LA BAD À L`HEURE DES DÉFIS
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LA BAD À L`HEURE DES DÉFIS
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 INTERVIEW S. MENSAH, ANALYSTE SENIOR STANDARD & POOR’S N° 323 - 21 au 27 mai 2015 Hebdomadaire international lesafriques.com Parce que l’information a de la valeur LA BAD À L’HEURE DES DÉFIS SOMMAIRE LES AFRIQUES N° 323 - 21 au 27 mai 2015 Parce que l’information a de la valeur La BAD à l’heure des défis EDITORIAL MAROC Mustafa El Khalfi, une fois de plus irresponsable. Le ministre de la Communication marocain signe l’acte de décès de la presse écrite 04 BAROMÈTRE Un réseau de six centres médicaux à travers l’Afrique et l’Asie sera mis en place par Bill Gates 06 BRUITS DE MARCHÉ Mali : La fraude a fait perdre 233 millions d’euros à l’État 08 ARRÊT SUR IMAGE Photo de famille du président américain Barack Obama avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG) 12 VERBATIM 14 BANQUES & ASSURANCES INTERVIEW SAMIRA MENSAH Une réelle volonté de diversification du secteur financier 16 AFRIQUE Necotrans accompagne la tournée de Stromae 18 BANQUE ATLANTIQUE ABIDJAN Guy Martial Awona, nouveau directeur général adjoint 19 BOURSES & FONDS CAMEROUN 10 milliards de f CFA de titres publics levés 20 ENTREPRISES & MARCHÉS CASABLANCA Inauguration d’un 2ème Centre de dépollution du littoral 22 MALI Lancement de la construction de Sheraton Bamako 24 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE BURUNDI Il faut sortir de la République bananière 26 BURUNDI Pierre Nkurunziza, le mandat de trop 29 AFRIQUE CENTRALE La Turquie affiche ses ambitions 30 TCHAD Un pays en pleine mutation 31 ARRÊT SUR IMAGE Des manifestants, contre la candidature du président sortant Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat 34 DOSSIER La BAD à l’heure des défis ZOOM PROSPECTIVE De l’économie mondiale et de l’impact du cours du pétrole sur les équilibres macro de l’Algérie 2015-2020 PIED DE LETTRE De la réorganisation du commerce africain 36 50 74 Au terme de son deuxième mandat, le Rwandais Donald Kaberuka qui a passé 10 ans à la tête de la BAD va céder sa place à l’un des 8 candidats en lice pour sa succession. Le nom du nouveau patron de cette institution sera connu le 28 mai 2015 lors des Assemblées générales prévues à Abidjan. La bataille de succession est plus que jamais engagée. 36-49 Samira Mensah Une réelle volonté de diversification du secteur financier Samira Mensah, analyste Senior à S&P, relate ici, entre autres, une amélioration de la performance économique du Maroc qui se traduit par une croissance du secteur financier, même si elle est différenciée selon les branches, la volonté des autorités à soutenir le secteur… 16-17 Casablanca Inauguration d’un 2ème Centre de dépollution du littoral Le système anti-pollution du littoral Est du Grand Casablanca a été inauguré, le 13 mai 2015, par le Roi Mohammed VI. Ce chantier, qui a nécessité un investissement global de plus de 1,45 Mrd de DH, vient parachever la dépollution du 22-23 littoral Atlantique. Burundi Pierre Nkurunziza, le mandat de trop Au Burundi, la situation reste toujours confuse, après la tentative de putsch avorté. Mais de toute évidence, les populations, descendues dans les rues de Bujumbura, semblent décider en découdre avec le président Nkurunziza qui a réussi à chasser les putschistes... 29 21 mai 2015 Les Afriques .3 ÉDITORIAL Abderrazzak Sitaïl, Directeur de Publication Maroc Mustafa El Khalfi, une fois de plus irresponsable. Le ministre de la Communication marocain signe l’acte de décès de la presse écrite L ors d’une rencontre sur l'évolution de la presse électronique au Maroc, Mustafa El Khalfi oublie qu’il est ministre de la Communication et affirme que «l'avenir appartient aux médias numériques» et à «la presse électronique». Des propos qui sonnent comme la mort de la presse papier. «L'avenir appartient aux médias numériques» et à «la presse électronique», tels sont les propos du ministre de la Communication marocain, Mustafa El Khalfi, lors de la rencontre organisée par son département sur «L'évolution de la presse électronique au Maroc, entre les contraintes du modèle économique et les défis de la pratique professionnelle». Quelle irresponsabilité ? Lorsqu’on sait que de tels propos peuvent être interprétés comme un acte de décès de la presse écrite. Les investisseurs et les banques risquent de penser qu’il ne faut plus investir dans la presse écrite et les lecteurs de ne plus acheter les journaux. Devons-nous rappeler à monsieur El Khalfi que le rôle d’un ministre est de veiller à l’intérêt général ? Un expert indépendant peut se permettre de faire une telle LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur Groupe Les Afriques Edition & Communication SA au capital de 2’657’600.- CHF Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse Président Administrateur Délégué Abderrazzak Sitaïl Les Afriques Edition & Communication Europe SARL au capital de 160.000 € 75, avenue Parmentier, 75544 Paris Cedex 11 Les Afriques Communication & Edition Maghreb SARL au capital de 1.000.000 DH 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 déclaration devant les médias, mais pas un ministre qui se doit de mener des actions dans l’intérêt général du secteur. Dans d’autres pays, un tel dérapage aurait conduit le ministre à prendre ses responsabilités et présenter sa démission. Les éditeurs de presse n’ont pas réagi, comme si la presse écrite était vraiment morte, comme l’affirme ce ministre. Soulignons que la presse marocaine compte des centaines de publications en version papier et des milliers de journalistes. Faut-il également rappeler à Mustafa El Khalfi que les plus grands médias numériques dans le monde ont été construits à partir des titres de la presse papier, comme le New York Times, le Monde ou encore Financial Times. Un bilan sur l’évolution de la presse électronique ne peut se faire sur la base de quelques sites d’information qui émergent sans beaucoup de professionnalisme et sans une véritable légitimité. Certes la presse électronique connaît une évolution importante ces dernières années, mais ce n’est pas une raison pour mettre aux oubliettes les autres supports médias qui ont tout aussi le mérite d’exister. Rédaction Olivier Tovor, Lomé, Marie-Pier Boucher, Casablanca, François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca, Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis. Responsable e-Marketing Comité Scientifique Abdelaziz Enasri, Paris. Finance et Partenariats Internationaux. Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Responsable Abonnement et Distribution Hasnae Elmadani [email protected] Révision Hassan Radi Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Edition Internet – en français Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Rédacteur en chef exécutif Daouda MBaye [email protected] Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Rédacteur en chef délégué : Ismaïla Aidara, Uemoa. Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM 4 Les Afriques . 21 mai 2015 Khalid Essajidi Responsable Communication et Marketing Nada Benayad [email protected] Publicité [email protected] Base de données Mokhtar Lasmar Abonnement [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 Edition internationale Commission paritaire : 1017 C 89135 Edition Maroc B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008) Crédit photos AFP, DR © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM BAROMÈTRE Chiffres 4,4 EN FORME Mmusi Maimane, 34 ans, est le premier Noir élu à la tête de l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition de l’Afrique du Sud. Surnommé «le Barack Obama de Soweto», il succède à Helen Zille, 64 ans, qui a dirigé la DA pendant huit ans. Qualifiée de «parti blanc», la DA a récolté 22% des voix lors des élections législatives de 2014. Mmusi Maimane avait par ailleurs réussi à faire participer la DA aux élections municipales de Johannesburg en 2011. El Hossein Louardi Le droit à l’avortement au sein du Royaume chérifien a obtenu la faveur du ministre marocain de la Santé, El Hossein Louardi, pour qui la légalisation de cet acte est autant une question médicale que sociale. En ce qui concerne la révision de la loi sur l’avortement, il défend les cas d’inceste, de viol et de malformations fœtales, affirmant que «la femme devrait disposer de son corps». MILLIARDS D’EUROS Rachat d’AOL par Verizon 450 MILLIARDS DE DOLLARS Rafik Khalifa Accusé d’escroquerie pour la faillite de la banque portant son nom, Rafik Khalifa, ancien homme d’affaires algérien, a nié toutes les accusations qui pèsent contre lui lors de son procès en cassation. En plus d’affirmer que sa banque n’avait aucun problème financier avant qu’il quitte l’Algérie pour se réfugier au Royaume-Uni, l’ex-PDG de Khalifa Bank a déclaré que la source de ses ennuis provenait de la France. Besoins d’investissements en énergie pour combler le déficit en Afrique 179 MILLIONS DE DOLLARS Le tableau de Picasso «Les femmes d’Alger», adjugé aux enchères Mahfouz Saber Des propos ségrégationnistes ont été émis par Mahfouz Saber, ministre égyptien de la Justice, sur les ondes de Ten TV à l’encontre des éboueurs. Selon lui, «le fils d’un employé de nettoyage» ne peut pas être nommé magistrat pour des raisons de «respectabilité». Cette déclaration, condamnée de toutes parts, a provoqué la démission du ministre. Une demi-heure plus tard, son remplaçant était déjà désigné. 5 MILLIONS DE DOLLARS Bill Gates Un réseau de six centres médicaux à travers l’Afrique et l’Asie sera mis en place par Bill Gates. Avec ce projet, le fondateur de Microsoft vise à réduire la mortalité infantile et à prévenir les épidémies, telles que celle d’Ebola, par le biais de données qui seront recueillies dans les centres, ce qui permettrait également de développer les vaccins adéquats rapidement. Un investissement initial de 75 millions de $ pour financer le réseau de surveillance a été prévu par la Fondation Bill & Melinda Gates. 6 Les Afriques . 21 mai 2015 Fonds de l’OCP pour l’engrais, en faveur des exploitants agricoles africains 400 000 UNITES Nombre de véhicules produits par l’usine Renault de Tanger OMS L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est pointée du doigt par les 8 experts enquêteurs mandatés par l’ONU, en raison de sa lenteur à annoncer l’épidémie Ebola, ce qui, selon leur rapport, aurait favorisé son développement en Sierra Leone et au Libéria. Les experts soulignent que les alertes concernant Ebola avaient été lancées par l’OMS entre mai et juin 2014, alors que l’épidémie avait commencé en décembre 2013 en Guinée. EN PANNE Mmusi Maimane Taxes UE sur des importations d’acier A partir de jeudi 14 main 2015, l’Union européenne a commencé à imposer des droits antidumping sur les importations de certains produits d'acier en provenance de Chine, du Japon, de Russie, de Corée du Sud et des Etats-Unis. Il s’agit de la seconde décision, depuis le début de l'année, pour protéger le secteur sidérurgique européen. Les responsables européens trouvent que ces droits antidumping concernent les produits laminés plats en acier au silicium dits «magnétiques» à grains orientés, visés par une plainte d’Eurofer, la fédération européenne des industriels du secteur, déposée en juin 2014. Chute du cours des métaux de base L’évolution de la demande chinoise pour les des métaux de base est surveillée comme du lait sur le feu par les investisseurs. C’est de bonne guerre, car ce pays en est le premier consommateur mondial. Ils ont ligne de mire la décision de la banque centrale chinoise d'abaisser ses principaux taux directeurs, pour la 3ème fois depuis novembre : une faiblesse plus marquée que prévu de la croissance ? Dans tous les cas, avec le recul de la consommation chinoise, les cours des métaux de base reculent à Londres. Sur ce marché, la tonne de zinc, qui s’est établie à 2 355 $, s’est dépréciée de 0,97%. Quant au cuivre, il a reculé de 0,2%, pour s’échanger à 6 387,50 $ la tonne. Shell va forer dans l’Arctique Le groupe pétrolier Shell vient de recevoir l’autorisation du gouvernement américain d’installer, sous conditions, des forages de pétrole ou de gaz dans l'océan Arctique, au large de l'Alaska. En effet, le département de l'Intérieur, aussi chargé de l'environnement, a autorisé le groupe pétrolier anglo-néerlandais à lancer des forages dans la mer de Chukchi. Aux activistes et autres écologistes qui se soucient de la protection de l’environnement, Abigail Ross Hopper, directrice générale de l’Agence fédérale chargée de la gestion des océans (Boem), a assuré qu’un «niveau élevé d'exigence» a été retenu, afin de protéger l'écosystème de la région… Cours des monnaies et devises 100 dinars Algérie (DZD) = 1,019 $ 100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,343 $ 100 kwanzas Angola (AOA) = 0,913 $ 100 livres Égypte (EGP) = 13,106 $ 100 birrs Éthiopie (ETB) = 4,87 $ 100 cedis Ghana (GHS) = 25,840 $ 100 shillings Kenya (KES) = 1,036 $ 100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $ 100 dirhams Maroc (MAD) = 10,305 $ 100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $ 100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $ 100 roupies Maurice (MUR) = 2,861 $ 100 kwachas Malawi (MWK) = 0,226 $ 100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,624 $ 100 dinars Libye (LYD) = 72,829 $ 100 dollars Namibie (NAD) = 8,343 $ 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,141 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,023 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 51,928 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,049 $ 100 shillings Ouganda (UGX) = 0,033 $ 100 francs Zone CFA (XOF) = 0,171 $ Agenda Casablanca : Carrefour Africain le 27 juin 2015 Référence incontournable pour l’emploi en Afrique, le Carrefour Africain est un lieu d’échanges entre les entreprises, les jeunes diplômés et les cadres expérimentés. Il aura lieu le 27 juin 2015 à Casablanca. Ainsi, cette plateforme de recrutement accueillera plusieurs acteurs économiques africains ainsi que les meilleurs candidats et entrepreneurs en termes de formations, de compétences et d’expériences professionnelles. Marrakech : 8ème édition du Forum africain des infrastructures (FAI) Organisé par i-Conférences, le FAI réunira plus de 300 décideurs régionaux qui débattront autour des enjeux majeurs liés au développement des infrastructures dans leurs composantes routières, portuaires et aéroportuaires, aux PPP ainsi qu’au financement et montage des projets d’infrastructures dans l’Afrique francophone. Une édition prévue du 22 au 24 octobre 2015 à Marrakech. Abidjan : IT Forum Côte d’Ivoire 2015 du 18 au 19 juin 2015 La 7ème édition d’IT Forum Côte d’Ivoire aura pour thème «Transformation digitale et transformation énergétique, quel enjeu pour l’Afrique en général et la Côte d’Ivoire en particulier». À cette occasion, des experts nationaux et internationaux ainsi que des ministres ivoiriens se prononceront sur l’impact du numérique pour l’émergence en Côte d’Ivoire. Dakar : 11ème édition des Cauris d’Or Les talents les plus prestigieux de la vie économique, tous domaines confondus, seront célébrés à Dakar, le 6 juin 2015, lors de la 11ème édition des Cauris d’Or, un évènement qui honore le savoir-faire des chefs d’entreprise et le génie des hommes d’affaires africains. Les grands décideurs de la mise en valeur du monde économique, financier, scientifique et culturel ainsi que les personnalités internationales et les leaders d’opinion ayant contribué au développement du Sénégal, de l’Afrique et du monde, s’y donneront donc rendez-vous. 21 mai 2015 Les Afriques .7 BRUITS DE MARCHÉ Mali : La fraude a fait perdre 233 millions d’euros à l’État Selon les conclusions des rapports 2013 et 2014 remis au président, Ibrahima Boubacar Keïta, les malversations et la mauvaise gestion ont fait perdre 153 milliards de f CFA, l’équivalent de 233 millions d’€, à l’État malien entre 2010 et 2013. De manière plus détaillée, les comptes rendus concernant les exercices des administrations publiques de ces annéeslà, menés par Amadou Ousmane Touré, vérificateur général du pays, font état de «80,21 Mrds de f CFA dont 12,28 milliards de f CFA de fraude et 67,93 Mrds de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2013, et 72,97 milliards de f CFA dont 33,95 milliards de fraude et 39, 02 milliards de f CFA de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2014». La Chine est devenue le premier im- Pakistan : Réception d’un prêt du FMI portateur de pétrole dans le monde de 500 millions de $ Depuis avril, le premier importateur de pétrole de la planète est la Chine. Avec 7,37 millions de barils de pétrole importés par jour sur le mois, il s’agit d’une première pour la République populaire qui a devancé les États-Unis dont l’importation s’élève à 7,2 millions de barils. Le remplissage des réserves de pétrole de ce pays d’Asie de l’Est est non seulement dû à la chute du cours de l’or noir de l’année 2014, mais également à la signature d’un accord sur le nucléaire iranien qui incita la deuxième puissance économique mondiale à augmenter ses commandes à Téhéran. Il y a dix ans, la Chine importait environ un million de barils par jour, pendant que les États-Unis en importaient plus de dix millions. Principal consommateur d’énergie, le pays le plus peuplé du monde occupe la tête des classements établis pour la quasi-totalité des matières premières consommées. Suite à un plan d’aide triennal du Fonds monétaire international (FMI), le Pakistan recevra 506 millions de $ en juin. C’est le respect de la cible du déficit (4,9% de son PIB), du niveau de ses dépenses sociales et de ses réserves de devises étrangères qui ont garanti le versement de ce montant afin d’aider ce pays importateur de pétrole à relancer son économie, dont la croissance est freinée par une grave crise énergétique. Le FMI espère ainsi une croissance de 4,1% du PIB pakistanais pour l’année fiscale qui se terminera le 30 juin, puis de 4,5% pour la prochaine année. Éthiopie : La Banque mondiale finance la 2ème phase du programme de développement agricole La seconde phase du programme de développement agricole éthiopien sera financée par la Banque mondiale d’un montant de 350 millions de dollars. Les petits agriculteurs seront 1,6 millions à bénéficier du financement de ce programme, dont la deuxième phase concerne plus de 157 districts ruraux comparativement aux 96 de la première phase. «L’appui à ces districts qui disposent d’un potentiel agricole élevé stimulera également le secteur de la transformation», assure Guang Chen, représentant de la Banque mondiale de l’Éthiopie. Le secteur agricole du pays emploie environ 80% de la population active. Les progrès enregistrés dans ce domaine ont largement contribué à réduire le taux de pauvreté de cet État africain, indique un rapport de la Banque mondiale. 8 Les Afriques . 21 mai 2015 Attijariwafa Bank, 22ème Maroc : l’UE finance 42,4 millions d’euros des capitalisations pour un projet d’énergie solaire boursières africaines Le projet de construction de la centrale solaire Noor III s’est vu accor- Au Top 100 des capitalisations boursières africaines, Itissalat Al-Maghrib et Attijariwafa Bank se positionnent respectivement à la 17ème et 22ème place, tous secteurs confondus, selon un classement de l’édition avril-mai 2015 du magazine Forbes Afrique. Les deux premières capitalisations de l’Afrique du Nord sont Itissalat Al-Maghrib avec une hausse de 27% et Attijariwafa Bank avec une croissance de 21%. Leurs valorisations sont de l’ordre de 11,8 Mds de $ pour la première et de 8,2 Mds de $ pour la seconde. Dans le secteur bancaire nord-africain, Attijariwafa Bank est premier. der un don de 465 millions de dirhams (environ 42,4 millions d’euros) par l’Union européenne, à la suite d’un accord signé par Miguel Arias Cañete, commissaire européen au climat et à l’énergie, ainsi que par Mustapha Bakkoury, président de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen). Il s’agit du troisième financement apporté par Bruxelles pour la réalisation de cette troisième centrale thermosolaire. En effet, Noor I avait obtenu plus de 300 millions de dirhams et Noor II plus de 440 millions de dirhams, ce qui chiffre l’enveloppe des donations à 1 235 milliards de dirhams. Le coût du projet, que le saoudien Acwa Power et son partenaire espagnol Sener accompliront, est évalué à près de deux milliards d’euros. Situé à Ouarzazate, dans le sud du Maroc, ce complexe énergétique aura une capacité comprise entre 100 et 150 mégawatts. À l’horizon 2020, ce parc solaire devrait permettre au Royaume de subvenir à 42% de ses besoins énergétiques. Duet Group lance une chaîne d’hôtel africaine Afrique du Sud : 2,6 millions de $ en équipements TIC pour 27 librairies publiques Duet Africa Hotels, une filiale chargée de la conception, de la réalisation et de l’exploitation d’hôtels milieu et haut de gamme en Afrique subsaharienne verra le jour grâce à un partenariat entre la société d’investissements Duet Group et Bouygues Bâtiment International, filiale du français Bouygues Construction. Cette association vise à répondre à la forte demande hôtelière qui existe en Afrique alors que l’offre est limitée. En effet, le continent ne dispose actuellement que d’environ 84 000 chambres d’hôtel, dont la majorité se situe en Afrique du Sud et au Maghreb. Les pays qui seront privilégiés par cette chaîne hôtelière seront donc le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Mozambique, le Kenya et l’Ouganda. Duet Group et Bouygues Bâtiment International devront débourser 200 millions $ pour la mise en œuvre de ce projet. Grâce à un partenariat entre la Librairie nationale d’Afrique du Sud et la Fondation Bill & Melinda Gates, 27 librairies publiques d’Afrique du Sud seront dotées d’équipements TIC et d’une connexion Internet gratuite. Ce projet, d’un coût de 32 millions de rands (2,6 millions de $), profitera à trois librairies de chacune des neuf provinces du pays. Les 27 librairies publiques retenues recevront respectivement 20 ordinateurs, 10 tablettes numériques, 10 lecteurs numériques, un scanneur et une salle de jeux; une valeur totale pour chacune d’elles de 470 000 rands (39 433 $). L’accès aux ressources numériques permettra aux Sud-Africains d’accéder plus facilement aux connaissances pour être mieux informés et plus aptes à participer pleinement à l’essor de leur pays. Afrique du Sud : Investissement de 623 millions de $ par sept constructeurs automobiles L’Association nationale sud-africaine des constructeurs automobiles (Naamsa) a annoncé un investissement de 7,5 milliards de rands (623 millions de dollars) en Afrique du Sud de la part des sept plus grands constructeurs automobiles établi dans ce pays, dont Ford, BMW et Toyota. « Des investissements de cette ampleur confirment l’engagement des entreprises multinationales opérant dans l’industrie automobile en Afrique du Sud », a souligné Johan van Zyl, président de la NAAMSA. La contribution de l’industrie automobile au PIB du pays le plus industrialisé du continent est d’environ 6% et représente 12% de ses exportations. 21 mai 2015 Les Afriques .9 BRUITS DE MARCHÉ Zambie : La FIDA procure 15 millions de $ au secteur de l’élevage Une série d’accords d’un montant total supérieur à 15 millions de dollars a été signé entre la Zambie et le Fonds international de développement de l’agriculture (FIDA) afin de financer un programme de développement de l’élevage qui profitera à plus d’un million d’éleveurs. Le coût total du programme évalué à 46,3 millions de dollars sera également financé par le gouvernement zambien d’une somme de 10,6 millions de dollars ainsi que par les populations bénéficiaires à raison de 8,6 millions de dollars. Une autre partie du financement nécessaire à la mise en fonction du programme est en cours de négociation par les autorités zambiennes avec des partenaires tels que le fonds de l’Organisation des pays producteurs de pétrole pour le développement international. Burundi : Le soutien financier de la Belgique suspendu Côte d’Ivoire : La filiale marocaine Platinum Power projette de construire 3 barrages Le budget de 4 millions d’euros (environ 5,4 millions de dollars) prévu par la Coopération belge au développement afin de soutenir les élections municipales du 26 mai ainsi que la présidentielle du 26 juin au Burundi a été suspendu en raison des violents affrontements que subit le pays et du non-respect des accords de paix d’Arusha selon lesquels la fonction présidentielle doit être limitée à deux mandats. Un montant de 2 millions d’euros a toutefois déjà été versé par la Belgique avant que la situation du Burundi dégénère. Dans la même optique, le projet de soutien à la police policière burundaise, mené conjointement par la Belgique et les Pays-Bas, a été suspendu provisoirement. Le budget de cette coopération policière s’élevait à 5 millions d’euros (environ 6,8 millions de dollars). Un investissement de 450 milliards de f CFA, soit 750 millions de dollars, pourrait être effectué par Platinum Power, filiale marocaine du capital investisseur américain Brookstone Partners, dans la construction de trois complexes hydroélectriques en Côte d’Ivoire. D’après Kamal Abdelhafid, directeur de la stratégie et de l’ingénierie de Platinum Power, les travaux de construction débuteront au premier trimestre 2016 pour une durée d’environ cinq ans. Financé en partie par les fonds de la filiale de Brookstone Partners, le projet recevra également l’aide des bailleurs de fonds locaux ainsi que des banques de développement. Japon : Réduction de 99% du capital de Sharp Le fabricant japonais d’électronique Sharp réduira son capital à 99% tout en laissant intacts les droits de vote de ses actionnaires. Son capital actuel de 120 milliards de yens (890 millions d’euros) passera donc à 100 millions de yens (740 000 euros). Cette réduction permettrait à la multinationale de rendre son capital au niveau de celui d’une petite ou moyenne entreprise (PME) afin qu’elle puisse bénéficier d’avantages fiscaux et ainsi éviter la faillite. Les banques Mizuho Financial Group et Mitsubishi UFJ soutiendront Sharp dans son procédé de remise sur pied. Le lundi 11 mai, l’action du spécialiste des écrans LCD a plongé à 31%, du jamais-vu en plus de 40 ans. Repris à 190 yens, le titre a subi une perte de 68 yens, soit une diminution de 26,35%. 10 Les Afriques . 