LA BAD À L`HEURE DES DÉFIS

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LA BAD À L`HEURE DES DÉFIS
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL
ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT
Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9
INTERVIEW S. MENSAH, ANALYSTE SENIOR STANDARD & POOR’S
N° 323 - 21 au 27 mai 2015
Hebdomadaire international
lesafriques.com
Parce que l’information a de la valeur
LA BAD À L’HEURE
DES DÉFIS
SOMMAIRE
LES AFRIQUES
N° 323 - 21 au 27 mai 2015
Parce que l’information a de la valeur
La BAD à l’heure
des défis
EDITORIAL
MAROC
Mustafa El Khalfi, une fois de plus irresponsable. Le
ministre de la Communication marocain signe l’acte de
décès de la presse écrite
04
BAROMÈTRE
Un réseau de six centres médicaux à travers l’Afrique et
l’Asie sera mis en place par Bill Gates
06
BRUITS DE MARCHÉ
Mali : La fraude a fait perdre 233 millions
d’euros à l’État
08
ARRÊT SUR IMAGE
Photo de famille du président américain
Barack Obama avec les dirigeants du Conseil
de coopération du Golfe (CCG)
12
VERBATIM
14
BANQUES & ASSURANCES
INTERVIEW
SAMIRA MENSAH
Une réelle volonté de diversification
du secteur financier
16
AFRIQUE
Necotrans accompagne la tournée de Stromae
18
BANQUE ATLANTIQUE ABIDJAN Guy Martial Awona,
nouveau directeur général adjoint
19
BOURSES & FONDS
CAMEROUN
10 milliards de f CFA de titres publics levés
20
ENTREPRISES & MARCHÉS
CASABLANCA
Inauguration d’un 2ème Centre
de dépollution du littoral
22
MALI
Lancement de la construction de Sheraton Bamako 24
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
BURUNDI Il faut sortir de la République bananière 26
BURUNDI Pierre Nkurunziza, le mandat de trop
29
AFRIQUE CENTRALE
La Turquie affiche ses ambitions
30
TCHAD Un pays en pleine mutation
31
ARRÊT SUR IMAGE Des manifestants, contre la
candidature du président sortant Pierre Nkurunziza
pour un 3ème mandat
34
DOSSIER
La BAD à l’heure des défis
ZOOM
PROSPECTIVE
De l’économie mondiale et de l’impact du cours
du pétrole sur les équilibres macro de l’Algérie
2015-2020
PIED DE LETTRE
De la réorganisation du commerce africain
36
50
74
Au terme de son deuxième mandat,
le Rwandais Donald Kaberuka qui a
passé 10 ans à la tête de la BAD va
céder sa place à l’un des 8
candidats en lice pour sa
succession. Le nom du nouveau
patron de cette institution sera
connu le 28 mai 2015 lors des
Assemblées générales prévues à
Abidjan. La bataille de succession
est plus que jamais engagée. 36-49
Samira Mensah Une réelle
volonté de diversification
du secteur financier
Samira Mensah, analyste Senior à S&P,
relate ici, entre autres, une
amélioration de la performance
économique du Maroc qui se traduit
par une croissance du secteur financier,
même si elle est différenciée selon les
branches, la volonté des autorités à
soutenir le secteur…
16-17
Casablanca Inauguration
d’un 2ème Centre de
dépollution du littoral
Le système anti-pollution du littoral Est
du Grand Casablanca a été inauguré, le
13 mai 2015, par le Roi Mohammed VI.
Ce chantier, qui a nécessité un investissement global de plus de 1,45 Mrd de
DH, vient parachever la dépollution du
22-23
littoral Atlantique.
Burundi Pierre Nkurunziza,
le mandat de trop
Au Burundi, la situation reste
toujours confuse, après la tentative
de putsch avorté. Mais de toute
évidence, les populations, descendues
dans les rues de Bujumbura,
semblent décider en découdre avec le
président Nkurunziza qui a réussi à
chasser les putschistes...
29
21 mai 2015 Les Afriques
.3
ÉDITORIAL
Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication
Maroc Mustafa El Khalfi, une fois de plus
irresponsable. Le ministre de la Communication
marocain signe l’acte de décès de la presse écrite
L
ors d’une rencontre sur l'évolution de la
presse électronique au Maroc, Mustafa El
Khalfi oublie qu’il est ministre de la
Communication et affirme que «l'avenir
appartient aux médias numériques» et à «la
presse électronique». Des propos qui sonnent
comme la mort de la presse papier.
«L'avenir appartient aux médias numériques» et à «la
presse électronique», tels sont les propos du ministre de
la Communication marocain, Mustafa El Khalfi, lors de
la rencontre organisée par son département sur
«L'évolution de la presse électronique au Maroc, entre les
contraintes du modèle économique et les défis de la
pratique professionnelle».
Quelle irresponsabilité ? Lorsqu’on sait que de tels propos
peuvent être interprétés comme un acte de décès de la
presse écrite. Les investisseurs et les banques risquent de
penser qu’il ne faut plus investir dans la presse écrite et les
lecteurs de ne plus acheter les journaux.
Devons-nous rappeler à monsieur El Khalfi que le rôle
d’un ministre est de veiller à l’intérêt général ? Un expert
indépendant peut se permettre de faire une telle
LES AFRIQUES
Parce que l’information a de la valeur
Groupe Les Afriques Edition & Communication
SA au capital de 2’657’600.- CHF
Siège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 Genève Suisse
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déclaration devant les médias, mais pas un ministre qui
se doit de mener des actions dans l’intérêt général du
secteur. Dans d’autres pays, un tel dérapage aurait
conduit le ministre à prendre ses responsabilités et
présenter sa démission.
Les éditeurs de presse n’ont pas réagi, comme si la presse
écrite était vraiment morte, comme l’affirme ce ministre.
Soulignons que la presse marocaine compte des
centaines de publications en version papier et des
milliers de journalistes.
Faut-il également rappeler à Mustafa El Khalfi que les plus
grands médias numériques dans le monde ont été
construits à partir des titres de la presse papier, comme le
New York Times, le Monde ou encore Financial Times.
Un bilan sur l’évolution de la presse électronique ne peut
se faire sur la base de quelques sites d’information qui
émergent sans beaucoup de professionnalisme et sans une
véritable légitimité. Certes la presse électronique connaît
une évolution importante ces dernières années, mais ce
n’est pas une raison pour mettre aux oubliettes les autres
supports médias qui ont tout aussi le mérite d’exister.
Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Marie-Pier Boucher, Casablanca,
François Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca, Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar,
Mohamedou Ndiaye, Dakar, Daouda MBaye, Casablanca,
Ibrahim Souleymane, Casablanca, Anas Amin, Tunis.
Responsable e-Marketing
Comité Scientifique
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Partenariats Internationaux.
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François Konan, New York. Politiques économiques.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
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Directeur de la Publication
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Edition Internet – en français
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Mohamedou Ndiaye, Dakar
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Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
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Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.
Directeur Développement et Marketing
Libasse Ka
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L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM
4 Les Afriques .
21 mai 2015
Khalid Essajidi
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Diffusion
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Impression
Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
Edition internationale
Commission paritaire : 1017 C 89135
Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
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BAROMÈTRE
Chiffres
4,4
EN FORME
Mmusi Maimane, 34 ans, est le premier Noir
élu à la tête de l’Alliance démocratique (DA),
principal parti d’opposition de l’Afrique du
Sud. Surnommé «le Barack Obama de Soweto», il succède à Helen Zille, 64 ans, qui a dirigé la DA pendant huit ans. Qualifiée de
«parti blanc», la DA a récolté 22% des voix lors
des élections législatives de 2014. Mmusi Maimane avait par ailleurs réussi à faire participer
la DA aux élections municipales de Johannesburg en 2011.
El Hossein Louardi
Le droit à l’avortement au sein du Royaume
chérifien a obtenu la faveur du ministre marocain de la Santé, El Hossein Louardi, pour qui
la légalisation de cet acte est autant une question médicale que sociale. En ce qui concerne la
révision de la loi sur l’avortement, il défend les
cas d’inceste, de viol et de malformations fœtales, affirmant que «la femme devrait disposer de son corps».
MILLIARDS
D’EUROS
Rachat d’AOL par Verizon
450
MILLIARDS DE
DOLLARS
Rafik Khalifa
Accusé d’escroquerie pour la faillite de la
banque portant son nom, Rafik Khalifa, ancien homme d’affaires algérien, a nié toutes les
accusations qui pèsent contre lui lors de son
procès en cassation. En plus d’affirmer que sa
banque n’avait aucun problème financier
avant qu’il quitte l’Algérie pour se réfugier au
Royaume-Uni, l’ex-PDG de Khalifa Bank a
déclaré que la source de ses ennuis provenait
de la France.
Besoins d’investissements
en énergie pour combler
le déficit en Afrique
179
MILLIONS DE
DOLLARS
Le tableau de Picasso
«Les femmes d’Alger»,
adjugé aux enchères
Mahfouz Saber
Des propos ségrégationnistes ont été émis par
Mahfouz Saber, ministre égyptien de la Justice,
sur les ondes de Ten TV à l’encontre des
éboueurs. Selon lui, «le fils d’un employé de
nettoyage» ne peut pas être nommé magistrat
pour des raisons de «respectabilité». Cette déclaration, condamnée de toutes parts, a provoqué la démission du ministre. Une demi-heure
plus tard, son remplaçant était déjà désigné.
5
MILLIONS DE
DOLLARS
Bill Gates
Un réseau de six centres médicaux à travers
l’Afrique et l’Asie sera mis en place par Bill
Gates. Avec ce projet, le fondateur de Microsoft
vise à réduire la mortalité infantile et à prévenir les épidémies, telles que celle d’Ebola, par
le biais de données qui seront recueillies dans
les centres, ce qui permettrait également de développer les vaccins adéquats rapidement. Un
investissement initial de 75 millions de $ pour
financer le réseau de surveillance a été prévu
par la Fondation Bill & Melinda Gates.
6 Les Afriques .
21 mai 2015
Fonds de l’OCP pour
l’engrais, en faveur des
exploitants agricoles
africains
400 000
UNITES
Nombre de véhicules
produits par l’usine
Renault de Tanger
OMS
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
est pointée du doigt par les 8 experts enquêteurs mandatés par l’ONU, en raison de sa lenteur à annoncer l’épidémie Ebola, ce qui, selon
leur rapport, aurait favorisé son développement en Sierra Leone et au Libéria. Les experts
soulignent que les alertes concernant Ebola
avaient été lancées par l’OMS entre mai et juin
2014, alors que l’épidémie avait commencé en
décembre 2013 en Guinée.
EN PANNE
Mmusi Maimane
Taxes UE sur des importations d’acier
A partir de jeudi 14 main 2015, l’Union européenne a commencé à imposer
des droits antidumping sur les importations de certains produits d'acier en
provenance de Chine, du Japon, de Russie, de Corée du Sud et des Etats-Unis.
Il s’agit de la seconde décision, depuis le début de l'année, pour protéger le
secteur sidérurgique européen. Les responsables européens trouvent que ces
droits antidumping concernent les produits laminés plats en acier au silicium
dits «magnétiques» à grains orientés, visés par une plainte d’Eurofer, la fédération européenne des industriels du secteur, déposée en juin 2014.
Chute du cours des métaux de base
L’évolution de la demande chinoise pour les des
métaux de base est surveillée comme du lait sur
le feu par les investisseurs. C’est de bonne
guerre, car ce pays en est le premier consommateur mondial. Ils ont ligne de mire la décision
de la banque centrale chinoise d'abaisser ses
principaux taux directeurs, pour la 3ème fois depuis novembre : une
faiblesse plus marquée que prévu de la croissance ? Dans tous les cas,
avec le recul de la consommation chinoise, les cours des métaux de
base reculent à Londres. Sur ce marché, la tonne de zinc, qui s’est
établie à 2 355 $, s’est dépréciée de 0,97%. Quant au cuivre, il a reculé de 0,2%, pour s’échanger à 6 387,50 $ la tonne.
Shell va forer dans l’Arctique
Le groupe pétrolier Shell vient de recevoir l’autorisation du gouvernement
américain d’installer, sous conditions, des forages de pétrole ou de gaz
dans l'océan Arctique, au large de l'Alaska. En effet, le département de
l'Intérieur, aussi chargé de l'environnement, a autorisé le groupe pétrolier
anglo-néerlandais à lancer des forages dans la mer de Chukchi. Aux activistes et autres écologistes qui se soucient de la protection de l’environnement, Abigail Ross Hopper, directrice générale de l’Agence fédérale
chargée de la gestion des océans (Boem), a assuré qu’un «niveau élevé
d'exigence» a été retenu, afin de protéger l'écosystème de la région…
Cours des monnaies et devises
100 dinars Algérie (DZD) = 1,019 $
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,343 $
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,913 $
100 livres Égypte (EGP) = 13,106 $
100 birrs Éthiopie (ETB) = 4,87 $
100 cedis Ghana (GHS) = 25,840 $
100 shillings Kenya (KES) = 1,036 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,081 $
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,305 $
100 ariarys Madag (MGA) = 0,031 $
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,343 $
100 roupies Maurice (MUR) = 2,861 $
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,226 $
100 kwachas Zambie (ZMW) = 13,624 $
100 dinars Libye (LYD) = 72,829 $
100 dollars Namibie (NAD) = 8,343 $
100 nairas Nigéria (NGN) = 0,502 $
100 shillings Somalie (SOS) = 0,141 $
100 leones S. Leone (SLL) = 0,023 $
100 dinars Tunisie (TND) = 51,928 $
100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,049 $
100 shillings Ouganda (UGX) = 0,033 $
100 francs Zone CFA (XOF) = 0,171 $
Agenda
Casablanca : Carrefour Africain
le 27 juin 2015
Référence incontournable pour l’emploi en
Afrique, le Carrefour Africain est un lieu
d’échanges entre les entreprises, les jeunes
diplômés et les cadres expérimentés. Il aura
lieu le 27 juin 2015 à Casablanca. Ainsi, cette
plateforme de recrutement accueillera plusieurs acteurs économiques africains ainsi
que les meilleurs candidats et entrepreneurs
en termes de formations, de compétences et
d’expériences professionnelles.
Marrakech : 8ème édition du Forum
africain des infrastructures (FAI)
Organisé par i-Conférences, le FAI réunira
plus de 300 décideurs régionaux qui débattront autour des enjeux majeurs liés au développement des infrastructures dans leurs
composantes routières, portuaires et aéroportuaires, aux PPP ainsi qu’au financement
et montage des projets d’infrastructures dans
l’Afrique francophone. Une édition prévue du
22 au 24 octobre 2015 à Marrakech.
Abidjan : IT Forum Côte d’Ivoire
2015 du 18 au 19 juin 2015
La 7ème édition d’IT Forum Côte d’Ivoire
aura pour thème «Transformation digitale
et transformation énergétique, quel enjeu
pour l’Afrique en général et la Côte d’Ivoire
en particulier». À cette occasion, des experts nationaux et internationaux ainsi que
des ministres ivoiriens se prononceront sur
l’impact du numérique pour l’émergence
en Côte d’Ivoire.
Dakar : 11ème édition des Cauris
d’Or
Les talents les plus prestigieux de la vie économique, tous domaines confondus, seront célébrés à Dakar, le 6 juin 2015, lors de la 11ème
édition des Cauris d’Or, un évènement qui honore le savoir-faire des chefs d’entreprise et le
génie des hommes d’affaires africains. Les
grands décideurs de la mise en valeur du
monde économique, financier, scientifique et
culturel ainsi que les personnalités internationales et les leaders d’opinion ayant contribué
au développement du Sénégal, de l’Afrique et
du monde, s’y donneront donc rendez-vous.
21 mai 2015 Les Afriques
.7
BRUITS DE MARCHÉ
Mali : La fraude a fait perdre 233 millions
d’euros à l’État
Selon les conclusions des rapports 2013 et 2014 remis au président, Ibrahima Boubacar Keïta, les malversations et la mauvaise gestion ont fait perdre 153 milliards de f CFA,
l’équivalent de 233 millions d’€, à l’État malien entre 2010 et
2013. De manière plus détaillée, les comptes rendus concernant les exercices des administrations publiques de ces annéeslà, menés par Amadou Ousmane Touré, vérificateur général
du pays, font état de «80,21 Mrds de f CFA dont 12,28 milliards de f CFA de fraude et 67,93 Mrds de mauvaise gestion,
au titre du rapport annuel 2013, et 72,97 milliards de f CFA
dont 33,95 milliards de fraude et 39, 02 milliards de f CFA de
mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2014».
La Chine est devenue le premier im- Pakistan : Réception d’un prêt du FMI
portateur de pétrole dans le monde de 500 millions de $
Depuis avril, le premier importateur de pétrole de la
planète est la Chine. Avec 7,37 millions de barils de
pétrole importés par jour sur le mois, il s’agit d’une
première pour la République populaire qui a devancé
les États-Unis dont l’importation s’élève à 7,2 millions de barils. Le remplissage des réserves de pétrole de ce pays d’Asie de l’Est est non seulement dû
à la chute du cours de l’or noir de l’année 2014, mais
également à la signature d’un accord sur le nucléaire
iranien qui incita la deuxième puissance économique
mondiale à augmenter ses commandes à Téhéran. Il
y a dix ans, la Chine importait environ un million de
barils par jour, pendant que les États-Unis en importaient plus de dix millions. Principal consommateur
d’énergie, le pays le plus peuplé du monde occupe la
tête des classements établis pour la quasi-totalité
des matières premières consommées.
Suite à un plan d’aide triennal du Fonds monétaire international (FMI), le Pakistan recevra 506 millions de $ en juin.
C’est le respect de la cible du déficit (4,9% de son PIB), du niveau de ses dépenses sociales et de ses réserves de devises
étrangères qui ont garanti le versement de ce montant afin
d’aider ce pays importateur de pétrole à relancer son économie, dont la croissance est freinée par une grave crise énergétique. Le FMI espère ainsi une croissance de 4,1% du PIB
pakistanais pour l’année fiscale qui se terminera le 30 juin,
puis de 4,5% pour la prochaine année.
Éthiopie : La Banque mondiale finance
la 2ème phase du programme de
développement agricole
La seconde phase du programme de développement agricole
éthiopien sera financée par la Banque mondiale d’un montant de 350 millions de dollars. Les petits agriculteurs seront
1,6 millions à bénéficier du financement de ce programme,
dont la deuxième phase concerne plus de 157 districts ruraux comparativement aux 96 de la première phase. «L’appui
à ces districts qui disposent d’un potentiel agricole élevé stimulera également le secteur de la transformation», assure Guang
Chen, représentant de la Banque mondiale de l’Éthiopie. Le
secteur agricole du pays emploie environ 80% de la population active. Les progrès enregistrés dans ce domaine ont largement contribué à réduire le taux de pauvreté de cet État
africain, indique un rapport de la Banque mondiale.
8 Les Afriques .
21 mai 2015
Attijariwafa Bank, 22ème Maroc : l’UE finance 42,4 millions d’euros
des capitalisations
pour un projet d’énergie solaire
boursières africaines
Le projet de construction de la centrale solaire Noor III s’est vu accor-
Au Top 100 des capitalisations boursières
africaines, Itissalat Al-Maghrib et Attijariwafa Bank se positionnent respectivement à la 17ème et 22ème place, tous
secteurs confondus, selon un classement
de l’édition avril-mai 2015 du magazine
Forbes Afrique. Les deux premières capitalisations de l’Afrique du Nord sont Itissalat Al-Maghrib avec une hausse de 27%
et Attijariwafa Bank avec une croissance
de 21%. Leurs valorisations sont de l’ordre de 11,8 Mds de $ pour la première et
de 8,2 Mds de $ pour la seconde. Dans le
secteur bancaire nord-africain, Attijariwafa Bank est premier.
der un don de 465 millions de dirhams (environ 42,4 millions d’euros)
par l’Union européenne, à la suite d’un accord signé par Miguel Arias
Cañete, commissaire européen au climat et à l’énergie, ainsi que par
Mustapha Bakkoury, président de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen). Il s’agit du troisième financement apporté par Bruxelles
pour la réalisation de cette troisième centrale thermosolaire. En effet,
Noor I avait obtenu plus de 300 millions de dirhams et Noor II plus de
440 millions de dirhams, ce qui chiffre l’enveloppe des donations à
1 235 milliards de dirhams. Le coût du projet, que le saoudien Acwa
Power et son partenaire espagnol Sener accompliront, est évalué à près
de deux milliards d’euros. Situé à Ouarzazate, dans le sud du Maroc, ce
complexe énergétique aura une capacité comprise entre 100 et 150 mégawatts. À l’horizon 2020, ce parc solaire devrait permettre au Royaume
de subvenir à 42% de ses besoins énergétiques.
Duet Group lance une chaîne
d’hôtel africaine
Afrique du Sud : 2,6 millions de $
en équipements TIC pour 27
librairies publiques
Duet Africa Hotels, une filiale chargée de
la conception, de la réalisation et de l’exploitation d’hôtels milieu et haut de
gamme en Afrique subsaharienne verra
le jour grâce à un partenariat entre la société d’investissements Duet Group et
Bouygues Bâtiment International, filiale
du français Bouygues Construction. Cette
association vise à répondre à la forte demande hôtelière qui existe en Afrique
alors que l’offre est limitée. En effet, le
continent ne dispose actuellement que
d’environ 84 000 chambres d’hôtel, dont
la majorité se situe en Afrique du Sud et
au Maghreb. Les pays qui seront privilégiés par cette chaîne hôtelière seront
donc le Nigéria, le Ghana, la Côte
d’Ivoire, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Mozambique, le Kenya et l’Ouganda. Duet
Group et Bouygues Bâtiment International devront débourser 200 millions $
pour la mise en œuvre de ce projet.
Grâce à un partenariat entre la Librairie
nationale d’Afrique du Sud et la Fondation Bill & Melinda Gates, 27 librairies
publiques d’Afrique du Sud seront dotées d’équipements TIC et d’une
connexion Internet gratuite. Ce projet,
d’un coût de 32 millions de rands (2,6
millions de $), profitera à trois librairies
de chacune des neuf provinces du pays.
Les 27 librairies publiques retenues recevront respectivement 20 ordinateurs,
10 tablettes numériques, 10 lecteurs numériques, un scanneur et une salle de
jeux; une valeur totale pour chacune
d’elles de 470 000 rands (39 433 $).
L’accès aux ressources numériques permettra aux Sud-Africains d’accéder plus
facilement aux connaissances pour être
mieux informés et plus aptes à participer pleinement à l’essor de leur pays.
Afrique du Sud : Investissement
de 623 millions de $ par sept
constructeurs automobiles
L’Association nationale sud-africaine
des constructeurs automobiles
(Naamsa) a annoncé un investissement
de 7,5 milliards de rands (623 millions
de dollars) en Afrique du Sud de la part
des sept plus grands constructeurs automobiles établi dans ce pays, dont
Ford, BMW et Toyota. « Des investissements de cette ampleur confirment
l’engagement des entreprises multinationales opérant dans l’industrie automobile en Afrique du Sud », a souligné
Johan van Zyl, président de la NAAMSA.
La contribution de l’industrie automobile au PIB du pays le plus industrialisé
du continent est d’environ 6% et représente 12% de ses exportations.
21 mai 2015 Les Afriques
.9
BRUITS DE MARCHÉ
Zambie : La FIDA procure 15 millions
de $ au secteur de l’élevage
Une série d’accords d’un montant total supérieur à 15 millions de dollars a été signé entre la Zambie et le Fonds international de développement de l’agriculture (FIDA) afin de
financer un programme de développement de l’élevage qui
profitera à plus d’un million d’éleveurs. Le coût total du programme évalué à 46,3 millions de dollars sera également financé par le gouvernement zambien d’une somme de 10,6
millions de dollars ainsi que par les populations bénéficiaires
à raison de 8,6 millions de dollars. Une autre partie du financement nécessaire à la mise en fonction du programme est
en cours de négociation par les autorités zambiennes avec
des partenaires tels que le fonds de l’Organisation des pays
producteurs de pétrole pour le développement international.
Burundi : Le soutien financier
de la Belgique suspendu
Côte d’Ivoire : La filiale marocaine Platinum
Power projette de construire 3 barrages
Le budget de 4 millions d’euros (environ 5,4 millions
de dollars) prévu par la Coopération belge au développement afin de soutenir les élections municipales du
26 mai ainsi que la présidentielle du 26 juin au Burundi a été suspendu en raison des violents affrontements que subit le pays et du non-respect des accords
de paix d’Arusha selon lesquels la fonction présidentielle doit être limitée à deux mandats. Un montant de
2 millions d’euros a toutefois déjà été versé par la Belgique avant que la situation du Burundi dégénère.
Dans la même optique, le projet de soutien à la police
policière burundaise, mené conjointement par la Belgique et les Pays-Bas, a été suspendu provisoirement.
Le budget de cette coopération policière s’élevait à 5
millions d’euros (environ 6,8 millions de dollars).
Un investissement de 450 milliards de f CFA, soit 750 millions de dollars, pourrait être effectué par Platinum Power,
filiale marocaine du capital investisseur américain Brookstone Partners, dans la construction de trois complexes hydroélectriques en Côte d’Ivoire. D’après Kamal Abdelhafid,
directeur de la stratégie et de l’ingénierie de Platinum
Power, les travaux de construction débuteront au premier
trimestre 2016 pour une durée d’environ cinq ans. Financé
en partie par les fonds de la filiale de Brookstone Partners,
le projet recevra également l’aide des bailleurs de fonds locaux ainsi que des banques de développement.
Japon : Réduction de 99% du capital
de Sharp
Le fabricant japonais d’électronique Sharp réduira son capital
à 99% tout en laissant intacts les droits de vote de ses actionnaires. Son capital actuel de 120 milliards de yens (890 millions d’euros) passera donc à 100 millions de yens (740 000
euros). Cette réduction permettrait à la multinationale de rendre son capital au niveau de celui d’une petite ou moyenne
entreprise (PME) afin qu’elle puisse bénéficier d’avantages fiscaux et ainsi éviter la faillite. Les banques Mizuho Financial
Group et Mitsubishi UFJ soutiendront Sharp dans son procédé de remise sur pied. Le lundi 11 mai, l’action du spécialiste des écrans LCD a plongé à 31%, du jamais-vu en plus de
40 ans. Repris à 190 yens, le titre a subi une perte de 68 yens,
soit une diminution de 26,35%.
10 Les Afriques .
21 mai 2015
Angola : Le prix de l’essence libéralisé
L’Angola a décidé de libéraliser le prix de l’essence et de réduire
les subventions appliquées aux autres carburants dans le but
d’amortir l’effet de la chute des revenus du pétrole. D’après le décret exécutif, ce sera désormais Sonangol Distribuidora, filiale de
la Société nationale des hydrocarbures, qui déterminera librement
le prix de l’essence du pays, et ce, sans subventions de l’État. Déjà
en vigueur, la réduction des subventions appliquées aux autres
carburants a engendré une baisse de 21% sur le diesel, ce qui a
entraîné une hausse de 25% du prix à la pompe, passant de 60 à
75 kwanzas le litre. Quant au kilo de gaz domestique, il est passé
de 45 à 55 kwanzas. Enfin, le prix du kérosène, utilisé par les ménages angolais, a augmenté de 29%, passant de 35 à 45 kwanzas le
litre. Notons toutefois que le gaz domestique reste subventionné à
hauteur de 67,15%, tandis que le kérosène l’est à hauteur de
44,41%. Bien que l’Angola soit le deuxième producteur de carburant en Afrique, il doit importer la majorité de ce combustible en
raison de ses capacités de raffinage insuffisantes.
