• Derniers conseils
N’oublions pas ce vers de Robert
Charlebois :
“Je me fous pas mal des critiques,
Ce sont des ratés sympathiques”.
Et cette maxime éternelle :
“La critique est aisée, mais l’art est
difficile”.
Une bonne façon de jouer avec les mots
peut consister à trafiquer, triturer,
déformer le texte initial d’une chanson,
afin d’en faire « quelque chose d’autre ».
Votre parodie peut prendre la forme d’un
pastiche ou d’un détournement.
• PASTICHE
Le pastiche vise avant tout à faire rire ou
sourire. Les humoristes qui s’y essayent
sont souvent des imitateurs. Ils font
interpréter le texte réécrit par son
chanteur d’origine ou par une
personnalité inattendue, mais qui aura un
évident rapport avec le nouveau texte.
Il s’agit de détourner les mots, de jouer
avec les sons et les rimes, afin d’emmener
le texte sur une voie nouvelle, inattendue,
drôle ou cocasse.
L’essentiel est tout de même d’avoir une
idée « maîtresse » qui tienne du début à la
fin du texte. Car un pastiche qui tourne à
vide devient vite sans intérêt.
• DETOURNEMENT
Le détournement consiste également à
jouer avec le texte. Mais l’objectif n’est
plus vraiment de faire rire. Il s’agit plutôt
de faire passer une idée forte à travers le
texte réécrit.
Ici, c’est moins l’humour qui importe,
que le nouveau sens de la chanson, qui
propose un nouveau message. Mais
humour et contenu peuvent très bien
s’allier pour plus d’impact et de force.
Imaginez la chanson « Si tu vas à Rio »
inventée par les supporters du nouveau
président brésilien Lula…
Que deviendrait « La Java des bombes
atomiques » réécrite par George Bush ?
“Respire” peut-il devenir “Transpire” ou
“Expire”?
Toute autre chanson de votre choix peut
se prêter à vos fantaisies.
Allez-y, lâchez-vous, pas de censure...
On vous écoute.
Surtout, n’oubliez pas que toutes les
critiques sont intéressantes à condition
d’être personnelles et argumentées.
N’hésitez donc pas à vous exprimer, à
parler de vous.
C’est VOTRE avis qui nous intéresse.
Les arrangements : mous, pauvres,
brouillons ? Riches, poignants, sobres
mais efficaces ?
L’interprète ? Que dire de sa voix, de son
interprétation ?
40 - zebrock au bahut
zebrock au bahut - 41
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 42
d i co m u s i c a l
é
g
é
r
b
Dico A
Dico Abrégé
Rayon Chanson Côté Artiste
Production
Chanson : texte mis en musique,
divisé en strophes ou couplets,
avec ou sans refrain.
Artiste : personne qui pratique
un art (dans le cas qui nous
intéresse : la musique).
Producteur : personne,
organisme qui finance une
œuvre musicale et la possède.
Couplet : nom donné à chacune
Auteur : parolier d’une chanson.
Produire : prendre en main un
des parties d’une chanson,
comprenant généralement le
même nombre de vers et
séparée par le refrain.
Refrain : suite de mots ou de
phrases qui revient à la fin de
chaque couplet d’une chanson.
Mélodie : succession de sons qui
forment une phrase musicale.
Rythme : succession régulière de
temps forts et de temps faibles.
Reprise ou Cover : pratique
consistant à interpréter à sa
façon une chanson existante.
Arrangement : orchestrations,
ambiances musicales d’une
chanson.
Phrasé : façon de réciter, de
parler, souvent caractéristique
d'un chanteur ou d'une
chanteuse.
Pont : dans un morceau,
séquence musicale en général
instrumentale propre à
l'exécution d'un solo
d'instrument ou un
développement mélodique
particulier. En général, le pont
est très apprécié des auditeurs
et conçu en ce sens.
Flow : terme utilisé dans le rap
pour désigner la qualité
phonétique et rythmique de la
diction du rapper (le flow
s'écoule comme les flots...).
42 - zebrock au bahut
Compositeur : créateur de la
musique d’une chanson.
Interprète : celui ou celle qui
chante. Peut être aussi, mais pas
toujours, auteur et/ou
compositeur de tout ou partie
de son répertoire.