21 mai 2015 Angola : Le prix de l’essence libéralisé L’Angola a décidé de libéraliser le prix de l’essence et de réduire les subventions appliquées aux autres carburants dans le but d’amortir l’effet de la chute des revenus du pétrole. D’après le décret exécutif, ce sera désormais Sonangol Distribuidora, filiale de la Société nationale des hydrocarbures, qui déterminera librement le prix de l’essence du pays, et ce, sans subventions de l’État. Déjà en vigueur, la réduction des subventions appliquées aux autres carburants a engendré une baisse de 21% sur le diesel, ce qui a entraîné une hausse de 25% du prix à la pompe, passant de 60 à 75 kwanzas le litre. Quant au kilo de gaz domestique, il est passé de 45 à 55 kwanzas. Enfin, le prix du kérosène, utilisé par les ménages angolais, a augmenté de 29%, passant de 35 à 45 kwanzas le litre. Notons toutefois que le gaz domestique reste subventionné à hauteur de 67,15%, tandis que le kérosène l’est à hauteur de 44,41%. Bien que l’Angola soit le deuxième producteur de carburant en Afrique, il doit importer la majorité de ce combustible en raison de ses capacités de raffinage insuffisantes. L’Afrique attend 150 millions de touristes chinois en 2020 Un smartphone à 30 euros commercialisé en Afrique par Orange L’Afrique devrait accueillir 150 millions de touristes chinois en 2020. L’année dernière, elle fut la destination de près d’un million et demi de visiteurs chinois, à savoir seulement 3% des 47 millions de touristes étrangers à choisir le continent. Le Kenya, un des pays prisés par les voyageurs chinois, en a reçu 37 000 en 2013. D’ici cinq ans, ce pays Des smartphones équipés du système d’exploitation Firefox OS, développé par Mozilla, sont commercialisés par Orange au Sénégal et à Madagascar pour un peu moins de 32 euros, qui, à ce prix, offrent 1,5 Go de données Internet consommables pendant trois mois. Avec ce smartphone, Orange et Mozilla ambitionnent de «donner accès au web à des millions de personnes ne pouvant jusqu’alors bénéficier d’offres mobiles». En plus d’une mémoire interne de 512 Mo, Orange Klif est équipé d’un écran de 3, 5 pouces, de deux emplacements pour carte SIM et d’une radio. Dix autres pays africains où la compagnie opère, en l’occurrence l’Égypte, la Tunisie, le Cameroun, le Botswana, le Madagascar, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Kenya et l’Île Maurice, pourront bénéficier de cette offre dès ce trimestre. Le smartphone a par ailleurs déjà été lancé en Afrique du Sud avec l’opérateur MTN. compte en accueillir un million et demi. Alors que l’Afrique avait connu une hausse de 150% de touristes chinois entre 2012 et 2013, l’épidémie Ebola, les violences et les risques terroristes ont un impact négatif sur le tourisme africain. En effet, la saison estivale actuelle compte déjà 4% de voyageurs chinois en moins au Kenya. Le Zimbabwe avait également connu une baisse significative du tourisme chinois entre 2013 et 2014, passant de 10 000 à 2 730. Un expert international algérien est nominé membre du conseil scientifique de la Cafrad Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités et expert international algérien, a été nominé membre du conseil scientifique de l’organisation intergouvernementale panafricaine dépendante des Nations unies (Cafrad). Les principales missions de ce nouveau membre concerneront la formation et la recherche dans les domaines aussi bien de la réforme administrative que de la réforme des structures d’État, de l’administration des processus électoraux, du maintien de la paix ainsi que de la reconstruction des administrations postconflits, sans oublier la sécurité et divers autres domaines connexes. Regroupant 37 États membres, la Cafrad mentionne que cette nomination «constitue une reconnaissance de prestige pour l’ensemble de ses travaux scientifiques en rapport avec le continent africain». Dr Abderrahmane Mebtoul 21 mai 2015 Les Afriques . 11 ARRÊT SUR IMAGE Etats Unis d’Amérique Le 14 mai 2015. Photo de famille du président américain Barack Obama avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG), lors d'une réunion au sommet à Camp David dans le Maryland. De gauche à droite, le prince héritier d’Abu Dhabi et commandant de la United Arab Emirates forces armées Mohammed bin Zayed Al-Nahyan, le prince héritier Salman Bin Hamad Al-Khalifa de Bahreïn, le vice-Premier ministre Fahd Ben Mahmoud Al-Saïd d'Oman, l'Emir du Koweït, Cheikh Sabah Al-Ahmed Al-Sabah, Obama, l'émir du Qatar Cheikh Tamim Bin Hamad Al-Thani, le prince héritier saoudien Mohammed Bin Nayef et le secrétaire général du CCG Abdullatif Bin Rashid Al-Zayani. 12 Les Afriques . 21 mai 2015 21 mai 2015 Les Afriques . 13 VERBATIM Victimes «Je trouve qu’en Algérie les femmes s’en sortent bien malgré la décennie noire qui, d’ailleurs, a beaucoup été occultée en Europe. Le monde a fermé les yeux et les femmes, filles, mères ont été les premières victimes du terrorisme» Yamina Benguigui, ex-ministre déléguée chargée de la Francophonie et des Français de l’étranger. Condamner «Notre pays est riche, mais la famille Bongo qui le dirige d’une main de fer depuis près de 50 ans détourne cette richesse à son seul profit, condamnant la plupart des Gabonais à vivre avec le minimum vital. Le Gabon est une République, pas une monarchie. C’est en principe une démocratie, pas une dictature» Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de Brainforest, une ONG qui lutte contre les trafics environnementaux au Gabon. Impunité Retenir «La BAD doit appuyer les gouvernements africains afin de créer et consolider des institutions pour retenir la richesse produite en Afrique» Cristina Duarte, ministre des Finances et du plan du Cap-Vert. Éradiquer «La mission de la Banque mondiale est l’éradication de la grande pauvreté. Or, le changement climatique est une menace directe en la matière» Stéphane Hallegatte, économiste senior à la Banque mondiale. «C’est l’Union européenne qui, en fermant toutes les routes d’accès vers ses États, a acculé tous ceux qui fuient leur pays à converger vers la Libye. Les groupes rebelles s’y trouvent en situation de monopole pour le trafic d’êtres humains. D’autant plus que l’absence d’État leur procure l’impunité» Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France. Défendre «Il est logique de s’inquiéter d’un glissement possible vers la guerre civile. D’autant que les deux camps campent sur leur position. Mais pour l’heure, ceux qui se mobilisent contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza sont issus de la classe moyenne. Ils veulent défendre la démocratie. Il n’y a rien d’ethniciste dans leur mobilisation» Samuel Pommeret, responsable de l’Afrique des Grands Lacs du CCFD-Terre solidaire. Soutenir «Il y a encore beaucoup de travail à faire pour soutenir les familles et le pays, à l’issue d'une épidémie d'Ebola» La Croix-Rouge. Innover «Nous voulons innover pour nous approcher des standards internationaux. L’IPSP permettra de voir la progression des activités économiques et donnera aussi des réponses claires quant à la contribution du secteur privé au PIB ivoirien» Jean Kacou Diagou, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI). 14 Les Afriques . 21 mai 2015 Victoir «Les souffrances des Guinéens n’ont que trop duré et il est temps d’aller affronter par tous les moyens légaux les obstacles qui assaillent sans cesse le quotidien des populations. Osons avec courage et patriotisme pour gagner. Que la bataille démocratique commence jusqu’à la victoire finale» Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire en Guinée et candidat à la présidentielle. Affaires «Un banquier d’affaires, c’est comme une prostituée» Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. BANQUES & ASSURANCES INTERVIEW SAMIRA MENSAH Une réelle volonté de diversification du secteur financier Samira Mensah, analyste Senior à S&P, relate ici, entre autres, une amélioration de la performance économique du Maroc qui se traduit par une croissance du secteur financier, même si elle est différenciée selon les branches, la volonté des autorités à soutenir le secteur… a aussi insisté sur le rôle de l’agence de notation. Samira Mensah, analyste senior Standard & Poors Financial Services Ratings L es Afriques : Suite à vos différentes missions d'analyses et d'examens de banques et compagnies d'assurance, comment appréciez-vous le potentiel du marché marocain ? Samira Mensah : Nous estimons qu’il y a un bon potentiel de croissance du marché bancaire et assurantiel dans le Maghreb et le Maroc en particulier. Le Maroc connaît une amélioration de sa performance économique, ce qui est un facteur favorable à la croissance du secteur financier dans son ensemble. Il y a toutefois quelques différences de dynamique de croissance entre les deux secteurs. Le secteur bancaire présente aujourd’hui des capacités accrues d’octroi de crédit à l’économie suite à la diminution de la pression sur sa liquidité résultant de l’amélioration 16 Les Afriques . 21 mai 2015 du déficit courant en 2014. De plus, les bonnes perspectives de croissance du Maroc, notamment dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique laissent présager une reprise du crédit aux entreprises pour 2015. Nous estimons que le secteur du crédit aux particuliers continuera de croître de manière importante notamment tiré par le crédit immobilier. Nous constatons également que le programme de soutien du crédit aux PME et TPE via des conditions de refinancement favorables auprès de la banque centrale commence à porter ses fruits. Les banques marocaines conservent néanmoins des expositions importantes à des secteurs vulnérables tels que la promotion immobilière ou le tourisme qui pourraient, s’ils sont mal maitrisés, impacter leur rentabilité. Au-delà du Avec des primes brutes souscrites représentant 3% du PIB, le Maroc est le deuxième marché le plus important en Afrique, après l’Afrique du Sud. marché domestique, les banques marocaines misent également depuis plusieurs années sur un développement en Afrique subsaharienne, où la rentabilité s’avère supérieure au Maroc, mais présente une certaine volatilité en raison des variations parfois importantes du coût du risque pour ces filiales. Dans le domaine de l’assurance, le contrat-programme (Ndlr : Contrat entre l’Etat marocain et les compagnies) devrait créer de la croissance dans le domaine de l’assurance-vie et des risques de catastrophes naturelles au Maroc. En effet, le programme du gouvernement prévoit l’instauration d’une couverture de catastrophe naturelle qui permettra d’élargir le spectre de risques couverts par les assurances, ainsi qu’un volet de couverture médicale et vie. Avec des primes brutes souscrites représentant 3% du PIB, le Maroc est le deuxième marché le plus important en Afrique, après l’Afrique du Sud. Cela étant, le taux de pénétration reste faible dans un contexte plus global. L’appui de politiques publiques pourrait être un accélérateur de croissance à cet égard. En outre, le Maroc est sur le point d’adopter un cadre réglementaire pour le développement des assurances Takaful, ce qui devrait permettre d’accroître les opportunités de croissance notamment dans le monde rural. Le modèle de Takaful est basé sur le principe de la mutualisation des risques, ce qui pourrait avoir un effet d’inclusion de la population rurale. LA : Sur la base des notations délivrées par votre agence, peut-on avoir des certitudes pour dire que le marché présente une certaine maturité ? S.M. : Notre rôle d’agence de notation de crédit consiste essentiellement à donner notre opinion sur la qualité de crédit relative d’un émetteur par rapport à un autre. Il n’y a pas de certitude que la performance d’un émetteur ou de l’instrument, qu’il a émis, performera en accord avec sa notation de crédit. Cependant, il est important de souligner que nous back-testons (Ndlr : Test rétroactif de validité sur la pertinence d’une stratégie ou d’une modélisation en s’appuyant sur une large ensemble de données historiques réelles) les notes de crédit, attribuées pour un ensemble varié d’émetteurs. Lorsque nous mesurons la performance des notes de crédit attribuées, nous constatons qu’elle est en ligne avec la probabilité de défaut de leurs niveaux respectifs. Ce qui revient à dire que l’opinion de crédit que nous formulons est cohérente avec la performance des émetteurs et de celle de leurs dettes. LA : Aux établissements financiers présents dans cette partie de l'Afrique, quels conseils donnerezvous pour se prémunir de la volatilité de certaines branches ? S.M. : Notre rôle d’agence de notation de crédit consiste essentielle- ment à donner notre opinion sur la qualité de crédit relative d’un émetteur par rapport à un autre. Nous ne donnons pas de conseil. Nous avons observé une volonté de diversification du secteur financier marocain, aussi bien bancaire qu’assurantiel afin de maximiser les relais de croissance existant à proximité du Maroc. Nous constatons une diversification accrue en Afrique de l’Ouest francophone et dans une moindre mesure dans certains pays anglophones qui présentent des perspectives de croissance forte. Notre analyse de la diversification se fait dans l’optique de mesurer à quel point elle contribue à stabiliser les revenus et la performance des banques et des compagnies d’assurance ou si celle-ci contribue à une volatilité de leur performance due à l’exposition à des risques non maîtrisés. LA : Plus généralement, quelles garanties donnerez-vous aux investisseurs qui visent l'Afrique ? S.M. : De la même manière que nous ne donnons pas de conseil, nous ne fournissons pas de garantie. Lorsque nous analysons les banques et les compagnies d’assurance, nous veillons à comprendre l’étendue et la maîtrise des émetteurs de ces risques. Propos recueillis par Daouda MBaye, Casablanca L’opinion de crédit que nous formulons est cohérente avec la performance des émetteurs et de celle de leurs dettes. Casablanca, capitale économique du Maroc Badr Alioua à la tête du département Banque Privée d’Attijariwafa bank C’est désormais Badr Alioua (35ans) qui assure la fonction de directeur exécutif en charge de la Banque Privée du groupe Attijariwafa bank et rejoint le Comité de Direction et de Coordination d’Attijariwafa Bank. Le conseil d’administration du groupe Attijariwafa bank en a ainsi décidé, en le nommant à ce poste, en remplacement de Noufissa Kessar, appelée à d’autres fonctions au sein de la SNI. Diplômé de Polytechnique et des Ponts et Chaussés, il était jusque-là directeur général de Wafa Gestion, filiale du groupe Attijariwafa bank, première société de gestion d’actifs au Maroc. Pour rappel, le groupe bancaire marocain indique que Noufissa Kessar a été derrière le grand succès de la Banque Privée, lors de la dernière opération de contribution libératoire. Légère baisse du bénéfice d’I&M Bank A la fin du premier trimestre 2015, I&M Bank du Rwanda a enregistré une légère baisse de son bénéfice net, comparativement à la même période de l’année dernière. Avec des charges d'exploitation à 2,7 milliards de francs rwandais en hausse, contre 2,48 milliards sur la même période de l'année dernière, le bénéfice net de l’entreprise a régressé pour se situer à 1,14 milliard francs rwandais contre 1,17 milliard de francs rwandais au premier trimestre 2014. Le gouvernement envisage de vendre ses 19,8% du capital de la banque, à travers une offre publique initiale. 21 mai 2015 Les Afriques . 17 BANQUES & ASSURANCES AFRIQUE Necotrans accompagne la tournée de Stromae Le groupe international de logistique Necotrans s'est engagé comme partenaire de la tournée africaine du célèbre artiste de nationalité belge, Stromae, qui le conduira dans plusieurs capitales africaines, du 13 au 20 mai. O pérant dans 31 pays en Afrique, le groupe international de logistique Necotrans a pris l'option d'accompagner l'artiste et guest star international, Stromae, sur le plan de la logistique dans le cadre de la toute première et décisive tournée africaine du musicien belge. Ce dernier devra se produire successivement dans huit capitales du continent, avec comme point de départ du périple des spectacles à Dakar, au Sénégal. «Le groupe Necotrans est particulièrement fier de contribuer au succès de cette formidable aventure artistique, humaine et logistique qui va conduire Stromae dans huit pays du continent», affirme Grégory Quérel, présidentdirecteur général de Necotrans. Artiste et jeune star planétaire, 18 Les Afriques . 21 mai 2015 Stromae explose la toile et autres chaumières de mélomanes depuis six ans. Belge bon teint, le chanteur se produira le 13 mai à Dakar (Sénégal), le 16 à Praia (Cap-Vert), le 19 à Douala (Cameroun), le 23 à Abidjan (Côte d’Ivoire), le 6 juin à Libreville (Gabon), le 10 à Brazzaville (République du Congo), le 13 à Kinshasa (République Démocratique du Congo) et le 20 à Kigali (Rwanda). Fort de 30 années d’expérience sur le terrain, de la complémentarité de ses différentes activités de transport ainsi que de son maillage sur le continent africain, Necotrans qui vient de s'adjuger le terminal vraquier du Port de Dakar constitue un partenaire de premier plan pour assurer la chaine logistique de la tournée inédite de Stromae. Necotrans gère notamment le Stromae Huit capitales du continent, avec comme point de départ du périple des spectacles à Dakar, au Sénégal. transport par voie aérienne ainsi que le dédouanement et l’acheminement vers les lieux de concert de l’ensemble du matériel et des équipements. Pour des raisons d’organisation, cette tournée nécessite le transfert de deux kits de matériel (environ une tonne chacun) en alternance depuis Paris jusqu’à la livraison sur site, laisse-t-on entendre du côté de l'avenue Georges V. Ce projet de partenariat n'est pas fortuit, puisque s'inscrivant dans le déroulement des festivités marquant le trentenaire de l'armateur international cette année qui a des ambitions de modernisation des plateformes portuaires africaines et offshore et surtout des politiques de faire partager son modèle RSE dans les pays où il opère. Ismael Aidara, Dakar BANQUE ATLANTIQUE ABIDJAN Guy Martial Awona, nouveau directeur général adjoint Le groupe Banque Atlantique, filiale du groupe Banque Centrale Populaire du Maroc, vient de désigner le Camerounais Guy M. Awona, ex-DG de la filiale togolaise, directeur du «Pôle gestion globale des risques», avec le statut de directeur général adjoint du groupe. Inauguration de la Medersat.Com Bénichiker à Nador par la Fondation BMCE En présence d’Othman Benjelloun, président de BMCE Bank, des administrateurs directeurs généraux du groupe, des hauts responsables locaux de l’Oriental… Dr Leila Mezian Benjelloun, présidente de la Fondation BMCE Bank pour l’Education et l’environnement et Mohamed Mbarki, directeur général de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces de la région orientale du Maroc ont inauguré mercredi 13 mai 2015 à Nador, l’école Medersat.com Bénichiker. Pour les responsables, une telle infrastructure vient consolider l’implication continue de la Fondation BMCE Bank dans la région de l’Oriental, afin d’y soutenir le développement de l’enseignement préscolaire et primaire. Nouvelle rallonge de la Banque mondiale au secteur agricole éthiopien G uy Martial Awona sera basé à Abidjan où il aura la charge de couvrir ainsi toutes les fonctions des risques, du contrôle interne, juridique et de la conformité. C'est un poste qui cadre avec les nouvelles innovations du groupe, car il a été créé le 4 mai 2015. Guy Martial Awona prendra officiellement ses fonctions ce lundi 11 mai 2015 à Abidjan. Il faut rappeler également que dans la même foulée l'ancien DG de Banque Atlantique Mali, Niame Traore a été nommé directeur du développement du groupe avec le même statut et la même date de prise d’effet. Selon nos sources, ces innovations visent à consolider les performances de l’institution dans le cadre de la nouvelle gouvernance du groupe qui compte donner un coup d’accélérateur managérial hors du commun. Souhaitant donner une nouvelle impulsion au groupe et permettre un pilotage en cohérence avec sa propre gouvernance, le conseil d’administration a décidé de créer les deux postes de directeur général adjoint au sein du groupe de la Banque Atlantique. Rodrigue Fénelon Massala, Abidjan Banque Atlantique Le secteur agricole en Ethiopie vient de bénéficier d’un soutien de 350 millions de $ de la Banque mondiale. La priorité sera accordée aux zones au potentiel de productivité le plus élevé, bénéficiant ainsi à plus de 1,6 million d’exploitants agricoles. Il s’agit d’agriculteurs de 157 woredas dans l’Amhara, d'Oromia, Snnpr, Tigray, Benishangul Gumuz, Gambella et les Etats régionaux Harari, ainsi que de Dire Dawa , noteton. Cet accord, paraphé par Ahmed Shide, ministre d’État éthiopien des Finances et du développement économique, et Guang Z. Chenon, directeur-pays de la Banque mondiale en Ethiopie, à Addis-Abeba, permettra d’accroître la production, la productivité des agriculteurs, de la technologie, le développement de l'irrigation, ainsi que l’expansion de semences sélectionnées. 21 mai 2015 Les Afriques . 19 BOURSES & FONDS CAMEROUN 10 milliards de f CFA de titres publics levés L’Etat du Cameroun a levé 10 milliards de f CFA, lors de la deuxième opération du genre pour ce deuxième trimestre, période au cours de laquelle le pays pourrait mobiliser 50 milliards de f CFA pour la réalisation des infrastructures. L e Cameroun a levé 10 milliards de f CFA le 6 mai 2015 sur le marché de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) pour un montant de soumissions de 16,8 milliards de f CFA de bons du Trésor assimilables (BTA). Cette deuxième opération du genre pour ce trimestre entre dans le cadre du programme de mobilisation des fonds destinés au financement de certains projets de développement, en l’occurrence le secteur des infrastructures, de l’énergie, de l’eau et des transports, où le Cameroun entend mobiliser 50 milliards de f CFA de titres publics au cours du deuxième trimestre. Avec un taux de couverture de 168%, le taux d’intérêt pondéré retenu a été de l’ordre de 2.3125% contre 2.0333% lors de la précédente opération effectuée le 22 avril 2015 pour un montant de 10 milliards de f CFA également. 20 Les Afriques . 21 mai 2015 Le Cameroun qui a engagé depuis quelques années des chantiers structurants à l’instar de la construction portuaire, des barrages hydroélectriques, des voies de communication et une réelle migration dans le secteur des télécommunications, recoure de plus en plus à l’émission des titres publics et aux emprunts obligataires pour pouvoir financer des programmes de développement. Pour l’année 2015, ce sont 320 milliards de f CFA que le Cameroun émettra en termes de titres publics, dont 125 milliards de f CFA de BTA, 100 milliards de f CFA d’Obligations du Trésor assimilés (OTA) et 150 milliards de f CFA d’Obligations du Trésor (OT). L’année dernière, ce sont 280 milliards de f CFA de titres publics qui avaient été mobilisés par le Cameroun pour assurer le financement des projets de développement. Achille Mbog Pibasso, Yaoundé Yaoundé, capitale du Cameroun Avec un taux de couverture de 168%, le taux d’intérêt pondéré retenu a été de l’ordre de 2.3125% contre 2.0333%. Société générale et SFI à la rescousse de Sofitex Sofitex, plus grande compagnie cotonnière du Burkina Faso, va recevoir une nouvelle ligne de financement de 70 millions d’€ de la Société financière internationale (SFI), membre du groupe de la Banque mondiale, et de Société Générale. Signée en vertu d’un Programme de financement de la SFI, cette rallonge permettra à la Sofitex de compléter l’achat de coton brut à plus de 160 000 agriculteurs au Burkina Faso pour le traitement et l'exportation vers les marchés internationaux. Pour mémoire, le coton reste la principale culture de rente du Burkina Faso. Un pays actuellement sous un gouvernement de transition. Les analystes ont soutenu qu’avec les fluctuations des cours sur le marché mondial des matières premières, il est difficile pour les entreprises de coton d’obtenir un financement. Rwanda : Lancement d’un Credit Bureau par TransUnion TransUnion, fournisseur international de gestion de crédits et d’informations, vient de lancer TransUnion Credit Score pour le marché rwandais, par le biais de CRBAfrica (Credit Bureau). CRBAfrica relève de la société-mère TransUnion Afrique Holdings, organisme de gestion du risque de crédit, avec une présence dans 11 pays, à travers l'Afrique. Il offre aux institutions financières, détaillants et autres établissements de crédits un aperçu de la santé financière de leurs clients. Grant Phillips, PDG TransUnion Afrique, a indiqué que : «La synergie entre les deux sociétés va permettre à la joint-venture d'offrir aux clients une proposition de valeur encore plus convaincante». Une structure qui va se baser sur plus de 20 années d'expérience dans le référencement de crédit et de gestion de la dette sur le marché en Afrique. ENTREPRISES & MARCHÉS Zambie : Saro Agro cible le nord CASABLANCA Inauguration d’un 2ème Centre de dépollution du littoral Le système anti-pollution du littoral Est du Grand Casablanca a été inauguré, le 13 mai 2015, par le Roi Mohammed VI. Ce chantier, qui a nécessité un investissement global de plus de 1,45 Mrd de DH, vient parachever la dépollution du littoral Atlantique. Saro Agro Industrial Ltd vient de lancer un programme visant à fournir aux petits exploitants agricoles dans la province du nord de la Zambie des équipements pour réussir une agriculture mécanisée. Ashok Oza, DG de Saro Agro Industrial, a précisé que ces équipements comprennent des tracteurs et autres équipements agricoles. Du matériel disponible dans la province, que des agents présents dans tous les districts de la province leur octroient. Démission du ministre de l’Energie béninois Pointé du doigt de toutes parts, le ministre béninois de l’Energie et de l’Eau, Barthélémy Kassa, a fini par rendre son tablier. Pour le secrétaire général du gouvernement, il s’agit d’une décision prise par conscience en son âme et conscience. Rappelons que l’affaire a éclaté suite à un communiqué du ministère néerlandais des Affaires étrangères, publié le 6 mai, annonçant la suspension de l’aide des Pays-Bas au Bénin, après le détournement de 4 millions d’euros octroyés à ce pays pour financer un programme d’accès à l’eau potable. U n grand déficit dans le domaine de l'assainissement à Casablanca vient d’être comblé. Après un peu plus de 4 ans de travaux, le système anti-pollution du littoral Est dans la zone de Zenata, quartier du Grand Casablanca, est enfin livré. Réalisé par la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), société délégataire de la distribution de l'électricité, de l'eau et des services d'assainissement liquide et d'éclairage public du Grand Casablanca, il va assurer une protection de la population et du littoral du secteur Est de Casablanca contre les risques de pollution liquide due aux rejets 22 Les Afriques . 