HPV Amplicor - Roche Diagnostics
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HPV Amplicor - Roche Diagnostics
SANTÉ DE LA M É D I C A L I S AT I O N FEMME Cancer du col de l’utérus : nouvelles approches avec le test PCR “HPV Amplicor” G ynécologue oncologue de formation, le Dr J. Monsonégo se consacre depuis plus de 20 ans à l’étude des pathologies génitales basses et aux pathologies liées aux infections à Papillomavirus (HPV). Occupé principalement par son activité clinique, essentiellement en pratique de ville, il est directeur médical d’établissement à l’Institut Fournier où il a créé un centre de colposcopie très actif. Une partie de son activité est consacré à la recherche, à la formation et à l’enseignement dans le cadre de PROGIN en France (Programme de Recherche et Observatoire sur les Infections Génitales et Néoplasiques) et EUROGIN à l’international (European Research Organization on Genital Infection and Neoplasia). En tant que spécialiste des cancers du col liés aux infections à Papillomavirus, il a évalué le test HPV sur Cobas Amplicor de Roche Diagnostics, et c’est à ce titre que nous l’avons interrogé. Dr J. Monsonégo à partir d’un frottis, le diagnostic histologique de lésions induites par le Papillomavirus à partir d’une biopsie, et, d’autre part, à partir de la colposcopie qui est un examen morphologique direct. Mais on s’est vite rendu compte que toutes ces approches morphologiques basées sur le diagnostic de l’œil humain, certes pertinentes et performantes, avaient leurs limites, dont essentiellement un manque de sensibilité pour le frottis, et un manque de spécificité pour l’histologie et la colposcopie, c’est-à-dire un manque de reproductibilité du diagnostic des anomalies morphologiques. En revanche, le test biologique, notamment celui de Roche Diagnostics qui permet de détecter les 13 génotypes HPV à haut risque, ne souffre pas de problème de reproductibilité diagnostique et il apporte une aide complémentaire au clinicien car la réponse est “positif” ou “négatif”. Pour vous praticien, quels sont aujourd’hui les apports d’un test moléculaire HPV dans la prise en charge de vos patientes ? « Jusqu’à ces dernières années, le diagnostic de l’infection à Papillomavirus était basé d’une part, sur la détection et la reconnaissance d’anomalies morphologiques en cytologie Lésions malpighiennes Classification Bethesda (cytologie) Cancer H.SIL Lésion de haut grade L.SIL Lésion de bas grade ASC-US Atypies légères ASC-H Atypies n’excluant pas H.SIL J O U R N A L D ’ Classification Richart (histologie) Cancer CIN2 CIN3 Intérêt et indications du test HPV dans les frottis anormaux L’intérêt du test HPV, c’est d’abord la prise en charge des frottis anormaux qui représentent en moyenne, tous stades confondus, 5 % des 5 à 6 millions de frottis pratiqués en France chaque année, soit environ 250 à 300 000 frottis anormaux. CIN1 I N F O R M A T I O N 28 B I O M É D I CA L E - N ° 73 - N O V E M B R E 2 0 0 5 SANTÉ Parmi ces frottis anormaux, il y a : - les frottis d’aspect indéterminé ou ambigus, dits ASC-US (Atypical Squamous Cells of Undeterminated Significance) qui représentent environ la moitié des frottis anormaux - les frottis de bas grade appelés L.SIL (Low Squamous Intraepithelial Lesion), terminologie de Bethesda, qui représentent en moyenne 30 % des frottis anormaux - les frottis de haut grade H.SIL (High Grade Squamous Intraepithelial Lesion), en moyenne 20 % des frottis anormaux - les lésions glandulaires, très rares - les cancers, qui représentent 3 400 cas tous les ans. Quand une femme a un frottis H.SIL, il y a 9 chances sur 10 pour qu’elle ait une vraie lésion de haut grade histologiquement confirmée : on pratiquera une colposcopie pour faire le diagnostic et la traiter, car les lésions de haut grade sont à risque de cancer. Si le frottis est L.SIL, elle a 25 % de chances d’avoir une lésion de haut grade histologiquement confirmée, et on lui propose aussi une colposcopie. Enfin, si une femme a un frottis ASC-US, elle aura 8 % de risque d’avoir une lésion de haut grade histologiquement confirmée. » U R N A L D ’ I N F O R M A T I O N FEMME Si en pratique, la colposcopie effectuée par un clinicien bien entraîné, après un test HPV, a la même performance en terme de sensibilité que le test HPV, plus de 95 % de sensibilité à reconnaître les lésions de haut grade, la différence est qu’avec le test HPV réalisé avant la colposcopie, on augmente la spécificité de la colposcopie. Dans l’étude Amplicor que nous avons faite, la spécificité de la