Arrangeur : personne qui
conçoit les orchestrations, les
ambiances musicales d’une
chanson, en liaison avec le
directeur artistique.
Directeur artistique : personne
qui gère l’aspect artistique et
discographique de la carrière
d’un interprète.
artiste, c’est-à-dire lui trouver
du matériel, lui faire enregistrer
des disques, s’occuper de sa
promotion…
Maison de disques : structure qui
regroupe toutes les étapes de
l’industrie du disque
(production, fabrication,
distribution).
Show-biz : cercle privilégié des
acteurs de l’industrie du
spectacle.
Tube : chanson à succès.
Technique
Sample : mot venu de l’anglais
qui signifie “échantillon”.
Sampler, c’est réutiliser des
sons ou des morceaux de
musiques existants à l’aide
d’une machine (le sampler)
pour les intégrer dans une
nouvelle composition.
Mixage : mélange de plusieurs
sons sur un même support
(cd, cassettes…).
MAO (Musique assistée par
ordinateur) : création et
composition de phrases
musicales par le biais d’un
ordinateur.
Studio : lieu où se fabrique la
musique. Il existe des studios
consacrés à l’enregistrement et
d’autres consacrés à la
répétition.
Console : sorte de grand tableau
de bord pour piloter
l’enregistrement de la musique
et les effets sonores.
MP3 : fichier numérique
compressé, téléchargeable
depuis Internet et qui permet
d’écouter de la musique.
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 43
tou r d ’ horizon
affaires de styles
Chanson à texte : chanson qui
veut faire réfléchir, sourire
ou pleurer et dont le texte,
particulièrement travaillé, a
beaucoup d’importance.
Ritournelle : phrase musicale
Rap : style de musique
brève qui introduit et achève un
air. Chanson à couplets et
refrains répétés.
privilégiant les paroles scandées
sur un rythme syncopé.
Variétés : nom sous lequel on
désigne la chanson populaire.
chantée en français et
appartenant à un pays ou une
région francophone.
Jazz : musique inventée aux
Etats-Unis par des musiciens
noirs au début du XXe siècle,
principalement marquée par
l’improvisation et nourrie des
apports croisés de la musique
africaine et de la musique
européenne.
Chanson engagée : qui prend
Rock : musique de danse chantée
parti pour une cause en étant
mise au service de celle-ci.
Certains disques sont réalisés
dans le but de servir une cause,
par exemple : l’Ethiopie,
Mandela, les sans papiers, le
Sida, les restos du cœur.
née vers 1955 dans le sud des
Etats-Unis devenue l’une des
formes les plus communes de la
musique populaire du XXe
siècle. C’est le règne parfait de
la guitare, de la batterie, de la
basse et du chant.
Bluette : chanson ou écrit
Punk : mot d’argot (déchet,
sentimental sans consistance.
crotte) désignant une musique
et une culture marquées par un
refus total des conventions,
des normes et des bons usages.
Les punks se flattent de ne pas
savoir jouer de la musique
quand ils apparaissent en
1977 : cette attitude rebelle
évitera au rock de mourir de
conformisme.
Chanson francophone : chanson
Rive gauche : style de chanson
des années 50-60 dont
les auteurs-compositeursinterprètes s’accompagnaient le
plus souvent à la guitare et
jouaient des chansons à textes
dans les cabarets ou caves de
Saint-Germain-des-Prés.
HIp HOP : Le graphe, le breakdance, le rap, le double dutch
etc. sont les disciplines du hiphop, mouvement né vers 1980
dans les quartiers noirs de
NewYork et Chicago.
Reggae : musique populaire et
mystique de la Jamaïque qui
emprunte au rythm’ and blues
ainsi qu’aux rythmes
afro-caribéens et dont le
contretemps est très marqué.
Raggamuffin : forme malicieuse
et souvent drôle de reggae très
marquée par le rap.
Rn’B : musique très populaire
et sophistiquée empruntant au
rap et au raggamuffin mais
surtout à la soul. Appellation
contemporaine d’une musique
plus ancienne, le rythm’ and
blues, inventée par les noirs
américains dans les années
50-60.