L’Afrique attend 150 millions
de touristes chinois en 2020
Un smartphone à 30 euros commercialisé en Afrique par Orange
L’Afrique devrait accueillir 150 millions
de touristes chinois en 2020. L’année
dernière, elle fut la destination de près
d’un million et demi de visiteurs chinois, à savoir seulement 3% des 47 millions de touristes étrangers à choisir le
continent. Le Kenya, un des pays prisés
par les voyageurs chinois, en a reçu 37
000 en 2013. D’ici cinq ans, ce pays
Des smartphones équipés du système
d’exploitation Firefox OS, développé par
Mozilla, sont commercialisés par Orange
au Sénégal et à Madagascar pour un peu
moins de 32 euros, qui, à ce prix, offrent
1,5 Go de données Internet consommables pendant trois mois. Avec ce smartphone, Orange et Mozilla ambitionnent de
«donner accès au web à des millions de
personnes ne pouvant jusqu’alors bénéficier d’offres mobiles». En plus d’une mémoire interne de 512 Mo, Orange Klif est
équipé d’un écran de 3, 5 pouces, de deux
emplacements pour carte SIM et d’une
radio. Dix autres pays africains où la compagnie opère, en l’occurrence l’Égypte, la
Tunisie, le Cameroun, le Botswana, le Madagascar, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger,
le Kenya et l’Île Maurice, pourront bénéficier de cette offre dès ce trimestre. Le
smartphone a par ailleurs déjà été lancé
en Afrique du Sud avec l’opérateur MTN.
compte en accueillir un million et demi.
Alors que l’Afrique avait connu une
hausse de 150% de touristes chinois
entre 2012 et 2013, l’épidémie Ebola, les
violences et les risques terroristes ont
un impact négatif sur le tourisme africain. En effet, la saison estivale actuelle
compte déjà 4% de voyageurs chinois
en moins au Kenya. Le Zimbabwe avait
également connu une baisse significative du tourisme chinois entre 2013 et
2014, passant de 10 000 à 2 730.
Un expert international algérien
est nominé membre du conseil
scientifique de la Cafrad
Abderrahmane Mebtoul, professeur des
Universités et expert international algérien, a été nominé membre du conseil
scientifique de l’organisation intergouvernementale panafricaine dépendante
des Nations unies (Cafrad). Les principales missions de ce nouveau membre
concerneront la formation et la recherche dans les domaines aussi bien de
la réforme administrative que de la réforme des structures d’État, de l’administration des processus électoraux, du
maintien de la paix ainsi que de la reconstruction des administrations postconflits, sans oublier la sécurité et divers
autres domaines connexes. Regroupant
37 États membres, la Cafrad
mentionne que
cette nomination «constitue
une reconnaissance de prestige pour
l’ensemble de
ses travaux
scientifiques
en rapport
avec le continent africain». Dr Abderrahmane Mebtoul
21 mai 2015 Les Afriques
. 11
ARRÊT SUR IMAGE
Etats Unis d’Amérique
Le 14 mai 2015. Photo de famille du président américain Barack Obama
avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (CCG), lors d'une
réunion au sommet à Camp David dans le Maryland. De gauche à
droite, le prince héritier d’Abu Dhabi et commandant de la United Arab
Emirates forces armées Mohammed bin Zayed Al-Nahyan, le prince
héritier Salman Bin Hamad Al-Khalifa de Bahreïn, le vice-Premier
ministre Fahd Ben Mahmoud Al-Saïd d'Oman, l'Emir du Koweït, Cheikh
Sabah Al-Ahmed Al-Sabah, Obama, l'émir du Qatar Cheikh Tamim Bin
Hamad Al-Thani, le prince héritier saoudien Mohammed Bin Nayef et le
secrétaire général du CCG Abdullatif Bin Rashid Al-Zayani.
12 Les Afriques .
21 mai 2015
21 mai 2015 Les Afriques
. 13
VERBATIM
Victimes
«Je trouve qu’en Algérie les
femmes s’en sortent bien malgré la décennie noire qui,
d’ailleurs, a beaucoup été occultée en Europe. Le monde a
fermé les yeux et les femmes,
filles, mères ont été les premières victimes du terrorisme»
Yamina Benguigui, ex-ministre déléguée chargée de
la Francophonie et des Français de l’étranger.
Condamner
«Notre pays est riche, mais la famille
Bongo qui le dirige d’une main de fer
depuis près de 50 ans détourne cette
richesse à son seul profit, condamnant la plupart des Gabonais à vivre
avec le minimum vital. Le Gabon est
une République, pas une monarchie.
C’est en principe une démocratie, pas une dictature»
Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de Brainforest, une
ONG qui lutte contre les trafics environnementaux au Gabon.
Impunité
Retenir
«La BAD doit appuyer les
gouvernements africains afin
de créer et consolider des institutions pour retenir la richesse produite en Afrique»
Cristina Duarte, ministre des
Finances et du plan du Cap-Vert.
Éradiquer
«La mission de la Banque
mondiale est l’éradication
de la grande pauvreté. Or, le
changement climatique est
une menace directe en la
matière»
Stéphane Hallegatte, économiste senior à la Banque mondiale.
«C’est l’Union européenne qui, en
fermant toutes les routes d’accès vers
ses États, a acculé tous ceux qui
fuient leur pays à converger vers la
Libye. Les groupes rebelles s’y trouvent en situation de monopole pour
le trafic d’êtres humains. D’autant
plus que l’absence d’État leur procure l’impunité»
Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France.
Défendre
«Il est logique de s’inquiéter d’un
glissement possible vers la guerre civile. D’autant que les deux camps
campent sur leur position. Mais
pour l’heure, ceux qui se mobilisent
contre le troisième mandat de Pierre
Nkurunziza sont issus de la classe
moyenne. Ils veulent défendre la démocratie. Il n’y a rien
d’ethniciste dans leur mobilisation»
Samuel Pommeret, responsable de l’Afrique des Grands Lacs
du CCFD-Terre solidaire.
Soutenir
«Il y a encore beaucoup de
travail à faire pour soutenir
les familles et le pays, à l’issue
d'une épidémie d'Ebola»
La Croix-Rouge.
Innover
«Nous voulons innover pour
nous approcher des standards
internationaux. L’IPSP permettra de voir la progression
des activités économiques et
donnera aussi des réponses
claires quant à la contribution
du secteur privé au PIB ivoirien»
Jean Kacou Diagou, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI).
14 Les Afriques .
21 mai 2015
Victoir
«Les souffrances des Guinéens n’ont
que trop duré et il est temps d’aller
affronter par tous les moyens légaux
les obstacles qui assaillent sans cesse
le quotidien des populations. Osons
avec courage et patriotisme pour gagner. Que la bataille démocratique
commence jusqu’à la victoire finale»
Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire en
Guinée et candidat à la présidentielle.
Affaires
«Un banquier d’affaires, c’est comme
une prostituée»
Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie, de l’Industrie et
du Numérique.
BANQUES & ASSURANCES
INTERVIEW SAMIRA MENSAH
Une réelle volonté de diversification du secteur financier
Samira Mensah, analyste Senior à S&P, relate ici, entre autres, une
amélioration de la performance économique du Maroc qui se traduit par
une croissance du secteur financier, même si elle est différenciée selon les
branches, la volonté des autorités à soutenir le secteur… a aussi insisté sur
le rôle de l’agence de notation.
Samira Mensah,
analyste senior
Standard & Poors
Financial Services
Ratings
L
es Afriques : Suite à vos différentes missions d'analyses et
d'examens de banques et
compagnies d'assurance, comment
appréciez-vous le potentiel du
marché marocain ?
Samira Mensah : Nous estimons
qu’il y a un bon potentiel de croissance du marché bancaire et assurantiel dans le Maghreb et le Maroc
en particulier. Le Maroc connaît une
amélioration de sa performance économique, ce qui est un facteur favorable à la croissance du secteur
financier dans son ensemble. Il y a
toutefois quelques différences de dynamique de croissance entre les deux
secteurs.
Le secteur bancaire présente aujourd’hui des capacités accrues d’octroi de crédit à l’économie suite à la
diminution de la pression sur sa liquidité résultant de l’amélioration
16 Les Afriques .
21 mai 2015
du déficit courant en 2014. De plus,
les bonnes perspectives de croissance
du Maroc, notamment dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique laissent
présager une reprise du crédit aux
entreprises pour 2015. Nous estimons que le secteur du crédit aux
particuliers continuera de croître de
manière importante notamment tiré
par le crédit immobilier. Nous
constatons également que le programme de soutien du crédit aux
PME et TPE via des conditions de
refinancement favorables auprès de
la banque centrale commence à porter ses fruits. Les banques marocaines
conservent néanmoins des expositions importantes à des secteurs vulnérables tels que la promotion
immobilière ou le tourisme qui
pourraient, s’ils sont mal maitrisés,
impacter leur rentabilité. Au-delà du
Avec des
primes brutes
souscrites
représentant
3% du PIB, le
Maroc est le
deuxième
marché le plus
important en
Afrique, après
l’Afrique du
Sud.
marché domestique, les banques marocaines misent également depuis
plusieurs années sur un développement en Afrique subsaharienne, où
la rentabilité s’avère supérieure au
Maroc, mais présente une certaine
volatilité en raison des variations
parfois importantes du coût du
risque pour ces filiales.
Dans le domaine de l’assurance, le
contrat-programme (Ndlr : Contrat
entre l’Etat marocain et les compagnies) devrait créer de la croissance
dans le domaine de l’assurance-vie et
des risques de catastrophes naturelles
au Maroc. En effet, le programme du
gouvernement prévoit l’instauration
d’une couverture de catastrophe naturelle qui permettra d’élargir le
spectre de risques couverts par les assurances, ainsi qu’un volet de couverture médicale et vie. Avec des
primes brutes souscrites représentant 3% du PIB, le Maroc est le
deuxième marché le plus important
en Afrique, après l’Afrique du Sud.
Cela étant, le taux de pénétration
reste faible dans un contexte plus
global. L’appui de politiques publiques pourrait être un accélérateur
de croissance à cet égard. En outre, le
Maroc est sur le point d’adopter un
cadre réglementaire pour le développement des assurances Takaful, ce
qui devrait permettre d’accroître les
opportunités de croissance notamment dans le monde rural. Le modèle de Takaful est basé sur le
principe de la mutualisation des
risques, ce qui pourrait avoir un effet
d’inclusion de la population rurale.
LA : Sur la base des notations délivrées par votre agence, peut-on
avoir des certitudes pour dire
que le marché présente une certaine maturité ?
S.M. : Notre rôle d’agence de notation de crédit consiste essentiellement à donner notre opinion sur la
qualité de crédit relative d’un émetteur par rapport à un autre. Il n’y a
pas de certitude que la performance
d’un émetteur ou de l’instrument,
qu’il a émis, performera en accord
avec sa notation de crédit. Cependant, il est important de souligner
que nous back-testons (Ndlr : Test rétroactif de validité sur la pertinence
d’une stratégie ou d’une modélisation en s’appuyant sur une large ensemble de données historiques
réelles) les notes de crédit, attribuées
pour un ensemble varié d’émetteurs.
Lorsque nous mesurons la performance des notes de crédit attribuées,
nous constatons qu’elle est en ligne
avec la probabilité de défaut de leurs
niveaux respectifs. Ce qui revient à
dire que l’opinion de crédit que nous
formulons est cohérente avec la performance des émetteurs et de celle de
leurs dettes.
LA : Aux établissements financiers
présents dans cette partie de
l'Afrique, quels conseils donnerezvous pour se prémunir de la volatilité de certaines branches ?
S.M. : Notre rôle d’agence de notation de crédit consiste essentielle-
ment à donner notre opinion sur la
qualité de crédit relative d’un émetteur par rapport à un autre. Nous ne
donnons pas de conseil.
Nous avons observé une volonté de
diversification du secteur financier
marocain, aussi bien bancaire qu’assurantiel afin de maximiser les relais
de croissance existant à proximité du
Maroc. Nous constatons une diversification accrue en Afrique de l’Ouest
francophone et dans une moindre
mesure dans certains pays anglophones qui présentent des perspectives de croissance forte. Notre
analyse de la diversification se fait
dans l’optique de mesurer à quel
point elle contribue à stabiliser les revenus et la performance des banques
et des compagnies d’assurance ou si
celle-ci contribue à une volatilité de
leur performance due à l’exposition
à des risques non maîtrisés.
LA : Plus généralement, quelles garanties donnerez-vous aux investisseurs qui visent l'Afrique ?
S.M. : De la même manière que nous
ne donnons pas de conseil, nous ne
fournissons pas de garantie. Lorsque
nous analysons les banques et les
compagnies d’assurance, nous
veillons à comprendre l’étendue et la
maîtrise des émetteurs de ces risques.
Propos recueillis par
Daouda MBaye, Casablanca
L’opinion de
crédit que
nous
formulons est
cohérente avec
la performance
des émetteurs
et de celle de
leurs dettes.
Casablanca,
capitale
économique
du Maroc
Badr Alioua à la tête
du département
Banque Privée
d’Attijariwafa bank
C’est désormais Badr Alioua (35ans)
qui assure la fonction de directeur
exécutif en charge de la Banque Privée du groupe Attijariwafa bank et
rejoint le Comité de Direction et de
Coordination d’Attijariwafa Bank.
Le conseil d’administration du
groupe Attijariwafa bank en a ainsi
décidé, en le nommant à ce poste, en
remplacement de Noufissa Kessar,
appelée à d’autres fonctions au sein
de la SNI. Diplômé de Polytechnique
et des Ponts et Chaussés, il était
jusque-là directeur général de Wafa
Gestion, filiale du groupe Attijariwafa bank, première société de gestion d’actifs au Maroc. Pour rappel,
le groupe bancaire marocain indique que Noufissa Kessar a été derrière le grand succès de la Banque
Privée, lors de la dernière opération
de contribution libératoire.
Légère baisse du
bénéfice d’I&M Bank
A la fin du premier trimestre 2015,
I&M Bank du Rwanda a enregistré
une légère baisse de son bénéfice net,
comparativement à la même période
de l’année dernière. Avec des charges
d'exploitation à 2,7 milliards de
francs rwandais en hausse, contre
2,48 milliards sur la même période
de l'année dernière, le bénéfice net de
l’entreprise a régressé pour se situer
à 1,14 milliard francs rwandais
contre 1,17 milliard de francs rwandais au premier trimestre 2014. Le
gouvernement envisage de vendre
ses 19,8% du capital de la banque, à
travers une offre publique initiale.
21 mai 2015 Les Afriques
. 17
BANQUES & ASSURANCES
AFRIQUE Necotrans accompagne la tournée de Stromae
Le groupe international de logistique Necotrans s'est engagé comme
partenaire de la tournée africaine du célèbre artiste de nationalité belge,
Stromae, qui le conduira dans plusieurs capitales africaines, du 13 au 20 mai.
O
pérant dans 31 pays en
Afrique, le groupe international de logistique Necotrans
a
pris
l'option
d'accompagner l'artiste et guest
star international, Stromae, sur le
plan de la logistique dans le cadre
de la toute première et décisive
tournée africaine du musicien
belge. Ce dernier devra se produire
successivement dans huit capitales
du continent, avec comme point
de départ du périple des spectacles
à Dakar, au Sénégal.
«Le groupe Necotrans est particulièrement fier de contribuer au
succès de cette formidable aventure artistique, humaine et logistique qui va conduire Stromae
dans huit pays du continent», affirme Grégory Quérel, présidentdirecteur général de Necotrans.
Artiste et jeune star planétaire,
18 Les Afriques .
21 mai 2015
Stromae explose la toile et autres
chaumières de mélomanes depuis
six ans. Belge bon teint, le chanteur
se produira le 13 mai à Dakar (Sénégal), le 16 à Praia (Cap-Vert), le
19 à Douala (Cameroun), le 23 à
Abidjan (Côte d’Ivoire), le 6 juin à
Libreville (Gabon), le 10 à Brazzaville (République du Congo), le 13
à Kinshasa (République Démocratique du Congo) et le 20 à Kigali
(Rwanda).
Fort de 30 années d’expérience sur
le terrain, de la complémentarité
de ses différentes activités de transport ainsi que de son maillage sur
le continent africain, Necotrans
qui vient de s'adjuger le terminal
vraquier du Port de Dakar constitue un partenaire de premier plan
pour assurer la chaine logistique
de la tournée inédite de Stromae.
Necotrans gère notamment le
Stromae
Huit capitales
du continent,
avec comme
point de
départ du
périple des
spectacles à
Dakar, au
Sénégal.
transport par voie aérienne ainsi
que le dédouanement et l’acheminement vers les lieux de concert de
l’ensemble du matériel et des équipements. Pour des raisons d’organisation, cette tournée nécessite le
transfert de deux kits de matériel
(environ une tonne chacun) en alternance depuis Paris jusqu’à la livraison sur site, laisse-t-on
entendre du côté de l'avenue
Georges V.
Ce projet de partenariat n'est pas
fortuit, puisque s'inscrivant dans le
déroulement des festivités marquant le trentenaire de l'armateur
international cette année qui a des
ambitions de modernisation des
plateformes portuaires africaines
et offshore et surtout des politiques de faire partager son modèle
RSE dans les pays où il opère.
Ismael Aidara, Dakar
BANQUE ATLANTIQUE ABIDJAN Guy Martial
Awona, nouveau directeur général adjoint
Le groupe Banque Atlantique, filiale du groupe Banque
Centrale Populaire du Maroc, vient de désigner le
Camerounais Guy M. Awona, ex-DG de la filiale togolaise, directeur du «Pôle gestion globale des risques»,
avec le statut de directeur général adjoint du groupe.
Inauguration de la
Medersat.Com Bénichiker à Nador par
la Fondation BMCE
En présence d’Othman Benjelloun,
président de BMCE Bank, des administrateurs directeurs généraux
du groupe, des hauts responsables
locaux de l’Oriental… Dr Leila Mezian Benjelloun, présidente de la
Fondation BMCE Bank pour l’Education et l’environnement et Mohamed Mbarki, directeur général
de l’Agence pour la promotion et le
développement économique et social des provinces de la région
orientale du Maroc ont inauguré
mercredi 13 mai 2015 à Nador,
l’école Medersat.com Bénichiker.
Pour les responsables, une telle infrastructure vient consolider l’implication continue de la Fondation
BMCE Bank dans la région de
l’Oriental, afin d’y soutenir le développement de l’enseignement préscolaire et primaire.
Nouvelle rallonge de
la Banque mondiale
au secteur agricole
éthiopien
G
uy Martial Awona sera basé
à Abidjan où il aura la
charge de couvrir ainsi
toutes les fonctions des risques, du
contrôle interne, juridique et de la
conformité. C'est un poste qui
cadre avec les nouvelles innovations du groupe, car il a été créé le
4 mai 2015.
Guy Martial Awona prendra officiellement ses fonctions ce lundi 11
mai 2015 à Abidjan. Il faut rappeler
également que dans la même foulée
l'ancien DG de Banque Atlantique
Mali, Niame Traore a été nommé
directeur du développement du
groupe avec le même statut et la
même date de prise d’effet.
Selon nos sources, ces innovations
visent à consolider les performances de l’institution dans le
cadre de la nouvelle gouvernance
du groupe qui compte donner un
coup d’accélérateur managérial
hors du commun.
Souhaitant donner une nouvelle
impulsion au groupe et permettre
un pilotage en cohérence avec sa
propre gouvernance, le conseil d’administration a décidé de créer les
deux postes de directeur général adjoint au sein du groupe de la
Banque Atlantique.
Rodrigue Fénelon Massala, Abidjan
Banque Atlantique
Le secteur agricole en Ethiopie vient
de bénéficier d’un soutien de 350
millions de $ de la Banque mondiale. La priorité sera accordée aux
zones au potentiel de productivité
le plus élevé, bénéficiant ainsi à plus
de 1,6 million d’exploitants agricoles. Il s’agit d’agriculteurs de 157
woredas dans l’Amhara, d'Oromia,
Snnpr, Tigray, Benishangul Gumuz,
Gambella et les Etats régionaux Harari, ainsi que de Dire Dawa , noteton. Cet accord, paraphé par Ahmed
Shide, ministre d’État éthiopien des
Finances et du développement économique, et Guang Z. Chenon, directeur-pays de la Banque mondiale
en Ethiopie, à Addis-Abeba, permettra d’accroître la production, la
productivité des agriculteurs, de la
technologie, le développement de
l'irrigation, ainsi que l’expansion de
semences sélectionnées.
21 mai 2015 Les Afriques
. 19
BOURSES & FONDS
CAMEROUN
10 milliards de f CFA de titres publics levés
L’Etat du Cameroun a levé 10 milliards de f CFA, lors
de la deuxième opération du genre pour ce
deuxième trimestre, période au cours de laquelle le
pays pourrait mobiliser 50 milliards de f CFA pour la
réalisation des infrastructures.
L
e Cameroun a levé 10 milliards de f CFA le 6 mai 2015
sur le marché de la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (Cemac) pour un
montant de soumissions de 16,8
milliards de f CFA de bons du Trésor assimilables (BTA). Cette
deuxième opération du genre pour
ce trimestre entre dans le cadre du
programme de mobilisation des
fonds destinés au financement de
certains projets de développement,
en l’occurrence le secteur des infrastructures, de l’énergie, de l’eau et
des transports, où le Cameroun entend mobiliser 50 milliards de f CFA
de titres publics au cours du
deuxième trimestre. Avec un taux de
couverture de 168%, le taux d’intérêt pondéré retenu a été de l’ordre
de 2.3125% contre 2.0333% lors de
la précédente opération effectuée le
22 avril 2015 pour un montant de
10 milliards de f CFA également.
20 Les Afriques .
21 mai 2015
Le Cameroun qui a engagé depuis
quelques années des chantiers structurants à l’instar de la construction
portuaire, des barrages hydroélectriques, des voies de communication et une réelle migration dans le
secteur des télécommunications, recoure de plus en plus à l’émission
des titres publics et aux emprunts
obligataires pour pouvoir financer
des programmes de développement.
Pour l’année 2015, ce sont 320 milliards de f CFA que le Cameroun
émettra en termes de titres publics,
dont 125 milliards de f CFA de BTA,
100 milliards de f CFA d’Obligations du Trésor assimilés (OTA) et
150 milliards de f CFA d’Obligations du Trésor (OT). L’année dernière, ce sont 280 milliards de f CFA
de titres publics qui avaient été mobilisés par le Cameroun pour assurer le financement des projets de
développement.
Achille Mbog Pibasso, Yaoundé
Yaoundé, capitale
du Cameroun
Avec un taux
de couverture
de 168%, le
taux d’intérêt
pondéré retenu
a été de l’ordre
de 2.3125%
contre
2.0333%.
Société générale
et SFI à la rescousse
de Sofitex
Sofitex, plus grande compagnie cotonnière du Burkina Faso, va recevoir
une nouvelle ligne de financement de
70 millions d’€ de la Société financière internationale (SFI), membre du
groupe de la Banque mondiale, et de
Société Générale. Signée en vertu d’un
Programme de financement de la SFI,
cette rallonge permettra à la Sofitex
de compléter l’achat de coton brut à
plus de 160 000 agriculteurs au Burkina Faso pour le traitement et l'exportation vers les marchés
internationaux. Pour mémoire, le
coton reste la principale culture de
rente du Burkina Faso. Un pays actuellement sous un gouvernement de
transition. Les analystes ont soutenu
qu’avec les fluctuations des cours sur
le marché mondial des matières premières, il est difficile pour les entreprises de coton d’obtenir un
financement.
Rwanda :
Lancement d’un
Credit Bureau
par TransUnion
TransUnion, fournisseur international de gestion de crédits et d’informations, vient de lancer TransUnion
Credit Score pour le marché rwandais, par le biais de CRBAfrica (Credit Bureau). CRBAfrica relève de la
société-mère TransUnion Afrique
Holdings, organisme de gestion du
risque de crédit, avec une présence
dans 11 pays, à travers l'Afrique. Il
offre aux institutions financières, détaillants et autres établissements de
crédits un aperçu de la santé financière de leurs clients. Grant Phillips,
PDG TransUnion Afrique, a indiqué
que : «La synergie entre les deux sociétés va permettre à la joint-venture
d'offrir aux clients une proposition
de valeur encore plus convaincante».
Une structure qui va se baser sur plus
de 20 années d'expérience dans le référencement de crédit et de gestion de
la dette sur le marché en Afrique.
ENTREPRISES & MARCHÉS
Zambie : Saro Agro
cible le nord
CASABLANCA Inauguration d’un 2ème
Centre de dépollution du littoral
Le système anti-pollution du littoral Est du Grand
Casablanca a été inauguré, le 13 mai 2015, par le Roi
Mohammed VI. Ce chantier, qui a nécessité un investissement global de plus de 1,45 Mrd de DH, vient
parachever la dépollution du littoral Atlantique.
Saro Agro Industrial Ltd vient de
lancer un programme visant à fournir aux petits exploitants agricoles
dans la province du nord de la Zambie des équipements pour réussir
une agriculture mécanisée. Ashok
Oza, DG de Saro Agro Industrial, a
précisé que ces équipements comprennent des tracteurs et autres
équipements agricoles. Du matériel
disponible dans la province, que des
agents présents dans tous les districts de la province leur octroient.
Démission du
ministre de
l’Energie béninois
Pointé du doigt de toutes parts, le
ministre béninois de l’Energie et de
l’Eau, Barthélémy Kassa, a fini par
rendre son tablier. Pour le secrétaire général du gouvernement, il
s’agit d’une décision prise par
conscience en son âme et
conscience. Rappelons que l’affaire
a éclaté suite à un communiqué du
ministère néerlandais des Affaires
étrangères, publié le 6 mai, annonçant la suspension de l’aide des
Pays-Bas au Bénin, après le détournement de 4 millions d’euros octroyés à ce pays pour financer un
programme d’accès à l’eau potable.
U
n grand déficit dans le domaine de l'assainissement à
Casablanca vient d’être
comblé. Après un peu plus de 4 ans
de travaux, le système anti-pollution du littoral Est dans la zone de
Zenata, quartier du Grand Casablanca, est enfin livré. Réalisé par
la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), société délégataire
de la distribution de l'électricité,
de l'eau et des services d'assainissement liquide et d'éclairage public du Grand Casablanca, il va
assurer une protection de la population et du littoral du secteur Est
de Casablanca contre les risques de
pollution liquide due aux rejets
22 Les Afriques .
21 mai 2015
d’eaux usées brutes, des effluents
d’industries, dans la mer. Pour les
responsables, il constitue une réalisation majeure dans le processus
de développement urbain du
Grand Casablanca qui jouit désormais d’un taux de dépollution des
eaux usées de 100%.
