Zebrock au Bahut
Transcription
Zebrock au Bahut
maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 1 édition 2003-2004 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 2 sommaire 2003-2004 « Ce document sera votre compagnon tout au long du parcours ZEBROCK AU BAHUT 2003-2004. Nous espérons qu’il vous donnera le goût de la chanson francophone et vous encouragera à en découvrir de nouvelles facettes ». Le livret de l’opération ZEBROCK au BAHUT est publié par L’association CHROMA, Animations et ressources pour le réseau des musiques actuelles en Seine Saint-Denis. Président : Pierre QUAY-THEVENON Direction : Edgard GARCIA Assistante de direction : Hélène BIHAN Conférences : Edgard GARCIA & Patrick WINZELLE Coordination : Gaëlle CALLIER ([email protected]) Professeur relais : Vincent SOYEZ (Académie de Créteil) RÉALISATION DU LIVRET Rédaction : Hervé RESSE ([email protected]) Illustrations : Xavier COYERE ([email protected]) Maquette : Frédéric COYERE ([email protected]) Conception éditoriale : HERVE RESSE CONSEIL ([email protected]) Conception graphique : DGC ([email protected]) Impression : Cité Impression 2 Sommaire.Vous y êtes ! 3 Zebrock au Bahut ? 4 -5 Entrée des artistes : quelques photos. 6 Présentation du thème 2003-2004 « Un monde meilleur ! » 7 24 chansons à découvrir : la liste ! 8-31 Textes des chansons, présentation des interprètes. ZEBROCK au BAHUT est réalisé en partenariat avec le Conseil général de la Seine Saint-Denis. Il reçoit le soutien de la DRAC Ile-de-France, du Conseil régional d’Ile-de-France, du Fonds d’Action de la Sacem et l’appui de l’Académie de Créteil. 32 Encore quelques vers… 33 Retour aux origines du son : du rouleau au MP3. 34-38 Un peu d’histoire : des années 50 à nos jours. 39 Qu’avez-vous à faire ? 40-41 Chroniques et parodies : quelques conseils. Le Fonds d’Action Sacem est fier et heureux d'apporter son soutien à Zebrock au Bahut. "Colporter" ainsi la chanson française de génération en génération est certainement la plus belle mission que puisse réaliser le Fonds d'Action de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique. En effet, le répertoire que protège la SACEM est fait en grande partie de ces chansons qui enchantent et enchanteront toujours notre mémoire. En chacune des opérations qu'il soutient, le Fonds d'Action SACEM rappelle le rôle essentiel du droit d'auteur qui constitue le salaire des auteurs et compositeurs : promouvoir le patrimoine comme la création musicale c'est aussi reconnaître le droit d'auteur qui en génère la vitalité. Fonds d'Action SACEM 30, rue Ballu 75009 Paris tél. 01 47 15 48 90 / fax 01 47 15 48 95 mail : [email protected] ZEBROCK CHROMA 31, Boulevard Gambetta - 93130 Noisy Le Sec Tél. : 01 55 89 00 60 - Fax : 01 55 89 00 61 Couriel : [email protected] - Site : www.zebrock.net 42 Dico musical abrégé. 43 Affaires de styles : un tour d’horizon des styles musicaux. 44-45 C’est quoi, une chanson ? Une partition ? 46 Les bibliothèques et médiathèques de Seine Saint-Denis. 47 Mieux connaître Zebrock. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 3 é ditorial ? ZEBROCK AU BAHUT ? T U H A B U A K C O R B E Z epuis plus de dix ans, ZEBROCK AU BAHUT s’adresse aux élèves de collèges et lycées professionnels de Seine Saint-Denis. Cette année, c’est vous et votre classe qui êtes invités à y participer. A plusieurs reprises, durant l’année scolaire, nous allons partir ensemble et avec vos professeurs à la découverte de la chanson française. D Qu’elles soient modernes ou traditionnelles, d’aujourd’hui ou plus anciennes, les chansons nous aident à comprendre le monde où nous vivons. Nous sommes convaincus qu’elles nous enrichissent. Chaque année ZEBROCK AU BAHUT propose un parcours de découverte à partir d’un thème et d’une vingtaine de chansons pour l’illustrer. Nous ne prenons pas forcément des artistes que vous connaissez parfaitement. Les uns commencent leur carrière, d’autres sont universellement connus. Certains ont disparu. Faiseurs de rock, rap, folk, ou artisans de la chanson traditionnelle, ils ont tous quelque chose à dire et, à notre avis, ils le disent bien. Leurs mots sonnent juste, leur poésie tient la route, leurs vers savent faire passer l’émotion. Leurs musiques sont lentes ou rapides, mélodieuses ou dissonantes ; certaines dans l’R du temps, d’autres pas du tout. Dans des registres fort différents, elles savent toutes épouser les textes pour les mettre en valeur. C’est pourquoi nous voulons vous les faire connaître. Durant l’année, ● vous entendrez une conférence sur la chanson. ● vous assisterez au travail d’un groupe de musiciens professionnels. Vous pourrez dialoguer avec eux et vous les retrouverez en concert. ● des rendez-vous auront lieu dans votre classe avec les professeurs participants à l’opération. ● Ils vous proposeront de travailler en équipes. Les meilleurs travaux seront récompensés par des lots remis à la fin de l’année. Alors, à vos stylos, à vos ciseaux ! Faites preuve de créativité ! Et bonne rentrée musicale !!! zebrock au bahut - 3 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 18:10 Page 4 quelques ph otos quelques ph otos entrée des artistes E n 14 ans, il s’en est passé des choses ! Plus de 10 000 élèves ont assisté à des conférences, visité des lieux musicaux et rencontré des dizaines d’artistes ! Autant vous le dire, notre album photo est É-NOR-ME ! Pour vous donner une petite idée de ce qui s’est déjà passé et de ce que vous allez vivre, nous avons sélectionné quelques clichés. © PHOTOS : WILLY VAINQUEUR, CHROMA SAUF THOMAS PITIOT : PHOTO SERGIO BRAVO Peut-être y reconnaîtrez-vous un frère, une soeur, un ou une amie… C’est à votre tour maintenant de participer à cette aventure ! Au fil des ans : Pigalle, Little Bob, les Innocents, Patrick Verbeke, Love Bizarre, Les Wampas, Princess Erika, L’Orchestre National de Barbès, Mad in Paris, Mellowman, Massilia Sound System, Zebda, Seba, Le Maximum Kouette, Kent, Sanseverino, Les Ogres de Barback,Thomas Pitiot, Clarika, Céline Caussimon, Le Bérurier Noir... 4 - zebrock au bahut Serez-vous l’élève captivée de cette photo en haut à gauche ? Ferez-vous découvrir vos talents à vos camarades et aux artistes que vous allez rencontrer ? Formerez-vous un groupe de choristes improvisé ? Vous laisserez-vous envahir par une irrésistible envie de danser lors du concert final ? A moins que ce ne soient vos professeurs ? Nous sommes impatients de le savoir ! zebrock au bahut - 5 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 6 thème 2003-2004 un monde meilleur ! « T’as beau pas être beau, monde cinglé, J’t’ai dans la peau, et j’t’aime, t’aime, t’aime… » n deux phrases, tout est résumé ! Merci donc à Louis Chedid, brillant metteur en rimes et par ailleurs papa du jeune M. Oui, pour quelques millénaires encore, avant que les technologies nous permettent d’aller semer la même pagaille en d’autres galaxies, le Monde, c’est ainsi, demeure notre cour de récréation, notre stade, notre demeure, notre village, notre champ de batailles… Et ce jardin secret où s’épanouissent avec des bonheurs variables nos petits mondes intimes, intérieurs, nos rêves, fantasmes et ambitions indicibles. Le Monde : tout ce qui nous bouleverse, nous heurte, nous passionne, nous scandalise, nous interpelle, nous désarçonne. Mais parlons-nous du Monde tel qu’il est ? Ou tel que nous le voudrions ? N’est-il pas, d’abord et avant tout, mon petit univers à moi ? « S’enfuir dans un village, pour en faire le centre du monde… » proposait Jules Renard, qui savait tout de l’homme et de ses faiblesses. E Merveille ou Enfer ? Le Monde offre parfois des moments de grâce et de bonheur ; un soir de fête à deux, ou deux cent mille, on se regarde comme frères et sœurs, ou comme des amoureux ; seuls au monde ou rassemblés avec des milliers d’autres par une passion commune : sport, conviction, musique. Un simple mot le décrit alors : merveilleux. Il y a aussi tous ces ailleurs, qui convoquent pour les yeux des touristes éblouis des spectacles somptueux donnant aux cartes postales de vraies allures de paradis : couchers de soleil mirifiques, cascades vertigineuses, luxuriantes forêts tropicales. Dans ces paysages-là n’apparaît jamais la misère humaine. Mais demandez au photographe de faire un demi-tour sur lui-même... Et vous verriez soudain les bidonvilles à la misère crasse, les mômes dépenaillés tendant la main, les maladies qu’ailleurs on sait soigner mais qui laissent ici les familles écrasées sous un deuil permanent. Tant de pays visités chaque soir à la télé, quand La Mort s’invite à nos tables.Voici les interminables chroniques de l’injustice, des guerres et pouvoirs, des combats pour la liberté, quand chacun, en son âme et conscience, croit discerner précisément où se situent le Bien et le Mal. Eternelle question, en son temps résolue par le philosophe Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les autres »… Réel ou Virtuel ? Le monde est donc tout cela : ce qui nous enivre et nous donne la joie de vivre, l’envie de nous battre, donner notre avis et le faire partager. Pour transformer, rectifier, améliorer, tout ce qui peut ou devrait l’être. Sauf qu’il s’agit aussi, parfois, de profiter, d’empocher, d’arnaquer, rouler, niquer notre voisin, notre prochain, nos contemporains. Car le monde n’est rien d’autre que 6 - zebrock au bahut ce que les hommes en font. Comme pile et face sur nos pièces d’un euro, le meilleur et le pire y sont toujours liés. A moins que… semblable à l’univers virtuel du film Matrix, il ne soit qu’une gigantesque tromperie cybernétique ? Inventé pour nous leurrer par des machines, qui construiraient ainsi l’illusion de notre liberté ? La vérité est-elle si différente ? Quand s’entrechoquent nos rêves, nos espoirs, nos révoltes et le permanent spectacle de la réalité, qu’est ce qui est vrai ? Juste ? Bon ? Nous vivons dans un Monde fait d’ici et d’innombrables ailleurs... Où tout le monde est à la fois “de chez lui” et “de chez les autres”. De nos jours, grâce aux moyens de communication, les populations du monde entier s’invitent et s’installent dans le monde entier. Tout simplement parce qu’ici leur donne un peu d’espoir et d’autres avenirs possibles… Tous, nous sommes donc d’ici et d’ailleurs. Et ainsi, désormais, chez moi c’est partout. Et tant pis pour les frileux, les grincheux, les arc-boutés sur des temps anciens qui, quoi qu’ils pensent, ne reviendront pas. « Le mot frontière est un mot borgne, L’homme a deux yeux pour voir le monde » annonçait voilà des années le poète Paul Eluard… Le poète a toujours raison... D’ailleurs, puisque nous y sommes ! Artiste, écrivain, rappeur, chanteur d’hier ou aujourd’hui : qui mieux que le poète sait dire cette infinie complexité de nos petits univers ? Voilà des siècles qu’il y trouve d’inépuisables sources d’inspirations ! L’artiste a le regard juste et précis, et cette connaissance subtile, infinie parfois, de l’homme, de ses faiblesses, de ses secrets. Ses mots souvent décrivent nos vies comme nous les ressentions… Certains le font juste pour l’argent. D’autres ont cet intense besoin de crier leur désespoir ou leur incompréhension, mais sans croire un instant qu’ils pourraient modifier quoi que ce soit. D’autres le font pour changer le monde. Illusoire, disent les sceptiques ! Une chanson, un texte, un écrit ne peuvent rien contre l’irrésistible « marche en avant » du temps, des puissants, ou de l’argent. « Les personnes qui ne donnent pas une seule chance à la musique de changer le monde sont celles qui n'aiment pas la musique », rétorque le chanteur Ben Harper, certain que les artistes ont non seulement leur mot à dire, mais aussi leur rôle à jouer, pour que demain soit un peu mieux qu’aujourd’hui. Pour cette édition 2003-2004 de Zebrock au Bahut, nous avons choisi 24 titres écrits dans ces cinquante dernières années. Le choix fut difficile. La chanson française offre tellement de talents. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 7 la liste hansons 2424cchansons E R I A F S U O V S N O L U O que nous voulons vous faire V S U O N E QU découvrir E D COUVRIR Années 50 & 60 Dario Moreno : Si tu vas à Rio (1958) page 8 Léo Ferré : L'Affiche rouge (1959) page 9 Enrico Macias : l'île du Rhône (1963) page 10 Barbara : Gottingen (1965) page 11 Claude Nougaro : Bidonville (1966) page 12 Serge Reggiani : La Java des bombes atomiques (1967) page 13 Charles Aznavour : Emmenez-moi (1967) page 14 Jean Ferrat : Ma France (1969) page 15 Michel Delpech : Wight is Wight (1969) page 16 Années 70 & 80 Pierre Perret : Lily (1978) page 17 Renaud : Chanson pour Pierrot (1979) page 18 Maxime Le Forestier : Les jours meilleurs (1983) page 19 Téléphone : Un autre monde (1984) page 20 Carte de séjour : Douce France (1986) page 21 Sapho : La petite fille veut le monde (1987) page 22 Chihuahua : ! (1989) page 23 Années 90 & 2000 NTM : Le monde de demain (1990) page 24 Alain Souchon : Foule sentimentale (1993) page 25 Noir Désir : L'homme pressé (1996) page 26 M : Monde virtuel (1999) page 27 Jeanne Cherhal : Un trait danger (2002) page 28 Tiken Jah Fakoly : Françafrique (2002) page 29 Mickey 3D : Respire (2002) page 30 Le Maximum Kouette : Machine world (2002) page 31 zebrock au bahut - 7 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 8 les années 50 Si tu vas à Rio (1958) Samba, cocotiers, Cariocas joyeux, le Corcovado et son sublime panorama, l’immense baie de Copacabana… Tous les clichés d’un Brésil de rêve et de vacances sont là. Ne manquent que les gamins des favellas. Le touriste en croise pourtant, parfois, qui s’approchent timidement des terrasses de cafés et vous demandent s’ils peuvent terminer dans votre assiette les petites saucisses grillées, délicieuses, qu’on sert à l’heure de l’apéritif. Si tu vas à Rio N'oublie pas de monter là-haut Dans un petit village Caché sous les fleurs sauvages Sur le versant d'un côteau C'est à Madureira Tu verras les cariocas Sortir des maisonnettes Pour s'en aller à la fête A la fête des sambas Et tu verras grimpant le long des collines Des filles à la taille fine Avancer à petits pas Et les fanfares Dans ce joyeux tintamarre Emmener le flot bizarre Des écoles de sambas Qui préparent le bal Et s'en vont pour le Carnaval Répéter la cadence De la plus folle des danses Celle de Madureira. Et tu verras grimpant le long des collines Des filles à la taille fine Avancer à petits pas Et les fanfares Dans ce joyeux tintamarre Emmener le flot bizarre Des écoles de sambas Si tu vas à Rio N'oublie pas de monter là-haut Dans un petit village Caché sous les fleurs sauvages Sur le versant d'un côteau. Si tu vas à Rio Si tu vas à Rio Si tu vas à Rio Madureira Chorou : Paroles originales et musique : Carvalhinho et Monteiro Julio Adaptation française : Jean Broussole Ed : Ediçoes Euterpe Ltda, Rio de Janeiro, Brésil © Editions La Bougie © Editions Musicales Patricia et Société d’Éditions Musicales Internationales (S.E.M.I.) 5, rue Lincoln 75008 Paris 8 - zebrock au bahut Dario Moreno On pourrait d’un revers balayer Dario Moreno. Ne symbolise-t-il pas la chanson pacotille et superficielle des années 50 ? Opérette, joie de vivre, ambiance de fête, il est vrai qu’on ne trouve guère de messages dans ses succès, mais un univers un peu factice, une réalité de cartes postales. Tout ce que déteste- ront en coeur, les jeunes rockers et les chanteurs de la rive gauche. N’empêche. Dario était sympa, exubérant, excentrique, l’écouter donnait la pêche : mambo, cha-chacha, et musiques or ientales… Vivrait-il aujourd’hui, qu’il serait à coup sûr une idole des nuits parisiennes. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 9 les années 50 Léo Ferré Timide et sans le sou, Ferré débute dans les années cinquante, fou de poésie et de symphonie classique. Insatiable créateur, tous les styles musicaux l’inspireront : tango, jazz, mélodies populaires, rock. A mesure que grandit sa notoriété, il en use pour parler plus fort : « il cause et il gueule, comme un chien ». Léo s’impose alors comme l’influence majeure de toute la génération de 68. Il invente le pop français, dirige de grands orchestres, écrit de longs poèmes épiques et des chansons éternelles (Avec Le Temps, Ni Dieu Ni Maître, La The Nana) avant de disparaître en 1993 à 77 ans. L’Affiche rouge, Poème de Louis Aragon (1959) L’Arménien Manouchian et ses camarades sont tombés au peloton d’exécution. Ils n’étaient pas Français, mais mouraient pour la France… c'est-à-dire pour la Liberté et pour que les autres, tous les autres, gardent le droit de vivre. Aragon donne à ce poème une force universelle avec ce vers admirable « je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand ». Ferré gratifie ce poème bouleversant d’une musique qui ne l’est pas moins. Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie Adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erévan Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le cœur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Poème : Louis Aragon. Musique : Léo Ferré © 1959 by Louis Aragon et Léo Ferré © 1959 Assigned to Les Nouvelles Editions MÉRIDIAN - Paris zebrock au bahut - 9 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 10 les années 60 l’île du Rhône (1963) Trouver un chez-soi. Planter des rêves de vies meilleures et voir pousser les arbres. Dans chaque être transplanté, émigré, existe probablement cette même énergie pour reconstruire, ce même besoin vital de s’enraciner et de ne pas céder aux difficultés innombrables. Survivre, pour vivre. Et pour comprendre au bout du compte qu’il n’y a nulle part de vrai paradis, sinon dans nos rêves d’avenirs meilleurs… On s'en allait, chassés par le cyclone Et sur la route on nous avait jetés Mais quand on fut près de l'île du Rhône On a compris qu'on était arrivés On a compris qu'on était arrivés L'île du Rhône semblait nous attendre L'île sauvage douce à l'homme oublié On a percé sa glaise humide et tendre Pour y planter nos tentes et nos pommiers Pour y planter nos tentes et nos pommiers Etes-vous fous nous disait le village Connaissez-vous le Rhône de chez nous L'avez-vous vu quand il est par l'orage Gros de la Saône et qu'il pleut sur le Ventoux L'avez-vous vu dans ses grandes colères Plus dangereux qu'un archange brutal Tous les cent ans, la chose est légendaire Quatre ou cinq fois il nous fait bien du mal On a gardé les amarres à nos barques Car si le Rhône nous donne encore vingt ans Chaque matin, chaque heure est un miracle Le sirocco n'en laissait pas autant Le sirocco n'en laissait pas autant Que c'était bon d'arracher les broussailles Nos mains faisaient reculer la forêt Quand notre terre nous ouvrait ses entrailles Que c'était bon d'y planter nos pommiers Que c'était bon d'y planter nos pommiers Enrico Macias Enrico Macias incar ne en tous points le chanteur populaire, digne et de qualité. Il chante les choses simples de la vie, les ritournelles et sait aussi payer de sa personne, notamment pour défendre sa conception de l’amitié entre les peuples. Nombreux sont ceux qui l’ignorent, il est 10 - zebrock au bahut aussi un guitariste hors pair dans le style arabo-andalou. Ce talent lui vaut aujourd’hui la considération de publics qui ne lui étaient pas, au dépar t, farouchement acquis. Cela vient peut-être un peu tard. Gageons qu’il en sourit. Regardez-la, c'est notre île cantique C'est un poème, un bouquet de couleurs C'est notre terre et c'est notre Amérique L'eau de ses bords fait le tour de nos coeurs L'eau de ses bords fait le tour de nos coeurs Car tous ces jours où l'on courbait l'échine Pour préparer le sol de nos pommiers On avait tant, tant besoin de racines Que c'est aussi nos vies qu'on a plantées Que c'est aussi nos vies qu'on a plantées. Paroles : A.Huruguen Musique : E.Marouani, E.Macias © Warner Chappell Music France maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 11 les années 60 Barbara « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Depuis ce soir de 1997 où s’en allait Barbara, la chanson française désespère de retrouver une inter prète aussi majestueuse, irréelle et vibrante. Il y avait dans cette femme tant d’humanité à fleur de peau, dans sa voix tant de souffrance contenue et peut-être un rien de troublante folie… Comme interprète, auteur, compositeur, son alchimie demeure inaccessible. La différence entre talent et génie, peut-être. Gottingen (1965) Hier ennemis, désormais frères européens… Mais qu’adviendrait-il si par malheur, demain ?... Pour saisir la force et la beauté de cette chanson, il faut se replacer dans le contexte des années 60. Vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale venait l’heure des réconciliations entre Allemands et Français. Cela ne signifiait nullement l’oubli des guerres passées et des ultimes horreurs. Mais, oui. Dans la petite ville de Gottingen, des gens vivent et ce sont de braves gens. Bien sûr, ce n'est pas la Seine, Ce n'est pas le bois de Vincennes, Mais c'est bien joli tout de même, A Gottingen, à Gottingen. Bien sûr nous, nous avons la Seine Et puis notre bois de Vincennes, Mais Dieu que les roses sont belles A Gottingen, à Gottingen. Pas de quais et pas de rengaines Qui se lamentent et qui se traînent, Mais l'amour y fleurit quand même, A Gottingen, à Gottingen. Nous, nous avons nos matins blêmes Et l'âme grise de Verlaine, Eux c'est la mélancolie même, A Gottingen, à Gottingen. Ils savent mieux que nous, je pense, L'histoire de nos rois de France, Herman, Peter, Helga et Hans, A Gottingen. Quand ils ne savent rien nous dire, Ils restent là à nous sourire Mais nous les comprenons quand même, Les enfants blonds de Gottingen. Et que personne ne s'offense, Mais les contes de notre enfance, "Il était une fois" commence A Gottingen. Et tant pis pour ceux qui s'étonnent Et que les autres me pardonnent, Mais les enfants ce sont les mêmes, A Paris ou à Gottingen. Le temps du sang et de la haine Car il y a des gens que j'aime, A Gottingen, à Gottingen. Et lorsque sonnerait l'alarme, S'il fallait reprendre les armes, Mon cœur verserait une larme Pour Gottingen, pour Gottingen. Mais c'est bien joli tout de même, A Gottingen, à Gottingen. Et lorsque sonnerait l'alarme, S'il fallait reprendre les armes, Mon cœur verserait une larme Pour Gottingen, pour Gottingen. Paroles et Musique: Barbara © Les Éditions Métropolitaines O faites que jamais ne revienne zebrock au bahut - 11 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 12 les années 60 Claude Nougaro Le précurseur ! Trente ans avant l’ère du rap ce Toulousain invente l’ar t de la r ime qui frappe . Il mélangeait jazz et java quand les Négresses Vertes et autres Garçons Bouchers n’étaient pas nés. Le premier il flaire la magie de la bossanova. Le premier il ose les rythmes africains, créant une World Music à la française bien avant Lavilliers. On finirait par oublier tout ce qu’il a insufflé de liberté et d’insolence dans la chanson française. Nougaro est ce guide initié qui devine et indique chaque fois les bonnes routes. Par quoi il égale un Gainsbourg, l’excès médiatique en moins. Bidonville (1966) Cette chanson, adaptation d’un chef-d’oeuvre brésilien signé Baden Powell et Vinicius de Moraes, est l’exacte opposée de celle de Dario Moreno proposée page 8. Elle vous fait découvrir l’envers de la carte postale, là où les touristes ne vont pas, là où la pauvreté colle aux guenilles, là où demain ne vaudra guère plus qu’aujourd’hui. Pourtant, si peu que l’on possède, on est toujours ensemble : « J’ai cinq doigts moi aussi, on peut se croire égaux ». Ce rien de fraternité, c’est quand même et déjà un début. Regarde là, ma ville. Elle s'appelle Bidon, Bidon, Bidon, Bidonville. Vivre là-dedans, c'est coton. Les filles qui ont la peau douce La vendent pour manger. Dans les chambres, l'herbe pousse. Pour y dormir, faut se pousser. Les gosses jouent, mais le ballon, C'est une boîte de sardines, Bidon. Donne-moi ta main, camarade, Toi qui viens d'un pays Où les hommes sont beaux. Donne-moi ta main, camarade. J'ai cinq doigts, moi aussi. On peut se croire égaux. 12 - zebrock au bahut Regarde là, ma ville. Elle s'appelle Bidon, Bidon, Bidon, Bidonville. Me tailler d'ici, à quoi bon ? Pourquoi veux-tu que je me perde Dans tes cités ? A quoi ça sert ? Je verrais toujours de la merde, Même dans le bleu de la mer. Je dormirais sur des millions, Je reverrais toujours, toujours Bidon. Donne-moi ta main, camarade, Toi qui viens d'un pays Où les hommes sont beaux. Donne-moi ta main, camarade. J'ai cinq doigts, moi aussi. On peut se croire égaux. Serre-moi la main, camarade. Je te dis : "Au revoir". Je te dis : "A bientôt". Bientôt, bientôt, On pourra se parler, camarade. Bientôt, bientôt, On pourra s'embrasser, camarade. Bientôt, bientôt, Les oiseaux, les jardins, les cascades. Bientôt, bientôt, Le soleil dansera, camarade. Bientôt, bientôt, Je t'attends, je t'attends, camarade. Berimbau : Paroles et musique : Ray Gilbert / Vinicius De Moraes / Baden Powell Adaptation : Claude Nougaro. © Ipanema Music Corp Avec l’aimable autorisation Rondor Music maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 13 les années 60 Serge Reggiani Ce fils d’immigré « rital » se fait d’abord connaître au cinéma, notamment dans « Casque d’Or » aux côtés de Simone Signoret. A la fin des années 60, on découvre qu’il n’a pas qu’une présence. Il est « aussi » une Voix. Sachant faire vivre les beaux textes comme personne, cet interprète poignant, souvent proche de Brel par la théâtralité, connaît alors une seconde carrière. Qu’il chante, et soudain prennent vie les espoirs, passions, douleurs des petites gens. Et Regg iani nous bouleverse, immanquablement . La Java des bombes atomiques (1967) Boris Vian fut l’auteur de cette chanson. Comme Brassens et Gainsbourg, il reste un fabuleux vaccin contre la connerie. En pleine guerre froide, tandis que Russes et Américains menacent de pulvériser la planète, il vous racontait son histoire à dormir debout et mettait les rieurs de son côté, faisant à La Mort un joli pied de nez… dont elle se vengerait bientôt. Se pose tout de même une question restée sans réponse : faut-il entendre « mon oncle, un fameux bricoleur », ou… « infâme bricoleur »? Mon oncle un fameux bricoleur Faisait en amateur Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris C'était un vrai génie Question travaux pratiques Il s'enfermait tout' la journée Au fond d'son atelier Pour fair' des expériences Et le soir il rentrait chez nous Et nous mettait en trans' En nous racontant tout Pour fabriquer une bombe " A " Mes enfants croyez-moi C'est vraiment de la tarte La question du détonateur S'résout en un quart d'heur' C'est de cell's qu'on écarte En c'qui concerne la bombe " H " C'est pas beaucoup plus vach' Mais un' chos' me tourmente C'est qu'cell's de ma fabrication N'ont qu'un rayon d'action De trois mètres cinquante Y a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans J'y retourne immédiat'ment Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour D'améliorer l'modèle Quand il déjeunait avec nous Il avalait d'un coup Sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce Qu'il tombait sur un os Mais on n'osait rien dire Et pis un soir pendant l'repas V'là tonton qui soupir' Et qui nous fait comm' ça A mesur' que je deviens vieux Je m'en aperçois mieux J'ai le cerveau qui flanche Soyons sérieux disons le mot C'est même plus un cerveau C'est comm' de la sauce blanche Voilà des mois et des années Que j'essaye d'augmenter La portée de ma bombe Et je n'me suis pas rendu compt' Que la seul' chos' qui compt' C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe Y a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans, J'y retourne immédiat'ment Sachant proche le résultat Tous les grands chefs d'Etat Lui ont rendu visite Il les reçut et s'excusa De ce que sa cagna Etait aussi petite Mais sitôt qu'ils sont tous entrés Il les a enfermés En disant soyez sages Et, quand la bombe a explosé De tous ces personnages Il n'est plus resté Tonton devant ce résultat Ne se dégonfla pas Et joua les andouilles Au Tribunal on l'a traîné Et devant les jurés Le voilà qui bafouille Messieurs c'est un hasard affreux Mais je jur' devant Dieu Q’en mon âme et conscience En détruisant tous ces tordus Je suis bien convaincu D'avoir servi la France On était dans l'embarras Alors on l'condamna Et puis on l'amnistia Et l'pays reconnaissant L'élut immédiat'ment Chef du gouvernement Paroles : Boris Vian Musique : Alan Graiger © Warner Chappell Music France zebrock au bahut - 13 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 14 les années 60 Charles Aznavour Résumer « sér ieusement », en quelques lignes, 50 ans de carrière de Monsieur Charles ? Chanteur universellement respecté, il est aussi un immense acteur. Voix ? Incomparable ... Inter prète ? Magique ! Il est ce Monstre de swing et ce Prince de sensibilité, tour à tour tendre, ironique, généreux, dramatique. En somme, Aznavour est notre Sinatra à nous, à moins que ce ne soit le contraire… Et puis, toutes ces chansons, magnifiquement écrites, finement ciselées... Que cet homme vive 100 ans et plus. Emmenez-moi (1967) « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil »… Bien sûr, Aznavour sait bien comme tout cela est faux, il connaît trop bien le monde pour le croire un instant. Mais qui n’a eu l’envie, un jour, de plaquer tout ce qui lui collait aux basques. Et jusqu’à son aimable confort de petit bourgeois, voire de prolétaire en pays industriel ? Pour aller chercher un « ailleurs » qui serait plus riche de sens et de valeurs que tous les « ici » où nous vivons nos pauvres vies ? Vers les docks où le poids et l'ennui Me courbent le dos Ils arrivent le ventre alourdi De fruits les bateaux Ils viennent du bout du monde Apportant avec eux Des idées vagabondes Aux reflets de ciels bleus De mirages Traînant un parfum poivré De pays inconnus Et d'éternels étés Où l'on vit presque nus Sur les plages Moi qui n'ai connu toute ma vie Que le ciel du nord J'aimerais débarbouiller ce gris En virant de bord Refrain : Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil Dans les bars à la tombée du jour Avec les marins Quand on parle de filles et d'amour Un verre à la main Je perds la notion des choses Et soudain ma pensée M'enlève et me dépose Un merveilleux été Sur la grève 14 - zebrock au bahut Où je vois tendant les bras L'amour qui comme un fou Court au devant de moi Et je me pends au cou De mon rêve Quand les bars ferment, que les marins Rejoignent leur bord Moi je rêve encore jusqu'au matin Debout sur le port Refrain Un beau jour sur un rafiot craquant De la coque au pont Pour partir je travaillerai dans La soute à charbon Prenant la route qui mène A mes rêves d'enfant Sur des îles lointaines Où rien