Pop : contraction de “popular
music”, souvent utilisée pour
désigner les formes les plus
mélodieuses du rock (ex : les
Beatles).
Funk : d’une expression argotique
des musiciens de jazz, désigne le
temps le plus marqué dans un
morceau puis par extension, une
musique très rythmée.
Disco : pour “discothèque”.
Musique de danse empruntant
à tous les genres musicaux, avec
un seul souci : faire danser
toute la nuit et oublier le reste.
Musiques électroniques (techno,
électro-pop, house...) : ensemble
de musiques principalement
tournées vers la danse et
recourant aux ressources de
l’électronique, notamment par
l’usage du sample.
Raï : l’une des formes les plus
populaires de musique chantée
dans le Maghreb, née dans la
région d’Oran et devenue l’un
des moyens d’expression de la
jeunesse algérienne.
Musiques du monde (world music) :
appellation un peu généraliste
qui comprend l’ensemble des
musiques, principalement extraeuropéennes, toujours inspirées
de traditions séculaires.
s
e
l
y
t
s
e
d
s
e
r
i
a
f
Af
zebrock au bahut - 43
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
18:12
Page 44
chanson k é z ako ?
pa r t i t i o n k é z a k o ?
?
n
o
s
n
a
C’est
quoi,
une
chanson
?
h
c
e
n
u
,
i
o
u
q
t
C’es
Brel, Béart, Aznavour, Beaumarchais, Devos, Trenet, Ferrat, Leprest, Ferré, Fersen,
Brassens, Delanoë, Renaud, Barbara, Vian... Ils sont tous bien placés pour vous
en parler...
Boris Vian (auteur-compositeur-interprète, écrivain)
Jean Ferrat (auteur-compositeur-interprète)
La chanson, disons-le tout de suite, n’a rien d’un genre mineur. Le
mineur ne chante pas en travaillant et Walt Disney l’a bien
compris, qui faisait siffler ses nains. Le mineur souffle en
travaillant, pour éviter que le charbon ne lui entre dans la bouche.
Chanter ce n’est pas faire semblant. Il faut s’y jeter à tue-tête, à
bras le corps, à fendre l’âme.
Georges Brassens (auteur-compositeur-interprète)
« Longtemps, longtemps, longtemps
après que les poètes ont disparu,
leurs chansons courent encore dans les rues ».
J’écris des chansons, je n’ai jamais prétendu faire de la poésie.
Faire une chanson, c’est essayer de traduire un sentiment, de
raconter une histoire, de communiquer des impressions, de faire
passer trois minutes agréables à l’auditeur.
Une chanson est avant tout composée de musique et de paroles. Avant d’être un
air à la radio, une mélodie entêtante sur un CD, une chanson c’est une feuille de
papier où les mots et les notes font de drôles de dessins. La partition comporte
toutes les indications pour que chanteur (les mots) et accompagnateurs (la
musique) fabriquent la chanson que nous aimerons. Une seule chose n’est pas
écrite : l’émotion. Mais elle est toujours présente.
Charles Trenet (auteur-compositeur-interprète)
Léo Ferré (auteur-compositeur-interprète)
Je dis que la chanson c’est important pour la culture… parce que
ça n’a pas l’air culturel.
Jacques Brel (auteur-compositeur-interprète et comédien)
Les évènements collectifs ne m’inspirent pas. J’écris une chanson
quand ça me concerne personnellement. J’utilise mes “héros” pour
projeter mes rêves ; c’est un phénomène de compensation.
Guy Béart (auteur-compositeur-interprète)
La chanson existe, elle est bonne ou mauvaise, mais un succès
immédiat dépend beaucoup des circonstances, du climat général,
des environnements de toutes sortes, de la saison et de l’attente du
public, dont personne, ni lui même, ne sait ce qu’il veut.
Charles Aznavour (auteur-compositeur-interprète et comédien)
On peut traiter à plusieurs reprises du même sujet en l’éclairant à
chaque fois d’une façon différente. En amour, j’ai trouvé plus
d’angles que de positions.