Financé dans le cadre d’un partenariat entre Lydec et le Fonds de
travaux de l’autorité délégante, le
système anti-pollution du littoral
Est du Grand Casablanca vient
s’ajouter aux différents chantiers
lancés par le roi du Maroc, au niveau de la région, et visant à
conforter sa place, en tant que premier pôle industriel du pays, où le
Le Roi du Maroc,
Mohammed VI,
entouré de JeanPascal Darriet et
des techniciens
de Lydec
Tanzanie :
North Mara Gold
Mine s’emploie
dans la RSE
La mine d’or North Mara ou North
Mara Gold Mine est engagée à poursuivre son soutien aux projets de développement dans les villages
environnants de l’exploitation. Abel
Yiga, directeur du développement
durable de la mine, vient de le
confirmer. Charles Kitwanga, viceministre tanzanien de l’Energie et
des minéraux, a salué, au cours
d’une réunion jugée cruciale, la mobilisation des dirigeants locaux de
tous les villages environnants de la
mine pour la réussite de l’opération.
souci d’une qualité de la vie, en
constante amélioration, est réel.
Station de prétraitement
et «Eaucéan»
Dans les détails, il s’agit d’un chantier d'envergure, qui couvre une
population de 2,5 millions d’habitants. Il comprend deux grands intercepteurs côtiers de 24 km,
permettant de rassembler en un
point les 9 rejets d’eaux usées répertoriés, ainsi que plusieurs stations de pompage, dont une
construite au niveau de Zenata,
d’un débit de 3 m3/s.
Ce système comporte également
une station de prétraitement à Sidi
Bernoussi, «Eaucéan», d’une capacité maximale de 11 m3/s, munie
d’un système de dégrillage, dessablage et dégraissage, et un émissaire marin en aval de la station de
prétraitement d’une longueur de
2,2 km et d’une profondeur de 20
m par rapport au niveau de la mer.
Aujourd’hui, l’infrastructure de
Zenata contribue au programme
ambitieux visant la réhabilitation
urbaine de toute la côte Est de la
ville. Parmi les acquis : l'embellissement et la revalorisation de la façade maritime, le raccordement
des eaux usées des nouvelles zones
urbaines sur les intercepteurs… A
noter que l’objectif ultime étant de
disposer de plages propres avec des
eaux de baignade conformes aux
normes de salubrité, de favoriser
leur labellisation et de restaurer le
potentiel touristique de la zone.
L’espace pédagogique
«Eaucéan Galerie», en
prime
Pour les responsables de Lydec
Maroc, avec à leur tête le directeur
général, Jean-Pascal Darriet, une
telle réalisation permet d’intercepter les rejets directs d’eaux usées situés entre le port de Casablanca et
la ville de Mohammedia, de les
prétraiter à la station «Eaucéan»,
avant de les écouler au large, à travers un émissaire marin. Les observateurs n’ont pas perdu de vue
qu’il vient compléter le dispositif
déjà mis en place dans la partie
Ouest de la région (de Dar
Bouazza à Casa Port) et qui traite
45% des eaux usées de Casablanca,
via la station El Hank, non loin de
la mosquée Hassan II.
Au-delà de l’efficience d’un projet
qui vient assurer 55% du traitement des eaux usées de la métropole, ce complexe d’assainissement
des eaux usées comporte un espace
pédagogique, dénommé «Eaucéan
Galerie». Aménagé au sein de la
station de prétraitement, il a pour
vocation de sensibiliser les visiteurs aux différentes étapes du
cycle de l’eau et de traitement des
eaux usées, ainsi qu’aux enjeux liés
à la préservation du littoral et des
océans.
Daouda MBaye, Casablanca
Angola : Exploita-
Disposer de
tion de la mine
plages propres
avec des eaux d’or de Jamba à
Huila, en 2016
de baignade
Le processus d'exploitation d’or
conformes aux dans le Limpopo localité de la municipalité de Jamba, 315 km à l’est
normes de
de Lubango, province de Huila, va
salubrité.
commencer en 2016. Il sera en-
Jean-Pascal
Darriet, DG Lydec
tamé après l'achèvement de la
phase de prospection qui prendra
fin à la fin de l’année 2015. Confirmation de Joaquim Paula, directeur provincial de l’industrie, de
la géologie et des mines, qui a indiqué que la phase d'exploration
sera entamée l’année prochaine,
sans pour autant préciser la date
exacte. Elle a ajouté que les premiers résultats de la prospection,
qui ont commencé en 2012, sont
encourageants, révèlent l’existence d'un produit de qualité et de
quantité, qui non seulement stimule l'économie du pays, mais
améliore les conditions de vie des
résidents. Aussi, elle a fait remarquer que le projet fait partie du
processus de l'exploitation du fer
de Cassinga, resté en stand-by depuis un certain temps, pour des
raisons inconnues.
Polémique sur les
débouchés du cuivre
zambien
Suite à la récente publication des
données commerciales du Bureau
central zambien des statistiques, des
opérateurs ont exprimé leur désarroi sur la destination des exportations de cuivre de Zambie. D’après
ces chiffres, l’essentiel des ventes à
l’étranger du cuivre zambien est
réalisé sur la Suisse, avec une part de
59,5% des exportations, à fin 2014.
Pour ces professionnels, la Chine
reste la principale destination du
marché du cuivre de Zambie. Ils se
sont étonnés du gros volume du
commerce entre la Zambie et la
Suisse. Ce dernier pays n’est pas
connu pour avoir une demande importante du métal rouge.
21 mai 2015 Les Afriques
. 23
ENTREPRISES & MARCHÉS
Afrique : Top 6
des pays visités
par les Chinois
MALI Lancement de la construction
de Sheraton Bamako
L'entrepreneur malien, Cessé Komé, président du
Radison Blu de Bamako, branche du holding Koira
Investment, est en joint-venture avec le géant
américain hôtelier Starwood pour la construction
d'un Sheraton à Bamako.
U
n véhicule d'investissement
de 60 millions d'euros.
L'homme d'affaires malien
Cessé Komé passe à la vitesse supérieure. Son holding KHI (Koira Holding Investment) s'allie avec le géant
Starwood pour la construction d'un
complexe hôtelier à grand standing à
Bamako. Ce complexe prendra les
couleurs de la grande enseigne Sheraton Resorts & Hôtels, marque de
gestion industrielle du tandem. L'investissement devra nécessiter la bagatelle de 60 millions d'euros (soit
plus de 39 milliards de f CFA). Le véhicule d'investissement va s'adosser
sur un portage des financements diversifié (pool bancaire, apport des
promoteurs) en vue de la mobilisation à court terme des fonds.
Selon le promoteur malien, cette future et moderne infrastructure hôtelière (immeuble R+ 9 et 200
chambres haut standing) devra ré-
24 Les Afriques .
21 mai 2015
sorber le déficit criard de capacités
d'accueil hôtelières de la capitale malienne. «Ce gigantesque projet hôtelier
qui a reçu le quitus de l'Etat sera prêt
avant le prochain sommet FranceAfrique de 2016 que le Mali va abriter», a rassuré l'entrepreneur Cessé
Komé. Une bouffée d'oxygène dans
les caisses du Trésor. Le complexe
Sheraton Bamako va générer
quelque 1 000 travailleurs durant la
construction et la phase d'exploitation. Après ses ennuis avec son associé
burkinabé,
Appolinaire
Compaoré, dans le démarrage de la
troisième licence de téléphonie,
Alpha Telecom, l'entrepreneur malien se tourne vers l'industrie hôtelière au Sud du Sahara. «L'objectif de
mon groupe est d'exporter le modèle
hôtelier du Mali vers des marchés à
forte croissance», a commenté
l'homme d'affaires.
Ismael Aidara, Bamako
Bamako
va étrenner
prochainement
son Sheraton
L'investissement devra
nécessiter la
bagatelle de
60 millions
d'euros.
Avec l’augmentation de leur pouvoir
d’achat, le nombre de touristes chinois est en forte croissance. Des professionnels estiment qu’en 2020,
quelque 200 millions de Chinois
partiront en voyage à l’étranger.
Parmi les destinations en vogue,
l’Afrique a le vent en poupe. Ces experts du tourisme listent parmi les 6
pays d’Afrique les plus plébiscités
par ces touristes, par ordre de fréquence décroissante, l’Afrique du
Sud, l’Egypte, le Kenya, le Cameroun, le Sénégal et l’Algérie. L’augmentation des touristes chinois en
Afrique du Sud est impressionnante
et connaît des croissances de plus de
50% d’une année sur l’autre. Les
touristes chinois contribuent énormément au développement du secteur touristique en Égypte. Lors des
révolutions égyptiennes, une interdiction de voyager en Égypte avait
été décrétée par le gouvernement
chinois, avant d’être levée. La faune
kenyane attire un nombre grandissant de touristes chinois, fascinés
par les safaris et surtout par la migration annuelle des animaux.
Le Cameroun a été déclaré comme
une destination «approuvée» par le
Gouvernement chinois en 2011. Le
Cameroun, surnommé «l’Afrique miniature» compte pas moins de 830
sites touristiques. L’éco-tourisme a
beaucoup de potentiel. En 2012, plus
d’un million de touristes chinois ont
visité le Sénégal, ce qui représente un
fort potentiel pour le pays. Ce chiffre
devrait dépasser le seuil des 3 millions
de visiteurs d’ici à 2023, d’autant plus
que le Sénégal a été désigné «destination touristique» par la Chine. Air Algérie souffrait d’un manque de
rentabilité sur sa ligne Alger-Pékin et
était en passe de supprimer ce trajet.
Cependant, un regain d’intérêt a permis le maintien de cette ligne qui est
désormais empruntée par 80% par
des Chinois. Air Algérie voudrait désormais ouvrir une 1ère classe pour une
clientèle d’hommes d’affaires et de
touristes fortunés.
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
BURUNDI
Il faut sortir de la République bananière
L’évocation du nom de Pierre Nkurunziza depuis que ce dernier a décidé
contre vents et marées de se porter à nouveau candidat suscite des
réactions diverses et variées qui rappellent la maxime de René Dumont
«L’Afrique est mal partie». Ce qui laisserait croire que le Burundi de Nkurunziza
serait un endroit propice où se jouerait le drame shakespearien.
L’
avènement de la démocratie
sur le continent au lendemain du discours de la
Baule et de la chute du mur de Berlin avait entre autres pour objectif la
fin des présidences à vie.
Pour matérialiser cette nouvelle
donne, la majorité des pays africains, autrefois dirigés d’une main
de fer par des régimes sans limites,
adoptèrent des Constitutions qui
réglementaient l’exercice et l’alternance de la fonction présidentielle à
deux mandats.
Le Burundi de l’époque était dirigé
par Pierre Buyoya qui fut battu aux
élections par le leader du Frodébou
Melchior Ndadaye premier président Hutu élu démocratiquement
en 1993. Il a été assassiné au milieu
26 Les Afriques .
21 mai 2015
d'un coup d'Etat militaire échoué en
octobre 1993, après seulement trois
mois en poste. Son assassinat a déclenché une série de massacres brutaux entre les groupes ethniques
tutsi et hutu, et, finalement, a déclenché la décennie «Burundi
guerre civile».
A la suite de l’assassinat du président Ndadaye, conformément à la
Constitution de l’époque, le 5 février 1994, Cyprien Ntaryamira
prête serment après avoir été élu par
l'Assemblée nationale le 13 janvier
1994. Passager dans l'avion du président rwandais Habyarimana, il est
assassiné le 6 avril 1994 à Kigali.
Président ad intérim à partir du 6
avril, Sylvestre Ntibantunganya
prête serment le 30 septembre 1994
Bujumbura,
capitale du
Burundi
Une oligarchie
frappée par
une myopie
intellectuelle
et politique.
suite à la signature de la Convention
de gouvernement du 10 septembre
1994. Le pays connaît une situation
instable, les troubles graves menacent la cohésion du pays. Le Burundi est au bord de l’explosion
comme le Rwanda voisin. La communauté internationale craint un
génocide, les groupes armés pullulent dans le pays et les acteurs politiques sont dépassés par les
événements.
C’est dans ce contexte trouble que
l’armée tente de restaurer l’ordre
pour semble-t-il épargner au pays
une guerre comme au Rwanda voisin il y’a deux ans .Pierre Buyoya
reprend le pouvoir par un coup
d'Etat le 25 juillet 1996 et reste président de la République jusqu'à la
fin de la première période de transition après la signature de l'Accord
d'Arusha.
Domitien
Ndayizeye prête serment le 1 mai
2003 en tant que président de la
République pendant la deuxième
période de transition.
Après les élections générales de
2005, Pierre Nkurunziza prête serment le 26 août 2005, mandat présidentiel qu'il renouvelle après sa
victoire aux élections de 2010.
A la lumière de ce rappel chronologique, nous convenons tous que ce
pays vient de loin, et il serait aberrant que par l’égocentrisme d’une
oligarchie frappée par une myopie
intellectuelle et politique le pays
sombre à nouveau si la raison de
l’intérêt général à même de préserver l’unité du pays n’est pas mise en
avant par les acteurs politiques burundais dont l’actuel président serait le premier à tirer les
conséquences de cette lourde me-
nace de la paix chèrement acquise
par le peuple burundais.
Qui est Pierre Nkurunziza ?
Président de la République du Burundi depuis 2005, il veut briguer
un troisième mandat, alors que la
Constitution le lui interdit. Ancien
professeur d'éducation physique, il
est parvenu à la magistrature suprême grâce au suffrage universel
indirect et aux accords d'Arusha qui
ont mis fin à un long conflit armé.
Ayant abandonné son survêtement
et sa paire de basket, puis troqué sa
tenue de chef rebelle, désormais il se
sent beaucoup plus à l'aise en costard cravate et souliers vernissés,
tenue moins commode pour prendre la fuite. Lui au moins sait courir. Et sa suite si jamais ?
C'est ce genre de cas sur lesquels les
médias occidentaux se focalisent
pour ruiner l'espoir des Africains en
traitant le continent d’abriter des
républiques bananières. La témérité
de Nkurunziza comme l’indique le
président Kagamé qui a lourdement
critiqué l’attitude de son voisin n'est
pas un cas isolé sur le continent.
Mais heureusement qu'il existe des
contre-exemples sur ce continent.
On peut tout de même se consoler
en disant qu'il y a pire ailleurs. Le
pouvoir n'est amer dans la bouche de
personne. Islom Karimov, président
à vie de la République d'Ouzbékistan
est au pouvoir depuis 25 ans sans
partage. Il est même le rédacteur en
chef de l'unique quotidien du pays.
Bref, Nkurunziza devrait tout mettre
en œuvre pour épargner au Burundi
un désastre conflictuel. Chaque jour,
il y a un mort au Burundi ce sont des
morts de trop pour un pays comme
le Burundi.
Un subterfuge
d’interprétation de la
Constitution.
Le micmac politique
du régime
Voulant mettre la charrue avant les
bœufs, afin de prendre de court ses
adversaires politiques, Pierre Nkurunziza a présenté au Parlement en
mars 2014 un projet de modification des dispositions de la Constitution qui l’empêcheraient de
briguer un troisième mandat. Cette
requête du chef de l’Etat burundais
fut rejetée par le Parlement qui opposait une fin de non-recevoir à
Pierre Nkuruziza qui violait déjà la
lettre et l’esprit des accords
d'Arusha qui mirent un point
d’honneur autour de la question de
l’alternance au pouvoir source des
conflits au Burundi.
Le rejet de son projet de modification de la Constitution ne l’a pas
dissuadé. Il a trouvé un subterfuge
d’interprétation de la Constitution
Pierre Nkurunziza,
président du
Burundi
Attaques contre les
médias au Burundi
La Fédération internationale des
journalistes (FIJ) condamne vivement, dans un document qui nous est
parvenu, les attaques à l’arme lourde
contre les médias à Bujumbura, la capitale du Burundi. Des combats qui
ont opposé depuis mercredi 13 mai
les partisans du coup d’Etat contre le
président Pierre Nkurunziza et les
forces loyalistes.
«Nous sommes choqués par ces attaques qui font peu de cas de la sécurité et la vie des journalistes et du
personnel qui travaillent dans ces établissements transformés en champs de
bataille», a commenté Jim Boumelha,
le président de la FIJ. «A cet égard, ces
actes constituent non seulement une
atteinte grave à la liberté de la presse,
mais leurs auteurs engagent leur responsabilité pénale devant le droit burundais et le droit international».
Les militaires qui ont soutenu le coup
d'Etat ont attaqué jeudi matin la
Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB) après une diffusion
d'un message du président Nkurunziza qui se trouve en dehors du pays,
forçant les médias audiovisuels à arrêter leurs émissions. Cette attaque
suivait celle lancée la veille par la police et les forces loyalistes contre la
Radio publique africaine (RPA) qui a
été détruite par un tir de roquette.
Une autre radio, Isanganiro, a fait
l'objet d'une attaque et les deux radios, depuis, n'émettent plus. Ces dernières sont accusées par le
gouvernement burundais d'être
proches de l'opposition. Le général
Godefroid Niyombare, qui commande les putschistes, avait annoncé
le coup d'état sur les antennes de RPA.
La FIJ déplore l'attitude des belligérants contre les médias qui a privé le
public burundais des informations
sur la situation actuelle de leur pays.
«Le déni d'accès à l'information n'est
pas de nature à favoriser le dialogue et
conserver l'unité du pays dans ces moments de crise», a conclu le président
de la FIJ, qui a appelé «à la réouverture
immédiate de tous les médias dans le
strict respect de l'indépendance des
journalistes».
21 mai 2015 Les Afriques
. 27
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Inauguration
de l’usine Alstom
d’Annaba
qui ne lui en empêcherait pas d’être
candidat du fait qu’il aurait été élu
lors de son premier mandat au suffrage indirect et lors de son second
mandat au suffrage direct et par
conséquent le premier mandat ne
saurait compté. Cette interprétation
contestée par l’ensemble des acteurs
burundais et la communauté internationale à l’exception de Nkurunziza et de la Cour constitutionnelle
du Burundi acquise à la cause du
pouvoir comme l’a si bien indiqué
le vice-président de cette institution
qui a pris la fuite pour demeurer
selon lui tranquille avec sa
conscience intellectuelle.
A cet effet, dans une tribune intitulé
«L’Afrique et ses étonnantes révolutions», Marion Michel Madzimba
Ehouango estime que les cas burkinabé et burundais posent le problème du rapport entre le droit et la
volonté de la rue.
Au Burkina, le président avait raison de demander un référendum
pour départager la classe politique.
Au Burundi, le second mandat du
président sortant échappe à la limitation car le mode de son accession
au premier mandat répondait à un
contexte de transition (c'est d'ailleurs l'interprétation qu'en a donné
la Cour constitutionnelle). Dans les
28 Les Afriques .
21 mai 2015
deux cas, la rue en a jugé autrement.
Au Burkina, le président a préféré
sauver la Nation en péril plutôt que
sa propre «fierté». Au Burundi, le
président sacrifie la Nation à sa propre «fierté». Ces situations sont
d'autant plus graves qu'elles sapent
la crédibilité du recours constitutionnel. Mais à qui la faute ? Si les
juges constitutionnels se montraient plus soucieux de l'équité et
de l'intérêt national que de leur
"loyauté" envers le pouvoir qui les a
nommés, le peuple leur ferait peutêtre confiance et ne verserait pas
systématiquement dans des violences préventives. Bref, le Burundi
n’a pas le droit de sombrer, la démocratie burundaise devrait l’emporter, le drame shakespearien ne
doit pas trouver propice la terre burundaise pour se jouer. Peut-être
qu’il faudrait s’inspirer du cas sénégalais qui face au maintien d’une
troisième candidature de Wade
avait attendu le scrutin pour le battre à plate de couture.
La partie ne fait que commencer au
Burundi. Ce dernier doit être sorti
de la situation dans laquelle une oligarchie qui s’accrocherait à ses privilèges veuille le contraindre.
Rodrigue Fénelon Massala,
Abidjan
Manifestations
dans les rues de
Bujumbura
L’usine Cital d’Annaba, joint-venture entre Alstom, EMA et Ferrovial
pour l’assemblage et la maintenance de tramways, a été inaugurée
mardi 12 mai, par Laurent Fabius,
ministre des Affaires étrangères, les
ministres algériens des Affaires
étrangères Ramtane Lamamra, des
Transports Amar Ghoul, et de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb.
Cette nouvelle entité va générer environ 200 emplois, dont 90 salariés
à Annaba et 110 postes à Alger, à
Constantine et à Oran. Gilles Esprit,
président de Cital, qui a précisé
qu’il faut 1 800 h pour assembler un
tramway, a indiqué qu’une vingtaine a été produite. Quant à la qualité des tramways, le président de
Cital a tenu à rassurer tout le
monde, soutenant que les appareils
montés à Annaba sont identiques à
ceux assemblés à La Rochelle, site
historique d’Alstom, ou à Barcelone. De son avis, ils présentent les
mêmes qualités.
Entrée en lice prochaine du Centre financier international
de Nairobi (NIFC)
Le Burundi n’a
pas le droit de
sombrer.
Nairobi se prépare à accueillir sa
propre City. Henry Rotich, secrétaire du Cabinet au Trésor national
du Kenya, vient de signer un protocole d’entente avec le ministère des
Finances du Qatar, en marge du lancement du Centre de compensation
du yuan chinois à Doha, pour la
création du Centre financier international de Nairobi (NIFC). L’objectif est de faire de Nairobi une
place financière de classe mondiale.
Le NIFC devrait être lancé dans les
prochains mois, nous apprend-on.
Dans ce chantier, le Qatar offrira
une assistance au gouvernement kenyan. Dans ce sens, les experts de
l'Autorité financière du Qatar ont
travaillé avec des responsables du
Trésor national kenyan depuis 2012.
Rappel de l’ambassadeur du Nigéria en
Afrique du Sud
BURUNDI
Pierre Nkurunziza, le mandat de trop
Au Burundi, la situation reste toujours confuse, après la
tentative de putsch avorté. Mais de toute évidence, les
populations, descendues dans les rues de Bujumbura,
semblent décider en découdre avec le président
Nkurunziza qui a réussi à chasser les putschistes...
Q
u’ont-ils nos dirigeants pour
ne pas vouloir rentrer dans
le 21ème siècle ? Voilà encore
un président qui veut coûte que
coûte garder un pouvoir, dont il n’a
aucune légitimité. Les résultats de
son mandat présidentiel ne démontrent en rien ses succès politique,
économique, social pour prétendre à
un 3ème mandat que la Constitution
ne lui permet pas d’ailleurs, malgré
l’avis favorable d’une cour constitutionnelle partiale. L’Afrique, une fois
de plus désespérée, n’arrive pas à
faire émerger des dirigeants à même
de changer l’Histoire.
Ce ne sont pas les condamnations et
les effets d’annonce de telle ou telle
organisation qui changeront les
choses. L’Union africaine au bord
de l’implosion n’apportera pas non
Pour signifier son mécontentement et
sa colère, après la série de violences
xénophobes qu’a connues l’Afrique
du Sud, le Nigéria a décidé de rappeler
son ambassadeur. Le Nigéria a décidé
de rappeler son ambassadeur en
Afrique du Sud et son adjoint «pour
des consultations sur la situation».
Rappelons que cette décision fait suite
aux propos du Sénat nigérian qui
avait fermement condamné les violences et les manifestations qui ont eu
lieu devant l’ambassade en Afrique du
Sud. Pourtant le gouvernement sudafricain, qui accuse le Nigéria d’exploiter ces événements douloureux
pour servir un quelconque agenda, ne
tolère pas une telle action. Il l’a qualifiée de «malheureuse et regrettable».
Dans une déclaration datée du 25
avril, le département sud-africain des
Relations internationales et de la coopération (Dirco) a affirmé qu’«un
gouvernement recourt à une telle mesure diplomatique extraordinaire
pour exprimer son indignation».
Industrie : Partenariat win-win entre la
Tanzanie et la Chine
plus de solution exigée par les populations.
Les démons de la dictature rodent
encore en Afrique. Des modèles
inspirants existent pourtant, à
l’image du Sénégal ou de l’Afrique
du Sud, qui auraient pu servir
d’exemples à suivre pour les dirigeants actuels.
Malheureusement, le peuple burundais, pris par les contingences politiques, risque de basculer dans
l’horreur de la guerre civile. Face à
ce désastre possible, il est encore
temps pour le président Pierre Nkurunziza de prendre ses responsabilités et de présenter sa démission afin
de respecter la volonté de ce peuple
désœuvré ayant déjà payé un lourd
tribut lors de la guerre civile.
Ibrahim Souleymane, Casablanca
Scènes d'émeutes
à Bujumbura
Le peuple
burundais, pris
par les
contingences
politiques,
risque de
basculer dans
l’horreur de la
guerre civile.
Abdallah Kigoda, ministre tanzanien de l'Industrie et du commerce, a
indiqué à Dar es Salam que la coopération en matière de capacité industrielle entre la Tanzanie et la Chine
sera très importante pour l'économie tanzanienne et elle ne bénéficiera pas seulement à la Tanzanie,
mais aussi à la Chine. Une coopération attendue très productive et très
opportune, car la Tanzanie doit
maintenant passer d'une économie
agricole à une économie industrielle.
A fin juin 2014, quelque 522 projets
d'investissement chinois estimés à
2,49 milliards de dollars ont été enregistrés en Tanzanie. Les échanges
dans le domaine de la capacité industrielle sont importants et concernent l’implantation de lignes de
production, de parcs industriels...
21 mai 2015 Les Afriques
. 29
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
AFRIQUE CENTRALE La Turquie affiche ses ambitions
La Turquie ne cache pas ses ambitions de participer au développement de
l’Afrique centrale. Son expertise dans les secteurs des Bâtiments et travaux
publics notamment constitue un atout.
Paul Biya,
président du Cameroun
L
a Turquie multiplie des initiatives ces dernières années en
vue de conquérir d’importantes parts de marché en Afrique
centrale. Dans cette perspective, le
Turcam Hall de Yaoundé, le premier
centre commercial de la Turquie en
Afrique centrale ouvert en 2014, a
abrité du 11 au 16 mai une foire des
opérateurs turcs du secteur des infrastructures. La Turquie qui ne
cache pas ses ambitions lorgne deux
grands rendez-vous sportifs, en l’occurrence l’organisation de la Coupe
d’Afrique des nations (CAN) 2017
au Gabon et la CAN 2019 au Cameroun, pour pleinement mettre ses
pieds dans la sous-région.
L’ambassadeur de Turquie au Cameroun, Omer Farouk Dogan, a
précisé que l’objectif visé par cette
foire est de gagner des contrats
pour la construction d’infrastructures au Cameroun, dans la pers-
30 Les Afriques .
21 mai 2015
Recep Tayyip Erdogan,
président de la Turquie
pective des CAN 2017 et 2019
qu’abritera le Cameroun. «Les neuf
plus grands constructeurs turcs
sont réunis au Cameroun pour
cette mini-foire. Notre pays
marque là sa forte intention de
contribuer à la réalisation des
routes, hôtels, stades et autres infrastructures d’accueil de la Coupe
d’Afrique des nations (CAN) de
football, dont le Cameroun sera le
pays hôte en 2016 et 2019». En
effet, a révélé le diplomate turc,
«les exposants viennent montrer
leur savoir-faire. Mais en plus, ils
ont déjà conçu des projets d’hôtels
et de stades à construire dans les
cinq villes retenues par le Cameroun pour accueillir les jeux» et
n’attendent «plus que les détails et
les accords du gouvernement» camerounais pour lancer les travaux.