colposcopie seule était inférieure à 35 %, mais après un test HPV, la spécificité de la colposcopie à reconnaître les lésions de haut grade passait à 45 ou 50 %. On améliore ainsi avec le test HPV la performance du clinicien à reconnaître en colposcopie des lésions réelles que la colposcopie seule fait moins bien. Dans la prise en charge des frottis AS-CUS, cette troisième option permet de ne retenir pour un examen colposcopique que les femmes ASC-US HPV positif. La très grande sensibilité du test HPV Amplicor, supérieure à 98 %, et sa VPN de 98 % font que ce test permet de doubler la fréquence de détection des lésions de haut grade (de 8 % à 20 % pour les ASC-US HPV+). En France, on a le choix entre l’une ou l’autre de ces trois options, mais pas deux en même temps. Dans les recommandations américaines, si une femme a un frottis ASC-US et un HPV+, et si sa colposcopie est normale, on recommande de faire soit un frottis à 9 mois soit un test HPV à 12 mois, et ces deux approches sont aussi performantes l’une que l’autre pour identifier des lésions qui seraient apparues dans l’intervalle. Place du test HPV dans les frottis ASC-US « Une des premières indications du test HPV en pratique, ce sont les frottis ASC-US, car on sait parfaitement aujourd’hui, en particulier avec le test Amplicor, que lorsqu’il n’y a pas de Papillomavirus à risque dans les frottis ASC-US, la valeur prédictive négative du test (VPN) est de 99 % : donc pour une femme ayant un frottis AS-CUS HPV négatif, il n’y a pas d’indication de colposcopie. Bien que très peu onéreuse et ayant une très grande sensibilité (98 %) à reconnaître les lésions de haut grade, donc pouvant être prescrite à grande échelle, la colposcopie a néanmoins des limites, en particulier quand elle est réalisée de façon systématique : on peut être confronté alors à des problèmes de spécificité, c’est-à-dire que l’on va rencontrer des anomalies sur le col ne correspondant pas à des lésions. En réalité on va se heurter à une difficulté inhérente à la colposcopie, c’est-à-dire de faire ensuite une biopsie dirigée avec comme conséquence les cas de CIN1, c’està-dire de dysplasies légères dont le diagnostic n’est pas reproductible : ainsi, par exemple, la concordance diagnostique de lames de CIN1, vues par cinq pathologistes, n’est que de 40 %. Donc l’avantage du test HPV Amplicor dans les frottis ASC-US est d’éviter les problèmes inhérents à la prise en charge de ces frottis par la colposcopie : - si la femme est HPV négatif, on arrête les investigations - si elle est HPV positif, on fait une colposcopie et la probabilité de retrouver une lésion de haut grade sous-jacente passe de 8 % pour tous les ASC-US confondus, à 20 % pour les ASC-US HPV positifs. O LA Les recommandations émises en 2002 par l’ANAES pour la prise en charge des frottis ASC-US sont pratiquement calquées sur celles existant déjà aux EtatsUnis avec trois alternatives de prise en charge. c Suivi par frottis : l’ASC-US étant banal, avec absence de lésions 9 fois sur 10, les patientes seront suivies seulement par frottis : • après 6 mois, si le frottis est négatif, on pratique un autre frottis 6 mois plus tard et si ce dernier est négatif, on passe à un suivi annuel • en revanche s’il est positif à 6 mois, on pratiquera une colposcopie. Cette option “frottis” est facile et pratique, mais manque de sensibilité, le frottis ASC-US pouvant passer à côté des lésions de haut grade dans 30 % des cas. c Colposcopie immédiate si frottis ASC-US : elle est très sensible pour reconnaître les lésions de haut grade, mais manque de spécificité dans beaucoup de situations. c Test HPV/PCR : la sensibilité du test HPV Amplicor à reconnaître les lésions de haut grade est de 98 %. Donc il y a très peu de cas de lésions de haut grade réelles qui échapperaient à un test HPV positif. Sa VPN est de 98 %. Vous avez évalué le test Roche “Amplicor HPV”, quelles sont vos conclusions sur ses performances cliniques ? J DE 29 B I O M É D I CA L E - N ° 73 - N O V E M B R E 2 0 0 5 SANTÉ DE LA MÉD I CA LI SATI O N FEMME frottis n’est pas toujours pertinent pour identifier des lésions résiduelles ou futures. Et on sait, d’autre part, que chez ces personnes la sensibilité du test HPV à identifier des lésions résiduelles ou de nouvelles lésions, est également supérieure à 98 %, donc nettement plus sensible que le frottis. Il n’y a pratiquement pas ou très peu de lésions résiduelles ou récurrentes qui échapperaient à un test viral dans le suivi post-opératoire de ces femmes. L’ANAES va examiner cette