21 mai 2015 d’eaux usées brutes, des effluents d’industries, dans la mer. Pour les responsables, il constitue une réalisation majeure dans le processus de développement urbain du Grand Casablanca qui jouit désormais d’un taux de dépollution des eaux usées de 100%. Financé dans le cadre d’un partenariat entre Lydec et le Fonds de travaux de l’autorité délégante, le système anti-pollution du littoral Est du Grand Casablanca vient s’ajouter aux différents chantiers lancés par le roi du Maroc, au niveau de la région, et visant à conforter sa place, en tant que premier pôle industriel du pays, où le Le Roi du Maroc, Mohammed VI, entouré de JeanPascal Darriet et des techniciens de Lydec Tanzanie : North Mara Gold Mine s’emploie dans la RSE La mine d’or North Mara ou North Mara Gold Mine est engagée à poursuivre son soutien aux projets de développement dans les villages environnants de l’exploitation. Abel Yiga, directeur du développement durable de la mine, vient de le confirmer. Charles Kitwanga, viceministre tanzanien de l’Energie et des minéraux, a salué, au cours d’une réunion jugée cruciale, la mobilisation des dirigeants locaux de tous les villages environnants de la mine pour la réussite de l’opération. souci d’une qualité de la vie, en constante amélioration, est réel. Station de prétraitement et «Eaucéan» Dans les détails, il s’agit d’un chantier d'envergure, qui couvre une population de 2,5 millions d’habitants. Il comprend deux grands intercepteurs côtiers de 24 km, permettant de rassembler en un point les 9 rejets d’eaux usées répertoriés, ainsi que plusieurs stations de pompage, dont une construite au niveau de Zenata, d’un débit de 3 m3/s. Ce système comporte également une station de prétraitement à Sidi Bernoussi, «Eaucéan», d’une capacité maximale de 11 m3/s, munie d’un système de dégrillage, dessablage et dégraissage, et un émissaire marin en aval de la station de prétraitement d’une longueur de 2,2 km et d’une profondeur de 20 m par rapport au niveau de la mer. Aujourd’hui, l’infrastructure de Zenata contribue au programme ambitieux visant la réhabilitation urbaine de toute la côte Est de la ville. Parmi les acquis : l'embellissement et la revalorisation de la façade maritime, le raccordement des eaux usées des nouvelles zones urbaines sur les intercepteurs… A noter que l’objectif ultime étant de disposer de plages propres avec des eaux de baignade conformes aux normes de salubrité, de favoriser leur labellisation et de restaurer le potentiel touristique de la zone. L’espace pédagogique «Eaucéan Galerie», en prime Pour les responsables de Lydec Maroc, avec à leur tête le directeur général, Jean-Pascal Darriet, une telle réalisation permet d’intercepter les rejets directs d’eaux usées situés entre le port de Casablanca et la ville de Mohammedia, de les prétraiter à la station «Eaucéan», avant de les écouler au large, à travers un émissaire marin. Les observateurs n’ont pas perdu de vue qu’il vient compléter le dispositif déjà mis en place dans la partie Ouest de la région (de Dar Bouazza à Casa Port) et qui traite 45% des eaux usées de Casablanca, via la station El Hank, non loin de la mosquée Hassan II. Au-delà de l’efficience d’un projet qui vient assurer 55% du traitement des eaux usées de la métropole, ce complexe d’assainissement des eaux usées comporte un espace pédagogique, dénommé «Eaucéan Galerie». Aménagé au sein de la station de prétraitement, il a pour vocation de sensibiliser les visiteurs aux différentes étapes du cycle de l’eau et de traitement des eaux usées, ainsi qu’aux enjeux liés à la préservation du littoral et des océans. Daouda MBaye, Casablanca Angola : Exploita- Disposer de tion de la mine plages propres avec des eaux d’or de Jamba à Huila, en 2016 de baignade Le processus d'exploitation d’or conformes aux dans le Limpopo localité de la municipalité de Jamba, 315 km à l’est normes de de Lubango, province de Huila, va salubrité. commencer en 2016. Il sera en- Jean-Pascal Darriet, DG Lydec tamé après l'achèvement de la phase de prospection qui prendra fin à la fin de l’année 2015. Confirmation de Joaquim Paula, directeur provincial de l’industrie, de la géologie et des mines, qui a indiqué que la phase d'exploration sera entamée l’année prochaine, sans pour autant préciser la date exacte. Elle a ajouté que les premiers résultats de la prospection, qui ont commencé en 2012, sont encourageants, révèlent l’existence d'un produit de qualité et de quantité, qui non seulement stimule l'économie du pays, mais améliore les conditions de vie des résidents. Aussi, elle a fait remarquer que le projet fait partie du processus de l'exploitation du fer de Cassinga, resté en stand-by depuis un certain temps, pour des raisons inconnues. Polémique sur les débouchés du cuivre zambien Suite à la récente publication des données commerciales du Bureau central zambien des statistiques, des opérateurs ont exprimé leur désarroi sur la destination des exportations de cuivre de Zambie. D’après ces chiffres, l’essentiel des ventes à l’étranger du cuivre zambien est réalisé sur la Suisse, avec une part de 59,5% des exportations, à fin 2014. Pour ces professionnels, la Chine reste la principale destination du marché du cuivre de Zambie. Ils se sont étonnés du gros volume du commerce entre la Zambie et la Suisse. Ce dernier pays n’est pas connu pour avoir une demande importante du métal rouge. 21 mai 2015 Les Afriques . 23 ENTREPRISES & MARCHÉS Afrique : Top 6 des pays visités par les Chinois MALI Lancement de la construction de Sheraton Bamako L'entrepreneur malien, Cessé Komé, président du Radison Blu de Bamako, branche du holding Koira Investment, est en joint-venture avec le géant américain hôtelier Starwood pour la construction d'un Sheraton à Bamako. U n véhicule d'investissement de 60 millions d'euros. L'homme d'affaires malien Cessé Komé passe à la vitesse supérieure. Son holding KHI (Koira Holding Investment) s'allie avec le géant Starwood pour la construction d'un complexe hôtelier à grand standing à Bamako. Ce complexe prendra les couleurs de la grande enseigne Sheraton Resorts & Hôtels, marque de gestion industrielle du tandem. L'investissement devra nécessiter la bagatelle de 60 millions d'euros (soit plus de 39 milliards de f CFA). Le véhicule d'investissement va s'adosser sur un portage des financements diversifié (pool bancaire, apport des promoteurs) en vue de la mobilisation à court terme des fonds. Selon le promoteur malien, cette future et moderne infrastructure hôtelière (immeuble R+ 9 et 200 chambres haut standing) devra ré- 24 Les Afriques . 21 mai 2015 sorber le déficit criard de capacités d'accueil hôtelières de la capitale malienne. «Ce gigantesque projet hôtelier qui a reçu le quitus de l'Etat sera prêt avant le prochain sommet FranceAfrique de 2016 que le Mali va abriter», a rassuré l'entrepreneur Cessé Komé. Une bouffée d'oxygène dans les caisses du Trésor. Le complexe Sheraton Bamako va générer quelque 1 000 travailleurs durant la construction et la phase d'exploitation. Après ses ennuis avec son associé burkinabé, Appolinaire Compaoré, dans le démarrage de la troisième licence de téléphonie, Alpha Telecom, l'entrepreneur malien se tourne vers l'industrie hôtelière au Sud du Sahara. «L'objectif de mon groupe est d'exporter le modèle hôtelier du Mali vers des marchés à forte croissance», a commenté l'homme d'affaires. Ismael Aidara, Bamako Bamako va étrenner prochainement son Sheraton L'investissement devra nécessiter la bagatelle de 60 millions d'euros. Avec l’augmentation de leur pouvoir d’achat, le nombre de touristes chinois est en forte croissance. Des professionnels estiment qu’en 2020, quelque 200 millions de Chinois partiront en voyage à l’étranger. Parmi les destinations en vogue, l’Afrique a le vent en poupe. Ces experts du tourisme listent parmi les 6 pays d’Afrique les plus plébiscités par ces touristes, par ordre de fréquence décroissante, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya, le Cameroun, le Sénégal et l’Algérie. L’augmentation des touristes chinois en Afrique du Sud est impressionnante et connaît des croissances de plus de 50% d’une année sur l’autre. Les touristes chinois contribuent énormément au développement du secteur touristique en Égypte. Lors des révolutions égyptiennes, une interdiction de voyager en Égypte avait été décrétée par le gouvernement chinois, avant d’être levée. La faune kenyane attire un nombre grandissant de touristes chinois, fascinés par les safaris et surtout par la migration annuelle des animaux. Le Cameroun a été déclaré comme une destination «approuvée» par le Gouvernement chinois en 2011. Le Cameroun, surnommé «l’Afrique miniature» compte pas moins de 830 sites touristiques. L’éco-tourisme a beaucoup de potentiel. En 2012, plus d’un million de touristes chinois ont visité le Sénégal, ce qui représente un fort potentiel pour le pays. Ce chiffre devrait dépasser le seuil des 3 millions de visiteurs d’ici à 2023, d’autant plus que le Sénégal a été désigné «destination touristique» par la Chine. Air Algérie souffrait d’un manque de rentabilité sur sa ligne Alger-Pékin et était en passe de supprimer ce trajet. Cependant, un regain d’intérêt a permis le maintien de cette ligne qui est désormais empruntée par 80% par des Chinois. Air Algérie voudrait désormais ouvrir une 1ère classe pour une clientèle d’hommes d’affaires et de touristes fortunés. POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE BURUNDI Il faut sortir de la République bananière L’évocation du nom de Pierre Nkurunziza depuis que ce dernier a décidé contre vents et marées de se porter à nouveau candidat suscite des réactions diverses et variées qui rappellent la maxime de René Dumont «L’Afrique est mal partie». Ce qui laisserait croire que le Burundi de Nkurunziza serait un endroit propice où se jouerait le drame shakespearien. L’ avènement de la démocratie sur le continent au lendemain du discours de la Baule et de la chute du mur de Berlin avait entre autres pour objectif la fin des présidences à vie. Pour matérialiser cette nouvelle donne, la majorité des pays africains, autrefois dirigés d’une main de fer par des régimes sans limites, adoptèrent des Constitutions qui réglementaient l’exercice et l’alternance de la fonction présidentielle à deux mandats. Le Burundi de l’époque était dirigé par Pierre Buyoya qui fut battu aux élections par le leader du Frodébou Melchior Ndadaye premier président Hutu élu démocratiquement en 1993. Il a été assassiné au milieu 26 Les Afriques . 21 mai 2015 d'un coup d'Etat militaire échoué en octobre 1993, après seulement trois mois en poste. Son assassinat a déclenché une série de massacres brutaux entre les groupes ethniques tutsi et hutu, et, finalement, a déclenché la décennie «Burundi guerre civile». A la suite de l’assassinat du président Ndadaye, conformément à la Constitution de l’époque, le 5 février 1994, Cyprien Ntaryamira prête serment après avoir été élu par l'Assemblée nationale le 13 janvier 1994. Passager dans l'avion du président rwandais Habyarimana, il est assassiné le 6 avril 1994 à Kigali. Président ad intérim à partir du 6 avril, Sylvestre Ntibantunganya prête serment le 30 septembre 1994 Bujumbura, capitale du Burundi Une oligarchie frappée par une myopie intellectuelle et politique. suite à la signature de la Convention de gouvernement du 10 septembre 1994. Le pays connaît une situation instable, les troubles graves menacent la cohésion du pays. Le Burundi est au bord de l’explosion comme le Rwanda voisin. La communauté internationale craint un génocide, les groupes armés pullulent dans le pays et les acteurs politiques sont dépassés par les événements. C’est dans ce contexte trouble que l’armée tente de restaurer l’ordre pour semble-t-il épargner au pays une guerre comme au Rwanda voisin il y’a deux ans .Pierre Buyoya reprend le pouvoir par un coup d'Etat le 25 juillet 1996 et reste président de la République jusqu'à la fin de la première période de transition après la signature de l'Accord d'Arusha. Domitien Ndayizeye prête serment le 1 mai 2003 en tant que président de la République pendant la deuxième période de transition. Après les élections générales de 2005, Pierre Nkurunziza prête serment le 26 août 2005, mandat présidentiel qu'il renouvelle après sa victoire aux élections de 2010. A la lumière de ce rappel chronologique, nous convenons tous que ce pays vient de loin, et il serait aberrant que par l’égocentrisme d’une oligarchie frappée par une myopie intellectuelle et politique le pays sombre à nouveau si la raison de l’intérêt général à même de préserver l’unité du pays n’est pas mise en avant par les acteurs politiques burundais dont l’actuel président serait le premier à tirer les conséquences de cette lourde me- nace de la paix chèrement acquise par le peuple burundais. Qui est Pierre Nkurunziza ? Président de la République du Burundi depuis 2005, il veut briguer un troisième mandat, alors que la Constitution le lui interdit. Ancien professeur d'éducation physique, il est parvenu à la magistrature suprême grâce au suffrage universel indirect et aux accords d'Arusha qui ont mis fin à un long conflit armé. Ayant abandonné son survêtement et sa paire de basket, puis troqué sa tenue de chef rebelle, désormais il se sent beaucoup plus à l'aise en costard cravate et souliers vernissés, tenue moins commode pour prendre la fuite. Lui au moins sait courir. Et sa suite si jamais ? C'est ce genre de cas sur lesquels les médias occidentaux se focalisent pour ruiner l'espoir des Africains en traitant le continent d’abriter des républiques bananières. La témérité de Nkurunziza comme l’indique le président Kagamé qui a lourdement critiqué l’attitude de son voisin n'est pas un cas isolé sur le continent. Mais heureusement qu'il existe des contre-exemples sur ce continent. On peut tout de même se consoler en disant qu'il y a pire ailleurs. Le pouvoir n'est amer dans la bouche de personne. Islom Karimov, président à vie de la République d'Ouzbékistan est au pouvoir depuis 25 ans sans partage. Il est même le rédacteur en chef de l'unique quotidien du pays. Bref, Nkurunziza devrait tout mettre en œuvre pour épargner au Burundi un désastre conflictuel. Chaque jour, il y a un mort au Burundi ce sont des morts de trop pour un pays comme le Burundi. Un subterfuge d’interprétation de la Constitution. Le micmac politique du régime Voulant mettre la charrue avant les bœufs, afin de prendre de court ses adversaires politiques, Pierre Nkurunziza a présenté au Parlement en mars 2014 un projet de modification des dispositions de la Constitution qui l’empêcheraient de briguer un troisième mandat. Cette requête du chef de l’Etat burundais fut rejetée par le Parlement qui opposait une fin de non-recevoir à Pierre Nkuruziza qui violait déjà la lettre et l’esprit des accords d'Arusha qui mirent un point d’honneur autour de la question de l’alternance au pouvoir source des conflits au Burundi. Le rejet de son projet de modification de la Constitution ne l’a pas dissuadé. Il a trouvé un subterfuge d’interprétation de la Constitution Pierre Nkurunziza, président du Burundi Attaques contre les médias au Burundi La Fédération internationale des journalistes (FIJ) condamne vivement, dans un document qui nous est parvenu, les attaques à l’arme lourde contre les médias à Bujumbura, la capitale du Burundi. Des combats qui ont opposé depuis mercredi 13 mai les partisans du coup d’Etat contre le président Pierre Nkurunziza et les forces loyalistes. «Nous sommes choqués par ces attaques qui font peu de cas de la sécurité et la vie des journalistes et du personnel qui travaillent dans ces établissements transformés en champs de bataille», a commenté Jim Boumelha, le président de la FIJ. «A cet égard, ces actes constituent non seulement une atteinte grave à la liberté de la presse, mais leurs auteurs engagent leur responsabilité pénale devant le droit burundais et le droit international». Les militaires qui ont soutenu le coup d'Etat ont attaqué jeudi matin la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB) après une diffusion d'un message du président Nkurunziza qui se trouve en dehors du pays, forçant les médias audiovisuels à arrêter leurs émissions. Cette attaque suivait celle lancée la veille par la police et les forces loyalistes contre la Radio publique africaine (RPA) qui a été détruite par un tir de roquette. Une autre radio, Isanganiro, a fait l'objet d'une attaque et les deux radios, depuis, n'émettent plus. Ces dernières sont accusées par le gouvernement burundais d'être proches de l'opposition. Le général Godefroid Niyombare, qui commande les putschistes, avait annoncé le coup d'état sur les antennes de RPA. La FIJ déplore l'attitude des belligérants contre les médias qui a privé le public burundais des informations sur la situation actuelle de leur pays. «Le déni d'accès à l'information n'est pas de nature à favoriser le dialogue et conserver l'unité du pays dans ces moments de crise», a conclu le président de la FIJ, qui a appelé «à la réouverture immédiate de tous les médias dans le strict respect de l'indépendance des journalistes». 21 mai 2015 Les Afriques . 27 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Inauguration de l’usine Alstom d’Annaba qui ne lui en empêcherait pas d’être candidat du fait qu’il aurait été élu lors de son premier mandat au suffrage indirect et lors de son second mandat au suffrage direct et par conséquent le premier mandat ne saurait compté. Cette interprétation contestée par l’ensemble des acteurs burundais et la communauté internationale à l’exception de Nkurunziza et de la Cour constitutionnelle du Burundi acquise à la cause du pouvoir comme l’a si bien indiqué le vice-président de cette institution qui a pris la fuite pour demeurer selon lui tranquille avec sa conscience intellectuelle. A cet effet, dans une tribune intitulé «L’Afrique et ses étonnantes révolutions», Marion Michel Madzimba Ehouango estime que les cas burkinabé et burundais posent le problème du rapport entre le droit et la volonté de la rue. Au Burkina, le président avait raison de demander un référendum pour départager la classe politique. Au Burundi, le second mandat du président sortant échappe à la limitation car le mode de son accession au premier mandat répondait à un contexte de transition (c'est d'ailleurs l'interprétation qu'en a donné la Cour constitutionnelle). Dans les 28 Les Afriques . 21 mai 2015 deux cas, la rue en a jugé autrement. Au Burkina, le président a préféré sauver la Nation en péril plutôt que sa propre «fierté». Au Burundi, le président sacrifie la Nation à sa propre «fierté». Ces situations sont d'autant plus graves qu'elles sapent la crédibilité du recours constitutionnel. Mais à qui la faute ? Si les juges constitutionnels se montraient plus soucieux de l'équité et de l'intérêt national que de leur "loyauté" envers le pouvoir qui les a nommés, le peuple leur ferait peutêtre confiance et ne verserait pas systématiquement dans des violences préventives. Bref, le Burundi n’a pas le droit de sombrer, la démocratie burundaise devrait l’emporter, le drame shakespearien ne doit pas trouver propice la terre burundaise pour se jouer. Peut-être qu’il faudrait s’inspirer du cas sénégalais qui face au maintien d’une troisième candidature de Wade avait attendu le scrutin pour le battre à plate de couture. La partie ne fait que commencer au Burundi. Ce dernier doit être sorti de la situation dans laquelle une oligarchie qui s’accrocherait à ses privilèges veuille le contraindre. Rodrigue Fénelon Massala, Abidjan Manifestations dans les rues de Bujumbura L’usine Cital d’Annaba, joint-venture entre Alstom, EMA et Ferrovial pour l’assemblage et la maintenance de tramways, a été inaugurée mardi 12 mai, par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, les ministres algériens des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, des Transports Amar Ghoul, et de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb. Cette nouvelle entité va générer environ 200 emplois, dont 90 salariés à Annaba et 110 postes à Alger, à Constantine et à Oran. Gilles Esprit, président de Cital, qui a précisé qu’il faut 1 800 h pour assembler un tramway, a indiqué qu’une vingtaine a été produite. Quant à la qualité des tramways, le président de Cital a tenu à rassurer tout le monde, soutenant que les appareils montés à Annaba sont identiques à ceux assemblés à La Rochelle, site historique d’Alstom, ou à Barcelone. De son avis, ils présentent les mêmes qualités. Entrée en lice prochaine du Centre financier international de Nairobi (NIFC) Le Burundi n’a pas le droit de sombrer. Nairobi se prépare à accueillir sa propre City. Henry Rotich, secrétaire du Cabinet au Trésor national du Kenya, vient de signer un protocole d’entente avec le ministère des Finances du Qatar, en marge du lancement du Centre de compensation du yuan chinois à Doha, pour la création du Centre financier international de Nairobi (NIFC). L’objectif est de faire de Nairobi une place financière de classe mondiale. Le NIFC devrait être lancé dans les prochains mois, nous apprend-on. Dans ce chantier, le Qatar offrira une assistance au gouvernement kenyan. Dans ce sens, les experts de l'Autorité financière du Qatar ont travaillé avec des responsables du Trésor national kenyan depuis 2012. Rappel de l’ambassadeur du Nigéria en Afrique du Sud BURUNDI Pierre Nkurunziza, le mandat de trop Au Burundi, la situation reste toujours confuse, après la tentative de putsch avorté. Mais de toute évidence, les populations, descendues dans les rues de Bujumbura, semblent décider en découdre avec le président Nkurunziza qui a réussi à chasser les putschistes... Q u’ont-ils nos dirigeants pour ne pas vouloir rentrer dans le 21ème siècle ? Voilà encore un président qui veut coûte que coûte garder un pouvoir, dont il n’a aucune légitimité. Les résultats de son mandat présidentiel ne démontrent en rien ses succès politique, économique, social pour prétendre à un 3ème mandat que la Constitution ne lui permet pas d’ailleurs, malgré l’avis favorable d’une cour constitutionnelle partiale. L’Afrique, une fois de plus désespérée, n’arrive pas à faire émerger des dirigeants à même de changer l’Histoire. Ce ne sont pas les condamnations et les effets d’annonce de telle ou telle organisation qui changeront les choses. L’Union africaine au bord de l’implosion n’apportera pas non Pour signifier son mécontentement et sa colère, après la série de violences xénophobes qu’a connues l’Afrique du Sud, le Nigéria a décidé de rappeler son ambassadeur. Le Nigéria a décidé de rappeler son ambassadeur en Afrique du Sud et son adjoint «pour des consultations sur la situation». Rappelons que cette décision fait suite aux propos du Sénat nigérian qui avait fermement condamné les violences et les manifestations qui ont eu lieu devant l’ambassade en Afrique du Sud. Pourtant le gouvernement sudafricain, qui accuse le Nigéria d’exploiter ces événements douloureux pour servir un quelconque agenda, ne tolère pas une telle action. Il l’a qualifiée de «malheureuse et regrettable». Dans une déclaration datée du 25 avril, le département sud-africain des Relations internationales et de la coopération (Dirco) a affirmé qu’«un gouvernement recourt à une telle mesure diplomatique extraordinaire pour exprimer son indignation». Industrie : Partenariat win-win entre la Tanzanie et la Chine plus de solution exigée par les populations. Les démons de la dictature rodent encore en Afrique. Des modèles inspirants existent pourtant, à l’image du Sénégal ou de l’Afrique du Sud, qui auraient pu servir d’exemples à suivre pour les dirigeants actuels. Malheureusement, le peuple burundais, pris par les contingences politiques, risque de basculer dans l’horreur de la guerre civile. Face à ce désastre possible, il est encore temps pour le président Pierre Nkurunziza de prendre ses responsabilités et de présenter sa démission afin de respecter la volonté de ce peuple désœuvré ayant déjà payé un lourd tribut lors de la guerre civile. Ibrahim Souleymane, Casablanca Scènes d'émeutes à Bujumbura Le peuple burundais, pris par les contingences politiques, risque de basculer dans l’horreur de la guerre civile. Abdallah Kigoda, ministre tanzanien de l'Industrie et du commerce, a indiqué à Dar es Salam que la coopération en matière de capacité industrielle entre la Tanzanie et la Chine sera très importante pour l'économie tanzanienne et elle ne bénéficiera pas seulement à la Tanzanie, mais aussi à la Chine. Une coopération attendue très productive et très opportune, car la Tanzanie doit maintenant passer d'une économie agricole à une économie industrielle. A fin juin 2014, quelque 522 projets d'investissement chinois estimés à 2,49 milliards de dollars ont été enregistrés en Tanzanie. Les échanges dans le domaine de la capacité industrielle sont importants et concernent l’implantation de lignes de production, de parcs industriels... 21 mai 2015 Les Afriques . 29 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE AFRIQUE CENTRALE La Turquie affiche ses ambitions La Turquie ne cache pas ses ambitions de participer au développement de l’Afrique centrale. Son expertise dans les secteurs des Bâtiments et travaux publics notamment constitue un atout. Paul Biya, président du Cameroun L a Turquie multiplie des initiatives ces dernières années en vue de conquérir d’importantes parts de marché en Afrique centrale. Dans cette perspective, le Turcam Hall de Yaoundé, le premier centre commercial de la Turquie en Afrique centrale ouvert en 2014, a abrité du 11 au 16 mai une foire des opérateurs turcs du secteur des infrastructures. La Turquie qui ne cache pas ses ambitions lorgne deux grands rendez-vous sportifs, en l’occurrence l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017 au Gabon et la CAN 2019 au Cameroun, pour pleinement mettre ses pieds dans la sous-région. L’ambassadeur de Turquie au Cameroun, Omer Farouk Dogan, a précisé que l’objectif visé par cette foire est de gagner des contrats pour la construction d’infrastructures au Cameroun, dans la pers- 30 Les Afriques . 