Depuis quelques années, les relations économiques et commerciales
Le Turcam Hall
de Yaoundé, le
premier centre
commercial de
la Turquie en
Afrique
centrale est
ouvert en 2014.
entre le Cameroun et la Turquie
sont en constante évolution, en témoignent les visites respectives de
l’ex-président turc Abdullah Gül au
Cameroun et du président camerounais Paul Biya en Turquie en
2014. Malgré sa présence dans d’autres domaines d’actualité, la Turquie
marque notamment l’espace à travers sa compagnie de transport aérienne Turkish Airlines, dont des
rotations quasi quotidiennes entre
le Cameroun et la Turquie qui témoignent de la vitalité des échanges
économiques entre les deux pays.
Du coup, on comprend que la balance commerciale a connu une légère hausse, passant de 50 milliards
de francs CFA à plus de 200 milliards de f CFA, des échanges qui
pourront atteindre le cap de 500
milliards de francs CFA au cours des
prochaines années.
Achille Mbog Pibasso, Douala
TCHAD
Un pays en pleine mutation
Le Tchad a enclenché un processus de développement
depuis les années 2000 dont les premiers résultats se
traduisent par la construction des infrastructures à
travers le pays, un processus démocratique qui fait
son chemin, et un verrou sécuritaire pour l’Afrique.
Sécurisation du foncier rural : protocole
d’accord Côte
d’Ivoire/Memoris
Afin de mettre en œuvre le projet pilote de sécurisation du foncier rural,
le gouvernement ivoirien, à travers
le ministère de l’Agriculture, vient
de signer un protocole d’accord avec
la société française Memoris. L’objectif avoué par les responsables qui
est la généralisation des délimitations des territoires des villages, la
délivrance des certificats fonciers et
la mise en place des baux ruraux
chez les exploitants, permettra de
sécuriser les terres et de pouvoir les
mettre en valeur sereinement. Nous
apprenons que le projet, financé par
la France à hauteur de 337 millions
de f CFA, associe l’Etat, les populations rurales et les investisseurs privés pour une gestion moderne des
terres exploitées. Confirmation Eric
Thalgott, président directeur général de la société Memoris, qui a indiqué que leur mission consistera à
travailler sur des cas concrets...
Morsi écope
de 20 ans de prison
L
e Tchad sort petit à petit de
son isolement. Pays d’hinterland ne disposant d’aucune
façade maritime, mais également
pays en manque d’infrastructures
de communication moderne, il y a
encore quelques années. Conséquence d’une longue période d’instabilité politique et institutionnelle,
avec des guerres fratricides, et une
récurrence de coups d’Etat et d’insurrections armées. Après l’indépendance en 1960, «le pays est entré
dans une zone de turbulences de 1963
à 2008. Le Tchad est un pays néant
avant l’arrivée du président Idriss
Déby Itno au pouvoir en 1990. Il a
ramené la paix et la stabilité. Avec les
événements du 2 février 2008 où tous
les symboles de l’Etat ont été attaqués,
personne ne pouvait imaginer que le
Tchad allait se réveiller et se battre
pour assurer la stabilité des autres
pays. Il suffit que le Tchad, verrou de
sécurité et de stabilité saute pour que
l’Afrique s’embrase», affirme non
sans fierté le Premier ministre Kalzeubé Payimi Debeut.
Il n’a pas tort, le chef du gouvernement lorsqu’il parle du Tchad «pays
néant», il y a encore quelques années où il n’y avait presque rien en
termes d’infrastructures, par rapport à maintenant, où non seulement N’djamena la capitale est en
plein chantier, notamment dans la
perspective du sommet de l’Union
africaine (UA) en 2016, mais également l’ensemble du pays, de Moundou à Abéché, de Sarr à
Faya-Largeau. La place des Nations
à Ndjamena a fière allure, sans oublier les voies de communication
qui se développent, des immeubles
qui sortent de terre et changent la
physionomie de la cité-capitale.
Idriss Deby Itno,
président du
Tchad
N’djamena la
capitale est en
plein chantier,
notamment
dans la
perspective du
sommet de
l’Union
africaine (UA)
en 2016.
Première décision de justice contre
le chef d’Etat égyptien destitué, Mohamed Morsi. Accusé de tentative
d’évasion, d’incitation au meurtre de
manifestants, d’espionnage et d’insulte à la magistrature, il écope d’une
peine de 20 ans de prison. Ont été
aussi condamné à la même peine 12
dirigeants des Frères musulmans,
tandis que 2 autres ont reçu 10 ans
d'emprisonnement.
Pour rappel, c’est après des protestations de masse contre son règne d’un
an que Mohamed Morsi a été destitué par l'armée en juillet 2013.
Plusieurs membres des Frères musulmans ont été condamnés à des
peines de mort et d'emprisonnement dans des cas de violence.
Des centaines de membres et de partisans du groupe sont en prison, attendant leurs procès pour des
accusations d'incitation à la violence,
de conspiration.
21 mai 2015 Les Afriques
. 31
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Deuil national
en Ethiopie
Quelques chiffres officiels permettent d’étayer cette mutation. Parti de
400 km de routes bitumées en 2008,
le réseau routier du Tchad est de
2800 km actuellement, et devrait atteindre le cap de 3 000 km d’ici la fin
de l’année. Le pays est passé d’une
seule université à huit universités
d’Etat actuellement, tandis que le
nombre d’élèves et d’étudiants de la
maternelle au supérieur est passé de
420 mille à plus de deux millions actuellement.
Le boom pétrolier
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que
le Tchad, qui produit actuellement
560 millions de barils de pétrole par
an, tire la plupart de ses revenus de la
production de l’or noir. Les revenus
selon le ministre de l’Energie, du pétrole, des mines et géologie, Djerassem Le Bemaddjiel, sont destinés
prioritairement aux secteurs de
l’éducation, des infrastructures, de la
santé et de la sécurité. Le Tchad qui
a construit une raffinerie à Djarmaliya dont la capacité de production
est de 20 000 barils/jour extensibles à
50 000 barils/jour est l’un des pays
de la sous-région où les produits pétroliers coûtent moins chers. 480 f
CFA le litre d’essence super contre
569 f CFA le litre au Cameroun par
exemple, une couverture nationale
en gaz domestique, sans oublier «la
politique de l’Etat qui consiste à bais32 Les Afriques .
21 mai 2015
ser le fuel pour attirer les compagnies
aériennes chez nous», a indiqué le
ministre du Pétrole. Aujourd’hui,
treize compagnies aériennes desservent quotidiennement le Tchad,
contre à peu près 5 seulement il y a
quelques années.
Malgré cette production pétrolière,
le Tchad se considère comme un
pays agricole, 80% de la population
vivant des activités agropastorales.
Avec 39 millions d’hectares de terres
arables, le «pays de Toumai», du
nom de l’ancêtre de l’Humanité, entend non seulement assurer l’autosuffisance alimentaire à ses 12
millions d’habitants, mais également à se positionner comme un
grenier pour la région. Le pays
compte 40 millions de têtes de bétail, ce qui représente 21% du PIB
(Produit intérieur brut) du pays.
D’où la décision des pouvoirs publics de construire trois abattoirs
modernes, afin d’assurer l’exportation de cette viande, d’autant que
l’OMS (l’Organisation mondiale de
la santé) a déclaré le Tchad «pays indemne de la peste».
Pour atteindre ces objectifs, le pays
met l’accent sur le développement
des infrastructures de communication, d’où des projets en cours pour
relier le Tchad au Cameroun, en
plus des voies qui existent déjà, et
dont la priorité passe par la
construction d’une ligne de chemin
Densifier
le maillage des
routes bitumées
En hommage aux citoyens éthiopiens
tués en Libye par l'organisation terroriste de l'Etat islamique (EI), le Parlement éthiopien a décrété, mardi 21
avril dernier , un deuil national de 3
jours, à partir du mercredi 22 avril. A
cet effet, le drapeau éthiopien sera mis
en berne sur toute l'étendue du pays,
ainsi dans les missions diplomatiques
éthiopiennes à l'étranger. Par solidarité à l’Ethiopie qui abrite le siège de
l'Union africaine (UA), l’organisation
panafricaine et l'Autorité intergouvernemental sur le développement
(IGAD), groupement régional associant 8 pays est-africains, dont l'Ethiopie, ont vigoureusement condamné
un tel meurtre d’innocents. Aussi,
Nkosazana Dlamini- Zuma, présidente de la Commission de l'UA, s’est
dite bouleversée d'apprendre l'exécution de ressortissants africains innocents, qui seraient originaires
d'Ethiopie, par des éléments terroristes affiliés à l'EI.
Bénin : Retour du
siège d’AfricaRice à
Abidjan
Parti de 400
km de routes
bitumées en
2008, le
réseau routier
du Tchad est
de 2 800 km
actuellement,
et devrait
atteindre le
cap de 3 000
km d’ici la fin
de l’année.
Les premières étapes d'un retour en
plusieurs vagues du siège du Centre
africain du riz (AfricaRice) à Abidjan en Côte d’Ivoire. Le conseil d’administration du Centre a en effet
ordonné au nouveau directeur général, Dr Harold Roy-Macauley, et
à son équipe de direction d’initier
les démarches. Rappelons que le
siège est actuellement basé à Cotonou au Bénin. D’ores et déjà, c’est le
mois de septembre 2015 qui a été
fixé comme date cible pour le transfert de la plupart des fonctions du
siège dans le nouvel emplacement.
Dans un document, qui nous est
parvenu, il a été précisé que la décision a été prise lors d'une réunion
du conseil d'administration tenue
en mars dernier à Cotonou au
Bénin, suite à des mois de discussion avec le gouvernement de Côte
d'Ivoire, un suivi étroit de la situation sécuritaire du pays, etc.
de fer. D’autres projets et non des
moindres existent, pour relier le
Tchad au Niger, au Soudan et au
Bénin. Pour le ministre des Infrastructures, des transports et de
l’aviation civile, Adoum Younousmi, «les infrastructures routières
sont énormément prioritaires. Nous
pensons de manière générale que les
pays africains ne peuvent pas se développer sans une interconnexion
entre les Etats. Nous sommes
convaincus que dans les prochaines
années, le Tchad sera le centre de
l’Afrique».
Sur le chemin
de l’émergence
Pays doté d’immenses richesses naturelles, le Premier ministre n’en
pense pas moins que le Tchad est un
scandale géologique. Toutefois, les
études en cours devant déboucher
sur la réalisation d’une carte géologique et minière devraient permettre à ce pays de mieux connaître son
potentiel. La mise en place d’un
Code d’investissement libéral vise à
inciter un secteur privé fort et dynamique, capable de créer la croissance. En attendant, ce sont plus de
10 000 diplômés qui seront intégrés
dans la fonction publique en 2016,
sans oublier tous les avantages que
le Tchad devrait tirer de son admission à l’initiative Pays pauvres très
endettés (PPTE).
Sans pour autant se prendre pour le
gendarme de l’Afrique, le Tchad
n’en est pas moins un verrou de sécurité avec 3 524 soldats déployés
autour du Lac Tchad, 2 296 soldats
au Niger, 2 000 soldats au Cameroun et 1 400 soldats au Mali. On le
comprend, «nous connaissons le prix
de la guerre, et nous connaissons le
prix de la paix. C’est pourquoi nous
nous déployons pour soutenir nos voisins», a assuré le ministre de la
Communication, Bakari, pour qui,
«en attaquant le Cameroun, le Boko
Haram a commis une erreur stratégique, car quand le Cameroun a mal
à la tête, le Tchad a mal au cœur. Aujourd’hui, la peur a changé de camp».
Entre défis de développement et
sécuritaire, le Tchad ne perd pas de
vue la nécessité de s’arrimer à la
démocratie. La conférence nationale souveraine au début de 1990
a jeté les bases d’un processus démocratique, deux décennies plus
tard, «les institutions démocratiques
sont toutes opérationnelles», a indiqué le Premier ministre, avec 160
formations politiques dont 30 partis représentés à l’Assemblée nationale «une presse libre avec des
lignes éditoriales les plus acerbes».
Tout un chantier dont rêve le pays
de Toumai pour devenir une économie émergente dans les prochaines années.
Achille Mbog Pibasso, N’djamena
Entre défis de Adoption de la
développement Charte sociale du
et sécuritaire, Comesa par Maurice
La Charte sociale du marché comle Tchad ne
mun de l'Afrique orientale et ausperd pas de
trale (Comesa) est un instrument
développé avec les objectifs de créavue la
d'un environnement social et
nécessité de tion
économique propice basé sur l'égas’arrimer à la lité des sexes, l'équité, l'égalité de
démocratie.
traitement et l'égalité des chances et
le maintien du développement durable dans les États membres et dans la
région. Maurice est devenu le premier État membre du marché commun de l'Afrique orientale et
australe (Comesa) à la signer. En
effet, Marie Aurore Perraud, ministre mauricienne de l'Égalité des
genres, du développement de l'enfant et de la famille, a co-paraphé la
charte, avec Beatrice Hamusonde,
directrice du Genre et des affaires sociales du Comesa, au cours d’une cérémonie, mardi dernier à Port Louis.
Suppression
de visas d’entrée
pour 6 pays africains
Des chantiers
tous azimuts
La Tunisie annonce la levée du visa
pour les citoyens du Burkina Faso,
du Congo démocratique, du CongoBrazzaville, du Zimbabwe, du Botswana et de la Centrafrique. La
décision, prise lors d’un récent
conseil des ministres, entrera en vigueur à partir du début du mois de
mai 2015. Confirmation de Touhami
Abdouli, secrétaire d’Etat tunisien
aux Affaires étrangères, chargé des
affaires arabes et africaines. Pour les
responsables, cette ouverture de la
Tunisie sur le marché africain lui
permettrait de générer 2 points de
croissance économique supplémentaires. Ils ont rappelé que l’Afrique
reste un vaste marché à explorer et à
exploiter à tous les niveaux, ce qui
pourrait relancer leur économie et
par ricochet la croissance. Ce responsable gouvernemental croit que
«les ressortissants de pays comme la
Jordanie, le Botswana, le Zimbabwe,
le Burkina Faso et les deux Congo
ont un pouvoir d’achat élevé...»
21 mai 2015 Les Afriques
. 33
ARRÊT SUR IMAGE
Burundi
Le 13 mai 2015. Des manifestants, contre la
candidature du président sortant Pierre
Nkurunziza pour un 3ème mandat, brûlent des
matelas pillés dans un poste de police local
dans le quartier de Musaga à Bujumbura.
Dans ce quartier, à l’instar de beaucoup
d’autres endroits dans la capitale, des
centaines de personnes brandissant des
bâtons et jetant des pierres ont affronté des
forces de police qui ont riposté par des jets
de grenades lacrymogènes, de canons à eau
et de balles réelles. A l’heure où nous
publions cette image, le coup de force du
général Godefroid Niyombare a échoué…
34 Les Afriques .
21 mai 2015
21 mai 2015 Les Afriques
. 35
DOSSIER
La BAD à l’heure des défis
Au terme de son deuxième mandat, le Rwandais Donald Kaberuka qui a
passé 10 ans à la tête de la BAD va céder sa place à l’un des 8 candidats
en lice pour sa succession. Le nom du nouveau patron de cette institution
sera connu le 28 mai 2015 lors des Assemblées générales prévues à
Abidjan. La bataille de succession est plus que jamais engagée.
La BAD en
chiffres
(1 UC = 1,15€)
54 : nombre de pays
africains membres
26 : nombre de pays
membres non
africains
65,21 milliards d’UC :
capital souscrit
2,86 milliards d’UC :
total des réserves
20, 99 milliards d’UC :
montant total des
actifs au 31 décembre
2013
2,05 milliard d’UC :
montant des prêts
approuvés pour les infrastructures en 2013
67,22 milliards d’UC :
montant cumulé d’approbations de prêts et
dons de 1967 à 2013
4 003: nombre d’approbations cumulées
de prêts et dons de
1967 à 2013
30% : pourcentage
des activités de la
BAD concernant le
secteur privé
57,6 %: pourcentage
des financements
destinés aux infrastructures en 2013.
36 Les Afriques .
21 mai 2015
D
onald Kaberuka arrive au terme de son
dernier mandat à la présidence de la
Banque africaine de développement
(BAD) en septembre, mais son successeur sera choisi ce 28 mai. Il quitte la
BAD avec un bilan honorable, marqués par des réalisations majeures. D’ailleurs, un hommage lui a même
été rendu en avril dernier, à Washington, lors des assemblées de la Banque mondiale et du FMI. Pendant
les 10 années qu’il a passées à la tête de cette banque
stratégique pour le continent africain, il a profondément transformé l’institution. Il a notamment doté la
BAD de plus de moyens, augmentant considérablement sa marge de manœuvre en termes de financements de projets dans les pays africains.
L’actionnariat de la banque compte 54 pays du
continent qui détiennent 60% du capital, et 26 pays
non africains qui contrôlent 40% du capital. Soulignons que la présence d’actionnaires non africains
dans ce tour de table permet à la Banque de renforcer ses moyens de façon substantielle.
Une institution de premier plan
Aujourd’hui, la BAD figure parmi les 5 premières
banques d’investissement dans le monde. Elle a la meilleure note possible en terme de rating par les agences
de notation avec un «triple A». L’institution accorde
aux pays africains deux types de prêts : les prêts concessionnels (à travers le Fonds africain de développement
(FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN)) et des
prêts aux conditions du marché des capitaux.
De 1967 à fin 2013, la BAD a approuvé quelque 4 500
projets pour un total de 118,7 milliards de dollars. La
Bad a fait du financement des infrastructures sa priorité. En 2013, 57,6 % des financements approuvés
étaient destinés aux infrastructures (pour un montant
de 2,05 milliards d’UC), contre 12 % pour le secteur
de l’agriculture et développement rural (428,7 millions d’UC), 12,6 % pour le multisecteur (449,2 mil-
lions d’UC), 9,4 % pour le social (pour un montant
de 334,8 millions d’UC), 8,1 % pour le secteur de la
finance (288 millions d’UC). En 2015, le groupe de la
BAD a lancé le «Fonds Afrique 50», dédié au financement des infrastructures.
La BAD est une institution hautement stratégique
pour l’Afrique. Ce qui explique que le poste de président de la banque soit très convoité.
Guerre-succession
Le successeur de Donald Kaberuka sera connu le 28
mai prochain, lors des assemblées générales qui se
tiendront au siège de la Banque à Abidjan.
Huit candidats sont en lice pour ce fauteuil très
convoité. La bataille s’annonce rude entre les prétendants qui sont depuis des mois dans des actions
intenses de lobbying auprès des 54 pays membres
africains et des autres actionnaires non africains.
Selon les spécialistes, l'usage voudrait qu’il y ait une
alternance à la présidence de la BAD: après un Anglophone, c’est normalement un Francophone qui
doit prendre le relais.
Parmi les candidats qui font figure de favoris, on
peut citer la Cap-Verdienne Cristina Duarte, seule
femme candidate et qui a réussi à redresser l’économie du Cap-Vert. Le Nigérian Akinwumi Adesina (qui parle parfaitement français) a également
toutes ses chances. Le Malien Birima Boubacar Sidibé qui pourrait bénéficier du soutien des 15 Etats
de la Cedeao figure parmi les favoris. Enfin, le Tunisien Jalloul Ayed peut compter sur le fait que le
siège de la BAD ait été hébergé pendant 10 ans en
Tunisie pour rallier les votes en sa faveur.
A l’heure actuelle, il est trop tôt pour faire des pronostics, tant les différents candidats ont des atouts indéniables. Seule l’assemblée générale permettra de
départager les prétendants et d’apporter la réponse à
la question «qui va succéder à Donald Kaberuka ?».
Ibrahim Souleymane
5
6
2
1
7
Candidats à la présidence de la BAD:
1. Akinwumi A. ADESINA (Nigeria)
2. Sufian AHMED (Éthiopie)
3. Jaloul AYED (Tunisie)
4. Kordjé BEDOUMRA (Tchad)
5. Cristina DUARTE (Cabo Verde)
6. Samura M. W. KAMARA (Sierra Leone)
7. Thomas Z. SAKALA (Zimbabwe)
8. Birama Boubacar SIDIBÉ (Mali) 3
4
8
Historique de la BAD
1964 : Création de la Banque africaine
de développement (BAD).
1965 : Ouverture du siège de la BAD à Abidjan
en Côte d’Ivoire.
1972 : Création du Fonds africain de
développement (FAD) par la BAD
1976 : Création du Fonds spécial du Nigéria
(FSN), créé en 1976 par le gouvernement
fédéral du Nigéria.
2003 : Transfert temporaire du siège
de la BAD à Tunis.
2014 : Retour du siège de la BAD à
Abidjan (après 11 ans à Tunis).
2014 : Création du Fonds Afrique 50 pour
les infrastructures.
21 mai 2015 Les Afriques
. 37
DOSSIER
Cristina Duarte «La BAD doit jouer pleinement
son rôle dans la transformation de l’Afrique»
Cristina Duarte, ministre cap-verdienne des Finances et de la planification
et candidate à la présidence de la BAD, s’exprime sur les défis du continent
et nous livre les grandes lignes des actions qu’elle propose afin de réussir le
cap de l’émergence. Expérimentée, intelligente, charismatique et sympathique, elle a toutes ses chances d’être élue à tête de la BAD.
L
«J’ai le profil et
les compétences
nécessaires».
38 Les Afriques .
21 mai 2015
es Afriques : Vous avez réussi à améliorer la
gouvernance et la gestion des finances du
Cap-Vert. D’ailleurs, beaucoup de responsables ont salué votre efficacité ainsi que votre pragmatisme et votre rigueur à la tête du ministère des
Finances de votre pays. Votre savoir-faire et votre
connaissance en matière de gouvernance financière sont-ils des atouts pour votre candidature à
la tête de la BAD ?
Cristina Duarte : Sans aucun doute. J’ai eu la chance
d’occuper plusieurs fonctions qui m’ont préparée à
cette haute responsabilité, que ce soit dans le secteur
privé, plus précisément dans le domaine bancaire, que
dans l’administration internationale ou dans le secteur
public. J’ai eu l’occasion de faire face à des problèmes
auxquels un président de la BAD sera confronté surtout par les temps qui courent qui sont porteurs de
défis très complexes. J’ai eu aussi la chance, comme l’a
dit l’un de nos poètes, d’être née Cap-Verdienne, un
petit pays sans ressources naturelles mais qui a fait la
preuve que la bonne gouvernance est l’ingrédient le
plus important dans la gestion du développement. Il
est aussi vrai que j’ai eu la chance de me voir confier la
gestion du ministère des Finances et du plan durant
ces dix dernières années dont huit de crise financière
internationale, une authentique école de formation de
leadership et en gestion de réformes complexes. Gérer
un petit pays comme Cabo Verde est un véritable laboratoire, vous avez tous les problèmes des autres pays,
comme gérer les ressources rares qui vous obligent à
être créatif et trouver à tous les moments des solutions
innovatrices. Mais en même temps tout est à l’échelle
humaine. On a immédiatement les feed back de vos
politiques publiques et cela vous oblige à mettre en
place des réponses immédiates et donc à affiner vos décisions de façon constante. J’ai donc appris à mettre en
place des processus de suivi et d’évaluation, à faire de
la gestion basée sur les résultats, à utiliser les nouvelles
technologies de l’information et de la communication
et à gérer le changement dans un esprit participatif où
tous ont leur contribution à apporter. Oui, je pense effectivement que mon expérience pourrait être un plus
dans un moment critique pour notre institution financière continentale.
LA : Quel sens donnez-vous à votre candidature ?
C.D. : C’est, pour paraphraser le fondateur de notre
nationalité, Amilcar Cabral, celle «d’une simple Africaine qui veut solder sa dette envers son continent».
Une Africaine dont le pays d’origine a été fondé sur le
sang des esclaves et qui voudrait participer à la renaissance de notre continent. Une Africaine qui pense
qu’elle a acquis dans sa carrière une expérience qui
peut être utile à son continent. Une Africaine qui voudrait que les autres femmes africaines participent pleinement à l’équipe qui ira confronter la compétition
internationale dans un monde globalisé et qui iront
revendiquer leurs droits à la terre, aux financements
innovants et à la connaissance, etc. Une Africaine qui
a la conviction que notre continent peut mieux faire,
qu’il a besoin de sortir de la gestion de la pauvreté
pour concentrer ses efforts dans la création de richesses et des conditions pour assurer à chaque Africain l'accomplissement de soi. Une Africaine qui croit
qu’il est possible par une bonne gouvernance financière de transformer structurellement nos économies.
Enfin, une Africaine qui croit que la Banque africaine
de développement peut être l'instrument pour atteindre un tel objectif.
LA : Si vous êtes élue, en plus des différents chantiers laissés par le président Kaberuka, quelles seront les grandes lignes de votre programme ?
C.D. : La Banque a obtenu des bénéfices significatifs durant la gestion du président Donald Kaberuka, que nous devons consolider et à partir
desquels nous devons bâtir. En matière de consolidation des bénéfices, il faudra continuer à mettre
l'accent sur le développement des infrastructures,
l'intégration économique régionale, la création
Diriger la Banque
dans de nouvelles
directions en
mettant l'accent
sur l'efficience et
l'efficacité.
d’une économie verte, le développement du secteur
privé et la décentralisation de la BAD.
Cependant, je pense aussi qu'il y a des défis nouveaux
et émergents qui appellent à une attention critique
pour que la Banque puisse jouer son rôle dans la
transformation de notre continent. Si je suis élue, je
souhaiterais diriger la Banque dans de nouvelles directions en mettant l'accent sur l'efficience et l'efficacité, car les réalités auxquelles j’aurais faire face seront
totalement différentes de celles de mes prédécesseurs.
En plus, je ferais adopter une approche plus équilibrée des financements en infrastructures, développement du secteur privé et des institutions. Ceci est
important dans une perspective de gestion de risques
pour la Banque et pour ses clients.
Nous devons mieux exploiter les compétences, l’expérience et la capacité du staff et mieux utiliser la
technologie dans le fonctionnement et la gestion de
la Banque. À cet égard, nous devons mettre l'accent
sur la formulation et la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie des ressources humaines pour assurer
que nous attirons les meilleures personnes à la
Banque et que nous faisons de la Banque un endroit
où les meilleures voudront travailler pour aider à la
vision commune de transformation de l'Afrique.
Je voudrais mettre nos clients au centre de l’intervention de la BAD. Cela veut dire, nous devrons avoir
la préoccupation de mesurer en permanence l’impact
de nos actions sur les personnes. L'idée sera de donner plus d’attention à la qualité des interventions de
la Banque, et de mettre en place un processus systémique de suivi et d’évaluation.
Une autre priorité clé pour moi sera celle de la nécessité
d'être sélectif. La BAD ne peut pas être tout pour tout
le monde, mais elle peut mobiliser les institutions financières africaines, les commissions économiques régionales et d'autres organisations pour tirer profit des
avantages comparatifs de chacun pour faciliter la transformation socioéconomique de l'Afrique. Notre approche consistera à promouvoir des approches
novatrices que ce soit dans l'intégration régionale, le développement des infrastructures ou le développement
du secteur privé. Nous allons en particulier mobiliser
les institutions financières et travailler de concert avec
elles pour assurer la disponibilité du financement afin
de répondre aux énormes déficits en infrastructures de
l’Afrique et à la nouvelle architecture financière mondiale avec la baisse continue de l’aide publique au développement et à l’émergence de nouveaux acteurs.