Beaumarchais (musicien, auteur dramatique, éditeur du XVIII
ème
Allain Leprest (auteur-compositeur-interprète)
La chanson, c’est une alchimie terrible et torride entre un texte et
une mélodie, un alliage incompréhensible de mauvais savoir… La
chanson, c’est du bastringue, et quand tout est réuni, c’est
magique et on ne sait pourquoi.
Pierre Delanoë (auteur)
Le refrain, c’est toute la chanson. Une chanson est finie quand j’ai
trouvé la première phrase et l’idée. Je sais que le reste viendra !
Renaud (auteur-compositeur-interprète)
Dès que j’ai un titre, j’ai fait la moitié du boulot.
Barbara (auteur-compositeur-interprète)
siècle)
Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante.
Thomas Fersen (auteur-compositeur-interprète)
Deux phrases-pivots sur une musique qui ne sert que le texte :
c'est ma formule. Mais je suis de plus en plus rigoureux sur le reste
du texte. La phrase-pivot doit mettre en relief toute la chanson.
J'essaie d'être plus simple encore dans l'écriture, avec une
musicalité, une légèreté séduisantes.
La chanson est dans le quotidien de chacun ; c’est sa fonction, sa
force. Sociale, satirique, révolutionnaire, anarchiste, gaie,
nostalgique… Elle ramène chacun de nous à son histoire.
Oscar Wilde (romancier anglais du 19 siècle)
e
La critique exige infiniment plus de culture que la création.
Raymond Devos (humoriste)
Une rengaine, c’est un air qui commence à vous entrer par une
oreille et qui finit par vous sortir par les yeux.
44 - zebrock au bahut
zebrock au bahut - 45
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 46
annuaire
S
E
U
Q
è
H
T
A
I
D
E
M
,
S
E
U
Q
è
H
BIBLIOT
BIBLIOTHèQUES, MEDIATHèQUES
Pour vos recherches ou par plaisir, n’hésitez pas à vous rendre dans les bibliothèques
et médiathèques du département. Les bibliothècaires et les discothécaires sauront
vous orienter. Vous pourrez également emprunter livres et CD.
Bibliothèque Saint John Perse
Bibliothèque municipale
Bibliothèque municipale
Médiathèque
6, rue Edouard Poisson
93300 AUBERVILLIERS
01 48 33 60 44
10, rue Adrien Froment
93700 DRANCY
01 48 32 25 12
212 av du 8 mai 1945
93330 NEUILLY/MARNE
01 43 08 04 29
4, place de la Légion d’Honneur
93200 SAINT DENIS
01 49 33 92 40
Bibliothèque Dumont
Bibliothèque Anne Franck
Médiathèque Michel Simon
Médiathèque
12 bd Galliéni
93600 AULNAY/BOIS
01 48 66 18 81
Rue Ambroise Croizat
93441 DUGNY
01 49 34 02 34
36, rue de la République
93160 NOISY-LE-GRAND
01 55 85 09 10
10, place de la république
93400 SAINT-OUEN
01 49 18 16 70
Médiathèque
Bibliothèque Mendès France
Médiathèque Roger Gouhier
Bibliothèque Albert Camus
18, rue Adélaide Lahaye
93170 BAGNOLET
01 49 93 60 90
23 rue de paris
93 800 EPINAY SUR SEINE
01 49 71 99 69
3, rue Jean Jaurès
93134 NOISY LE SEC
01 49 42 67 19
6 rue de la gare
93270 SEVRAN
01 43 84 87 20
Médiathèque
Médiathèque Georges Perec
Bibliothèque Elsa Triolet
Médiathèque Louis Aragon
1-5, place de la Libération
93150 LE BLANC-MESNIL
01 48 14 22 19 (22)
20 rue Jean Jaurès
93220 GAGNY
01 43 02 45 36
102 av Jean Lolive
93 500 PANTIN
01 49 15 40 22
4, place du Colonel Fabien