n'est important Que de vivre Où les filles alanguies Vous ravissent le cœur En tressant m'a-t-on dit De ces colliers de fleurs Qui enivrent Je fuirai laissant là mon passé Sans aucun remords Sans bagage et le cœur libéré En chantant très fort Refrain Paroles et musique : Charles Aznavour © Éditions Musicales Djanik maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 15 les années 60 Ma France (1969) Cette chanson-là fut interdite sur les ondes, en un temps où la liberté d’expression était dans notre pays assez sérieusement coincée aux entournures… Ceux qui voulaient la faire taire en firent donc un symbole, prouvant que l’autorité ne va pas toujours sans bêtise. Ferrat chante sa France, que n’aiment pas toujours les puissants. France qui ne dit pas toujours « oui », ne courbe pas toujours l’échine. France d’Hugo, de Jaurès, des mineurs… Ecoutez la chanson, elle vaut mieux que toute explication… De plaines en forêts de vallons en collines Du printemps qui va naître à tes mortes saisons De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson Ma France Au grand soleil d’été qui courbe la Provence Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche Quelque chose dans l’air a cette transparence Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche Ma France Cet air de liberté au-delà des frontières Aux peuples étrangers qui donnait le vertige Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige Elle répond toujours du nom de Robespierre Ma France Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit « Qu’on la fusille » Ma France Picasso tient le monde au bout de sa palette Des lèvres d’Eluard s’envolent des colombes Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes De dire qu’il est temps que le malheur succombe Ma France Leurs voix se multiplient à n’en plus faire qu’une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l’histoire et ses fosses communes Que je chante à jamais celle des travailleurs Ma France Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain Ma France Qu’elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l’avenir serré dans ses mains fines Celle de trente-six à soixante-huit chandelles Ma France Paroles et musique de Jean Ferrat © 1969 Productions Alleluia 10, rue Saint-Florentin -75001 Paris Jean Ferrat Auteur de ses propres chansons, il connaît des succès innombrables. On lui doit aussi de mettre les poètes en musique, et d’abord Louis Aragon, dont il fut un ami. Homme de conviction proche des idées communistes, il symbolise entre tous le chanteur engagé, ne marchandant jamais ses révoltes. C’est ainsi qu’au bout du compte il obtient la considération et le respect de tous, qu’ils partagent ou non ses idées. Depuis longtemps éloigné du « show-biz », Jean Ferrat ne revient « en télés » que tous les dix ans. Et chaque fois, c’est la même chose, on constate que tous les autres autour de lui vieillissent. Et pas lui. zebrock au bahut - 15 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 16 les années 60 Michel Delpech Une gueule d’ange. Un goût prononcé pour les douces mélodies « pop » des années 60. Une capacité à plaire au public le plus large… Tout pourrait cataloguer Delpech au rayon des chanteurs de char me, qu’on croit sans profondeur ni relief. Ce serait oublier qu’il est un chroniqueur juste et habile de la société française et de ses évolutions. Sensible ne veut pas dire niais. Ses mélodies sont de celles qu’on n’oublie pas et qui se fredonnent toujours avec bonheur. Comme Voulzy, ce tendre n’est jamais mielleux. Prenant de l’âge il s’est fait plus discret. Ses disques récents méritent pour tant une oreille plus qu’attentive. Wight is Wight (1969) En pleine vague du flower-power, on célébrait la non violence, l’amour et la musique. Ce fut Woodstock aux USA et, en Europe, le festival de l’Ile de Wight. Deux marées humaines de chevelus venus écouter en paix tous les grands noms de la pop-music anglo-saxonne. Les chanteurs français brillaient par leur absence, même si Johnny se déguisait en hippie. Ce fut Delpech qui fit passer le message au grand public français, qui n’avait sans doute pas tout saisi. « Wight is Wight ». Pour dire que quelque chose était VRAIMENT en train de changer … Refrain : Wight is Wight Dylan is Dylan Wight is Wight Viva Donovan C'est comme un soleil Dans le gris du ciel Wight is Wight Hippie, hippie, ...pie Hippie hippie Hippie hippie Ils sont arrivés dans l'île nue Sans un bagage et les pieds nus Comme un cyclone inattendu Comme une fleur avant la saison Comme une pluie de papillons A laquelle on n’a jamais cru Refrain Toi qui as voulu t'emprisonner As-tu le droit de condamner Celui qui cherche à s'évader Chacun mène sa vie comme il veut Tu ne peux plus baisser les yeux Car aussi vrai que tu es né Refrain Paroles et Musique: Michel Delpech, R.Vincent © Universal Music Publishing 16 - zebrock au bahut maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 17 les annés 70 Lily (1978) Parce qu’il n’était guère coutumier des coups de gueule et des prises de position tapageuses, Perret sut avec ce titre frapper juste et précis. Ainsi donc, le rigolo de service savait aussi trouver les mots qui font mal et dire avec pertinence la vie quotidienne, la bêtise quotidienne, l’injustice quotidienne ? Si la fin en happy end est délicieusement naïve, on peut aussi se dire qu’il faut un début à tout. Pour que le monde change, encore faut-il que des gens décident à montrer le chemin… On la trouvait plutôt jolie, Lily Elle arrivait des Somalies Lily Dans un bateau plein d'émigrés Qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris Elle croyait qu'on était égaux Lily Au pays de Voltaire et d'Hugo Lily Mais pour Debussy en revanche Il faut deux noires pour une blanche Ça fait un sacré distinguo Elle aimait tant la liberté Lily Elle rêvait de fraternité Lily Un hôtelier rue Secrétan Lui a précisé en arrivant Qu'on ne recevait que des Blancs Elle a déchargé des cageots Lily Elle s'est tapé les sales boulots Lily Elle crie pour vendre des choux-fleurs Dans la rue ses frères de couleur L'accompagnent au marteau-piqueur Et quand on l'appelait Blanche-Neige Lily Elle se laissait plus prendre au piège Lily Elle trouvait ça très amusant Même s'il fallait serrer les dents Ils auraient été trop contents Elle aima un beau blond frisé Lily Qui était tout prêt à l'épouser Lily Mais la belle-famille lui dit nous Ne sommes pas racistes pour deux sous Mais on veut pas de ça chez nous Elle a essayé l'Amérique Lily Ce grand pays démocratique Lily Elle aurait pas cru sans le voir Que la couleur du désespoir Là-bas aussi ce fut le noir Mais dans un meeting à Memphis Lily Elle a vu Angela Davis Lily Qui lui dit viens ma petite sœur En s'unissant on a moins peur Des loups qui guettent le trappeur Et c'est pour conjurer sa peur Lily Qu'elle lève aussi un poing rageur Lily Au milieu de tous ces gugus Qui foutent le feu aux autobus Interdits aux gens de couleur Mais dans ton combat quotidien Lily Tu connaîtras un type bien Lily Et l'enfant qui naîtra un jour Aura la couleur de l'amour Contre laquelle on ne peut rien On la trouvait plutôt jolie Lily Elle arrivait des Somalies Lily Dans un bateau plein d'émigrés Qui venaient tous de leur plein gré Vider les poubelles à Paris. Paroles et Musique : Pierre Perret © Avec l’aimable autorisation des Éditions Adèle Pierre Perret Pour énerver Pierre Perret, lui dire qu’il est un paradoxe vivant : tout à la fois auteur de chansons tendres, douces et sensibles, et de tubes « franchouillards » comme le Zizi ou les Colonies de Vacances. Depuis le temps qu’on le lui dit, il s’échine à expliquer qu’un homme n’est jamais d’un seul bloc ! Qu’il peut aimer la rigolade, les bonnes bouffes entre copains et la poésie la plus délicate. Qu’il peut savourer les grands textes de la langue française et vénérer l’argot des métiers, auquel notre homme a consacré un dictionnaire considérable. Perret, c’est en somme un Rabelais de notre temps, aussi bon vivant qu’il est cultivé. Souhaitons que ce compliment ne lui déplaise pas. zebrock au bahut - 17 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 18 les années 70 Renaud Renaud dans le paysage des années 70 arriva telle une bénédiction. Il fallait bien, tout de même, que quelqu’un prenne à rebrousse-poil le confor misme dominant de l’époque ! Ce fut lui, faux loubard à la gouaille moqueuse, vrai Poulbot chantant, mi rock, mi rétro… Renaud a su dire comme personne la banlieue, sa poésie, ses misères, ses petites crapuleries et l’injustice sociale qui s’y développait. Après un sérieux passage à vide, le voici revenu en 2002, un peu bouffi, pas mal vieilli. Il avait dit sa peur de ne plus savoir écrire. Mais le talent c’est comme le vélo. Quand on a su faire, on n’oublie jamais vraiment. Chanson pour Pierrot (1979) On dit qu’ un seul être vous manque et tout est dépeuplé. L’inverse est aussi vrai. Une présence peut suffire à illuminer votre vie, votre monde et donner sens à votre existence. Un ami, un frère, l’amour d’une vie, ou d’une nuit, un enfant désiré… Renaud imagine un fils, qui deviendrait son meilleur pote. Une autre et belle façon, toute personnelle, d’évoquer l’Utopie. T'es pas né dans la rue T'es pas né dans l' ruisseau T'es pas un enfant perdu Pas un enfant d' salaud, Vu qu' t'es né dans ma tête Et qu' tu vis dans ma peau J'ai construit ta planète Au fond de mon cerveau. Refrain : Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau, Mon copain tu m' tiens chaud. Pierrot. Depuis l' temps que j' te rêve, Depuis l' temps que j' t'invente, De pas te voir j'en crève Et j' te sens dans mon ventre. Le jour où tu t’ramènes, J'arrête de boire : promis, Au moins toute une semaine, Ce s'ra dur, mais tant pis. Dans un coin de ma tête Y a déjà ton trousseau : Un jean, une mobylette Une paire de Santiago. T'iras pas à l'école, J' t'apprendrai les gros mots. On jouera au football, On ira au bistrot. Refrain Refrain Qu' tu sois fils de princesse, Ou qu' tu sois fils de rien, Tu s'ras fils de tendresse, Tu s'ras pas orphelin. Mais j' connais pas ta mère : Je la cherche en vain. Je connais qu' la misère D'être tout seul sur le ch'min. Tu t' lav'ras pas les pognes Avant d' venir à table. Et tu m' trait'ras d'ivrogne Quand j' piquerai ton cartable. J' t'apprendrai mes chansons Tu les trouveras débiles. T'auras p't' être bien raison Mais j' s'rai vexé quand même. Allez viens mon Pierrot, Tu s'ras l' chef de ma bande. J' te r'filerai mon couteau, J' t'apprendrai la truande. Allez viens mon copain, J' t'ai trouvé une maman : Tous les trois ça s'ra bien Allez viens, je t'attends. Refrain Refrain Paroles et Musique: Renaud Séchan © Mino Music. 18 - zebrock au bahut maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 19 les années 80 Maxime Le Forestier Au-delà de ses grandes qualités d’auteur et d’interprète, Le Forestier symbolisa longtemps le baba cool indécrottablement gentil, jusque dans ses plus virulentes révoltes. Ayant connu la gloire avec des refrains devenus immortels, il s’offre un sérieux coup de pompe au début des années 80, alors même qu’il ose avec courage remettre en question son statut d’icône cool. Les années 90 seront celles du renouveau. Plus personne ne se demande aujourd’hui si Maxime est ceci ou cela. Auteur et compositeur toujours pertinent, cet humaniste est le digne successeur de son maître et ami Brassens. Un monument, donc ; en bien vivant. Les jours meilleurs (1983) Quinze années ayant passé depuis Delpech et Wight is Wight (voir page 16), Le Forestier évoque avec un rien d’amertume les rêves de fraternité qui s’en sont allés, la victoire de la guerre et du fric, sur les utopies chantées par Dylan (The times they are a changin’) ou les groupes pop de l’ère psychédélique. En 1983, l’ambiance il faut s’en souvenir était plutôt crispée: sur fond d’angoisse à la guerre nucléaire, l’air du temps n’en menait pas large. A courir du Pacifique à l'Inde, on voulait quoi. Refrain : On voyait partout des sardines Alignées dans de l'huile de moteur Fallait donc qu'on couse à nos jeans Des fils de couleur. On était né sur des ruines The times were changin’ On pouvait planter des fleurs On voulait juste des jours meilleurs. Juste des jours meilleurs. J'entends les mélodies grises Et toutes ces voix qui disent Ils viendront plus J'entends les fontaines de pleurs. J'entends gémir les choeurs Des si j'avais su Si j'avais pu Des si j'avais eu moins peur. J'entends grossir les ventres Et fumer les cigares. Ça fait la différence entre Ancien adolescent et futur vieillard. J'en ai trouvé qui rôdent Au fond des nuits chaudes Au fond d'un lit Du tropique à l'équateur. J'entends grossir les flingues Et fumer les mémoires Pendant qu'une bande de dingues, Au fond d’leurs idées peuvent arrêter l'histoire. J'en ai trouvé qui passent Au travers de moi Un ouragan qui casse Un gros pan d'habitudes et puis qui s'en va. Refrain J'ai l'impression d'voir une cible Émerger du brouillard D'avoir pensé l'impossible Et dans un soupir du temps l'apercevoir J'en ai trouvé qui s'amènent Ils s'envolent, ils t'emmènent Et tu t'en vas Tiré par trente-six planeurs. Même si j’vois encore des sardines Alignées dans d’ l'huile de moteur, Il m’reste un couplet d'Imagine Ils m'emmènent ailleurs... …Juste des jours meilleurs. Paroles : Maxime Le Forestier Musique : Maxime Le Forestier et Jean-Pierre Sabar © 1983 by Éditions Coïncidences - 1, rue de Stockholm - 75008 Paris zebrock au bahut - 19 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 20 les années 80 Téléphone Les riffs d’Aubert, les envolées de Bertignac, la rythmique de Corinne et Kolinka, cette thérapie phonique en aura décoincé plus d’un. Dix années durant, Téléphone a symbolisé l’existence – longtemps attendue – d’un véritable rock en français, au sens le plus « guitaristique » du terme. Avec tout ce qu’un groupe peut vraiment vous offrir : le son et l’adrénaline, l’audace et la pose, l’insolence juvénile. Ils eurent le courage d’ar rêter avant la lassitude, mais va savoir ! Un jour peut-être… Un autre monde (1984) Titre de l’un des meilleurs albums du groupe, paru au sommet de leur carrière, cette chanson s’est imposée comme un imparable classique. Mieux, un emblème joyeux, et néanmoins gorgé de sens, d’espoir, de rage positive. Que celui qui n’a jamais hurlé le refrain en chœur, un soir de fête, nous jette la première pierre. Aujourd’hui, elle est un moment clef des concerts énergétiques de J.-L. Aubert. Je rêvais d'un autre monde Où la terre serait ronde Où la lune serait blonde Et la vie serait féconde Je rêvais d'une autre terre Qui resterait un mystère Une terre moins terre à terre Oui je voulais tout foutre en l'air Oui je rêvais de notre monde Et la terre est bien ronde Et la lune est si blonde Ce soir dansent les ombres du monde Je dormais à poings fermés Je ne voyais plus en pied Je rêvais réalité Ma réalité Je marchais les yeux fermés Je ne voyais plus mes pieds Je rêvais réalité Ma réalité m'a alité A la rêver immobile Elle m'a trouvé bien futile Mais quand bouger l'a faite tourner Ma réalité m'a pardonné Et dansent les ombres du monde… Paroles : J.