21 mai 2015 Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie pective des CAN 2017 et 2019 qu’abritera le Cameroun. «Les neuf plus grands constructeurs turcs sont réunis au Cameroun pour cette mini-foire. Notre pays marque là sa forte intention de contribuer à la réalisation des routes, hôtels, stades et autres infrastructures d’accueil de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, dont le Cameroun sera le pays hôte en 2016 et 2019». En effet, a révélé le diplomate turc, «les exposants viennent montrer leur savoir-faire. Mais en plus, ils ont déjà conçu des projets d’hôtels et de stades à construire dans les cinq villes retenues par le Cameroun pour accueillir les jeux» et n’attendent «plus que les détails et les accords du gouvernement» camerounais pour lancer les travaux. Depuis quelques années, les relations économiques et commerciales Le Turcam Hall de Yaoundé, le premier centre commercial de la Turquie en Afrique centrale est ouvert en 2014. entre le Cameroun et la Turquie sont en constante évolution, en témoignent les visites respectives de l’ex-président turc Abdullah Gül au Cameroun et du président camerounais Paul Biya en Turquie en 2014. Malgré sa présence dans d’autres domaines d’actualité, la Turquie marque notamment l’espace à travers sa compagnie de transport aérienne Turkish Airlines, dont des rotations quasi quotidiennes entre le Cameroun et la Turquie qui témoignent de la vitalité des échanges économiques entre les deux pays. Du coup, on comprend que la balance commerciale a connu une légère hausse, passant de 50 milliards de francs CFA à plus de 200 milliards de f CFA, des échanges qui pourront atteindre le cap de 500 milliards de francs CFA au cours des prochaines années. Achille Mbog Pibasso, Douala TCHAD Un pays en pleine mutation Le Tchad a enclenché un processus de développement depuis les années 2000 dont les premiers résultats se traduisent par la construction des infrastructures à travers le pays, un processus démocratique qui fait son chemin, et un verrou sécuritaire pour l’Afrique. Sécurisation du foncier rural : protocole d’accord Côte d’Ivoire/Memoris Afin de mettre en œuvre le projet pilote de sécurisation du foncier rural, le gouvernement ivoirien, à travers le ministère de l’Agriculture, vient de signer un protocole d’accord avec la société française Memoris. L’objectif avoué par les responsables qui est la généralisation des délimitations des territoires des villages, la délivrance des certificats fonciers et la mise en place des baux ruraux chez les exploitants, permettra de sécuriser les terres et de pouvoir les mettre en valeur sereinement. Nous apprenons que le projet, financé par la France à hauteur de 337 millions de f CFA, associe l’Etat, les populations rurales et les investisseurs privés pour une gestion moderne des terres exploitées. Confirmation Eric Thalgott, président directeur général de la société Memoris, qui a indiqué que leur mission consistera à travailler sur des cas concrets... Morsi écope de 20 ans de prison L e Tchad sort petit à petit de son isolement. Pays d’hinterland ne disposant d’aucune façade maritime, mais également pays en manque d’infrastructures de communication moderne, il y a encore quelques années. Conséquence d’une longue période d’instabilité politique et institutionnelle, avec des guerres fratricides, et une récurrence de coups d’Etat et d’insurrections armées. Après l’indépendance en 1960, «le pays est entré dans une zone de turbulences de 1963 à 2008. Le Tchad est un pays néant avant l’arrivée du président Idriss Déby Itno au pouvoir en 1990. Il a ramené la paix et la stabilité. Avec les événements du 2 février 2008 où tous les symboles de l’Etat ont été attaqués, personne ne pouvait imaginer que le Tchad allait se réveiller et se battre pour assurer la stabilité des autres pays. Il suffit que le Tchad, verrou de sécurité et de stabilité saute pour que l’Afrique s’embrase», affirme non sans fierté le Premier ministre Kalzeubé Payimi Debeut. Il n’a pas tort, le chef du gouvernement lorsqu’il parle du Tchad «pays néant», il y a encore quelques années où il n’y avait presque rien en termes d’infrastructures, par rapport à maintenant, où non seulement N’djamena la capitale est en plein chantier, notamment dans la perspective du sommet de l’Union africaine (UA) en 2016, mais également l’ensemble du pays, de Moundou à Abéché, de Sarr à Faya-Largeau. La place des Nations à Ndjamena a fière allure, sans oublier les voies de communication qui se développent, des immeubles qui sortent de terre et changent la physionomie de la cité-capitale. Idriss Deby Itno, président du Tchad N’djamena la capitale est en plein chantier, notamment dans la perspective du sommet de l’Union africaine (UA) en 2016. Première décision de justice contre le chef d’Etat égyptien destitué, Mohamed Morsi. Accusé de tentative d’évasion, d’incitation au meurtre de manifestants, d’espionnage et d’insulte à la magistrature, il écope d’une peine de 20 ans de prison. Ont été aussi condamné à la même peine 12 dirigeants des Frères musulmans, tandis que 2 autres ont reçu 10 ans d'emprisonnement. Pour rappel, c’est après des protestations de masse contre son règne d’un an que Mohamed Morsi a été destitué par l'armée en juillet 2013. Plusieurs membres des Frères musulmans ont été condamnés à des peines de mort et d'emprisonnement dans des cas de violence. Des centaines de membres et de partisans du groupe sont en prison, attendant leurs procès pour des accusations d'incitation à la violence, de conspiration. 21 mai 2015 Les Afriques . 31 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Deuil national en Ethiopie Quelques chiffres officiels permettent d’étayer cette mutation. Parti de 400 km de routes bitumées en 2008, le réseau routier du Tchad est de 2800 km actuellement, et devrait atteindre le cap de 3 000 km d’ici la fin de l’année. Le pays est passé d’une seule université à huit universités d’Etat actuellement, tandis que le nombre d’élèves et d’étudiants de la maternelle au supérieur est passé de 420 mille à plus de deux millions actuellement. Le boom pétrolier Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le Tchad, qui produit actuellement 560 millions de barils de pétrole par an, tire la plupart de ses revenus de la production de l’or noir. Les revenus selon le ministre de l’Energie, du pétrole, des mines et géologie, Djerassem Le Bemaddjiel, sont destinés prioritairement aux secteurs de l’éducation, des infrastructures, de la santé et de la sécurité. Le Tchad qui a construit une raffinerie à Djarmaliya dont la capacité de production est de 20 000 barils/jour extensibles à 50 000 barils/jour est l’un des pays de la sous-région où les produits pétroliers coûtent moins chers. 480 f CFA le litre d’essence super contre 569 f CFA le litre au Cameroun par exemple, une couverture nationale en gaz domestique, sans oublier «la politique de l’Etat qui consiste à bais32 Les Afriques . 21 mai 2015 ser le fuel pour attirer les compagnies aériennes chez nous», a indiqué le ministre du Pétrole. Aujourd’hui, treize compagnies aériennes desservent quotidiennement le Tchad, contre à peu près 5 seulement il y a quelques années. Malgré cette production pétrolière, le Tchad se considère comme un pays agricole, 80% de la population vivant des activités agropastorales. Avec 39 millions d’hectares de terres arables, le «pays de Toumai», du nom de l’ancêtre de l’Humanité, entend non seulement assurer l’autosuffisance alimentaire à ses 12 millions d’habitants, mais également à se positionner comme un grenier pour la région. Le pays compte 40 millions de têtes de bétail, ce qui représente 21% du PIB (Produit intérieur brut) du pays. D’où la décision des pouvoirs publics de construire trois abattoirs modernes, afin d’assurer l’exportation de cette viande, d’autant que l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé) a déclaré le Tchad «pays indemne de la peste». Pour atteindre ces objectifs, le pays met l’accent sur le développement des infrastructures de communication, d’où des projets en cours pour relier le Tchad au Cameroun, en plus des voies qui existent déjà, et dont la priorité passe par la construction d’une ligne de chemin Densifier le maillage des routes bitumées En hommage aux citoyens éthiopiens tués en Libye par l'organisation terroriste de l'Etat islamique (EI), le Parlement éthiopien a décrété, mardi 21 avril dernier , un deuil national de 3 jours, à partir du mercredi 22 avril. A cet effet, le drapeau éthiopien sera mis en berne sur toute l'étendue du pays, ainsi dans les missions diplomatiques éthiopiennes à l'étranger. Par solidarité à l’Ethiopie qui abrite le siège de l'Union africaine (UA), l’organisation panafricaine et l'Autorité intergouvernemental sur le développement (IGAD), groupement régional associant 8 pays est-africains, dont l'Ethiopie, ont vigoureusement condamné un tel meurtre d’innocents. Aussi, Nkosazana Dlamini- Zuma, présidente de la Commission de l'UA, s’est dite bouleversée d'apprendre l'exécution de ressortissants africains innocents, qui seraient originaires d'Ethiopie, par des éléments terroristes affiliés à l'EI. Bénin : Retour du siège d’AfricaRice à Abidjan Parti de 400 km de routes bitumées en 2008, le réseau routier du Tchad est de 2 800 km actuellement, et devrait atteindre le cap de 3 000 km d’ici la fin de l’année. Les premières étapes d'un retour en plusieurs vagues du siège du Centre africain du riz (AfricaRice) à Abidjan en Côte d’Ivoire. Le conseil d’administration du Centre a en effet ordonné au nouveau directeur général, Dr Harold Roy-Macauley, et à son équipe de direction d’initier les démarches. Rappelons que le siège est actuellement basé à Cotonou au Bénin. D’ores et déjà, c’est le mois de septembre 2015 qui a été fixé comme date cible pour le transfert de la plupart des fonctions du siège dans le nouvel emplacement. Dans un document, qui nous est parvenu, il a été précisé que la décision a été prise lors d'une réunion du conseil d'administration tenue en mars dernier à Cotonou au Bénin, suite à des mois de discussion avec le gouvernement de Côte d'Ivoire, un suivi étroit de la situation sécuritaire du pays, etc. de fer. D’autres projets et non des moindres existent, pour relier le Tchad au Niger, au Soudan et au Bénin. Pour le ministre des Infrastructures, des transports et de l’aviation civile, Adoum Younousmi, «les infrastructures routières sont énormément prioritaires. Nous pensons de manière générale que les pays africains ne peuvent pas se développer sans une interconnexion entre les Etats. Nous sommes convaincus que dans les prochaines années, le Tchad sera le centre de l’Afrique». Sur le chemin de l’émergence Pays doté d’immenses richesses naturelles, le Premier ministre n’en pense pas moins que le Tchad est un scandale géologique. Toutefois, les études en cours devant déboucher sur la réalisation d’une carte géologique et minière devraient permettre à ce pays de mieux connaître son potentiel. La mise en place d’un Code d’investissement libéral vise à inciter un secteur privé fort et dynamique, capable de créer la croissance. En attendant, ce sont plus de 10 000 diplômés qui seront intégrés dans la fonction publique en 2016, sans oublier tous les avantages que le Tchad devrait tirer de son admission à l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Sans pour autant se prendre pour le gendarme de l’Afrique, le Tchad n’en est pas moins un verrou de sécurité avec 3 524 soldats déployés autour du Lac Tchad, 2 296 soldats au Niger, 2 000 soldats au Cameroun et 1 400 soldats au Mali. On le comprend, «nous connaissons le prix de la guerre, et nous connaissons le prix de la paix. C’est pourquoi nous nous déployons pour soutenir nos voisins», a assuré le ministre de la Communication, Bakari, pour qui, «en attaquant le Cameroun, le Boko Haram a commis une erreur stratégique, car quand le Cameroun a mal à la tête, le Tchad a mal au cœur. Aujourd’hui, la peur a changé de camp». Entre défis de développement et sécuritaire, le Tchad ne perd pas de vue la nécessité de s’arrimer à la démocratie. La conférence nationale souveraine au début de 1990 a jeté les bases d’un processus démocratique, deux décennies plus tard, «les institutions démocratiques sont toutes opérationnelles», a indiqué le Premier ministre, avec 160 formations politiques dont 30 partis représentés à l’Assemblée nationale «une presse libre avec des lignes éditoriales les plus acerbes». Tout un chantier dont rêve le pays de Toumai pour devenir une économie émergente dans les prochaines années. Achille Mbog Pibasso, N’djamena Entre défis de Adoption de la développement Charte sociale du et sécuritaire, Comesa par Maurice La Charte sociale du marché comle Tchad ne mun de l'Afrique orientale et ausperd pas de trale (Comesa) est un instrument développé avec les objectifs de créavue la d'un environnement social et nécessité de tion économique propice basé sur l'égas’arrimer à la lité des sexes, l'équité, l'égalité de démocratie. traitement et l'égalité des chances et le maintien du développement durable dans les États membres et dans la région. Maurice est devenu le premier État membre du marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa) à la signer. En effet, Marie Aurore Perraud, ministre mauricienne de l'Égalité des genres, du développement de l'enfant et de la famille, a co-paraphé la charte, avec Beatrice Hamusonde, directrice du Genre et des affaires sociales du Comesa, au cours d’une cérémonie, mardi dernier à Port Louis. Suppression de visas d’entrée pour 6 pays africains Des chantiers tous azimuts La Tunisie annonce la levée du visa pour les citoyens du Burkina Faso, du Congo démocratique, du CongoBrazzaville, du Zimbabwe, du Botswana et de la Centrafrique. La décision, prise lors d’un récent conseil des ministres, entrera en vigueur à partir du début du mois de mai 2015. Confirmation de Touhami Abdouli, secrétaire d’Etat tunisien aux Affaires étrangères, chargé des affaires arabes et africaines. Pour les responsables, cette ouverture de la Tunisie sur le marché africain lui permettrait de générer 2 points de croissance économique supplémentaires. Ils ont rappelé que l’Afrique reste un vaste marché à explorer et à exploiter à tous les niveaux, ce qui pourrait relancer leur économie et par ricochet la croissance. Ce responsable gouvernemental croit que «les ressortissants de pays comme la Jordanie, le Botswana, le Zimbabwe, le Burkina Faso et les deux Congo ont un pouvoir d’achat élevé...» 21 mai 2015 Les Afriques . 33 ARRÊT SUR IMAGE Burundi Le 13 mai 2015. Des manifestants, contre la candidature du président sortant Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat, brûlent des matelas pillés dans un poste de police local dans le quartier de Musaga à Bujumbura. Dans ce quartier, à l’instar de beaucoup d’autres endroits dans la capitale, des centaines de personnes brandissant des bâtons et jetant des pierres ont affronté des forces de police qui ont riposté par des jets de grenades lacrymogènes, de canons à eau et de balles réelles. A l’heure où nous publions cette image, le coup de force du général Godefroid Niyombare a échoué… 34 Les Afriques . 21 mai 2015 21 mai 2015 Les Afriques . 35 DOSSIER La BAD à l’heure des défis Au terme de son deuxième mandat, le Rwandais Donald Kaberuka qui a passé 10 ans à la tête de la BAD va céder sa place à l’un des 8 candidats en lice pour sa succession. Le nom du nouveau patron de cette institution sera connu le 28 mai 2015 lors des Assemblées générales prévues à Abidjan. La bataille de succession est plus que jamais engagée. La BAD en chiffres (1 UC = 1,15€) 54 : nombre de pays africains membres 26 : nombre de pays membres non africains 65,21 milliards d’UC : capital souscrit 2,86 milliards d’UC : total des réserves 20, 99 milliards d’UC : montant total des actifs au 31 décembre 2013 2,05 milliard d’UC : montant des prêts approuvés pour les infrastructures en 2013 67,22 milliards d’UC : montant cumulé d’approbations de prêts et dons de 1967 à 2013 4 003: nombre d’approbations cumulées de prêts et dons de 1967 à 2013 30% : pourcentage des activités de la BAD concernant le secteur privé 57,6 %: pourcentage des financements destinés aux infrastructures en 2013. 36 Les Afriques . 21 mai 2015 D onald Kaberuka arrive au terme de son dernier mandat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) en septembre, mais son successeur sera choisi ce 28 mai. Il quitte la BAD avec un bilan honorable, marqués par des réalisations majeures. D’ailleurs, un hommage lui a même été rendu en avril dernier, à Washington, lors des assemblées de la Banque mondiale et du FMI. Pendant les 10 années qu’il a passées à la tête de cette banque stratégique pour le continent africain, il a profondément transformé l’institution. Il a notamment doté la BAD de plus de moyens, augmentant considérablement sa marge de manœuvre en termes de financements de projets dans les pays africains. L’actionnariat de la banque compte 54 pays du continent qui détiennent 60% du capital, et 26 pays non africains qui contrôlent 40% du capital. Soulignons que la présence d’actionnaires non africains dans ce tour de table permet à la Banque de renforcer ses moyens de façon substantielle. Une institution de premier plan Aujourd’hui, la BAD figure parmi les 5 premières banques d’investissement dans le monde. Elle a la meilleure note possible en terme de rating par les agences de notation avec un «triple A». L’institution accorde aux pays africains deux types de prêts : les prêts concessionnels (à travers le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN)) et des prêts aux conditions du marché des capitaux. De 1967 à fin 2013, la BAD a approuvé quelque 4 500 projets pour un total de 118,7 milliards de dollars. La Bad a fait du financement des infrastructures sa priorité. En 2013, 57,6 % des financements approuvés étaient destinés aux infrastructures (pour un montant de 2,05 milliards d’UC), contre 12 % pour le secteur de l’agriculture et développement rural (428,7 millions d’UC), 12,6 % pour le multisecteur (449,2 mil- lions d’UC), 9,4 % pour le social (pour un montant de 334,8 millions d’UC), 8,1 % pour le secteur de la finance (288 millions d’UC). En 2015, le groupe de la BAD a lancé le «Fonds Afrique 50», dédié au financement des infrastructures. La BAD est une institution hautement stratégique pour l’Afrique. Ce qui explique que le poste de président de la banque soit très convoité. Guerre-succession Le successeur de Donald Kaberuka sera connu le 28 mai prochain, lors des assemblées générales qui se tiendront au siège de la Banque à Abidjan. Huit candidats sont en lice pour ce fauteuil très convoité. La bataille s’annonce rude entre les prétendants qui sont depuis des mois dans des actions intenses de lobbying auprès des 54 pays membres africains et des autres actionnaires non africains. Selon les spécialistes, l'usage voudrait qu’il y ait une alternance à la présidence de la BAD: après un Anglophone, c’est normalement un Francophone qui doit prendre le relais. Parmi les candidats qui font figure de favoris, on peut citer la Cap-Verdienne Cristina Duarte, seule femme candidate et qui a réussi à redresser l’économie du Cap-Vert. Le Nigérian Akinwumi Adesina (qui parle parfaitement français) a également toutes ses chances. Le Malien Birima Boubacar Sidibé qui pourrait bénéficier du soutien des 15 Etats de la Cedeao figure parmi les favoris. Enfin, le Tunisien Jalloul Ayed peut compter sur le fait que le siège de la BAD ait été hébergé pendant 10 ans en Tunisie pour rallier les votes en sa faveur. A l’heure actuelle, il est trop tôt pour faire des pronostics, tant les différents candidats ont des atouts indéniables. Seule l’assemblée générale permettra de départager les prétendants et d’apporter la réponse à la question «qui va succéder à Donald Kaberuka ?». Ibrahim Souleymane 5 6 2 1 7 Candidats à la présidence de la BAD: 1. Akinwumi A. ADESINA (Nigeria) 2. Sufian AHMED (Éthiopie) 3. Jaloul AYED (Tunisie) 4. Kordjé BEDOUMRA (Tchad) 5. Cristina DUARTE (Cabo Verde) 6. Samura M. W. KAMARA (Sierra Leone) 7. Thomas Z. SAKALA (Zimbabwe) 8. Birama Boubacar SIDIBÉ (Mali) 3 4 8 Historique de la BAD 1964 : Création de la Banque africaine de développement (BAD). 1965 : Ouverture du siège de la BAD à Abidjan en Côte d’Ivoire. 1972 : Création du Fonds africain de développement (FAD) par la BAD 1976 : Création du Fonds spécial du Nigéria (FSN), créé en 1976 par le gouvernement fédéral du Nigéria. 2003 : Transfert temporaire du siège de la BAD à Tunis. 2014 : Retour du siège de la BAD à Abidjan (après 11 ans à Tunis). 2014 : Création du Fonds Afrique 50 pour les infrastructures. 21 mai 2015 Les Afriques . 37 DOSSIER Cristina Duarte «La BAD doit jouer pleinement son rôle dans la transformation de l’Afrique» Cristina Duarte, ministre cap-verdienne des Finances et de la planification et candidate à la présidence de la BAD, s’exprime sur les défis du continent et nous livre les grandes lignes des actions qu’elle propose afin de réussir le cap de l’émergence. Expérimentée, intelligente, charismatique et sympathique, elle a toutes ses chances d’être élue à tête de la BAD. L «J’ai le profil et les compétences nécessaires». 38 Les Afriques . 21 mai 2015 es Afriques : Vous avez réussi à améliorer la gouvernance et la gestion des finances du Cap-Vert. D’ailleurs, beaucoup de responsables ont salué votre efficacité ainsi que votre pragmatisme et votre rigueur à la tête du ministère des Finances de votre pays. Votre savoir-faire et votre connaissance en matière de gouvernance financière sont-ils des atouts pour votre candidature à la tête de la BAD ? Cristina Duarte : Sans aucun doute. J’ai eu la chance d’occuper plusieurs fonctions qui m’ont préparée à cette haute responsabilité, que ce soit dans le secteur privé, plus précisément dans le domaine bancaire, que dans l’administration internationale ou dans le secteur public. J’ai eu l’occasion de faire face à des problèmes auxquels un président de la BAD sera confronté surtout par les temps qui courent qui sont porteurs de défis très complexes. J’ai eu aussi la chance, comme l’a dit l’un de nos poètes, d’être née Cap-Verdienne, un petit pays sans ressources naturelles mais qui a fait la preuve que la bonne gouvernance est l’ingrédient le plus important dans la gestion du développement. Il est aussi vrai que j’ai eu la chance de me voir confier la gestion du ministère des Finances et du plan durant ces dix dernières années dont huit de crise financière internationale, une authentique école de formation de leadership et en gestion de réformes complexes. Gérer un petit pays comme Cabo Verde est un véritable laboratoire, vous avez tous les problèmes des autres pays, comme gérer les ressources rares qui vous obligent à être créatif et trouver à tous les moments des solutions innovatrices. Mais en même temps tout est à l’échelle humaine. On a immédiatement les feed back de vos politiques publiques et cela vous oblige à mettre en place des réponses immédiates et donc à affiner vos décisions de façon constante. J’ai donc appris à mettre en place des processus de suivi et d’évaluation, à faire de la gestion basée sur les résultats, à utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication et à gérer le changement dans un esprit participatif où tous ont leur contribution à apporter. Oui, je pense effectivement que mon expérience pourrait être un plus dans un moment critique pour notre institution financière continentale. LA : Quel sens donnez-vous à votre candidature ? C.D. : C’est, pour paraphraser le fondateur de notre nationalité, Amilcar Cabral, celle «d’une simple Africaine qui veut solder sa dette envers son continent». Une Africaine dont le pays d’origine a été fondé sur le sang des esclaves et qui voudrait participer à la renaissance de notre continent. Une Africaine qui pense qu’elle a acquis dans sa carrière une expérience qui peut être utile à son continent. Une Africaine qui voudrait que les autres femmes africaines participent pleinement à l’équipe qui ira confronter la compétition internationale dans un monde globalisé et qui iront revendiquer leurs droits à la terre, aux financements innovants et à la connaissance, etc. Une Africaine qui a la conviction que notre continent peut mieux faire, qu’il a besoin de sortir de la gestion de la pauvreté pour concentrer ses efforts dans la création de richesses et des conditions pour assurer à chaque Africain l'accomplissement de soi. Une Africaine qui croit qu’il est possible par une bonne gouvernance financière de transformer structurellement nos économies. Enfin, une Africaine qui croit que la Banque africaine de développement peut être l'instrument pour atteindre un tel objectif. LA : Si vous êtes élue, en plus des différents chantiers laissés par le président Kaberuka, quelles seront les grandes lignes de votre programme ? C.D. : La Banque a obtenu des bénéfices significatifs durant la gestion du président Donald Kaberuka, que nous devons consolider et à partir desquels nous devons bâtir. En matière de consolidation des bénéfices, il faudra continuer à mettre l'accent sur le développement des infrastructures, l'intégration économique régionale, la création Diriger la Banque dans de nouvelles directions en mettant l'accent sur l'efficience et l'efficacité. d’une économie verte, le développement du secteur privé et la décentralisation de la BAD. Cependant, je pense aussi qu'il y a des défis nouveaux et émergents qui appellent à une attention critique pour que la Banque puisse jouer son rôle dans la transformation de notre continent. Si je suis élue, je souhaiterais diriger la Banque dans de nouvelles directions en mettant l'accent sur l'efficience et l'efficacité, car les réalités auxquelles j’aurais faire face seront totalement différentes de celles de mes prédécesseurs. En plus, je ferais adopter une approche plus équilibrée des financements en infrastructures, développement du secteur privé et des institutions. Ceci est important dans une perspective de gestion de risques pour la Banque et pour ses clients. Nous devons mieux exploiter les compétences, l’expérience et la capacité du staff et mieux utiliser la technologie dans le fonctionnement et la gestion de la Banque. À cet égard, nous devons mettre l'accent sur la formulation et la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie des ressources humaines pour assurer que nous attirons les meilleures personnes à la Banque et que nous faisons de la Banque un endroit où les meilleures voudront travailler pour aider à la vision commune de transformation de l'Afrique. Je voudrais mettre nos clients au centre de l’intervention de la BAD. Cela veut dire, nous devrons avoir la préoccupation de mesurer en permanence l’impact de nos actions sur les personnes. L'idée sera de donner plus d’attention à la qualité des interventions de la Banque, et de mettre en place un processus systémique de suivi et d’évaluation. Une autre priorité clé pour moi sera celle de la nécessité d'être sélectif. La BAD ne peut pas être tout pour tout le monde, mais elle peut mobiliser les institutions financières africaines, les commissions économiques régionales et d'autres organisations pour tirer profit des avantages comparatifs de chacun pour faciliter la transformation socioéconomique de l'Afrique. Notre approche consistera à promouvoir des approches novatrices que ce soit dans l'intégration régionale, le développement des infrastructures ou le développement du secteur privé. Nous allons en particulier mobiliser les institutions financières et travailler de concert avec elles pour assurer la disponibilité du financement afin de répondre aux énormes déficits en infrastructures de l’Afrique et à la nouvelle architecture financière mondiale avec la baisse continue de l’aide publique au développement et à l’émergence de nouveaux acteurs. Nous irons miser sur le développement des infrastruc- Cristina Duarte 21 mai 2015 Les Afriques . 39 DOSSIER Siège de la BAD à Abidjan tures institutionnelles dans les pays et au niveau régional. Enfin, notre agenda de l’innovation et de la créativité ira irriguer tous les aspects du processus de développement. Je promets, si je suis élue, de mettre l’accent sur tout ce qui permettra à la Banque de devenir un catalyseur pour l’innovation sur le continent. Il est important que les Africains s’approprient leur développement. 