Nous irons miser sur le développement des infrastruc-
Cristina Duarte
21 mai 2015 Les Afriques
. 39
DOSSIER
Siège de la BAD à Abidjan
tures institutionnelles dans les pays et au niveau régional. Enfin, notre agenda de l’innovation et de la créativité ira irriguer tous les aspects du processus de
développement. Je promets, si je suis élue, de mettre
l’accent sur tout ce qui permettra à la Banque de devenir un catalyseur pour l’innovation sur le continent.
Il est important
que les Africains
s’approprient
leur
développement.
40 Les Afriques .
21 mai 2015
LA : L’Afrique est en pleine mutation sur le plan économique et social, quel rôle pourrait jouer la BAD,
selon vous, pour accompagner cette dynamique ?
C.D. : La BAD se doit d’accompagner cette mutation
et même de l’orienter dans le but de donner un sens
à l’action des gouvernements qui sont les premiers
responsables du développement de leurs pays. Heureusement que nous disposons d’un cadre stratégique commun qui est l’Agenda 2063 adopté par
l’Union africaine. Ceci devrait donner de la cohérence à l’action de tous. Cela veut dire aussi que nous
devons renforcer la coordination avec toutes les parties prenantes. Actuellement, il existe un cadre de
concertation entre l’UA, la CEA et la BAD. Il est important à mon avis que nous consolidions cette initiative. La CEA est en train de se réformer pour
donner à toutes les parties prenantes les informations
importantes à la prise de décisions. La BAD devrait,
sur la base du travail en cours, renforcer sa capacité
de conseils de haut niveau aux gouvernements africains. Elle devrait utiliser la qualité de son staff pour
développer cette fonction de banque de connaissances. Il est important que les Africains s’approprient leur développement, car dans ce domaine il
n’y a pas de délégation de responsabilités.
LA : Comment renforcer l’implication des Etats
pour soutenir le rôle majeur joué par la BAD dans
l’intégration économique du continent africain ?
C.D. : Comme je l’ai dit dans diverses interventions,
mon point de vue est qu’il nous faut changer le paradigme de l’intégration régionale pour passer d’une
approche Top-Down à une approche Bottom Up. Ce
sont les hommes et les femmes, les entreprises et les
Etats qui produisent l’intégration. La BAD comme
les autres organisations régionales et continentales
n’est que le facilitateur de ce processus d’intégration.
La BAD doit accompagner ce processus, en augmentant la capacité d’intervention du secteur privé africain, en conseillant les gouvernements à adopter un
cadre réglementaire qui crée des synergies entre les
marchés nationaux et le développement des capacités, en finançant les infrastructures qui facilitent la
mobilité des biens et des personnes. En plus, la BAD
doit aider à la divulgation des bonnes pratiques entre
les Etats, à la mise en place d’institutions respectées
et qui inspirent confiance aux citoyens, soutenir les
investissements transfrontaliers du secteur privé africain pour développer les complémentarités et les potentiels de chacun et augmenter sa compétitivité.
LA : Face à la tragédie liée à l’émigration clandestine, quelle place accorderez-vous à la jeunesse dans
votre stratégie, notamment en matière d’emploi ?
C.D. : Le problème de la création d’emplois pour les
jeunes est une des questions les plus difficiles à laquelle les dirigeants africains sont confrontés. Nous
devons faire face à la fois à un problème de quantité
La BAD devrait
aider les pays
africains à
formuler des
politiques
publiques et
régionales de
façon à produire
plus en Afrique.
à cause de la structure démographique des populations et à un problème de qualité parce que grâce aux
progrès que nous avons réalisés dans le système de
l’éducation, nous sommes obligés de répondre à l’attente des jeunes plus qualifiés. Le phénomène de la
globalisation a augmenté non seulement les attentes
mais aussi l’impatience des jeunes qui au contraire
de notre génération veulent tout et maintenant.
La réponse structurelle au problème de l’emploi est la
création d’activités qui permettent l’augmentation des
chaines de valeur en Afrique. Aujourd’hui, nous produisons ce que nous ne consommons pas (les ressources naturelles) et nous consommons ce que nous
ne produisons pas. Il nous faut inverser cette tendance.
La BAD devrait aider les pays africains à formuler des
politiques publiques et régionales de façon à produire
plus en Afrique, donc d’augmenter les chaines de valeur. Ceci veut dire mettre l’accent sur l’innovation et la
créativité, deux facteurs compétitifs qui abondent en
Afrique mais que nous ne valorisons pas suffisamment.
Par ailleurs, nous savons que la question de l’émigration clandestine est très liée aux opportunités
d’emploi dans les zones rurales et dans les quartiers
défavorisés des grandes villes africaines. L’agriculture et l’agro-business sont aussi des secteurs générateurs d’emplois et d’exode rural. L’exclusion
financière est aussi un facteur qui favorise cette émigration. Il nous faut donc trouver des solutions intelligentes en étroite collaboration avec nos
partenaires de développement qui sont aussi intéressés que nous pour mettre fin à ce fléau.
LA : Le faible niveau d’électrification ainsi que les
problèmes du secteur énergétique sont souvent
cités comme des obstacles importants pour le dé-
veloppement du continent. Que feriez-vous pour
surmonter ces défis ?
C.D. : L’accès à l’électricité n’est pas seulement un facteur de compétitivité de nos entreprises mais aussi un
droit humain fondamental pour améliorer la participation de tous au processus de développement. Au
Cabo Verde, nous avons décidé comme politique publique l’accès à l’électricité pour tous. Nous sommes
arrivés en moins de 20 ans de passer de 30% à 95%
d’accès à l’électricité. Nous pouvons témoigner le
grand changement qui s’est opéré pour nos populations en termes d’accès aux connaissances, d’affirmation de notre identité culturelle grâce à l’accès aux
mêmes sources d’informations, de changement de
mentalités surtout dans les zones rurales qui a amené
par exemple à une meilleure divulgation de techniques d’irrigation comme le goutte-à-goutte. Ceci
nous a montré qu’investir dans l’accès à l’électricité
pour tous devrait être une politique publique critique
pour le développement de nos États.
Ceci dit, nous ne pouvons pas augmenter la production d’électricité avec les moyens classiques de production d’électricité qui utilisent les combustibles fossiles.
En plus d’avoir un coût à long terme insupportable
pour nos populations, le doublement de 30 à 60% de
notre consommation d’électricité aura un effet catastrophique sur notre planète et notre environnement si
nous le faisons avec des combustibles fossiles. Or,
l’Afrique est le continent avec le plus grand potentiel
d’énergies renouvelables que ce soit en terme d’hydraulique (mini centrales ou barrages transfrontaliers),
de biomasse, du solaire, éolien et géothermie. Il est aujourd’hui prouvé que l’utilisation de ces sources renouvelables est sur le long terme moins cher que le
thermique classique en plus de créer une nouvelle éco-
Accompagner
le développement
21 mai 2015 Les Afriques
. 41
DOSSIER
Des unités industrielles,
à même d’assurer
l’inclusion sociale
nomie plus amie de notre environnement. Pour cela, si
j’étais élue je donnerais une plus grande priorité au programme de l’Agenda Vert de la BAD tout en lui donnant de nouvelles orientations comme le soutien aux
politiques publiques des pays africains concernant l’accès à l’électricité pour tous et l’utilisation de sources renouvelables d’énergie.
LA : L’autre défi majeur de l’Afrique c’est la lutte
contre la pauvreté. Que comptez-vous faire pour
que la croissance économique puisse impacter
considérablement la vie des populations ?
C.D. : Comme institution financière qui doit produire
des résultats, la BAD se doit d’avoir une perspective
différente des ONG dans la lutte contre la pauvreté.
Si la pauvreté est une conséquence de l’insuffisante
création de richesses et d’une inégale distribution des
ressources du pays, il nous faut donc changer de paradigme dans la gestion du développement. Nous ne
devons plus faire ce que nous faisons actuellement qui
Construire une
route n’est pas
suffisant. Il faut
que cette route
permette l’accès
aux marchés, aux Bio-express
soins de santé et Cristina Duarte est ministre des Finances et du plan
du Cap-Vert depuis 2006. Ancienne cadre de City
aux services
Bank où elle a été vice-présidente en charge du
«Corporate & Investment banking», Cristina Duarte
d’éducation en
a été également consultante pour la FAO, le PNUD et
plus de générer la Banque mondiale. Depuis de nombreuses années,
s’est beaucoup imprégnée du fonctionnement
des ressources. elle
des institutions africaines comme la BAD en sa qua42 Les Afriques .
21 mai 2015
consiste très souvent à agir sur l’impact de la pauvreté
sur les populations mais transformer nos populations
en producteurs de richesses à tous les niveaux. La
BAD doit encourager et appuyer les gouvernements
africains à formuler et mettre en œuvre des politiques
publiques qui facilitent l’inclusion sociale, la participation effective des populations au processus de développement, la création d’un environnement qui
permet l’accès aux financements, aux connaissances
et à l’innovation qu’elle soit sociale ou technologique
et le renforcement des institutions surtout celles liées
à la protection sociale et la régulation des marchés. En
plus, il faudrait créer les conditions pour que les infrastructures et les investissements réalisés avec le financement de la BAD soient des facteurs de création
de richesses tangibles et intangibles pour les populations. Construire une route n’est pas suffisant. Il faut
que cette route permette l’accès aux marchés, aux
soins de santé et aux services d’éducation en plus de
générer des ressources pour garantir sa maintenance.
lité de gouverneur de l'institution. Agée de 52 ans, la
ministre cap-verdienne qui brigue la présidence de
la BAD est titulaire d’un MBA en finance internationale et marché émergent, obtenu aux Etats-Unis. Expérience, intelligence, charisme et sympathie sont
autant de qualités que lui reconnaissent ses pairs.
Cristina Duarte parle couramment cinq langues :
français, anglais, portugais, italien et créole.
Les femmes
candidates à des
postes de
responsabilité
doivent revendiquer leur droit à
occuper ces
postes parce
qu’elles sont
aussi compétentes que les
hommes et non
pas parce
qu’elles sont des
femmes.
LA : Autre challenge des pays africains, l’émergence.
Au Cap-Vert vous avez conduit d’importantes réformes pour y parvenir. Quels sont à votre avis les
axes stratégiques incontournables pour réussir la
transformation structurelle du continent ?
C.D. : Nous sommes à un moment historique pour
l'Afrique. La confiance est de retour sur le continent, ainsi que les investisseurs. Les possibilités
abondent, même s’il y a aussi des menaces. Le premier axe stratégique est de mettre à profit cette tendance positive en agissant rapidement pour établir
les fondations pour la transformation socioéconomique irréversible de l'Afrique.
Cela exige des réformes au sein de la Banque visant
à promouvoir l'efficience et l'efficacité, mais aussi de
nouvelles approches pour aider les pays africains à
améliorer leurs politiques publiques. La BAD devrait
se concentrer en priorité sur les interventions où elle
a un avantage compétitif. La Banque, en collaboration avec d'autres centres de connaissances et financières au sein et en dehors du continent, doit fournir
les contours intellectuels et les incitations financières
nécessaires pour réaliser le changement structurel.
Elle se doit d’être plus sélective et d’avoir une approche plus équilibrée entre les financements en infrastructures, secteur privé et institutions. La BAD
devra également mieux collaborer avec les autres acteurs, y compris les banques privées et les agences de
développement. En même temps que ce devoir de
coopération, la Banque doit devenir le leader et l’animateur sur les questions clés du développement du
continent comme l'intégration régionale, le genre,
l'économie verte/bleue et l'emploi. Il faut pour cela
une banque avec une forte capacité de conseils pour
soutenir les gouvernements africains. En outre, il est
nécessaire de donner la priorité à la libération des
capacités du continent en investissant dans l'écosystème de l'innovation en Afrique et de maintenir la
notation triple A de la Banque.
LA : Votre candidature est porteuse d’espoir pour
la promotion des femmes à de hautes responsabilités en Afrique. Qu’en pensent les dirigeants africains que vous rencontrez ?
C.D. : Les femmes candidates à des postes de responsabilité doivent revendiquer leur droit à occuper ces
postes parce qu’elles sont aussi compétentes que les
hommes et non pas parce qu’elles sont des femmes.
La discrimination positive est bonne mais pas pour
des postes dont les décisions ont une influence directe
et même dramatique sur la vie des populations
comme c’est le cas de la BAD. C’est ce que j’ai cherché
à montrer aux dirigeants africains que j’ai eu le privilège de rencontrer. Je pense que la plupart ont été rassurés de constater que j’ai le profile et les compétences
nécessaires. Ceci dit, c’est mon opinion qu’à égalité
de compétences, les femmes ont un avantage compétitif sur les hommes dans des postes comme la présidence de la BAD qui ont un impact direct sur la vie
des populations : elles ont plus de sensibilité pour les
questions de développement humain, de justice sociale et de conviction quand elles doivent prendre des
décisions. Comme femme, j’ai un devoir de succès car
je sais que la promotion des femmes, à de hautes responsabilités en Afrique, dépendra de mes résultats
dans la gestion de la BAD. Pour cela, je suis sûre que
toutes les femmes auront à cœur de m’aider dans mes
responsabilités, ce qui est un avantage comparatif.
Propos recueillis par
Ibrahim Souleymane
Cristina Duarte
21 mai 2015 Les Afriques
. 43
DOSSIER
Election à la présidence de la BAD
8 candidats pour succéder à Kaberuka
Huit candidats sont en lice pour la présidence de la Banque africaine
de développement (BAD) dont trois de l’Afrique de l’Ouest. Fortes
carapaces, têtes de chéquier, super favoris, outsiders constituent la
galaxie des plénipotentiaires en course sur le tapis rouge de la tour
financière d'Abidjan. Portraits.
Entre favoris et
outsiders, les
tractations vont
bon train pour
diriger la banque
internationale.
44 Les Afriques .
21 mai 2015
Akinwumi Adesina : Le super favori
Cristina Duarte : Bouclier en or
Il est sans doute le candidat le mieux positionné des
prétendants au fauteuil que devra céder le Rwandais Donald Kaberuka. Puissant ministre de l'Agriculture du gouvernement nigérian, Akinwumi
Adesina, l'homme qui voyage en permanence à
bord de son jet privé est un coffre lourd. Dans son
pays, le Nigéria, géant du marché de la Cedeao, on
le présente comme le grand «réformiste» de la politique agricole. Homme de réseaux, Akinwumi,
après avoir tissé sa toile dans l'ombre avant d'être
propulsé par une task force, consignée pour faire le
job en direction d'Abidjan, a été reçu par une poignée de chefs d'Etat africains dont le président
Alassane Ouattara avec qui il entretient d'excellentes relations. Le ministre Adesina considéré
comme le super favori dans les milieux financiers
bien informés devra tirer profit de la mésentente
des États subsahariens sur le choix d'un candidat
unique pour succéder à Kaberuka. Le hic est que
l'arrivée du nouvel homme fort du Nigéria, le général Muhamadou Buhari, risque de ne pas lui faciliter les choses. A moins que la fibre nationaliste
soit de mise.
Elle est la seule femme candidate en course du lot des
prétendants. La ministre des Finances du Cap-Vert,
égérie du secteur de la finance, a multiplié les manœuvres. Très tôt, elle a décidé d'affûter ses armes et
passer à l'offensive. Respectée de tous aussi bien au
Cap-Vert qu'au-delà des frontières de son pays, Cristina Duarte porte la voix des femmes du monde dans
le combat d'accès aux commandes des instances internationales. Méthodique, bosseuse acharnée, bien entourée par une équipe pleine d'ambition et
décomplexée, Cristina Duarte est comme une roue
libre. La bonne image de son pays, île enclavée, à la face
du monde à travers son climat de stabilité et son environnement des affaires constituent des atouts non négligeables pour sa désignation au poste de nouvelle
patronne de la BAD. Praia debout comme un seul
homme fait sa campagne et joue à fond sa carte. Le
derby de la succession de Kaberuka devra se jouer entre
le candidat du Nigéria et elle. Le contexte international
joue bien à sa faveur après la désignation de Christine
Lagarde à la tête du FMI, de Michaëlle Jean à la Francophonie. Pourquoi pas Cristina à la BAD ?
Ismael Aidara
BAD
L’Afrique centrale adoube Bedoumra Kordje
Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique
centrale ont unanimement décidé d’apporter leur soutien au ministre
tchadien des Finances et du Budget, candidat à la présidence de la BAD.
L
Bedoumra Kordje
e 12è sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (Cemac), qui s’est tenu
le 7 mai à Libreville, au Gabon, s’est clairement prononcé sur les assemblées générales de la Banque africaine de développement
(BAD) qui auront lieu le 28 mai 2015 à Abidjan, en
Côte d’Ivoire. Sur la base des résolutions et des recommandations ayant sanctionné cette rencontre,
les six chefs d’Etat de la Cemac, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad,
ont officiellement réitéré leur soutien à la candidature de l’actuel ministre tchadien des Finances et du
budget, Bedoumra Kordjé dans les fonctions du
président de groupe de la BAD. Un soutien de taille
qui devrait renforcer cette candidature présentée
par des observateurs comme «l’une des plus sérieuses» pour présider aux destinées de la première
institution financière du continent.
A priori, cette position officielle de la Cemac n’a
rien de surprenant, si elle ne venait pas lever une
équivoque au sujet de « certaines informations non
fondées » selon lesquelles, des pays de la Cemac auraient choisi de parrainer d’autres candidatures.
Désormais, les choses sont claires et précises, ont
souligné les chefs d’Etat. C’est dire que si certains
pour des raisons inavouées avaient passé un accord
avec d’autres candidats, ils seraient pris dans leur
propre piège, puisque plus jamais, l’Afrique centrale a décidé de porter son choix sur le candidat
d’un pays de la sous-région, dont le profil et le parcours professionnel plaident en sa faveur. Visiblement, les dirigeants d’Afrique centrale ont tiré des
conséquences de leur désunion qui ont fait perdre
par le passé des postes à l’échelon continental et international, à l’instar du Camerounais Nkodo Foumena à la présidence de la BAD en 2005 ou encore
de l’écrivain et diplomate congolais Henri Lopez au
secrétariat général de l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) en 2014, pour ne citer
que ces deux exemples.
Par ailleurs, les chefs d’Etat de la Cemac qui sont
favorables pour un consensus ont en appelé à « la
sagesse et l’esprit d’unité » des autres dirigeants du
continent et des autres actionnaires de la BAD pour
porter leur choix sur Bedoumra Kordjé. En plus du
profil qui plaide pour cette candidature, les leaders
d’Afrique centrale ont rappelé que cinquante ans
après la création de la BAD, aucun ressortissant
d’Afrique centrale n’a encore présidé aux destinées
de l’auguste institution financière continentale.
Raison pour laquelle le principe de la présidence
tournante entre les pays d’expression anglaise et les
pays d’expression française et le principe de la rotation régionale voudraient que l’Afrique centrale
puisse enfin présider aux destinées de la BAD. On
comprend pourquoi en dehors de l’espace Cemac,
c’est l’ensemble de l’Afrique centrale qui a décidé
d’apporter son soutien à la candidature tchadienne,
en l’occurrence la Communauté économique des
Etats de l’Afrique centrale (Ceeac).
Achille Mbog Pibasso, Douala
21 mai 2015 Les Afriques
. 45
DOSSIER
Kaberuka à l'heure du bilan
Après deux mandats (de 2005 à 2015) à la présidence de la Banque
africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka va céder son
fauteuil à son successeur qui sera désigné ce 28 mai à Abidjan. Que
peut-on retenir du passage de Donald Kaberuka à la tête de cette
institution panafricaine ?
rairement d’Abidjan à Tunis a pu être ramené en
Côte d’Ivoire. Cette opération délicate a été couronnée de succès malgré les nombreuses incertitudes qui planaient à ce sujet.
• Lancement du Fonds Afrique 50
Le «Fonds Afrique 50» pour le financement des infrastructures en 2014 a été l’une des réalisations les plus
importantes sous la présidence Kaberuka. Ce fonds est
doté d'un capital initial de 3 milliards de dollars, qui
sera porté ensuite à plus de10 milliards de dollars.
• Financement des infrastructures
Donald Kaberuka
L’institution a
augmenté le
nombre de ses
représentations
d’une quinzaine
en 2005 à près
de 40 bureaux
nationaux en
2014.
L’
ancien ministre des Finances du
Rwanda, Donald Kaberuka, est l’un des
hommes qui ont le plus marqué la BAD
de leur empreinte. Ses actions au cours
de ses deux mandats ont profondément
transformé cette institution. En plus des avancés enregistrées dans le financement des infrastructures, il a
beaucoup œuvré pour doper la croissance inclusive,
améliorer la gestion de la banque, professionnaliser davantage ses process, mais aussi la doter de moyens beaucoup plus importants. Grace à lui, la BAD est devenue
une institution financière plus crédible sur la scène internationale et incontournable en Afrique.
Quelques réalisations importantes au niveau de la
BAD à mettre à l’actif du Donald Kaberuka :
21 mai 2015
• Une présence active sur tous
les dossiers urgents du continent
Depuis quelques années, la BAD est sur tous les
fronts pour financer les projets en Afrique. De l’épidémie d’Ebola aux conséquences de la chute du
prix du pétrole, la BAD a été très présente aux côtés
des pays africains. L’institution a aussi augmenté le
nombre de ses représentations d’une quinzaine en
2005 à près de 40 bureaux nationaux en 2014.
• Promotion du secteur privé et de la PME
• Renforcement des moyens financiers
de la BAD
Pendant la période Kaberuka, la BAD est devenue la
première institution financière en Afrique. La BAD a
levé des fonds et financé beaucoup de projets notamment dans les infrastructures à travers toute l’Afrique.
L’institution est devenue le bras financier du continent
africain. Depuis l’arrivée de Donald Kaberuka, les financements cumulés de la BAD en Afrique sont passés
de 30 milliards à plus de 100 milliards de dollars.
• Retour du siège de la BAD à Abidjan
Le siège de la BAD qui avait été transféré tempo-
46 Les Afriques .
Le financement des infrastructures a été la priorité de la
BAD (avec 57,6 % des financements) tout au long des
deux mandats du Rwandais. Ce dernier a mis l’accent
sur le financement d’infrastructures : transport, énergie,
etc. La BAD a ainsi financé des projets tels que le projet
solaire marocain, l’aéroport de Dakar au Sénégal ou encore le pont Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan (à
hauteur de 20 % du projet de ce pont).
Au moins 30% des financements accordés par la BAD
sont destinés au secteur privé. Le soutien de la banque
a été considérable au profit des entreprises africaines
tout au long de la présidence de Donald Kaberuka.
Donald Kaberuka a profondément transformé la BAD.
Il en a fait une institution de premier plan et un levier
de financement indispensable en Afrique. Son successeur qui sera désigné lors des 50ème assemblées annuelles
de la banque qui se tiendront à Abidjan, en Côte
d'Ivoire, du 25 au 29 mai 2015, aura le défi de consolider cet héritage et de tenter d’imprimer ses marques à
son tour au niveau de cette institution panafricaine.
Ibrahim Souleymane
Flashback sur les différents présidents de la BAD
Depuis sa création, la Banque africaine de développement (BAD) a eu 6
présidents et un président par intérim. Élu par le conseil des gouverneurs sur
recommandation du conseil d’administration, le président est l’autorité suprême
chargée de la gestion des affaires courantes de la banque internationale.
E
lu pour un mandat de 5 ans, renouvelable
une seule fois, le président de la BAD est le
représentant légal de la banque. Aussi, il
exerce les fonctions de président du FAD et
de président du conseil d’administration.
Il revient au président de la BAD de définir la structure
organisationnelle, les fonctions et les responsabilités.
C’est lui qui nomme les représentants régionaux et nationaux. Enfin, il propose au conseil d’administration la
nomination des vice-présidents qui l’assistent dans la
gestion courante du groupe de la banque.
Depuis le premier, Mamoun Beheiry du Soudan, à l’actuel Donald Kaberuka du Rwanda, chacun d’eux a tenu
à marquer d’une pierre blanche son magistère. Si les 5
premiers ont tous fait un mandat, ce fut avec le Sénégalais Babacar Ndiaye que démarra la phase des mandats
doubles. Son successeur, le Marocain Omar Kabbaj, tout
comme Donald Kaberuka du Rwanda, qui sera remplacé
le 28 mai à Abidjan, lors des assemblées générales, ont
aussi rempilé à la fin de leur premier mandat. D. MBaye
Liste des présidents de la BAD
1964-1970 Mamoun Beheiry (Soudan)
1970-1976 Abdelwahab Labidi (Tunisie)
1976-1979 Kwame Donkor Fordwor
(Ghana)
1979-1980 Godwin Gondwe (Malawi)
président par intérim
1980-1985 Willa Mung’Omba (Zambie)
1985-1995 Babacar Ndiaye (Sénégal)
1995-2005 Omar Kabbaj (Maroc)
Depuis 2005 Donald Kaberuka, en fin
de mandat (Rwanda)
ROYAUME DU MAROC
OFFICE NATIONAL DE L’ELECTRICITE ET DE L’EAU POTABLE (ONEE)
Branche Eau
DIRECTION APPROVISIONNEMENTS ET MARCHÉS
Alimentaon en eau potable d’Agadir à parr du dessalement d’eau de mer
Lot: Ligne électrique HT et extension départ 60 KV au poste 225/60 KV d’Agadir
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL LIMITE AUX PAYS MEMBRES N° 28/DAM/ET/15
Séance publique
La Direction Approvisionnements et Marchés de l’ONEE­Branche
Eau, sise à Rabat lance le présent appel d’offres qui concerne : ALI­
MENTATION EN EAU POTABLE DU GRAND AGADIR PAR DESSALE­
MENT D’EAU DE MER­ Lot : ETUDES ET CONSTRUCTION DE LA LIGNE
60KV «POSTE 225/60KV AGADIR – POSTE STATION DE DESSALE­
MENT CAPGHIR» ET EXTENSION DEPARTS 60KV AU POSTE 225/60KV
D’AGADIR.
Le financement du projet sera assuré par La Banque Islamique pour le
Développement (BID).
Les pièces jusficaves à fournir sont celles prévues par l'arcle 10 du
règlement de la consultaon.
Le montant du cauonnement provisoire est fixé à 450 000,00 DH ou
son équivalent en devise librement converble.
Une visite des lieux fortement recommandée est prévue le jeudi 11 Juin
2015 à 10:00 à la Direcon Régionale de l’ONEE­Branche Eau d’Agadir.
Le dossier de consultaon peut être reré aux adresses suivantes :
Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés
Branche Eau : Bâment G, Avenue Mohamed Belhassan El Ouazzani
code postal : 10220 ­ Rabat,
Tél. :(+ 212) 0537 66 77 77 Fax : (+212) 0537 66 72 22
Le dossier de consultaon (RCDP, RCDG, CCAFP, CCAFG, CCTP, Défini­
on et Bordereau des Prix) est consultable et téléchargeable sur le
portail des marchés publics à l’adresse :
hps://www.marchespublics.gov.ma/.