-L. Aubert Musique :Téléphone © Universal Music Publishing France 20 - zebrock au bahut maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 21 les annés 80 Douce France (1986) Charles Trenet n’était pas, paix à son âme, un forcené de l’esprit de résistance. Pourtant, il écrit ces vers durant l’occupation allemande. Voyez l’ambiguïté : cette France, c’est celle de son enfance… celle d’avant le joug nazi. Finalement, ce sont les reubeus de Carte de Séjour qui, quarante années plus tard, offriront à cet air magnifique sa vraie dimension universelle. Sur les images jaunies des souvenirs se mêlent de belles nappes d’oud. Et c’est alors la France de l’accueil, de l’ouverture à l’autre, qui ressort magnifiée… La chanson révèle ainsi le sens caché qu’elle gardait en elle, et dont son auteur n’eut peut-être jamais la moindre idée… Il revient à ma mémoire Des souvenirs familiers Je revois ma blouse noire Lorsque j'étais écolier Sur le chemin de l'école Je chantais à pleine voix Des romances sans paroles Vieilles chansons d'autrefois Refrain : Douce France Cher pays de mon enfance Bercée de tendre insouciance Je t'ai gardée dans mon cœur ! Mon village au clocher aux maisons sages Où les enfants de mon âge Ont partagé mon bonheur Oui je t'aime Et je te donne ce poème Oui je t'aime Dans la joie ou la douleur J'ai connu des paysages Et des soleils merveilleux Au cours de lointains voyages Tout là-bas sous d'autres cieux Mais combien je leur préfère Mon ciel bleu mon horizon Ma grande route et ma rivière Ma prairie et ma maison. Refrain Paroles et Musique : Charles Trenet. © 1943 by Éditions Salabert Carte de séjour Issu des banlieues lyonnaises, Carte de Séjour invente au début des années 80 un mélange audacieux et inédit : énergie punk, passion pour la musique soul et les sonorités nord-africaines. L’explosion du raï n’est pas loin. Le public « branché » de l’époque leur réserve un bon accueil. Puis en pleine mon- tée de l’extrême droite, leur éblouissante reprise du « Douce France » de Trenet suscite l’admiration. Depuis, outre une carrière soliste bien remplie, Rachid Taha, chanteur au charisme rare, est devenu l’un des piliers de l’aventure « 1,2,3 Soleils ». zebrock au bahut - 21 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 22 les années 80 Sapho Elle semble de ces artistes qui n’ont que deux idées en tête: goûter à tout, insatiablement, et se mettre en danger, inlassablement. Chanteuse, dessinatrice, romancière, Sapho passe du rock à l’opéra contemporain et fit de la World Music bien avant la mode. Elle ne s’interdit pas, dans des salles confidentielles, de réciter des poèmes de Baudelaire ou Rilke. Dans un monde normal, elle serait cette diva rock dont on guette la moindre illumination, une icône pareille ne se refusant pas. On est donc surpris de ne pas l’avoir (la voir) plus souvent, mais il faut dire qu’elle voyage énormément, curieuse et toujours avide du monde. La petite fille veut le monde (1987) Entre poids des traditions, qui souvent signifient « fais comme ta mère et ferme-la », et cette aspiration à vivre sa vie “en vrai”, au cœur du Monde d’aujourd’hui, et pas celui d’il y a cinq cents ans, cette petite fille n’a certes pas la voie facile. Ce titre pourrait faire un bel hymne festif pour les jeunes femmes d’ici et d’ailleurs, vous savez, celles qui prétendent à n’être « Ni putes, Ni Soumises »… Elle revient avec de la viande Et des récits très luxueux La senora est un peu folle Elle fait rien elle dessine un peu Refrain La petite fille veut le monde Mais son avenir est tout tracé On prépare un mari pour elle Une maison pour l’encercler Car les filles elles sont très libres Mais on les regarde de travers Elles ont que leurs fesses pour vivre Elles n’ont plus ni père ni mère La petite fille veut le monde Elle regarde la senora Elle qui a l’air de l’avoir le monde Elle est née ailleurs, c’est pour ça Lui il ira voir les filles Et puis boira du Mescal Elle préparera les quezadilles Et puis ce qu’il mange en général Leurs familles ne veulent plus d’elles Elles rient des hommes dans les bars Mais personne personne qui les aime C’est une autre misère noire La petite fille veut le monde Son avenir est-il tout tracé ? On prépare une maison pour elle Où son temps sera encerclé Refrain : O la petite fille veut le monde O c’est trop O la petite fille veut le monde O c’est trop Refrain Refrain 22 - zebrock au bahut La petite fille veut le monde Mais son avenir est tout tracé Sa mère va faire des ménages Chez des touristes français Paroles et musique : Ebeguy Danielle © EMI Songs France SARL maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 23 les années 80 Chihuahua Dans une période agitée et riche de promesses, d’où sortiront Mano Neg ra, Garçons Bouchers et autres Nég resses Ver tes, les Chihuahua s’offrent un joli titre de gloire. Leur guitariste tente par la suite et réussira une carrière en solo, sous le nom de Mano Solo, précisément. Interprète mal dans son corps et son âme, il lance à la face du public des textes violents et désespérés. Son groupe se reforme en 1996, enregistre un album sous le nom des Frères Misère. Depuis Mano Solo est revenu avec un album plus apaisé. ! (1989) Nous sommes en l’an de grâce 1989, Bicentenaire de la Révolution Française et incidemment période faste du rock indépendant. Jaillit l’idée pas saugrenue d’offrir un sang neuf à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qu’accompagneront pour la circonstance des riffs de guitares fières et indomptées. Les Chihuahua s’y collent, contents de rappeler qu’un temps fut inscrit dans la Constitution le droit à l’insurrection… Roboratif. Qu’en pense la police ? Tous les êtres humains naissent libres Et égaux en dignité et en droits Ils sont doués de raison et de conscience Et doivent agir les uns envers les autres Dans un esprit de fraternité Fraternité Egalité Quand un gouvernement viole Les libertés et les droits de l’homme, La résistance sous toutes ses formes Est le plus sacré des droits… Tout homme a le droit de se fixer en Tous lieux et de se déplacer librement… Tout mariage ne peut être conclu qu’avec Le libre et plein consentement des futurs époux… Liberté Insurrection ! Tout individu a droit à la vie, à la liberté Et à la sûreté de sa personne Nul ne sera tenu en esclavage Ni en servitude Fraternité Tout individu a droit à la liberté D’opinion et d’expression Le droit de défiler librement sur la voie publique Et le droit de réunion sont garantis à tous… Ces droits fondamentaux étant bafoués De par le monde, nous appelons à la Vigilance populaire et à la mobilisation. Liberté Insurrection ! Nul ne saurait, en raison de son sexe Son âge, sa couleur, sa religion, ses opinions Etre placé en situation d’infériorité… Extrait de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1793 Egalité Nul ne sera soumis à la torture Ni à des peines ou traitements cruels Inhumains ou dégradants Nul ne peut être arbitrairement Arrêté, détenu ou exilé… zebrock au bahut - 23 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 24 les années 90 Le monde de demain (1990) Ce ne sont pas les cités ou ses habitants qui ont inventé la Loi de la Jungle. Même si c’est là qu’elle sévit aussi, parfois. « Le rouage est bien huilé, Le système bien ancré »… Avec ce pamphlet, polémique et virulent, donc excessif et sans concession, Shen & Starr choisissent des mots qui font mal. Ça grince et ça fâche. Ils transmettent la même rage qu’avant eux Dylan, Les Who, les Sex Pistols. Rap, rock, au-delà des étiquettes et des forces de frappe, une même intention, dénoncer les rouages de l’oppression. NTM Ceux par qui la déferlante rap s’est imposée au nord, IAM se réservant le sud. Le duo de bad boys dès ses débuts trouve les tempos, place les mots, leur donne la force : poids, vitesse et percussion. Il y en avait d’autres, avec eux, mais aucun doute : ILS ont inventé le rap en français. Tant de mômes leur doivent la toute première envie d’essayer. Le goût de s’y risquer, prendre le micro, se lancer. Et pour certains, au bout du compte la satisfaction intense d’y être arrivés. Pur produit de cette infamie Appelée la banlieue de Paris Depuis tout jeune je gravite avec le but unique D'imposer ma présence Trop paresseux pour travailler Trop fier pour faire la charité Oui je préfère la facilité Considérant que le boulot M'amènera plus vite au bout du rouleau Alors réfléchissez : Combien sont dans mon cas Aux abords de vos toits Et si cela est comme ça C'est que depuis trop longtemps Des gens tournent le dos Aux problèmes cruciaux Aux problèmes sociaux Qui asphyxient la jeunesse Qui résident aux abords Au Sud, à l'Est, à l'Ouest, au Nord Ne vous étonnez pas Si quotidiennement l'expansion de la violence est telle Car certains se sentent seulement concernés Lorsque leurs proches se font assassiner... Est-ce ceci la liberté-égalité-fraternité ? J'en ai bien peur Le monde de demain Quoi qu'il advienne nous appartient La puissance est dans nos mains Alors écoute ce refrain... Quelle chance, quelle chance D'habiter la France Dommage que tant de gens fassent preuve d'incompétence Dans l'insouciance générale Les fléaux s'installent - normal Dans mon quartier la violence devient un acte trop banal Alors va faire un tour dans les banlieues Regarde ta jeunesse dans les yeux Toi qui commandes en haut lieu Mon appel est sérieux Non ne prend pas ça comme un jeu Car les jeunes changent Voilà ce qui dérange Plus question de rester passif en attendant que ça s'arrange Je ne suis pas un leader Simplement le haut-parleur 24 - zebrock au bahut D'une génération révoltée Prête à tout ébranler Même le système Qui nous pousse à l'extrême xxxxxxxxx Mais NTM Suprême ne lâchera pas les rênes Epaulé par toute la jeunesse défavorisée Seule vérité engagée: Le droit à l'égalité Le voilà de nouveau prêt à re-déclencher Une vulgaire guerre civile Et non militaire Y en a marre des promesses On va tout foutre en l'air Le monde de demain Quoi qu'il advienne nous appartient La puissance est dans nos mains Alors écoute ce refrain... Je ne te demande pas de comprendre Mais de résoudre Les problèmes qui habitent La banlieue qui s'agite Toujours plus vite Sans limite Admet qu'il y a un point critique A ne pas dépasser En tant qu'informateur Je me sens obligé de dévoiler la vérité Car le silence ne sera plus jamais Plus jamais toléré Oh oui c'est triste à dire Mais tu n'as pas compris Pourquoi les jeunes de mon quartier vivent dans cet état d'esprit La délinquance avance Et tout ceci a un sens Car la violence coule dans les veines De celui qui a la haine OK je reprends les rênes Pour faire évoluer ton esprit Pri-prisonnier d'un système Où les règles ne sont pas les mêmes Suivant ta classe - Yeah Suivant ton style - Oui Suivant ta face suivant ta race Le rouage est bien huilé Le système bien ancré OK mais n'oublie jamais que je suis armé De paroles pour m'imposer M'opposer M'interposer - processus enclenché Je balance ma vérité Le monde de demain Quoi qu'il advienne nous appartient La puissance est dans nos mains Alors écoute ce refrain... Paroles et musique : Gaye M. / Lopes B. / Loyer F. / Morville D. © Jobete Music Co Inc / 20th Century Music Corp maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 25 les années 90 Alain Souchon Il a su jouer d’une apparence plutôt sage pour faire passer, en douceur, des messages clairs et souvent bien sentis. A l’origine de quelques chefsd’œuvre romantiques sur l’adolescence ou la difficulté d’être, il est entré dans la maturité sans que cela se voie. Puis d’un coup, et sans doute grâce à ce titre, on a réalisé que cet homme-là était devenu, avec son air de ne pas y toucher, un auteur contemporain par mi les plus importants. Ses chansons, immédiatement ou à la longue, s’installent dans votre univers, pour le gratifier, merci, d’un petit surcroît de lumière. Foule sentimentale (1993) « Il faut voir comme on nous parle »… Comme à des veaux, des consommateurs, qui toujours et encore doivent contribuer, consommer, continuer. Clients qu’il faut fidéliser. Mais de nos « soifs d’idéal », de nos aspirations à remplir notre vie d’autre chose que « de choses » à manger, enfiler, tripoter, qui se soucie ? Il n’y avait qu’un Souchon pour exprimer cette solitude de chacun de nous, comptabilisés dans les « panels consommateurs » des sociétés de marketing. Le public s’y est reconnu, qui a fait de ce titre un phénoménal succès. Bien sûr, ça n’a rien changé quant au fond. Au moins la chanson existe-t-elle. La fredonner meuble l’attente, quand nous nous retrouvons en 57e position, à la queue d’une quelconque caisse n°15. Oh la la la vie en rose Le rose qu'on nous propose D'avoir les quantités d'choses Qui donnent envie d'autre chose Aïe, on nous fait croire Que le bonheur c'est d'avoir De l'avoir plein nos armoires Dérisions de nous dérisoires car Foule sentimentale On a soif d'idéal Attirée par les étoiles, les voiles Que des choses pas commerciales Foule sentimentale Il faut voir comme on nous parle Comme on nous parle Il se dégage De ces cartons d'emballage Des gens lavés, hors d'usage Et tristes et sans aucun avantage On nous inflige Des désirs qui nous affligent On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né Pour des cons alors qu'on est Des Foules sentimentales Avec soif d'idéal Attirées par les étoiles, les voiles Que des choses pas commerciales Foule sentimentale Il faut voir comme on nous parle Comme on nous parle On nous Claudia Schiffer On nous Paul-Loup Sulitzer Oh le mal qu'on peut nous faire Et qui ravagea la moukère Du ciel dévale Un désir qui nous emballe Pour demain nos enfants pâles Un mieux, un rêve, un cheval Foule sentimentale On a soif d'idéal Attirée par les étoiles, les voiles Que des choses pas commerciales Foule sentimentale Il faut voir comme on nous parle Comme on nous parle Paroles et musique: Alain Souchon © by BMG Music Publishing France zebrock au bahut - 25 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 26 les années 90 L’homme pressé (1996) Juste avant l’euphorie de « la bulle spéculative des Nouvelles Technologies », Noir Désir dressait le portrait robot d’un de ces golden boys, roi des rois, porteur de drapeau d’un monde nouveau… qui, 7 ans plus tard, a bien triste mine. Deux possibilités : « L’homme pressé » a souvent perdu toutes ses billes et peut-être la boule avec. Parfois, il a bâti une fortune immense... sur le dos des gogos. J'suis un mannequin glacé Avec un teint de soleil Ravalé, Homme pressé Mes conneries proférées Sont le destin du monde Je n'ai pas le temps je file Ma carrière est en jeu Je suis l'homme médiatique Je suis plus que politique Je vais vite très vite J'suis une comète humaine universelle Je traverse le temps Je suis une référence Je suis omniprésent Je deviens omniscient J'ai envahi le monde Que je ne connais pas Peu importe j'en parle Peu importe je sais J'ai les hommes à mes pieds Huit milliards potentiels De crétins asservis A part certains de mes amis Du même monde que moi Vous n'imaginez pas Ce qu'ils sont gais Noir Désir Quelle différence y a-t-il entre Noir Désir et mille g roupes rock-punk autoproduits, qui font 3 petits tours sur nos platines… et s’en vont sans qu’on les ait remarqués ? La maîtrise musicale, instrumentale et collective, où s’est forgée leur unité. Un chanteur charismatique. Une exigence dans chaque détail, une aptitude à gérer avec brio les aléas d’une carrière. L’audace de savoir se remettre en cause. Et la fougue indomptable, qui ne s’exprime réellement que sur scène, là où nul ne peut longtemps tricher. 