40 Les Afriques . 21 mai 2015 LA : L’Afrique est en pleine mutation sur le plan économique et social, quel rôle pourrait jouer la BAD, selon vous, pour accompagner cette dynamique ? C.D. : La BAD se doit d’accompagner cette mutation et même de l’orienter dans le but de donner un sens à l’action des gouvernements qui sont les premiers responsables du développement de leurs pays. Heureusement que nous disposons d’un cadre stratégique commun qui est l’Agenda 2063 adopté par l’Union africaine. Ceci devrait donner de la cohérence à l’action de tous. Cela veut dire aussi que nous devons renforcer la coordination avec toutes les parties prenantes. Actuellement, il existe un cadre de concertation entre l’UA, la CEA et la BAD. Il est important à mon avis que nous consolidions cette initiative. La CEA est en train de se réformer pour donner à toutes les parties prenantes les informations importantes à la prise de décisions. La BAD devrait, sur la base du travail en cours, renforcer sa capacité de conseils de haut niveau aux gouvernements africains. Elle devrait utiliser la qualité de son staff pour développer cette fonction de banque de connaissances. Il est important que les Africains s’approprient leur développement, car dans ce domaine il n’y a pas de délégation de responsabilités. LA : Comment renforcer l’implication des Etats pour soutenir le rôle majeur joué par la BAD dans l’intégration économique du continent africain ? C.D. : Comme je l’ai dit dans diverses interventions, mon point de vue est qu’il nous faut changer le paradigme de l’intégration régionale pour passer d’une approche Top-Down à une approche Bottom Up. Ce sont les hommes et les femmes, les entreprises et les Etats qui produisent l’intégration. La BAD comme les autres organisations régionales et continentales n’est que le facilitateur de ce processus d’intégration. La BAD doit accompagner ce processus, en augmentant la capacité d’intervention du secteur privé africain, en conseillant les gouvernements à adopter un cadre réglementaire qui crée des synergies entre les marchés nationaux et le développement des capacités, en finançant les infrastructures qui facilitent la mobilité des biens et des personnes. En plus, la BAD doit aider à la divulgation des bonnes pratiques entre les Etats, à la mise en place d’institutions respectées et qui inspirent confiance aux citoyens, soutenir les investissements transfrontaliers du secteur privé africain pour développer les complémentarités et les potentiels de chacun et augmenter sa compétitivité. LA : Face à la tragédie liée à l’émigration clandestine, quelle place accorderez-vous à la jeunesse dans votre stratégie, notamment en matière d’emploi ? C.D. : Le problème de la création d’emplois pour les jeunes est une des questions les plus difficiles à laquelle les dirigeants africains sont confrontés. Nous devons faire face à la fois à un problème de quantité La BAD devrait aider les pays africains à formuler des politiques publiques et régionales de façon à produire plus en Afrique. à cause de la structure démographique des populations et à un problème de qualité parce que grâce aux progrès que nous avons réalisés dans le système de l’éducation, nous sommes obligés de répondre à l’attente des jeunes plus qualifiés. Le phénomène de la globalisation a augmenté non seulement les attentes mais aussi l’impatience des jeunes qui au contraire de notre génération veulent tout et maintenant. La réponse structurelle au problème de l’emploi est la création d’activités qui permettent l’augmentation des chaines de valeur en Afrique. Aujourd’hui, nous produisons ce que nous ne consommons pas (les ressources naturelles) et nous consommons ce que nous ne produisons pas. Il nous faut inverser cette tendance. La BAD devrait aider les pays africains à formuler des politiques publiques et régionales de façon à produire plus en Afrique, donc d’augmenter les chaines de valeur. Ceci veut dire mettre l’accent sur l’innovation et la créativité, deux facteurs compétitifs qui abondent en Afrique mais que nous ne valorisons pas suffisamment. Par ailleurs, nous savons que la question de l’émigration clandestine est très liée aux opportunités d’emploi dans les zones rurales et dans les quartiers défavorisés des grandes villes africaines. L’agriculture et l’agro-business sont aussi des secteurs générateurs d’emplois et d’exode rural. L’exclusion financière est aussi un facteur qui favorise cette émigration. Il nous faut donc trouver des solutions intelligentes en étroite collaboration avec nos partenaires de développement qui sont aussi intéressés que nous pour mettre fin à ce fléau. LA : Le faible niveau d’électrification ainsi que les problèmes du secteur énergétique sont souvent cités comme des obstacles importants pour le dé- veloppement du continent. Que feriez-vous pour surmonter ces défis ? C.D. : L’accès à l’électricité n’est pas seulement un facteur de compétitivité de nos entreprises mais aussi un droit humain fondamental pour améliorer la participation de tous au processus de développement. Au Cabo Verde, nous avons décidé comme politique publique l’accès à l’électricité pour tous. Nous sommes arrivés en moins de 20 ans de passer de 30% à 95% d’accès à l’électricité. Nous pouvons témoigner le grand changement qui s’est opéré pour nos populations en termes d’accès aux connaissances, d’affirmation de notre identité culturelle grâce à l’accès aux mêmes sources d’informations, de changement de mentalités surtout dans les zones rurales qui a amené par exemple à une meilleure divulgation de techniques d’irrigation comme le goutte-à-goutte. Ceci nous a montré qu’investir dans l’accès à l’électricité pour tous devrait être une politique publique critique pour le développement de nos États. Ceci dit, nous ne pouvons pas augmenter la production d’électricité avec les moyens classiques de production d’électricité qui utilisent les combustibles fossiles. En plus d’avoir un coût à long terme insupportable pour nos populations, le doublement de 30 à 60% de notre consommation d’électricité aura un effet catastrophique sur notre planète et notre environnement si nous le faisons avec des combustibles fossiles. Or, l’Afrique est le continent avec le plus grand potentiel d’énergies renouvelables que ce soit en terme d’hydraulique (mini centrales ou barrages transfrontaliers), de biomasse, du solaire, éolien et géothermie. Il est aujourd’hui prouvé que l’utilisation de ces sources renouvelables est sur le long terme moins cher que le thermique classique en plus de créer une nouvelle éco- Accompagner le développement 21 mai 2015 Les Afriques . 41 DOSSIER Des unités industrielles, à même d’assurer l’inclusion sociale nomie plus amie de notre environnement. Pour cela, si j’étais élue je donnerais une plus grande priorité au programme de l’Agenda Vert de la BAD tout en lui donnant de nouvelles orientations comme le soutien aux politiques publiques des pays africains concernant l’accès à l’électricité pour tous et l’utilisation de sources renouvelables d’énergie. LA : L’autre défi majeur de l’Afrique c’est la lutte contre la pauvreté. Que comptez-vous faire pour que la croissance économique puisse impacter considérablement la vie des populations ? C.D. : Comme institution financière qui doit produire des résultats, la BAD se doit d’avoir une perspective différente des ONG dans la lutte contre la pauvreté. Si la pauvreté est une conséquence de l’insuffisante création de richesses et d’une inégale distribution des ressources du pays, il nous faut donc changer de paradigme dans la gestion du développement. Nous ne devons plus faire ce que nous faisons actuellement qui Construire une route n’est pas suffisant. Il faut que cette route permette l’accès aux marchés, aux Bio-express soins de santé et Cristina Duarte est ministre des Finances et du plan du Cap-Vert depuis 2006. Ancienne cadre de City aux services Bank où elle a été vice-présidente en charge du «Corporate & Investment banking», Cristina Duarte d’éducation en a été également consultante pour la FAO, le PNUD et plus de générer la Banque mondiale. Depuis de nombreuses années, s’est beaucoup imprégnée du fonctionnement des ressources. elle des institutions africaines comme la BAD en sa qua42 Les Afriques . 21 mai 2015 consiste très souvent à agir sur l’impact de la pauvreté sur les populations mais transformer nos populations en producteurs de richesses à tous les niveaux. La BAD doit encourager et appuyer les gouvernements africains à formuler et mettre en œuvre des politiques publiques qui facilitent l’inclusion sociale, la participation effective des populations au processus de développement, la création d’un environnement qui permet l’accès aux financements, aux connaissances et à l’innovation qu’elle soit sociale ou technologique et le renforcement des institutions surtout celles liées à la protection sociale et la régulation des marchés. En plus, il faudrait créer les conditions pour que les infrastructures et les investissements réalisés avec le financement de la BAD soient des facteurs de création de richesses tangibles et intangibles pour les populations. Construire une route n’est pas suffisant. Il faut que cette route permette l’accès aux marchés, aux soins de santé et aux services d’éducation en plus de générer des ressources pour garantir sa maintenance. lité de gouverneur de l'institution. Agée de 52 ans, la ministre cap-verdienne qui brigue la présidence de la BAD est titulaire d’un MBA en finance internationale et marché émergent, obtenu aux Etats-Unis. Expérience, intelligence, charisme et sympathie sont autant de qualités que lui reconnaissent ses pairs. Cristina Duarte parle couramment cinq langues : français, anglais, portugais, italien et créole. Les femmes candidates à des postes de responsabilité doivent revendiquer leur droit à occuper ces postes parce qu’elles sont aussi compétentes que les hommes et non pas parce qu’elles sont des femmes. LA : Autre challenge des pays africains, l’émergence. Au Cap-Vert vous avez conduit d’importantes réformes pour y parvenir. Quels sont à votre avis les axes stratégiques incontournables pour réussir la transformation structurelle du continent ? C.D. : Nous sommes à un moment historique pour l'Afrique. La confiance est de retour sur le continent, ainsi que les investisseurs. Les possibilités abondent, même s’il y a aussi des menaces. Le premier axe stratégique est de mettre à profit cette tendance positive en agissant rapidement pour établir les fondations pour la transformation socioéconomique irréversible de l'Afrique. Cela exige des réformes au sein de la Banque visant à promouvoir l'efficience et l'efficacité, mais aussi de nouvelles approches pour aider les pays africains à améliorer leurs politiques publiques. La BAD devrait se concentrer en priorité sur les interventions où elle a un avantage compétitif. La Banque, en collaboration avec d'autres centres de connaissances et financières au sein et en dehors du continent, doit fournir les contours intellectuels et les incitations financières nécessaires pour réaliser le changement structurel. Elle se doit d’être plus sélective et d’avoir une approche plus équilibrée entre les financements en infrastructures, secteur privé et institutions. La BAD devra également mieux collaborer avec les autres acteurs, y compris les banques privées et les agences de développement. En même temps que ce devoir de coopération, la Banque doit devenir le leader et l’animateur sur les questions clés du développement du continent comme l'intégration régionale, le genre, l'économie verte/bleue et l'emploi. Il faut pour cela une banque avec une forte capacité de conseils pour soutenir les gouvernements africains. En outre, il est nécessaire de donner la priorité à la libération des capacités du continent en investissant dans l'écosystème de l'innovation en Afrique et de maintenir la notation triple A de la Banque. LA : Votre candidature est porteuse d’espoir pour la promotion des femmes à de hautes responsabilités en Afrique. Qu’en pensent les dirigeants africains que vous rencontrez ? C.D. : Les femmes candidates à des postes de responsabilité doivent revendiquer leur droit à occuper ces postes parce qu’elles sont aussi compétentes que les hommes et non pas parce qu’elles sont des femmes. La discrimination positive est bonne mais pas pour des postes dont les décisions ont une influence directe et même dramatique sur la vie des populations comme c’est le cas de la BAD. C’est ce que j’ai cherché à montrer aux dirigeants africains que j’ai eu le privilège de rencontrer. Je pense que la plupart ont été rassurés de constater que j’ai le profile et les compétences nécessaires. Ceci dit, c’est mon opinion qu’à égalité de compétences, les femmes ont un avantage compétitif sur les hommes dans des postes comme la présidence de la BAD qui ont un impact direct sur la vie des populations : elles ont plus de sensibilité pour les questions de développement humain, de justice sociale et de conviction quand elles doivent prendre des décisions. Comme femme, j’ai un devoir de succès car je sais que la promotion des femmes, à de hautes responsabilités en Afrique, dépendra de mes résultats dans la gestion de la BAD. Pour cela, je suis sûre que toutes les femmes auront à cœur de m’aider dans mes responsabilités, ce qui est un avantage comparatif. Propos recueillis par Ibrahim Souleymane Cristina Duarte 21 mai 2015 Les Afriques . 43 DOSSIER Election à la présidence de la BAD 8 candidats pour succéder à Kaberuka Huit candidats sont en lice pour la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) dont trois de l’Afrique de l’Ouest. Fortes carapaces, têtes de chéquier, super favoris, outsiders constituent la galaxie des plénipotentiaires en course sur le tapis rouge de la tour financière d'Abidjan. Portraits. Entre favoris et outsiders, les tractations vont bon train pour diriger la banque internationale. 44 Les Afriques . 21 mai 2015 Akinwumi Adesina : Le super favori Cristina Duarte : Bouclier en or Il est sans doute le candidat le mieux positionné des prétendants au fauteuil que devra céder le Rwandais Donald Kaberuka. Puissant ministre de l'Agriculture du gouvernement nigérian, Akinwumi Adesina, l'homme qui voyage en permanence à bord de son jet privé est un coffre lourd. Dans son pays, le Nigéria, géant du marché de la Cedeao, on le présente comme le grand «réformiste» de la politique agricole. Homme de réseaux, Akinwumi, après avoir tissé sa toile dans l'ombre avant d'être propulsé par une task force, consignée pour faire le job en direction d'Abidjan, a été reçu par une poignée de chefs d'Etat africains dont le président Alassane Ouattara avec qui il entretient d'excellentes relations. Le ministre Adesina considéré comme le super favori dans les milieux financiers bien informés devra tirer profit de la mésentente des États subsahariens sur le choix d'un candidat unique pour succéder à Kaberuka. Le hic est que l'arrivée du nouvel homme fort du Nigéria, le général Muhamadou Buhari, risque de ne pas lui faciliter les choses. A moins que la fibre nationaliste soit de mise. Elle est la seule femme candidate en course du lot des prétendants. La ministre des Finances du Cap-Vert, égérie du secteur de la finance, a multiplié les manœuvres. Très tôt, elle a décidé d'affûter ses armes et passer à l'offensive. Respectée de tous aussi bien au Cap-Vert qu'au-delà des frontières de son pays, Cristina Duarte porte la voix des femmes du monde dans le combat d'accès aux commandes des instances internationales. Méthodique, bosseuse acharnée, bien entourée par une équipe pleine d'ambition et décomplexée, Cristina Duarte est comme une roue libre. La bonne image de son pays, île enclavée, à la face du monde à travers son climat de stabilité et son environnement des affaires constituent des atouts non négligeables pour sa désignation au poste de nouvelle patronne de la BAD. Praia debout comme un seul homme fait sa campagne et joue à fond sa carte. Le derby de la succession de Kaberuka devra se jouer entre le candidat du Nigéria et elle. Le contexte international joue bien à sa faveur après la désignation de Christine Lagarde à la tête du FMI, de Michaëlle Jean à la Francophonie. Pourquoi pas Cristina à la BAD ? Ismael Aidara BAD L’Afrique centrale adoube Bedoumra Kordje Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ont unanimement décidé d’apporter leur soutien au ministre tchadien des Finances et du Budget, candidat à la présidence de la BAD. L Bedoumra Kordje e 12è sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui s’est tenu le 7 mai à Libreville, au Gabon, s’est clairement prononcé sur les assemblées générales de la Banque africaine de développement (BAD) qui auront lieu le 28 mai 2015 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Sur la base des résolutions et des recommandations ayant sanctionné cette rencontre, les six chefs d’Etat de la Cemac, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad, ont officiellement réitéré leur soutien à la candidature de l’actuel ministre tchadien des Finances et du budget, Bedoumra Kordjé dans les fonctions du président de groupe de la BAD. Un soutien de taille qui devrait renforcer cette candidature présentée par des observateurs comme «l’une des plus sérieuses» pour présider aux destinées de la première institution financière du continent. A priori, cette position officielle de la Cemac n’a rien de surprenant, si elle ne venait pas lever une équivoque au sujet de « certaines informations non fondées » selon lesquelles, des pays de la Cemac auraient choisi de parrainer d’autres candidatures. Désormais, les choses sont claires et précises, ont souligné les chefs d’Etat. C’est dire que si certains pour des raisons inavouées avaient passé un accord avec d’autres candidats, ils seraient pris dans leur propre piège, puisque plus jamais, l’Afrique centrale a décidé de porter son choix sur le candidat d’un pays de la sous-région, dont le profil et le parcours professionnel plaident en sa faveur. Visiblement, les dirigeants d’Afrique centrale ont tiré des conséquences de leur désunion qui ont fait perdre par le passé des postes à l’échelon continental et international, à l’instar du Camerounais Nkodo Foumena à la présidence de la BAD en 2005 ou encore de l’écrivain et diplomate congolais Henri Lopez au secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2014, pour ne citer que ces deux exemples. Par ailleurs, les chefs d’Etat de la Cemac qui sont favorables pour un consensus ont en appelé à « la sagesse et l’esprit d’unité » des autres dirigeants du continent et des autres actionnaires de la BAD pour porter leur choix sur Bedoumra Kordjé. En plus du profil qui plaide pour cette candidature, les leaders d’Afrique centrale ont rappelé que cinquante ans après la création de la BAD, aucun ressortissant d’Afrique centrale n’a encore présidé aux destinées de l’auguste institution financière continentale. Raison pour laquelle le principe de la présidence tournante entre les pays d’expression anglaise et les pays d’expression française et le principe de la rotation régionale voudraient que l’Afrique centrale puisse enfin présider aux destinées de la BAD. On comprend pourquoi en dehors de l’espace Cemac, c’est l’ensemble de l’Afrique centrale qui a décidé d’apporter son soutien à la candidature tchadienne, en l’occurrence la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac). Achille Mbog Pibasso, Douala 21 mai 2015 Les Afriques . 45 DOSSIER Kaberuka à l'heure du bilan Après deux mandats (de 2005 à 2015) à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka va céder son fauteuil à son successeur qui sera désigné ce 28 mai à Abidjan. Que peut-on retenir du passage de Donald Kaberuka à la tête de cette institution panafricaine ? rairement d’Abidjan à Tunis a pu être ramené en Côte d’Ivoire. Cette opération délicate a été couronnée de succès malgré les nombreuses incertitudes qui planaient à ce sujet. • Lancement du Fonds Afrique 50 Le «Fonds Afrique 50» pour le financement des infrastructures en 2014 a été l’une des réalisations les plus importantes sous la présidence Kaberuka. Ce fonds est doté d'un capital initial de 3 milliards de dollars, qui sera porté ensuite à plus de10 milliards de dollars. • Financement des infrastructures Donald Kaberuka L’institution a augmenté le nombre de ses représentations d’une quinzaine en 2005 à près de 40 bureaux nationaux en 2014. L’ ancien ministre des Finances du Rwanda, Donald Kaberuka, est l’un des hommes qui ont le plus marqué la BAD de leur empreinte. Ses actions au cours de ses deux mandats ont profondément transformé cette institution. En plus des avancés enregistrées dans le financement des infrastructures, il a beaucoup œuvré pour doper la croissance inclusive, améliorer la gestion de la banque, professionnaliser davantage ses process, mais aussi la doter de moyens beaucoup plus importants. Grace à lui, la BAD est devenue une institution financière plus crédible sur la scène internationale et incontournable en Afrique. Quelques réalisations importantes au niveau de la BAD à mettre à l’actif du Donald Kaberuka : 21 mai 2015 • Une présence active sur tous les dossiers urgents du continent Depuis quelques années, la BAD est sur tous les fronts pour financer les projets en Afrique. De l’épidémie d’Ebola aux conséquences de la chute du prix du pétrole, la BAD a été très présente aux côtés des pays africains. L’institution a aussi augmenté le nombre de ses représentations d’une quinzaine en 2005 à près de 40 bureaux nationaux en 2014. • Promotion du secteur privé et de la PME • Renforcement des moyens financiers de la BAD Pendant la période Kaberuka, la BAD est devenue la première institution financière en Afrique. La BAD a levé des fonds et financé beaucoup de projets notamment dans les infrastructures à travers toute l’Afrique. L’institution est devenue le bras financier du continent africain. Depuis l’arrivée de Donald Kaberuka, les financements cumulés de la BAD en Afrique sont passés de 30 milliards à plus de 100 milliards de dollars. • Retour du siège de la BAD à Abidjan Le siège de la BAD qui avait été transféré tempo- 46 Les Afriques . Le financement des infrastructures a été la priorité de la BAD (avec 57,6 % des financements) tout au long des deux mandats du Rwandais. Ce dernier a mis l’accent sur le financement d’infrastructures : transport, énergie, etc. La BAD a ainsi financé des projets tels que le projet solaire marocain, l’aéroport de Dakar au Sénégal ou encore le pont Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan (à hauteur de 20 % du projet de ce pont). Au moins 30% des financements accordés par la BAD sont destinés au secteur privé. Le soutien de la banque a été considérable au profit des entreprises africaines tout au long de la présidence de Donald Kaberuka. Donald Kaberuka a profondément transformé la BAD. Il en a fait une institution de premier plan et un levier de financement indispensable en Afrique. Son successeur qui sera désigné lors des 50ème assemblées annuelles de la banque qui se tiendront à Abidjan, en Côte d'Ivoire, du 25 au 29 mai 2015, aura le défi de consolider cet héritage et de tenter d’imprimer ses marques à son tour au niveau de cette institution panafricaine. Ibrahim Souleymane Flashback sur les différents présidents de la BAD Depuis sa création, la Banque africaine de développement (BAD) a eu 6 présidents et un président par intérim. Élu par le conseil des gouverneurs sur recommandation du conseil d’administration, le président est l’autorité suprême chargée de la gestion des affaires courantes de la banque internationale. E lu pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois, le président de la BAD est le représentant légal de la banque. Aussi, il exerce les fonctions de président du FAD et de président du conseil d’administration. Il revient au président de la BAD de définir la structure organisationnelle, les fonctions et les responsabilités. C’est lui qui nomme les représentants régionaux et nationaux. Enfin, il propose au conseil d’administration la nomination des vice-présidents qui l’assistent dans la gestion courante du groupe de la banque. Depuis le premier, Mamoun Beheiry du Soudan, à l’actuel Donald Kaberuka du Rwanda, chacun d’eux a tenu à marquer d’une pierre blanche son magistère. Si les 5 premiers ont tous fait un mandat, ce fut avec le Sénégalais Babacar Ndiaye que démarra la phase des mandats doubles. Son successeur, le Marocain Omar Kabbaj, tout comme Donald Kaberuka du Rwanda, qui sera remplacé le 28 mai à Abidjan, lors des assemblées générales, ont aussi rempilé à la fin de leur premier mandat. D. MBaye Liste des présidents de la BAD 1964-1970 Mamoun Beheiry (Soudan) 1970-1976 Abdelwahab Labidi (Tunisie) 1976-1979 Kwame Donkor Fordwor (Ghana) 1979-1980 Godwin Gondwe (Malawi) président par intérim 1980-1985 Willa Mung’Omba (Zambie) 1985-1995 Babacar Ndiaye (Sénégal) 1995-2005 Omar Kabbaj (Maroc) Depuis 2005 Donald Kaberuka, en fin de mandat (Rwanda) ROYAUME DU MAROC OFFICE NATIONAL DE L’ELECTRICITE ET DE L’EAU POTABLE (ONEE) Branche Eau DIRECTION APPROVISIONNEMENTS ET MARCHÉS Alimentaon en eau potable d’Agadir à parr du dessalement d’eau de mer Lot: Ligne électrique HT et extension départ 60 KV au poste 225/60 KV d’Agadir AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL LIMITE AUX PAYS MEMBRES N° 28/DAM/ET/15 Séance publique La Direction Approvisionnements et Marchés de l’ONEEBranche Eau, sise à Rabat lance le présent appel d’offres qui concerne : ALI MENTATION EN EAU POTABLE DU GRAND AGADIR PAR DESSALE MENT D’EAU DE MER Lot : ETUDES ET CONSTRUCTION DE LA LIGNE 60KV «POSTE 225/60KV AGADIR – POSTE STATION DE DESSALE MENT CAPGHIR» ET EXTENSION DEPARTS 60KV AU POSTE 225/60KV D’AGADIR. Le financement du projet sera assuré par La Banque Islamique pour le Développement (BID). Les pièces jusficaves à fournir sont celles prévues par l'arcle 10 du règlement de la consultaon. Le montant du cauonnement provisoire est fixé à 450 000,00 DH ou son équivalent en devise librement converble. Une visite des lieux fortement recommandée est prévue le jeudi 11 Juin 2015 à 10:00 à la Direcon Régionale de l’ONEEBranche Eau d’Agadir. Le dossier de consultaon peut être reré aux adresses suivantes : Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés Branche Eau : Bâment G, Avenue Mohamed Belhassan El Ouazzani code postal : 10220 Rabat, Tél. :(+ 212) 0537 66 77 77 Fax : (+212) 0537 66 72 22 Le dossier de consultaon (RCDP, RCDG, CCAFP, CCAFG, CCTP, Défini on et Bordereau des Prix) est consultable et téléchargeable sur le portail des marchés publics à l’adresse : hps://www.marchespublics.gov.ma/. Les cahiers généraux et le règlement des achats de l’ONEE sont consul tables et téléchargeables à parr du site des achats de l’ONEEBranche Eau à l’adresse : hp://achatseau.onee.ma. Le dossier de consultaon est remis gratuitement aux candidats. En cas d’envoi du dossier de consultaon par la poste à un candidat, sur sa demande écrite et à ses frais, l’ONEEBranche Eau n’est pas res ponsable d’un quelconque problème lié à la récepon du dossier par le desnataire. Les plis des concurrents, établis et présentés conformément aux pres cripons du règlement de la consultaon, doivent être : au Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Mar chés Branche Eau : à l’adresse citée cidessous, avant la date et l’heure fixées pour la séance d’ouverture des plis. soit envoyés par courrier recommandé avec accusé de récepon au Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés Branche Eau : à l’adresse citée cidessous, avant la date et heure de la séance d’ouverture des plis. soit remis au président de la commission d’appel d’offres en début de la séance publique d’ouverture des plis. L’ouverture publique des plis aura lieu le mercredi 22 Juillet 2015 à 09:00 à la Direcon Approvisionnements et Marchés Branche Eau, à l’adresse citée cidessous. Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés Branche Eau Bâment G, Avenue Mohamed Belhassan El Ouazzani code postal : 10220 – Rabat Tel. :(+ 212) 0537 66 77 77 Fax : (+212) 0537 66 72 22 DOSSIER Admission du Soudan du Sud Le dossier d’adhésion du Soudan du Sud a été validé par le conseil d’administration de la Banque africaine de développement. L’admission du Soudan du Sud au sein de la BAD consolide les relations engagées depuis 2005 entre le 54ème Etat africain et l’institution panafricaine bancaire du continent. Juba, capitale du Sud Soudan 48 Les Afriques . 21 mai 2015 L a Banque africaine de développement (BAD) compte un nouveau pays membre : le Soudan du Sud. L’annonce a été faite par la secrétaire générale de la BAD, également vice-présidente, Cécilia Akintomide, au cours d’une conférence de presse tenue le 6 mai au siège de l’institution à Abidjan en prélude à la tenue des assemblées annuelles qui se tiendront à la fin du mois de mai. Le Soudan du Sud devient ainsi le 80ème Etat membre de la BAD .Selon les administrateurs de la BAD, l’institution et le Soudan du Sud ont une histoire de coopération qui a commencé après la signature de l'Accord global de paix en 2005. Ce qui était alors le territoire du Sud-Soudan a bénéficié des concours de l’institution dans le cadre de l’approche Un pays, deux systèmes, et plus tard, après l'indépendance, dans le contexte de l'Accord de coopération signé avec la Banque. Le pays a été officiellement accepté comme membre de la BAD en mai 2012, et a ratifié son adhésion en septembre de l’année suivante. Après l'accession à l'indépendance, le pays a élaboré son premier cadre de la planification du développe- ment, sous le titre Plan de développement du Soudan du Sud 2011 à 2013. Le Plan a été prorogé jusqu'en 2016, pendant que les autorités sont est en train de parachever l'Initiative de développement du Soudan du Sud, dont l'objectif consiste à hiérarchiser et à mettre en œuvre les projets et programmes transformateurs du SSDP. Le cadre de planification du pays se concentre sur la sortie de la fragilité. Et ce en abordant les contraintes en capacités en ressources humaines, ainsi que sur le Nouveau pacte sur les cinq objectifs de construction de la paix et de renforcement de l’Etat pour les Etats fragiles, à savoir un cadre politique légitime, la sécurité, la justice, les fondements de l’économie, les recettes et les services. La Banque, d’après les dires du principal économiste de l’institution, finance actuellement trois projets au Soudan du Sud, pour un investissement total d'environ 17,8 millions de dollars EU. Compte tenu des faiblesses de capacité institutionnelle que connaît le pays, les investissements de la Banque sont principalement axés sur le renforcement des capacités institutionnelles et la gestion des finances publiques. Cela pouvait paraître paradoxale aux yeux des analystes d’admettre dans le contexte actuel un pays secoué par une guerre où l’autorité du pouvoir en place est contestée par l’ancien vice-président. La réponse de la BAD par rapport à cette situation critique est sans ambages. Car les négociations entre le pays et l’institution ont commencé avant la situation de guerre civile qui n’a pas arrêté le fonctionnement du pays conformément aux conditions fixées par l’institution pour l’axe réservé au pays dits fragiles .La BAD souhaite vivement que les pourparlers engagés entre les belligérants à AddisAbeba sous l’égide de l’Ethiopie aboutissent, car le Soudan du Sud a besoin d’une paix véritable pour pouvoir sécuriser les investissement et bénéficier des divers appuis extérieurs dont le pays a énormément besoin pour son développement . Les 25 et 29 mai, le Soudan du Sud siègera pour la première fois au conseil des gouverneurs de la BAD lors des ses assemblées annuelles, qui coïncidera avec le jubilé d’or, le cinquantenaire de l’institution. Rodrigue Fénelon Massala, Addis-Abeba ZOOM 50 Les Afriques . 21 mai 2015 Prospective De l’économie mondiale et de l’impact du cours du pétrole sur les équilibres macro de l’Algérie 2015-2020 Synthèse d’une récente conférence du Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international, à l’Ecole supérieure de Police d’Algérie sur l’état des lieux et les perspectives de l’économie mondiale, ainsi que l’impact de la chute des prix du brut sur les équilibres macroéconomiques et macrosociaux de l’Algérie à l’horizon 2020. L Dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui aucun prix n’a plus d’importance que celui du pétrole brut. es batailles futures pour le développement seront conditionnées par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir. Mesdames, Messieurs, honorable assistance, je voudrai remercier le généralmajor Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale pour cette aimable invitation. Comment ne pas me rappeler que j’ai dirigé, au moment fort du terrorisme, un audit pour cette importante institution et je tiens à rendre hommage à l’ANP, à nos forces de sécurité, dont la DGSN, qui ont payé un lourd tribut pour que notre pays échappe à un drame qui aurait entrainé la nation vers la dérive. Saluons également le contrat de concorde nationale inauguré lors de la période du président Liamine Zéroual via l’ANP et concrétisé par le président Abdelaziz Bouteflika en ces moments difficiles, l’Algérie ayant besoin de rassembler tous ses enfants pour un devenir meilleur. Pour cela, avec l’ère d’Internet où le monde est devenu une maison de verre, nous devons éviter tant l’autosatisfaction stérile, source de névrose collective, que la sinistrose source de démotivation. Comment ne pas rappeler les conditions de vie de la majorité des Algériens durant la période coloniale et en 1963/1964. Tout ce qui a été fait entre 1963 et 2015 n’est pas totalement négatif, mais il y a beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. C’est dans ce contexte que rentre ma modeste conférence. Car dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui aucun prix n’a plus d’importance que celui du pétrole brut. Plus de 80 millions de barils sont produits et consommés chaque jour, dont la plus grande partie est vendue sur les marchés internationaux. Les réserves prouvées de pétrole traditionnel sont les suivants selon les données internationales de 2012-2013 : Venezuela 298 milliards de barils de pétrole 24,80%, Arabie saoudite, 266 milliards avec 22,10%, l’Iran 158,13 soit 10% et l’Irak 140 11,70%. Loin derrière, le Koweït avec 102, les Emirats arabes unis 98, la Russie 90, la Lybie 49, le Nigéria 38 et l’Algérie 12 milliards données de BP de 2000. Pour les réserves prouvées de gaz naturel traditionnel, la Russie vient en tête avec 48 000 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 34 000, le Qatar 25 000, le Turkménistan 25 000n l’Arabie saoudite 8 000, les Etats-Unis 7 100, les Emirats arabes unis 6 100, le Venezuela 5 200, le Nigéria 5 100, l’Algérie 4 500 données de BP de 1998 estimation actuelle environ 3 500. Le 8 mai 2015, le cours du Brent a été coté à 65,63 dollars, le WTI 58,99 dollars et la cotation du dollar/euro est passée de 1,055 à 1,12, cette appréciation de l’euro expliquant en partie cette relative hausse récente. Cette présente contribution se propose de développer l’impact de la baisse du prix du pétrole, le prix du gaz étant indexé sur les équilibres macroéconomiques et macrosociaux de l’Algérie, incompréhensibles sans analyser les nouvelles mutations énergétiques mondiales. L’économie mondiale et les raisons de la chute du cours du pétrole La crise d’octobre 2008 et ses impacts en 20092014. Par rapport à la période contemporaine, fautil considérer la crise de 1929 comme étant un événement unique dans l’histoire du capitalisme ou l’apparenter aux autres crises récentes, qui bouleversent les économies capitalistes ? La question reste posée et le devoir de mémoire est fondamental pour tirer les leçons du passé pour comprendre la crise d’octobre 2008 qui n’est pas encore termi21 mai 2015 Les Afriques . 51 ZOOM Réunion G20 du 15/11/2008 à Washington Les fonds spéculatifs ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements. 52 Les Afriques . 21 mai 2015 née, ne s’étant pas attaqué aux fondamentaux. Ces dysfonctionnements ont été concrétisés à travers la crise des prêts hypothécaires (subprimes) en août 2007, crise qui s’est propagée à l’ensemble des bourses mondiales avec des pertes considérables. Il existe bon nombre de similitudes entre la crise d’octobre 1929 et celle d’octobre 2008 : boom économique précédant la crise, endettement croissant et divorce entre la sphère réelle et financière, répercussions sur la sphère réelle avec la chute des valeurs. Devant éviter de confondre l’essence et les apparences, je résume cette crise en cinq étapes : - les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties, à des taux d’intérêts élevés ; - diffusion des mauvaises créances dans le marché : pour évacuer les risques, les banques «titrisent» leurs créances, c’est-à-dire qu’elles découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché. La mondialisation a fait le reste, en diffusant ces titres à risque dans les portefeuilles d’investisseurs de toute la planète. Les fonds spéculatifs (hedge funds) ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements (jusqu’à 30% par an), et faire jouer l’effet de levier, les hedge funds empruntant jusqu’à 90% des sommes nécessaires ; - retournement du marché immobilier américain : vers fin 2005, les taux d’intérêts américains ont commencé à remonter alors que le marché financier s’essoufflait. Des milliers de ménages ont été incapables d’honorer leurs remboursements en- traînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont acheté les titres obligataires ont vu leur valeur s’effondrer ; - crise de confiance : les banques se sont retrouvées dans une situation ou comme dans un jeu de poker, elles savent ce qu’elles ont dans leur bilan, mais pas ce qui se trouve dans celui des autres car ces mauvais crédits immobiliers ont été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait quelle est la répartition du risque d’où une grave crise de confiance et depuis juillet 2007, cette situation fait chuter les bourses et paralyse le marché interbancaire, les banques ne se prêtent plus ou très peu craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge ; - intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché, les banques centrales sont intervenues massivement début août 2007 en injectant plusieurs centaines de milliards de dollars et d’euros de liquidités. Cette crise s’est propagée à l’ensemble de la planète qui a nécessité la réunion du G20 tenue le 15 novembre 2008 à Washington où le plan d’action décidé avec cinq objectifs : premièrement de dégager une réponse commune à la crise financière ; deuxièmement ouvrir les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international ; troisièmement prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables ; quatrièmement des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation et les parachutes dorés ; enfin, cinquièmement, accroître les Les thérapeutiques sur les perspectives de sortie de la crise sont contradictoires entre les partisans de l’orthodoxie monétaire et les partisans de la relance par le déficit budgétaire. dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnées, mais au profit des économies d’énergies pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur automobile, remettant d’ailleurs en cause le pacte de stabilité européen (3% du PIB et dépenses publiques sur/PIB moins de 60%). D’une manière générale, l’essence de la crise tant de 1929 que de 2008 est liée à la financiarisation accrue en déconnexion avec la sphère réelle et la nonsymbiose de la dynamique économique et de la dynamique sociale oubliant que le travail est certes un prix mais créateur de valeur et vecteur de croissance à travers la consommation. Or, une des raisons de la crise de 1929 est que les revenus étaient mal répartis entre salaires et profits, entre les plus riches et les autres avec la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises. Mais à la différence de 1929 existe une nette volonté de régulation des Etats et l’économie mondiale est en déflation (faible inflation, chômage croissance négative) et non en stagflation (inflation et chômage décroissance). Comme en témoigne la socialisation des pertes de certaines banques, la rapidité des interventions des banques centrales que ce soit la FED américaine, la Banque centrale européenne, les Banques d’Angleterre, japonaise, russe, et même chinoise et indienne de coordination pour briser le cercle vicieux du manque de confiance, prêts interbancaires bloqués qui constituent l’élément vital de fonctionnement de l’économie mondiale. Cependant, ces mesures se sont avérées d’un impact limité où nous assistons au risque de conjonction de bulles financières et de bulles budgétaires. En effet, le gonflement de la dette provoque un effet «boule de neige» selon un processus auto-entretenu, la charge d’intérêt qu’elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc à accroître encore l’endettement de l’État comme en témoigne l’explosion des déficits budgétaires pour l’ensemble des pays européens sans compter les déficits des pays émergents. La reprise permettra-t-elle d’absorber cette importante injection monétaire sans précédent dans l’histoire du capitalisme comme le postule la théorie keynésienne raisonnant au sein de structures élastiques et d’Etats-Nations (relance de la demande globale, consommation et investissement) et le blocage n’est-il pas mondial (fait nouveau interdépendance des économies), donc d’ordre structurel ? D’une manière générale, les thérapeutiques sur les perspectives de sortie de la crise sont contradictoires entre les partisans de l’orthodoxie monétaire et les partisans de la relance par le déficit budgétaire. Ainsi, la grande majorité des économistes s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’asseoir la macroéconomie sur des fondements microéconomiques. Il faut reconnaitre que les politiques et les économistes sont mal armés pour analyser le systémique et les phénomènes d’anticipation collective qui provoquent une crise. Les 9 raisons de la chute des cours du pétrole Pour la chute des cours du pétrole brut, je recense 9 raisons. Le FMI estime la croissance de l’économie mondiale à 3,5% en 2015. La Réserve fédérale mise sur une expansion US entre 2,6% et 3% pour 2015, rejoignant les estimations du FMI pour qui le taux de croissance devrait progresser de 3,1% en 2015 et 2016. Pour la zone euro, le FMI prévoit un taux de croissance de 1,5% en 2015 contre 0,9% en Puits de pétrole 21 mai 2015 Les Afriques . 53 ZOOM Chine, vers une croissance de 7% en 2015 Placer une partie en bons du Trésor américains, 1 223,7 milliards de dollars fin 2014 et en dette souveraine d'autres Etats, une autre partie pour investir dans des entreprises à l'étranger, à travers son principal fonds souverain. 54 Les Afriques . 21 mai 2015 2014 dont l’Allemagne (1,6%), la France (1,2%) et l’Espagne (2,5%). Cependant c’est la déprime au niveau des pays émergents à l’exception de l’Inde où, après moins de 5% en 2014, le Fonds s’attend à une croissance de 7,2% en 2016, grâce à une reprise notable des investissements et à la baisse des prix du pétrole. Quand la Chine inquiète C’est surtout le cas de la Chine, qui inquiète l’économie mondiale. Car la Chine est le deuxième pays au monde par son produit intérieur brut PIB (11 285 milliards de dollars) derrière les Etats-Unis avec 18 287 milliards de dollars mais pour une population de 360 millions d’habitants, loin devant le Japon (4 882), l’Allemagne (3 909) le Royaume-Uni (3 003) et la France (2 935 milliards de dollars). Selon FMI, la parité de pouvoir d'achat (PPA) prévoit que le PIB PPA de la Chine atteindra 27 000 milliards de dollars en 2019, quand celui des ÉtatsUnis ne devrait être que de 22 000 milliards de dollars. Confrontée au ralentissement du marché immobilier mais aussi à des échanges commerciaux et des investissements, la Chine s'achemine en 2015 vers une croissance de 7%, soit la plus faible depuis 25 ans, alors que la population active du pays compte 800 millions de personnes. Bien que selon les données de la Banque populaire de Chine, les réserves se situent à 3 820 milliards de dollars fin 2014, permettant de les placer, une partie en bons du Trésor américains, 1 223,7 milliards de dollars fin 2014 et en dette souveraine d'autres Etats, une autre partie pour investir dans des entreprises à l'étranger, à travers son principal fonds souverain, le CIC. Cependant, la population reste relativement pauvre, car il faut relativiser, non voir le PIB en valeur absolue mais le diviser par la population totale : en parité de pouvoir d’achat, on évalue le PIB par habitant en 2013 à 9 800 dollars par habitant, ce qui place la Chine au 121e rang mondial. Il y a également les perspectives de l’Amérique latine qui sont alarmantes avec 1,3% en 2014 contre 2,9% en 2013 avec une probable récession du Brésil dont le PIB devrait reculer de 1% en 2015. La baisse des cours du pétrole a accéléré le ralentissement de l'économie russe et la dévaluation du rouble avec d’importantes sorties de capitaux qui ont un effet négatif sur de nombreux pays d'Eurasie, notamment dans les pays émergents de la région Europe et Asie centrale (ECA). La chute du rouble porte à plus de 50% sa baisse face au dollar depuis le début de l'année. L'euro a dépassé le seuil inimaginable de 100 roubles et le dollar 80 roubles. Ainsi, selon le gouverneur de la Banque centrale russe, avec un volume total des exportations russes d’environ 500 milliards de dollars, une chute de 10 dollars du prix du baril de pétrole coûtant 10 milliards de dollars au budget fédéral russe et 0,4% point de croissance au PIB, la Russie perdrait quelque 160 milliards de dollars par an dans ses exportations de pétrole si le cours du pétrole se maintient à 45 dollars le baril. En plus des fuites de capitaux qui, selon les Echos.fr du 19 janvier 2015, atteignant 151 milliards de dollars, plus du doublement entre 2013 et 2014 selon Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui sont les plus touchés, les recettes tirées des exportations de pétrole et de gaz devraient diminuer d’environ 300 milliards de $. la Banque centrale de Russie, existant une étroite corrélation entre le cours du pétrole et le cours du rouble. Par ailleurs, l'Arabie saoudite, ne voulant plus jouer seul le rôle de variable d'ajustement, ne tient pas à baisser davantage sa production, voulant que les autres pays de l'OPEP, qui produisent tous à pleine capacité, réduisent eux aussi leur production, l’expérience ayant montré par le passé que la baisse du quota OPEP a profité aux pays non OPEP dont la Russie qui ont augmenté leur part de marché. Comme nous devrions assister après l’accord probable avec l’Iran pour fin juin 2015, qui ne produit que 1 million de barils/jour avec des possibilités de plus de 4 millions de barils/jour, sans compter qu’il constitue, comme montré précédemment, le deuxième réservoir mondial de gaz traditionnel à un rééquilibrage géostratégique. Actuellement, la baisse du prix du pétrole brut permet aux pays importateurs d’importantes économies. Pour l’UE et les Etats-Unis, cela représente 2 à 3% de leur PIB. Pour la zone euro, cette baisse du prix du pétrole permet une dépréciation de la monnaie européenne qui n'entraîne pas de hausse du prix des importations de la zone. Depuis le début de 2014, l'euro s'est déprécié de 10% par rapport au dollar et le prix du pétrole en dollars a baissé de 17%. La zone a profité de l'effet positif de la dépréciation de l'euro sur ses exportations (ce qui devrait augmenter sa croissance de 0,2 point), sans être pénalisée par la hausse des prix des importations où selon des experts uniquement pour la France, une baisse des prix à la production de combustibles et carburants se traduirait par une économie directe de coût de l'ordre de 21 milliards d'euros pour l'ensemble de l'économie, le principal secteur «gagnant ex-ante» étant le secteur des transports. Mais cela concerne également, d’autres pays importateurs net. Ainsi, selon le département US de l’énergie, la facture pétrolière des Etats-Unis a été réduite de 70 Mrd de dollars en 2014, grâce à l'effondrement des prix du brut et la Chine important chaque année 300 millions de tonnes de pétrole, si le prix du pétrole se maintient à 60 dollars en 2015, les économies seraient de l’ordre de 50 milliards de dollars. Gare au pétrole bon marché Mais des experts estiment qu’un pétrole bon marché n’est pas sans inconvénients. Les analystes considèrent que les investissements ne sont plus rentables pour les gisements marginaux si le pétrole reste à un prix évoluant autour de 65 à 70 dollars, excepté les grands gisements qui peuvent tenir entre 50/60 dollars, pouvant assister à une reconcentration de cette industrie si le bas prix persiste en deçà de 60/70 dollars. Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui sont les plus touchés, les recettes tirées des exportations de pétrole et de gaz devraient diminuer d’environ 300 milliards de dollars. Lors du précédent contrechoc pétrolier de 1985-86, les importations de l'Arabie saoudite avaient reculé de 39%, celles du Nigéria de 60%. Pour l'ensemble de la zone euro, les exportations à destination des seuls pays de l'OPEP et de la Russie représentent un montant de 198 milliards d'euros en 2014. Une chute des importations de l'ordre de 20% occasionnerait alors un choc équivalent à 0,4 point de PIB très dommageable pour les exportateurs orientés vers ces zones. Par ailleurs, cela accroît les tendances défla- Ancienne réunion des pays de l’OPEP 21 mai 2015 Les Afriques . 55 ZOOM L’option schistes bitumineux Du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des Etats-Unis qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. 56 Les Afriques . 21 mai 2015 tionnistes dans les pays qui ont croissance faible. La chute actuelle des prix du pétrole constituerait ainsi une menace pour la zone euro, une économie aussi endettée car la déflation augmente le fardeau réel de la dette et fait courir le risque d'un défaut souverain et d'une nouvelle crise bancaire. En effet, la situation spatio-temporelle de la dette publique, les différents Etats au cours de leur histoire ont souvent eu recours à la dette pour faire face à de fortes dépenses, comme les guerres par exemple, mais après des périodes de fortes augmentations, la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d’une forte hausse de l’inflation qui réduit la valeur réelle de la dette et d’une croissance forte du PIB. Outre que le risque d’une déflation serait source de démotivation, profiterait aux rentiers et aux retraités, d’une manière générale, compte tenu du poids des importations de pétrole, une baisse de 10% du prix du pétrole réduit de 0,4 point le taux d'inflation. Si le prix de l'or noir continue à baisser, l'inflation de la zone euro pourrait devenir négative. Cela explique que la Banque centrale européenne (BCE) face à cette situation favorise actuellement à une politique expansionniste en injectant 1100 milliards d’euros supplémentaires et a officialisé un programme de rachat massif d'actifs de 60 milliards d'euros par mois de mars 2015 jusqu'à fin septembre 2016 au plus tôt. Deuxièmement, du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des Etats-Unis qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2016 9,5 millions de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie.. Selon The Telegraph en date du 28 avril 2014, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement dès 2016 le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL où l’Algérie fait partie des principaux exportateurs avec le Qatar, la Russie, le Nigeria l’Australie et bientôt d’autres pays africains. Troisièmement, les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, bien que cette organisation ne représente que 35/40% de la production mondiale commercialisée, 60/65% se faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont les Etats-Unis pour affaiblir la Russie et l’Iran, qui peut avec les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 65/80 dollars. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l’Iran. Quatrièmement, la stratégie expansionniste de Gazprom, à travers le North Stream et le South Retenons les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore, notamment en Méditerranée orientale et en Afrique. Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013 et 2014. Nouvelle donne Cinquièmement, le retour sur le marché de la Libye 800 000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2/3 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions/jour. Et surtout l’Iran si les accords sur le nucléaire se concrétisent avant le 30 juin 2015, l’embargo l’autorisant à exporter seulement un millions de barils jour. Car l’Iran, comme rappelée précédemment, a des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34 000 milliards de mètres cubes gazeux, sans compter qu’il aura alors accès aux quelques 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers. Par ailleurs, retenons les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore, notamment en Méditerranée orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux. Sixièmement, les Etats-Unis/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30%. Septièmement, les tendances sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine. Les relations clientsfournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix. Huitièmement, l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers, les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 30 et 40 dollars. Neuvièmement, l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril. Ce qui m’amène à aborder la deuxième partie de ma conférence. Bilan de l’économie et impacts de la chute du cours du pétrole sur les équilibres macrofinanciers Les actions futures supposent le bilan de l’économie algérienne. D’abord, l’évolution du produit intérieur brut (PIB) à prix courants entre 2007-2014 est le suivant selon le FMI : 134,3 milliards de dol- Nouvelles découvertes 21 mai 2015 Les Afriques . 