Les cahiers généraux et le règlement des achats de l’ONEE sont consul­
tables et téléchargeables à parr du site des achats de l’ONEE­Branche
Eau à l’adresse : hp://achats­eau.onee.ma.
Le dossier de consultaon est remis gratuitement aux candidats.
En cas d’envoi du dossier de consultaon par la poste à un candidat,
sur sa demande écrite et à ses frais, l’ONEE­Branche Eau n’est pas res­
ponsable d’un quelconque problème lié à la récepon du dossier par le
desnataire.
Les plis des concurrents, établis et présentés conformément aux pres­
cripons du règlement de la consultaon, doivent être :
­ au Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Mar­
chés ­ Branche Eau : à l’adresse citée ci­dessous, avant la date et l’heure
fixées pour la séance d’ouverture des plis.
­ soit envoyés par courrier recommandé avec accusé de récepon au
Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés ­
Branche Eau : à l’adresse citée ci­dessous, avant la date et heure de la
séance d’ouverture des plis.
­ soit remis au président de la commission d’appel d’offres en début de
la séance publique d’ouverture des plis.
L’ouverture publique des plis aura lieu le mercredi 22 Juillet 2015 à
09:00 à la Direcon Approvisionnements et Marchés ­ Branche Eau, à
l’adresse citée ci­dessous.
Bureau des marchés de la Direcon Approvisionnements et Marchés ­ Branche Eau
Bâment G, Avenue Mohamed Belhassan El Ouazzani ­ code postal : 10220 – Rabat
Tel. :(+ 212) 0537 66 77 77 Fax : (+212) 0537 66 72 22
DOSSIER
Admission du Soudan du Sud
Le dossier d’adhésion du Soudan du Sud a été validé par le conseil
d’administration de la Banque africaine de développement. L’admission
du Soudan du Sud au sein de la BAD consolide les relations engagées
depuis 2005 entre le 54ème Etat africain et l’institution panafricaine
bancaire du continent.
Juba, capitale du
Sud Soudan
48 Les Afriques .
21 mai 2015
L
a Banque africaine de développement
(BAD) compte un nouveau pays membre : le Soudan du Sud. L’annonce a été
faite par la secrétaire générale de la BAD,
également vice-présidente, Cécilia Akintomide, au cours d’une conférence de presse tenue
le 6 mai au siège de l’institution à Abidjan en prélude à la tenue des assemblées annuelles qui se tiendront à la fin du mois de mai.
Le Soudan du Sud devient ainsi le 80ème Etat membre
de la BAD .Selon les administrateurs de la BAD, l’institution et le Soudan du Sud ont une histoire de coopération qui a commencé après la signature de
l'Accord global de paix en 2005. Ce qui était alors le
territoire du Sud-Soudan a bénéficié des concours de
l’institution dans le cadre de l’approche Un pays, deux
systèmes, et plus tard, après l'indépendance, dans le
contexte de l'Accord de coopération signé avec la
Banque. Le pays a été officiellement accepté comme
membre de la BAD en mai 2012, et a ratifié son adhésion en septembre de l’année suivante.
Après l'accession à l'indépendance, le pays a élaboré
son premier cadre de la planification du développe-
ment, sous le titre Plan de développement du Soudan
du Sud 2011 à 2013. Le Plan a été prorogé jusqu'en
2016, pendant que les autorités sont est en train de parachever l'Initiative de développement du Soudan du
Sud, dont l'objectif consiste à hiérarchiser et à mettre
en œuvre les projets et programmes transformateurs
du SSDP. Le cadre de planification du pays se concentre sur la sortie de la fragilité. Et ce en abordant les
contraintes en capacités en ressources humaines, ainsi
que sur le Nouveau pacte sur les cinq objectifs de
construction de la paix et de renforcement de l’Etat
pour les Etats fragiles, à savoir un cadre politique légitime, la sécurité, la justice, les fondements de l’économie, les recettes et les services.
La Banque, d’après les dires du principal économiste
de l’institution, finance actuellement trois projets au
Soudan du Sud, pour un investissement total d'environ 17,8 millions de dollars EU. Compte tenu des faiblesses de capacité institutionnelle que connaît le pays,
les investissements de la Banque sont principalement
axés sur le renforcement des capacités institutionnelles
et la gestion des finances publiques.
Cela pouvait paraître paradoxale aux yeux des analystes d’admettre dans le contexte actuel un pays
secoué par une guerre où l’autorité du pouvoir en
place est contestée par l’ancien vice-président. La
réponse de la BAD par rapport à cette situation critique est sans ambages. Car les négociations entre le
pays et l’institution ont commencé avant la situation de guerre civile qui n’a pas arrêté le fonctionnement du pays conformément aux conditions
fixées par l’institution pour l’axe réservé au pays
dits fragiles .La BAD souhaite vivement que les
pourparlers engagés entre les belligérants à AddisAbeba sous l’égide de l’Ethiopie aboutissent, car le
Soudan du Sud a besoin d’une paix véritable pour
pouvoir sécuriser les investissement et bénéficier
des divers appuis extérieurs dont le pays a énormément besoin pour son développement .
Les 25 et 29 mai, le Soudan du Sud siègera pour la
première fois au conseil des gouverneurs de la BAD
lors des ses assemblées annuelles, qui coïncidera
avec le jubilé d’or, le cinquantenaire de l’institution.
Rodrigue Fénelon Massala,
Addis-Abeba
ZOOM
50 Les Afriques .
21 mai 2015
Prospective De l’économie mondiale
et de l’impact du cours du pétrole sur
les équilibres macro de l’Algérie 2015-2020
Synthèse d’une récente conférence du Dr Abderrahmane Mebtoul,
expert international, à l’Ecole supérieure de Police d’Algérie sur l’état
des lieux et les perspectives de l’économie mondiale, ainsi que
l’impact de la chute des prix du brut sur les équilibres
macroéconomiques et macrosociaux de l’Algérie à l’horizon 2020.
L
Dans l’économie
mondialisée
d’aujourd’hui
aucun prix n’a
plus d’importance que celui
du pétrole brut.
es batailles futures pour le développement seront conditionnées par la bonne
gouvernance et la valorisation du savoir.
Mesdames, Messieurs, honorable assistance, je voudrai remercier le généralmajor Abdelghani Hamel, directeur général de la
Sûreté nationale pour cette aimable invitation.
Comment ne pas me rappeler que j’ai dirigé, au
moment fort du terrorisme, un audit pour cette
importante institution et je tiens à rendre hommage à l’ANP, à nos forces de sécurité, dont la
DGSN, qui ont payé un lourd tribut pour que notre
pays échappe à un drame qui aurait entrainé la nation vers la dérive. Saluons également le contrat de
concorde nationale inauguré lors de la période du
président Liamine Zéroual via l’ANP et concrétisé
par le président Abdelaziz Bouteflika en ces moments difficiles, l’Algérie ayant besoin de rassembler tous ses enfants pour un devenir meilleur. Pour
cela, avec l’ère d’Internet où le monde est devenu
une maison de verre, nous devons éviter tant l’autosatisfaction stérile, source de névrose collective,
que la sinistrose source de démotivation. Comment
ne pas rappeler les conditions de vie de la majorité
des Algériens durant la période coloniale et en
1963/1964. Tout ce qui a été fait entre 1963 et 2015
n’est pas totalement négatif, mais il y a beaucoup
d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. C’est dans ce contexte que rentre ma modeste
conférence. Car dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui aucun prix n’a plus d’importance que
celui du pétrole brut. Plus de 80 millions de barils
sont produits et consommés chaque jour, dont la
plus grande partie est vendue sur les marchés internationaux. Les réserves prouvées de pétrole traditionnel sont les suivants selon les données
internationales de 2012-2013 : Venezuela 298 milliards de barils de pétrole 24,80%, Arabie saoudite,
266 milliards avec 22,10%, l’Iran 158,13 soit 10%
et l’Irak 140 11,70%. Loin derrière, le Koweït avec
102, les Emirats arabes unis 98, la Russie 90, la
Lybie 49, le Nigéria 38 et l’Algérie 12 milliards données de BP de 2000. Pour les réserves prouvées de
gaz naturel traditionnel, la Russie vient en tête avec
48 000 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 34
000, le Qatar 25 000, le Turkménistan 25 000n
l’Arabie saoudite 8 000, les Etats-Unis 7 100, les
Emirats arabes unis 6 100, le Venezuela 5 200, le Nigéria 5 100, l’Algérie 4 500 données de BP de 1998
estimation actuelle environ 3 500. Le 8 mai 2015,
le cours du Brent a été coté à 65,63 dollars, le WTI
58,99 dollars et la cotation du dollar/euro est passée de 1,055 à 1,12, cette appréciation de l’euro expliquant en partie cette relative hausse récente.
Cette présente contribution se propose de développer l’impact de la baisse du prix du pétrole, le
prix du gaz étant indexé sur les équilibres macroéconomiques et macrosociaux de l’Algérie, incompréhensibles sans analyser les nouvelles mutations
énergétiques mondiales.
L’économie mondiale et les raisons
de la chute du cours du pétrole
La crise d’octobre 2008 et ses impacts en 20092014. Par rapport à la période contemporaine, fautil considérer la crise de 1929 comme étant un
événement unique dans l’histoire du capitalisme ou
l’apparenter aux autres crises récentes, qui bouleversent les économies capitalistes ? La question
reste posée et le devoir de mémoire est fondamental pour tirer les leçons du passé pour comprendre
la crise d’octobre 2008 qui n’est pas encore termi21 mai 2015 Les Afriques
. 51
ZOOM
Réunion G20 du 15/11/2008
à Washington
Les fonds
spéculatifs ont
été de gros
acheteurs de
subprimes,
souvent à crédit
pour doper leurs
rendements.
52 Les Afriques .
21 mai 2015
née, ne s’étant pas attaqué aux fondamentaux. Ces
dysfonctionnements ont été concrétisés à travers la
crise des prêts hypothécaires (subprimes) en août
2007, crise qui s’est propagée à l’ensemble des
bourses mondiales avec des pertes considérables. Il
existe bon nombre de similitudes entre la crise
d’octobre 1929 et celle d’octobre 2008 : boom économique précédant la crise, endettement croissant
et divorce entre la sphère réelle et financière, répercussions sur la sphère réelle avec la chute des valeurs. Devant éviter de confondre l’essence et les
apparences, je résume cette crise en cinq étapes :
- les banques ont fait des prêts immobiliers à des
ménages insolvables ou présentant peu de garanties, à des taux d’intérêts élevés ;
- diffusion des mauvaises créances dans le marché :
pour évacuer les risques, les banques «titrisent»
leurs créances, c’est-à-dire qu’elles découpent leur
dette en produits financiers pour la revendre sur le
marché. La mondialisation a fait le reste, en diffusant ces titres à risque dans les portefeuilles d’investisseurs de toute la planète. Les fonds spéculatifs
(hedge funds) ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements (jusqu’à 30% par an), et faire jouer l’effet de
levier, les hedge funds empruntant jusqu’à 90% des
sommes nécessaires ;
- retournement du marché immobilier américain :
vers fin 2005, les taux d’intérêts américains ont
commencé à remonter alors que le marché financier s’essoufflait. Des milliers de ménages ont été
incapables d’honorer leurs remboursements en-
traînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont acheté les titres obligataires ont vu
leur valeur s’effondrer ;
- crise de confiance : les banques se sont retrouvées
dans une situation ou comme dans un jeu de poker,
elles savent ce qu’elles ont dans leur bilan, mais pas
ce qui se trouve dans celui des autres car ces mauvais crédits immobiliers ont été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait quelle est la
répartition du risque d’où une grave crise de
confiance et depuis juillet 2007, cette situation fait
chuter les bourses et paralyse le marché interbancaire, les banques ne se prêtent plus ou très peu
craignant que leurs homologues soient dans une
ligne rouge ;
- intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché, les banques centrales sont intervenues massivement début août 2007 en injectant
plusieurs centaines de milliards de dollars et d’euros de liquidités. Cette crise s’est propagée à l’ensemble de la planète qui a nécessité la réunion du
G20 tenue le 15 novembre 2008 à Washington où le
plan d’action décidé avec cinq objectifs : premièrement de dégager une réponse commune à la crise
financière ; deuxièmement ouvrir les pistes d'une
réforme en profondeur du système financier international ; troisièmement prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires
et imposer aux banques de nouvelles normes
comptables ; quatrièmement des règles plus strictes
sur les agences de notation, la titrisation et les parachutes dorés ; enfin, cinquièmement, accroître les
Les thérapeutiques sur les
perspectives de
sortie de la crise
sont contradictoires entre les
partisans de
l’orthodoxie
monétaire et les
partisans de la
relance par le
déficit
budgétaire.
dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnées, mais au profit des économies
d’énergies pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur automobile, remettant d’ailleurs en cause le pacte de stabilité européen (3% du
PIB et dépenses publiques sur/PIB moins de 60%).
D’une manière générale, l’essence de la crise tant
de 1929 que de 2008 est liée à la financiarisation accrue en déconnexion avec la sphère réelle et la nonsymbiose de la dynamique économique et de la
dynamique sociale oubliant que le travail est certes
un prix mais créateur de valeur et vecteur de croissance à travers la consommation. Or, une des raisons de la crise de 1929 est que les revenus étaient
mal répartis entre salaires et profits, entre les plus
riches et les autres avec la diminution de la part des
salaires dans la valeur ajoutée des entreprises. Mais
à la différence de 1929 existe une nette volonté de
régulation des Etats et l’économie mondiale est en
déflation (faible inflation, chômage croissance négative) et non en stagflation (inflation et chômage
décroissance). Comme en témoigne la socialisation
des pertes de certaines banques, la rapidité des interventions des banques centrales que ce soit la
FED américaine, la Banque centrale européenne,
les Banques d’Angleterre, japonaise, russe, et même
chinoise et indienne de coordination pour briser le
cercle vicieux du manque de confiance, prêts interbancaires bloqués qui constituent l’élément vital de
fonctionnement de l’économie mondiale. Cependant, ces mesures se sont avérées d’un impact limité où nous assistons au risque de conjonction de
bulles financières et de bulles budgétaires. En effet,
le gonflement de la dette provoque un effet «boule
de neige» selon un processus auto-entretenu, la
charge d’intérêt qu’elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc à accroître encore l’endettement de l’État comme en témoigne l’explosion
des déficits budgétaires pour l’ensemble des pays
européens sans compter les déficits des pays émergents. La reprise permettra-t-elle d’absorber cette
importante injection monétaire sans précédent
dans l’histoire du capitalisme comme le postule la
théorie keynésienne raisonnant au sein de structures élastiques et d’Etats-Nations (relance de la demande globale, consommation et investissement)
et le blocage n’est-il pas mondial (fait nouveau interdépendance des économies), donc d’ordre structurel ? D’une manière générale, les thérapeutiques
sur les perspectives de sortie de la crise sont contradictoires entre les partisans de l’orthodoxie monétaire et les partisans de la relance par le déficit
budgétaire. Ainsi, la grande majorité des économistes s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’asseoir la macroéconomie sur des fondements
microéconomiques. Il faut reconnaitre que les politiques et les économistes sont mal armés pour
analyser le systémique et les phénomènes d’anticipation collective qui provoquent une crise.
Les 9 raisons de la chute
des cours du pétrole
Pour la chute des cours du pétrole brut, je recense
9 raisons. Le FMI estime la croissance de l’économie mondiale à 3,5% en 2015. La Réserve fédérale
mise sur une expansion US entre 2,6% et 3% pour
2015, rejoignant les estimations du FMI pour qui le
taux de croissance devrait progresser de 3,1% en
2015 et 2016. Pour la zone euro, le FMI prévoit un
taux de croissance de 1,5% en 2015 contre 0,9% en
Puits de pétrole
21 mai 2015 Les Afriques
. 53
ZOOM
Chine, vers une croissance
de 7% en 2015
Placer une partie
en bons du Trésor
américains,
1 223,7 milliards
de dollars fin
2014 et en dette
souveraine
d'autres Etats,
une autre partie
pour investir
dans des
entreprises à
l'étranger, à
travers son
principal fonds
souverain.
54 Les Afriques .
21 mai 2015
2014 dont l’Allemagne (1,6%), la France (1,2%) et
l’Espagne (2,5%). Cependant c’est la déprime au
niveau des pays émergents à l’exception de l’Inde
où, après moins de 5% en 2014, le Fonds s’attend à
une croissance de 7,2% en 2016, grâce à une reprise
notable des investissements et à la baisse des prix
du pétrole.
Quand la Chine inquiète
C’est surtout le cas de la Chine, qui inquiète l’économie mondiale. Car la Chine est le deuxième pays
au monde par son produit intérieur brut PIB (11
285 milliards de dollars) derrière les Etats-Unis
avec 18 287 milliards de dollars mais pour une population de 360 millions d’habitants, loin devant le
Japon (4 882), l’Allemagne (3 909) le Royaume-Uni
(3 003) et la France (2 935 milliards de dollars).
Selon FMI, la parité de pouvoir d'achat (PPA) prévoit que le PIB PPA de la Chine atteindra 27 000
milliards de dollars en 2019, quand celui des ÉtatsUnis ne devrait être que de 22 000 milliards de dollars. Confrontée au ralentissement du marché
immobilier mais aussi à des échanges commerciaux
et des investissements, la Chine s'achemine en 2015
vers une croissance de 7%, soit la plus faible depuis
25 ans, alors que la population active du pays
compte 800 millions de personnes. Bien que selon
les données de la Banque populaire de Chine, les
réserves se situent à 3 820 milliards de dollars fin
2014, permettant de les placer, une partie en bons
du Trésor américains, 1 223,7 milliards de dollars
fin 2014 et en dette souveraine d'autres Etats, une
autre partie pour investir dans des entreprises à
l'étranger, à travers son principal fonds souverain,
le CIC. Cependant, la population reste relativement
pauvre, car il faut relativiser, non voir le PIB en valeur absolue mais le diviser par la population totale : en parité de pouvoir d’achat, on évalue le PIB
par habitant en 2013 à 9 800 dollars par habitant, ce
qui place la Chine au 121e rang mondial. Il y a également les perspectives de l’Amérique latine qui
sont alarmantes avec 1,3% en 2014 contre 2,9% en
2013 avec une probable récession du Brésil dont le
PIB devrait reculer de 1% en 2015. La baisse des
cours du pétrole a accéléré le ralentissement de
l'économie russe et la dévaluation du rouble avec
d’importantes sorties de capitaux qui ont un effet
négatif sur de nombreux pays d'Eurasie, notamment dans les pays émergents de la région Europe
et Asie centrale (ECA). La chute du rouble porte à
plus de 50% sa baisse face au dollar depuis le début
de l'année. L'euro a dépassé le seuil inimaginable
de 100 roubles et le dollar 80 roubles. Ainsi, selon le
gouverneur de la Banque centrale russe, avec un volume total des exportations russes d’environ 500
milliards de dollars, une chute de 10 dollars du prix
du baril de pétrole coûtant 10 milliards de dollars
au budget fédéral russe et 0,4% point de croissance
au PIB, la Russie perdrait quelque 160 milliards de
dollars par an dans ses exportations de pétrole si le
cours du pétrole se maintient à 45 dollars le baril.
En plus des fuites de capitaux qui, selon les Echos.fr
du 19 janvier 2015, atteignant 151 milliards de dollars, plus du doublement entre 2013 et 2014 selon
Dans les pays du
Conseil de
coopération du
Golfe (CCG), qui
sont les plus
touchés, les
recettes tirées
des exportations
de pétrole et de
gaz devraient
diminuer
d’environ 300
milliards de $.
la Banque centrale de Russie, existant une étroite
corrélation entre le cours du pétrole et le cours du
rouble. Par ailleurs, l'Arabie saoudite, ne voulant
plus jouer seul le rôle de variable d'ajustement, ne
tient pas à baisser davantage sa production, voulant que les autres pays de l'OPEP, qui produisent
tous à pleine capacité, réduisent eux aussi leur production, l’expérience ayant montré par le passé que
la baisse du quota OPEP a profité aux pays non
OPEP dont la Russie qui ont augmenté leur part de
marché. Comme nous devrions assister après l’accord probable avec l’Iran pour fin juin 2015, qui ne
produit que 1 million de barils/jour avec des possibilités de plus de 4 millions de barils/jour, sans
compter qu’il constitue, comme montré précédemment, le deuxième réservoir mondial de gaz
traditionnel à un rééquilibrage géostratégique. Actuellement, la baisse du prix du pétrole brut permet aux pays importateurs d’importantes
économies. Pour l’UE et les Etats-Unis, cela représente 2 à 3% de leur PIB. Pour la zone euro, cette
baisse du prix du pétrole permet une dépréciation
de la monnaie européenne qui n'entraîne pas de
hausse du prix des importations de la zone. Depuis
le début de 2014, l'euro s'est déprécié de 10% par
rapport au dollar et le prix du pétrole en dollars a
baissé de 17%. La zone a profité de l'effet positif de
la dépréciation de l'euro sur ses exportations (ce
qui devrait augmenter sa croissance de 0,2 point),
sans être pénalisée par la hausse des prix des importations où selon des experts uniquement pour
la France, une baisse des prix à la production de
combustibles et carburants se traduirait par une
économie directe de coût de l'ordre de 21 milliards
d'euros pour l'ensemble de l'économie, le principal
secteur «gagnant ex-ante» étant le secteur des
transports. Mais cela concerne également, d’autres
pays importateurs net. Ainsi, selon le département
US de l’énergie, la facture pétrolière des Etats-Unis
a été réduite de 70 Mrd de dollars en 2014, grâce à
l'effondrement des prix du brut et la Chine important chaque année 300 millions de tonnes de pétrole, si le prix du pétrole se maintient à 60 dollars
en 2015, les économies seraient de l’ordre de 50
milliards de dollars.
Gare au pétrole bon marché
Mais des experts estiment qu’un pétrole bon marché n’est pas sans inconvénients. Les analystes
considèrent que les investissements ne sont plus
rentables pour les gisements marginaux si le pétrole
reste à un prix évoluant autour de 65 à 70 dollars,
excepté les grands gisements qui peuvent tenir
entre 50/60 dollars, pouvant assister à une reconcentration de cette industrie si le bas prix persiste en deçà de 60/70 dollars. Dans les pays du
Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui sont
les plus touchés, les recettes tirées des exportations
de pétrole et de gaz devraient diminuer d’environ
300 milliards de dollars. Lors du précédent contrechoc pétrolier de 1985-86, les importations de
l'Arabie saoudite avaient reculé de 39%, celles du
Nigéria de 60%. Pour l'ensemble de la zone euro,
les exportations à destination des seuls pays de
l'OPEP et de la Russie représentent un montant de
198 milliards d'euros en 2014. Une chute des importations de l'ordre de 20% occasionnerait alors
un choc équivalent à 0,4 point de PIB très dommageable pour les exportateurs orientés vers ces
zones. Par ailleurs, cela accroît les tendances défla-
Ancienne réunion
des pays de l’OPEP
21 mai 2015 Les Afriques
. 55
ZOOM
L’option schistes
bitumineux
Du côté de l'offre,
nous assistons à
une hausse plus
rapide que prévu
de la production
de pétrole (non
conventionnel)
des Etats-Unis qui
bouleverse toute
la carte
énergique
mondiale.
56 Les Afriques .
21 mai 2015
tionnistes dans les pays qui ont croissance faible. La
chute actuelle des prix du pétrole constituerait ainsi
une menace pour la zone euro, une économie aussi
endettée car la déflation augmente le fardeau réel
de la dette et fait courir le risque d'un défaut souverain et d'une nouvelle crise bancaire. En effet, la
situation spatio-temporelle de la dette publique,
les différents Etats au cours de leur histoire ont
souvent eu recours à la dette pour faire face à de
fortes dépenses, comme les guerres par exemple,
mais après des périodes de fortes augmentations,
la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d’une forte hausse
de l’inflation qui réduit la valeur réelle de la dette
et d’une croissance forte du PIB. Outre que le
risque d’une déflation serait source de démotivation, profiterait aux rentiers et aux retraités, d’une
manière générale, compte tenu du poids des importations de pétrole, une baisse de 10% du prix
du pétrole réduit de 0,4 point le taux d'inflation.
Si le prix de l'or noir continue à baisser, l'inflation
de la zone euro pourrait devenir négative. Cela explique que la Banque centrale européenne (BCE)
face à cette situation favorise actuellement à une
politique expansionniste en injectant 1100 milliards d’euros supplémentaires et a officialisé un
programme de rachat massif d'actifs de 60 milliards d'euros par mois de mars 2015 jusqu'à fin
septembre 2016 au plus tôt.
Deuxièmement, du côté de l'offre, nous assistons à
une hausse plus rapide que prévu de la production
de pétrole (non conventionnel) des Etats-Unis qui
bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils
sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à
8,5 actuellement étant prévu en 2016 9,5 millions
de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir le plus
grand producteur de pétrole brut (tenant compte
consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie.. Selon The Telegraph en date du
28 avril 2014, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement dès 2016 le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL)
30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz
et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché
mondial du GNL où l’Algérie fait partie des principaux exportateurs avec le Qatar, la Russie, le Nigeria l’Australie et bientôt d’autres pays africains.
Troisièmement, les rivalités au niveau de l’OPEP
dont certains ne respectent pas les quotas, bien que
cette organisation ne représente que 35/40% de la
production mondiale commercialisée, 60/65% se
faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne
veut pas perdre ses parts de marché. Cela rentre
dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont
les Etats-Unis pour affaiblir la Russie et l’Iran, qui
peut avec les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman,
le Koweït, se permettre un cours plancher de 65/80
dollars. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de
peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix, tout
dépendant d’une entente entre les Etats-Unis et
l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher,
encore que cette entente pourrait se déplacer dans
un proche avenir avec une entente avec l’Iran.
Quatrièmement, la stratégie expansionniste de
Gazprom, à travers le North Stream et le South
Retenons les
nouvelles
découvertes dans
le monde
notamment en
offshore,
notamment en
Méditerranée
orientale et en
Afrique.
Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres
cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans
compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La
Russie a besoin de financement, les tensions en
Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30%
entre 2013 et 2014.
Nouvelle donne
Cinquièmement, le retour sur le marché de la Libye
800 000 barils/jour actuellement et pouvant aller
vers 2/3 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7
millions de barils jour (réservoir mondial à un coût
de production inférieur à 20% par rapport à ses
concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions/jour. Et surtout l’Iran si les accords sur le nucléaire se concrétisent avant le 30 juin 2015,
l’embargo l’autorisant à exporter seulement un
millions de barils jour. Car l’Iran, comme rappelée
précédemment, a des réserves de 160 milliards de
barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour et le
deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de
34 000 milliards de mètres cubes gazeux, sans
compter qu’il aura alors accès aux quelques 100
milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et
attirer les investissements étrangers. Par ailleurs, retenons les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore, notamment en Méditerranée
orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux
expliquant en partie les tensions au niveau de cette
région) et en Afrique dont le Mozambique qui
pourrait être le troisième réservoir d’or noir en
Afrique et les nouvelles technologies permettent
l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux.
Sixièmement, les Etats-Unis/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial
pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une
prévision de réduction de 30%.