26 - zebrock au bahut Qui veut de moi Et des miettes de mon cerveau Qui veut entrer Dans la toile de mon réseau Militant quotidien De l'inhumanité Des profits immédiats Des faveurs des médias Moi je suis riche très riche J’fais dans l'immobilier Je sais faire des affaires Y'en a qui peuvent payer J'connais le tout Paris Et puis le reste aussi Mes connaissances uniques Et leurs femmes que je... Fréquente évidemment Les cordons de la bourse Se relâchent pour moi Il n'y a plus de secrets Je suis le Roi des rois Explosé l'audimat Pulvérisée l'audience Et qu'est-ce que vous croyez C'est ma voie c'est ma chance J'adore les émissions A la télévision Pas le temps d'regarder Mais c'est moi qui les fais On crache la nourriture A ces yeux affamés Vous voyez qu'ils demandent Nous les savons avides De notre pourriture Mieux que d'la confiture A des cochons Qui veut de moi Et des miettes de mon cerveau Qui veut entrer Dans la toile de mon réseau Vous savez que je suis: Un homme pressé (x 3) Je suis Un homme pressé (x 3) Je suis un militant quotidien De l'inhumanité Et puis des profits immédiats Et puis des faveurs des médias Moi je suis riche très riche J’fais dans l'immobilier Je sais faire des affaires Y'en a qui peuvent payer Et puis je traverse le temps Je suis devenu omniprésent Je suis une super référence Je peux toujours ram'ner ma science Moi je vais vite très vite Ma carrière est en jeu Je suis l'homme médiatique Moi je suis plus que politique Car je suis un homme pressé Un homme pressé (x 5) Je suis un militant quotidien De l'inhumanité Et puis des profits immédiats Et puis des faveurs des médias Moi je suis riche très riche J’fais dans l'immobilier Je sais faire des affaires Y'en a qui peuvent payer Love Love Love Dit-on en Amérique Lioubov Russie ex-soviétique Amour Aux quatre coins de France Paroles : Bertrand Cantat - Musique : Noir Désir © 1996 Universal Music Publishing et ND Musique maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 27 les années 90 M Il a le funk dans le sang, le sens des mots qui claquent, de l’humour à revendre. A la guitare il s’aligne dans la catégorie virtuose. Ses passages sur scène sont réputés. Ce Chedid a tous les dons en plus de quelques parentés inattaquables (son père Louis, chanteur, et sa g rand-mère Andrée, écr ivaine). « M » n’est donc en rien maudit. Un bonheur n’ar r ivant jamais seul, il semble de surcroît d’une modestie bien réelle, décourageant ainsi jusqu’aux plus grincheux. Ce type est là pour longtemps, fort probablement. Mais je n'sais pas si Tu finiras Par te détendre Dans ta tête C'est la fête des nerfs Moi qui vis Dans un monde Virtuel Moi qui vis Dans un monde Virtuel monde virtuel (1999) Voilà. Fin du deuxième millénaire. Chanson incompréhensible pour quiconque reviendrait sur Terre après trente années passées sur Mars ou dans un sarcophage. Virtuel le Monde. Matrix, pas loin… Bientôt nous ferons l’amour par diodes interposées et nous voyagerons jusqu’aux antipodes, sans quitter notre salle à manger. Bon ben alors… qu’est-ce qu’on fait ? Chiche qu’on le tente ? Mais comment faire Comment lui dire Comment lui faire voir Ma planète artificielle Mais comment faire Comment lui dire Comment lui faire croire Que je changerais le bleu du ciel Je vis Dans un monde Virtuel Je sais bien que Tu finiras Par te détendre Toi qui préfères les pieds sur terre Explorateurs, exploratrices De la troisième dimension N'ayez pas peur Si je me glisse Dans votre imagination Je vis Dans un monde Virtuel Explorateurs, exploratrices De la troisième dimension N'ayez pas peur Si je me glisse Dans votre imagination Votre imagination Votre imagination Imagination... Paroles et Musique: M (Matthieu Chedid) © 1999 Universal Music Publishing © 2003 Universal Music Publishing et Labo Éditions zebrock au bahut - 27 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 28 les années 2000 Un trait danger (2002) Bel exercice de style et d’écriture. Toutes ces phrases sans sens, qu’il nous faut avaler du matin au soir, pour que notre présence dans le monde se déroule sans trop de heurts, sans hiatus, sans anicroches. Tant de messages, ordres, injonctions, rappels à l’ordre, qui nous sont assénés… Jeanne Cherhal reprend l’affaire après Souchon (voir page 25). En dix ans, il est vrai que ça ne s’est guère arrangé… Pour modifier votre annonce d’accueil, tapez un Assurez-vous de ne rien oublier dans le train Vous avez sélectionné Sans plomb 98 Retournez ce dossier à l’agence au plus vite Refrain : Un trait danger deux traits sécurité Veuillez taper votre code d’accès Écoutez-le le monde vous parle Les toilettes sont strictement réservées à la clientèle Veuillez s’il vous plaît ne rien déposer près de nos poubelles Munissez-vous de votre moyen de paiement habituel Patientez une hôtesse d’accueil va prendre votre appel Refrain Vos possibilités de retrait sont épuisées La maison ne fait pas crédit merci de vous tirer Votre formulaire s’est perdu nous devons raccrocher Prière de vous montrer sympathique avec l’huissier Veuillez ne pas salir le pont sous lequel vous dormez Les trottoirs ne sont pas des lieux pour la mendicité Gardez vos dents qui tombent car elles vont être recyclées Merci de mourir en silence et de vous enterrer vous-mêmes Danger Sécurité Votre code d’accès Ecoutez-le le monde vous parle (2002) Paroles et musique : Jeanne Cherhal © Avec l’aimable autorisation de Jeanne Cherhal Refrain La vente d’alcool est interdite aux mineurs Défense de fumer dans l’enceinte du lycée Les enfants de moins de six ans doivent être accompagnés L’abus de jeux vidéos provoque l’arrêt du cœur Jeanne Cherhal Si sur une scène, vous croisez deux couettes et un piano, aucun doute : vous êtes en train d’écouter Jeanne Cherhal. Elle est Nantaise et n’a pas 25 ans. Elle cisèle de vrais textes et cherche à créer son propre univers artistique. Elle y mettra le temps qu’il faudra, tout dépendra de vos oreilles et de votre envie d’écouter « autre chose ». Mais quand tant de chanteuses formatées, beuglantes, hyper protéinées, auront connu la gloire éphémère, les succès Kleenex, et auront décroché... Jeanne Cherhal, on en prend le pari, sera toujours là. 28 - zebrock au bahut maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 29 les années 2000 Tiken Jah Fakoly Le grand public français le découvre en 2002 aux Victoires de la Musique. Mais cet Ivoirien construit sa carrière depuis quelques dix années déjà. Suivant les traces de Burning Spear et Bob Marley, Tiken Jah Fakoly considère le reggae comme une arme, et pas seulement comme une musique de danse. « Ma raison de chanter, c'est d'abord mener des combats, parler à la place de ceux qu'on ne laisse pas s'exprimer ». Françafrique (2002) Pour la France et l’Europe, l’artiste rappelle ici un message su et connu de tous, mais que tous s’appliquent tout de même à ignorer : l’Afrique continue de s’appauvrir, entre pillage permanent de ses matières premières et luttes de clans savamment entretenues par le néocolonialisme économique. La société, l’éducation sont en lambeaux ; le commerce continue. Et comme ça jusqu’à quand ? Réveillez-vous! Refrain : (x2) La politique France Africa C'est du blaguer tuer Blaguer tuer La politique Amerique Africa C'est du blaguer tuer Blaguer tuer Ils nous vendent des armes Pendant que nous nous battons Ils pillent nos richesses Et se disent être surpris de voir l'Afrique toujours en guerre Ils ont brûlé le Congo Enflammé l'Angola Ils ont ruiné le Gabon Ils ont brûlé Kinshasa Refrain (x2) Ils cautionnent la dictature Tout ça pour nous affamer Ils pillent nos richesses Pour nous enterrer vivants Ils ont brûlé le Congo Enflammé l'Angola Ils ont brûlé Kinshasa Ils ont brûlé le Rwanda Refrain (x2) Refrain (x2) Blaguer tuer Ils vont nous blaguer tuer Blaguer tuer Ils veulent nous blaguer tuer Blaguer tuer Toubabou vont nous blaguer tuer Blaguer tuer Ils veulent nous blaguer tuer Blaguer tuer Blaguer tuer Ils veulent nous blaguer tuer blaguer tuer Réveillez-vous Blaguer tuer Ils veulent nous blaguer tuer blaguer tuer Réveillez-vous Blaguer tuer Vigilance et résistance Blaguer tuer...... Réveillez-vous! Blaguer tuer Babylone est très habile Blaguer tuer vigilance et résistance (*) O'ka Sierra Leone déniou boro tégué Ka Libéria déniou mutilés O'ka Angola déniou boro tégué O'ka Sierra Leone déniou boro tégué NOTE :Traduction(*): Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone Ceux du Libéria ont été mutilés Ils ont amputé les enfants en Angola Ils ont amputé les enfants en Sierra Leone Paroles et musique : Moussa Doumbia dit Tiken Jah Fakoly Arrangements de Zakaria Mambouet et Kourouma Issa © Sony ATV Music Publishing zebrock au bahut - 29 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 30 les années 2000 Mickey 3D Respire (2002) « Tu vas pas mourir de rire » est le titre de leur dernier album. « Respire » enfonce ce clou, regard noir porté sur notre avenir et celui de cette planète… qui nous inspire davantage le pire que le meilleur. Sortez vos masques à gaz et respirez par les oreilles ! Approche-toi petit, écoute-moi gamin, Je vais te raconter l'histoire de l'être humain Au début y avait rien au début c'était bien La nature avançait y avait pas de chemin Puis l'homme a débarqué avec ses gros souliers Des coups d'pieds dans la gueule pour se faire respecter Des routes à sens unique il s'est mis à tracer Les flèches dans la plaine se sont multipliées Et tous les éléments se sont vus maîtrisés En 2 temps 3 mouvements l'histoire était pliée C'est pas demain la veille qu'on fera marche arrière On a même commencé à polluer le désert Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire D'ici quelques années on aura bouffé la feuille Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil En plein milieu du front ils te demanderont Pourquoi toi t'en as 2 tu passeras pour un con Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens Mais y aura plus personne pour te laver les mains Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés Y avait des animaux partout dans la forêt, Au début du printemps, les oiseaux revenaient 30 - zebrock au bahut Mélange rap et rock, attitude « lo-fi »… traduire par « moins c’est mieux », ou résumer par l’adjectif «minimaliste »… Depuis quelques années déjà, Mickey et sa bande se sont rompus à la dure école des concerts, notamment dans le sillage de Louise Attaque, dont l’influence est assez perceptible, puis de Renaud, qui les apprécie. Ce trio en 3D compte désor mais 3 albums à son actif et semble promis à une sérieuse notoriété, dans la foulée d’un immense tube écrit pour Indochine (« J’ai demandé à la lune »). Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves Quelque part assassins, ici bien incapables De regarder les arbres sans se sentir coupables A moitié défroqués, 100 pour cent misérables Alors voilà petit, l'histoire de l'être humain C'est pas joli joli, et j'connais pas la fin T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire Tu vas pas mourir de rire, et ça c'est rien de le dire Il faut que tu respires (x4) Paroles et musique : Mickael Furnon - Aurélien Joanin - Najah El Mahmoud © LA Éditions maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 31 les années 2000 Machine world (2002) Si vous avez comme projet de planter votre existence, de passer à côté du réel, mais ne savez pas vraiment comment vous y prendre… Ecoutez les pertinentes recettes du Maximum Kouette, ou l’art et la manière de tout rater en croyant tenir le secret du bonheur. Machine World, tout ce qu’on ne vous dit pas chez TF1, M6, France-info. De la vraie vie, quoi. Le Maximum Kouette Ce groupe mixte pulse le ska façon Specials ou Selecter, icônes du genre. La chanteuse a notamment cette énergie, cette générosité, qu’on finit par se demander si ce n’est pas elle qui pousse la r ythmique, plus que le contraire. Deux albums à leur actif, le groupe a entre temps joué le jeu de Zebrock au Bahut, cuvée 2001. Les murs de quelques scènes du département en tremblent encore. Longue vie et toute notre amitié ! Dynamiser les troupes, rentrer dans le rang Dépasser ses doutes, avoir un meilleur rendement Promouvoir l'entreprise, faire recette et profit Même si nous sommes en crise, se formater au produit Donner tout son temps, éliminer le maillon faible Etre le meilleur concurrent, toujours bien suivre les règles Programmer sa vie, accumuler des bons points Se mettre en appétit, pour mieux bouffer son voisin Etablir un projet, avoir un plan de carrière Placer ses interêts, ne jamais revenir en arrière Se connecter au réseau, démagnétiser ses sentiments Oublier sa libido et tout autre débordement Se féliciter de sa réussite, ne jamais battre en retraite Faire partie de l'élite et pourquoi pas de la jet-set Avoir une bonne opinion de soi, garder un sourire niais Sage obéissant de surcroît, en bon fonctionnaire parfait Living in a machine world, living with a machine gun No time to loose, no time for fun Living in a machine world, living with a machine gun No time to loose, no time for fun Paroles et musique : Le Maximum Kouette © Emma Productions zebrock au bahut - 31 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:51 Page 32 e xtraits d e chansons . . . S ENCORE QUELQUES VERS... R E V S E U ORE QUELQ ENC Et pour faire bonne mesure, voici d’autres petits extraits, quelques vers joliment tournés… Si le monde n’avait pas de frontières, et si on laissait tourner la Planète dans le bon sens... Va savoir si ça n’irait pas mieux ? Etre né quelque part pour celui qui est né c’est toujours un hasard (Maxime Le Forestier) Ell' tourne et se nomme la terre Ell' tourne et se fout d'nos misères Ell' tourne un' java chimérique Ell' tourne et c'est drôl' cette musique (Léo Ferré) Qu'importe le lieu, le jour et l'heure les larmes ont la même couleur Sur les joues blanches ou noires de peau et que les hommes soient laids ou beaux Tous les matins quand ils s'éveillent ils ont tous le même soleil Et souffrent avec les mêmes mots De San Diego oh oh à Chicago (Catherine Le Forestier) Ce s'rait chouette les Jeux Olympiques, L'émulation sur la cendrée, Ce s'rait chouette les Jeux Olympiques Si, nom de Dieu, il n'y avait Leurs p'tits drapeaux Leurs p'tits fanions Couleur kaki Caca d'oie des frontières, Leurs p'tits drapeaux Pour chaque nation Qui claquent au vent D'une musique militaire. (Henri Tachan) Oh à des millions d'années lumière Il n'y a rien de plus beau Oh nulle part ailleurs dans l'univers Rien de plus beau que la Terre (L’Affaire Louis Trio) Viens dans ce pays Viens voir où j'ai grandi Tu comprendras pourquoi la violence et la mort Sont tatouées sur mes bras comme tout ce décor (Bernard Lavilliers) 32 - zebrock au bahut Quand les hommes vivront d’amour Il n’y aura plus de misère, (…) Les soldats seront troubadours, … Mais nous nous serons morts, mon frère. (Raymond Lévesque) J'aime un pays qui a le PAF tout ramolli Dans ce pays, il y a des chanteurs pour l'Arménie Mais il y a surtout un paquet de béni-oui-oui Et quand ça chie, on n'est pas beaucoup dans le maquis. (Kent) Quand on est mieux ici qu’ailleurs, quand un ami sèche vos pleurs, qu’elle est belle, la liberté (Georges Brassens) maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 33 du rouleau au mp3 s e n i g i Retour aux origines r o x u a r u o t Re Pour que chacun puisse s’éclater sans vergogne, dans sa chambre, en boîte, ou sur le chemin du collège, brailler à tue-tête, gonfler ses voisins en poussant le volume au maximum, la route fut longue et difficile… De l’invention à sa diffusion dans le grand public, une longue période est souvent nécessaire. Rewind, 1877. Pile poil un siècle avant les premiers hurlements de Johnny Rotten. 