indication pour l’inscrire à la Nomenclature des actes de biologie médicale dans le cas du suivi des femmes traitées. Place du test HPV dans les frottis de bas grade et chez la femme de plus de 40 ans En général le test n’est pas nécessaire car dans 83 à 85 % des cas, il y a du Papillomavirus à risque ; donc il n’y a pas de triage à faire dans cette catégorie de frottis. Cependant, on sait que la prévalence de l’infection HPV dans les frottis de bas grade est fonction de l’âge : elle est forte chez les jeunes femmes de moins de 30 ans (80 %), et elle diminue avec l’âge, devenant équivalente à celle des ASC-US, de l’ordre de 50 %. Il pourrait donc y avoir intérêt à faire un test HPV dans les frottis bas grade pour les femmes de plus de 40 ans, mais ceci n’est par recommandé par l’ANAES, donc pas remboursé. Test HPV et “impression colposcopique” Chez les femmes adressées en colposcopie, le test HPV peut-il aider celui qui la pratique à anticiper le diagnostic à l’aide de l’évolution colposcopique ? La réponse est oui, nous l’avons démontré avec le test HPV Amplicor. En effet, ce test augmente la sensibilité de la colposcopie, c’est-àdire les chances du clinicien à reconnaître les cols normaux des cols anormaux ; il en retire une “impression colposcopique” et, ensuite le diagnostic est fait à l’histologie. Donc “l’impression colposcopique” peut être améliorée par le test HPV. Cependant, s’il n’est pas question de faire un test HPV dans toutes les situations colposcopiques, ce test est utile dans certaines autres situations, où la vision d’un spécialiste même averti est insuffisante. C’est le cas par exemple, des modifications mineures de la zone de transformation, et de toutes les lésions situées topographiquement dans le canal cervical, lequel est difficile à explorer et où les biopsies ne peuvent pas toujours être faites. Ce qui est important, c’est que lorsque le test HPV est négatif, on a la quasi-certitude qu’il n’y a pas de lésions et qu’on n’a donc pas besoin de faire un geste agressif. En revanche, si le test est positif, on va considérer les choses autrement. Ainsi, il y a des situations colposcopiques où le test peut aider le clinicien à prédire les anomalies ou à libérer la femme d’une exploration plus importante. En résumé, l’intérêt du test HPV selon la catégorie de frottis est directement lié à la fréquence de l’infection HPV. Pour les frottis haut grade (H.SIL), comme nous l’avons vu, il n’y a aucun intérêt à faire un test HPV puisque dans plus de 90 % des frottis il y a de l’HPV associé. En somme, l’intérêt du test HPV pour “trier” les femmes qui ont un frottis anormal, est lié à la fréquence de l’infection dans la catégorie de frottis concernée. Plus la fréquence est élevée, et moins ce “tri” est nécessaire. » Le remboursement du test HPV est limité aux frottis ASC-US : dans votre expérience et votre pratique, y a-t-il d’autres cas où cette prescription vous semble recommandée ? Le test HPV dans le suivi des femmes traitées « Dans le suivi des femmes traitées, par exemple pour une dysplasie, après conisation... ou laser, on sait que le Frottis anormal : conduite à tenir ASC-H H.SIL AGC (anomalies glandulaires) Colposcopie immédiate Colposcopie immédiate ou frottis différé à 6 mois L.SIL Colposcopie immédiate, ou frottis différé à 6 mois, ou typage viral HPV ASC-US J O U R N A L Test HPV et dépistage primaire La dernière situation, qui s’inscrit dans une forte perspective d’avenir, est celle de l’introduction du test HPV dans le dépistage primaire, c’est-à-dire le “toutvenant”. Le frottis traditionnel a une sensibilité de détection inférieure à 70 %, et il y a des frottis normaux avec des lésions sous-jacentes ; la sensibilité passe à 99 % si l’on rajoute le test HPV au frottis de dépistage, ce D ’ I N F O R M A T I O N 30 B I O M É D I CA L E - N ° 73 - N O V E M B R E 2 0 0 5 SANTÉ qui veut dire qu’aucune lésion significative n’échappera à ce test combiné. Un frottis est pertinent en termes de détection s’il s’inscrit dans un calendrier régulier, à savoir, en France, en moyenne tous les 2 (voire 3) ans, pour les femmes de 20 à 65 ans. Mais dans la pratique, cette régularité n’est pas observée, ce qui explique qu’on observe encore des cancers aujourd’hui. En permettant d’élever le seuil de sensibilité à 99 %, on va se focaliser sur les populations étiquetées à risque, et libérer la majorité des femmes d’un dépistage rapproché, qui elles ne sont pas à risque. » En résumé, le génotypage est intéressant dans la prise en charge des frottis anormaux, dans le