Septièmement, les tendances sont à une nouvelle
division et spécialisation internationale avec la
concentration de l’industrie manufacturière forte
consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera
65% de la consommation mondiale horizon 2030,
notamment l’Inde et la Chine. Les relations clientsfournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir
des avantages comparatifs et pousseront à la baisse
des prix.
Huitièmement, l’occupation par les terroristes de
champs pétroliers et gaziers, les écoulements au
marché noir notamment en Irak pour un baril
entre 30 et 40 dollars.
Neuvièmement, l’évolution des cotations du dollar
et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant
pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une
baisse du prix du baril.
Ce qui m’amène à aborder la deuxième partie de
ma conférence.
Bilan de l’économie et impacts
de la chute du cours du pétrole sur
les équilibres macrofinanciers
Les actions futures supposent le bilan de l’économie algérienne. D’abord, l’évolution du produit intérieur brut (PIB) à prix courants entre 2007-2014
est le suivant selon le FMI : 134,3 milliards de dol-
Nouvelles découvertes
21 mai 2015 Les Afriques
. 57
ZOOM
Agriculture algérienne,
que 10% du PIB
L’Algérie de mai
2015 est une
économie
rentière.
58 Les Afriques .
21 mai 2015
lars en 2007, -170,2 en 2008, -137,2 en 2009, 161,8
en 2010, 199,2 en 2011, 208 en 2012, 209 en 2013,
211 en 2014, avec une baisse en 2015 d’environ 208
milliards de dollars. La structure en moyenne du
PIB non compris les droits et taxes à l’importation
donne pour l’agriculture 10%, les hydrocarbures
31%, les industries hors hydrocarbures 5%, le BTP
constructions 10%, les services marchands 22% et
les servies des administrations publiques 18%.
Concernant la structure de l’emploi, nous avons la
prédominance des emplois vacataires à très faible
productivité dont plus de 2 millions de permanents
et inclus les non permanents plus de 3 millions au
niveau de la fonction publique sur une population
active approchant 12 millions, l’agriculture avec
environ 11%, l’industrie privée et publique y compris Sonatrach 14% le BTPH 17%, le commerce et
services 58% dont 32% sont des apprentis et les indépendants près de 30%.Ces chiffres globaux incluent la sphère informelle qui, selon une enquête
de l’ONS organe du gouvernement, représente
45,6% de la main d’œuvre totale non agricole. L’Algérie de mai 2015 est une économie rentière. En
2014 95% des exportations relèvent toujours des
hydrocarbures, et 70% des besoins des ménages et
des entreprises publiques et privées, dont le taux
d’intégration ne dépasse pas 15% relèvent de l’importation. 83% du tissu économique selon les enquêtes
officielles
relèvent
du
petit
commerce-services. La sphère informelle est dominante contrôlant 40/50% de la masse monétaire en
circulation et environ 65% des segments des pro-
duits de première nécessité (marché des fruits/ légumes, du poisson, de la viande blanche/rouge et
le textile/cuir à travers l’importation). Le secteur
industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut. Sur ces 5%, plus de 95% des entreprises sont des petites PMI-PME non initiées au
management stratégique, ne connaissant pas ou
peu d’innovation. Sur les 5% hors hydrocarbures
plus de 70% sont le fait de dérivées d’hydrocarbures et de déchets ferreux et semi-ferreux.
Un blocage structurel
La valeur du dinar, corrélée à plus de 70% à la rente
des hydrocarbures avec un écart de 40/50% par
rapport au marché parallèle qui est passé de 4 dinars un dollar vers les années 1980, puis 15 dinars
vers les années 1990, puis 45 dollars après les accords avec le FMI en 1994 suite au rééchelonnement et actuellement plus de 95 dinars un dollar,
n’a pas permis de dynamiser les exportations hors
hydrocarbures, montant que le blocage est d’ordre
structurel Ainsi, les importations de biens, à prix
courants, selon les statistiques officielles douanières, ont été de 40,472 en 2010 ; 46, 453 en 2011 ;
47,490 en 2012 ; 55,028 en 2013 et 58,330 en 2014.
Selon la banque d‘Algérie les services, ont représenté en 2013 quelque 10,77 milliards de dollars
donnant un total des importations de biens et services de 65,76 milliards de dollars et en 2014
jusqu’à 11,70 milliards de dollars avec un total
d’importation de biens et services de 71,14 milliards de dollars. Ce sont les sorties de devises sans
Le Fonds
monétaire
international
(FMI) dans son
rapport du 13
avril 2015 prévoit
26 milliards de
dollars de déficit
en 2015 pour
l’Algérie.
les transferts légaux de capitaux dont les transferts
courants nets qui ont été de 2,79 milliards de dollars en 2013 et 3,30 milliards de dollars en 2014.
Ensuite, il y a lieu de noter que les recettes de Sonatrach ayant été entre 2000 et 2014 de plus de 760
milliards de dollars et plus de 580 milliards de dollars d’importation, la différence est dans les réserves de change actuelles. Les exportations
hydrocarbures ont évolué ainsi : en 2005, 43,937
milliards de dollars, en 2006 53,456, en 2007,
58,831, en 2008, 77,361, en 2009, 44,128, en 2010,
55,527, en 2011, 71,427, en 2012 69,804, en 2013
63,752 et en 2014, 58,8 milliards de dollars. Le FMI
note que la tendance décroissante de la production
d’hydrocarbures s’est poursuivie en 2013 avec un
recul de 2,3%, la tendance baissière se répétant
pour la huitième année consécutive. Comme la
baisse d’un dollar par baril en moyenne annuelle
donne un manque à gagner d’environ 600 millions
de dollars, un cours moyen de 60 dollars donnera
une recette de Sonatrach d’environ 35/38 milliards
de dollars. Encore faut-il ne pas confondre recettes
avec le profit net de Sonatrach devant déduire les
charges d’environ 25%. Or, Sonatrach a programmé plus de 100 milliards de dollars d’investissement entre 2015 et 2020 et comment financer le
reste de l’économie.
Troisièmement, le solde de la balance commerciale
a été de 16,58 en 2010 ; de 26,242 en 2011; de
24,376 en 2012 ; de 9,946 en 2013 et de 4,626 en
2014 en n’oubliant pas que le cours moyen entre le
premier semestre (plus de 105 dollars le baril, le
prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) et le second semestre a été selon la banque
mondiale de plus de 85 dollars. Si l’on prend les
données de la banque d’Algérie, pour seulement
2013/2014, le solde global de la balance des paiements a été de 130 millions de dollars en 2013 et
négatif de 5,88 milliards de dollars fin 2014. Le
Fonds monétaire international (FMI) dans son
rapport du 13 avril 2015, conséquence de la chute
du cours des hydrocarbures, prévoit 26 milliards de
dollars de déficit en 2015 pour l’Algérie ; le solde
extérieur courant devrait fortement baisser, passant
de(négatif ) -4,3% du PIB en 2014 à (négatif ) 15,7% en 2015 pour redescendre en cas d’un retour
du cours à 70 dollars (négatif)-13.2% en 2016. La
croissance du PIB réel devrait se ralentir de 4,1%
en 2014 à 2,6% en 2015. Le FMI prévoit un taux
d’inflation( déjà compressé par les subventions)
qui passeraient de 2.9 en 2014 à 4.0 en 2015 et 2016
et le taux de chômage, déjà surestimé par les emplois dans les administrations, les sureffectifs dans
les entreprises publiques, et les emplois temporaires
souvent improductifs, devrait légèrement augmenter où de 10,6% en 2014, il passerait en 2015/2016
à 11,8%., en précisant que selon l’ONS 50% des
emplois hors agriculture sont non affilés à la sécurité sociale.
Des réserves de change en chute libre
Quatrièmement, les incidences après la chute du
cours du pétrole sur les réserves de change en précisant que les réserves de change sont gérées par la
Banque d’Algérie et le Fonds de régulation par le
Trésor, résultant de la reconversion de la devise hydrocarbures en dinars algériens. Les réserves de
change étaient de 193,3 milliards de dollars à fin
juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et de 178,9 milliards de dollars à la fin
Siège Sonatrach
21 mai 2015 Les Afriques
. 59
ZOOM
Banque centrale d’Algérie
D’une manière
générale, si l’on
maintient le
même niveau des
dépenses que
2014, l’on devrait
normalement
puiser dans les
réserves de
change environ
30 milliards de
dollars en 2015.
60 Les Afriques .
21 mai 2015
décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de
moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés
fin juin 2014 et le FMI annonce que l’Algérie a
puisé uniquement pour 2015 plus de 11,6 milliards
de dollars. Cela s’explique par la cadence des importations de biens et services, la chute du cours du
pétrole et également de la dévalorisation monétaire
d’une partie des placements effectués en euros du
fait de sa dépréciation par rapport au dollar. Ces
réserves, non compris les 173 tonnes d’or d’une valeur monétaire d’environ 7 milliards de dollars au
cours actuel, incluent le quote-part au Fonds monétaire international de 1,96 md de DTS (près de 3
milliards de dollars), s’ajoutant à la décision de
l’Algérie en octobre 2012 de participer à l’emprunt
lancé par le FMI avec un montant de 5 milliards de
dollars. Ces placements des réserves de change à
l’étranger, tant en bons de trésor américains, qu’en
obligations européennes et dans des banques privées internationales cotées dites AAA, ont rapportés en fonction de la durée du placement et les
variations des taux des banques centrales, selon la
banque d’Algérie, de 2,42 milliards de dollars en
2006, de 3,81 en 2007, de 5,13 en 2008, de 4,74 en
2009, de 4,60 en 2010, de 4,45 milliards de dollars
en 2011 et pour 2013, selon le gouverneur de la
banque d’Algérie, 3,155 milliards de dollars en
2013, reflétant un taux de rentabilité de 1,66%
D’une manière générale, si l’on maintient le même
niveau des dépenses que 2014, si non plus puisque
la loi des finances 2015 votée par le parlement prévoit plus de 60 milliards de dollars d’importation
uniquement de biens sans les importions de services (plus de 11 milliards de dollars) pour 2015,
l’on devrait normalement puiser dans les réserves
de change environ 30 milliards de dollars en 2015.
La situation financière est intenable : une sortie de
devises de 80 milliards de dollars y compris les
transferts légaux de capitaux des firmes et une recette fluctuant entre 40/50 milliards de dollars. Si
l’on maintient le niveau des dépenses de 2014
/2015, les réserves de change qui devrait s’épuiser
horizon 2020/2021.
Cinquièmement, les incidences sur le Fonds de régulation des recettes, le budget de fonctionnement
et d’équipement réuni selon la Banque mondiale
ne peut se réaliser que sur la base d’un cours de
110/120 dollars (37 dollars étant un artifice comptable). Le Fonds de régulation des recettes résulte
de la différence entre le prix de ventes moyennes
annuelles des hydrocarbures et le plancher de la loi
de Finances de 37 dollars. De ce fait, un dérapage
du dinar de 10 à 15% gonfle artificiellement le
Fonds de régulation des recettes de 10 à 15%. Il en
est de même des importations en euros reconvertis
en dinars au niveau de la douane où les taxes douanières se calculent en référence au dinar. De ce fait,
un dérapage du dinar tant par rapport à l’euro que
par rapport au dollar gonfle la fiscalité hydrocarbures et ordinaires voilant la réalité du déficit budgétaire. Officiellement, les avoirs prélevés du FRR
ont atteint 2.965,6 mds de DA en 2014 contre
2.132,4 mds de DA en 2013 qui ont servi exclusivement à financer le déficit du Trésor, qui s'est creusé
L’inévitable
dévaluation du
dinar, donc un
processus
inflationniste et
la fin des
subventions
généralisées qui
ont représenté
60 milliards de
dollars en 2014,
soit 27/28%
du produit
intérieur brut.
à 2.965,6 mds de DA, un niveau jamais atteint depuis 2000. A fin 2014, les avoirs du FRR s'étaient
établis, après prélèvements, à 4.408,4 mds de DA
contre 5.563,5 mds de DA à fin 2013. Au cours de
95 dinars un dollar, nous aurons 47 milliards de
dollars, en signalant que la loi de finances 2015 paradoxe, a été établi sur la base d’un cours de 79 dinars un dollar. La loi des Finances 2015 prévoit des
recettes budgétaires de 4.684,6 milliards de dinars
et des dépenses publiques de 8.858,1 mds de dinars,
soit un déficit budgétaire de 4.173,3 mds de dinars.
Au cours de 95 dinars un dollar, en prenant le
même taux pour plus de cohérence, nous aurons
44 milliards de dollars qui devaient être alimentés
par le fonds de régulation des recettes. Ainsi si le
cours moyen pour 2015 s’établit à 60 dollars, en cas
du maintien des dépenses prévues par la loi de finances 2015, le fonds de régulation risque de
s’épuiser courant 2016. En effet, en prenant comme
hypothèse comme précédemment, qu’une chute
d’un dollar par baril occasionne un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars en moyenne
annuelle, les recettes de Sonatrach alimenteront le
fonds de régulation des recettes que de 14 milliards
de dollars donnant un total fin 2015 de 61 milliards
de dollars, restant au niveau du fonds de régulation
des recettes au 01 janvier 2016, que 17 milliards de
dollars. En cas de poursuite sans correction de l’actuelle politique économique et sociale, croyant au
rêve incertain d’un retour au cours de 100 dollars le
baril de pétrole, les conséquences seront alors plus
désastreuses qu’en 1986 du fait de la pression démographique 40 millions fin 2015, allant vers 50
millions à l’horizon 2030 et de l’exigence nouvelle
des populations. Il s’ensuivrait automatiquement
l’inévitable dévaluation du dinar, donc un processus inflationniste et la fin des subventions généralisées qui ont représenté 60 milliards de dollars en
2014, soit 27/28% du produit intérieur brut.
Quelles solutions ?
Dans cette troisième partie, je vais aborder les solutions. L’Algérie doit faire face à la transition énergétique. Le constat entre 2014 et 2015 est que 96%
de l’électricité est produite en Algérie à partir du
gaz naturel, 3% à partir du diesel (pour les régions
isolées du sud), 1% à partir de l'eau et que face aux
contraintes analysées précédemment, il y a une
prise de conscience qui fait que le gouvernement
axe sa stratégie pour une transition énergétique
maîtrisable autour de quatre axes privilégiant un
bouquet énergétique, ayant les moyens de son financement mais devant privilégier le transfert de
savoir-faire managérial et technologique, où un
partenariat gagnant/gagnant.
Faire face à la transition énergétique
Le premier axe est d’améliorer l’efficacité énergétique par d’une nouvelle politique des prix (prix de
cession du gaz sur le marché intérieur environ un
dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelés transitoirement
pour des raisons sociales. En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle
(riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour
les carburants et l’eau) représente 60% contre 30%
en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépé-
Améliorer l’efficacité
énergétique
21 mai 2015 Les Afriques
. 61
ZOOM
Energie renouvelable :
centrale hybride Hassi
R'mel en Algérie
L'Algérie compte
construire sa
première centrale
nucléaire en 2025
pour faire face à
une demande
d'électricité
galopante.
62 Les Afriques .
21 mai 2015
rissement du tissu industriel, soit moins de 5% du
produit intérieur brut. A cet effet, une réflexion est
engagé pour la création d’une chambre nationale
de compensation, que toute subventions devra
avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin
d’encourager les secteurs structurants et tenant
compte du revenu par couches sociales mais impliquant une nouvelle politique salariale.
Le second axe, l’Algérie a décidé d’investir massivement à l’amont pour de nouvelles découvertes
prévoyant 100 milliards d’investissement mais
quelle sera la rentabilité si le prix se maintient en
dessous de 70 dollars ?
Le troisième axe est le développement des énergies
renouvelables. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet
2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel,
d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW
provenant de la combinaison du gaz et du solaire.
Cette expérience est intéressante. La combinaison
de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me
semble être un axe essentiel pour réduire les coûts
et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG
(l’agence de régulation) a annoncé le 28 mai 2013
que deux projets de décrets sont destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien
de développement des énergies renouvelables. Le
premier texte définit les conditions d’accès, pour
les producteurs privés, aux tarifs d’achat garantis
d’électricité produite de source renouvelable. Le
deuxième décret prévoit l’institution d’un certifi-
cat de garantie d’origine des équipements et installations de production d’électricité de source renouvelable. Le projet de loi prévoit l’instauration
d’un nouveau mécanisme qui fera bénéficier tous
les producteurs éligibles des tarifs d’achat garanti,
le producteur d’électricité devant vendre exclusivement l’énergie aux sociétés de distribution dépendant de la Sonelgaz respectant un tarif préférentiel
dont le seuil sera fixé par le ministère de l’Energie
sur proposition de la Creg. Le programme algérien
consistait au départ à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011
et 2030, dont 12 000 mégawatts par an dédiés à
couvrir la demande nationale de l’électricité et 10
000 MW à l’exportation. Le ministre de l'Energie
et des Mines a fait savoir en mai 2013 que l'objectif de l'Algérie de produire, dans les 20 ans à venir,
30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des
énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation
de son programme de développement des énergies
renouvelables, à l’échéance 2030, selon le ministère
de l’énergie est évalué à 100 milliards de dollars
portant la capacité à 36.000 mégawatts.
Quatrième axe, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à
une demande d'électricité galopante, a affirmé le
19 mai 2013 le ministre de l'Énergie et des Mines,
l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner
cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en
L’Algérie est à
l'ère de
l'exploration, et
l'exploitation qui
ne verra pas le
jour avant 20202025 sous
réserve du
respect de
l'environnement
et de la
rentabilité.
uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire
fonctionner seulement deux centrales nucléaires
d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour
une durée de 60 ans, selon les données du ministère de l'Énergie. Mais existe une autre option le pétrole/gaz de schiste.
La problématique du pétrole/gaz
de schiste : opportunités pour
l’Algérie et risques
Au préalable, je voudrais dénoncer certains propos
d’anti-nationalistes que certains voudraient faire
porter aux populations du Sud, pouvant affirmer
ayant vécu durant la route de l’Unité africaine vers
les années 1972/1973 en tant qu’officier d’administration pour la route de l’Unité africaine à El
Goléa et Ins Sahah que ces populations tiennent à
l’unité nationale et qu’il faut savoir uniquement
dialoguer avec ces populations paisibles. L’option
du gaz de schiste a été introduite dans la nouvelle
loi des hydrocarbures mais avec des gardes fous. Le
problème stratégique de l’Algérie est d’éviter des
débats stériles étant une opportunité face à l’épuisement des réserves, l’énergie étant au cœur de la
sécurité nationale mais évaluer également les
risques passant par la formation renvoyant globalement à la gouvernance. Concernant ce dossier,
l’agence américaine sur l’Energie a estimé que le
monde aurait environ 207 billions de mètres cubes
réparties comme suit : la Chine 32, l’Argentine 23,
l’Algérie 20, les Etats-Unis 19, le Canada 16, le
Mexique 15 ; l’Australie 12, l’Afrique du Sud 11, la
Russie 8 et le Brésil 7 billions de mètres cubes. Les
gisements de gaz de schiste en Algérie sont situés
essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet,
Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf. A la suite de faux débats, j’ai présenté un dossier élaboré sous ma direction regroupant des
experts nationaux et étrangers au premier ministre
le 24 février 2015. De l’avis de la majorité des experts, l’énergie étant au cœur de la sécurité nationale, c’est une opportunité pour l’Algérie, sous
réserve de sa rentabilité économique, (non rentable actuellement pour l’Algérie le cout d’un puits
étant estimé entre 15/20 millions de dollars), de la
protection de l’environnement et des nappes
phréatiques d’eau du Sud.. La majorité des experts,
notant que ce dossier sensible nécessite une formation pointue et posant une problématique sociétale, une bonne communication en direction de la
société. Pour éviter de perturber la gestion de Sonatrach, société commerciale stratégique, il a été
préconisé que ses dirigeants évitent de s’exposer
aux débats, devant laisser au Ministre seul habilité
politiquement, à exposer ses arguments. À ce titre,
il est souhaitable qu’une institution indépendante
créée, relevant non d’un département ministériel,
évitant d’être juge et partie, mais du président de
la République ou du premier Ministre associant la
société civile de chaque région, des experts indépendants, des représentants du Ministère de l’Energie et d’autres départements ministériels,
travaillant en étroite collaboration avec les institutions internationales. Je rappelle que le président
de la république et le premier ministre ont tenu à
souligner que l’Algérie est à l'ère de l'exploration, et
l'exploitation qui ne verra pas le jour avant 20202025 sous réserve du respect de l'environnement et
de la rentabilité, principes contenus dans la loi des
hydrocarbures votée en 2013. Les experts ont tenu
Gaz de schiste
21 mai 2015 Les Afriques
. 63
ZOOM
Le paramètre
environnement
de l’exploitation
du gaz de schiste
à rappeler que le problème central est de définir le
futur modèle de consommation énergétique allant
vers un mix énergétique. Il s’agit de ne pas privilégier une énergie aux dépens d’autres, afin de ne pas
polluer le paysage médiatique, laisser aux experts
le soin de débatte scientifiquement, tenant compte
des nouvelles mutations énergétique.
Les 10 précisions sur le gaz de schiste
Le gaz de schiste
est concurrencé
par d’autres
énergies
substituables.
64 Les Afriques .
21 mai 2015
- La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à
haute pression (environ 300 bars à 2 500/3 000 mètres) contenant des additifs afin de rendre plus efficace la fracturation dont du sable de granulométrie
adaptée, des biocides, des lubrifiants et des détergents afin d’augmenter la désorption du gaz.
- Il faut savoir d’abord que le gaz de schiste est
concurrencé par d’autres énergies substituables et
que les normes internationales donnent un coefficient de récupération en moyenne de 15/20% et exceptionnellement 30%, pouvant découvrir des
milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculant selon le couple prix
international des énergies et coût.
- 1 000 puits donnent environ 50 milliards de mètres cubes gazeux par an. Le coût du forage d’un
puits est estimé entre 15/20 millions de dollars,
pouvant retenir cette hypothèse dans la mesure où
le coût du brevet et de l’assistance étrangère est
contrebalancé par le bas coût de la main d’œuvre et
que le terrain est presque gratuit alors qu’il est privé
aux Etats-Unis. Pour les 1000 puits, la durée de vie
ne dépasse pas cinq années, devant se déplacer vers
d’autres sites assistant donc à un perforage sur un
espace déterminé comme un morceau de gruyère.
- Environ 1 000 puits est une hypothèse puisque
même pour le gaz traditionnel, le maximum de forage n’a jamais dépassé 200 puits. Même dans cette
hypothèse maximale de 200 puits donnant 10 milliards de mètres cubes gazeux non conventionnel, un
peu plus que le projet GALSI actuellement gelé, dont
le coût est passé de 2,5 à 4 milliards de dollars fin 2014,
non rentable au vu du prix actuel, dont la capacité
prévue était de 8 milliards de mètres cubes gazeux.
- La rentabilité implique – au vu de la structure des
prix actuels au niveau international, concurrencé
par le gaz conventionnel – un coût minimum de 12
dollars le MBTU et un prix de cession supérieur à
15/17 dollars le MBTU, tenant du coût de transport, s’alignant sur l’Asie puisqu’aux Etats-Unis le
MBTU varie entre 4/5 dollars et en Europe après la
catastrophe au Japon entre 9/12 dollars le MBTU,
existant une déconnexion du prix du gaz sur celui
du pétrole depuis plusieurs années.
- Pour s’aligner sur le prix de cession européen actuel, le coût du forage d’un puits devrait être moins
de 10 millions de dollars. L’exploitation de ce gaz
implique de prendre en compte que cela nécessite
une forte consommation d’eau douce, 1 million de
mètres cubes pour un milliards de mètres cubes gazeux, et en cas d’eau saumâtre, il faut des unités de
dessalement extrêmement coûteux, autant que les
techniques de recyclage de l’eau.
- Surtout cela peut avoir des effets nocifs sur l’environnement, (émission de gaz à effets de serre), la
Seuls les EtatsUnis maîtrisent
encore
parfaitement
cette technologie
de fracturation
hydraulique.
fracturation des roches pouvant conduire à un déséquilibre spatial et de l’équilibre écologique avec
des possibilités d’effondrement.
- Et en cas de non-maîtrise technologique, (entre
200 et 300 produits chimiques injectés pour fracturer la roche combiné avec le sable) elle peut infecter les nappes phréatiques au Sud, l’eau devenant
impropre à la consommation avec des risques de
maladies comme le cancer.
- Il s’agit ni d’être contre, ni d’être pour, l’objectif
stratégique est de l’insérer dans le cadre de la transition énergétique reposant sur un mix énergétique
dont les énergies renouvelables. Sans la maîtrise
technologique il faut être très prudent. Et là on revient à la ressource humaine pilier de tout processus de développement fiable et d’éviter cette
mentalité bureaucratique rentière de non-maturation des projets surtout pour ce cas stratégique.
- Seuls les Etats-Unis maîtrisent encore parfaitement cette technologie de fracturation hydraulique.
Un co-partenariat incluant des clauses restrictives
avec d’importantes pénalités en cas de non-respect
de l’environnement et la formation des Algériens
pour tout opérateur étranger, Etats-Unis et autres,
est indispensable.
Des techniques autres que la
fracturation hydraulique économisant
l’eau et les produits chimiques
Au niveau tant de la communauté scientifique que
des opérateurs l’objectif premier est d’améliorer la
fracturation hydraulique, les recherches s'orientant
sur la réduction de la consommation d'eau, le traitement des eaux de surface, l'empreinte au sol, ainsi
que la gestion des risques sismiques induits.
Concernant le problème de l’eau qui constituera
l’enjeu géostratégique fondamental du XXIème siècle (l’or bleu), selon les experts, trois types de
fluides peuvent être utilisés à la place de l'eau : le
gaz de pétrole liquéfié (GPL), essentiellement du
propane, les mousses (foams) d'azote (N2) ou de
dioxyde de carbone (CO2) et l’azote ou le dioxyde
de carbone liquides. L'utilisation des gaz liquides
permet de se passer complètement ou en grande
partie d'eau et d'additifs. Pour les mousses, par
exemple la réduction est de 80% du volume d'eau
nécessaire étant gélifiées à l'aide de dérivés de la
gomme de Guar. La fracturation au gel de propane
est en cours d’utilisation sur environ 400 puits au
Canada et aux États-Unis (plus de 1.000 fracturations déjà effectuées). L’eau pourrait aussi être
remplacée par du propane pur (non-inflammable),
ce qui permettrait d’éliminer l’utilisation de produits chimiques. Les premiers puits utilisant cette
méthode ont été fracturés avec succès en décembre
2012 aux États-Unis. Nous avons la fracturation
exothermique non hydraulique (ou fracturation
sèche) qui injecte de l’hélium liquide, des oxydes de
métaux et des pierres ponce dans le puits, la fracturation à gaz pur peu nocive pour l’environnement surtout utilisée dans des formations de roche
qui sont sensibles à l’eau à maximum 1500 m de
profondeur ; la fracturation pneumatique qui injecte de l’air comprimé dans la roche-mère pour la
désintégrer par ondes de chocs, n’utilisant pas
d’eau, remplacée par l’air mais utilisant certains
produits chimiques en nombre restreints ; enfin la
stimulation par arc électrique (ou la fracturation
hydroélectrique) qui libère le gaz en provoquant
des microfissures dans la roche par ondes acous-
Fracturation hydraulique
21 mai 2015 Les Afriques
. 65
ZOOM
Sonelgaz Algérie
Nous assistons
entre 1963 et
2014 à une
instabilité
juridique
perpétuelle qui
limite les
secteurs
dynamiques,
décourage les
entrepreneurs
publics et privés.