1877 : le poète français Charles Cros invente le principe de l’enregistrement sonore. 1878 : le brevet du phonographe à rouleaux est déposé par Edison. 1933 : vient l’heure du premier disque stéréo, dont la diffusion ne commencera que beaucoup plus tard, au début des années 60. 1979 : le walkman. 1948 : magnétophone à bande magnétique. 1887 : Berliner invente le premier « disque » et le Gramophone. 1979 : invention du disque compact plus connu sous le nom de « CD » lancé 3 ans plus tard. 1987 : la cassette DAT. 1946 : lancement du Microsillon 1990 : un Belge et un Anglais posent les fondations de la révolution Internet. (le fameux vinyle). 1955 : la diffusion FM date de 1933, mais les premiers postes sont lancés dans les années 50… déboucheront sur la définition de la norme ISO-MPEG Audio Layer-3, beaucoup plus connue sous le diminutif de MP3. 1967 : invention du fameux système Dolby, pour réduire le bruit. 1992 : le Mini-Disc. 1968 : la cassette audio est inventée en 1889 : on lance le premier juke-box ! 1910 : la première radio. 1922 : le premier autoradio. 1991 : Début des recherches qui 1961 par Philips et lancée en 68. Ce sera la fameuse mini K7. 1969 : Arpanet, ancêtre d’Internet. 1970 : la haute fidélité. (sources : Internet, le livre des Inventions) 1993 : DCC (cassette digitale). 1998 : lancement du DVD. 2000 : les premiers lecteurs MP3. PS : en conclusion, à présent, juste une minute de silence. Pour Monsieur Charles Cros, sans qui le monde serait, certes, moins bruyant… mais aussi bigrement moins attractif. Non ? zebrock au bahut - 33 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 34 u n peu d ’ h istoi re UN PEU D’HISTOIRE LES ANNéES 50 De l’après-guerre à aujourd’hui, rapide tour d’horizon des dernières décennies pour mieux comprendre les ambiances et les modes qui ont accompagné les chansons que vous découvrez. otre beau pays compte alors 3 000 téléviseurs... Pour ne capter qu’une seule chaîne qui diffuse les programmes en noir et blanc. La majorité des gens habite la campagne, ou de petites villes de provinces. De grandes cités voient le jour pour accueillir ceux qui viennent reconstruire le pays dévasté par la guerre. Ils arrivent des provinces, mais aussi du Portugal, d’Espagne, du Maghreb et d’ailleurs. N La France mène en Indochine une guerre coloniale qui débouche en 1954 sur l’indépendance du Vietnam. La même année, débutent en cette Algérie, qui est encore “française”, des opérations de maintien de l’ordre. En réalité, il s’agit d’une guerre… qui durera huit ans. L’Abbé Pierre se mobilise (déjà) en faveur des “sans-logis”… En 1957, six pays signent le Traité de Rome et créent la Communauté Economique Européenne. Après l’horreur du nazisme, le monde vit l’angoisse de la “guerre froide”. Durant plus de trente ans, les deux superpuissances (URSS et ses alliés et face à eux les USA) s’affrontent par services secrets interposés ou dans des conflits localisés, aux quatre coins du globe. La course à l’armement nucléaire est alors le sport préféré des chefs d’Etats. De quoi inspirer à l’écrivain et chanteur Boris Vian, maître absolu de l’humour grinçant, sa “Java des bombes atomiques” (voir page 13). Sur un ton plus grave, il signe aussi “Le déserteur”, pamphlet anti-militariste qui sera interdit sur les radios nationales pendant plus de trente ans ! De nombreux artistes dénoncent avec lui les permanentes menaces de guerre qui pourrissent la vie quotidienne. Cela dit, la chanson française n’aborde pas que les sujets sérieux. On parle de bonheur, d’amour, de beaux sentiments. Les interprètes traditionnels (André Claveau est le chanteur préféré de bien des dames) empruntent souvent les voies de la ritournelle et de la mélopée romantique. L’opérette plaît beaucoup, elle a ses stars comme Dario Moreno (voir page 8) ou Luis Mariano. La chanson réaliste, appréciée avant-guerre, a toujours ses défenseurs. De grandes interprètes aux voix poignantes (Edith Piaf, Patachou, Catherine Sauvage) savent les faire vibrer. C’est souvent bien fait, mais ça reste assez sage. De jeunes vedettes s’essaient aux rythmes mambo, cha-chacha, et autres styles afro-cubains. Ainsi le génial Jean Constantin, injustement oublié aujourd’hui, félicité un soir par le peintre Salvador Dali qui lui offre… une rente à vie ! Il est vrai qu’écrire « les pantoufles à papa », ou le « chat qui regardait pousser le gazon », n’est pas donné à tout le monde… Yves Montand, Léo Ferré, Juliette Gréco, Charles Aznavour, se plongent dans les délices du jazz. A Paris, les caves de Saint-Germain-des-Prés accueillent alors les plus grands américains, Louis Armstrong, Lionel Hampton, ou ce jeune prodige de la trompette, artiste visionnaire entre tous, Miles Davis… à l’origine de toutes les innovations musicales majeures des quarante ans à venir. En plus, moins de racisme qu’aux US, des salaires décents, l’accès à la sécu. Ca compte aussi ! Aux US, l’année 55 voit l’apparition d’une nouvelle mode qui déferle sur toute la planète, bouleverse, influence toutes les musiques du monde et, au-delà, les cultures, les arts… pour plus de cinquante ans ! L’arrivée du rock’n roll ? Un séisme de magnitude incalculable… Quelques dates 1950 1951 1953 1954 1955 Guerre des USA en Corée. ■ Jean Vilar crée le Théatre National Populaire, le TNP. ■ Après les USA, l’URSS possède à son tour la bombe “H”. Du swing en perspective ? ■ Invention de la pilule contraceptive. ■ Fin officielle de la ségrégation raciale dans les écoles aux USA. ■ 34 - zebrock au bahut 1956 1957 Indépendance du Maroc et de la Tunisie. ■ Le traité de Rome. 6 pays constituent la Communauté Economique Européenne également appelée “Europe des 6”: Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, France, Allemagne, Italie. ■ L’URSS envoie le premier vaisseau spatial Spoutnik dans l’espace. Les USA répliquent peu après. ■ 1958 ■ Le Général de Gaulle revient au pouvoir et fait voter par référendum le passage à la Ve République. ■ Invention du rayon Laser. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 35 u n peu d ’ h istoi re LES ANNéES 60 Dans le monde occidental, les années 60 appartiennent à la jeunesse triomphante. On glorifie la création tous azimuts, on célèbre la liberté conquise et consommée. u commencement, était Le King : déhanchements suggestifs, timbre grave et chaud, cet Américain de Memphis nommé Elvis Presley sera la première star mondiale à s’adresser précisément aux adolescents et aux jeunes adultes, beaucoup plus nombreux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A À l’aube de 1962, arrive d’Angleterre un second séisme. De Liverpool, port ouvrier du nord, surgissent “quatre garçons dans le vent”, joyeux, sympathiques et turbulents qui, en moins de deux ans, mettent le monde entier à leurs bottines. Tous les garçons copient leurs attitudes et leurs façons de s’habiller… Leurs cheveux mi-longs font chavirer les filles, qui n’avaient jamais vu tant d’audace ! Mais l’essentiel est ailleurs, évidemment : ces quatre-là composent, à la vitesse du son, des kyrielles de chansons aussi nerveuses qu’incroyablement mélodiques, portées par l’harmonie magique de leurs voix, idéalement placées pour chanter ensemble. Soutenus dans leur irrésistible ascension par l’essor de la télévision et de l’industrie du disque, Les Beatles atteignent instantanément des niveaux de popularité inconnus auparavant… Et jamais revus depuis. Dans leur sillage, des dizaines, des centaines de groupes, peintres, cinéastes, créateurs de mode, font exploser les carcans artistiques, dans ce qui restera l’une des plus riches décennies du XX e siècle, celle des années rock, pop, psychédéliques. Bob Dylan, Les Rolling Stones, Les Who, Janis Joplin, les Kinks… contribuent avec tant d’autres à cette agitation musicale et esthétique sans précédent. La plupart de ces héros condamnent impitoyablement la guerre américaine au Vietnam, qui perturbe le monde depuis 1964. La musique noire bouge, elle aussi. Influencées par le militant radical Malcolm X., et par les prêches du Pasteur Martin Luther King, les stars de la soul music (Marvin Gaye, Sam Cooke, Sly Stone) s’engagent pour l’égalité des droits civiques entre noirs et blancs. Ca bouge partout. En France : 62, indépendance de l’Algérie… 65, première élection au suffrage universel (De Gaulle élu face à Mitterrand). En 68, le mois de mai voit l’explosion d’un mouvement étudiant qui fait vaciller le régime gaulliste. La grève générale des ouvriers bloque le pays. Un an plus tard, De Gaulle démissionnera. En France, les sixties ont démarré sous le signe du Yéyé. On s’invente des noms américains, on adapte en français les tubes anglo-saxons. Certains durent le temps d’un disque, d’autres (Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan) sont toujours là, quarante ans après. L’un d’eux s’est de suite imposé au plus haut et n’en redescendra jamais. Traversant toutes les modes, surfant sur tous les styles, empruntant tous les rythmes sans jamais décevoir les générations de fans, Johnny Hallyday, 60 ans cette année, est un cas. Définitivement unique. Autre grande tendance, la chanson à textes, servie par quelques personnalités hors normes, interprètes et paroliers d’immenses talents, inspirés par la poésie moderne. Ils ont nom Barbara, Georges Brassens, Léo Ferré, Jacques Brel, Jean Ferrat, Serge Gainsbourg, Claude Nougaro. Vers 1966, on a inventé “la mini K7”, la première cassette audio. Pour la version vidéo, il faudra attendre dix ans de plus. Les premières TV diffusant en couleur coûtent une fortune et il n’y a que deux chaînes. Une. Deux. Quelques dates 1961 1962 1962 ■ Youri Gagarine est le premier homme envoyé dans l’espace ! La course à la Lune est lancée. ■ Les accords d’Evian mettent fin à la guerre d’Algérie. Le pays accède à l’indépendance. ■ Grave crise à Cuba: on craint un affrontement direct USA/URSS. 1963 1964 1964 1966 ■ Assassinat du Président américain John Fitzgerald Kennedy. ■ Une révolution dans la mode : la mini-jupe ! ■ Début de la guerre américaine au Vietnam. ■ Chine, début de la Révolution Culturelle du Président Mao. 1967 1968 1968 1969 ■ Première greffe du cœur sur un humain. ■ Assassinat du pasteur Martin Luther King, défenseur des droits des noirs américains. ■ Les chars soviétiques envahissent Prague. ■ Neil Armstrong est le premier homme à marcher sur la Lune. zebrock au bahut - 35 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 36 u n peu d ’ h istoi re LES ANNéES 70 Les années 70 s’ouvrent sur l’espoir d’un monde meilleur, plus fraternel et pacifique, que pourraient symboliser le festival de Woodstock, les mouvements d’opposition à la guerre au Vietnam, très actifs dans la plupart des pays occidentaux. Mais aux années créatives, aux rêves de liberté, succède une période plus dure et souvent violente. politiques les plus divers, expriment sans détour leur rejet des injustices et aussi du pouvoir en place. François Béranger, Maxime Le Forestier, Renaud, Bernard Lavilliers commencent de longues et belles carrières. La plupart des médias les ignorent, ils existent par le bouche à oreille, remplissent les salles, agitent les concerts des fêtes politiques (Fête de l’Huma, du PSU, Fête Rouge…). iolence de la crise économique, liée aux envolées des prix du pétrole, qui sévit à partir de 1973. Violence du chômage, qui s’installe pour longtemps dans le vocabulaire quotidien et dans la vie des familles. Violence des mouvements sociaux, des grèves longues et douloureuses, des fermetures d’usines. Pas de FM à cette époque ! Il n’y a que trois radios officielles et trois chaînes de télévision. Toutes préfèrent soutenir des artistes propres et bien coiffés, aux sourires éclatants, scintillants dans leurs beaux costumes et chemises à jabot. Ils ont pour noms Dave, Ringo, Mike Brant, C. Jérôme, Sheila, Stone. Ce sont des artistes pour “minets” et “minettes” qui débitent d’insipides chansons d’amour, aux paroles souvent creuses. S’ils ne sont pas dénués de charme, ils sont quand même un peu trop gentils, dans ce monde qui a tant de soucis ! V Violence aussi du terrorisme (Septembre Noir, Bande à Baader, Brigades Rouges, Black Panthers) et des répressions policières, qui aux USA, en France, en Allemagne, en Italie, font l’actualité quotidienne. Violence des coups d’Etat et des dictatures : Argentine, Chili, Espagne, Brésil, Bolivie... les démocraties vacillent. Quand les militaires prennent le pouvoir, les libertés s’éteignent. Violence des répressions contre ceux qu’à l’Est on appelle les “dissidents”. De Léonid Plioutch à Vaclav Havel (un fan de rock occidental qui deviendra Président de la République tchèque), ils dénoncent la dictature, l’enfermement, l’absence de liberté d’expression. Violence des conflits au Moyen-Orient, qui existaient avant, mais vont s’amplifiant et ne s’arrêteront pas de si tôt… John Lennon a quitté les Beatles pour se muer en virulent propagandiste de la paix dans le monde. La chanson française semble se casser en deux. Influencés par Brassens ou Ferré, de nouveaux interprètes manient volontiers l’insolence, soutiennent les mouvements Car la crise s‘accentue. La jeune génération n’a pas connu Woodstock, grandit souvent dans la frustration, la dèche, la panade. Certains se tournent vers le hard-rock, salutaire exutoire. Et bientôt déboulent les punks, aussi laids, méchants, vulgaires, que les stars officielles sont sages et bien habillées ! Message limpide : dans un « monde de merde », les artistes peuvent-ils être jolis ? Quand s’achève cette décennie, vous avez le choix entre les rythmes trépidants de la disco - tout pour la fête - et le son braillard des Sex Pistols et du Clash. Ceux là hurlent qu’il n’y a pas de futur, sinon dans le chaos et l’anarchie… C’est violent, sans concession, mais c’est aussi pour rire. Une manière de dire qu’au fond, tout cela, la musique, la rébellion, et le monde dans son ensemble, ce n’est que du rock’n’roll. Donc, une vaste escroquerie… Quelques dates 1972 1973 ■ Invention du scanner médical. 1974 ■ Coup d’Etat de Pinochet au Chili. Le Président Allende est assassiné, un certain 11 septembre. ■ Premiers pas d’Internet. 36 - zebrock au bahut 1975 1976 ■ Invention de la carte à mémoire. ■ Valéry Giscard d’Estaing est Président de la République. ■ Libéralisation de l’avortement. ■ Droit de vote à 18 ans. ■ Fin de la guerre au Vietnam. ■ Mort de Mao Tsé Toung. ■ Premier tirage du Loto. 1978 1979 ■ Le premier TGV. ■ Invention du CD, du walkman. ■ Le Shah d’Iran est renversé par les ayatollahs conduits par Khomeiny. ■ Premières élections européennes. ■ L’URSS envahit l’Afghanistan. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 37 u n peu d ’ h istoi re LES ANNéES 80 Parce qu’on se lasse de tout, même de critiquer, les années 80 vont d’abord appartenir aux jeunes gens chics et modernes, branchés sur les technologies (musique électronique, cyber-culture, informatique), qui célèbrent la modernité du monde capitaliste. ar c’est ainsi, chaque génération doit prendre le contrepied de la précédente. Autre tendance : parce que la société se mondialise, parce que les phénomènes de migrations de populations s’accélèrent, les musiques et cultures se métissent, se mélangent. Les artistes injectent dans leurs créations des sonorités africaines, sudaméricaines, arabes, indiennes. Avec Bob Marley, le reggae devient phénomène mondial. Le rap, dur, revendicatif, chronique des impitoyables réalités sociales des grandes villes US – appelons ça des ghettos –, prétend succéder au disco, tellement superficiel. C Il souffle sur la France un air de liberté. L’autorisation des radios FM favorise dans un premier temps la diversité des genres. Mais rassurez-vous, ça ne dure pas ! La loi de la pub remet bientôt de l’ordre dans ce joyeux foutoir. NRJ survivra, se développera, deviendra un empire côté en bourse. Carbone 14, Gilda, les petites radios associatives, une à une, baisseront les bras… L’ambiance n’est pas rose. Le formidable mélange des cultures s’exprime sur fond de drames majeurs. D’épouvantables famines ruinent l’Afrique et notamment l’Ethiopie. En 84, on parle d’un virus qui ferait de sérieux dégâts chez les homosexuels. Bientôt identifié, le SIDA va transformer pour longtemps les rapports humains et amoureux, toutes générations et toutes orientations sexuelles confondues… À Tchernobyl, en Ukraine, l’explosion d’un réacteur de centrale nucléaire vomit sur l’Europe son nuage radioactif. Dix-sept ans après, on ne mesure toujours pas l’étendue réelle des dégâts qu’il a fait, fait, et fera. Le monde va mal. Impossible de rester indifférents. Voici venir l’explosion du “Tous ensemble” : les stars s’engagent pour des causes humanitaires. Cela démarre avec Band Aid, un disque anglais pour l’Ethiopie, et se poursuit avec Michael Jackson, convoquant une hallucinante chorale de stars pour un disque d’anthologie (“We are the World”)… Le phénomène devient mode d’expression à part entière dans l’univers du show-biz. La France n’y échappe pas, Coluche, Michel Berger, France Gall, Renaud, Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman, incarnent ce mouvement. Aujourd’hui, quelle télé n’a pas son défilé traditionnel de chanteurs concernés, venant tous ensemble défendre telle bonne cause ou tels bons sentiments. Pour les taquiner, l’humoriste Pierre Desproges propose d’inventer « les Restos du Foie » qui viendraient en aide à ceux qui mangent trop… Il meurt avant de mettre sa menace à exécution… Le thème de l’immigration redevient en cette période le terrain d’expression favori de l’extrême-droite. En écho, se développe, souvent avec l’aide des artistes, un discours antiraciste poussé par la générosité et la volonté de n’exclure personne du jeu. C’est bien mais, là encore, il faut vérifier que les bons sentiments ne masquent pas la vraie injustice, qui est d’abord et toujours, d’origine sociale… Le rap cesse d’être un phénomène marginal, il s’internationalise. Dans les banlieues, les gamins ont grandi au son des pionniers (Grand Master Flash, Public Enemy, Afrika Bambaata) et rêvent évidemment de leur succéder. À Saint-Denis, le posse du Suprême NTM montre la voie, empruntée au sud par les Marseillais d’IAM. Le rock est peu à peu, hélas, devenue une institution : les rappeurs reprennent le flambeau de la provoc, de la diatribe, des allures qui dérangent. Voici venir les nouveaux méchants ! Le Mur de Berlin tombe. L’empire soviétique aussi. La (première) guerre du Golfe débute. Quelques dates 1980 1981 1982 ■ Lancement du Minitel. 1984 ■ Election de François Mitterrand, abolition de la peine de mort. ■ Libéralisation des ondes FM. Explosion des radios libres. ■ Massacre des Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. 1985 ■ Naissance de Canal +, première chaîne payante française. ■ Découverte du virus VIH responsable de l’épidémie du sida. ■ Invention du CD-Rom. 1986 1988 1989 ■ Mort de Coluche. ■ Réélection de François Mitterrand face à Jacques Chirac. ■ Chute du Mur de Berlin. Le tyran roumain Ceaucescu est renversé. zebrock au bahut - 37 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 38 u n peu d ’ h istoi re LES ANNéES 90-2000 ôté culture musicale, quelles sont les tendances les plus fortes de ces dernières années ? Lorsqu’on évoque le présent, on manque de recul, par définition. Difficile de dire ce qui restera de l’époque actuelle et ce qui s’évanouira sans laisser de traces... D’un côté, l’explosion des mouvements techno, des rave - et free - parties, de l’autre le triomphe du marketing télévisuel (Pop stars, Star Academy, etc.). Confirmant la prophétie du peintre Andy Warhol, des amateurs sont propulsés “stars” en quinze minutes. Le seront-ils toujours, quinze minutes plus tard ? L’avenir de nos oreilles passera-t-il vraiment par Jean-Pascal, Jenifer, Nolwenn Le Roy ? La mode des comédies musicales (Dix Commandements, Notre Dame de Paris) propulse au sommet des ventes des ritournelles souvent sirupeuses. C Comme toujours, les mouvements indépendants de tous styles (indus, métal, trash, death) sont pour l’essentiel ignorés des médias officiels. Ils construisent en sous-marins des réseaux alternatifs souvent solides, riches de spectateurs fidèles. La réelle émergence d’une « culture Gay » a imprimé ses critères. Elle s’est d’abord affirmée dans la mobilisation contre le sida, puis autour de la revendication à des droits nouveaux. Les arts ont toujours été nourris de l’influence des créateurs homosexuels. Ils s’affichent et se revendiquent désormais comme tels, imposant leurs codes à la mode dans son ensemble. Côté rap, ont émergé de nouvelles « stars » dont certaines s’essaient au cinéma. On sent poindre une certaine et prévisible récupération. Tout mode d’expression est un jour soumis au risque de la banalisation, de la standardisation. Les ventes de disques s’en ressentent… Où en est la relève ? Un certain retour de la “chanson à textes” se manifeste au début des années 2000. De jeunes artistes revendiquent très précisément leur filiation avec ceux qu’ils écoutaient, enfants, à la maison. Bénabar, Sanseverino sont-ils, dans la foulée d’un Thomas Fersen, les héritiers de Brassens et Béranger ? L’avenir est partout à la fois. Cherchons-le dans la rue, dans les vitrines, sur les ondes, dans les petites et grandes salles de concert. Dans les caves, studios de répétition, où s’inventent aujourd’hui les sons de demain. Les meilleurs… et les pires ! Pour saisir les bonnes pistes, il faut aussi regarder ce qui se passe dans le monde. L’extrême-droite progresse partout en Europe, mais suscite aussi des réactions de grande ampleur. La jeunesse va-t-elle redécouvrir les vertus de la politique ? Quelle incidence cela aura-t-il sur l’esthétique et sur les chansons à venir ? Les fanatismes religieux prennent partout de l’importance. La guerre, les guerres, reviennent à l’ordre du jour. Côté musique, les stars de demain seront peut-être un groupe israélo-palestinien… qui sait ? C’est aussi vous qui choisirez… Quelques dates 1990 1992 1994 1995 1997 ■ Libération de Nelson Mandela, après vingt-cinq ans d’emprisonnement. Il deviendra le premier Président de l’Afrique du Sud sans apartheid. ■ Sommet de la terre à Rio de Janeiro (Brésil) consacré à l’environnement et au développement. ■ Procès du sang contaminé : des malades du sida poursuivent l’Etat en justice. ■ Itzhak Rabin et Yasser Arafat sont conjointement récompensés par le Prix Nobel de la Paix ! ■ Jacques Chirac devient Président. ■ Itzhak Rabin est assassiné. ■ Les grandes grèves de l’hiver expriment un profond mécontentement social. ■ Génocide au Rwanda. ■ La gauche plurielle remporte les élections législatives. 38 - zebrock au bahut 1998 ■ Juillet, la France gagne pour la première fois la Coupe du Monde : délire, passions, exagérations. Le foot devient la nouvelle folie française. 1999/2000 ■ Bug informatique ? Le ciel ou la sonde Mir vont-ils nous tomber sur la tête ? Voici les fausses peurs de l’an 2000… et ses vraies tempêtes. 2001 ■ Le 11 septembre, attentats contre les Twin Towers de NewYork et le Pentagone. ■ Le 21 septembre AZF : catastrophe à Toulouse. La sécurité des populations est-elle assurée ? 2002 ■ Le 1er janvier, marks, francs, lires, pesetas ; ciao, so long, auf wiedersehen. On paye en euros. ■ Mai, Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles… 2003 Emotion et manifestations monstres dans les rues… Chirac élu à plus de 80% des voix. Sécurité, quand tu nous tiens… La France a-t-elle encore toute sa tête ? ■ Récession économique. ■ Opposition française au diktat américain de George Bush. Guerre en Irak, malgré l’opposition de l’ONU. Chute de Saddam Hussein. On est toujours à la recherche des armes de destruction massives… ■ Nos retraites, nos emplois, nos salaires : grèves et manifs colorent le printemps social. ■ José Bové est fermement convié à passer l’été à l’ombre… ■ Le Tour de France fête ses 100 ans. Coté thermomètre, l’été s’annonce caniculaire. Annonce d’un automne « chaud »? maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 39 a u t r ava i l ! ? E R I A F A S U O V QU’AVEZ-VOUS A FAIRE ? Z E V A ’ U Q Nous vous demandons de réaliser par petits groupes : Un travail écrit : ● 2 chroniques de chansons que vous choisissez dans le présent livret ● 1 parodie de chanson (vous prenez une troisième chanson dans le livret ou dans l’album de l’artiste que vous allez rencontrer, que vous réécrivez avec humour et dérision) Un travail libre : Image, son, vidéo, travail plastique ou travail écrit… Ce travail doit être en lien avec le thème, ce que vous avez vécu pendant Zebrock au Bahut et/ou avec l’univers de l’artiste que vous allez rencontrer. Vous pouvez au choix : ● Partir de vos chroniques et de votre parodie pour faire une émission radiophonique, télévisée, un site internet, un CD-Rom, un journal, un livre.Vous pouvez les compléter de toutes vos expériences vécues pendant l’opération. ● Réaliser : un projet photographique ● Concevoir : un spectacle ou jouer dedans ● Écrire : une chanson (éventuellement travailler sur la composition et l'enregistrer). ● Interpréter et enregistrer à l’aide de votre professeur de musique une (ou plusieurs) des chansons du livret, de l’artiste rencontré ou votre parodie. ● Dessiner : une pochette de disque, une affiche, un tract, un billet de concert, une fresque… ● Chroniquer : une chanson que vous connaissez et qui aurait, selon vous, pu faire partie de notre sélection (celle-ci peut être dans une autre langue à condition d'être traduite). Etc, etc. Toutes les idées sont les bienvenues ! Plus votre travail sera personnel, fouillé et argumenté et plus vous serez susceptibles de faire partie des finalistes. Car… disques, compilations et autres bonnes surprises vous attendent en fin de parcours ! zebrock au bahut - 39 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 18:11 Page 40 c o n s e i l s p r at i q u e s c o n s e i l s p r at i q u e s s l i e s n o c s e u q l e u Q Quelques conseils la chronique Chroniquer une chanson ou écrire une parodie, c’est vouloir faire passer un point de vue personnel auprès du lecteur. Mais pour que le jugement du rédacteur soit lui-même intéressant et donne l’envie de le lire, il faut s’imposer quelques exigences. la parodie • Soigner ses arguments • Savoir s’engager • Etre créatif Autant que possible, s’interdire les considérations faciles qui n’apportent pas grand chose : On peut exprimer ses propres émotions : Tristesse, joie, rire, colère, sympathie ; au contraire, agacement, malaise. On peut mettre en évidence un sentiment particulier par rapport à un vers précis de la chanson ou par rapport à une intonation de l’interprète. On a tous les droits quand on est critique ! On peut être gentil, de mauvaise foi, sans pitié... On peut jouer avec les mots, pour être drôle, sévère ou mesuré. À une condition, toutefois : nos propos doivent rester justifiables et n’être jamais insultants. Car l’artiste, qu’il nous plaise ou pas, que sa chanson nous convienne ou non, demeure un individu à part entière qui mérite notre considération, qu’on ne peut diffamer, insulter, sans risquer alors d’en venir, non pas aux mains… mais au tribunal ! “J’aime, j’aime bien, j’aime pas“. On est content de le savoir, mais au bout du compte, on n’est pas plus avancé... “C’est génial, c’est nul, c’est top”: Pourquoi ? Qu’est-ce qui précisément m’autorise à l’affirmer ? • Interpeller le lecteur “C’est pas de mon temps“ ! Et alors ? Les belles chansons restent belles des années après : sinon, elles seraient forcément «pourries» demain. On peut, comme disent les journalistes, partir à la recherche d’un « angle ». Par exemple : Comparer deux chansons qui parlent du même thème ou deux chansons d’un même auteur sur un sujet voisin. • Etre précis Ne parler que du texte et le décortiquer. Que l’on aime ou déteste la chanson, essayons de trouver des éléments précis sur lesquels nous pourrons nous appuyer : Le sujet est-il banal, sans intérêt ? Ou au contraire surprenant, audacieux ? Les rimes sont-elles faciles, déjà entendues mille fois ? Ou originales ? La mélodie est-elle insipide ou copiée sur une autre ? Prenante, émouvante, simple mais belle ? Ou au contraire, s’intéresser à la musique (mélodie, arrangement, orchestration) et aux musiciens (le talent qu’ils démontrent à l’occasion d’un solo, par exemple). Il peut aussi être intéressant d’aborder le sujet d’une chanson en la situant dans l’époque où elle a été écrite. • Derniers conseils N’oublions pas ce vers de Robert Charlebois : “Je me fous pas mal des critiques, Ce sont des ratés sympathiques”. Et cette maxime éternelle : “La critique est aisée, mais l’art est difficile”. Une bonne façon de jouer avec les mots peut consister à trafiquer, triturer, déformer le texte initial d’une chanson, afin d’en faire « quelque chose d’autre ». Votre parodie peut prendre la forme d’un pastiche ou d’un détournement. • PASTICHE Le pastiche vise avant tout à faire rire ou sourire. Les humoristes qui s’y essayent sont souvent des imitateurs. Ils font interpréter le texte réécrit par son chanteur d’origine ou par une personnalité inattendue, mais qui aura un évident rapport avec le nouveau texte. Il s’agit de détourner les mots, de jouer avec les sons et les rimes, afin d’emmener le texte sur une voie nouvelle, inattendue, drôle ou cocasse. L’essentiel est tout de même d’avoir une idée « maîtresse » qui tienne du début à la fin du texte. Car un pastiche qui tourne à vide devient vite sans intérêt. • DETOURNEMENT Le détournement consiste également à jouer avec le texte. Mais l’objectif n’est plus vraiment de faire rire. Il s’agit plutôt de faire passer une idée forte à travers le texte réécrit. Ici, c’est moins l’humour qui importe, que le nouveau sens de la chanson, qui propose un nouveau message. Mais humour et contenu peuvent très bien s’allier pour plus d’impact et de force. Imaginez la chanson « Si tu vas à Rio » inventée par les supporters du nouveau président brésilien Lula… Que deviendrait « La Java des bombes atomiques » réécrite par George Bush ? “Respire” peut-il devenir “Transpire” ou “Expire”? Toute autre chanson de votre choix peut se prêter à vos fantaisies. Allez-y, lâchez-vous, pas de censure... On vous écoute. Surtout, n’oubliez pas que toutes les critiques sont intéressantes à condition d’être personnelles et argumentées. N’hésitez donc pas à vous exprimer, à parler de vous. C’est VOTRE avis qui nous intéresse. Les arrangements : mous, pauvres, brouillons ? Riches, poignants, sobres mais efficaces ? L’interprète ? Que dire de sa voix, de son interprétation ? 