93240 STAINS
01 48 21 72 24
Bibliothèque Elsa Triolet
Bibliothèque Elsa Triolet
Bibliothèque
Bibliothèque Boris Vian
4 rue de l’Union
93 000 BOBIGNY
01 48 95 20 56
3 rue Lénine
93 450 L’ILE SAINT DENIS
01 49 22 11 10
6 allée Robillard
93320 PAVILLONS/BOIS
01 48 47 95 54
Médiathèque Denis Diderot
Bibliothèque d’Anglemont
Médiathèque Jacques Duclos
24 bv de l’Hôtel de ville
93 290 TREMBLAY EN
FRANCE
01 49 63 69 61
23, rue Roger Salengro
93140 BONDY
01 48 50 53 43
35 place Charles De Gaulle
93260 LES LILAS
01 48 46 07 20
Bibliothèque municipale
Bibliothèque municipale
Bibliothèque/Discothèque
16, avenue Gabriel Péri
93380 PIERREFITTE-SURSEINE
01 48 23 39 39
65 av de la division Leclerc
93 350 LE BOURGET
01 48 38 82 28
8, avenue du Consul Général
Nordling
93190 LIVRY GARGAN
01 43 88 03 03
Bibliothèque municipale
François Mitterrand
Médiathèque Robert Calmejane
Bibliothèque Cyrano de Bergerac
Rue des bleuets
93 390 CLICHY/BOIS
01 41 70 31 80
Bibliothèque municipale
137 rue Jean Jaures
93 470 COUBRON
01 43 88 71 45
Médiathèque John Lennon
9, avenue du Gal Leclerc
93120 LA COURNEUVE
01 49 92 61 64
46 - zebrock au bahut
Bibliothèque Saint-Exupéry
49 av Henri Barbusse
93 370 MONTFERMEIL
01 41 70 70 20
Médiathèque de Montreuil
14, bd Rouget de l’Isle
93100 MONTREUIL
01 48 70 64 55
Bibliothèque Guy de Maupassant
11 rue du Général de Gaulle
93360 NEUILLY
PLAISANCE
01 43 00 30 30
78 rue de Meaux
93410 VAUJOURS
01 49 63 39 13
46 av Jean Jaurès
93310 LE PRE-SAINTGERVAIS
01 48 44 69 96
118 Grande rue
93250 VILLEMOMBLE
01 48 12 95 50
Ouverture en novembre ou
décembre
Bibliothèque municipale
Bibliothèque Jacques Prévert
26 av Thiers
93 340 LE RAINCY
01 43 81 94 94
15 rue Jacques Prévert
93420 VILLEPINTE
01 43 84 87 15
Bibliothèque Romain Rolland
Bibliothèque Jean Renaudie
61 av de Verdun
93 230 ROMAINVILLE
01 48 44 26 61
52 rue Roger Salengro
93430 VILLETANEUSE
01 48 21 79 99
Bibliothèque Aragon
20 mail Jean-Pierre Timbaud
93110 ROSNY/BOIS
01 48 54 12 76
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 47
Dans tous les domaines liés aux musiques actuelles,
Zebrock développe, invente et encourage les passions existantes...
ZEBROCK, C’EST AUSSI...
● Les scèn
es de déco
uverte du
● Les
grand Zeb
rock
pour faire
connaître
les jeunes
talents d’I
le-de-Fran
ce (mois d
’avril et m
ai)
.
n
o
ti
sa
li
a
n
n
io
ss
fe
voie de pro
usiciens en
m
s
le
t
e
rs
s amateu
brock pour le
e
ateliers Z
● Un site
internet, w
ww.zebroc
permettre
à tous les
k.net, pour e
musiciens
n savoir p
de montre
lus sur l’ac
r ce qu’ils
tualité mu
font, de se
sicale et n
faire conn
os actions,
aître.
)
(novembre
s
e
ié
f
li
p
m
ue : A
r la musiq
ion su
l de réflex
ent annue
m
o
m
n
’u
isation d
● L’organ
● Des anim
ations, des
débats et d
es mini-co
ncerts dan
s les
médiathèq
ues et les li
eux music
aux de Se
ine
Saint-Den
is
Bref, Zebrock s’occupe de musique en Seine Saint-Denis !
maquette zebrockV23 okjc.qxd
23/10/03
17:52
Page 48
ZEBROCK CHROMA
31, Boulevard Gambetta
93130 Noisy Le Sec
Tél. : 01 55 89 00 60
Fax : 01 55 89 00 61
Couriel : [email protected]
Site : www.zebrock.net