66 Les Afriques .
21 mai 2015
tiques, utilisant selon les experts pas ou très peu
d’eau, ni produits chimiques, mais nécessitant
beaucoup d’ électricité.
Selon certains experts, horizon 2040/2050, l'hydrogène est une piste sérieuse enrichissant le «mix» ou
le bouquet énergétique mondial, pour le transport
et le stockage des énergies intermittentes et pourrait aussi permettre de produire directement de
l'énergie tout en protégeant l’environnement, l’hydrogène en brûlant dans l’air n’émettant aucun polluant et ne produisant que de l’eau. Un rapport
rédigé le 22 janvier 2014 par des experts pour le parlement français à partir de tests expérimentaux
montre qu’un (1) kg d’hydrogène libère environ
trois fois plus d’énergie qu’un (1) kg d’essence, mais
que pour produire autant d’énergie qu’un litre d’essence, il faut 4,6 litres d’hydrogène comprimé à 700
bars (700 fois la pression atmosphérique).
Aller vers une transition économique
avec des objectifs stratégiques précis
La transition économique d’une économie hors hydrocarbures, dans le cadre des valeurs internationales, ne saurait être une question uniquement
d’organisation qui doit s’inscrire au sein d’objectifs stratégiques. Il existe un théorème : 80% d’actions mal ciblées ont un impact sur 20% et 20%
d’actions bien ciblées ont un impact sur 80%. Selon
le communiqué du conseil des participations de
l’Etat du 1er septembre 2014, une nième organisation des capitaux marchands de l’Etat a été adoptée.
Elle prévoit la création de groupes industriels d’une
manière progressive, étendue à l’ensemble du tissu
économique public, 18 sociétés de participation de
l’Etat et cinq entreprises publiques étant concernées à court terme. Qu’en sera-t-il de l’impact de
cette nouvelle organisation qui engendrera un coût.
C’est que nous assistons entre 1963 et 2014 à une
instabilité juridique perpétuelle qui limite les secteurs dynamiques, décourage les entrepreneurs publics et privés dans le cadre de l'allocation
sectorielle d'investissement, les oriente vers les activités spéculatives. Du point de vue organisationnel, après la période courte d’autogestion
1963/1965, nous avons eu entre 1965/1980 de
grandes sociétés nationales. Entre 1980 et1988,
nous avons eu une nouvelle organisation découpant les sociétés nationales, qui selon les initiateurs
seraient trop grandes, afin de maitriser la gestion.
En 1988, l'Etat crée 8 fonds de participation qui
étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat.
En 1996, nous avons eu 11 holdings en plus des 5
régionaux avec un Conseil national des privatisations. En 2000, nous assistons à leur fusion en 5
méga holdings et la suppression du Conseil national des privatisations. En 2001, l'Etat algérien dissout les holdings et met en place des sociétés de
gestion des participations (SGP) chargées à la fois
de la privatisation et les capitaux marchands de
l'Etat, dont 11 établissements financiers relativement autonomes. Lors de différents Conseils de
gouvernements tenus durant toute l'année 2007,
une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l'Investissement (les
Créer une cellule
de crise
regroupant un
représentant de
chaque
département
ministériel avec
des experts
indépendants
sous la coupe du
Premier ministre.
deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et
Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n'étant pas
concernées), articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique
qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le
secteur privé international et national des sociétés
de participation de l'Etat appelées à être privatisées
à terme ; et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires.
Courant février 2008, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes
sphères du pouvoir, est abandonnée. Et actuellement, on propose de revenir à de grands groupes
industriels, décision avalisée partiellement pour
quelques SGP au mois de septembre 2014. Doit-on
continuer toujours d'assainir les entreprises publiques (plus de 60 milliards de dollars entre
1971/2013) ou n'est-il pas préférable de projeter
des investissements nouveaux afin de s’adapter aux
nouvelles mutations et à la concurrence internationale notamment dans les segments à valeur
ajoutée et le Savoir ? Ne doit-on pas comme le recommande de nombreux experts qu'au lieu de
cette vision juridique peu opérante des 49/51% lui
soient substitués la balance devises excédentaire et
l'apport technologique et manageriel pour tout investissement étranger pour les segments non stratégiques qu’il s’agira de définir avec précision et
pouvant également prévoir une minorité de blocage dans le capital ? C’est le marché tant local que
mondial qui détermine la nature du projet. C’est
l’entreprise et son fondement, le savoir à travers le
management stratégique maitrisé, au sein d’une
économie de plus en plus mondialisée à travers des
stratégies de segments de filières internationalisées
que l’Algérie pourra créer une économie productive à forte valeur ajoutée, ne devant pas, en ce XXIe
siècle du fait des nouvelles technologies, avoir une
vision matérielle, l’industrie se combinant avec les
services. La recherche tant théorique qu’appliquée
avec un équilibre entre les sciences exactes et les
sciences humaines, est fondamentale pour impulser de nouvelles filières industrielles.
Les 19 axes globaux de redressement
de l’économie nationale
Quelles solutions donc pour stimuler la croissance
algérienne ? Je rappelle que suite à un débat que j’ai
eu le 24 octobre 2014 à Radio France Internationale avec l’ancien économiste en chef au secrétariat
d’Etat à l’Energie US et actuellement un grand responsable à l’AIE, j’ai proposé le 4 novembre 2014
en présence du Premier ministre algérien lors d’une
rencontre sur la relance économique dix neuf (19)
mesures, l’axe stratégique, comme facteur d’adaptation à la mondialisation, étant de favoriser le
Grand Maghreb qui devra être le pont entre l’Europe et l’Afrique, continent à enjeux multiples et
d’avenir qui tirera la croissance de l’économie
mondiale à l’horizon 2030-2040 (voir deux ouvrages coordonnées par moi-même et le Dr Camille Sari regroupant 36 experts internationaux
aux éditions Harmathan, Paris 2015 «le Maghreb
face aux enjeux géostratégiques».
Il s’agit de :
- créer une cellule de crise regroupant un représentant de chaque département ministériel avec des
Conseil des ministres
(Algérie)
21 mai 2015 Les Afriques
. 67
ZOOM
Réhabiliter la Cour
des comptes
La dynamisation
de la diplomatie
économique au
point mort.
68 Les Afriques .
21 mai 2015
experts indépendants sous la coupe du Premier ministre afin de prendre des décisions au temps réel.
- Pour une cohérence globale, un grand ministère
de l’économie nationale et un grand ministère de
l’éducation nationale intégrant la formation socioprofessionnelle avec plusieurs secrétariats d’Etat
techniques, pour plus de cohérence et éviter ces ministères qui se télescopent dans les décisions, pilier
pour réaliser la transition hors hydrocarbures dans
le cadre des valeurs internationales.
- revoir le fonctionnement de notre diplomatie en
mettant l’accent sur la dynamisation de la diplomatie économique au point mort sans laquelle la
diplomatie politique a un impact limité et utiliser
avec précaution les réserves de change qui sont le
support de la valeur du dinar et l’attrait de l’investissement et d’ailleurs de toute la politique étrangère. Pour le Fonds de régulation des recettes il
serait souhaitable à terme pour plus de transparence dans la gestion qu’il soit supprimé, les lois de
finances devant être calculées au prix moyen du
marché, quitte à verser l’excédent dans un compte
pour les générations futures
- Geler les projets non prioritaires qui n’ont pas
d’impacts économiques et sociaux à l’instar des
tramways dans les régions à faibles populations,
l’autoroute des hauts plateaux devant éviter les surcoûts de l’autoroute Est/Ouest prévu à sept milliards de dollars et qui coûtera plus de 13 milliards
de dollars non encore terminée.
- Eviter le chauvinisme, voyant l’ennemi extérieur
partout alors que les réformes structurelles supposent une nette volonté politique interne de chan-
gement, et analyser objectivement l’ impact l’Accord d’Association avec l’Europe et l’éventuel adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du
commerce représentant 85%e la population mondiale et 97% des échanges mondiaux.
- La majorité des importations proviennent de la
dépense publique via directement les administrations et entreprises publiques ou via des commandes aux opérateurs privées, il y a urgence de
revoir ce mode de gestion, où selon un rapport de
la banque mondiale consacré aux infrastructures,
les surcouts varient entre 25/30% par rapport aux
normes internationales. Ayant été haut magistrat à
la Cour des comptes entre 1980/81983(premier
conseiller et directeur général du département des
études économiques, il y a lieu impérativement de
la réhabiliter cette institution, étant conscient que
le contrôle le plus efficace passe par la démocratisation de la société avec des contrepoids politiques
et sociaux.
- éviter que Sonatrach concentre ses investissements
en s’autofinançant au détriment des autres secteurs
de l’économie nationale accentuant la dépendance
vis-à-vis des hydrocarbures. Toute décision stratégique concernant l’énergie ne peut relever de Sonatrach ou seulement du Ministère de l’Energie mais
selon la loi en vigueur du Conseil National de
l’Energie présidé par le président de la République.
Comme proposé dans l’audit réalisé sous ma direction pour le compte du gouvernement assisté des
cadres de Sonatrach et du bureau d’Etudes américain Ernest Young, dossier que j’avais défendu personnellement en 2008 à l’Assemblée nationale,
Développer le
tourisme,
l’Algérie ayant de
grandes
parentalités et
revoir la gestion
des ports, car il
est scandaleux
de voir des
dizaines de
bateaux en rade
au niveau des
ports.
généraliser le GNV et le GPLc afin de réduire la facture d’importation des carburants.
- ne pouvant continuer à subventionner sans ciblage (subventions et transferts sociaux représentant 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB)
source d’injustice sociale, en attendant que le gouvernement mette en place un système d’information fiable, qui devient une urgence de l’heure, les
subventions et transferts sociaux doivent être transitoires devront être budgétarisées au niveau du
parlement.
- favoriser l’économie d’énergie (efficacité énergétique) qui constitue le plus gros gisements permettant d’économiser 20% notamment pour le BTPH
et le transport.
- démystifier le secteur privé national et international créateur de richesses, le but étant de densifier
le tissu productif y compris les services marchands
qui sont créateur de valeur et tisser avec tous les
partenaires étrangers des co-partenariats gagnants/
gagnants misant essentiellement sur une balance
positive pour l’Algérie tant en devises que réalisant
surtout le transfert technologique et managérial.
- impulser l’agriculture en revoyant le système du
foncier, les moyens et techniques modernes en développant les unités de stockage comme facteur de
régulation, corrélées avec la production saisonnière
agricole afin d‘éviter la spéculation sur les prix.
- développer le tourisme, l’Algérie ayant de grandes
parentalités et revoir la gestion des ports, car il est
scandaleux de voir des dizaines de bateaux en rade
au niveau de sports d’Alger, d’Oran, d’Annaba où
l’Algérie paye annuellement des surestaries se chiffrant en millions de dollars où de par le monde le
docker n’est pas un fonctionnaire.
- Il y a urgence de la réforme du système financier
afin qu’il soit un véritable partenaire économique
aux entreprises, imaginer d’autres modes de financement comme le leasing, le crédit bail, lever la
contrainte du foncier avec toutes ses utilités et les
contraintes à la mise en œuvre d’affaires par une
lutte sans merci contre la bureaucratie.
- Tout en se confirmant aux règles internationales,
le marquage fiscal peut être utilisé temporairement
au moyen d’ un étiquetage indélébile et soumis à
impôt indirect par le biais d’une «taxe intérieure de
consommation» mais ne devant concernés que les
produits tels que le tabac, les boissons, les produits
nocifs à la santé et ceux de la contrebande.
- délivrer des registres de commerce à partir d’une
taxe forfaitaire annuelle pour l’ensemble des marchands ambulants, ce que l’on nomme improprement «trabendiste» alors qu’ils sont de véritables
entrepreneurs (étude marché, coût de transport
cours des devises et écoulant leur produit). Car le
paiement de l’impôt direct est le signe d’une plus
grande citoyenneté, les impôts indirects étant une
solution de facilité. A ce titre tous les fellahs doivent
payer un impôt forfaitaire en attendant l’instauration d’un fichier national pour leurs livraisons aux
grossîtes qui prennent souvent la plus grande marge.
- le crédit à la consommation doit être maitrisée afin
d’éviter l’endettement et par la suite en cas de chute
durable du cours du pétrole une crise immobilière.
Cela peut concerner les nouvelles unités dont le taux
d’intégration, varie entre 10/15%, dans le court
terme, mais dont le résultat d’exploitation prévisionnel est positif, sous réserve d’un engagement
écrit d’arriver au maximum au but de quelques années à un taux d’intégration de 40% ou d’avoir une
balance devises excédentaire pour les exportateurs.
-Assouplir la règle des 49/51% uniquement pour
Réduire le nombre de
bateaux en rade au port
21 mai 2015 Les Afriques
. 69
ZOOM
Encourager la création
d’entreprise
Favoriser la
création des
bureaux d’études
d’engineering
nationaux
complexes pluridisciplinaires.
70 Les Afriques .
21 mai 2015
les secteurs non stratégiques qu’il s’agit de définir
avec précision, notamment les PMI-PME mais avec
une minorité de blocage de 30% pour éviter les délocalisations sauvages, l’objectif stratégique étant
une balance devises excédentaire, et le transfert
technologique et managérial. Comme je l’ai proposé depuis 2010, il s’agit de ne plus inscrire cette
règle dans un code d’investissement, mentalité bureaucratique qui croit qu’une simple loi peut résoudre les problèmes, l’Algérie étant un Etat
souverain, toute décision pour les grands projets
devant être pris en conseil des ministres, afin d’éviter des débats stériles.
- dans le même esprit concernant la fiscalité, revoir
les modalités de l’application de la taxe sur les superprofits contenues dans la loi des hydrocarbures
de 2013 afin d’attirer les investisseurs étrangers car
à un cours de 70/80 dollars elle n’est plus attractive.
-Afin de limiter la sortie de devises du poste services au niveau de la balance des paiements environ 11/12 milliards de dollars annuellement, il
s’agit en étant réaliste, en partenariat avec les étrangers de favoriser la création des bureaux d’études
d’engineering nationaux complexes pluridisciplinaires, sans lesquels il sera impossible d’atteindre
le taux de croissance de 9/10% sur plusieurs années
si l’on veut éviter des tensions sociales à terme.
La dynamisation des PMI/PME
L’objectif étant de dynamiser à terme le tissu productif, devant être réaliste, cela mettra du temps si
la mise en œuvre se réalise en 2015 afin d’avoir
selon les prévisions du gouvernement, au minimum 7% de taux de croissance horizon 2020, la demande additionnelle d’emplois étant de
300.000/400.000 ans. Pour m’en tenir aux PMIPME, je propose les huit mesures suivantes:
- de créer une Agence de service aux petites entreprises de moins de 20 salariés. . Pourquoi ne pas
s’inspirer du Small Business Service, interlocuteur
administratif unique pour les très petites entreprises créé par le gouvernement britannique. –
- pour le délai de paiement, je propose imposer une
loi si nécessaire ou un décret exécutif pour le paiement aux PME à moins de 30 jours à compter de la
date de livraison. Une telle décision permettra aux
PME de recouvrer les milliards de dinars de trésorerie pour toutes les livraisons aux grandes entreprises et pour tous les marchés passés avec les
collectivités publiques, les longs retards accumulés
dans le paiement devenant étouffant supposant de
revoir les procédures des finances publiques.
- réduire le délai de remboursement de la TVA aux
PME à 15 jours maximum où devra être exigé que
l’.administration fiscale rembourse dans les 15
jours la TVA aux PME, sauf interrogation motivée sur un risque de fraude. En cas de dépassement, l’administration fiscale devra être pénalisée
selon les mêmes modalités que celles appliquées
aux entreprises.
- élargir les possibilités de financement des PME en
introduisant le Leasing, le capital-développement
afin de financer les petites et moyennes entreprises
à un stade un peu avancé de leur expansion car la
Il y a urgence de
nouvelles
institutions,
d’une régulation
mondiale et de
l’adaptation de
l’Algérie aux
nouvelles
mutations.
majorité des entreprises familiales rechignent à
chercher du capital à l’extérieur, et plus encore à
entrer en Bourse d’Alger qui est d’ailleurs en léthargie depuis des années.
- contraindre les grandes entreprises publiques
dont Sonatrach, Sonelgaz notamment à réaliser de
la sous traitance par un co-partenariat. Il ne s’agit
pas là de prendre des décisions administratives,
mais d’en appeler à des changements de mentalité
chez les dirigeants des grandes entreprises. À l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays, les grandes
entreprises algériennes fonctionnant d’ailleurs avec
des fonds publics, pourraient s’appuyer sur des réseaux puissants de PME qui peuvent leur apporter
des sous-traitants fiables, des innovations et des
centres de recherches compatibles avec leurs propres activités. L’expérience allemande qui considère
les PME comme des partenaires contrairement à la
France où existe l’effet de domination étant intéressant à étudier.
- les règles comptables régissant les PMI-PME sont
très lourdes et ne sont pas utiles à toutes les entreprises. On pourra donc s’orienter vers une comptabilité de trésorerie pour les entreprises de moins
de 10/20 salariés. Cette mesure permettrait de réduire leur charge administrative. Cependant cela
ne concerne pas les PMI/PME empruntant ou augmentant leur capital qui devront répondre comme
à l’heure actuelle aux demandes d’information des
investisseurs et des banquiers. Il serait souhaitable
de soumettre les petites PMI/PME à un régime fiscal et social spécifique notamment pour ceux dont
le chiffre d’affaires ne dépasse pas 10.000.0000 dinars avec un prélèvement libératoire de 10 à 15%
assimilable à l’impôt dur le revenu, se substituant à
tous les impôts directs.
- alléger la procédure des 49/51% pour le partenariat avec l’étranger pour les activités non stratégiques à lister dont les petites et moyennes
entreprises, en introduisant la minorité de blocage
d’environ 30% afin d’éviter certaines délocalisations et l’obligation d’un transfert technologique,
managérial et d’une balance devises positives.
- faire un bilan tant de la règle des 49/51% que du
crédit documentaire Crédoc qui n’ pas permis de
limiter la facture d’importation, qui ont explosé
depuis 2O12 (sorties de devises supérieures à 6O
milliards de dollars y compris les 12 milliards de
dollars de services) ni de dynamiser le tissu productif, donc réintroduire le Remdoc pour certaines petites et moyennes entreprises et donc
adapter les règles aux besoins du tissu économique algérien cas par cas.
En conclusion générale, il y a urgence de nouvelles
institutions, d’une régulation mondiale et de
l’adaptation de l’Algérie aux nouvelles mutations.
Alors que le monde entier affronte une profonde
récession après avoir encaissé un choc financier
colossal, tout se passe comme si la page avait déjà
été tournée. Même s’il serait plus agréable de proclamer que la crise est finie, force est de constater
qu’elle n’est pas terminée. L’on se comporte
comme un malade qui sortirait de l’hôpital juste
après avoir réchappé d’un infarctus, sans avoir
changé ni son régime alimentaire ni son mode de
vie, sans même avoir fait les examens nécessaires
pour vérifier qu’il ne court plus de risque à court
terme. L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial.. Les gouvernements à travers les États-Nations – et la crise
Repenser le système
économique
21 mai 2015 Les Afriques
. 71
ZOOM
Siège du FMI à Washington
L’Algérie malgré
la chute du cours
des hydrocarbures, a
l’ambition de ses
choix.
72 Les Afriques .
21 mai 2015
actuelle en est la démonstration, sont désormais
dans l’impossibilité de remplir leurs missions du
fait de la complexification des sociétés modernes,
de l’apparition de sous-systèmes fragmentés, de
l’incertitude liée à l’avenir et de la crise de la représentation politique, d’où l’exigence de s’intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour
pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations
planétaires. Se pose donc cette question : les institutions internationales, telles que le FMI, la
Banque Mondiale, les organisations multilatérales
telles que l’OCDE et les organisations à vocations
universelles comme les Nations Unies et ses organes subsidiaires (UNESCO, FAO, …) peuventelles servir de régulation mondiale? En l’absence
d’institutions internationales réformées tenant
compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre
le relais de la souveraineté étatique défaillante, le
risque est que le seul régulateur social demeure les
forces du marché à l’origine d’ailleurs la crise
mondiale actuelle. Aussi, l’objectif stratégique est
de repenser tout le système des relations économiques internationales et notamment le système financier mondial issu de Breton Woods en 1945 en
intégrant le défi écologique. Car en ce début du
21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes
font de notre planète un monde particulièrement
cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance
et l’opulence y côtoient d’une manière absolument
insupportable la pauvreté et le dénuement, dont
d’ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants
du Sud est en grande partie responsable. Sur les sept
milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud à moins d’un
(01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que,
dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d’individus –
dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de
décisif n’est entrepris.
- Cependant, il faut éviter une vision de sinistrose
par rapport à 1986 où à cette époque commençait le
niveau d’endettement et les réserves de change
étaient presque nul. Ainsi grâce au remboursement
par anticipation, la dette à moyen et long terme est
passée de 22,44 milliards de dollars en 2001 à 4,84
en 2008, à 4,35 en 2009, à 3,26 en 2010, 2,47 en
2012, à 2, 068 en 2013. La dette extérieure est passée
de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68
en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en
2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014. Il faudra donc optimaliser ces réserves de change pour
éviter le scenario dramatique de 1986. En ce monde
turbulent et incertain, annonçant de grands bouleversements géostratégiques militaires, politiques et
économiques à nos frontières, où les batailles futures pour le développement sont conditionnées
par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, l’Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures, a l’ambition de ses choix qui doivent
indiquer : comment se pose le problème : quelles
sont les contraintes politiques, économiques et
Grâce à ses
importantes
potentialités,
l’Algérie peut
devenir un
vecteur actif, un
pays pivot entre
l’Europe et
l’Afrique.
techniques ; quels sont les choix possibles ; les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Pour l’Algérie est
posée la problématique de sa sécurité, de l’urgence
d’une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition
d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs
mondiaux. Cela suppose de lever toutes les
contraintes bureaucratiques d'environnement qui
freinent l'expansion de l’entreprise créatrice de valeur ajoutée pour une société participative et citoyenne. Cela suppose un profond réaménagement
de la gouvernance actuelle afin d’éviter des tensions
sociales généralisées. Car la mondialisation peut
nous nous réserver de mauvaises surprises.
L’Afrique qui devrait dynamiser l’économie mondiale à l’horizon 2030 est un enjeu majeur au XXIe
siècle, préfigurant d’importantes reconfigurations
géostratégiques, avec le défi écologique et la transition énergétique. Grâce à ses importantes potentialités, l’Algérie peut devenir un vecteur actif, un pays
pivot entre l’Europe et l’Afrique. L’avenir de l’Algérie est en termes d’avantages comparatifs est en
Afrique. Et la diplomatie économique (sous segment de la théorie de l’intelligence économique) actuellement en berne doit investir dans cet espace.
En bref, l’entrave principale au développement provient de l’entropie. Le défi majeur, est de réfléchir
aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et
réduire cette entropie à un niveau acceptable. L’Algérie au moment où avec la chute du cours du pétrole est appelée à procéder, afin d’éviter le drame
des impacts de la crise de 1986, à de profonds ajustements économiques et sociaux douloureux, sup-
posant un sacrifice partagé. Comme j’ai eu à le rappeler lorsque la présidence de la république m’a invité en tant personnalité nationale, pour la révision
constitutionnelle, puisse l’Algérie rassembler tous
ses enfants, ne signifiant pas unanimisme signe de la
décadence de toute société, donc respecter les différences et développer les libertés et non diviser grâce
à un dialogue productif permanent, fondement de
la bonne gouvernance, entre toutes les forces économiques, sociales et politiques afin de rétablir la
confiance entre l’Etat et les citoyens, sans laquelle
aucun développement fiable ne pourra se réaliser.
D’où l’importance d’organisations non gouvernementales pour dynamiser nos relations internationales où le monde actuel repose sur des réseaux et
non sur des relations personnalisés de chefs d’Etat et
au niveau interne de relais sociaux, économiques et
politiques crédibles loin des bureaux climatisés, afin
d’éviter l’affrontement direct Etat-citoyens et alléger la pression sur les forces de sécurité. Pour terminer, je suis convaincu que l’extérieur, que certains
brandissent comme un épouvantail, sans proposer
de solutions crédibles, ne peut agir négativement
que si le front social en interne est faible. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où
nous assisterons à un retour volontaire progressif
des cadres expatriés. La sécurité du pays est posée,
soit que l’Algérie se développe entre 2015 et 2020
où elle régressera avec d’inévitables tensions sociales. En fait, l’Algérie sera ce que le peuple algérien et les responsables chargés de gérer la cité
voudront qu’elle soit.
Dr Abderrahmane Mebtoul,
Expert international
L’Algérie un pays pivot
21 mai 2015 Les Afriques
. 73
PIED DE LETTRE
Quelles mesures contre
les importations à risque
De la réorganisation
du commerce africain
Q
ue font les pays africains pour
protéger les consommateurs ? Peu
outillées en R & D, les directions
de contrôle de produits dangereux
sont généralement des coquilles
vides. Récemment, nous relations
le smartphone bon marché
Huawei4Africa, conçu entre
Microsoft et l’équipementier chinois Huawei.
Comme son nom l’indique, il est destiné au
continent africain! Nous soutenions alors qu’il
pouvait s’agir de prime abord d’une excellente
initiative ! Pourtant à y voir de plus près, quels
que soient le nombre de fonctionnalités et les
capacités de ce nouveau téléphone mobile, quels
sont les gouvernements africains qui seront
capables de contrôler ses éléments constitutifs ?
Il peut s’agir d’un bon produit… Analogue à
l’entrée de gamme du modèle Ascend W1,
robuste, avec une batterie, qui, si elle est peu
utilisée, peut avoir une semaine d’autonomie.
Reste à savoir quelle est sa composition ? Proposé
pour moins de 200 $, le Huawei4Africa, premier
téléphone d’une série dédiée exclusivement à
l’Afrique, risque d’envahir le continent…
74 Les Afriques .
21 mai 2015
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
Maintenant, interrogeons- nous : «Excepté le
coltan, dont il est composé et qui cause plusieurs
milliers de morts dans des mines de fortune,
dans la sous-région du Kivu en République
démocratique du Congo, ainsi que dans la région
des Grands Lacs, que nous réserve cet appareil
peu cher ?».
Le potentiel du marché africain est important.
Déjà, quelque 735 millions de cartes SIM y sont
opérationnelles, mais sur le plan du retard
numérique et la pauvreté des contenus,
d’énormes efforts sont à faire. Autant en R&D
pour favoriser l’éclosion d’éditeurs et
d’intégrateurs de solutions, mais aussi le
développement de fondeurs.
Il ne suffit pas de geler unilatéralement des
importations de tel ou tel autre, de surcroît
lorsqu’on est membre à part entière de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les solutions résident à la fois dans
l’introduction de procédures aboutissant à des
mesures de sauvegarde, de normes locales pour
la protection des consommateurs, et dans la
conception. Vivement que le cas du jeune
Congolais Verone Mankou fasse tache d’huile.