suivi des femmes traitées et dans le dépistage primaire où il va permettre de réduire les coûts. L’un des obstacles majeurs à l’utilisation du test HPV en dépistage primaire est son coût : en effet, chez les femmes de plus de 30 ans il y a 5 à 7 % de femmes HPV positives, mais avec frottis négatif, normal et sans lésions. Dans ce cas le génotypage des HPV 16 et 18 va permettre de réduire considérablement le nombre de femmes nécessitant un suivi rapproché. Or, aujourd’hui, pour pallier l’absence de recommandation et de prise en charge du génotypage HPV 16 et 18 chez ces femmes HPV positives et frottis négatif, on a recours à la notion de “persistance” comme “marqueur” indirect de risque lésionnel actuel ou futur. Ainsi, on refait un test HPV 12 à 18 mois plus tard : si le test est positif, on considère la patiente comme persistante pour l’infection HPV ; cette persistance est une indication de colposcopie. Cependant, cette persistance aura une signification très forte pour les types HPV 16 et 18, mais relative pour les autres types viraux. dépistage primaire, car dans cette population la prévalence de l’infection HPV est si forte qu’on a, avec le test HPV, une VPP basse. - Après 30 ans, on va stratifier en fonction du risque sans oublier que 9 femmes sur 10 sont HPV négatives. On va donc concentrer ses efforts de dépistage sur les 10 % de femmes restantes. Des études économiques et de modélisation concernant cette approche, ont montré un rapport coût/bénéfice favorable en terme de santé publique. On va donc s’orienter dans l’avenir vers l’utilisation du test HPV dans le suivi des femmes traitées et en dépistage primaire, en gardant à l’esprit qu’on aura toujours le problème de la couverture, l’amélioration de la performance d’un test n’amenant pas forcément les femmes à se faire dépister. Cette stratégie de dépistage (frottis et test HPV) a été Charge virale et colposcopie Enfin, avec la PCR qui permet de quantifier une charge virale, celle-ci peut être considérée comme un bon marqueur lésionnel. Ainsi par exemple, un frottis normal mais HPV positif avec une charge virale élevée sera probablement une indication de colposcopie, même si la cytologie est négative. déjà retenue aux Etats-Unis, elle permet de sélectionner les populations à risque, à savoir en moyenne 12 à 15 % des femmes après 30 ans, et libérer d’un dépistage trop rapproché celles qui sont HPV négatives. Quel sera dans l’avenir la place du génotypage ? Quel est l’apport de la technique PCR ? En résumé il existe 3 indicateurs lésionnels intéressants : - la persistance de l’infection HPV+ - la charge virale quantitative en PCR ou semi-quantitative, - le génotypage HPV 16-18 : on sait en effet parfaitement que ce sont les lésions à génotype 16-18 qui persistent le plus, et que les autres ont tendance à “clearer”. » Génotypage et prise en charge des frottis anormaux « Les tests dont nous disposons actuellement détectent un cocktail de 13 à 15 génotypes de Papillomavirus (sur les 37) que l’on retrouve le plus souvent dans les lésions à risque. De ce fait on augmente la sensibilité du test. Or on sait que la prévalence des génotypes HPV 16 et 18 dans les frottis normaux et dans les cancers, est celle qui est la plus importante, essentiellement en Europe et aux EtatsUnis, ce qui représente 85 % des cas sur les 2 continents. U R N A L D ’ I N F O R M A T I O FEMME Génotypage et vaccination Le génotypage va être très utile dans la perspective de l’arrivée sur le marché de vaccins contre les types 16 et 18. Il serait du reste intéressant d’examiner l’efficacité vaccinale à travers le génotypage. - Avant l’âge de 30 ans, pas de test HPV dans le O LA Le ratio de la prévalence de l’infection HPV 16 et 18 dans les frottis bas grade et dans les cancers, est de 1/2, ce qui veut dire que toutes les lésions de bas grade ne vont pas évoluer vers des cancers ; ce sont les lésions de bas grade HPV 16 et 18 qui vont être clairement en relation avec les cancers. Donc le génotypage va permettre de sélectionner des populations à risque lésionnel de cancer, et que l’on va prendre plus particulièrement en charge. Approche du test HPV en dépistage primaire J DE N Référence J. Monsonego et al. Performance of the Roche Amplicor® Human papillomavirus (HPV) test in prediction of cervical intraepithelial neoplasia (CIN) in women with abnormal PAP smear. Accepté 14/07/2005 in Gynecologic Oncology Contact : [email protected] 31 B I O M É D I CA L E - N ° 73 - N O V E M B R E 2 0 0 5
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