57 ZOOM Agriculture algérienne, que 10% du PIB L’Algérie de mai 2015 est une économie rentière. 58 Les Afriques . 21 mai 2015 lars en 2007, -170,2 en 2008, -137,2 en 2009, 161,8 en 2010, 199,2 en 2011, 208 en 2012, 209 en 2013, 211 en 2014, avec une baisse en 2015 d’environ 208 milliards de dollars. La structure en moyenne du PIB non compris les droits et taxes à l’importation donne pour l’agriculture 10%, les hydrocarbures 31%, les industries hors hydrocarbures 5%, le BTP constructions 10%, les services marchands 22% et les servies des administrations publiques 18%. Concernant la structure de l’emploi, nous avons la prédominance des emplois vacataires à très faible productivité dont plus de 2 millions de permanents et inclus les non permanents plus de 3 millions au niveau de la fonction publique sur une population active approchant 12 millions, l’agriculture avec environ 11%, l’industrie privée et publique y compris Sonatrach 14% le BTPH 17%, le commerce et services 58% dont 32% sont des apprentis et les indépendants près de 30%.Ces chiffres globaux incluent la sphère informelle qui, selon une enquête de l’ONS organe du gouvernement, représente 45,6% de la main d’œuvre totale non agricole. L’Algérie de mai 2015 est une économie rentière. En 2014 95% des exportations relèvent toujours des hydrocarbures, et 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% relèvent de l’importation. 83% du tissu économique selon les enquêtes officielles relèvent du petit commerce-services. La sphère informelle est dominante contrôlant 40/50% de la masse monétaire en circulation et environ 65% des segments des pro- duits de première nécessité (marché des fruits/ légumes, du poisson, de la viande blanche/rouge et le textile/cuir à travers l’importation). Le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut. Sur ces 5%, plus de 95% des entreprises sont des petites PMI-PME non initiées au management stratégique, ne connaissant pas ou peu d’innovation. Sur les 5% hors hydrocarbures plus de 70% sont le fait de dérivées d’hydrocarbures et de déchets ferreux et semi-ferreux. Un blocage structurel La valeur du dinar, corrélée à plus de 70% à la rente des hydrocarbures avec un écart de 40/50% par rapport au marché parallèle qui est passé de 4 dinars un dollar vers les années 1980, puis 15 dinars vers les années 1990, puis 45 dollars après les accords avec le FMI en 1994 suite au rééchelonnement et actuellement plus de 95 dinars un dollar, n’a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures, montant que le blocage est d’ordre structurel Ainsi, les importations de biens, à prix courants, selon les statistiques officielles douanières, ont été de 40,472 en 2010 ; 46, 453 en 2011 ; 47,490 en 2012 ; 55,028 en 2013 et 58,330 en 2014. Selon la banque d‘Algérie les services, ont représenté en 2013 quelque 10,77 milliards de dollars donnant un total des importations de biens et services de 65,76 milliards de dollars et en 2014 jusqu’à 11,70 milliards de dollars avec un total d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars. Ce sont les sorties de devises sans Le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport du 13 avril 2015 prévoit 26 milliards de dollars de déficit en 2015 pour l’Algérie. les transferts légaux de capitaux dont les transferts courants nets qui ont été de 2,79 milliards de dollars en 2013 et 3,30 milliards de dollars en 2014. Ensuite, il y a lieu de noter que les recettes de Sonatrach ayant été entre 2000 et 2014 de plus de 760 milliards de dollars et plus de 580 milliards de dollars d’importation, la différence est dans les réserves de change actuelles. Les exportations hydrocarbures ont évolué ainsi : en 2005, 43,937 milliards de dollars, en 2006 53,456, en 2007, 58,831, en 2008, 77,361, en 2009, 44,128, en 2010, 55,527, en 2011, 71,427, en 2012 69,804, en 2013 63,752 et en 2014, 58,8 milliards de dollars. Le FMI note que la tendance décroissante de la production d’hydrocarbures s’est poursuivie en 2013 avec un recul de 2,3%, la tendance baissière se répétant pour la huitième année consécutive. Comme la baisse d’un dollar par baril en moyenne annuelle donne un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars, un cours moyen de 60 dollars donnera une recette de Sonatrach d’environ 35/38 milliards de dollars. Encore faut-il ne pas confondre recettes avec le profit net de Sonatrach devant déduire les charges d’environ 25%. Or, Sonatrach a programmé plus de 100 milliards de dollars d’investissement entre 2015 et 2020 et comment financer le reste de l’économie. Troisièmement, le solde de la balance commerciale a été de 16,58 en 2010 ; de 26,242 en 2011; de 24,376 en 2012 ; de 9,946 en 2013 et de 4,626 en 2014 en n’oubliant pas que le cours moyen entre le premier semestre (plus de 105 dollars le baril, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) et le second semestre a été selon la banque mondiale de plus de 85 dollars. Si l’on prend les données de la banque d’Algérie, pour seulement 2013/2014, le solde global de la balance des paiements a été de 130 millions de dollars en 2013 et négatif de 5,88 milliards de dollars fin 2014. Le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport du 13 avril 2015, conséquence de la chute du cours des hydrocarbures, prévoit 26 milliards de dollars de déficit en 2015 pour l’Algérie ; le solde extérieur courant devrait fortement baisser, passant de(négatif ) -4,3% du PIB en 2014 à (négatif ) 15,7% en 2015 pour redescendre en cas d’un retour du cours à 70 dollars (négatif)-13.2% en 2016. La croissance du PIB réel devrait se ralentir de 4,1% en 2014 à 2,6% en 2015. Le FMI prévoit un taux d’inflation( déjà compressé par les subventions) qui passeraient de 2.9 en 2014 à 4.0 en 2015 et 2016 et le taux de chômage, déjà surestimé par les emplois dans les administrations, les sureffectifs dans les entreprises publiques, et les emplois temporaires souvent improductifs, devrait légèrement augmenter où de 10,6% en 2014, il passerait en 2015/2016 à 11,8%., en précisant que selon l’ONS 50% des emplois hors agriculture sont non affilés à la sécurité sociale. Des réserves de change en chute libre Quatrièmement, les incidences après la chute du cours du pétrole sur les réserves de change en précisant que les réserves de change sont gérées par la Banque d’Algérie et le Fonds de régulation par le Trésor, résultant de la reconversion de la devise hydrocarbures en dinars algériens. Les réserves de change étaient de 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et de 178,9 milliards de dollars à la fin Siège Sonatrach 21 mai 2015 Les Afriques . 59 ZOOM Banque centrale d’Algérie D’une manière générale, si l’on maintient le même niveau des dépenses que 2014, l’on devrait normalement puiser dans les réserves de change environ 30 milliards de dollars en 2015. 60 Les Afriques . 21 mai 2015 décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés fin juin 2014 et le FMI annonce que l’Algérie a puisé uniquement pour 2015 plus de 11,6 milliards de dollars. Cela s’explique par la cadence des importations de biens et services, la chute du cours du pétrole et également de la dévalorisation monétaire d’une partie des placements effectués en euros du fait de sa dépréciation par rapport au dollar. Ces réserves, non compris les 173 tonnes d’or d’une valeur monétaire d’environ 7 milliards de dollars au cours actuel, incluent le quote-part au Fonds monétaire international de 1,96 md de DTS (près de 3 milliards de dollars), s’ajoutant à la décision de l’Algérie en octobre 2012 de participer à l’emprunt lancé par le FMI avec un montant de 5 milliards de dollars. Ces placements des réserves de change à l’étranger, tant en bons de trésor américains, qu’en obligations européennes et dans des banques privées internationales cotées dites AAA, ont rapportés en fonction de la durée du placement et les variations des taux des banques centrales, selon la banque d’Algérie, de 2,42 milliards de dollars en 2006, de 3,81 en 2007, de 5,13 en 2008, de 4,74 en 2009, de 4,60 en 2010, de 4,45 milliards de dollars en 2011 et pour 2013, selon le gouverneur de la banque d’Algérie, 3,155 milliards de dollars en 2013, reflétant un taux de rentabilité de 1,66% D’une manière générale, si l’on maintient le même niveau des dépenses que 2014, si non plus puisque la loi des finances 2015 votée par le parlement prévoit plus de 60 milliards de dollars d’importation uniquement de biens sans les importions de services (plus de 11 milliards de dollars) pour 2015, l’on devrait normalement puiser dans les réserves de change environ 30 milliards de dollars en 2015. La situation financière est intenable : une sortie de devises de 80 milliards de dollars y compris les transferts légaux de capitaux des firmes et une recette fluctuant entre 40/50 milliards de dollars. Si l’on maintient le niveau des dépenses de 2014 /2015, les réserves de change qui devrait s’épuiser horizon 2020/2021. Cinquièmement, les incidences sur le Fonds de régulation des recettes, le budget de fonctionnement et d’équipement réuni selon la Banque mondiale ne peut se réaliser que sur la base d’un cours de 110/120 dollars (37 dollars étant un artifice comptable). Le Fonds de régulation des recettes résulte de la différence entre le prix de ventes moyennes annuelles des hydrocarbures et le plancher de la loi de Finances de 37 dollars. De ce fait, un dérapage du dinar de 10 à 15% gonfle artificiellement le Fonds de régulation des recettes de 10 à 15%. Il en est de même des importations en euros reconvertis en dinars au niveau de la douane où les taxes douanières se calculent en référence au dinar. De ce fait, un dérapage du dinar tant par rapport à l’euro que par rapport au dollar gonfle la fiscalité hydrocarbures et ordinaires voilant la réalité du déficit budgétaire. Officiellement, les avoirs prélevés du FRR ont atteint 2.965,6 mds de DA en 2014 contre 2.132,4 mds de DA en 2013 qui ont servi exclusivement à financer le déficit du Trésor, qui s'est creusé L’inévitable dévaluation du dinar, donc un processus inflationniste et la fin des subventions généralisées qui ont représenté 60 milliards de dollars en 2014, soit 27/28% du produit intérieur brut. à 2.965,6 mds de DA, un niveau jamais atteint depuis 2000. A fin 2014, les avoirs du FRR s'étaient établis, après prélèvements, à 4.408,4 mds de DA contre 5.563,5 mds de DA à fin 2013. Au cours de 95 dinars un dollar, nous aurons 47 milliards de dollars, en signalant que la loi de finances 2015 paradoxe, a été établi sur la base d’un cours de 79 dinars un dollar. La loi des Finances 2015 prévoit des recettes budgétaires de 4.684,6 milliards de dinars et des dépenses publiques de 8.858,1 mds de dinars, soit un déficit budgétaire de 4.173,3 mds de dinars. Au cours de 95 dinars un dollar, en prenant le même taux pour plus de cohérence, nous aurons 44 milliards de dollars qui devaient être alimentés par le fonds de régulation des recettes. Ainsi si le cours moyen pour 2015 s’établit à 60 dollars, en cas du maintien des dépenses prévues par la loi de finances 2015, le fonds de régulation risque de s’épuiser courant 2016. En effet, en prenant comme hypothèse comme précédemment, qu’une chute d’un dollar par baril occasionne un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars en moyenne annuelle, les recettes de Sonatrach alimenteront le fonds de régulation des recettes que de 14 milliards de dollars donnant un total fin 2015 de 61 milliards de dollars, restant au niveau du fonds de régulation des recettes au 01 janvier 2016, que 17 milliards de dollars. En cas de poursuite sans correction de l’actuelle politique économique et sociale, croyant au rêve incertain d’un retour au cours de 100 dollars le baril de pétrole, les conséquences seront alors plus désastreuses qu’en 1986 du fait de la pression démographique 40 millions fin 2015, allant vers 50 millions à l’horizon 2030 et de l’exigence nouvelle des populations. Il s’ensuivrait automatiquement l’inévitable dévaluation du dinar, donc un processus inflationniste et la fin des subventions généralisées qui ont représenté 60 milliards de dollars en 2014, soit 27/28% du produit intérieur brut. Quelles solutions ? Dans cette troisième partie, je vais aborder les solutions. L’Algérie doit faire face à la transition énergétique. Le constat entre 2014 et 2015 est que 96% de l’électricité est produite en Algérie à partir du gaz naturel, 3% à partir du diesel (pour les régions isolées du sud), 1% à partir de l'eau et que face aux contraintes analysées précédemment, il y a une prise de conscience qui fait que le gouvernement axe sa stratégie pour une transition énergétique maîtrisable autour de quatre axes privilégiant un bouquet énergétique, ayant les moyens de son financement mais devant privilégier le transfert de savoir-faire managérial et technologique, où un partenariat gagnant/gagnant. Faire face à la transition énergétique Le premier axe est d’améliorer l’efficacité énergétique par d’une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales. En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l’eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépé- Améliorer l’efficacité énergétique 21 mai 2015 Les Afriques . 61 ZOOM Energie renouvelable : centrale hybride Hassi R'mel en Algérie L'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante. 62 Les Afriques . 21 mai 2015 rissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. A cet effet, une réflexion est engagé pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subventions devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales mais impliquant une nouvelle politique salariale. Le second axe, l’Algérie a décidé d’investir massivement à l’amont pour de nouvelles découvertes prévoyant 100 milliards d’investissement mais quelle sera la rentabilité si le prix se maintient en dessous de 70 dollars ? Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l’agence de régulation) a annoncé le 28 mai 2013 que deux projets de décrets sont destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables. Le premier texte définit les conditions d’accès, pour les producteurs privés, aux tarifs d’achat garantis d’électricité produite de source renouvelable. Le deuxième décret prévoit l’institution d’un certifi- cat de garantie d’origine des équipements et installations de production d’électricité de source renouvelable. Le projet de loi prévoit l’instauration d’un nouveau mécanisme qui fera bénéficier tous les producteurs éligibles des tarifs d’achat garanti, le producteur d’électricité devant vendre exclusivement l’énergie aux sociétés de distribution dépendant de la Sonelgaz respectant un tarif préférentiel dont le seuil sera fixé par le ministère de l’Energie sur proposition de la Creg. Le programme algérien consistait au départ à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011 et 2030, dont 12 000 mégawatts par an dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. Le ministre de l'Energie et des Mines a fait savoir en mai 2013 que l'objectif de l'Algérie de produire, dans les 20 ans à venir, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030, selon le ministère de l’énergie est évalué à 100 milliards de dollars portant la capacité à 36.000 mégawatts. Quatrième axe, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante, a affirmé le 19 mai 2013 le ministre de l'Énergie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en L’Algérie est à l'ère de l'exploration, et l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 20202025 sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité. uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du ministère de l'Énergie. Mais existe une autre option le pétrole/gaz de schiste. La problématique du pétrole/gaz de schiste : opportunités pour l’Algérie et risques Au préalable, je voudrais dénoncer certains propos d’anti-nationalistes que certains voudraient faire porter aux populations du Sud, pouvant affirmer ayant vécu durant la route de l’Unité africaine vers les années 1972/1973 en tant qu’officier d’administration pour la route de l’Unité africaine à El Goléa et Ins Sahah que ces populations tiennent à l’unité nationale et qu’il faut savoir uniquement dialoguer avec ces populations paisibles. L’option du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures mais avec des gardes fous. Le problème stratégique de l’Algérie est d’éviter des débats stériles étant une opportunité face à l’épuisement des réserves, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale mais évaluer également les risques passant par la formation renvoyant globalement à la gouvernance. Concernant ce dossier, l’agence américaine sur l’Energie a estimé que le monde aurait environ 207 billions de mètres cubes réparties comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23, l’Algérie 20, les Etats-Unis 19, le Canada 16, le Mexique 15 ; l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. A la suite de faux débats, j’ai présenté un dossier élaboré sous ma direction regroupant des experts nationaux et étrangers au premier ministre le 24 février 2015. De l’avis de la majorité des experts, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c’est une opportunité pour l’Algérie, sous réserve de sa rentabilité économique, (non rentable actuellement pour l’Algérie le cout d’un puits étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la protection de l’environnement et des nappes phréatiques d’eau du Sud.. La majorité des experts, notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, une bonne communication en direction de la société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été préconisé que ses dirigeants évitent de s’exposer aux débats, devant laisser au Ministre seul habilité politiquement, à exposer ses arguments. À ce titre, il est souhaitable qu’une institution indépendante créée, relevant non d’un département ministériel, évitant d’être juge et partie, mais du président de la République ou du premier Ministre associant la société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du Ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels, travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Je rappelle que le président de la république et le premier ministre ont tenu à souligner que l’Algérie est à l'ère de l'exploration, et l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 20202025 sous réserve du respect de l'environnement et de la rentabilité, principes contenus dans la loi des hydrocarbures votée en 2013. Les experts ont tenu Gaz de schiste 21 mai 2015 Les Afriques . 63 ZOOM Le paramètre environnement de l’exploitation du gaz de schiste à rappeler que le problème central est de définir le futur modèle de consommation énergétique allant vers un mix énergétique. Il s’agit de ne pas privilégier une énergie aux dépens d’autres, afin de ne pas polluer le paysage médiatique, laisser aux experts le soin de débatte scientifiquement, tenant compte des nouvelles mutations énergétique. Les 10 précisions sur le gaz de schiste Le gaz de schiste est concurrencé par d’autres énergies substituables. 64 Les Afriques . 21 mai 2015 - La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression (environ 300 bars à 2 500/3 000 mètres) contenant des additifs afin de rendre plus efficace la fracturation dont du sable de granulométrie adaptée, des biocides, des lubrifiants et des détergents afin d’augmenter la désorption du gaz. - Il faut savoir d’abord que le gaz de schiste est concurrencé par d’autres énergies substituables et que les normes internationales donnent un coefficient de récupération en moyenne de 15/20% et exceptionnellement 30%, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculant selon le couple prix international des énergies et coût. - 1 000 puits donnent environ 50 milliards de mètres cubes gazeux par an. Le coût du forage d’un puits est estimé entre 15/20 millions de dollars, pouvant retenir cette hypothèse dans la mesure où le coût du brevet et de l’assistance étrangère est contrebalancé par le bas coût de la main d’œuvre et que le terrain est presque gratuit alors qu’il est privé aux Etats-Unis. Pour les 1000 puits, la durée de vie ne dépasse pas cinq années, devant se déplacer vers d’autres sites assistant donc à un perforage sur un espace déterminé comme un morceau de gruyère. - Environ 1 000 puits est une hypothèse puisque même pour le gaz traditionnel, le maximum de forage n’a jamais dépassé 200 puits. Même dans cette hypothèse maximale de 200 puits donnant 10 milliards de mètres cubes gazeux non conventionnel, un peu plus que le projet GALSI actuellement gelé, dont le coût est passé de 2,5 à 4 milliards de dollars fin 2014, non rentable au vu du prix actuel, dont la capacité prévue était de 8 milliards de mètres cubes gazeux. - La rentabilité implique – au vu de la structure des prix actuels au niveau international, concurrencé par le gaz conventionnel – un coût minimum de 12 dollars le MBTU et un prix de cession supérieur à 15/17 dollars le MBTU, tenant du coût de transport, s’alignant sur l’Asie puisqu’aux Etats-Unis le MBTU varie entre 4/5 dollars et en Europe après la catastrophe au Japon entre 9/12 dollars le MBTU, existant une déconnexion du prix du gaz sur celui du pétrole depuis plusieurs années. - Pour s’aligner sur le prix de cession européen actuel, le coût du forage d’un puits devrait être moins de 10 millions de dollars. L’exploitation de ce gaz implique de prendre en compte que cela nécessite une forte consommation d’eau douce, 1 million de mètres cubes pour un milliards de mètres cubes gazeux, et en cas d’eau saumâtre, il faut des unités de dessalement extrêmement coûteux, autant que les techniques de recyclage de l’eau. - Surtout cela peut avoir des effets nocifs sur l’environnement, (émission de gaz à effets de serre), la Seuls les EtatsUnis maîtrisent encore parfaitement cette technologie de fracturation hydraulique. fracturation des roches pouvant conduire à un déséquilibre spatial et de l’équilibre écologique avec des possibilités d’effondrement. - Et en cas de non-maîtrise technologique, (entre 200 et 300 produits chimiques injectés pour fracturer la roche combiné avec le sable) elle peut infecter les nappes phréatiques au Sud, l’eau devenant impropre à la consommation avec des risques de maladies comme le cancer. - Il s’agit ni d’être contre, ni d’être pour, l’objectif stratégique est de l’insérer dans le cadre de la transition énergétique reposant sur un mix énergétique dont les énergies renouvelables. Sans la maîtrise technologique il faut être très prudent. Et là on revient à la ressource humaine pilier de tout processus de développement fiable et d’éviter cette mentalité bureaucratique rentière de non-maturation des projets surtout pour ce cas stratégique. - Seuls les Etats-Unis maîtrisent encore parfaitement cette technologie de fracturation hydraulique. Un co-partenariat incluant des clauses restrictives avec d’importantes pénalités en cas de non-respect de l’environnement et la formation des Algériens pour tout opérateur étranger, Etats-Unis et autres, est indispensable. Des techniques autres que la fracturation hydraulique économisant l’eau et les produits chimiques Au niveau tant de la communauté scientifique que des opérateurs l’objectif premier est d’améliorer la fracturation hydraulique, les recherches s'orientant sur la réduction de la consommation d'eau, le traitement des eaux de surface, l'empreinte au sol, ainsi que la gestion des risques sismiques induits. Concernant le problème de l’eau qui constituera l’enjeu géostratégique fondamental du XXIème siècle (l’or bleu), selon les experts, trois types de fluides peuvent être utilisés à la place de l'eau : le gaz de pétrole liquéfié (GPL), essentiellement du propane, les mousses (foams) d'azote (N2) ou de dioxyde de carbone (CO2) et l’azote ou le dioxyde de carbone liquides. L'utilisation des gaz liquides permet de se passer complètement ou en grande partie d'eau et d'additifs. Pour les mousses, par exemple la réduction est de 80% du volume d'eau nécessaire étant gélifiées à l'aide de dérivés de la gomme de Guar. La fracturation au gel de propane est en cours d’utilisation sur environ 400 puits au Canada et aux États-Unis (plus de 1.000 fracturations déjà effectuées). L’eau pourrait aussi être remplacée par du propane pur (non-inflammable), ce qui permettrait d’éliminer l’utilisation de produits chimiques. Les premiers puits utilisant cette méthode ont été fracturés avec succès en décembre 2012 aux États-Unis. Nous avons la fracturation exothermique non hydraulique (ou fracturation sèche) qui injecte de l’hélium liquide, des oxydes de métaux et des pierres ponce dans le puits, la fracturation à gaz pur peu nocive pour l’environnement surtout utilisée dans des formations de roche qui sont sensibles à l’eau à maximum 1500 m de profondeur ; la fracturation pneumatique qui injecte de l’air comprimé dans la roche-mère pour la désintégrer par ondes de chocs, n’utilisant pas d’eau, remplacée par l’air mais utilisant certains produits chimiques en nombre restreints ; enfin la stimulation par arc électrique (ou la fracturation hydroélectrique) qui libère le gaz en provoquant des microfissures dans la roche par ondes acous- Fracturation hydraulique 21 mai 2015 Les Afriques . 65 ZOOM Sonelgaz Algérie Nous assistons entre 1963 et 2014 à une instabilité juridique perpétuelle qui limite les secteurs dynamiques, décourage les entrepreneurs publics et privés. 66 Les Afriques . 