40 - zebrock au bahut zebrock au bahut - 41 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 42 d i co m u s i c a l é g é r b Dico A Dico Abrégé Rayon Chanson Côté Artiste Production Chanson : texte mis en musique, divisé en strophes ou couplets, avec ou sans refrain. Artiste : personne qui pratique un art (dans le cas qui nous intéresse : la musique). Producteur : personne, organisme qui finance une œuvre musicale et la possède. Couplet : nom donné à chacune Auteur : parolier d’une chanson. Produire : prendre en main un des parties d’une chanson, comprenant généralement le même nombre de vers et séparée par le refrain. Refrain : suite de mots ou de phrases qui revient à la fin de chaque couplet d’une chanson. Mélodie : succession de sons qui forment une phrase musicale. Rythme : succession régulière de temps forts et de temps faibles. Reprise ou Cover : pratique consistant à interpréter à sa façon une chanson existante. Arrangement : orchestrations, ambiances musicales d’une chanson. Phrasé : façon de réciter, de parler, souvent caractéristique d'un chanteur ou d'une chanteuse. Pont : dans un morceau, séquence musicale en général instrumentale propre à l'exécution d'un solo d'instrument ou un développement mélodique particulier. En général, le pont est très apprécié des auditeurs et conçu en ce sens. Flow : terme utilisé dans le rap pour désigner la qualité phonétique et rythmique de la diction du rapper (le flow s'écoule comme les flots...). 42 - zebrock au bahut Compositeur : créateur de la musique d’une chanson. Interprète : celui ou celle qui chante. Peut être aussi, mais pas toujours, auteur et/ou compositeur de tout ou partie de son répertoire. Arrangeur : personne qui conçoit les orchestrations, les ambiances musicales d’une chanson, en liaison avec le directeur artistique. Directeur artistique : personne qui gère l’aspect artistique et discographique de la carrière d’un interprète. artiste, c’est-à-dire lui trouver du matériel, lui faire enregistrer des disques, s’occuper de sa promotion… Maison de disques : structure qui regroupe toutes les étapes de l’industrie du disque (production, fabrication, distribution). Show-biz : cercle privilégié des acteurs de l’industrie du spectacle. Tube : chanson à succès. Technique Sample : mot venu de l’anglais qui signifie “échantillon”. Sampler, c’est réutiliser des sons ou des morceaux de musiques existants à l’aide d’une machine (le sampler) pour les intégrer dans une nouvelle composition. Mixage : mélange de plusieurs sons sur un même support (cd, cassettes…). MAO (Musique assistée par ordinateur) : création et composition de phrases musicales par le biais d’un ordinateur. Studio : lieu où se fabrique la musique. Il existe des studios consacrés à l’enregistrement et d’autres consacrés à la répétition. Console : sorte de grand tableau de bord pour piloter l’enregistrement de la musique et les effets sonores. MP3 : fichier numérique compressé, téléchargeable depuis Internet et qui permet d’écouter de la musique. maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 43 tou r d ’ horizon affaires de styles Chanson à texte : chanson qui veut faire réfléchir, sourire ou pleurer et dont le texte, particulièrement travaillé, a beaucoup d’importance. Ritournelle : phrase musicale Rap : style de musique brève qui introduit et achève un air. Chanson à couplets et refrains répétés. privilégiant les paroles scandées sur un rythme syncopé. Variétés : nom sous lequel on désigne la chanson populaire. chantée en français et appartenant à un pays ou une région francophone. Jazz : musique inventée aux Etats-Unis par des musiciens noirs au début du XXe siècle, principalement marquée par l’improvisation et nourrie des apports croisés de la musique africaine et de la musique européenne. Chanson engagée : qui prend Rock : musique de danse chantée parti pour une cause en étant mise au service de celle-ci. Certains disques sont réalisés dans le but de servir une cause, par exemple : l’Ethiopie, Mandela, les sans papiers, le Sida, les restos du cœur. née vers 1955 dans le sud des Etats-Unis devenue l’une des formes les plus communes de la musique populaire du XXe siècle. C’est le règne parfait de la guitare, de la batterie, de la basse et du chant. Bluette : chanson ou écrit Punk : mot d’argot (déchet, sentimental sans consistance. crotte) désignant une musique et une culture marquées par un refus total des conventions, des normes et des bons usages. Les punks se flattent de ne pas savoir jouer de la musique quand ils apparaissent en 1977 : cette attitude rebelle évitera au rock de mourir de conformisme. Chanson francophone : chanson Rive gauche : style de chanson des années 50-60 dont les auteurs-compositeursinterprètes s’accompagnaient le plus souvent à la guitare et jouaient des chansons à textes dans les cabarets ou caves de Saint-Germain-des-Prés. HIp HOP : Le graphe, le breakdance, le rap, le double dutch etc. sont les disciplines du hiphop, mouvement né vers 1980 dans les quartiers noirs de NewYork et Chicago. Reggae : musique populaire et mystique de la Jamaïque qui emprunte au rythm’ and blues ainsi qu’aux rythmes afro-caribéens et dont le contretemps est très marqué. Raggamuffin : forme malicieuse et souvent drôle de reggae très marquée par le rap. Rn’B : musique très populaire et sophistiquée empruntant au rap et au raggamuffin mais surtout à la soul. Appellation contemporaine d’une musique plus ancienne, le rythm’ and blues, inventée par les noirs américains dans les années 50-60. Pop : contraction de “popular music”, souvent utilisée pour désigner les formes les plus mélodieuses du rock (ex : les Beatles). Funk : d’une expression argotique des musiciens de jazz, désigne le temps le plus marqué dans un morceau puis par extension, une musique très rythmée. Disco : pour “discothèque”. Musique de danse empruntant à tous les genres musicaux, avec un seul souci : faire danser toute la nuit et oublier le reste. Musiques électroniques (techno, électro-pop, house...) : ensemble de musiques principalement tournées vers la danse et recourant aux ressources de l’électronique, notamment par l’usage du sample. Raï : l’une des formes les plus populaires de musique chantée dans le Maghreb, née dans la région d’Oran et devenue l’un des moyens d’expression de la jeunesse algérienne. Musiques du monde (world music) : appellation un peu généraliste qui comprend l’ensemble des musiques, principalement extraeuropéennes, toujours inspirées de traditions séculaires. s e l y t s e d s e r i a f Af zebrock au bahut - 43 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 18:12 Page 44 chanson k é z ako ? pa r t i t i o n k é z a k o ? ? n o s n a C’est quoi, une chanson ? h c e n u , i o u q t C’es Brel, Béart, Aznavour, Beaumarchais, Devos, Trenet, Ferrat, Leprest, Ferré, Fersen, Brassens, Delanoë, Renaud, Barbara, Vian... Ils sont tous bien placés pour vous en parler... Boris Vian (auteur-compositeur-interprète, écrivain) Jean Ferrat (auteur-compositeur-interprète) La chanson, disons-le tout de suite, n’a rien d’un genre mineur. Le mineur ne chante pas en travaillant et Walt Disney l’a bien compris, qui faisait siffler ses nains. Le mineur souffle en travaillant, pour éviter que le charbon ne lui entre dans la bouche. Chanter ce n’est pas faire semblant. Il faut s’y jeter à tue-tête, à bras le corps, à fendre l’âme. Georges Brassens (auteur-compositeur-interprète) « Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues ». J’écris des chansons, je n’ai jamais prétendu faire de la poésie. Faire une chanson, c’est essayer de traduire un sentiment, de raconter une histoire, de communiquer des impressions, de faire passer trois minutes agréables à l’auditeur. Une chanson est avant tout composée de musique et de paroles. Avant d’être un air à la radio, une mélodie entêtante sur un CD, une chanson c’est une feuille de papier où les mots et les notes font de drôles de dessins. La partition comporte toutes les indications pour que chanteur (les mots) et accompagnateurs (la musique) fabriquent la chanson que nous aimerons. Une seule chose n’est pas écrite : l’émotion. Mais elle est toujours présente. Charles Trenet (auteur-compositeur-interprète) Léo Ferré (auteur-compositeur-interprète) Je dis que la chanson c’est important pour la culture… parce que ça n’a pas l’air culturel. Jacques Brel (auteur-compositeur-interprète et comédien) Les évènements collectifs ne m’inspirent pas. J’écris une chanson quand ça me concerne personnellement. J’utilise mes “héros” pour projeter mes rêves ; c’est un phénomène de compensation. Guy Béart (auteur-compositeur-interprète) La chanson existe, elle est bonne ou mauvaise, mais un succès immédiat dépend beaucoup des circonstances, du climat général, des environnements de toutes sortes, de la saison et de l’attente du public, dont personne, ni lui même, ne sait ce qu’il veut. Charles Aznavour (auteur-compositeur-interprète et comédien) On peut traiter à plusieurs reprises du même sujet en l’éclairant à chaque fois d’une façon différente. En amour, j’ai trouvé plus d’angles que de positions. Beaumarchais (musicien, auteur dramatique, éditeur du XVIII ème Allain Leprest (auteur-compositeur-interprète) La chanson, c’est une alchimie terrible et torride entre un texte et une mélodie, un alliage incompréhensible de mauvais savoir… La chanson, c’est du bastringue, et quand tout est réuni, c’est magique et on ne sait pourquoi. Pierre Delanoë (auteur) Le refrain, c’est toute la chanson. Une chanson est finie quand j’ai trouvé la première phrase et l’idée. Je sais que le reste viendra ! Renaud (auteur-compositeur-interprète) Dès que j’ai un titre, j’ai fait la moitié du boulot. Barbara (auteur-compositeur-interprète) siècle) Ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. Thomas Fersen (auteur-compositeur-interprète) Deux phrases-pivots sur une musique qui ne sert que le texte : c'est ma formule. Mais je suis de plus en plus rigoureux sur le reste du texte. La phrase-pivot doit mettre en relief toute la chanson. J'essaie d'être plus simple encore dans l'écriture, avec une musicalité, une légèreté séduisantes. La chanson est dans le quotidien de chacun ; c’est sa fonction, sa force. Sociale, satirique, révolutionnaire, anarchiste, gaie, nostalgique… Elle ramène chacun de nous à son histoire. Oscar Wilde (romancier anglais du 19 siècle) e La critique exige infiniment plus de culture que la création. Raymond Devos (humoriste) Une rengaine, c’est un air qui commence à vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir par les yeux. 44 - zebrock au bahut zebrock au bahut - 45 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 46 annuaire S E U Q è H T A I D E M , S E U Q è H BIBLIOT BIBLIOTHèQUES, MEDIATHèQUES Pour vos recherches ou par plaisir, n’hésitez pas à vous rendre dans les bibliothèques et médiathèques du département. Les bibliothècaires et les discothécaires sauront vous orienter. Vous pourrez également emprunter livres et CD. Bibliothèque Saint John Perse Bibliothèque municipale Bibliothèque municipale Médiathèque 6, rue Edouard Poisson 93300 AUBERVILLIERS 01 48 33 60 44 10, rue Adrien Froment 93700 DRANCY 01 48 32 25 12 212 av du 8 mai 1945 93330 NEUILLY/MARNE 01 43 08 04 29 4, place de la Légion d’Honneur 93200 SAINT DENIS 01 49 33 92 40 Bibliothèque Dumont Bibliothèque Anne Franck Médiathèque Michel Simon Médiathèque 12 bd Galliéni 93600 AULNAY/BOIS 01 48 66 18 81 Rue Ambroise Croizat 93441 DUGNY 01 49 34 02 34 36, rue de la République 93160 NOISY-LE-GRAND 01 55 85 09 10 10, place de la république 93400 SAINT-OUEN 01 49 18 16 70 Médiathèque Bibliothèque Mendès France Médiathèque Roger Gouhier Bibliothèque Albert Camus 18, rue Adélaide Lahaye 93170 BAGNOLET 01 49 93 60 90 23 rue de paris 93 800 EPINAY SUR SEINE 01 49 71 99 69 3, rue Jean Jaurès 93134 NOISY LE SEC 01 49 42 67 19 6 rue de la gare 93270 SEVRAN 01 43 84 87 20 Médiathèque Médiathèque Georges Perec Bibliothèque Elsa Triolet Médiathèque Louis Aragon 1-5, place de la Libération 93150 LE BLANC-MESNIL 01 48 14 22 19 (22) 20 rue Jean Jaurès 93220 GAGNY 01 43 02 45 36 102 av Jean Lolive 93 500 PANTIN 01 49 15 40 22 4, place du Colonel Fabien 93240 STAINS 01 48 21 72 24 Bibliothèque Elsa Triolet Bibliothèque Elsa Triolet Bibliothèque Bibliothèque Boris Vian 4 rue de l’Union 93 000 BOBIGNY 01 48 95 20 56 3 rue Lénine 93 450 L’ILE SAINT DENIS 01 49 22 11 10 6 allée Robillard 93320 PAVILLONS/BOIS 01 48 47 95 54 Médiathèque Denis Diderot Bibliothèque d’Anglemont Médiathèque Jacques Duclos 24 bv de l’Hôtel de ville 93 290 TREMBLAY EN FRANCE 01 49 63 69 61 23, rue Roger Salengro 93140 BONDY 01 48 50 53 43 35 place Charles De Gaulle 93260 LES LILAS 01 48 46 07 20 Bibliothèque municipale Bibliothèque municipale Bibliothèque/Discothèque 16, avenue Gabriel Péri 93380 PIERREFITTE-SURSEINE 01 48 23 39 39 65 av de la division Leclerc 93 350 LE BOURGET 01 48 38 82 28 8, avenue du Consul Général Nordling 93190 LIVRY GARGAN 01 43 88 03 03 Bibliothèque municipale François Mitterrand Médiathèque Robert Calmejane Bibliothèque Cyrano de Bergerac Rue des bleuets 93 390 CLICHY/BOIS 01 41 70 31 80 Bibliothèque municipale 137 rue Jean Jaures 93 470 COUBRON 01 43 88 71 45 Médiathèque John Lennon 9, avenue du Gal Leclerc 93120 LA COURNEUVE 01 49 92 61 64 46 - zebrock au bahut Bibliothèque Saint-Exupéry 49 av Henri Barbusse 93 370 MONTFERMEIL 01 41 70 70 20 Médiathèque de Montreuil 14, bd Rouget de l’Isle 93100 MONTREUIL 01 48 70 64 55 Bibliothèque Guy de Maupassant 11 rue du Général de Gaulle 93360 NEUILLY PLAISANCE 01 43 00 30 30 78 rue de Meaux 93410 VAUJOURS 01 49 63 39 13 46 av Jean Jaurès 93310 LE PRE-SAINTGERVAIS 01 48 44 69 96 118 Grande rue 93250 VILLEMOMBLE 01 48 12 95 50 Ouverture en novembre ou décembre Bibliothèque municipale Bibliothèque Jacques Prévert 26 av Thiers 93 340 LE RAINCY 01 43 81 94 94 15 rue Jacques Prévert 93420 VILLEPINTE 01 43 84 87 15 Bibliothèque Romain Rolland Bibliothèque Jean Renaudie 61 av de Verdun 93 230 ROMAINVILLE 01 48 44 26 61 52 rue Roger Salengro 93430 VILLETANEUSE 01 48 21 79 99 Bibliothèque Aragon 20 mail Jean-Pierre Timbaud 93110 ROSNY/BOIS 01 48 54 12 76 maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 47 Dans tous les domaines liés aux musiques actuelles, Zebrock développe, invente et encourage les passions existantes... ZEBROCK, C’EST AUSSI... ● Les scèn es de déco uverte du ● Les grand Zeb rock pour faire connaître les jeunes talents d’I le-de-Fran ce (mois d ’avril et m ai) . n o ti sa li a n n io ss fe voie de pro usiciens en m s le t e rs s amateu brock pour le e ateliers Z ● Un site internet, w ww.zebroc permettre à tous les k.net, pour e musiciens n savoir p de montre lus sur l’ac r ce qu’ils tualité mu font, de se sicale et n faire conn os actions, aître. ) (novembre s e ié f li p m ue : A r la musiq ion su l de réflex ent annue m o m n ’u isation d ● L’organ ● Des anim ations, des débats et d es mini-co ncerts dan s les médiathèq ues et les li eux music aux de Se ine Saint-Den is Bref, Zebrock s’occupe de musique en Seine Saint-Denis ! maquette zebrockV23 okjc.qxd 23/10/03 17:52 Page 48 ZEBROCK CHROMA 31, Boulevard Gambetta 93130 Noisy Le Sec Tél. : 01 55 89 00 60 Fax : 01 55 89 00 61 Couriel : [email protected] Site : www.zebrock.net