21 mai 2015 tiques, utilisant selon les experts pas ou très peu d’eau, ni produits chimiques, mais nécessitant beaucoup d’ électricité. Selon certains experts, horizon 2040/2050, l'hydrogène est une piste sérieuse enrichissant le «mix» ou le bouquet énergétique mondial, pour le transport et le stockage des énergies intermittentes et pourrait aussi permettre de produire directement de l'énergie tout en protégeant l’environnement, l’hydrogène en brûlant dans l’air n’émettant aucun polluant et ne produisant que de l’eau. Un rapport rédigé le 22 janvier 2014 par des experts pour le parlement français à partir de tests expérimentaux montre qu’un (1) kg d’hydrogène libère environ trois fois plus d’énergie qu’un (1) kg d’essence, mais que pour produire autant d’énergie qu’un litre d’essence, il faut 4,6 litres d’hydrogène comprimé à 700 bars (700 fois la pression atmosphérique). Aller vers une transition économique avec des objectifs stratégiques précis La transition économique d’une économie hors hydrocarbures, dans le cadre des valeurs internationales, ne saurait être une question uniquement d’organisation qui doit s’inscrire au sein d’objectifs stratégiques. Il existe un théorème : 80% d’actions mal ciblées ont un impact sur 20% et 20% d’actions bien ciblées ont un impact sur 80%. Selon le communiqué du conseil des participations de l’Etat du 1er septembre 2014, une nième organisation des capitaux marchands de l’Etat a été adoptée. Elle prévoit la création de groupes industriels d’une manière progressive, étendue à l’ensemble du tissu économique public, 18 sociétés de participation de l’Etat et cinq entreprises publiques étant concernées à court terme. Qu’en sera-t-il de l’impact de cette nouvelle organisation qui engendrera un coût. C’est que nous assistons entre 1963 et 2014 à une instabilité juridique perpétuelle qui limite les secteurs dynamiques, décourage les entrepreneurs publics et privés dans le cadre de l'allocation sectorielle d'investissement, les oriente vers les activités spéculatives. Du point de vue organisationnel, après la période courte d’autogestion 1963/1965, nous avons eu entre 1965/1980 de grandes sociétés nationales. Entre 1980 et1988, nous avons eu une nouvelle organisation découpant les sociétés nationales, qui selon les initiateurs seraient trop grandes, afin de maitriser la gestion. En 1988, l'Etat crée 8 fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat. En 1996, nous avons eu 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations. En 2000, nous assistons à leur fusion en 5 méga holdings et la suppression du Conseil national des privatisations. En 2001, l'Etat algérien dissout les holdings et met en place des sociétés de gestion des participations (SGP) chargées à la fois de la privatisation et les capitaux marchands de l'Etat, dont 11 établissements financiers relativement autonomes. Lors de différents Conseils de gouvernements tenus durant toute l'année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l'Investissement (les Créer une cellule de crise regroupant un représentant de chaque département ministériel avec des experts indépendants sous la coupe du Premier ministre. deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n'étant pas concernées), articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme ; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Courant février 2008, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes sphères du pouvoir, est abandonnée. Et actuellement, on propose de revenir à de grands groupes industriels, décision avalisée partiellement pour quelques SGP au mois de septembre 2014. Doit-on continuer toujours d'assainir les entreprises publiques (plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2013) ou n'est-il pas préférable de projeter des investissements nouveaux afin de s’adapter aux nouvelles mutations et à la concurrence internationale notamment dans les segments à valeur ajoutée et le Savoir ? Ne doit-on pas comme le recommande de nombreux experts qu'au lieu de cette vision juridique peu opérante des 49/51% lui soient substitués la balance devises excédentaire et l'apport technologique et manageriel pour tout investissement étranger pour les segments non stratégiques qu’il s’agira de définir avec précision et pouvant également prévoir une minorité de blocage dans le capital ? C’est le marché tant local que mondial qui détermine la nature du projet. C’est l’entreprise et son fondement, le savoir à travers le management stratégique maitrisé, au sein d’une économie de plus en plus mondialisée à travers des stratégies de segments de filières internationalisées que l’Algérie pourra créer une économie productive à forte valeur ajoutée, ne devant pas, en ce XXIe siècle du fait des nouvelles technologies, avoir une vision matérielle, l’industrie se combinant avec les services. La recherche tant théorique qu’appliquée avec un équilibre entre les sciences exactes et les sciences humaines, est fondamentale pour impulser de nouvelles filières industrielles. Les 19 axes globaux de redressement de l’économie nationale Quelles solutions donc pour stimuler la croissance algérienne ? Je rappelle que suite à un débat que j’ai eu le 24 octobre 2014 à Radio France Internationale avec l’ancien économiste en chef au secrétariat d’Etat à l’Energie US et actuellement un grand responsable à l’AIE, j’ai proposé le 4 novembre 2014 en présence du Premier ministre algérien lors d’une rencontre sur la relance économique dix neuf (19) mesures, l’axe stratégique, comme facteur d’adaptation à la mondialisation, étant de favoriser le Grand Maghreb qui devra être le pont entre l’Europe et l’Afrique, continent à enjeux multiples et d’avenir qui tirera la croissance de l’économie mondiale à l’horizon 2030-2040 (voir deux ouvrages coordonnées par moi-même et le Dr Camille Sari regroupant 36 experts internationaux aux éditions Harmathan, Paris 2015 «le Maghreb face aux enjeux géostratégiques». Il s’agit de : - créer une cellule de crise regroupant un représentant de chaque département ministériel avec des Conseil des ministres (Algérie) 21 mai 2015 Les Afriques . 67 ZOOM Réhabiliter la Cour des comptes La dynamisation de la diplomatie économique au point mort. 68 Les Afriques . 21 mai 2015 experts indépendants sous la coupe du Premier ministre afin de prendre des décisions au temps réel. - Pour une cohérence globale, un grand ministère de l’économie nationale et un grand ministère de l’éducation nationale intégrant la formation socioprofessionnelle avec plusieurs secrétariats d’Etat techniques, pour plus de cohérence et éviter ces ministères qui se télescopent dans les décisions, pilier pour réaliser la transition hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. - revoir le fonctionnement de notre diplomatie en mettant l’accent sur la dynamisation de la diplomatie économique au point mort sans laquelle la diplomatie politique a un impact limité et utiliser avec précaution les réserves de change qui sont le support de la valeur du dinar et l’attrait de l’investissement et d’ailleurs de toute la politique étrangère. Pour le Fonds de régulation des recettes il serait souhaitable à terme pour plus de transparence dans la gestion qu’il soit supprimé, les lois de finances devant être calculées au prix moyen du marché, quitte à verser l’excédent dans un compte pour les générations futures - Geler les projets non prioritaires qui n’ont pas d’impacts économiques et sociaux à l’instar des tramways dans les régions à faibles populations, l’autoroute des hauts plateaux devant éviter les surcoûts de l’autoroute Est/Ouest prévu à sept milliards de dollars et qui coûtera plus de 13 milliards de dollars non encore terminée. - Eviter le chauvinisme, voyant l’ennemi extérieur partout alors que les réformes structurelles supposent une nette volonté politique interne de chan- gement, et analyser objectivement l’ impact l’Accord d’Association avec l’Europe et l’éventuel adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce représentant 85%e la population mondiale et 97% des échanges mondiaux. - La majorité des importations proviennent de la dépense publique via directement les administrations et entreprises publiques ou via des commandes aux opérateurs privées, il y a urgence de revoir ce mode de gestion, où selon un rapport de la banque mondiale consacré aux infrastructures, les surcouts varient entre 25/30% par rapport aux normes internationales. Ayant été haut magistrat à la Cour des comptes entre 1980/81983(premier conseiller et directeur général du département des études économiques, il y a lieu impérativement de la réhabiliter cette institution, étant conscient que le contrôle le plus efficace passe par la démocratisation de la société avec des contrepoids politiques et sociaux. - éviter que Sonatrach concentre ses investissements en s’autofinançant au détriment des autres secteurs de l’économie nationale accentuant la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Toute décision stratégique concernant l’énergie ne peut relever de Sonatrach ou seulement du Ministère de l’Energie mais selon la loi en vigueur du Conseil National de l’Energie présidé par le président de la République. Comme proposé dans l’audit réalisé sous ma direction pour le compte du gouvernement assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’Etudes américain Ernest Young, dossier que j’avais défendu personnellement en 2008 à l’Assemblée nationale, Développer le tourisme, l’Algérie ayant de grandes parentalités et revoir la gestion des ports, car il est scandaleux de voir des dizaines de bateaux en rade au niveau des ports. généraliser le GNV et le GPLc afin de réduire la facture d’importation des carburants. - ne pouvant continuer à subventionner sans ciblage (subventions et transferts sociaux représentant 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB) source d’injustice sociale, en attendant que le gouvernement mette en place un système d’information fiable, qui devient une urgence de l’heure, les subventions et transferts sociaux doivent être transitoires devront être budgétarisées au niveau du parlement. - favoriser l’économie d’énergie (efficacité énergétique) qui constitue le plus gros gisements permettant d’économiser 20% notamment pour le BTPH et le transport. - démystifier le secteur privé national et international créateur de richesses, le but étant de densifier le tissu productif y compris les services marchands qui sont créateur de valeur et tisser avec tous les partenaires étrangers des co-partenariats gagnants/ gagnants misant essentiellement sur une balance positive pour l’Algérie tant en devises que réalisant surtout le transfert technologique et managérial. - impulser l’agriculture en revoyant le système du foncier, les moyens et techniques modernes en développant les unités de stockage comme facteur de régulation, corrélées avec la production saisonnière agricole afin d‘éviter la spéculation sur les prix. - développer le tourisme, l’Algérie ayant de grandes parentalités et revoir la gestion des ports, car il est scandaleux de voir des dizaines de bateaux en rade au niveau de sports d’Alger, d’Oran, d’Annaba où l’Algérie paye annuellement des surestaries se chiffrant en millions de dollars où de par le monde le docker n’est pas un fonctionnaire. - Il y a urgence de la réforme du système financier afin qu’il soit un véritable partenaire économique aux entreprises, imaginer d’autres modes de financement comme le leasing, le crédit bail, lever la contrainte du foncier avec toutes ses utilités et les contraintes à la mise en œuvre d’affaires par une lutte sans merci contre la bureaucratie. - Tout en se confirmant aux règles internationales, le marquage fiscal peut être utilisé temporairement au moyen d’ un étiquetage indélébile et soumis à impôt indirect par le biais d’une «taxe intérieure de consommation» mais ne devant concernés que les produits tels que le tabac, les boissons, les produits nocifs à la santé et ceux de la contrebande. - délivrer des registres de commerce à partir d’une taxe forfaitaire annuelle pour l’ensemble des marchands ambulants, ce que l’on nomme improprement «trabendiste» alors qu’ils sont de véritables entrepreneurs (étude marché, coût de transport cours des devises et écoulant leur produit). Car le paiement de l’impôt direct est le signe d’une plus grande citoyenneté, les impôts indirects étant une solution de facilité. A ce titre tous les fellahs doivent payer un impôt forfaitaire en attendant l’instauration d’un fichier national pour leurs livraisons aux grossîtes qui prennent souvent la plus grande marge. - le crédit à la consommation doit être maitrisée afin d’éviter l’endettement et par la suite en cas de chute durable du cours du pétrole une crise immobilière. Cela peut concerner les nouvelles unités dont le taux d’intégration, varie entre 10/15%, dans le court terme, mais dont le résultat d’exploitation prévisionnel est positif, sous réserve d’un engagement écrit d’arriver au maximum au but de quelques années à un taux d’intégration de 40% ou d’avoir une balance devises excédentaire pour les exportateurs. -Assouplir la règle des 49/51% uniquement pour Réduire le nombre de bateaux en rade au port 21 mai 2015 Les Afriques . 69 ZOOM Encourager la création d’entreprise Favoriser la création des bureaux d’études d’engineering nationaux complexes pluridisciplinaires. 70 Les Afriques . 21 mai 2015 les secteurs non stratégiques qu’il s’agit de définir avec précision, notamment les PMI-PME mais avec une minorité de blocage de 30% pour éviter les délocalisations sauvages, l’objectif stratégique étant une balance devises excédentaire, et le transfert technologique et managérial. Comme je l’ai proposé depuis 2010, il s’agit de ne plus inscrire cette règle dans un code d’investissement, mentalité bureaucratique qui croit qu’une simple loi peut résoudre les problèmes, l’Algérie étant un Etat souverain, toute décision pour les grands projets devant être pris en conseil des ministres, afin d’éviter des débats stériles. - dans le même esprit concernant la fiscalité, revoir les modalités de l’application de la taxe sur les superprofits contenues dans la loi des hydrocarbures de 2013 afin d’attirer les investisseurs étrangers car à un cours de 70/80 dollars elle n’est plus attractive. -Afin de limiter la sortie de devises du poste services au niveau de la balance des paiements environ 11/12 milliards de dollars annuellement, il s’agit en étant réaliste, en partenariat avec les étrangers de favoriser la création des bureaux d’études d’engineering nationaux complexes pluridisciplinaires, sans lesquels il sera impossible d’atteindre le taux de croissance de 9/10% sur plusieurs années si l’on veut éviter des tensions sociales à terme. La dynamisation des PMI/PME L’objectif étant de dynamiser à terme le tissu productif, devant être réaliste, cela mettra du temps si la mise en œuvre se réalise en 2015 afin d’avoir selon les prévisions du gouvernement, au minimum 7% de taux de croissance horizon 2020, la demande additionnelle d’emplois étant de 300.000/400.000 ans. Pour m’en tenir aux PMIPME, je propose les huit mesures suivantes: - de créer une Agence de service aux petites entreprises de moins de 20 salariés. . Pourquoi ne pas s’inspirer du Small Business Service, interlocuteur administratif unique pour les très petites entreprises créé par le gouvernement britannique. – - pour le délai de paiement, je propose imposer une loi si nécessaire ou un décret exécutif pour le paiement aux PME à moins de 30 jours à compter de la date de livraison. Une telle décision permettra aux PME de recouvrer les milliards de dinars de trésorerie pour toutes les livraisons aux grandes entreprises et pour tous les marchés passés avec les collectivités publiques, les longs retards accumulés dans le paiement devenant étouffant supposant de revoir les procédures des finances publiques. - réduire le délai de remboursement de la TVA aux PME à 15 jours maximum où devra être exigé que l’.administration fiscale rembourse dans les 15 jours la TVA aux PME, sauf interrogation motivée sur un risque de fraude. En cas de dépassement, l’administration fiscale devra être pénalisée selon les mêmes modalités que celles appliquées aux entreprises. - élargir les possibilités de financement des PME en introduisant le Leasing, le capital-développement afin de financer les petites et moyennes entreprises à un stade un peu avancé de leur expansion car la Il y a urgence de nouvelles institutions, d’une régulation mondiale et de l’adaptation de l’Algérie aux nouvelles mutations. majorité des entreprises familiales rechignent à chercher du capital à l’extérieur, et plus encore à entrer en Bourse d’Alger qui est d’ailleurs en léthargie depuis des années. - contraindre les grandes entreprises publiques dont Sonatrach, Sonelgaz notamment à réaliser de la sous traitance par un co-partenariat. Il ne s’agit pas là de prendre des décisions administratives, mais d’en appeler à des changements de mentalité chez les dirigeants des grandes entreprises. À l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays, les grandes entreprises algériennes fonctionnant d’ailleurs avec des fonds publics, pourraient s’appuyer sur des réseaux puissants de PME qui peuvent leur apporter des sous-traitants fiables, des innovations et des centres de recherches compatibles avec leurs propres activités. L’expérience allemande qui considère les PME comme des partenaires contrairement à la France où existe l’effet de domination étant intéressant à étudier. - les règles comptables régissant les PMI-PME sont très lourdes et ne sont pas utiles à toutes les entreprises. On pourra donc s’orienter vers une comptabilité de trésorerie pour les entreprises de moins de 10/20 salariés. Cette mesure permettrait de réduire leur charge administrative. Cependant cela ne concerne pas les PMI/PME empruntant ou augmentant leur capital qui devront répondre comme à l’heure actuelle aux demandes d’information des investisseurs et des banquiers. Il serait souhaitable de soumettre les petites PMI/PME à un régime fiscal et social spécifique notamment pour ceux dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 10.000.0000 dinars avec un prélèvement libératoire de 10 à 15% assimilable à l’impôt dur le revenu, se substituant à tous les impôts directs. - alléger la procédure des 49/51% pour le partenariat avec l’étranger pour les activités non stratégiques à lister dont les petites et moyennes entreprises, en introduisant la minorité de blocage d’environ 30% afin d’éviter certaines délocalisations et l’obligation d’un transfert technologique, managérial et d’une balance devises positives. - faire un bilan tant de la règle des 49/51% que du crédit documentaire Crédoc qui n’ pas permis de limiter la facture d’importation, qui ont explosé depuis 2O12 (sorties de devises supérieures à 6O milliards de dollars y compris les 12 milliards de dollars de services) ni de dynamiser le tissu productif, donc réintroduire le Remdoc pour certaines petites et moyennes entreprises et donc adapter les règles aux besoins du tissu économique algérien cas par cas. En conclusion générale, il y a urgence de nouvelles institutions, d’une régulation mondiale et de l’adaptation de l’Algérie aux nouvelles mutations. Alors que le monde entier affronte une profonde récession après avoir encaissé un choc financier colossal, tout se passe comme si la page avait déjà été tournée. Même s’il serait plus agréable de proclamer que la crise est finie, force est de constater qu’elle n’est pas terminée. L’on se comporte comme un malade qui sortirait de l’hôpital juste après avoir réchappé d’un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu’il ne court plus de risque à court terme. L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial.. Les gouvernements à travers les États-Nations – et la crise Repenser le système économique 21 mai 2015 Les Afriques . 71 ZOOM Siège du FMI à Washington L’Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures, a l’ambition de ses choix. 72 Les Afriques . 21 mai 2015 actuelle en est la démonstration, sont désormais dans l’impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l’apparition de sous-systèmes fragmentés, de l’incertitude liée à l’avenir et de la crise de la représentation politique, d’où l’exigence de s’intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Se pose donc cette question : les institutions internationales, telles que le FMI, la Banque Mondiale, les organisations multilatérales telles que l’OCDE et les organisations à vocations universelles comme les Nations Unies et ses organes subsidiaires (UNESCO, FAO, …) peuventelles servir de régulation mondiale? En l’absence d’institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché à l’origine d’ailleurs la crise mondiale actuelle. Aussi, l’objectif stratégique est de repenser tout le système des relations économiques internationales et notamment le système financier mondial issu de Breton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique. Car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement, dont d’ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants du Sud est en grande partie responsable. Sur les sept milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud à moins d’un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris. - Cependant, il faut éviter une vision de sinistrose par rapport à 1986 où à cette époque commençait le niveau d’endettement et les réserves de change étaient presque nul. Ainsi grâce au remboursement par anticipation, la dette à moyen et long terme est passée de 22,44 milliards de dollars en 2001 à 4,84 en 2008, à 4,35 en 2009, à 3,26 en 2010, 2,47 en 2012, à 2, 068 en 2013. La dette extérieure est passée de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68 en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en 2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014. Il faudra donc optimaliser ces réserves de change pour éviter le scenario dramatique de 1986. En ce monde turbulent et incertain, annonçant de grands bouleversements géostratégiques militaires, politiques et économiques à nos frontières, où les batailles futures pour le développement sont conditionnées par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, l’Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures, a l’ambition de ses choix qui doivent indiquer : comment se pose le problème : quelles sont les contraintes politiques, économiques et Grâce à ses importantes potentialités, l’Algérie peut devenir un vecteur actif, un pays pivot entre l’Europe et l’Afrique. techniques ; quels sont les choix possibles ; les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Pour l’Algérie est posée la problématique de sa sécurité, de l’urgence d’une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose de lever toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent l'expansion de l’entreprise créatrice de valeur ajoutée pour une société participative et citoyenne. Cela suppose un profond réaménagement de la gouvernance actuelle afin d’éviter des tensions sociales généralisées. Car la mondialisation peut nous nous réserver de mauvaises surprises. L’Afrique qui devrait dynamiser l’économie mondiale à l’horizon 2030 est un enjeu majeur au XXIe siècle, préfigurant d’importantes reconfigurations géostratégiques, avec le défi écologique et la transition énergétique. Grâce à ses importantes potentialités, l’Algérie peut devenir un vecteur actif, un pays pivot entre l’Europe et l’Afrique. L’avenir de l’Algérie est en termes d’avantages comparatifs est en Afrique. Et la diplomatie économique (sous segment de la théorie de l’intelligence économique) actuellement en berne doit investir dans cet espace. En bref, l’entrave principale au développement provient de l’entropie. Le défi majeur, est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable. L’Algérie au moment où avec la chute du cours du pétrole est appelée à procéder, afin d’éviter le drame des impacts de la crise de 1986, à de profonds ajustements économiques et sociaux douloureux, sup- posant un sacrifice partagé. Comme j’ai eu à le rappeler lorsque la présidence de la république m’a invité en tant personnalité nationale, pour la révision constitutionnelle, puisse l’Algérie rassembler tous ses enfants, ne signifiant pas unanimisme signe de la décadence de toute société, donc respecter les différences et développer les libertés et non diviser grâce à un dialogue productif permanent, fondement de la bonne gouvernance, entre toutes les forces économiques, sociales et politiques afin de rétablir la confiance entre l’Etat et les citoyens, sans laquelle aucun développement fiable ne pourra se réaliser. D’où l’importance d’organisations non gouvernementales pour dynamiser nos relations internationales où le monde actuel repose sur des réseaux et non sur des relations personnalisés de chefs d’Etat et au niveau interne de relais sociaux, économiques et politiques crédibles loin des bureaux climatisés, afin d’éviter l’affrontement direct Etat-citoyens et alléger la pression sur les forces de sécurité. Pour terminer, je suis convaincu que l’extérieur, que certains brandissent comme un épouvantail, sans proposer de solutions crédibles, ne peut agir négativement que si le front social en interne est faible. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. La sécurité du pays est posée, soit que l’Algérie se développe entre 2015 et 2020 où elle régressera avec d’inévitables tensions sociales. En fait, l’Algérie sera ce que le peuple algérien et les responsables chargés de gérer la cité voudront qu’elle soit. Dr Abderrahmane Mebtoul, Expert international L’Algérie un pays pivot 21 mai 2015 Les Afriques . 73 PIED DE LETTRE Quelles mesures contre les importations à risque De la réorganisation du commerce africain Q ue font les pays africains pour protéger les consommateurs ? Peu outillées en R & D, les directions de contrôle de produits dangereux sont généralement des coquilles vides. Récemment, nous relations le smartphone bon marché Huawei4Africa, conçu entre Microsoft et l’équipementier chinois Huawei. Comme son nom l’indique, il est destiné au continent africain! Nous soutenions alors qu’il pouvait s’agir de prime abord d’une excellente initiative ! Pourtant à y voir de plus près, quels que soient le nombre de fonctionnalités et les capacités de ce nouveau téléphone mobile, quels sont les gouvernements africains qui seront capables de contrôler ses éléments constitutifs ? Il peut s’agir d’un bon produit… Analogue à l’entrée de gamme du modèle Ascend W1, robuste, avec une batterie, qui, si elle est peu utilisée, peut avoir une semaine d’autonomie. Reste à savoir quelle est sa composition ? Proposé pour moins de 200 $, le Huawei4Africa, premier téléphone d’une série dédiée exclusivement à l’Afrique, risque d’envahir le continent… 74 Les Afriques . 21 mai 2015 Daouda MBaye, rédacteur en chef exécutif Maintenant, interrogeons- nous : «Excepté le coltan, dont il est composé et qui cause plusieurs milliers de morts dans des mines de fortune, dans la sous-région du Kivu en République démocratique du Congo, ainsi que dans la région des Grands Lacs, que nous réserve cet appareil peu cher ?». Le potentiel du marché africain est important. Déjà, quelque 735 millions de cartes SIM y sont opérationnelles, mais sur le plan du retard numérique et la pauvreté des contenus, d’énormes efforts sont à faire. Autant en R&D pour favoriser l’éclosion d’éditeurs et d’intégrateurs de solutions, mais aussi le développement de fondeurs. Il ne suffit pas de geler unilatéralement des importations de tel ou tel autre, de surcroît lorsqu’on est membre à part entière de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les solutions résident à la fois dans l’introduction de procédures aboutissant à des mesures de sauvegarde, de normes locales pour la protection des consommateurs, et dans la conception. Vivement que le cas du jeune Congolais Verone Mankou fasse tache d’huile.